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lundi, 30 avril 2007

Guerre picrocholine en préparation en Aveyron

 
Attention, gente dame ! Sortez votre mouchoir ! Un combat de titans se profile à l'horizon et le monde ne le sait pas encore ! De quoi qu'est-ce qu'il est question ? D'une élection législative, ma chère Cunégonde !

   L'Aveyron est un département où la politique est en partie une affaire de famille(s). Actuellement, nous assistons au passage de témoin entre deux générations de potentats rouergats. (Ca veut dire "aveyronnais", en gros, quand on veut éviter la répétition. Et cessez de m'interrompre comme cela, c'est agaçant à la fin !) Commençons par le chef-lieu, Rodez. Depuis 1983, le maire en est Marc Censi (adjoint de 1971 à 1983, il a pris la suite d'un cacique aveyronnais qui avait passé 50 ans de sa vie en politique). Il achève actuellement ce qui pourrait être son dernier mandat (il est quand même né en 1936). Il dirige de même depuis 1983 le Grand Rodez (District puis Communauté d'Agglomération). Il a aussi présidé le Conseil régional de Midi-Pyrénées (de 1988 à 1998). Jadis (en 1971 si ma mémoire ne me trompe pas), Marc Censi a échoué dans la conquête du siège de député de la circonscription de Rodez (s'étendant sur la commune de Rodez et le Nord Aveyron, en gros), battu par un (vrai) centriste, Jean Briane (qui, opposé au cumul des mandats, a mis ses actes en conformité avec ses paroles, fait suffisamment rare pour être signalé), qui a été réélu jusqu'en 2002. A cette date, il ne s'est pas représenté. C'est alors que Fiston Censi est apparu. Yves, qu'il s'appelle. Il est né en 1964. De mauvaises langues aveyronnaises l'ont surnommé "bébé Chirac". (Il a travaillé dans la cellule "communication" de l'Elysée.) Dans cette circonscription conservatrice, il est élu malgré la division de la droite au premier tour (il faut dire que le siège de député en faisait saliver plus d'un)... avec, sans doute, en face de lui, au moins un sous-marin de Jean Puech (divers droite mon oeil !)... qui n'est certainement pas venu là faire du tourisme ! Yves Censi se représente en 2007.

   C'est là que la situation devient comique. Il y a quelques semaines de cela, en me promenant dans les rues de Rodez (eh, oui, cela m'arrive), j'ai remarqué ceci, à proximité du Foirail, un jardin public qui jouxte la salle où les Ruthénois viennent voter quand le besoin s'en fait sentir :

medium_Puech_2.JPG

   Voici un petit nouveau, inconnu au bataillon jusqu'à présent, qui se présente sous la bannière sarkozyste. (Sur l'affiche de gauche figure un paysage typique du Nord Aveyron, bovins inclus, que j'ai désigné à l'aide d'une flèche blanche).

medium_Puech3.JPG

   En voici un agrandissement. Ce sont visiblement des Aubrac. Meuuuuhhh !!

   Le nom me dit quelque chose. Ceci dit, les Puech, dans l'Aveyron, sont un peu l'équivalent des Martin ou des Durand en France. Mais tout finit par se savoir dans le Rouergue. Il s'agit de l'un des fils de Jean Puech, actuel président du Conseil général (et fervent sarkozyste). Cela nous ramène loin en arrière : Jean Puech est conseiller général depuis 1970 ; il préside l'assemblée départementale depuis 1976 (il a même été le plus jeune président de Conseil général de France). Il y a quelques mois, il a annoncé qu'il ne se représenterait pas. D'ailleurs, en 2001, il n'avait pas brigué un nouveau mandat de maire de Rignac. Il a occupé un tas de fonctions sur lesquelles il serait trop long de revenir. Ah, oui, j'oubliais : il est encore sénateur de l'Aveyron. Il a 65 ans. Le fils Thierry est né en 1962. Il est de la même génération de Fiston Censi. La rivalité Puech-Censi est une vieille histoire aveyronnaise, d'autant plus comique qu'ils appartiennent à la même famille politique, même si Marc Censi est plutôt d'une sensibilité de centre-droit, alors que Jean Puech est arrivé à se rendre impopulaire auprès d'une bonne partie de la droite locale (mais il est puissant, donc la plupart préfère se taire) par sa manière... disons très "directive" de mener ses affaires politiques. (A cet égard, l'absence de référence à l'action de son géniteur n'est peut-être pas, de la part de Thierry Puech, qu'une pudeur électorale.) Il y a bien longtemps de cela, Jean Puech a louché sur la mairie de Rodez (il a enseigné la physique-chimie dans un bahut public ruthénois, le lycée Foch si je ne m'abuse). Sa carrière l'a amené ailleurs, mais nul doute qu'il n'a pas dû apprécier de voir l'ingénieur Marc Censi s'installer dans le fauteuil qu'il guignait. Depuis, entre les deux, c'est la guerre froide. La candidature du fils Puech, évidemment contre le député sortant Censi junior, n'en est que le dernier épisode.

   C'est l'alerte générale dans le camp Censi. Tout récemment, la rue Béteille (principale artère menant au centre-ville) s'est ornée d'une nouvelle vitrine :

medium_Censi.JPG

   Le bâtiment est un peu défraîchi, il a accueilli plusieurs types d'activités depuis une dizaine d'années. Euh... je précise que la présence du feu rouge sur la photographie n'est pas intentionnelle. Vous remarquerez l'insistance mise sur l'appartenance à l'U.M.P. (parti dont le président est un certain Nicolas Sarkozy), le pommier étant là, telle une réminiscence chiraquienne.  A gauche des affiches du favori de la course présidentielle rappellent la fidélité du député sortant. Sur le blog de l'U.M.P. de Rodez, le lien entre le député Yves Censi et le candidat Sarkozy est bien mis en valeur. Le local est presque vide : on s'y est vraiment pris à l'arrache ! A travers la vitre, quand on colle son nez, on peut voir, malgré les reflets, le tableau fixé au fond de la salle. Sur celui-ci Censi semble avoir écrit une citation de Sénèque. Va falloir rester stoïque, mon gars !

   Mon avis sur la question est que si Nicolas Sarkozy est élu, il va y avoir une série de règlements de comptes dans les circonscriptions de droite : les chiraquiens tardivement ralliés (ou qui ont laissé un mauvais souvenir) vont avoir une vie difficile. Si Ségolène Royal est élue, Sarkozy aura besoin de toutes les bonnes volontés pour empêcher une majorité de centre-gauche d'émerger à l'Assemblée Nationale. Paradoxalement, la survie politique de Censi peut dépendre d'une victoire de la socialiste Royal. Vous avez dit ironique ?

samedi, 28 avril 2007

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   ... Encore une adaptation de Philip K. Dick ! Concernant la précédente (A scanner darkly), je suis alléché par le DVD-collector (malgré le prix), qui contient le bouquin qui a inspiré le film. Revenons à nos moutons. On a une base fantastique (le "super pouvoir" du héros), un brin de romantisme (l'histoire d'amour, qui n'est pas sans rappeler, à certains égards -voyez comme je cause bien !- L'armée des douze singes), de la belle gonzesse, du mec musclé (Cage a dû faire des efforts pour éliminer un peu de gras), de l'action  (les amateurs de boum-boum seront satisfaits), des nouvelles technologies et du contexte socio-politique (la menace terroriste... avec des Frenchies dans la bande, non mais de qui se moque-t-on ? Chez nous, les lycéens ne viennent pas -encore- flinguer à tire-larigot dans les établissements scolaires... et aucun groupe raciste n'a organisé d'attentat contre l'immeuble siège des services de renseignement !).

   C'est bien joué, même si certains dialogues sont proches de la platitude (voir en particulier les conversations -réelles ou fictives- entre Julianne Moore, efficace, et Nicolas Cage, bien dans le rôle d'un mec de base qui se retrouve mêlé à une histoire qui le dépasse.. très états-unien, ça). Le suspense est réel et, au bout d'un moment, on ne sait plus trop si ce que l'on voit est la réalité ou l'anticipation de la réalité. La fin porte la marque, à mon avis, du désir de la production de ne pas alourdir le film : on aurait pu prolonger un peu l'action et la manière dont cela se termine ménage un peu le spectateur "familial"...

   Cela reste un agréable divertissement.

20:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 27 avril 2007

Le Direktor

    Lars von Trier se fait plaisir... et se fout un peu du monde. Cela donne un film inégal, avec des faiblesses, des facilités, mais aussi des moments jouissifs dans lesquels on retrouve le talent de l'auteur de The Kingdom, Element of crime, Les idiots ou encore Dogville.

   La facilité tout d'abord. C'est filmé à l'arrache, avec un cadrage indigne d'un élève de première année de la Femis, un éclairage variable, mal orienté, sans que l'on voie à quoi cela mène... et la prise de son est nettement perfectible. Le réalisateur, qui nous cause de temps à autre, justifie son choix par le refus de la convention, de l'artifice : il aurait pu mettre en scène un truc bien léché, mais il juge que cela aurait nui au film. A la vision de celui-ci, on ne peut pas lui donner tout à fait tort, puisqu'il narre l'histoire d'une supercherie bancale. La forme rejoint le fond, en quelque sorte.

   C'est aussi une satire du monde de l'entreprise, de l'esprit d'équipe (ouais, y a une équipe... et UN esprit, comme le disait Coluche !) si cher à certains cadres. Là, on rigole franchement. Lars n'y va pas avec le dos de la cuillère et met le doigt sur les accommodements auxquels tout un chacun est prêt à se livrer pour faire carrière. Le conflit entre intérêt général et intérêt particulier est l'un des fils rouges du film.

   On notera au passage que les personnages féminins ne sont pas très valorisés. On a droit à l'ambitieuse dynamique qui a le feu au cul, la coincée mignonnette, la déprimée foldingue et la militante un brin acariâtre. Bon, les mecs ne sont pas gâtés non plus. Le film a aussi un intérêt documentaire : il met en scène un Islandais en milieu danois, avec les conflits sous-jacents que cela suppose.

   Au second degré, le film est une réflexion sur la création, le théâtre, le cinéma. Au début, cela pourrait sembler chiant, mais plus l'action se déroule, plus cela devient intéressant... jusqu'au retournement final que je ne révèlerai pas !!

19:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 26 avril 2007

Les zélecteurs de Bailleroux

   ... dont je ne suis pas ! Mais j'en connais ! Ils sont vraiment comme nous ! J'ai même un très bon ami bayrouïste !

   Au boulot, ça cause élections à donf. Lundi, mes collègues électeurs de droite n'étaient pas triomphants, mais sereins, comme apaisés. Ceux qui ont sans doute déjà voté Le Pen n'étaient pas mécontents... d'autant plus qu'au moins un d'entre eux a basculé sur Sarkozy ! Les socialos étaient soulagés, mais quand même inquiets pour le second tour... et plutôt catastrophés par la prestation de leur candidate le soir du vote.

   Les "gauchistes" n'étaient pas franchement joyeux. Ceux qui avaient sans doute voté Buffet, Bové ou Voynet tiraient la tronche. D'autres m'ont semblé plus gais... des électeurs de Besancenot ? Et il y a les "électrons libres"... Mékeskeucédonk ? Ben, ce sont les trotskystes (ou, du moins, les personnes qui avaient voté Besancenot ou Laguiller en 2002) qui ont voté Bayrou en pensant faire le meilleur choix pour que Sarkozy soit battu au second tour ! Je crois que quelques électeurs socialistes ont dû faire de même.

   Cela nous mène donc tout naturellement à ces électeurs bayrouïstes. Ceux qui viennent de la gauche vont se reporter sur Royal au second tour. Ils maintiennent néanmoins l'idée que Bayrou était LE bon candidat. Ceci dit, je ne les vois pas voter pour les candidats UDF (ou PD, "Parti Démocrate", bien sûr...) aux législatives. Et puis il y a les bayrouïstes apolitiques (attirés par le discours antisystème du tractomane) et ceux de droite modérée, qui ne savent pas quoi faire au second tour. J'ai causé ou correspondu avec certains. En gros, ils détestent Nicolas Sarkozy, le trouvent démago, prêt à tout. Mais ils méprisent Ségolène Royal et doutent de sa capacité à vraiment changer la façon de gouverner le pays.

   Je ne l'avais pas lu en entier avant le premier tour, mais je m'y suis remis : j'ai trouvé l'intégralité du "pacte présidentiel" de Ségolène d'Arc

http://www.presidentielle-2007.net/actualite/index.php/20...

http://hebdo.parti-socialiste.fr/2007/02/11/445/

http://www.desirsdavenir.org/index.php?c=sinformer_propos...

   A ces trois adresses, le texte intégral est téléchargeable au format pdf. Quant au programme de Nicolas Sarkozy, il est téléchargeable à cette adresse :

http://www.sarkozy.fr/lafrance/

   Bonne lecture !

16:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique

samedi, 21 avril 2007

12 candidat-e-s... aucun(e) présidentiable !

  Eh, oui ! Je ne me reconnais dans aucun des douze, même si j'ai quelques préférences (et quelques rejets). Voyons cela en suivant l'ordre des panneaux d'affichage.

  On commence avec le facteur. Besancenot ou comment tenir un discours révolutionnaire alors que son électorat ne l'est pas. Je connais des gens qui ont voté pour lui. Ce sont soit des jeunes un peu "rebelles" comme on dit, soit des adultes plutôt proches des socialistes à la base. Toute l'ambiguïté vient de là. Le (relatif) succès de Besancenot en 2002 repose sur un malentendu : la démarche d'un électorat qui trouve que le P.S. n'est pas assez "de gauche", mais qui souhaite le voir gouverner, rencontre un candidat qui voit plus d'efficacité dans le "mouvement social" que dans la politique de bureau. Et pis tiens, en passant : c'est quoi ce révolutionnaire qui s'est trouvé un boulot peinard à Neuilly-sur-Seine ? Il aurait été plus conséquent d'exercer ses talents du côté de La Courneuve, par exemple...

  On continue avec Marie-Georges Buffet. Je la trouvais bien en ministre des Sports et j'ai apprécié sa lutte contre le dopage. Elle est toujours plus crédible que Robert Hue, dont la campagne de 2002 avait été risible. Ceci dit, face aux grandes gueules de la politique française, elle est peu audible. J'aurais presque tendance à la plaindre. Pas très emballant tout ça.

  Ah, Gérard Schivardi ! Il en faut toujours un ! Un quoi ? Ben un guignol pardi ! On pourrait s'amuser à rechercher dans les campagnes précédentes (à commencer par celle de 1965) les candidats farfelus qui ont, dans le meilleur des cas, permis d'animer un peu la campagne et dans le pire, contribué à dévaloriser la politique. A part cela, ce trotskyste rural m'a tout l'air d'être un sous-marin du P.S. Pour éviter que le score des candidats d'extrême-gauche ne soit trop fort au soir du 22 avril...

  François Bayrou me laisse partagé. D'un côté, je sens chez lui une réelle volonté de faire bouger les choses (sans foutre la baraque en l'air). De l'autre, je vois un ambitieux avec finalement peu de convictions, auquel j'ai du mal à faire confiance.

  José Bové est parti trop tard dans la course. Il a d'ailleurs failli ne pas participer. Je suis persuadé que dans la liste des maires qui ont fini par lui accorder leur signature, on doit retrouver un petit paquet de socialistes. Cela peut toujours servir au second tour... A part cela ? Bové parle un peu de la banlieue. C'est en effet un vrai sujet de débat présidentiel, malheureusement peu développé (ou alors avec des arguments caricaturaux). Sinon, on a peine à distinguer Bové des autres altermondialistes. Et je reste gêné par le rejet systématique des O.G.M. La méfiance, la prudence, oui, l'ostracisme, non.

  Tant qu'on est avec des écolos, parlons de Dominique Voynet. Chez les Verts, elle fait partie des moins cons, ceux qui ont compris qu'il faut passer par la case gouvernementale si l'on veut changer ne serait-ce qu'un peu les choses. Mais sa campagne est mauvaise. Ce n'est pas d'une "révolution écologique" dont les Français ont besoin, mais d'une "écologie du quotidien". Face aux menaces qui pèsent sur l'environnement, il aurait fallu faire sentir aux électeurs de base qu'il est possible de vivre la tête haute, en consommant sans polluer, sans compromettre l'avenir de nos enfants. Les Français sont réformistes, pas révolutionnaires.

  La profession de foi de Philippe de Villiers est, pour moi, l'une des mieux construites. Elle se lit bien et les messages importants se détachent. Le programme est assez précis. Le vicomte plagie une formule chiraquienne, quand il affirme (en gros) qu'il fera pour la France ce qu'il a accompli (pas tout seul quand même) pour la Vendée. Reste son constat de départ, centré sur la menace communautariste et la dénonciation de l'islam militant. Honnêtement, je pense qu'il se plante un peu dans la suite logique des choses. Les premières mesures susceptibles de faire baisser les tensions urbaines sont de l'ordre de l'emploi, de l'égalité des chances ET de la sécurité. Une mosquée en elle-même n'est pas un danger pour la France. Par contre, une mosquée dans un quartier à 30 % de chômage, avec une insécurité galopante, peut être une poudrière... comme elle peut être un facteur d'accalmie. Les choses ne sont pas si simples.

  Voici Ségolène Royal, en noir et blanc (c'est quoi ce plan ?). Cela doit être son côté "Jeanne d'Arc" : la meneuse d'hommes, qui réussit là où ils ont échoué. (Comme j'aime bien ce personnage historique, ce n'est pas là qu'elle va m'agacer.) Mais sa campagne n'est pas enthousiasmante et sa voix me tape sur les nerfs ! A part cela, elle fait chier pas mal de monde et elle a du caractère. Je suis sûr que dans un débat face à Sarkozy, elle peut surprendre.

  Frédéric Nihous est pour moi le plus terne des candidats. C'est un technocrate de la chasse ou le Besancenot de C.P.N.T. ... et un ancien (?) serviteur de l'U.M.P., comme je l'ai appris dans Le canard enchaîné. Damned ! Encore un sous-marin ! Je me suis laissé dire que, dans les campagnes, une partie de l'électorat de droite était tenté de regarder à l'extrême. Faut éviter le gâchis, ma bonne dame !

  Jean-Marie Le Pen est toujours très bon en campagne. Des douze, il est sans doute le meilleur orateur et il sait parfaitement utiliser les médias (et les journalistes incultes) qu'il accuse avec tant de mauvaise foi de le desservir. Il a adopté un profil plus modéré. Il se fait patelin. Mais, au fond, il n'a pas changé. L'assagissement n'est que de façade. (Je trouve qu'on n'a pas assez relevé ses attaques minables contre Sarkozy. S'il s'en était pris à d'autres personnes, peut-être que le monde médiatique aurait davantage réagi...) Le F.N. n'est donc toujours pas un parti de gouvernement. Et puis c'est quoi ce millionnaire en délicatesse avec le fisc qui se prétend le défenseur des gens modestes ?!

  Arlette Laguiller en est à sa dernière campagne... et elle n'a pas changé. Elle semble tenir les mêmes discours. Sa profession de foi ne comporte que du texte, faut s'accrocher pour la lire, camarades ! Elle garde néanmoins une certaine force de conviction, d'abord parce qu'elle croit en ce qu'elle dit. Et elle connaît ses dossiers. C'était évident quand elle est passée à France Europe express (que j'écoute sur France info). Ceci dit, je ne vois pas trop où elle veut mener le pays. Même si elle s'en défend, elle est là pour peser sur la candidate socialiste, en vue du second tour. Beau constat d'échec de la part de la gauche de la gauche, qui a du mal à comprendre pourquoi tant de Français font confiance à Nicolas Sarkozy.

  Voilà donc le favori ! Il est dynamique, il en veut, il nous prépare une thérapie de choc à l'anglo-saxonne. D'ici 5 ans, on aurait un pays redressé, une classe moyenne plus riche et les autres dans la merde (ils l'auront bien mérité, non mais !). Il a quand même un peu trop tendance à péter les plombs. Cela m'inquiète. Je ne veux pas d'un excité comme président... surtout s'il adopte une position suiviste vis-à-vis des Etats-Unis en politique étrangère ! Par contre, je ne vois pas de danger "fasciste". Faut que les gauchistes arrêtent de fantasmer. Dans cette campagne, ils ont commis l'erreur de s'en prendre aux aspects sécuritaires de son programme, alors qu'il aurait fallu beaucoup plus discuter des mesures économiques et sociales qu'il propose.

15:20 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique

vendredi, 20 avril 2007

Michel Rocard et le mitterrandisme

  C'est une vieille histoire, qui prend racine dans les années 1960. Mitterrand a toujours été l'obstacle qui a empêché Rocard de connaître son "destin national" (du moins ce qu'il croyait devoir l'être). Pourtant, Michou a eu plusieurs fois sa chance. La première survient en 1969. Mitterrand, candidat unique de la gauche socialo-communiste en 1965, le "metteur en ballottage" du Général (avec l'aide de Lecanuet toutefois), est grillé. Rocard se présente au nom du P.S.U. et obtient... 3,61 % des suffrages exprimés. Pas mal pour un énarque de 39 ans ! Moins cependant que Gaston Defferre, et ses 5,01 % pour les socialos ancien modèle. Exit donc Rocard, qui voit la stratégie d'unification de Mitterrand porter ses fruits au début des années 1970. La création du P.S. signe la marginalisation du P.S.U. rocardien, qui va finir par faire allégeance au concurrent. Mitterrand est donc à nouveau candidat en 1974. Battu de justesse, mais battu quand même.

  La deuxième chance de Rocard vient en 1979-1980 : Mitterrand paraît usé par ses échecs : les présidentielles, mais aussi les législatives de 1978, que la gauche aurait dû gagner. Mais Rocard ne parvient pas à obtenir l'investiture P.S. pour 1981. Mitterrand est élu. Rocard patiente. Arrive 1988. Mitterrand le cancéreux se représente, ruinant les espoirs de Rocard : il balaie Chirac. Toutefois, cela permet à Rocky de devenir Premier ministre. Première étape vers la consécration, pense-t-il : il s'imagine succéder à Tonton. Au bout de trois ans, il doit en rabattre. Mitterrand tente un "coup" médiatique, en nommant Edith Cresson. Tout cela finit en débandade aux élections cantonales, régionales puis législatives.

  Rocard se dit que cette fois c'est la bonne ! Il mène la liste P.S. aux européennes de 1994. Pas de bol, Mitterrand lui balance la liste Tapie dans les pattes : 12% pour celle-ci, contre 15,5 % pour celle menée par notre héros. Baudis, pourtant lui aussi handicapé par la liste de Villiers (et dont le manque de charisme n'a rien à envier à celui de Rocard...), le distance largement. Rocard se retrouve exclu de la prochaine présidentielle. Il devait s'attendre à ce que Jacques Delors vienne sortir les marrons du feu, mais celui-ci a manqué de couilles visiblement. J'imagine la réaction de Michou quand il s'est aperçu que c'est Lionel Jospin qui allait reprendre le flambeau : l'héritier présomptif de Mitterrand (avant qu'il n'ait un faible pour Fafa), son rival des années 1990, décroche non seulement la candidature, mais arrive en tête au premier tour ! Même s'il est battu au second, il prend définitivement le P.S. en mains... et bénéficie de la gaffe chiraquienne de 1997 pour arriver au pouvoir (merci les triangulaires avec le F.N. !). Il sera le candidat P.S. en 2002. Hollande est son second, sans doute son poulain. Pour Rocard, c'est fini.

  Eh bien, non ! Dans Le canard enchaîné du mercredi 18 avril 2007, un entrefilet nous en apprend de belles ! Des propos de Ségolène Royal sont rapportés : elle réagit à la tribune publiée par Rocky dans Le Monde. Elle révèle alors qu'elle a reçu la visite de Rocard quelques semaines auparavant. Celui-ci, pas gêné, lui aurait demandé de se retirer en sa faveur, lui promettant de la nommer à ses côtés ! Extraordinaire, non ? Je trouve quand même stupéfiant que Michel Rocard, qui a la réputation d'être intelligent, ne se soit pas rendu compte de l'absurdité de sa proposition. Il n'est pas crédible en candidat à la présidence de la République : il est trop vieux, c'est un homme du passé, qui ne suscite aucun engouement dans la population française. Les électeurs n'ont aucune envie de propulser un expert-comptable à l'Elysée ! Mais on retrouve là la manifestation de la sensibilité du personnage : il ne supporte pas qu'une mitterrandienne qu'il juge incompétente (l'est-elle moins que Chirac, Raffarin ou Villepin après tout ?) puisse avoir une chance d'accéder à la fonction qu'il a convoitée toute sa vie...

21:50 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique

jeudi, 19 avril 2007

Entre "Le Monde" et moâ, ça s'arrange !

  Quand je ne suis pas content, je l'écris. Il n'y a pas de raison que je ne signale pas un relatif bon fonctionnement de mon abonnement au "quotidien de référence".

  En février dernier, j'ai rédigé une note sur un exemplaire défectueux qui m'avait été expédié. J'avais aussi envoyé un courriel au service qui gère les abonnements. Quelques semaines plus tard, j'ai reçu une demande d'informations complémentaires. Finalement, le fameux exemplaire, complet, m'est parvenu cette semaine ! J'ai lu depuis longtemps (en médiathèque) les pages qui me manquaient, mais j'apprécie quand même.

  Deuxième anecdote. En prévision d'un déplacement d'une semaine, j'ai fait suspendre mon abonnement papier. Je m'y étais pris suffisamment à l'avance, en me rendant sur le site internet du journal. Pendant mon déplacement, j'ai acheté, chaque jour, les numéros que je ne devais pas recevoir. De retour à mon logement, je me suis aperçu que certains m'avaient quand même été envoyés. J'ai donc écrit un courriel de réclamation, précisant qu'un mail de confirmation de la suspension de l'abonnement m'était parvenu (je l'avais gardé en mémoire). Eh bien, le mois suivant, mon prélèvement automatique est passé de 25 euros à 19,20 euros ! Honnête.

  J'ajoute, pour terminer, qu'en dépit de l'augmentation du prix du Monde vendu au numéro, le tarif d'abonnement n'a pas varié.

mercredi, 18 avril 2007

Goodbye Bafana

  L'Afrique du Sud, l'apartheid, Nelson Mandela, les Noirs, les Blancs, le racisme, la vie de couple, les enfants... Le film brasse une quantité de choses. Mais, sur les deux heures, ce sont les relations individuelles qui sont les plus exploitées (because casting très onéreux à mon avis).

  Le film n'a pas bénéficié d'un bon accueil critique à sa sortie. Encore un "machin hollywoodien" (dans le mauvais sens du terme), me suis-je dit. J'y suis donc allé sans entrain. J'ai quand même passé un agréable moment. Le plus étonnant est que l'une des principales faiblesses du film est liée aux acteurs : Dennis Haysbert (oui, le président de "24 heures chrono" !) est bon , mais je me souviens très bien de Mandela : jeune, il était trapu mais, quand il a quitté sa dernière geôle, il était quasi squelettique. Joseph Fiennes n'est pas très convaincant en gardien : il surjoue et, dès le début, on comprend tout ce qui va se passer ; ce rôle a été trop construit en tenant compte de la fin ; 25 ans auparavant, on ne savait pas comment les choses allaient tourner. Diane Kruger en fait trop elle aussi.

  Cependant, ce n'est pas mal filmé. Quelques effets de caméra sont bienvenus. L'émotion est au rendez-vous. On suit cette histoire sans déplaisir. Le contexte de l'époque est correctement rendu, même si cela reste assez superficiel. On attend encore LE grand film sur l'apartheid.

14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 13 avril 2007

Sunshine

   Vous avez déjà vu 2001, l'Odyssée de l'espace, Mission to Mars et Alien ? Alors, avec ce film, vous naviguerez en terrain connu. On y retrouve un ordinateur qui cause et qui gère un vaisseau spatial, on y trouve des expéditions à l'extérieur du vaisseau qui ne finissent pas forcément bien, on y trouve du sacrifice, on y trouve de la fascination pour le non terrestre... et on y rencontre un ennemi. A cela, les scénaristes ont ajouté du "politiquement correct" : différentes "communautés" sont représentées dans l'équipe d'astronautes. Notons toutefois qu'aucun Arabe n'y figure et que l'accent est mis, outre sur les Blancs, sur les Asiatiques, d'origine visiblement japonaise et chinoise (et, qui sait, peut-être coréenne) ; cela nous donne l'occasion de voir la délicieuse Michelle Yeoh.

   Le mélange se laisse voir sans déplaisir, d'autant plus que les effets spéciaux sont réussis. Cependant, les dialogues sont souvent d'une banalité affligeante (j'ai vu la version française) et j'ai été peu accroché par l'un des arguments du film : la fascination éprouvée pour le soleil. De surcroît, la fin est limite grand-guignolesque.

   S'il vous arrive de vous ennuyer, vous pouvez vous livrer à ce petit jeu, que je pratique souvent avec les productions commerciales à suspense : dès le départ, j'essaie de deviner qui va rester à la fin. Parce que vous vous doutez bien que sur les huit gugusses du début, nombre vont trépasser dans des circonstances plus ou moins douloureuses... Toute modestie mise à part, j'avais misé sur une personne, qui figure à la toute fin. Mais les scénaristes ont préservé plus d'une personne, alors à vos paris...

19:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma

mardi, 10 avril 2007

Les âmes errantes

   Voici un film vietnamien, tourné par un Français. C'est un documentaire, qui porte sur la recherche des soldats tués lors de la guerre de 1965-1973, dont les corps n'ont pas été retrouvés. On suit deux vétérans dans leurs démarches.

   C'est un sujet original, puisqu'on a le point de vue de Vietnamiens : par moments, ils racontent le déroulement de séquences de combat (en particulier quand ils sont de retour sur les lieux où se sont déroulés des affrontements). L'intervention de membres des familles permet de mieux prendre conscience de ce qu'a été la guerre pour l' "arrière".

   Je vous préviens : ce n'est pas très joli à regarder, non pas à cause de ce qui est montré, mais parce que c'est filmé en vidéo numérique (ou un truc dans le genre). Le film n'est pas très long (environ 1h20), mais pas trépidant.

   Certains moment sont très forts : ceux qui mettent en image la détresse de parents laissés dans l'incertitude (même si le cas de la veuve -très expansive- a fini par me taper sur les nerfs) et ceux qui décrivent les rituels religieux. Eh, oui ! Dans ce pays encore officiellement communiste (qui vient d'intégrer l'O.M.C. ...), le bouddhisme imprègne profondément la population.

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lundi, 09 avril 2007

La grande finale

  Je me suis trouvé dans une situation paradoxale : moi qui, les soirs de match de la coupe du monde de football, vais au cinéma, je suis allé voir un film dont les protagonistes font tout pour parvenir à assister à la finale du mondial de 2002 (qui s'est tenu en Corée du Sud et au Japon), opposant le Brésil à l'Allemagne.

  Le film alterne des scènes filmées en trois endroits très différents : la steppe mongole, le désert nigérien et la forêt amazonienne. Dur, dur de faire fonctionner une télé ! Les trois "branches" du film sont inégales. La partie mongole est la plus belle, alliant des paysages magnifiques à une musique entraînante. La partie saharienne est la plus drôle... et la plus politique. La partie amazonienne, qui s'inspire visiblement de Les dieux sont tombés sur la tête, m'est apparue très condescendante et la plus "cliché".

   Sur le fond, l'histoire mongole traite, à l'image des autres, de tradition et modernité, mais aussi de l'héritage soviétique... et allemand : l'officier, qui supporte l'Allemagne, n'hésite pas à affirmer que ce pays a "fondé un grand empire au XXe siècle" !!!! Un des chasseurs lui cloue le bec plus tard, en faisant référence à la bataille de Stalingrad (ben oui, les Allemands perdent la finale). Auparavant, on a même eu droit à un petit match entre les militaires et les nomades !

   L'histoire nigérienne est foisonnante, parce qu'elle évoque les tensions qui peuvent surgir entre les populations qui se déplacent dans le désert... sans parler de l'attraction exercée par l'Europe. Les répliques fusent, acérées. Là aussi, le "dominant" (celui qui apporte la télévision) est un supporteur de l'Allemagne. C'est aussi la partie la plus riche en effets comiques, à la fois visuels et dialogués.

    On goûtera l'histoire amazonienne principalement pour le contexte brésilien. Sinon, cela ne vole pas haut...

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dimanche, 08 avril 2007

El custodio

   Encore un film argentin ! Et, là aussi, la France n'est pas très loin, puisque notre beau pays a participé au financement et que (par voie de conséquence ?) l'un des personnages principaux a un couple d'amis français (on entend d'ailleurs un peu causer dans la langue de La Fontaine et Jean-Luc Delarue) et qu'il roule en Laguna. (Sacrebleu, moi qui roule en Peugeot, voilà que je fais de la pub pour Renault !) Les sous-fifres passent leur temps dans ce qui ressemble à une vieille Ford (ou à une Saab). Voilà pour les bagnoles.

   Ces sous-fifres sont des gardes du corps ou des chauffeurs. Le héros est garde du corps. C'est un ancien militaire, célibataire, méthodique. La mise en scène est conçue de manière à rappeler la position subalterne qui est la sienne. Lorsqu'il est montré en dehors de son travail, les couleurs sont en général ternes. Lorsqu'il est inclus dans une scène de groupe, surtout au boulot, tout est fait pour suggérer qu'il ne compte pas : les autres parlent devant lui sans se préoccuper plus que cela de sa présence, il est presque exclu du cadre (souvent, on ne voit qu'une partie de son corps, dans un coin, par exemple). Quand c'est filmé en caméra subjective, la vision du héros nous indique qu'il n'est pas concerné par la conversation. Davantage qu'un garde du corps, c'est un larbin, bon à tout faire, dessiner, éteindre les lumières, aller chercher la fille...

   Par contraste, le film est une charge vigoureuse contre ce que l'on pourrait appeler la "bourgeoisie décadente". Elle est incarnée principalement par cette famille dont le héros assure la protection. L'épouse est le personnage le moins négatif, parce qu'elle se préoccupe des autres. Mais elle reste l'archétype d'une "grande bourgeoise". La fille n'est pas méchante, mais quelle dévergondée ! Et exhibitionniste en plus ! (Elle n'en est que plus excitante...) C'est fou le nombre de trucs qu'on peut faire en voiture (à part mater, bien sûr). On y revient ! Mais le pire de la bande est le ministre, homme de paroles, mais pas homme de parole. Il fraie avec les médias et les entrepreneurs dans une folle ronde de la connivence entre les élites. On sent, derrière la caméra, bouillir une sorte d'indignation contre cette "trahison" d'un élu du peuple...

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 07 avril 2007

Les contes de Terremer

   Dans la famille Miyazaki, je demande... le fils ! Bonne pioche ! Merci... L'équipe qui entoure le fiston doit comprendre des éléments de celle du père. Il y a quelques similitudes dans la "manufacture" du film. Tout d'abord, ce n'est pas un dessin animé pour débiles mentaux : le début intrigue, tout n'est pas expliqué, il faut patienter... et réfléchir un peu. On est dans un monde où la magie joue un rôle. On remarque aussi le soin apporté aux paysages. Même si, formellement, le fils n'a pas (encore) le coup de patte du père (ça se voit au niveau de l'animation du chat de la reine et des brebis), c'est très joli : par exemple, vers le début, l'arrivée dans cette ville cosmopolite, en plein marché, est l'occasion de déployer des effets très réussis (avec une pointe d'humour, ce qui ne gâche rien), comme lorsque la marchande déploie le tissu quasi transparent ou lorsqu'un quidam expulse la fumée du narguilé, en pleine rue.

   Le film n'est toutefois pas sans défaut : sa longueur (1h55) se ressent (contrairement aux œuvres du papa) ; il aurait fallu pratiquer quelques coupes, par exemple dans certaines séquences dialoguées, qui sont un peu trop bavardes.

   On part quand même pour un beau voyage initiatique (avec morale à la clé, attention), où les adultes comme les adolescents, les femmes comme les hommes, jouent un rôle important.

16:21 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 06 avril 2007

Agua

  C'est un film argentin (coproduit par la France) qui se déroule dans le milieu de la natation. A priori, ça devrait me barber, vu que je n'aime pas particulièrement nager (à la piscine, "quand j'étais jeune", je n'aimais rien tant qu'uriner discrètement dans le bassin !) et que je n'éprouve pas la moindre envie de suivre les compétitions dans cette discipline, Laure Manaudou ou pas.

  Eh bien la réalisatrice est parvenue à m'intéresser à ce sujet. Même les séquences de natation m'ont plu. Elle a une manière de filmer, alternant sur et sous l'eau, jouant parfaitement des sons qui parviennent ou pas au nageur, qui rend palpitante la vision de ce sport.

  Mais l'intérêt principal réside dans ces deux histoires croisées, celle de l' "ancien", l'as de la nage en eaux libres, réputé tricheur jadis et celle du "jeune", qui tente d'intégrer la sélection nationale du 4 nages en bassin. Autant le premier est peu loquace, replié sur ses blessures, autant le second est tourné vers l'extérieur de lui-même, trop peut-être : c'est sans doute une béquille pour lui. Le premier, ancienne vedette, vit coupé de tout, mais se rapproche du monde moderne quand il apprend que la compétition qu'il avait jadis remportée va se tenir à nouveau. Tout le talent du film est de nous faire comprendre la vie d'autiste de ce nageur. Ce n'est pas propre à la natation. On a tous rencontré de ces personnes qui sont dans leur "trip" et sur lesquelles rien n'a de prise. Par moments, j'ai senti comme une parenté avec le personnage interprété par Jean-Marc Barr dans Le grand bleu. Un des enjeux du film est l'attitude que l' "ancien" va adopter vis-à-vis du jeune, qui vient d'échouer. Celui-ci va devoir faire des choix, dans sa vie (sa copine est enceinte) et dans son sport.

  La fin m'a énormément déçu. Je vois où la réalisatrice a voulu en venir (et surtout là où elle n'a pas voulu aller : la fin heureuse sirupeuse), mais je pense qu'il y avait moyen de tourner cela autrement. Cela n'empêche pas le film d'être très fort, y compris dans cette fin inattendue.

15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 05 avril 2007

10 canoës, 150 lances, 3 épouses

  ... 20 étuis péniens, 4 portions de miel, 12 paquets de cigarettes, 550 préservatifs. Et avec ça, je vous mets quoi ? Ben, un conte aborigène. Dans la version originale, on est guidé par l'un d'entre eux, anglophone, qui nous raconte une histoire très ancienne. Les images de celle-ci sont en noir et blanc. Dans cette histoire, il est question d'une légende (ou d'une histoire très très très ancienne), illustrée par des images en couleurs. C'est donc elle qui donne le sens. Dans les deux "histoires", les acteurs sont identiques.

   C'est passionnant ! Il y a d'abord la beauté des paysages, la description du mode de vie de ces chasseurs-cueilleurs-pêcheurs. J'ai été aussi pris par l'incertitude ménagée par les conteurs (dans la première histoire, un vieil homme raconte, à l'image de notre guide pour le film... décidément, que de mises en abyme !). C'est de plus souvent drôle, à l'image de cette scène qui voit la file indienne des chasseurs s'arrêter subitement, à l'instigation du dernier. On se demande ce qu'il peut bien se passer. A-t-il perçu une menace ? Un conflit interne est-il sur le point d'éclater ? En fait, il se plaint des flatulences de l'un de ceux qui le précèdent (flatulences d'autant plus nauséabondes qu'elles sont discrètes, souligne-t-on au passage) ! On a aussi quelques "saillies" concernant le pénis qui peut plus ou moins devenir dur... Le sujet travaille beaucoup nos personnages puisque, lorsqu'ils entrent en contact avec un étranger, ils sont immédiatement méfiants du fait que celui-ci porte une sorte de pagne qui dissimule ses organes génitaux. Nos héros ne tardent pas à lui attribuer la volonté de dissimuler... ou pire, celle d'en avoir "une petite". Comment faire confiance à un tel personnage ?

  Au-delà de ces éléments, il reste un conte initiatique, sur ce qu'est la jeunesse, le devoir, sur la patience aussi et sur l'apprentissage de la vie.

16:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 04 avril 2007

Volem rien foutre al païs !

   Le titre parodie une revendication déjà ancienne : "vivre et travailler au pays (al païs)". Les facétieux auteurs de ce documentaire remplacent "travailler" par "rien foutre". Il ne faut pas croire pour autant que ce soit un hymne à la fainéantise absolue, fumage de joint et sédentarisation télévisuelle à la clé. Si tel était le cas, le film n'aurait rien de subversif.

   L'intérêt de ce documentaire est de montrer des exemples concrets de personnes qui parviennent, dans une certaine mesure, plus ou moins selon les personnes, à vivre en dehors du système. Il y a celui qui a coupé tout lien avec EDF (avec éolienne, solaire et toilettes sèches), celui qui fait rouler sa bagnole à l'hydrogène (au passage : saleté de lobby de la bagnole de merde, qui pompe notre pognon à coups d'assurance, d'essence, de TVA maximale sur l'achat d'un véhicule, j'en passe et des meilleures), les Espagnols qui chapardent...

   Le film n'est pas très bien construit, il est un peu bordélique. C'est dommage, mais c'est dans l'esprit des gens qui l'ont fait, je pense. La séquence qui se termine par un débat sur le chapardage est révélatrice des tendances à l'oeuvre dans cette mouvance : on a des intellos chiants un peu coupés des réalités des Français moyens, on a aussi des jeunes qui réfléchissent à ce qu'ils font (et un qui conteste le vol de nourriture dans la grande surface... mais personne ne cite Proudhon, ce qui aurait pu permettre d'élever le niveau du débat), des moins jeunes qui sont revenus de tout.

   Côté politique, Carles nous propose de petits moments comme il sait bien les préparer, avec les puissants de notre monde (Kessler, Alliot-Marie et consorts), gonflés de leur suffisance, soudain ridicules face à une question déstabilisante. La séquence du début, qui ressuscite Pompidou en apôtre précurseur du néo-libéralisme, est saisissante.

 

http://www.rienfoutre.org/

 

14:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mardi, 03 avril 2007

Le quatrième morceau de la femme coupée en trois

   Les trois autres morceaux sont sans doute le personnage principal, dont on voit bien qu'elle est incomplète, son compagnon (un mec pas dément, faut bien le dire) et leur fille (sale gosse !). On devine, au fur et à mesure que le film se déroule, que le quatrième morceau est la mère de l'héroïne.

   Elle est donc incomplète, pas sûre d'elle, angoissée, gaffeuse... attendrissante donc (et mignonne). Parfois, la réalisatrice-interprète principale en fait un peu trop et j'ai eu envie de lui coller des tartes. Au fil de ses (més)aventures, elle croise notamment un moniteur d'autoécole (Denis Podalydès bourru à souhait). C'est globalement drôle, surtout dans la première partie du film.

    La deuxième partie joue davantage sur la nostalgie. L'héroïne y est petite fille, dans la voiture conduite par sa mère. Il y a quelque chose de fort dans cette séquence, à la fois dans la restitution d'un souvenir cher, lié à l'enfance, et dans la situation particulière d'enfant de divorcés. Claire Borotra, qui joue la mère, est d'une vérité (et d'un charme... ouais j'ai craqué) étonnante.

http://www.lequatriememorceau-lefilm.com/site.html

17:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 02 avril 2007

Norway of life

  Selon le titre que l'on retient, l'accent n'est pas mis sur la même interprétation du film. Le titre d'exportation (en anglais) fait écho à la vie des Norvégiens. C'est un pays très développé, dont la richesse est en partie fondée sur les gisements d'hydrocarbures (et les exportations, qui rapportent un paquet de devises !). Le taux de chômage est très faible, autour de 4-5 %... comme aux Etats-Unis... sauf que cette richesse est bien répartie : la population bénéficie d'un excellent système de Sécurité Sociale. Mais, côté climat, ce n'est pas trop ça... et il règne une moralité peut-être un peu pesante, sans parler du conformisme ambiant. Résultat, on se bourre la gueule et le taux de suicide est élevé. Ce sont des éléments que l'on retrouve dans le film, adaptés à l'intrigue. On appréciera tout particulièrement la représentation de ces cadres préoccupés uniquement par l'équipement de la maison, en faisant l'affaire du siècle...

  Le titre original, Den Brysomme Mannen, signifie à peu près L'homme qui dérange. C'est notre héros. Un type normal a priori : encore jeune, pas vilain, avec un boulot qui lui assure une vie confortable. D'où vient le manque ? C'est tout l'objet du film, qui traite du sens de la vie (et de la mort).

  En disant cela, j'ai l'air d'annoncer une oeuvre quasi bressonienne. Noon ! C'est beaucoup plus drôle que cela (si vous appréciez l'humour "à froid", courez voir ce film !)... et parfois délicieusement gore ! Ah, les grilles sur lesquelles on s'empale ! Ah, le métro sous lequel on se fait traîner ! Aaaaah le doigt qu'on coupe ! Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Ce film louche en effet sur le roman d' Aldous Huxley. Cette société idéale en apparence semble obéir à des règles non écrites... que l'on fait respecter par l'action d'une drôle de police (composée de types en général baraqués, habillés selon la mode en vigueur sur Mars il y a quelques millions d'années et qui circulent dans une automobile assez ridicule, mais indubitablement électrique).

   Une partie de l'intérêt du film repose sur le mystère : où le héros arrive-t-il ? Ce n'est qu'à la fin qu'on en est certain (même si les moins endormis des spectateurs ont compris depuis belle lurette) : quand on voit où il finit, on déduit facilement quel était le lieu où il s'est trouvé précédemment.

   La musique renforce parfois le sentiment d'étrangeté : on a droit à du Peer Gynt (que voulez-vous, le héros est à la recherche du bonheur et il ne sait pas se contenter de ce qu'il a !) et à la reprise de certains morceaux utilisés dans In the mood for love, notamment lors de la scène du dîner romantique.

18:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma