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mercredi, 15 janvier 2014

De l'utilité de "Closer"

   La "presse poubelle" peut-elle jouer un rôle civique ? Cette question, en apparence extravagante, me semble tout à fait pertinente dans le cadre des révélations du magazine Closer sur la liaison de François Hollande avec Julie Gayet.

   Comme dans le cas de François Mitterrand et de sa fille adultérine Mazarine, la petite "élite" médiatico-politique parisienne était au courant, pendant que le bon peuple pensait que "Pépère" continuait de passer ses nuits aux côtés de la volcanique Valérie Trierweiler.

   Un spectateur attentif du Grand Journal, présenté par Antoine de Caunes, a pu avoir la puce à l'oreille en décembre dernier, quand l'animateur a posé une drôle de question à l'actrice, son partenaire Stéphane Guillon trouvant la situation visiblement très cocasse. La réaction de Julie Gayet est elle-même fort instructive. D'abord gênée, elle réussit à détourner la conversation (sur les municipales et la candidature d'Anne Hidalgo... avec laquelle on avait jadis prêté une liaison à l'actuel locataire de l'Elysée).

   Mais il semble que la relation soit plus ancienne que cela. Aujourd'hui, sur le site du Monde, a été mis en ligne un article consacré au photographe qui a pris les "clichés présidentiels". L'auteur y fait référence à une conversation remontant à janvier 2013, dans laquelle le paparazzi évoquait déjà la fameuse liaison.

   Certains vont jusqu'à affirmer que la relation est née avant même l'élection de François Hollande. L'actrice l'avait soutenu pendant la campagne des primaires (en septembre - octobre 2011), puis à la présidentielle de 2012, comme le rappelle un article du Parisien :

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   Prenez le temps de regarder et d'écouter l'extrait vidéo mis en ligne par le quotidien. Le ton de la voix comme le langage corporel ne laissent pas de doute : en avril 2012, l'actrice est devenue une amie très très proche.

   On a donc assisté au bal des faux-culs, aux éructations de nouveaux pères-la morale, stigmatisant le comportement de François Hollande, n'hésitant pas à le comparer parfois à Silvio Berlusconi... Soyons sérieux.

   Comparons-le plutôt à ses prédécesseurs. De Gaulle était d'une autre époque. Né au XIXe siècle, il a, toute sa vie, été guidé par un sens de la discipline que l'on ne retrouve que rarement aujourd'hui. Il n'est pas impossible que son engagement politique ait été un moyen de sublimer ses pulsions sexuelles.

   Ses successeurs ont été très portés sur les galipettes extra-conjugales. Giscard-d'Estaing comme Mitterrand et Chirac avaient contracté des mariages qui étaient surtout des arrangements de façade. Ils ont multiplié les conquêtes, tout en préservant (plus ou moins) la vitrine de respectabilité. C'étaient de sacrés hypocrites !

   Finalement, Hollande ressemble plus à Sarkozy. (Ils sont d'ailleurs de la même génération, nés respectivement en 1954 et 1955.) Ils se sont longuement liés à des femmes par amour... et, la cinquantaine atteinte, ils ont cherché à refaire leur vie. Le comportement privé de l'actuel président n'est peut-être pas un modèle, mais c'est celui d'un bourgeois citadin du XXIe siècle qui, les cheveux gris venant, tombe comme par hasard dans les bras d'une pépée plus jeune d'une vingtaine d'années.

   Le problème se pose à un autre niveau. La liaison présidentielle a-t-elle débouché sur une décision d'où le favoritisme n'est pas absent ? Le Canard enchaîné de cette semaine (dont les premiers numéros ont été distribués mardi soir) a soulevé un beau lièvre, en page 2 :

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   Est-ce pour plaire à François Hollande que la candidature de Julie Gayet a été proposée, en décembre dernier, pour nomination au jury de la Villa Médicis ? (Au passage, précisons que la fonction, essentiellement honorifique, ne rapporte pas grand chose à ceux qui l'exercent.)

   Depuis que l'information circule, la tension est montée d'un cran. L'hebdomadaire satirique affirme que c'est la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui a eu l'idée. Celle-ci dément... et le directeur de l'Académie de France à Rome (nom officiel de la Villa Médicis) est -curieux hasard- immédiatement  monté au créneau pour assumer la décision.

   C'est là que cela devient cocasse. Le haut fonctionnaire est censé être à l'origine de la mesure. Pourtant, alors que l'arrêté de nomination de Julie Gayet n'a pas encore été signé par la ministre, un communiqué de la Villa Médicis l'avait annoncée officiellement, avant d'être supprimé. Cela serait-il possible sans -au moins- l'aval d'A. Filippetti ?

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(Félicitons Le Monde pour avoir retrouvé et rendu accessible ce précieux document.)

   J'ajoute que, personnellement, je n'ai rien contre l'actrice, que j'avais découverte dans les années 1990 (dans Delphine 1, Ivan 0 et Select Hôtel), et que j'ai revue avec plaisir dans la comédie grand public Quai d'Orsay.

   Cette affaire nous amène à nous poser d'autres questions, certaines abordées dans un récent article du Monde. La sécurité du président est-elle bien assurée ? La révélation de sa liaison a-t-elle été orchestrée par la droite ? (Closer est la propriété du groupe Mondadori, dont l'actionnaire principal est Fininvest, holding présidée par une certaine Marina Berlusconi, qui a succédé à son célèbre papa.)

   Cela me ramène à la question du début. Le Canard enchaîné (et, à sa suite, une brochette de journaux français) aurait-il évoqué le soupçon de favoritisme portant sur la nomination de Julie Gayet au jury de la Villa Médicis si la liaison de celle-ci avec François Hollande n'avait pas été révélée ? Dans le numéro paru mercredi, Erik Emptaz rappelle la position de l'hebdomadaire satirique quant à la vie privée des politiques. Certes. Mais quand cela déborde sur la vie publique ? Jusqu'à la semaine dernière, il était impossible au Canard enchaîné de parler de cette nomination sans révéler la liaison. Le magazine Closer aura donc rendu service à la démocratie s'il permet (involontairement) de rendre plus efficace la protection du premier personnage de l'Etat, tout en évitant une nomination de complaisance.

dimanche, 31 mars 2013

Des cloches qui apportent des oeufs... et des médailles

   La promotion de Pâques de la Légion d'honneur confirme que la gauche, tout comme la droite, est très attachée aux décorations symboliques. Se confirme aussi une tendance déjà perceptible en janvier dernier : la volonté de distinguer le monde économique. Selon Le Monde, il représente 28 % des décorés, devant l'enseignement et la fonction publique. On devrait donc dire après la fonction publique au sens large (la majorité des enseignants étant fonctionnaires), qui cumule un gros tiers des hochets.

   A ce propos, la lecture du principal décret (le quatrième de la liste parue au Journal Officiel) permet de constater que ce sont rarement les fonctionnaires "de base" qui sont récompensés. Aujourd'hui comme hier, on privilégie "l'élite", se contentant, ici ou là, de glisser le nom d'un prolétaire méritant.

   Je me suis intéressé à une autre catégorie de décorés, les élus. Ils sont 48 sur un total 563, soit 8,5 %. (Et encore, je n'ai compté que ceux qui étaient clairement identifiés comme exerçant ou ayant exercé une fonction politique élective.) Rappelons que la France compte environ 600 000 élus, pour une population d'environ 65 millions d'habitants, soit un peu moins de 1 % du total. Les politiques sont donc surreprésentés. Qu'en est-il de leur origine géographique ?

   Sans surprise, la région Ile-de-France arrive en tête, avec 9 élus : 2 pour Paris (Serge Blisko et Michèle Blumenthal - deux socialistes) et 7 pour la banlieue, dont 4 pour la Seine-Saint-Denis : Josiane Bernard, Daniel Guiraud, Gilbert Klein et Corinne Valls. Il me semble que deux d'entre eux ne sont pas socialistes (J. Bernard et G. Klein, communistes). L'ouverture est encore plus grande au niveau des autres banlieusards. S'il n'est pas étonnant de trouver Francis Chouat (successeur de Manuel Valls à la mairie d'Evry) dans cette liste, on pourra s'étonner de la présence de Gilbert Dijon (UMP) et de Pierre-André Wiltzer, qui a fait carrière sous les couleurs de l'UDF puis de l'UMP.

   Viennent ensuite deux régions, avec 5 décorés chacune : Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées. 4 des 5 heureux élus rhônalpins sont socialistes, la cinquième (Christiane Echallier) plutôt centriste. En Midi-Pyrénées, les cinq personnes sont issues de cinq départements différents. Un seul n'est pas de gauche : Pierre Montastruc, ancien député UDF de Haute-Garonne.

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   Le Tarn-et-Garonne voisin est représenté par le maire de Villemade, Francis Labruyère, membre du PRG :

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   Les autres sont tous socialistes, à commencer par Thierry Carcenac, ancien député et président du Conseil général du Tarn :

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   Il est accompagné de la Lotoise Geneviève Lagarde, adjointe au maire de Cahors et vice-présidente du Conseil général :

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   Voici enfin l'Aveyronnaise de la bande, Hélène Thibal, ancienne adjointe au maire de Saint-Affrique (de 2001 à 2008).

   On reste dans le grand Sud-Ouest avec la région suivante, le Languedoc-Roussillon. 4 de ses élus (3 socialistes) ont été désignés, une seule venant des Pyrénées-Orientales (Renée Soum). Les trois autres sont gardois : Alain Journet (ancien sénateur-maire du Vigan et ancien président du Conseil général), Jean Denat (actuel vice-président du Conseil général) et Renée Bouvier (maire divers gauche du Cailar).

   Cinq régions ont deux élus au palmarès : la Franche-Comté, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Poitou-Charentes. C'est dans ce dernier cas qu'il est intéressant de relever les noms : Maxime Bono (maire PS de La Rochelle) et Jean-François Douard (maire divers droite de Lagord, en Charente-Maritime). Cela nous ramène aux législatives de 2012, qui ont vu la défaite de Ségolène Royal face à Olivier Falorni, socialiste dissident soutenu par une partie de la gauche... et de la droite. Durant la campagne, Maxime Bono (le sortant qui avait eu l'amabilité de ne pas se représenter) avait apporté son soutien à Ségolène Royal. Le voilà promu officier sur le contingent du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, presque un voisin.

   Il est beaucoup plus étonnant de voir figurer sur la liste le nom de Jean-François Douard, un divers droite proche de Dominique Bussereau (rival de Ségolène dans la région). Durant la campagne des régionales, en 2010, le maire de Lagord s'était même laissé aller à des propos outranciers à l'égard de la candidate socialiste. Notons qu'il est nommé sur le contingent de la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, au titre de la Décentralisation. C'est donc soit aux bons soins de Marylise Lebranchu, soit à ceux d'Anne-Marie Escoffier que ce bretteur de droite doit sa décoration.

   Les autres régions sont représentées par un seul décoré : Aquitaine, Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Centre, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Alsace, celle-ci avec Philippe Richert, président UMP (tendance centre-droit) du Conseil régional. On n'a pas oublié l'outre-mer, avec la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Même les Français de l'étranger (pas forcément de gauche) ont eu leurs décorés (trois) !

   Cette brochette éclectique laisse toutefois quelques territoires à l'écart, notamment quatre régions de France métropolitaine, dont deux de cœur du président de la République : la Haute-Normandie (où il a passé les 14 premières années de sa vie) et le Limousin (sa terre d'élection). Les élus de Corse et d'Auvergne vont eux aussi devoir patienter un peu avant de décrocher de nouveaux hochets !

jeudi, 14 juin 2012

Un plat qui se mange froid

   C'est à ce proverbe vengeur que m'a fait penser l'attitude de Valérie Trierweiler, dont le "touitteur" (faute d'orthographe à la clé) a fait couler beaucoup d'encre. Mais commençons par le contexte des législatives : c'est le déclencheur, ou plutôt l'occasion sur laquelle la nouvelle Première Dame a bondi.

   De 1988 à 2007, Ségolène Royal a été députée de la deuxième circonscription des Deux-Sèvres (toujours élue au second tour). Devenue présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes en 2004 (facilement réélue en 2010), elle décide de ne plus cumuler cette fonction avec celle de députée. En 2007, elle lance donc Delphine Batho, élue assez facilement au second tour.

   Le problème est que la carrière nationale de Ségolène Royal a connu trois coups d'arrêt. En 2007, elle a été assez nettement vaincue au second tour de la présidentielle (par Nicolas Sarkozy), puis écartée de la direction du PS par Martine Aubry en 2008. En 2011, c'est la grosse déception du cinglant échec au premier tour des primaires à gauche. Marie-Ségolène songe donc à redevenir députée... pour briguer un poste à la mesure de son égo : la présidence de l'Assemblée nationale.

   Encore faut-il trouver un point de chute. Il semble qu'elle n'a pas envisagé de récupérer la circonscription laissée à Delphine Batho, devenue une étoile montante du PS. Elle a fait partie de l'équipe de campagne de François Hollande, qui l'a intégrée au premier gouvernement Ayrault. Elle a d'ailleurs été brillamment réélue au premier tour, le 10 juin. (Et comme elle a fini par quitter son logement de la ville de Paris -à loyer préférentiel, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.)

   Dans la région, d'autres circonscriptions semblent fermement tenues par l'UMP. Trop risqué...  Or, il se trouve que, dans le département (voisin) de Charente-Maritime, le député sortant (successeur de Michel Crépeau depuis 1999) Maxime Bono ne se représente pas, préférant se consacrer à la commune de La Rochelle. Il soutient l'arrivée de Ségolène Royal sur la circonscription. Il l'a dit et répété sur son blog.

   Mais les militants socialistes locaux ont désigné Olivier Falorni, adjoint au maire de La Rochelle, conseiller régional et figure locale du PS. C'est là que cela devient intéressant... parce que l'article du Monde auquel mène le lien précédent n'évoque pas que le classique conflit entre les militants locaux et les instances nationales d'un parti, il signale que M. Falorni est depuis longtemps un soutien de François Hollande et qu'il n'a jamais porté Mme Royal dans son coeur. Il est donc possible que le parachutage de la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes dans cette circonscription-là ait des implications autres que strictement politiques.

   Cela nous amène donc à Mme Trierweiler, compagne de François Hollande depuis 2005, alors que la rupture de celui-ci avec Ségolène Royal n'a été rendue publique qu'après la présidentielle de 2007. Pendant cette campagne, la candidate socialiste a tout fait pour préserver les apparences concernant le couple médiatique qu'elle formait avec le premier secrétaire du PS. Courant été 2006 (alors qu'elle était de fait séparée de lui depuis un an environ), elle osait évoquer un possible mariage entre eux. (On imagine la réaction de Valérie Trierweiler...). En mars 2007, elle faisait meeting commun avec François Hollande, petit bisou à la clé :

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   Mais on ne savait pas tout. Un article publié dans Le Monde daté du 14 juin 2012 nous révèle quelques secrets d'alcôve :

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   Si l'on résume : en 2007, Ségolène Royal s'est lancée dans les primaires socialistes pour couper l'herbe sous le pied de François Hollande et se venger ainsi de son infidélité. Elle a même tenté d'évincer Valérie Trierweiler de son entourage... et elle a remis le couvert en 2011 ! On comprend l'agacement de celle qui partage la vie du nouveau président depuis 2005. On comprend aussi qu'elle n'ait pas pu se résoudre à voter Royal en 2007, ni au premier tour (où elle a choisi Dominique Voynet), ni au second (où elle s'est abstenue).

   Et voilà qu'en juin 2012, Marie-Ségolène lui offre, sur un plateau, l'occasion de se venger : elle se retrouve en ballottage défavorable face à Olivier Falorni.

   Je dois dire qu'humainement, je comprends le geste de Valérie Trierweiler, dont la vie sentimentale récente a été empoisonnée par l'ex de son mec. Après tout, citoyenne comme une autre, elle a le droit de préférer son rival et de le dire. Mais, compagne du président de la République, elle aurait dû se montrer plus discrète. Elle ne bénéficie d'aucune légitimité républicaine (elle n'a pas été élue). Je n'apprécierais pas de voir se former une coterie d'influence autour d'elle.

   P.S.

   Rétrospectivement, on réalise aussi que la mise à l'écart de Julien Dray n'est pas due qu'à sa gaffe d'inviter DSK (en fait Anne Sinclair... mais qui osera prétendre qu'on s'attendait à ce qu'elle vienne seule ?) à son anniversaire sans en avertir les dirigeants du PS. L'ancien député de l'Essonne est aussi connu pour être un proche de Ségolène Royal. Mais je pense quand même que le couple Hollande-Trierweiler ne devait pas trop apprécier l'ancien directeur général du FMI. Un passionnant portrait du Monde, publié le 7 mai 2012, révélait qu'Anne Sinclair était furieuse que, parmi les dirigeants socialistes, le seul à n'avoir pas contacté DSK depuis sa mise en cause aux Etats-Unis était François Hollande.

lundi, 04 juin 2012

Continuité républicaine

   A la fin du mois de mai, il a été procédé à l'élection du nouveau président du Conseil général de Corrèze (pour les raisons que vous imaginez). Mettre "président" au masculin est une évidence dans ce département, qui ne compte que 4 conseillères pour 33 conseillers (9 sur 46 dans l'Aveyron, si je ne m'abuse) : Régine Delord, Sophie Dessus, Dominique Grador... et Bernadette Chirac (79 ans quand même...).

   Comme elle est la doyenne de l'assemblée, elle a ouvert la séance qui avait pour but d'élire le successeur de François Hollande. D'après La Vie corrézienne du 1er juin 2012, elle a renouvelé, "très civilement, ses félicitations et ses voeux de succès à François Hollande".

   Le successeur socialiste de celui-ci, Gérard Bonnet, lui a rendu la politesse, en la plaçant à ses côtés, au centre de la nouvelle photographie de groupe, parue dans plusieurs journaux, dont L'Echo :

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   Pourquoi diable m'intéressè-je à cet événement somme toute très anecdotique, de surcroît survenu dans un autre département ? Tout simplement parce que le nouveau président du Conseil général de Corrèze est né en Aveyron, à Brandonnet, dans l'ouest du département :

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   D'après La Dépêche du Midi, il fut même maire de la commune entre 1977 et 1983.

vendredi, 18 mai 2012

Hollande s'inspire (un peu) de Sarkozy

   La découverte du casting gouvernemental m'a quelque peu interpellé. C'est fou comme certains choix présidentiels (ce n'est évidemment pas Jean-Marc Ayrault qui a pesé le plus dans les nominations) semblent ressembler à ceux de 2007.

   Ainsi, François Hollande a choisi comme Premier ministre un homme qui ne lui ferait pas d'ombre, tout comme Nicolas Sarkozy avait choisi François Fillon. De surcroît, il a nommé quelqu'un dont il sait qu'il lui sera fidèle. La différence est que les liens entre Hollande et Ayrault sont anciens, alors que le rapprochement Fillon-Sarkozy remontait à 2005 (quand Fillon avait été "débarqué" du gouvernement).

   La ressemblance continue aux Affaires étrangères : un ancien Premier ministre, Laurent Fabius, succède à un autre, Alain Juppé. Les deux ont été considérés comme "présidentiables" à un moment de leur carrière... et ils auraient pu être des rivaux pour le président qu'ils ont finalement décidé de servir. La différence est que Juppé n'a atterri aux Affaires étrangères qu'après une série de péripéties, qui l'ont mené du Développement durable à la Défense... en passant par la démission, suite à une défaite aux législatives. En nommant Laurent Fabius, Hollande rassure à l'étranger, où le bonhomme est connu. C'est peut-être aussi l'indication qu'il ne va pas y consacrer la plus grande partie de son énergie. On notera aussi que le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, n'est pas un spécialiste, signe que c'est le duo Hollande-Ayrault (celui-ci germanophone) qui va piloter les relations avec l'UE.

   L'Education nationale confirme la première impression. L'agrégé de philosophie Vincent Peillon succède (à 5 ans d'écart) à l'agrégé de lettres Xavier Darcos. Le passé montre qu'il ne suffit pas d'être un brillant produit du système éducatif français pour savoir correctement le gérer.

   Le ministère de la Justice est de nouveau l'occasion de promouvoir un représentant des "minorités visibles". Christiane Taubira sera-t-elle la Rachida Dati du gouvernement de gauche ? Elle n'est a priori pas plus compétente qu'elle dans le domaine juridique (c'est plutôt une économiste de formation), mais, contrairement à l'ancienne garde des Sceaux, elle a derrière elle une belle expérience politique et plusieurs mandats locaux et nationaux. François Hollande a donc voulu nommer une politique chevronnée, militante de gauche, pas une technicienne en droit. C'est aussi une manière de récompenser la mouvance "montebourienne" du PS, qui l'a soutenu au second tour de la primaire socialiste. C'est enfin un signe en direction de l'outre-mer, dont l'électorat l'a en général plébiscité : en Guyane (département dont C. Taubira est l'élue), il est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle (avec 42,61 % des voix) et l'a largement emporté au second (avec 62,05 % des voix).

   Passons à l'Economie, où il fallait un "poids lourd", compte tenu des enjeux actuels. Pierre Moscovici correspond au profil... et son cas n'est pas sans ressembler à ceux de Jean-Louis Borloo et François Baroin. Comme le premier, il ambitionnait de décrocher le poste de Premier ministre. Comme le second, il était d'une autre obédience que celle du président élu (chiraquienne pour Baroin, strauss-kahnienne pour Moscovici). On remarque aussi que les trois hommes ont une petite réputation de dilettante. C'est peut-être révélateur du fait que la politique économique ne se décidera vraisembleblement pas à Bercy...

   C'est un autre "poids lourd" qui a été nommé au ministère du Travail : Michel Sapin, qui se serait sans doute aussi bien vu à l'Economie... voire à Matignon. C'est un "bon soldat", un peu à l'image de ce que fut Xavier Bertrand, même si le socialiste semble avoir plus d'envergure.

   Il est possible que le gouvernement compte sa Rama Yade : Najat Vallaud-Belkacem. Les deux femmes sont nées à l'étranger (respectivement au Sénégal et au Maroc), mais les familles n'appartenaient pas à la même catégorie sociale (beaucoup plus aisée pour les Yade). Elles sont passées par Sciences Po Paris. Toutes deux ont été nommées à un poste symbolique : les Droits de l'homme et le Droit des femmes. Toutes deux sont d'une grande beauté... et d'une certaine timidité quand il s'agit d'affronter le suffrage universel. Le temps nous dira si le nouveau porte-parole du gouvernement a plus de fond que l'ancienne ambassadrice à l'Unesco.

   Le portefeuille de l'outre-mer semble destiné à être occupé par un élu ultramarin. A la Guadeloupéenne Marie-Luce Penchard (elle-même fille de Lucette Michaux-Chevry, qui fut deux fois ministre) succède son grand rival Victorin Lurel qui, rappelons-le, fut le seul président de Conseil régional reconduit à l'issue du premier tour, en 2010. Signalons qu'avec George-Pau Langevin (nommée à la "Réussite éducative"), cela donne finalement 3 membres du gouvernement issus des anciens DOM-TOM.

   Enfin, il faut toujours caser un trublion, auquel on doit beaucoup. Ce fut le cas de Patrick Devedjian, chargé (de 2008 à 2010) de "la mise en oeuvre du plan de relance". C'est aujourd'hui le cas d'Arnaud Montebourg, qui se voit attribuer le "redressement productif". Dire que c'est à cause de ce genre de gadget qu'on va nous priver (un peu) d'Audrey Pulvar !

   Je vais m'arrêter là. Bien entendu, les différences entre les gouvernements Ayrault et Fillon sont plus grandes que les ressembances, mais certaines coïncidences n'en sont pas moins troublantes. Faut-il y voir le résultat de l'action de conseillers en com' plus ou moins inspirés ?

   Il reste un aspect comique, scato-sexuel, qui n'a pas échappé à la presse : on passe d'un "trou du cul" [Fi(ll)on] à une "tête de noeud"... "Ayrault" se prononçant, pour les arabophones, comme le mot "pénis" en argot !

jeudi, 17 mai 2012

Le patrimoine de François Hollande

   Sa déclaration a été publiée au Journal Officiel du 11 mai... 5 ans, jour pour jour, après celle de Nicolas Sarkozy. On remarquera que François Hollande, juridiquement célibataire, mais partageant en réalité la vie de Valérie Trierweiler, ne mentionne pas la profession de la nouvelle Première Dame.. alors que Nicolas Sarkozy avait eu le culot d'écrire que Cécilia était "sans profession"...

   Ceux qui attendent du nouveau président une loi très restrictive sur le cumul des mandats devraient méditer le fait que le candidat était député et président du Conseil général de Corrèze. Je leur conseille aussi de consulter le pedigree des nouveaux ministres, visible sur le diaporama proposé par le quotidien La Croix : le premier gouvernement Ayrault compte une brochette de cumulards (mais heureusement fort peu de "vieilles figures" du PS).

   Revenons au patrimoine de François Hollande, essentiellement constitué de biens immobiliers (c'est très français, ça... tout comme la prédilection de N. Sarkozy pour l'assurance-vie). Première surprise : il ne possède rien en Corrèze, ni à Paris (il loge dans le XVe arrondissement, rue Cauchy), ni en Normandie, où il est né et a passé sa jeunesse (pas plus qu'à Neuilly, où il vécut adolescent). Il est donc locataire... ou bénéficie d'au moins un logement de fonction : certains présidents de Conseil général y ont droit. Je me demande si c'est son cas.

   Mais François Hollande est tout de même propriétaire (ou copropriétaire) d'une maison, à Mougins, et de deux appartements, à Cannes. Les deux communes sont situées dans le département des Alpes maritimes, à proximité l'une de l'autre : on peut considérer que Mougins fait partie de l'agglomération cannoise.

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   J'ai colorié le territoire de la commune de Cannes en brun... puisque c'est là que réside le père du nouveau président de la République, qui déclare avoir voté pour son fils au second tour... mais on sent qu'une dame blonde a sans doute eu sa faveur au premier tour. En rose, j'ai colorié le territoire de la commune de Mougins. (Nice est la grande commune littorale située au nord-est de Mougins, un peu au-dessus du "M" de Mer.)

   Quand on consulte les résultats des élections, on se dit que François Hollande n'a pas investi en terre amie. Aussi bien Cannes que Mougins ont plébiscité Nicolas Sarkozy (à respectivement à 68,8 % et 73,28 % au second tour), qui était de surcroît arrivé largement en tête au premier tour, recueillant 44,4 % et 47,57 % des suffrages exprimés. Comble de l'humiliation, dans les deux communes, c'est Marine Le Pen qui était arrivée deuxième, avec 21,59 % et 19,19 % des voix. F. Hollande avait terminé troisième, avec 17,74 % et 15,1 % des voix.

   Autre curiosité du patrimoine "hollandais" : il ne signale la possession d'aucun véhicule (alors que Nicolas Sarkozy avait déclaré une Austin mini... ça ne s'invente pas ! Notons aussi que ce n'est pas une voiture de fabrication française...). Il est vrai qu'en tant que président du Conseil général de Corrèze, il bénéficiait d'un véhicule de fonction (avec chauffeur ?). Plus surprenant, à Paris, jusqu'au début de la campagne présidentielle, il circulait... en scooter.