dimanche, 06 mars 2011
Des soucis pour le futur musée Soulages ?
La lecture du compte-rendu de la dernière réunion du Conseil d'agglomération du Grand Rodez (celle du 14 décembre 2010) nous en apprend de belles.
Ainsi, dès le début (page 2), dans le paragraphe "décisions du président prises par délégation du Conseil", on découvre qu'à l'occasion de la pose de la première pierre du musée (cérémonie totalement fictive qui a donné lieu à une propagande intense), Môssieur Soulages n'a pas eu à faire chauffer la carte bleue :
L'agglomération est décidément bonne fille ! Mais ce n'est que peccadille par rapport à la suite. Page 14, il est question d'un "ajustement des crédits de paiement du musée Soulages". Voici donc la dernière estimation :
Nous en sommes donc désormais officiellement à plus de 26 millions d'euros... alors qu'on ne voit pas encore les fondations du bâtiment ! Un vote a suivi la présentation. Signalons que sur 45 conseillers, 38 étaient présents, 5 des 7 absents ayant donné une procuration de vote. (Mais tout le monde ne semble pas avoir participé.) Seules deux personnes se sont distinguées de la masse moutonnesque, une seule ayant voté contre !
Un peu plus loin (page 36), il est question des assurances :
On ne semble pas du tout douter de la qualité du travail fourni par certains entrepreneurs, puisqu'on se prémunit contre un possible effondrement des bâtiments (pendant la construction !) et surtout contre le risque de malfaçons non apparentes. La confiance règne !
Il est vrai que la fin de l'année 2010 a été marquée par la défaillance de l'entreprise Felgines, qui ne travaillait pas directement sur le chantier du musée, mais juste à côté. Divers ragots ont circulé à ce sujet. Certains ont affirmé que la boîte n'était pas sérieuse et que des élus locaux le savaient. Il y a comme un petit contraste : ils affirment qu'on avait choisi le candidat le "mieux-disant", alors qu'il apparaît qu'il a décroché le marché parce qu'il était 40 % moins cher que ses concurrents ! Et puis... Yves Felgines s'est expliqué... et il semble qu'il se soit un peu fait rouler... Mais, d'après vous, qui va en être de sa poche, au final ? Le contribuable du Grand Rodez !
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samedi, 19 février 2011
Soulages ne fait pas recette
Benoît Decron, conservateur (depuis bientôt deux ans) du musée qui n'existe pas, continue sa tournée de conférences dans le Grand Rodez. Chacune de ses interventions bénéficie d'une assez large couverture médiatique. La dernière s'est déroulée à Luc-La Primaube, charmante commune (en fort développement) située au sud-ouest de Rodez, sur la route d'Albi.
Ceux qui ne s'y sont pas rendus peuvent en avoir un aperçu à travers le site de la commune et un article publié dans La Dépêche du Midi.
Si l'on se fie à la photographie qui accompagne l'article, force est de constater que cette conférence, qui s'est tenue un mercredi soir, n'a pas déplacé les foules :
Peut-être est-ce dû à l'angle de prise de vue : il fallait montrer à la fois la maquette, le conférencier et une partie (au moins) du public. Mais je pense quand même que l'assistance ne devait pas dépasser 30-40 personnes. Si elles avaient été nombreuses, nul doute que l'article se serait fait l'écho du succès.
Venons-en au contenu. Dans sa présentation, Benoît Decron aurait insisté sur l'importance du lieu d'implantation du futur musée (sur le jardin du Foirail), à proximité de la rue Combarel, où est né l'artiste. Mais une autre solution aurait été encore plus avantageuse, rapprochant le musée dédié à l'artiste du quartier de son enfance... solution moins coûteuse pour les finances locales : le site de l'ancien hôpital
J'ai (grossièrement) colorié en noir le site du futur musée et en rouge le site de l'ancien hôpital. J'ai souligné d'un cercle la présence de la cathédrale. Si l'on voulait vraiment redynamiser ce quartier, on pouvait y implanter, outre le musée, le restaurant, quelques commerces et pourquoi pas une résidence étudiante. (L'îlot Combarel aurait pu aussi servir à regrouper les formations de l'enseignement supérieur ruthénois, aujourd'hui réparties principalement sur deux sites assez éloignés l'un de l'autre.) Le Grand Rodez a choisi de privilégier le logement. Le programme a l'air toutefois séduisant.
L'article de La Dépêche se termine par une affirmation bête de plus. Le conservateur aurait insisté sur l'occasion rare de pouvoir inaugurer un musée consacré à un artiste de son vivant. Quelques secondes de réflexion suffisent à ruiner l'argument. D'abord, très peu de musées consacrés à un seul artiste sont viables. Il faut en diversifier les collections et activités, ce qui devrait être fait avec celui projeté à Rodez. De plus, si presqu'aucun musée n'est construit du vivant de l'artiste auquel il est consacré, c'est par prudence ! Tant de peintres en cour, célèbres de leur temps, sont aujourd'hui relégués dans les caves poussiéreuses des établissements publics ! A l'inverse, des artistes méconnus de leur vivant, voire méprisés, sont devenus par la suite des références. Les collectivités locales attendent de voir ce que devient la renommée d'untel après sa mort, avant d'envisager de s'appuyer dessus pour faire la promotion de la ville.
C'est bien le problème que pose l'oeuvre de Soulages. Elle est aujourd'hui semble-t-il très appréciée des gens de pouvoir et d'argent (peut-être aussi dans un but spéculatif). Qu'en sera-t-il dans 10 ans ? Dans 30 ans ? Je nourris quelques inquiétudes.
Bon, vous allez me dire, qu'au final, je dépense beaucoup d'énergie pour un micro-événement, la conférence n'ayant pas fait recette. Au départ, je n'avais pas prévu d'y consacrer un billet. J'avais posté une réaction sur le site de La Dépêche, samedi matin. Elle n'est toujours pas publiée, alors qu'une réaction à un autre article, postérieure, a été immédiatement visible (j'ai fait le test). Cette pitoyable petite censure m'a incité à me tourner vers mon blog, les sites des journaux locaux ne souhaitant visiblement pas rendre accessibles à leurs lecteurs les opinions divergentes.
P.S.
Finalement, ma réaction à l'article a été mise en ligne. Mieux vaut tard...
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mercredi, 09 février 2011
Matisse au secours de Soulages
C'est le nouvel argument à la mode des promoteurs du "machin" du Foirail : le succès du petit musée nordiste, pourtant décrié au départ, préfigurerait la réussite du projet Soulages. Cela fait plusieurs semaines qu'on nous bassine avec cela. Ce mardi, c'est Centre Presse qui s'est dévoué pour relayer cette propagande, dans un article annoncé en "une " sous le titre "Des raisons pour croire au musée Soulages".
Page 5, on pouvait lire un entretien entre Rui Dos Santos et la conservatrice du musée Matisse du Cateau Cambrésis, Dominique Szymusiak :
Pourtant, l'article commence bien. On ne nous cache pas que la question des frais de fonctionnement semble délicate, là-bas comme ici. On aimerait avoir des précisions chiffrées...
On en dispose pour la construction, grâce au site du Conseil général du Nord. La comparaison ne joue pas en faveur du projet ruthénois. Première surprise : à Cateau Cambrésis, c'est Henri Matisse qui a pris l'initiative de créer un espace muséal (en 1952) ; il a donc un peu payé de sa personne...
Deuxième mauvaise surprise : lorsqu'il a été décidé qu'un nouveau bâtiment devait accueillir le musée, c'est le Conseil général qui a pris en charge le projet. Vous allez me dire que c'est logique : cette commune ne comptant qu'environ 7 000 habitants, elle n'avait pas les reins assez solides pour assumer ce genre d'opération. Certes, mais elle fait partie de la communauté de communes du Caudrésis-Catésis, qui en compte 55 000 ! Cela ne vous rappelle pas une Communauté d'agglomération aveyronnaise ?
Donc, près de 45 % du coût de construction a été assumé par le Conseil général. Après, vous vous dites que c'est la Communauté de communes qui a dû casquer... Non ! Ils ont obtenu un financement européen pour près de 29 % ! Ensuite, l'Etat et la région Nord-Pas-de-Calais ont fourni chacun 13 %. La commune et la Communauté de communes ? RIEN ! Très bien pour eux, mais, par contraste, les élus du Grand Rodez (anciens comme actuels) paraissent s'être faits rouler dans la farine : chez nous, c'est la Communauté d'agglomération qui va assumer la plus grande part des coûts de construction, l'Etat, la région Midi-Pyrénées et le département de l'Aveyron contribuant chacun pour moins de 20 %. Cherchez l'Union européenne ! Le maire de Rodez semble avoir enfin compris qu'il fallait creuser de ce côté-là...
Au final, signalons que le musée Matisse a coûté moins de 12 millions d'euros, soit moins de la moitié (et peut-être le tiers...) de ce qu'il va falloir dépenser pour le "machin" du Foirail.
Après, il faut prendre en compte l'aura du peintre. N'en déplaise aux fans du chantre de l'outrenoir, la renommée de Henri Matisse est plus forte... et ses créations bien plus accessibles au grand public, comme on peut le constater en regardant certaines de ses oeuvres, visibles sur le site du musée de Nice qui lui est consacré.
Quant au nombre d'entrées, d'après la conservatrice, il tourne autour de 70 000 - 80 000 (plutôt 70 000 donc, dont 30 000 scolaires). A comparer avec les 100 000 visiteurs escomptés par les promoteurs du projet Soulages... Cela nous promet un beau déficit de plus !
Enfin, la conservatrice du musée Matisse évoque la question de l'accessibilité, signalant que la ville du Cateau Cambrésis se trouve plutôt à l'écart des axes majeurs et qu'il faut faire un détour pour s'y rendre. C'est un argument à relativiser sérieusement :
En effet, à moins d'une heure et demie (parfois beaucoup plus près) se trouvent plusieurs villes et donc des réservoirs de visiteurs potentiels. (Rappelons qu'en dépit de l'aura de tel ou tel artiste, ce sont d'abord les habitants d'une région qui font vivre les musées de province, pas les armadas de touristes asiatiques, mirage qui a déjà fait des dégâts dans l'Aveyron...)
Ajoutons que les routes sont plutôt rectilignes et le relief peu accidenté dans le Nord, ce qui n'est pas le cas en Aveyron... et la présence d'une RN 88 souvent embouteillée n'est qu'un inconvénient de plus.
Je termine par une remarque sur la photographie qui illustre l'article (et que je n'ai pas reproduite). On y voit les deux conservateurs chaudement vêtus, place d'Armes, à Rodez, devant la cathédrale. Je trouve culotté que, pour accompagner un papier consacré à un projet d'art contemporain, on fasse référence aux bâtisseurs du Moyen-Age et de la Renaissance ! Bonjour la cohérence !
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mercredi, 02 février 2011
Quelques quatrains anti-Soulages
Cette fois-ci, cela ne vient pas de moi. J'ai trouvé cet "essai poétique" dans le Bulletin d'Espalion du 28 janvier, page 3, signé "J.M." :
Ce n'est pas très argumenté et je reconnais que le coup de la misère dans le monde n'est pas d'une grande subtilité. Ce sont les autres investissements possibles qu'il aurait fallu placer en regard de ce projet dispendieux et, à mon avis, inutile. Mais, bon, il est toujours agréable de lire quelque chose qui pourfend la "pensée unique aveyronnaise".
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samedi, 22 janvier 2011
Le musée Soulages et les finances ruthénoises
C'est dans Le Ruthénois de cette semaine (le numéro 47) que j'ai trouvé l'information. Elle est noyée dans un article consacré aux voeux du maire de Rodez, Christian Teyssèdre. Mais, au moins, elle figure dans le comtpe-rendu, alors que je ne l'ai pas lue dans les autres journaux aveyronnais. Voici un extrait de l'article "Les voeux de Christian Teyssèdre à ses administrés" :
Deux éléments sont à relever. Tout d'abord, le maire de Rodez semble avoir compris que l'estimation du coût de la construction du musée à 25 millions d'euros n'est pas définitive et que, ainsi que le maire d'Onet-le-Château l'a déjà laissé entendre, il va falloir "cracher au bassinet". Et à qui incombera la tâche de compléter le financement ? Ben pas à l'Etat ni à la région, pas plus au Conseil général. C'est la Communauté d'agglomération du Grand Rodez ainsi que le chef-lieu départemental qui risquent de devoir gérer la "douloureuse" (entre cinq et dix millions supplémentaires...). Du coup, le maire de Rodez déclare : "Il est maintenant nécessaire d'obtenir tous ensemble une subvention européenne." C'est, indirectement, un bel aveu. Ceci dit, les contribuables ruthénois ne pourront que se réjouir si Christian Teyssèdre arrive à obtenir le financement de l'Union européenne.
La deuxième information importante concerne les coûts de fonctionnement des musées ruthénois, qui seront donc au nombre de trois. L'engagement est pris de limiter ces coûts à 1,6 million d'euros, alors que, ces dernières semaines, cette même estimation circulait... mais pour le seul musée Soulages. On parlait de 3 millions d'euros pour les trois. Cela nous ferait donc une économie de près de 50 % ! Si l'on suit les propos du maire, c'est sur les bâtiments et le personnel que la réduction des coûts risque de porter. Affaire à suivre...
En attendant que le musée soit achevé, la propagande continue. Ainsi, le projet d'associer les élèves de deux écoles ruthénoises est entré en phase de réalisation. Bon courage aux gamins... Les adultes ne sont pas négligés non plus. Ces jours-ci, c'est la commune de Druelle qui fait l'objet de toutes les attentions. Et c'est là que cela devient comique. La Dépêche du Midi et Le Ruthénois ont, grosso modo, publié le même article, illustré par la même photographie montrant Ludovic Mouly en pleine concentration (Le Ruthénois en a ajouté une seconde).
Premier gag : les deux articles reprennent les propos du président de la Communauté d'agglomération affirmant que, "contrairement aux rumeurs, il n'y avait aucune surenchère sur ce projet." J'ai peut-être mal compris, mais cela me paraît en contradiction avec ce que les lecteurs du journal ont pu voir quatre pages auparavant, venant du maire de Rodez.
Deuxième gag : les légendes de la photographie. Voici celle de La Dépêche :
Et voici celle du Ruthénois :
La nuance n'est pas la même. Ainsi, la rédaction du Ruthénois semble avoir voulu montrer l'intérêt manifesté par la population... alors qu'une assistance d'environ 100 personnes, pour une conférence largement annoncée, dans un bassin de 60 000 habitants, n'a rien d'exceptionnel.
Bon, j'arrête d'être méchant avec Le Ruthénois, dont le dernier numéro est très intéressant. Il contient une entrevue avec Jean-Claude Luche, à comparer avec celle de Christian Teyssèdre publiée par le magazine A l'oeil, devenu mensuel. Toujours dans l'hebdomadaire du Piton, on lira avec profit le deuxième volet d'une nouvelle rubrique, consacrée aux châteaux de l'agglomération, en liaison avec la publication d'un livre de Gérard Astorg.
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vendredi, 31 décembre 2010
Spéciale Soulages dans "Le Nouvel Hebdo"
Le numéro 156, paru vendredi 31 décembre, est entièrement consacré au projet de musée. Si la première page propose néanmoins l'éditorial de Gérard Galtier, le reste de la surface rédactionnelle est occupé par une chronologie commentée (signée Jacques Boutet) qui s'étend du 29 mai 1975 à la fin d'octobre 2010 :
On est surpris par la richesse de l'actualité qui a porté sur la création d'un musée Soulages. Les Ruthénois qui s'étonnent qu'un conservateur soit actuellement payé et logé à leurs frais sans que le musée existe découvriront qu'il y a eu un précédent, puisqu'un conservateur du patrimoine avait été recruté à l'époque Censi (en 2004) pour mettre au point le projet. (Cette personne, Estelle Pietrzyk, est devenue depuis conservatrice du musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg.)
Une étape importante dans la constitution du dossier financier a été l'attribution du label "musée de France" au projet. Ce fut fait le 8 février 2006 (et pas en décembre 2005, contrairement à ce qui était écrit dans Le journal du Grand Rodez numéro 60, où un dossier faisait la promotion du projet sans aborder la question des coûts...), quand parut au Journal Officiel un arrêté signé par le ministre de la Culture de l'époque le 24 janvier précédent. (C'est le texte numéro 35.)
On sourit aussi en relisant les propos tenus à l'époque par certains membres de l'opposition municipale, aujourd'hui membres de la majorité. Sur le site internet de La Dépêche du Midi, on peut retrouver les déclarations pleines de bon sens de Monique Bultel-Herment et de Daniel Rozoy... très hostiles au projet ! C'est une quasi-révolution copernicienne que la gauche ruthénoise a opérée, elle qui, dans la plaquette programmatique publiée en 2001 (pour les municipales qui ont vu la reconduite de l'équipe Censi), envisageait l'avenir du Foirail avec un multiplexe mais sans musée Soulages :
L'hebdomadaire satirique a aussi beau jeu de rappeler l'évolution de l'estimation du coût, passée de 10 millions d'euros à 13,5 puis 17, 20, 23, 25 et enfin sans doute au moins 30 millions d'euros.
Même si les oeuvres de Pierre Soulages se vendent bien, même si l'artiste semble avoir "la cote" auprès des faiseurs d'opinion, lorsque Beaux-Arts Magazine réalise (avec BVA), en 2007, un sondage sur les goûts artistiques d'un panel (censé être) représentatif des Français, il ressort que les productions du maître de l'outre-noir font l'objet d'un rejet cinglant. (Bon, d'accord, la méthode utilisée n'était peut-être pas des plus rigoureuses, mais je trouve symbolique -et pas injustifié- qu'un public de non-initiés préfère des mangas à l'oeuvre de Soulages.)
Et si encore le musée abritait les oeuvres majeures de l'artiste ! Or, comme le rappelle Le Nouvel Hebdo, tout le monde est conscient que ce ne sera pas le cas, puisque c'est le musée Fabre (de Montpellier) qui a acquis la "crème" (au chocolat ?) de la production soulagienne.
Que dire encore des projections en terme de retombées économiques pour l'agglomération ruthénoise et le département !...
Deux-trois petites choses pour terminer. Sur la Toile, les avis sont tranchés... et assez partagés. La presse locale, en général très favorable au projet, s'est fait l'écho de quelques voix dissonantes. Certaines s'expriment sur Facebook. Oui ! On peut y trouver un groupe "Pour un référendum sur la création du musée Soulages à Rodez" (dont on sent bien que nombre de membres voteraient NON si on leur demandait leur avis). De manière plus explicite, un autre groupe s'est formé sous le nom de "Pour tous ceux qui sont contre le musée Soulages". En face, on trouve des défenseurs (pas forcément aveyronnais d'ailleurs) sur le site paris-skyscrapers, où l'on se contente de décrire favorablement l'évolution du projet.
Quant à ceux qui souhaitent faire vivre une presse indépendante, ils peuvent acheter régulièrement Le Nouvel Hebdo (qui ne manquera pas de reparler du sujet), voire s'y abonner :
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jeudi, 23 décembre 2010
Comme si le musée Soulages existait déjà
Je suis tombé là-dessus en lisant Le Monde daté de mercredi 15 décembre, plus précisément dans le supplément "Education" (un truc pas franchement palpitant à lire), page 11. Il s'agit d'un article intitulé "L'Ecole Estienne ou l'édition en majuscule". (Quel jeu de mots !)
L'essentiel de l'article est consacré à cette école prestigieuse (qui porte le nom d'une célèbre famille d'imprimeurs de la Renaissance), spécialisée dans les métiers du livre.
C'est à la fin qu'il est question de Soulages : "Le futur Musée Soulages de Rodez, dans l'Aveyron, vient d'ailleurs de lui passer commande d'un catalogue d'estampes."
Je suis ravi d'apprendre qu'à Rodez, on travaille à la constitution d'un fonds, vu qu'un conservateur est déjà appointé et logé aux frais du contribuable.
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dimanche, 05 décembre 2010
Soulages dans les têtes
... dans celles des enfants , en tout cas. Du moins, c'est dans ce sens que la majorité ruthénoise compte agir, d'après les quotidiens régionaux, Midi Libre comme La Dépêche du Midi.
Cela ne vous rappelle rien ? Mais si ! Il y a quelques mois de cela, les enseignants de l'école publique d'Olemps se sont engagés dans la même démarche, dont la presse locale s'était faite l'écho, soutenue en cela par les politiques. Cela s'était terminé par une exposition à la médiathèque et à la mairie.
On se rend donc compte que ce qui est proposé comme LE projet innovant est une copie du travail réalisé à Olemps. Pourquoi pas après tout, si c'est jugé utile ? Le problème est qu'aucun des deux journaux ne fait référence aux précurseurs, alors qu'ils ont, à l'époque, évoqué leur initiative dans leurs colonnes.
Les journalistes ont-ils la mémoire courte ? Est-ce parce que la chose n'a pas été abordée lors de la réunion publique ? Toujours est-il que j'ai cru nécessaire de publier un commentaire sur chacun des sites.
On peut toujours lire l'un des deux, sur le site de Midi Libre (du moins tant que l'article restera accessible, le quotidien basé à Montpellier ayant la fâcheuse habitude d'éliminer au fur et à mesure les articles les plus anciens). Par contre, celui que j'ai posté sur le site de La Dépêche a disparu... peut-être pour une tout autre raison : dans mon commentaire, j'ironisais sur la légende de la photographie illustrant l'article. La voici telle qu'elle était en début d'après-midi :
Si vous ne croyez pas à la sincérité d'une capture d'écran, vous pouvez aller regarder la version papier du journal, où figure la même photographie (page 26, au début du second cahier), avec la faute dans la légende :
En fin d'après-midi, j'ai rejeté un coup d'oeil à l'article... et j'ai constaté que mon commentaire avait disparu... et que la faute de conjugaison avait été corrigée.
D'un côté, je me suis réjoui qu'on ait modifié le texte erroné. D'un autre côté, j'ai trouvé un peu cavalière la suppression de mon commentaire, qui portait plutôt sur le fond de l'article (mais cela a peut-être déplu...). La meilleure solution aurait été un mot du modérateur (s'il ou elle existe). Cela aurait donné un aspect plus interactif au fonctionnement du site d'information.
Il reste que, sur le projet de musée Soulages, les médias locaux sont massivement du côté des politiques et exercent (pour moi) assez peu leur esprit critique.
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lundi, 22 novembre 2010
Le musée Soulages ne fait toujours pas l'unanimité...
... loin s'en faut ! Le problème est que la vox populi ne transperce pas le rideau médiatique, qui, en général, ne délivre que la version des partisans du projet. Cependant, de temps à autre, une voix discordante parvient à se faire entendre.
Tel est le cas de Jean-Louis Chauzy, qui s'est publiquement interrogé sur le financement de la construction et surtout du fonctionnement du futur musée. Pour avoir accès à l'intégralité de l'argumentation du président du C.E.S.E.R. de Midi-Pyrénées, il fallait se tourner vers la presse non officielle, à savoir Le Nouvel Hebdo (numéro 147) :
L'hebdomadaire satirique revient d'ailleurs régulièrement sur le sujet, parfois de manière très détaillée et argumentée, comme Jean-Louis Chauzy. On ne peut pas en dire autant de leurs détracteurs.
Ainsi, le quinzomadaire gratuit A l'oeil du 18 novembre dernier s'est ému des prises de position de M. Chauzy :
Une grande déception perce dans cet entrefilet, peut-être rédigé par le maître-d'oeuvre du journal, Jean-Philippe Murat, élu conseiller municipal de Rodez en 2008, troisième sur la liste conduite par... Jean-Louis Chauzy. Peut-être conviendrait-il plutôt de s'interroger sur le bien-fondé de sa prise de position. Pourquoi M. Chauzy devrait-il forcément avoir tort ?
Celui-ci a aussi suscité l'ire de l'auteur d'un site d'information politique engagé, RodezNews. Le ton fut d'abord acrimonieux, l'auteur s'en prenant à "une poignée de grincheux qui ne connaissent probablement pas grand chose à l'art et à l'économie en général" (sympa pour Gérard Galtier et Jean-Louis Chauzy). Contestant le point de vue de ceux qui estiment que d'autres projets étaient bien plus porteurs et urgents à réaliser (comme le grand contournement de Rodez), le rédacteur se lâche : "Voilà une vision bien aveyronnaise qui ignore la réalité du monde d'aujourd'hui." C'est dingue mais cela m'a rappelé les propos outranciers du nouveau directeur de l'Office du tourisme de Rodez, publiés dans Le Ruthénois numéro 26.
Le billet écrit une semaine plus tard est plus mesuré, même si les opposants au projet y sont qualifiés de "frileux". (Il est néanmoins vrai que les températures ont brusquement chuté au début du mois de novembre.) Ce texte est plus argumenté que le précédent et l'on sent sous la plume (le clavier ?) de l'auteur un véritable intérêt pour l'oeuvre de Pierre Soulages. Il témoigne cependant du même optimisme béat qui dégouline des médias, fantasmant sur le nombre de visiteurs, censé rapidement atteindre et dépasser les 100 000 par an. Il table sur la renommée mondiale du peintre qui, si elle est incontestable à l'heure actuelle, peut rapidement s'étioler après sa mort. L'histoire mondiale de la peinture est remplie de cas d'artistes "officiels", couverts d'éloges de leur vivant et dont les oeuvres sommeillent aujourd'hui paisiblement dans les remises des musées, tandis que des génies ignorés (ou méconnus) de leur vivant ont obtenu la gloire posthume. Gardons-nous des enthousiasmes fabriqués...
De la même manière, il ne faut pas surestimer l'aura du site de Conques qui, soit dit en passant, est bien davantage due à la préservation de l'achitecture médiévale qu'à l'apport de Pierre Soulages. La "proximité" est toute relative : 45 kilomètres (et trois quarts d'heure de route en voiture par temps sec, une heure pour un bus... s''il n'a pas choisi de partir plutôt sur Albi ou Millau...) sépareront les cartons du musée des vitraux de l'église abbatiale. (Plus que Rodez, c'est Conques qui a tout à gagner à la construction du musée. Son maire en attend l'inauguration avec une impatience non dissimulée.)
Alors, pourquoi tant d'hostilité envers Jean-Louis Chauzy ? Après tout, il n'a fait qu'exprimer de manière mesurée et argumentée une opinion dissidente, acte salutaire dans une démocratie digne de ce nom. Je vois peut-être le mal partout, mais je me suis demandé s'il n'y avait pas là résurgence d'une opposition plus ancienne. Le site RodezNews est tenu par Joseph Donore, qui fut lui aussi candidat aux municipales de 2008 à Rodez. (Décidément, on n'y échappe pas ! A toutes fins utiles, je précise que je ne figurais sur aucune des quatre listes en course...) Il était numéro 7 sur la liste menée par Frédéric Soulié (divers droite... UMP dissidente disaient les mauvaises langues), rivale donc de celle conduite par Jean-Louis Chauzy. Sauf erreur de ma part, le virus de la politique l'avait saisi aux cantonales de 2004, quand il avait essayé (vainement) de déboulonner le conseiller général sortant de Mur-de-Barrez Francis Issanchou. Et, en consultant l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille , je suis tombé sur une notice consacrée à Joseph Donore : il avait déjà tenté de se faire élire conseiller général en 1998 (il avait terminé cinquième du premier tour) et avait envisagé de présenter une liste aux municipales de 2001, à Mur-de-Barrez. (Et c'est là que je réalise que le bouquin de Lajoie-Mazenc a été préfacé par... Jean-Louis Chauzy ! C'est un complot !)
Bon, tout ça pour dire que j'ai déniché un article intéressant dans le Centre Presse de samedi :
J'ai trouvé réjouissant qu'un chaud partisan du musée prenne la plume pour demander à ce qu'on écoute les arguments de Jean-Louis Chauzy. Preuve que tout n'est pas perdu dans notre bon vieil Aveyron...
17:50 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, art, culture, peinture
dimanche, 24 octobre 2010
Musée Soulages : des comparaisons parlantes ?
La pose de la première pierre du futur musée n'a pas forcément poussé les médias dominants à fouiller le sujet. L'heure était à la célébration, à l'autosatisfaction. Néanmoins, quelques organes de presse ont fait leur travail.
La Dépêche du Midi est allée creuser du côté de la Haute-Vienne, plus précisément à Eymoutiers. Dans cette commune a été créé un musée d'art contemporain, dédié à la célébrité locale, Paul Rebeyrolle, décédé en 2005. Le financement s'est beaucoup plus appuyé sur l'Etat et les Conseils (régional et général) que dans le cas du projet Soulages, qui repose quand même essentiellement sur le Grand Rodez. Il est vrai que la commune d'Eymoutiers ne compte, d'après l'INSEE, qu'un peu plus de 2 000 habitants et qu'il ne semble pas exister une organisation intercommunale de poids. (Cet exemple n'est pas sans évoquer le cas du centre d'art de Kerguéhennec, dont j'ai déjà parlé, tout comme Le Nouvel Hebdo, dans son numéro 137.)
Le budget de fonctionnement est évidemment moins élevé en Haute-Vienne. Au passage, on remarquera que l'estimation de celui de Rodez ne cesse d'augmenter, de 900 000 euros à l'origine à 1,2 million aujourd'hui. C'est un peu à l'image du coût de construction : rappelons qu'on est passé de 10 à 25 millions (officiellement en 2010), sans doute au moins 30 en 2012...
Enfin, le nombre de visiteurs n'est que de 15 000 à Eymoutiers. Tous ne sont pas payants, puisqu'il est précisé que de "nombreux scolaires" sont inclus dans le total. Les autres sont des amateurs d'art. Viennent-ils de loin ? Il serait intéressant de le savoir, parce que c'est l'un des arguments utilisés par les promoteurs du musée Soulages, censé attirer les foules du monde entier. A cet égard, l'analyse de la zone d'attraction du Centre Pompidou (consultable dans le numéro 144 du Nouvel Hebdo) est éclairante : le public est celui de la grande région.
L'hebdomadaire satirique aveyronnais persiste dans le numéro 146. On peut y lire une passionnante analyse comparative du projet Soulages et de celui du Louvre-Lens. (On notera qu'en dépit de la nomination précoce d'un conservateur, le futur musée ruthénois n'est toujours pas présenté au public par un site internet digne de ce nom...) Ceci dit, il faut relativiser. Il n'est pas plus pertinent de comparer le projet Soulages à celui de Lens qu'au Centre Pompidou de Metz. Dans ces deux derniers cas, on est face à des antennes des plus grands musées parisiens, installées dans des villes assez importantes (la commune de Lens compte plus de 35 000 habitants, la communauté d'Agglomération environ 250 000), bien reliées à la capitale. Autant d'avantages qui, soit dit en passant, font défaut à Rodez...
13:08 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture
mercredi, 20 octobre 2010
Du Soulages, en veux-tu, en voilà !
Il y a quelques mois, j'avais jugé bon de parler d'une "offensive Soulages", tant le tir groupé politico-médiatique m'était apparu flagrant. Cette semaine, on est passé à la phase supérieure.
Cela a commencé mardi 19, en fin d'après-midi, par une conférence, au cinéma Le Royal, sur l'oeuvre du Maître de l'outre-daube. J'ai ouï dire qu'en ce lieu solennel s'était rassemblé tout le gratin grand-ruthénois, aussi bien politique (Fabrice Teyssèdre et Christian Geniez se seraient côtoyés en cette journée mémorable !) que culturel. Les mauvaises langues disent que si, dans l'après-midi, les rues ont été occupées par des salariés en grève, en début de soirée, la salle de cinéma fut remplie d'individus dont l'esprit critique a oublié de se manifester...
Le lendemain, mercredi, a eu lieu la pose de la première pierre du "machin" sur le foirail. (O surprise ! Midi Libre a pompé une dépêche de l'AFP !... sur un sujet local d'importance, c'est la deuxième fois en quelques mois). Les médias ont abondamment couvert l'événement, annoncé le matin même sur Totem (entretien -réalisé la veille- avec le peintre à la clé). Le soir, le journal local de France 3 fut largement consacré à la chose.
Je dois néanmoins reconnaître que le quotidien Centre Presse s'est distingué de ses confrères : le numéro de mercredi présente une surcouverture (liée à l'événement) d'un style recherché :
Seule note discordante dans ce concert de louanges et d'optimisme béat, une intervention de Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social de Midi-Pyrénées, frappée au coin du bon sens. Bravo à La Dépêche du Midi pour avoir porté à la connaissance de ses lecteurs cette information discordante.
23:54 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, art, actualité
mercredi, 15 septembre 2010
Un tableau d'affichage"soulagien" ?
La scène s'est passée ce lundi. C'était l'heure de la pause café. Dans un hall, je croise un collègue, posté devant un tableau d'affichage. Oui, vous savez, ces machins sur lesquels des mains malveillantes viennent fixer des tas de trucs inintéressants, dans ce genre :
Sauf que là, ce lundi matin, il n'y avait rien. Nous sommes tous deux restés muets quelques secondes devant cette chose immaculée. Soudain, mon collègue, très caustique, me déclare :
- C'est une sorte d'anti-Soulages.
- Oui, de l'outre-blanc, lui répondis-je, plein d'à propos... Mais c'est moins pratique, plus salissant.
Du coup, nous nous sommes demandés s'il ne serait pas plus hygiénique de remplacer ces horribles tableaux par les oeuvres du chantre de l'outre-noir...
14:04 Publié dans On se Soulages !, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture, peinture, société, humour
lundi, 30 août 2010
"Le Ruthénois" numéro 26
Voici donc le premier numéro de l'hebdomadaire non dirigé par Hugues Robert. Signalons que d'autres membres de l'équipe sont (volontairement) partis : la petite Lou Ravelli (qui l'avait annoncé dans le numéro 25), Georges Abitbol (mais on peut retrouver KaG sur la Toile) et Jean-Michel Cosson. A son sujet, on ne sait pas s'il a profité du changement au niveau de la rédaction pour se consacrer uniquement au travail d'élu local ou si son départ est lié au licenciement d'Hugues Robert.
L'"interview de la semaine" est consacrée au nouveau directeur de l'Office de tourisme de Rodez, Bruno Da Silva, qui officiait auparavant à Laguiole. Il a du caractère, du style. Il m'a l'air assez dynamique... mais je ne partage pas forcément ses idées. Il m'est notamment apparu assez méprisant vis-à-vis des Français en général et des Aveyronnais en particulier quand il a répondu aux questions portant sur le projet Soulages :
"Je comprends que les gens, dans un milieu aveyronnais classique, puissent être hermétiques à l'art. Je pense qu'en France les gens n'ont pas une ouverture assez grande à la culture."
Si je traduis, en gros, les Aveyronnais sont plutôt des ploucs incultes ! Est-ce parce qu'on est un rural dans l'âme ou qu'on a des origines paysannes qu'on est insensible à l'art ? Je ne crois pas. Par là, M. Da Silva sous-entend peut-être que ceux qui s'opposent au projet Soulages (ou qui se permettent ce crime de lèse-majesté : émettre des réserves) n'y connaissent rien.
D'autre part, la deuxième partie de son propos comprend une contre-vérité flagrante : il y a peu de pays dans le monde où la culture est autant l'objet de soins du public et des autorités qu'en France... Peut-être que le manque d'enthousiasme des Français pour l'art ultra-contemporain choque notre directeur de l'Office du tourisme ? Ce n'est pas parce qu'on ne saute pas sur sa chaise comme un cabri à la mention du nom de Soulages qu'on n'aime pas l'art. C'est aussi affaire de goût. On peut être un-e esthète et ne pas apprécier un bon paquet d'oeuvres contemporaines. De surcroît, la Culture, ce n'est pas seulement celle des élites. Bref, les propos de M. Da Silva auraient mérité d'être sérieusement nuancés.
La suite du journal compte une série d'articles en rapport avec la venue de Frédéric Mitterrand à Rodez. Page 4, on a droit à quelques anecdotes ironiques, ce qui nous change des flagorneries publiées dans Midi Libre : MLibre FMitterrand 20 08 2010.pdf (Au départ, j'avais inséré un lien vers le site... d'où l'article a été retiré... mais j'en avais fait une copie !)
Mais j'ai parlé trop vite, car, dès la page 9, on sent bien qu'il est trop sympa ce ministre ! Seul, peut-être, le dessin de Stéphanie Gras, qui le représente en chaussons et pyjamas, prend du recul. Ce n'est cependant pas fini : toute la page 19 est consacrée à cette visite ! C'est une série de passages obligés : Fenaille (avec Aurélien Pierre, "responsable" du musée comme il est dit : il n'y a plus de conservateur depuis le départ d'Annie Philippon), Denys-Puech en compagnie de la nouvelle conservatrice Carole Bouzid, la cathédrale de Rodez (et ses nouveaux vitraux), le palais épiscopal et, enfin, bien entendu, le projet Soulages.
A ce sujet, Carole Bouzid nous sort une bien belle bourde :
"Ces trois musées [...] correspondent à trois périodes artistiques... Fenaille et l'archéologie, Puech et l'art actuel et enfin Soulages et l'abstraction, l'art moderne et contemporain."
Au passage, signalons que Fenaille n'est pas dédié exclusivement à l'archéologie, loin de là. Mais, surtout, des propos de la conservatrice (peut-être mal rapportés ?) l'on pourrait déduire que l'art actuel n'est pas l'art moderne et contemporain et donc qu'il n'y a pas d'art moderne et contemporain à Denys-Puech et qu'il n'y aura pas d'art actuel à Soulages. Tout cela est très confus !
De passage sur le foirail, Frédéric Mitterrand a une réflexion pleine de bon sens : "Vous allez être obligés de couper tous ces arbres", ce qui, visiblement, a laissé sans voix ses prestigieux accompagnateurs.
En fin de page, il est question du complément de financement qu'aurait promis le ministre. J'ai déjà écrit ailleurs que ces promesses, déjà évoquées par Centre Presse, ne sont pas fermes... Attendons de voir l'argent arriver avant de nous réjouir.
Mais au revenons au journal. Page 5, il est beaucoup question d'agriculture, notamment d'Agrifolies 2010. Je trouve que la manière dont les gens de la FNSEA essaient de faire parler de leur métier est assez révélatrice de leur perte d'influence dans la société. Ils en sont réduits, pour la retape, à s'appuyer sur la présence de deux participants d'émissions de télé-réalité : Elodie Gossuin (Miss France 2001 et ancienne de la Ferme Célébrités... à qui, ceci dit, on doit reconnaître un honorable mandat de conseillère régionale de Picardie) et Nicolas Vacquier, le sympathique candidat de L'Amour est dans le pré.
Page 6 est publiée une réaction, signée, aux propos tenus par le maire d'Onet-le-Château Fabrice Geniez dans le numéro 25. Si vous achetez Le Nouvel hebdo n°138, vous pourrez lire le même texte (à deux détails près), signé "Un déçu de la gauche". Etrange, non ?
Au-dessus, on peut lire une tribune du président de la communauté d'Agglomération du Grand Rodez, Ludovic Mouly, qui répond à plusieurs articles d'Hugues Robert et s'en prend assez vertement à sa personne (sans le nommer). Plusieurs éléments sont abordés dans ce texte. Celui qui m'intéresse est le point qui a suscité les réflexions des internautes d'Aligorchie, à savoir le recrutement d'une directrice de la stratégie et de la communication (issue de la presse locale).
Dans son "Droit de réponse", c'est sur ce sujet que Ludovic Mouly est le moins précis. Il écrit : "comme pour toutes les embauches, les procédures et le droit sont strictement respectés." Le contraire aurait été surprenant. Mais c'est quand même vague. La nouvelle directrice est-elle devenue fonctionnaire territoriale ? Si oui, a-t-elle été reçue à un concours lui permettant de briguer ce poste ou a-t-elle été recrutée d'une autre manière ? Si elle n'est pas devenue fonctionnaire territoriale, elle a dû être engagée avec un contrat de droit privé. Dans ce cas, l'agglomération a dû passer une annonce et auditionner les candidats. Combien de personnes ont postulé ?
Notons que la tribune comporte une faute de français :
Ne croyez pas que je cherche à dénigrer Ludovic Mouly. Je signale simplement cette erreur, parce qu'à mon avis, elle révèle peut-être que ce texte a été rédigé par quelqu'un qui était en colère.
Une fois ces sujets "lourds" passés, on peut se détendre page 7... avec ce qui ressemble fort à un publireportage, consacré à une entreprise vendant de l'engrais. Ce genre de pratique existe dans la presse quotidienne. On pouvait espérer que Le Ruthénois en serait exempt.
Page 13 se trouve la principale nouveauté : une page En France et dans le monde, où l'on trouve de nouvelles signatures. Sont-ce des journalistes du Progrès Saint-Affricain ? J'écris cela parce que je me suis rendu compte que l'article sur les archives départementales, signé Bruno Aufrère, paru dans le numéro 25 du Ruthénois, est sans doute issu de l'hebdomadaire sud-aveyronnais, plus précisément du numéro daté du 5 août 2010 (regardez en bas de page). Je n'ai d'ailleurs pas du tout aimé l'article de Serge Plenier descendant en flèche Eva Joly. Elle n'est pas parfaite mais c'est une femme de convictions (on aurait besoin de plus de gens de sa trempe en politique comme en justice), qui mérite le respect.
Au final, je suis un peu déçu par la nouvelle mouture du journal.
02:09 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, presse, médias
samedi, 28 août 2010
La grenouille ruthénoise qui veut se faire aussi grosse que le boeuf albigeois
Une grenouille ruthénoise vit en Albigeois un boeuf
Qui lui sembla disposer d'un musée de belle taille.
Elle, qui n'en avait que deux gros comme un oeuf,
Envieuse elle dépense, et s'endette, et travaille,
S'appuyant sur les professionnels de la plume
Pour marteler sa propagande, légère comme une enclume...
Tout ça pour égaler le rival tarnais en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez pour lui clouer le bec ?
- Que nenni ; vous n'atteignez pas Toulouse-Lautrec.
- Et maintenant que j'ai tout misé sur Soulages ?
- Vous n'en approchez point avec ce personnage.
La chétive pécore s'entêta et par le musée le déficit se creusa,
Si bien que sur les rustres du village davantage de contributions on préleva.
"Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout prince a des ambassadeurs
Tout marquis veut avoir des pages."
17:26 Publié dans Bouts rimés, On se Soulages !, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, poésie, art, culture
lundi, 23 août 2010
"Le Nouvel Hebdo" numéro 137
Je recommande la lecture du numéro paru vendredi 20 août ne serait-ce que pour la narration des bagarres qui se sont déroulées dans l'agglomération le 17 juillet dernier. Je dois avouer que j'étais passé complètement à côté de ce fait divers, raconté dans le détail par l'hebdomadaire satirique, qui en profite pour égratigner les forces de police ruthénoises, dont l'inaction semble avoir été patente ce jour-là.
Le journal revient aussi sur deux événements qui ont marqué l'actualité du Piton : le licenciement d'Hugues Robert du Ruthénois et l'arrivée d'une nouvelle directrice de la communication à la communauté d'Agglomération du Grand Rodez. (Il en a aussi été question dans Le Ruthénois n°24 et n°25.)
L'éditorial de Gérard Galtier est consacré à la réforme des collectivités territoriales. Il se paie certains élus de gauche, qui s'y opposent pour de mauvaises raisons. Je suis en partie d'accord. Mais je persiste à penser qu'un Conseil régional à 255 membres sera moins efficace et plus coûteux.
Page 2, la prose de "Jean Peupluz" (pas mal, le pseudo !) m'a fait tiquer. L'auteur évacue complètement le contexte sociologique pour expliquer les performances des athlètes de différentes couleurs. Du coup, sa contribution est vraiment très ambiguë, pour ne pas dire plus.
L'hebdomadaire serait incomplet sans la traditionnelle charge contre Fabrice Geniez. Elle s'appuie sur l'entretien qu'il a accordé au quotidien Midi Libre, plus précisément à la première partie, qui évoque sa vie privée.
Page 4, j'ai trouvé un petit article qui fait le parallèle entre le futur musée Soulages et celui de Kerguéhennec. L'auteur s'appuie sur Ouest France et Le Mensuel du Golfe du Morbihan... ainsi que, peut-être, sur un billet que j'ai écrit au début du mois d'août. Les Bretons expérimentent actuellement la reprise en main d'un "machin" culturel qui a été visiblement surdimensionné. Comme le dit fort justement le titre du Nouvel Hebdo, "Toute ressemblance avec une situation actuelle..."
Du côté des élus locaux, on sent peut-être que le projet Soulages ne soulève décidément pas l'enthousiasme des Grands Ruthénois. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a été appelé à la rescousse. J'ai été fort surpris de retrouver dans Midi Libre, sous la plume d'Hugues Ménatory, un article d'une flagornerie rare. Le même jour, dans Centre Presse, Rui Dos Santos était chargé de rassurer le populo en évoquant l'augmentation de la participation de l'Etat dans le financement de la construction du musée. (La Dépêche, de son côté, faisait preuve de plus de circonspection.) Le problème est qu'en lisant entre les lignes, on comprend que le ministre n'a pas promis grand chose :
Comme dit le proverbe : "il n'est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir."
12:07 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, art, culture, médias, presse
lundi, 02 août 2010
Une préfiguration du destin du musée Soulages ?
La lecture de la presse quotidienne réserve parfois de drôles de surprises. Voici ce que j'ai trouvé dans un "vieux" numéro du quotidien Le Monde, daté du 12 juin 2010 :
Comme à Rodez, il est question d'un musée d'art contemporain, ici celui de Kerguéhennec, déjà existant. Il se trouve dans la petite commune de Bignan, dans le Morbihan.
Même si les deux communes ne sont pas de même importance, plusieurs éléments rapprochent les deux cas. Tout d'abord, le budget de fonctionnement, estimé à 900 000 euros pour le futur "machin" aveyronnais (je ne pense pas être excessivement pessimiste en arrondissant à 1 million d'euros), contre plus de 600 000 euros pour Kerguéhennec (en additionnant ce que versent les collectivités publiques, commune et communauté de communes exclues).
Notons que, dans le cas breton, le conseil général a diminué sa subvention. A Rodez, on craint plutôt de voir l'Etat abaisser sa part dans la construction.
Autre différence : Kerguéhennec est géré par une association alors qu'à ma connaissance, ce n'est pas le fonctionnement retenu pour le futur musée Soulages.
Je suis toutefois inquiet parce que dans les deux cas, il est question de promouvoir l'art contemporain, de s'appuyer sur des artistes et des oeuvres reconnues (par l'élite...), dans un territoire relativement enclavé... et que cela ne mord pas sur le grand public.
17:14 Publié dans Aveyron, mon amour, On se Soulages !, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture, peinture
jeudi, 08 juillet 2010
Les cultureux aiment Pierre Soulages
C'est en tout cas ce qui ressort d'un sondage publié dans la revue Art absolument, il y a plus de deux mois. L'écho m'en est parvenu par le quotidien Le Monde du 15 avril 2010 :
Il s'agit du résultat d'un sondage réalisé auprès des adhérents de la Maison des artistes. Mais, d'après Le Point, sur 13 500 membres, seuls 2 881 ont répondu au questionnaire en ligne. Cela relativise un peu les résultats, puisque la participation se monte à 21 %... à comparer toutefois aux bases des sondages trop souvent utilisés par nos media : 700 à 1 000 personnes sont en général interrogées.
Un autre défaut de cette consultation est de nous proposer l'avis de spécialistes (parfois concurrents), dont l'opinion n'est pas forcément annonciatrice de ce que retiendra la postérité.
Mais le principal reproche que je fais à cette consultation est d'être orientée. En effet, les artistes ont été consultés en février 2010, alors que la rétrospective Soulages battait son plein au Centre Beaubourg. Difficile d'évacuer l'idée que l'actualité a pu influer sur le choix des votants. C'est, encore et toujours, un aspect de l'offensive Soulages...
17:08 Publié dans Aveyron, mon amour, On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture, peinture
lundi, 28 juin 2010
L'offensive Soulages
Je ne sais pas si l'on peut parler de "matraquage" (je pense qu'il faut réserver le terme ; il sera très utile d'ici deux à trois ans), mais c'est fou ce que l'on parle du futur musée.
En fait, je dois le révéler, le musée Soulages existe, je l'ai rencontré ! Il se trouve à Olemps, sur deux sites, l'hôtel de ville et la médiathèque. Y sont exposés (jusqu'au 30 juin 2010) les travaux que les élèves de la commune ont réalisés, sous l'experte direction de leurs professeures (que des femmes apparemment... au passage, si l'on ne peut que déplorer la sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité dans notre pays, il serait bon aussi de se poser des questions sur la féminisation excessive de certains métiers). Cette exposition a bénéficié d'une ample couverture médiatique (il en a ainsi été question deux fois dans Le Ruthénois ; de son côté, La Dépêche du Midi s'est fait l'écho de la réalisation en cours puis de l'inauguration de l'expo).
Les "toiles" sont présentées accompagnées d'un petit carton explicatif. Cela ressemble à du Soulages, c'est (en général) aussi laid que du Soulages, mais ce n'est pas du Soulages. Encore que... je serais bien incapable de distinguer, dans la plupart des cas, l'oeuvre du Maître de la copie des jeunes apprentis.
Quelques productions ont néanmoins retenu mon attention, notamment celles qui, à l'aide d'un pliage discret, donnent une impression de relief. J'ai aussi bien aimé l'exercice de style sur le bleu et le noir, en couches superposées, en partie raclées :
Dans chaque salle, en plus des toiles, on peut consulter un cahier de photographies, où l'on voit les bouts d'chou en action. Ils portent en général un vieux T-shirt de leurs parents (on reconnaît des marques : Le Technicien du sport, Centre Presse - Midi Libre, Nasdaq...). Peut-être a-t-on soigneusement sélectionné les images (encore que... il y en a un paquet !), toujours est-il que les bambins sont très appliqués et "déconnent" rarement ! Franchement, à leur place, j'aurais transformé la salle de classe en toile de Soulages !
Dans la partie située dans la médiathèque, en plus des productions "soulagiennes", on peut voir un documentaire consacré au Maître (intéressant, ma foi). Je pense qu'il doit s'agit du même film que celui qui a été projeté lors du vernissage de la place de la cité. Dans une autre salle, on trouve aussi des acrostiches construits autour des lettres du nom de l'artiste. Je vous en propose un de mon cru (y a pas de raison que seuls les enfants s'amusent, hein !) :
Saoûlant
Onnycomprendpagranchoze
Ubuesque
Lénifiant
Assommant
Gargarismes
Elitisme
Savacoûterbonbon
Pour terminer sur Olemps, je signale la plus belle oeuvre (à mon goût) présente sur les lieux : une fresque située dans la cour :
La deuxième couche est apportée par l'exposition de maquettes dans une salle située dans le bâtiment naguère dévolu à la Chambre de Commerce et d'Industrie. (C'est je crois la même que celle qui a été présentée à la Cité de l'architecture et du patrimoine.) Le vernissage a eu lieu vendredi 25 juin, pratiquement en même temps que la conférence de Serge Klarsfeld à Conques et qu'un autre vernissage, celui d'une exposition de photographies datant de l'époque d'Eugène Viala. Notons ce manque de coordination dans l'offre culturelle "haut de gamme", assez désolant.
Je conseille à tous les contribuables du Grand Rodez d'aller voir ces maquettes. On peut demander des explications à la charmante jeune femme qui assure la permanence. On peut aussi repartir avec de la documentation :
- une vue virtuelle de l'arrière du site, une fois le musée construit (ça, c'est uniquement si vous kiffez à donf')
- un texte présentant les architectes lauréats du concours
- une plaquette du Grand Rodez (sur papier glacé) détaillant le projet
- un exemplaire du Figaroscope du 16 décembre 2009 (édité, je pense, à l'occasion de l'exposition du centre Beaubourg) : Un musée pour Soulages
Vous voulez encore de la lecture sur le sujet ? Hé bien, précipitez vous sur le numéro 6 du magazine Rodez, notre ville : deux doubles-pages sont consacrées au réaménagement de la zone du Foirail.
Si l'oeuvre de Pierre Soulages est votre tasse de thé (noir), vous pouvez aussi aller faire un tour sur son site internet.
Cela ne vous suffit toujours pas ? Alors peut-être l'audiovisuel va-t-il combler votre attente. Le Grand Rodez a financé le tournage d'un film (dont il existe une version courte, une version longue... et une version pirate). Je trouve la version longue assez bien fichue (pour un film publicitaire). On voit toutefois qu'on s'adresse prioritairement aux classes moyennes. Et Soulages, là-dedans ? Il occupe les dix secondes qui précèdent le générique de fin de la version courte. Dix secondes sur soixante-treize, pas mal pour un musée qui n'existe pas et dont la première pierre n'est même pas posée !
Même quand on se rend sur le blog économique du Grand Rodez, on n'échappe pas à Soulages. Si vous regardez la courte vidéo de présentation de Ludovic Mouly, vous distinguerez sans peine, à l'arrière-plan, un "brou de noix" du génie de l'outre-noir. Pour l'anecdote, on peut trouver une autre version de cette présentation, un peu plus courte, sur Dailymotion. Ludovic Mouly y est cadré plus serré, micro apparent (le son, d'intensité plus faible, est toutefois de meilleure qualité), il gigote moins (mais on voit plus nettement l'inclinaison de sa tête) et il n'y a pas de coupure.
Une fois ces couches posées, à la manière de Soulages, il faut gratter un peu. Creusons la partie "coûts". Cela va donner un peu de relief à mon billet ! Commençons par comparer les estimations. Le magazine Rodez, notre ville évoque 23 millions d'euros (toutes taxes comprises) pour l'ensemble formé par le multiplexe de cinéma, le parking et la salle des fêtes. Pour le musée, selon aveyron.com, il est question de 22 millions d'euros... TTC ? Non, en fait. La plaquette que l'on trouve sur le site de l'exposition des maquettes parle de "21 millions 460 000 euros ht, hors restaurant et parc de statonnement" !!!! (Notez le "ht" mis pudiquement pour "hors taxes" : si l'on a coutume d'écrite TTC, il est par contre assez fréquent d'écrire l'autre expression en toutes lettres.)
C'est là qu'intervient mon voisin de palier, qui demande "Et avec les taxes, ça fait combien, d'après vous ?" Plus de 25 millions d'euros selon Le Parisien... ça fait réfléchir ! On se demande évidemment si les taxes vont être équitablement réparties entre les collectivités qui financent le projet : le Grand Rodez (9,5 millions), le département de l'Aveyron (4 millions), la région Midi-Pyrénées (4 millions) et le ministère de la Culture et de la Communication (4 millions). Pensez aussi aux surcoûts imprévus, aux aléas climatiques etc.
Voilà de quoi nourrir bien des inquiétudes, peu relayées par la presse, ou alors pour les rabaisser. (Du côté de la blogosphère, j'aime bien l'analyse de KaG.) A ma connaissance, seul Le Nouvel Hebdo se fait régulièrement l'écho du risque financier. Chaque semaine ou presque, un entrefilet ou une incise vient rappeler que tout n'est pas parfaitement ficelé. Le journal satirique fait cependant porter la critique surtout sur le coût de la construction (ainsi que sur l'entretien, jugé prématuré, d'un conservateur), constatant qu'en période de crise, les crédits nationaux diminuent. La crainte est que la participation du ministère ne fonde... les foyers du Grand Rodez étant mis à contribution pour sauver le projet.
Mais c'est la partie coût de fonctionnement qui m'inquiète le plus. Le site aveyron.com évoque 900 000 euros par an. (Tout compris ? On aimerait avoir le détail.) Quand on lit ici ou là que les promoteurs du musée comparent son impact à celui consacré à Toulouse-Lautrec, à Albi, on se dit que les perspectives de fréquentation sont peut-être excessivement optimistes.
Enfin, les mauvaises langues disent que Soulages a déjà le musée Fabre, à Montpellier, où deux salles lui sont consacrées. Ces mauvaises langues (toujours elles, les vilaines !) susurrent que les toiles les plus susceptibles d'attirer le public snob et friqué ont été données (par les époux Soulages) au musée héraultais. Ceci dit, on peut penser que des oeuvres seront prêtées et c'est à Rodez que les cartons des vitraux de Conques seront exposés.
16:27 Publié dans Aveyron, mon amour, On se Soulages !, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture, peinture
samedi, 22 mai 2010
"Le Ruthénois" numéro 12
L'hebdomadaire titre sur les médecins et l'un d'entre eux est l'objet de l'interview de la semaine. C'est un généraliste, donc un des "soutiers" du système... oui d'accord, un soutier qui gagne plus de 4 000 euros par mois ! Je suis un peu comme tous les Français : j'apprécie mon médecin personnel, compétent (et en secteur 1), mais j'ai globalement une mauvaise image de la profession, surtout des spécialistes (des "chasseurs de primes" disent les mauvaises langues). Et puis je n'aime pas ces histoires de médecins qui refusent les patients peu solvables (une minorité, certes).
Page 4, Bruno Aufrère (le directeur de la publication) se fait l'écho des protestations de ceux qui reçoivent leur journal avec retard, en dehors du département. Je peux vous prédire sans risque de me tromper qu'avec la privatisation qui s'annonce, le service postal ne va pas s'améliorer pour les habitants de départements ruraux comme l'Aveyron...
Page 5, il est question du site du Burgas, l'émotion étant passée. On s'aperçoit que sa fermeture a des conséquences sociales, déjà évoquées par La Dépêche du Midi. L'article du Ruthénois est un peu plus précis, et rappelle qu'il aurait été possible d'installer le quai de transfert des ordures ménagères à Sainte-Radegonde, la COVED (entreprise gestionnaire du site, filiale de la Saur, qui a beaucoup changé de mains en 10 ans) ayant répondu à l'appel d'offres remporté par Véolia. Moi, si j'avais accès aux documents officiels, j'irais bien jeter un oeil à cet appel d'offres...
Dans la suite du journal, on apprend que les relations sont plus apaisées avec le maire de Rodez. On ne nous dit pas s'il a repris un abonnement au Ruthénois, ni où en est la souscription des lecteurs, à laquelle j'ai contribué.
Sur la même page, on nous cause d'une jeune pousse UMP, qui s'est fait un peu tailler un costard sur le site Aligorchie.
Page 7, on peut lire une tribune de Christian Teyssèdre, plus exactement la réponse (aux accusations de Jean Milesi) qu'il a adressée à plusieurs organes de presse. C'est du Teyssèdre, cinglant, sans concession et argumenté. Je dois dire que j'ai bien aimé !
On a même droit à deux maires de Rodez pour le prix d'un, puisque l'ancien, Marc Censi, a envoyé (comme à Midi Libre) un billet furibard à propos de la construction d'une stabulation à proximité du camping de Combelles. Peut-être faudrait-il enquêter sur la procédure, mais, en tout cas, le point de vue que l'on a dépend de l'endroit où l'on se trouve :
Fort intéressant aussi est l'article consacré à Roger Lajoie-Mazenc et la guerre d'Algérie. J'y relève toutefois une inexactitude, à propos de François Mitterrand. S'il était bien ministre de l'Intérieur sous Pierre Mendès-France (de juin 1954 à février 1955), s'il a fermement condamné l'action du FLN et proclamé son attachement à l'Algérie française, il n'est pas responsable de l'envoi des appelés du contingent, qui a commencé sous Edgar Faure, en août 1955 (ce furent d'abord des rappelés). En 1956, redevenu ministre (de la Justice) sous Guy Mollet, il a eu une action ambiguë. Voici en tout cas ce qu'il déclarait en 1954 :
Page 14, il est de nouveau question des dessins réalisés par les élèves des écoles d'Olemps. "Eux, ils ont compris Soulages", titre Le Ruthénois. (Et vlan, prends ça dans la tronche, ignoble obscurantiste qui dénigre l'oeuvre de ce génie !) Pas facile de distinguer les gribouillis de Soulages de ceux des bambins ! Finalement, pourquoi dépenser autant d'argent dans la construction (et l'entretien...) d'un musée qui va exposer des oeuvres que des enfants de moins de 10 ans peuvent imiter avec vraisemblance ? Mais, bon, d'ici le 30 juin, je trouverai bien un moment pour aller voir cette exposition, puisque le maire de Rodez la recommande à ceux "qui n'ont pas compris l'importance du musée Soulages". Tout ce raffut me donne une idée de canular : et si, le jour de l'inauguration du musée, les toiles de Soulages étaient remplacées par celles des écoliers ? Il serait très intéressant de filmer les réactions des snobs qui, croyant s'extasier devant les oeuvres du génie, encenseraient le travail réalisé sous la houlette des professeurs des écoles !
On termine par une bonne idée : une série d'articles consacrés au (très coûteux) festival Skabazac (la commune de Sébazac-Concourès ayant réussi -il y a quelques années- à refiler le bébé à celle d'Onet-le-Château...), places à gagner à l'appui. C'est un bon moyen de se rapprocher de jeunes lecteurs (une denrée rare pour les organes de presse) et d'informer les plus âgés, parfois inquiets de la tournure que peut prendre cette série de concerts. Pour bien en mesurer l'intérêt économique (pas le seul à prendre en compte), il faudrait en évaluer les retombées commerciales et l'impact au niveau de l'image de l'agglomération. La rumeur dit que les grandes surfaces ne sont pas mécontentes de voir leurs rayons de boissons alcoolisées se dégarnir et que la consommation de "chichon" connaît un pic pendant ces deux jours festifs...
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dimanche, 16 mai 2010
"Le Ruthénois" numéro 11
La préfète est à la "une" de l'hebdomadaire, qui lui consacre l'entretien de la semaine (dans lequel son prénom est écorché deux fois)... Serait-ce une manière de se faire pardonner le joli dessin de Stéphanie Gras, qui a gentiment égratigné Mme Polvé-Montmasson dans le numéro 10 ? En tout cas, l'entretien est intéressant.
Page 4, le journal, à l'image de ses confrères, se fait l'écho d'une séance houleuse du Conseil d'agglomération. Mais, comme Midi Libre et La Dépêche du Midi, il ne nous aprend pas la cause du revirement du maire d'Onet-le-Château (après la suspension de séance). Qu' a bien pu lui dire le maire de Rodez ? Quant au compte-rendu, il va falloir patienter un peu pour le lire, puisque, sur le site du Grand Rodez, le dernier disponible est celui de la séance du 23 mars 2010, seul l'ordre du jour étant affiché pour les réunions du 27 avril et des 11 et 18 mai 2010.
Il est ensuite question de l'incident qui a marqué l'agglomération cette semaine : l'incendie qui s'est déclaré au lieu-dit La Vialatelle, à Onet-le-Château. Si la presse locale souligne en général la qualité du travail des pompiers, elle ne s'est pas fait l'écho de remarques parfois un peu aigres sur le temps mis par les soldats du feu pour arriver sur place. D'ailleurs, si les journaux citent bien l'heure de départ de l'incendie (l'alerte a été donnée peu après), aucun ne précise quand les pompiers sont arrivés sur place.
La page 6 revient sur la polémique qui a opposé Le Ruthénois au maire de Rodez concernant l'abonnement au journal, polémique abordée sur le site Aligorchie.
Ce n'est que page 7 que l'on découvre le dessin de Stéphanie Gras, qui a encore représenté la préfète, en compagnie du maire de Rodez cette fois-ci, à l'occasion des cérémonies du 8 mai. Elle a raison de se moquer un peu de cette volonté ostentatoire d'honorer les morts, non pas que leur sacrifice soit à dénigrer. Il devrait même rester une source d'inspiration pour les générations actuelles. Mais force est de constater que les politiques, de droite comme de gauche, utilisent ces manifestations pour se faire bien voir et récupérer des voix.
Passons à l'article que je n'ai pas aimé, celui consacré aux écoles d'Olemps "Sur les traces de Pierre Soulages". En voilà de l'énergie mobilisée pour une activité dont l'intérêt me paraît très limité ! Ceci dit, la photographie illustrant l'article est fort bien choisie : elle nous montre des bambins en train de réaliser des gribouillages qui pourraient rivaliser avec certaines des oeuvres du Maître :
J'ai entouré les initiales de l'auteur, parce qu'il s'agit sans doute de Barthélémy Haro, qui officie aussi à La Dépêche du Midi, à laquelle il a livré une version très légèrement différente (non signée).
Page 19, Agathe nous suggère de renvoyer à l'expéditeur ces offres publicitaires qui encombrent nos boîtes aux lettres, une bonne idée déjà mise en pratique par des consommateurs soucieux d'alléger la poubelle des déchets recyclables.
On termine par le papier de Jean-Michel Cosson, qui, après avoir fait le tour des communes, choisit de parler de Rodez à travers l'année de sa naissance.
Passons au Nouvel Hebdo n°123, où l'on trouve à boire et à manger. Je ne partage pas le point de vue exprimé par l'article sur la "répression routière". J'ai beau avoir conscience que les radars automatiques sont des pompes à fric, il suffit de prendre sa voiture pour constater à quel point les automobilistes qui fréquentent les routes aveyronnaises ne sont pas exemplaires (bon, d'accord, il y a pire, dans d'autres départements). Et puis, si cela peut dégager les gendarmes de certaines tâches pour qu'ils se consacrent davantage à la répression de la délinquance, ce n'est pas plus mal.
Page 2, un lecteur signale la transformation du paysage à proximité du village de vacances de Sainte-Radegonde. Voilà ce que cela donne selon un article paru le lendemain dans La Dépêche du Midi :
Mais le sujet le plus croquignolesque est sans conteste la guerre picrocholine qui agite la commune de Buzeins. C'est La Dépêche qui s'est le plus intéressée à l'affaire. Cela a commencé par un conflit entre la maire élue en 2008 et une employée municipale en poste depuis 2001. Cela s'est poursuivi avec la présence de gendarmes lors d'une séance du Conseil municipal ! La maire a même déposé une plainte contre l'employée communale... dont on apprend que l'époux est conseiller municipal de Buzeins. (Comme la future maire dont il était proche à l'époque, il a été élu au second tour des élections municipales de 2008). Tout cela s'est terminé par la relaxe du couple incriminé... mais l'histoire ne s'arrête pas là. Le Nouvel Hebdo pointe le fait que la maire a fait voter a posteriori le paiement des frais d'avocat par la commune. Mais s'agit-il de la séance du Conseil municipal du mois d'avril (honoraires d'avocat de plus de 2 500 euros, le budget étant voté par 6 voix contre 3) ou du mois de mai (6 000 euros d'honoraires, le budget étant voté par 7 voix contre 3) ?
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vendredi, 30 avril 2010
"A l'oeil" n°35
Ce numéro du quinzomadaire gratuit se la joue très "développement durable", avec une série de papiers (tantôt article, tantôt publireportage) autour des activités économiques respectueuses de l'environnement. Cela va des différentes formes d'énergie renouvelable à la filière bois en passant par l'agriculture biologique. C'est intéressant, mais aucun aspect négatif n'est abordé.
J'aime bien la caricature de la page 1 :
Daf se moque gentiment du président du Conseil général (toujours représenté en "lou ravi"), du député de la première circonscription aveyronnaise (dont le rasage intermittent est un bon prétexte à le représenter en individu louche) et du député de Millau, moins connu dans le département. Si l'expression formée par les nuages est sans doute une allusion à la prochaine élection présidentielle, il y a fort à parier que les soucis des personnages soient liés à leurs carrières respectives : Jean-Claude Luche est déjà en campagne pour les cantonales de 2011 et les deux députés sont en quête du bon cheval présidentiel pour, dans la foulée, conserver leur circonscription. De la politique politicienne, en sorte.
Un lecteur attentif remarquera, en page 2, une nouvelle pique contre Yves Censi (après celle parue dans le numéro 32) :
Au passage, il fait allusion au cursus du député, en commettant peut-être une petite erreur : la Française des Jeux ne fut pas le premier employeur d'Yves Censi.
Sur la même page, au-dessus, sont signalés trois blogs aveyronnais : celui d' Olivier Montbazet, celui du collectif Aligorchie (auquel le précédent participe)... et celui que vous êtes en train de lire.
L'éditorial de droite se lamente sur l'incapacité de la France à se réformer et dénonce la "politique d'assistanat [...] menée depuis 30 ans". En écho à cet article, page 17, un encadré souligne le coût de la protection sociale française... Ben oui, on n'a rien sans rien ! Et encore, depuis une dizaine d'années, la qualité de cette protection s'est nettement dégradée... sans que cela améliore les comptes de la Nation, certaines professions médicales et les assureurs n'ayant pas à se plaindre de la crise...
On passe à "La grande interview", consacrée à Benoît Decron, le déjà conservateur du futur musée Soulages. Rappelons que les deux autres musées de Rodez n'ont par contre plus de conservateur. En effet, Annie Philippon a quitté Fenaille fin 2007 (voir page 31) :
A ma connaissance, elle n'a pas été remplacée. La presse parle désormais du "responsable du musée", Aurélien Pierre, qui, sauf erreur de ma part, n'est pas conservateur. Il me semble que l'on peut faire la même remarque pour Denys Puech. Sophie Cerra est attachée de conservation du patrimoine :
On murmure que Denys Puech et Soulages pourraient fusionner... et, lors d'une réunion du conseil du Grand Rodez (voir page 14), il a été publiquement question de mettre en commun les moyens entre Fenaille et Soulages... ou comment déshabiller Maurice pour habiller Pierre :
J'ai déjà écrit ailleurs ce que je pensais de ce projet de musée Soulages. A la réflexion sur les coûts, je pourrais ajouter quelques saillies sur l'oeuvre du peintre. Franchement, il y a à boire et à manger. Ceux qui veulent se faire une opinion peuvent se rendre à la médiathèque de Rodez, où l'un des présentoirs situés à l'entrée de la salle de lecture était récemment couvert d'ouvrages consacrés au créateur de l' "outrenoir". On peut aussi visionner quelques-unes de ses "croûtes" sur le site internet qui lui est consacré. Les curieux peuvent prolonger l'expérience en visionnant un reportage diffusé sur France 3. On y voit Benoît Decron, l'ancien maire Marc Censi (qui croit défendre le projet en prenant de la hauteur) et Ludovic Mouly, président de la communauté d'agglomération, qui reste dans les généralités. Le commentaire de la journaliste est assez balancé... et la conclusion ("Les défenseurs du musée Soulages ont bien du mal à faire passer leur message") contredit le titre du reportage "Rodez attend son musée Soulages".
Une petite devinette, pour terminer. Laquelle des deux oeuvres suivantes est une authentique création ruthénoise ?
21:21 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, presse
vendredi, 26 mars 2010
"Le Ruthénois" numéro 4
On va commencer par une devinette. D'où a été prise la photographie du maire de Rodez illustrant la "Une" ?
C'est la question que je me suis posé. Au départ, comme on semble proche du centre-ville, avec vue sur la cathédrale côté clocher, je me suis dit qu'il était fort possible que Christian Teyssèdre se trouvât à la mairie même. Mais, en allant sur place, je me suis rendu compte que l'angle de prise de vue ne pouvait pas correspondre... et surtout, je ne voyais pas de balcon de ce type sur l'Hôtel de ville ! Je me suis donc un peu éloigné, pensant que le photographe s'était rendu au domicile du maire, peut-être sur le tour de ville. Mais, très vite, j'ai réalisé que j'étais trop loin. Je suis donc revenu sur la place de l'Hôtel de ville et j'ai fini par trouver... enfin je crois.
Sur la photographie que j'ai insérée, j'ai indiqué quelques indices qui permettent de déduire que, sans doute, le maire habite à deux pas de l'Hôtel de ville ! Je vous laisse deviner où précisément :
Cette vue date de vendredi 26 mars 2010... et donc l'environnement végétal ne semble pas tout à fait correspondre avec le peu que l'on voit sur la première page du Ruthénois. Cela me conduit à émettre une deuxième hypothèse : la photographie ne serait pas toute récente.
Le premier magistrat du Piton partage la vedette avec le président du Conseil général, dont vous pouvez distinguer le haut du visage sur la première photo. Comme l'élu socialiste semble être davantage mis en valeur sur la "Une", il a fallu rééquilibrer les choses en pages intérieures et donc, page 5, J.-C. Luche a droit à deux représentations, contre une à C. Teyssèdre :
J'ai enlevé les parties rédigées, que vous découvrirez si vous achetez l'hebdomadaire. Qui plus est, la comparaison de ces photographies est assez éclairante sur la stratégie de chacun d'eux.
Ainsi, Christian Teyssèdre veut donner l'image d'un professionnel rigoureux, respectueux des autres mais qui ne cherche pas à se rendre sympathique pour autant (il n'a pas ôté la veste et, dans l'entretien, vous verrez qu'il n'utilise pas la langue de bois). Il s'assimile à la commune de Rodez (regardez le cadre accroché derrière lui) et à sa figure emblématique, sa cathédrale (voir la couverture).
Jean-Claude Luche a tombé la veste et fait comme si le photographe le surprenait en plein boulot (non mais, quel cabotin !). Il est sans doute dans les bureaux du Conseil général, photo du viaduc de Millau dans le dos. Il arbore son éternel sourire carnassier qui, à l'image de sa poigne, est un peu sa signature comportementale.
Deux de ces images sont recadrées en page 3, pour illustrer l'article consacré à leurs réponses au questionnaire de personnalité. La même photographie de Christian Teyssèdre est réutilisée, plus petite mais dans un plan plus large, page 10. Nos deux compères sont aussi présents sur l'une des pages qui traite des élections régionales, Jean-Claude Luche étant un peu plus visible. L'équipe du Ruthénois s'est évertuée à rester dans la plus stricte neutralité, ce dont on ne peut que se réjouir.
Mais reprenons notre lecture. J'aime beaucoup le dessin de la semaine, en page 3 :
Les teintes gris-noir sont là pour souligner l'allusion à Pierre Soulages, un croquis de ce qui est sans doute la maquette du futur musée figurant à l'arrière-plan. Pâques approchant (tout comme le premier avril), je vous laisse réfléchir aux différentes significations de l'oeuf, la présence du symbole de l'euro à proximité n'étant pas innocente. Décidément, cette Stéphanie Gras est douée !
J'ai eu aussi le temps me creuser les méninges à propos du chien. Quand j'avais parlé de la sortie du premier numéro du Ruthénois, j'avais émis l'hypothèse que c'était peut-être une allusion à la formule (malheureuse) employée par François Mitterrand à l'occasion des obsèques de Pierre Bérégovoy.
Réflexion faite, je suis d'avis que c'est une sorte d'animal-totem de la dessinatrice, à l'image de la souris de Plantu (dont le site internet mérite le détour) :
Le Monde, 3 février 2006
On peut aussi établir un lien avec la coccinelle de Marcel Gotlib (dont le comportement est beaucoup plus fantaisiste) :
Rubrique-à-brac, taume 2, édition Dargaud, 1974
Page 2, une erreur s'est glissée dans l'annonce du changement d'heure : elle n'est pas prévue pour "la nuit du samedi 29 au dimanche 30 mars" (2010), mais la nuit du samedi 27 au dimanche 28, celui des Rameaux, comme indiqué dans un encadré voisin.
Page 4, Hugues Robert (qui nous gratifie d'un drôle de "malgré que") revient sur les élections régionales et les tripatouillages d'entre-deux-tours. Les non-initiés (et les autres) en apprendront de belles. La fin de l'article est particulièrement intéressante, consacrée aux indemnités des élus régionaux. Elle fait écho au travail du député de l'Aisne, René Dosière, dont le blog est une mine d'informations. Si vous consultez le billet en date du mercredi 24 février 2010, intitulé "Au sujet de la rémunération des élus locaux", vous pourrez télécharger des documents sur la question. Je vous en propose un : la carte (modifiée par mes soins, grâce à Paint, à partir d'un fond de carte téléchargé sur un site professionnel) de la rémunération des conseillers régionaux :
En noir sont coloriées les régions dont les élus touchent plus de 34 000 euros par an, en gris foncé les régions dont les élus touchent entre 28 000 et 34 000 euros (il faut y ajouter la Réunion), en gris clair les régions dont les élus touchent entre 24 000 et 28 000 euros (il faut y ajouter la Guadeloupe) et enfin en blanc la région (la Corse, à laquelle il faut ajouter la Guyane et la Martinique) dont les élus touchent moins de 24 000 euros par an. En gros, dans les régions les plus pauvres, les élus touchent moins. Par contre, à l'autre bout de l'échelle, on ne trouve pas forcément les régions les plus riches...
Les résultats en Midi-Pyrénées et dans l'Aveyron font l'objet d'articles spécifiques, page 6 du Ruthénois. L'auteur souligne à juste titre la performance de Martin Malvy, peu évoquée par les media nationaux, plus occupés à pérorer sur Ségolène Royal, Georges Frêche ou la région Alsace que sur le cas du président sortant le mieux réélu au second tour (Victorin Lurel ayant réalisé cette performance dès le premier). On pourrait toutefois chipoter sur les pourcentages affichés en guise de résultats : on en trouve de légèrement différents sur le site du ministère de l'Intérieur.
Après toutes ces cogitations, on avait bien besoin de détente et c'est ce que nous offre, page 7, un billet intitulé "On nous brouille l'écoute". Les lecteurs assidus de l'"Album de la Comtesse", du Canard enchaîné, ne seront pas dépaysés.
Page 8, on a droit à un article passionnant sur une initiative entrepreneuriale citoyenne, qui allie insertion professionnelle et développement durable, à travers une activité de maraîchage bio. A suivre donc. Je note tout de même que l'initiatrice s'appelle Béatrice Laur. Je vois peut-être le mal partout, mais ne serait-elle pas une parente de Maïté Laur, une figure du Modem local (et sans doute une connaissance d'Hugues Robert) ? A la vision de la photographie, je distingue comme une ressemblance physique avec l'éternelle candidate divers droite aveyronnaise.
Page 10 est évoqué un gros chantier local : la (re)construction de deux écoles, dans des quartiers excentrés de la commune de Rodez. J'aurais bien aimé que l'article aborde la polémique à propos de l'envolée des coûts.
Ce numéro n'est pas tout à fait comme les précédents, parce qu'il abrite un mini-cahier de 4 pages commun au Progrès Saint-Affricain (la maison-mère du Ruthénois). Cet encart est consacré au jardinage. Côté culture, la critique cinéma de la semaine porte sur le nouveau film de Tim Burton Alice au pays des merveilles. Je ne l'ai pas encore vu mais, à la lecture de l'article, je me suis demandé si son auteur, Quentin Moreau, n'était pas dans la même situation...
Allez, on termine par le papier de Jean-Michel Cosson, consacré à l'histoire de Rodez. C'est bien fichu, comme d'habitude. Cela foumille d'anecdotes, comme celle concernant le père de Fernandel. J'ai aussi appris qu'il existe un fromage "Rodez"... mais qui n'est pas commercialisé en Aveyron ! Lisez donc l'article pour en savoir plus !
Ah, mais j'ai failli oublier le plus important : mon quart d'heure de célébrité, ou plutôt la douzaine de lignes qui est consacrée à ce blog, en fin de colonne, page 2 du Ruthénois :
A-t-on voulu tester ma vigilance (ou mon intégrité) ? Toujours est-il que je me dois de faire remarquer qu'une coquille s'est glissée dans cette présentation élogieuse !
22:37 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, presse, régionales, politique
lundi, 10 mars 2008
Séisme électoral à Rodez
Il y a au moins deux avantages au résultat : je peux organiser mon dimanche prochain comme je le veux puisque je n’aurai pas à me déplacer pour un second tour et, de ce fait, cette élection fait faire quelques économies.
On va commencer par la liste arrivée quatrième et dernière, « La nouvelle génération avec Marc Censi »… ledit Censi (il est là depuis 1983… et même depuis 1971 en tant qu’adjoint !) ayant plus de 72 balais : bonjour le renouvellement ! Les électeurs ne se sont pas laissé abuser par la tromperie : on avait mis un gamin en tête de liste (un C.S.P.+ comme nombre de ses colistiers) et le maire sortant Censi n’en occupait que la dernière place ; tout le monde a compris que Censi comptait sur des négociations d’entre deux tours, peut-être pas pour redevenir maire mais, qui sait, pour garder la communauté d’agglomération.
Censi (ex-U.D.F.) s’est aussi relancé dans la compétition pour une raison « culturelle ». La liste officielle estampillée (même discrètement) « U.M.P. » (plutôt une liste d'ex-R.P.R. ?) a dans son programme l’organisation d’un référendum local pour décider de la construction (ou pas…) d’un musée Soulages… une cochonnerie de snobinards qui pourrait nous coûter la peau des fesses… (C’est le contribuable ruthénois qui cause, là.) et dernière lubie de Censi, qui a déjà bien vécu sur la bête avec ses projets limite pharaoniques. Régine Taussat n’a pas eu le courage d’annoncer franchement la couleur et de dire que ben son projet de musée Soulages, Censi, il peut se le rouler en boule et le ranger où il veut… Pour être honnête, il faut dire que le programme de la liste U.M.P.-mais-pas-trop prévoyait des travaux gigantesques (et inutiles...) au centre de Rodez. Ouf ! On a échappé à cela ! A la fin du dépliant-programme, Régine Taussat avait pris soin de faire figurer quelques photographies de sa modeste personne en compagnie des huiles U.M.P… Le problème est que certaines de ces photos doivent dater de 10 ou 15 ans ! Le top du délire est celle qui montre Régine en compagnie de Nicolas Sarkozy : en gros, seule la coupe de cheveux permet de reconnaître la candidate ! La palme de l'hypocrisie est attribuée à... la photo sur laquelle figurent notre Régine et le député Yves Censi (oui, le fiston de l'autre), auquel elle s'était opposée aux législatives de 2002, quand il s'était agi de récupérer la place laissée vacante par la retraite de Jean Briane. Quant à sa liste, au-delà de quelques lampistes, c’est un échantillon caricatural de la "bonne bourgeoisie" : « cadre de banque », « chargée des ressources humaines », « chef d’entreprise clinique privée », « commerçante », « chef d’entreprise », « médecin psychiatre », « employée de banque », « négociateur immobilier », « conseiller financier », « employée de banque » (une de plus), « kinésithérapeute », « décoratrice », « chirurgien dentiste »… Notez la surreprésentation des professions médicales (libérales, faut pas déconner non plus). Les électeurs n’ont pas voulu de cette ordonnance… d’autant plus que, aussi bien à droite qu'à gauche, à Rodez, ils sont nombreux à admettre que Régine Taussat n’était pas très crédible en future maire.
La deuxième place est revenue à une liste-surprise, menée par le président du Conseil économique et social. Il s’affichait « social-démocrate » et son dépliant le montrait en compagnie de Martin Malvy, le président (socialiste) du Conseil régional. Le problème est que celui-ci soutenait la liste socialiste. La même méthode a été appliquée avec une notabilité locale : l’ancien directeur d’un lycée du coin figure lui aussi sur une photographie en compagnie de J.-L. Chauzy. Il a fait publier un démenti dans la presse locale. Voilà des procédés qui ne sont ni sérieux, ni honnêtes. En fait, cette liste est un fourre-tout qui n’a pas osé prendre l’étiquette Modem. Elle réunit une brochette d’ex-U.D.F. et des personnes plutôt classées « à gauche », des notables C.S.P.+ et un nombre non négligeable de représentants du monde enseignant. Le mariage de la carpe et du lapin n’a convaincu les électeurs qu’à moitié.
La vraie surprise est venue de la victoire, dès le premier tour, de la liste P.S.-P.C.-Verts-P.R.G.-M.R.C. (ça y est, on a tout le monde ?) menée par l’éternel opposant Christian Teyssèdre. A la base, ce candidat passait plutôt mal auprès de la population : il n’a pas vraiment de charisme et il a depuis longtemps la réputation du râleur systématique, une sorte de don Quichotte aveyronnais luttant vainement contre les moulins à vent du Conseil général et de la mairie de Rodez. Alors, qu’est-ce qui peut bien expliquer sa franche victoire en 2008 ? Sa liste est plurielle : elle accueille, outre les militants politiques des partis la soutenant, quelques figures locales pas spécialement marquées. Le plus étonnant est que cette liste « de gauche » est assez peu ciblée « fonction publique ». En outre, je pense que le gros travail de terrain (du porte-à-porte notamment) a porté ses fruits. Teyssèdre a pu voguer sur la déception vis-à-vis de la droite, à la fois nationale et locale, et du désir de changement des électeurs. Le dépliant-programme est assez bien foutu, même si on peut sincèrement douter de la réalisation de ce catalogue de bonnes intentions. D’ailleurs, l'ambiguïté est entretenue sur la construction du musée Soulages « Nous organiserons une promotion active de nos musées présents et à venir »… On comprend pourquoi Marc Censi, une fois les résultats proclamés, ne s'est pas montré attristé de voir ses adversaires de toujours prendre le contrôle du piton ruthénois. Dire qu’il faut se taper soit les snobs de droite soit ceux de gauche…
12:55 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique