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jeudi, 31 mars 2016

The Assassin

   Je pense que l'on peut aborder ce film de deux manières extrêmement différentes : soit, de crainte de n'y rien comprendre, on se renseigne un maximum avant la séance, et, durant celle-ci, l'on s'efforce de suivre attentivement les méandres de l'intrigue politique, soit on décide de ne pas chercher à tout comprendre et l'on se laisse porter par la mise en scène et l'interprétation.

   Il est vrai que cette histoire de rébellion n'est pas présentée de manière limpide. Il en est de même du versant sentimental, jusqu'à ce qu'une scène d'exposition un peu plan-plan ne vienne éclaircir la lanterne des spectateurs lambdas... au bout de trois quarts d'heure. S'ajoutent à cela une crise de couple, sur fond d'intrigues de cour... et diverses péripéties pas toujours compréhensibles. Comme, de surcroît, plusieurs personnages (féminins et masculins) se ressemblent physiquement, vous réalisez quel peut être le désarroi des spectateurs un peu mous du bulbe (ou tout simplement fatigués par une journée de boulot).

   Malgré ce refus de la simplicité de Hou Hsiao Hsien, il reste les images magnifiques, les plans brillamment construits, certains mouvements de caméras comme d'acteurs étant orchestrés avec brio, en particulier lors des affrontements au sabre et au poignard.

   Il faut souligner le talent de ces acteurs, sans doute formés au théâtre, en particulier Shu Qi, sorte de samouraï chinoise vouée à la solitude et à la mélancolie... mais combattante redoutable qui, malgré son tout petit couteau, met leur race à toute une floppée de mâles un peu trop fiers de leurs grands sabres dressés....

   Au-delà du plaisir que l'on éprouve à visionner cette oeuvre contemplative, il y a l'intérêt de pouvoir suivre plusieurs grilles de lecture. Au premier degré, ce n'est que la mise en images d'un drame historique. En réalité, c'est bien plus que cela. Je regrette quand même le rythme un peu trop lent.

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mercredi, 30 mars 2016

"Le Monde" coquinou

   Je fais partie des lecteurs du "quotidien de référence" qui apprécient modérément le supplément magazine du samedi. Celui-ci est essentiellement constitué de publicités tape-à-l'oeil pour des produits moches et chers. Sont intercalés des articles d'intérêt extrêmement variable. Parfois, ce sont des entretiens lèche-cul, parfois, ce sont des reportages originaux. Du coup, en général, je survole les pages en papier glacé, réservant mon attention au véritable contenu rédactionnel, celui imprimé sur les feuilles pourries qui tachent les doigts.

   Ce week-end, en mettant un peu d'ordre dans les vieux journaux avant de les apporter à la borne dédiée, je me suis replongé dans certains exemplaires, dont le magazine du samedi 12 mars 2016. Je suis retombé sur des photographies de mode d'un Japonais excentrique qui, dans la plupart de ses clichés, avait associé des objets anodins ou des poupées démembrées à des accessoires de mode. L'une des photographies faisait exception : on pouvait y voir un sac à main sans doute onéreux, que l'on pourrait qualifier de bien membré :

presse,médias,journalisme

dimanche, 27 mars 2016

Médecin de campagne

   Avec l'instituteur laïc, le facteur à vélo, le pompier volontaire et l'employé d'EDF, le médecin de campagne fait partie de la mythologie républicaine française. Thomas Lilti, auquel on doit notamment Hippocrate, rend hommage à cette espèce en voie de disparition, en s'appuyant sur l'excellent François Cluzet, épaulé par Marianne Denicourt et une brochette de seconds rôles plus vrais que nature.

   Le cinéaste, qui a une formation médicale, a visiblement tenu à ce que les scènes d'auscultation soient irréprochables sur le plan du réalisme. Je pense donc ne pas être le seul spectateur à avoir revécu par écran interposé des moments passés dans un cabinet (ou à domicile) comme patient ou en compagnie d'un-e proche.

   C'est filmé avec une empathie évidente, une bienveillance qui débouche sur des instants d'humour ou d'émotion, sans voyeurisme aucun. Par contraste, les scènes d'extérieur procurent parfois d'appréciables bouffées d'oxygène, avec ces vues de la campagne normando-francilienne.

   Le scénario est de plus riche des thématiques abordées. Il y a bien sûr la désertification rurale, avec la disparition progressive des services privés et publics de base. Les habitants de ce bout de France abandonnée sont très dignes, bien que pas trop photogéniques. On y est un peu plus gros que la moyenne, un peu moins riche, un peu moins diplômé... un peu plus vieux aussi.

   C'est donc aussi un portrait social d'une France d'en-bas, celle de petits Blancs ruraux qui cachent leurs problèmes et vivotent à côté du monde moderne qui brille de mille feux. Habilement, le film pose aussi la question de la place des femmes dans cet univers. Les mentalités sont encore très patriarcales... même chez les jeunes. Il n'est donc a priori pas facile pour une doctoresse de s'imposer, surtout quand celui qu'elle supplée est un modèle de dévouement à ses paroissiens patients. Marianne Denicourt est formidable dans le rôle de cette ancienne infirmière citadine, un peu abîmée par la vie (et la chirurgie esthétique...), qui tente de refaire sa vie dans ce coin de l'Hexagone où l'animation du siècle est une soirée country, un peu à l'image de celle que l'on a pu voir dans Les Cowboys.

   Et puis il y a ce médecin exemplaire, nouvelle incarnation du cordonnier mal chaussé, puisqu'il découvre qu'il est atteint d'une tumeur cérébrale. Evidemment, il va vouloir le cacher à son entourage. Evidemment, il va être aidé un peu malgré lui. Evidemment, la relation au départ tendue avec sa remplaçante va progressivement s'adoucir. Mais cela ne va pas se faire sans mal.

   Entre ces deux points, on aura suivi les missionnaires médicaux dans leurs aventures quotidiennes et d'autres, plus exceptionnelles. Cela donne un "beau" film, plein d'humanité. Si l'humour domine dans la première partie, l'émotion l'emporte dans la seconde. Certains trouveront peut-être cela "cucul-la-praline", mais, moi, j'ai marché.

23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 25 mars 2016

Je ne suis pas un salaud

   Emmanuel Finkiel est un réalisateur un peu à la marge du monde du cinéma. Il ne cherche pas à tourner à tout prix et aborde des sujets d'une grande diversité. Je l'avais découvert en 1999 avec l'étonnant Voyages. Dans Je ne suis pas un salaud, il se place dans la continuité du "film français soci(ét)al", qui a repris de la vigueur l'an dernier, avec des oeuvres comme La Loi du marché, Jamais de la vie ou encore Fatima. En remontant un peu plus dans le temps, on tomberait sur Le Couperet (de Costa-Gavras), De bon matin (avec Jean-Pierre Darroussin) ainsi que certains des films de Laurent Cantet, Ressources humaines et L'Emploi du temps.

   C'est dire qu'il n'est pas facile d'innover dans ce genre. Finkiel y parvient, d'abord parce qu'il a un sujet, inspiré d'une histoire vraie (qu'il a retouchée dans un sens que je me garderai de révéler). L'intrigue est servie par une brochette d'acteurs au poil, les seconds comme les premiers rôles. On ne peut pas ne pas souligner la performance des deux principaux interprètes, Mélanie Thierry et Nicolas Duvauchelle. Ils se sont glissés avec une facilité déconcertante dans la peau de deux "petits Blancs", que nombre de spectateurs ont déjà dû croiser dans la vraie vie.

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   Eddie est un trentenaire au chômage. Il voudrait travailler dans la vente mais, franchement, il n'a pas trop le sens du contact. De plus, en dépit d'un physique plutôt avenant (sur lequel il a dû beaucoup se reposer dans sa jeunesse), il présente plutôt mal... et, au moins à une reprise, on sent que les nombreux tatouages qu'il porte le desservent dans sa quête d'emploi valorisant. Ajoutez à cela un penchant assez prononcé pour l'alcool et, vu de l'extérieur, pas grand monde ne s'étonnera de sa situation précaire. Pourtant, lui voit les choses d'une tout autre manière. Il se sent victime d'injustices.

   Il a quand même conscience d'avoir un peu "merdé" avec son épouse, qui s'est séparée de lui. Karine est une mère célibataire comme on en rencontre au détour d'une grande surface. Elle exerce un métier  qui n'a pas nécessité de longues études, mais elle est sérieuse, motivée, agréable avec la clientèle. Elle a de l'avenir dans sa boîte... et même plus qu'elle ne l'imagine, puisque son patron éprouve sans doute plus que de l'estime pour elle.

   L'agression dont est victime Eddie va changer sa vie. C'est d'abord une soirée qui se termine mal, avec la "rencontre" d'une bande de délinquants issus d'une cité voisine. Au réveil, à l'hôpital, le "héros" constate qu'on le traite avec douceur et respect, chose qui ne lui arrivait plus dans la vie quotidienne. Il va considérer cette agression comme sa bouée de secours, un tremplin pour récupérer son épouse, un travail régulier et peut-être des dommages et intérêts. Mais, pour cela, encore faudrait-il que ses agresseurs soient retrouvés et condamnés.

   L'intrigue bascule en même temps que la vie d'un autre jeune homme est chamboulée. Ahmed est sur le point de se mettre en ménage avec sa charmante copine. Bien qu'issu d'un quartier difficile, il a réussi sur le plan professionnel et décroché un CDI. Il est même montré en exemple à d'autres... et c'est lui qu'Eddie désigne comme étant l'un de ses principaux agresseurs.

   Nous voici donc partis pour plus d'une heure de tension. On a mal pour ces personnages qui gâchent parfois bêtement leur vie... et l'on se demande comment tout cela va se terminer. Notons que la musique se marie parfaitement aux images. Elle est l'oeuvre d'une artiste que je ne connaissais pas : Chloé.

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mercredi, 23 mars 2016

Seul contre tous

   Le "rêve américain" est au coeur de cette histoire vraie, celle d'un médecin nigérian émigré aux Etats-Unis, amoureux de sa seconde patrie, d'une indécrottable conscience professionnelle, et dont le travail va contribuer à dévoiler certains aspects peu reluisants du sport-spectacle d'outre-Atlantique.

   Le scénario entremêle habilement les intrigues. On suit avec plaisir ce médecin africain tiré à quatre épingles, qui parle aux cadavres qu'il autopsie (comme Ducky dans NCIS) et écoute de la musique noire grand public pendant qu'il charcute méticuleusement ses "clients". Du côté de sa vie privée, on sent que c'est le calme plat... jusqu'à ce qu'une ravissante immigrée kényane ne surgisse à la sortie d'une église.

   Mais le coeur de l'histoire est constitué par sa découverte progressive des ravages provoqués par la pratique intensive du football américain. On les voit d'ailleurs dès le début, à travers le personnage de l'ancienne gloire des stades Mike Webster, un géant au crâne et aux doigts déformés, prématurément vieilli. Dans le rôle, David Morse est sensationnel. On peut en dire autant des acteurs qui incarnent les autres éclopés de la vie que sont les anciens joueurs vedettes. Quant à Will Smith, il assure, étonnamment sobre.

   Commence alors une lutte du pot de terre contre le pot de fer. C'est l'occasion pour le héros de vérifier quels sont ses vrais amis. On prend aussi conscience du pouvoir économique de la Ligue de football américain. Le film invite les spectateurs à se demander qui est authentiquement américain : les défenseurs de ce sport identitaire (et, n'ayons pas peur de le dire, sans intérêt) ou l'étranger insensible à la beauté du spectacle qui dénonce le non-respect des valeurs fondamentales.

   C'est globalement assez prenant. Mais la réalisation est d'un classicisme limite ennuyeux. Toutefois, par instants, une scène tranche par son intensité dramatique (avec les anciens joueurs) ou, plus rarement,  par son inventivité formelle (pour démontrer les effets des chocs subis pendant les matchs).

 

ATTENTION : LA SUITE DEVOILE LA FIN DE L'HISTOIRE

 

   Si le docteur Omalu finit par faire reconnaître la validité de son diagnostic, le milieu sportif échappe à la remise en cause qui pourtant semblait s'imposer. Ainsi, Seul contre tous ne suit pas la trame convenue du combat douloureux qui s'achève par le triomphe du héros. Le football américain reste un sport ultra-violent, qui détruit à long terme la santé de ceux qui le pratiquent à haute dose.

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samedi, 19 mars 2016

10 Cloverfield Lane

   C'est à cette adresse que va se dérouler une grande partie de l'histoire qui nous est contée. C'est à la fois un huis-clos, un thriller et (peut-être) une œuvre de science-fiction. Le mystère plane longtemps sur la réalité d'une attaque nucléaire ou d'une invasion extra-terrestre. On se demande aussi à quel point l'ancien militaire (incarné à la perfection par John Goodman) est givré, altruiste ou dangereux. C'est le grand talent de ce film que de ne pas se limiter à un genre cinématographique, laissant les spectateurs dans l'expectative.

   C'est d'abord un film de dialogues (parfois drôles), même si, à plusieurs reprises, ceux-ci sont absents de moments clés de l'intrigue. C'est donc un film d'acteurs, qui repose principalement sur les performances de John Goodman et de Mary Elizabeth Winstead, une illustre inconnue allez-vous me dire... sauf si vous avez vu Die Hard 4, dans lequel elle joue la fille rebelle de cette tête de lard de John McLane.

   Son personnage connaît d'ailleurs une évolution intéressante. Au départ, on nous présente Michelle comme une jeune femme fragile puis une victime. Petit à petit, elle va prendre de l'assurance, ses talents de styliste-couturière se révélant fort utiles à l'occasion. La dernière partie de l'histoire la voit passer un stade supplémentaire, que je me garderai de révéler.

   Le huis-clos, au fond du bunker, est parfaitement maîtrisé. Chapeau aux décorateurs ! La musique (parfois un peu trop présente) souligne les moments de tension, voire les suggère, se superposant aux dialogues. Le montage associe habilement les épisodes violents aux périodes de calme relatif, au cours desquelles il se passe pourtant tellement de choses...

   Mine de rien, on est pris par cette intrigue inhabituelle et, de temps à autre, on sursaute un peu. C'est un bon film de genre, pas trop long, idéal pour se changer les idées.

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jeudi, 17 mars 2016

Triple 9

   Prenez un scénario retors. Ajoutez de très bons acteurs-vedettes, suppléés par des seconds rôles chevronnés. Lardez de rebondissements. Aspergez d'un peu de sang. Assaisonnez d'une musique oppressante. Mélangez le tout. Secouez bien fort... et vous obtenez un excellent divertissement de soirée (pour adultes).

   Kate Winslet est presque méconnaissable en marraine du milieu russo-israélien, tout comme Chiwetel Ejiofor (qui a pris un petit coup de vieux depuis 12 Years a Slave). Casey Affleck fait oublier certaines prestations médiocres (comme dans le récent The Finest Hours)... même si j'ai souvent eu l'envie de lui claquer le beignet tant son personnage m'énervait à force de mâcher du chewing-gum. Quant à Woody Harrelson... il fait du Woody Harrelson... et il le fait bigrement bien.

   Côté action, on est servi. Cela commence par un hold-up dont on apprécie le caractère millimétré, avant qu'un petit détail ne vienne enrayer une machine au départ parfaitement huilée. C'est une mise en abyme, puisque l'intrigue est à l'image de cette péripétie : des individus opiniâtres et très bien organisés croient pouvoir tromper leur petit monde et arriver à leurs fins... Presque tous vont se faire rattraper par le destin.

    En attendant ces moments salvateurs, on suit avec intensité la police d'Atlanta de Los Angeles batailler contre les gangs, dans ce qui ressemble à une véritable guerre urbaine. J'ai été particulièrement marqué par l'intervention des flics dans un quartier interlope, où ils ne savent pas qu'un traquenard a été tendu à l'un d'entre eux. C'est de surcroît excellemment bien filmé.

   Et comme le scénario est hyper malin, j'ai été emballé. C'est l'une des bonnes surprises de cette fin d'hiver, comme l'ont été naguère Sicario et Equalizer.

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mercredi, 16 mars 2016

Saint Amour

   On m'avait déconseillé cette nouvelle œuvre du duo Delépine-Kervern... eh ben j'y suis zallé quand même ! J'ai gardé de bons souvenirs de Louise Michel, Mammuth et Le Grand Soir, même si ces films ne sont pas sans imperfection. On est un peu dans la même problématique ici, sauf qu'à la revendication sociale a succédé la recherche du bonheur, à travers la dégustation de pinard... et la baise.

   L'action démarre au Salon de l'agriculture, où l'on a sans doute tourné en prise directe, sans même avertir les visiteurs. Cette séquence inaugurale permet à ceux qui en doutaient d'être convaincus que Benoît Poelvoorde est l'un des plus grands acteurs de sa génération. Ici, il incarne un vieux garçon, fils unique d'un agriculteur veuf inconsolable (plus ou moins bien joué par Depardieu) et amateur de liquides fermentés. Les allées du Salon deviennent le théâtre d'une cuite mémorable, d'où le personnage de Bruno ne sort pas grandi. Mais Poelvoorde est aussi bon dans le pathétique que dans la gouaille. On sent que, par son engagement, il force un Depardieu un peu stoïque à rentrer dans le jeu.

   La suite est un pèlerinage œnologique à travers la France, en compagnie d'un chauffeur auto-entrepreneur limite tête-à-claques, très bien interprété par Vincent Lacoste. En chemin, l'improbable trio va faire d'étonnantes rencontres. Cela commence par une nuit chez l'habitant, que je ne peux pas raconter intégralement ici. Sachez que les héros sont reçus par le propriétaire, joué par un Michel Houellebecq plus dépressif que jamais... et un brin inquiétant ! C'est révélateur du style des réalisateurs : les saynètes sont construites de manière à nous emmener dans une direction, avant qu'une chute inattendue n'en change le sens.

   Cela se vérifie dans la séquence de la serveuse (pas la plus réussie toutefois) mais surtout celle de l'agence immobilière (avec Ovidie), qui commence de manière pitoyable pour Bruno/Poelvoorde, avant qu'elle ne prenne un tour invraisemblable... l'explication finale étant assez tordante.

   Les moments les plus poétiques sont peut-être ceux qui mettent en scène Depardieu et une veuve pas farouche (Andréa Ferréol épatante), qu'il rencontre à l'occasion d'un petit-déjeuner volé. Même le personnage du jeune chauffeur nous réserve quelques surprises, bien servi par un scénario qui sort des sentiers battus. L'apothéose est atteinte chez une étrange cavalière, qui se prend d'affection pour le trio de pieds-nickelés.

   Par contre, je regrette la mièvrerie de la fin. Il me semble avoir lu quelque part que les auteurs ont dû changer la conclusion de leur histoire (qui s'achevait au départ sur un suicide). Ils ont visiblement peiné à la réécrire. Mais l'ensemble mérite incontestablement le détour.

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samedi, 12 mars 2016

Les Innocentes

   Anne Fontaine est une réalisatrice au style particulier. Je l'avais découverte dans les années 1990, avec l'étonnant Augustin (sur un jeune homme quasi autiste). Dix ans plus tard, j'avais pu constater que son talent s'était affiné avec Entre ses mains (avec Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde). Dans Les Innocentes, elle s'attaque à un sujet délicat (et méconnu) : le viol de religieuses polonaises par les soldats de l'Armée rouge, à la fin de la Seconde guerre mondiale... et les conséquences.

   Cette coproduction franco-polonaise repose sur d'excellentes actrices (surtout polonaises). Celles qui incarnent les nonnes, enceintes ou pas, sont vraiment criantes de vérité. Elles font croire à leur personnage et elles nous font toucher du doigt le dilemme de ces jeunes femmes, vouées pour la plupart à la virginité et qui, non seulement ont perdu celle-ci, mais se retrouvent mères. Impressionnantes sont les scènes d'accouchement, dans lesquelles s'illustre aussi Lou de Laâge, la soignante française athée et sans doute communiste qui va se prendre d'affection pour ces incarnations d'une société conservatrice.

   Par contre, j'ai été moins convaincu par la prestation de Vincent Macaigne, pas totalement crédible en médecin juif revenu de tout. Ce personnage a au moins le mérite d'introduire un peu de rugosité dans une intrigue qui serait sinon un peu trop prévisible. On n'a pas cherché à en faire une victime, alors qu'il a perdu presque toute sa famille dans le génocide, et l'on découvre peu à peu que derrière le mec cynique se cache un homme sensible, capable d'altruisme.

   Les moments les plus forts n'en restent pas moins ceux tournés dans le couvent, un lieu éminemment cinématographique, dont la réalisatrice a su tirer pleinement parti. Dans la réalité, l'Eglise polonaise n'ayant pas autorisé le tournage dans un véritable couvent, c'est un monastère désaffecté qui a servi de cadre à cette histoire. (Les bénédictines polonaises ont d'ailleurs mal accueilli la sortie du film.) Par la rigueur de son cadrage et l'intensité qui se dégage de certaines scènes, Les Innocentes n'est pas sans rappeler Ida, l'un des éblouissements de l'année 2014 (et Oscar mérité du meilleur film étranger en 2015).

   Le résultat est une oeuvre poignante, faite d'amour et de rage, dans laquelle l'aspect documentaire finit par passer au second plan. On est captivé par cette aventure de femmes, jeunes et moins jeunes, polonaises et françaises.

   P.S.

   Les Polonaises ne sont pas les seules à avoir subi des viols massifs à cette époque. Les Allemandes en ont été tout autant victimes (par les soldats de l'Armée rouge). Sur le front Ouest, les GI n'ont pas été irréprochables non plus, même si, de ce côté, les crimes n'ont pas eu un aspect aussi systématique que dans les territoires "libérés" par les troupes soviétiques.

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vendredi, 11 mars 2016

Les Premiers, les Derniers

   Je me suis décidé à voir le film de Bouli Lanners, un réalisateur qui ne m'emballe pas particulièrement (je le préfère en acteur), notamment en raison de la présence d'Albert Dupontel au générique. Il est indéniablement l'une des attractions de cette fiction décalée, tournée dans le plat pays de la région Centre.

   Fort heureusement, d'autres très bons comédiens viennent compléter la distribution. Serge Riaboukine et Lionel Abelanski incarnent avec fougue les petits chefs d'une sorte de tribu rurale, tandis que Max von Sydow et Michael Lonsdale donnent une saveur particulière à l'activité de croque-mort et au logement chez l'habitant.

   Je signale aussi la qualité des personnages féminins, deux en particulier, incarnés par Suzanne Clément et surtout Aurore Broutin, excellente en jeune femme fragile, un peu attardée.

   L'intrigue est celle d'un polar. C'est évidemment un prétexte à péripéties plus ou moins improbables, du vol d'un téléphone portable haut-de-gamme à la découverte d'un cadavre momifié, en passant par la description de la solitude des temps modernes. Le scénario rend hommage à des "gens de peu", SDF, femmes de ménage, artisans, alors que nombre de films mettent en exergue des bourgeois bien installés, dont les affres existentielles sont censées nous faire vibrer au tréfonds de notre âme. C'est l'une des manières de comprendre le titre, inspiré de la fin du chapitre 19 de l'Evangile de Matthieu. On n'est donc pas très surpris de voir débarquer un dénommé Jésus (Philippe Rebbot), un Messie pas trop dans le moule : s'il possède bien des stigmates, il n'hésite pas à se servir d'un pistolet !

   Cela donne une oeuvre très personnelle, vraiment belle sur le plan formel, un peu triste au fond.

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jeudi, 03 mars 2016

Georges Rouquier sur France Inter

   Aujourd'hui, sur la radio publique, l'émission La Marche de l'histoire a rendu hommage au cinéaste héraulto-aveyronnais, notamment à travers ses oeuvres les plus connues, Farrebique et Biquefarre. Rouquier fut peut-être l'inventeur du documentaire-fiction, un genre qui ne connut pas le succès immédiat, mais qui était appelé à un grand avenir.

   L'émission a le mérite de revenir sur la vie d'un homme intègre, habité par son art, mais qui n'avait pas oublié ses racines paysannes. Rappelons que le mythique Farrebique fut tourné sur plus d'un an chez les cousins aveyronnais du réalisateur. D'abord exclu de la sélection du premier festival de cinéma de Cannes, en 1946, il a été projeté hors compétition et, devant la qualité de l'oeuvre, récompensé d'un prix créé pour l'occasion.

   L'animateur Jean Lebrun n'est pas qu'historien. Journaliste, il a jadis couvert la sortie du deuxième opus, Biquefarre. Il apporte son témoignage dans la suite de l'émission qu'il présente. Il semble toutefois hésiter quant à la prononciation du nom de la commune où se trouve la ferme (Goutrens) : on entend tantôt "Goutrince", tantôt "Goutrence". (C'est évidemment la première qu'il faut choisir.)

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   Son invité est l'universitaire Dominique Auzel auteur d'un chouette livre sur le cinéaste, publié aux éditions du Rouergue :

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   Ceux qui se sont déjà intéressés à la vie et à l'oeuvre de Georges Rouquier n'apprendront pas grand chose de l'émission. Pour les autres, elle sera peut-être l'occasion de découvrir des films remarquables. Les anecdotes  (aussi bien celles de Lebrun que celles d'Auzel) donnent de la couleur aux propos. J'en profite pour rectifier une erreur de Dominique Auziel : lors de la première projection de Farrebique à l'opéra de Paris, en 1947, le président du Conseil de l'époque était présent... et pour cause, puisqu'il s'agissait de Paul Ramadier (et non pas Georges), longtemps député de l'Aveyron et maire de Decazeville.

   P.S.

   Sur la commune de Goutrens a été construit un musée qui permet de mieux connaître l'oeuvre du cinéaste.