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samedi, 30 novembre 2019

Adults in the room

   Le titre reprend une formule utilisée par le personnage de Christine Lagarde. Dans l'histoire, celle qui est à l'époque directrice du FMI (aujourd'hui présidente de la BCE) fait office de Madame Loyale, autorité bienveillante qui tente de concilier les contraires... tout en restant du côté du manche. La formule fait allusion au manque présumé de maturité des hommes qui s'affrontent au cours des réunions ayant pour but de résoudre la crise grecque (en réalité les conséquences de la crise financière de 2007-2008 sur l'Union européenne).

   Costa-Gavras nous livre une oeuvre engagée, sous forme de théâtre politique. La musique, omniprésente, souligne les moments dramatiques, cocasses... et a peut-être aussi pour mission de pallier le manque d'action à l'écran. Bien que le film soit long (il dure plus de deux heures), je trouve que le résultat est globalement réussi, sur la forme.

   C'est dû à la qualité de l'interprétation, en particulier celle de Christos Loulis, incroyable de charisme en Yanis Varoufakis (le ministre des Finances grec). Le réalisateur fait la part belle à ce personnage, ce qui d'ailleurs fait perdre à son histoire une partie de sa crédibilité. Face à lui, il faut souligner la performance d'Ulrich Tukur en Wolfgang Schäuble, l'omnipotent ministre allemand, ancien rival d'Angela Merkel qui, bien que cloué sur un fauteuil roulant, terrorise la moitié de l'Eurogroupe. Si l'acteur est excellent dans le rôle, je trouve que la représentation du ministre allemand est plutôt caricaturale. On peut faire la même remarque à propos du président (de l'époque) de la BCE, Mario Draghi, un ex de Goldman Sachs qui, à l'usage, s'est révélé beaucoup plus subtil qu'on ne l'avait craint (et qui a sans doute grandement contribué à sauver l'euro... mais c'est peut-être justement là que le bât blesse pour certains abrutis de base).

   C'est pire encore concernant d'autres personnages majeurs : le Premier ministre grec lui-même, Alexis Tsipras, est dépeint en type mou et influençable. Costa-Gavras est trop dépendant de sa principale source (le bouquin de Varoufakis, qui a rompu avec son ancien partenaire de Syriza). Concernant les représentants français, les spectateurs hexagonaux qui ne sont pas nostalgiques de la présidence Hollande apprécieront de voir Michel Sapin (le ministre des Finances) caricaturé en hypocrite veule et Pierre Moscovici présenté en notable suiviste (avec une bonne composition d'Aurélien Recoing). Des flèches encore plus acérées sont destinées au président de l'Eurogroupe de l'époque, le ministre néerlandais des Finances (travailliste) Jeroen Dijsselbloem, présenté comme un type suffisant... et un véritable laquais de l'Allemagne. C'est là que l'on mesure (quand on connaît un peu le contexte) la partialité du film (et aussi du livre, je présume). Rien ne nous est dit des difficultés avec lesquelles se débat le gouvernement néerlandais, à l'époque, difficultés qui peuvent (en partie) expliquer l'attitude du ministre dans les réunions européennes.

   De manière générale, je trouve que le film porte d'énormes oeillères, se contentant de véhiculer le point de vue de Varoufakis, en passant très vite sur les errements des précédents gouvernements grecs (dont les élus de Syriza, qu'ils le veuillent ou non, doivent gérer l'héritage). Je trouve que les enjeux européens ne sont pas suffisamment expliqués. Ils auraient permis de comprendre l'attitude de certains des acteurs majeurs de ces négociations... mais cela aurait peut-être quelque peu diminué l'éclat de l'auréole varoufakienne.

   Au final, on se retrouve avec un film à la dramaturgie élaborée, mais très orienté.

   P.S.

   La séquence conclusive, qui comprend un ballet métaphorique, est complètement ratée.

vendredi, 29 novembre 2019

Joyeuse retraite !

   On ne va pas se mentir. C'est de la comédie française hyper-balisée, avec des clichés, des facilités, de la "gauloiserie"... et une fin prévisible, consensuelle. Néanmoins, le film n'est pas inintéressant, pour plusieurs raisons.

   La première tient à une actrice, qui vole la vedette aux deux têtes d'affiche (Thierry Lhermitte et Michèle Laroque, qui cachetonnent comme c'est pas permis). Je veux parler de Nicole Ferroni, plus connue comme chroniqueuse sur France Inter. Ici, elle incarne la fille des héros, une directrice d'EHPAD en pleine crise de couple, une battante qui tente de tout gérer au mieux.

   Au départ, on la découvre dans le personnage de Cécile, plutôt à contre-emploi. Plus loin, le scénario lui réserve un véritable moment de bravoure, dans une scène savoureuse avec la directrice d'école. Elle est un peu moins convaincante en épouse séparée qui se cherche, mais sa présence contribue grandement à l'intérêt du film.

   J'ai aussi apprécié quelques-unes des scènes centrées sur les grands-parents, notamment la période couvrant l'accueil de leur gendre (jusqu'à ce qu'ils croient en être débarrassés) et, surtout, la visite de la maison par une famille de potentiels acheteurs. Même si certaines scènes sont quelconques, même si les dialogues sont souvent poussifs, j'ai éclaté de rire à plusieurs reprises tant certains moments sont cocasses.

   C'est parfois joliment tendre, quand il est question de l'arrière-grand-mère, censée être mourante (Judith Magre, d'une revigorante énergie), ou quand les enfants sont à l'écran. Il y a même un soupçon de subtilité à propos du "départ" des personnes âgées, certains des protagonistes comprenant systématiquement ce terme au sens figuré (celui du décès), alors que deux des personnages ne pensent qu'à une chose : filer au Portugal !

   Voilà. Cela ne mange pas de pain. Au niveau de la réalisation, c'est très scolaire, avec une tendance à étirer inutilement certaines scènes. Mais on sort de là détendu.

Joyeuse retraite !

   On ne va pas se mentir. C'est de la comédie française hyper-balisée, avec des clichés, des facilités, de la "gauloiserie"... et une fin prévisible, consensuelle. Néanmoins, le film n'est pas inintéressant, pour plusieurs raisons.

   La première tient à une actrice, qui vole la vedette aux deux têtes d'affiche (Thierry Lhermitte et Michèle Laroque, qui cachetonnent comme c'est pas permis). Je veux parler de Nicole Ferroni, plus connue comme chroniqueuse sur France Inter. Ici, elle incarne la fille des héros, une directrice d'EHPAD en pleine crise de couple, une battante qui tente de tout gérer au mieux.

   Au départ, on la découvre dans le personnage de Cécile, plutôt à contre-emploi. Plus loin, le scénario lui réserve un véritable moment de bravoure, dans une scène savoureuse avec la directrice d'école. Elle est un peu moins convaincante en épouse séparée qui se cherche, mais sa présence contribue grandement à l'intérêt du film.

   J'ai aussi apprécié quelques-unes des scènes centrées sur les grands-parents, notamment la période couvrant l'accueil de leur gendre (jusqu'à ce qu'ils croient en être débarrassés) et, surtout, la visite de la maison par une famille de potentiels acheteurs. Même si certaines scènes sont quelconques, même si les dialogues sont souvent poussifs, j'ai éclaté de rire à plusieurs reprises tant certains moments sont cocasses.

   C'est parfois joliment tendre, quand il est question de l'arrière-grand-mère, censée être mourante (Judith Magre, d'une revigorante énergie), ou quand les enfants sont à l'écran. Il y a même un soupçon de subtilité à propos du "départ" des personnes âgées, certains des protagonistes comprenant systématiquement ce terme au sens figuré (celui du décès), alors que deux des personnages ne pensent qu'à une chose : filer au Portugal !

   Voilà. Cela ne mange pas de pain. Au niveau de la réalisation, c'est très scolaire, avec une tendance à étirer inutilement certaines scènes. Mais on sort de là détendu.

dimanche, 24 novembre 2019

Tropiques criminels

   Quelques semaines après la poussive OPJ Pacifique Sud, France Télévisions lance une nouvelle série ayant pour cadre l'outremer (plus précisément la Martinique) et cette fois-ci destinée au prime time, la case phare de la programmation. Autant le dire tout de suite, ce sont d'abord les clichés qui sautent aux yeux : le commissaire est une caricature de fonctionnaire "domien" (pas méchant bougre, mais assez lâche), la commandante est un mannequin, la capitaine une pochtronne gouailleuse et le lieutenant un beau gosse empathique.

1b.jpg

   Le premier épisode (L'Anse d'Arlet) montre l'arrivée en Martinique de la (rigide) commandante métropolitaine d'origine antillaise et ses premières confrontations avec sa subordonnée un brin bordélique. En dépit des clichés, j'ai aimé, parce que chacune des actrices (Sonia Rolland et Béatrice de la Boulaye) s'est parfaitement coulée dans son rôle. Les dialogues sont plutôt bien écrits et certaines situations assez cocasses.

   Cette première enquête met les policières au contact d'adolescentes qui font des bêtises, certaines petites, d'autres énormes. L'insertion de thèmes sociétaux dans les intrigues n'est pas trop maladroite. Le deuxième épisode (La Cherry) aborde la question du harcèlement sexuel (et de la jalousie). Le duo (qui devient un quatuor avec les partenaires masculins) fonctionne de mieux en mieux. On voit aussi un autre thème prendre de l'importance, celui de la famille martiniquaise de la commandante.

   Comme c'est bien filmé et que la musique est entraînante, j'ai trouvé l'ensemble distrayant, sans plus (mais meilleur que les aventures de l'équipe néo-calédonienne).

Tropiques criminels

   Quelques semaines après la poussive OPJ Pacifique Sud, France Télévisions lance une nouvelle série ayant pour cadre l'outremer (plus précisément la Martinique) et cette fois-ci destinée au prime time, la case phare de la programmation. Autant le dire tout de suite, ce sont d'abord les clichés qui sautent aux yeux : le commissaire est une caricature de fonctionnaire "domien" (pas méchant bougre, mais assez lâche), la commandante est un mannequin, la capitaine une pochtronne gouailleuse et le lieutenant un beau gosse empathique.

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   Le premier épisode (L'Anse d'Arlet) montre l'arrivée en Martinique de la (rigide) commandante métropolitaine d'origine antillaise et ses premières confrontations avec sa subordonnée un brin bordélique. En dépit des clichés, j'ai aimé, parce que chacune des actrices (Sonia Rolland et Béatrice de la Boulaye) s'est parfaitement coulée dans son rôle. Les dialogues sont plutôt bien écrits et certaines situations assez cocasses.

   Cette première enquête met les policières au contact d'adolescentes qui font des bêtises, certaines petites, d'autres énormes. L'insertion de thèmes sociétaux dans les intrigues n'est pas trop maladroite. Le deuxième épisode (La Cherry) aborde la question du harcèlement sexuel (et de la jalousie). Le duo (qui devient un quatuor avec les partenaires masculins) fonctionne de mieux en mieux. On voit aussi un autre thème prendre de l'importance, celui de la famille martiniquaise de la commandante.

   Comme c'est bien filmé et que la musique est entraînante, j'ai trouvé l'ensemble distrayant, sans plus (mais meilleur que les aventures de l'équipe néo-calédonienne).

samedi, 23 novembre 2019

Le Code du tueur

   Je ne connaissais pas cette mini-série britannique, créée en 2015, dont France 3 vient de rediffuser les trois épisodes, visibles pendant encore quelques jours en replay. D'une façon légèrement romancée, elle raconte l'émergence de la police scientifique moderne, à travers l'utilisation de la preuve ADN.

société,histoire,télévision,cinéma,cinema,film,films

   Le premier épisode met en parallèle le début d'une enquête sur le viol et le meurtre d'une adolescente (aux environs de Leicester, en 1983) et les recherches d'Alec Jeffreys. Dans son petit laboratoire, cet universitaire tente de séquencer l'ADN, au départ plutôt dans le but de retracer les filiations. La mise en scène montre bien à quel point ce travail pionnier fut ardu. Dans le même temps, à quelques kilomètres de là, le commissaire David Baker (un flic besogneux et compatissant, à l'ancienne) piétine dans son enquête, en dépit des moyens déployés. Dans le rôle, David Threlfall est excellent.

société,histoire,télévision,cinéma,cinema,film,films

   L'épisode s'achève alors que le scientifique est sollicité dans une affaire d'immigration. Les spectateurs comprennent aussi qu'on a affaire à un tueur en série, dont on ne nous montre quasiment rien, principalement l'ornement intérieur de sa voiture :

société,histoire,télévision,cinéma,cinema,film,films

   Le deuxième épisode est celui où l'action progresse le plus. D'un côté, la police pense avoir mis la main sur un suspect crédible, mais pour un seul des deux meurtres. C'est le moment où le commissaire et le scientifique entrent en contact. L'analyse ADN semble capable d'innocenter un accusé comme de dénicher le vrai coupable dans une foule de suspects. Le suspens est bien entretenu à propos de l'identité du tueur.

   Le troisième épisode est celui du dénouement. Au départ, les policiers pensent que le test ADN pratiqué à grande échelle va leur donner la clé de l'énigme... mais l'on nous ménage quelques rebondissements. Celles et ceux qui sont familiers des enquêtes criminelles ne seront pas surpris de découvrir le stratagème utilisé par le coupable pour tenter d'échapper à la police. J'ai aussi apprécié que l'on ne s'attarde pas sur la personnalité du violeur. Le film s'attache surtout aux familles des victimes et au quotidien des héros. Ajoutons que les seconds rôles sont campés avec beaucoup de réalisme et que l'ambiance des années 1980 est parfaitement restituée.

   L'ensemble est une belle réussite.

Le Code du tueur

   Je ne connaissais pas cette mini-série britannique, créée en 2015, dont France 3 vient de rediffuser les trois épisodes, visibles pendant encore quelques jours en replay. D'une façon légèrement romancée, elle raconte l'émergence de la police scientifique moderne, à travers l'utilisation de la preuve ADN.

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   Le premier épisode met en parallèle le début d'une enquête sur le viol et le meurtre d'une adolescente (aux environs de Leicester, en 1983) et les recherches d'Alec Jeffreys. Dans son petit laboratoire, cet universitaire tente de séquencer l'ADN, au départ plutôt dans le but de retracer les filiations. La mise en scène montre bien à quel point ce travail pionnier fut ardu. Dans le même temps, à quelques kilomètres de là, le commissaire David Baker (un flic besogneux et compatissant, à l'ancienne) piétine dans son enquête, en dépit des moyens déployés. Dans le rôle, David Threlfall est excellent.

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   L'épisode s'achève alors que le scientifique est sollicité dans une affaire d'immigration. Les spectateurs comprennent aussi qu'on a affaire à un tueur en série, dont on ne nous montre quasiment rien, principalement l'ornement intérieur de sa voiture :

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   Le deuxième épisode est celui où l'action progresse le plus. D'un côté, la police pense avoir mis la main sur un suspect crédible, mais pour un seul des deux meurtres. C'est le moment où le commissaire et le scientifique entrent en contact. L'analyse ADN semble capable d'innocenter un accusé comme de dénicher le vrai coupable dans une foule de suspects. Le suspens est bien entretenu à propos de l'identité du tueur.

   Le troisième épisode est celui du dénouement. Au départ, les policiers pensent que le test ADN pratiqué à grande échelle va leur donner la clé de l'énigme... mais l'on nous ménage quelques rebondissements. Celles et ceux qui sont familiers des enquêtes criminelles ne seront pas surpris de découvrir le stratagème utilisé par le coupable pour tenter d'échapper à la police. J'ai aussi apprécié que l'on ne s'attarde pas sur la personnalité du violeur. Le film s'attache surtout aux familles des victimes et au quotidien des héros. Ajoutons que les seconds rôles sont campés avec beaucoup de réalisme et que l'ambiance des années 1980 est parfaitement restituée.

   L'ensemble est une belle réussite.

lundi, 18 novembre 2019

Koko-di koko-da

   Ne rigolez pas, c'est bien le titre d'un film suédois sorti cette semaine sur nos écrans... et disponible en version originale sous-titrée au CGR de Rodez ! Saperlipopette ! C'est ce qu'on pourrait appeler un objet cinématographique non identifié. Le titre fait référence à une comptine, dont la récurrence coïncide avec les drames qui scandent l'histoire. Les "vieux" cinéphiles penseront au Singing in the rain d'Orange Mecanique. Le film est aussi nourri d'allusions à l'univers lynchien, à Un Jour sans fin... et au Projet Blair Witch.

   Le début montre un moment de bonheur, un anniversaire fêté en famille... qui se termine mal. Ce n'est pas très bien joué, mais c'est indispensable pour comprendre la suite. On retrouve deux des personnages trois ans plus tard, dans une voiture, en partance pour du camping sauvage. On voit vite que le couple est en capilotade. Mais le pire est à venir.

   A plusieurs reprises, les campeurs vont vivre quasiment la même scène. Seul le début ou la fin varie. Parfois l'action démarre un peu en amont. Parfois, elle se poursuit plus en aval. Le principal protagoniste change aussi : tantôt l'époux, tantôt l'épouse (vraiment pas gâtée par le scénario). Là-dessus intervient un trio infernal, constitué d'un vieillard faussement distingué, d'une jeune gothique complètement barrée et d'un grand balèze attardé mental. Quand je vous aurais dit que ce sont les personnages de la fameuse comptine, vous aurez une idée du merdier dans lequel les spectateurs se trouvent plongés... et ne croyez pas que la conclusion de l'histoire apporte des éclaircissements ! (Il faut plutôt chercher du côté des scènes de théâtre d'ombres.) Je vais donc me lancer. Attention, divulgâchage(s) !

PREMIÈRE TENTATIVE D'EXPLICATION : LA PSYCHOLOGISANTE

   C'est celle vers laquelle semble tendre l'intrigue : les deux époux ne se sont pas remis de la perte de leur fille. Incapables de communiquer, ils sont tenaillés par la culpabilité, qui se traduit par des cauchemars, les premiers étant ceux de l'homme, les suivants ceux de la femme.

DEUXIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : LA DIABOLIQUE

   Le couple est mort (ou pas) et se retrouve dans l'un des cercles de l'Enfer, matérialisé par la clairière où la tente est dressée. Les tortures physiques symbolisent les tortures morales qui les taraudent. Le trio qui vient systématiquement (tenter de) les dézinguer est un groupe de démons.

TROISIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : L'HORREUR FANTASTIQUE

   Les campeurs sont tombés dans un bois hanté par un trio de tueurs en série maléfiques. Tant qu'ils ne trouvent pas la solution à leurs problèmes, ils subissent le sort prévu.

QUATRIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : LA RATIONNELLE HORRIFIQUE

   Le trio cherche à se venger des occupants de la voiture, parce que, sans même s'en rendre compte, ils ont renversé l'un de leurs animaux de compagnie (celui que le grand costaud tient dans ses bras dans chaque épisode). En y repensant, il me semble qu'au début du trajet en voiture menant le duo dans la forêt, on perçoit comme un petit choc, auquel personne ne prête attention, mais qui qui nous est peut-être présenté de manière plus explicite à la fin.

FAITES VOTRE CHOIX !

22:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Koko-di koko-da

   Ne rigolez pas, c'est bien le titre d'un film suédois sorti cette semaine sur nos écrans... et disponible en version originale sous-titrée au CGR de Rodez ! Saperlipopette ! C'est ce qu'on pourrait appeler un objet cinématographique non identifié. Le titre fait référence à une comptine, dont la récurrence coïncide avec les drames qui scandent l'histoire. Les "vieux" cinéphiles penseront au Singing in the rain d'Orange Mecanique. Le film est aussi nourri d'allusions à l'univers lynchien, à Un Jour sans fin... et au Projet Blair Witch.

   Le début montre un moment de bonheur, un anniversaire fêté en famille... qui se termine mal. Ce n'est pas très bien joué, mais c'est indispensable pour comprendre la suite. On retrouve deux des personnages trois ans plus tard, dans une voiture, en partance pour du camping sauvage. On voit vite que le couple est en capilotade. Mais le pire est à venir.

   A plusieurs reprises, les campeurs vont vivre quasiment la même scène. Seul le début ou la fin varie. Parfois l'action démarre un peu en amont. Parfois, elle se poursuit plus en aval. Le principal protagoniste change aussi : tantôt l'époux, tantôt l'épouse (vraiment pas gâtée par le scénario). Là-dessus intervient un trio infernal, constitué d'un vieillard faussement distingué, d'une jeune gothique complètement barrée et d'un grand balèze attardé mental. Quand je vous aurais dit que ce sont les personnages de la fameuse comptine, vous aurez une idée du merdier dans lequel les spectateurs se trouvent plongés... et ne croyez pas que la conclusion de l'histoire apporte des éclaircissements ! (Il faut plutôt chercher du côté des scènes de théâtre d'ombres.) Je vais donc me lancer. Attention, divulgâchage(s) !

PREMIÈRE TENTATIVE D'EXPLICATION : LA PSYCHOLOGISANTE

   C'est celle vers laquelle semble tendre l'intrigue : les deux époux ne se sont pas remis de la perte de leur fille. Incapables de communiquer, ils sont tenaillés par la culpabilité, qui se traduit par des cauchemars, les premiers étant ceux de l'homme, les suivants ceux de la femme.

DEUXIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : LA DIABOLIQUE

   Le couple est mort (ou pas) et se retrouve dans l'un des cercles de l'Enfer, matérialisé par la clairière où la tente est dressée. Les tortures physiques symbolisent les tortures morales qui les taraudent. Le trio qui vient systématiquement (tenter de) les dézinguer est un groupe de démons.

TROISIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : L'HORREUR FANTASTIQUE

   Les campeurs sont tombés dans un bois hanté par un trio de tueurs en série maléfiques. Tant qu'ils ne trouvent pas la solution à leurs problèmes, ils subissent le sort prévu.

QUATRIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : LA RATIONNELLE HORRIFIQUE

   Le trio cherche à se venger des occupants de la voiture, parce que, sans même s'en rendre compte, ils ont renversé l'un de leurs animaux de compagnie (celui que le grand costaud tient dans ses bras dans chaque épisode). En y repensant, il me semble qu'au début du trajet en voiture menant le duo dans la forêt, on perçoit comme un petit choc, auquel personne ne prête attention, mais qui qui nous est peut-être présenté de manière plus explicite à la fin.

FAITES VOTRE CHOIX !

22:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 17 novembre 2019

Midway

   Trois ans après Independence Day - Résurgence, Roland Emmerich est de retour avec un nouveau blockbuster, consacré aux débuts de la guerre du Pacifique, entre le Japon et les États-Unis.

   Les origines du conflit entre ces deux pays sont à peine effleurées. Si l'on souligne la dépendance de l'Empire du soleil levant aux matières premières américaines, si l'on évoque la montée en puissance de l'armée japonaise (sans expliquer l'étendue de l'impérialisme nippon, plus ancien que ce qui est dit et qui s'étendait bien au-delà de la Chine), on a quand même du mal à comprendre pourquoi une attaque aussi secrète que brutale a été déclenchée sur Pearl Harbor.

   Ne boudons pas notre plaisir. La séquence consacrée à cet événement traumatique (pour les Américains) est très spectaculaire. Elle permet de surcroît de mettre en scène certains des principaux personnages (qui ont bel et bien existé) et qui ont par la suite joué un rôle important dans la bataille de Midway.

   Cependant, si les moments d'action sont parfaitement maîtrisés (en particulier les plans aériens), les scènes de dialogues sont médiocres, pour ne pas dire mauvaises. Certains acteurs, comme Woody Harrelson et Dennis Quaid, s'en sortent mieux que d'autres, confinés dans un rôle caricatural. (Et voir Ed Skrein mâcher des chewing-gums pendant plus de la moitié du film m'a particulièrement insupporté.) Ne parlons pas des personnages féminins, réduits à de jolies potiches, se lamentant pour leur chéri parti au combat. (Cet aspect des intrigues n'a jamais été le fort d'Emmerich.)

   Au niveau de la représentation des Asiatiques, on a fait preuve d'un peu de subtilité. Une main est tendue aux alliés chinois (à l'époque). Mais, surtout, l'ennemi japonais est décrit comme puissant et divers dans ses opinions et comportements. (Clint Eastwood est -fort heureusement- passé par là...) Toutefois, dans l'esprit des auteurs, si les Japonais sont aussi redoutables, c'est parce qu'ils ont beaucoup appris... des Américains ! (On oublie de préciser que, depuis l'ère Meiji, les Japonais se sont inspirés des Occidentaux en général, des Allemands en particulier.)

   J'ai aussi aimé que l'on ne présente pas les opérations de l'armée américaine comme des promenades de santé menées par des héros infaillibles. Leurs offensives peuvent foirer et les bombes ne touchent pas systématiquement leur cible. Cela renforce le suspens et donne du crédit à l'intrigue.

   Le déroulement proprement dit de la bataille de Midway est un véritable feu d'artifice. Les amateurs de film de guerre risquent l'éjaculation précoce. Les autres spectateurs se contenteront de profiter d'un bon spectacle, mais souvent caricatural dans le traitement des personnages.

Midway

   Trois ans après Independence Day - Résurgence, Roland Emmerich est de retour avec un nouveau blockbuster, consacré aux débuts de la guerre du Pacifique, entre le Japon et les États-Unis.

   Les origines du conflit entre ces deux pays sont à peine effleurées. Si l'on souligne la dépendance de l'Empire du soleil levant aux matières premières américaines, si l'on évoque la montée en puissance de l'armée japonaise (sans expliquer l'étendue de l'impérialisme nippon, plus ancien que ce qui est dit et qui s'étendait bien au-delà de la Chine), on a quand même du mal à comprendre pourquoi une attaque aussi secrète que brutale a été déclenchée sur Pearl Harbor.

   Ne boudons pas notre plaisir. La séquence consacrée à cet événement traumatique (pour les Américains) est très spectaculaire. Elle permet de surcroît de mettre en scène certains des principaux personnages (qui ont bel et bien existé) et qui ont par la suite joué un rôle important dans la bataille de Midway.

   Cependant, si les moments d'action sont parfaitement maîtrisés (en particulier les plans aériens), les scènes de dialogues sont médiocres, pour ne pas dire mauvaises. Certains acteurs, comme Woody Harrelson et Dennis Quaid, s'en sortent mieux que d'autres, confinés dans un rôle caricatural. (Et voir Ed Skrein mâcher des chewing-gums pendant plus de la moitié du film m'a particulièrement insupporté.) Ne parlons pas des personnages féminins, réduits à de jolies potiches, se lamentant pour leur chéri parti au combat. (Cet aspect des intrigues n'a jamais été le fort d'Emmerich.)

   Au niveau de la représentation des Asiatiques, on a fait preuve d'un peu de subtilité. Une main est tendue aux alliés chinois (à l'époque). Mais, surtout, l'ennemi japonais est décrit comme puissant et divers dans ses opinions et comportements. (Clint Eastwood est -fort heureusement- passé par là...) Toutefois, dans l'esprit des auteurs, si les Japonais sont aussi redoutables, c'est parce qu'ils ont beaucoup appris... des Américains ! (On oublie de préciser que, depuis l'ère Meiji, les Japonais se sont inspirés des Occidentaux en général, des Allemands en particulier.)

   J'ai aussi aimé que l'on ne présente pas les opérations de l'armée américaine comme des promenades de santé menées par des héros infaillibles. Leurs offensives peuvent foirer et les bombes ne touchent pas systématiquement leur cible. Cela renforce le suspens et donne du crédit à l'intrigue.

   Le déroulement proprement dit de la bataille de Midway est un véritable feu d'artifice. Les amateurs de film de guerre risquent l'éjaculation précoce. Les autres spectateurs se contenteront de profiter d'un bon spectacle, mais souvent caricatural dans le traitement des personnages.

samedi, 16 novembre 2019

Le Mans 66

   James Mangold (réalisateur, il y a deux ans, de l'étonnant Logan) s'est lancé dans l'audacieuse entreprise de reconstitution des 24 heures du Mans de 1966, théâtre de la rivalité entre Ford et Ferrari. La course (spectaculaire) et ses à-côtés occupent les trois derniers quarts d'heure du film.

   Auparavant, on aura fait connaissance avec les deux héros, Carroll Shelby, l'ancienne gloire des circuits reconvertie en vendeur de voitures (Matt Damon, très bien, comme d'hab') et Ken Miles, mécanicien de talent, pilote inspiré... et vraie tête de lard (Christian Bale, oscarisable).

   Le début nous plonge dans une édition antérieure des "24 heures", celle remportée par Shelby, en 1959. Comme dans le reste du film, Mangold a voulu mettre en scène la reconstitution la plus réaliste possible, s'appuyant davantage sur les cascades que sur les effets numériques. Sur un très grand écran, le résultat "en jette". Les spectateurs avisés remarqueront la qualité du montage.

   Fort heureusement, il n'est pas nécessaire d'être expert en mécanique automobile pour suivre les développements de l'intrigue. On n'impose pas aux spectateurs néophytes trop de débats d'experts, même si je pense que, dans certaines scènes, la connaissance d'un minimum de vocabulaire technique n'est pas inutile.

   Sur le fond, le scénario raconte une victoire à l'américaine, avec sa part d'ombre. Le succès est lié à l'association du Big Business (le PDG de Ford et ses cadres horripilants) et des p'tits gars d'en-bas, entrepreneurs modestes qui n'ont pas fait d'études supérieures... mais qui ont les compétences et les tripes pour mener à bien un fabuleux projet : mettre au point une voiture de course capable de battre les bolides de Ferrari.

   Au niveau des personnages, j'ai une nette préférence pour Ken Miles, dont Bale nous livre une interprétation vraiment exceptionnelle. Vivant aux Etats-Unis, le pilote-mécano d'origine britannique était resté accro au thé... et il méprisait les voitures Ford ! Toutes les scènes qui font intervenir Christian Bale sont réussies. Je ne pense pas qu'aux séquences de course. Une fois n'est pas coutume, dans ce genre de film, la représentation de la vie familiale fait montre d'un peu de subtilité. L'épouse de Miles n'est pas une potiche. Elle aussi s'y connaît en mécanique et, quand elle veut tirer les vers du nez de son mutique époux, elle sait faire un usage peu conventionnel du break familial ! J'ai aussi aimé les moments père-fils, assez touchants. J'ai encore en mémoire une très belle scène de nuit, sur une piste d'entraînement.

   En comparaison, Damon (qui fait globalement bien le job) m'a parfois énervé avec son chapeau de cowboy (Shelby était texan), ses lunettes teintées et sa manie de mâcher du chewing-gum. Néanmoins, les interactions avec Bale/Miles fonctionnent bien, avec, en particulier, une bagarre de potes qui s'achève sur une pelouse, au milieu des restes de courses et du contenu d'une poubelle...

   Les seconds rôles sont tous réussis, qu'ils soient américains ou italiens. On peut signaler Tracy Letts en Henry Ford II et Josh Lucas, qui incarne l'enfoiré de vice-président de la firme automobile.

   En 2h30, on passe par un peu tous les états, entre l'ombre et la gloire, la joie et la tristesse, l'amour et la haine, la force et la faiblesse. Je ne peux pas en dire trop mais c'est quand même un bel hommage qui, sur la fin, m'a ému.

14:57 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Mans 66

   James Mangold (réalisateur, il y a deux ans, de l'étonnant Logan) s'est lancé dans l'audacieuse entreprise de reconstitution des 24 heures du Mans de 1966, théâtre de la rivalité entre Ford et Ferrari. La course (spectaculaire) et ses à-côtés occupent les trois derniers quarts d'heure du film.

   Auparavant, on aura fait connaissance avec les deux héros, Carroll Shelby, l'ancienne gloire des circuits reconvertie en vendeur de voitures (Matt Damon, très bien, comme d'hab') et Ken Miles, mécanicien de talent, pilote inspiré... et vraie tête de lard (Christian Bale, oscarisable).

   Le début nous plonge dans une édition antérieure des "24 heures", celle remportée par Shelby, en 1959. Comme dans le reste du film, Mangold a voulu mettre en scène la reconstitution la plus réaliste possible, s'appuyant davantage sur les cascades que sur les effets numériques. Sur un très grand écran, le résultat "en jette". Les spectateurs avisés remarqueront la qualité du montage.

   Fort heureusement, il n'est pas nécessaire d'être expert en mécanique automobile pour suivre les développements de l'intrigue. On n'impose pas aux spectateurs néophytes trop de débats d'experts, même si je pense que, dans certaines scènes, la connaissance d'un minimum de vocabulaire technique n'est pas inutile.

   Sur le fond, le scénario raconte une victoire à l'américaine, avec sa part d'ombre. Le succès est lié à l'association du Big Business (le PDG de Ford et ses cadres horripilants) et des p'tits gars d'en-bas, entrepreneurs modestes qui n'ont pas fait d'études supérieures... mais qui ont les compétences et les tripes pour mener à bien un fabuleux projet : mettre au point une voiture de course capable de battre les bolides de Ferrari.

   Au niveau des personnages, j'ai une nette préférence pour Ken Miles, dont Bale nous livre une interprétation vraiment exceptionnelle. Vivant aux Etats-Unis, le pilote-mécano d'origine britannique était resté accro au thé... et il méprisait les voitures Ford ! Toutes les scènes qui font intervenir Christian Bale sont réussies. Je ne pense pas qu'aux séquences de course. Une fois n'est pas coutume, dans ce genre de film, la représentation de la vie familiale fait montre d'un peu de subtilité. L'épouse de Miles n'est pas une potiche. Elle aussi s'y connaît en mécanique et, quand elle veut tirer les vers du nez de son mutique époux, elle sait faire un usage peu conventionnel du break familial ! J'ai aussi aimé les moments père-fils, assez touchants. J'ai encore en mémoire une très belle scène de nuit, sur une piste d'entraînement.

   En comparaison, Damon (qui fait globalement bien le job) m'a parfois énervé avec son chapeau de cowboy (Shelby était texan), ses lunettes teintées et sa manie de mâcher du chewing-gum. Néanmoins, les interactions avec Bale/Miles fonctionnent bien, avec, en particulier, une bagarre de potes qui s'achève sur une pelouse, au milieu des restes de courses et du contenu d'une poubelle...

   Les seconds rôles sont tous réussis, qu'ils soient américains ou italiens. On peut signaler Tracy Letts en Henry Ford II et Josh Lucas, qui incarne l'enfoiré de vice-président de la firme automobile.

   En 2h30, on passe par un peu tous les états, entre l'ombre et la gloire, la joie et la tristesse, l'amour et la haine, la force et la faiblesse. Je ne peux pas en dire trop mais c'est quand même un bel hommage qui, sur la fin, m'a ému.

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mercredi, 13 novembre 2019

J'accuse

   Epaulé par l'écrivain Robert Harris, Roman Polanski nous livre donc sa vision de l'affaire Dreyfus, dans un film centré non pas sur la principale victime de l'injustice, mais sur l'officier Georges Picquart, qui, bien que convaincu au départ de la culpabilité du capitaine juif, a mené, au péril de sa carrière, une contre-enquête qui a contribué à faire éclater la vérité.

   Sur un tel sujet, le risque était de se retrouver face à un film lénifiant, "qualité France", au cours duquel une pléiade d'acteurs connus viendrait faire son petit numéro devant la caméra, avant de s'en aller. Polanski (qui s'est offert un caméo dans une scène de concert de musique de chambre) a tiré profit de l'angle d'attaque original du roman d'Harris, qui nous fait suivre l'histoire dans les pas de Picquart.

   L'action démarre dans la cour de l'Ecole militaire, au moment de la cérémonie de dégradation de Dreyfus. Le réalisateur y fait preuve de sa maîtrise habituelle des espaces et du champ/contrechamp. C'est surtout l'occasion de camper le personnage de Picquart (Jean Dujardin, comme on l'a très rarement vu), qui avait de solides préjugés antisémites. (C'est d'ailleurs la principale limite que l'on pourrait trouver à l'histoire, qui semble montrer que ces préjugés ont progressivement disparu, ce qui n'était peut-être pas le cas chez le véritable Picquart.)

   La suite nous met en contact avec un univers d'hommes, celui de l'armée et de son service de renseignement, peuplé à la fois d'individus pétris de rectitude et de quasi-racailles. Considéré comme fiable, l'antisémite (modéré) Picquart se retrouve à la tête d'une unité de contre-espionnage, où il envisage très vite de mettre un peu d'ordre. Il ne s'y fait pas que des amis. Par dessus le marché, certaines de ses certitudes vont vaciller.

   C'est la grande réussite à la fois du scénario et du montage que de faire découvrir progressivement au public les dessous de la machination dont est victime Dreyfus, par le biais notamment de retours en arrière, véritables plongées dans la mémoire de Picquart. Le film devient un véritable polar. Picquart enquête, en s'appuyant sur des policiers parisiens. La surveillance qu'il met en place pour piéger le véritable coupable (Esterhazy) est très bien mise en scène. (Les spectateurs technophiles du XXIe siècle souriront peut-être devant la rusticité des moyens dont disposaient les espions de l'époque.)

   Quasiment tous les acteurs (dont une floppée provenant de la Comédie française) sont formidables. La musique d'Alexandre Desplat colle parfaitement à l'intrigue. Il reste la question du pourquoi. Pourquoi retourner un film sur cette célèbre affaire ? D'abord, parce qu'il n'est pas inutile de raviver quelque peu la mémoire des Français. Du côté de Polanski, on sent qu'a joué la crainte provoquée par le retour d'un certain antisémitisme. On en perçoit l'écho dans une scène de rue, un autodafé qui prend le tour d'une petite "nuit de cristal". Les spectateurs instruits de l'histoire de la IIIe République ne s'étonneront pas de l'apparition de ce "moment antisémite". Les autres feront le lien plutôt avec la période nazie. (Contrairement à ce que j'ai pu lire ou entendre ici et là, Polanski n'a absolument pas orienté le film dans le sens d'un plaidoyer pro domo. Ce genre de considérations est ici totalement hors-sujet.)

J'accuse

   Epaulé par l'écrivain Robert Harris, Roman Polanski nous livre donc sa vision de l'affaire Dreyfus, dans un film centré non pas sur la principale victime de l'injustice, mais sur l'officier Georges Picquart, qui, bien que convaincu au départ de la culpabilité du capitaine juif, a mené, au péril de sa carrière, une contre-enquête qui a contribué à faire éclater la vérité.

   Sur un tel sujet, le risque était de se retrouver face à un film lénifiant, "qualité France", au cours duquel une pléiade d'acteurs connus viendrait faire son petit numéro devant la caméra, avant de s'en aller. Polanski (qui s'est offert un caméo dans une scène de concert de musique de chambre) a tiré profit de l'angle d'attaque original du roman d'Harris, qui nous fait suivre l'histoire dans les pas de Picquart.

   L'action démarre dans la cour de l'Ecole militaire, au moment de la cérémonie de dégradation de Dreyfus. Le réalisateur y fait preuve de sa maîtrise habituelle des espaces et du champ/contrechamp. C'est surtout l'occasion de camper le personnage de Picquart (Jean Dujardin, comme on l'a très rarement vu), qui avait de solides préjugés antisémites. (C'est d'ailleurs la principale limite que l'on pourrait trouver à l'histoire, qui semble montrer que ces préjugés ont progressivement disparu, ce qui n'était peut-être pas le cas chez le véritable Picquart.)

   La suite nous met en contact avec un univers d'hommes, celui de l'armée et de son service de renseignement, peuplé à la fois d'individus pétris de rectitude et de quasi-racailles. Considéré comme fiable, l'antisémite (modéré) Picquart se retrouve à la tête d'une unité de contre-espionnage, où il envisage très vite de mettre un peu d'ordre. Il ne s'y fait pas que des amis. Par dessus le marché, certaines de ses certitudes vont vaciller.

   C'est la grande réussite à la fois du scénario et du montage que de faire découvrir progressivement au public les dessous de la machination dont est victime Dreyfus, par le biais notamment de retours en arrière, véritables plongées dans la mémoire de Picquart. Le film devient un véritable polar. Picquart enquête, en s'appuyant sur des policiers parisiens. La surveillance qu'il met en place pour piéger le véritable coupable (Esterhazy) est très bien mise en scène. (Les spectateurs technophiles du XXIe siècle souriront peut-être devant la rusticité des moyens dont disposaient les espions de l'époque.)

   Quasiment tous les acteurs (dont une floppée provenant de la Comédie française) sont formidables. La musique d'Alexandre Desplat colle parfaitement à l'intrigue. Il reste la question du pourquoi. Pourquoi retourner un film sur cette célèbre affaire ? D'abord, parce qu'il n'est pas inutile de raviver quelque peu la mémoire des Français. Du côté de Polanski, on sent qu'a joué la crainte provoquée par le retour d'un certain antisémitisme. On en perçoit l'écho dans une scène de rue, un autodafé qui prend le tour d'une petite "nuit de cristal". Les spectateurs instruits de l'histoire de la IIIe République ne s'étonneront pas de l'apparition de ce "moment antisémite". Les autres feront le lien plutôt avec la période nazie. (Contrairement à ce que j'ai pu lire ou entendre ici et là, Polanski n'a absolument pas orienté le film dans le sens d'un plaidoyer pro domo. Ce genre de considérations est ici totalement hors-sujet.)

samedi, 09 novembre 2019

Retour à Zombieland

   Je n'ai pas vu le film d'origine (Bienvenue à Zombieland), mais, compte tenu de ce qui est montré dans sa bande-annonce, je pense pouvoir affirmer que cette suite recycle les mêmes recettes. Alors pourquoi "refaire le match", dix ans plus tard ? Pour la thune, bien entendu (le premier volet a été hyper rentable), un objectif d'autant plus accessible que deux des acteurs principaux (Emma Stone et Jesse Eisenberg) sont, depuis dix ans, devenus des vedettes d'Hollywood.

   Le début est encourageant, avec, dès le générique, la mise en action de l'emblème de la Columbia... (Je ne vous dirai pas comment !) Cela se poursuit avec une bien belle baston, avec effets numériques et tout et tout. (Le réal, Ruben Fleischer, était déjà aux manettes sur Venom.) Nos héros semblent particulièrement doués pour dézinguer d'horribles zombies, principalement avec des armes à feu. Ceux-ci ont l'obligeance de venir mourir à leurs pieds, parfois en croquant, au passage, un personnage secondaire.

   Le problème est, qu'après cette intro tonitruante, ça bande mou. On se mange des tunnels de dialogue sans intérêt. Visiblement, les scénaristes ont été chargés de creuser l'aspect "famille dysfonctionnelle" en construction... mais cela ne prend pas. Entre le père de substitution (Woody Harrelson, qui s'en sort plutôt bien) fan d'Elvis, le vrai/faux couple formé par Stone et Eisenberg et l'ado qui fait sa crise, on aligne les clichés. (De surcroît, j'ai trouvé Eisenberg étonnamment mauvais.)  Le pire est atteint quand débarque une blondasse idiote qui, bien entendu, va se révéler un (tout petit) peu moins conne qu'au départ, et qui a un grand cœur. Rendons quand même hommage à Zoey Deutch, qui fait ce qu'elle peut pour incarner ce personnage éculé.

   J'ai repris espoir quand est apparue Nevada, interprétée par Rosario Dawson, qui redonne du tonus à l'intrigue. On la retrouve d'ailleurs avec plaisir dans la séquence finale, très réussie. Le film s'achève donc sur une bonne note. Mais, franchement, une grosse moitié est à jeter.

15:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Retour à Zombieland

   Je n'ai pas vu le film d'origine (Bienvenue à Zombieland), mais, compte tenu de ce qui est montré dans sa bande-annonce, je pense pouvoir affirmer que cette suite recycle les mêmes recettes. Alors pourquoi "refaire le match", dix ans plus tard ? Pour la thune, bien entendu (le premier volet a été hyper rentable), un objectif d'autant plus accessible que deux des acteurs principaux (Emma Stone et Jesse Eisenberg) sont, depuis dix ans, devenus des vedettes d'Hollywood.

   Le début est encourageant, avec, dès le générique, la mise en action de l'emblème de la Columbia... (Je ne vous dirai pas comment !) Cela se poursuit avec une bien belle baston, avec effets numériques et tout et tout. (Le réal, Ruben Fleischer, était déjà aux manettes sur Venom.) Nos héros semblent particulièrement doués pour dézinguer d'horribles zombies, principalement avec des armes à feu. Ceux-ci ont l'obligeance de venir mourir à leurs pieds, parfois en croquant, au passage, un personnage secondaire.

   Le problème est, qu'après cette intro tonitruante, ça bande mou. On se mange des tunnels de dialogue sans intérêt. Visiblement, les scénaristes ont été chargés de creuser l'aspect "famille dysfonctionnelle" en construction... mais cela ne prend pas. Entre le père de substitution (Woody Harrelson, qui s'en sort plutôt bien) fan d'Elvis, le vrai/faux couple formé par Stone et Eisenberg et l'ado qui fait sa crise, on aligne les clichés. (De surcroît, j'ai trouvé Eisenberg étonnamment mauvais.)  Le pire est atteint quand débarque une blondasse idiote qui, bien entendu, va se révéler un (tout petit) peu moins conne qu'au départ, et qui a un grand cœur. Rendons quand même hommage à Zoey Deutch, qui fait ce qu'elle peut pour incarner ce personnage éculé.

   J'ai repris espoir quand est apparue Nevada, interprétée par Rosario Dawson, qui redonne du tonus à l'intrigue. On la retrouve d'ailleurs avec plaisir dans la séquence finale, très réussie. Le film s'achève donc sur une bonne note. Mais, franchement, une grosse moitié est à jeter.

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mercredi, 30 octobre 2019

Abominable

   C'est l'un des films d'animation proposés aux spectateurs adultes et enfants en cette période de congés scolaires. Même s'il comporte des scènes comiques, il joue moins sur l'humour qu'Angry Birds 2 et La Ferme contre-attaque.

   L'intrigue mêle le merveilleux à l'admiration pour la nature. Cela peut paraître paradoxal pour une production DreamWorks, mais je pense que les auteurs ont été influencés par des longs-métrages de chez Disney-Pixar... plutôt pour le meilleur. (La réalisatrice Jill Culton a d'ailleurs débuté chez Pixar.)

   J'ai vu le film dans une grande salle et je reconnais que l'image est, en général, jolie. Concernant la musique, je suis plus partagé : les morceaux interprétés au violon sont assez chouettes, mais la musique d'accompagnement est très moyenne. Je profite de l'occasion pour signaler une bourde relevée dans la rubrique "secrets de tournage", sur Allociné :

cinéma,cinema,film,films

   C'est évidemment d'un instrument datant de plus de 300 ans (et non 3 000) que les musiciens ont pu jouer...

   L'intrigue est classique. L'héroïne est une enfant unique de Shanghaï, dont le papa est décédé, et qui rêve d'accomplir un périple, en hommage à son père. Elle fait la rencontre d'un drôle de Yéti, dont on finit par comprendre que c'est un jeune mâle : il aime se goinfrer, rote de manière effroyable... et fait des bêtises. Le début nous présente d'autres jeunes citadins chinois du XXIe siècle : un petit gros attiré par la malbouffe et une bande d'abruti.e.s fasciné.e.s par leurs ordiphones...

   Les aventures que vont vivre l'héroïne, le petit gros et le bogosse superficiel vont les faire mûrir... et nous faire découvrir une partie de la Chine, à tel point que l'on pourrait considérer le film comme un très long spot publicitaire pour le "pays du milieu". C'est de plus idéologiquement orienté, puisqu'il n'est dit nulle part que l'Everest se trouve à la frontière du Népal et du Tibet. Seule la Chine est mentionnée... Mais les protestations les plus vives ont été émises en Asie du Sud-Est, en raison de la présence (sur la carte murale située dans l'abri de l'héroïne) de la fameuse "ligne en neuf traits", expression de l'impérialisme chinois, dont les revendications maritimes empiètent considérablement sur les zones économiques exclusives de ses voisins.

cinéma,cinema,film,films

   Ci-dessus, on remarque que les tirets (que j'ai surlignés en rouge) incluent l'île (indépendante) de Taïwan dans le territoire chinois, sans même parler des espaces maritimes des Philippines, du Vietnam, de l'Indonésie et de la Malaisie...

   Si l'on fait abstraction de ces considérations géopolitiques, on peut profiter du spectacle entraînant et d'une histoire sympathique. Notons qu'il est affirmé à plusieurs reprises qu'une espèce sauvage (comme le Yéti) a vocation à vivre dans son environnement naturel (donc loin des humains).

   J'ai quand même tiqué devant un autre biais idéologique : les personnages positifs sont tous des Chinois et les méchants ont quasiment tous une tête d'Occidental. Moralité ? Le soft power chinois est en marche, et DreamWorks lui sert de cheval de Troie !

Abominable

   C'est l'un des films d'animation proposés aux spectateurs adultes et enfants en cette période de congés scolaires. Même s'il comporte des scènes comiques, il joue moins sur l'humour qu'Angry Birds 2 et La Ferme contre-attaque.

   L'intrigue mêle le merveilleux à l'admiration pour la nature. Cela peut paraître paradoxal pour une production DreamWorks, mais je pense que les auteurs ont été influencés par des longs-métrages de chez Disney-Pixar... plutôt pour le meilleur. (La réalisatrice Jill Culton a d'ailleurs débuté chez Pixar.)

   J'ai vu le film dans une grande salle et je reconnais que l'image est, en général, jolie. Concernant la musique, je suis plus partagé : les morceaux interprétés au violon sont assez chouettes, mais la musique d'accompagnement est très moyenne. Je profite de l'occasion pour signaler une bourde relevée dans la rubrique "secrets de tournage", sur Allociné :

cinéma,cinema,film,films

   C'est évidemment d'un instrument datant de plus de 300 ans (et non 3 000) que les musiciens ont pu jouer...

   L'intrigue est classique. L'héroïne est une enfant unique de Shanghaï, dont le papa est décédé, et qui rêve d'accomplir un périple, en hommage à son père. Elle fait la rencontre d'un drôle de Yéti, dont on finit par comprendre que c'est un jeune mâle : il aime se goinfrer, rote de manière effroyable... et fait des bêtises. Le début nous présente d'autres jeunes citadins chinois du XXIe siècle : un petit gros attiré par la malbouffe et une bande d'abruti.e.s fasciné.e.s par leurs ordiphones...

   Les aventures que vont vivre l'héroïne, le petit gros et le bogosse superficiel vont les faire mûrir... et nous faire découvrir une partie de la Chine, à tel point que l'on pourrait considérer le film comme un très long spot publicitaire pour le "pays du milieu". C'est de plus idéologiquement orienté, puisqu'il n'est dit nulle part que l'Everest se trouve à la frontière du Népal et du Tibet. Seule la Chine est mentionnée... Mais les protestations les plus vives ont été émises en Asie du Sud-Est, en raison de la présence (sur la carte murale située dans l'abri de l'héroïne) de la fameuse "ligne en neuf traits", expression de l'impérialisme chinois, dont les revendications maritimes empiètent considérablement sur les zones économiques exclusives de ses voisins.

cinéma,cinema,film,films

   Ci-dessus, on remarque que les tirets (que j'ai surlignés en rouge) incluent l'île (indépendante) de Taïwan dans le territoire chinois, sans même parler des espaces maritimes des Philippines, du Vietnam, de l'Indonésie et de la Malaisie...

   Si l'on fait abstraction de ces considérations géopolitiques, on peut profiter du spectacle entraînant et d'une histoire sympathique. Notons qu'il est affirmé à plusieurs reprises qu'une espèce sauvage (comme le Yéti) a vocation à vivre dans son environnement naturel (donc loin des humains).

   J'ai quand même tiqué devant un autre biais idéologique : les personnages positifs sont tous des Chinois et les méchants ont quasiment tous une tête d'Occidental. Moralité ? Le soft power chinois est en marche, et DreamWorks lui sert de cheval de Troie !

mardi, 29 octobre 2019

Fahim

   Ce film, que certaines mauvaises langues qualifient d' "immigrationniste", est inspiré d'une histoire vraie, celle de Fahim Mohammad, jeune sans-papiers bangladais... et joueur d'échecs prodige. Réalisé par Pierre-François Martin-Laval, il bénéficie de la présence au générique d'Isabelle Nanty et Gérard Depardieu.

   La première partie de l'histoire plante le décor au Bangladesh. On n'est pas du tout dans un film français. Les scènes ont été tournées en langue locale. C'est assez bon dans la manière de décrire un pays en développement. La famille de Fahim n'est ni riche ni miséreuse... mais son père milite dans les rangs de l'opposition. Le départ est vécu comme un déchirement et, hélas, mis en en scène avec beaucoup de pathos.

   La filière suivie pour arriver en France métropolitaine n'est pas décrite dans le détail. On saura juste que le père et le fils sont d'abord passés en Inde (en graissant quelques pattes).

   Le ton de la comédie l'emporte quand le gamin entre au contact d'un prof d'échecs aussi obèse que grande gueule. Dans le rôle, Depardieu est vraiment bon (meilleur encore que dans Thalasso). Les camarades de jeu de Fahim sont aussi bien campés. Le gros point faible est le personnage d'Isabelle Nanty, qui incarne une sorte de Mère Teresa laïque... et qui en fait des tonnes.

   Entre deux séances de cours (ou de parties) d'échecs, on découvre à travers les pérégrinations du duo les difficultés rencontrées par les migrants en France. La plus surprenante est liée au comportement étrange du traducteur employé par la préfecture ! (Précisons tout de même qu'on nous présente des migrants pétris de qualités : le fils est une sorte de surdoué, le père un modèle de pudeur, travailleur de surcroît et la mère restée au pays est une musulmane non voilée.)

   Bref, même si l'on ne partage pas tous les a priori qui ont guidé la création de ce film, on peut quand même savourer ce quasi-conte de fées.

   P.S.

   Il y a un mois et demi, Le Parisien a publié (sous la plume d'Agnès Vives) un excellent article (incluant un podcast très complet) revenant sur l'ensemble du parcours de Fahim, avant et après le film.

   P.S. II

   Il faut savoir "rendre à César, ce qui appartient à César". A sa toute fin, le film évoque l'action d'un ancien Premier ministre, celui qui était en poste en 2011, mais sans le nommer. A ceux qui ne maîtriseraient pas l'histoire récente de la Ve République, je conseille d'aller jeter un œil à un article du Figaro.

Fahim

   Ce film, que certaines mauvaises langues qualifient d' "immigrationniste", est inspiré d'une histoire vraie, celle de Fahim Mohammad, jeune sans-papiers bangladais... et joueur d'échecs prodige. Réalisé par Pierre-François Martin-Laval, il bénéficie de la présence au générique d'Isabelle Nanty et Gérard Depardieu.

   La première partie de l'histoire plante le décor au Bangladesh. On n'est pas du tout dans un film français. Les scènes ont été tournées en langue locale. C'est assez bon dans la manière de décrire un pays en développement. La famille de Fahim n'est ni riche ni miséreuse... mais son père milite dans les rangs de l'opposition. Le départ est vécu comme un déchirement et, hélas, mis en en scène avec beaucoup de pathos.

   La filière suivie pour arriver en France métropolitaine n'est pas décrite dans le détail. On saura juste que le père et le fils sont d'abord passés en Inde (en graissant quelques pattes).

   Le ton de la comédie l'emporte quand le gamin entre au contact d'un prof d'échecs aussi obèse que grande gueule. Dans le rôle, Depardieu est vraiment bon (meilleur encore que dans Thalasso). Les camarades de jeu de Fahim sont aussi bien campés. Le gros point faible est le personnage d'Isabelle Nanty, qui incarne une sorte de Mère Teresa laïque... et qui en fait des tonnes.

   Entre deux séances de cours (ou de parties) d'échecs, on découvre à travers les pérégrinations du duo les difficultés rencontrées par les migrants en France. La plus surprenante est liée au comportement étrange du traducteur employé par la préfecture ! (Précisons tout de même qu'on nous présente des migrants pétris de qualités : le fils est une sorte de surdoué, le père un modèle de pudeur, travailleur de surcroît et la mère restée au pays est une musulmane non voilée.)

   Bref, même si l'on ne partage pas tous les a priori qui ont guidé la création de ce film, on peut quand même savourer ce quasi-conte de fées.

   P.S.

   Il y a un mois et demi, Le Parisien a publié (sous la plume d'Agnès Vives) un excellent article (incluant un podcast très complet) revenant sur l'ensemble du parcours de Fahim, avant et après le film.

   P.S. II

   Il faut savoir "rendre à César, ce qui appartient à César". A sa toute fin, le film évoque l'action d'un ancien Premier ministre, celui qui était en poste en 2011, mais sans le nommer. A ceux qui ne maîtriseraient pas l'histoire récente de la Ve République, je conseille d'aller jeter un œil à un article du Figaro.

lundi, 28 octobre 2019

Terminator - Dark Fate

   Quelques semaines après l'ultime (?) prestation de Sylvester Stallone en John Rambo, c'est au tour d'Arnold Schwarzenegger de refaire un tour de piste sur nos écrans, dans l'un de ses rôles emblématiques. Mais les spectateurs doivent faire preuve de patience avant de voir débarquer le vétéran à l'écran.

   La première demi-heure est trépidante à souhait. Elle associe cascades spectaculaires et effets spéciaux numériques bluffants, pour un grand spectacle... ultraviolent. La (demi) nouveauté est que, dans cet opus, ce sont les femmes qui sont aux manettes. Linda Hamilton (brute de décoffrage... j'adore) revient incarner Sarah Connor, épaulée cette fois-ci par une humaine "augmentée", venue du futur (Mackenzie Davis, excellente). Toutes deux doivent protéger la jeune Dani Ramos (Natalia Reyes, une révélation) des griffes du nouveau méchant envoyé du futur, un Terminator ultime dernière génération, aussi redoutable que peu émotif (Gabriel Luna).

   Ne nous voilons pas la face. Il s'agit d'abord d'un divertissement pour ados et adultes. On y remarque donc quelques grosses ficelles. Il n'est pas vraisemblable que ces trois femmes réussissent à échapper à leur insubmersible poursuivant aussi longtemps. Qui plus est, le scénario abuse du "juste à temps". Enfin, j'ai trouvé trop schématiques certaines oppositions. Au début, la blonde Grace (l'humaine augmentée) paraît impitoyable et forte, en comparaison de la faible et pleurnicharde Dani. Évidemment, celle-ci va prendre du poil de la bête, tandis que sa gardienne va laisser entrevoir quelques faiblesses. (Mais les retours en arrière sont dans l'ensemble bien fichus.)

   De la même manière, la haine que Sarah Connor éprouve pour le "vieux" Terminator va petit à petit se transformer en respect. Il faut dire que l'ancien modèle a acquis un vernis d'humanité (un aspect déjà développé dans Terminator Genisys). On a réservé à Schwarzy quelques belles répliques et des scènes parfois assez cocasses. Aux fans de la première heure, je signale qu'on lui fait dire (dans la version originale) "I won't be back", LA phrase d'anthologie étant prononcée par un autre personnage, féminin.

   Cela m'amène aux retouches apportées au schéma d'origine. L'intrigue est clairement plus féministe... et favorable aux minorités hispaniques. Le grave danger qui guette les États-Unis le monde développé ne vient pas des migrants, mais de la fuite en avant technologique associée à un esprit belliqueux. (Non, mais, franchement, Hollywood est un véritable repaire de gauchistes !)

   L'ensemble constitue donc un très bon spectacle, non dénué de sens.

23:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Terminator - Dark Fate

   Quelques semaines après l'ultime (?) prestation de Sylvester Stallone en John Rambo, c'est au tour d'Arnold Schwarzenegger de refaire un tour de piste sur nos écrans, dans l'un de ses rôles emblématiques. Mais les spectateurs doivent faire preuve de patience avant de voir débarquer le vétéran à l'écran.

   La première demi-heure est trépidante à souhait. Elle associe cascades spectaculaires et effets spéciaux numériques bluffants, pour un grand spectacle... ultraviolent. La (demi) nouveauté est que, dans cet opus, ce sont les femmes qui sont aux manettes. Linda Hamilton (brute de décoffrage... j'adore) revient incarner Sarah Connor, épaulée cette fois-ci par une humaine "augmentée", venue du futur (Mackenzie Davis, excellente). Toutes deux doivent protéger la jeune Dani Ramos (Natalia Reyes, une révélation) des griffes du nouveau méchant envoyé du futur, un Terminator ultime dernière génération, aussi redoutable que peu émotif (Gabriel Luna).

   Ne nous voilons pas la face. Il s'agit d'abord d'un divertissement pour ados et adultes. On y remarque donc quelques grosses ficelles. Il n'est pas vraisemblable que ces trois femmes réussissent à échapper à leur insubmersible poursuivant aussi longtemps. Qui plus est, le scénario abuse du "juste à temps". Enfin, j'ai trouvé trop schématiques certaines oppositions. Au début, la blonde Grace (l'humaine augmentée) paraît impitoyable et forte, en comparaison de la faible et pleurnicharde Dani. Évidemment, celle-ci va prendre du poil de la bête, tandis que sa gardienne va laisser entrevoir quelques faiblesses. (Mais les retours en arrière sont dans l'ensemble bien fichus.)

   De la même manière, la haine que Sarah Connor éprouve pour le "vieux" Terminator va petit à petit se transformer en respect. Il faut dire que l'ancien modèle a acquis un vernis d'humanité (un aspect déjà développé dans Terminator Genisys). On a réservé à Schwarzy quelques belles répliques et des scènes parfois assez cocasses. Aux fans de la première heure, je signale qu'on lui fait dire (dans la version originale) "I won't be back", LA phrase d'anthologie étant prononcée par un autre personnage, féminin.

   Cela m'amène aux retouches apportées au schéma d'origine. L'intrigue est clairement plus féministe... et favorable aux minorités hispaniques. Le grave danger qui guette les États-Unis le monde développé ne vient pas des migrants, mais de la fuite en avant technologique associée à un esprit belliqueux. (Non, mais, franchement, Hollywood est un véritable repaire de gauchistes !)

   L'ensemble constitue donc un très bon spectacle, non dénué de sens.

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mardi, 22 octobre 2019

Alice et le maire

   Je me suis finalement décidé à aller voir cette fiction politique, qui a pour cadre Lyon, mais dont certains éléments de l'intrigue (concernant le passé du maire ou la personne à laquelle il pourrait laisser les rênes) renvoient à la commune de Paris sous Bertrand Delanoë.

   J'ai été attiré par le duo d'acteurs principaux qui, globalement, ne m'a pas déçu. Lucchini est très bon en politicien chevronné, qui se pose des questions existentielles. Anaïs Demoustier a plus de mal à exister face à lui, un peu comme son personnage, très effacé au départ, puis qui peu à peu prend de l'ampleur, aussi bien au sein de l'équipe du maire qu'à l'écran.

   Sur le fond, je trouve le film intéressant parce qu'il ne tombe ni dans la flagornerie, ni dans le poujadisme antiparlementaire, si répandu de nos jours. Cela reste néanmoins bourgeois, sur les "élites". On ne voit quasiment pas les catégories populaires, ni même la petite classe moyenne. Les politiques croisent des journalistes, des communicants et des "cultureux", certains assez gratinés. On rit donc de temps à autre.

   Il reste la relation entre la Béotienne et le Patriarche. Le scénario évite de tomber dans le graveleux, genre la petite nouvelle toute fraîche qui redonne vigueur (dans tous les sens du terme) au chef vieillissant. L'écriture du film est elle-même révélatrice du désarroi de ce qu'on appelle la "gauche de gouvernement", écartelée entre un libéralisme modernisé (genre Macron) et un militantisme gauchisant certes sincère, mais très éloigné de la gestion d'une municipalité au quotidien. Hélas, ce questionnement n'est pour moi qu'effleuré. Ce n'est ni aussi profond que L'Exercice de l’État, ni aussi virevoltant que Quai d'Orsay. Mais cela se regarde sans déplaisir.

Alice et le maire

   Je me suis finalement décidé à aller voir cette fiction politique, qui a pour cadre Lyon, mais dont certains éléments de l'intrigue (concernant le passé du maire ou la personne à laquelle il pourrait laisser les rênes) renvoient à la commune de Paris sous Bertrand Delanoë.

   J'ai été attiré par le duo d'acteurs principaux qui, globalement, ne m'a pas déçu. Lucchini est très bon en politicien chevronné, qui se pose des questions existentielles. Anaïs Demoustier a plus de mal à exister face à lui, un peu comme son personnage, très effacé au départ, puis qui peu à peu prend de l'ampleur, aussi bien au sein de l'équipe du maire qu'à l'écran.

   Sur le fond, je trouve le film intéressant parce qu'il ne tombe ni dans la flagornerie, ni dans le poujadisme antiparlementaire, si répandu de nos jours. Cela reste néanmoins bourgeois, sur les "élites". On ne voit quasiment pas les catégories populaires, ni même la petite classe moyenne. Les politiques croisent des journalistes, des communicants et des "cultureux", certains assez gratinés. On rit donc de temps à autre.

   Il reste la relation entre la Béotienne et le Patriarche. Le scénario évite de tomber dans le graveleux, genre la petite nouvelle toute fraîche qui redonne vigueur (dans tous les sens du terme) au chef vieillissant. L'écriture du film est elle-même révélatrice du désarroi de ce qu'on appelle la "gauche de gouvernement", écartelée entre un libéralisme modernisé (genre Macron) et un militantisme gauchisant certes sincère, mais très éloigné de la gestion d'une municipalité au quotidien. Hélas, ce questionnement n'est pour moi qu'effleuré. Ce n'est ni aussi profond que L'Exercice de l’État, ni aussi virevoltant que Quai d'Orsay. Mais cela se regarde sans déplaisir.

Le Regard de Charles

   Ce regard est celui de Charles Aznavour. On connaissait l'acteur convenable et le chanteur talentueux. On découvre le vidéaste amateur, à qui Edith Piaf avait offert une caméra portative. L'auteur-compositeur-interprète a tourné des dizaines d'heures de petits films, pendant ses moments de loisir (notamment en famille), mais aussi à l'occasion de ses tournées, qui constituent le principal matériau de ce film.

   Ce documentaire d'1h20 est le résultat du montage d'images qui s'étalent des années 1950 au tout début des années 1970. En fond sonore, on entend la musique, parfois les chansons d'Aznavour. Un commentaire a été créé à parti de déclarations de l'artiste. Il est lu par Romain Duris, dont la voix grave et posée se révèle un excellent substitut à la parole d'Aznavour. C'est fou ce que les déclarations d'Aznavour se marient bien avec les images qu'il a tournées !

   Il y en a pour tous les goûts. Les fans du chanteur le réécouteront avec plaisir, aussi bien avec des titres célèbres qu'avec des chansons méconnues du grand public. Les adeptes d'anecdotes "pipoles" en apprendront peut-être sur sa vie privée, assez chaotique : l'artiste a d'abord donné la priorité à sa carrière même si, sur le tard (après 40 ans), il a accordé davantage de temps et d'attention au cocon familial. La mort de son fils, à l'âge de 24 ans, a peut-être pesé. A contrario, le jeune artiste paraît totalement détaché des responsabilités familiales quand il s'embarque pour le Canada, où son contrat d'une semaine va se prolonger un mois, une année... On découvre aussi des images rares, celles d'un Aznavour en "jam session". On sent l'amoureux de la musique et du rythme.

   Quand il ne se faisait pas filmer, Aznavour prenait la caméra pour montrer son entourage, ses épouses, ses enfants (en particulier l'une de ses filles, qu'il filme de manière attendrissante). On le voit aussi aux côtés de vedettes de l'époque, françaises comme étrangères.

   Pour moi, les images les plus intéressantes sont celles qui montrent un pays où il s'est produit, il y a 50-60 ans. Hong Kong et Macao ont bien changé depuis ! Que dire aussi des prises de vue d'Afrique du Nord ou des Etats-Unis (New York et Las Vegas en particulier) ! Elles ont une authentique valeur historique, si bien qu'au bout d'1h20, on regrette que le film s'achève déjà.

Le Regard de Charles

   Ce regard est celui de Charles Aznavour. On connaissait l'acteur convenable et le chanteur talentueux. On découvre le vidéaste amateur, à qui Edith Piaf avait offert une caméra portative. L'auteur-compositeur-interprète a tourné des dizaines d'heures de petits films, pendant ses moments de loisir (notamment en famille), mais aussi à l'occasion de ses tournées, qui constituent le principal matériau de ce film.

   Ce documentaire d'1h20 est le résultat du montage d'images qui s'étalent des années 1950 au tout début des années 1970. En fond sonore, on entend la musique, parfois les chansons d'Aznavour. Un commentaire a été créé à parti de déclarations de l'artiste. Il est lu par Romain Duris, dont la voix grave et posée se révèle un excellent substitut à la parole d'Aznavour. C'est fou ce que les déclarations d'Aznavour se marient bien avec les images qu'il a tournées !

   Il y en a pour tous les goûts. Les fans du chanteur le réécouteront avec plaisir, aussi bien avec des titres célèbres qu'avec des chansons méconnues du grand public. Les adeptes d'anecdotes "pipoles" en apprendront peut-être sur sa vie privée, assez chaotique : l'artiste a d'abord donné la priorité à sa carrière même si, sur le tard (après 40 ans), il a accordé davantage de temps et d'attention au cocon familial. La mort de son fils, à l'âge de 24 ans, a peut-être pesé. A contrario, le jeune artiste paraît totalement détaché des responsabilités familiales quand il s'embarque pour le Canada, où son contrat d'une semaine va se prolonger un mois, une année... On découvre aussi des images rares, celles d'un Aznavour en "jam session". On sent l'amoureux de la musique et du rythme.

   Quand il ne se faisait pas filmer, Aznavour prenait la caméra pour montrer son entourage, ses épouses, ses enfants (en particulier l'une de ses filles, qu'il filme de manière attendrissante). On le voit aussi aux côtés de vedettes de l'époque, françaises comme étrangères.

   Pour moi, les images les plus intéressantes sont celles qui montrent un pays où il s'est produit, il y a 50-60 ans. Hong Kong et Macao ont bien changé depuis ! Que dire aussi des prises de vue d'Afrique du Nord ou des Etats-Unis (New York et Las Vegas en particulier) ! Elles ont une authentique valeur historique, si bien qu'au bout d'1h20, on regrette que le film s'achève déjà.

lundi, 21 octobre 2019

Angry Birds 2 - Copains comme cochons

   Il y a un peu plus de trois ans, j'avais bien aimé le premier volet des aventures des facétieux oiseaux issus d'un jeu vidéo. Ici, dès le début, on nous remet dans le bain avec une séquence assez enlevée de bisbilles entre les habitants des deux îles, celle des cochons et celle des oiseaux. On est dans la surenchère comique, sans guère souci de vraisemblance... mais on s'en fiche !

   La situation se complique quand interviennent les habitants d'une troisième île, gelée, inexplicablement (assez) proche des deux précédentes qui connaissent pourtant un climat tropical. Cette troisième île est peuplée de farouches rapaces, dirigés d'une patte de fer par une aigle à la fois terriblement aigrie et diablement inventive.

cinéma,cinema,film,films

   Face à la terrible menace qui se profile, les oiseaux et les cochons choisissent d'unir leurs forces pour partir à l'assaut (discret) du repaire des aigles. En parallèle, on suit les pérégrinations d'un trio d'oisillons mignons comme tout, des choupinets dont le visage est mangé par des yeux immenses... mais, attention, une fois en colère, ils peuvent "mettre sa race" à un redoutable reptile ! Ce trio assez cocasse se met en route pour récupérer trois oeufs, les futurs frères et soeurs de l'un d'entre eux. La succession de contretemps qu'ils rencontrent dans l'accomplissement de leur mission n'est pas sans rappeler le triste destin de Scrat, dans L'Age de glace.

cinéma,cinema,film,films

   Notons que leurs aventures ne sont pas que d'agréables intermèdes venant interrompre la marche de l'intrigue principale. Les deux arcs narratifs vont finir par se rejoindre... pour notre plus grand plaisir.

   Le rythme de l'action est soutenu. En environ 1h30, on n'a pas le temps de s'ennuyer, même si les péripéties ne sont pas toujours très drôles. Certaines scènes sont quand même tordantes, comme celles qui concernent l'oiseau ultra-rapide, ou celles montrant une étrange substance verte (produite par les cochons, je vous laisse découvrir comment...). Le film est particulièrement réussi quand il met en scène l'arrivée des héros sur l'île des aigles. La "battle dance" recueille tous les suffrages... et que dire de la scène des toilettes masculines !

   On n'oubliera pas de préciser que, comme dans le premier opus, il y a une morale à cette histoire, qui traite d'amour déçu, d'amitié et de solitude. Le propos se veut aussi féministe, avec quelques répliques bien senties (comme celles balancées par l'aigle femelle) mais, surtout, le rôle prépondérant tenu par un nouveau personnage, croisé une première fois par le héros lors d'un speed-dating aviaire... Du coup, même si ce film est un peu moins drôle que le précédent, il n'en constitue pas moins un divertissement agréable et éducatif.

13:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Angry Birds 2 - Copains comme cochons

   Il y a un peu plus de trois ans, j'avais bien aimé le premier volet des aventures des facétieux oiseaux issus d'un jeu vidéo. Ici, dès le début, on nous remet dans le bain avec une séquence assez enlevée de bisbilles entre les habitants des deux îles, celle des cochons et celle des oiseaux. On est dans la surenchère comique, sans guère souci de vraisemblance... mais on s'en fiche !

   La situation se complique quand interviennent les habitants d'une troisième île, gelée, inexplicablement (assez) proche des deux précédentes qui connaissent pourtant un climat tropical. Cette troisième île est peuplée de farouches rapaces, dirigés d'une patte de fer par une aigle à la fois terriblement aigrie et diablement inventive.

cinéma,cinema,film,films

   Face à la terrible menace qui se profile, les oiseaux et les cochons choisissent d'unir leurs forces pour partir à l'assaut (discret) du repaire des aigles. En parallèle, on suit les pérégrinations d'un trio d'oisillons mignons comme tout, des choupinets dont le visage est mangé par des yeux immenses... mais, attention, une fois en colère, ils peuvent "mettre sa race" à un redoutable reptile ! Ce trio assez cocasse se met en route pour récupérer trois oeufs, les futurs frères et soeurs de l'un d'entre eux. La succession de contretemps qu'ils rencontrent dans l'accomplissement de leur mission n'est pas sans rappeler le triste destin de Scrat, dans L'Age de glace.

cinéma,cinema,film,films

   Notons que leurs aventures ne sont pas que d'agréables intermèdes venant interrompre la marche de l'intrigue principale. Les deux arcs narratifs vont finir par se rejoindre... pour notre plus grand plaisir.

   Le rythme de l'action est soutenu. En environ 1h30, on n'a pas le temps de s'ennuyer, même si les péripéties ne sont pas toujours très drôles. Certaines scènes sont quand même tordantes, comme celles qui concernent l'oiseau ultra-rapide, ou celles montrant une étrange substance verte (produite par les cochons, je vous laisse découvrir comment...). Le film est particulièrement réussi quand il met en scène l'arrivée des héros sur l'île des aigles. La "battle dance" recueille tous les suffrages... et que dire de la scène des toilettes masculines !

   On n'oubliera pas de préciser que, comme dans le premier opus, il y a une morale à cette histoire, qui traite d'amour déçu, d'amitié et de solitude. Le propos se veut aussi féministe, avec quelques répliques bien senties (comme celles balancées par l'aigle femelle) mais, surtout, le rôle prépondérant tenu par un nouveau personnage, croisé une première fois par le héros lors d'un speed-dating aviaire... Du coup, même si ce film est un peu moins drôle que le précédent, il n'en constitue pas moins un divertissement agréable et éducatif.

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dimanche, 20 octobre 2019

Martin Eden

   Ce film italien est une adaptation du roman éponyme de Jack London, transposé dans l'Italie post-Seconde Guerre mondiale, plus précisément celle des années 1970-1980. (On n'y voit ni ordinateur ni téléphone portable, mais la télévision -d'abord en noir et blanc- a fait son entrée dans les foyers modestes.)

   Le héros Martin est un orphelin devenu marin, qui se découvre une passion pour la lecture (puis l'écriture) en même temps que pour la ravissante héritière de la richissime famille Orsini (Jessica Cressy, très bien). Au départ, on ne sait pas si les sentiments du héros sont authentiques. Certes, il ne pouvait pas savoir que le jeune homme qu'il allait sauver d'une agression était le frère de la délicieuse Elena, mais il est suffisamment intelligent pour avoir compris que cette femme-là n'est pas une Marie-couche-toi-là et que, pour la conquérir, le play-boy des bas-quartiers allait devoir fournir des efforts inédits.

   Si l'écriture des scènes intimes et la direction d'acteurs sont d'une évidente maladresse, le propos qui sous-tend l'intrigue est plus intéressant. Il y a d'abord la question amoureuse : peut-elle transcender les classes sociales ? D'autre part, est-il possible de concilier une carrière d'écrivain avec un amour partagé et équilibré ? Enfin, un écrivain authentiquement progressiste ne doit-il pas se méfier des idéologies qui prétendent apporter le progrès aux masses populaires ? N'est-ce pas plutôt l'individu qu'il convient d'émanciper (et non une supposée "classe") ? On sent que le réalisateur hésite entre la posture adoptée par le personnage principal (qui est peut-être son double) et la stricte défense des classes populaires, auxquelles des vignettes en noir et blanc (insérées dans l'intrigue) rendent hommage.

   J'ai donc été plus intéressé par la lecture socio-politique de l'histoire que par le cadre sentimental, de surcroît assez mal planté. Le début est d'ailleurs plutôt mauvais, avec une scène qui montre le héros en train de pontifier, précédant une séquence qui se conclut par une coucherie mise en scène avec une consternante maladresse.

   Cela devient intéressant quand le héros rencontre Elena et se met à dévorer des livres. J'ai aussi beaucoup apprécié son "exil" en périphérie urbaine, chez une veuve matrone fort bien interprétée. Les relations qui se nouent entre le jeune homme et les enfants de celle-ci sont assez touchantes. On sent aussi que le réalisateur est plus à l'aise dans les scènes de propagande, avec les militants communistes.

   Bref, même si l'acteur principal Luca Marinelli (déjà vu dans le médiocre Una Questiona Privata) ne manque pas de charisme, même si le casting féminin est bon, même si le fond de l'histoire est intéressant, le résultat global n'est pas très emballant.

   P.S.

   A la dernière Mostra de Venise, Marinelli a coiffé au poteau Joaquin Phoenix pour le prix d'interprétation masculine. Certains commentateurs crient quasiment au génie... en oubliant que la distribution des prix a obéi à des règles sous-jacentes. La première est, me semble-t-il, de n'accorder qu'une seule récompense par film. Or, si le prix d'interprétation était revenu à Joaquin Phoenix (dont la performance est bien supérieure à celle de Luca Marinelli), cela aurait exclu le Joker du Lion d'or... qui risquait d'être attribué au film de Polanski, ce dont les ayatollahs de la bien-pensance contemporaine ne voulaient pas entendre parler. Il fallait donc que Joker décroche le Lion d'or, un prix moins prestigieux étant attribué à J'accuse. Cela présentait en outre l'immense avantage d'écarter un autre concurrent de Marinelli pour le prix d'interprétation : Jean Dujardin.

19:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films