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mercredi, 31 octobre 2012

César doit mourir

   Deux papys du cinéma italien, les frères Taviani, ont choisi de se renouveler en passant au documentaire carcéral. Les voici donc dans une prison italienne de haute sécurité, située près de Rome. Y sont incarcérés des durs de durs, des assassins, certains de la Mafia ou de la Camorra. Un dramaturge tente d'y promouvoir le théâtre. Les cinéastes proposent d'adapter une pièce de Shakespeare, Jules César.

   Le film commence par la scène finale, où un oeil exercé aura bien du mal à deviner que la représentation a lieu en prison. Puis, l'on passe au noir et blanc et au récit de l'aventure qui a conduit à ce petit exploit.

   Cela commence par la sélection des comédiens, des détenus, qui vont se révéler en général très bons acteurs. Le film ne rend malheureusement que partiellement compte du travail qu'ils ont dû fournir pour en arriver là.

   L'essentiel de l'action est composée des répétitions, qui ont lieu en différents endroits de la prison, à cause des travaux dans la salle de spectacle. Ces hommes jouent avec leurs tripes et se rendent compte que l'auteur élisabethain avait bien saisi l'âme humaine, celle du XVIIe siècle, bien sûr, mais aussi celle du XXIe. Le noir et blanc renforce l'impression d'interpénétration des époques. A certains moments, on ne sait plus si les détenus jouent la pièce ou leur vie.

   Notons que c'est parfois assez drôle. Certains des acteurs ont de fortes personnalités ; ce sont de "bons clients" pour une caméra. La situation peut être cocasse, comme lorsque le metteur en scène demande à chacun de s'exprimer dans son dialecte et que l'un des détenus prend la peine de préciser que tel mot est le même qu'en italien ! (Un autre demande si ce n'est pas trop grave s'il ne parle aucun dialecte !)

   Pour les besoins du film, certaines scènes ont été rejouées, comme la dispute (qui a vraiment eu lieu) ou les réflexions des gardiens, subitement passionnés par la pièce (en particulier l'attitude de Marc-Antoine, qui semble bien vite s'accommoder de l'assassinat de son mentor César). C'est plus évident à la toute fin, quand l'un des prisonniers en vient à reprocher aux cinéastes de lui avoir trop ouvert l'esprit. Tout est vrai, mais on a préféré (on a dû ?) en passer par la réécriture.

   Cela n'enlève qu'un peu de mérite à un film passionnant et vibrant.

22:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 30 octobre 2012

God Bless America

   Non, non, non, je ne suis pas tombé dans l'américanophilie béate, à l'image de certains de nos hommes politiques et de leurs alliés commentateurs patentés. Je suis tout simplement allé voir l'un des films les plus jouissifs de l'année.

   Le héros est un antihéros. On vient de lui diagnostiquer un cancer. Sa femme (qu'il semble aimer encore) l'a quitté et il voit petit à petit sa fille s'éloigner de lui... et devenir une petite garce capricieuse. Au boulot, ça se dégrade, d'autant plus qu'il ne supporte pas les conversations de ses collègues, dont le temps de cerveau disponible est consacré à écouter des radios populistes et à regarder des émissions débiles à la télévision. Si vous ajoutez à cela des voisins franchement crétins, qui lui pourrissent la vie, vous comprendrez que le gars, au bout d'un moment "pète les plombs".

   Le réalisateur nous dresse donc le portrait uniquement à charge d'une Amérique décadente, où l'intelligence est ringardisée par le clinquant, où le civisme est étouffé par l'égocentrisme et la volonté d'humilier. (La petite futée du fond qui dit que la France a furieusement tendance à se rapprocher de cette image idyllique a toute ma considération.)

   Au départ, Frank (incarné avec talent par Joel Murray... oui, le frère de Bill) n'ose pas passer à l'acte. Cela nous vaut deux belles scènes fantasmées, l'une d'entre elle étant la plus "gore" du film... et celle qui respecte le moins de tabous. (Il est question d'un enfant... gémissements indignés dans la salle !)

   Un événement se produit qui lui fait franchir le pas. Et, à partir de là, ça va chier ! Ah oui, j'avais oublié de préciser : une scène de boîte à chaussures nous fait comprendre que Frank a un passé militaire (il a même été décoré) ; je penche pour la Guerre du Golfe (celle de 1990-1991). Figurez-vous que le gars est un excellent tireur.

   Après, c'est du pur bonheur. Notre justicier va s'en prendre aux "vedettes" de la télé-réalité (et aux parents putassiers de l'une d'entre elles), aux intégristes chrétiens, aux ultralibéraux... bref à une brochette de gens éminemment sympathiques. Il va être aidé en cela par une adolescente en rupture (Tara Lynnne Barr, excellente). Un lien très spécial se noue entre les deux inadaptés, mais chacun cache quelque chose à l'autre.

   L'humour est évidemment présent dans les scènes de "dézingage"... pas forcément à la gloire du tueur, qui n'arrive pas à faire exploser la voiture de la greluche de télé-réalité et dont l'arme s'enraye un peu plus tard... Heureusement que son "assistante" veille au grain !

   Pour le cinéphile que je suis, l'un des meilleurs moments voit le duo régler son compte à un groupe de djeunses arrogants et mal élevés, dans un cinéma qui projette un documentaire sur la guerre du Vietnam. Aaaaaaaaaaaaaaaah, que c'est bon de voir s'écrouler ces triples cons qu'on rencontre parfois en salle, ces abrutis qui imposent leurs commentaires pendant le film, quand ils ne bouffent pas bruyamment (et salement : il suffit de voir l'état de la rangée après leur passage...), ces décérébrés incapables de passer deux heures sans allumer leur téléphone portable !

   Bref, j'ai kiffé à donf', même si je suis conscient des limites du film. Le héros ne voit pas d'autre solution que le meurtre (mais uniquement de personnes "qui méritent de mourir", dit-il). Il est de plus opposé au contrôle des armes. Mais on passe un sacré bon moment !

11:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 29 octobre 2012

Insensibles

   Ce film espagnol, signé Juan Carlos Medina (associé à Luis Berdejo, l'un des créateurs de [Rec], pour le scénario), confronte deux époques, la nôtre, qui voit un brillant chirurgien quinquagénaire découvrir sa maladie à l'occasion d'un accident de la route, et la période franquiste (de la guerre d'Espagne aux années 1960), durant laquelle on suit principalement des enfants.

   On ne peut pas s'empêcher de penser à d'autres (très) bons films de genre, dont l'intrigue puise dans cette époque tragique : Le Labyrinthe de Pan (moins réussi que celui-ci au niveau du scénario), Balada triste (apparenté aussi par la réflexion sur la violence et la déshumanisation) et Pain noir (qui témoigne du même souci de tracer un portrait social nuancé de l'époque). Sans en dire trop à propos de l'intrigue, je peux ajouter que l'histoire n'est pas sans rappeler l'excellent Incendies. Le film espagnol est toutefois plus optimiste que le libanais, peut-être parce que dans l'un des cas, le lourd passé est en passe d'être digéré, alors qu'au Liban, les blessures sont encore vives et le conflit pas enterré.

   Mais revenons à Insensibles.

   La partie contemporaine de l'histoire est à la fois un polar (une enquête) et un mélo. Le héros cherche à découvrir qui sont ses parents biologiques... et va aussi apprendre qui était jadis celui qui est son père officiel. C'est maîtrisé, émouvant parfois.

   La partie "ancienne" est la plus belle à voir. Les couleurs sont magnifiques et le site de l'orphelinat-prison est à couper le souffle. S'ajoute à cela l'espèce de malédiction qui pèse sur ces enfants, dont on suit le parcours. Adultes comme jeunes jouent très bien. Les effets spéciaux sont dosés et pertinemment utilisés. L'histoire est vraiment très travaillée. (Cela mériterait l'oscar du scénario, à mon avis.) Les intrigues s'entremêlent. (On a même réussi à insérer de petites histoires dans l'histoire, comme celle du  chiot malade qui va être un facteur d'accélération de l'action.)

   On s'attache à certains personnages. On les voit évoluer et l'on se demande qui peut être le père et qui peut être la mère. On notera la volonté de ne pas bâtir des personnages d'une seule pièce. Attention aussi aux âmes sensibles : certaines scènes (brèves) sont sanglantes.

   On nous ménage des surprises jusqu'à la séquence finale, de toute beauté.

   Je suis sorti de là assez remué... et ravi d'avoir vu un tel chef-d'oeuvre !

15:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 28 octobre 2012

Cirage de pompes

   J'aurais plutôt dû titrer "Cirage d'escarpins". En effet, le numéro de cette semaine du Ruthénois consacre plus de deux pages (ainsi que sa "une") à la ministre Anne-Marie Escoffier :

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   J'en connais qui vont dire : "Mais qu'est-ce qu'il a (encore) à râler ? N'avait-il pas rapidement souligné la nomination de la sénatrice au gouvernement Ayrault ?" Certes. Je reconnais que j'ai de l'estime pour la personne. Mais ce n'est pas une raison pour tomber dans la complaisance.

   Les articles comme l'entretien ont été réalisés par un certain Benoît Garret. Première surprise. On se serait attendu à ce que Benjamin Laumaillé officie. Même si l'on a déjà vu (notamment à l'occasion des élections régionales de 2010) la signature de B. Garret dans Le Ruthénois, les entretiens politiques sont d'habitude menés par B. Laumaillé. Il n'est d'ailleurs pas membre de la rédaction de l'hebdomadaire du Piton, mais de celle du Progrès Saint-Affricain, dont les propriétaires sont identiques. Voici ce à quoi il ressemblait en 2004, d'après le numéro 28 de La Gazette, publication des anciens de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (page 7) :

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(Notons que son nom est mal orthographié : il manque un "r".)

   Mais assez de fouinage. Revenons au fond des articles. Ils sont uniquement élogieux. Si, page 3, certaines questions peuvent passer pour (un peu) dérangeantes, elles servent principalement à permettre à Mme Escoffier d'énoncer ses idées. Page 4, c'est pire. On suit la journée de la ministre. C'est du publireportage.

   La flatterie pousse même le journaliste à afffirmer que Mme Escoffier a raté de peu la présidence du Conseil général en 2008. Tout dépend de ce que l'on veut dire par "de peu"... Plus loin, la perspective départementale est rappelée. On sous-entend que la ministre pourrait à nouveau briguer la présidence en 2015 (ce dont elle se défend).

   Je crois qu'à gauche on se fait beaucoup d'illusions sur le résultat des élections à venir. En 2014, l'actuelle majorité risque de prendre une jolie claque aux municipales, ainsi qu'aux européennes, dont les extrêmes pourraient sortir grands vainqueurs. A la suite de cela, il n'est pas impossible que le Sénat rebascule à droite. Quant aux cantonales, si elles ont lieu en 2015, je doute qu'elles débouchent sur la promotion d'une candidate de 73 ans...

   Signalons pour terminer quelques approximations. Cela commence page 4, dans la biographie de la ministre. On ne peut pas écrire "En 2001, Anne-Marie Escoffier est écartée de la préfecture ruthénoise par Nicolas Sarkozy." En 2001, c'est le socialiste Daniel Vaillant qui était ministre de l'Intérieur. La mutation de la préfète n'avait donc rien d'une sanction politique. Par contre, elle a effectivement été nommée ensuite dans l'Yonne.

   Page 5, il ne fallait pas écrire que les départements ont été créés "au sortir de la Révolution française", mais pendant, puisque cela s'est passé en 1790. Quant aux régions administratives, elles ont une histoire plus ancienne et plus complexe que ce qui ressort de l'encadré. Si les Conseils régionaux sont nés en 1972, c'est dès 1963 que l'on a délimité les "régions administratives" (et pas en 1982, quand elles deviennent des collectivités territoriales). En cherchant bien, on trouve leurs ancêtres, les "régions de programme", dès les années 1950.

samedi, 27 octobre 2012

Tell me lies

   C'est le titre du film tourné en 1967 par le dramaturge Peter Brook, sur la guerre du Vietnam vue de Londres. Il devait être présenté au festival de Cannes en 1968. Les "événements" (et le contexte politique international) ont empêché que le festival se déroule comme d'habitude. Sorti de manière confidentielle, le film a rapidement disparu de la circulation. Il ressort dans une copie restaurée.

   Le titre du film est emprunté à une chanson, diffusée au tout début (on en entend d'autres au cours du film). Ne vous attendez pas à entendre le dernier "tube" de Britney Spears ou Mika. C'est de la chanson engagée. Les morceaux sont assez inégaux, l'inventivité poétique côtoyant le militantisme lourdingue.

   Arrivent ensuite deux séquences passionnantes, qui se déroulent au cours d'une soirée mondaine. La première voit le héros (sorte de double du réalisateur) se confronter à des représentants de l'establishment britannique (parlementaires, permanents du parti travailliste -alors au pouvoir-, hauts fonctionnaires). La discussion, au cours de laquelle les arguments sont confrontés, est stimulante, d'autant plus que le réalisateur ne cherche pas à faire pencher la balance en faveur de la position de son personnage principal.

   La deuxième séquence met en scène des militants des droits civiques noirs américains (et une Vietnamienne). Le ton est policé, mais les idées avancées sont parfois d'une grande violence. On adhèrera ou pas aux propos tenus, mais ils ne sont pas sans écho dans notre monde post-septembre 2001.

   Par la suite, le héros se pose des questions à propos de l'immolation par le feu. Le spectaculaire suicide d'un moine bouddhiste l'interpelle. Il en vient à rencontrer un maître à penser de cette religion. Il finit par s'intéresser plus particulièrement au cas de Norman Morrison, un quaker engagé (aujourd'hui curieusement oublié), dont le geste surprit le monde.

   Indirectement, le film traite du pouvoir des images. Photographies de presse, cinéma et déjà un peu télévision influencent l'opinion publique. L'un des fils rouges du film est d'ailleurs une image horrible, celle d'un enfant qui a été brûlé au napalm et dont le corps est presque totalement enveloppé dans des bandages. On en voit d'autres du même genre plus loin. Cela n'est pas sans rappeler (pour nous) la célèbre photographie de Kim Phuc, cette jeune fille victime elle aussi d'un bombardement incendiaire, au Sud Vietnam... mais en 1972. Ici, Peter Brook se fait visionnaire.

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   Même le monde politique est contaminé. Lors de la soirée mondaine, l'un des parlementaires affirme de son collègue qu'il passe plus souvent à la télévision parce qu'il est plus jeune que lui... et plus séduisant !

   Sur la forme, ne vous attendez pas à du grand art. C'est assez classique et daté. Mais le contenu est bigrement intéressant. Il faut toutefois fournir quelques efforts d'attention.

vendredi, 26 octobre 2012

Pauline détective

   Cette comédie de mœurs, vaguement policière, repose entièrement sur les épaules de Sandrine Kiberlain. Force est de constater qu'elle rayonne. Comme l'interaction a particulièrement bien fonctionné avec Audrey Lamy (pétulante à souhaits) et le bellâtre Claudio Santamaria, on passe un moment pas désagréable.

   Cependant, les seconds rôles ne sont pas tous étincelants, notamment Antoine Chappey, qui n'a certes pas la tâche facile, mais qui manque de naturel. C'est dû aussi à la faiblesse de certains dialogues et, à mon avis, à une mauvaise direction d'acteurs. Le réalisateur Marc Fitoussi (dont on nous dit qu'il a fait ses classes aux States) a voulu tout faire tout seul. Résultat : certaines scènes sonnent faux et trop de répliques sentent le dialogue écrit, pas le langage oral (cela commence dès la séance de l'héroïne chez son psy, au début).

   Il reste des trouvailles, comme ces incrustations de "unes" (fictives) de presse à scandale, qu'imagine l'héroïne, elle-même directrice d'un torchon à grand tirage. J'ai aussi apprécié les scènes de Tarentelle, limites surréalistes... et bien chorégraphiées.

20:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 25 octobre 2012

Une "Morinade" d'anthologie

   Ce n'est pas l'émission d'aujourd'hui, mais celle d'hier mercredi. L'invité principal était le dessinateur Philippe Geluck (dont le site internet mérite le détour).

   Après l'habituelle présentation décalée des chroniqueurs par le maître de cérémonie Daniel Morin, Anne-Ma (alias Bénédicte Vidal) a dressé le portrait de l'invité, façon drague désespérée mais vacharde.

   Sont arrivés ensuite trois jeunes humoristes, les Whoohoo, dont l'une des productions a ravi le maréchal Ganache...

   Dans la foulée, on a pu savourer un nouvel épisode de la série-phare de la station, Le Débile-Mentaliste (qui est évidemment une parodie du Mentalist). Les chroniqueurs du Mouv' ont été mis à contribution par Frédéric Martin pour incarner les enquêteurs vedettes de la série américaine.

   Juste avant 19h, le même Frédéric Martin nous a offert deux publicités moulées à la louche, l'une pour une banque que nos impôts ont renflouée, l'autre pour un pseudo-fromage enveloppé de cire.

   Le journal qui a suivi fut mémorable. Parmi les sujets abordés, notons le "rodéo de la Toussaint", raconté par Jacky, l'ami du Nord sans complexe. De son côté, le père Albert s'est rappelé avec émotion sa période missionnaire au Congo, lorsqu'on l'a interrogé sur cet Américain qui paie pour se faire gifler quand sa concentration baisse. On a atteint le sommet quand il a été question de la nouvelle doyenne des Français. Celle-ci est devenue pensionnaire de l'Hospice des Vieux Glands, où elle a été dignement accueillie par un maréchal Ganache en grande forme.

   On a pu retrouver le militaire à la retraite après quelques chansons et l'entretien avec Philippe Geluck. Albert Algoud nous a livré une nouvelle version (épique) de l'origine de son incontinence fécale. Je ne vais pas en raconter les circonstances, mais sachez qu'en Inde on l'appelle désormais le maréchal Ganesh...

23:02 Publié dans Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, france, musique

mercredi, 24 octobre 2012

Beautés de la cathédrale

   Notre-Dame de Rodez est un peu comme certaines actrices anglo-saxonnes : la façade est perpétuellement en travaux. On pourrait d'ailleurs conseiller à leurs chirurgiens esthétiques d'aller observer le travail des artisans qui s'activent sur les échafaudages ruthénois.

   Il y a deux ans, on avait découvert d'anciennes inscriptions, situées sur la tour Sud, en hauteur. Aujourd'hui, les travaux se sont déplacés plus haut rue Salvaing. Le soleil illuminant l'auguste monument a attiré mon regard sur l'angle de la tour, donnant sur la place d'Armes :

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   Voici la gargouille, prise de côté, dos au Monoprix :

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   (A propos, a-t-on vraiment cru, à la mairie de Rodez, que le quartier de la cathédrale avait une chance d'être reconnu par l'Unesco avec la verrue du Monoprix juste à côté de l'édifice religieux ? Faut redescendre sur terre, les gars !)

   Revoici la même, prise de la place d'Armes :

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   Au départ, vu de loin, j'avais l'impression qu'il s'agissait d'une femme portant une cruche d'eau. Une fois la photographie agrandie, j'ai plutôt eu l'impression de me trouver face à un bourgeois (regardez sa perruque et ses habits) accroché à une bourse grande ouverte... un symbole de la cupidité ou de l'avarice, peut-être ?

   Sur la première image, à droite de la gargouille, vous avez sans doute remarqué un drôle d'écusson, que voici :

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   C'est le blason de la famille d'Estaing, dont l'un des membres, François, fut évêque de Rodez de 1501 à 1529. Il intervint pour faire construire le clocher de la cathédrale.

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   En remontant la rue Salvaing, une autre sculpture s'impose au regard :

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   Je la trouve magnifique. Admirez les détails, jusqu'aux pattes de l'être mi-homme mi-bête, qui pourrait être un moine paillard.

   J'espère que les gargouilles de la face nord de l'église, que le gel avait si curieusement mises en valeur en février dernier, seront restaurées avec le même talent.

samedi, 20 octobre 2012

Laguiole et le concours national Aubrac

   La politique locale et la polémique récente se sont invitées à la manifestation agricole. C'est le dimanche que les élus locaux sont venus montrer leur bobine sous le chapiteau. Ils s'agglutinaient autour d'André Valadier, dont certains espéraient sans doute capter une partie de l'aura (y a du boulot...).

   Ils en ont profité pour clamer leur amour de la petite région et leur solidarité avec le maire de Laguiole, ravi d'être l'objet de tant d'attentions. Du coup, la presse a finalement peu parlé du fond de la manifestation (la promotion d'une race rustique jadis vouée à la disparition) et l'on a (en général) plus vu les politiques que les éleveurs sur les photographies, à l'image de celle publiée dans le Bulletin d'Espalion de cette semaine :

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   Et voici ce que l'on pouvait voir dans La Dépêche du Midi de mardi dernier :

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   (Le quotidien toulousain me pardonnera cet emprunt : c'est pour la démonstration.)

   Vous ne rêvez pas. Il ne s'agit pas d'une "photographie soeur", à l'image de ce que l'on constate quand les différents journaux envoient leurs photographes sur le lieu d'un événement marquant : les prises de vue, bien que ressemblantes, sont légèrement différentes ; on sent même parfois qu'elles ont été prises à quelques secondes d'intervalle. Ce n'est pas le cas ici. L'un des deux organes de presse a utilisé les services de l'autre. Lequel ?

   Qu'en pensent les participants au concours ? Les journaux se gardent bien de le dire. Pourtant, le monde paysan pourrait servir de modèle à bien des égards. Cela fait déjà plus de 50 ans que le fromage Laguiole a obtenu son AOC (devenue AOP - au niveau européen - dès 1992). De leur côté, les éleveurs de bovins-viande ont créé le label rouge "Boeuf Fermier Aubrac" et ont récemment (2010) obtenu l'IGP pour le label "Fleur d'Aubrac".

   C'est cet exemple qui pourrait être suivi par les couteliers. Pour cela, il faudrait que des produits autres qu'agricoles (ou agroalimentaires) puissent obtenir une IGP (Indication Géographique Protégée). D'où la nécessité d'une loi (et d'une validation par l'Union européenne), ce que Gérard Galtier écrit depuis un petit moment dans Le Nouvel Hebdo (je le trouve néanmoins bien indulgent à l'égard de Gilbert Szajner).

   Viendra alors le moment de l'élaboration d'un cahier des charges. C'est là que de nouveaux problèmes pourraient surgir. Parmi les couteliers de Laguiole, combien fabriquent entièrement leurs produits sur place ? Quelle pourrait être la réaction de leurs homologues de Thiers, qui fournissent en pièces certains couteliers aveyronnais... mais qui ont délocalisé en Chine une partie de leur production ?

   La création d'une IGP (moins restrictive qu'une AOP) pourrait concilier les "Layolais 100 %" et ceux qui utilisent des pièces provenant de Thiers. Par contre, les couteliers du Puy-de-Dôme pourraient se voir interdire de vendre sous le nouveau label... En clair : on n'a pas fini de causer de cette affaire. Il faudra penser à ériger une statue à celui ou celle qui parviendra à élaborer un label qui concilie les intérêts de tous les (bons) couteliers du Massif Central.

   Et pourquoi pas un label "Laguiole MC" ?

jeudi, 18 octobre 2012

La pétroleuse, le couteau... et le bal des faux-culs

   Ces derniers temps, il a souvent été question du rachat des chaînes de la TNT du groupe Bolloré par Canal +. Reformatée, l'inintéressante "Direct 8" est devenue D8 (et "Direct Star" D17), renforcée par l'arrivée de quelques poids lourds (supposés) du petit écran. 

   Certains d'entre eux (des femmes) mènent la danse dans une émission d'infotainment baptisée "Le Grand 8". Au début du mois d'octobre, Audrey Pulvar a consacré sa chronique aux couteaux de qualité.

   Je ne suis pas parvenu à retrouver l'extrait de cette émission, naguère pourtant accessible sur la Toile. Au mieux, j'aboutis à ceci :

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   O surprise, d'après les personnes qui ont visionné la chose, la compagne de celui qui a en charge le rétablissement de la production industrielle nationale a fait l'éloge des couteaux allemands et... japonais. (Voilà qui la rapproche un peu du chef aveyronnais Michel Bras, qui prise lui aussi les produits nippons...) Rien n'a été dit de la production française, notamment celle de Thiers. (Je pense qu'il n'a hélas pas dû être non plus question de l'artisanat aveyronnais.)

   D8 étant une chaîne relativement confidentielle, l'information a mis du temps à se répandre. La grenade a fini par exploser, déclenchant l'ire des Auvergnats. On peut les comprendre. On peut aussi déplorer la grossièreté de certaines réactions. (Cherchez sur la Toile, vous serez édifiés. Certains gros aigris saisissent le moindre prétexte pour déverser anonymement leur bile...) Je dois avouer que, bien que ne partageant pas forcément les opinions de Mme Pulvar, j'ai apprécié sa réaction, qui, à l'inverse de la séquence de sa gaffe, est facilement accessible sur le net.

   Mais revenons aux couteaux de Thiers. Il en a été récemment question dans un article du Monde, sous la forme d'un billet du blog d'un journaliste basé en province. Si Jean-Baptiste Chastand titre son papier "A Thiers, fleuron fané de la coutellerie française, le grand désarroi des ouvriers",  l'article est consacré à l'ensemble du secteur industriel. Cependant, vers la fin du billet, on peut lire ceci :

"Les Thiernois ont choisi pour maire un chef d'entreprise, héritier d'une lignée familiale de fabricants de couteaux. Même si, comme tous ses concurrents, Thierry Déglon a délocalisé une partie de sa production en Chine, il affirme un optimisme qui détonne."

   Or, personne n'a relevé cet élément. S'agirait-il d'une erreur ? Eh bien, non ! J'ai retrouvé un article datant du 28 mai 2005 (accessible ici), dans lequel les choses étaient déjà clairement dites :

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   On peut en obtenir confirmation dans un entretien accordé par le maire de Thiers, en 2010, à un magazine auvergnat :

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   La démarche de certains couteliers locaux pourrait néanmoins inspirer leurs homologues aveyronnais. Il y a quelques années, ils ont créé un label ("Esprit de Thiers"), qui repose sur une charte de qualité. Je n'ai pas réussi à accéder au texte de la charte. C'est le savoir-faire qui est semble-t-il mis en valeur. La fabrication en France est-elle imposée ? Je ne le sais pas.

dimanche, 14 octobre 2012

Kikicé ?

   Mais de quel individu peut-il s'agir ?

Enculix 13 10 2012.jpg

   La réponse quelque part dans le dernier numéro de Made in Groland :

   http://www.tv-replay.fr/redirection/13-10-12/groland-con-canalplus-10418380.html

 

   http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid1787-c-groland.html

samedi, 13 octobre 2012

Aveyron : le temps de la terre (1950 - 1960)

   C'est le titre d'un livre événement, sorte de compilation de magnifiques photographies en noir et blanc, prises par Jean Ribière au coeur de ce qu'on a appelé "les Trente Glorieuses" :

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   Marie-Claude Dupin-Valaison signe les légendes (souvent très pertinentes) d'un florilège classé en quatre thèmes.

   Une large place est consacrée à l'ensemble des activités agricoles. Fait remarquable, le rôle des femmes est particulièrement mis en valeur, à l'image de cette vachère tricoteuse, placée en introduction :

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   Un peu plus loin, l'intégralité de la photographie nous est proposée... et l'on se rend compte à quel point le cadrage peut changer le sens d'une image :

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   L'auteure pose cette grave question : le chien est-il en train de s'abriter du soleil ou de soulager une envie pressante ?

   Dans cette première partie, titrée Le Temps des campagnes, j'ai aimé la représentation des travaux des champs, à l'ancienne. On se croirait dans Farrebique, l'excellent documentaire-fiction de Georges Rouquier. Au détour d'une page, on découvre une scène surprenante, avec là encore une femme :

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   Cette photographie a été prise à Réquista. On pourrait donc croire que la paysanne transporte du lait de brebis à la laiterie. La légende précise cependant qu'il s'agit de lait de vache, ce que la forme du bidon semble confirmer.

   Un peu plus loin, toujours dans l'esprit de Farrebique, on voit un vieil agriculteur se coupant une tranche de pain.

   On les attendait... et elles finissent par arriver. Je veux bien entendu parler des vaches Aubrac, héroïnes d'une scène particulièrement attendrissante :

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   On en revoit à plusieurs reprises, notamment dans la troisième partie du livre, où une photographie illustre une scène de traite, avec une explication très pédagogique de la marche à suivre pour que la mère Aubrac livre son lait.

   La deuxième partie est titrée Le Temps des foires et des marchés. Plusieurs figures émergent de ce tableau commercial, à commencer par le marchand de cordes :

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   La légende précise qu'il est cantalien... et l'on remarque la fascination que son activité semble exercer sur une petite fille, placée en bas à droite de l'image, un peu comme le chien dont il a été question plus haut. Ce photographe avait visiblement un sens du cadrage très développé. On peut voir dans cette pratique une sorte de préfiguration du tic adopté par certains dessinateurs (Gotlib, Plantu), qui ont pris l'habitude de disposer dans un coin de leurs oeuvres un petit personnage donnant du sens à l'ensemble.

   Un peu plus loin nous est proposée une (reconstitution de) scène de négociation entre un maquignon et un éleveur. Paradoxalement, les deux donnent l'impression d'avoir fait une bonne affaire...

   Etonnante est cette autre image, assez mystérieuse de prime abord :

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   Il s'agit d'une vue de l'arrière de la voiture d'un boulanger !

   On passe ensuite à la troisième partie, titrée Le Temps de l'artisanat et de l'industrie. On retrouve les vaches Aubrac dans le cadre des burons, avec un descriptif des étapes de la fabrication du fromage Laguiole. En contrepoint est proposée une série d'images du Larzac, des troupeaux de brebis à l'affinage du Roquefort. Les cabanières ne sont pas oubliées.

   Une bouffée de nostalgie nous saisit ensuite lorsque l'on se retrouve face aux images du travail de ganterie, à Millau. On réalise à quel point le monde a changé :

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   Eh non, il ne s'agit pas d'un atelier travaillant pour un parti fascisant, adepte du bras tendu !... L'étape représentée ici est le repassage, grâce à la "main chaude", une matrice métallique comportant quatre doigts, sur laquelle était enfilé le gant.

   Cette séquence est suivie d'images pittoresques, comme celle d'un élevage de truites à Laguiole (qu'un lecteur inattentif pourrait prendre pour une station d'épuration). Impressionnante est aussi cette photographie d'un casseur de pierres du Nord Aveyron, plus forte encore que celle du barrage de Sarrans. Incontestablement, c'est le travail des hommes que Jean Ribière a voulu mettre en valeur.

   La quatrième partie, titrée Le Temps de la fête et de la foi, nous offre notamment des scènes champêtres : certaines messes avaient lieu en plein air. On y découvre aussi les Aveyronnais s'amusant, comme ces danseurs de la place du Taureau, à Laguiole :

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   L'auteure de la légende présume qu'au pied du tas de vêtements se trouve un magnétophone ou l'un des premiers postes à transistor, qui diffuse la musique sur laquelle évoluent les couples.

   Originale est aussi la photographie de ces pêcheurs, quasiment placés au pied du Vieux Palais d'Espalion, vu en contre-plongée.

   L'ouvrage s'achève sur une note optimiste, avec ce garçon au caneton, très poétique :

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   Alors, n'hésitez pas à acheter ce livre. Il fourmille d'images passionnantes, de bien meilleure qualité que les reproductions qui figurent dans ce billet.

   Il coûte 25 euros. Il est publié aux éditions du Rouergue... mais a été imprimé en Italie (à Vérone) !

mercredi, 10 octobre 2012

"Ceux qui ont le pouvoir à Rodez"

   Sous ce titre pompeux se cache un "décrochage régional" du mensuel d'information économique L'Expansion, couverture accrocheuse à la clé :

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   Que les Ruthénois qui croient que le chef-lieu aveyronnais fait la une de la presse nationale redescendent immédiatement sur terre : cette couverture est à destination locale. La majorité de nos concitoyens s'est retrouvée face à ceci :

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   En consultant le sommaire en ligne, on peut vérifier (page 2) que plusieurs régions ont bénéficié du même traitement :

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   Nous avons eu récemment une autre déclinaison de ce procédé, avec l'hebdomadaire L'Express, qui a consacré un encart à la polémique qui entoure l'installation d'éoliennes dans la région :

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   La couverture officielle était celle-ci :

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   Les 7 petites pages consacrées au dossier local, pour intéressantes qu'elles fussent, étaient noyées dans un océan de médiocrité. Je n'avais pas lu cet hebdomadaire depuis un petit moment... et je reconnais que je ne risque pas de l'acheter avant longtemps, tant les articles m'ont paru superficiels.

   Signalons que L'Expansion et L'Express appartiennent au même groupe (Roularta). Aurait-on mutualisé les compétences pour sortir, à un mois d'intervalle, deux dossiers enracinés dans la même région ? En tout cas, cela doit payer, puisque L'Express renouvelle ainsi une expérience tentée l'an dernier, avec le maire de Rodez en vedette, à l'époque.

   Toujours est-il que le mensuel contient plus de fond que son grand frère hebdomadaire. Ainsi, le numéro d'octobre propose :

- une enquête plutôt favorable au gaz de schiste (vu du côté américain)

- un article sur l'évolution du secteur automobile, accompagné d'un autre sur la réussite de Dacia

- un coup de projecteur sur le guayule, source d'une gomme naturelle promise à un grand avenir

- une étude sur la Camorra

   On est d'autant plus déçu quand on arrive aux pages "aveyronnaises". On nous propose une suite de classements de "gens qui comptent" (chefs d'entreprise, scientifiques, politiques, familles), sans qu'on sache sur quels critères les positionnements ont été effectués. Du coup, on est en droit de soupçonner un concours de doigts mouillés... bref, un truc pas scientifique pour deux sous... avec des risques de copinage.

   J'ai ainsi été très surpris de ne retrouver Albert Weitten (le futur ancien patron de l'usine Bosch, implantée aux confins de Rodez et d'Onet-le-Château) qu'en huitième position du classement des chefs d'entreprise.

   Du côté des politiques, on n'a pas pris de risque en plaçant en tête Christian Teyssèdre et Jean-Claude Luche. Certains s'étonneront peut-être que le petit paragraphe consacré au président du Conseil général contienne la mention de l'endettement du département : 175 millions d'euros (chiffre qui figure dans la tribune publiée par l'opposition de gauche dans le numéro de juillet 2012 du magazine L'Aveyron).

    Pourtant, que ce soit en valeur comme en moyenne par habitant, la dette aveyronnaise ne fait pas du département l'un des plus mauvais élèves. (Il est un peu au-dessus de la moyenne : il s'en sort un peu mieux que les autres.) C'est l'évolution récente qui est inquiétante. En 2009, si l'on se fie aux chiffres publiés naguère par Capital, l'endettement s'élevait à environ 131 millions d'euros. Entre 2009 et 2011 (en deux ans, donc), il aurait progressé d'environ 33 %, alors qu'entre 2001 et 2009 (en huit ans), il avait progressé de presque 37 %.

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   Le début de la présidence de Jean-Claude Luche (qui a pris les rênes du Conseil général en 2008), crise et transfert de compétences obligent, se révèle aussi déséquilibré que les dernières années du règne de Jean Puech, qui a ceci dit bénéficié de conditions plus favorables que son successeur.

   Ceux qui pourraient trouver choquant qu'un mensuel de la bienséance économique semble préférer le centre-gauche "moderne" à une droite modérée traditionnelle seront rassurés par le portrait de Bernard Saules, qui a des airs de cirage de pompes.

   Le nouveau conseiller général (qui fait quoi à l'assemblée départementale, au fait ?) et conseiller municipal d'opposition (qui redécouvre les plaisirs du siège au fur et à mesure que les échéances électorales se rapprochent) est présenté comme une sorte de vigie de la gestion municipale socialiste. Il pointe l'absence de "vraie politique pour l'enseignement supérieur", alors que la majorité départementale à laquelle il appartient a torpillé la cogestion qui fonctionnait jusque-là avec l'agglomération ruthénoise. Il a aussi le culot de déplorer le retard pris en matière d'aménagements routiers (au niveau de Rodez), alors qu'on ne peut pas dire que le Conseil général (dont dépendent certains tronçons) fasse quoi que ce soit pour décongestionner les grands axes qui desservent le chef-lieu aveyronnais. Au passage, le mensuel nous apprend que M. Saules aurait mis fin à son activité professionnelle principale (il est présenté comme un "ancien cadre bancaire")... une info à confirmer, tant le monsieur a pris l'habitude de cumuler les activités diverses.

   Bref, si ce numéro de L'Expansion réserve de bonnes surprises à ceux qui s'intéressent à l'économie, il accumule les poncifs dans son palmarès des élites locales.

dimanche, 07 octobre 2012

Double dose de "Charlie Hebdo"

   On peut encore trouver dans les kiosques un drôle de numéro de Charlie Hebdo, paru le mercredi 26 septembre, une semaine après celui qui a tant fait polémique. En fait, deux numéros ont été publiés (et vendus au même prix... il n'y a pas de petits profits) ce jour-là, l'un qualifié de "responsable", l'autre d' "irresponsable" :

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   Le "journal responsable" est en grande majorité blanc, les caricatures ayant été auto-censurées, à l'image de ce qu'on voyait dans la presse au cours de la Première guerre mondiale, après le passage par les bureaux de la censure :

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   Mais il y a eu du travail au niveau des textes d'accompagnement. Ce ne sont évidemment pas les véritables titres et commentaires qui figurent dans ce numéro, mais des détournements, par exemple page 4 :

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   Au lieu de brocarder les politiques, l'hebdomadaire satirique "responsable" les remercie. L'économiste maison relaie le discours dominant et, cerise sur le gâteau, une information indispensable est fournie en haut de page : le résultat du tiercé ! Page 13, dans la rubrique "Culture", c'est le tirage du loto qui nous est donné. Je regrette que les rédacteurs n'aient pas songé à nous proposer un horoscope bidon (pléonasme).

   Page 6, on reconnaît la "patte" d'Antonio Fischetti dans la rubrique scientifique "L'empire des sciences", qui n'aborde que des sujets de fond :

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   La double-page centrale est occupée par un autre dossier de poids : "Fallait-il montrer les seins de la reine d'Angleterre ?". Deux points de vue s'opposent, celui d'Alain Finkielkraut ("Qu'aurait répondu Hannah Arendt ?") et celui d'André Glucksmann ("Le silence assourdissant d'Heidegger sur la question me trouble"). Rappelons que ce sont deux des têtes de Turc privilégiées du journal. (Précisons que la formule à propos d'Heidegger fait allusion à ses sympathies nazies.)

   Face à cela se dresse le numéro "irresponsable", qui continue son oeuvre de caricature. On n'y trouvera cependant que très peu de dessins dénigrant l'intégrisme musulman. C'est le catholicisme et le Front national qui sont les principales cibles des dessinateurs. Je dois avouer que la caricature (par Luz) des propos du cardinal Barbarin m'a bien fait rire :

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   Mais c'est sans doute Catherine qui a été la plus pertinente, avec sa réflexion sur Marine Le Pen en nouvelle disciple (gênante) de la laïcité :

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   Les textes parus dans l'hebdomadaire satirique du 26 septembre répondent à la polémique, en particulier à ceux qui ont accusé Charlie Hebdo d'en faire trop, de mettre de l'huile sur le feu. On sera plus ou moins convaincu.

samedi, 06 octobre 2012

Le Magasin des suicides

   Patrice Leconte se lance dans l'animation, avec une équipe internationale (française notamment). Attention, attention : il ne s'agit pas d'un dessin animé pour enfants. C'est fait pour des adultes et des ados pas coincés du bulbe. (Dans la salle où je me trouvais, un papa a fini par sortir avec le garçon qu'il avait imprudemment emmené voir ce film.)

   On pourrait le comparer à Mary et Max. La presse y a vu un décalque de certaines œuvres de Tim Burton. Les références sont plutôt à rechercher du côté de la Famille Adams.

   Je recommande tout particulièrement la séquence introductive et le générique de fin. La première donne le ton du film, qui baigne dans l'humour macabre. En même temps, elle est conçue de manière assez virevoltante : un pigeon dépressif survole une ville polluée, croisant en route plusieurs humains qui mettent fin à leurs jours... Quant au générique de fin, je l'ai trouvé gé-nial. C'est... comment dire... conceptuel ! Je vous laisse le plaisir de le découvrir.

   Entre ces deux moments marquants, on a deux films. Les trois premiers quarts d'heure sont dominés par le glauque et le saugrenu. Il faut aimer le genre. J'ai ri, souvent. Les situations sont renversées (le père -prénommé Mishima... devinez pourquoi- pousse son dernier fils à fumer... espérant hâter sa mort) et les dialogues fourmillent de jeux de mots (du genre "Vous n'en reviendrez pas !", de la part de la vendeuse à un client suicidaire). Je trouve excellente la trouvaille du commerce de la mort (que l'on doit à Jean Teulé, auteur du roman dont est adapté le film).

   Le dernier tiers du film est moins convaincant. Il est plus mièvre, mais aussi porteur d'espoir. Je pense qu'on a voulu éviter de conclure de manière trop sombre.

   L'ensemble est servi par une animation de qualité, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là. Certes, on n'atteint pas la virtuosité des productions Pixar, mais on reste dans un style très "français", comme dans Les Triplettes de Belleville ou L'Illusionniste. La 3D apporte de la profondeur de champ. Certaines scènes sont particulièrement réussies, comme celle qui voit un couple quitter le magasin tard le soir, la grille se refermant derrière eux... et même sur eux, à cause du reflet de l'éclairage. J'ai aussi en mémoire une scène de bulles, à la fois marrante et onirique, et un enchaînement de très bon goût entre une démonstration de maniement de sabre et un couteau s'attaquant à une motte de beurre.

   Ce film mérite vraiment le détour.

   P.S.

   Le site internet est sympa (mais le son pas terrible).

21:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 02 octobre 2012

De l'aligot à l'hospice des Vieux Glands

   Pour connaître la solution de l'énigme, il faut écouter l'émission "La Morinade" du lundi 1er octobre, accessible sur le site du Mouv'. Dans la deuxième partie du programme est intervenu l'inénarrable Albert Algoud, qui a successivement incarné le Père Albert et surtout le Maréchal Ganache, pensionnaire d'un célèbre hospice.

   Voici un extrait :





lundi, 01 octobre 2012

Un collégien journaliste à "La Dépêche du Midi" ?

   Je me suis posé la question, ce matin, lorsque j'ai lu un article consacré à une compétition de rugby opposant des jeunes de nationalités différentes : Top 12 : Argentins et Sud-Africains sont arrivés (à Rodez).

   Ecrit dans un style alerte (et signé), ce papier n'en est pas moins truffé de fautes de français, ainsi que je me suis plu à le faire remarquer sur le site internet du quotidien. Voici ce que cela donne quand on met celles-ci en valeur :

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   Dans le premier paragraphe, nous avons droit à une belle rupture de syntaxe, la deuxième partie de la phrase étant orpheline d'un verbe principal. Du coup, cela devient presque compliqué à lire.

   Le début du paragraphe suivant voit un "se" remplacer un "ce". Plus loin, on sent que l'auteur de l'article était à la recherche d'une expression consacrée. Etait-il installé sur un mini-canapé (style clic-clac) ? Toujours est-il que le "claquement de doigts" a été quelque peu amputé. Le paragraphe se termine sur une autre phrase sans verbe principal.

   La suite du texte nous offre deux expressions impropres. Il aurait fallu écrire que les Sud-Africains (avec un tiret, a priori) ont contribué à ranimer la flamme et que si les Argentins ont assisté à un entraînement de rugby, c'était à l'invitation du coach du Racing. Un esprit pointilleux rétablira l'accent circonflexe de "côté".

   Est-ce la fatigue ? Les maladresses de construction s'accumulent en fin de texte. Mais le comble est atteint avec un morceau de phrase incompréhensible : "je souhait unanime était un lit douillé". Voilà de quoi laisser perplexe un ancien judoka français... On termine par une floppée d'erreurs bêtes, la plus croquignolesque étant sans conteste la "grâce matinée". Grasse soit rendue au matelas douillé !

   Je reconnais que ce que je viens de faire est assez facile. Mais, tout de même... cela fait beaucoup de fautes pour un modeste article. Je me suis demandé qui pouvait bien être ce journaliste, qui avait signé de ses initiales "J-M N". Je n'ai pas trouvé trace de lui (je pense que c'est un Jean-Marc ou Jean-Michel Kekchose) dans la liste des rédacteurs du quotidien.

   C'est alors que je me suis souvenu d'une conversation que j'ai eue naguère avec une personne qui connaît un peu le milieu journalistique. Un jour que je râlais contre la médiocrité de certains articles de la presse locale, il me dit :

- Voyons, Riton ! Tu devrais savoir que la presse locale emploie peu de vrais journalistes ! Beaucoup d'articles sont écrits par des correspondants, même s'ils sont retouchés après. Pire : certains papiers sont fournis "clés en mains" par divers interlocuteurs du journal (entreprises, associations, syndicats...). Après, c'est du copié-collé ! Ne t'étonne pas d'y lire un peu tout et n'importe quoi.

   Si je suis ce raisonnement, l'article incriminé aurait été écrit par l'un des adultes encadrant ces jeunes rugbymen étrangers.