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dimanche, 13 octobre 2024

L'Heureuse Elue

   Cette comédie sociétale est signée Frank Bellocq, le Franki Ki de Groland, connu pour être le créateur de la série Soda. On sait donc dès le départ que le raffinement ne risque pas d'être la qualité majeure de ce film.

   On semble avoir beaucoup misé sur l'interprète principale, Camille Lellouche, qui incarne une sorte de virago qui jure comme un charretier. Fiona est d'origine populaire, ex-apprentie coiffeuse devenue chauffeuse VTC. Sa rencontre avec un beau gosse de riches va produire des étincelles.

   Celui-ci est incarné par Lionel Erdogan, sorte d'Ashton Kutcher à la française. Benoît s'est mis dans une situation inextricable, dont il pense pouvoir se sortir en dupant ses parents ; il fait passer Fiona pour sa fiancée, espérant ainsi récupérer au passage le financement du mariage.

   L'histoire est bien lancée, avec les (gros) problèmes de Benoît et sa quête de fiancée de location (Fiona n'étant pas son premier choix). Le réalisateur mise sur l'effet de contraste : entre la prolo cash, qui jure, qui rote, qui pète (et qui vomit), et la famille de Benoît, des grands bourgeois coincés en vacances à Marrakech, cela ne peut que mal se passer.

   Mais la petite Cendrillon des cités réserve quelques surprises. Elle semble (presque) capable de se faire passer pour un mannequin, à tout le moins pour une personne distinguée. Son tempérament pourrait aussi se révéler utile pour résoudre certains problèmes familiaux.

   En face, la distribution est de qualité : Michèle Laroque, Gérard Darmon, Clémence Bretécher et Amaury de Crayencour ont parfaitement endossé leur costume. La première incarne une cheffe d'entreprise qui mène sa famille à la baguette. Le second est un époux et père aimant, pas emballé par le régime qu'on lui fait subir. La troisième est une petite vipère et le quatrième un connard de première. On est dans la caricature, mais bien faite, je trouve.

   Sans surprise, le séjour à Marrakech ne va pas se passer comme prévu. A plusieurs reprises, cela dérape... et l'on rit.

   Comme cette comédie se veut familiale, la peinture ironique des protagonistes se teinte de tendresse. Au cours de ce week-end, ils vont tous (plus ou moins) s'amender, grâce notamment à Fiona, qui, sous ses airs de poissonnière, est une jeune femme honnête au grand cœur.

   Cela dure à peine 1h30 et l'on passe un bon moment.

15:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

L'Heureuse Elue

   Cette comédie sociétale est signée Frank Bellocq, le Franki Ki de Groland, connu pour être le créateur de la série Soda. On sait donc dès le départ que le raffinement ne risque pas d'être la qualité majeure de ce film.

   On semble avoir beaucoup misé sur l'interprète principale, Camille Lellouche, qui incarne une sorte de virago qui jure comme un charretier. Fiona est d'origine populaire, ex-apprentie coiffeuse devenue chauffeuse VTC. Sa rencontre avec un beau gosse de riches va produire des étincelles.

   Celui-ci est incarné par Lionel Erdogan, sorte d'Ashton Kutcher à la française. Benoît s'est mis dans une situation inextricable, dont il pense pouvoir se sortir en dupant ses parents ; il fait passer Fiona pour sa fiancée, espérant ainsi récupérer au passage le financement du mariage.

   L'histoire est bien lancée, avec les (gros) problèmes de Benoît et sa quête de fiancée de location (Fiona n'étant pas son premier choix). Le réalisateur mise sur l'effet de contraste : entre la prolo cash, qui jure, qui rote, qui pète (et qui vomit), et la famille de Benoît, des grands bourgeois coincés en vacances à Marrakech, cela ne peut que mal se passer.

   Mais la petite Cendrillon des cités réserve quelques surprises. Elle semble (presque) capable de se faire passer pour un mannequin, à tout le moins pour une personne distinguée. Son tempérament pourrait aussi se révéler utile pour résoudre certains problèmes familiaux.

   En face, la distribution est de qualité : Michèle Laroque, Gérard Darmon, Clémence Bretécher et Amaury de Crayencour ont parfaitement endossé leur costume. La première incarne une cheffe d'entreprise qui mène sa famille à la baguette. Le second est un époux et père aimant, pas emballé par le régime qu'on lui fait subir. La troisième est une petite vipère et le quatrième un connard de première. On est dans la caricature, mais bien faite, je trouve.

   Sans surprise, le séjour à Marrakech ne va pas se passer comme prévu. A plusieurs reprises, cela dérape... et l'on rit.

   Comme cette comédie se veut familiale, la peinture ironique des protagonistes se teinte de tendresse. Au cours de ce week-end, ils vont tous (plus ou moins) s'amender, grâce notamment à Fiona, qui, sous ses airs de poissonnière, est une jeune femme honnête au grand cœur.

   Cela dure à peine 1h30 et l'on passe un bon moment.

15:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 12 octobre 2024

Quand vient l'automne

   Un an et demi après le pétillant Mon Crime, François Ozon revient avec une chronique sociale provinciale, qui vire au thriller.

   On nous présente d'abord la vie quotidienne de deux mamies d'une petite ville de Bourgogne, Michelle et Marie-Claude, chacune mère d'un enfant, la première ayant un petit-fils qu'elle adore et qu'elle accueille pour les vacances scolaires. Le début a un petit côté téléfilm policier du samedi soir sur France 3... mais, comme on est chez Ozon, on se doute bien que la surface, lisse en apparence, masque des mouvements de fond. (La scène introductive est un indice.)

   Un premier pic de tension surgit à cause d'une histoire de champignons, mais c'est un événement parisien qui, apparemment, fait déraper l'histoire. Il est l'occasion pour les spectateurs de découvrir le passé de deux des personnages. Cela donne une profondeur supplémentaire au début et permet de mieux comprendre les relations entre une mère et sa fille.

   Mais, attention... celles et ceux qui croiront avoir tout saisi risquent d'être surpris par la suite. Les circonstances dans lesquelles un bar est ouvert et la manière dont un problème de harcèlement scolaire est géré nous invitent à nous poser des questions sur ce que nous avons vu depuis une bonne heure. Les choses s'arrangent-elles par accident ? Le personnage de Michelle (Hélène Vincent, césarisable) est-il aussi cristallin qu'il le semble ? Aux eaux faussement calmes du début a succédé une nouvelle surface lisse, peut-être aussi trompeuse. Ozon a la malice de ne pas trancher, nous laissant sur notre faim... ou libres de nos interprétations.

   Les comédiens sont très bons. Aux côtés d'Hélène Vincent, on trouve notamment Josiane Balasko, Pierre Lottin et Sophie Guillemin, celle-ci incarnant une policière à qui on ne la fait pas.

   Je pourrais m'arrêter là et laisser un billet quasi dithyrambique, mais je dois quand même signaler quelques défauts. Le premier est l'introduction de visons (celle de Michelle), que j'ai trouvées totalement déplacées. Officiellement, elles sont justifiées par les prémices de la maladie qui touche le personnage principal. Officieusement, elle font sans doute écho à un sentiment de culpabilité. Mais je n'ai pas du tout été convaincu. Il me semble avoir aussi repéré une incohérente scénaristique. Dans l'un des dialogues du début, Valérie (la fille de Michelle, qui a fui la région des années auparavant pour une raison au départ inconnue) reproche à sa mère l'indulgence dont elle fait preuve vis-à-vis de Vincent (le fils de Marie-Claude, emprisonné) et d'avoir oublié ce qu'il lui aurait fait, des années auparavant. Or, plus tard dans l'intrigue, le jeune homme se rend chez Valérie qui, dans un premier temps, ne le reconnaît pas, avant de le laisser entrer chez elle, en dépit de ce qu'elle a auparavant déclaré penser de lui. Cette séquence est capitale pour le film, mais je pense qu'il aurait fallu revoir les dialogues d'une des scènes du début. Cela ne me paraît pas cohérent.

   Ces réserves mises à part, on passe un très bon moment, en compagnie d'acteurs de talent, baignés dans une intrigue faussement banale, qui n'a toutefois pas le mordant de certains des précédents films d'Ozon.

13:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Quand vient l'automne

   Un an et demi après le pétillant Mon Crime, François Ozon revient avec une chronique sociale provinciale, qui vire au thriller.

   On nous présente d'abord la vie quotidienne de deux mamies d'une petite ville de Bourgogne, Michelle et Marie-Claude, chacune mère d'un enfant, la première ayant un petit-fils qu'elle adore et qu'elle accueille pour les vacances scolaires. Le début a un petit côté téléfilm policier du samedi soir sur France 3... mais, comme on est chez Ozon, on se doute bien que la surface, lisse en apparence, masque des mouvements de fond. (La scène introductive est un indice.)

   Un premier pic de tension surgit à cause d'une histoire de champignons, mais c'est un événement parisien qui, apparemment, fait déraper l'histoire. Il est l'occasion pour les spectateurs de découvrir le passé de deux des personnages. Cela donne une profondeur supplémentaire au début et permet de mieux comprendre les relations entre une mère et sa fille.

   Mais, attention... celles et ceux qui croiront avoir tout saisi risquent d'être surpris par la suite. Les circonstances dans lesquelles un bar est ouvert et la manière dont un problème de harcèlement scolaire est géré nous invitent à nous poser des questions sur ce que nous avons vu depuis une bonne heure. Les choses s'arrangent-elles par accident ? Le personnage de Michelle (Hélène Vincent, césarisable) est-il aussi cristallin qu'il le semble ? Aux eaux faussement calmes du début a succédé une nouvelle surface lisse, peut-être aussi trompeuse. Ozon a la malice de ne pas trancher, nous laissant sur notre faim... ou libres de nos interprétations.

   Les comédiens sont très bons. Aux côtés d'Hélène Vincent, on trouve notamment Josiane Balasko, Pierre Lottin et Sophie Guillemin, celle-ci incarnant une policière à qui on ne la fait pas.

   Je pourrais m'arrêter là et laisser un billet quasi dithyrambique, mais je dois quand même signaler quelques défauts. Le premier est l'introduction de visons (celle de Michelle), que j'ai trouvées totalement déplacées. Officiellement, elles sont justifiées par les prémices de la maladie qui touche le personnage principal. Officieusement, elle font sans doute écho à un sentiment de culpabilité. Mais je n'ai pas du tout été convaincu. Il me semble avoir aussi repéré une incohérente scénaristique. Dans l'un des dialogues du début, Valérie (la fille de Michelle, qui a fui la région des années auparavant pour une raison au départ inconnue) reproche à sa mère l'indulgence dont elle fait preuve vis-à-vis de Vincent (le fils de Marie-Claude, emprisonné) et d'avoir oublié ce qu'il lui aurait fait, des années auparavant. Or, plus tard dans l'intrigue, le jeune homme se rend chez Valérie qui, dans un premier temps, ne le reconnaît pas, avant de le laisser entrer chez elle, en dépit de ce qu'elle a auparavant déclaré penser de lui. Cette séquence est capitale pour le film, mais je pense qu'il aurait fallu revoir les dialogues d'une des scènes du début. Cela ne me paraît pas cohérent.

   Ces réserves mises à part, on passe un très bon moment, en compagnie d'acteurs de talent, baignés dans une intrigue faussement banale, qui n'a toutefois pas le mordant de certains des précédents films d'Ozon.

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vendredi, 11 octobre 2024

Les Graines du figuier sauvage

   Le nouveau film de Mohammad Rasoulov commence par deux scènes qui donnent le ton de son histoire. La première montre principalement des mains, avec une arme et des munitions. Il s'agit du pistolet remis au magistrat nouvellement promu à une fonction qui risque de lui valoir l'animosité de nombre de ses concitoyens. La seconde scène est un plan large d'une zone rurale, montagneuse, la nuit, avec un véhicule en mouvement. Il ne se passe pratiquement rien, mais c'est superbe. J'ai donc retrouvé avec plaisir le réalisateur d'Un Homme intègre, dont le talent transpire du début à la fin, dans le village troglodyte abandonné.

   La première partie (qui dure, en gros, 1h20) est pour moi la plus forte. Elle montre l'émergence du conflit de générations, entre le père et ses filles. Le premier est rigoriste, rouage du régime des mollahs, tout en étant très amoureux de son épouse et attaché à sa progéniture. Il perçoit les manifestant(e)s comme des extrémistes, des dépravé(e)s. Ses filles, d'apparence plutôt sage, prennent fait et cause pour celles et ceux qui considèrent Mahsa Amini comme leur étendard.

   Cette partie culmine lorsque la meilleure amie de la fille aînée, étudiante, revient se réfugier dans l'appartement occupé par la famille des deux sœurs. Pendant quelques minutes, quelque chose est filmé en gros plan. C'est à la limite du soutenable, mais c'est à mon avis parfaitement justifié... et nécessaire.

   Entre le père et les deux filles, la mère se retrouve coincée. Aussi pieuse que son époux, elle comprend néanmoins les aspirations de ses filles. Concilier les deux devient de plus en plus difficile, ce que réussit parfaitement à faire passer Soheila Golestani, l'interprète tout en subtilité de cette mère conservatrice. Je suis moins convaincu par les actrices qui incarnent les deux filles, non pas parce qu'elles seraient sans talent, mais parce qu'elles m'ont semblé un peu vieilles pour leurs rôles. En dépit du maquillage et de la manière dont elle est coiffée, dans certains plans, l'aînée paraît à peine moins âgée que sa mère. Quant à la seconde, du début à la fin, elle fait nettement plus vieille qu'une collégienne de 14-15 ans.

   Dans la deuxième partie, le film bascule à la fois dans le polar et le thriller. Le polar naît de la disparition de l'arme du père, à son domicile. C'est clairement l'aspect le moins réussi du film. Quand on a compris quel était le projet du réalisateur et qu'on a éliminé l'impossible, il n'est guère difficile de comprendre qui a volé l'arme. En revanche, il n'est pas vraisemblable qu'elle n'ait pas été retrouvée... d'autant qu'elle ressurgit, de manière tout aussi rocambolesque, à la fin de l'histoire.

   On finit par comprendre que le cinéaste a laissé tomber la veine réaliste du début (appuyée par des extraits d'authentiques vidéos tournées par des manifestants) pour plonger dans la métaphore, pas forcément légère.

   Cela donne un thriller plus ou moins convaincant. A l'image du régime des mollahs, le mari devient de plus en plus paranoïaque, de plus en plus inquiétant, tandis qu'en face, la révolte sourd au sein de sa propre famille, devenue symbole du pays opprimé. J'ai trouvé cet aspect trop surligné et pas toujours vraisemblable. Dans la vraie vie, quelques discussions auraient sans doute permis d'aplanir bien des difficultés, évitant que la situation ne dégénère...

   ... mais cela nous aurait privé de ce final impressionnant, dans l'Iran rural, où se trouve la maison familiale du juge. L'un des personnages découvre que, par le passé, on faisait preuve de moins de piété démonstrative dans la famille. (On écoutait de la "musique impie", dans une propriété où les symboles religieux semblent étrangement absents.)

   L'ultime séquence, dans les méandres d'une cité abandonnée, est un véritable cadeau offert aux cinéphiles, malgré sa conclusion outrageusement symbolique. Le film n'en reste pas moins hautement recommandable, même si, au bout de trois heures de projection (bandes-annonces, publicités et film inclus), on a un peu mal aux fesses.

Les Graines du figuier sauvage

   Le nouveau film de Mohammad Rasoulov commence par deux scènes qui donnent le ton de son histoire. La première montre principalement des mains, avec une arme et des munitions. Il s'agit du pistolet remis au magistrat nouvellement promu à une fonction qui risque de lui valoir l'animosité de nombre de ses concitoyens. La seconde scène est un plan large d'une zone rurale, montagneuse, la nuit, avec un véhicule en mouvement. Il ne se passe pratiquement rien, mais c'est superbe. J'ai donc retrouvé avec plaisir le réalisateur d'Un Homme intègre, dont le talent transpire du début à la fin, dans le village troglodyte abandonné.

   La première partie (qui dure, en gros, 1h20) est pour moi la plus forte. Elle montre l'émergence du conflit de générations, entre le père et ses filles. Le premier est rigoriste, rouage du régime des mollahs, tout en étant très amoureux de son épouse et attaché à sa progéniture. Il perçoit les manifestant(e)s comme des extrémistes, des dépravé(e)s. Ses filles, d'apparence plutôt sage, prennent fait et cause pour celles et ceux qui considèrent Mahsa Amini comme leur étendard.

   Cette partie culmine lorsque la meilleure amie de la fille aînée, étudiante, revient se réfugier dans l'appartement occupé par la famille des deux sœurs. Pendant quelques minutes, quelque chose est filmé en gros plan. C'est à la limite du soutenable, mais c'est à mon avis parfaitement justifié... et nécessaire.

   Entre le père et les deux filles, la mère se retrouve coincée. Aussi pieuse que son époux, elle comprend néanmoins les aspirations de ses filles. Concilier les deux devient de plus en plus difficile, ce que réussit parfaitement à faire passer Soheila Golestani, l'interprète tout en subtilité de cette mère conservatrice. Je suis moins convaincu par les actrices qui incarnent les deux filles, non pas parce qu'elles seraient sans talent, mais parce qu'elles m'ont semblé un peu vieilles pour leurs rôles. En dépit du maquillage et de la manière dont elle est coiffée, dans certains plans, l'aînée paraît à peine moins âgée que sa mère. Quant à la seconde, du début à la fin, elle fait nettement plus vieille qu'une collégienne de 14-15 ans.

   Dans la deuxième partie, le film bascule à la fois dans le polar et le thriller. Le polar naît de la disparition de l'arme du père, à son domicile. C'est clairement l'aspect le moins réussi du film. Quand on a compris quel était le projet du réalisateur et qu'on a éliminé l'impossible, il n'est guère difficile de comprendre qui a volé l'arme. En revanche, il n'est pas vraisemblable qu'elle n'ait pas été retrouvée... d'autant qu'elle ressurgit, de manière tout aussi rocambolesque, à la fin de l'histoire.

   On finit par comprendre que le cinéaste a laissé tomber la veine réaliste du début (appuyée par des extraits d'authentiques vidéos tournées par des manifestants) pour plonger dans la métaphore, pas forcément légère.

   Cela donne un thriller plus ou moins convaincant. A l'image du régime des mollahs, le mari devient de plus en plus paranoïaque, de plus en plus inquiétant, tandis qu'en face, la révolte sourd au sein de sa propre famille, devenue symbole du pays opprimé. J'ai trouvé cet aspect trop surligné et pas toujours vraisemblable. Dans la vraie vie, quelques discussions auraient sans doute permis d'aplanir bien des difficultés, évitant que la situation ne dégénère...

   ... mais cela nous aurait privé de ce final impressionnant, dans l'Iran rural, où se trouve la maison familiale du juge. L'un des personnages découvre que, par le passé, on faisait preuve de moins de piété démonstrative dans la famille. (On écoutait de la "musique impie", dans une propriété où les symboles religieux semblent étrangement absents.)

   L'ultime séquence, dans les méandres d'une cité abandonnée, est un véritable cadeau offert aux cinéphiles, malgré sa conclusion outrageusement symbolique. Le film n'en reste pas moins hautement recommandable, même si, au bout de trois heures de projection (bandes-annonces, publicités et film inclus), on a un peu mal aux fesses.

dimanche, 06 octobre 2024

Le Fil

   Ce fil est peut-être de tissu (bleu) et pourrait jouer un rôle dans la (non)condamnation de Nicolas Milik (Grégory Gadebois, formidable), accusé d'avoir tué sa femme alcoolique, mère négligente. C'est aussi le fil du rasoir, celui sur lequel se trouve l'accusé, dont l'avocat (Daniel Auteuil, sobre et plutôt bien) doit persuader un jury d'assises qu'il est innocent. L'intime conviction des jurés tient à un fil, tout comme la vie de certains protagonistes.

   Cette intrigue judiciaire est donc nourrie de symboles, l'un des premiers étant le fossé socio-économique (visible à l’œil nu) qui sépare les suspects et les témoins du procès (tous issus de catégories populaires) des professionnels de la justice (avocats, juges), appartenant à la bonne bourgeoisie.

   J'ai aimé à la fois la dichotomie de classes et l'énigme judiciaire, les gendarmes, les magistrats comme les avocats peinant à établir les faits survenus la nuit du meurtre de Cécile, l'épouse de Nicolas. Les comédiens sont suffisamment bons pour que chaque spectateur puisse se faire sa propre opinion, un peu comme dans Les Choses humaines, d'Yvan Attal.

   Je trouve toutefois ce dernier film plus réussi. Il y a des maladresses dans la mise en scène, les dialogues et le montage du Fil. Ainsi, l'arrestation du début est inutilement mélodramatique (avec, pour la énième fois, une caméra placée dans un véhicule emmenant une personne et filmant, de l'arrière, un membre de la famille qui court après). De plus, cette arrestation me paraît un peu trop brusque et spectaculaire. L'époux suspecté aurait auparavant dû être entendu comme témoin assisté et j'ai noté l'absence des services sociaux, alors qu'il était sans doute question de placer les cinq enfants, le temps de la procédure.

   J'ai aussi tiqué à une scène entre l'avocat et sa compagne (pourtant très bien incarnée par Sidse Babett Knudsen qui, neuf ans après L'Hermine, joue de nouveau les utilités dans un film de procès). Leur (brève) dispute m'est apparue un peu exagérée, manquant de naturel. Je pourrais aussi parler de l'attitude de l'avocate générale, durant le procès (pourtant correctement mis en scène). Alice Belaïdi joue bien, mais ce qu'on lui fait dire me semble manquer de vraisemblance. Par exemple, dans son réquisitoire (dont on est sans doute prié de croire qu'il ne nous en est offert qu'un extrait), elle ne s'appuie quasiment pas sur les données matérielles de l'enquête, alors que l'avocat de la défense lui répond ensuite sur ces points.

   Mais, comme j'ai été pris par cette histoire, par l'interprétation... et comme j'ai aussi été stupéfait par le coup de théâtre final, je recommande ce film "de qualité française", comme on dit.

00:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Fil

   Ce fil est peut-être de tissu (bleu) et pourrait jouer un rôle dans la (non)condamnation de Nicolas Milik (Grégory Gadebois, formidable), accusé d'avoir tué sa femme alcoolique, mère négligente. C'est aussi le fil du rasoir, celui sur lequel se trouve l'accusé, dont l'avocat (Daniel Auteuil, sobre et plutôt bien) doit persuader un jury d'assises qu'il est innocent. L'intime conviction des jurés tient à un fil, tout comme la vie de certains protagonistes.

   Cette intrigue judiciaire est donc nourrie de symboles, l'un des premiers étant le fossé socio-économique (visible à l’œil nu) qui sépare les suspects et les témoins du procès (tous issus de catégories populaires) des professionnels de la justice (avocats, juges), appartenant à la bonne bourgeoisie.

   J'ai aimé à la fois la dichotomie de classes et l'énigme judiciaire, les gendarmes, les magistrats comme les avocats peinant à établir les faits survenus la nuit du meurtre de Cécile, l'épouse de Nicolas. Les comédiens sont suffisamment bons pour que chaque spectateur puisse se faire sa propre opinion, un peu comme dans Les Choses humaines, d'Yvan Attal.

   Je trouve toutefois ce dernier film plus réussi. Il y a des maladresses dans la mise en scène, les dialogues et le montage du Fil. Ainsi, l'arrestation du début est inutilement mélodramatique (avec, pour la énième fois, une caméra placée dans un véhicule emmenant une personne et filmant, de l'arrière, un membre de la famille qui court après). De plus, cette arrestation me paraît un peu trop brusque et spectaculaire. L'époux suspecté aurait auparavant dû être entendu comme témoin assisté et j'ai noté l'absence des services sociaux, alors qu'il était sans doute question de placer les cinq enfants, le temps de la procédure.

   J'ai aussi tiqué à une scène entre l'avocat et sa compagne (pourtant très bien incarnée par Sidse Babett Knudsen qui, neuf ans après L'Hermine, joue de nouveau les utilités dans un film de procès). Leur (brève) dispute m'est apparue un peu exagérée, manquant de naturel. Je pourrais aussi parler de l'attitude de l'avocate générale, durant le procès (pourtant correctement mis en scène). Alice Belaïdi joue bien, mais ce qu'on lui fait dire me semble manquer de vraisemblance. Par exemple, dans son réquisitoire (dont on est sans doute prié de croire qu'il ne nous en est offert qu'un extrait), elle ne s'appuie quasiment pas sur les données matérielles de l'enquête, alors que l'avocat de la défense lui répond ensuite sur ces points.

   Mais, comme j'ai été pris par cette histoire, par l'interprétation... et comme j'ai aussi été stupéfait par le coup de théâtre final, je recommande ce film "de qualité française", comme on dit.

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jeudi, 03 octobre 2024

Joker : Folie à deux

   Assez impressionné par le premier volet, sorti il y a cinq ans, je me suis précipité pour voir le nouvel opus, sans avoir quasiment rien lu ou vu à son sujet. Je voulais profiter du plaisir de la découverte, en version originale sous-titrée, dans une (très) grande salle.

   Les 20-25 premières minutes sont épatantes. On retrouve Arthur Fleck en prison, le corps osseux à moitié cassé, lui brisé à l'intérieur (et sous cachetons). Toutefois, il émane de l'ancien Joker une sorte de magnétisme qui, presque malgré lui, a des effets sur son entourage. A plusieurs reprises, on se dit qu'il ne faudrait pas grand chose pour que redémarre la sarabande de violence. Cette impression est renforcée par le jeu de Joaquin Phoenix, une fois de plus admirable. Il donne à son personnage un tour puissamment pathétique.

   L'arrivée de sa fan déjantée (Lady Gaga, crédible quand elle est sobre) dans l'histoire ne fait pas tomber le rythme. Entre ces deux-là, il se passe quelque chose. La nouvelle Harley Quinn ne se contente pas d'être une faire-valoir. Elle nous réserve quelques surprises et manipule un peu son idole, tombé amoureux d'elle.

   Le problème est que cette histoire d'amour criminel est traitée sous forme de... comédie musicale. Quelle horreur ! La plupart des chansons sont à chier et il ne s'en dégage guère d'émotion (à l'exception notable de la reprise en anglais de Ne me quitte pas). On aurait sans problème pu en jeter la moitié à la poubelle, l'autre moitié, moins inintéressante, se déroulant dans la tête du Joker.

   C'est là que l'intrigue gagne en épaisseur. Les chansons fantasmées révèlent ce qu'aurait pu être le film... et comment pourrait tourner la "carrière" d'Arthur Fleck. Par un curieux (et involontaire ?)  effet de mise en abyme, celui-ci déçoit ses fans de la même manière que Todd Phillips risque de décevoir celles et ceux qui s'attendaient à voir le Joker foutre à nouveau le bordel dans Gotham City.

   Phillips a l'intelligence de continuer à présenter son anti-héros à la fois comme un bourreau et une victime. Il est bien aidé par l'interprétation de Joaquin Phoenix, aussi convaincant en pauvre type qu'en rusé dissimulateur, amoureux transi, danseur à claquettes ou avocat de la défense. Quel talent !

   ... Mais, hélas, cela ne suffit pas à sauver complètement le film, embourbé dans son procédé narratif.

23:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Joker : Folie à deux

   Assez impressionné par le premier volet, sorti il y a cinq ans, je me suis précipité pour voir le nouvel opus, sans avoir quasiment rien lu ou vu à son sujet. Je voulais profiter du plaisir de la découverte, en version originale sous-titrée, dans une (très) grande salle.

   Les 20-25 premières minutes sont épatantes. On retrouve Arthur Fleck en prison, le corps osseux à moitié cassé, lui brisé à l'intérieur (et sous cachetons). Toutefois, il émane de l'ancien Joker une sorte de magnétisme qui, presque malgré lui, a des effets sur son entourage. A plusieurs reprises, on se dit qu'il ne faudrait pas grand chose pour que redémarre la sarabande de violence. Cette impression est renforcée par le jeu de Joaquin Phoenix, une fois de plus admirable. Il donne à son personnage un tour puissamment pathétique.

   L'arrivée de sa fan déjantée (Lady Gaga, crédible quand elle est sobre) dans l'histoire ne fait pas tomber le rythme. Entre ces deux-là, il se passe quelque chose. La nouvelle Harley Quinn ne se contente pas d'être une faire-valoir. Elle nous réserve quelques surprises et manipule un peu son idole, tombé amoureux d'elle.

   Le problème est que cette histoire d'amour criminel est traitée sous forme de... comédie musicale. Quelle horreur ! La plupart des chansons sont à chier et il ne s'en dégage guère d'émotion (à l'exception notable de la reprise en anglais de Ne me quitte pas). On aurait sans problème pu en jeter la moitié à la poubelle, l'autre moitié, moins inintéressante, se déroulant dans la tête du Joker.

   C'est là que l'intrigue gagne en épaisseur. Les chansons fantasmées révèlent ce qu'aurait pu être le film... et comment pourrait tourner la "carrière" d'Arthur Fleck. Par un curieux (et involontaire ?)  effet de mise en abyme, celui-ci déçoit ses fans de la même manière que Todd Phillips risque de décevoir celles et ceux qui s'attendaient à voir le Joker foutre à nouveau le bordel dans Gotham City.

   Phillips a l'intelligence de continuer à présenter son anti-héros à la fois comme un bourreau et une victime. Il est bien aidé par l'interprétation de Joaquin Phoenix, aussi convaincant en pauvre type qu'en rusé dissimulateur, amoureux transi, danseur à claquettes ou avocat de la défense. Quel talent !

   ... Mais, hélas, cela ne suffit pas à sauver complètement le film, embourbé dans son procédé narratif.

23:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 30 septembre 2024

L'ultime aventure de Scrat

   Je n'ai appris cette double nouvelle que récemment. Mon écureuil préhistorique préféré avait eu droit, en 2022, à une dernière petite aventure... et il ne serait désormais plus présent dans d'éventuelles nouvelles pérégrinations de la troupe de L'Âge de glace, pour une question de droits.

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   D'après Blue Sky (à l'époque filiale animation de la Twentieth Century Fox, avant son rachat par Disney), ce sont des animateurs maison (Chris Wedge et Peter de Sève) qui ont créé le personnage. Plusieurs personnes ont contesté cette version, dont l'illustratrice et influenceuse Ivy Silberstein. Après une série de procès, celle-ci a obtenu le codétention des droits puis la reconnaissance de l'originalité de sa création : un personnage appelé à l'origine Sqrat, mélange de squirrel (écureuil) et de rat (ben... rat), qu'elle aurait jadis proposé à Blue Sky. Malgré la grosse somme (300 000 dollars) offerte par Disney (après le rachat de la Fox), la créatrice s'est entêtée.

   Sentant le vent du boulet, certains animateurs de Blue Sky ont créé, juste avant le passage de la Fox à Disney, un ultime court-métrage, sobrement intitulé The End...

ATTENTION : CE QUI SUIT EST UN IGNOBLE, UN SCANDALEUX, UN INADMISSIBLE DIVULGÂCHAGE !!

 

   ... dans lequel on voit Scrat... dévorer son gland (non, ce n'est pas un porno !) ... et passer à autre chose.

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L'ultime aventure de Scrat

   Je n'ai appris cette double nouvelle que récemment. Mon écureuil préhistorique préféré avait eu droit, en 2022, à une dernière petite aventure... et il ne serait désormais plus présent dans d'éventuelles nouvelles pérégrinations de la troupe de L'Âge de glace, pour une question de droits.

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   D'après Blue Sky (à l'époque filiale animation de la Twentieth Century Fox, avant son rachat par Disney), ce sont des animateurs maison (Chris Wedge et Peter de Sève) qui ont créé le personnage. Plusieurs personnes ont contesté cette version, dont l'illustratrice et influenceuse Ivy Silberstein. Après une série de procès, celle-ci a obtenu le codétention des droits puis la reconnaissance de l'originalité de sa création : un personnage appelé à l'origine Sqrat, mélange de squirrel (écureuil) et de rat (ben... rat), qu'elle aurait jadis proposé à Blue Sky. Malgré la grosse somme (300 000 dollars) offerte par Disney (après le rachat de la Fox), la créatrice s'est entêtée.

   Sentant le vent du boulet, certains animateurs de Blue Sky ont créé, juste avant le passage de la Fox à Disney, un ultime court-métrage, sobrement intitulé The End...

ATTENTION : CE QUI SUIT EST UN IGNOBLE, UN SCANDALEUX, UN INADMISSIBLE DIVULGÂCHAGE !!

 

   ... dans lequel on voit Scrat... dévorer son gland (non, ce n'est pas un porno !) ... et passer à autre chose.

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samedi, 28 septembre 2024

Week-end à Taipei

   La bande-annonce présente un film d'action mâtiné de comédie... et elle n'est pas mensongère. Mais le début nous propose un peu plus, puisqu'on y découvre l'héroïne dans un décalque de l'introduction de Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's). Gwei Lun Mei fait une Audrey Hepburn contemporaine très convaincante. Elle porte à merveille une robe de soirée qui ne permet pas d'ignorer combien elle est bien gaulée... et elle se révèle redoutable au volant d'un bolide. Comme la Holly de Blake Edwards, Joey a dû faire des concessions pour survivre dans un monde de brutes... et pour protéger son fils.

   Celui-ci a été élevé (en partie) par un truand, le redoutable Kwang, devenu milliardaire par des moyens que la décence m'interdit de détailler. Il est (très bien) interprété par Sung Kang, dans lequel nombre de spectateurs des salles obscures reconnaîtront l'un des protagonistes de la franchise Fast & Furious. (Mais, ici, ce n'est pas lui le prodige du pilotage, c'est sa meuf.)

   Toutefois, l'enfant n'est pas de lui, mais d'un ancien policier infiltré, retourné aux États-Unis. On découvre très rapidement Luke Evans dans ses œuvres, dans un restaurant où, à l'aide de divers instruments de cuisine, il fait feu de tout bois lorsque débarque une bande de trafiquants. Cela donne une séquence virtuose, avec des combats chorégraphiés avec soin... et une bonne dose d'humour. (Aux manettes se trouve George Huang, révélé jadis par Swimming with sharks.)

   Les deux anciens tourtereaux ne le savent pas mais, sans le vouloir, un troisième protagoniste va provoquer leur rapprochement. John Lawlor est donc de retour à Taïwan, où il se découvre un fils. A partir de ce moment-là, même si l'action et les cascades restent de mise, le vaudeville prend parfois le dessus. C'est plus ou moins réussi. Gwen Lun Mei est très bien en mère à la fois aimante et autoritaire, mais Evans est moins convaincant en apprenti papounet. Je note que le gamin est un adolescent moins caricatural que ce que l'on trouve dans quantité de fictions aussi bien françaises qu'américaines : on n'a pas systématiquement envie de lui coller une paire de gifles.

   Le reste de l'histoire est enlevé, avec des poursuites en bagnole, des bastons, des cascades. La musique est chouette, avec notamment une réorchestration du Paint it Black des Stones. (Il me semble avoir aussi reconnu l'air de Moon River, issu de Diamants sur canapé.) J'ai passé un agréable moment... et le film ne dure qu'1h35. C'est un bon divertissement de début de soirée.

11:45 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Week-end à Taipei

   La bande-annonce présente un film d'action mâtiné de comédie... et elle n'est pas mensongère. Mais le début nous propose un peu plus, puisqu'on y découvre l'héroïne dans un décalque de l'introduction de Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's). Gwei Lun Mei fait une Audrey Hepburn contemporaine très convaincante. Elle porte à merveille une robe de soirée qui ne permet pas d'ignorer combien elle est bien gaulée... et elle se révèle redoutable au volant d'un bolide. Comme la Holly de Blake Edwards, Joey a dû faire des concessions pour survivre dans un monde de brutes... et pour protéger son fils.

   Celui-ci a été élevé (en partie) par un truand, le redoutable Kwang, devenu milliardaire par des moyens que la décence m'interdit de détailler. Il est (très bien) interprété par Sung Kang, dans lequel nombre de spectateurs des salles obscures reconnaîtront l'un des protagonistes de la franchise Fast & Furious. (Mais, ici, ce n'est pas lui le prodige du pilotage, c'est sa meuf.)

   Toutefois, l'enfant n'est pas de lui, mais d'un ancien policier infiltré, retourné aux États-Unis. On découvre très rapidement Luke Evans dans ses œuvres, dans un restaurant où, à l'aide de divers instruments de cuisine, il fait feu de tout bois lorsque débarque une bande de trafiquants. Cela donne une séquence virtuose, avec des combats chorégraphiés avec soin... et une bonne dose d'humour. (Aux manettes se trouve George Huang, révélé jadis par Swimming with sharks.)

   Les deux anciens tourtereaux ne le savent pas mais, sans le vouloir, un troisième protagoniste va provoquer leur rapprochement. John Lawlor est donc de retour à Taïwan, où il se découvre un fils. A partir de ce moment-là, même si l'action et les cascades restent de mise, le vaudeville prend parfois le dessus. C'est plus ou moins réussi. Gwen Lun Mei est très bien en mère à la fois aimante et autoritaire, mais Evans est moins convaincant en apprenti papounet. Je note que le gamin est un adolescent moins caricatural que ce que l'on trouve dans quantité de fictions aussi bien françaises qu'américaines : on n'a pas systématiquement envie de lui coller une paire de gifles.

   Le reste de l'histoire est enlevé, avec des poursuites en bagnole, des bastons, des cascades. La musique est chouette, avec notamment une réorchestration du Paint it Black des Stones. (Il me semble avoir aussi reconnu l'air de Moon River, issu de Diamants sur canapé.) J'ai passé un agréable moment... et le film ne dure qu'1h35. C'est un bon divertissement de début de soirée.

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vendredi, 27 septembre 2024

Ni Chaînes ni Maîtres

   L'esclavage a inspiré des films de styles différents : fiction à caractère documentaire, histoire d'émancipation, film-réquisitoire... Celui qui nous occupe ici n'entre pas vraiment dans l'une de ces catégories.

   Le début m'a fait penser à un "12 Years a Slave à l'Île-Maurice". En un peu moins de vingt minutes, on ne nous épargne (presque) rien : l'esclave traqué, l'esclave marquée, l'esclave essorillé, l'esclave fouetté, l'esclave enfermé, l'esclave abattu... l'esclave violée étant sous-entendu. (Ouf !) Dans le rôle du maître de plantation faussement bonhomme, Benoît Magimel (entre deux cures...) est moyennement crédible.

   Camille Cottin est en revanche impressionnante, dans le rôle d'une chasseuse d'esclaves en fuite (personnage qui a bien existé). A la fois victime et bourreau, elle apporte un poil de nuance dans un tableau qui en manque singulièrement : presque tous les Blancs sont des salauds, presque tous les Noirs sont des victimes. Je dois néanmoins reconnaître que, de temps à autre, on a mis en scène un geste qui sort du schéma manichéen : tel esclave en fuite n'achève pas son agresseur, sur lequel il a pourtant pris le dessus, tel traqueur de "marrons" décide de ne pas poursuivre celui en qui il finit par reconnaître un frère humain.

   Ces éléments et l'interprétation brillante d'Ibrahima Mbaye rendent (presque) indulgent envers certaines facilités ou invraisemblances. Je pense notamment à la rencontre, totalement improbable, d'un autre (ancien) esclave en fuite, vêtu d'un uniforme français. Il affirme qu'on a fait de lui « un citoyen » (l'action se déroulant en 1759...) avant de le rabaisser à son ancienne condition. Ici, l'intention est de pointer l'ingratitude de la France envers les soldats issus de ses colonies (en 1919 et 1945... pas au XVIIIe siècle), qui ont pourtant versé "l'impôt du sang". Gros anachronisme, que vient compléter une incohérence scénaristique. A un moment, le principal fuyard, qui suit un itinéraire secret (fonctionnant sur l'association d'un nombre de foulées et de branches brisées, orientées), tombe d'une cascade (sans le moindre dommage). Il se retrouve éloigné du chemin d'origine... qu'il retrouve en à peine quelques minutes, juste à côté du plan d'eau où aboutit la cascade...

   Comme d'autres personnes, je suis partagé quant à l'intervention du surnaturel dans l'intrigue. A plusieurs reprises, le héros en fuite reçoit l'aide de sa défunte épouse... Parti à la recherche de sa fille en fuite, il parvient sans peine à retrouver sa trace... Cela culmine lors d'une scène de combat de nuit, au cours de laquelle un guerrier mystique semble doté de pouvoirs extraordinaires et du don d'ubiquité...

   Et pourtant, tout cela n'est pas filmé maladroitement (si on laisse de côté les scènes caméra à l'épaule, qui m'ont donné le tournis). La photographie est soignée, l'image belle, parfois inspirée, comme lors de cette autre scène nocturne, en pleine forêt, des bribes de luminescence perçant à travers les troncs et les branches d'arbres.

   La dernière demi-heure rattrape un peu les défauts du début. On y trouve notamment une scène de groupe, fort bien maîtrisée, se déroulant au Morne Brabant. J'aurais pu y ajouter la fin, poignante, à tout le moins bien jouée... mais historiquement fausse.

Ni Chaînes ni Maîtres

   L'esclavage a inspiré des films de styles différents : fiction à caractère documentaire, histoire d'émancipation, film-réquisitoire... Celui qui nous occupe ici n'entre pas vraiment dans l'une de ces catégories.

   Le début m'a fait penser à un "12 Years a Slave à l'Île-Maurice". En un peu moins de vingt minutes, on ne nous épargne (presque) rien : l'esclave traqué, l'esclave marquée, l'esclave essorillé, l'esclave fouetté, l'esclave enfermé, l'esclave abattu... l'esclave violée étant sous-entendu. (Ouf !) Dans le rôle du maître de plantation faussement bonhomme, Benoît Magimel (entre deux cures...) est moyennement crédible.

   Camille Cottin est en revanche impressionnante, dans le rôle d'une chasseuse d'esclaves en fuite (personnage qui a bien existé). A la fois victime et bourreau, elle apporte un poil de nuance dans un tableau qui en manque singulièrement : presque tous les Blancs sont des salauds, presque tous les Noirs sont des victimes. Je dois néanmoins reconnaître que, de temps à autre, on a mis en scène un geste qui sort du schéma manichéen : tel esclave en fuite n'achève pas son agresseur, sur lequel il a pourtant pris le dessus, tel traqueur de "marrons" décide de ne pas poursuivre celui en qui il finit par reconnaître un frère humain.

   Ces éléments et l'interprétation brillante d'Ibrahima Mbaye rendent (presque) indulgent envers certaines facilités ou invraisemblances. Je pense notamment à la rencontre, totalement improbable, d'un autre (ancien) esclave en fuite, vêtu d'un uniforme français. Il affirme qu'on a fait de lui « un citoyen » (l'action se déroulant en 1759...) avant de le rabaisser à son ancienne condition. Ici, l'intention est de pointer l'ingratitude de la France envers les soldats issus de ses colonies (en 1919 et 1945... pas au XVIIIe siècle), qui ont pourtant versé "l'impôt du sang". Gros anachronisme, que vient compléter une incohérence scénaristique. A un moment, le principal fuyard, qui suit un itinéraire secret (fonctionnant sur l'association d'un nombre de foulées et de branches brisées, orientées), tombe d'une cascade (sans le moindre dommage). Il se retrouve éloigné du chemin d'origine... qu'il retrouve en à peine quelques minutes, juste à côté du plan d'eau où aboutit la cascade...

   Comme d'autres personnes, je suis partagé quant à l'intervention du surnaturel dans l'intrigue. A plusieurs reprises, le héros en fuite reçoit l'aide de sa défunte épouse... Parti à la recherche de sa fille en fuite, il parvient sans peine à retrouver sa trace... Cela culmine lors d'une scène de combat de nuit, au cours de laquelle un guerrier mystique semble doté de pouvoirs extraordinaires et du don d'ubiquité...

   Et pourtant, tout cela n'est pas filmé maladroitement (si on laisse de côté les scènes caméra à l'épaule, qui m'ont donné le tournis). La photographie est soignée, l'image belle, parfois inspirée, comme lors de cette autre scène nocturne, en pleine forêt, des bribes de luminescence perçant à travers les troncs et les branches d'arbres.

   La dernière demi-heure rattrape un peu les défauts du début. On y trouve notamment une scène de groupe, fort bien maîtrisée, se déroulant au Morne Brabant. J'aurais pu y ajouter la fin, poignante, à tout le moins bien jouée... mais historiquement fausse.

jeudi, 26 septembre 2024

Le Léopard des neiges

   Le titre de cette fiction onirique fait immanquablement penser au fantastique documentaire de Marie Amiguet, Vincent Munier et Sylvain Tesson, La Panthère des neiges. D'ailleurs, les deux noms désignent le même animal. Mais le projet du cinéaste tibétain n'est pas celui des Français.

   Au fin fond du Tibet chinois, des éleveurs (de yaks, de moutons ou de bharals) se plaignent des dégâts occasionnés par les léopards des neiges, plus précisément par une léoparde, qui se déplace avec son petit. Poussée par la faim, elle a réussi à pénétrer dans un enclos, où elle a provoqué la mort de « neuf béliers castrés bien gras », comme ne cesse de le répéter un éleveur local, très en colère et bigrement têtu.

   Il est rejoint par une équipe de tournage, qui s'adjoint les services d'un moine bouddhiste, lui-même fils d'éleveur et surnommé « le moine léopard des neiges », tant il paraît entretenir une sorte de lien mystique avec cette force de la nature. (Un peu plus tard, on découvre dans quelles circonstances est né ce lien.)

   Le début n'est pas très engageant. Les plans fixes des occupants d'un véhicule tout-terrain ne sont guère emballants, leur conversation n'ayant de surcroît aucun intérêt particulier. En revanche, dès qu'on arrive chez l'éleveur, cela devient prenant.

   Celui-ci maintient prisonnière la léoparde gloutonne, très calme depuis qu'elle est repue. Il menace de zigouiller cet animal protégé (au niveau national et international). On comprend assez vite qu'il veut être indemnisé pour la perte de ses béliers, qu'il estime de grande valeur. Les employés de l'Office de la faune sauvage ne sont guère compatissants... et finissent par en appeler aux forces de l'ordre. On est parfois proche du vaudeville rural.

   Cependant, tout cela manque un peu de réalisme. La léoparde est une (magnifique) création numérique. On peut en distinguer quelques défauts en la comparant avec les animaux réels figurant dans des extraits documentaires visionnés par les personnages installés dans le domicile du paysan (qui n'ose se montrer trop exigeant avec les cinéastes venus de la ville). On peut en voire d'autres ici.

   Et puis, petit à petit, on se rend compte que cette "histoire naturelle", à fond social, est passée à la moulinette de la propagande chinoise. En effet, l'action se déroule dans le Tibet historique, mais dans une région (le Qinghai) qui a été détachée de celle officiellement reconnue (par Pékin) comme le Tibet.

cinéma,cinema,film,films

   Cette périphérie est en voie de sinisation forcée, ce à quoi fait allusion un détail du dialogue du début, dans la voiture : un Tibétain s'y montre enjoué à l'idée d'apprendre le mandarin...

   La suite est du même tonneau. Les fonctionnaires du régime communiste sont présentés comme soucieux de (faire) respecter les règlements et, quand ils menacent de sévir, c'est en prenant des gants. Même le chef de la police locale, qui finit par arriver sur les lieux, se montre (relativement) à l'écoute des éleveurs tibétains, parfois très remontés contre la politique de protection des léopards. A ce sujet, je relève que le film insiste lourdement sur le fait que ce soit l’État chinois qui protège cette espèce, le niveau international n'étant évoqué qu'à une reprise...

   Au-delà de la propagande politique, il reste des scènes inspirantes, comme celles tournées en caméra subjective, censées nous mettre dans la peau des léopards. C'est assez bien foutu, même si l'ensemble du film m'est apparu bancal.

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Le Léopard des neiges

   Le titre de cette fiction onirique fait immanquablement penser au fantastique documentaire de Marie Amiguet, Vincent Munier et Sylvain Tesson, La Panthère des neiges. D'ailleurs, les deux noms désignent le même animal. Mais le projet du cinéaste tibétain n'est pas celui des Français.

   Au fin fond du Tibet chinois, des éleveurs (de yaks, de moutons ou de bharals) se plaignent des dégâts occasionnés par les léopards des neiges, plus précisément par une léoparde, qui se déplace avec son petit. Poussée par la faim, elle a réussi à pénétrer dans un enclos, où elle a provoqué la mort de « neuf béliers castrés bien gras », comme ne cesse de le répéter un éleveur local, très en colère et bigrement têtu.

   Il est rejoint par une équipe de tournage, qui s'adjoint les services d'un moine bouddhiste, lui-même fils d'éleveur et surnommé « le moine léopard des neiges », tant il paraît entretenir une sorte de lien mystique avec cette force de la nature. (Un peu plus tard, on découvre dans quelles circonstances est né ce lien.)

   Le début n'est pas très engageant. Les plans fixes des occupants d'un véhicule tout-terrain ne sont guère emballants, leur conversation n'ayant de surcroît aucun intérêt particulier. En revanche, dès qu'on arrive chez l'éleveur, cela devient prenant.

   Celui-ci maintient prisonnière la léoparde gloutonne, très calme depuis qu'elle est repue. Il menace de zigouiller cet animal protégé (au niveau national et international). On comprend assez vite qu'il veut être indemnisé pour la perte de ses béliers, qu'il estime de grande valeur. Les employés de l'Office de la faune sauvage ne sont guère compatissants... et finissent par en appeler aux forces de l'ordre. On est parfois proche du vaudeville rural.

   Cependant, tout cela manque un peu de réalisme. La léoparde est une (magnifique) création numérique. On peut en distinguer quelques défauts en la comparant avec les animaux réels figurant dans des extraits documentaires visionnés par les personnages installés dans le domicile du paysan (qui n'ose se montrer trop exigeant avec les cinéastes venus de la ville). On peut en voire d'autres ici.

   Et puis, petit à petit, on se rend compte que cette "histoire naturelle", à fond social, est passée à la moulinette de la propagande chinoise. En effet, l'action se déroule dans le Tibet historique, mais dans une région (le Qinghai) qui a été détachée de celle officiellement reconnue (par Pékin) comme le Tibet.

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   Cette périphérie est en voie de sinisation forcée, ce à quoi fait allusion un détail du dialogue du début, dans la voiture : un Tibétain s'y montre enjoué à l'idée d'apprendre le mandarin...

   La suite est du même tonneau. Les fonctionnaires du régime communiste sont présentés comme soucieux de (faire) respecter les règlements et, quand ils menacent de sévir, c'est en prenant des gants. Même le chef de la police locale, qui finit par arriver sur les lieux, se montre (relativement) à l'écoute des éleveurs tibétains, parfois très remontés contre la politique de protection des léopards. A ce sujet, je relève que le film insiste lourdement sur le fait que ce soit l’État chinois qui protège cette espèce, le niveau international n'étant évoqué qu'à une reprise...

   Au-delà de la propagande politique, il reste des scènes inspirantes, comme celles tournées en caméra subjective, censées nous mettre dans la peau des léopards. C'est assez bien foutu, même si l'ensemble du film m'est apparu bancal.

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dimanche, 22 septembre 2024

Beetlejuice²

   Un peu plus de trente ans après, Tim Burton remet le couvert, avec une partie de la distribution d'origine : Michael Keaton, bien sûr, dans le rôle éponyme (un peu plus présent à l'écran que dans le premier film), Winona Ryder (sur laquelle le temps semble avoir peu de prise) et Catherine O'Hara, dans le rôle de la belle-doche snob... mais sans son mari, dont le décès accidentel constitue la première péripétie de l'histoire... péripétie sans doute insérée en raison des ennuis judiciaires de l'acteur Jeffrey Jones. Ceci dit, la séquence de l'accident d'avion (et de ses conséquences), en stop-motion, est assez cocasse. Sans en dire trop, je peux annoncer qu'on revoit le personnage du père à plusieurs reprises, dans la suite du film, sans qu'il soit possible d'identifier le comédien qui l'incarne...

   Les autres absents de marque sont Geena Davis et Alec Baldwin, ce dernier empêtré dans les suites judiciaires du drame survenu pendant le tournage de Rust.

   Ces grands anciens sont efficacement remplacés par quelques pointures : Willem Dafoe, et Monica Bellucci, auxquels il faut ajouter deux jeunes prometteurs : Jenna Ortega (vue récemment dans l'oubliable Scream VI) et Arthur Conti.

   Très vite, on comprend que Tim Burton s'appuie sur le matériau d'origine (la même ambiance macabre, les allers-retours entre le monde réel et l'au-delà, en passant par la maquette du grenier), mais avec des effets spéciaux plus élaborés, parfois vertigineux. J'ai aimé cet usage de la technologie au service de l'intrigue. On en a un excellent exemple dans l'une des premières séquences, qui commence avec Danny DeVito recevant un jeune con parisien chez les morts... et se poursuit avec l'apparition, que dis-je, la résurrection du personnage incarné par Monica Bellucci. Im-pres-sion-nant.

   J'en profite pour conseiller la version originale sous-titrée, au cours de laquelle on entend parler un peu français (quand il est question du tagueur parisien) et surtout italien, lors d'une scène relatant un épisode du passé lointain, qui vit Beetlejuice passer de vie à trépas.

   J'ai aimé retrouver un Tim Burton en pleine forme, portant un regard mi-tendre mi-acide sur son époque. Il exprime toujours son mépris pour la course à l'argent facile et le snobisme culturel, y ajoutant la quête de renommée médiatique, la dépendance au smartphone... et un certain culte de la rationalité.

   A travers le personnage d'Astrid, la fille rebelle de Lydia, il met en scène un classique conflit d'adolescence, mais aussi la confrontation entre un esprit scientifique (et engagé) et une mentalité plus poétique, qui veut croire encore au merveilleux. Winona/Lydia est de nouveau un double de Burton. Elle a un peu vendu son âme à la télévision (comme lui à Hollywood) pour bien gagner sa vie, y perdant en authenticité. Par un effet de mise en abyme, ce film, comme l'intrigue qu'il déroule, sont des tentatives de retour aux sources. Cerise sur le gâteau, le cinéaste lance quelques piques à une partie de la jeune génération. Pas sûr que le public apprécie...

   Je pense en revanche que le traitement infligé au nouveau compagnon de Lydia, l'insupportable Rory (dont le moindre des ridicules n'est pas d'avoir noué ses cheveux en un petit chignon, à l'arrière du crâne), ne suscitera aucune réprobation.

   J'ai toutefois un peu de regret quant au relatif effacement du personnage de Lydia. Il est vrai qu'elle est écrasée entre deux femmes fortes : sa belle-mère (que Burton choisit de rendre plus sympathique que dans le premier film) et sa propre fille. Celle-ci connaît une forte évolution, comprenant progressivement un peu mieux sa mère... et découvrant l'amour, à travers Jérémy, un garçon fort sympathique, puisqu'il collectionne les vieux vinyles et porte une chemise à carreaux (qu'il a dû voler dans ma penderie, le coquin !). Ce personnage nous réserve quelques surprises, que je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir.

   Je pourrais encore en parler pendant plusieurs paragraphes, mais je ne voudrais pas trop déflorer l'intrigue, qui regorge de détails ironiques et de rebondissements, parfois complètement dingos. J'ai ri, j'ai été ébloui, ému... et j'ai aimé qu'à la fin, le réalisateur nous laisse la possibilité de plusieurs conclusions.

   P.S.

   La musique est toujours aussi sympa, avec un peu plus de "modernité" que dans le précédent opus.

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Beetlejuice²

   Un peu plus de trente ans après, Tim Burton remet le couvert, avec une partie de la distribution d'origine : Michael Keaton, bien sûr, dans le rôle éponyme (un peu plus présent à l'écran que dans le premier film), Winona Ryder (sur laquelle le temps semble avoir peu de prise) et Catherine O'Hara, dans le rôle de la belle-doche snob... mais sans son mari, dont le décès accidentel constitue la première péripétie de l'histoire... péripétie sans doute insérée en raison des ennuis judiciaires de l'acteur Jeffrey Jones. Ceci dit, la séquence de l'accident d'avion (et de ses conséquences), en stop-motion, est assez cocasse. Sans en dire trop, je peux annoncer qu'on revoit le personnage du père à plusieurs reprises, dans la suite du film, sans qu'il soit possible d'identifier le comédien qui l'incarne...

   Les autres absents de marque sont Geena Davis et Alec Baldwin, ce dernier empêtré dans les suites judiciaires du drame survenu pendant le tournage de Rust.

   Ces grands anciens sont efficacement remplacés par quelques pointures : Willem Dafoe, et Monica Bellucci, auxquels il faut ajouter deux jeunes prometteurs : Jenna Ortega (vue récemment dans l'oubliable Scream VI) et Arthur Conti.

   Très vite, on comprend que Tim Burton s'appuie sur le matériau d'origine (la même ambiance macabre, les allers-retours entre le monde réel et l'au-delà, en passant par la maquette du grenier), mais avec des effets spéciaux plus élaborés, parfois vertigineux. J'ai aimé cet usage de la technologie au service de l'intrigue. On en a un excellent exemple dans l'une des premières séquences, qui commence avec Danny DeVito recevant un jeune con parisien chez les morts... et se poursuit avec l'apparition, que dis-je, la résurrection du personnage incarné par Monica Bellucci. Im-pres-sion-nant.

   J'en profite pour conseiller la version originale sous-titrée, au cours de laquelle on entend parler un peu français (quand il est question du tagueur parisien) et surtout italien, lors d'une scène relatant un épisode du passé lointain, qui vit Beetlejuice passer de vie à trépas.

   J'ai aimé retrouver un Tim Burton en pleine forme, portant un regard mi-tendre mi-acide sur son époque. Il exprime toujours son mépris pour la course à l'argent facile et le snobisme culturel, y ajoutant la quête de renommée médiatique, la dépendance au smartphone... et un certain culte de la rationalité.

   A travers le personnage d'Astrid, la fille rebelle de Lydia, il met en scène un classique conflit d'adolescence, mais aussi la confrontation entre un esprit scientifique (et engagé) et une mentalité plus poétique, qui veut croire encore au merveilleux. Winona/Lydia est de nouveau un double de Burton. Elle a un peu vendu son âme à la télévision (comme lui à Hollywood) pour bien gagner sa vie, y perdant en authenticité. Par un effet de mise en abyme, ce film, comme l'intrigue qu'il déroule, sont des tentatives de retour aux sources. Cerise sur le gâteau, le cinéaste lance quelques piques à une partie de la jeune génération. Pas sûr que le public apprécie...

   Je pense en revanche que le traitement infligé au nouveau compagnon de Lydia, l'insupportable Rory (dont le moindre des ridicules n'est pas d'avoir noué ses cheveux en un petit chignon, à l'arrière du crâne), ne suscitera aucune réprobation.

   J'ai toutefois un peu de regret quant au relatif effacement du personnage de Lydia. Il est vrai qu'elle est écrasée entre deux femmes fortes : sa belle-mère (que Burton choisit de rendre plus sympathique que dans le premier film) et sa propre fille. Celle-ci connaît une forte évolution, comprenant progressivement un peu mieux sa mère... et découvrant l'amour, à travers Jérémy, un garçon fort sympathique, puisqu'il collectionne les vieux vinyles et porte une chemise à carreaux (qu'il a dû voler dans ma penderie, le coquin !). Ce personnage nous réserve quelques surprises, que je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir.

   Je pourrais encore en parler pendant plusieurs paragraphes, mais je ne voudrais pas trop déflorer l'intrigue, qui regorge de détails ironiques et de rebondissements, parfois complètement dingos. J'ai ri, j'ai été ébloui, ému... et j'ai aimé qu'à la fin, le réalisateur nous laisse la possibilité de plusieurs conclusions.

   P.S.

   La musique est toujours aussi sympa, avec un peu plus de "modernité" que dans le précédent opus.

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samedi, 21 septembre 2024

Les Barbares

   Qui sont les barbares ? Les migrants moyen-orientaux, dont certains meublent assez régulièrement la chronique des faits divers, en Europe ? Ou bien ces Français en apparence bien comme il faut, mais dont le fond sent un peu (beaucoup ?) le moisi ? Julie Delpy s'est lancée dans une entreprise casse-gueule, avec ses qualités et ses défauts, tant et si bien que j'ai été amené à rédiger (comme, naguère, avec Belle et Sébastien, Elvis et L’Étoile de Noël) non pas une, mais deux critiques de ce film.

ON COMMENCE AVEC LA CRITIQUE FAVORABLE

   Dans son dernier film, Julie Delpy met toute sa malice et son ironie au service d'un propos universaliste.

   Ainsi, chacun des cinq actes qui constituent Les Barbares est introduit par la vue d'une peinture classique, représentant des hommes en train de commettre des crimes. Mais ces assassins ressemblent bien peu aux réfugiés qui vont être l'objet de la suspicion des Paimpontais.

   La famille qui débarque en Bretagne ne correspond pas aux stéréotypes racistes concernant les migrants. Elle est issue de ce qui fut la classe moyenne syrienne (avant la guerre civile) : le père est architecte, son épouse décoratrice d'intérieur (ou graphiste, je sais plus), la sœur médecin, le grand-père se distinguant par son goût prononcé pour la poésie. Quand j'aurai ajouté que la fille ainée du couple est joueuse d'échecs, vous aurez compris que le scénario ne mise pas forcément sur le misérabilisme pour apitoyer les spectateurs.

   Ces bourgeois cultivés sont victimes (entre autre) de déclassement social. Le contraste est fort avec les habitants du village, pas d'un niveau social et culturel aussi élevé... mais qui se croient plus "civilisés". Le fossé est élargi par le fait qu'au lieu d'Ukrainiens victimes de la guerre déclenchée par la Russie de Vladimir Poutine, ils accueillent une famille musulmane du Proche-Orient.

   Celle-ci est très bien incarnée. Ziad Bakri excelle à faire ressentir à la fois la fierté et la fragilité du père, tandis que Rita Hayek interprète à la perfection une jeune femme à la fois brillante et brisée.

   De manière générale, Julie Delpy réussit ses scènes de couple, qu'elles soient entre les Français, entre les Syriens... voire entre Français(e) et Syrien(ne). Elle introduit de la légère dans la gravité.

   On rit  donc souvent, soit des incompréhensions mutuelles, soit de la beauferie de certains hommes (la palme revenant à Laurent Lafitte, crédible en plombier raciste), soit de la maladresse de quelques femmes. Notons que la réalisatrice ne s'est pas attribué le plus beau rôle. Elle est certes motrice dans l'action, mais souvent un peu ridicule, en vieille fille dévouée corps et âme à ses causes progressistes. J'ai aussi beaucoup apprécié les interventions d'Albert Delpy (le papa de Julie), plutôt bien dirigé par fifille dans cette œuvre-ci.

   Le scénario milite pour le "vivre ensemble", tout en pointant les petits (et grands) défauts de chacun. On passe un bon moment, tout en réfléchissant.

 

ET VOICI LA CRITIQUE DÉFAVORABLE

   La comédienne franco-américaine Julie Delpy nous livre une œuvre militante, qu'on pourrait qualifier de propagande.

   Elle nous brosse un portrait caricatural d'une France profonde (qui serait) patriarcale et gangrenée par le racisme. Aucun des personnages qui émettent des réserves quant à l'accueil de réfugiés syriens n'est présenté de manière positive.

   Ainsi, on peut percevoir comme un mépris de classe dans la manière dont la résidente d'une banlieue chic (et bobo) de Los Angeles dépeint des Français (très) moyens. Du maire macroniste aux identitaires bretons, en passant par le plombier, le charcutier et l'épicier, il semble n'y avoir pas grand chose à sauver. J'ajoute que certains portraits de femmes sont embarrassants. Delpy utilise le charisme d’Émilie Gavois-Kahn pour présenter une charcutière infidèle et pas subtile, tandis qu'India Hair est chargée d'incarner l'épouse soumise et un peu stupide du plombier. (Elle ne s'exprime de manière un peu élaborée qu'à partir du moment où elle s'émancipe de l'emprise de son mari.) A l'inverse, les personnages interprétés par J. Delpy et Sandrine Kiberlain, au-delà de la pointe de ridicule qui les caractérise, sont les plus sympathiques. Un peu trop souvent, on s'aperçoit que Julie a laissé tomber la dentelle et qu'elle filme avec des moufles.

   Concernant la famille syrienne, on nage en plein politiquement correct. Aucune femme de cette famille musulmane (dont certains membres estiment que Bachar El-Assad est pire que Daesh) ne porte le voile (une hypothèse envisagée par la réalisatrice, mais à laquelle elle a fini par renoncer). Et, quand on apprend que l'un des membres de la famille, qui n'a pas pu fuir la Syrie, a mal tourné, ce n'est pas parce qu'il aurait rejoint l’État islamique, mais parce qu'il s'est engagé dans l'armée du dictateur syrien ! On semble avoir voulu éviter à tout pris que la moindre tache ne souille le portrait de famille.

   Le summum est atteint lors de la séquence à la plage, pour laquelle Julie chausse ses gros sabots. On sent venir la principale péripétie (et sa conclusion) à des kilomètres.

   Le film semble exercer une sorte de chantage sur ses spectateurs. Si l'on est du côté du Bien, on doit forcément adhérer aux propos de la cinéaste. Sinon, c'est qu'on fait partie de la troupe d'individus pathétiques qui nous a été présentée.

Les Barbares

   Qui sont les barbares ? Les migrants moyen-orientaux, dont certains meublent assez régulièrement la chronique des faits divers, en Europe ? Ou bien ces Français en apparence bien comme il faut, mais dont le fond sent un peu (beaucoup ?) le moisi ? Julie Delpy s'est lancée dans une entreprise casse-gueule, avec ses qualités et ses défauts, tant et si bien que j'ai été amené à rédiger (comme, naguère, avec Belle et Sébastien, Elvis et L’Étoile de Noël) non pas une, mais deux critiques de ce film.

ON COMMENCE AVEC LA CRITIQUE FAVORABLE

   Dans son dernier film, Julie Delpy met toute sa malice et son ironie au service d'un propos universaliste.

   Ainsi, chacun des cinq actes qui constituent Les Barbares est introduit par la vue d'une peinture classique, représentant des hommes en train de commettre des crimes. Mais ces assassins ressemblent bien peu aux réfugiés qui vont être l'objet de la suspicion des Paimpontais.

   La famille qui débarque en Bretagne ne correspond pas aux stéréotypes racistes concernant les migrants. Elle est issue de ce qui fut la classe moyenne syrienne (avant la guerre civile) : le père est architecte, son épouse décoratrice d'intérieur (ou graphiste, je sais plus), la sœur médecin, le grand-père se distinguant par son goût prononcé pour la poésie. Quand j'aurai ajouté que la fille ainée du couple est joueuse d'échecs, vous aurez compris que le scénario ne mise pas forcément sur le misérabilisme pour apitoyer les spectateurs.

   Ces bourgeois cultivés sont victimes (entre autre) de déclassement social. Le contraste est fort avec les habitants du village, pas d'un niveau social et culturel aussi élevé... mais qui se croient plus "civilisés". Le fossé est élargi par le fait qu'au lieu d'Ukrainiens victimes de la guerre déclenchée par la Russie de Vladimir Poutine, ils accueillent une famille musulmane du Proche-Orient.

   Celle-ci est très bien incarnée. Ziad Bakri excelle à faire ressentir à la fois la fierté et la fragilité du père, tandis que Rita Hayek interprète à la perfection une jeune femme à la fois brillante et brisée.

   De manière générale, Julie Delpy réussit ses scènes de couple, qu'elles soient entre les Français, entre les Syriens... voire entre Français(e) et Syrien(ne). Elle introduit de la légère dans la gravité.

   On rit  donc souvent, soit des incompréhensions mutuelles, soit de la beauferie de certains hommes (la palme revenant à Laurent Lafitte, crédible en plombier raciste), soit de la maladresse de quelques femmes. Notons que la réalisatrice ne s'est pas attribué le plus beau rôle. Elle est certes motrice dans l'action, mais souvent un peu ridicule, en vieille fille dévouée corps et âme à ses causes progressistes. J'ai aussi beaucoup apprécié les interventions d'Albert Delpy (le papa de Julie), plutôt bien dirigé par fifille dans cette œuvre-ci.

   Le scénario milite pour le "vivre ensemble", tout en pointant les petits (et grands) défauts de chacun. On passe un bon moment, tout en réfléchissant.

 

ET VOICI LA CRITIQUE DÉFAVORABLE

   La comédienne franco-américaine Julie Delpy nous livre une œuvre militante, qu'on pourrait qualifier de propagande.

   Elle nous brosse un portrait caricatural d'une France profonde (qui serait) patriarcale et gangrenée par le racisme. Aucun des personnages qui émettent des réserves quant à l'accueil de réfugiés syriens n'est présenté de manière positive.

   Ainsi, on peut percevoir comme un mépris de classe dans la manière dont la résidente d'une banlieue chic (et bobo) de Los Angeles dépeint des Français (très) moyens. Du maire macroniste aux identitaires bretons, en passant par le plombier, le charcutier et l'épicier, il semble n'y avoir pas grand chose à sauver. J'ajoute que certains portraits de femmes sont embarrassants. Delpy utilise le charisme d’Émilie Gavois-Kahn pour présenter une charcutière infidèle et pas subtile, tandis qu'India Hair est chargée d'incarner l'épouse soumise et un peu stupide du plombier. (Elle ne s'exprime de manière un peu élaborée qu'à partir du moment où elle s'émancipe de l'emprise de son mari.) A l'inverse, les personnages interprétés par J. Delpy et Sandrine Kiberlain, au-delà de la pointe de ridicule qui les caractérise, sont les plus sympathiques. Un peu trop souvent, on s'aperçoit que Julie a laissé tomber la dentelle et qu'elle filme avec des moufles.

   Concernant la famille syrienne, on nage en plein politiquement correct. Aucune femme de cette famille musulmane (dont certains membres estiment que Bachar El-Assad est pire que Daesh) ne porte le voile (une hypothèse envisagée par la réalisatrice, mais à laquelle elle a fini par renoncer). Et, quand on apprend que l'un des membres de la famille, qui n'a pas pu fuir la Syrie, a mal tourné, ce n'est pas parce qu'il aurait rejoint l’État islamique, mais parce qu'il s'est engagé dans l'armée du dictateur syrien ! On semble avoir voulu éviter à tout pris que la moindre tache ne souille le portrait de famille.

   Le summum est atteint lors de la séquence à la plage, pour laquelle Julie chausse ses gros sabots. On sent venir la principale péripétie (et sa conclusion) à des kilomètres.

   Le film semble exercer une sorte de chantage sur ses spectateurs. Si l'on est du côté du Bien, on doit forcément adhérer aux propos de la cinéaste. Sinon, c'est qu'on fait partie de la troupe d'individus pathétiques qui nous a été présentée.

vendredi, 20 septembre 2024

Tigresse

   Quelque part en Europe de l'Est, Vera, la vétérinaire d'un parc animalier, est requise pour prendre en charge une tigresse, dans la luxueuse demeure d'un trafiquant, dont la dernière lubie a été d'acquérir (sans doute illégalement) l'un de ces splendides félins, pour l'enfermer dans son jardin, dans une cage ridiculement petite. Sans surprise, la tigresse dépérit. En parallèle, la véto découvre que son compagnon la trompe.

   L'assimilation faite entre l'héroïne et son nouveau pensionnaire à quatre pattes est un peu voyante... et maladroite. Vera sort ses griffes, envoie balader son compagnon... et laisse la tigresse s'enfuir.

   La suite mélange la chasse au félin (qu'il faut récupérer, de préférence vivant, avant qu'il ne commette l'irréparable) et la vie personnelle de Vera. Il est question de son couple, de maternité... et, un peu, de la manière dont une femme vétérinaire est considérée. Dit comme ça, cela pourrait sembler passionnant... pas trop, en fait. Toute la partie vie privée est plate, pas très bien jouée à mon avis. En revanche, les péripéties autour de la tigresse sont plutôt intéressantes. Celle-ci est un véritable animal, campé en recourant (me semble-t-il) à plusieurs félines, l'une d'entre elles (selon Le Canard enchaîné du 7 août dernier) ayant été utilisée jadis pour le tournage de L'Odyssée de Pi.

cinéma,cinema,film,films

   Le film ne dure qu'1h20. C'est une curiosité, pour cinéphiles en quête d'exotisme.

17:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Tigresse

   Quelque part en Europe de l'Est, Vera, la vétérinaire d'un parc animalier, est requise pour prendre en charge une tigresse, dans la luxueuse demeure d'un trafiquant, dont la dernière lubie a été d'acquérir (sans doute illégalement) l'un de ces splendides félins, pour l'enfermer dans son jardin, dans une cage ridiculement petite. Sans surprise, la tigresse dépérit. En parallèle, la véto découvre que son compagnon la trompe.

   L'assimilation faite entre l'héroïne et son nouveau pensionnaire à quatre pattes est un peu voyante... et maladroite. Vera sort ses griffes, envoie balader son compagnon... et laisse la tigresse s'enfuir.

   La suite mélange la chasse au félin (qu'il faut récupérer, de préférence vivant, avant qu'il ne commette l'irréparable) et la vie personnelle de Vera. Il est question de son couple, de maternité... et, un peu, de la manière dont une femme vétérinaire est considérée. Dit comme ça, cela pourrait sembler passionnant... pas trop, en fait. Toute la partie vie privée est plate, pas très bien jouée à mon avis. En revanche, les péripéties autour de la tigresse sont plutôt intéressantes. Celle-ci est un véritable animal, campé en recourant (me semble-t-il) à plusieurs félines, l'une d'entre elles (selon Le Canard enchaîné du 7 août dernier) ayant été utilisée jadis pour le tournage de L'Odyssée de Pi.

cinéma,cinema,film,films

   Le film ne dure qu'1h20. C'est une curiosité, pour cinéphiles en quête d'exotisme.

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dimanche, 15 septembre 2024

Kill

   Ça n'est pas pour me vanter mais, aujourd'hui, j'ai vu un film en hindi. Il s'y mêlait un peu d'anglais, soit parce que la langue de l'ancien colonisateur s'est immiscée dans celle des colonisés (à l'image du français dans l'arabe maghrébin), soit parce que la présence de portions de dialogues en anglais rend le film plus facilement vendable hors des régions hindiphones.

   Depuis quelques années, j'ai remarqué que la présence de la cinématographie indienne dans l'Hexagone ne se limitait plus aux comédies musicales sirupeuses et aux œuvres art et essai exigeantes. Désormais, à intervalle régulier, on voit débarquer sur les écrans français (souvent dans les cinémas CGR, en Province) des films de guerre, des polars, des histoires inspirées de la mythologie hindoue... et des films d'action.

   Tel est le cas de celui-ci. Laksh Lawlani incarne Amrit, une sorte d'avatar de Bruce Willis, Denzel Washington, Liam Neeson et Jason Statham réunis. Le début nous le présente comme un officier des commandos de l'armée. On le suppose redoutable, mais on ne l'a pas encore vu en action. On constate juste que c'est un beau gosse...

   ... et ça tombe bien, puisqu'il kiffe à donf' l'une des filles d'un richissime entrepreneur de New Delhi. Hélas, le papounet ne laisse pas le choix à la belle Tulika, qu'il fiance contre son gré au rejeton d'une autre famille pétée de thunes. Cette histoire d'amour contrarié nous rappelle que, même si, ici, il va surtout être question de baston, la tradition bollywoodienne n'est pas enterrée.

   La première séquence d'action nous montre deux amis officiers tentant d'empêcher une meute de bandits des grands chemins de prendre le contrôle d'un train et d'en dépouiller les voyageurs. La mise en scène illustre le contraste entre les militaires, qui tentent juste de neutraliser les délinquants (au départ sans les tuer) et ceux-ci, prêts au meurtre dès qu'on s'oppose à eux.

   Pour moi, le film atteint un pic d'intensité quand le héros se décide à tuer sans ménagement. Cela devient extrêmement sanglant et cruel. On ne se frappe pas uniquement à coups de poings, de tête ou de pieds. On utilise tous les objets à sa disposition : bagages des voyageurs, porte de communication, linge du wagon-lit, extincteur (référence à Bullet Train ?), briquet... et, surtout, armes blanches. Au départ, ce sont les voleurs qui en font usage : couteaux, poignards, serpettes, hachoirs accompagnent allègrement barres de fer et démonte-pneu (je suis sûr d'en avoir vu un).

   Petit à petit, on comprend que les quarante voleurs (sans Ali Baba) forment un clan soudé par les anciens, trois frères, les patriarches, les autres hommes, plus jeunes, étant tous cousins. (On ne dira jamais assez combien une démographie galopante est une menace pour la tranquillité publique...) Des dissensions apparaissent entre certains membres du clan.

   Tout cela nous mène à la dernière partie, où l'on retrouve les protagonistes qui ne se sont pas encore fait tuer. La plupart sont blessés, parfois grièvement... mais cela ne les empêche nullement de reprendre le combat. Le héros détient sans conteste la palme des rescapés : il s'est pris plusieurs centaines de coups, a été atteint au moins vingt fois par une arme blanche... mais, comme il a des burnes en titane, des biceps d'acier et des abdos en béton, il continue à dézinguer ses adversaires... de plus en plus difficilement, ceci dit.

   C'est évidemment totalement invraisemblable, même si le réal a affirmé s'être inspiré d'une véritable attaque de train, survenue en 1995. (J'ai aussi trouvé trace d'un événement semblable, l'an dernier, au Népal). C'est de plus un peu putassier sur le fond, mais cela dit deux-trois choses de l'Inde contemporaine (le film n'étant à l'origine pas destiné au public occidental). Quand on aime voir des truands se prendre une branlée, cela fait passer le temps de manière pas désagréable du tout.

22:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Kill

   Ça n'est pas pour me vanter mais, aujourd'hui, j'ai vu un film en hindi. Il s'y mêlait un peu d'anglais, soit parce que la langue de l'ancien colonisateur s'est immiscée dans celle des colonisés (à l'image du français dans l'arabe maghrébin), soit parce que la présence de portions de dialogues en anglais rend le film plus facilement vendable hors des régions hindiphones.

   Depuis quelques années, j'ai remarqué que la présence de la cinématographie indienne dans l'Hexagone ne se limitait plus aux comédies musicales sirupeuses et aux œuvres art et essai exigeantes. Désormais, à intervalle régulier, on voit débarquer sur les écrans français (souvent dans les cinémas CGR, en Province) des films de guerre, des polars, des histoires inspirées de la mythologie hindoue... et des films d'action.

   Tel est le cas de celui-ci. Laksh Lawlani incarne Amrit, une sorte d'avatar de Bruce Willis, Denzel Washington, Liam Neeson et Jason Statham réunis. Le début nous le présente comme un officier des commandos de l'armée. On le suppose redoutable, mais on ne l'a pas encore vu en action. On constate juste que c'est un beau gosse...

   ... et ça tombe bien, puisqu'il kiffe à donf' l'une des filles d'un richissime entrepreneur de New Delhi. Hélas, le papounet ne laisse pas le choix à la belle Tulika, qu'il fiance contre son gré au rejeton d'une autre famille pétée de thunes. Cette histoire d'amour contrarié nous rappelle que, même si, ici, il va surtout être question de baston, la tradition bollywoodienne n'est pas enterrée.

   La première séquence d'action nous montre deux amis officiers tentant d'empêcher une meute de bandits des grands chemins de prendre le contrôle d'un train et d'en dépouiller les voyageurs. La mise en scène illustre le contraste entre les militaires, qui tentent juste de neutraliser les délinquants (au départ sans les tuer) et ceux-ci, prêts au meurtre dès qu'on s'oppose à eux.

   Pour moi, le film atteint un pic d'intensité quand le héros se décide à tuer sans ménagement. Cela devient extrêmement sanglant et cruel. On ne se frappe pas uniquement à coups de poings, de tête ou de pieds. On utilise tous les objets à sa disposition : bagages des voyageurs, porte de communication, linge du wagon-lit, extincteur (référence à Bullet Train ?), briquet... et, surtout, armes blanches. Au départ, ce sont les voleurs qui en font usage : couteaux, poignards, serpettes, hachoirs accompagnent allègrement barres de fer et démonte-pneu (je suis sûr d'en avoir vu un).

   Petit à petit, on comprend que les quarante voleurs (sans Ali Baba) forment un clan soudé par les anciens, trois frères, les patriarches, les autres hommes, plus jeunes, étant tous cousins. (On ne dira jamais assez combien une démographie galopante est une menace pour la tranquillité publique...) Des dissensions apparaissent entre certains membres du clan.

   Tout cela nous mène à la dernière partie, où l'on retrouve les protagonistes qui ne se sont pas encore fait tuer. La plupart sont blessés, parfois grièvement... mais cela ne les empêche nullement de reprendre le combat. Le héros détient sans conteste la palme des rescapés : il s'est pris plusieurs centaines de coups, a été atteint au moins vingt fois par une arme blanche... mais, comme il a des burnes en titane, des biceps d'acier et des abdos en béton, il continue à dézinguer ses adversaires... de plus en plus difficilement, ceci dit.

   C'est évidemment totalement invraisemblable, même si le réal a affirmé s'être inspiré d'une véritable attaque de train, survenue en 1995. (J'ai aussi trouvé trace d'un événement semblable, l'an dernier, au Népal). C'est de plus un peu putassier sur le fond, mais cela dit deux-trois choses de l'Inde contemporaine (le film n'étant à l'origine pas destiné au public occidental). Quand on aime voir des truands se prendre une branlée, cela fait passer le temps de manière pas désagréable du tout.

22:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

L'I.A. du mal

   Le synopsis de ce petit film d'épouvante est une nouvelle version d'un intrus dans la maison. On nous a déjà servi ce genre de recette, avec soit un invité qui s'incruste au point de devenir menaçant, soit une nounou qui outrepasse ses fonctions, soit un robot domestique qui échappe au contrôle de ses créateurs.

   Cette fois-ci, il est question d'Aia, une intelligence artificielle de nouvelle génération, une sorte de super assistant personnel, un produit annoncé comme révolutionnaire.

   L'introduction nous la montre à l’œuvre dans une famille dont les trois membres sont absorbés par les écrans : le père par son smartphone, la mère par l'ordi portable et la fille par une tablette. Le pire est que, lorsque la mère semble s'inquiéter de ce que fait celle-ci, c'est pour lui demander de mettre son casque... parce que le bruit qui émane de la tablette gêne les parents ! On est donc plutôt content qu'il arrive quelques bricoles à cette famille d'esclaves numériques.

   Mais tout cela n'est qu'une mise en bouche. Après une ellipse, on retrouve Aia (l'intelligence artificielle) au moment où est elle installée dans la maison de l'un des employés d'une boîte de communication, celle qui sera chargée de faire la promotion du nouveau produit. Le choix de cette installation semble être le fait du hasard... en réalité non. Si le couple et les trois enfants sont des adeptes des outils numériques, c'est avec moins d'angélisme que les personnes que l'on a vues au début : les parents lisent de vrais livres et limitent la consultation d'internet du fils cadet (collégien), qui n'a pas de smartphone. Quant au petit dernier, on le prive le plus possible d'écrans.

   Sans surprise, Aia va d'abord se montrer utile aux membres de la maisonnée. Elle permet à la mère d'accomplir plus rapidement des tâches administratives, l'aide dans la gestion du foyer et des enfants. Elle vient au secours de la fille aînée, victime d'un deep fake, permet au cadet de surmonter sa phobie scolaire et elle lit des histoires au petit dernier.

   Très vite, les choses vont déraper. Il semble que plusieurs personnages soient manipulés. A partir de ce moment-là, on se demande qui est derrière les événements qui surviennent. L'I.A. est-elle un outil au service d'un programme gouvernemental ultra-secret ? Sert-elle les visées d'un couple de génies de l'informatique mégalomane ? Est-elle une émanation du Diable ? S'agit-il d'une nouvelle forme de vie ?

   Dans la salle, le public, plutôt jeune, à pop corn, semble avoir été pris par cette histoire. Le fantastique enrobe des problèmes de notre époque qui les touchent : les difficultés relationnelles entre parents et enfants, les premières amours contrariées d'une adolescente en quête de visibilité numérique et les tentations du net pour deux garçons.

   Sans utiliser d'effets spéciaux tape-à-l’œil, la réalisation (que l'on doit à Chris Weitz, auteur jadis d'un Twilight, d'À la croisée des mondes... et du premier American Pie) suscite l'étrangeté, le trouble puis (un peu) la peur, par quelques scènes chocs et l'intrusion de plans décalés, ceux d'inconnus faisant des gestes mystérieux (dont l'explication n'est donnée qu'au cours du générique de fin : ne partez donc pas trop vite).

   Sans renouveler le genre, je trouve le film plutôt bien fichu. Il tient globalement ses promesses, en moins d'1h30, ce qui laisse la possibilité de faire autre chose de sa soirée.

   P.S.

   Pour les spectateurs âgés désireux d'accroître leur connaissance des us et coutumes contemporains, ce film a l'avantage de mettre en scène une pratique très connue outre-Atlantique (et qui commence à faire des dégâts en France) : le swatting.

11:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, films

samedi, 14 septembre 2024

Le Procès du chien

   Quelques mois après Les Chèvres, voici une nouvelle fiction (inspirée d'une histoire vraie), dans laquelle une procédure judiciaire s'interroge sur le statut d'un animal domestiqué, au comportement erratique. Il est possible que le ratage du film de Fred Cavayé explique la faible affluence dans la salle : certains spectateurs n'ont pas voulu se faire avoir deux fois...

   ... eh bien ils ont eu tort ! Derrière et devant la caméra, Laetitia Dosch (vue l'an dernier dans Acide) est épatante. Elle incarne une avocate suisse "engagée" (ça veut dire : de gauche), un peu excentrique, empathique, bosseuse... mais qui ne gagne guère de procès, étant donné qu'elle choisit un peu trop souvent de défendre des causes perdues d'avance.

   Cette fois-ci, elle va être servie ! Elle est le dernier recours d'un handicapé, dont le chien a mordu une femme de ménage au visage. Comme il n'en est pas à sa première agression, la loi prévoit qu'il soit euthanasié (le chien, pas son maître, hein). Mais, quand on rencontre Cosmos, on ne peut qu'être séduit pas son regard expressif et son côté cabot. (Bon, celle-là, je l'ai faite.) Comme en plus son maître est incarné par François Damiens (un poil colérique, tout de même), on comprend que l'avocate, au lieu d'éviter de prendre en charge une énième affaire ingagnable, va se jeter à corps perdu dans cette nouvelle cause.

   C'est donc d'abord une comédie, qui commence par un dialogue très cru, dans un café. La suite nous propose d'autres répliques bien assaisonnées, soit dans la bouche de l'héroïne (en voix off), soit dans celle du fils de ses voisins, un gamin très futé pour son âge, mais vivant dans une famille dysfonctionnelle.

   Deux procès nous sont présentés, le premier, bref, permettant la tenue du second, qui va occuper presque une heure. J'ai été agréablement surpris par le fait que le scénario ménage suffisamment de rebondissements pour tenir la distance. Cela tient en partie à de truculentes scènes de dialogues, qui font notamment intervenir une autre avocate (celle de la partie civile), candidate populiste à la mairie, et un maître-chien comportementaliste perspicace (Pascal Zaïdi, sobre et efficace).

   Certaines scènes valent leur pesant de croquettes, comme la réunion d'un comité d'éthique, en plein procès, au sein duquel siègent un psychiatre, un philosophe, une éthologue, un rabbin, un imam, un pasteur et une moine bouddhiste ! J'ai aussi beaucoup aimé la tentative de faire dialoguer le juge qui préside l'audience avec l'accusé (canin), à l'aide d'un procédé révolutionnaire... que je laisse à chacun le plaisir de découvrir.

   Au-delà de la comédie, il est question de la place des animaux dans notre société, du rôle des femmes, des immigré(e)s... et des (mé)faits des réseaux sociaux.

   En 1h20, la réalisatrice brasse beaucoup de thèmes, de manière tonique. Le film fait à la fois rire et réfléchir, ce qui n'est pas si fréquent ces dernières semaines, dans les salles obscures de l'Hexagone.

   P.S.

   Je pense que le titre du film s'inspire de celui d'un vieux (très bon) long-métrage, Procès de singe.

Le Procès du chien

   Quelques mois après Les Chèvres, voici une nouvelle fiction (inspirée d'une histoire vraie), dans laquelle une procédure judiciaire s'interroge sur le statut d'un animal domestiqué, au comportement erratique. Il est possible que le ratage du film de Fred Cavayé explique la faible affluence dans la salle : certains spectateurs n'ont pas voulu se faire avoir deux fois...

   ... eh bien ils ont eu tort ! Derrière et devant la caméra, Laetitia Dosch (vue l'an dernier dans Acide) est épatante. Elle incarne une avocate suisse "engagée" (ça veut dire : de gauche), un peu excentrique, empathique, bosseuse... mais qui ne gagne guère de procès, étant donné qu'elle choisit un peu trop souvent de défendre des causes perdues d'avance.

   Cette fois-ci, elle va être servie ! Elle est le dernier recours d'un handicapé, dont le chien a mordu une femme de ménage au visage. Comme il n'en est pas à sa première agression, la loi prévoit qu'il soit euthanasié (le chien, pas son maître, hein). Mais, quand on rencontre Cosmos, on ne peut qu'être séduit pas son regard expressif et son côté cabot. (Bon, celle-là, je l'ai faite.) Comme en plus son maître est incarné par François Damiens (un poil colérique, tout de même), on comprend que l'avocate, au lieu d'éviter de prendre en charge une énième affaire ingagnable, va se jeter à corps perdu dans cette nouvelle cause.

   C'est donc d'abord une comédie, qui commence par un dialogue très cru, dans un café. La suite nous propose d'autres répliques bien assaisonnées, soit dans la bouche de l'héroïne (en voix off), soit dans celle du fils de ses voisins, un gamin très futé pour son âge, mais vivant dans une famille dysfonctionnelle.

   Deux procès nous sont présentés, le premier, bref, permettant la tenue du second, qui va occuper presque une heure. J'ai été agréablement surpris par le fait que le scénario ménage suffisamment de rebondissements pour tenir la distance. Cela tient en partie à de truculentes scènes de dialogues, qui font notamment intervenir une autre avocate (celle de la partie civile), candidate populiste à la mairie, et un maître-chien comportementaliste perspicace (Pascal Zaïdi, sobre et efficace).

   Certaines scènes valent leur pesant de croquettes, comme la réunion d'un comité d'éthique, en plein procès, au sein duquel siègent un psychiatre, un philosophe, une éthologue, un rabbin, un imam, un pasteur et une moine bouddhiste ! J'ai aussi beaucoup aimé la tentative de faire dialoguer le juge qui préside l'audience avec l'accusé (canin), à l'aide d'un procédé révolutionnaire... que je laisse à chacun le plaisir de découvrir.

   Au-delà de la comédie, il est question de la place des animaux dans notre société, du rôle des femmes, des immigré(e)s... et des (mé)faits des réseaux sociaux.

   En 1h20, la réalisatrice brasse beaucoup de thèmes, de manière tonique. Le film fait à la fois rire et réfléchir, ce qui n'est pas si fréquent ces dernières semaines, dans les salles obscures de l'Hexagone.

   P.S.

   Je pense que le titre du film s'inspire de celui d'un vieux (très bon) long-métrage, Procès de singe.

vendredi, 13 septembre 2024

Silex and the City, le film

   Après la série de bandes dessinées, après les courts-métrages télévisés, après le jeu de société, voici le film ! (Si cela continue ainsi, Jul pourrait, dans une sorte d'involontaire mise en abyme, devenir l'incarnation de ce que son film dénonce...)

   Le tout début est sympatoche. Il fait intervenir un ancien président de la République et sa compagne (que l'on retrouve à la fin), qui se révèlent capables d'autodérision. C'est conforme à la marque de fabrique des adaptations de la BD, qui ont fait intervenir quantité de personnalités (plutôt de gauche) dans des rôles taillés sur mesure.

   La suite est beaucoup moins emballante. On a beau retrouver le style, les anachronismes, les jeux de mots, les effets de décalage, cela ne fonctionne qu'en de rares occasions. Dans la salle où je me trouvais, personne n'a ri pendant la projection. (Certaines bandes-annonces se sont révélées plus drôles...) Le meilleur moment est pour moi la brève incursion dans un programme télévisuel parodiant L'Île de la tentation. Ah, si tout le reste avait été de cette veine...

   Le pire est atteint quand le film d'animation est interrompu par une séquence avec de vrais acteurs. C'est très mauvais. En revanche, plusieurs épisodes situés dans la deuxième partie m'ont paru plus réussis : le cours d'économie commerciale de Crao de la Pétaudière et la dérision appliquée aux religions, qui érigent en objet de culte un minuscule outil de valeur ridicule.

   Quand Jul se lance dans la philosophie politique, l'intrigue, de qualité médiocre, gagne un peu en épaisseur. Mais cela ne soulève pas l'enthousiasme, d'autant que la fin est ratée.

   C'est donc une déception. Mieux vaut (re)lire les albums.

21:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films