jeudi, 30 juillet 2020
Le Capital au XXIe siècle
Ce documentaire reprend le titre de l'ouvrage (que je n'ai pas lu) de Thomas Picketty, l'économiste de gauche bénéficiant de la plus grande couverture médiatique ces dernières années. Il a bien entendu été étroitement associé à la construction du film, dans lequel on peut entendre une quinzaine d'intervenants, presque tous de gauche (même si une journaliste du Financial Times figure sur la liste).
Peut-être me trompè-je, mais j'ai l'impression que le documentaire a pour but de vulgariser les idées de Picketty, en suivant une trame historique mondiale, au sein de laquelle les exemples sont puisés principalement en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
La première partie m'a beaucoup déçu, voire irrité. J'ai trouvé cela superficiel et très orienté. En gros, le capitalisme est responsable de tous les maux de la terre, de l'esclavage aux guerres mondiales, en passant par la colonisation, les crises économiques et la naissance des régimes totalitaires (... à l'exception de celui mis en place en URSS...). Si le rôle des détenteurs de capitaux, des dirigeants de grandes entreprises et des banquiers n'est pas négligeable dans ces événements, l'exclusion des autres facteurs est pour moi une faute intellectuelle.
A l'intérieur de ce fatras idéologisé qui ne convaincra que les convaincus, je distingue la crise des années 1930, que j'ai trouvée assez bien expliquée.
Par contre, la période des "Trente Glorieuses" est présentée quasiment comme un paradis perdu, au regard de ce qui a suivi. Or (et c'est un paradoxe qu'il aurait été bon de creuser), c'est plutôt à partir des années 1970 que la société de consommation a pris son réel essor. Alors qu'une partie de l'Occident se désindustrialise, sa population a à sa disposition de plus en plus de gadgets... Merci la mondialisation ?
De la même manière, l'arrivée au pouvoir des deux grandes figures de gouvernement néo-libérales, Margaret Thatcher (à laquelle France Culture vient de consacrer une série d'émissions) et Ronald Reagan, est expliquée de manière superficielle. Dans le cas britannique, il n'est rien dit de la situation économique laissée par les prédécesseurs de la "Dame de Fer". Dans le cas états-unien, le contexte de Guerre froide n'est quasiment pas évoqué, alors qu'il a fortement pesé dans l'arrivée au pouvoir de l'ancien acteur de série B.
Sur le plan méthodologique, je n'ai pas apprécié que des images d'archives soient mises sur le même plan que des extraits de fiction. Les spectateurs cultivés sauront faire la différence. Les autres devront se contenter des rares incrustations désignant Wall Street, Les Raisins de la colère ou encore un épisode des Simpson. Même si toutes les références figurent dans le générique de fin, il aurait été plus honnête de les inclure dans le corps du documentaire.
La seconde partie du film, qui traite du XXIe siècle (notamment de la crise des subprimes) m'a davantage convaincu. Mais, là, le documentaire s'inscrit dans la continuité d'autres oeuvres, plus réussies, comme Inside Job, Capitalism, a love story (de Michael Moore) et les fictions Cleveland contre Wall Street, Margin Call et The Big Short.
Le Capital au XXIe siècle
Ce documentaire reprend le titre de l'ouvrage (que je n'ai pas lu) de Thomas Picketty, l'économiste de gauche bénéficiant de la plus grande couverture médiatique ces dernières années. Il a bien entendu été étroitement associé à la construction du film, dans lequel on peut entendre une quinzaine d'intervenants, presque tous de gauche (même si une journaliste du Financial Times figure sur la liste).
Peut-être me trompè-je, mais j'ai l'impression que le documentaire a pour but de vulgariser les idées de Picketty, en suivant une trame historique mondiale, au sein de laquelle les exemples sont puisés principalement en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
La première partie m'a beaucoup déçu, voire irrité. J'ai trouvé cela superficiel et très orienté. En gros, le capitalisme est responsable de tous les maux de la terre, de l'esclavage aux guerres mondiales, en passant par la colonisation, les crises économiques et la naissance des régimes totalitaires (... à l'exception de celui mis en place en URSS...). Si le rôle des détenteurs de capitaux, des dirigeants de grandes entreprises et des banquiers n'est pas négligeable dans ces événements, l'exclusion des autres facteurs est pour moi une faute intellectuelle.
A l'intérieur de ce fatras idéologisé qui ne convaincra que les convaincus, je distingue la crise des années 1930, que j'ai trouvée assez bien expliquée.
Par contre, la période des "Trente Glorieuses" est présentée quasiment comme un paradis perdu, au regard de ce qui a suivi. Or (et c'est un paradoxe qu'il aurait été bon de creuser), c'est plutôt à partir des années 1970 que la société de consommation a pris son réel essor. Alors qu'une partie de l'Occident se désindustrialise, sa population a à sa disposition de plus en plus de gadgets... Merci la mondialisation ?
De la même manière, l'arrivée au pouvoir des deux grandes figures de gouvernement néo-libérales, Margaret Thatcher (à laquelle France Culture vient de consacrer une série d'émissions) et Ronald Reagan, est expliquée de manière superficielle. Dans le cas britannique, il n'est rien dit de la situation économique laissée par les prédécesseurs de la "Dame de Fer". Dans le cas états-unien, le contexte de Guerre froide n'est quasiment pas évoqué, alors qu'il a fortement pesé dans l'arrivée au pouvoir de l'ancien acteur de série B.
Sur le plan méthodologique, je n'ai pas apprécié que des images d'archives soient mises sur le même plan que des extraits de fiction. Les spectateurs cultivés sauront faire la différence. Les autres devront se contenter des rares incrustations désignant Wall Street, Les Raisins de la colère ou encore un épisode des Simpson. Même si toutes les références figurent dans le générique de fin, il aurait été plus honnête de les inclure dans le corps du documentaire.
La seconde partie du film, qui traite du XXIe siècle (notamment de la crise des subprimes) m'a davantage convaincu. Mais, là, le documentaire s'inscrit dans la continuité d'autres oeuvres, plus réussies, comme Inside Job, Capitalism, a love story (de Michael Moore) et les fictions Cleveland contre Wall Street, Margin Call et The Big Short.
mercredi, 29 juillet 2020
Terrible Jungle
"Mais que diable suis-je venue faire dans cette galère ?" semble se demander Catherine Deneuve, à moins que ce ne soit son personnage, Chantal de Bellabre, issue d'une famille de militaires et devenue mi-anthropologue mi-espionne, tout en restant aristocrate jusqu'au bout des ongles.
C'est toute l'ambiguïté de cette comédie pour adultes. Ce n'est pas très bien écrit, mais l'ambiance est assez frappadingue, avec de beaux numéros d'acteurs. Trois d'entre eux m'ont particulièrement marqué : Jonathan Cohen, Patrick Descamps et bien sûr Catherine Deneuve.
Le premier incarne un officier de gendarmerie, le chef de la brigade, immature et parfois crétin. Dans le rôle, Jonathan Cohen est vraiment excellent. On attend ses gaffes avec impatience. Le vrai "mâle dominant" de la troupe est un baroudeur, ancien gendarme, incarné à la perfection par Patrick Descamps, curieusement absent des bandes-annonces comme du détail de la distribution.
Enfin, il y a surtout la reine Catherine, impériale, qu'elle soit en Chine, dans la forêt tropicale, dans un bureau ou sur un bateau. La suffisance (et le courage) du personnage contraste joyeusement avec la stupidité (et la lâcheté) des autres.
A signaler aussi quelques bons seconds rôles : un gendarme avec une tête d'abruti, un fabricant de drogue complètement allumé, un "indigène" à l'accent québécois et Alice Belaïdi méconnaissable en Amazone.
Tout cela pallie un peu les faiblesses du scénario. Le plus étonnant est que l'introduction comme la conclusion sont soignées. La première est déroutante, à tel point que certains spectateurs se sont demandés s'ils ne s'étaient pas trompés de salle. La seconde est pleine d'ironie, sur la relation mère-fils et sur le choix "romantique"' effectué par le héros (Vincent Dedienne, inégal).
Le problème est qu'entre les deux, cela patine à plusieurs reprises. C'est plutôt au début que c'est le moins réussi, quand le héros découvre la jungle. Certaines scènes avec ses deux guides auraient dû être rejouées. Quant à la rencontre avec les membres de la tribu, elle amuse un peu au début (les "Indiens" sont complètement occidentalisés, à la stupeur du jeune anthropologue), mais c'est quand même pas terrible. Heureusement, par la suite, cela part en vrille. Du côté des gendarmes, les péripéties sont assez téléphonées.
Bref, ce n'est pas la comédie de l'été, mais elle comporte quelques très bons moments.
22:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Terrible Jungle
"Mais que diable suis-je venue faire dans cette galère ?" semble se demander Catherine Deneuve, à moins que ce ne soit son personnage, Chantal de Bellabre, issue d'une famille de militaires et devenue mi-anthropologue mi-espionne, tout en restant aristocrate jusqu'au bout des ongles.
C'est toute l'ambiguïté de cette comédie pour adultes. Ce n'est pas très bien écrit, mais l'ambiance est assez frappadingue, avec de beaux numéros d'acteurs. Trois d'entre eux m'ont particulièrement marqué : Jonathan Cohen, Patrick Descamps et bien sûr Catherine Deneuve.
Le premier incarne un officier de gendarmerie, le chef de la brigade, immature et parfois crétin. Dans le rôle, Jonathan Cohen est vraiment excellent. On attend ses gaffes avec impatience. Le vrai "mâle dominant" de la troupe est un baroudeur, ancien gendarme, incarné à la perfection par Patrick Descamps, curieusement absent des bandes-annonces comme du détail de la distribution.
Enfin, il y a surtout la reine Catherine, impériale, qu'elle soit en Chine, dans la forêt tropicale, dans un bureau ou sur un bateau. La suffisance (et le courage) du personnage contraste joyeusement avec la stupidité (et la lâcheté) des autres.
A signaler aussi quelques bons seconds rôles : un gendarme avec une tête d'abruti, un fabricant de drogue complètement allumé, un "indigène" à l'accent québécois et Alice Belaïdi méconnaissable en Amazone.
Tout cela pallie un peu les faiblesses du scénario. Le plus étonnant est que l'introduction comme la conclusion sont soignées. La première est déroutante, à tel point que certains spectateurs se sont demandés s'ils ne s'étaient pas trompés de salle. La seconde est pleine d'ironie, sur la relation mère-fils et sur le choix "romantique"' effectué par le héros (Vincent Dedienne, inégal).
Le problème est qu'entre les deux, cela patine à plusieurs reprises. C'est plutôt au début que c'est le moins réussi, quand le héros découvre la jungle. Certaines scènes avec ses deux guides auraient dû être rejouées. Quant à la rencontre avec les membres de la tribu, elle amuse un peu au début (les "Indiens" sont complètement occidentalisés, à la stupeur du jeune anthropologue), mais c'est quand même pas terrible. Heureusement, par la suite, cela part en vrille. Du côté des gendarmes, les péripéties sont assez téléphonées.
Bref, ce n'est pas la comédie de l'été, mais elle comporte quelques très bons moments.
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Beloved
Voici donc le pendant "féminin" de Chained, qui nous raconte à peu près la même histoire, mais en plaçant les femmes au centre de l'action.
Attention toutefois, il ne s'agit pas d'un simple effet de miroir : même si l'on revoit certaines scènes d'un autre point de vue, l'essentiel du propos est de montrer que les époux (Avigail et Rashi) vivent dans des univers différents.
Ainsi, dans ce film-ci, on n'apprendra rien des ennuis professionnels du policier, totalement absents de l'intrigue. On découvre par contre la bande d'amies qu'Avigail rejoint et qui étaient seulement évoquées dans les conversations du premier film.
D'un côté, Beloved nous conte l'histoire d'une progressive émancipation, celle d'une infirmière qui étouffe, entre un mari surprotecteur et une fille adolescente narcissique. De l'autre, on suit la vie de deux soeurs aux tempéraments très différents. Lorsque leurs parents avaient divorcé, l'une avait suivi la mère, l'autre le père. L'une est solaire : elle aide les femmes enceintes à accoucher et à gérer les premiers temps de leur grossesse. L'autre est autodestructrice : hôtesse de l'air le jour, elle se prostitue la nuit, sans qu'on sache très bien pourquoi. Il y a peut-être un lien avec le père, admis dans un EHPAD au début de l'histoire. Ce père que l'autre soeur a rejeté en raison de ce qu'il lui a jadis fait subir.
Cela nous mène au véritable discours de fond : le mal être voire la maltraitance des femmes, sans qu'aucune scène de violence intervienne. Des abus sexuels durant l'enfance à la prostitution à l'âge adulte, en passant par toutes les formes de harcèlement, l'auteur voit dans la vie d'une femme une longue succession de difficultés. Pour s'en sortir, il vaut mieux compter sur la solidarité féminine, présentée ici sous plusieurs formes. Un personnage masculin est quand même montré de manière positive. (Ouf !)
C'est réalisé avec le même brio que dans Chained, avec des dialogues au couteau. Plusieurs moments sont particulièrement marquants : la séquence entre femmes dans le chalet perdu dans le désert, la dispute entre les deux soeurs (qui dégénère) et la scène au cours de laquelle Avigail change de coiffure, présentée comme une libération.
Je regrette toutefois que ce deuxième film ne boucle pas la boucle par rapport au premier. Je crois que c'est lié au fait que les deux sont inclus dans un triptyque. En effet, il semblerait qu'un troisième film soit prévu (peut-être en septembre), centré plutôt sur le personnage de l'écrivaine, que l'on retrouve plus tard dans l'équipe de suivi des prostituées.
10:57 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Beloved
Voici donc le pendant "féminin" de Chained, qui nous raconte à peu près la même histoire, mais en plaçant les femmes au centre de l'action.
Attention toutefois, il ne s'agit pas d'un simple effet de miroir : même si l'on revoit certaines scènes d'un autre point de vue, l'essentiel du propos est de montrer que les époux (Avigail et Rashi) vivent dans des univers différents.
Ainsi, dans ce film-ci, on n'apprendra rien des ennuis professionnels du policier, totalement absents de l'intrigue. On découvre par contre la bande d'amies qu'Avigail rejoint et qui étaient seulement évoquées dans les conversations du premier film.
D'un côté, Beloved nous conte l'histoire d'une progressive émancipation, celle d'une infirmière qui étouffe, entre un mari surprotecteur et une fille adolescente narcissique. De l'autre, on suit la vie de deux soeurs aux tempéraments très différents. Lorsque leurs parents avaient divorcé, l'une avait suivi la mère, l'autre le père. L'une est solaire : elle aide les femmes enceintes à accoucher et à gérer les premiers temps de leur grossesse. L'autre est autodestructrice : hôtesse de l'air le jour, elle se prostitue la nuit, sans qu'on sache très bien pourquoi. Il y a peut-être un lien avec le père, admis dans un EHPAD au début de l'histoire. Ce père que l'autre soeur a rejeté en raison de ce qu'il lui a jadis fait subir.
Cela nous mène au véritable discours de fond : le mal être voire la maltraitance des femmes, sans qu'aucune scène de violence intervienne. Des abus sexuels durant l'enfance à la prostitution à l'âge adulte, en passant par toutes les formes de harcèlement, l'auteur voit dans la vie d'une femme une longue succession de difficultés. Pour s'en sortir, il vaut mieux compter sur la solidarité féminine, présentée ici sous plusieurs formes. Un personnage masculin est quand même montré de manière positive. (Ouf !)
C'est réalisé avec le même brio que dans Chained, avec des dialogues au couteau. Plusieurs moments sont particulièrement marquants : la séquence entre femmes dans le chalet perdu dans le désert, la dispute entre les deux soeurs (qui dégénère) et la scène au cours de laquelle Avigail change de coiffure, présentée comme une libération.
Je regrette toutefois que ce deuxième film ne boucle pas la boucle par rapport au premier. Je crois que c'est lié au fait que les deux sont inclus dans un triptyque. En effet, il semblerait qu'un troisième film soit prévu (peut-être en septembre), centré plutôt sur le personnage de l'écrivaine, que l'on retrouve plus tard dans l'équipe de suivi des prostituées.
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lundi, 27 juillet 2020
Ipman 4
Il était une fois, dans un grand pays oriental, un maître du kung-fu, à la fois puissant et sage. Dans sa jeunesse, il avait vaillamment combattu l'invasion du méchant voisin japonais. En Occident, on le connaît pour avoir formé une vedette du cinéma et des arts martiaux : Bruce Lee.
En 1964, se sachant atteint d'une maladie incurable et se faisant beaucoup de souci à propos de son unique et turbulent rejeton, le maître consentit à se rendre en Californie, croyant que dans le pays de la liberté, où tant de ses compatriotes avaient émigré, un avenir radieux s'offrait à lui et à son fils.
Hélas ! Hélas ! Trois fois hélas ! Dans le pays des hommes au long nez qui mâchent de la gomme sucrée et boivent de l'eau colorée qui fait roter, le maître ne rencontre que racisme et incompréhension. Nombre de ses compatriotes (ou de leurs descendants, tous considérés comme d'authentiques Chinois...) courbent l'échine face au Blanc dominateur... et n'acceptent pas la Voie de la modernité proposée par l'élève Bruce. Dans le même temps, la gentille fille de l'un des maîtres des arts martiaux locaux est persécutée par une petite peste blanche de son lycée, soutenue par de grands crétins joueurs de hockey. On est content quand maître Yip Man vient corriger cette bande d'impudents.
De son côté, l'élève Bruce met tranquillement sa race à un grand baraqué en pyjama bleu... sans même enlever sa jolie veste en cuir.
Mais le mal rôde sans cesse autour des gentils Chinois. Il a le visage de l'entraîneur de karaté des Marines (plus baraqué et plus vilain que le type en pyjama bleu) et de son chef, un sergent encore plus baraqué et encore plus méchant que le plus baraqué d'avant. Tous ces Blancs arrogants vont se prendre une branlée faire sévèrement rappeler à l'ordre par maître Yip Man, facilement au début, un peu moins facilement à la fin.
Moralité : la Chine est belle et grande, tolérante, respectueuse et pleine de sagesse, tandis que les Zaméricains, c'est rien que des grosses brutes racistes avec un sourire de dentifrice.
23:15 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, film, films
Mon Ninja et moi
Ce film d'animation danois n'est pas tout public. Comme il évoque le travail forcé des enfants et le harcèlement scolaire (entre autres), il est déconseillé aux très jeunes enfants, qu'il risque d'effrayer. Par contre, dans la salle où je me trouvais, les bambins âgés d'une dizaine d'années ont été captivés.
Cela commence fort, avec une séquence se déroulant en Thaïlande, dans une usine fabriquant des jouets (des poupées). Les "ouvriers" sont des enfants, maltraités par le contremaître local, lui-même soumis au donneur d'ordres occidental. Le drame qui se déroule le jour de sa visite conditionne la suite de l'histoire.
Nous voilà transportés au Danemark, dans une petite ville. On suit plus particulièrement la vie d'une famille recomposée, dont fait partie le jeune héros. A la maison, cela ne se passe pas très bien : il doit subir au quotidien le fils du nouveau compagnon de sa mère, un glouton narcissique que son père démissionnaire a très mal élevé. La maman elle est une bobo-écolo dont les talents culinaires sont... particuliers. Ils y a donc (heureusement) un peu d'humour dans ce portrait familial. Le film se veut aussi éducatif : on montre aux enfants les bases de l'hygiène (se laver les dents, les mains, manger sainement, à heures fixes...).
Pour Alex, la principale source de problèmes est le collège. Y sévit une bande de petits cons harceleurs, auxquels personne n'ose s'opposer. J'ai été un peu surpris du tableau : la cantine de cet établissement danois est sale et les gamins n'ont pas droit à un véritable repas ; cela ressemble à ce que j'ai vu de cantines américaines...
La manière dont le collège et ses "occupants" sont représentés n'évite pas les clichés. Les personnages d'adultes comme de jeunes sont assez caricaturaux. Cela nous vaut quelques instants d'humour, mais cela manque un peu de subtilité.
C'est le moment de parler de l'élément qui dynamite l'histoire : la poupée-ninja. Celle-ci est le résultat d'un spectaculaire accident. Elle est dotée de pouvoirs surnaturels... et elle parle (y compris en imitant des voix). Dès que ce personnage est en action, cela devient plus vivant, plus drôle. Cette poupée est animée par un esprit vengeur, qui va aider Alex à régler ses problèmes... ou lui en créer d'autres. Tout cela est bien vu, surtout que même le personnage du ninja évolue.
Résultat : on passe un bon moment et les jeunes reçoivent une petite leçon de morale.
14:38 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Mon Ninja et moi
Ce film d'animation danois n'est pas tout public. Comme il évoque le travail forcé des enfants et le harcèlement scolaire (entre autres), il est déconseillé aux très jeunes enfants, qu'il risque d'effrayer. Par contre, dans la salle où je me trouvais, les bambins âgés d'une dizaine d'années ont été captivés.
Cela commence fort, avec une séquence se déroulant en Thaïlande, dans une usine fabriquant des jouets (des poupées). Les "ouvriers" sont des enfants, maltraités par le contremaître local, lui-même soumis au donneur d'ordres occidental. Le drame qui se déroule le jour de sa visite conditionne la suite de l'histoire.
Nous voilà transportés au Danemark, dans une petite ville. On suit plus particulièrement la vie d'une famille recomposée, dont fait partie le jeune héros. A la maison, cela ne se passe pas très bien : il doit subir au quotidien le fils du nouveau compagnon de sa mère, un glouton narcissique que son père démissionnaire a très mal élevé. La maman elle est une bobo-écolo dont les talents culinaires sont... particuliers. Ils y a donc (heureusement) un peu d'humour dans ce portrait familial. Le film se veut aussi éducatif : on montre aux enfants les bases de l'hygiène (se laver les dents, les mains, manger sainement, à heures fixes...).
Pour Alex, la principale source de problèmes est le collège. Y sévit une bande de petits cons harceleurs, auxquels personne n'ose s'opposer. J'ai été un peu surpris du tableau : la cantine de cet établissement danois est sale et les gamins n'ont pas droit à un véritable repas ; cela ressemble à ce que j'ai vu de cantines américaines...
La manière dont le collège et ses "occupants" sont représentés n'évite pas les clichés. Les personnages d'adultes comme de jeunes sont assez caricaturaux. Cela nous vaut quelques instants d'humour, mais cela manque un peu de subtilité.
C'est le moment de parler de l'élément qui dynamite l'histoire : la poupée-ninja. Celle-ci est le résultat d'un spectaculaire accident. Elle est dotée de pouvoirs surnaturels... et elle parle (y compris en imitant des voix). Dès que ce personnage est en action, cela devient plus vivant, plus drôle. Cette poupée est animée par un esprit vengeur, qui va aider Alex à régler ses problèmes... ou lui en créer d'autres. Tout cela est bien vu, surtout que même le personnage du ninja évolue.
Résultat : on passe un bon moment et les jeunes reçoivent une petite leçon de morale.
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vendredi, 24 juillet 2020
Madre
C'est le nouveau film de Rodrigo Sorogoyen, auquel on doit El Reino et Que Dios nos perdone. Il est centré sur le personnage d'une mère (divorcée), d'abord à trente ans, puis à quarante. La trame de l'histoire se découpe en quatre parties.
La première se déroule dans le passé, dans l'appartement d'Elena (Marta Nieto, for-mi-da-ble). C'est un triple tour de force : il s'agit d'abord, sauf erreur de ma part, d'un seul plan-séquence virtuose. De plus, la tension est créée par une simple conversation téléphonique et le talent d'une comédienne (dont le débit est proche de celui d'une mitraillette), qui incarne à la perfection une mère que la disparition de son fils (que l'on suit en temps réel, par téléphone interposé) va bouleverser.
On retrouve l'héroïne dix ans plus tard, sans doute dans les Pyrénées-Atlantiques. L'Espagnole a tout plaqué pour refaire sa vie côté français. Elle gère un bar-restaurant proche d'une plage, celle qu'elle pense être le lieu de la disparition de son fils, qui n'a jamais été résolue. D'un côté elle semble avoir trouvé un équilibre dans sa seconde vie (ainsi qu'un nouveau compagnon, très compréhensif), de l'autre on la sent encore secrètement traumatisée. Elle est d'une maigreur effrayante et mange si peu...
Tout bascule quand elle croise un groupe d'apprentis-surfeurs, parmi lesquels se trouve un adolescent de seize ans qui lui rappelle son fils. Est-elle en train de devenir dingue ? Est-ce le supposé instinct maternel qui parle (et ne trompe pas) ? Cette deuxième partie est d'autant plus passionnante que le personnage de l'adolescent est fouillé. C'est un jeune homme intelligent et sensible, que celle qu'on surnomme parfois "la folle de la plage" intrigue.
Hélas, cela se gâte par la suite. La troisième partie subit un sacré coup de mou. Le pire est atteint dans la séquence de la soirée en boîte, particulièrement malsaine (et pas du tout raccord au niveau du comportement de l'héroïne).
La dernière partie fait remonter l'intérêt. L'action prend presque la forme d'un thriller. Même si je n'ai pas aimé la fin, je trouve que cette histoire, telle qu'elle nous est contée, mérite le détour.
23:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Madre
C'est le nouveau film de Rodrigo Sorogoyen, auquel on doit El Reino et Que Dios nos perdone. Il est centré sur le personnage d'une mère (divorcée), d'abord à trente ans, puis à quarante. La trame de l'histoire se découpe en quatre parties.
La première se déroule dans le passé, dans l'appartement d'Elena (Marta Nieto, for-mi-da-ble). C'est un triple tour de force : il s'agit d'abord, sauf erreur de ma part, d'un seul plan-séquence virtuose. De plus, la tension est créée par une simple conversation téléphonique et le talent d'une comédienne (dont le débit est proche de celui d'une mitraillette), qui incarne à la perfection une mère que la disparition de son fils (que l'on suit en temps réel, par téléphone interposé) va bouleverser.
On retrouve l'héroïne dix ans plus tard, sans doute dans les Pyrénées-Atlantiques. L'Espagnole a tout plaqué pour refaire sa vie côté français. Elle gère un bar-restaurant proche d'une plage, celle qu'elle pense être le lieu de la disparition de son fils, qui n'a jamais été résolue. D'un côté elle semble avoir trouvé un équilibre dans sa seconde vie (ainsi qu'un nouveau compagnon, très compréhensif), de l'autre on la sent encore secrètement traumatisée. Elle est d'une maigreur effrayante et mange si peu...
Tout bascule quand elle croise un groupe d'apprentis-surfeurs, parmi lesquels se trouve un adolescent de seize ans qui lui rappelle son fils. Est-elle en train de devenir dingue ? Est-ce le supposé instinct maternel qui parle (et ne trompe pas) ? Cette deuxième partie est d'autant plus passionnante que le personnage de l'adolescent est fouillé. C'est un jeune homme intelligent et sensible, que celle qu'on surnomme parfois "la folle de la plage" intrigue.
Hélas, cela se gâte par la suite. La troisième partie subit un sacré coup de mou. Le pire est atteint dans la séquence de la soirée en boîte, particulièrement malsaine (et pas du tout raccord au niveau du comportement de l'héroïne).
La dernière partie fait remonter l'intérêt. L'action prend presque la forme d'un thriller. Même si je n'ai pas aimé la fin, je trouve que cette histoire, telle qu'elle nous est contée, mérite le détour.
23:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 23 juillet 2020
Lands of Murders
L'été est devenu une terre de cinéphilie : on profite de la "basse saison" pour sortir de petits thrillers du style Exit, ou des polars étrangers comme Rojo (en 2018), Le Caire confidentiel et Que dios nos perdone (en 2017) ou encore La Isla minima (en 2015).
C'est l'intrigue de ce dernier film qui a inspiré Lands of Murders. Le contexte a été modifié : l'Espagne post-franquiste a été remplacée par l'Allemagne d'après la chute du Mur, au tout début des années 1990. Les méandres de la rivière Neisse succèdent aux marécages du Guadalquivir.
Deux adolescentes d'origine ouvrière ont disparu. Deux enquêteurs sont envoyés du Nord, un de Hambourg, l'autre de Rostock. Le premier (Patrick) est plus jeune, plus svelte, plus respectueux des règles et plus cérébral. Le second (Markus) est visiblement un ancien de la Stasi, qui connaît bien le terrain et travaille "à l'ancienne" (avec alcool et bourre-pif). C'est un type massif, dont l'apparente rugosité masque une certaine subtilité. C'est en outre un remarquable dessinateur. Dans le rôle, Felix Kramer est une révélation. Il apporte un plus par rapport à la version espagnole, où les acteurs n'étaient pourtant pas manchots.
L'autre intérêt de la transposition est le contexte est-allemand, celui de la transition entre une société corsetée par l'Etat-parti (unique) et une société libérale, avec ses inégalités. Entre la misère sociale, la drogue et la prostitution, le tableau ne manque pas de noirceur. Vient s'ajouter la présence d'un tueur en série. Clairement, c'est poisseux... mais bigrement bien fait.
Au talent des acteurs s'ajoute la mise en scène, qui plombe l'ambiance... avec style. Je n'ai pas revu La Isla minima depuis sa sortie en salles, mais je suis persuadé que certains plans (notamment aériens, ou de poursuite en voiture) sont décalqués du film d'origine.
Cela n'enlève rien aux qualités de la version allemande, d'une beauté dégueulasse...
20:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Lands of Murders
L'été est devenu une terre de cinéphilie : on profite de la "basse saison" pour sortir de petits thrillers du style Exit, ou des polars étrangers comme Rojo (en 2018), Le Caire confidentiel et Que dios nos perdone (en 2017) ou encore La Isla minima (en 2015).
C'est l'intrigue de ce dernier film qui a inspiré Lands of Murders. Le contexte a été modifié : l'Espagne post-franquiste a été remplacée par l'Allemagne d'après la chute du Mur, au tout début des années 1990. Les méandres de la rivière Neisse succèdent aux marécages du Guadalquivir.
Deux adolescentes d'origine ouvrière ont disparu. Deux enquêteurs sont envoyés du Nord, un de Hambourg, l'autre de Rostock. Le premier (Patrick) est plus jeune, plus svelte, plus respectueux des règles et plus cérébral. Le second (Markus) est visiblement un ancien de la Stasi, qui connaît bien le terrain et travaille "à l'ancienne" (avec alcool et bourre-pif). C'est un type massif, dont l'apparente rugosité masque une certaine subtilité. C'est en outre un remarquable dessinateur. Dans le rôle, Felix Kramer est une révélation. Il apporte un plus par rapport à la version espagnole, où les acteurs n'étaient pourtant pas manchots.
L'autre intérêt de la transposition est le contexte est-allemand, celui de la transition entre une société corsetée par l'Etat-parti (unique) et une société libérale, avec ses inégalités. Entre la misère sociale, la drogue et la prostitution, le tableau ne manque pas de noirceur. Vient s'ajouter la présence d'un tueur en série. Clairement, c'est poisseux... mais bigrement bien fait.
Au talent des acteurs s'ajoute la mise en scène, qui plombe l'ambiance... avec style. Je n'ai pas revu La Isla minima depuis sa sortie en salles, mais je suis persuadé que certains plans (notamment aériens, ou de poursuite en voiture) sont décalqués du film d'origine.
Cela n'enlève rien aux qualités de la version allemande, d'une beauté dégueulasse...
20:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 22 juillet 2020
Abou Leila
C'est le nom, ou plutôt le pseudonyme de la personne que recherchent les deux héros du film. Autant l'un paraît solide, baraqué et calme, autant l'autre semble fragile, malade, imprévisible. On nous incite à penser que l'un des deux est policier.
Mais avant de les rencontrer, on assiste à une scène d'exécution, mystérieuse... et à la limite de l'amateurisme. On est en pleine guerre civile algérienne (dans les années 1990). On présume que l'agresseur, barbu, est islamiste, l'agressé, d'apparence occidentale, incarnant le camp d'en face. Dès cette introduction, on sent qu'un regard aigu guide la mise en scène.
La suite est un road-movie saharien, un peu comme si deux enquêteurs de Sydney se rendaient dans l'outback australien. Y a pas à dire, les paysages sont d'une minéralité captivante. Ils écrasent les personnages. Le désert est en lui-même une menace, mais, en plus, il sert de refuge à de dangereuses créatures.
A partir de ce moment-là, le réalisme alterne avec l'onirisme. Il convient d'être attentif aux vêtements que portent les personnages principaux : ils indiquent dans quel type de séquence on se trouve. L'un des deux héros commence à perdre pied, ce qui donne lieu à trois séquences aussi violentes que déroutantes : celle de la portière, celle de l'hôtel-foyer et celle des montagnes. Cette dernière nous ramène paradoxalement dans la réalité, puisqu'elle conduit l'un des hommes à son passé, grâce à un bel artifice de mise en scène. A cette occasion, on revoit la scène du début, sous un autre angle.
Dans ces moments de délire, la frontière entre l'humain et l'animal s'évanouit. Les uns deviennent les substituts des autres, et réciproquement. Je pense qu'à travers ce procédé, le réalisateur veut montrer la bestialité de cette guerre civile, la régression qu'elle a représenté.
Si l'on accepte d'être dérouté, si l'on supporte les longs plans ouvragés, ce polar atypique peut faire passer un très bon moment.
22:06 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Abou Leila
C'est le nom, ou plutôt le pseudonyme de la personne que recherchent les deux héros du film. Autant l'un paraît solide, baraqué et calme, autant l'autre semble fragile, malade, imprévisible. On nous incite à penser que l'un des deux est policier.
Mais avant de les rencontrer, on assiste à une scène d'exécution, mystérieuse... et à la limite de l'amateurisme. On est en pleine guerre civile algérienne (dans les années 1990). On présume que l'agresseur, barbu, est islamiste, l'agressé, d'apparence occidentale, incarnant le camp d'en face. Dès cette introduction, on sent qu'un regard aigu guide la mise en scène.
La suite est un road-movie saharien, un peu comme si deux enquêteurs de Sydney se rendaient dans l'outback australien. Y a pas à dire, les paysages sont d'une minéralité captivante. Ils écrasent les personnages. Le désert est en lui-même une menace, mais, en plus, il sert de refuge à de dangereuses créatures.
A partir de ce moment-là, le réalisme alterne avec l'onirisme. Il convient d'être attentif aux vêtements que portent les personnages principaux : ils indiquent dans quel type de séquence on se trouve. L'un des deux héros commence à perdre pied, ce qui donne lieu à trois séquences aussi violentes que déroutantes : celle de la portière, celle de l'hôtel-foyer et celle des montagnes. Cette dernière nous ramène paradoxalement dans la réalité, puisqu'elle conduit l'un des hommes à son passé, grâce à un bel artifice de mise en scène. A cette occasion, on revoit la scène du début, sous un autre angle.
Dans ces moments de délire, la frontière entre l'humain et l'animal s'évanouit. Les uns deviennent les substituts des autres, et réciproquement. Je pense qu'à travers ce procédé, le réalisateur veut montrer la bestialité de cette guerre civile, la régression qu'elle a représenté.
Si l'on accepte d'être dérouté, si l'on supporte les longs plans ouvragés, ce polar atypique peut faire passer un très bon moment.
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mardi, 21 juillet 2020
L'Etat sauvage
Ce western français, féministe et (légèrement) interracial, a été tourné au Canada, en français et en anglais... et pour cause : il raconte le périple d'une famille de riches émigrés hexagonaux aux États-Unis, durant la Guerre de Sécession.
On sent que le réalisateur David Perrault a vu la version longue d'Apocalypse now, contenant la séquence se déroulant dans la plantation tenue par des Français, en pleine Guerre du Vietnam. On sent aussi qu'il a vu La Dernière Piste, dont l'intrigue n'est pas sans ressembler à celle de son film. On comprend enfin qu'il connaît Les Proies, tant on se demande parfois qui, entre les cow-boys et les demoiselles qu'ils accompagnent, est l'objet du désir de l'autre... On pourrait continuer longtemps ce petit jeu des références, vu qu'il est évident que le metteur en scène a ingurgité du néo-western par hectolitres.
En tout cas, dès le début, il fait montre de son savoir-faire. La scène nocturne se déroulant dans ce qui doit être une chapelle en ruines est superbe sur le plan visuel et parfaitement maîtrisée en terme de dramaturgie. A plusieurs reprises, on reverra ce talent à l'oeuvre, par exemple dans la séquence du bal (perturbé par des soldats nordistes) ou lors de la scène du repas, dans une maison abandonnée. J'ajoute que les plans extérieurs ont été tournés dans des décors naturels... et, dans une grande salle, c'est d'une beauté à couper le souffle.
En dépit de toutes ces qualités (auxquelles il faut ajouter un bon jeu des acteurs), je suis sorti de là mitigé, en raison de plusieurs énormités. La grosse faute scénaristique est la séquence du chariot coincé sur une corniche. Alors que le bon sens dictait de faire passer les jeunes femmes entre la falaise et le véhicule, ou au-dessus (voire au-dessous), voilà-t-y pas que l'on décide de les faire marcher au bord du précipice, le dos collé au chariot !...
Une autre invraisemblance est la scène de forêt, censée se dérouler à moins d'une journée de marche du village où la famille s'est réfugiée. Alors que le village croule sous la neige et le brouillard, pas le moindre flocon n'est visible à 20-30 kilomètres de là...
Le sommet du ridicule est atteint dans une scène nocturne, lorsque la vilaine Bettie (une sorte de sous-Calamity Jane) se met à danser autour du feu, en compagnie des cinq lascars masqués de sa bande. C'est d'autant plus regrettable que, jusque-là, ce personnage avait été plutôt bien campé par Kate Moran. (Ensuite, ça part en sucette.)
Voilà. C'est un film plein de qualités (notamment visuelles), mais plombé par quelques séquences mal conçues.
22:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'Etat sauvage
Ce western français, féministe et (légèrement) interracial, a été tourné au Canada, en français et en anglais... et pour cause : il raconte le périple d'une famille de riches émigrés hexagonaux aux États-Unis, durant la Guerre de Sécession.
On sent que le réalisateur David Perrault a vu la version longue d'Apocalypse now, contenant la séquence se déroulant dans la plantation tenue par des Français, en pleine Guerre du Vietnam. On sent aussi qu'il a vu La Dernière Piste, dont l'intrigue n'est pas sans ressembler à celle de son film. On comprend enfin qu'il connaît Les Proies, tant on se demande parfois qui, entre les cow-boys et les demoiselles qu'ils accompagnent, est l'objet du désir de l'autre... On pourrait continuer longtemps ce petit jeu des références, vu qu'il est évident que le metteur en scène a ingurgité du néo-western par hectolitres.
En tout cas, dès le début, il fait montre de son savoir-faire. La scène nocturne se déroulant dans ce qui doit être une chapelle en ruines est superbe sur le plan visuel et parfaitement maîtrisée en terme de dramaturgie. A plusieurs reprises, on reverra ce talent à l'oeuvre, par exemple dans la séquence du bal (perturbé par des soldats nordistes) ou lors de la scène du repas, dans une maison abandonnée. J'ajoute que les plans extérieurs ont été tournés dans des décors naturels... et, dans une grande salle, c'est d'une beauté à couper le souffle.
En dépit de toutes ces qualités (auxquelles il faut ajouter un bon jeu des acteurs), je suis sorti de là mitigé, en raison de plusieurs énormités. La grosse faute scénaristique est la séquence du chariot coincé sur une corniche. Alors que le bon sens dictait de faire passer les jeunes femmes entre la falaise et le véhicule, ou au-dessus (voire au-dessous), voilà-t-y pas que l'on décide de les faire marcher au bord du précipice, le dos collé au chariot !...
Une autre invraisemblance est la scène de forêt, censée se dérouler à moins d'une journée de marche du village où la famille s'est réfugiée. Alors que le village croule sous la neige et le brouillard, pas le moindre flocon n'est visible à 20-30 kilomètres de là...
Le sommet du ridicule est atteint dans une scène nocturne, lorsque la vilaine Bettie (une sorte de sous-Calamity Jane) se met à danser autour du feu, en compagnie des cinq lascars masqués de sa bande. C'est d'autant plus regrettable que, jusque-là, ce personnage avait été plutôt bien campé par Kate Moran. (Ensuite, ça part en sucette.)
Voilà. C'est un film plein de qualités (notamment visuelles), mais plombé par quelques séquences mal conçues.
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lundi, 20 juillet 2020
Divorce Club
Par temps quasi caniculaire, fréquenter les salles (obscures) climatisées est plus qu'une question de cinéphilie... d'autant qu'il n'y a pas foule. Et puis, qui n'a pas connu une fin de mariage / concubinage / PACS / relation longue (rayer les mentions inutiles) traumatisante ? Si, en plus, l'action se déroule souvent la nuit, dans une propriété de rêve, avec parc arboré et piscine, pourquoi ne pas se laisser tenter ?
A cette liste de faux prétextes pour aller voir une comédie lourdingue, qu'on espère riche en situations graveleuses, il faudrait ajouter la présence au générique d'une pelletée de comédiens de talent : François-Xavier Demaison, Grégoire Bonnet (qui porte très bien le slip) et Benjamin Biolay (qui serait "monté comme un poney") chez les messieurs, Caroline Anglade (actuellement aussi à l'affiche de Tout Simplement Noir), Audrey Fleurot, Frédérique Bel (bien barrée) et Charlotte Gabris (déjà remarquée dans Demi-soeurs) chez les dames. Je suis moins convaincu par les prestations d'Arnaud Ducret et Michaël Youn.
Cela commence de manière très appuyée, avec la vision sirupeuse d'un couple magnifique qui va se fracasser sur l'infidélité publique de la mariée. On rigole quand même, mais on attend mieux. La première véritable bonne séquence se déroule dans un sex-shop en vente. Elle marque la rencontre entre le héros Ben (époux outragé, brisé, martyrisé... mais bientôt libéré !) et Marion, elle déjà divorcée et en passe d'ouvrir un club de combat féminin. La situation est pleine de sous-entendus, tout comme les dialogues. Les interprètes s'y prêtent bien.
Après, il y a quelques coups de mou, jusqu'à la fameuse soirée, celle durant laquelle le héros va devoir fêter dignement ses 41 ans dans la somptueuse maison de son meilleur ami (devenue une garçonnière), tout en se rendant à un important dîner amoureux avec Marion. La nécessité pour le héros de se trouver à deux endroits en même temps donne naissance à des moments assez cocasses, même s'il y a quelques facilités.
L'une des meilleures séquences est incontestablement l'avant-dernière. Elle intervient après une ellipse d'un mois (pour une raison que je me garderai de révéler), à l'occasion de l'inauguration du fameux club... et ça va saigner !
Voilà. Cela ne restera pas dans les annales, mais ça fait passer un agréable moment.
22:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Divorce Club
Par temps quasi caniculaire, fréquenter les salles (obscures) climatisées est plus qu'une question de cinéphilie... d'autant qu'il n'y a pas foule. Et puis, qui n'a pas connu une fin de mariage / concubinage / PACS / relation longue (rayer les mentions inutiles) traumatisante ? Si, en plus, l'action se déroule souvent la nuit, dans une propriété de rêve, avec parc arboré et piscine, pourquoi ne pas se laisser tenter ?
A cette liste de faux prétextes pour aller voir une comédie lourdingue, qu'on espère riche en situations graveleuses, il faudrait ajouter la présence au générique d'une pelletée de comédiens de talent : François-Xavier Demaison, Grégoire Bonnet (qui porte très bien le slip) et Benjamin Biolay (qui serait "monté comme un poney") chez les messieurs, Caroline Anglade (actuellement aussi à l'affiche de Tout Simplement Noir), Audrey Fleurot, Frédérique Bel (bien barrée) et Charlotte Gabris (déjà remarquée dans Demi-soeurs) chez les dames. Je suis moins convaincu par les prestations d'Arnaud Ducret et Michaël Youn.
Cela commence de manière très appuyée, avec la vision sirupeuse d'un couple magnifique qui va se fracasser sur l'infidélité publique de la mariée. On rigole quand même, mais on attend mieux. La première véritable bonne séquence se déroule dans un sex-shop en vente. Elle marque la rencontre entre le héros Ben (époux outragé, brisé, martyrisé... mais bientôt libéré !) et Marion, elle déjà divorcée et en passe d'ouvrir un club de combat féminin. La situation est pleine de sous-entendus, tout comme les dialogues. Les interprètes s'y prêtent bien.
Après, il y a quelques coups de mou, jusqu'à la fameuse soirée, celle durant laquelle le héros va devoir fêter dignement ses 41 ans dans la somptueuse maison de son meilleur ami (devenue une garçonnière), tout en se rendant à un important dîner amoureux avec Marion. La nécessité pour le héros de se trouver à deux endroits en même temps donne naissance à des moments assez cocasses, même s'il y a quelques facilités.
L'une des meilleures séquences est incontestablement l'avant-dernière. Elle intervient après une ellipse d'un mois (pour une raison que je me garderai de révéler), à l'occasion de l'inauguration du fameux club... et ça va saigner !
Voilà. Cela ne restera pas dans les annales, mais ça fait passer un agréable moment.
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dimanche, 19 juillet 2020
Nuestras Madres
Ces mères sont des femmes guatémaltèques, âgées de 50 à 70 ans environ, et qui ont subi les violences des dictatures militaires qui ont jadis ensanglanté ce pays d'Amérique centrale coincé au sud du Mexique :
Le héros est Ernesto, un anthropologue judiciaire d'une trentaine d'années. Avec ses collègues, il travaille à l'exhumation et l'authentification des corps des victimes, suivies (quand c'est possible) par leur restitution à la famille survivante. Dès le premier plan, c'est la dignité qui s'impose : on nous propose une vue du dessus d'une table, sur laquelle sont petit à petit disposés des ossements récemment découverts. Aucun dialogue n'est nécessaire pour comprendre la minutie du travail exécuté... pas plus que la cause du décès.
Pour Ernesto, ce travail va prendre un tour personnel le jour où une vieille paysanne indienne vient le voir. Elle et les autres femmes de son village voudraient donner une véritable sépulture à leurs compagnons assassinés (et ainsi "pouvoir converser avec eux"). Son témoignage est bouleversant. Pour appuyer sa démarche, elle apporte une photographie de groupe, sur laquelle Ernesto croit reconnaître son père disparu, un guérillero surnommé "le Chef".
Nous voilà embarqués au fin fond de la campagne guatémaltèque, dans des montagnes où seule une partie de la population parle espagnol. (Les habitants sont sans doute des descendants des Mayas.) Là, le citadin moderne plein de bonnes intentions va se heurter aux réalités locales. Le film prend quasiment un tour ethnographique.
La deuxième partie de l'histoire nous ramène à Guatemala City, où réside Ernesto, en compagnie de sa mère, médecin. Celle-ci ne tient pas trop à remuer le passé... et l'on finira par comprendre pourquoi. En attendant, on assiste à une fête d'anniversaire "militante", au cours de laquelle on entonne un célèbre chant révolutionnaire. (N'oubliez pas que la mère a prénommé son fils Ernesto !)
Je ne dévoilerai pas la conclusion de l'histoire, à l'image du film, très forte et très digne. C'est une oeuvre à la fois belle (sur le plan visuel) et riche sur le fond. Et tout cela, en à peine 1h20 !
11:23 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Nuestras Madres
Ces mères sont des femmes guatémaltèques, âgées de 50 à 70 ans environ, et qui ont subi les violences des dictatures militaires qui ont jadis ensanglanté ce pays d'Amérique centrale coincé au sud du Mexique :
Le héros est Ernesto, un anthropologue judiciaire d'une trentaine d'années. Avec ses collègues, il travaille à l'exhumation et l'authentification des corps des victimes, suivies (quand c'est possible) par leur restitution à la famille survivante. Dès le premier plan, c'est la dignité qui s'impose : on nous propose une vue du dessus d'une table, sur laquelle sont petit à petit disposés des ossements récemment découverts. Aucun dialogue n'est nécessaire pour comprendre la minutie du travail exécuté... pas plus que la cause du décès.
Pour Ernesto, ce travail va prendre un tour personnel le jour où une vieille paysanne indienne vient le voir. Elle et les autres femmes de son village voudraient donner une véritable sépulture à leurs compagnons assassinés (et ainsi "pouvoir converser avec eux"). Son témoignage est bouleversant. Pour appuyer sa démarche, elle apporte une photographie de groupe, sur laquelle Ernesto croit reconnaître son père disparu, un guérillero surnommé "le Chef".
Nous voilà embarqués au fin fond de la campagne guatémaltèque, dans des montagnes où seule une partie de la population parle espagnol. (Les habitants sont sans doute des descendants des Mayas.) Là, le citadin moderne plein de bonnes intentions va se heurter aux réalités locales. Le film prend quasiment un tour ethnographique.
La deuxième partie de l'histoire nous ramène à Guatemala City, où réside Ernesto, en compagnie de sa mère, médecin. Celle-ci ne tient pas trop à remuer le passé... et l'on finira par comprendre pourquoi. En attendant, on assiste à une fête d'anniversaire "militante", au cours de laquelle on entonne un célèbre chant révolutionnaire. (N'oubliez pas que la mère a prénommé son fils Ernesto !)
Je ne dévoilerai pas la conclusion de l'histoire, à l'image du film, très forte et très digne. C'est une oeuvre à la fois belle (sur le plan visuel) et riche sur le fond. Et tout cela, en à peine 1h20 !
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jeudi, 16 juillet 2020
Chained
Il y a dix ans, Yaron Shani se faisait remarquer par son film Ajami, un polar inextricablement lié au conflit israélo-arabe.
Chained est une oeuvre davantage centrée sur l'intime. C'est aussi le premier volet d'un diptyque, celui qui met en avant la vision de l'époux. Beloved (que je n'ai pas encore vu) raconte la même histoire, mais du point de vue de l'épouse Avigail.
L'époux est Rashi, un policier chevronné, calme et autoritaire, qui ne passe rien aux délinquants. Il est quand même parfois un peu "limite". A la maison, il domine clairement son épouse (qu'il aime profondément) et la fille de celle-ci, une ado qui sent la révolte gronder en elle. (Encore une ! MAIS ARRÊTEZ ! C'EST INSUPPORTABLE !)
La mise en scène est habile : que ce soit en plan large ou en plan serré (voire en gros plan), on sent peser l'autorité naturelle du principal personnage masculin. C'est de surcroît bien interprété, en partie par des acteurs non professionnels. Les dialogues sont ciselés. (Voilà un film que tous les réalisateurs français narcissiques devraient voir et revoir, pour comprendre comment on met en scène une crise de couple.)
Le petit monde de Rashi va progressivement s'écrouler. C'est d'abord au boulot que surgissent les problèmes, puis dans la cellule familiale, avec l'ado bien sûr, puis avec l'épouse, dont on ne nous montre pas le point de vue. Et puis celle-ci disparaît de l'écran, occupé désormais quasi exclusivement par Rashi (avec ses collègues, ses parents...). Quand Avigail réapparaît, on comprend immédiatement que les choses ne seront plus comme avant.
Du coup, on a furieusement envie de voir Beloved, qui va sans doute nous en apprendre de belles sur l'épouse, sa mère et ses nouvelles amies. Un mystère plane aussi sur certains actes de Rashi.
Vite, la suite !
22:01 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Chained
Il y a dix ans, Yaron Shani se faisait remarquer par son film Ajami, un polar inextricablement lié au conflit israélo-arabe.
Chained est une oeuvre davantage centrée sur l'intime. C'est aussi le premier volet d'un diptyque, celui qui met en avant la vision de l'époux. Beloved (que je n'ai pas encore vu) raconte la même histoire, mais du point de vue de l'épouse Avigail.
L'époux est Rashi, un policier chevronné, calme et autoritaire, qui ne passe rien aux délinquants. Il est quand même parfois un peu "limite". A la maison, il domine clairement son épouse (qu'il aime profondément) et la fille de celle-ci, une ado qui sent la révolte gronder en elle. (Encore une ! MAIS ARRÊTEZ ! C'EST INSUPPORTABLE !)
La mise en scène est habile : que ce soit en plan large ou en plan serré (voire en gros plan), on sent peser l'autorité naturelle du principal personnage masculin. C'est de surcroît bien interprété, en partie par des acteurs non professionnels. Les dialogues sont ciselés. (Voilà un film que tous les réalisateurs français narcissiques devraient voir et revoir, pour comprendre comment on met en scène une crise de couple.)
Le petit monde de Rashi va progressivement s'écrouler. C'est d'abord au boulot que surgissent les problèmes, puis dans la cellule familiale, avec l'ado bien sûr, puis avec l'épouse, dont on ne nous montre pas le point de vue. Et puis celle-ci disparaît de l'écran, occupé désormais quasi exclusivement par Rashi (avec ses collègues, ses parents...). Quand Avigail réapparaît, on comprend immédiatement que les choses ne seront plus comme avant.
Du coup, on a furieusement envie de voir Beloved, qui va sans doute nous en apprendre de belles sur l'épouse, sa mère et ses nouvelles amies. Un mystère plane aussi sur certains actes de Rashi.
Vite, la suite !
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mercredi, 15 juillet 2020
Exit
Depuis une dizaine d'années, l'été cinématographique n'est plus uniquement la saison privilégiée des comédies de fond de tiroir et des blockbusters pour ados. C'est aussi l'époque où certains distributeurs tentent la sortie d'un polar exotique ou d'un thriller malin à petit budget.
Cette année, la filière danoise se confirme. Après Hijacking (en 2013), après The Guilty (en 2018), voici Exit, sorte de huis-clos en plein chantier de percement d'une ligne de métro souterrain.
Une journaliste (Rie) est autorisée à suivre les ouvriers du chantier, à les interroger et à les photographier où elle veut. Son reportage a pour but de montrer (et de valoriser) l'internationalisation du travail, puisque c'est une entreprise italienne qui intervient au Danemark, avec des employés danois, italiens, mais aussi croates et africains (érythréens notamment).
La première partie du film dresse un portrait peu flatteur de la jeune femme. Elle est pleine d'enthousiasme et de bonne volonté, mais elle n'y connaît pas grand chose. Elle imagine que les ouvriers qui acceptent de travailler dans des conditions très difficiles sont là par amour du boulot ou pour la camaraderie, alors qu'ils sont surtout intéressés par la paye. Elle ne se rend pas compte que la personne qu'elle interroge en anglais lui répond "yes, yes" pour lui faire plaisir... et elle sous-estime le danger.
La suite de l'histoire va la faire évoluer. Mais je trouve que le personnage ne gagne pas vraiment en sympathie. A la suite de l'accident (que je me garderai de raconter), elle se retrouve confinée à des dizaines de mètres sous terre avec deux ouvriers étrangers. Au début du reportage, tout le monde se trouvait mutuellement sympathique. Lorsque des vies sont en jeu, les véritables personnalités ressortent. Dans un premier temps, Rie frise la crise de nerfs, avant de se comporter de manière très égoïste, puis altruiste. Elle finit même par faire preuve d'un incontestable courage, alors qu'un des personnages masculins connaît une évolution inverse : l'ouvrier calme et réfléchi du début va petit à petit laisser place à un homme très intransigeant, voire dangereux.
L'observation des changements de caractère ne manque pas d'intérêt, d'autant que le scénario ménage quelques rebondissements. C'est notamment l'occasion d'apprendre (pour celles et ceux qui l'ignoreraient) ce qu'est un tympan percé. Ici, la caméra et le son se font subjectifs, tout comme plus tard dans le petit tunnel. Du point de vue de la mise en scène, c'est assez ingénieux.
Sur le fond, alors que le propos du film semble orienter les spectateurs vers une morale "bien-pensante" (c'est la collaboration entre des individus de culture différente qui va leur permettre de s'en sortir), les deux dernières séquences renversent la table pour introduire le malaise... et c'est bigrement bien vu.
Au final, même si j'ai parfois été un peu irrité par ce que je voyais, je trouve que ce petit film mérite le détour, ne serait-ce que par l'originalité du contexte.
22:18 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Exit
Depuis une dizaine d'années, l'été cinématographique n'est plus uniquement la saison privilégiée des comédies de fond de tiroir et des blockbusters pour ados. C'est aussi l'époque où certains distributeurs tentent la sortie d'un polar exotique ou d'un thriller malin à petit budget.
Cette année, la filière danoise se confirme. Après Hijacking (en 2013), après The Guilty (en 2018), voici Exit, sorte de huis-clos en plein chantier de percement d'une ligne de métro souterrain.
Une journaliste (Rie) est autorisée à suivre les ouvriers du chantier, à les interroger et à les photographier où elle veut. Son reportage a pour but de montrer (et de valoriser) l'internationalisation du travail, puisque c'est une entreprise italienne qui intervient au Danemark, avec des employés danois, italiens, mais aussi croates et africains (érythréens notamment).
La première partie du film dresse un portrait peu flatteur de la jeune femme. Elle est pleine d'enthousiasme et de bonne volonté, mais elle n'y connaît pas grand chose. Elle imagine que les ouvriers qui acceptent de travailler dans des conditions très difficiles sont là par amour du boulot ou pour la camaraderie, alors qu'ils sont surtout intéressés par la paye. Elle ne se rend pas compte que la personne qu'elle interroge en anglais lui répond "yes, yes" pour lui faire plaisir... et elle sous-estime le danger.
La suite de l'histoire va la faire évoluer. Mais je trouve que le personnage ne gagne pas vraiment en sympathie. A la suite de l'accident (que je me garderai de raconter), elle se retrouve confinée à des dizaines de mètres sous terre avec deux ouvriers étrangers. Au début du reportage, tout le monde se trouvait mutuellement sympathique. Lorsque des vies sont en jeu, les véritables personnalités ressortent. Dans un premier temps, Rie frise la crise de nerfs, avant de se comporter de manière très égoïste, puis altruiste. Elle finit même par faire preuve d'un incontestable courage, alors qu'un des personnages masculins connaît une évolution inverse : l'ouvrier calme et réfléchi du début va petit à petit laisser place à un homme très intransigeant, voire dangereux.
L'observation des changements de caractère ne manque pas d'intérêt, d'autant que le scénario ménage quelques rebondissements. C'est notamment l'occasion d'apprendre (pour celles et ceux qui l'ignoreraient) ce qu'est un tympan percé. Ici, la caméra et le son se font subjectifs, tout comme plus tard dans le petit tunnel. Du point de vue de la mise en scène, c'est assez ingénieux.
Sur le fond, alors que le propos du film semble orienter les spectateurs vers une morale "bien-pensante" (c'est la collaboration entre des individus de culture différente qui va leur permettre de s'en sortir), les deux dernières séquences renversent la table pour introduire le malaise... et c'est bigrement bien vu.
Au final, même si j'ai parfois été un peu irrité par ce que je voyais, je trouve que ce petit film mérite le détour, ne serait-ce que par l'originalité du contexte.
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mardi, 14 juillet 2020
L'Aventure des Marguerite
C'est l'histoire de deux adolescentes prénommées Marguerite (même si l'une des deux insiste pour qu'on l'appelle Margot), chacune privée de son père, l'une en 2019 (à cause de la séparation de ses parents), l'autre en... 1942 (à cause des Allemands). Une malle magique va changer leur vie : chacune va se retrouver à l'époque de l'autre.
Il faut immédiatement signaler que c'est la même jeune actrice qui incarne les deux personnages. Retenez bien son nom : Lila Gueneau fera parler d'elle, j'en suis persuadé. Elle rend crédibles les deux personnages, celui de la fille sage (mais avec du caractère) de 1942 et celui de l'ado perturbée (et casse-couilles) de 2019. (Au passage, j'en profite pour dire aux scénaristes, producteurs et cinéastes français que ce n'est pas parce qu'ils n'arrivent pas à éduquer correctement leurs ados qu'il faut en dégoûter les autres !)
Le choc des cultures, dans les deux cas, fonctionne pleinement. La Marguerite de 1942 est sidérée par la France hyperconnectée, pleine de bruits et d'objets électriques. La Margot de 2019 est révulsée par la lenteur et le conformisme de 1942... et en plus, ça capte pas !
Le ressort comique s'appuie aussi sur des personnages secondaires. En 2019, il s'agit de deux hommes... euh, en fait, un adulescent et un ado. Le premier est incarné par Clovis Cornillac (qu'on retrouve sous les traits d'un autre personnage, en 1942). C'est un graphiste free-lance et, surtout, c'est le nouveau compagnon de la mère de Margot. Il va s'en prendre plein la gueule pendant 1h30 ! Le second mec est Nathan, le meilleur ami de Margot, un garçon très décalé (il a les cheveux longs, un horrible appareil dentaire et un style vaguement "gothique"), qui va être très utile aux deux jeunes filles.
En 1942, Margot va être aidée par Alice, la tante de Marguerite, incarnée avec pétulance par Alice Pol. Je la trouve excellente, un peu dans la veine de Josiane Balasko et Valérie Lemercier. Notons que ce personnage est aussi présent en 2019, à la toute fin de l'histoire... mais je n'en dis pas plus. Sachez juste qu'il y a un lien entre la famille de 1942 et celle de 2019. Chaque Marguerite a une mission à accomplir.
C'est vraiment un chouette film, qui dit des choses sur les relations familiales... et fait parfois furieusement rire.
P.S.
Pour bien comprendre une partie du contexte, il faut savoir ce qu'était la zone interdite en 1942. Depuis juin 1940 et jusqu'à la fin de 1942, la France métropolitaine est principalement divisée en deux : la zone occupée et la zone non-occupée. En réalité, le découpage était plus complexe :
L'Alsace et la Moselle avaient été réannexées par l'Allemagne, tandis que le Nord-Pas-de-Calais était dans une situation intermédiaire, sans doute préparatoire à une absorption par un Etat flamand pronazi. S'ajoutait à cela la fameuse zone interdite, où le retour des réfugiés de 1940 était interdit et où était prévu un repeuplement allemand. Comme, dans le film, on voit des voitures immatriculées 90 (correspondant au Territoire-de-Belfort, inclus dans la Z.I. en 1942), je pense que l'action se déroule à l'intérieur de l'ellipse rouge. Mais, bon, à la limite, peu importe : ce n'est pas un film historique.
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'Aventure des Marguerite
C'est l'histoire de deux adolescentes prénommées Marguerite (même si l'une des deux insiste pour qu'on l'appelle Margot), chacune privée de son père, l'une en 2019 (à cause de la séparation de ses parents), l'autre en... 1942 (à cause des Allemands). Une malle magique va changer leur vie : chacune va se retrouver à l'époque de l'autre.
Il faut immédiatement signaler que c'est la même jeune actrice qui incarne les deux personnages. Retenez bien son nom : Lila Gueneau fera parler d'elle, j'en suis persuadé. Elle rend crédibles les deux personnages, celui de la fille sage (mais avec du caractère) de 1942 et celui de l'ado perturbée (et casse-couilles) de 2019. (Au passage, j'en profite pour dire aux scénaristes, producteurs et cinéastes français que ce n'est pas parce qu'ils n'arrivent pas à éduquer correctement leurs ados qu'il faut en dégoûter les autres !)
Le choc des cultures, dans les deux cas, fonctionne pleinement. La Marguerite de 1942 est sidérée par la France hyperconnectée, pleine de bruits et d'objets électriques. La Margot de 2019 est révulsée par la lenteur et le conformisme de 1942... et en plus, ça capte pas !
Le ressort comique s'appuie aussi sur des personnages secondaires. En 2019, il s'agit de deux hommes... euh, en fait, un adulescent et un ado. Le premier est incarné par Clovis Cornillac (qu'on retrouve sous les traits d'un autre personnage, en 1942). C'est un graphiste free-lance et, surtout, c'est le nouveau compagnon de la mère de Margot. Il va s'en prendre plein la gueule pendant 1h30 ! Le second mec est Nathan, le meilleur ami de Margot, un garçon très décalé (il a les cheveux longs, un horrible appareil dentaire et un style vaguement "gothique"), qui va être très utile aux deux jeunes filles.
En 1942, Margot va être aidée par Alice, la tante de Marguerite, incarnée avec pétulance par Alice Pol. Je la trouve excellente, un peu dans la veine de Josiane Balasko et Valérie Lemercier. Notons que ce personnage est aussi présent en 2019, à la toute fin de l'histoire... mais je n'en dis pas plus. Sachez juste qu'il y a un lien entre la famille de 1942 et celle de 2019. Chaque Marguerite a une mission à accomplir.
C'est vraiment un chouette film, qui dit des choses sur les relations familiales... et fait parfois furieusement rire.
P.S.
Pour bien comprendre une partie du contexte, il faut savoir ce qu'était la zone interdite en 1942. Depuis juin 1940 et jusqu'à la fin de 1942, la France métropolitaine est principalement divisée en deux : la zone occupée et la zone non-occupée. En réalité, le découpage était plus complexe :
L'Alsace et la Moselle avaient été réannexées par l'Allemagne, tandis que le Nord-Pas-de-Calais était dans une situation intermédiaire, sans doute préparatoire à une absorption par un Etat flamand pronazi. S'ajoutait à cela la fameuse zone interdite, où le retour des réfugiés de 1940 était interdit et où était prévu un repeuplement allemand. Comme, dans le film, on voit des voitures immatriculées 90 (correspondant au Territoire-de-Belfort, inclus dans la Z.I. en 1942), je pense que l'action se déroule à l'intérieur de l'ellipse rouge. Mais, bon, à la limite, peu importe : ce n'est pas un film historique.
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Papi-Sitter
J'ai longtemps hésité avant d'aller voir cette comédie "à la française" (sous-entendu : franchouillarde). Il faut dire que le réalisateur, Philippe Guillard, est l'un des scénaristes attitrés de Fabien Onteniente, réalisateur d’œuvres inoubliables comme Camping ou Disco...
J'ai finalement cédé à la tentation, en raison de la présence au générique d'un duo de grandes gueules du cinéma français : Olivier Marchal et Gérard Lanvin. Ils incarnent les deux grands-pères (le premier du côté maternel, le second du côté paternel) chargés de s'occuper de la petite-fille, scolarisée en Terminale, pendant que les parents de celle-ci tentent de se relancer dans la vie active.
Autant le premier, enfant de la balle, est noceur, bordélique et bruyant, autant le second (capitaine de gendarmerie à la retraite) est travailleur, méthodique et policé. C'est évidemment caricatural, mais les deux comédiens se sont glissés avec un plaisir évident dans ces costumes taillés sur mesure. De la part d'Olivier Marchal, ce n'est pas surprenant, mais je dois dire que la composition de Gérard Lanvin en veuf qui voit très peu son fils et sa petite-fille est convaincante, au point de rendre son personnage touchant. (Il va d'ailleurs se décoincer un peu dans la suite de l'histoire.)
En attendant ces moments d'émotion, qui vont donner de l'épaisseur aux principaux personnages masculins, c'est leur antagonisme qui est mis en scène, de manière efficace. On sourit aux premières escarmouches, mais l'on espère bien sûr que cela va dégénérer... pour notre plus grand plaisir. La petite-fille n'est pas la dernière à mettre de l'huile sur le feu.
Elle est incarnée par Camille Aguilar. Celle-ci campe une énième adolescente en crise, rivée à son téléphone portable, à qui on a parfois envie de filer une paire de gifles. Les scénaristes ont toutefois évité d'en faire une horrible pétasse. C'est une jeune qui se cherche... et qui met tout en œuvre pour ne pas bosser au lycée. (Les adultes âgés constateront que les ados actuels n'ont pas inventé grand chose en matière de filouterie, puisqu'il est toujours question d'imiter la signature des parents et de prétexter une soirée de travail chez une copine pour faire l'école buissonnière.)
L'une des meilleures séquences du film est celle qui voit les deux papys se rendre dans l'établissement où est scolarisée Camille. Ils vont tomber de haut (en découvrant le comportement réel de leur petite-fille) et tomber bien bas, en se donnant en spectacle aux lycéens. La scène durant laquelle les deux vieux garnements se font rabrouer par la directrice vaut son pesant d'heures de colle !
J'ajoute que les acteurs principaux sont épaulés par de bons seconds rôles, notamment Anne Girouard, Philippine Leroy-Beaulieu et Laurent Olmedo.
Tout le monde aura compris que c'est une comédie facile, mais efficace. Dans la salle, jeunes comme moins jeunes ont ri.
13:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Papi-Sitter
J'ai longtemps hésité avant d'aller voir cette comédie "à la française" (sous-entendu : franchouillarde). Il faut dire que le réalisateur, Philippe Guillard, est l'un des scénaristes attitrés de Fabien Onteniente, réalisateur d’œuvres inoubliables comme Camping ou Disco...
J'ai finalement cédé à la tentation, en raison de la présence au générique d'un duo de grandes gueules du cinéma français : Olivier Marchal et Gérard Lanvin. Ils incarnent les deux grands-pères (le premier du côté maternel, le second du côté paternel) chargés de s'occuper de la petite-fille, scolarisée en Terminale, pendant que les parents de celle-ci tentent de se relancer dans la vie active.
Autant le premier, enfant de la balle, est noceur, bordélique et bruyant, autant le second (capitaine de gendarmerie à la retraite) est travailleur, méthodique et policé. C'est évidemment caricatural, mais les deux comédiens se sont glissés avec un plaisir évident dans ces costumes taillés sur mesure. De la part d'Olivier Marchal, ce n'est pas surprenant, mais je dois dire que la composition de Gérard Lanvin en veuf qui voit très peu son fils et sa petite-fille est convaincante, au point de rendre son personnage touchant. (Il va d'ailleurs se décoincer un peu dans la suite de l'histoire.)
En attendant ces moments d'émotion, qui vont donner de l'épaisseur aux principaux personnages masculins, c'est leur antagonisme qui est mis en scène, de manière efficace. On sourit aux premières escarmouches, mais l'on espère bien sûr que cela va dégénérer... pour notre plus grand plaisir. La petite-fille n'est pas la dernière à mettre de l'huile sur le feu.
Elle est incarnée par Camille Aguilar. Celle-ci campe une énième adolescente en crise, rivée à son téléphone portable, à qui on a parfois envie de filer une paire de gifles. Les scénaristes ont toutefois évité d'en faire une horrible pétasse. C'est une jeune qui se cherche... et qui met tout en œuvre pour ne pas bosser au lycée. (Les adultes âgés constateront que les ados actuels n'ont pas inventé grand chose en matière de filouterie, puisqu'il est toujours question d'imiter la signature des parents et de prétexter une soirée de travail chez une copine pour faire l'école buissonnière.)
L'une des meilleures séquences du film est celle qui voit les deux papys se rendre dans l'établissement où est scolarisée Camille. Ils vont tomber de haut (en découvrant le comportement réel de leur petite-fille) et tomber bien bas, en se donnant en spectacle aux lycéens. La scène durant laquelle les deux vieux garnements se font rabrouer par la directrice vaut son pesant d'heures de colle !
J'ajoute que les acteurs principaux sont épaulés par de bons seconds rôles, notamment Anne Girouard, Philippine Leroy-Beaulieu et Laurent Olmedo.
Tout le monde aura compris que c'est une comédie facile, mais efficace. Dans la salle, jeunes comme moins jeunes ont ri.
13:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 13 juillet 2020
The Mallorca Files
Ce soir, France 2 diffuse les deux derniers épisodes de la première saison de cette série britannique, produite par la BBC, à qui l'on doit aussi Meurtres au paradis, qui a visiblement inspiré cette nouvelle comédie policière.
Comme la tradition le veut désormais depuis une vingtaine d'années, les héros forment un duo paritaire d'enquêteurs, l'une étant plutôt rigide (au départ), l'autre plus fantasque. Bien entendu, leur relation professionnelle débute sur un mode tendu, avant qu'un rapprochement ne s'esquisse au fil des épisodes. Bien des lecteurs de ce billet auront reconnu la trame de séries comme Castle, Mentalist ou encore Magnum (nouvelle mouture, dont le seul intérêt est la prestation de Perdita Weeks en Higgins au féminin).
Ici, le charme des îles Baléares (en particulier de Majorque) remplace le paradis guadeloupéen. L'équivalent du très strict Richard Poole est Miranda Blake, lieutenante britannique obsédée par son travail et maniaque du contrôle. Je dois dire que l'actrice Elen Rhys porte très bien la chemise boutonnée jusqu'au col, les souliers et le pantacourt (qui laisse entrevoir ses ravissantes chevilles). Bien entendu, au fur et à mesure que le temps passe, elle va un peu se "décoincer" au contact de son collègue volubile.
Celui-ci (à gauche sur l'image du dessus) est un Allemand, Max Winter (incarné par Julian Looman, un peu agaçant). Il s'est très bien acclimaté à l'archipel espagnol. Ce grand costaud aime les plaisirs de la vie : la bonne chère, la bière et sa compagne espagnole. (Dans quel ordre ? Mystère.) Il a tendance à mener ses enquêtes "à la coule", même si, au fond, il est presque aussi obstiné que sa nouvelle collègue par la recherche de la vérité.
Les intrigues n'ont rien de décoiffant, mais le contexte insulaire nous offre parfois de superbes plans méditerranéens. La musique d'accompagnement est aussi très agréable. Mais, je ne cache pas que, pour moi, le principal attrait de cette série est le personnage de Miranda (et la manière dont elle est campée par Elen Rhys). Non seulement elle a un charme fou, mais, en plus, par les expressions de son visage, la comédienne fait passer pas mal de choses :
J'ajoute qu'il vaut mieux écouter les épisodes en version originale sous-titrée, la VF n'étant pas de très bonne qualité. Il serait vraiment dommage de se priver du délicieux accent anglais d'Elen Rhys !
Sur le site de France Télévisions, quatre épisodes sont encore visibles : les deux de la semaine dernière et les deux de ce soir.
L'intrigue de "Le roi de la petite reine" (épisode 7) se déroule dans le milieu du cyclisme, avec le dopage en question. On appréciera aussi les chamailleries entre les deux enquêteurs, dont la conclusion survient au cours d'une improbable course de vélos.
"Du sang dans l'arène" (épisode 8) nous plonge dans le monde de la corrida... et chez les machos de l'île. L'intrigue est assez bien ficelée, avec, de surcroît, plusieurs moments cocasses (notamment avec un taureau). C'est aussi l'épisode durant lequel un début de rapprochement survient entre les deux héros.
"L'homme le plus recherché de Majorque" (épisode 9) tourne autour d'un meurtre que l'on croyait élucidé. Le fond de l'affaire se révèle plus compliqué et plus sombre.
La saison 1 se termine par l'un des meilleurs épisodes (le dixième), intitulé "Télé contre réalité". Au centre de l'attention se trouve une émission du genre Star Academy. C'est souvent drôle et même un poil sarcastique sur les travers du monde contemporain. Durant cet épisode, la grande question est de savoir si Miranda, dont le purgatoire aux Baléares est sur le point de s'achever, va quitter l'archipel pour retrouver sa patrie londonienne... à moins que les charmes insulaires ne la fassent changer d'avis. Suspens...
C'est joliment fait, cela ne prend pas la tête et se déguste comme un bon verre de blanc (frais), à l'ombre, sur une chaise longue.
15:30 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, cinema, cinéma, film, films