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samedi, 30 septembre 2017

Mon Garçon

   A ma grande surprise, la salle a presque fait le plein, avec un public plus diversifié que ce à quoi je m'attendais. En gros, ça allait de 7 à 77 ans. C'est d'autant plus étonnant qu'il s'agit d'un film quasi expérimental, avec certes quelques pointures à l'affiche.

   Je pense que c'est aussi le sujet qui a attiré ce monde. Il est question de l'enlèvement d'un enfant, mais aussi d'un couple divorcé et d'un père qui a privilégié son travail. Les deux parents sont d'ailleurs magnifiquement interprétés. Dans la première partie, c'est Mélanie Laurent qui sort du lot. Dans la seconde, Guillaume Canet occupe presque en permanence l'écran, avec talent.

   Christian Carion est l'un des réalisateurs français capables de proposer du divertissement populaire de qualité. On l'a vu avec Une Hirondelle a fait le printemps, Joyeux Noël (déjà avec G. Canet), L'Affaire Farewell (encore avec Canet) et En mai, fais ce qu'il te plaît. En terme de mise en scène, c'est un modèle de ce qu'il est possible de faire avec peu de moyens (mais sans que le film soit cheap). L'idée de filmer en gros plan les occupants des véhicules, de l'intérieur, en laissant floue à l'écran la vision du pare-brise (et du paysage au-delà) est très bonne. En extérieur, Carion n'abuse pas de la caméra à l'épaule. Enfin, il intercale des extraits de vidéos tournées par la mère du garçon. La solution de l'énigme se trouve peut-être à l'intérieur de celles-ci.

   Cependant, les gendarmes qui mènent l'enquête sur la disparition de Mathys ne privilégient pas cette piste. C'est dans l'activité professionnelle du père qu'ils voient une possible explication. Du coup, ce dernier décide de mener sa propre enquête. La caméra se fait subjective, nous mettant dans les pas (voire dans la tête) de ce père déboussolé, mais déterminé à retrouver son fils.

   Cela donne un très bon suspens, tendu du début à la fin, sur une musique au poil, avec aussi une très bonne utilisation des sons. Même si je regrette quelques facilités dans la dernière partie, j'ai beaucoup aimé ce thriller filmé au plus près du quotidien.

22:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Wind River

   Ce polar-western un brin sordide a pour cadre les montagnes enneigées du Wyoming, un Etat rural du nord-ouest des Etats-Unis. On y rencontre des cowboys, des Indiens (nous sommes dans une réserve)... et des motos-neige, qui remplacent les chevaux.

   Ces derniers, assez rares à l'écran, sont parfois victimes de prédateurs (les pumas, mais aussi les loups). Aux éleveurs du Larzac excédés par les atermoiements des politiques et le baratin des bobos, je recommande l'une des premières scènes, qui montre le héros "s'occupant" de certains dévoreurs de bétail.

   Ainsi nous est présenté le personnage principal, Cory Lambert, interprété par Jeremy Renner. Il compose très bien une sorte de monolithe fissuré : ce tireur d'élite, membre du corps des Eaux-et-Forêts, n'arrive pas à surmonter le décès de sa fille aînée... et le divorce qui lui a succédé.

   Le meurtre d'une autre jeune femme indienne va lui donner l'occasion de (peut-être) se racheter. Mais l'enquête se révèle difficile. La police indienne, certes de bonne volonté, est dépassée par les événements et le FBI n'envoie qu'une stagiaire inexpérimentée (Elizabeth Olsen, très correcte, dans un rôle stéréotypé), dont cette affaire va constituer une sorte de bizutage. Pour mener à bien l'enquête, il va falloir conjuguer les talents de pisteur de Cory, le procédurisme de Jane et les rares renseignements fournis par les habitants du coin.

   Dans le même temps, Cory doit faire son boulot de garde-forestier et traquer une famille de pumas (qu'on finit par découvrir, dans un plan superbe). Cela nous vaut de belles scènes dans les montagnes enneigées. Mais les prédateurs les plus redoutables ne sont pas ceux que l'on croit. Ils sont plus sournois... et plus dangereux pour les humains.

   Notons que le réalisateur (Taylor Sheridan, scénariste, entre autres, de Sicario) prend son temps. Le film entremêle les scènes de tension et des moments plus tendres, plus poétiques. C'est d'ailleurs le cas du retour en arrière introduit dans le dernier tiers de l'histoire. Il est à mon avis inutile, puisque, rien qu'avec le jeu des acteurs et la mise en scène, on avait compris que les enquêteurs tenaient le bon bout. Mais il faut bien s'adresser aussi aux spectateurs un peu mous du bulbe... et justifier le basculement dans l'extrême violence. Dans ces contrées reculées, où, en cas de pépin,  il est inutile d'espérer l'arrivée de secours, la justice prend parfois un caractère expéditif.

14:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 28 septembre 2017

Hypocrisie catalane

   La couverture médiatique de la "question catalane", en France, néglige (en général) certains aspects du problème. Par sympathie pour la ville de Barcelone ou antipathie pour le gouvernement Rajoy, le beau rôle est laissé aux indépendantistes catalans, occultant les motivations de certains d'entre eux.

   Le territoire espagnol est divisé en "généralités", qui disposent d'une plus ou moins grande autonomie vis-à-vis du pouvoir central. La Catalogne (tout comme le Pays basque) est très bien dotée, notamment depuis la réforme de 2006. Mais les généralités ne disposent pas des mêmes ressources financières. Leurs habitants n'ont pas le même niveau de vie, mesuré par le PIB/habitant régional. Il varie presque du simple au double, de 15 900 euros en Estremadure (dans le Sud-Ouest) à plus de 30 000 au Pays basque (dans le Nord) :

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   Madrid, le Pays basque et la Navarre (en rouge) sont les généralités où le niveau de vie est le plus élevé. Accessoirement, on comprend mieux pourquoi la bourgeoisie basque cherche à s'émanciper de la tutelle castillane, puisqu'elle est obligée de contribuer au financement des régions moins riches. On comprend aussi pourquoi les nationalistes basques tiennent tant à fusionner avec la Navarre, où le niveau de vie est comparable.

   En France, cela correspond aux régions Pays de la Loire et Paca, dont le PIB/habitant tourne autour de 29 000 - 30 000 euros, derrière Auvergne-Rhône-Alpes (plus de 31 000) et surtout très loin derrière l'Ile-de-France (plus de 52 000 euros).

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   La strate suivante est composée de... la Catalogne, l'Aragon et la Rioja (en orange), avec un PIB/habitant oscillant entre 25 000 et 27 000 euros. En jaune sur la carte se trouvent les généralités à 20 000 - 22 000 euros par habitant. J'ai laissé en blanc les régions les plus pauvres, où le revenu par habitant est inférieur à 20 000 euros. (C'est donc moins qu'en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion. L'Estremadure et l'Andalousie peuvent néanmoins se comparer à la Guyane, où quelques poches de prospérité peinent à masquer la relative pauvreté de la majorité des habitants.)

   De là à penser que les classes dirigeantes catalanes (et basques) brandissent la cause nationaliste pour se débarrasser du fardeau de la solidarité interrégionale, il n'y a qu'un pas, que très très peu de journalistes et de commentateurs se risquent à franchir...

mardi, 26 septembre 2017

Le coin des copieurs

   C'est le titre d'une rubrique intermittente du Canard Enchaîné, quand l'un des journalistes du Volatile repère un emprunt non sourcé de l'un des ses confrères. Toutes proportions gardées, j'ai eu l'impression de me retrouver dans la même situation ce matin, à la lecture de l'une des "Pitonneries" de Centre Presse, sous le titre "Gazon maudit" :

CPresse 26 09 2017.jpg

   Il est sans doute inutile de rappeler aux lecteurs de ce blog que c'est dès jeudi dernier (il y a cinq jours, donc) que j'ai évoqué la mésaventure du député aveyronnais. Au passage, l'immodestie dont il a fait preuve au micro de Guillaume Meurice (et pas Meurisse, hein... ce n'est pas le petit-fils de Paul) se comprend si l'on considère la manière dont la majorité des députés pratiquent le football...

   Allez, sans rancune les gars, puisque vous me lisez !

samedi, 23 septembre 2017

Les "nouveaux" assistants parlementaires des députés aveyronnais

   Les députés (ré)élus à la fin du printemps dernier ont constitué leur équipe de collaborateurs. Pour certains, reconduits dans leur mandat, cela fut une formalité. Arnaud Viala (élu de la troisième circonscription, celle du Sud Aveyron) a conservé les quatre personnes qu'il employait sous la précédente législature, l'une d'entre elles étant la compagne de son suppléant.

   Par rapport à ses débuts, des changements étaient néanmoins intervenus : Jean-Robert Bosc était retourné auprès du sénateur Alain Marc (qu'il servait quand il était député), un webmestre avait été embauché et un jeune juriste, originaire de la région lyonnaise, avait remplacé une collaboratrice partie poursuivre sa carrière en Ile-de-France.

   De son côté, Anne Blanc partait de rien... ou presque. C'est au début du mois de septembre qu'elle a présenté son équipe (constituée de deux, bientôt trois, personnes)... exclusivement féminine. Au début, je pensais qu'elle emploierait au moins un des assistants parlementaires de l'ancienne députée Marie-Lou Marcel (mais pas Bertrand Cavalerie, qui a rompu avec elle)... eh bien non ! Il me semble qu'il a aussi été question d'un jeune homme (qui a participé à sa campagne), finalement très déçu de ne pas faire partie de l'équipe de la nouvelle députée.

   Terminons par Stéphane Mazars, qui se serait sans doute bien passé de son récent passage sur France Inter. Il a une petite expérience du monde parlementaire. Il fut le suppléant de la sénatrice Anne-Marie Escoffier, qu'il remplaça au palais du Luxembourg quand elle fut ministre du gouvernement Ayrault, entre 2012 et 2014. Sauf erreur de ma part, quand il avait assuré l'intérim, au Sénat, il avait conservé les collaborateurs d'A-M Escoffier (Thomas Bougerol et Aurélie Gaspard), partis aujourd'hui sous d'autres cieux.

   Le nouveau député de la première circonscription a constitué sa propre équipe. Le premier nom à avoir été rendu public est celui de Pierre Bessiere, qui, il y a peu, était seul à figurer sur la fiche de S. Mazars à l'Assemblée nationale :

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   Ce n'est pas un inconnu de la vie politique aveyronnaise. Comme Stéphane Mazars, il était membre du PRG. C'est l'un des "teyssèdro-compatibles" qui ont figuré sur la liste menée par le maire sortant de Rodez en 2014. Il a d'ailleurs été élu, en 13e position, ce qui lui a permis de siéger aussi au conseil communautaire de Rodez Agglomération... et d'en devenir le 13e vice-président, en avril 2014. (A l'heure où j'écris ces lignes, il en est le 10e.) Quand le député est à Paris, c'est lui qui "tient la boutique" à Rodez... et, par exemple, reçoit des syndicalistes. Cela commence à faire du boulot pour un seul homme. A la mairie de Rodez, il est simple conseiller municipal. Mais, à Rodez Agglo, il est vice-président. Son activité d'assistant parlementaire est-elle à temps plein ? Qu'en est-il de sa profession ? Dans le document de campagne de la liste Teyssèdre (Notre Projet pour 2014-2020), il était présenté comme "cadre bancaire". A-t-on affaire à un nouveau surhomme de la politique ?

   Le récent recrutement d'une deuxième collaboratrice pourrait alléger sa tâche. Il s'agit d'Edith Alauzet, juriste de formation. Elle non plus n'est pas une inconnue de la vie politique locale. En 2008, elle figurait (à la 18e place) sur la liste conduite par Jean-Louis Chauzy aux élections municipales. Sur la Toile, on peut encore trouver une vidéo dans laquelle on la voit soutenir son candidat. En matière parlementaire, elle a de l'expérience, puisqu'elle a travaillé notamment pour le sénateur (socialiste) Claude Dilain (en 2011-2012, je crois). En 2012, elle l'a quitté pour entrer au cabinet... d'Anne-Marie Escoffier (tiens donc !), ministre de la Décentralisation, d'abord comme conseillère technique, puis, dès octobre 2012, comme chef de cabinet.

   Au sein de l'équipe de la ministre, Edith Alauzet a croisé un certain Maximilien Mézard. Après le départ d'Anne-Marie Escoffier du gouvernement, en 2014, ce jeune homme a trouvé un point de chute dans l'équipe de la ministre du Logement Sylvia Pinel, membre du PRG. Hélas, début 2016, celle-ci a quitté le gouvernement Valls. Le juriste a immédiatement trouvé un poste, au ministère de l'Aménagement du territoire, où venait d'être nommé Jean-Michel Baylet, PDG du groupe La Dépêche et, surtout, président (vingt ans durant) du PRG. Pour Maximilien Mézard, c'était en quelque sorte un retour aux sources, puisque, avocat débutant, il était devenu l'assistant parlementaire du sénateur Baylet. C'est là que je me rends compte que j'ai oublié de mentionner une information : le jeune homme est le fils de Jacques Mézard (lui aussi avocat de formation), aujourd'hui ministre de la Cohésion des territoires, mais auparavant sénateur (PRG) du Cantal. En toute bonne logique, le fils a adhéré au PRG, dont il est récemment devenu l'un des secrétaires nationaux. Il a en charge le pôle "territoire, collectivités territoriales". Le fait que son père soit ministre de la Cohésion des territoires n'a sans doute rien à voir.


 

vendredi, 22 septembre 2017

L'un dans l'autre

   Ce titre à sens multiple (parfois graveleux) annonce une comédie sociétale qui pourrait s'avérer lourdingue. Elle commence pourtant de manière assez habile, avec ce couple amoureux (incarné par le duo Bourgoin - De Groodt), dont on finit par comprendre la véritable situation conjugale. Comme je n'avais quasiment rien lu sur le film, j'ai apprécié l'effet de surprise.

   Un autre atout est la performance de Louise Bourgoin, qui rend totalement crédible le fait que l'esprit d'un homme ait pris possession de son corps et ce, alors que le premier quart d'heure la montre dans un tout autre contexte. Pour les mecs hétéros (et les dames homos), je me permets d'ajouter... qu'elle est dotée d'une poitrine magnifique ! Un grand merci aux scénaristes, qui sont sans doute de fieffés coquins.

   Blague à part, depuis Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, je trouve que Louise Bourgoin a pris de la bouteille (professionnellement parlant). On avait d'ailleurs pu s'en rendre compte dans La Religieuse.

   Par contre, en face d'elle, Stéphane De Groodt ne tient pas la route. Son jeu est trop stéréotypé, oscillant entre une version contemporaine de Louis de Funès et une parodie d'homme efféminé... Il n'est toutefois pas tout le temps mauvais. Parfois, dans certaines scènes avec Louise Bourgoin, il se passe quelque chose... par exemple lors d'un échange vidéo qui se termine de manière graveleuse.

   C'est d'ailleurs l'une des qualités de cette comédie, qui, de temps à autre, ose pousser ses personnages dans de réjouissantes ornières. (Ah, la scène chez la dentiste !) Ça ne va pas bouleverser l'histoire du cinéma, mais cela dit quelques vérités à propos des relations homme-femme, sur un ton léger.

21:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 21 septembre 2017

Stéphane Mazars sur le banc... de touche

   Aujourd'hui, les auditeurs aveyronnais de France Inter ont pu reconnaître la voix du député de la première circonscription, dans la chronique de Guillaume Meurice, l'humoriste écolo-marxiste bourré de talent qui intervient régulièrement dans Par Jupiter ! (la nouvelle mouture de "Si tu écoutes, j'annule tout").

   Rappelons au passage que ce n'est pas la première fois que l'Aveyron est à l'honneur dans l'émission. En 2015, à deux reprises (en octobre puis en novembre), le couteau Laguiole a été cité dans l'une des mini-fictions qui émaillent le programme.

   Cette fois-ci, c'est dans un reportage que le député a été interrogé par le journaliste engagé (sorte d'héritier de Pierre Carles, pour ceux qui connaissent). Il était question d'un match de charité, organisé entre une équipe de parlementaires et le Variétés Club de France... qui a mis une grosse branlée aux élus du peuple.

   Notre député aveyronnais (davantage connu pour ses qualités d'endurance) n'a hélas pas eu l'occasion de briller sur le terrain : il s'était blessé à l'échauffement ! Pour la petite histoire, je signale qu'il était prévu au poste de milieu (aux côtés de François Ruffin), comme le précise le Huffington Post :

Mazars milieu.jpg

   Ce n'est d'ailleurs pas le seul Aveyronnais figurant sur la liste, puisqu'un peu plus bas, on peut tomber sur le nom d'un autre député rouergat :

Viala sans poste.jpg

   Certains esprits sarcastiques relèveront son affectation : "Sans poste défini", un comble pour un élu siégeant dans l'opposition...

   Notons qu'au-delà des traits d'humour, Guillaume Meurice a choisi ses cibles, puisqu'il n'a ironisé sur aucun élu de La France Insoumise, préférant tourner en dérision des députés LRM, LR, PS et FN. (Ça, c'est pour ceux qui croient à la neutralité des programmes de divertissement.)

   P.S.

   La notoriété de Stéphane Mazars ne semble pas avoir encore atteint l'ensemble du pays, puisque, sur la liste des joueurs publiée par le site de France 3 Normandie, le parlementaire aveyronnais est présenté comme étant élu... du Bas-Rhin !

Mazars milieu 2.jpg

samedi, 16 septembre 2017

Que Dios nos perdone

   "Que Dieu nous pardonne" est un film de genre, espagnol, sorti cet été, dans la lignée de certains succès de ces dernières années (Balada triste en 2011 et surtout La Isla minima en 2015).

   Il est difficile aussi de ne pas voir comme une parenté entre cette œuvre et un autre succès (d'estime) estival : Le Caire confidentiel. Dans les deux cas, des crimes surviennent dans une grande ville (Madrid et Le Caire), en période trouble (des manifestations anti-austérité, la venue du Pape Benoît XVI et le printemps arabe). Dans les deux cas, les policiers ne sont pas des modèles de vertu et l'enquête va être quelque peu entravée.

   La particularité de ce polar est son imprégnation catholique : une église joue un rôle important dans l'intrigue et plusieurs personnages vont ressentir le poids de la culpabilité, pour différentes raisons.

   Au cœur de l'histoire se trouve le travail d'un nouveau duo de policiers atypiques et dépareillés : Alfaro le sanguin (Roberto Alamo très convaincant), l'intuitif, parfois la brute (mais quand même un bon flic) et Velarde le bègue, le minutieux, l'intellectuel limite autiste, qui vit dans un appartement sans télévision, entouré de ses 33 tours. Dans le rôle, on retrouve l'excellent Antonio de la Torre (déjà remarqué dans Balada triste, Amours cannibales et... La Isla minima), qui nous la joue un peu façon Dustin Hoffman dans Rain Man.

   Avis aux âmes sensibles : c'est assez cru, sans toutefois tomber dans le gore. Le réalisateur ne nous cache pas les aspects sordides d'une enquête criminelle, en particulier l'autopsie des victimes âgées... ce qui a provoqué quelques émotions dans la salle, en majorité remplie de spectatrices du troisième âge !

   Notons que le film prend son temps (2h05), aimant musarder en chemin, histoire de nous montrer à quel point la vie privée des flics investis dans leur boulot n'est pas une partie de plaisir. C'est aussi l'occasion de mettre en scène certains aspects de la société espagnole contemporaine. Tout bon polar est une tranche de vie... avec un "bon" méchant, que l'on découvre vraiment assez tard. Il est incarné par un jeune acteur talentueux. A cela s'ajoute une bonne musique, propre à souligner la tension qui monte. C'est de surcroît adroitement filmé, avec une tendance à choisir des angles de prise de vue inhabituels.

   Pour les amateurs de films de genre, c'est une découverte à ne pas manquer.

22:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 14 septembre 2017

Macron et les "fainéants"

   La polémique née d'une formule extraite d'un discours prononcé par Emmanuel Macron devant l'Ecole française d'Athènes est révélatrice de la mauvaise foi (ou de l'inculture) de certains commentateurs politiques... et des médias qui leur font écho. (Le lien précédent mène à une version qui resitue la phrase dans son contexte.)

   Prenons un peu de recul. Le président de la République française s'est rendu en Grèce, le maillon faible de la zone euro, gouverné par Alexis Tsipras, un (ex ?)gauchiste qui tente de réaliser depuis deux ans la quadrature du cercle : concilier les aspirations de son électorat avec les exigences de l'UE... et le merdier laissé par ses prédécesseurs. Même s'il n'est pas de la même sensibilité qu'Emmanuel Macron, il peut avoir besoin de son appui au moment de négocier avec la Commission européenne et le FMI. De son côté, le président français est en quête de tous les soutiens possibles pour tenter d'infléchir la politique communautaire sans susciter les foudres allemandes.

   Au passage, la polémique a fait disparaître des écrans-radars le précédent discours d'E. Macron, très enlevé, qu'il a prononcé sur la colline de la Pnyx, le lieu où jadis se réunissait l'Ecclésia, l'assemblée des citoyens athéniens. C'est un éloge vibrant de la construction européenne, éloge qui n'interdit pas la critique. Le président français y lance aussi une petite pique contre les anciens dirigeants grecs et défend la souveraineté contre les souverainistes.

   Mais, depuis plusieurs mois, il semble qu'on tente d'habituer le public à ne garder en mémoire que de courtes formules sorties de leur contexte. Ainsi, le terme de "fainéants" a été tordu pour être retourné contre Emmanuel Macron. La phrase d'origine est : "Je ne cèderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes." Alors que les deux derniers termes désignent ouvertement certains de ses adversaires politiques, il s'est trouvé des commentateurs pour faire semblant de croire que le premier terme ("fainéants") s'adressait à une tout autre catégorie de personnes, à savoir les chômeurs et les travailleurs modestes.

   Il faut dire que l'actuel président (et ancien ministre) est une cible facile pour les déformateurs professionnels. Ce n'est pas un démagogue et il a parfois la langue qui fourche : il est maladroit (mais pas haineux, contrairement à nombre de ses adversaires)... et ne recule pas devant une formule qui risque de soulever une polémique. On l'a vu avec les employées de Gad, qualifiées (mais pas insultées) d'illettrées, soulignant que c'était un frein à leur reconversion. Les réactions outragées ont confondu illettrisme et analphabétisme. Or, tous ceux qui ont un tant soit peu étudié le marché du travail savent que l'un des principaux handicaps de certains chômeurs est leur manque de culture générale et leur difficulté à comprendre (et non pas déchiffrer) un texte.

   Quelques mois plus tard, c'est une altercation à Lunel qui a été montée en épingle. Là encore, de courts extraits ont été choisis plutôt pour nuire au ministre. Je conseille d'aller regarder (et écouter) une séquence (non coupée) d'environ 20 minutes, beaucoup plus révélatrice. Le type âgé qui accroche E. Macron est de toute évidence un partisan de J-L Mélenchon, qui tente de se faire passer pour un Français ordinaire et coupe régulièrement la parole au ministre. Quant au jeune homme qui l'accompagne, il semble très frustre et c'est lui qui interpelle E. Macron sur son costume (vers 2 min 25), s'attirant en réponse la remarque du ministre, qui jaillit comme une réplique de défense face à une attaque inattendue.

   Cela nous ramène aux "fainéants" du récent discours en Grèce. En réalité, quiconque suit un peu la vie politique française depuis quelques années sait que ce terme ne désigne pas des travailleurs modestes, pas plus que des chômeurs. Dès 2015, Emmanuel Macron l'a utilisé pour s'en prendre à une gauche bien-pensante et adepte de la politique politicienne. A travers ce terme, c'est la paresse intellectuelle qu'il dénonce. Mais, comme de nombreux journalistes sont des partisans de cette gauche-là (ou trop fainéants pour effectuer des recherches de base ?), ils se gardent bien de le rappeler à leurs lecteurs/auditeurs/téléspectateurs, préférant laisser le populisme prospérer sur l'ignorance.

lundi, 11 septembre 2017

Seven Sisters

   Ces sept sœurs (comme on n'a pas voulu le traduire en français) sont toutes incarnées (à l'âge adulte) par Noomi Rapace, révélée à l'international par la première adaptation de Millenium et qui a depuis dû souvent se contenter de seconds rôles, quand elle n'occupait pas le devant de la scène dans de médiocres productions comme Conspiracy.

   C'est dire si le film repose sur sa performance d'actrice (bien complétée par celle de Clara Read, qui interprète les septuplées enfants). A cela s'ajoutent d'impressionnants effets spéciaux... essentiellement français, avec des contributions britanniques et indiennes. Cette coproduction belgo-américano-roumaine est donc marquée du sceau de la mondialisation... sous les auspices de la défiscalisation belge... et des "opportunités de tournage" danubiennes.

   Mais ne boudons pas notre plaisir. L'habillage numérique est très réussi. Les doublures sont bien utilisées et les scènes de baston sont haletantes. Quatre sont à retenir. Sur les deux qui ont lieu dans l'appartement principal, j'ai préféré la première, vraiment sauvage par instants... ce qui n'empêche pas la quasi-restauration à l'identique dudit appart, dont la porte d'entrée retrouve rapidement toute sa splendeur. (Il y a quelques invraisemblances dans cette histoire pourtant bien ficelée.) La bagarre chez le collègue de l'héroïne mérite aussi le détour, avec une conclusion qu'un-e cinéphile averti-e sent venir. On peut faire la même remarque à propos du combat dont les toilettes pour dames sont le théâtre : c'est très bien mis en scène, mais assez prévisible, jusque dans le retournement qui s'inspire un peu de ce qu'on a vu récemment dans Alien : Covenant. (C'est d'autant plus cocasse que Noomi Rapace fut tête d'affiche de Prometheus, l'épisode précédent.)

   Le scénario ménage suffisamment de mystère pour soutenir l'intérêt pendant deux heures (qu'on ne sent pas passer). Les sept sœurs ne sont pas les seules à avoir un secret.  Plusieurs d'entre elles vont devoir découvrir ce qui se cache derrière la politique de l'enfant unique initiée sur cette Terre surpeuplée... jusqu'au coup de théâtre, que là aussi on sent venir. Soyez bien attentifs aux premières scènes, qui mettent en parallèle les sept gamines et les sept adultes, que le grand-père a voulu aussi originales de tempérament qu'elles étaient semblables physiquement. On nous réserve même une ultime surprise, qui pourrait laisser présager une suite. La charpente de l'intrigue m'est apparue tellement solide que j'ai pensé que c'était l'adaptation d'un roman d'anticipation. Apparemment, non.

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vendredi, 01 septembre 2017

7 jours pas plus

   On peut tenter de définir ce film par ce qu'il n'est pas. Ce n'est pas une énième comédie mettant en valeur un Benoît Poelvoorde cabotineur. Ce n'est pas non plus une bluette centrée sur la relation possible entre Jeanne et Pierre. Enfin, ce n'est pas une oeuvre militante lourdingue sur la dure condition des migrants originaires des pays en développement. Mais c'est un peu de tout cela.

   Commençons par Pierre (Poelvoorde, à la fois drôle et émouvant), un vieux garçon qui gère une quincaillerie peu prospère. C'est un maniaque, chez qui chaque chose doit être à sa place. Méfiant, il compte le nombre de vis présentes dans la boîte qu'il a commandée à son grossiste... qui l'arnaque un peu. Ses (rares) colères fulgurantes sont très drôles. Mais, au fond, c'est un brave type.

   Pour rompre sa solitude, il y aurait bien Jeanne (Alexandra Lamy, lumineuse), qui lui fait ostensiblement du gringue. Elle lui plaît bien, mais nouer une relation avec cette femme conduirait Pierre à changer profondément la rassurante monotonie de son quotidien.

   Quoi qu'il en soit, celle-ci est bouleversée par l'arrivée d'Ajit (interprété par Pitobash, une révélation), un Indien du Bengale qui cherche à rejoindre son oncle... du moins c'est ce que l'on finit par comprendre à force de gesticulations et de traductions plus ou moins fiables. Le périple de Poelvoorde pour trouver un interprète ne manque pas de sel... et il est révélateur des préjugés des Européens de base sur le sous-continent indien. Le quincailler va comprendre que, bien qu'ils se ressemblent physiquement, Indiens et Pakistanais peuvent différer dans bien des domaines. Il en est de même pour les Indiens eux-mêmes, un hindiphone ne comprenant pas un bengaliphone habitant pourtant le même pays. Ne parlons même pas des Sri Lankais !

   L'autre source de cocasserie est le choc des cultures entre l'Indien et le Français. Les deux hommes, très différents en apparence mais faits du même bois, vont petit à petit s'apprivoiser. Le rapport de force va un peu s'inverser. L'Européen bien installé dans sa vie est immature sur le plan affectif, alors que l'Indien dévoile petit à petit des trésors de créativité.

   Cela se traduit à l'écran, avec quelques scènes animées (façon théâtre d'ombre) qui donnent du piquant à l'intrigue. Cependant, toute l'histoire n'est pas d'une vraisemblance absolue (et la vision de la police est très manichéenne). On est souvent proche du conte, à l'image de la première scène, qui finit pourtant de manière ironiquement inattendue. On n'en comprend la totale signification que vers la fin, tout comme on saisit l'importance du passe-temps de Pierre, qui découpe dans la presse des articles évoquant des faits divers improbables.

   C'est donc un "petit" film, subtilement drôle et humaniste, très bien joué.

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