dimanche, 11 septembre 2016
Infiltrator
Une histoire vraie, l'ambiance des années 1980, un jeune réalisateur déjà remarqué pour un film de genre (La Défense Lincoln) et une pléiade de bons acteurs : voilà les ingrédients de ce polar tendu comme un string trop serré.
De quoi s'agit-il ? De la traque d'un cartel de la drogue (pas n'importe lequel : celui du Colombien Pablo Escobar) par la police américaine. Comme le titre l'indique, pour démanteler le réseau (qui va du "patron" aux dealers, en passant par des banquiers, des entrepreneurs et des porte-flingue), deux policiers vont l'infiltrer. Ils forment un duo improbable, alliant l'eau et le feu. Bob Mazur (Bryan Cranston, vu récemment dans Dalton Trumbo) est un flic expérimenté, à l'ancienne... et attaché aux "valeurs" : il ne profite pas de ses missions pour se taper des prostituées et ne semble pas toucher à la drogue. Emir Abreu (John Leguizamo, acteur fétiche de Brad Furman... et connu pour être la voix américaine de Sid, dans L'Age de glace) est un chien fou, qu'on pourrait aisément confondre avec certaines des personnes qu'il poursuit.
La bonne surprise est que, dans ce qui aurait pu n'être qu'un énième "film de mecs", on ait travaillé les personnages féminins. Si l'épouse de Bob passe souvent au second plan, la nouvelle partenaire du policier va jouer un rôle déterminant dans l'intrigue. Elle est incarnée par Diane Kruger... qui m'a épaté. De manière générale, je suis agréablement surpris par l'éclectisme de cette actrice, qui joue aussi bien dans des grosses productions grand public (Troie, Benjamin Gates, Sans Identité) que dans films plus risqués (Lascars, Les Adieux à la reine, Maryland). Comme j'ai pu voir le film en version originale sous-titrée, à Rodez, j'ai pu constater qu'elle tient la dragée haute à ses collègues masculins.
Deux autres personnages féminins ont attiré mon attention : Gloria, l'épouse de l'un des associés d'Escobar, et Bonni Tischler, la directrice des opérations antidrogue, une femme à poigne qui a su s'imposer dans un monde encore très masculin à l'époque. La première est interprétée par Elena Ayana, que le public français a pu découvrir dans Mesrine, l'instinct de mort. Amy Ryan, qui joue la seconde, est plus connue. Elle a notamment été à l'affiche de Green Zone et de Birdman. Ici, on la voit mener à la baguette son petit monde de flics de terrain et de bureaucrates. Elle ne manie pas la langue de bois, adoptant parfois un langage très imagé. J'ai en mémoire le moment où elle s'adresse au héros (Bob), qu'elle accepte de soutenir dans son opération alambiquée. En descendant un escalier, elle lui demande de lui prouver qu'elle a "branlé la bonne bite" !
C'est d'ailleurs l'une des qualités de ce film (très écrit) : les dialogues, souvent percutants, mais qui tombent juste aussi dans les scènes de transition. Si l'on ajoute à cela une mise en scène rythmée et une musique entraînante, on arrive à un très bon divertissement, nourri d'une forte tension : même si l'on sait dès le départ que l'opération a réussi, on va découvrir petit à petit quels sont les dégâts collatéraux. Sans tomber dans le travers de nombre de films du même genre (qui cirent les pompes des mafieux), Infiltrator fait quand même comprendre que ce cartel, où sévissent majoritairement d'impitoyables ordures, est aussi composé d'êtres humains. Les policiers infiltrés vont les approcher d'un peu trop près...
... Et, pour une fois, c'est bon d'assister à un spectacle où ce sont les flics qui roulent les truands dans la farine, et pas l'inverse !
15:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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