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samedi, 26 novembre 2022

Charlotte

   Ce film d'animation retrace la vie de Charlotte Salomon, une Allemande juive qui s'est jadis réfugiée en France pour fuir le nazisme. Elle est connue pour avoir en quelque sorte inventé le roman graphique (Vie ? ou théâtre ?), à l'aide de ses peintures.

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   Le déroulement est chronologique, commençant par la vie en Allemagne, se poursuivant par la période française (autour de Nice). On découvre l'héroïne adolescente, dans une famille bourgeoise. Elle s'intéresse aux arts, mais on tente plutôt de la persuader de travailler dans la couture.

   Charlotte a du caractère et, semble-t-il, du talent. Elle réussit à entrer aux Beaux-Arts, en dépit de sa judéité. C'est l'époque où elle rencontre son premier amour. Elle commence à prendre un peu de distance vis-à-vis de ses parents. C'est un autre intérêt du film : montrer l'entrée dans l'âge adulte d'une jeune femme indépendante. Cela donne un ton très moderne à cette histoire.

   Le contexte familial est plus complexe que ce qu'il paraît de prime abord. On le découvre petit à petit. La femme que Charlotte appelle Paula (et pas maman) n'est pas sa mère biologique. Il y a aussi cette grande sœur disparue, dont on n'ose pas parler. Il y a enfin les grands-parents maternels, la grand-mère malade et le grand-père autoritaire, très traditionaliste, que Charlotte supporte de moins en moins.

   Elle est pourtant contrainte de le côtoyer de plus en plus, puisqu'à l'initiative de son père et de sa belle-mère, elle rejoint ses grands-parents sur la côté d'Azur, en sécurité pensent-ils. C'est l'époque où, hébergée chez une riche Américaine, Charlotte s'épanouit artistiquement. Elle est touchée par une frénésie de peindre, en même temps qu'elle retrouve l'amour.

   Graphiquement, le film n'est pas d'une grande virtuosité. L'animation est assez classique. On a toutefois fait des efforts pour tenter de nous faire percevoir ce qu'était le "coup de pinceau" de l'artiste. Ce n'est sans doute pas aussi joli que les gouaches et aquarelles de Charlotte, mais c'est tout de même très parlant. (L'intégralité de son œuvre est visible sur un site néerlandais.)

   Cette histoire, bien que tragique (elle s'interrompt en 1943...) est visible par tous. Dans les scènes les plus dures (la mort du grand-père, l'arrestation par la Gestapo...), les auteurs Tahir Rana et Eric Warin (à qui l'on doit Ballerina) pratiquent le hors-champ, évitant les images les plus choquantes. Le film se conclut par l'extrait d'un documentaire, où l'on voit les parents de Charlotte, qui ont survécu à la guerre.

vendredi, 31 décembre 2021

Copyright Van Gogh

   Ce surprenant documentaire chinois a été tourné dans le sud du "pays du milieu", mais aussi en France et aux Pays-Bas. Curieusement, à l'écran, jamais personne ne porte de masque... et pour cause : les images datent de 2015-2016. C'est à la fois si loin et si proche...

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   La majeure partie de « l'action » se déroule dans le village de Dafen, un gros bourg situé à la périphérie de Shenzhen, la mégapole industrielle qui fait face à Hongkong. Certains des « ouvriers-peintres » qui nous sont présentés (en particulier Zhao Xiaoyong) sont originaires d'une région rurale du Hunan, une province située un peu plus au nord.

   La première partie du documentaire nous montre ces familles de peintres au travail. On pense que plusieurs milliers de personnes ont pour activité principale la production de copies (à différentes échelles) des chefs-d’œuvre occidentaux, notamment ceux de Vincent Van Gogh, qui jouit d'une faveur particulière. Le film s'attarde sur seulement quelques ateliers. C'est du travail à la chaîne, intense, par des artisans dont certains semblent particulièrement doués. Ceux qui se sont spécialisés dans l’œuvre de Van Gogh sont quasiment devenus des experts du peintre. Pourtant, ils ne le connaissent (ainsi que ses tableaux) que par des livres et des vidéos. Apparemment, au sein des ateliers, chacun accomplit une tâche particulière. Les copies sont le plus souvent des œuvres collectives, même si les plus doués (comme Zhao Xiaoyong) sont capables d'en réaliser une à eux seuls.

   La deuxième partie suit un petit groupe de peintres chinois en Europe. Passionnés par leur travail et désireux de voir en vrai les tableaux qu'ils copient depuis des années, ils ont économisé pour financer un voyage qui est tout autant un enrichissement personnel qu'un investissement professionnel. Le principal client de Zhao, un Néerlandais résidant à Amsterdam, est prêt à les loger.

   Quand la petite troupe débarque en Europe, elle va de surprise en surprise. Contrairement à leurs homologues chinoises, les « grandes » villes du vieux continent (notamment Amsterdam et Paris) ne sont pas constellées de gratte-ciel. Dans des villes plus modestes (comme Arles), une politique patrimoniale intelligente a préservé les bâtiments. On sent qu'une tentation taraude Zhao : rester sur place, là où van Gogh a vécu, et y vivre de son art : quand il se met à peindre des copies, à Arles, elles rencontrent un succès immédiat.

   Cet enthousiasme contrebalance certaines déceptions : loin d'être exposées dans des galeries d'art, les copies de Zhao sont vendues dans une boutique de souvenirs installée à proximité du musée Van Gogh. De plus, il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que son généreux client réalise une belle "culbute" avec ses œuvres : les plus grandes, achetées 40-50 euros au copieur chinois, sont revendues 500... À un moment, on sent qu'une négociation s'ébauche devant la caméra. On n'en voit pas la conclusion, mais, au vu de la suite, on comprend que le client néerlandais n'a sans doute pas accepté de payer plus...

   Du coup, quand le groupe est de retour en Chine, Zhao se demande s'il ne devrait pas se lancer dans la création de ses propres peintures, tout en conservant le marché rémunérateur des copies. Ainsi, sans que ce soit peut-être l'intention des auteurs, le film démontre que l'activité picturale chinoise suit le même chemin que l'industrie : au départ sous-traitante des Occidentaux, dont elle copie les créations à moindre coût, elle devient par la suite capable de produire ses propres œuvres qui, peut-être, vont pouvoir concurrencer celles des anciens donneurs d'ordre.

   Le documentaire mérite aussi le détour pour la plongée qu'il offre dans la Chine contemporaine. Outre le gros village de Dafen (une petite ville, en réalité), on voit la mégapole moderne de Shenzhen, qui abrite un incroyable parc d'attractions (appelé « Window of the World ») contenant les répliques de nombreux monuments du monde. On découvre aussi une autre Chine, plus rurale, plus âgée, plus traditionnelle... et plus pauvre... mais avec une belle scène de cimetière à la clé.

   Ne ratez pas ce film formidable !

dimanche, 18 janvier 2015

Le Centre Pompidou de Metz à la peine

   Vu de l'Aveyron, on se demande si ce qui arrive à ce musée d'art contemporain n'est pas une préfiguration de l'avenir du musée Soulages. L'un comme l'autre ont commencé tambour battant, avec une première année couronnée de succès. Un récent article du Monde évoque les difficultés de l'établissement messin. En croisant les informations qu'il fournit avec celles que l'on peut trouver dans les rapports d'activité, on arrive à la conclusion que la fréquentation n'a cessé de baisser :

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   Pour être juste, il convient d'apporter deux précisions. Comme le musée n'a ouvert ses portes qu'en mai 2010, le nombre d'entrées de la première année est sous-estimé. Sur les douze premiers mois, on se rapproche plutôt de 800 000 visiteurs. Si le succès initial n'en est que plus éclatant, la baisse qui a suivi n'en est que plus incontestable. Toutefois, il semblerait qu'en 2014, il y ait eu un léger rebond, avec 350 000 entrées. On attendra cependant la confirmation. Ainsi, en janvier 2014, lors d'une réunion du conseil municipal de Metz, il avait déjà été affirmé que la fréquentation avait atteint 350 000 visiteurs l'année écoulée, chiffre qui avait ensuite été "corrigé" en 335 000 dans le rapport publié en juin 2014 (page 32).

   En théorie, cette baisse, qui n'est pas illogique, ne menace pas (encore) l'existence du musée, parce qu'il avait été conçu sur la base de 250 000 visiteurs annuels. Pourtant, une violente polémique est née autour du budget 2015 du Centre Pompidou, à cause de la baisse -déjà annoncée l'an dernier- de la participation du conseil régional de Lorraine (de 4 à 3 millions d'euros). Cela donnait la répartition préfigurée suivante :

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   D'après l'article du Monde, les recettes issues des entrées payantes et du mécénat sont moins importantes que prévu. En 2014, on dépasse à peine les deux millions d'euros. On ne peut donc que s'étonner des nouvelles prévisions, publiées il y a deux jours dans La Croix. Il y est question de 3,5 millions d'euros en 2015. Pour cela, il faudrait que le nombre d'entrées payantes augmente et/ou que les mécènes se montrent bien plus généreux. Si l'on ajoute à ces éléments l'augmentation de la participation de la communauté d'agglomération Metz Métropole (+ 550 000), du conseil général de la Moselle (+ 300 000) et de la commune de Metz (+ 150 000), cela donne la ventilation suivante :

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   Cela me paraît quelque peu optimiste. En cherchant dans les rapports d'activité, j'ai trouvé l'origine de ce chiffre (3,5 millions d'euros) : il s'agit de l'ensemble des recettes annexes de 2013, comprenant (outre le mécénat et le produit de la billetterie) les recettes d'édition, la privatisation d'espaces, la participation de l'Association des Amis du musée ainsi que les redevances d'occupation et d'exploitation de la librairie-boutique, du restaurant et du café.

   Peut-être que le succès des expositions programmées cette année viendra démentir mes appréhensions. Cela me conduit à évoquer le musée Soulages qui, à la différence de l'établissement lorrain, bénéficie de collections permanentes. Il a aussi été moins coûteux à la construction (30 millions d'euros contre 70), mais il a été promu par des collectivités moins riches que leurs homologues lorraines.

   Commençons par le nombre d'entrées. A Rodez, on s'est félicité (à juste titre) du succès du démarrage : 200 000 visiteurs sont venus au musée Soulages en 2014. Si la fréquentation connaît la même évolution qu'à Metz, dans quatre ans, elle pourrait se situer entre 100 000 et 110 000 visiteurs. Cela concorderait avec les prévisions données dans la presse : entre 100 000 et 150 000 pour Midi Libre en mai dernier, lors de l'inauguration. Quelques mois plus tôt, on se montrait plus prudent dans Centre Presse, qui évoquait 80 000 à 100 000 visiteurs. (Je ne le lui souhaite pas mais, vu son grand âge, je ne peux m'empêcher d'envisager le décès de Pierre Soulages, qui contribuerait sans doute, dans un premier temps, à soutenir voire relancer la fréquentation.)

   Le contribuable que je suis espère que les faits ne viendront pas démentir ces prévisions, parce qu'à Rodez, contrairement à Metz, la communauté d'agglomération est seule à financer le fonctionnement du musée.

dimanche, 26 octobre 2014

Le peintre des criminels

   Décidément... les séries policières (de TF1) semblent raffoler du "maître de l'outrenoir". En février dernier, c'est dans un épisode de R.I.S. que l'on a pu voir un brou de noix, dans le salon d'un homme machiavélique, qui avait tué son épouse.

   Jeudi dernier, dans le quatrième épisode de la cinquième saison de Profilage (un peu en dessous des saisons précédentes, je trouve), c'est dans la péniche où s'est réfugiée une criminelle (incarnée avec talent par une certaine Julie Gayet) que le commandant Rocher et la psycho-criminologue Chloé Saint-Laurent découvrent, accrochée au mur, une toile au style caractéristique :

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   Notons que les enquêteurs lui accordent à peine un regard, se concentrant sur les objets que la suspecte recherchée semble avoir accumulés de manière compulsive.

   Une question demeure sans réponse : la présence d'un tableau de Pierre Soulages au domicile d'une personne est-elle révélatrice de ses tendances meurtrières ?

   P.S.

   Si vous êtes observateurs, vous vous êtes rendus compte que les deux peintures (celle de l'épisode de R.I.S. et celle de Profilage) ont comme un lien de parenté... à tel point qu'une idée m'est venue à l'esprit : faire pivoter la seconde pour la mettre dans le même sens que la première. Voilà ce que cela donne :

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   Eh, oui ! Le tableau est identique ! (L'angle de la prise de vue a légèrement déformé la seconde image.) Conclusion : soit c'est vraiment une œuvre de Soulages, qui a pu être facilement prêtée à la production, soit c'est un faux (très ressemblant), conservé dans une réserve, et utilisé pour caractériser la demeure de certains personnages de fiction.

   Le tableau le plus ressemblant que j'aie pu trouver est ce Brou de noix de 1948 :

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   Le voici dans un autre sens, qui le rapproche de la "toile" des fictions de TF1 :

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mardi, 21 octobre 2014

Shirley

   Ce prénom désigne un personnage de fiction, une femme qui apparaîtrait sur un grand nombre de toiles d'Edward Hopper. Dans la réalité, il s'agit de plusieurs personnes, celle qui a le plus souvent joué ce rôle étant la compagne du peintre, Joséphine. Comme elle-même était aussi une artiste et qu'elle est devenue un peu le "manager" de son époux, la relation entre le peintre et le modèle fut assez complexe, à l'image de ce film, particulièrement conceptuel.

   L'auteur a choisi treize toiles (en fait douze, auxquelles il a rajouté un tableau ne comportant aucun personnage à l'origine) dans lesquelles apparaît une femme. Elles nous sont présentées dans l'ordre chronologique, le réalisateur tentant d'écrire une histoire à l'aide de l'ensemble. Il a imaginé ce qui pouvait s'être passé juste avant ou juste après la pose. Chaque toile est datée et précédée d'extraits radiophoniques de l'époque. A travers cet exercice de style, Gustav Deutsch tente de ressusciter les années 1930-1960 (aux Etats-Unis) et de mettre en scène l'art de ce peintre novateur.

   On commence par "Chambre d'hôtel" (1931), par lequel le réalisateur tente de nous faire entrer dans les pensées d'une artiste écartelée entre la France et les Etats-Unis, à l'image de ce que connut Hooper, qui débuta dans l'Hexagone, où il fut fortement influencé par les impressionnistes et leurs successeurs.

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   On reste dans le même type de pièce, mais dans un contexte conjugal, avec "Chambre à New York" (1932). Au-delà de la proximité des corps et des gestes de tendresse, c'est la séparation et l'incommunicabilité qui sont mis en exergue :

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   Vient ensuite l'une des plus belles toiles de Hooper, "Cinéma à New York" (1939). Dans le documentaire, le couple de spectateurs regarde un film noir dont l'ouvreuse connaît les dialogues par coeur. Le tableau place dans la lumière le personnage secondaire, qui, dans la vraie vie, se trouve dans l'ombre. La fiction projetée tout comme les bourgeois qui ont payé leur place sont en retrait. Du coup, on en vient à se demander pourquoi cette jolie jeune femme (très bien filmée) se retrouve là. N'est-elle pas l'une de ces milliers de rêveuses, qui n'ont pu lancer une carrière d'actrice ?

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   Le rôle d'objet sexuel dévolu aux femmes (dans la société de l'époque comme aux yeux du peintre, même si ce n'est pas tout à fait équivalent) apparaît plus clairement dans "La Nuit au bureau" (1940). Aujourd'hui, c'est devenu un cliché, mais la présence tardive de cette séduisante secrétaire auprès de son patron, est une représentation du désir masculin et de la position subalterne du "deuxième sexe". L'aspect studieux de la scène ne doit pas tromper. Le réalisateur exploite bien les possibilités suggérées par la porte entrouverte...

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   Cette place de la femme jeune est vraiment explicite dans "Hall d'hôtel" (1943). Sur un grand écran de cinéma, c'est encore plus flagrant que sur une reproduction. Et quel travail sur les couleurs et la lumière ! Ici l'objet de la tentation sont ces longues jambes minces, dont les pieds sont gainés de chaussures à talons d'un vert pétant. La vieil homme n'a pas l'air d'y faire attention, mais le réalisateur a décidé d'en dire plus que le tableau !

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   Mais là où Gustav Deutsch m'a laissé sur le cul, c'est dans son interprétation de "Soleil du matin" (1952). Il réussit à relier la sensualité de la scène à un questionnement sur le maccarthysme... Gonflé !

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   Plus classique est la mise en scène de "Motel à l'ouest" (1957). Derrière cette posture figée, guindée même, se cache une tension sexuelle que la voiture n'est pas seule à exprimer. C'est peut-être dans cette séquence que la fluidité narrative est la plus grande.

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   La suivante, "Excursion en philosophie" (1959), est plus complexe. Elle mêle considérations intellectuelles et sensualité à fleur de peau. Les apparences sont de surcroît trompeuses. Ce n'est pas l'homme le personnage principal, mais la femme qui, avant de se coucher et de nous tourner le dos, a occupé le devant de la scène. Observez le positionnement du livre...

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   Plus inutilement exhibitionniste m'est apparu "Une Femme au soleil" (1961). L'expression de la sensualité se conjugue à une certaine fragilité. Le peintre semble avoir voulu établir un lien entre le corps humain et les éléments naturels extérieurs (le soleil, les collines).

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   Pour mon plus grand plaisir, on retourne dans une salle de cinéma avec "Pause" (1963). Alors que le tableau semble n'être consacré qu'à la femme assise en face de l'écran (sur lequel est projeté un film français), le réalisateur a bien compris que tout ce qui nous est montré est déterminé par ce que l'on ne voit pas... et ce que l'on devrait entendre.

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   C'est le moment de signaler qu'un gros travail a été effectué sur le hors-champ, sur les sons, qui donnent tout leur sens à certaines scènes. Il faut aussi souligner la performance de l'actrice (qui est aussi danseuse), Stephanie Cumming.

   Les principes appliqués dans la précédente toile sont poussés à leur extrémité dans "Soleil dans une chambre vide" (1963). Il a fallu beaucoup d'imagination au réalisateur pour raccorder cette séquence aux précédentes, mais c'est là qu'on réalise toute la minutie de son projet : raconter une histoire tout en décryptant une oeuvre picturale. 

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   La fin fait écho au début. On retrouve "Voiture-salon" (1965), qui entrechoque voyage et immobilité, emprisonnement des formes géométriques et liberté de l'imagination, intrusion du naturel et poids de l'artificiel.

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   Ce n'est donc pas un film facile. Il est de plus monté sur un rythme lent. Il faut donc s'armer de patience et faire fonctionner ses neurones. A conseiller aux amateurs d'art et aux esprits curieux.

00:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, arts, peinture

samedi, 14 septembre 2013

La polychromie du tympan de Conques

   Tel était le thème de la conférence qui s'est tenue vendredi 13 septembre au Centre européen de Conques. Dans sa présentation, le maître de cérémonie, Pierre Lançon, a rappelé combien cette saison est riche pour le site hôte, déjà sujet de plusieurs interventions. De mon côté, j'ai particulièrement apprécié celle de Virginie Czerniak (en juin dernier), sur le noir au Moyen Age.

   Le conférencier, Hervé Langlois, est un restaurateur de peintures murales et de bois polychromes. Il dirige l'atelier qui porte son nom, à Gaillac. On a notamment beaucoup parlé de lui lors de la réhabilitation de fresques de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi.

   La soirée a débuté par une introduction de Louis Causse, architecte des Bâtiments de France. Il a proposé une lecture de textes évoquant (ou non) le caractère polychrome du tympan de l'église abbatiale de Conques. L'un des plus anciens écrits cités parle d'une "barre rouge" et d'un personnage sur le point de se faire décapiter. Au XIXe siècle, c'est Prosper Mérimée (de passage en 1837), qui a remarqué "des couleurs nettes, sur une couche plus ancienne de même couleur". Cependant, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, plusieurs textes décrivant (au moins en partie) le tympan ne parlent pas de traces de peinture ni d'une quelconque colorisation.

   Dans les années 1930, on décida d'un nettoyage. En 1939-1940, il fut procédé à un moulage du tympan. Les couleurs auraient été ravivées par l'agent mouillant utilisé pour réaliser le moulage. L'aspect polychrome n'en fut que plus visible. Plus tard, une campagne de photographies fut organisée, dans l'optique de la publication de deux ouvrages, Les Tympans romans et Le Rouergue roman. Louis Balsan et Jean Dieuzaide prirent les photographies.

   En 2005, on remarqua l'apparition de taches noirâtres en certains endroits du tympan. On décida de faire appel aux services d'Hervé Langlois, qui effectua des prélèvements en plusieurs endroits. A ce point de son intervention, Louis Causse céda la parole à l'invité du jour.

   Hervé Langlois commença par un bref mais utile rappel historique, qui complétait les informations fournies précédemment. J'ai ainsi appris (ou j'avais oublié) qu'un incendie avait frappé l'église, en 1568. Mais il n'est pas à l'origine de l'apparition des tâches noires. (Pas plus que Pierre Soulages, d'ailleurs...)

   Les observations de Prosper Mérimée se révélèrent justes : plusieurs couches de peinture sont détectables, quelle que soit la partie du tympan que l'on sonde. Si j'ai bien compris, à la couche originelle (sans doute du XIIe siècle) ont succédé plusieurs "repeints", datés des XVe, XVIIe et XIXe siècles. Ils seraient difficiles à distinguer de prime abord à cause de la couche de poussière qui s'est régulièrement incrustée dans les parties sculptées, mais aussi parce que les "repeints" sont de la même couleur que l'original.

   Aujourd'hui, un oeil attentif peut en distinguer une partie, par exemple sur cette photographie :

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   D'après Hervé Langlois, on ne voit plus les dorures que de très près. Du cuivre aurait été utilisé pour la peinture. Sinon, on a beaucoup recouru au blanc de plomb, que ce soit pour la préparation des couches au XIIe siècle comme pour les repeints. Or, en s'altérant, le plomb prend une teinte noirâtre. Voilà un mystère expliqué. (On a parfois redouté que la dégradation soit l'oeuvre de micro-organismes. Ceux-ci se sont plutôt attaqués aux liants, qui auraient complètement disparu.)

   Le plus souvent, les peintres ont utilisé un fond ocre-jaune en sous-couche. Le bleu domine du côté du ciel, le rouge du côté de l'enfer. Mais, dans le détail, c'est un peu plus complexe. Des photographies prises en gros plan montrent, au niveau du fond des arcades comme des colonnes, une alternance des couleurs (bleu et rouge principalement). Le Christ en majesté apparaît bien bleu... mais il aurait été rouge à l'origine ! Le bleu se retrouve aussi au niveau des drapés et des plis des vêtements.

   Ce sont les ailes des anges qui semblent avoir été ouvragées avec le plus de raffinement. Les photographies de détail montrent un enchevêtrement de teintes particulièrement réussi. Le diable, lui, aurait été peint en gris, ce qui est conforme à la tradition. Quelques carnations (roses) sont visibles lorsque de la chair apparaît, au détour d'un visage... ou d'une cuisse. (Ah, les coquins !)

   Malheureusement, aucun prélèvement n'a été effectué au niveau des yeux, où des incrustations sont visibles. On ne sait donc pas avec quoi ils étaient remplis, ni si certaines orbites n'ont pas été comblées par l'action d'animaux divers et variés...

   En guise de synthèse, Hervé Langlois a projeté la photographie d'un dessin du tympan, tel qu'il devait être avec ses couleurs d'origine. Le résultat est saisissant... encore plus d'ailleurs sur la diapositive que sur la feuille d'origine (apposée au pied de l'estrade). J'ai eu l'impression de me retrouver en face d'une image de manga !

   Il n'est d'ailleurs pas impossible que d'ici quelques années le public puisse voir le tympan dans sa forme d'origine. Au cours de la séance des questions (à laquelle assistait un membre du conseil municipal de Conques), Pierre Lançon a évoqué un projet (dont le financement n'est pas bouclé) : une projection numérique, qui permettrait d'observer la sculpture virtuellement colorée, depuis le parvis de l'église. En voilà une idée qu'elle est bonne !

   Après la conférence, Louis Causse s'est mué en Père Noël et a distribué des cadeaux dans les rangées de spectateurs. Je rassure les bonnes âmes : pour ce faire, il ne s'est affublé ni d'un manteau rouge ni d'une barbe blanche ! Voici ce en quoi consistait le cadeau : une brochure éditée par la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) de Midi-Pyrénées (qui dépend du ministère de la Culture), pour célébrer le centenaire de la loi de 1913 sur la préservation des monuments historiques.

   Piqué par la curiosité, j'en ai pris un exemplaire, que j'ai lu. Bien que Toulouse et la Haute-Garonne y occupent une grande place, on sent que les auteurs ont essayé d'équilibrer aussi bien l'iconographie que le texte, tous les départements étant présents, à plusieurs titres.

   Qu'en est-il de l'Aveyron ? On peut considérer qu'il figure en bonne place et ce dès la couverture :

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   C'est une construction tarno-rouergate, le viaduc du Viaur, qui a été placée en bas de page. La suivante propose des photographies de huit sites emblématiques de la région, parmi lesquels trois sont aveyronnais : le dolmen de Tiergues, à Saint-Affrique, l'abbaye de Conques (une vue ancienne)  et, pour la seconde fois (mais pas la dernière), le viaduc du Viaur :

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   Sur cette lancée, on n'est qu'à moitié surpris de constater que le premier monument qui illustre le corps du texte est l'abbaye de Conques :

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   Page 9, c'est au tour du pont Vieux d'Espalion d'apparaître :

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   Pages 18-19, nous sommes gâtés, puisqu'il est question des monuments mégalithiques. On retrouve donc le dolmen de Tiergues :

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   ... suivi de celui de Peyrelebade (à Salles-la-Source), superbe :

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   Plus loin, il est question des églises. On découvre l'ancienne cathédrale de Vabre-l'Abbaye :

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   L'église de Villefranche-de-Rouergue est visible, elle, au détour d'une photographie de la place Notre-Dame (page 34) :

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   Moins connue (je pense) est la ferme des Brouzes, à Saint-Georges-de-Luzençon :

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   Dans le Sud Aveyron, il est de nouveau question de Saint-Affrique (c'est à se demander si Alain Fauconnier n'a pas rédigé une partie de la brochure !), à travers son pont Vieux :

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   Il est suivi de l'inévitable viaduc du Viaur :

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   Le patrimoine industriel n'est donc pas oublié. Il est logique qu'y figure Decazeville, à travers le chevalement du puits central :

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   Dans la même commune, il est aussi possible d'admirer le Chemin de croix de Gustave Moreau... qui, jusqu'au mois de novembre, est exposé au musée Denys Puech de Rodez :

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   Voilà ce qu'il en est de la quintessence du patrimoine aveyronnais, selon la DRAC de Midi-Pyrénées. Et là vous me dites : "Mais où est la cathédrale de Rodez ?" Je vous réponds : nulle part. En fait, si, quelque part, page 63 :

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   C'est le seul endroit où, en 80 pages, il est question de l'une des plus belles églises du monde de France. Aucune illustration ne lui est consacrée, ni dans la partie qui évoque les églises, ni dans celle qui traite spécifiquement de l'Aveyron. Et pourtant, dans un passage de la brochure, il est question de ces nombreuses églises qui ont été classées monuments historiques en 1862. Mais jamais il n'est fait référence à celle de Rodez. A la place de celle-ci, on mentionne la collégiale d'Ibos (dans les Hautes-Pyrénées) et les cathédrales Saint-Etienne de Toulouse et Cahors.

   Au lieu de se crêper le chignon avec Bruno Bérardi, le maire de Rodez, qui a récemment déclaré dans le mensuel gratuit A l'oeil être "personnellement ami" avec certains ministres du gouvernement Ayrault, devrait plutôt signaler cette aberration aux services de Mme Filippetti.

mercredi, 12 décembre 2012

Musée Soulages : l'avenir s'assombrit

   On s'y attendait un peu. Néanmoins, l'annonce, par Jean-Claude Luche, de la division par deux de la subvention du Conseil général de l'Aveyron pour la construction des gigantesques boîtes à chaussures du Foirail a provoqué un mini-séisme politique.

   Pour commencer, notons le léger décalage dans la manière dont deux des quotidiens locaux ont présenté la chose. La Dépêche du Midi, sans reprendre entièrement les propos de Christian Teyssèdre (le maire de Rodez, pas content du tout), choisit un titre plutôt défavorable à Jean-Claude Luche :

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   La photographie est prise en contre-plongée. Le président du Conseil général y paraît puissant (même si cela ne correspond pas tout à fait au titre), presque hautain. On a l'impression qu'il pourrait quand même allonger la thune, mais que, rien pour faire iech le maire de Rodez, il décide de fermer (partiellement) le robinet à subventions.

   Midi Libre attribue son revirement au contexte économique et minimise les conséquences :

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   La photographie présente l'élu en position d'explication. Il est pris quasiment de face, presque en train de s'excuser de devoir baisser le niveau de la subvention. L'article du quotidien montpelliérain passe d'ailleurs plus de temps à détailler les choix budgétaires de J-C Luche qu'à traiter du financement du musée Soulages. Précisons que Luluche a eu l'habileté de reporter une partie des crédits sur des projets soutenus par des mairies de gauche (Onet-le-Château et Millau). Quel métier !

   Ceci dit, sur le fond, je ne peux pas lui jeter la pierre. La situation financière du département n'est pas brillante (même s'il y a bien pire) et, franchement, il a mieux à faire que de financer ce gagdet pour cultureux.

   C'est le moment que choisit le contribuable ruthénois pour se réveiller en moi. Il sent -ce contribuable- que c'est vers lui que l'on risque de se tourner pour boucler le financement du musée. Déjà qu'on ne lui dit pas qui va payer la différence entre l'estimation que des médias continuent à véhiculer (environ 21,5 millions d'euros dont 9,5 pour le Grand Rodez) et celle que le journal publié par la mairie de Rodez a fini par donner en décembre dernier (28 millions d'euros dont 50 % issus des subventions, soit 14 millions pour la Communauté d'agglomération).

   Si le Conseil général divise par deux le montant de sa participation au projet, c'est bien plus de deux millions d'euros qui risquent retomber sur les reins du Grand Rodez : n'oublions pas la part des taxes ! De surcroît, compte tenu du retard pris par les travaux et de la volonté du peintre de reporter l'inauguration de plusieurs mois (le "maître" de l'outrenoir ne voulant pas d'une cérémonie en novembre 2013, en pleine saison "sombre"... un comble !), qui sait quelle somme pourrait encore s'ajouter au total déjà faramineux. On va bien finir par atteindre les 30 millions d'euros que certains commentateurs évoquent déjà depuis des mois.

   Faites les comptes : au lieu d'un montant (faussement) annoncé de 9,5 millions d'euros, c'est 16 ou 18 millions que le Grand Rodez (et donc les contribuables locaux) va devoir sortir du porte-monnaie ! (Déjà en 2010, La Dépêche du Midi précisait que le dépassement de budget devrait être réglé par la Communauté d'agglomération...) On se prend à rêver que l'ex-sénatrice de l'Aveyron Anne-Marie Escoffier, aujourd'hui ministre dans le gouvernement Ayrault, décide de prendre en mains ce dossier pour le défendre devant sa collègue de la Culture, histoire que la contribution de l'Etat puisse passer de 4 à 8 ou 10 millions d'euros...

samedi, 22 janvier 2011

Le musée Soulages et les finances ruthénoises

   C'est dans Le Ruthénois de cette semaine (le numéro 47) que j'ai trouvé l'information. Elle est noyée dans un article consacré aux voeux du maire de Rodez, Christian Teyssèdre. Mais, au moins, elle figure dans le comtpe-rendu, alors que je ne l'ai pas lue dans les autres journaux aveyronnais. Voici un extrait de l'article "Les voeux de Christian Teyssèdre à ses administrés" :

Soulages coûts 2.jpg

   Deux éléments sont à relever. Tout d'abord, le maire de Rodez semble avoir compris que l'estimation du coût de la construction du musée à 25 millions d'euros n'est pas définitive et que, ainsi que le maire d'Onet-le-Château l'a déjà laissé entendre, il va falloir "cracher au bassinet". Et à qui incombera la tâche de compléter le financement ? Ben pas à l'Etat ni à la région, pas plus au Conseil général. C'est la Communauté d'agglomération du Grand Rodez ainsi que le chef-lieu départemental qui risquent de devoir gérer la "douloureuse" (entre cinq et dix millions supplémentaires...). Du coup, le maire de Rodez déclare : "Il est maintenant nécessaire d'obtenir tous ensemble une subvention européenne." C'est, indirectement, un bel aveu. Ceci dit, les contribuables ruthénois ne pourront que se réjouir si Christian Teyssèdre arrive à obtenir le financement de l'Union européenne.

   La deuxième information importante concerne les coûts de fonctionnement des musées ruthénois, qui seront donc au nombre de trois. L'engagement est pris de limiter ces coûts à 1,6 million d'euros, alors que, ces dernières semaines, cette même estimation circulait... mais pour le seul musée Soulages. On parlait de 3 millions d'euros pour les trois. Cela nous ferait donc une économie de près de 50 % ! Si l'on suit les propos du maire, c'est sur les bâtiments et le personnel que la réduction des coûts risque de porter. Affaire à suivre...

   En attendant que le musée soit achevé, la propagande continue. Ainsi, le projet d'associer les élèves de deux écoles ruthénoises est entré en phase de réalisation. Bon courage aux gamins... Les adultes ne sont pas négligés non plus. Ces jours-ci, c'est la commune de Druelle qui fait l'objet de toutes les attentions. Et c'est là que cela devient comique. La Dépêche du Midi et Le Ruthénois ont, grosso modo, publié le même article, illustré par la même photographie montrant Ludovic Mouly en pleine concentration (Le Ruthénois en a ajouté une seconde).

   Premier gag : les deux articles reprennent les propos du président de la Communauté d'agglomération affirmant que, "contrairement aux rumeurs, il n'y avait aucune surenchère sur ce projet." J'ai peut-être mal compris, mais cela me paraît en contradiction avec ce que les lecteurs du journal ont pu voir quatre pages auparavant, venant du maire de Rodez.

    Deuxième gag : les légendes de la photographie. Voici celle de La Dépêche :

Druelle 10 01 2011 a.jpg

   Et voici celle du Ruthénois :

Druelle 10 01 2011 b.JPG

   La nuance n'est pas la même. Ainsi, la rédaction du Ruthénois semble avoir voulu montrer l'intérêt manifesté par la population... alors qu'une assistance d'environ 100 personnes, pour une conférence largement annoncée, dans un bassin de 60 000 habitants, n'a rien d'exceptionnel.

   Bon, j'arrête d'être méchant avec Le Ruthénois, dont le dernier numéro est très intéressant. Il contient une entrevue avec Jean-Claude Luche, à comparer avec celle de Christian Teyssèdre publiée par le magazine A l'oeil, devenu mensuel. Toujours dans l'hebdomadaire du Piton, on lira avec profit le deuxième volet d'une nouvelle rubrique, consacrée aux châteaux de l'agglomération, en liaison avec la publication d'un livre de Gérard Astorg.