jeudi, 27 février 2014
Un Eté à Osage County
Au fin fond de l'Oklahoma, une matriarche frappée par le cancer profite de la disparition de son mari pour réunir les membres de la famille. Le repas de groupe, consécutif à des obsèques, constitue le coeur de ce film, au sein duquel se cache un secret de famille qui met du temps à se dévoiler.
Mais cela commence de manière moins conventionnelle. On entend d'abord la voix du patriarche (incarné par Sam Shepard). On se demande ce qu'il peut bien vouloir dire en citant un écrivain... et puis, à la limite, on s'en fout, tant il est captivant. Ce n'est qu'à la fin de son monologue que l'on découvre à qui il s'adresse. Surgit ensuite son épouse, complètement à la masse (Meryl Streep, é-blou-i-ssante, comme on ne l'a jamais vue). Générique.
L'histoire se poursuit avec l'arrivée progressive des membres de la famille. Mention spéciale à la soeur, Mattie Fae (Margo Martingale débordante d'énergie) :
Son mari est interprété par Chris Cooper, tout aussi excellent. Mais ce sont les personnages des filles qui vont attirer notre attention. L'aînée semble la plus forte. Elle est mariée à un gentil mou (végétarien de surcroît) et sa fille est une adolescente en pleine crise. Je vous présente Julia Roberts, pas très convaincante au début (en particulier quand elle s'adresse à sa progéniture, dans la voiture, juste avant d'arriver), mais de plus en plus marquante au fur et à mesure que l'intrigue progresse :
Comme elle est souvent filmée en gros plan, j'ai pu constater que sa lèvre supérieure hautement suspecte n'avait pas disparu. Ceci dit, dans la seconde partie du film, elle nous fait un sacré numéro, avec, à la fin du repas de famille, une prise de bec entre elle et sa mère, véritable moment d'anthologie. Plus prosaïquement, ceux qui ne connaissent l'actrice qu'à travers ses rôles fleur bleue seront surpris de l'entendre employer un langage très peu châtié... Je recommande tout particulièrement la petite causerie entre les trois soeurs, où il est question des surnoms donnés au sexe féminin. (Tout ceci est évidemment à savourer en version originale sous-titrée, fort heureusement disponible à Rodez.)
La cadette est une gentille pétasse, incarnée avec conviction par Juliette Lewis. Elle rapplique en voiture de sport, escortée d'un gros blaireau qui m'a tout l'air d'un escroc... mais qui est prêt à l'épouser.
La benjamine est la plus renfermée. Elle a les traits de Julianne Nicholson, une rouquine très douce que les amateurs de série policière ont découverte naguère dans New York, section criminelle (dans le rôle de Megan Wheeler) :
L'histoire est assez noire, triste sur le fond (la plupart des personnages ont en quelque sorte raté leur vie), émaillée d'éclairs d'humour sarcastique. Le film mérite le détour pour la performance des acteurs... et surtout des actrices. (Côté masculin, signalons aussi Benedict Cumberbatch -oui, Sherlock- dans un rôle à contre-emploi.)
P.S.
Une partie de la critique (notamment Le Monde) a été très dure envers ce film. Le fait qu'au cours du repas, l'époux et la fille de Barbara (tous deux végétariens invétérés) soient tournés en dérision n'est peut-être pas étranger à la répugnance éprouvée par certains commentateurs. Cela rappelle un peu l'éreintement dont Les Trois Frères, le retour, a été récemment victime. Le fait qu'un intermittent du spectacle y soit présenté comme un artiste raté avait peut-être incité certains critiques à tremper leur plume dans le vitriol...
19:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 26 février 2014
Ambiance du matin
Les oiseaux de mon quartier se sont réveillés de meilleure humeur que moi, ce matin. Leurs vocalises faisaient concurrence au bruit des automobiles (qui ne roulaient pas à 50 km/h...), déjà perceptible... et à l'église du Sacré-Coeur, qui a eu l'obligeance d'indiquer l'heure :
07:12 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique, poésie
lundi, 24 février 2014
Soulages, peinture criminelle ?
Les téléspectateurs aveyronnais qui ont regardé TF1 jeudi dernier (20 février) ont eu une belle surprise lors de la diffusion de la seconde partie de l'épisode de la série R.I.S. intitulé Chute libre.
L'un des enquêteurs de la police scientifique est en fuite, soupçonné d'avoir assassiné sa maîtresse, qui était fiancée à un entrepreneur en systèmes de sécurité, incarné par Christophe Malavoy. Celui-ci reçoit à son domicile le commandant du R.I.S., une ravissante femme très opiniâtre, Lucie Ballack (qui cherche à le confondre). Voici ce que l'on voit à l'écran lors de l'arrivée de celle-ci :
L'entrepreneur incarne la haute société cultivée... et aussi le mâle sûr de lui, dominateur, prêt à tuer. Il n'est pas anodin qu'à côté des céramiques rares, de la sculpture massive et des meubles de prix figure une œuvre du maître de l'outrenoir... puisque son propriétaire est passé du côté obscur !
P.S.
Je sais que la période "brou de noix" (dont l'œuvre ici présente est caractéristique) est bien antérieure à celle de l'outrenoir... mais, bon, hein, faites pas chier !
01:14 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, culture, art, peinture
samedi, 22 février 2014
La Grande Aventure Lego
Petit garçon, j'étais plutôt Playmobil que LEGO. Mais bon, tout cela est loin... et je ne me sentais pas d'humeur à tenter l'expérience du film d'animation. Au vu des tout premiers extraits, je me demandais comment cela pouvait tenir la route. Il a fallu que je voie la bande-annonce (qui contient une brochette de gags) pour me décider.
Très vite, on remarque que l'histoire suit des codes hollywoodiens : le héros (Emmet) est un gars ordinaire (ici un ouvrier du bâtiment) qui va se révéler extraordinaire. Il va s'enticher d'une bombasse (Cool-tag) qu'il va falloir conquérir. Il y a des méchants et des gentils bien identifiés... et la masse, qui a besoin d'un meneur.
C'est aussi bourré de clins d'œil aux grands succès du cinéma : Le Seigneur des anneaux, Il était une fois dans l'Ouest, Star Wars (l'une des meilleures séquences), Batman, Matrix... C'est souvent parodique, à travers notamment les personnages de Batman (une grande gueule pas aussi balèze qu'elle le prétend) et Vitruvius le mage. (Je recommande tout particulièrement la scène du "code secret" pour entrer dans un univers mystérieux.)
Visuellement, c'est foisonnant. C'est le résultat d'un gros travail, effectué image par image. Cela donne des architectures LEGO en construction, plus ou moins abracadabrantesques (je pense aussi aux différents modes de locomotion, construits au fur et à mesure qu'ils sont conçus). Les Transformers peuvent aller se rhabiller !
On rit souvent... et sans vulgarité. Quand ils jurent, les personnages lâchent un gros "Crotte de bique !" ou "Mer... credi !", à la rigueur. Les parents comme les enfants apprécieront, à différents degrés. J'ai aussi adoré la séquence qui se déroule dans le cerveau du héros... ainsi que l'un des fils rouges de l'histoire : le "canapé à impériale", pour regarder la télé entre potes !
Les spectateurs les plus âgés seront capables de décrypter un message contenu dans l'intrigue : la dénonciation d'un tyran économique, qui s'appuie sur une télévision abrutissante. Pour le tout venant, le film défend des valeurs philanthropiques (tout le monde peut s'amender) et familiales (le père et le fils peuvent jouer ensemble)... parce qu'il y a une petite surprise, introduite dans le dernier tiers de l'histoire. Elle constitue une nette rupture de ton, dans le rythme comme au niveau visuel. A ce moment-là, l'émotion prend le pas sur l'humour, avant que l'intrigue ne reprenne son cours.
Par contre, je ne suis pas emballé par la musique, assez clinquante, à commencer par le "tube" du film : Tout est super génial, adaptation du Everything is awesome original. Au début, on en perçoit la portée parodique, mais, par la suite, il semble que les réalisateurs y croient un peu trop...
P.S.
En 2013, LEGO est devenu le deuxième fabricant mondial de jouets.
Le succès des fameuses briques dépend d'un mode production dont les secrets sont jalousement gardés.
La rivalité avec Playmobil semble avoir plutôt tourné à l'avantage des Danois que des Allemands.
15:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 21 février 2014
Les Trois Frères, le retour
Au départ, je n'avais pas du tout l'intention d'aller voir ce film. Je suis fan du premier (ainsi que du Téléphone sonne toujours deux fois)... et j'avais peur de me retrouver devant un navet pondu pour palper facilement la thune des nostalgiques et autres gogos des salles obscures. Et puis... le bouche-à-oreille n'étant pas mauvais, un soir, après le boulot, un peu énervé par ma journée, j'ai tenté le coup.
Le scénario nous prend par la main. On commence par nous re-présenter les trois lascars en situation. Pascal (Légitimus) est -en apparence- le winner de la bande, riche, distingué... et l'objet de la libido débordante d'une mystérieuse "Moss". Bernard (Campan) végète en tant qu'intermittent du spectacle, son seul titre de gloire consistant en une publicité canine... tandis que Didier (Bourdon) s'est encore investi dans une relation par pur intérêt pécuniaire... et mène une double-vie. L'ensemble est plaisant.
Cela devient franchement drôle quand, suite à leur rencontre chez le notaire, les lascars décident (pour une raison que je vous laisse découvrir) de vider leurs comptes en banque respectifs. Cela nous vaut trois scènes croquignolesques. Chacun a rendez-vous avec son conseiller financier. On y découvre un contexte familier, fait de bureaux impersonnels et d'affiches aux slogans trompeurs. C'est à ce moment qu'il faut être attentif, car, lorsque la caméra pivote légèrement, elle place une partie de chaque affiche derrière le corps de l'interlocuteur de chacun des héros, ne dévoilant qu'un texte tronqué, lourd de sous-entendus : "ici on vous nique", "on vous la met profond"...
Évidemment, les retrouvailles des frères débouchent sur une série de catastrophes... et c'est un trio de losers qui se retrouve entassé dans une caravane de tournage... avec une petite surprise à la clé : la fille cachée de l'un d'entre eux, qui débarque à l'improviste ! Dans le rôle de la Beurette tchatcheuse, Sofia Lesaffre est au poil.
Ceci dit, de temps à autre, cela manque de souffle. Les dialogues, bien écrits, sauvent certaines situations. J'ai bien aimé entendre les héros se chambrer à tour de bras. Le reste de la salle riait aussi de bon cœur.
D'autres séquences m'ont marqué. Il y a le moment où le trio est obligé de changer de caravane... pour se retrouver dans celle de l'héroïne de Joséphine, ange gardien. Pas subtil, mais efficace !
L'action part en vrille lorsque les héros prennent des substances hallucinogènes sans s'en rendre compte. Là encore, c'est un décalque de l'une des séquences du précédent film. D'autres clins d’œil émaillent l'intrigue, comme à l'hôpital, où l'une des infirmières s'appelle "Marie Thérèse"... J'ai aussi en mémoire le passage à la télévision. (Aujourd'hui, la télé-réalité a remplacé Le Millionnaire.) Plus tard, on revoit Bernard Campan et Didier Bourdon en couple, sauf que là c'est pour faciliter le mariage du fiston, déjà présent dans le précédent épisode... et qui a beaucoup grandi. Évidemment, rien ne se passe comme prévu, lors du dîner chez la future belle-famille, avec un Daniel Russo réjouissant de beauferie.
Bref, ce n'est pas la comédie du siècle, mais, avec un peu d'indulgence, elle fait passer une bonne soirée.
00:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 19 février 2014
Ida
Pologne, années 1960. Ida, jeune novice, est sur le point de prononcer ses voeux dans un couvent perdu au fin fond de la campagne. La mère supérieure la contraint à prendre contact avec sa dernière parente encore en vie, la soeur de sa mère, une magistrate communiste dont le mode de vie n'est pas à proprement parler un modèle de vertu catholique.
Et puis, surtout... ces femmes sont juives. Un mystère plane donc sur ce qui est advenu aux parents d'Ida. On comprend vite qu'il s'est passé des choses tristes une vingtaine d'années auparavant... mais quoi exactement ? Voilà pour la partie enquête.
Au quotidien, c'est la cohabitation entre les deux femmes qui constitue le coeur de l'action. Ida la pure ne quitte pas son vêtement de novice, même quand elle prend le risque inouï, un soir, d'aller écouter les joueurs de jazz... et de discuter avec le si séduisant saxophoniste. Wanda vit seule... et parfois accompagnée, jamais de la même personne. Elle fume comme un pompier, picole sec, écoute du classique à fond la caisse et tente d'oublier son mal de vivre dans le moindre bar ouvert le soir. Au boulot, c'est une procureure impitoyable. (Son personnage est inspiré d'une Polonaise qui a réellement existé : Helena Wolinska-Brus.)
Le style est épuré. C'est un peu comme si Robert Bresson avait rencontré Claude Lanzmann. Le noir et blanc est superbe, avec des cadrages soignés. En général, l'organisation est géométrique : la caméra est disposée de manière à ce que les objets signifiants et les acteurs forment des compositions. Cela se voit à peine, parce que c'est très bien joué et que la réalisation est fluide. J'ai été particulièrement sensible au jeu de l'actrice principale, Agata Trzebuchowska :
Cela réclame tout de même de l'attention. Cette heure vingt est tendue, sur le fil de rasoir. Il y a évidemment l'incertitude quant à la manière dont les parents (et le reste de la famille) ont été tués vingt ans auparavant. Il y a aussi le questionnement de la jeune femme, qui commence à douter. Le film se conclut d'une manière somme toute cohérente, qui fait écho à ce qu'a dit l'un des personnages au début de l'histoire.
21:34 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 18 février 2014
Broadchurch
France2 vient de commencer la diffusion d'une mini-série britannique, Broadchurch. Dans cette petite ville littorale de l'Angleterre, un crime horrible est commis : l'un des enfants du couple Latimer est retrouvé mort, sur une plage.
Le début du premier épisode nous présente une famille modèle, dont la suite de l'histoire va nous faire découvrir les failles cachées.
Ce matin-là, quand le père (plombier) part au boulot, il croise pratiquement tous les personnages principaux des épisodes à venir :
On nous présente assez vite les deux enquêteurs qui vont devoir coopérer pour démêler les fils de l'intrigue. A ma gauche, voici le lieutenant Ellie Miller, la régionale de l'étape, impulsive, émotive, mais très bien insérée dans la "communauté" :
A ma droite, voilà le nouveau capitaine, Alec Hardy (au costume presque aussi approximatif que la barbe), taraudé par un précédent échec professionnel, mais qui semble avoir la quête de vérité chevillée au corps :
L'histoire dénonce certains travers de la presse, qu'elle soit locale ou nationale... et suggère qu'il faudrait creuser du côté du fils de l'enquêtrice, le meilleur ami de la victime... et un garçon très cachottier.
Le deuxième épisode voit l'action se concentrer sur la maison de la famille Latimer. Quelques secrets commencent à être révélés. Dans le même temps, on attire notre attention sur un mystérieux bungalow, le vendeur de journaux qui employait le gamin décédé et enfin le postier. Sont-ce de fausses pistes ?
L'ésotérique et le cocasse font irruption dans l'intrigue, avec un drôle d'installateur téléphonique, qui dit avoir des pouvoirs paranormaux... et qui est appelé à jouer un rôle grandissant :
Cependant, c'est la mère que l'on voit le plus souvent à l'écran. Filmée sous tous les angles, elle exprime une grande souffrance. Je trouve que l'actrice en fait un peu trop (depuis le premier épisode d'ailleurs).
L'action gagne en intensité dans le troisième épisode, qui démarre sur la mise en cause du père du gamin décédé. On devine assez facilement de quoi il retourne. Les apparences sont-elles trompeuses ? En tout cas, il est un autre personnage qui paraît au moins aussi louche : la gérante du camping, qui semble ne rien vouloir faire pour faciliter la tâche des enquêteurs... et qui a sans doute elle aussi quelque chose à cacher :
Le fils de la policière Ellie est enfin interrogé par le capitaine, en présence de son père. Dans un premier temps, il donne le change face à ces deux adultes. Mais, quand la mère visionne l'enregistrement de l'interrogatoire, elle ne peut visiblement empêcher le doute de l'assaillir :
Les relations entre les deux enquêteurs peinent à s'améliorer. On sent que chacun fait quelques efforts en direction de l'autre, mais leurs univers restent par trop différents. L'épisode s'achève sur l'incendie d'une construction qui a pu jouer un rôle dans le drame qui bouleverse la petite ville côtière. A suivre...
01:50 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, télévision, télé
dimanche, 16 février 2014
Philomena
"Encore un film inspiré d'une histoire vraie !" vont déplorer certains. En réalité, le scénario est construit à partir de deux histoires, celle de l'Irlandaise Philomena Lee, fille-mère dans les années 1950, et celle du journaliste Martin Sixmith, qui va l'aider à retrouver son fils. Le tout est mis en scène par Stephen Frears, que l'on a plaisir à retrouver en pleine forme.
Le grand intérêt du film est la confrontation de deux tempéraments qu'au départ on pense diamétralement opposés. Judi Dench (oscarisable) incarne à la perfection la vieille dame très digne, ancienne infirmière, catholique pratiquante (malgré tout ce qu'elle a vécu), amatrice de romans à l'eau de rose... et à cheval sur les principes.
Steeve Cogan interprète un journaliste anglais libre-penseur, issu de la gauche caviar (Tony Blair est au pouvoir, à l'époque) et habitué à un certain train de vie. Malheureusement pour lui, il est en pleine disgrâce. Écrire l'histoire de cette vieille dame n'est au départ qu'un moyen de continuer à exister, professionnellement parlant.
La tension entre les deux personnages principaux naît du fossé socio-culturel qui les sépare mais surtout de leur attitude face à la religion. Philomena ne veut en aucun cas nuire au couvent où elle a pourtant tant souffert... et où un vent de modération (voire de modernité) semble avoir soufflé. Elle soupçonne par contre le journaliste de vouloir écrire un brûlot anticatholique et de ne la voir que comme un instrument.
Petit à petit, les points de vue se rapprochent et la relation prend de l'épaisseur. Chacune des scènes de dialogues (à écouter en version originale sous-titrée) est un petit bijou d'humour ou d'émotion.
A ce relationnel s'ajoutent les péripéties de l'enquête. Elle va mener nos héros aux États-Unis, où ils vont aller de découverte en découverte sur la vie d'Anthony (rebaptisé Michael par ses parents adoptifs). La catholique timide et conservatrice se révèle plus audacieuse et ouverte d'esprit que le journaliste ne l'avait pensé... et lui-même réalise qu'il a un lien avec cette histoire !
A noter aussi la beauté et la force des retours en arrière, qui nous projettent dans l'Irlande des années 1950. Sophie Kennedy Clark, qui incarne Philomena jeune, est excellente.
Dans la dernière partie du film, un ultime coup de théâtre ramène tout le monde en Irlande, pour une fin que je me garderai bien de révéler.
14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 15 février 2014
Jack et la mécanique du coeur
Cette animation est née de l'imagination de Mathias Malzieu, l'âme du groupe Dionysos. On est d'ailleurs cueilli dès le début par... une chanson. C'est un clip vidéo, qui mêle scènes du film et vues du groupe de musiciens. C'est assez surprenant... et limite narcissique.
L'histoire démarre ensuite... et il faut reconnaître que c'est un plaisir des yeux. L'animation est magnifique. On sent les influences de Tim Burton (celui d'Edward aux mains d'argent et des Noces funèbres), de Jean-Pierre Jeunet (celui de La Cité des enfants perdus et de L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet) et même du Hugo Cabret de Scorsese. Parfois, on nous offre une variation, par exemple celle qui ressemble à des pliages de papier. Il faut souligner la qualité du travail de la graphiste, Nicoletta Ceccoli.
Par contre, l'histoire est plutôt triste, à réserver à des enfants assez grands. On retrouve un peu l'ambiance des romans de Charles Dickens, voire de Victor Hugo. Mais le macabre n'est ni joyeux ni porteur d'espoir, il est mélancolique. On m'a dit qu'à travers le film, Malzieu chercherait peut-être à faire le deuil de son histoire avec Olivia Ruiz (qui prête sa voix à l'héroïne Miss Acacia). Bof...
Signalons la qualité des voix assurant les seconds rôles : Rossy de Palma, Dani, Jean Rochefort et Grand Corps Malade. Du côté de la bande son, je n'ai pas grand chose à dire. C'est meilleur que dans un Disney, mais je ne suis pas particulièrement emballé par les chansons. Disons que c'est supportable. Le film est à voir pour la beauté des images et l'inventivité de certaines scènes.
13:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 12 février 2014
L'Union européenne contre la démocratie ?
L'information révélée dès hier par les médias a de quoi inquiéter sur le fonctionnement de l'Union européenne : une mesure (la culture d'un nouveau maïs OGM) pourrait être autorisée alors que la grande majorité des pays membres s'y opposent. Comment est-ce possible ?
(Centre Presse, 12 février 2014)
Il faut d'abord comprendre la procédure de vote au sein du Conseil de l'Union européenne qui, en fonction du sujet abordé, réunit les 28 ministres du domaine concerné. Les décisions courantes sont prises à la majorité qualifiée. Tous les ministres n'ont pas le même poids, qui dépend du nombre d'habitants du pays qu'ils représentent.
Ainsi, les ministres allemand, français, britannique et italien, qui représentent chacun entre 60 et 81 millions d'habitants, disposent de 29 votes. A l'opposé, le ministre maltais, qui représente moins de 500 000 habitants, ne dispose que de 3 votes. Vous noterez toutefois qu'on a "limé" les écarts, pour ne pas trop avantager les représentants des pays les plus peuplés : la France a beau être 120 fois plus peuplée que Malte, son ministre dispose d'un pouvoir de vote qui n'est même pas dix fois plus important que celui de son homologue maltais. En gros, les six pays les plus peuplés sont un peu désavantagés, alors que les 22 autres bénéficient d'un pouvoir de vote un peu (voire beaucoup) plus important que ce qu'il serait si l'on suivait la stricte logique démographique.
Mardi, pour faire passer le refus du nouveau maïs OGM, il aurait fallu réunir 260 voix (la majorité qualifiée) sur les 352 que compte le Conseil. Regardons cela en détail :
En jaune sont mis en valeur les pays dont les ministres ont voté contre l'autorisation du maïs OGM. Ils sont 19 au total (sur 28 membres de l'Union européenne), totalisant 210 votes. Il en a donc manqué 50.
En face, en bleu, se trouvent les pays dont les ministres ont voté pour l'autorisation du maïs OGM. Ils ne sont que 5, totalisant seulement 77 votes (presque trois fois moins que leurs adversaires). C'est pourtant leur position qui risque de s'appliquer. Notons que ces pays sont tous dirigés par des coalition de droite ou de centre-droit... et, que, l'Espagne mise à part, ils ne promeuvent pas la culture des OGM sur leur propre sol. En clair : ils ont voté pour que les OGM puissent être cultivés... dans les autres pays de l'Union européenne ! Bel exemple de solidarité !
Cependant, quelle que soit l'hypocrisie de ces dirigeants, ils n'ont pas pesé bien lourd dans ce vote. Ce sont les abstentionnistes qui l'ont fait basculer. Dans le tableau, je les ai laissés sur fond blanc. Ces quatre pays (dont deux fondateurs de la C.E.E. en 1957) cumulent 65 votes. Leur apport au groupe majoritaire aurait permis de rejeter l'autorisation du maïs OGM.
Signalons que (d'après un article du Monde) dans deux d'entre eux est déjà cultivé un autre maïs OGM (celui de Monsanto). Il s'agit du Portugal et de la République tchèque, entourés en noir sur la carte ci-dessous :
Alors, quelle va être la suite ? La Commission européenne pourrait décider d'autoriser la culture du nouveau maïs OGM, mais elle doit aussi tenir compte du fait que le Parlement européen a voté un avis (non contraignant) s'y opposant... et que les élections européennes approchent. Elles auront lieu en mai et leur résultat influera sur la composition de la nouvelle Commission européenne, qui devrait être désignée en octobre 2014...
19:02 Publié dans Economie, Politique étrangère, Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, europe, actualité, politique internationale, union européenne, affaires européennes
samedi, 08 février 2014
Minuscule
Sous-titré "La vallée des fourmis perdues", ce film d'animation est l'adaptation d'une mini-série que je ne connaissais pas. Les décors y sont bien réels (sauf exception), puisque les prises de vue ont été tournées dans deux parcs naturels nationaux : les Ecrins et le Mercantour. Ont été surimposées les évolutions des personnages de synthèse, les insectes (et quelques autres).
D'abord, contrairement à ce qu'indique le titre, ce ne sont pas les fourmis les héroïnes, mais la jeune coccinelle, qui va devenir grande, découvrir le monde, apprendre à se défendre... et se faire des amis. Si le scénario est limpide, il ménage suffisamment de rebondissements pour garder en éveil les adultes, pendant que les enfants suivent ça avec délectation.
C'est l'une des réussites de ce film : les deux niveaux de lecture. Les bambins s'intéressent à l'histoire basique, émaillée de gags et d'émotion. Les adultes tendent l'oreille pour capter les allusions, principalement sonores : les personnages ne parlent pas, mais les bruits qu'ils font sont porteurs de sens... et parfois d'odeur !
Tout part d'un pique-nique champêtre, qu'un couple d'humains abandonne subitement en raison des contractions que subit la femme, enceinte. Les restes de leur repas vont faire le délice d'une foultitude d'animaux, notamment la coccinelle et les fourmis. Le monde en apparence paisible de cette vallée va se révéler être digne des jungles urbaines contemporaines.
Les personnages principaux sont bien campés. Il y a la jeune coccinelle (sans doute mâle), plutôt impulsive voire imprudente. Il y a les fourmis noires, de prime abord organisées militairement, mais un peu branquignoles au fond... alors que les fourmis rouges symbolisent le mal. La réalisation les présente comme un groupe fasciste. N'oublions pas non plus les mouches moqueuses, une vraie bande de délinquants. Plus étonnante est l'araignée des bas-fonds, qui va adopter un comportement quasi maternel à l'égard d'un intrus.
Les scènes d'action renvoient à de "vrais" films. Acrobatique est l'épisode aquatique, qui voit une canette de boisson (pas tout à fait vide) poursuivre une boîte à sucre... et la coccinelle échapper à un gros poisson. Epique est l'attaque de la fourmilière noire par les Rouges (avec un petit côté Kingdom of Heaven). Libératrice est la seconde séquence où le héros affronte les mouches... intervention d'une 2CV à la clé !
L'humour est renforcé par l'un des choix graphiques : attribuer d'assez gros yeux aux personnages. Il n'en sont que plus expressifs. Le tout est soulignée par une musique qui rappelle celle des films hollywoodiens. Très bon choix !
Bref, aux petits comme aux grands, Minuscule procure un plaisir majuscule !
P.S.
Le site internet dédié est sympa.
11:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 07 février 2014
Jacky au royaume des filles
Cette comédie repose sur le principe du renversement de situation. Dans ce royaume, les femmes dominent, portent des tenues militaires ou de motard, alors que les hommes sont sous leur domination et contraints de porter un tchador.
L'effet comique des premières scènes montrant ces hommes sous cloche est incontestable, d'autant plus que le côté infantilisant de cette domination est mis en valeur par le comportement des garçons. J'ai bien ri à les voir gambader dans les rues du quartier.
On est aussi rapidement cueilli par une scène "choc"... tournée à la force du poignet ! C'est drôle, mais inabouti : à la fin, on devrait voir une ou plusieurs taches, ce qui n'est pas le cas ! Ce manque de réalisme est l'image du reste du film qui, s'il joue sur la gaudriole, n'ose pas aller au bout de sa démarche.
On peut y percevoir une kyrielle d'influences, de Cendrillon à Made in Groland, en passant par Les Misérables et Soleil vert. On n'a pas franchement tranché entre la satire et la fable moralisante. C'est un peu trop "gentil" à mon goût... et l'interprète principal (Vincent Lacoste) est trop fade. C'est particulièrement visible quand il se retrouve face à de grosses pointures, comme Charlotte Gainsbourg (excellente, bien que pas toujours bien servie par les dialogues) et surtout le couple formé par Noémie Lvovsky et Didier Bourdon, une révélation dans ce rôle de matrone, auquel le tchador sied particulièrement. (A signaler aussi quelques caméos plaisants, l'un avec Emmanuelle Devos, l'autre avec Valéria Golino.)
On a toutefois veillé à ce qu'aucune allusion ne soit faite à la religion musulmane. C'est à ce genre de détail qu'on réalise qu'il s'agit d'une satire de gôche. Néanmoins, je dois reconnaître que les scènes qui font évoluer les hommes en groupe sont particulièrement réussies. Il y a celle, quasi onirique, qui montre la réunion des prétendants, intégralement vêtus de blanc... et fiers de leur laisse, qu'ils espèrent voir choisie par l'héritière du trône.
Il y a aussi la manifestation devant le palais, bien tournée, où l'on retrouve l'un des personnages les plus équivoques de l'histoire : un parent du héros, qui monnayait auparavant ses charmes à ses nombreuses "cousines"... et qui fait partie de la Résistance. On sent que Michel Hazanavicius a pris plaisir à incarner ce rebelle au slip bien rembourré.
D'autres scènes, qui s'apparentent à des sketchs, sont bien vues, comme celles tournées dans l'épicerie. La première voit la fille de la propriétaire mater les jambes du héros quand il soulève son tchador pour extraire des billets de ses grandes chaussettes ! La seconde est plus sexuelle...
Cela aurait pu devenir la comédie satirique de ce début d'année, mais l'ensemble est mal fagoté. On a visiblement eu du mal à relier le tout et à faire durer l'histoire. Je n'ai pas non plus apprécié la novlangue utilisée dans ce royaume. De plus, si la musique (jouée à la guitare) est bonne, elle manque cruellement à certaines scènes, qui tombent à plat.
Si vous avez du temps à perdre et un peu d'indulgence, vous pouvez tenter l'aventure, pour la dizaine de bons moments que ce film contient.
23:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 02 février 2014
Réexister
Le cinéma decazevillois La Strada a eu l'exclusivité de la diffusion de ce film tourné en 3D, mi-documentaire mi-fiction. Il raconte la (re)découverte du Nord de l'Aveyron par le petit-fils d'un Decazevillois, devenu entrepreneur dans le BTP du côté de Lyon. On nous le montre tirant le diable par la queue et, la quarantaine venue, se posant des questions sur sa vie. Il décide de se lancer sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Habitant Lyon, il est logique qu'il emprunte la via podiensis, partant du Puy-en-Velay et passant par l'Aubrac et Conques. On n'assiste pas à la première partie de son cheminement, qui le mène jusqu'aux portes de l'Aveyron. On le suit de l'arrivée au village d'Aubrac jusqu'à Conques. Le parcours est prolongé jusqu'à Figeac puis Cahors.
Dès le départ, les images sont saisissantes. La 3D se révèle un excellent choix pour filmer des scènes urbaines, à Lyon. On voit différents éléments architecturaux se détacher... et la scène qui se déroule en voiture, avec passage dans un tunnel, est bluffante.
Le passage sur l'Aubrac est évidemment magnifique. Les paysages sont splendides et l'on remarque l'attachement du réalisateur, Jérôme Gardes, à filmer les animaux, que ce soient les vaches, les grenouilles ou les insectes.
L'intérêt retombe un peu lorsque sont insérées des scènes de dialogues, plus ou moins réussies. Cela manque un peu de naturel, aussi bien à Conques que lorsque le héros rejoint des membres de sa famille du côté de Decazeville.
C'est toutefois le moment où le film prend une autre dimension. A la contemplation paysagère et à la méditation philosophique succède un tableau du "pays noir", qui rend hommage au passé ouvrier et surtout mineur de la région. Des mini-fictions évoquent l'épopée du charbon et les principales luttes des prolétaires locaux. Ont été reconstituées la fusillade d'Aubin (1869) et la défenestration de Watrin, dans le cadre de la grève de 1886.
Le titre se comprend au regard des deux thématiques développées dans le film. Dans un monde de moins en moins compréhensible, l'attachement au terroir et la fidélité aux luttes sociales donnent du sens à l'existence. Un propos généreux, servi par de belles images (et une musique bien choisie), mais qui aurait mérité de s'appuyer sur une interprétation plus convaincante.
P.S.
Trois séances sont encore programmées : lundi 3 février, à 15h et 20h30 ; mardi 4 février, à 18h30.
23:26 Publié dans Aveyron, mon amour, Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
samedi, 01 février 2014
Dette ou pas dette, telle est la question
La présentation des voeux et l'approche des élections municipales sont source de propos parfois agressifs des uns et des autres quant à la gestion des collectivités territoriales aveyronnaises. A Rodez, c'est le bilan de l'équipe Teyssèdre qui est en question. Mais la tenue des comptes du Conseil général fait aussi l'objet de l'attention publique. Après tout, les élections départementales ne sont pas si éloignées que cela (mars 2015)... et certains observateurs pensent que la majorité qui gère le Conseil général est actuellement - discrètement - à la manoeuvre (de conserve avec le député Yves Censi) pour faire basculer le Grand Rodez du "bon" côté. La constitution de listes d'opposition aux équipes sortantes, à Olemps et Sébazac-Concourès, n'est sans doute pas le fruit du hasard.
Intéressons-nous donc aux comptes des collectivités. La loi impose leur publicité et, vu l'enjeu qu'ils représentent (de surcroît dans un pays très endetté), des analyses comparatives ont été pratiquées. Que dit la droite ? Que le département de l'Aveyron est géré en "bon père de famille" et que l'équipe Teyssèdre conduit Rodez à sa ruine. Que dit la gauche ? Que Jean-Claude Luche n'a pris la mesure de la crise et que Rodez est un modèle de gestion rigoureuse.
Commençons par la commune de Rodez. La droite pointe son fort endettement (852 euros par habitant fin 2012, selon le site decomptes-publics.fr), bien plus important que celui du département (725 euros par habitant fin 2013, d'après ce que l'on peut lire dans La Dépêche du Midi). Cependant, ne faudrait-il pas plutôt comparer chaque collectivité avec celles de sa catégorie ? Ainsi, les communes de la strate de Rodez sont bien plus endettées (1 066 euros par habitant). A l'inverse, le département de l'Aveyron est plus endetté que ceux de sa catégorie : 639 euros par habitants contre 529, en 2011, toujours d'après decomptes-publics.fr.
On pourrait aussi s'amuser à mettre en regard les statistiques des autres départements midi-pyrénéens. Dans trois d'entre eux (le Gers, le Tarn et le Tarn-et-Garonne), la dette par habitant est plus élevée que dans l'Aveyron (avec respectivement 703, 776 et 826 euros par habitant en 2011). Dans les quatre autres (Ariège, Haute-Garonne, Lot et Hautes-Pyrénées), elle est plus basse (98, 572, 599 et 458 euros par habitant). En croisant les critères "dette", "investissements", "fonctionnement" et "impôts locaux", on arrive à un classement, où l'Aveyron se situe dans la catégorie moyenne, moyenne basse même. Il n'y a donc ni motif de glorification, ni raison de dénigrer excessivement la gestion départementale.
Il y a bien un point qui rapproche la commune de Rodez du Conseil général : l'évolution de l'endettement. A Rodez, celui-ci a augmenté de 14 % en trois ans... mais de près de 34 % pour le département de l'Aveyron ! Et comme, entre 2011 et 2013, on est passé de 639 à 725 euros par habitant, une nouvelle hausse de 13 % s'est ajoutée aux précédentes, dans l'Aveyron. Dans les deux cas, je pense que cela peut s'expliquer (au moins en partie) par la volonté de ne pas augmenter brutalement les impôts locaux (déjà plus élevés que la moyenne de la strate, pour les deux collectivités). Du coup, on emprunte. A terme, il va falloir rembourser le capital avec les intérêts (ce qui alourdit la note), mais la facture est étalée dans le temps... ce qui est bien pratique quand vient le temps des élections.
La situation de l'Aveyron n'est donc pas si bonne que cela, sa solvabilité n'étant notée que 2 sur 10. Pour améliorer celle-ci, il faudrait augmenter les ressources du Conseil général. Rendez-vous après les élections de 2015 pour la hausse des impôts... et peut-être une petite saignée dans les effectifs de la fonction publique territoriale.
Même motif même punition en perspective pour Villefranche-de-Rouergue. Le maire sortant Serge Roques ne cesse de clamer sa fierté d'avoir maintenu une pression fiscale faible (ce dont l'hebdomadaire Le Villefranchois se réjouit dans le numéro de cette semaine). A y regarder de plus près, c'est juste concernant la taxe d'habitation (plus faible de cinq points que dans les communes comparables), mais le foncier bâti est presque autant imposé qu'ailleurs... et le foncier non bâti beaucoup plus. De surcroît, Villefranche est assez fortement endettée (plus de 1 000 euros par habitant) et l'augmentation de la dette y est plus rapide que dans les communes de la même strate. Etant donné que les charges en personnel y sont déjà bien plus basses que la moyenne, il est évident qu'après les municipales, les Villefranchois vont se faire administrer une petite ponction fiscale.
Mais revenons à l'Aveyron. Le département a un profil atypique. Sa population y est plus âgée que la moyenne : en 2010, les 65 ans et plus représentaient 24 % du total, contre 18 % au plan national. L'INSEE fournit des chiffres aussi pour les 60 ans et plus, qui représentent 32 % de la population aveyronnaise... mais seulement 25 % de la population française. Cela permet de comprendre pourquoi l'Aveyron était (en 2012) le troisième département pour les aides versées aux personnes âgées. C'est une dépense fixe considérable (171 euros par habitant par an, contre 62 euros pour Paris, par exemple), qui n'est pas amenée à baisser dans un avenir proche (sauf si de nombreux actifs viennent s'installer dans l'Aveyron).
Par contre, selon la même source, le département dépense peu pour le RSA : 56 euros par habitant, contre 236 en Seine-Saint-Denis (et plus de 600 à la Réunion). C'est évidemment dû au taux de chômage relativement bas, comparé à ceux des autres départements. (Au passage, on appréciera la discrétion des statisticiens, qui ont négligé de faire figurer dans le tableau les taux des DOM, supérieurs à 20 %.) On comprend l'angoisse des membres de la majorité de Jean-Claude Luche, quand on ils constaté l'augmentation de ce taux. (Il a atteint 8,1 % fin 2013.) Si cette tendance se maintient, les finances départementales seront gravement menacées.
Dans cette perspective, on peut comprendre la politique menée par Jean-Claude Luche : investissement et compétitivité sont deux clés pour favoriser la création d'emplois. (Ah, si la RN 88...) Il estime que chaque euro dépensé concourt à faire baisser le chômage (ou à en limiter la hausse)... et que cela coûte moins cher que de verser le RSA. Quant au développement de l'attractivité du département, il est nécessaire pour en faire augmenter le nombre d'actifs, sur lesquels repose notre système fiscal.
15:10 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, france