jeudi, 25 mai 2017
L'affaire Richard Ferrand
La bombinette lâchée hier par Le Canard enchaîné a fait son petit effet. A un moment où une grande partie de l'électorat français compte sur Emmanuel Macron pour moraliser la vie politique de notre pays, l'affaire, pour peu importante qu'elle soit sur le plan financier, revêt une grande importance symbolique.
Commençons par la partie annexe de cette affaire : l'emploi du fils comme assistant parlementaire. Cela a parfois été mis sur le même plan que les agissements de François Fillon. Comparons les deux cas. Richard Ferrand a trois enfants prénommés Emile, Louise et Rose. D'après Le Canard enchaîné, le premier a fait office d'assistant parlementaire pendant quelques mois, en 2014, pour un salaire brut total inférieur à 9000 euros.
On a plus de détails sur le site Francetvinfo : le fiston a travaillé quatre mois pour son père et a touché au total moins de 7000 euros nets. Cela ressemble à un salaire réel, même si (restons soupçonneux jusqu'au bout) il conviendrait de vérifier que le fils du député a bien effectué ce pour quoi il était payé. A titre de comparaison, rappelons que, d'après Le Canard enchaîné du 1er février dernier, celui qui était entre 2005 et 2007 sénateur de la Sarthe a employé sa fille aînée Marie pendant 15 mois et son fils cadet Charles pendant presque 6, le tout pour un travail dont la réalité est contestée. De surcroît, ces rejetons ont été extrêmement bien payés (mieux que la plupart des assistants chevronnés). La fille a touché au total presque 60 000 euros (bruts), le fils un peu plus de 25 000. C'est surtout cette somme que l'on peut comparer aux émoluments d'Emile Ferrand : pour un travail (présumé) équivalent, il a touché presque trois fois moins.
Il reste que, de la part d'une personne qui, par la suite, a condamné les pratiques de François Fillon, cela fait un peu tache. Ceci dit, il n'est pas impossible que l'excuse avancée par Ferrand soit parfaitement juste : en raison d'un surcroît de travail à sa permanence, il a eu un besoin urgent de main-d'oeuvre supplémentaire, une main-d'oeuvre en laquelle il puisse avoir entièrement confiance. Le fait qu'à l'époque son fils de 23 ans fût sans emploi a peut-être fait pencher la balance...
En tout cas, c'est une raison plus vraisemblable -et moins méprisante- que celle avancée par un membre du cabinet du ministre. Fort heureusement, dès hier, Richard Ferrand a condamné ces propos sur son blog. Je pense que, si cette déclaration a bien eu lieu dans les termes rapportés par Francetv, il faut que son auteur soit sanctionné. De la part de celui-ci, ce n'était peut-être que de la maladresse (due à la nécessité de trouver une réponse rapide à une question imprévue)... ou bien, à l'image de ce que l'on reproche parfois aux militants d'En Marche ! (souvent diplômés voire très diplômés), la nouvelle manifestation d'une sorte de complexe de supériorité.
Le point positif de l'histoire est qu'elle pourrait contribuer à faire inscrire dans la (future) loi l'interdiction, pour un-e parlementaire, d'employer un proche comme assistant.
Le deuxième versant de l'affaire Ferrand touche sa compagne avocate. C'est celui qui prête le plus à polémique. Sur le fond, il n'est pas surprenant qu'une mutuelle décide de passer par une SCI pour louer un local qu'elle ne souhaite pas acheter. C'est une procédure courante dans plusieurs branches de l'économie. Ma curiosité a été piquée quand j'ai appris que la SCI liée à la compagne de Richard Ferrand avait été fondée après que le marché lui avait été attribué. Aux profanes, cela apparaîtra totalement invraisemblable, mais, dans ce secteur, ce n'est pas une pratique exceptionnelle. Il reste que la SCI SACA devait avoir bouclé au préalable son plan de financement. Pour en être sûr, il faudrait consulter son dossier de candidature (de 2010-2011) auprès des Mutuelles de Bretagne.
Un autre point surprenant (relevé par Le Canard) est l'actionnariat de la SCI : 99 % des parts détenues par la compagne de R. Ferrand, 1 % par... un Aveyronnais (Serge C, un architecte, je crois). Au vu de la répartition du capital, il semble que cet ami du couple n'était là que pour "faire le deuxième". S'il s'avère que le conseil d'administration des Mutuelles de Bretagne était bien informé de l'implication de l'épouse dans la SCI, il semble que la ventilation du capital lui était inconnue : dans un reportage de France 3 Bretagne, l'actuel président du conseil d'administration, Rémy Salaun (par ailleurs militant communiste, donc pas suspect de macronphilie exacerbée) déclare "Il nous avait annoncé que sa femme détenait des parts dans cette SCI"... mais pas 99 %, visiblement. Cerise sur le gâteau (toujours selon Le Canard enchaîné), l'ami aveyronnais aurait revendu sa part de Saca à... l'une des filles (Louise) du couple Doucen-Ferrand. Bien que tout ait été fait dans les règles, il y a de quoi tiquer : on serait tenté de penser que l'ami aveyronnais a joué le rôle de facilitateur dans une combine légale.
Quelques mots sur l'exploitation de l'affaire, pour terminer. Quelques personnes mal informées ou mal intentionnées tentent d'exploiter les déboires du ministre. C'est ainsi qu'apparaissent des déformations : ce ne serait pas un membre du cabinet, mais Richard Ferrand lui-même, qui aurait tenu les propos méprisants sur les jeunes de Bretagne. Autre invention : l'actuel ministre aurait "fait acheter" aux Mutuelles de Bretagne le bien de sa compagne. Or, il n'avait pas voix au chapitre. Ce sont d'autres personnes que lui qui ont procédé au choix, en 2011. La vraie question qui demeure (à supposer qu'il y ait un doute) est la suivante : en 2011, la compétition a-t-elle été juste entre les trois offres ? (Ou, si vous préférez : l'offre de la Saca a-t-elle été la "mieux-disante" sans avoir accès à celles de ses concurrents ?)
P.S.
Ici ou là, on peut lire divers propos à propos de l'opportunité de la publication des détails de l'affaire. Certains affirment que Le Canard enchaîné était au courant depuis plusieurs mois et que, dans un premier temps, la rédaction a décidé de mettre le paquet contre François Fillon puis de ne pas gêner la candidature Macron contre Le Pen. Par contre, l'hebdomadaire penchant tout de même plutôt à gauche, il chercherait à mettre des bâtons dans les roues du nouvel exécutif, pour empêcher La République en marche d'obtenir seule la majorité absolue des députés.
L'autre hypothèse est que des langues ne se sont déliées que récemment (après la nomination de Richard Ferrand dans le gouvernement Philippe) et que Le Canard utilise cette histoire pour faire comprendre au nouveau pouvoir que, s'il a dézingué certains de ses adversaires, il ne va pas le faire bénéficier d'un traitement de faveur pour autant.
14:35 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, macron, legislatives 2017, actualité, presse, médias, france, emmanuel macron
dimanche, 21 mai 2017
La Belle et la Bête
Disney nous offre une nouvelle lecture du célèbre conte, avec, cette fois-ci, des personnages réels... et quantité d'effets numériques. Je laisse à chacun le loisir de comparer l'intrigue avec l'une des plus anciennes versions du conte (qui diffère quelque peu).
Que dire ? D'abord, que les images sont superbes. C'est de la belle enluminure (je recommande les paysages), avec des incrustations numériques qui doivent "donner" en version 3D. J'ai adoré tous ces personnages formés à partir d'objets animés (qui sont en fait d'anciens humains, victimes comme la Bête de la malédiction). C'est à ces personnages que l'on doit d'ailleurs les quelques moments d'humour.
Du côté des humains, c'est bien joué, avec la dose d'extravagance qui sied à ce genre d'histoire. Luke Evans (vu récemment dans High Rise et La Fille du train) incarne avec talent le méchant de l'histoire, un beauf bravache et sans scrupule, qui arrive à embobiner la plupart des habitants du village... mais pas ma Choupinette ! Hermione Granger Emma Watson poursuit sa carrière cinématographique, moins d'un an après l'intéressant Colonia. Ce rôle de fille modèle, serviable, attachée à son père (et à la lecture), lui va comme un gant. Face à elle, Dan Stevens est plus convaincant en Bête qu'en homme normal. Au détour d'une scène, on peut aussi remarquer la présence de tel ou tel acteur connu (comme Emma Thompson ou Ian McKellen, déjà à l'affiche du précédent film de Bill Condon, Mr Holmes).
Les acteurs secondaires, qui interprètent les villageois, sont utilisés pour dénoncer l'intolérance et la beauferie dont sont capables les humains. Car, aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, cette production (très) grand public contient pas mal de messages. Il y est question d'amour, de la famille, du respect, de la tolérance, de la place des femmes (eh oui !) et aussi de la lecture. L'héroïne aime se plonger dans les pièces de Shakespeare. Son séjour forcé au château de la Bête va lui faire découvrir une fabuleuse bibliothèque... et des points communs avec son geôlier.
L'ensemble serait presque parfait si l'action n'était pas entrecoupée d'imbitables chansons niaiseuses... en français de surcroît, puisque je n'ai eu accès qu'à la version doublée du film. On m'a donc privé de la voix de Choupinette ! Shocking ! Pour me consoler, j'ai eu le plaisir de la voir surmonter toutes les difficultés, la dernière étant l'assaut du château, au cours duquel la vie de la Bête est en danger.
Les chansons mises à part, c'est un très bon divertissement familial.
00:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, fims
vendredi, 19 mai 2017
Alien : Covenant
Cinq ans après Prometheus, Ridley Scott nous ressert une tranche de prequel d'Alien. L'action se déroule une vingtaine d'années plus tard. La scène du début nous présente l'androïde David (Michael Fassbender, l'un des rares à sauver dans une distribution médiocre), celui qui a participé à la mission précédente. Si le décor est soigné, la scène est prétentieuse, mal dialoguée.
La suite est un peu à cette image. On découvre, après un petit bond dans le temps, une nouvelle expédition spatiale, celle-ci à but colonial. Les images sont magnifiques. On pense à 2001, L'Odyssée de l'espace, à Mission to Mars ou encore à Passengers. Évidemment, un incident va faire déraper le projet d'origine, pour conduire nos héros à leur funeste destin.
A partir de là, cela devient prévisible de chez prévisible. C'est encore pire que dans Prometheus. On sent tout venir à des kilomètres. Certaines scènes m'ont semblé calquées sur celles des précédents films. De surcroît, ces militaires et scientifiques chevronnés, censés avoir été préparés à la mission, se transforment en chochottes avec une incroyable facilité. On pourrait aussi parler des invraisemblances scénaristiques, qui facilitent le déroulement des péripéties. Seuls surnagent les deux androïdes, faux jumeaux et tellement proches des humains... jusqu'à leurs défauts. L'autre personnage remarquable est Daniels (Katherine Waterston)... un clone d'Ellen Ripley.
Il n'y a que deux moments qui m'ont paru emballants : le combat sur le vaisseau au décollage, très rythmé, et le rêve de David, qui, visuellement, nous replonge dans l'univers des "ingénieurs" découverts dans Prometheus. Il se murmure que l'on reverrait ceux-ci dans le prochain opus. J'espère qu'il fera preuve d'un peu plus d'imagination, parce que là, le recyclage de boîtes de conserve donne au film un arrière-goût déplaisant.
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dimanche, 14 mai 2017
Braquage à l'ancienne
L'un des nouveaux chouchous de Hollywood, Zach Braff, pilote cette nouvelle version de Going in style, sur un scénario de Theodore Melfi (qui a récemment réalisé Les Figures de l'ombre). Comme il s'appuie principalement sur une distribution d'octogénaires (Morgan Freeman, Michael Caine, Alan Arkin et même Christopher Lloyd), j'ai eu peur, dans un premier temps, qu'il s'agisse d'une nouvelle comédie vulgaire, où viennent cachetonner d'anciennes gloires qui n'arrivent pas à décrocher. Bref, un Last Vegas bis.
Le début m'a rassuré. C'est emballant et drôle, avec notamment la première attaque de banque, au cours de laquelle on découvre l'un des savoureux seconds rôles de l'histoire, l'employé Chuck Lofton, bien interprété par Josh Pais.
Notons que le fond de l'intrigue se veut contestataire. Nos trois héros sont d'anciens ouvriers, dont les retraites complémentaires (vitales aux Etats-Unis, où le gouvernement fédéral n'assure que le minimum vieillesse) vont être "sucrées" par leur ancien employeur qui déménage avec armes et bagages au Vietnam. Ajoutez à cela que l'un d'entre eux a souscrit un emprunt à taux variable auprès de la banque qui va récupérer les actifs financiers de l'entreprise... et que ladite banque n'est pas très honnête avec ses clients.
Là, je sens que le public militant risque de s'enthousiasmer pour cette histoire, dans laquelle nos amis mélenchonistes verront une illustration du capitalisme sans foi ni loi, tandis que nos voisins trumpo-lepénistes applaudiront à la dénonciation du "système" qui oppresse les travailleurs modestes. Un indice pour trancher entre les deux options : soyez attentifs aux relations interethniques.
Quant aux spectateurs lambda, ils sont priés de fermer les yeux sur quelques grosses ficelles pour savourer des moments de comédie réussis. Le trio infernal va s'attaquer à une supérette, avant de songer à recourir au coaching d'un vrai truand. Evidemment, le jour dit, le braquage ne va pas se dérouler comme prévu. C'est l'occasion de revoir l'un des personnages secondaires du début, le policier du FBI incarné par Matt Dillon, qui va tenter de ne pas se faire rouler dans la farine par les papys braqueurs. Après coup, on découvre comment ceux-ci se sont forgé des alibis en béton.
Voilà. On passe un agréable moment en compagnie de visages familiers. C'est hyper-balisé mais globalement bien joué.
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samedi, 13 mai 2017
L'Opéra
Ce documentaire est signé Jean-Stéphane Bron, auquel on doit L'Expérience Blocher et surtout Cleveland contre Wall Street. Il est consacré à l'Opéra de Paris, une institution française s'étendant sur deux sites (Garnier et Bastille) et développant deux activités principales : la représentation lyrique et le ballet. C'est cet ensemble qui fait l'objet du film, toutefois davantage porté sur la partie opéra, durant la saison 2015-2016.
Le début est un hommage à Paris, vue du dernier étage. Au premier plan est érigé un drapeau français. Au loin, on distingue l'église Notre-Dame, la Tour Eiffel et les immeubles du quartier de la Défense. C'est le repaire du directeur de l'établissement, Stéphane Lissner, qu'on saisit en pleine réunion. Le montage est habile : les propos tenus sont entrecoupés de fulgurances musicales, qui soulignent ce qui est dit ou viennent parfois en contrepoint. Dès le début, on sent qu'on a affaire à quelqu'un qui connaît son sujet.
C'est d'ailleurs une constante dans le film. Bron manifeste un incontestable savoir-faire dans le choix de ses cadres. Le travail des différentes catégories de personnel est correctement mis en scène, avec une grande variété de plans. Je trouve par exemple que les coulisses sont très bien filmées, en interne ou pour montrer ce qui se passe sur la scène.
Bien entendu, on entend du chant et de la musique. Du côté vocal, je garantis que, même en répétition, les artistes sont impressionnants. (La qualité du son est très bonne.) Notons que l'on voit et entend surtout des hommes, l'un d'entre eux, Mikhail Timoshenko, un Russe de 21 ans issu d'une bourgade du sud de l'Oural, bénéficiant de la couverture la plus étendue. Avec sa gueule d'ange, sa voix d'or et sa simplicité, gageons que c'est une future star de l'art lyrique. Comparée aux figures masculines, très positives, la seule grande chanteuse qui nous est présentée est limite antipathique. Elle se la joue diva. Certes, elle est belle et, quand on l'entend, on comprend tout de suite qu'elle a du talent. Mais on perçoit assez rapidement son narcissisme (à travers sa dépendance au téléphone portable) et son comportement un peu méprisant avec le "petit personnel".
Celui-ci est mis en valeur par le réalisateur. On découvre les coiffeuses, les maquilleuses, les costumières (tardivement toutefois). On suit davantage les assistantes, au service des vedettes, discrètes, efficaces... et un peu mélomanes. Bien que le film dure 1h50, on n'a pas le temps de voir en détail toutes les corporations au travail, mais on a quand même un aperçu assez complet de la machinerie d'un opéra... en fait de plusieurs (contrairement à un autre documentaire, Traviata et nous, centré sur la préparation d'une seule oeuvre). Les extraits de représentation qui nous sont proposés permettent de se faire une idée de l'éclectisme de la programmation, qui, cette année-là, proposait aussi bien une relecture contemporaine de Moïse et Aaron qu'une nouvelle adaptation, haute en couleurs, des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
Un détail cocasse semble avoir marqué J-S Bron : l'utilisation d'un vrai taureau comme figurant, sur scène, suscitant beaucoup d'inquiétude parmi la troupe. Signalons que ce "rôle" particulier a fait l'objet d'un casting, l'un des prétendants portant un nom de bon augure : "Fiasco" ! Pour la petite histoire, sachez que lauréat a pour identité "Easy Rider". Il a été davantage bichonné qu'un caniche chez le toiletteur ! Et quelle magnifique paire de couilles !
Le hasard a voulu que la saison 2015-2016 soit particulièrement mouvementée. On perçoit les échos des massacres de Paris de novembre 2015 et des mouvements sociaux de 2016. Des tensions agitent le personnel, qu'on sent divisé mais représenté par des syndicats puissants. En simplifiant à l'extrême, il semblerait que les chanteurs-vedettes et les membres de l'orchestre (dirigé par le charismatique Philippe Jordan) soient des adeptes de l'art pour l'art, pour qui jouer/chanter est plus important que tout, alors que du côté du choeur et du ballet, on soit plus sensible à ce qu'il se passe de l'autre côté des murs.
Cela m'amène à l'un de mes regrets : la faible présence à l'écran des ballerines et danseuses-étoiles. On les voit un petit peu au début puis, par fragrances, par la suite. A chaque fois, je suis touché par la grâce qui émane de leurs mouvements. Le réalisateur prend aussi soin de nous montrer le revers de la médaille : les pieds déformés d'une danseuse et l'épuisement d'une autre, juste après une scène. Il est aussi possible que les conflits qui ont agité la composante ballet de l'opéra aient perturbé la réalisation du documentaire. Sans être du sérail, on comprend que les relations entre l'enfant chéri des médias Benjamin Millepied (Monsieur Portman au civil) et la troupe de danseurs ont été houleuses.
Mais tout cela nous fait rester dans un monde assez élitiste, un entre-soi encouragé par le prix élevé des places (aucun opéra à moins de 160 euros, à l'époque !). On voit la direction réfléchir au nécessaire élargissement du public, alors que, dans le même temps, l'Etat impose des compressions de personnel. Cela nous mène à une expérience intéressante, une classe "école et opéra", composée d'élèves du primaire appartenant tous aux "minorités visibles". (Au passage, il faudrait faire comprendre aux élites bien-pensantes que les descendants d'immigrés ne constituent pas le seul public exclu de la culture classique...) On est attendri en suivant ces bouilles enfantines presque gênées de manipuler des instruments d'une valeur faramineuse. Par contre, je déconseille l'audition de la production finale (un concert devant les familles) : ça fait mal aux oreilles ! (Pour une belle interprétation du deuxième mouvement de la septième symphonie de Beethoven, voir ici.)
14:18 Publié dans Cinéma, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 12 mai 2017
Outsider
Un peu par hasard (et parce que le cinéma de Rodez le propose aussi bien en version originale sous-titrée qu'en version doublée), je suis allé voir ce drôle de film, une sorte de biopic d'entrée de gamme sur l'un des plus méconnus des types très connus, Chuck Wepner.
Ce boxeur poids-lourd a connu son heure de gloire dans les années 1970. A l'époque, il était le seul Blanc bien classé dans sa catégorie... et il a failli mettre au tapis Cassius Clay Mohamed Ali, qui venait pourtant de regagner son titre après un combat mythique contre George Foreman. Son parcours a d'ailleurs inspiré le personnage de Rocky à Sylvester Stallone.
Le grand intérêt de ce film est de montrer l'envers de la légende. L'histoire de Rocky (la fictive) est une énième version du "Rêve américain", avec une fin heureuse. Celle de Chuck Wepner illustre la fragilité du succès. Elle ne cache pas les (nombreux) défauts de son héros, qui a rapidement sombré dans l'alcool, la drogue et les femmes vénales. Liev Schreiber excelle à incarner ce pauvre type pas très futé. Dans cette entreprise, il est (efficacement) épaulé par des seconds rôles de luxe : Elisabeth Moss (High-Rise, Truth), Naomi Watts (épatante en tenancière de bar) et Ron Perlman (l'inoubliable Salvatore du Nom de la rose).
D'un point de vue filmique, on s'est efforcé de reconstituer l'ambiance des années 1970... avec la musique d'époque. Chouette ! Quant aux combats de boxe, ils sont très correctement mis en scène, de manière sobre et réaliste.
Certaines mauvaises langues ont beau parler d'un "Raging Bull du pauvre", ce film n'en mérite pas moins le détour, ne serait-ce que pour mieux comprendre la saga des Rocky.
P.S.
Des fans ont créé une page Facebook en l'honneur de Chuck Wepner !
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mercredi, 10 mai 2017
Macron envoie val(l)ser Manuel
L'ancien Premier ministre de François Hollande a essuyé un refus poli de la part de "La République en marche", le nouveau parti d'Emmanuel Macron. Visiblement, celui-ci ne souhaite pas qu'il porte ses couleurs à l'occasion des prochaines élections législatives. Curieux, alors que, durant la campagne présidentielle, Manuel Valls avait fait comprendre à plusieurs reprises qu'il penchait davantage du côté d'Emmanuel Macron que de celui de Benoît Hamon, le vainqueur de la primaire à gauche qu'il s'était pourtant engagé à soutenir. C'est de plus un tenant de la ligne sociale-libérale, susceptible de fédérer un bon paquet d'élus PS désireux de soutenir l'action politique du nouveau président de la République.
Mais voilà. Aujourd'hui, à gauche, Manuel Valls a l'image du traître qui lui colle à la peau (comme Nicolas Sarkozy en son temps, lorsqu'il avait laissé tomber Jacques Chirac pour Edouard Balladur). De surcroît, il porte sur ses épaules une partie du bilan du quinquennat Hollande. Pour Emmanuel Macron, qui tente d'éviter de passer pour l'héritier de celui-ci et qui ambitionne de changer la façon de faire de la politique, accepter l'allégeance de l'ancien Premier ministre serait contre-productif... pour l'instant. A gauche, certains ajoutent que Macron, c'est Valls en mieux et que ce dernier a été quelque peu ringardisé par l'ascension du premier.
Et puis, parfois, le diable se niche dans les détails. Manuel Valls n'est-il pas quelque peu "démonétisé", sur le plan politique ? Si, dans son département d'implantation (l'Essonne), Emmanuel Macron est bien arrivé en tête au premier tour (et l'a très largement emporté au second), tel n'est pas le cas dans la première circonscription législative, celle du député Manuel Valls. Les 26-27 avril derniers, Le Monde a publié une passionnante carte, progressivement enrichie, des résultats du premier tour de la présidentielle appliqués aux circonscriptions législatives. En voici un extrait :
J'ai entouré la première circonscription, qui apparaît en rouge rosé, signe que c'est le candidat Mélenchon qui est arrivé en tête, avec 25 à 30 % des suffrages exprimés. Le losange indique qu'il y a risque de quadrangulaire, avec En marche, le FN et LR. Le PS serait largué. Ça, c'est dans la version papier de l'article. Dans la version numérique, la supposition est autre :
Les auteurs voient plutôt un duel (au second tour de la législative) entre le candidat mélenchoniste et celui de "La République en marche", les deux autres ne pouvant se maintenir. A posteriori, cela permet de comprendre pourquoi Manuel Valls met un tel acharnement à se présenter sous les couleurs macronistes plutôt que sous celles du PS. D'un autre côté, on comprend pourquoi "La République en marche" voit la candidature Valls presque comme une gêne.
Pour le confirmer, intéressons-nous aux résultats de la présidentielle dans la commune d'Evry, dont l'ancien Premier ministre fut maire pendant onze ans. Au second tour, sans surprise, ce fut un triomphe pour Emmanuel Macron. Mais au premier, c'est Jean-Luc Mélenchon qui était (largement) arrivé en tête, devant Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon, Benoît Hamon étant distancé. Au niveau des inscrits, seuls les deux premiers dépassent les 12,5 %, le seuil pour se maintenir au second tour. Etendue à l'ensemble de la circonscription (qui comprend aussi Corbeil-Essonnes, au profil identique), l'analyse permet d'arriver à la conclusion qu'un candidat "insoumis" pourrait être en mesure de damner le pion à Manuel Valls en juin prochain... surtout si celui-ci n'a pas le soutien du nouveau président de la République. En revanche, un candidat estampillé "La République en marche" moins clivant peut espérer l'emporter au second tour contre le mélenchoniste, grâce aux reports de voix.
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samedi, 06 mai 2017
Citoyen d'honneur
Ce citoyen est Daniel Mantovani, un écrivain argentin (fictif), qui vient d'obtenir le prix Nobel de littérature. S'il a puisé son inspiration dans son enfance et sa jeunesse, passées dans un bourg argentin, il vit depuis des années en Europe, principalement à Barcelone, dans une somptueuse demeure. Il est sollicité de partout, mais s'inquiète surtout de son incapacité à se remettre au travail. Moitié pour échapper aux sollicitations, moitié par curiosité, il finit par accepter la proposition du maire de son village natal, qui veut le faire citoyen d'honneur, à l'issue de quatre jours de manifestations.
Dans la première partie du séjour argentin du héros (parfaitement incarné par Oscar Martinez, qu'on a vu dans Les Nouveaux Sauvages), c'est le ton de la comédie qui domine. Le chauffeur qui vient chercher le grrrand écrivain à l'aéroport est assez limité sur le plan intellectuel (un peu à l'image des habitants du village) et Daniel réalise qu'en dépit des efforts fournis par ses hôtes, il va devoir supporter durant quelques jours des conditions de vie auxquelles il n'est plus habitué. (Soyez attentifs aux usages qui sont faits des pages d'un roman...)
Le héros va revoir son premier amour et un ancien ami. Il va croiser les enfants de ceux qu'il a connus jadis... et faire de nouvelles rencontres, plus ou moins enthousiasmantes. C'est souvent bien vu, cocasse, pas très gentil pour les habitants de cette région reculée. L'écrivain, qui incarne le savoir, la culture, a le beau rôle.
Mais, petit à petit, le voile se lève. Comme Daniel s'est beaucoup inspiré de ses souvenirs du village pour écrire ses romans, les habitants qui ont lu ceux-ci n'ont pas toujours apprécié de s'y retrouver, même sous la forme de personnages retouchés. Et puis le fossé culturel qui sépare même les élites locales (pleines de bonne volonté mais assez conservatrices) du littérateur mondialisé (qu'on sent plutôt de gauche... enfin d'une gauche "caviar") apparaît de plus en plus béant. Jusqu'où les apparences vont-elles craquer ?
L'ensemble forme une très bonne satire à la fois du milieu littéraire et (surtout) du monde provincial. Dans ce village, l'alcool coule à flots, on ne se déplace quasiment qu'en voiture (la plus grosse possible), les femmes n'ont pas trop voix au chapitre et les hommes portent des armes. Du coup, l'intrigue subit une inflexion qui la tire vers le thriller... mais un thriller sud-américain parodique ! Les seconds rôles sont excellemment interprétés par des acteurs qui rendent totalement crédible une jolie bande de dingos !
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vendredi, 05 mai 2017
Voyage of Time
Dans son documentaire d'1h30, le cinéaste Terrence Malick ambitionne de nous raconter l'histoire de la vie sur Terre... et son sens. Pour ce faire, il s'est appuyé sur de nombreuses images de synthèse et des extraits d'autres oeuvres (j'ai reconnu au moins un passage d'Océans, de Jacques Perrin). Précisons tout de suite que le commentaire elliptique lu par Cate Blanchett n'est d'aucun intérêt.
Le début évoque le big bang. Ne vous imaginez pas un feu d'artifice hyper-bruyant. Cela n'empêche pas les images d'être superbes. Elles introduisent les spectateurs dans le monde philosophique du réalisateur, à cheval entre animisme et panthéisme. A l'écran, il semble qu'on a volontairement fait prendre des formes vivantes à certains phénomènes astronomiques. J'ai ainsi en tête des explosions gigantesques formant comme des yeux... une scène à laquelle répond plus tard, de manière inversée, ce (superbe) très gros plan de l'oeil d'un reptile, dans lequel se reflète le ciel.
On retrouve à plusieurs reprises cette volonté de relier les phénomènes naturels à des êtres vivants. Là, je pense à ces éruptions volcaniques sous-marines (sans doute tournées au niveau d'une dorsale océanique) ou encore à une coulée de lave finissante, aux reflets argentés, qui prend la forme d'un animal mourant couché sur le flanc.
Pour les amateurs de documentaires nombre de ces images auront un goût de déjà-vu. Ceci dit, dans une grande salle, avec de la bonne musique classique en fond sonore, c'est assez chouette. L'apparition de la vie sur Terre nous conduit à des passages obligés, d'abord sous la mer, puis sur le sol, des poissons aux dinosaures, en passant par le dipneuste et les baleines. Celles-ci sont vraiment majestueuses, très lentes comparées à l'otarie facétieuse.
Les mammifères constituent l'aboutissement de cette évolution. Dans sa partie chronologique, le film s'arrête aux hommes préhistoriques, présentés de manière succincte. Mais la trame du documentaire est entrecoupée de petites séquences contemporaines, d'une moins grande qualité filmique, mais porteuses de sens. D'un côté, Malick semble avoir voulu montrer la dignité de gens simples, comme cette femme au cimetière ou cette grand-mère (sans doute française) qui emmène ses cochons paître dans les prés. D'un autre côté, on sent la désolation du réalisateur devant la violence et la bêtise dont homo sapiens est parfois capable. Des bovins martyrisés aux sans-domicile abandonnés, l'auteur pointe certaines des imperfections des sociétés humaines, qui sont pourtant les héritières d'une évolution extrêmement longue, qui a mis en jeu des forces colossales.
Dit comme cela, je donne peut-être l'impression d'avoir été passionné par ce film. En réalité non. Il est très inégal, comportant des moments magiques comme d'autres ennuyeux. (J'ai d'ailleurs piqué du nez une fois ou deux.) Le commentaire n'étant d'aucune utilité, c'est aux spectateurs de faire l'effort de réflexion pour trouver le sens que Malick a donné à son montage. Vous voilà prévenus !
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jeudi, 04 mai 2017
The Young Lady
Cet étonnant film mélange chronique de l'Angleterre rurale victorienne et drame shakespearien (son titre anglais est Lady Macbeth). Dès le début, l'ambiance est plantée, quelque part entre les romans de Balzac et Les Hauts de Hurlevent. Katherine, une jeune (ravissante) oie blanche, est "offerte" en mariage à un homme beaucoup plus âgé qu'elle, qui vit lui-même sous l'autorité d'un père autoritaire. La nouvelle épouse, qui dispose de serviteurs, est confinée dans les bâtiments du manoir, alors qu'elle rêve de se perdre dans la lande voisine.
La mise en scène, rigoureuse, minutieuse, nous fait sentir le poids de la domination qui s'exerce sur la jeune femme, ainsi que sur les serviteurs, avec lesquels elle commence d'ailleurs à prendre de l'assurance. C'est le moment de signaler l'excellente composition de deux actrices, Florence Pugh (stupéfiante dans le rôle de Katherine) et Naomi Ackie (excellente dans la peau d'une servante).
La jeune épouse va profiter de l'absence conjuguée des deux maîtres de maison pour sortir de sa coquille. Elle se risque enfin à l'extérieur... et va découvrir des plaisirs auxquels son mari a été incapable de l'initier. Et voilà que ce qui n'était qu'une chronique sociale bascule dans la passion froide. La mise en scène s'adapte parfaitement à ce changement... et tend à nous montrer que ce qui apparaît, dans un premier temps, comme une libération, pourrait se révéler tout aussi étouffant que la domination initiale.
De victime, l'héroïne Katherine va se muer en prédatrice, brisant un à un une série de tabous que je laisse à chacun le plaisir de découvrir. Je peux juste vous dire que l'une des scènes de la seconde partie, pourtant allusive, a choqué certains spectateurs de la salle où je me trouvais.
Si vous aimez de temps à autre prendre une bonne claque au cinéma, ruez-vous sur ce film, brillant écrin pour une grande actrice en devenir.
23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 03 mai 2017
Les Figures de l'ombre
Ce film est enfin arrivé à Rodez et il est disponible aussi bien en version originale qu'en version doublée. Il décrit le parcours de trois femmes hors du commun, qui ont su s'imposer dans le monde de la recherche spatiale des années 1960. Un monde très masculin... et quasi exclusivement blanc, alors que les héroïnes sont "colored" :
De gauche à droite on a d'abord Dorothy Vaughn (Octavia Spencer encore une fois excellente, tout comme dans Get on up et La Couleur des sentiments), la mieux placée au début de l'histoire, mais qui se heurte au double plafond de verre, qui bloque la progression de carrière des femmes et des Noirs.
Au centre se trouve la plus brillante du groupe, Katherine Johnson, mathématicienne experte, incarnée avec talent par Taraji P. Henson, remarquée notamment dans la série Person of interest. A droite se trouve la beauté du groupe, Mary Jackson (Janelle Monae, pétulante), qui ambitionne de devenir ingénieure.
Dès le début, on est cueilli par une superbe scène "vintage" montrant la jeune Katherine épatant ses camarades et son professeur de mathématiques, alors qu'elle est haute comme trois pommes. On la retrouve des années plus tard, en compagnie des deux autres héroïnes, dans une voiture qui tombe en panne sur la route des bureaux de la Nasa. Là se déroule l'un des moments d'anthologie du film, avec l'arrivée d'un policier blanc redneck. On est en Virginie, au début des années 1960. On sent immédiatement que la situation pourrait déraper. Le réalisateur (Theodore Melfi) retourne la scène avec habileté... et un incontestable sens du comique.
C'est la marque de fabrique de ce film. Il aborde des questions graves (la misogynie, la ségrégation) sur un ton volontiers caustique. Cela culmine dans l'utilisation des toilettes : rien n'a été prévu pour la nouvelle calculatrice noire du centre névralgique, ce qui contraint l'héroïne à pratiquer une épuisante gymnastique.
De leur côté, les hommes, blancs comme noirs, en prennent pour leur grade. Chez les Noirs, le réalisateur pointe un comportement patriarcal, mais susceptible d'évoluer. (On est à Hollywood, man !) Chez les Blancs, les racistes crétins font pâle (!) figure à côté des gentils pleins de charme, représentés par le débonnaire Kevin Costner (le directeur du centre de recherche) et le souriant Glen Powell (chargé d'incarner une des légendes américaines, John Glenn).
On peut aussi signaler la performance de Kirsten Dunst, dans un rôle un peu ingrat.
Signalons toutefois qu'au niveau de la lutte pour les droits civiques, le film reste très allusif. D'abord parce que l'accent est mis sur des membres de la bourgeoisie noire, qui veulent s'intégrer à l'élite américaine. Ensuite parce que le réalisateur se place clairement du côté de Martin Luther King, égratignant à l'occasion les partisans de méthodes revendicatives plus violentes.
Quoi qu'il en soit, si l'on ajoute à cette narration maîtrisée la qualité de la photographie et une bande-son entraînante, on obtient un très bon divertissement, de surcroît intelligent. L'atmosphère de la Guerre froide tout comme le contexte de la ségrégation sont très bien restitués... et c'est un film féministe, dans le meilleur sens du terme.
16:53 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
lundi, 01 mai 2017
Ils ne savaient pas que c'était une guerre
Ce documentaire, d'abord destiné à la télévision, circule en salles depuis un peu plus d'un mois. Il est consacré aux jeunes Français qui ont effectué leur service militaire en Algérie, pendant la guerre (entre 1954 et 1962). L'auteur a rencontré une quinzaine de papys, qu'il a interrogés devant la caméra, dans un ancien cinéma. Les entretiens sont entrecoupés d'images d'époque.
A priori, je suis client de ce genre de film, m'étant intéressé (pour des raisons familiales) à la guerre d'Algérie. C'est bien là le problème. Quand on a lu et vu pas mal de choses sur le sujet, en particulier La Guerre sans nom, l'excellent documentaire de Patrick Rotman et Bertrand Tavernier (sorti il y a plus de vingt ans), on n'apprend pas grand chose.
Néanmoins, le film n'est pas désagréable à suivre. Il est organisé selon une forme chronologique. On part de la métropole, où la population civile ignore grosso modo ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée. On suit ensuite les appelés du contingent dans leur formation puis dans leurs débuts en Algérie (voyage compris). C'est là que les questions sensibles sont évoquées : les relations avec les "indigènes", la violence, la torture. Le parcours s'achève par les conséquences du cessez-le-feu officiel et leur retour en métropole.
Pour un public qui ne connaît pas grand chose à ce conflit, c'est une première approche pas déshonorante, mais pas enthousiasmante. L'image n'est de plus pas de grande qualité. Mais les 52 minutes passent assez vite.
P.S.
Le site internet dédié propose une intéressante galerie de photographies.
14:21 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire