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lundi, 29 avril 2019

La Miséricorde de la jungle

   Cette jungle est une forêt équatoriale, celle qui occupe une partie de la République Démocratique du Congo, l'ex-Zaïre (ancien Congo belge), voisin du Rwanda. C'est de ce pays-ci qu'est originaire le réalisateur Joël Karelezi, rescapé du génocide de 1994. L'intrigue se déroule en 1998, entre les régions Kivu et Kasaï :

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   On suit les pérégrinations de deux soldats rwandais. A ma gauche se trouve Xavier, un sergent engagé il y a des années de cela. C'est un Rwandais de l'extérieur, sans doute tutsi, qui a presque toujours vécu dans un camp de réfugiés et qui a rejoint le FPR de Paul Kagamé, qui a fini par prendre le pouvoir en 1994. Il est resté dans l'armée pour poursuivre les génocidaires hutus qui se sont enfuis dans les pays voisins, en particulier en RDC. Dans le rôle, Marc Zinga (vu récemment dans Nos Patriotes et Bienvenue à Marly-Gomont) est formidable.

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   A ma droite voici Faustin, un jeune paysan dont presque toute la famille a été exterminée en 1994. Il vient de se marier mais n'a pas de quoi assurer la survie de son ménage. Stéphane Bak, jusque ici cantonné à des seconds rôles, réussit à incarner assez subtilement un personnage en évolution.

   Le troisième personnage principal est la forêt dense, humide. On y croise (ou entend) des animaux sauvages, on y souffre de la faim, de la chaleur, de la fatigue, de la soif... et des moustiques. Mais les prédateurs les plus dangereux sont sans conteste les humains. Nos deux soldats pourchassent les fuyards hutus, tout en affrontant les troupes congolaises (et leurs alliées angolaises et zimbabwéennes) ou, à l'occasion, les rebelles de l'est du pays, qui leur sont tout aussi hostiles. C'est, qu'au-delà des rivalités nationales et ethniques, il est question du contrôle des ressources naturelles.

   Le film se révèle intelligent à plusieurs niveaux. Tout d'abord, il évite de déresponsabiliser les protagonistes africains en chargeant les Occidentaux de tous les maux. Ensuite, il tente de démontrer que, quel que soit le camp, cette guerre conduit les hommes qui la mènent à commettre des horreurs. Les personnages les plus positifs sont les paysans (non combattants), ceux du village qui recueillent les deux soldats perdus et ceux que l'on voit à la toute fin.

   Entre temps, on aura suivi les déambulations de Xavier et Faustin. Au départ, le sergent expérimenté mène la vie dure au petit nouveau, assez imprudent et pas très résistant. Le troufion va s'endurcir et se révéler utile à son chef. Je ne peux pas tout dire ici, mais sachez que l'histoire est un peu celle d'un passage de témoin. La compréhension de l'avant-dernière scène (un peu absconse à première vue) donne tout son sens à la fin du film.

 

ATTENTION ! LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS QU'IL VAUT MIEUX NE PAS CONNAÎTRE AVANT D'ALLER VOIR LE FILM.

 

   La scène du début est tronquée. Elle montre un soldat en treillis pourchassant (avec difficulté) un fuyard armé, qu'il finit presque par rejoindre. 1h20 plus tard, on en découvre les tenants et les aboutissants. Une nuit, au camp rwandais que Xavier et Faustin ont fini par rejoindre, des coups de feu éclatent. Comme les adversaires congolais, angolais et zimbabwéens ne se trouvent pas loin, on est tenté de penser que les gardiens retrouvés morts ont été abattus par ces ennemis. Xavier se lance à leur poursuite... et on ne voit qu'un seul fuyard, dont on finit par apercevoir le visage : il s'agit de Faustin, que les militaires rwandais avaient tabassé lorsqu'il était arrivé au camp. Il s'est donc échappé de l'infirmerie et a tué les gardes. Voilà pourquoi, lorsqu'il le reconnaît, Xavier baisse la garde et se laisse tirer dessus. Voilà pourquoi aussi le fuyard, lorsqu'il s'approche de son adversaire à terre, ne l'achève pas.

La Miséricorde de la jungle

   Cette jungle est une forêt équatoriale, celle qui occupe une partie de la République Démocratique du Congo, l'ex-Zaïre (ancien Congo belge), voisin du Rwanda. C'est de ce pays-ci qu'est originaire le réalisateur Joël Karelezi, rescapé du génocide de 1994. L'intrigue se déroule en 1998, entre les régions Kivu et Kasaï :

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   On suit les pérégrinations de deux soldats rwandais. A ma gauche se trouve Xavier, un sergent engagé il y a des années de cela. C'est un Rwandais de l'extérieur, sans doute tutsi, qui a presque toujours vécu dans un camp de réfugiés et qui a rejoint le FPR de Paul Kagamé, qui a fini par prendre le pouvoir en 1994. Il est resté dans l'armée pour poursuivre les génocidaires hutus qui se sont enfuis dans les pays voisins, en particulier en RDC. Dans le rôle, Marc Zinga (vu récemment dans Nos Patriotes et Bienvenue à Marly-Gomont) est formidable.

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   A ma droite voici Faustin, un jeune paysan dont presque toute la famille a été exterminée en 1994. Il vient de se marier mais n'a pas de quoi assurer la survie de son ménage. Stéphane Bak, jusque ici cantonné à des seconds rôles, réussit à incarner assez subtilement un personnage en évolution.

   Le troisième personnage principal est la forêt dense, humide. On y croise (ou entend) des animaux sauvages, on y souffre de la faim, de la chaleur, de la fatigue, de la soif... et des moustiques. Mais les prédateurs les plus dangereux sont sans conteste les humains. Nos deux soldats pourchassent les fuyards hutus, tout en affrontant les troupes congolaises (et leurs alliées angolaises et zimbabwéennes) ou, à l'occasion, les rebelles de l'est du pays, qui leur sont tout aussi hostiles. C'est, qu'au-delà des rivalités nationales et ethniques, il est question du contrôle des ressources naturelles.

   Le film se révèle intelligent à plusieurs niveaux. Tout d'abord, il évite de déresponsabiliser les protagonistes africains en chargeant les Occidentaux de tous les maux. Ensuite, il tente de démontrer que, quel que soit le camp, cette guerre conduit les hommes qui la mènent à commettre des horreurs. Les personnages les plus positifs sont les paysans (non combattants), ceux du village qui recueillent les deux soldats perdus et ceux que l'on voit à la toute fin.

   Entre temps, on aura suivi les déambulations de Xavier et Faustin. Au départ, le sergent expérimenté mène la vie dure au petit nouveau, assez imprudent et pas très résistant. Le troufion va s'endurcir et se révéler utile à son chef. Je ne peux pas tout dire ici, mais sachez que l'histoire est un peu celle d'un passage de témoin. La compréhension de l'avant-dernière scène (un peu absconse à première vue) donne tout son sens à la fin du film.

 

ATTENTION ! LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS QU'IL VAUT MIEUX NE PAS CONNAÎTRE AVANT D'ALLER VOIR LE FILM.

 

   La scène du début est tronquée. Elle montre un soldat en treillis pourchassant (avec difficulté) un fuyard armé, qu'il finit presque par rejoindre. 1h20 plus tard, on en découvre les tenants et les aboutissants. Une nuit, au camp rwandais que Xavier et Faustin ont fini par rejoindre, des coups de feu éclatent. Comme les adversaires congolais, angolais et zimbabwéens ne se trouvent pas loin, on est tenté de penser que les gardiens retrouvés morts ont été abattus par ces ennemis. Xavier se lance à leur poursuite... et on ne voit qu'un seul fuyard, dont on finit par apercevoir le visage : il s'agit de Faustin, que les militaires rwandais avaient tabassé lorsqu'il était arrivé au camp. Il s'est donc échappé de l'infirmerie et a tué les gardes. Voilà pourquoi, lorsqu'il le reconnaît, Xavier baisse la garde et se laisse tirer dessus. Voilà pourquoi aussi le fuyard, lorsqu'il s'approche de son adversaire à terre, ne l'achève pas.

dimanche, 28 avril 2019

Monrovia, Indiana

   Pendant plusieurs mois, le documentariste Frederick Wiseman a filmé les habitants d'une toute petite ville de l'Etat d'Indiana, dans le Middle West, au sud-ouest d'Indianapolis.

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   Le document de présentation nous dit que, peuplée d'environ 1400 habitants, la cité compte 96 % de Blancs d'origine européenne, massivement protestants... et républicains. En 2016, alors que Donald Trump  a été minoritaire en voix au niveau national, en Indiana, il avait recueilli plus de 57 % des suffrages exprimés. Mais, si les habitants d'Indianapolis avaient placé Hillary Clinton en tête, les comtés ruraux (comme celui de Morgan, auquel appartient Monrovia) ont massivement apporté leurs voix à D. Trump :

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   A Monrovia même, le candidat républicain a recueilli plus de 76 % des suffrages exprimés. Ajoutons que le gouverneur (élu en 2016 avec 51 % des voix... 66 % dans le comté de Morgan) est républicain et, qu'en 2016 comme en 2018, on a assez largement voté pour des parlementaires (représentant et sénateur) républicains. Pour compléter le tableau politique, je signale que, lorsque les électeurs sont consultés (lors de référendums locaux), ils participent en masse et ont voté à près de 80 % une proposition en faveur du droit de chasser et de pêcher (en 2016) et à plus de 70 % la nécessité d'avoir des budgets en équilibre (en 2018).

   Frederick Wiseman s'est fait le plus discret possible. Sa méthode est la suivante : il filme beaucoup, ne pose pas de question, puis passe des mois au montage, sans ajouter de commentaire ni de musique. Il n'apparaît jamais à l'écran. Il a su se faire accepter des habitants du coin, qu'il filme au café, chez le coiffeur, la tatoueuse, le marchand d'armes, dans la supérette, au sein du conseil municipal, du Lions Club, du lycée, du temple protestant, de l'association cultuelle... et même chez les Francs-Maçons !

   C'est donc d'abord une leçon d'éducation civique qui nous est donnée. Comment, au sein d'un conseil municipal, décide-t-on l'aménagement de telle ou telle zone ? Quels problèmes sont liés à l'adduction d'eau ? (L'eau potable destinée aux particuliers n'arrive pas par les mêmes canalisations que celle aboutissant aux bornes d'incendie !) Qu'est-ce qui pousse le Lions Club à financer l'installation de bancs publics ? Pourquoi tel paysan vient-il acheter une arme ? Comment aide-t-on les habitants à gérer certains problèmes personnels ?

   Bien entendu, le réalisateur a d'autres idées en tête. Il veut comprendre comment une communauté prospère (dont le revenu moyen est supérieur à la moyenne des Etats-Unis et de l'Indiana), composée de "gens normaux", a pu massivement apporter ses suffrages à un type comme Trump.

   Ces "gens normaux" ne s'habillent pas très bien (sauf pour les cérémonies religieuses), ne mangent pas très sainement, semblent consommer beaucoup de sodas et d'alcools forts. La quasi-totalité des adultes est en surpoids ou obèse.

   Le plus étonnant est qu'en dépit des milliers d'heures tournées, il n'est jamais question de politique. Pourtant, dans plusieurs commerces, une télévision est allumée. Mais les habitants ne discutent pas des affaires du pays, pas plus que de celles du monde, auquel ils ne s'intéressent pas. Ils parlent de leurs voisins, de leurs soucis de santé, de l'arrivée ou du départ d'une personne, des affaires communales. On est dans un entre-soi presque caricatural. On le sent poindre dans certaines réunions du Conseil municipal : les élus sont divisés entre ceux qui veulent favoriser l'installation de nouveaux habitants, pour augmenter les ressources fiscales de la commune et ainsi pouvoir financer de nouveaux projets, et ceux qui veulent que rien ne change et qui redoutent l'arrivée d'inconnus. On discute beaucoup d'un précédent quartier aménagé, source de délinquance selon l'une des élus, contredite par sa voisine (dans la salle). Au bout de 2h20, on n'aura jamais vu la police en action (ni entendu la moindre sirène), pas plus que le moindre tag dans la ville, ni de détritus par terre. C'est propre et calme comme tout !

   L'autre élément marquant est la place tenue par la religion. Dans les conversations quotidiennes, elle est en général absente, sauf dans la bouche de personnes particulièrement croyantes. Par contre, le culte réunit beaucoup de monde et, lors des cérémonies particulières (mariage, baptême, décès), la salle est comble. La religion est clairement le secours de ces personnes simples, qui cherchent des réponses dans la Bible. L'un des pasteurs locaux semble particulièrement doué. Pour des funérailles, il a concocté un prêche (intégralement filmé) très structuré, aussi habile d'un discours électoral.

   Alors, oui, c'est long, pas toujours passionnant. Mais le réalisateur a eu besoin de cette longueur pour laisser parler ses "personnages", pour leur donner leur chance sans les juger. Le résultat n'en pas moins frappant.

Monrovia, Indiana

   Pendant plusieurs mois, le documentariste Frederick Wiseman a filmé les habitants d'une toute petite ville de l'Etat d'Indiana, dans le Middle West, au sud-ouest d'Indianapolis.

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   Le document de présentation nous dit que, peuplée d'environ 1400 habitants, la cité compte 96 % de Blancs d'origine européenne, massivement protestants... et républicains. En 2016, alors que Donald Trump  a été minoritaire en voix au niveau national, en Indiana, il avait recueilli plus de 57 % des suffrages exprimés. Mais, si les habitants d'Indianapolis avaient placé Hillary Clinton en tête, les comtés ruraux (comme celui de Morgan, auquel appartient Monrovia) ont massivement apporté leurs voix à D. Trump :

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   A Monrovia même, le candidat républicain a recueilli plus de 76 % des suffrages exprimés. Ajoutons que le gouverneur (élu en 2016 avec 51 % des voix... 66 % dans le comté de Morgan) est républicain et, qu'en 2016 comme en 2018, on a assez largement voté pour des parlementaires (représentant et sénateur) républicains. Pour compléter le tableau politique, je signale que, lorsque les électeurs sont consultés (lors de référendums locaux), ils participent en masse et ont voté à près de 80 % une proposition en faveur du droit de chasser et de pêcher (en 2016) et à plus de 70 % la nécessité d'avoir des budgets en équilibre (en 2018).

   Frederick Wiseman s'est fait le plus discret possible. Sa méthode est la suivante : il filme beaucoup, ne pose pas de question, puis passe des mois au montage, sans ajouter de commentaire ni de musique. Il n'apparaît jamais à l'écran. Il a su se faire accepter des habitants du coin, qu'il filme au café, chez le coiffeur, la tatoueuse, le marchand d'armes, dans la supérette, au sein du conseil municipal, du Lions Club, du lycée, du temple protestant, de l'association cultuelle... et même chez les Francs-Maçons !

   C'est donc d'abord une leçon d'éducation civique qui nous est donnée. Comment, au sein d'un conseil municipal, décide-t-on l'aménagement de telle ou telle zone ? Quels problèmes sont liés à l'adduction d'eau ? (L'eau potable destinée aux particuliers n'arrive pas par les mêmes canalisations que celle aboutissant aux bornes d'incendie !) Qu'est-ce qui pousse le Lions Club à financer l'installation de bancs publics ? Pourquoi tel paysan vient-il acheter une arme ? Comment aide-t-on les habitants à gérer certains problèmes personnels ?

   Bien entendu, le réalisateur a d'autres idées en tête. Il veut comprendre comment une communauté prospère (dont le revenu moyen est supérieur à la moyenne des Etats-Unis et de l'Indiana), composée de "gens normaux", a pu massivement apporter ses suffrages à un type comme Trump.

   Ces "gens normaux" ne s'habillent pas très bien (sauf pour les cérémonies religieuses), ne mangent pas très sainement, semblent consommer beaucoup de sodas et d'alcools forts. La quasi-totalité des adultes est en surpoids ou obèse.

   Le plus étonnant est qu'en dépit des milliers d'heures tournées, il n'est jamais question de politique. Pourtant, dans plusieurs commerces, une télévision est allumée. Mais les habitants ne discutent pas des affaires du pays, pas plus que de celles du monde, auquel ils ne s'intéressent pas. Ils parlent de leurs voisins, de leurs soucis de santé, de l'arrivée ou du départ d'une personne, des affaires communales. On est dans un entre-soi presque caricatural. On le sent poindre dans certaines réunions du Conseil municipal : les élus sont divisés entre ceux qui veulent favoriser l'installation de nouveaux habitants, pour augmenter les ressources fiscales de la commune et ainsi pouvoir financer de nouveaux projets, et ceux qui veulent que rien ne change et qui redoutent l'arrivée d'inconnus. On discute beaucoup d'un précédent quartier aménagé, source de délinquance selon l'une des élus, contredite par sa voisine (dans la salle). Au bout de 2h20, on n'aura jamais vu la police en action (ni entendu la moindre sirène), pas plus que le moindre tag dans la ville, ni de détritus par terre. C'est propre et calme comme tout !

   L'autre élément marquant est la place tenue par la religion. Dans les conversations quotidiennes, elle est en général absente, sauf dans la bouche de personnes particulièrement croyantes. Par contre, le culte réunit beaucoup de monde et, lors des cérémonies particulières (mariage, baptême, décès), la salle est comble. La religion est clairement le secours de ces personnes simples, qui cherchent des réponses dans la Bible. L'un des pasteurs locaux semble particulièrement doué. Pour des funérailles, il a concocté un prêche (intégralement filmé) très structuré, aussi habile d'un discours électoral.

   Alors, oui, c'est long, pas toujours passionnant. Mais le réalisateur a eu besoin de cette longueur pour laisser parler ses "personnages", pour leur donner leur chance sans les juger. Le résultat n'en pas moins frappant.

vendredi, 26 avril 2019

Avengers : #Meetoo & BlackLivesMatter

   La grosse, l'énorme, la gigantesque meringue marvellienne commence paradoxalement par une véritable scène de cinéma : on retrouve l'un des membres de l'équipe, en famille... et bracelet électronique au pied. Cette entame bucolique est plutôt bien vue, d'autant qu'elle se conclut de manière à faire le lien avec Infinity War

   La suite voit la tentative menée par quelques rescapés pour reconstituer une équipe de super-héros digne de ce nom avec, en renfort, le retour du plus petit d'entre eux, qui a une idée géniale en tête. La reformation d'une bande est un intelligent retour aux sources. Elle produit aussi un énorme effet comique quand on découvre ce qu'est devenu Thor, cinq ans après. Je ne peux pas trop en dire, mais sachez que, dépressif, le dieu du Tonnerre n'a pas arrêté de se gaver de bières et de nourriture riche en graisses... (Rien que pour cela, je conseille à tous mes lecteurs mâles hétérosexuels chez qui l'âge, le manque d'exercice et/ou une alimentation déséquilibrée ont eu des conséquences disgracieuses d'emmener l'élue de leur cœur voir ce film !)

   Dans Infinity War, par l'intermédiaire de Dr Strange, les spectateurs les moins stupides avaient compris qu'il y aurait un "match retour", avec univers parallèle ou voyage dans le temps à la clé. Là, le scénario bifurque (et l'on s'éloigne du grand film pour rester dans les sentiers balisés de la grosse production à succès) : au lieu de poursuivre l'histoire dans un monde "délesté" d'un peu moins de 4 milliards de Terriens (situation dont s'accommoderaient très bien Tony Stark et Bruce Banner, par exemple), les auteurs ont appuyé sur la touche "replay". Une nouvelle équipe finit par se former. Elle va se diviser en petits commandos, chacun ayant une cible spécifique dans le passé... et, comme par hasard, chacun de ces moments révolus fait allusion à l'un des précédents films de la saga. C'est qu'ils sont malins, chez Disney ! Par contre, pour ceux qui n'en ont pas vus au moins quelques-uns, ces retours en arrière risquent de manquer de saveur.

   Bien entendu, tout ne va pas se passer comme prévu. La situation des héros se complique. La solution va venir, en partie, des personnages féminins, mis sur un véritable pied d'égalité avec les héros masculins. On avait vu le coup venir avec le récent Captain Marvel mais, ici, certaines scènes ont visiblement été spécifiquement tournées dans une optique féministe. Je pense notamment à l'un des moments de la loooongue séquence de baston (quelque chose comme 40 minutes dans le dernier tiers du film), qui montre plusieurs héroïnes prendre le relais de messieurs dépassés par les événements. Ceci dit, la présence à l'écran de cet aréopage de femmes ravissantes, au caractère bien trempé, dans des costumes très seyants, cognant sans retenue sur des méchants, n'est pas pour me déplaire. Et attention messieurs les gentils : un geste déplacé peut vous valoir un méga coup de genou dans les roustons !

   Quant aux "minorités visibles", elles sont presque toutes là une fois que la population est ressuscitée. Les Afro-américains sont particulièrement représentés. On pense bien sûr aux personnages de Black Panther... mais une colossale surprise est réservée aux spectateurs patriotes (américains) en fin d'histoire...

   La grosse bataille que tous les adolescents et jeunes adultes présents dans la salle attendent finit par arriver... et elle ne déçoit pas, pour peu qu'on ne se lasse ni de l'explosion de violence ni du déluge d'effets spéciaux. Cette guerre intergalactique se conclut par une émouvante cérémonie, qui réunit sans doute la plus coûteuse distribution jamais recrutée pour un film. Pour avoir une idée de qui va survivre et qui va périr, il faut se fier aux bandes-annonces des prochains films et aux projets en cours de développement : cherchez les absent.e.s.

   P.S.

   Bien que très charpenté, le scénario souffre de quelques faiblesses. Il y en a une (ou deux), énorme(s).

 

ATTENTION DIVULGÂCHAGE(S) !

 

   Dans l'un des arcs narratifs se déroulant dans le passé, Iron Man, Captain America et Ant-Man mettent la main sur le sceptre de Loki mais échouent, dans un premier temps, à récupérer une autre des six pierres (qui atterrit d'ailleurs dans les mains de Loki). Le trio se sépare, Ant-Man retournant dans le temps présent avec le sceptre, les deux autres s'embarquant pour un nouveau voyage dans le temps, a priori sans retour. Cela nous vaut une belle séquence rétro, au cours de laquelle Tony Stark rencontre... son père. C'est aussi le moment où Captain America récupère la pierre qui leur avait échappé auparavant (mais plus tard dans la trame historique). Le problème est que cette prise aurait dû changer la suite et donc rendre la récupération du sceptre de Loki impossible... 

  Un autre problème survient au cours du combat final. Je ne vais pas aller jusqu'à divulguer la supercherie qui permet à l'un des Vengeurs de duper Thanos, mais, franchement, compte tenu de ce qu'on a vu dans ce film et les précédents, c'est peu vraisemblable. Mais je reconnais que cela débouche sur un effet théâtral. Soyez indulgent, public chéri !

23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Avengers : #Meetoo & BlackLivesMatter

   La grosse, l'énorme, la gigantesque meringue marvellienne commence paradoxalement par une véritable scène de cinéma : on retrouve l'un des membres de l'équipe, en famille... et bracelet électronique au pied. Cette entame bucolique est plutôt bien vue, d'autant qu'elle se conclut de manière à faire le lien avec Infinity War

   La suite voit la tentative menée par quelques rescapés pour reconstituer une équipe de super-héros digne de ce nom avec, en renfort, le retour du plus petit d'entre eux, qui a une idée géniale en tête. La reformation d'une bande est un intelligent retour aux sources. Elle produit aussi un énorme effet comique quand on découvre ce qu'est devenu Thor, cinq ans après. Je ne peux pas trop en dire, mais sachez que, dépressif, le dieu du Tonnerre n'a pas arrêté de se gaver de bières et de nourriture riche en graisses... (Rien que pour cela, je conseille à tous mes lecteurs mâles hétérosexuels chez qui l'âge, le manque d'exercice et/ou une alimentation déséquilibrée ont eu des conséquences disgracieuses d'emmener l'élue de leur cœur voir ce film !)

   Dans Infinity War, par l'intermédiaire de Dr Strange, les spectateurs les moins stupides avaient compris qu'il y aurait un "match retour", avec univers parallèle ou voyage dans le temps à la clé. Là, le scénario bifurque (et l'on s'éloigne du grand film pour rester dans les sentiers balisés de la grosse production à succès) : au lieu de poursuivre l'histoire dans un monde "délesté" d'un peu moins de 4 milliards de Terriens (situation dont s'accommoderaient très bien Tony Stark et Bruce Banner, par exemple), les auteurs ont appuyé sur la touche "replay". Une nouvelle équipe finit par se former. Elle va se diviser en petits commandos, chacun ayant une cible spécifique dans le passé... et, comme par hasard, chacun de ces moments révolus fait allusion à l'un des précédents films de la saga. C'est qu'ils sont malins, chez Disney ! Par contre, pour ceux qui n'en ont pas vus au moins quelques-uns, ces retours en arrière risquent de manquer de saveur.

   Bien entendu, tout ne va pas se passer comme prévu. La situation des héros se complique. La solution va venir, en partie, des personnages féminins, mis sur un véritable pied d'égalité avec les héros masculins. On avait vu le coup venir avec le récent Captain Marvel mais, ici, certaines scènes ont visiblement été spécifiquement tournées dans une optique féministe. Je pense notamment à l'un des moments de la loooongue séquence de baston (quelque chose comme 40 minutes dans le dernier tiers du film), qui montre plusieurs héroïnes prendre le relais de messieurs dépassés par les événements. Ceci dit, la présence à l'écran de cet aréopage de femmes ravissantes, au caractère bien trempé, dans des costumes très seyants, cognant sans retenue sur des méchants, n'est pas pour me déplaire. Et attention messieurs les gentils : un geste déplacé peut vous valoir un méga coup de genou dans les roustons !

   Quant aux "minorités visibles", elles sont presque toutes là une fois que la population est ressuscitée. Les Afro-américains sont particulièrement représentés. On pense bien sûr aux personnages de Black Panther... mais une colossale surprise est réservée aux spectateurs patriotes (américains) en fin d'histoire...

   La grosse bataille que tous les adolescents et jeunes adultes présents dans la salle attendent finit par arriver... et elle ne déçoit pas, pour peu qu'on ne se lasse ni de l'explosion de violence ni du déluge d'effets spéciaux. Cette guerre intergalactique se conclut par une émouvante cérémonie, qui réunit sans doute la plus coûteuse distribution jamais recrutée pour un film. Pour avoir une idée de qui va survivre et qui va périr, il faut se fier aux bandes-annonces des prochains films et aux projets en cours de développement : cherchez les absent.e.s.

   P.S.

   Bien que très charpenté, le scénario souffre de quelques faiblesses. Il y en a une (ou deux), énorme(s).

 

ATTENTION DIVULGÂCHAGE(S) !

 

   Dans l'un des arcs narratifs se déroulant dans le passé, Iron Man, Captain America et Ant-Man mettent la main sur le sceptre de Loki mais échouent, dans un premier temps, à récupérer une autre des six pierres (qui atterrit d'ailleurs dans les mains de Loki). Le trio se sépare, Ant-Man retournant dans le temps présent avec le sceptre, les deux autres s'embarquant pour un nouveau voyage dans le temps, a priori sans retour. Cela nous vaut une belle séquence rétro, au cours de laquelle Tony Stark rencontre... son père. C'est aussi le moment où Captain America récupère la pierre qui leur avait échappé auparavant (mais plus tard dans la trame historique). Le problème est que cette prise aurait dû changer la suite et donc rendre la récupération du sceptre de Loki impossible... 

  Un autre problème survient au cours du combat final. Je ne vais pas aller jusqu'à divulguer la supercherie qui permet à l'un des Vengeurs de duper Thanos, mais, franchement, compte tenu de ce qu'on a vu dans ce film et les précédents, c'est peu vraisemblable. Mais je reconnais que cela débouche sur un effet théâtral. Soyez indulgent, public chéri !

23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Sergio & Sergei

   A partir d'anecdotes réelles (des radio-amateurs ont bien communiqué avec différentes stations spatiales), Ernesto Daranas a construit une intrigue originale, autour d'une jeune femme se remémorant son enfance, à la fin de la Guerre froide. Elle idolâtre son père (veuf), Sergio, un professeur d'université cubain, "communiste réformiste" qui n'ose pas trop le dire. Celui-ci est en outre radio-amateur, comme son défunt père. Il communique régulièrement avec un habitant de Miami. Un jour, à l'autre bout des ondes, il tombe sur un interlocuteur parlant russe, seul dans l'espace : Sergei.

   C'est d'abord une comédie, qui tourne en dérision le totalitarisme cubain (qui considère Gorbatchev comme un traître). Sergio est l'objet d'une surveillance intensive de la part d'un fonctionnaire communiste pur et dur, à la fois stupide et acharné, dont les déboires font la joie des spectateurs.

   C'est aussi un tableau du Cuba de la débrouille. Le pays ne bénéficie plus des aides des "pays frères", qui n'existent plus (ou qui ont changé de nom et d'orientation politique). La population souffre de pénuries. Alors on traficote, on consomme son rhum artisanal (qu'on revend, à l'occasion), on fabrique discrètement des cigares... et l'on compte sur l'envoi de colis de la part des expatriés. C'est filmé dans des tons chauds, pas avec un point de vue misérabiliste.

   La qualité de la mise en scène se vérifie au niveau des scènes "spatiales" (à l'intérieur et l'extérieur de Mir). Le réalisateur a pu profiter d'un studio barcelonais et, franchement, même si ce n'est pas du niveau de Gravity, c'est du bon boulot.

   Histoire d'épicer le tout, E. Daranas a ajouté une romance naissante entre le prof de fac et une étudiante très indépendante... et ravissante. Mais Sergio a un peu la tête dans les étoiles. Dans le même temps, de plus en plus de Cubains songent à quitter le nouveau paradis du communisme pour rejoindre les Etats-Unis. C'est ce dont s'occupe Hall, le meilleur ami de Sergio, interprété par A.J. Buckley, que les téléspectateurs français ont pu découvrir jadis dans Les Experts Manhattan.

   Au final, cela donne une comédie historique douce-amère, bien filmée.

Sergio & Sergei

   A partir d'anecdotes réelles (des radio-amateurs ont bien communiqué avec différentes stations spatiales), Ernesto Daranas a construit une intrigue originale, autour d'une jeune femme se remémorant son enfance, à la fin de la Guerre froide. Elle idolâtre son père (veuf), Sergio, un professeur d'université cubain, "communiste réformiste" qui n'ose pas trop le dire. Celui-ci est en outre radio-amateur, comme son défunt père. Il communique régulièrement avec un habitant de Miami. Un jour, à l'autre bout des ondes, il tombe sur un interlocuteur parlant russe, seul dans l'espace : Sergei.

   C'est d'abord une comédie, qui tourne en dérision le totalitarisme cubain (qui considère Gorbatchev comme un traître). Sergio est l'objet d'une surveillance intensive de la part d'un fonctionnaire communiste pur et dur, à la fois stupide et acharné, dont les déboires font la joie des spectateurs.

   C'est aussi un tableau du Cuba de la débrouille. Le pays ne bénéficie plus des aides des "pays frères", qui n'existent plus (ou qui ont changé de nom et d'orientation politique). La population souffre de pénuries. Alors on traficote, on consomme son rhum artisanal (qu'on revend, à l'occasion), on fabrique discrètement des cigares... et l'on compte sur l'envoi de colis de la part des expatriés. C'est filmé dans des tons chauds, pas avec un point de vue misérabiliste.

   La qualité de la mise en scène se vérifie au niveau des scènes "spatiales" (à l'intérieur et l'extérieur de Mir). Le réalisateur a pu profiter d'un studio barcelonais et, franchement, même si ce n'est pas du niveau de Gravity, c'est du bon boulot.

   Histoire d'épicer le tout, E. Daranas a ajouté une romance naissante entre le prof de fac et une étudiante très indépendante... et ravissante. Mais Sergio a un peu la tête dans les étoiles. Dans le même temps, de plus en plus de Cubains songent à quitter le nouveau paradis du communisme pour rejoindre les Etats-Unis. C'est ce dont s'occupe Hall, le meilleur ami de Sergio, interprété par A.J. Buckley, que les téléspectateurs français ont pu découvrir jadis dans Les Experts Manhattan.

   Au final, cela donne une comédie historique douce-amère, bien filmée.

Tel Aviv on fire

   Cette comédie palestinienne est une coproduction internationale. Le réalisateur, Sameh Zabi, est le co-scénariste du Chanteur de Gaza. L'intrigue fait intervenir des personnages israéliens et palestiniens... et même une "actrice française" ! Au centre se trouve la réalisation chaotique d'un feuilleton sirupeux qui fait les beaux jours de la télévision palestinienne... mais qui rencontre aussi un grand succès côté israélien. Même si l'auteur donne une vision palestinienne du conflit proche-oriental (en particulier de la Guerre des Six-Jours et des Accords d'Oslo), le film insiste plutôt sur ce qui rapproche (ou peut rapprocher).

   Salam est un loser. Il n'est plus un jeune homme et galère entre deux emplois précaires. Il profite de la bienveillance de son oncle pour s'introduire sur le plateau de tournage de la série populaire. Les extraits qu'on nous en propose sont d'une consternante médiocrité. Mais, parfois, c'est à double-sens. Ce qui est diffusé à la télévision fait écho à ce que certains personnages vivent. Parmi les moments drôles, il y a ceux qui voient le néo-scénariste courir après l'inspiration, quitte à recopier un dialogue entendu au café ou à solliciter sa mère au téléphone !

   Mais la source de gags la plus "énorme" est cette étrange relation qui va se nouer entre l'officier israélien dirigeant le check-point (entre Jérusalem-Est et Ramallah) et le scénariste. C'est réussi notamment grâce au talent de Yaniv Biton, qui incarne à la perfection un militaire un peu beauf, mais ayant le sens du concret. A son contact, Salam va progresser, au point, à la fin de l'histoire, de pouvoir presque se passer de toutes les personnes ressources qu'il aura sollicitées.

   Pour faire une bonne histoire orientale, il faut un amour contrarié. Ce sera celui de Salam pour Mariam, son ex-petite amie, la fille de l'épicier de son quartier, qu'il redécouvre devenue médecin... et femme extrêmement séduisante. Même si leur relation n'est pas aussi tendue que celle de l'espionne palestinienne et de l'officier israélien du feuilleton, elle va connaître quelques rebondissements.

   C'est un film malin, pétillant, pas idiot sur le fond, qui trouve le moyen de s'achever sur un coup de théâtre particulièrement cocasse. A découvrir !

Tel Aviv on fire

   Cette comédie palestinienne est une coproduction internationale. Le réalisateur, Sameh Zabi, est le co-scénariste du Chanteur de Gaza. L'intrigue fait intervenir des personnages israéliens et palestiniens... et même une "actrice française" ! Au centre se trouve la réalisation chaotique d'un feuilleton sirupeux qui fait les beaux jours de la télévision palestinienne... mais qui rencontre aussi un grand succès côté israélien. Même si l'auteur donne une vision palestinienne du conflit proche-oriental (en particulier de la Guerre des Six-Jours et des Accords d'Oslo), le film insiste plutôt sur ce qui rapproche (ou peut rapprocher).

   Salam est un loser. Il n'est plus un jeune homme et galère entre deux emplois précaires. Il profite de la bienveillance de son oncle pour s'introduire sur le plateau de tournage de la série populaire. Les extraits qu'on nous en propose sont d'une consternante médiocrité. Mais, parfois, c'est à double-sens. Ce qui est diffusé à la télévision fait écho à ce que certains personnages vivent. Parmi les moments drôles, il y a ceux qui voient le néo-scénariste courir après l'inspiration, quitte à recopier un dialogue entendu au café ou à solliciter sa mère au téléphone !

   Mais la source de gags la plus "énorme" est cette étrange relation qui va se nouer entre l'officier israélien dirigeant le check-point (entre Jérusalem-Est et Ramallah) et le scénariste. C'est réussi notamment grâce au talent de Yaniv Biton, qui incarne à la perfection un militaire un peu beauf, mais ayant le sens du concret. A son contact, Salam va progresser, au point, à la fin de l'histoire, de pouvoir presque se passer de toutes les personnes ressources qu'il aura sollicitées.

   Pour faire une bonne histoire orientale, il faut un amour contrarié. Ce sera celui de Salam pour Mariam, son ex-petite amie, la fille de l'épicier de son quartier, qu'il redécouvre devenue médecin... et femme extrêmement séduisante. Même si leur relation n'est pas aussi tendue que celle de l'espionne palestinienne et de l'officier israélien du feuilleton, elle va connaître quelques rebondissements.

   C'est un film malin, pétillant, pas idiot sur le fond, qui trouve le moyen de s'achever sur un coup de théâtre particulièrement cocasse. A découvrir !

jeudi, 25 avril 2019

L'Homme à la moto

   Ce film argentin nous conte l'histoire de Miguel, une petite racaille, toujours entre deux coups, qui, un jour, se demande s'il n'a pas tué la vieille dame à laquelle son complice vient d'arracher le sac à main. Cette histoire a été inspirée au réalisateur Augustìn Toscano par un fait divers dont sa propre mère a été la victime. Elle parlera aussi à tous ceux dont l'un des proches a été la cible d'un vol à l'arraché.

   C'est que ce Miguel a des scrupules. S'il s'est acoquiné avec des mecs louches pour monter ses vols en moto, c'est parce qu'il manque d'argent. (... comme pas mal de monde en Argentine, à tel point que les truands n'ont guère de difficultés à recruter de la main-d'oeuvre pour organiser le pillage de certains commerces... surtout si les policiers -mal payés- sont en grève !) Il voudrait jouer pleinement son rôle de père... et reconquérir son ex. D'une certaine manière, c'est une "victime de la société", même si le film suggère qu'il est un peu fainéant sur les bords. Est-ce suffisant pour faire de lui, à l'instar des voyous qu'il côtoie, un prédateur ?

   La deuxième partie de l'histoire montre le rapprochement qui s'effectue entre Miguel et la vieille dame, prénommée Elena. Elle semble avoir perdu la mémoire. Le jeune homme saute sur l'occasion pour tenter de se racheter... mais aussi pour profiter de la grande maison vide dans laquelle habite sa victime. Ainsi, elle va bénéficier d'un aide à domicile, tandis que lui remonte dans sa propre estime, tout en s'occupant mieux de son fils. Mais la vieille dame est-elle dupe ? Lui-même, ne finit-il pas comprendre que tous deux jouent un jeu à bénéfices réciproques ? Cela suffira-t-il à le faire échapper à l'influence des voyous qu'il a pris l'habitude de fréquenter ?

   C'est dire si ce film social à la base ne manque pas de subtilité. Cela se complexifie même quand on apprend qu'Elena est une ancienne femme de ménage. Comment a-t-elle pu devenir propriétaire d'une grande maison en plein centre-ville ? (L'action se déroule dans le nord-ouest de l'Argentine, dans la province de Tucumán, sans doute dans la ville de... San Miguel !)

   J'ai trouvé les acteurs très bons et la réalisation pas dégueulasse du tout. Dès le début (dans la séquence à moto), on sent que le metteur en scène ne s'est pas contenté de juxtaposer les plans faciles. Il a su profiter aussi bien du caractère rural de la banlieue que de l'enchevêtrement des immeubles au centre-ville... et il s'est creusé les méninges pour finir son histoire correctement, par une succession de péripéties qui ménage un petit suspens.

L'Homme à la moto

   Ce film argentin nous conte l'histoire de Miguel, une petite racaille, toujours entre deux coups, qui, un jour, se demande s'il n'a pas tué la vieille dame à laquelle son complice vient d'arracher le sac à main. Cette histoire a été inspirée au réalisateur Augustìn Toscano par un fait divers dont sa propre mère a été la victime. Elle parlera aussi à tous ceux dont l'un des proches a été la cible d'un vol à l'arraché.

   C'est que ce Miguel a des scrupules. S'il s'est acoquiné avec des mecs louches pour monter ses vols en moto, c'est parce qu'il manque d'argent. (... comme pas mal de monde en Argentine, à tel point que les truands n'ont guère de difficultés à recruter de la main-d'oeuvre pour organiser le pillage de certains commerces... surtout si les policiers -mal payés- sont en grève !) Il voudrait jouer pleinement son rôle de père... et reconquérir son ex. D'une certaine manière, c'est une "victime de la société", même si le film suggère qu'il est un peu fainéant sur les bords. Est-ce suffisant pour faire de lui, à l'instar des voyous qu'il côtoie, un prédateur ?

   La deuxième partie de l'histoire montre le rapprochement qui s'effectue entre Miguel et la vieille dame, prénommée Elena. Elle semble avoir perdu la mémoire. Le jeune homme saute sur l'occasion pour tenter de se racheter... mais aussi pour profiter de la grande maison vide dans laquelle habite sa victime. Ainsi, elle va bénéficier d'un aide à domicile, tandis que lui remonte dans sa propre estime, tout en s'occupant mieux de son fils. Mais la vieille dame est-elle dupe ? Lui-même, ne finit-il pas comprendre que tous deux jouent un jeu à bénéfices réciproques ? Cela suffira-t-il à le faire échapper à l'influence des voyous qu'il a pris l'habitude de fréquenter ?

   C'est dire si ce film social à la base ne manque pas de subtilité. Cela se complexifie même quand on apprend qu'Elena est une ancienne femme de ménage. Comment a-t-elle pu devenir propriétaire d'une grande maison en plein centre-ville ? (L'action se déroule dans le nord-ouest de l'Argentine, dans la province de Tucumán, sans doute dans la ville de... San Miguel !)

   J'ai trouvé les acteurs très bons et la réalisation pas dégueulasse du tout. Dès le début (dans la séquence à moto), on sent que le metteur en scène ne s'est pas contenté de juxtaposer les plans faciles. Il a su profiter aussi bien du caractère rural de la banlieue que de l'enchevêtrement des immeubles au centre-ville... et il s'est creusé les méninges pour finir son histoire correctement, par une succession de péripéties qui ménage un petit suspens.

mercredi, 24 avril 2019

Monsieur Link

   Ce "Monsieur Lien" est une sorte de chaînon manquant entre l'être humain et le singe, ici un Sasquatch (ou Bigfoot) supposément présent en Amérique du Nord. C'est ce qu'entend démontrer l'explorateur Lionel Frost (doublé par Thierry Lhermitte dans la version française), un noble britannique aussi distingué qu'opiniâtre. On fait sa connaissance dans la première séquence, située en Ecosse. On comprend très vite de quoi il s'agit. C'est cocasse.

   ... et remarquablement animé, avec la technique du "stop motion", qui a dû demander un travail de fou. Le paradoxe est que c'est le personnage principal (l'homme-singe, doublé par Eric Judor) qui est le moins réussi sur le plan visuel. Les autres sont animés avec brio. Et que dire des effets au niveau des décors et de tout ce qui est aquatique ! Signalons que les producteurs se sont déjà fait remarquer avec Coraline, Les Boxtrolls et Kubo.

   J'ai été emballé. L'histoire pourrait être tirée d'un roman de Jules Verne. D'ailleurs, ce Lionel Frost a des airs de Phileas Fogg. Même si, pour un adulte, les péripéties ne réservent que peu de surprises, on est pris par cette série d'aventures, qui mènent les héros (les deux mâles, bientôt rejoints par une femme au tempérament affirmé) d'Europe en Amérique du Nord puis au coeur de l'Asie. A l'écran, c'est parfois très beau et l'on rit assez souvent.

   PS

   Au passage, l'intrigue tourne en ridicule l'obscurantisme des adversaires de Frost, ancêtres des créationnistes contemporains.

23:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Monsieur Link

   Ce "Monsieur Lien" est une sorte de chaînon manquant entre l'être humain et le singe, ici un Sasquatch (ou Bigfoot) supposément présent en Amérique du Nord. C'est ce qu'entend démontrer l'explorateur Lionel Frost (doublé par Thierry Lhermitte dans la version française), un noble britannique aussi distingué qu'opiniâtre. On fait sa connaissance dans la première séquence, située en Ecosse. On comprend très vite de quoi il s'agit. C'est cocasse.

   ... et remarquablement animé, avec la technique du "stop motion", qui a dû demander un travail de fou. Le paradoxe est que c'est le personnage principal (l'homme-singe, doublé par Eric Judor) qui est le moins réussi sur le plan visuel. Les autres sont animés avec brio. Et que dire des effets au niveau des décors et de tout ce qui est aquatique ! Signalons que les producteurs se sont déjà fait remarquer avec Coraline, Les Boxtrolls et Kubo.

   J'ai été emballé. L'histoire pourrait être tirée d'un roman de Jules Verne. D'ailleurs, ce Lionel Frost a des airs de Phileas Fogg. Même si, pour un adulte, les péripéties ne réservent que peu de surprises, on est pris par cette série d'aventures, qui mènent les héros (les deux mâles, bientôt rejoints par une femme au tempérament affirmé) d'Europe en Amérique du Nord puis au coeur de l'Asie. A l'écran, c'est parfois très beau et l'on rit assez souvent.

   PS

   Au passage, l'intrigue tourne en ridicule l'obscurantisme des adversaires de Frost, ancêtres des créationnistes contemporains.

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Toulouse va perdre un cinéma...

   ... au centre-ville. Il s'agit de l'UGC-Roosevelt, qui, selon La Dépêche du Midi, devrait fermer ses portes en juin prochain. Ce n'est pas une totale surprise pour ceux qui suivent le sujet. Cela fait déjà des mois qu'UGC avait annoncé le projet d'ouvrir un nouveau multiplexe, en périphérie, dans le quartier de Montaudran. De plus, le nombre d'entrées du cinéma donnant sur les allées Roosevelt ne cessait de baisser : en 2018, il a accueilli moins de spectateurs que le multiplexe de Rodez ! Enfin, les projets d'agrandissement butaient sur le contexte immobilier local :

0 bloc.jpg

   La façade du cinéma est encadrée par un Starbucks et un concurrent franchouillard d'une célèbre chaîne de restauration rapide (dont un établissement est d'ailleurs situé juste en face, de l'autre côté de la place). A l'ouest, les bâtiments donnant sur la rue d'Austerlitz ne sont pas non plus à vendre.

   Pour dire le fond de ma pensée, je ne vais sans doute pas regretter la fermeture de l'UGC. Je n'y suis que très rarement allé. Il ne propose quasiment que des films en version française (même s'il y a eu une évolution -tardive- à ce niveau), il est cher et, par-dessus le marché, il faut parfois supporter des spectateurs indélicats, un inconvénient que l'on rencontre aussi dans un autre multiplexe, quasiment voisin.

   Que va-t-il rester en centre-ville ? Le grand rival d'UGC, le Gaumont Wilson (qui, lui, a pu s'agrandir et se moderniser)... et, surtout, les deux cinémas d'art et essai, l'ABC et l'American Cosmograph (ex-Utopia). Complètent l'offre la Cinémathèque de Toulouse et Le Cratère. La première, située à proximité de l'ABC, propose de (re)voir dans sa belle salle des "films du patrimoine", en général restaurés... un filon dont tentent de profiter des réseaux aussi différents qu'Utopia et CGR. Quant au Cratère, c'est une salle associative, un peu excentrée, mais qui donne une seconde vie aux films art et essai, avant qu'ils ne sortent en DVD.

cinéma,cinema,film,films,économie,occitanie,actualité,actualite,actu,actualités,actualites

   A cette liste il a failli manquer un nom : celui de l'American Cosmograph, alors Utopia Toulouse, aux locaux vieillissants, menacé en 2015 d'une foudroyante augmentation de loyer. Finalement, il y a eu scission, l'Utopia Toulouse devant l'American Cosmograph, mais en conservant les "valeurs" du réseau art et essai. Le premier numéro de la nouvelle gazette (celui de juin-juillet 2016) contient des papiers racontant ce changement. Entre temps, en 2003, Utopia avait ouvert un nouveau cinéma en banlieue toulousaine, à Tournefeuille.

   C'est donc en périphérie de Toulouse que l'offre cinématographique a le plus augmenté :

cinéma,cinema,film,films,économie,occitanie,actualité,actualite,actu,actualités,actualites

   Si l'on excepte l'Utopia de Tournefeuille, ce sont les multiplexes qui ont peuplé la banlieue : CGR à Blagnac, Gaumont à Labège, Kinépolis à Fenouillet... et donc bientôt (en 2021 ?) UGC à Montaudran (le point rouge sur le plan). Ceux qui ne veulent pas trop s'éloigner du centre peuvent aussi goûter au petit cinéma de Ramonville-Saint-Agne (correspondant au trait rouge ci-dessus).

   Enfin, il est un autre cinéma toulousain qui continue à faire parler de lui : Les Nouveautés. Autrefois situé boulevard Carnot (pas très loin de l'UGC d'ailleurs), il a fermé en 1999. Les gérants de l'Utopia Toulouse ont un temps songé à y transférer leur cinéma, mais les locaux avaient déjà été vendus. Un projet "urbain chic" est en cours de réalisation. les travaux ont mis du temps à démarrer. En octobre dernier, on en était là :

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Toulouse va perdre un cinéma...

   ... au centre-ville. Il s'agit de l'UGC-Roosevelt, qui, selon La Dépêche du Midi, devrait fermer ses portes en juin prochain. Ce n'est pas une totale surprise pour ceux qui suivent le sujet. Cela fait déjà des mois qu'UGC avait annoncé le projet d'ouvrir un nouveau multiplexe, en périphérie, dans le quartier de Montaudran. De plus, le nombre d'entrées du cinéma donnant sur les allées Roosevelt ne cessait de baisser : en 2018, il a accueilli moins de spectateurs que le multiplexe de Rodez ! Enfin, les projets d'agrandissement butaient sur le contexte immobilier local :

0 bloc.jpg

   La façade du cinéma est encadrée par un Starbucks et un concurrent franchouillard d'une célèbre chaîne de restauration rapide (dont un établissement est d'ailleurs situé juste en face, de l'autre côté de la place). A l'ouest, les bâtiments donnant sur la rue d'Austerlitz ne sont pas non plus à vendre.

   Pour dire le fond de ma pensée, je ne vais sans doute pas regretter la fermeture de l'UGC. Je n'y suis que très rarement allé. Il ne propose quasiment que des films en version française (même s'il y a eu une évolution -tardive- à ce niveau), il est cher et, par-dessus le marché, il faut parfois supporter des spectateurs indélicats, un inconvénient que l'on rencontre aussi dans un autre multiplexe, quasiment voisin.

   Que va-t-il rester en centre-ville ? Le grand rival d'UGC, le Gaumont Wilson (qui, lui, a pu s'agrandir et se moderniser)... et, surtout, les deux cinémas d'art et essai, l'ABC et l'American Cosmograph (ex-Utopia). Complètent l'offre la Cinémathèque de Toulouse et Le Cratère. La première, située à proximité de l'ABC, propose de (re)voir dans sa belle salle des "films du patrimoine", en général restaurés... un filon dont tentent de profiter des réseaux aussi différents qu'Utopia et CGR. Quant au Cratère, c'est une salle associative, un peu excentrée, mais qui donne une seconde vie aux films art et essai, avant qu'ils ne sortent en DVD.

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   A cette liste il a failli manquer un nom : celui de l'American Cosmograph, alors Utopia Toulouse, aux locaux vieillissants, menacé en 2015 d'une foudroyante augmentation de loyer. Finalement, il y a eu scission, l'Utopia Toulouse devant l'American Cosmograph, mais en conservant les "valeurs" du réseau art et essai. Le premier numéro de la nouvelle gazette (celui de juin-juillet 2016) contient des papiers racontant ce changement. Entre temps, en 2003, Utopia avait ouvert un nouveau cinéma en banlieue toulousaine, à Tournefeuille.

   C'est donc en périphérie de Toulouse que l'offre cinématographique a le plus augmenté :

cinéma,cinema,film,films,économie,occitanie,actualité,actualite,actu,actualités,actualites

   Si l'on excepte l'Utopia de Tournefeuille, ce sont les multiplexes qui ont peuplé la banlieue : CGR à Blagnac, Gaumont à Labège, Kinépolis à Fenouillet... et donc bientôt (en 2021 ?) UGC à Montaudran (le point rouge sur le plan). Ceux qui ne veulent pas trop s'éloigner du centre peuvent aussi goûter au petit cinéma de Ramonville-Saint-Agne (correspondant au trait rouge ci-dessus).

   Enfin, il est un autre cinéma toulousain qui continue à faire parler de lui : Les Nouveautés. Autrefois situé boulevard Carnot (pas très loin de l'UGC d'ailleurs), il a fermé en 1999. Les gérants de l'Utopia Toulouse ont un temps songé à y transférer leur cinéma, mais les locaux avaient déjà été vendus. Un projet "urbain chic" est en cours de réalisation. les travaux ont mis du temps à démarrer. En octobre dernier, on en était là :

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lundi, 22 avril 2019

Santiago, Italia

   Le titre de ce documentaire peut paraître étrange : il semble évoquer une ville située en Italie, alors qu'il s'agit de la capitale du Chili. La raison en est qu'une fraction du territoire de cette cité est bien italien : celui de l'ambassade. En septembre 1973, des opposants au coup d'Etat de Pinochet s'y sont réfugiés.

   Le réalisateur Nanni Moretti commence par évoquer la présidence d'Allende, élu de justesse en 1970 après trois tentatives infructueuses. Des images d'archive ressuscitent cet homme de gauche intègre, qui avait sans doute autant de soucis avec sa majorité hétéroclite qu'avec son opposition (soutenue par les Etats-Unis).

   Arrive ensuite le coup d'Etat militaire (qu'en Amérique du Sud on appelle Golpe). Les témoignages permettent de comprendre la sidération d'une partie de la population, pendant qu'une autre part se réjouit ouvertement. Moretti n'élude pas le passage douloureux sur le suicide d'Allende. Même s'il donne la parole à un des derniers tenants de la thèse de l'assassinat, le réalisateur choisit plutôt de tenter d'expliquer les raisons du suicide, en s'appuyant sur des rescapés lucides. Notons qu'il a aussi interrogé d'anciens officiers de l'époque... qui ne regrettent rien.

   C'est à ce moment-là que le documentaire quitte la grande histoire pour la petite, celle de militants de gauche qui ont tout fait pour échapper à l'armée. Dans un premier temps, celle-ci n'a pas mené une surveillance minutieuse des abords des missions diplomatiques, qui ont ainsi  pu accueillir des milliers de personnes. Celle d'Italie était une propriété protégée par un mur d'environ deux mètres de hauteur. Celui qu'on voit dans le film est plus élevé : le gouvernement l'a (par la suite) fait rehausser d'un bon mètre. On sourit en entendant ces témoins parler de leurs efforts pour franchir le mur, ou aider quelqu'un à le faire. L'un d'entre eux se réjouit d'avoir suivi des cours de gym, lui qui pourtant n'aimait pas cela... Un autre révèle que des personnes bien intentionnées avaient descellé quelques pierres pour former un petit escalier de fortune. Une dernière évoque la stupeur du garde enfin posté dans l'angle mort de la bâtisse.

   L'étape suivante est la description de la vie à l'intérieur de l'ambassade. Entre 250 et 300 personnes s'y retrouvent entassées. Fort heureusement, un grand jardin... et une piscine rendent le séjour plus supportable. A l'intérieur, pour le coucher, on opère une stricte répartition : les hommes célibataires au rez-de-chaussée, les familles avec leurs enfants au premier étage et les femmes célibataires au second. D'après certains témoignages, il semble que la bâtisse ait connu de nombreux mouvements nocturnes...

   Enfin, le gouvernement italien ayant attribué des visas, les réfugiés ont pu quitter l'ambassade pour l'Europe, d'où ils pensaient revenir rapidement. La majorité d'entre eux a fait souche en Italie, ce qu'on découvre dans les vingt dernières minutes. Ils ont constitué une main-d'oeuvre bien accueillie sur place, d'autant qu'on a veillé à les placer dans des régions où des "partis frères" (communiste, socialiste) étaient bien implantés. La solidarité politique a fait le reste.

   Même si j'ai trouvé le début un peu laborieux, j'ai finalement été captivé par ce documentaire, rigoureusement construit, nourri de témoignages intéressants, parfois émouvants. Par un curieux hasard de la programmation, le film est sorti en France à peu près en même temps que Companeros, qui évoque les méfaits de la dictature militaire en Uruguay à la même époque.

Santiago, Italia

   Le titre de ce documentaire peut paraître étrange : il semble évoquer une ville située en Italie, alors qu'il s'agit de la capitale du Chili. La raison en est qu'une fraction du territoire de cette cité est bien italien : celui de l'ambassade. En septembre 1973, des opposants au coup d'Etat de Pinochet s'y sont réfugiés.

   Le réalisateur Nanni Moretti commence par évoquer la présidence d'Allende, élu de justesse en 1970 après trois tentatives infructueuses. Des images d'archive ressuscitent cet homme de gauche intègre, qui avait sans doute autant de soucis avec sa majorité hétéroclite qu'avec son opposition (soutenue par les Etats-Unis).

   Arrive ensuite le coup d'Etat militaire (qu'en Amérique du Sud on appelle Golpe). Les témoignages permettent de comprendre la sidération d'une partie de la population, pendant qu'une autre part se réjouit ouvertement. Moretti n'élude pas le passage douloureux sur le suicide d'Allende. Même s'il donne la parole à un des derniers tenants de la thèse de l'assassinat, le réalisateur choisit plutôt de tenter d'expliquer les raisons du suicide, en s'appuyant sur des rescapés lucides. Notons qu'il a aussi interrogé d'anciens officiers de l'époque... qui ne regrettent rien.

   C'est à ce moment-là que le documentaire quitte la grande histoire pour la petite, celle de militants de gauche qui ont tout fait pour échapper à l'armée. Dans un premier temps, celle-ci n'a pas mené une surveillance minutieuse des abords des missions diplomatiques, qui ont ainsi  pu accueillir des milliers de personnes. Celle d'Italie était une propriété protégée par un mur d'environ deux mètres de hauteur. Celui qu'on voit dans le film est plus élevé : le gouvernement l'a (par la suite) fait rehausser d'un bon mètre. On sourit en entendant ces témoins parler de leurs efforts pour franchir le mur, ou aider quelqu'un à le faire. L'un d'entre eux se réjouit d'avoir suivi des cours de gym, lui qui pourtant n'aimait pas cela... Un autre révèle que des personnes bien intentionnées avaient descellé quelques pierres pour former un petit escalier de fortune. Une dernière évoque la stupeur du garde enfin posté dans l'angle mort de la bâtisse.

   L'étape suivante est la description de la vie à l'intérieur de l'ambassade. Entre 250 et 300 personnes s'y retrouvent entassées. Fort heureusement, un grand jardin... et une piscine rendent le séjour plus supportable. A l'intérieur, pour le coucher, on opère une stricte répartition : les hommes célibataires au rez-de-chaussée, les familles avec leurs enfants au premier étage et les femmes célibataires au second. D'après certains témoignages, il semble que la bâtisse ait connu de nombreux mouvements nocturnes...

   Enfin, le gouvernement italien ayant attribué des visas, les réfugiés ont pu quitter l'ambassade pour l'Europe, d'où ils pensaient revenir rapidement. La majorité d'entre eux a fait souche en Italie, ce qu'on découvre dans les vingt dernières minutes. Ils ont constitué une main-d'oeuvre bien accueillie sur place, d'autant qu'on a veillé à les placer dans des régions où des "partis frères" (communiste, socialiste) étaient bien implantés. La solidarité politique a fait le reste.

   Même si j'ai trouvé le début un peu laborieux, j'ai finalement été captivé par ce documentaire, rigoureusement construit, nourri de témoignages intéressants, parfois émouvants. Par un curieux hasard de la programmation, le film est sorti en France à peu près en même temps que Companeros, qui évoque les méfaits de la dictature militaire en Uruguay à la même époque.

dimanche, 21 avril 2019

Companeros

   Intitulé La noche de 12 anos ("La nuit de douze ans") dans sa version originale, ce film uruguayen narre le sort de trois révolutionnaires tupamaros (communistes), que la dictature militaire a emprisonnés et tenté de briser, entre 1973 et 1985.

   C'est une fiction très documentée... et militante. Le réalisateur est en empathie avec les trois héros, tellement même qu'il passe très très vite sur les crimes auxquels certains d'entre eux ont participé. Ceci dit, quand on voit ensuite ce qu'ils ont enduré, on comprend que le souci principal soit de dénoncer la dictature sanguinaire qui a sévi jadis en Uruguay.

   Le début de l'histoire donne un bon aperçu de ce que sera le film. Il mêle violence et traits d'humour, le tout servi par une réalisation parfois inventive. On découvre les héros en prison, au moment de leur extraction pour une destination inconnue. C'est filmé en tourniquet depuis la cage centrale des matons. Détail cocasse : durant le transport en camion, l'un d'entre eux ressent une fulgurante envie de déféquer...

   Dans un premier temps, les rebelles ont été torturés physiquement. On a tenté de leur arracher des informations (méthode qui avait réussi avec l'un de leurs chefs, ce que le film ne dit pas). Devant l'inefficacité des sévices physiques, les militaires sont passés à la torture mentale. Le but était de briser ces hommes fiers et aux convictions profondément ancrées en eux. On les masque, on les déplace, on les frappe, on les déshabille, on les prive de nourriture voire on leur pisse dessus. A l'instar des geôliers, la mise en scène est imaginative et réussit à nous faire toucher du doigt ce qu'ont ressenti les trois prisonniers. Dans certaines scènes, c'est du niveau de Hunger.

   C'est lié aussi à la qualité de l'interprétation. Antonio de la Torre (rappelez-vous : Que Dios nos perdone), Chino Darin et Alfonso Tort incarnent avec brio Mujica le perturbé, Rosencof l'écrivain et Huidobro le matheux. Vu le degré d'isolement qu'on leur impose, leur salut se trouve dans leur tête, dans les souvenirs heureux, les rêves... et un système discret de communication (quand c'est possible). Le problème est que ce qu'ils subissent finit par déformer leurs souvenirs voire leur faire prendre pour réel ce qui ne l'est pas. Ici, la mise en scène est brillante, bien servie par le montage.

   Fort heureusement, le propos du film n'est pas toujours dramatique. Il y a cette séquence drôlissime quand il s'agit de décider s'il faut détacher un détenu pour lui permettre de déféquer assis. Cela part du troufion de base pour remonter jusqu'au commandant de la caserne ! Il y a aussi ces moments d'humanité, autour de l'écriture de lettres d'amour, qui va rapprocher l'un des prisonniers de certains militaires pas complètement obtus. Et j'ai été touché par la conclusion, pleine d'émotion.

   C'est un film à voir.

Companeros

   Intitulé La noche de 12 anos ("La nuit de douze ans") dans sa version originale, ce film uruguayen narre le sort de trois révolutionnaires tupamaros (communistes), que la dictature militaire a emprisonnés et tenté de briser, entre 1973 et 1985.

   C'est une fiction très documentée... et militante. Le réalisateur est en empathie avec les trois héros, tellement même qu'il passe très très vite sur les crimes auxquels certains d'entre eux ont participé. Ceci dit, quand on voit ensuite ce qu'ils ont enduré, on comprend que le souci principal soit de dénoncer la dictature sanguinaire qui a sévi jadis en Uruguay.

   Le début de l'histoire donne un bon aperçu de ce que sera le film. Il mêle violence et traits d'humour, le tout servi par une réalisation parfois inventive. On découvre les héros en prison, au moment de leur extraction pour une destination inconnue. C'est filmé en tourniquet depuis la cage centrale des matons. Détail cocasse : durant le transport en camion, l'un d'entre eux ressent une fulgurante envie de déféquer...

   Dans un premier temps, les rebelles ont été torturés physiquement. On a tenté de leur arracher des informations (méthode qui avait réussi avec l'un de leurs chefs, ce que le film ne dit pas). Devant l'inefficacité des sévices physiques, les militaires sont passés à la torture mentale. Le but était de briser ces hommes fiers et aux convictions profondément ancrées en eux. On les masque, on les déplace, on les frappe, on les déshabille, on les prive de nourriture voire on leur pisse dessus. A l'instar des geôliers, la mise en scène est imaginative et réussit à nous faire toucher du doigt ce qu'ont ressenti les trois prisonniers. Dans certaines scènes, c'est du niveau de Hunger.

   C'est lié aussi à la qualité de l'interprétation. Antonio de la Torre (rappelez-vous : Que Dios nos perdone), Chino Darin et Alfonso Tort incarnent avec brio Mujica le perturbé, Rosencof l'écrivain et Huidobro le matheux. Vu le degré d'isolement qu'on leur impose, leur salut se trouve dans leur tête, dans les souvenirs heureux, les rêves... et un système discret de communication (quand c'est possible). Le problème est que ce qu'ils subissent finit par déformer leurs souvenirs voire leur faire prendre pour réel ce qui ne l'est pas. Ici, la mise en scène est brillante, bien servie par le montage.

   Fort heureusement, le propos du film n'est pas toujours dramatique. Il y a cette séquence drôlissime quand il s'agit de décider s'il faut détacher un détenu pour lui permettre de déféquer assis. Cela part du troufion de base pour remonter jusqu'au commandant de la caserne ! Il y a aussi ces moments d'humanité, autour de l'écriture de lettres d'amour, qui va rapprocher l'un des prisonniers de certains militaires pas complètement obtus. Et j'ai été touché par la conclusion, pleine d'émotion.

   C'est un film à voir.

Whitney (en V.O.D.)

   J'ai raté ce documentaire à sa sortie en salles. Je l'ai regretté par la suite : les critiques sont plutôt bonnes et je me suis rendu compte un peu tard que le réalisateur est Kevin MacDonald. On lui doit notamment Un Jour en septembre, Mon Meilleur ennemi, Jeux de pouvoir et surtout Le Dernier Roi d'Ecosse.

   Bien que durant deux heures, le film ne s'attarde que très peu sur les premières années de Whitney Houston. Bien qu'étant née dans un ghetto noir (à Newark, dans la partie du New Jersey qui tient lieu de banlieue new-yorkaise), elle a plutôt vécu une enfance de classe moyenne (noire), entre une mère choriste (pour Aretha Franklin et Elvis Presley, entre autres) et un père fonctionnaire municipal pas très honnête. Dans la famille élargie, on chante souvent (les soeurs Warwick, Dionne et Dee Dee, sont des cousines) et l'on se rend régulièrement au temple.

   A l'image de bien des actuelles vedettes de R'N'B, la future diva a fait ses premières armes vocales dans un contexte religieux. L'adolescente n'a pas tardé à être repérée. Les enregistrements qui montrent ses débuts font bien comprendre que, dès cette époque, l'artiste avait une voix hors du commun.

   Arrivent les années 1980, les années Reagan-Bush (père), celles d'une Amérique conquérante, avide de fric facile et de paillettes. Du point de vue de la musique pop, ce furent les années Whitney Houston - Michael Jackson, deux artistes populaires, doués et qui n'ont pas su gérer richesse et célébrité. Whitney devient la vache à lait de la famille et subit des pressions contradictoires : sa mère voit sa carrière comme une revanche sur ses propres échecs, alors que le père voudrait prendre le contrôle de la machine à fric. Quant aux aux frères, cousins et amis, ils initient la chanteuse à diverses drogues... 

   Whitney découvre aussi qu'elle ne peut plus avoir de véritable vie privée. Le problème est qu'elle n'a pas été souvent sincèrement aimée. Le documentaire apprendra à celles et ceux qui l'ignoraient qu'elle était bisexuelle (et que sa compagne fut sans doute son plus grand amour, finalement écarté par les proches, un brin homophobes certes, mais qui redoutaient surtout son influence). Son mariage avec un rappeur de seconde zone fut un échec qui dura, pour le plus grand malheur de l'artiste : elle sombra dans la drogue et la dépression.

   Cependant, la révélation la plus fracassante nous est réservée pour la dernière demi-heure : la source des névroses de la chanteuse serait des abus sexuels subis dans son enfance (par une personne proche). Cela expliquerait son malaise quant à son identité sexuelle et son acharnement à ne pas laisser sa petite fille à la maison, quand elle partait en tournée. La gamine n'en a pas moins souffert : privée de camarades de son âge, elle a navigué dans les eaux troubles de l'entourage de sa mère.

   Même quand, comme moi, on n'est pas fan de la chanteuse, on peut apprécier ce documentaire assez riche, qui parle de la condition de femme, de mère, de chanteuse et d'amoureuse dans les années 1980-1990-2000.

Whitney (en V.O.D.)

   J'ai raté ce documentaire à sa sortie en salles. Je l'ai regretté par la suite : les critiques sont plutôt bonnes et je me suis rendu compte un peu tard que le réalisateur est Kevin MacDonald. On lui doit notamment Un Jour en septembre, Mon Meilleur ennemi, Jeux de pouvoir et surtout Le Dernier Roi d'Ecosse.

   Bien que durant deux heures, le film ne s'attarde que très peu sur les premières années de Whitney Houston. Bien qu'étant née dans un ghetto noir (à Newark, dans la partie du New Jersey qui tient lieu de banlieue new-yorkaise), elle a plutôt vécu une enfance de classe moyenne (noire), entre une mère choriste (pour Aretha Franklin et Elvis Presley, entre autres) et un père fonctionnaire municipal pas très honnête. Dans la famille élargie, on chante souvent (les soeurs Warwick, Dionne et Dee Dee, sont des cousines) et l'on se rend régulièrement au temple.

   A l'image de bien des actuelles vedettes de R'N'B, la future diva a fait ses premières armes vocales dans un contexte religieux. L'adolescente n'a pas tardé à être repérée. Les enregistrements qui montrent ses débuts font bien comprendre que, dès cette époque, l'artiste avait une voix hors du commun.

   Arrivent les années 1980, les années Reagan-Bush (père), celles d'une Amérique conquérante, avide de fric facile et de paillettes. Du point de vue de la musique pop, ce furent les années Whitney Houston - Michael Jackson, deux artistes populaires, doués et qui n'ont pas su gérer richesse et célébrité. Whitney devient la vache à lait de la famille et subit des pressions contradictoires : sa mère voit sa carrière comme une revanche sur ses propres échecs, alors que le père voudrait prendre le contrôle de la machine à fric. Quant aux aux frères, cousins et amis, ils initient la chanteuse à diverses drogues... 

   Whitney découvre aussi qu'elle ne peut plus avoir de véritable vie privée. Le problème est qu'elle n'a pas été souvent sincèrement aimée. Le documentaire apprendra à celles et ceux qui l'ignoraient qu'elle était bisexuelle (et que sa compagne fut sans doute son plus grand amour, finalement écarté par les proches, un brin homophobes certes, mais qui redoutaient surtout son influence). Son mariage avec un rappeur de seconde zone fut un échec qui dura, pour le plus grand malheur de l'artiste : elle sombra dans la drogue et la dépression.

   Cependant, la révélation la plus fracassante nous est réservée pour la dernière demi-heure : la source des névroses de la chanteuse serait des abus sexuels subis dans son enfance (par une personne proche). Cela expliquerait son malaise quant à son identité sexuelle et son acharnement à ne pas laisser sa petite fille à la maison, quand elle partait en tournée. La gamine n'en a pas moins souffert : privée de camarades de son âge, elle a navigué dans les eaux troubles de l'entourage de sa mère.

   Même quand, comme moi, on n'est pas fan de la chanteuse, on peut apprécier ce documentaire assez riche, qui parle de la condition de femme, de mère, de chanteuse et d'amoureuse dans les années 1980-1990-2000.

samedi, 20 avril 2019

Culture "ncisesque"

   Vendredi, M6 a poursuivi la diffusion de la quinzième saison de la série NCIS. L'épisode 17, intitulé "Un coup de massue", démarre par un clin d'oeil à une émission très populaire aux Etats-Unis (ainsi qu'auprès de certains membres de l'équipe d'enquêteurs) :

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   L'émission American Pickers est diffusée sur la chaîne History. Elle suit des sortes d'antiquaires en déplacement. Leur boutique est située dans une toute petite ville, LeClaire, dans l'Etat de l'Iowa, aux confins de l'Illinois :

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   Le nom de cette ville ne vous dit peut-être rien, mais sachez qu'elle jouit d'une incontestable renommée. Tous les amateurs d'histoire de la conquête de l'ouest savent qu'elle est la ville de naissance d'un certains William Cody, alias Buffalo Bill (en 1846).

   Mais, aux yeux d'un lecteur hexagonal, c'est le nom même de cette ville qui suscite des questions. Il est un vestige de la présence française en Amérique du Nord. La ville a été baptisée ainsi en hommage à Antoine Le Claire, qui fut, entre autres, commerçant et interprète pour l'armée américaine. Il était le fils (métis) du Français du Canada François Le Claire et d'une Indienne.

   Ce n'est pas le seul intérêt anecdotique de cet épisode, dont l'intrigue policière n'est pas particulièrement élaborée. En se rendant chez les brocanteurs, dans la petite ville, pour enquêter, l'équipe de Gibbs fouille dans le fatras d'objets à vendre. La jeune Bishop a un coup de coeur pour une vieille agrafeuse, tandis que son patron semble soudainement très intéressé par un mystérieux petit objet :

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   Si les gags autour des agrafeuses constituent l'un des fils rouges de l'épisode (avec l'introduction d'un personnage destiné à prendre davantage de place par la suite), l'explication du mystère concernant la petite pièce n'intervient qu'en toute fin d'histoire...

mercredi, 17 avril 2019

Le Vent de la liberté

   Ce film de Guerre froide nous conte une histoire vraie, celle de deux familles de (petite) classe moyenne, qui songent à fuir la RDA (l'Allemagne communiste) en 1979. Ils habitent quelque part dans le Sud du pays, pas très loin de la frontière avec la RFA (côté Bavière), qu'ils ambitionnent de franchir par les airs, en ballon.

   Le début relate l'échec de la première tentative. Même si l'on se doute bien qu'il y a peu de chances qu'ils rencontrent le succès au bout d'un quart d'heure (alors que le film est censé durer deux heures), on suit avec attention voire angoisse le vol du premier ballon... et le retour (discret) à la case départ. Cette longue introduction vaut aussi pour la description de climat de suspicion générale qui sévissait à l'époque. Entre policiers en civil et écoutes téléphoniques, tout le monde pouvait se croire espionné.

   Ils ne le réalisent pas tout de suite, mais les héros ont été très imprudents. Ils ont laissé trop d'indices derrière eux, indices que la Stasi va s'évertuer à exploiter pour tenter de remonter jusqu'aux potentiels fuyards. La suite prend donc la forme d'un suspens très bien mené. La police politique est-allemande était redoutable, mais ne disposait que des moyens de son époque. On nous montre des agents scrupuleux, méthodiques, qui mettent du temps à démêler le vrai du faux dans les pistes qui s'ouvrent devant eux. Le personnage de l'officier enquêteur est particulièrement bien campé, avec un zeste d'humour pince-sans-rire, sarcastique, qui détonne dans le monde des ternes bureaucrates soumis au régime.

   Le film mérite aussi le détour pour la manière dont il dépeint la vie quotidienne de gens plutôt ordinaires, avec leurs tracas et leurs faiblesses. Les héros de l'histoire ne sont ni particulièrement intelligents, ni dotés d'une trempe extraordinaire. Cela donne plus de force à l'intrigue.

   La fin est trépidante, abusant toutefois du "juste-à-temps", un peu comme dans Argo. Mais cela reste une belle histoire, un éloge de la liberté à savourer à notre époque, qui voit grossir les mouvements extrémistes de tout bord.

Le Vent de la liberté

   Ce film de Guerre froide nous conte une histoire vraie, celle de deux familles de (petite) classe moyenne, qui songent à fuir la RDA (l'Allemagne communiste) en 1979. Ils habitent quelque part dans le Sud du pays, pas très loin de la frontière avec la RFA (côté Bavière), qu'ils ambitionnent de franchir par les airs, en ballon.

   Le début relate l'échec de la première tentative. Même si l'on se doute bien qu'il y a peu de chances qu'ils rencontrent le succès au bout d'un quart d'heure (alors que le film est censé durer deux heures), on suit avec attention voire angoisse le vol du premier ballon... et le retour (discret) à la case départ. Cette longue introduction vaut aussi pour la description de climat de suspicion générale qui sévissait à l'époque. Entre policiers en civil et écoutes téléphoniques, tout le monde pouvait se croire espionné.

   Ils ne le réalisent pas tout de suite, mais les héros ont été très imprudents. Ils ont laissé trop d'indices derrière eux, indices que la Stasi va s'évertuer à exploiter pour tenter de remonter jusqu'aux potentiels fuyards. La suite prend donc la forme d'un suspens très bien mené. La police politique est-allemande était redoutable, mais ne disposait que des moyens de son époque. On nous montre des agents scrupuleux, méthodiques, qui mettent du temps à démêler le vrai du faux dans les pistes qui s'ouvrent devant eux. Le personnage de l'officier enquêteur est particulièrement bien campé, avec un zeste d'humour pince-sans-rire, sarcastique, qui détonne dans le monde des ternes bureaucrates soumis au régime.

   Le film mérite aussi le détour pour la manière dont il dépeint la vie quotidienne de gens plutôt ordinaires, avec leurs tracas et leurs faiblesses. Les héros de l'histoire ne sont ni particulièrement intelligents, ni dotés d'une trempe extraordinaire. Cela donne plus de force à l'intrigue.

   La fin est trépidante, abusant toutefois du "juste-à-temps", un peu comme dans Argo. Mais cela reste une belle histoire, un éloge de la liberté à savourer à notre époque, qui voit grossir les mouvements extrémistes de tout bord.

lundi, 15 avril 2019

Mon Inconnue

   De prime abord, cette comédie romantique mâtinée de fantastique ne paie pas de mine. Le générique de début nous montre la naissance d'un amour entre un apprenti-écrivain et une jeune pianiste douée. Le conte de fées se poursuit... puis dérape, jusqu'à la rupture : le héros (très bon François Civil, vu récemment dans Le Chant du loup) se réveille dans un monde parallèle, dans lequel sa dulcinée Olivia (Joséphine Japy, déjà remarquée dans Cloclo, for-mi-da-ble) ne le connaît pas.

   Le scénario entretient longtemps le mystère. Le héros est-il en train de rêver ? Ou bien, si c'est à présent la réalité, rêvait-il durant la première partie de l'histoire qui ressemble tant à un roman-photo ? Ou encore, n'est-on pas face à l'une des séquences de fiction visualisée, quand l'écrivain pense aux scènes qu'il est en train d'écrire ? On a la réponse à la question quand il se remet à neiger...

   Les acteurs sont excellents. Ces deux jeunes pousses du cinéma français forment l'un des plus beaux couples qui nous ait été présenté ces dernières années. François Civil est aussi convaincant dans le rôle de l'agent secret que dans celui de l'amoureux transi ou du connard suffisant. Quant à Joséphine Japy, elle me touche autant en artiste introvertie qu'en vedette magnétique, capable de faire rayonner une scène de restaurant, quand les personnages ont abusé d'un vin rosé...

   Ajoutez à cela des seconds rôles bien campés, parmi lesquels se distingue Benjamin Lavernhe, véritable trublion de l'histoire, aussi à l'aise en joueur de ping-pong du dimanche qu'en flatuleur intempestif.

   Même s'il y a ici et là quelques longueurs et quelques facilités, je suis sorti du cinéma avec du baume au cœur, le sourire aux lèvres.

18:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Mon Inconnue

   De prime abord, cette comédie romantique mâtinée de fantastique ne paie pas de mine. Le générique de début nous montre la naissance d'un amour entre un apprenti-écrivain et une jeune pianiste douée. Le conte de fées se poursuit... puis dérape, jusqu'à la rupture : le héros (très bon François Civil, vu récemment dans Le Chant du loup) se réveille dans un monde parallèle, dans lequel sa dulcinée Olivia (Joséphine Japy, déjà remarquée dans Cloclo, for-mi-da-ble) ne le connaît pas.

   Le scénario entretient longtemps le mystère. Le héros est-il en train de rêver ? Ou bien, si c'est à présent la réalité, rêvait-il durant la première partie de l'histoire qui ressemble tant à un roman-photo ? Ou encore, n'est-on pas face à l'une des séquences de fiction visualisée, quand l'écrivain pense aux scènes qu'il est en train d'écrire ? On a la réponse à la question quand il se remet à neiger...

   Les acteurs sont excellents. Ces deux jeunes pousses du cinéma français forment l'un des plus beaux couples qui nous ait été présenté ces dernières années. François Civil est aussi convaincant dans le rôle de l'agent secret que dans celui de l'amoureux transi ou du connard suffisant. Quant à Joséphine Japy, elle me touche autant en artiste introvertie qu'en vedette magnétique, capable de faire rayonner une scène de restaurant, quand les personnages ont abusé d'un vin rosé...

   Ajoutez à cela des seconds rôles bien campés, parmi lesquels se distingue Benjamin Lavernhe, véritable trublion de l'histoire, aussi à l'aise en joueur de ping-pong du dimanche qu'en flatuleur intempestif.

   Même s'il y a ici et là quelques longueurs et quelques facilités, je suis sorti du cinéma avec du baume au cœur, le sourire aux lèvres.

18:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 14 avril 2019

Les Oiseaux de passage

   Ce conte moral amérindien nous est présenté sous la forme d'une tragédie en cinq actes, dont l'intrigue est inspirée d'une histoire vraie, celle d'Indiens de Colombie qui se sont lancés dans le commerce de marijuana, au tournant des années 1960-1970.

   Le premier quart d'heure est peut-être la plus belle séquence du film. On se croirait presque dans un reportage ethnographique, en pleine cérémonie coutumière. Le rite est celui du passage à l'âge adulte d'une adolescente (Zaida) qui a désormais ses règles. Comme elle est issue d'une famille estimée des Wayuu, la cérémonie revêt une certaine ampleur. De surcroît, sa mère, l'imposante Ursula, est dotée de pouvoirs chamaniques, qui semblent se transmettre dans le clan. Les scènes d'extérieur sont filmées avec un incontestable sens du rythme, mais j'ai quand même préféré les plans tournés dans une case, lorsque la mère s'occupe de la fille. Cette séquence voit apparaître le prétendant de Zaida, Rapayet, un gars un peu timide, issu d'une famille moins prestigieuse. Mais il sait ce qu'il veut.

   La suite montre comment Rapayet va obtenir la main de Zaida. Le commerce de café et la contrebande d'alcool ne suffisent pas à réunir la somme nécessaire pour payer la dot de sa promise. Lui et son meilleur ami Moisés croisent des gringos en quête de substances hallucinogènes. De là naît l'idée d'en fournir de grandes quantités, en s'alliant avec un autre clan indigène, qui contrôle les terres où pousse cette étrange herbe sauvage.

   Dans un premier temps, le conte moral devient presque conte de fées. Les clans indiens connaissent la prospérité, mais la violence sous-jacente est prête à éclater. Cet argent facile corrompt une partie de la population. Son mode de vie change et les comportements individuels se dégradent, alors que le confort quotidien s'est considérablement amélioré. Les auteurs ont réussi à mettre en scène le conflit (parfois intérieur) entre les traditions séculaires et l'attirance pour une forme de modernité. (Les oiseaux de passage incarnent l'esprit des défunts, qui reviennent hanter les vivants ou les avertir qu'un danger approche.) La démonstration n'est pas manichéenne, même si l'on sent bien que l'histoire (racontée par une sorte de griot amérindien) suit une pente tragique.

   Attention toutefois : le rythme est un peu lent et tous les interprètes (dont certains ne sont à l'évidence pas des professionnels) ne sont pas irréprochables. Mais c'est prenant et bien filmé.

12:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Oiseaux de passage

   Ce conte moral amérindien nous est présenté sous la forme d'une tragédie en cinq actes, dont l'intrigue est inspirée d'une histoire vraie, celle d'Indiens de Colombie qui se sont lancés dans le commerce de marijuana, au tournant des années 1960-1970.

   Le premier quart d'heure est peut-être la plus belle séquence du film. On se croirait presque dans un reportage ethnographique, en pleine cérémonie coutumière. Le rite est celui du passage à l'âge adulte d'une adolescente (Zaida) qui a désormais ses règles. Comme elle est issue d'une famille estimée des Wayuu, la cérémonie revêt une certaine ampleur. De surcroît, sa mère, l'imposante Ursula, est dotée de pouvoirs chamaniques, qui semblent se transmettre dans le clan. Les scènes d'extérieur sont filmées avec un incontestable sens du rythme, mais j'ai quand même préféré les plans tournés dans une case, lorsque la mère s'occupe de la fille. Cette séquence voit apparaître le prétendant de Zaida, Rapayet, un gars un peu timide, issu d'une famille moins prestigieuse. Mais il sait ce qu'il veut.

   La suite montre comment Rapayet va obtenir la main de Zaida. Le commerce de café et la contrebande d'alcool ne suffisent pas à réunir la somme nécessaire pour payer la dot de sa promise. Lui et son meilleur ami Moisés croisent des gringos en quête de substances hallucinogènes. De là naît l'idée d'en fournir de grandes quantités, en s'alliant avec un autre clan indigène, qui contrôle les terres où pousse cette étrange herbe sauvage.

   Dans un premier temps, le conte moral devient presque conte de fées. Les clans indiens connaissent la prospérité, mais la violence sous-jacente est prête à éclater. Cet argent facile corrompt une partie de la population. Son mode de vie change et les comportements individuels se dégradent, alors que le confort quotidien s'est considérablement amélioré. Les auteurs ont réussi à mettre en scène le conflit (parfois intérieur) entre les traditions séculaires et l'attirance pour une forme de modernité. (Les oiseaux de passage incarnent l'esprit des défunts, qui reviennent hanter les vivants ou les avertir qu'un danger approche.) La démonstration n'est pas manichéenne, même si l'on sent bien que l'histoire (racontée par une sorte de griot amérindien) suit une pente tragique.

   Attention toutefois : le rythme est un peu lent et tous les interprètes (dont certains ne sont à l'évidence pas des professionnels) ne sont pas irréprochables. Mais c'est prenant et bien filmé.

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Astrid et Raphaëlle

   Vendredi 12 avril, France 2 a diffusé Puzzle, l'épisode pilote d'une nouvelle série policière, dont les héroïnes forment un binôme des plus contrastés.

   Ce duo d'enquêtrices est constitué d'une commandante de police et d'une archiviste. La première est plutôt ronde, "nature", bordélique, divorcée en ayant perdu la garde de son fils. La seconde est maigre, introvertie, maniaque, célibataire et... autiste. Toutes deux sont désireuses de faire triompher la justice... et obstinées. C'est ce qui va les réunir.

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   A gauche se trouve Raphaëlle la policière, incarnée par Lola Dewaere. Son jeu m'agace un peu (tout comme son personnage, d'ailleurs), mais je trouve que l'alchimie fonctionne bien avec sa partenaire, Astrid, à droite ci-dessus. Elle est interprétée par Sara Mortensen, qui nous livre une formidable composition.

   Leur rencontre est bien mise en scène et, même si cette première enquête n'est pas des plus subtiles, j'ai été pris par l'histoire, qui comporte de nombreux moments comiques, en raison du décalage entre le monde des "neurotypiques" (ie les "gens normaux") et la perception qu'en a Astrid, si attachante.