dimanche, 25 novembre 2012
Royal Affair
Le titre aurait pu être traduit par "Liaison royale", mais cela aurait sans doute trop souvent évoqué le film d'Adrian Lyne (avec Michael Douglas et Glenn Close), pour le public francophone. L'intrigue s'inspire de l'histoire, méconnue, du médecin roturier allemand Struensee, qui devint le favori du roi du Danemark Christian VII (au XVIIIe siècle)... et l'amant de la reine Caroline. Le médecin n'était pas qu'un jouisseur : il tenta de moderniser le royaume.
Ce film réussit l'exploit de tout aborder sans jamais paraître pesant. On a donc droit à une belle reconstitution historique, les messieurs bien cintrés dans leurs costumes et les dames à la poitrine impeccablement mise en valeur par leurs robes. On nous fait toucher du doigt les grandes inégalités sociales dont souffre le royaume. On sent le poids du puritanisme protestant.
Les spectateurs français découvriront peut-être l'aura dont jouissaient les philosophes des Lumières jusqu'en Europe du Nord... chez les esprits éclairés. C'est un livre de Jean-Jacques Rousseau qui va enclencher la liaison entre la reine et le médecin... et celui-ci, devenu régent du royaume, recevra une lettre de Voltaire, ravi de la nouvelle politique suivie par le gouvernement.
Mais c'est d'abord une histoire d'amour. La jeune Anglaise, encore adolescente, cultivée, croit que son royal époux sera le prince charmant qu'elle attend depuis toujours. Très dur est le retour sur terre, avec un époux à moitié dingue, jaloux de l'envergure intellectuelle de sa nouvelle jeune femme (qu'il va finir par appeler "maman" !), qui doit se soumettre aux aspects les moins reluisants de l'étiquette royale. Une fois la transmission de la couronne assurée, le souverain va d'ailleurs rapidement retourner dans les bras des prostituées (un monde dont le film trace hélas un portrait quasi enchanteur...).
Le deuxième choc dans la vie de Caroline d'Angleterre est la rencontre de Struensee, qui la fascine de plus en plus. De son côté, le libertin contestataire, auteur de pamphlets contre la monarchie absolue et les privilèges, opposé au mariage, se rend compte qu'un sentiment inconnu est en train de naître en lui.
Les acteurs sont excellents. La jeune Alicia Vikander est à la fois délicieuse et touchante en femme amoureuse et attachée au progrès. Mads Mikkelsen, que j'avais découvert dans Les Bouchers verts, a fait du chemin depuis. Il faut aussi signaler la performance de Mikkel Boe Folsgaard, dans le rôle du roi fantoche. Les autres acteurs sont tout aussi épatants.
On regrettera toutefois que le réalisateur ne se concentre que sur les "élites" (et leur rivalité), le peuple étant montré comme une masse informe, manipulable, dont on sent néanmoins la réprobation à travers le silence qui accueille une exécution.
22:21 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 24 novembre 2012
Beautiful Valley
Ce film israélien (connu aussi sous le titre Le Jardin d'Hanna) fait se percuter deux mondes : celui dans lequel ont grandi des personnes âgées, des pionniers de l'Etat juif, et celui dans lequel la population vit aujourd'hui, furieusement néo-libéral, consumériste et hyperindividualiste.
On l'a peut-être oublié, mais parmi les fondateurs de l'Etat d'Israël, nombre de personnes avaient des convictions marxistes. Les kibboutzim ont été la traduction agricole de l'utopie sioniste de gauche. On en perçoit seulement l'écho dans le restaurant communautaire et les témoignages filmés que visionne l'héroïne, Hanna.
Celle-ci, très âgée (80 ans environ), est veuve. Elle vit seule, même si sa fille habite le même kibboutz, qu'elle dirige d'ailleurs. Bien qu'à la retraite, Hanna ne peut s'empêcher de travailler. Comme on essaie de l'en dissuader, c'est de nuit qu'elle retourne sur l'exploitation agricole. Elle persiste aussi à s'investir dans les oeuvres collectives, qui n'intéressent plus grand monde. Du coup, sa vie tourne en rond ; elle ne fréquente pratiquement plus que d'autres vieillards. Seule une jeune femme, en passe d'effectuer son (rude) service militaire, semble trouver grâce aux yeux d'Hanna. La patriarche lui offre l'expérience, la douceur et le réconfort que la société moderne ne lui apporte pas.
Attention toutefois avant de vous décider à aller voir ce film. Si les paysages sont magnifiques, c'est souvent montré en plan fixe et le rythme est à l'image du déplacement de la majorité des personnages : très lent. Si l'on supporte cela, on appréciera.
21:54 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 23 novembre 2012
Augustine
Même si la (talentueuse) réalisatrice, Alice Winocour, cite plutôt Lynch et Cronenberg comme références, après avoir vu le film, il est évident que son œuvre est apparentée à L'Enfant sauvage (de Truffaut) et à Vénus noire (de Kechiche).
Tirée de faits réels, l'histoire met en scène une lutte des classes (des femmes pauvres exploitées par la grande bourgeoisie française de la fin du XIXe siècle) et une lutte des sexes (des femmes malades traitées comme des objets par des médecins hommes).
Il faut voir comment, dans la première partie du film, la servante est considérée par les participants au repas : c'est un être qu'on ne regarde (quasiment) pas, tant qu'il exerce ses fonctions. On est bien obligé de le regarder, de le considérer quand la crise d'hystérie se déclenche... mais l'on sent que les convives ont l'impression de se trouver au zoo.
Les médecins de La Salpétrière sont un peu plus respectueux, mais Augustine est d'abord un sujet d'étude parmi tant d'autres. Dans le rôle titre, Stéphanie Sokolinski (alias Soko) est formidable. Les autres femmes (certaines de réelles malades de notre époque) sont aussi très bien campées. Face à elles se trouvent deux principaux médecins, incarnés avec talent par Olivier Rabourdin et Vincent Lindon (pourtant pas le premier choix pour le rôle de Jean-Martin Charcot).
C'est ce dernier qui remarque Augustine. Se noue alors une drôle de relation, marquée par l'ambiguïté. Augustine considère Charcot comme son sauveur et transfère sur lui son énergie sexuelle inemployée. Charcot se montre plus humain que d'autres, mais reste globalement distant. Il veut se servir de cette patiente peu ordinaire pour faire progresser ses recherches... et sa carrière. Petit à petit, il se rend compte que les choses sont plus compliquées que prévu.
Le film restitue les arcanes du monde médical et rend palpable la tension sexuelle refoulée. Soko est impressionnante lors des scènes de crise. La réalisatrice a su choisir les moments où le gros plan s'imposait (dans l'examen du corps) et ceux où il fallait élargir le regard. Certains mouvements de caméra (comme au début, lors de l'entrée d'Augustine en cuisine, peu avant la première crise) témoignent d'une habileté déjà grande. Voilà une réalisatrice à suivre.
19:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 22 novembre 2012
Stars 80
J'ai longtemps hésité avant d'aller voir ce film. Je m'étais dit que cela devait être une nouvelle comédie lourdingue à la française, jouant outrageusement sur le voyeurisme ("Regarde comme ils ont vieilli !" ou "Elle a raté son lifting, celle-là !"). Ou bien, cela risquait de se limiter à une suite de reprises de vieux tubes...
... Eh bien j'avais tort !
C'est d'abord un vrai film, qui commence par une séquence très réussie, en prison, avec un générique plutôt malin. On se demande vraiment ce que viennent faire ces deux gueules cassées là-dedans. Ces deux quinquas blancs, mal rasés, grands cernes sous les yeux, sont accueillis par un gardien Black (joli retournement de cliché). On finit par s'apercevoir qu'ils sont là pour une tout autre raison... et on finit par comprendre qu'ils n'auraient même jamais dû venir !
Le duo Anconina-Timsit fonctionne très bien. Le premier en fait peut-être un peu trop. Il est à l'image des chanteurs qu'il tente de faire remonter sur scène : c'est une sorte de has been, un ancien jeune, qui a connu son heure de gloire, mais dont le talent a brûlé comme une chandelle.
La séquence chez le producteur, qui les éconduit ironiquement, est aussi un petit bijou. Vient donc le moment de constituer l'équipe qui va tourner dans toute la France. Il faut retrouver les anciennes vedettes. Certaines ont totalement disparu de la circulation. D'autres vivotent, sans plus. Quelques-unes ont gardé un peu de leur aura passée... mais rien qu'un peu. Ces chanteurs font souvent preuve d'auto-dérision. J'ai adoré la séquence "mafieuse", dans le club de Jean-Luc Lahaye (en excellente forme physique, pour le plus grand bonheur de ces dames).
Le tournant du film est le repas qui suit le premier concert, raté. Loin du strass et des paillettes, la chanson populaire française revit autour d'une table où des amitiés se nouent. C'est touchant et on prend plaisir à réentendre certains refrains.
La suite est une sorte de success story. Dans le groupe de départ, on trouve Jean-Pierre Mader, qui assure, avec simplicité, le groupe Images et les Début de Soirée, que le duo de producteurs est allé chercher au fin fond d'un sordide kébab. Mais voilà que les deux producteurs se fâchent, alors que le triomphe est à portée de mains.
Pendant ce temps-là, les artistes redécouvrent la grande vie. Le public afflue. Les salles sont plus grandes, les hôtels plus luxueux... et les cachets plus élevés. Une nuit, la libido de ces quinquas et sexagénaires se réveille. Et voilà le chanteur de Cookie Dingler qui nous la joue Kim Basinger (dans 9 semaines et demi)... un moment d'anthologie. Dans le même temps, Peter et Sloane, que la vie avait séparés, se rabibochent. Jean-Luc Lahaye, qui a fini par rejoindre le groupe, s'adonne à de drôles de jeux avec ses groupies... Mais la question qui taraude les insomniaques pas occupés à copuler est la suivante : qui peut faire jouir aussi bruyamment la pulpeuse Sabrina (toujours aussi bien gaulée, mamma miaaa !) ?
L'apothéose se produit au Stade de France, avec le retour de Jeanne Mas, aussi fragile qu'auparavant... et d'un Gilbert Montagné débarqué des États-Unis, où Anconina et Timsit l'avaient retrouvé des mois auparavant, pianiste expressif dans un temple protestant, dans une séquence digne des Blues Brothers !
Bref, c'est drôle, entraînant et fort agréable à suivre, en dépit d'effets un peu trop appuyés.
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mercredi, 21 novembre 2012
Looper
Ce polar de science-fiction louche sur Terminator et surtout L'Armée des douze singes (et donc aussi La Jetée, de Chris Marker). Le scénario en est clairement inspiré (parfois un peu trop). Bruce Willis fait le lien au niveau de la distribution et certaines scènes contiennent comme des clins d'oeil.
Dans un futur proche, aux Etats-Unis (évidemment !), de jeunes tueurs à gages liquident les types qu'on leur envoie d'un futur encore plus éloigné (dans lequel il n'est plus possible de se débarrasser discrètement des gêneurs). Ils se paient en récupérant les lingots d'argent fixés au dos des victimes. Ils savent que leur contrat est terminé quand ils découvrent un max de lingots en or au dos de la dernière victime, leur alter ego du futur. Voilà qui boucle la boucle (loop). Ils peuvent profiter de la vie pendant 30 ans, sachant qu'on viendra un jour les chercher pour éliminer toute trace des exécutions.
Comme Joe, le héros (du futur lointain), est incarné par Bruce Willis, on se dit qu'il ne risque pas de se faire zigouiller dans le premier quart d'heure... et l'on a raison ! Mais cela perturbe toute l'organisation, celle de 2044 et celle de 2074. L'espace-temps se tord, les souvenirs se modifient. On peut s'amuser à réfléchir aux changements qu'implique chaque acte nouveau de l'un des personnages principaux.
On peut aussi se laisser aller à apprécier un bon film d'action, où les tueurs à gages manient le tromblon et les hommes de main du chef de gang des révolvers dotés d'un canon imposant... La réalisation est nerveuse, très au point au niveau des poursuites et des combats. Certaines scènes sont même impressionnantes, comme celle qui voit un échappé du futur subir les conséquences immédiates des tortures infligées à son alter ego plus jeune de 30 ans. D'un point de vue technique, c'est du niveau d'un bon Photoshop... mais c'est puissant cinématographiquement parlant !
Les femmes jouent un rôle secondaire dans l'histoire... jusqu'à ce que le jeune Joe rencontre cette mère de famille, seule avec son fils (mais s'agit-il de son fils ?) au fin fond de la campagne. Emily Blunt (entrevue dans La Guerre selon Charlie Wilson) est épatante dans ce rôle ambigu de fausse femme forte et mère-courage, qui semble connaître beaucoup de choses pour une paysanne du Kansas... (Elle a un petit quelque chose d'Uma Thurman.) Notons aussi la performance du gamin, Pierce Gagnon, un acteur (en herbe) à suivre.
Le rythme s'accélère à nouveau dans la dernière partie du film... et cela se termine par une boucle dans la boucle, une astuce scénaristique qui a perturbé beaucoup de monde. Si les élucubrations de fans plus ou moins inspirés vous intéressent, vous pouvez vous rendre sur un site spécialisé. (Cela part vraiment dans tous les sens !) De manière plus rationnelle, le réalisateur Rian Johnson a donné quelques clés pour mieux comprendre le film... A ne lire qu'après l'avoir vu !
P.S.
En France, certains critiques ont glosé au sujet d'un détail : dans la version originale, le héros apprend le français, alors que les "vieux" lui recommandent de se mettre au mandarin et de se rendre à Shanghaï, plutôt que dans la "vieille Europe". Dans la version doublée en français, le jeune Joe apprend... l'italien et envisage de se rendre à Florence (ville dont le nom a l'immense avantage de faire bouger les lèvres d'une manière assez proche de celles qui prononcent "France")...
18:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
lundi, 19 novembre 2012
Une Famille respectable
Un prof entre deux âges, parti jadis faire ses études à l'étranger, revient donner des cours dans une fac iranienne, celle de Chiraz, située assez loin de Téhéran :
On sent qu'il n'est pas un chaud partisan du régime des mollahs... mais il doit prendre des précautions. Son père, qui a jadis répudié sa mère pour se mettre en ménage avec une autre femme, dont il a eu un autre fils, cherche à le voir.
Le héros évolue entre son demi-frère (avec lequel il était fâché), son neveu (si serviable, et dont la mère... est l'ancienne amoureuse du héros !), ses étudiants et sa mère. Celle-ci, recluse mais apaisée, ne veut plus entendre parler du passé, et surtout pas toucher le moindre argent du mari indélicat, même par héritage interposé. Et pourtant... une véritable fortune est en jeu. Du coup, dans ce régime hyper-moralisateur, l'art de la dissimulation est poussé à un haut degré.
Des retours en arrière sont chargés de nous rappeler les contentieux du passé. Mais, comme le pays, les gens ont changé depuis. Le héros ne le comprend pas... et réalise trop tard qu'il est tombé dans un traquenard.
Faites très attention à la séquence du début, tournée en partie en caméra subjective. Elle est située dans le troisième quart de l'histoire. La suite est en fait l'explication des circonstances qui ont abouti à un enlèvement. On savoure la complexité de l'intrigue, digne d'un polar occidental.
La réalisation est sobre. C'est au niveau du montage qu'un gros travail a été fait. On sent qu'il a fallu déployer beaucoup d'habileté pour contourner la censure iranienne. Le spectateur attentif y lira une critique acerbe du régime des mollahs, à travers notamment le cas des jeunes hommes envoyés à une mort certaine lors de la guerre contre l'Irak. On pourrait dire aussi beaucoup de choses de cette gamine ravissante devenue une mère complexée, obsédée par la pureté.
Si vous avez aimé Une Séparation ou encore Les Chats persans (réalisés par d'autres talentueux cinéastes), vous pouvez vous laisser tenter par ce film au titre en forme d'antiphrase.
20:16 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
samedi, 17 novembre 2012
Le Jour des corneilles
C'est un (superbe) dessin animé français, qui puise à la fois dans la tradition du conte à l'européenne et dans l'imaginaire de créateurs comme Hayao Miyazaki. L'animation est le résultat du travail d'une équipe franco-belbo-luxembourgo-canadienne.
L'histoire commence un soir d'orage. Un géant porte un enfant, qu'il se dépêche de cacher dans la forêt. (Cela nous vaut une première scène virtuose, dans un terrier, avec le bébé qui tente de téter une sorte de grosse belette ou de femelle castor.) L'enfant est ensuite récupéré par le géant, qui va l'élever à la dure... lui interdisant de sortir de la forêt, sous peine de disparaître pour toujours.
Mais... le gamin est curieux... et son père va avoir un accident. A partir de là, l'histoire s'emballe.
Le titre n'est peut-être pas très bien choisi : les corneilles n'interviennent que dans la deuxième partie du film. Mais elles vont jouer un rôle dans la relation entre le garçon et Manon, la fille du médecin (à qui Claude Chabrol a prêté sa voix, peu de temps avant de mourir).
Pour moi, ce sont les deux morceaux du film qui se déroulent dans la forêt qui sont les plus réussis. Un grand soin a été apporté au paysage végétal, ainsi qu'aux mouvements des personnages, notamment des animaux. Il y a donc le début, avec la vie autarcique du géant et du garçon. La scène de chasse est brillante. Moins clinquantes, mais magnifiques visuellement, sont les scènes qui voient le garçon dialoguer avec d'étranges personnages, à corps humain tête d'animal. Il rencontre un chat forestier, une biche, un crapaud... Le mystère ne sera expliqué que dans le dernier quart du film.
Le passage par le village est l'occasion de stigmatiser la bêtise d'une partie des habitants. On en apprend un peu plus sur le passé du géant. C'est surtout le lieu de la rencontre entre le garçon et Manon. Tout ce petit monde va se retrouver dans la maison du médecin, l'hôpital n'étant pas adapté au séjour d'un géant récalcitrant !
Le retour dans la forêt va donner la clé de l'énigme aux spectateurs qui n'auraient pas encore deviné. On aboutit à une séquence magnifique, dans un recoin secret, avec ce superbe personnage muet de la femme-biche. Mais l'orage approche. Une dernière transformation va faire rebondir l'histoire...
P.S.
Le site internet mérite vraiment le détour.
11:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
vendredi, 16 novembre 2012
Ne pas vendre la peau de l'ours...
... avant que la promotion ne soit obtenue ! Telle pourrait être la maxime que pourraient suivre certains élus un peu trop flagorneurs. Souvenez-vous : il y a environ deux mois, dans l'hebdomadaire Le Ruthénois, l'un des adjoints au maire de Rodez félicitait par avance celui-ci pour sa promotion au rang de vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées.
Hélas ! Trois fois hélas ! Le mois dernier, Le Nouvel Hebdo révélait (dans le numéro 250) qu'il n'en serait rien. Les trois vice-présidences dont les titulaires changeaient étant détenues par des femmes, parité oblige, il était évident que le maire de Rodez (à moins de subir une opération lourde) ne pouvait en briguer une.
Ce jeu de chaises musicales résulte des élections législatives de juin 2012. Les trois femmes qui abandonnent leur vice-présidence ont toutes été (ré)élues députées : Monique Iborra et Carole Delga en Haute-Garonne, Marie-Lou Marcel dans l'Aveyron. Signalons que la première avait même carrément démissionné du Conseil régional, dès mars 2012, soit avant d'être réélue. Voilà une attitude qui ne manque pas de panache. Les deux autres ne sont pas allées jusque-là, continuant à cumuler mandats (et indemnités...) de députées et conseillères générales.
Il a fallu attendre un petit moment pour que le nom des remplaçantes soit introduit sur la liste des vice-présidences (alors que Le Nouvel Hebdo les avait donnés dès octobre dernier). En cherchant bien, on pouvait trouver un communiqué laconique.
Les nouvelles sont Janine Loïdi, Nadia Pellefigue et Viviane Artiglias. Sans surprise, on constate que les deux premières sont des élues de Haute-Garonne. Mais la troisième n'est pas aveyronnaise, elle vient des Hautes-Pyrénées. Il n'y a donc plus d'Aveyronnais titulaire d'une vice-présidence. Faut-il s'en attrister ? La fonction est surtout honorifique (et pourvoyeuse d'une indemnité un peu plus élevée).
Mais pourquoi diable Martin Malvy n'a-t-il pas puisé dans la liste aveyronnaise pour remplacer Marie-Lou Marcel ? Peut-être parce qu'elle ne compte pas d'autre femme socialiste. (Les trois partantes sont membres du PS.) Nicole Fréchou est au Front de Gauche (de surcroît haut-garonnaise... et parachutée sur la liste aveyronnaise à l'issue d'une manoeuvre que j'avais dénoncée en son temps). Andréa Goumont est au PRG et Marie-Françoise Vabre est membre d'Europe-Ecologie. Il a donc fallu piocher ailleurs.
Voilà qui a dû doucher les espoirs des socialistes aveyronnais, qui louchent sur la présidence du Conseil régional en 2015. Certains voyaient déjà Christian Teyssèdre succéder à Martin Malvy (à condition bien sûr que la gauche remporte ces élections). Déjà, en mars 2010, j'avais émis des doutes sur cette possibilité : la première vice-présidente, Nicole Belloubet, semble (pour l'instant) la mieux placée, même si rien n'est joué.
Si l'on veut avoir confirmation de la faiblesse des chances du maire de Rodez, on peut se reporter à un récent papier publié dans Le Journal Toulousain, un hebdomadaire plutôt de droite qui tente de survivre dans un environnement de gauche.
Le numéro du jeudi 25 octobre dernier avait une couverture accrocheuse :
L'article principal, sans écarter l'idée d'une nouvelle candidature de Martin Malvy (qui serait tout de même âgé de 79 ans...), présente ceux qu'il estime être les plus sérieux prétendants. Il s'agit de Nicole Belloubet, de Kader Arif (le ministre des Anciens combattants), de Jean Glavany (actuellement député des Hautes-Pyrénées), et de Philippe Martin (le président du Conseil général du Gers). Même si l'on peut trouver que la liste est très restrictive et qu'elle met l'accent sur des politiques déjà connus, il est intéressant de noter l'absence du maire de Rodez.
Ceci dit, toutes ces candidatures putatives vont devoir s'accommoder d'une nouvelle loi sur le cumul des mandats (que l'on espère ambitieuse). Bien de l'eau va couler sous les ponts...
20:55 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, presse, médias, journalisme
dimanche, 11 novembre 2012
Gros Groland
Ceux qui ont pu craindre que l'arrivée de la gauche au pouvoir fasse perdre de son mordant à la fine équipe de branquigols doivent être rassurés. Comme celle de la semaine dernière, l'émission de samedi 10 novembre regorge de gouaille et de traits d'esprit.
L'actualité a dicté le programme du début de l'émission, qui a vu le président de la Présipauté féliciter deux hommes politiques d'importance :
Le présentateur a embrayé sur le mariage homosexuel, auquel les Grolandais sont massivement favorables, parfois pour des raisons étonnantes...
Après un "communiqué niqueur du patronat grolandais", Jules-Edouard Moutic, en exclusivité mondiale, a révélé l'identité de l'homme qui donne leur nom aux cyclones :
Ce sujet a conduit l'émission à s'intéresser à la baisse de fréquentation des cabinets de gynécologie, à laquelle le Groland a bien entendu trouvé une solution originale.
Il a ensuite été question d'un autre homme politique au passé sulfureux, dont le président du Groland a décidé de s'inspirer pour traduire ses propos dans un nouveau langage des signes :
Après ce grand moment de politique citoyenne, on nous a offert un reportage édifiant sur une fausse banque... bien trop honnête pour être vraie ! De là, il n'a pas été difficile de rebondir sur la rubrique scientifique, consacrée aux OGM. De manière rigoureusement scientifique, il est démontré que consommer du maïs Grosanto procure d'incommensurables avantages :
On sent que la fin du journal aborde des thématiques plus divertissantes. Au reportage sur une mère refusant que sa fille recoure à la chirurgie esthétique a succédé la finale d'une alléchante émission de télé-réalité :
Ce fut alors le moment de la page musicale. Il a été question de la sortie du nouvel album d'une grande vedette de la chanson française :
La fin approchait, mais le journaliste n'a pas oublié le clin d'oeil au nouveau nouveau nouveau sponsor de l'émission :
14:27 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, médias, actualité
samedi, 10 novembre 2012
Feu le conseiller territorial
Dans Le Nouvel Hebdo paru vendredi 9 novembre, une contribution de Bernard Dufay contient plusieurs approximations à propos de la réforme envisagée naguère par le gouvernement Fillon et passée à la trappe depuis le changement de majorité.
L'auteur rebondit (de manière assez agressive) sur l'entretien (assez complaisant) accordé par la ministre Anne-Marie Escoffier au Ruthénois (peut-être aussi paru dans Le Progrès Saint-Affricain), il y a une quinzaine de jours. Il semble ne voir que des qualités dans cette réforme avortée, la première étant de faire diminuer le nombre d'élus.
C'est vrai, mais il s'emmêle un peu les pinceaux dans les chiffres. Si l'on fait la somme des conseillers régionaux de Midi-Pyrénées et des conseillers généraux des huit départments de la région (Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne), on aboutit à 384 élus (91 + 22 + 46 + 53 + 31 + 31 + 34 + 46 + 30), dont 293 conseillers généraux. B. Dufay en a compté 379, dont 288 conseillers généraux. Même si l'on retranche du total les deux élus qui siègent dans les deux assemblées (deux Aveyronnais : Régis Cailhol et Jean-Claude Luche), on est à 382 personnes.
De même, il commet une erreur en cette fois-ci surestimant le nombre de conseillers territoriaux attribués à Midi-Pyrénées : 261, contre 251, d'après la loi de juillet 2011. Il n'a fait que reprendre le nombre cité dans l'entretien... Il aurait dû vérifier !
Ceci dit, la rectification des chiffres va dans le sens de l'article de B. Dufay ; l'écart entre le nombre d'élus actuels et celui envisagé par la réforme Sarkozy est encore plus grand : 134 au lieu de 118. Mais cela ne permet pas d'affirmer que ladite réforme aurait fait faire des économies.
Au niveau des indemnités, on pourrait penser que, comme le nombre d'élus aurait diminué, c'est sur ce poste-là que les dépenses auraient fortement baissé. En fait, non. Les conseillers territoriaux auraient été mieux indemnisés que les actuels conseillers régionaux et surtout généraux : leur indemnité aurait correspondu à celle d'un conseiller régional, augmentée de 20 %. Comme Midi-Pyrénées compte quelque 2 900 000 habitants, cette indemnité est d'environ 2 300 euros par mois. (Mais, dès que la région atteindra les 3 millions d'habitants -ce qui ne saurait tarder, l'indemnité dépassera 2 500 euros !). Si l'on ajoute 20 %, on obtient environ 2 760 euros par mois (3 200 si la région compte 3 millions d'habitants)...
... A comparer aux indemnités des conseillers généraux : environ 1 500 euros dans les départements comptant moins de 250 000 habitants (Ariège, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées ainsi que Tarn-et-Garonne). Si on laisse de côté présidences et vice-présidences, actuellement, les 32 conseillers régionaux et les 148 conseillers généraux issus de ces départements coûtent, en indemnités, environ 295 000 euros par mois. Avec la réforme Sarkozy, ces élus auraient été remplacés par 99 conseillers territoriaux, indemnisés en moyenne 2 760 euros, soit un coût total d'environ 273 000 euros. L'économie serait d'environ 20 000 euros par mois. Cependant, à partir du moment où la région atteindrait les 3 millions d'habitants, la réforme serait plus dépensière que l'ancien système puisqu'on aboutirait à des coûts respectifs (avant / après) de 308 000 et 317 000 euros, soit un surcoût de près de 10 000 euros par mois.
Passons aux cas de l'Aveyron et du Tarn, qui entrent dans la tranche 250 000 - 499 999 habitants. Les conseillers généraux "de base" y touchent environ 1 900 euros par mois. La réforme Sarkozy aurait permis de réaliser une économie d'environ 50 000 euros (par mois) sur les indemnités, avec une population régionale inférieure à 3 millions d'habitants. Avec une population régionale atteignant la barre fatidique, l'économie n'est plus que d'environ 35 000 euros par mois.
Il nous reste le département -atypique- de la Haute-Garonne. Sa population est sur le point de dépasser le seuil de 1 250 000 habitants, ce qui fera passer l'indemnité de ses conseillers généraux de 2 500 à 2 700 euros par mois. La réforme aurait avantagé ce département, qui aurait conservé grosso modo ses élus (36 conseillers régionaux et 53 généraux remplacés par 90 territoriaux). Si l'on prend les estimations basses (ni le département ni la région ne franchissent le seuil de population qui déclenche l'augmentation des indemnités des élus), la réforme coûterait entre 30 000 et 35 000 euros par mois : le total des indemnités passerait de 215 000 à 248 000 euros. Si l'on prend en compte le franchissement des seuils, le surcoût serait de près de 50 000 euros par mois.
Comme moi, vous en arrivez à la conclusion que, pour la région Midi-Pyrénées, la réforme des collectivités locales que le gouvernement Fillon avait concoctée ne faisait réaliser aucune économie au niveau des indemnités. (Bernard Dufay sort de son chapeau une économie de 5,5 millions d'euros... Quel joli tour de magie !) Elle aurait même occasionné davantage de dépenses de transport (les 251 conseillers territoriaux -au lieu des 91 conseillers régionaux- devant se rendre régulièrement dans le chef-lieu régional). Je ne vous parle même pas des hémicycles à reconstruire, des hôtels de région à adapter... autant de dépenses à la charge, non pas de l'Etat, mais des régions (tenues majoritairement par ceux qui formaient l'opposition de gauche, à l'époque).
On arrive là au coeur du problème. Sous une apparence de rationalisation, cette réforme poursuivait des buts politiques. Les conseillers territoriaux auraient été élus au scrutin majoritaire, comme les actuels conseillers généraux. Le scrutin proportionnel, utilisé pour les élections régionales, aurait été supprimé. Cela aurait eu pour conséquence de faire chuter la représentation des formations minoritaires (Front de Gauche, Verts, Modem, Front National). On peut aussi penser que le gouvernement comptait sur le découpage des super-cantons pour avantager ses troupes. A terme, l'objectif semblait de garantir la victoire de l'UMP dans un minimum de régions... et de permettre la reconquête quasi-générale en cas de mauvais report des voix à gauche.
P.S.
Il faudrait pourtant réformer les collectivités territoriales françaises. Les communes sont trop nombreuses dans notre pays. Du coup, on peine à trouver des conseillers municipaux bénévoles, ou alors certains, une fois élus, se désintéressent vite d'une fonction qui joue un faible rôle, le pouvoir étant détenu par le maire et les adjoints.
Les élus (rémunérés) qui siègent dans les assemblées départementales et régionales sont eux aussi trop nombreux. Combien sont payés à ne rien faire ? (On pourrait faire la même remarque à propos des députés et des sénateurs : 400 députés et une centaine de sénateurs non absentéistes suffiraient largement.)
La réforme du gouvernement Fillon aurait été plus crédible si elle avait conduit à diminuer aussi le nombre de conseillers régionaux et si le scrutin proportionnel n'avait pas été mis à la trappe.
17:54 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, journalisme, politique
jeudi, 08 novembre 2012
Skyfall
Il faut attendre un petit moment avant de comprendre ce que désigne le titre : le manoir familial des Bond, censé se trouver en Ecosse (petit clin d'œil à Sean Connery). On en a une prévision dans le générique de début, un bon clip vidéo (sur la chanson d'Adele) qui brasse fantasmes du héros, événements passés et projections dans le futur de l'histoire.
Et c'est parti pour 2h25 d'action et de glamour, avec quelques pincées d'humour. La première séquence, tournée en Turquie (notamment à Istanbul) est un pur moment de bonheur. J'ai trouvé la poursuite en moto encore meilleure que celle mise en scène par Spielberg dans Tintin et le secret de la Licorne. Plus loin dans le film lui répondent les péripéties dans les sous-sols de Londres. Entre les deux, j'ai été marqué par l'assassinat du notable chinois (et les retrouvailles de Bond et du tueur à gages), dans cet immeuble aux parois vitrées. C'est moins spectaculaire que les deux séquences dont je viens de parler, mais on sent qu'il y a eu un gros travail de mise en scène et de gestion des reflets.
Au niveau du casting, c'est tip-top. Daniel Craig est une version moderne de Sean Connery très convaincante. Face à lui, Javier Bardem est épatant en méchant blond à la sexualité interlope... ce qui interroge d'ailleurs celle de son adversaire ! Maiiiiiiiiiiiiiiiiis noooooooooon, James est un hétéro sévèrement burné, inconsolable de la perte de son aimée dans Casino Royale (incarnée il est vrai par la superbe Eva Green).
Que les fans tradis se rassurent : les scénaristes ont mis dans les pattes de James une brochette de dames bien gaulées et pas farouches, de la compagne cachée du héros dans sa retraite asiatique à sa collègue du MI6 (incarnée par Naomie Harris, la nouvelle Halle Berry ?) en passant par la sulfureuse Frenchie Bérénice Marlohe, qui, lors de la séquence se déroulant dans un casino de Macao, porte une robe de chez robe :
Côté gonzesses, Judi Dench ("M") est aussi épatante, même si elle a plus de rides.
Les autres personnages masculins sont un peu étouffés par le duo Craig-Bardem. Signalons toutefois l'apparition d'un nouveau "Q", un geek un peu trop sûr de lui (Ben Whishaw) et l'introduction d'un parlementaire (incarné par Ralph Fiennes) destiné à un grand avenir.
L'accumulation des qualités rend le spectateur indulgent pour les quelques défauts. On nous ment quand on nous fait croire que le bateau emporte Bond et sa nouvelle conquête de Macao vers une île chinoise : en réalité, la séquence suivante a été (en partie) tournée au Japon, à proximité de Nagasaki, sur l'île d'Hashima :
De plus, le méchant est un peu trop machiavélique, il a tout prévu et organisé des mois à l'avance. Comme lorsque Bond évite (presque) toutes les balles, on est au bord de la vraisemblance. Mais ne boudons pas notre plaisir et, calé dans un bon fauteuil, dans une grande salle, profitons du spectacle.
14:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 05 novembre 2012
La Pirogue
C'est un film sénégalais, dont l'intrigue tourne autour de l'émigration vers l'Europe. Francophonie oblige, il est question de la France comme destination, même si une partie des passagers vise l'Espagne. Leur objectif est d'ailleurs d'atteindre d'abord les Canaries, dépendance espagnole située dans l'océan Atlantique :
On est cueilli dès le départ par un combat de lutteurs, de sa préparation à ses conséquences, en passant par l'affrontement, très bref finalement.
Le réalisateur brosse un portrait bigarré des Africains, ici Sénégalais et Guinéens, appartenant à diverses ethnies. Les tensions naissent plutôt entre les générations, ou entre les "traditionnels" (plutôt enclins à rester au pays) et les "modernes" (fascinés par l'Occident, qui pensent que l'herbe sera plus verte pour eux "là-bas", en Europe). On mesure l'écart entre le mode de vie traditionnel et ce que les gens perçoivent de la société de consommation. On remarque la place inférieure qui est en général laissée aux femmes (mais l'une d'entre elles va bousculer les certitudes trop bien ancrées).
Mais pour atteindre les Canaries vivants, les passeurs (et leurs passagers) ont besoin d'un bon pilote. Un pêcheur, réticent au départ, va jouer ce rôle, plutôt dans l'objectif de veiller sur deux jeunes qui sont du voyage.
La deuxième partie du film décrit le périple de l'équipage, ses rencontres, ses tensions, avec notamment le cas de cet homme (très attaché à sa poule) qui n'avait jamais vu la mer et qui empêche tout le monde de dormir. La réussite, au niveau de la mise en scène, est d'avoir transformé ce bateau en théâtre d'un formidable huis-clos.
Vont-ils arriver à bon port ? Combien vont rester en vie ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
22:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 04 novembre 2012
Groland en forme
L'émission de samedi 3 novembre mérite vraiment le détour, tant elle est riche en gags ciselés et humour raffiné.
Cela a commencé par une comparaison entre les parcours récents de deux grands cyclistes : Lance Armstrong et Nicolas Sarkozy :
L'émission ne regarde pas qu'en arrière. A l'image de son président, elle s'intéresse à l'avenir :
A l'arrivée, une petite satire des choix économiques (et d'enseignement) faits en France.
Mais, pour mieux comprendre le monde, il convient de porter son regard outre-Atlantique. Totocaca décrypte pour nous le "Rêve américain" :
On reste dans la culture américaine, avec la fête d'Halloween, qui voit chaque année une (heureusement) faible part des enfants français porter des déguisements ridicules et venir faire chier les voisins de leurs parents dans l'espoir d'obtenir gratuitement des victuailles propres à creuser de nouvelles caries... et le trou de la Sécu ! Eh bien figurez-vous qu'au Groland, des esprits ingénieux ont trouvé un moyen efficace pour ne plus être dérangés :
Après ce sujet poétique, on avait bien besoin de quelques publicités. Curieusement, l'une d'entre elles a été diffusée après la coupure :
La fine équipe de Canal + s'intéresse aussi à la controverse qui agite le monde policier. Au Groland comme à Marseille, certaines brigades d'intervention semblent avoir eu un comportement inapproprié. Dans le cas du Groland, notons toutefois que les forces de l'ordre ont mis au point une tactique originale pour lutter contre le trafic de drogue et la prostitution :
Juste après a été diffusé un reportage sans concession du reporter de l'impossible, Michael Kael, qui s'est interrogé sur l'intégration des Français d'origine étrangère :
Ce fut ensuite le tour de la rubrique scientifique, que l'on doit au Joseph Mengele Science Journal (toujours à la pointe de la recherche), qui a démontré de manière rigoureuse, sans aucune contestation possible, qu'un (véritable) viol ne peut pas déboucher sur une grossesse, ainsi que l'a affirmé, aux Etats-Unis, un élu républicain particulièrement progressiste :
Je recommande chaudement cette petite animation numérique, vraiment délirante, qui tourne aussi en dérision certains stéréotypes concernant les hommes, les femmes et leurs relations.
L'émission s'est achevée sur les "images made in ailleurs", parmi lesquelles on peut relever cette tragédie qui touche une (ancienne) chanteuse vedette, devenue bigote :
10:50 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, humour, médias
samedi, 03 novembre 2012
La chasse au couteau
Ce n'est pas une blague de la Toussaint : le 1er novembre, le quotidien Midi Libre a signalé que le célèbre mensuel Le Chasseur Français consacre, dans son numéro de novembre, un petit dossier à ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Laguiole", signalé en "une" du journal :
L'éditorial d'Antoine Berton (au titre gaullien : "L'appel de Laguiole") est consacré à ce même sujet :
J'y ai souligné deux éléments importants : l'engagement du mensuel de ne plus utiliser d'articles de contrefaçon lors de ses opérations promotionnelles et le lancement d'une pétition en faveur du village aveyronnais.
Je me rappelle qu'il y a des années de cela, une célèbre marque de saucissons secs "offrait" avec sa marchandise un exemplaire de couteau censé avoir été fabriqué sur l'Aubrac. Quand on sait que les babioles chinoises et pakistanaises peuvent se vendre (aujourd'hui) à 1 euro en grande surface, on mesure la valeur du "cadeau". (Pour la petite histoire : cette pratique commerciale a contaminé jusqu'aux identitaires corses, qui avaient lancé, l'an dernier, des porte-clés nationalistes... fabriqués en Chine...)
Pour ceux que la pétition du Chasseur Français tenterait (ou qui voudraient la faire circuler), voici l'encadré qui a été publié dans le numéro du mois de novembre :
A présent, venons-en au mini-dossier. Il commence sur les propos de Thierry Moysset, le directeur de la Forge de Laguiole, très en pointe dans l'affaire. Plus loin dans l'article, il est question d'une autre coutellerie qui a pignon sur rue, Honoré Durand & fils. La parole est aussi donnée au maire et conseiller général, Vincent Alazard. Une chronologie complète le propos, illustré par des photographies des personnes interrogées, mais aussi de l'actuel (Gilbert Cestrières) comme de l'ancien (André Valadier, accompagné d'une vache Aubrac) président de la coopérative Jeune Montagne, ainsi que de Michel Bras (dont on connaît la passion pour les couteaux).
Le mensuel ne donne pas la parole à Gilbert Szajner et ne cite pas non plus la voix discordante de Gérard Galtier (du Nouvel Hebdo). L'article s'achève sur l'évocation du projet d'extension des IGP aux produits non agroalimentaires, qui nécessite une loi.
21:52 Publié dans Aveyron, mon amour, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, journalisme, actualité
vendredi, 02 novembre 2012
Frankenweenie
Tim Burton revient à ses premières amours, un court-métrage sorti en 1984 (et déjà produit par Disney), revu et corrigé en film d'animation, dont le style et l'ambiance ne sont pas sans rappeler d'autres œuvres du maître : L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres, mais aussi Beetlejuice, Edward aux mains d'argent et Sleepy Hollow. Comme certains critiques l'ont relevé, Tim Burton pratique l'autocitation. Il rend aussi hommage aux films d'épouvante qui ont marqué sa jeunesse, comme Frankenstein ou Godzilla. (Il fait aussi référence à des œuvres plus récentes, comme Critters par exemple.)
C'est un (nouveau) superbe noir et blanc, dont les personnages principaux (des enfants) évoquent le style "gothique" auquel on a eu un peu trop tendance à résumer Tim Burton. On est surtout loin des Blancs blonds et bronzés, emblèmes des WASP.
C'est visible par les grands, les ados pas cons... et les (pas trop) petits qui ont déjà vu (et apprécié) du Burton. (Dans la salle où je me trouvais, un papa avait emmené son fils de 5-6 ans. Le gamin a suivi tout le film sans pratiquement jamais broncher.)
Le héros est un chien, Sparky, une sorte de bull terrier. Vivant comme ressuscité, il est moche, mais il a un je-ne-sais-quoi qui le rend très attachant. C'est l'une des réussites de ce film que d'avoir donné vie ce personnage. Son maître est un garçon introverti (double de Burton), qui va jouer à l'apprenti-sorcier. On goûtera le tableau familial, très années 1950, avec femme au foyer.
La petite ville est peuplée d'adultes perçus comme plutôt menaçants (alors que ce sont tous des "gens biens", selon les critères de la morale dominante). Se distingue le maire, maniaque de son jardin (des fleurs surtout). Sa fille est une amie de Victor... et son caniche femelle va s'enticher de Sparky.
Au portrait d'une banlieue aisée se superpose une tranche de vie scolaire. Les gamins ont l'air de s'ennuyer ferme, en général, et ils sont très durs les uns envers les autres. Seul le professeur de sciences sort de l'ordinaire. Le concours de projets va mettre le feu aux poudres.
Cela se conclut lors de la fête de la Hollande. Les monstres ressuscités par les enfants (sauf Sparky) se déchaînent et il faudra bien des efforts à nos héros pour en venir à bout. Notons que la toute fin est optimiste.
A ceux qui trouveraient que l'ambiance risque d'être lugubre, je répondrais que le réalisateur a parsemé son film de pointes d'humour potache, comme la scène qui voit un bébé hurleur se faire enfourner par sa maman la tétine (tombée par terre) que vient de lécher Sparky. J'ai aussi aimé les cacas alphabétiques du chat de l'une des gamines, ainsi que l'explosion des singes fouteurs de merde.
19:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 01 novembre 2012
Sous la ville
"Encore un film sur l'extermination des juifs !" vont dire certains. Et pourtant... cette histoire-là n'a encore jamais été mise en scène... et elle est vraie ! Plus de 60 ans après, on continue à découvrir des choses sur cette période tragique.
Ce superbe noir et blanc se déroule essentiellement dans les égouts de la ville de Lvov (ou Lwow ou Lviv selon la langue de la personne qui s'exprime). Cet endroit repoussant va servir de refuge à un groupe de juifs qui ont échappé à la liquidation du ghetto. Tous ne vont pas survivre.
Les éclairagistes et le chef opérateur ont fait du bon boulot : ils ont installé l'ambiance obscure à l'écran tout en permettant au spectateur de tout distinguer. Ceci dit, je me demande ce que cela peut donner sur un écran de télévision... (ALLEZ VOIR LES FILMS EN SALLE !)
Toujours dans un souci de réalisme, on a fait s'exprimer les acteurs dans les langues parlées à l'époque : polonais, ukrainien, allemand, yiddish, russe. Cette cacophonie des sonorités peut déconcerter de prime abord, mais on s'habitue vite.
On peut penser que ce long-métrage n'a pas été réalisé que pour témoigner d'événements extraordinaires. Il a aussi pour but de réconcilier juifs et catholiques polonais, dont les relations ont été marquées au mieux par l'incompréhension, au pire par l'hostilité. C'est bien que ce film ne cache ni n'atténue ces tensions-là.
L'histoire est aussi attachante parce que celui qui va devenir un héros est d'abord un salaud : l'égoutier Leopold Socha cambriole ici ou là puis, lorsqu'il décide d'aider les fugitifs, se fait payer. La guerre qui a déshumanisé tant de personnes va le grandir. Il devient presque un saint. En 1978, il sera reconnu "Juste parmi les Nations".
Face à lui, le groupe de juifs n'est pas présenté comme une masse informe de victimes innocentes. Ce sont des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Chacun tente de mener sa vie. On s'aime, on se déchire, on se trompe. (Il arrive d'ailleurs à une femme et sa fille une histoire semblable à ce qui est évoqué dans Un Secret.) Des couples font l'amour. On assiste même à un accouchement (sordide). Je regrette toutefois une tendance au mélodrame... à laquelle il est peut-être difficile d'échapper, vu le contexte.
Au passage, la réalisatrice souligne le rôle des collaborateurs ukrainiens (on en avait aperçu aussi dans le film de Roman Polanski, Le Pianiste)... et ne cache pas qu'à la mort de l'égoutier (après la guerre), il s'est trouvé des personnes pour affirmer qu'il avait été puni pour avoir aidé les juifs.
Reste que ces 2h25 sont assez éprouvantes. C'est long, peut-être parfois un peu répétitif. Ce n'est donc pas pour moi un grand film, mais une oeuvre à découvrir.
P.S.
Invitée de l'émission Cosmopolitaine (le 14 octobre dernier), la réalisatrice Agniezka Holland évoque la Pologne de l'époque. (On notera toutefois que, dans ses propos, elle distingue les juifs des "Polonais" et des "Allemands"...)
23:13 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
Traviata et nous
C'est un documentaire, étrange, qui narre la genèse d'un opéra, La Traviata (de Verdi), tel qu'il a été représenté à Aix-en-Provence, en 2011.
Je précise tout de suite que je ne suis pas un fan d'art lyrique. Je n'ai même jamais assisté à une représentation. Je n'en ai jamais vu qu'à la télévision... et j'imagine combien les effets étaient atténués.
Les non-initiés seront d'abord surpris de voir répéter les artistes "en civil", en blue jeans, baskets voire nus-pieds. Une fois que les codes de base sont maîtrisés, que la mise en scène est fixée, on les retrouve en costumes (avec plusieurs versions).
Le metteur en scène est justement l'un des "personnages" du film. Jean-François Sivadier (que l'on voit avec deux paires de lunettes différentes... aurait-il cassé les premières ?) fait rire par sa maîtrise approximative de l'anglais ; il étonne par ses choix mais, quand on les voit appliqués, on se rend compte de leur pertinence. Et, comme l'on a eu l'obligeance de sous-titrer (y compris les parties chantées), le non-initié comprend tout ! L'opéra n'est plus uniquement cette performance de voix exceptionnelles. C'est aussi du théâtre.
On découvre donc les voix, au travail. Comme cela se passe lors des répétitions, les artistes ne se donnent pas à fond... Ils sont pourtant impressionnants. Le film se concentre bien entendu sur Natalie Dessay, la célèbre soprano (qui possède un site internet). Cela ne se justifie pas uniquement en raison de son talent (dont un aperçu est visible ici). Elle a une forte personnalité, de l'humour, ce qui transparaît dans le film. (Pour la découvrir, je recommande l'émission Eclectik, dont elle fut invitée le 21 octobre dernier.) Le contraste est même saisissant entre la chanteuse, plutôt expansive, et le metteur en scène, plutôt dans la retenue. Mais le courant passe.
Concernant les autres chanteurs, j'ai remarqué qu'en plus d'avoir une belle voix, ceux qui incarnent les personnages principaux sont d'un physique agréable. Un spectateur attentif remarquera que les choeurs sont composés de personnes au physique plus disgracieux ou de jeunes chanteurs. En tout cas, il ressort des scènes où ils interviennent qu'ils ont du talent. On peut faire la même remarque à propos des musiciens, capables de s'adapter rapidement aux exigences du chef d'orchestre, Louis Langrée. Ce Français, dont l'anglais est plus sûr que celui du metteur en scène, a vraiment le physique de l'emploi ! ;)
J'ai aussi aimé le passage qui met en valeur la pianiste (qui chante très bien). De manière générale, le film ne laisse pas à l'écart les "petites mains" du spectacle. La première scène leur est même consacrée.
Concernant le jeu, j'ai trouvé que c'est avec celui qui incarne Giorgio Germont (le père) que Natalie Dessay "fonctionne" le mieux (pour le peu qu'on en voit). Il semble qu'il ait fallu davantage travailler la relation amoureuse entre Violetta et Alfredo.
Résultat ? Le documentaire donne envie de voir l'opéra.
Mission accomplie ?
13:36 Publié dans Cinéma, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, musique