mardi, 11 juillet 2017
Moi, moche et méchant 3
Trois ans après Moi, moche et méchant 2 (très réussi) et deux ans après le décevant Les Minions, voilà notre grande famille recomposée de retour... pour s'agrandir : Gru découvre qu'il a un frère jumeau (chevelu, lui) et qu'on ne lui a pas raconté toute la vérité à propos de son père. Cette histoire familiale va quelque peu parasiter l'intrigue principale, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
On commence sur les chapeaux de roue avec la séquence dont des extraits ont été déjà abondamment diffusés : l'attaque du navire par le méchant de l'histoire, Balthazar Bratt, aussi ridicule que redoutable. Sa confrontation avec Grut recueille l'adhésion de la salle, déjà mise en appétit par la scène pré-générique, avec trois minions en pleine forme.
J'ai retrouvé avec plaisir le cocktail qui a fait le succès de la série : des scènes d'action parodiques, des moments familiaux tendres et drôles... et les interventions des Minions, bien dosées, souvent hilarantes. Rappelons qu'ils sont tous doublés par Pierre Coffin, coréalisateur du film. Tendez bien l'oreille et, au coeur de leur incroyable sabir, vous distinguerez quelques grossièretés et beaucoup de références à la nourriture ! Dans la version française, Audrey Lamy est toujours aussi percutante en Lucy. La bonne idée de l'épisode est d'avoir confié la voix de Dru (le frère de Gru) à Arié Elmaleh, qui donne ainsi la réplique à son frangin Gad (qui lui incarne Gru).
La personnalité du méchant Bratt (rivé à son walkman) a incité les auteurs à parsemer le film de références musicales aux années 1980. Cela m'a rappelé mon adolescence... Le choix des titres n'est pas innocent. Au début, Bratt préfère le Bad (de Michael Jackson) au Take my breath away (de Berlin), puisqu'il se veut un vilain garçon. Quant aux Minions, ils adoptent le plus récent Maria (de Ricky Martin) pour lancer leur teuf. D'autres succès de l'époque illustrent certaines scènes : Take on me (de A-ha) et Sussudio (de Phil Collins). A côté de cela, les musiques additionnelles m'ont paru bien fades.
A intervalle régulier, les Minions se rappellent à notre souvenir. Leurs pérégrinations vont (temporairement) s'éloigner de celles de Grut. Presque toute la troupe se retrouve en prison, où ils matent sans peine les gros caïds et se lancent dans leur propre Jailhouse Rock !
Le film est une grande réussite parce qu'il varie les péripéties, les personnages principaux vivant des aventures parfois distinctes. De surcroît, l'humour est suffisamment diversifié pour s'adresser aux adultes comme aux enfants. Il ne reste plus qu'à espérer que le deuxième opus consacré aux Minions (programmé pour 2020) sera plus abouti que le premier.
22:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Moi, moche et méchant 3
Trois ans après Moi, moche et méchant 2 (très réussi) et deux ans après le décevant Les Minions, voilà notre grande famille recomposée de retour... pour s'agrandir : Gru découvre qu'il a un frère jumeau (chevelu, lui) et qu'on ne lui a pas raconté toute la vérité à propos de son père. Cette histoire familiale va quelque peu parasiter l'intrigue principale, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
On commence sur les chapeaux de roue avec la séquence dont des extraits ont été déjà abondamment diffusés : l'attaque du navire par le méchant de l'histoire, Balthazar Bratt, aussi ridicule que redoutable. Sa confrontation avec Grut recueille l'adhésion de la salle, déjà mise en appétit par la scène pré-générique, avec trois minions en pleine forme.
J'ai retrouvé avec plaisir le cocktail qui a fait le succès de la série : des scènes d'action parodiques, des moments familiaux tendres et drôles... et les interventions des Minions, bien dosées, souvent hilarantes. Rappelons qu'ils sont tous doublés par Pierre Coffin, coréalisateur du film. Tendez bien l'oreille et, au coeur de leur incroyable sabir, vous distinguerez quelques grossièretés et beaucoup de références à la nourriture ! Dans la version française, Audrey Lamy est toujours aussi percutante en Lucy. La bonne idée de l'épisode est d'avoir confié la voix de Dru (le frère de Gru) à Arié Elmaleh, qui donne ainsi la réplique à son frangin Gad (qui lui incarne Gru).
La personnalité du méchant Bratt (rivé à son walkman) a incité les auteurs à parsemer le film de références musicales aux années 1980. Cela m'a rappelé mon adolescence... Le choix des titres n'est pas innocent. Au début, Bratt préfère le Bad (de Michael Jackson) au Take my breath away (de Berlin), puisqu'il se veut un vilain garçon. Quant aux Minions, ils adoptent le plus récent Maria (de Ricky Martin) pour lancer leur teuf. D'autres succès de l'époque illustrent certaines scènes : Take on me (de A-ha) et Sussudio (de Phil Collins). A côté de cela, les musiques additionnelles m'ont paru bien fades.
A intervalle régulier, les Minions se rappellent à notre souvenir. Leurs pérégrinations vont (temporairement) s'éloigner de celles de Grut. Presque toute la troupe se retrouve en prison, où ils matent sans peine les gros caïds et se lancent dans leur propre Jailhouse Rock !
Le film est une grande réussite parce qu'il varie les péripéties, les personnages principaux vivant des aventures parfois distinctes. De surcroît, l'humour est suffisamment diversifié pour s'adresser aux adultes comme aux enfants. Il ne reste plus qu'à espérer que le deuxième opus consacré aux Minions (programmé pour 2020) sera plus abouti que le premier.
22:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Caire confidentiel
Cette coproduction occidentale a été tournée principalement en arabe, à Casablanca, mais, de l'avis de ceux qui connaissent Le Caire, on a vraiment l'impression qu'elle a tournée en Égypte. La mise en scène fait ressortir l'image d'une ville grouillante, foisonnante, aux écarts de richesse importants. Les projets immobiliers lancés par des proches du président Moubarak s'enchaînent, alors que dans les taudis s'entassent des immigrés soudanais, soutiers de la croissance économique égyptienne.
Le nœud de l'intrigue est l'assassinat d'une chanteuse tunisienne, auquel semble être mêlé un ami du fils du président. (L'histoire s'inspire du meurtre de Suzanne Tamim, une chanteuse libanaise.) Des pressions sont exercées sur les policiers pour clore rapidement l'affaire, au besoin en concluant au suicide. La chose semble faisable, puisque tous les membres des forces de l'ordre sont, à un degré ou à un autre, véreux. Il est de même pour la justice. Ajoutez à cela des entrepreneurs magouilleurs et des politiciens corrompus, et vous aurez une idée de l'ambiance dans laquelle baigne l'histoire. C'est dire si cet assassinat n'était pas destiné a priori à déclencher une tempête.
Le petit grain de sable qui va enrayer la machine est une femme de ménage soudanaise, qui travaille dans l'hôtel Hilton où a eu lieu le meurtre. Elle n'a pas vu le crime se dérouler, mais elle a entendu une dispute et vu deux personnes sortir, à quelques minutes d'intervalle, de la chambre où se trouvait la chanteuse. On va la suivre pendant tout le film, entre son travail, sa vie dans un taudis où se sont regroupés d'autres immigrés soudanais comme elle, ses relations avec la police et sa fuite. L'actrice (inconnue) qui l'interprète s'appelle Mari Malek.
L'autre acteur sur les épaules duquel repose l'intrigue est Fares Fares, qui incarne le capitaine Noureddine Mostafa, un flic un peu moins malhonnête et un peu plus consciencieux que les autres. Il est vraiment excellent, à la hauteur des acteurs américains et français que l'on a vus dans les polars des années 1960-1970-1980. Le scénariste n'a pas choisi d'en faire un chevalier blanc de la police, ce qui aurait peut-être manqué de réalisme. L'officier va basculer "du bon côté" en partie pour une raison sentimentale : il s'amourache de la meilleure amie de la victime, qui est évidemment une femme fatale. A partir de là, sa petite vie peinarde va diablement se compliquer, comme l'intrigue, qui nous plonge dans la société égyptienne contemporaine de manière vertigineuse.
C'est de surcroît bien réalisé. Il y a beaucoup de scènes de tension, très bien conçues, sans que la violence soit explicite. On sent que chaque personnage doit gérer des contraintes, qui pèsent sur la résolution de l'enquête. Comme de nombreuses scènes se déroulent le soir ou la nuit, on a droit à de beaux plans de vie urbaine. Le réalisateur a réussi à créer une ambiance, un élément indispensable dans ce genre de film.
C'est une pépite de l'été, à ne pas rater si vous avez l'occasion de la voir.
14:10 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Caire confidentiel
Cette coproduction occidentale a été tournée principalement en arabe, à Casablanca, mais, de l'avis de ceux qui connaissent Le Caire, on a vraiment l'impression qu'elle a tournée en Égypte. La mise en scène fait ressortir l'image d'une ville grouillante, foisonnante, aux écarts de richesse importants. Les projets immobiliers lancés par des proches du président Moubarak s'enchaînent, alors que dans les taudis s'entassent des immigrés soudanais, soutiers de la croissance économique égyptienne.
Le nœud de l'intrigue est l'assassinat d'une chanteuse tunisienne, auquel semble être mêlé un ami du fils du président. (L'histoire s'inspire du meurtre de Suzanne Tamim, une chanteuse libanaise.) Des pressions sont exercées sur les policiers pour clore rapidement l'affaire, au besoin en concluant au suicide. La chose semble faisable, puisque tous les membres des forces de l'ordre sont, à un degré ou à un autre, véreux. Il est de même pour la justice. Ajoutez à cela des entrepreneurs magouilleurs et des politiciens corrompus, et vous aurez une idée de l'ambiance dans laquelle baigne l'histoire. C'est dire si cet assassinat n'était pas destiné a priori à déclencher une tempête.
Le petit grain de sable qui va enrayer la machine est une femme de ménage soudanaise, qui travaille dans l'hôtel Hilton où a eu lieu le meurtre. Elle n'a pas vu le crime se dérouler, mais elle a entendu une dispute et vu deux personnes sortir, à quelques minutes d'intervalle, de la chambre où se trouvait la chanteuse. On va la suivre pendant tout le film, entre son travail, sa vie dans un taudis où se sont regroupés d'autres immigrés soudanais comme elle, ses relations avec la police et sa fuite. L'actrice (inconnue) qui l'interprète s'appelle Mari Malek.
L'autre acteur sur les épaules duquel repose l'intrigue est Fares Fares, qui incarne le capitaine Noureddine Mostafa, un flic un peu moins malhonnête et un peu plus consciencieux que les autres. Il est vraiment excellent, à la hauteur des acteurs américains et français que l'on a vus dans les polars des années 1960-1970-1980. Le scénariste n'a pas choisi d'en faire un chevalier blanc de la police, ce qui aurait peut-être manqué de réalisme. L'officier va basculer "du bon côté" en partie pour une raison sentimentale : il s'amourache de la meilleure amie de la victime, qui est évidemment une femme fatale. A partir de là, sa petite vie peinarde va diablement se compliquer, comme l'intrigue, qui nous plonge dans la société égyptienne contemporaine de manière vertigineuse.
C'est de surcroît bien réalisé. Il y a beaucoup de scènes de tension, très bien conçues, sans que la violence soit explicite. On sent que chaque personnage doit gérer des contraintes, qui pèsent sur la résolution de l'enquête. Comme de nombreuses scènes se déroulent le soir ou la nuit, on a droit à de beaux plans de vie urbaine. Le réalisateur a réussi à créer une ambiance, un élément indispensable dans ce genre de film.
C'est une pépite de l'été, à ne pas rater si vous avez l'occasion de la voir.
14:10 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 10 juillet 2017
Cherchez la femme
Nous devons cette comédie sociale à une jeune femme d'origine iranienne, Sou Abadi. Son originalité est de faire se télescoper deux milieux que des Occidentaux mal informés pourraient penser proches, mais que beaucoup de choses séparent. Le héros Armand est le fils de réfugiés iraniens laïques, vivant dans le XVIe arrondissement de Paris, alors que l'héroïne Leila est issue d'un couple mixte (sans doute franco-algérien) et vit dans une cité de banlieue. C'est à Sciences Po que les amoureux se sont rencontrés, sans que les familles en soient informées. J'ai trouvé les deux acteurs (Félix Moati et Camélia Jordana) très convaincants.
Les ennuis commencent quand Mahmoud, le frère de Leila, revient du Yémen converti au salafisme. Dans la cité, il fréquente de jeunes barbus qui ont les mêmes idées rétrogrades que lui. Le portrait qu'en fait la réalisatrice est assez nuancé. A l'aide de petites touches, elle montre que chacun des quatre copains a des raisons différentes d'adhérer au fondamentalisme. Mahmoud (William Lebghil, très bon) est un peu perdu ; il semble en quête d'absolu, en tout cas d'un sens à sa vie. C'est pour cela qu'il est tombé sous la coupe du caïd du quartier, pour qui la religion est un moyen de garder le contrôle. Son acolyte l'a sans doute suivi sans réfléchir, lui qui continue à fumer du shit en douce ! Mais le plus beau de la bande est Fabrice, un converti qui voit dans l'islam intégriste un moyen de s'élever socialement (dans le quartier). Il est au coeur d'un running-gag : alors qu'en changeant de religion, il a pris pour prénom Farid, presque toutes ses connaissances continuent à l'appeler Fabrice...
Du côté des Franco-Iraniens, on a des parents juristes, bourgeois, madame portant la culotte. Elle s'est d'ailleurs mise en tête de marier son fils chéri, qui a jusqu'à présent fait échouer toutes ses tentatives. Cette partie-là de l'histoire fonctionne moins bien, notamment en raison du manque de naturel d'Anne Alvaro, qui incarne la mère. La comparaison de son histoire personnelle (musulmane, elle a fui l'intégrisme) avec celle de jeunes Françaises qui choisissent de porter le voile, ne manque toutefois pas d'intérêt.
C'est donc un voile intégral qui va faire rebondir l'intrigue. Il est la source de plusieurs quiproquos, sur lesquels repose l'essentiel de l'humour. Il y a bien sûr Mahmoud qui va tomber amoureux de la mystérieuse Shéhérazade. Il y a aussi les parents d'Armand, qui s'inquiètent de son intérêt soudain pour l'islam... et de la présence, dans le quartier, d'une intégriste sans doute envoyée par Téhéran pour les tuer ! Même le petit frère de Leila et Mahmoud s'y laisse prendre, lui qui finit par croire que sa soeur est devenue lesbienne !
Cela donne un ensemble hétéroclite, qui fonctionne plutôt bien. Toutes les scènes ne sont pas réussies, mais j'ai souvent ri et, mine de rien, cette comédie est plus réfléchie qu'elle n'en a l'air.
22:29 Publié dans Cinéma, Proche-Orient, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Cherchez la femme
Nous devons cette comédie sociale à une jeune femme d'origine iranienne, Sou Abadi. Son originalité est de faire se télescoper deux milieux que des Occidentaux mal informés pourraient penser proches, mais que beaucoup de choses séparent. Le héros Armand est le fils de réfugiés iraniens laïques, vivant dans le XVIe arrondissement de Paris, alors que l'héroïne Leila est issue d'un couple mixte (sans doute franco-algérien) et vit dans une cité de banlieue. C'est à Sciences Po que les amoureux se sont rencontrés, sans que les familles en soient informées. J'ai trouvé les deux acteurs (Félix Moati et Camélia Jordana) très convaincants.
Les ennuis commencent quand Mahmoud, le frère de Leila, revient du Yémen converti au salafisme. Dans la cité, il fréquente de jeunes barbus qui ont les mêmes idées rétrogrades que lui. Le portrait qu'en fait la réalisatrice est assez nuancé. A l'aide de petites touches, elle montre que chacun des quatre copains a des raisons différentes d'adhérer au fondamentalisme. Mahmoud (William Lebghil, très bon) est un peu perdu ; il semble en quête d'absolu, en tout cas d'un sens à sa vie. C'est pour cela qu'il est tombé sous la coupe du caïd du quartier, pour qui la religion est un moyen de garder le contrôle. Son acolyte l'a sans doute suivi sans réfléchir, lui qui continue à fumer du shit en douce ! Mais le plus beau de la bande est Fabrice, un converti qui voit dans l'islam intégriste un moyen de s'élever socialement (dans le quartier). Il est au coeur d'un running-gag : alors qu'en changeant de religion, il a pris pour prénom Farid, presque toutes ses connaissances continuent à l'appeler Fabrice...
Du côté des Franco-Iraniens, on a des parents juristes, bourgeois, madame portant la culotte. Elle s'est d'ailleurs mise en tête de marier son fils chéri, qui a jusqu'à présent fait échouer toutes ses tentatives. Cette partie-là de l'histoire fonctionne moins bien, notamment en raison du manque de naturel d'Anne Alvaro, qui incarne la mère. La comparaison de son histoire personnelle (musulmane, elle a fui l'intégrisme) avec celle de jeunes Françaises qui choisissent de porter le voile, ne manque toutefois pas d'intérêt.
C'est donc un voile intégral qui va faire rebondir l'intrigue. Il est la source de plusieurs quiproquos, sur lesquels repose l'essentiel de l'humour. Il y a bien sûr Mahmoud qui va tomber amoureux de la mystérieuse Shéhérazade. Il y a aussi les parents d'Armand, qui s'inquiètent de son intérêt soudain pour l'islam... et de la présence, dans le quartier, d'une intégriste sans doute envoyée par Téhéran pour les tuer ! Même le petit frère de Leila et Mahmoud s'y laisse prendre, lui qui finit par croire que sa soeur est devenue lesbienne !
Cela donne un ensemble hétéroclite, qui fonctionne plutôt bien. Toutes les scènes ne sont pas réussies, mais j'ai souvent ri et, mine de rien, cette comédie est plus réfléchie qu'elle n'en a l'air.
22:29 Publié dans Cinéma, Proche-Orient, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 09 juillet 2017
Le Vénérable W.
Le titre de ce documentaire est doublement trompeur, pour le public occidental. Il n'est nullement question de l'ancien président des Etats-Unis George Bush fils (surnommé W, initiale de son deuxième prénom) et le personnage principal n'est absolument pas vénérable, bien qu'il soit vénéré.
W est l'initiale du nom d'un moine birman charismatique, Ashin Wirathu, adepte d'un souverainisme identitaire, qui voit dans la minorité musulmane la cause de tous les maux dont souffre son pays... et une menace pour l'avenir. Ces Rohingyas sont désignés par un terme péjoratif ("kalars"), qui renvoie à la période coloniale.
Le réalisateur Barbet Schroeder (auquel on doit notamment L'Avocat de la terreur) a retiré ses interventions du montage, laissant ses interlocuteurs s'exprimer, avec pour seul ajout une voix off (Bulle Ogier... bof) incarnant une forme de pensée bouddhiste.
Devant la caméra, Wirathu s'exprime remarquablement bien, calmement, posément, bien sanglé dans son impeccable toge, sa phablette à portée de main. Il développe un discours argumenté, qui ne se veut pas haineux, seulement analytique. En contrepoint, des images d'archives nous font découvrir son passé, sa formation dans plusieurs monastères et son emprisonnement, sous la dictature militaire. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que cet opposant à la dictature, qui fait figure d'érudit, soit lui-même partisan de l'instauration d'un régime que l'on pourrait qualifier de fasciste.
La deuxième partie du film montre ses adeptes en action, que ce soit le mouvement 969 ou l'association Ma Ba Tha. Les affrontements intercommunautaires entretiennent l'esprit de vengeance, à l'image de ce qui s'est passé naguère en Inde ou au Sri Lanka. Wirathu a réussi à faire voter des lois "sur la race et la religion", un comble dans ce pays multiethnique, où cohabitent 135 groupes de population différents, parlant une centaine de langues.
Mais l'on pourrait aussi rapprocher l'idéologie de ce moine de celle des populistes occidentaux. Lui-même dit souhaiter la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle états-unienne. La manière dont il le déclare est aussi révélatrice : son sourire et l'expression de son visage indiquent qu'il ne tient pas en très haute estime le milliardaire mal coiffé... mais il a reconnu en lui un homme de son camp.
Plus subtilement, à travers quelques plans, Barbet Schroeder semble sous-entendre qu'il y a une réelle parenté entre ce moine, ses partisans et les intégristes musulmans. A deux ou trois reprises, on nous montre des bouddhistes psalmodiant des textes sacrés, tout en se balançant d'avant en arrière. Dans les discours, les femmes ne sont pas considérées comme les égales des hommes etc. Cela concours à présenter Wirathu comme une sorte d'ayatollah Khomeini birman. Il finit par tomber le masque, à la fin, lors d'un meeting au cours duquel il n'est peut-être pas conscient d'être filmé par le documentariste. Il y dénigre une représentante de l'ONU dans des termes orduriers.
Face à lui se dressent d'autres moines bouddhistes, eux aussi emprisonnés jadis sous la dictature militaire. On sent que ces voix peinent à se faire entendre face à la mécanique bien huilée de leurs adversaires (qui, à mon avis, s'inspirent un peu des télévangélistes américains) et aux tensions communautaires. Le pouvoir politique, longtemps indulgent, a commencé à réagir.
Sur le fond, je ne partage pas le point de vue de l'auteur, que l'on sent transparaître de temps à autre. Il promeut visiblement la cohabitation pacifique de tous les cultes, en pensant que leur libre expression sans heurts est possible. Je suis plutôt d'avis que c'est la trop grande présence du fait religieux dans l'espace public (quelle que soit la religion) qui est la source de tensions. C'est de (davantage de) laïcité dont la Birmanie a besoin.
23:11 Publié dans Cinéma, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Vénérable W.
Le titre de ce documentaire est doublement trompeur, pour le public occidental. Il n'est nullement question de l'ancien président des Etats-Unis George Bush fils (surnommé W, initiale de son deuxième prénom) et le personnage principal n'est absolument pas vénérable, bien qu'il soit vénéré.
W est l'initiale du nom d'un moine birman charismatique, Ashin Wirathu, adepte d'un souverainisme identitaire, qui voit dans la minorité musulmane la cause de tous les maux dont souffre son pays... et une menace pour l'avenir. Ces Rohingyas sont désignés par un terme péjoratif ("kalars"), qui renvoie à la période coloniale.
Le réalisateur Barbet Schroeder (auquel on doit notamment L'Avocat de la terreur) a retiré ses interventions du montage, laissant ses interlocuteurs s'exprimer, avec pour seul ajout une voix off (Bulle Ogier... bof) incarnant une forme de pensée bouddhiste.
Devant la caméra, Wirathu s'exprime remarquablement bien, calmement, posément, bien sanglé dans son impeccable toge, sa phablette à portée de main. Il développe un discours argumenté, qui ne se veut pas haineux, seulement analytique. En contrepoint, des images d'archives nous font découvrir son passé, sa formation dans plusieurs monastères et son emprisonnement, sous la dictature militaire. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que cet opposant à la dictature, qui fait figure d'érudit, soit lui-même partisan de l'instauration d'un régime que l'on pourrait qualifier de fasciste.
La deuxième partie du film montre ses adeptes en action, que ce soit le mouvement 969 ou l'association Ma Ba Tha. Les affrontements intercommunautaires entretiennent l'esprit de vengeance, à l'image de ce qui s'est passé naguère en Inde ou au Sri Lanka. Wirathu a réussi à faire voter des lois "sur la race et la religion", un comble dans ce pays multiethnique, où cohabitent 135 groupes de population différents, parlant une centaine de langues.
Mais l'on pourrait aussi rapprocher l'idéologie de ce moine de celle des populistes occidentaux. Lui-même dit souhaiter la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle états-unienne. La manière dont il le déclare est aussi révélatrice : son sourire et l'expression de son visage indiquent qu'il ne tient pas en très haute estime le milliardaire mal coiffé... mais il a reconnu en lui un homme de son camp.
Plus subtilement, à travers quelques plans, Barbet Schroeder semble sous-entendre qu'il y a une réelle parenté entre ce moine, ses partisans et les intégristes musulmans. A deux ou trois reprises, on nous montre des bouddhistes psalmodiant des textes sacrés, tout en se balançant d'avant en arrière. Dans les discours, les femmes ne sont pas considérées comme les égales des hommes etc. Cela concours à présenter Wirathu comme une sorte d'ayatollah Khomeini birman. Il finit par tomber le masque, à la fin, lors d'un meeting au cours duquel il n'est peut-être pas conscient d'être filmé par le documentariste. Il y dénigre une représentante de l'ONU dans des termes orduriers.
Face à lui se dressent d'autres moines bouddhistes, eux aussi emprisonnés jadis sous la dictature militaire. On sent que ces voix peinent à se faire entendre face à la mécanique bien huilée de leurs adversaires (qui, à mon avis, s'inspirent un peu des télévangélistes américains) et aux tensions communautaires. Le pouvoir politique, longtemps indulgent, a commencé à réagir.
Sur le fond, je ne partage pas le point de vue de l'auteur, que l'on sent transparaître de temps à autre. Il promeut visiblement la cohabitation pacifique de tous les cultes, en pensant que leur libre expression sans heurts est possible. Je suis plutôt d'avis que c'est la trop grande présence du fait religieux dans l'espace public (quelle que soit la religion) qui est la source de tensions. C'est de (davantage de) laïcité dont la Birmanie a besoin.
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Lettres de la guerre
C'est à partir d'un matériau réel (les lettres écrites par un écrivain portugais, alors médecin militaire en Angola) qu'Ivo Ferreira brosse un tableau d'une guerre coloniale. Elle rappellera aux spectateurs soit notre guerre d'Algérie soit le conflit américano-vietnamien. Apocalypse now est d'ailleurs l'un des modèles du réalisateur, tout comme le film Tabou, autre superbe noir et blanc portugais.
A la fiction se déroulant au début des années 1970 sont juxtaposés des extraits de lettres, lus soit par leur auteur (le personnage principal, que l'on voit parfois en train d'écrire), soit par leur destinataire, sa jeune épouse enceinte. Le mélange de ces deux voix, s'il introduit une salutaire diversité, n'en est pas moins perturbant. De surcroît, la première partie comporte trop de passages lus. Je n'ai pas été ému par la transcription littéraire de cet amour enflammé et contrarié.
J'ai été beaucoup plus intéressé par ce qui nous était montré à l'écran. C'est souvent d'une grande beauté plastique, avec des jeux d'ombre et de lumière, mais aussi des reflets parfaitement maîtrisés. Je pense notamment à cette projection de film, dont on finit par voir une image détournée, en extérieur, sur des objets. Je pense aussi à la réverbération, à la surface d'un cours d'eau, de l'image de soldats tentant de réparer un pont saboté par les rebelles angolais. De manière générale, les paysages (ah la savane africaine !) sont bien filmés. Les ambiances nocturnes sont aussi très belles.
Ceux qui attendent de l'action trépidante peuvent passer leur chemin. On suit la troupe au quotidien, la caméra se détournant d'elle de temps à autre, pour s'attarder sur les Africains. Certains spectateurs seront peut-être choqués par la condition des femmes, soumises au bon vouloir des messieurs, à l'exception peut-être des deux chanteuses portugaises, aguicheuses mais inaccessibles. Notons que les scènes d'intérieur ont été réalisées avec un grand souci du détail, en particulier au niveau du décor et des objets du quotidien.
Même si ce n'est pas une totale réussite, ce film mérite le détour pour sa beauté visuelle.
00:00 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Lettres de la guerre
C'est à partir d'un matériau réel (les lettres écrites par un écrivain portugais, alors médecin militaire en Angola) qu'Ivo Ferreira brosse un tableau d'une guerre coloniale. Elle rappellera aux spectateurs soit notre guerre d'Algérie soit le conflit américano-vietnamien. Apocalypse now est d'ailleurs l'un des modèles du réalisateur, tout comme le film Tabou, autre superbe noir et blanc portugais.
A la fiction se déroulant au début des années 1970 sont juxtaposés des extraits de lettres, lus soit par leur auteur (le personnage principal, que l'on voit parfois en train d'écrire), soit par leur destinataire, sa jeune épouse enceinte. Le mélange de ces deux voix, s'il introduit une salutaire diversité, n'en est pas moins perturbant. De surcroît, la première partie comporte trop de passages lus. Je n'ai pas été ému par la transcription littéraire de cet amour enflammé et contrarié.
J'ai été beaucoup plus intéressé par ce qui nous était montré à l'écran. C'est souvent d'une grande beauté plastique, avec des jeux d'ombre et de lumière, mais aussi des reflets parfaitement maîtrisés. Je pense notamment à cette projection de film, dont on finit par voir une image détournée, en extérieur, sur des objets. Je pense aussi à la réverbération, à la surface d'un cours d'eau, de l'image de soldats tentant de réparer un pont saboté par les rebelles angolais. De manière générale, les paysages (ah la savane africaine !) sont bien filmés. Les ambiances nocturnes sont aussi très belles.
Ceux qui attendent de l'action trépidante peuvent passer leur chemin. On suit la troupe au quotidien, la caméra se détournant d'elle de temps à autre, pour s'attarder sur les Africains. Certains spectateurs seront peut-être choqués par la condition des femmes, soumises au bon vouloir des messieurs, à l'exception peut-être des deux chanteuses portugaises, aguicheuses mais inaccessibles. Notons que les scènes d'intérieur ont été réalisées avec un grand souci du détail, en particulier au niveau du décor et des objets du quotidien.
Même si ce n'est pas une totale réussite, ce film mérite le détour pour sa beauté visuelle.
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vendredi, 07 juillet 2017
Creepy
Ce film d'épouvante est signé du prolifique (et inégal) Kiyoshi Kurosawa, dont on a récemment pu apprécier deux des œuvres : Shokuzai (en deux parties) et Real. C'est un maître de la mise en scène, qui aime se servir des films de genre pour aborder des aspects psychologiques ou sociétaux.
Ici, il entrecroisent le film d'épouvante (ou thriller) et le drame bourgeois. L'action d'un tueur en série sert de révélateur à la crise d'un couple, celui formé par le héros et sa compagne (pas très bien interprétés, autant le dire tout de suite). Lui est un policier, devenu criminologue universitaire. Elle a visiblement renoncé à sa vie professionnelle et a accepté de le suivre dans sa nouvelle carrière. Les voilà qui emménagent dans un autre quartier, une banlieue résidentielle à la japonaise, propre et calme sans être luxueuse, où les voisins se fréquentent peu. Voilà qui ne convient guère à l'épouse esseulée, qui cherche de la compagnie... et se montre de plus en plus curieuse.
Dans le même temps, le héros Takakura retrouve certains anciens collègues policiers, qui peinent à élucider une mystérieuse disparition, qu'on pense être en réalité un triple meurtre déguisé. Petit à petit, Takakura découvre qu'il pourrait y avoir un lien avec son voisinage, notamment ce directeur d'association assez mystérieux, très bien campé par Teruyuki Kagawa, déjà vu dans Shokuzai.
La principale qualité du film est la réussite de cette montée en tension, à l'aide de scènes (en apparence) anodines, au fur et à mesure que de petits incidents impliquent de plus en plus l'ancien policier dans l'enquête. Un mystère plane aussi sur les motivations et la méthodologie du tueur en série. C'est en fait un manipulateur, qui connaît les faiblesses du comportement humain... et étudie la géographie urbaine de son territoire de chasse. Si l'on est indulgent, on dira que l'on peut hésiter quant à son identité. Est-ce le voisin inquiétant ? Sa fille, qui semble bien barrée elle aussi ? Ne faut-il pas plutôt voir dans le profil du tueur l'indication qu'il est de la police ? Mais que cache l'épouse du héros ? Et lui-même, n'est-il pas un peu perturbé ? Ne nous prépare-t-on pas un de ces retournements dont le cinéma de genre est désormais friand ?
Tout cela donne l'impression que le film est trépidant, alors qu'il n'en est rien. Certaines scènes s'étirent inutilement en longueur. Et Dieu que les adversaires du tueur sont stupides ! Il y a aussi quelques invraisemblances. Au début de l'histoire, un policier accepte de tourner le dos à un psychopathe armé. Plus tard, à plusieurs reprises, on voit un policier (jamais le même) se présenter seul au domicile d'un suspect... dans une enquête pour meurtre ! Je veux bien que les moeurs japonaises soient différentes des nôtres, mais là, je pense que le scénariste plie la réalité au déroulement de son intrigue. C'est donc finalement assez décevant, pas un mauvais film, mais une œuvre très en-dessous de ce que Kurosawa nous a proposé auparavant.
ATTENTION : LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE
Concernant le héros, on peut s'attendre à un retournement (la révélation qu'il est le tueur et qu'on ne nous a montré qu'une vision déformée des faits) à partir du moment où il discute avec la rescapée du précédent massacre. Celle-ci lui dit qu'il a "un comportement inhumain", expression qu'elle a employée auparavant à propos du voisin de ses parents qui l'a autrefois observée avec tant d'insistance. On comprend un peu plus tard que ce n'est pas la solution. La jeune femme veut oublier ce qui s'est passé chez ses parents parce que le tueur lui a à l'époque retourné le cerveau, faisant d'elle sa complice. C'est un aspect de l'histoire qui est assez subtil, au contraire d'autres éléments, moins élaborés que ce que l'on peut voir dans les meilleurs épisodes de la série Esprits criminels.
22:45 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Creepy
Ce film d'épouvante est signé du prolifique (et inégal) Kiyoshi Kurosawa, dont on a récemment pu apprécier deux des œuvres : Shokuzai (en deux parties) et Real. C'est un maître de la mise en scène, qui aime se servir des films de genre pour aborder des aspects psychologiques ou sociétaux.
Ici, il entrecroisent le film d'épouvante (ou thriller) et le drame bourgeois. L'action d'un tueur en série sert de révélateur à la crise d'un couple, celui formé par le héros et sa compagne (pas très bien interprétés, autant le dire tout de suite). Lui est un policier, devenu criminologue universitaire. Elle a visiblement renoncé à sa vie professionnelle et a accepté de le suivre dans sa nouvelle carrière. Les voilà qui emménagent dans un autre quartier, une banlieue résidentielle à la japonaise, propre et calme sans être luxueuse, où les voisins se fréquentent peu. Voilà qui ne convient guère à l'épouse esseulée, qui cherche de la compagnie... et se montre de plus en plus curieuse.
Dans le même temps, le héros Takakura retrouve certains anciens collègues policiers, qui peinent à élucider une mystérieuse disparition, qu'on pense être en réalité un triple meurtre déguisé. Petit à petit, Takakura découvre qu'il pourrait y avoir un lien avec son voisinage, notamment ce directeur d'association assez mystérieux, très bien campé par Teruyuki Kagawa, déjà vu dans Shokuzai.
La principale qualité du film est la réussite de cette montée en tension, à l'aide de scènes (en apparence) anodines, au fur et à mesure que de petits incidents impliquent de plus en plus l'ancien policier dans l'enquête. Un mystère plane aussi sur les motivations et la méthodologie du tueur en série. C'est en fait un manipulateur, qui connaît les faiblesses du comportement humain... et étudie la géographie urbaine de son territoire de chasse. Si l'on est indulgent, on dira que l'on peut hésiter quant à son identité. Est-ce le voisin inquiétant ? Sa fille, qui semble bien barrée elle aussi ? Ne faut-il pas plutôt voir dans le profil du tueur l'indication qu'il est de la police ? Mais que cache l'épouse du héros ? Et lui-même, n'est-il pas un peu perturbé ? Ne nous prépare-t-on pas un de ces retournements dont le cinéma de genre est désormais friand ?
Tout cela donne l'impression que le film est trépidant, alors qu'il n'en est rien. Certaines scènes s'étirent inutilement en longueur. Et Dieu que les adversaires du tueur sont stupides ! Il y a aussi quelques invraisemblances. Au début de l'histoire, un policier accepte de tourner le dos à un psychopathe armé. Plus tard, à plusieurs reprises, on voit un policier (jamais le même) se présenter seul au domicile d'un suspect... dans une enquête pour meurtre ! Je veux bien que les moeurs japonaises soient différentes des nôtres, mais là, je pense que le scénariste plie la réalité au déroulement de son intrigue. C'est donc finalement assez décevant, pas un mauvais film, mais une œuvre très en-dessous de ce que Kurosawa nous a proposé auparavant.
ATTENTION : LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE
Concernant le héros, on peut s'attendre à un retournement (la révélation qu'il est le tueur et qu'on ne nous a montré qu'une vision déformée des faits) à partir du moment où il discute avec la rescapée du précédent massacre. Celle-ci lui dit qu'il a "un comportement inhumain", expression qu'elle a employée auparavant à propos du voisin de ses parents qui l'a autrefois observée avec tant d'insistance. On comprend un peu plus tard que ce n'est pas la solution. La jeune femme veut oublier ce qui s'est passé chez ses parents parce que le tueur lui a à l'époque retourné le cerveau, faisant d'elle sa complice. C'est un aspect de l'histoire qui est assez subtil, au contraire d'autres éléments, moins élaborés que ce que l'on peut voir dans les meilleurs épisodes de la série Esprits criminels.
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jeudi, 06 juillet 2017
Grand froid
Cette coproduction franco-belge s'appuie sur une distribution haut-de-gamme : Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet, Philippe Duquesne, Féodor Atkine et Sam Karmann. Le titre, à l'image de son humour, est à double détente : il indique le contexte climatique dans lequel se déroule l'histoire (une contrée nordique qui pourrait être le Canada comme la Pologne, où a été tourné le film) et la qualité des relations sociales, dans cette petite ville où il ne fait pas bon vivre, entre l'absence d'animation et la crise économique.
L'histoire démarre sur deux faux-semblants, nous présentant les personnages d'Eddy et de Georges. Le premier est incarné par Arthur Dupont, déjà remarquable dans L'Outsider. On le découvre dans une position inattendue. On imagine assez vite quel trait d'humour est à l’œuvre (c'est un croquemort, et il est couché...) mais, quand on découvre toute la scène, c'est encore plus drôle. Georges a les traits de Jean-Pierre Bacri et il ne semble pas dans son assiette. Quoi de plus normal de nous le montrer ensuite dans la salle d'attente d'un médecin, où il côtoie un bel échantillon de nos contemporains, avec leurs qualités et leurs défauts ? Là, le réalisateur se fait malin : il compte sur nos préjugés de spectateurs, habitués à voir Bacri incarner un râleur misanthrope. On commence donc à imaginer la fin de la scène... qui se conclut de manière totalement inattendue.
Dans la suite du film, ce n'est pas toujours mis en scène avec autant de brio mais, le talent des acteurs aidant, les moments cocasses se succèdent avec bonheur. Je pense notamment à toutes les scènes qui se déroulent à l'intérieur d'une voiture coincée sur un lac gelé... Nos employés de pompes funèbres finissent par avoir un "client"... mais rien ne va se passer comme prévu. Je regrette toutefois les dernières minutes : Gérard Pautonnier semble avoir eu du mal à terminer son histoire, dont il n'a pas exploité toutes les ficelles.
Cela reste un chouette film, parfois tendre, même s'il mise principalement sur l'humour noir.
22:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Grand froid
Cette coproduction franco-belge s'appuie sur une distribution haut-de-gamme : Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet, Philippe Duquesne, Féodor Atkine et Sam Karmann. Le titre, à l'image de son humour, est à double détente : il indique le contexte climatique dans lequel se déroule l'histoire (une contrée nordique qui pourrait être le Canada comme la Pologne, où a été tourné le film) et la qualité des relations sociales, dans cette petite ville où il ne fait pas bon vivre, entre l'absence d'animation et la crise économique.
L'histoire démarre sur deux faux-semblants, nous présentant les personnages d'Eddy et de Georges. Le premier est incarné par Arthur Dupont, déjà remarquable dans L'Outsider. On le découvre dans une position inattendue. On imagine assez vite quel trait d'humour est à l’œuvre (c'est un croquemort, et il est couché...) mais, quand on découvre toute la scène, c'est encore plus drôle. Georges a les traits de Jean-Pierre Bacri et il ne semble pas dans son assiette. Quoi de plus normal de nous le montrer ensuite dans la salle d'attente d'un médecin, où il côtoie un bel échantillon de nos contemporains, avec leurs qualités et leurs défauts ? Là, le réalisateur se fait malin : il compte sur nos préjugés de spectateurs, habitués à voir Bacri incarner un râleur misanthrope. On commence donc à imaginer la fin de la scène... qui se conclut de manière totalement inattendue.
Dans la suite du film, ce n'est pas toujours mis en scène avec autant de brio mais, le talent des acteurs aidant, les moments cocasses se succèdent avec bonheur. Je pense notamment à toutes les scènes qui se déroulent à l'intérieur d'une voiture coincée sur un lac gelé... Nos employés de pompes funèbres finissent par avoir un "client"... mais rien ne va se passer comme prévu. Je regrette toutefois les dernières minutes : Gérard Pautonnier semble avoir eu du mal à terminer son histoire, dont il n'a pas exploité toutes les ficelles.
Cela reste un chouette film, parfois tendre, même s'il mise principalement sur l'humour noir.
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mercredi, 05 juillet 2017
Nothingwood
Cet étonnant documentaire de la Française Sonia Kronlund est consacré à un pan de la cinématographie afghane, les films d'action populaires produits, réalisés voire joués par Salim Shaheen, sorte de dieu vivant local du septième art... diffusé à la télévision. Par ironie, cette filmographie est appelée "Nothingwood", pour pointer l'écart qui la sépare d'Hollywood et même de Bollywood, la machinerie indienne dont les produits inondent la région.
Ce Salim Shaheen est une grande gueule avec de l'embonpoint, sorte de Louis Nicollin du cinéma afghan : il est colérique, souvent excessif, mais généreux et soucieux de faire du "bon travail". Tout est relatif : ses films sont constitués de bric et de broc. Les extraits qui sont insérés dans le documentaire ont de quoi faire sourire, voire ricaner.
Mais ses productions ont le grand mérite d'apporter un peu de rêve à une population qui, à des degrés divers, subit la guerre depuis presque quarante ans. Alors, même s'il est un peu beauf, même s'il manifeste sa suffisance et sa grossièreté en exposant ses pieds nus à son interlocutrice et à la caméra (lors d'un entretien de groupe qui voit les autres participants s'asseoir en tailleur), il est la manifestation d'un espace de liberté dans un pays où l'influence puritaine des talibans recommence à croître.
La réalisatrice, assez complaisante dans sa manière de s'adresser à lui, au moment du tournage, a pris un peu sa revanche au moment du montage. Elle a notamment intercalé des extraits des films qui font écho à des situations qu'elle a rencontrées en Afghanistan. Ainsi, une vidéo dans laquelle le héros (incarné bien entendu par Salim) arrête une voiture au démarrage par la seule force de ses bras est mise en regard de la résolution d'un mini-embouteillage, qui voit le même Salim (pas tout seul, hein) pousser péniblement un véhicule à l'arrêt.
D'autres extraits ont pour but de nous faire comprendre d'où vient ce Salim, qui jadis commanda une milice de quartier (de moudjahidines) qui ne se fit pas remarquer par la violence de ses actes. Quasi illettré, il a réussi à monter sa petite entreprise cinématographique, malgré la médiocrité de ses collaborateurs (sauf l'un des acteurs, vraiment charismatique). Je recommande tout particulièrement les scènes de tournage, qui valent leur pesant de cacahuètes !
Le film mérite le détour aussi pour le portrait de l'Afghanistan qu'il trace, en particulier de la place des femmes. Presque toutes sont confinées à la maison. Parmi celles qui disposent d'un peu de liberté, il y a la jeune actrice vedette (charmante) cornaquée par son père, un type assez ouvert mais qui veille à ce que la bienséance soit maintenue. La jeune femme n'a d'ailleurs aucune envie de passer pour une "danseuse", un terme qui, dans le pays, équivaut visiblement à prostituée.
Bien qu'il ne dure qu'1h25, ce documentaire est foisonnant, très inégal, un peu long (j'ai parfois regardé ma montre), mais c'est une plongée originale dans l'Afghanistan d'aujourd'hui, comme on ne l'a peut-être jamais vu.
23:55 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Nothingwood
Cet étonnant documentaire de la Française Sonia Kronlund est consacré à un pan de la cinématographie afghane, les films d'action populaires produits, réalisés voire joués par Salim Shaheen, sorte de dieu vivant local du septième art... diffusé à la télévision. Par ironie, cette filmographie est appelée "Nothingwood", pour pointer l'écart qui la sépare d'Hollywood et même de Bollywood, la machinerie indienne dont les produits inondent la région.
Ce Salim Shaheen est une grande gueule avec de l'embonpoint, sorte de Louis Nicollin du cinéma afghan : il est colérique, souvent excessif, mais généreux et soucieux de faire du "bon travail". Tout est relatif : ses films sont constitués de bric et de broc. Les extraits qui sont insérés dans le documentaire ont de quoi faire sourire, voire ricaner.
Mais ses productions ont le grand mérite d'apporter un peu de rêve à une population qui, à des degrés divers, subit la guerre depuis presque quarante ans. Alors, même s'il est un peu beauf, même s'il manifeste sa suffisance et sa grossièreté en exposant ses pieds nus à son interlocutrice et à la caméra (lors d'un entretien de groupe qui voit les autres participants s'asseoir en tailleur), il est la manifestation d'un espace de liberté dans un pays où l'influence puritaine des talibans recommence à croître.
La réalisatrice, assez complaisante dans sa manière de s'adresser à lui, au moment du tournage, a pris un peu sa revanche au moment du montage. Elle a notamment intercalé des extraits des films qui font écho à des situations qu'elle a rencontrées en Afghanistan. Ainsi, une vidéo dans laquelle le héros (incarné bien entendu par Salim) arrête une voiture au démarrage par la seule force de ses bras est mise en regard de la résolution d'un mini-embouteillage, qui voit le même Salim (pas tout seul, hein) pousser péniblement un véhicule à l'arrêt.
D'autres extraits ont pour but de nous faire comprendre d'où vient ce Salim, qui jadis commanda une milice de quartier (de moudjahidines) qui ne se fit pas remarquer par la violence de ses actes. Quasi illettré, il a réussi à monter sa petite entreprise cinématographique, malgré la médiocrité de ses collaborateurs (sauf l'un des acteurs, vraiment charismatique). Je recommande tout particulièrement les scènes de tournage, qui valent leur pesant de cacahuètes !
Le film mérite le détour aussi pour le portrait de l'Afghanistan qu'il trace, en particulier de la place des femmes. Presque toutes sont confinées à la maison. Parmi celles qui disposent d'un peu de liberté, il y a la jeune actrice vedette (charmante) cornaquée par son père, un type assez ouvert mais qui veille à ce que la bienséance soit maintenue. La jeune femme n'a d'ailleurs aucune envie de passer pour une "danseuse", un terme qui, dans le pays, équivaut visiblement à prostituée.
Bien qu'il ne dure qu'1h25, ce documentaire est foisonnant, très inégal, un peu long (j'ai parfois regardé ma montre), mais c'est une plongée originale dans l'Afghanistan d'aujourd'hui, comme on ne l'a peut-être jamais vu.
23:55 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 03 juillet 2017
Get out
Le titre fait allusion à une réplique (dans la version originale sous-titrée) : c'est ce que dit l'un des personnages (à l'humeur changeante) au héros, Chris (Daniel Kaluuya, impeccable), au cours d'une réception organisée chez les parents de sa nouvelle petite amie, avec laquelle la relation commence à devenir sérieuse. Précisons que ladite petite amie, Rose (Allison Williams, un clone de Keira Knightley), est blanche, alors que Chris est noir. Il angoisse donc un peu, bien que sa dulcinée lui assure que ses géniteurs sont des "libéraux" (au sens états-unien du terme, c'est-à-dire des progressistes), le père déclarant même qu'il aurait souhaité pouvoir voter une troisième fois pour Barack Obama. Donc, tout va bien ?
Pas tout à fait. Chris s'étonne que les employés de maison soient noirs... et qu'ils se comportent et s'expriment de manière étrange, comme s'ils venaient d'un autre monde. Et puis il y a cette (future ?) belle-mère, qui a les traits charmants de Catherine Keener, mais qui excelle dans l'hypnose. Le plus inquiétant de la famille est toutefois le frère de Rose, Jeremy (Caleb Landry Jones, vu en 2014 dans Queen and country et surtout, en 2012, dans Antiviral), un étudiant en médecine alcoolique, qui semble avoir du mal à réfréner ses pulsions... et qui manifeste un intérêt prononcé pour les qualités physiques du nouveau petit ami de sa sœur.
La mise en scène va habilement faire basculer l'histoire. Le début est volontairement plan-plan, mélangeant la comédie romantique et le film de famille. Petit à petit, le réalisateur instille des éléments nourrissant l'inquiétude, avec une remarquable économie de moyens et un réel sens du cadrage. (Ça a l'air pompeux, mais je vous assure que ce Jordan Peele sait construire un plan.) Je ne vais évidemment pas raconter la suite, mais sachez que cela devient mouvementé, avec des rebondissements quasiment jusqu'à la fin.
J'ai aussi apprécié l'humour (en général pas très fin...) porté par le personnage de Walter, le meilleur ami du héros, un petit gros à la langue bien pendue, dont les interventions font un peu baisser la tension.
S'appuyant sur la "question raciale", ce petit film d'épouvante est une révélation.
17:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Get out
Le titre fait allusion à une réplique (dans la version originale sous-titrée) : c'est ce que dit l'un des personnages (à l'humeur changeante) au héros, Chris (Daniel Kaluuya, impeccable), au cours d'une réception organisée chez les parents de sa nouvelle petite amie, avec laquelle la relation commence à devenir sérieuse. Précisons que ladite petite amie, Rose (Allison Williams, un clone de Keira Knightley), est blanche, alors que Chris est noir. Il angoisse donc un peu, bien que sa dulcinée lui assure que ses géniteurs sont des "libéraux" (au sens états-unien du terme, c'est-à-dire des progressistes), le père déclarant même qu'il aurait souhaité pouvoir voter une troisième fois pour Barack Obama. Donc, tout va bien ?
Pas tout à fait. Chris s'étonne que les employés de maison soient noirs... et qu'ils se comportent et s'expriment de manière étrange, comme s'ils venaient d'un autre monde. Et puis il y a cette (future ?) belle-mère, qui a les traits charmants de Catherine Keener, mais qui excelle dans l'hypnose. Le plus inquiétant de la famille est toutefois le frère de Rose, Jeremy (Caleb Landry Jones, vu en 2014 dans Queen and country et surtout, en 2012, dans Antiviral), un étudiant en médecine alcoolique, qui semble avoir du mal à réfréner ses pulsions... et qui manifeste un intérêt prononcé pour les qualités physiques du nouveau petit ami de sa sœur.
La mise en scène va habilement faire basculer l'histoire. Le début est volontairement plan-plan, mélangeant la comédie romantique et le film de famille. Petit à petit, le réalisateur instille des éléments nourrissant l'inquiétude, avec une remarquable économie de moyens et un réel sens du cadrage. (Ça a l'air pompeux, mais je vous assure que ce Jordan Peele sait construire un plan.) Je ne vais évidemment pas raconter la suite, mais sachez que cela devient mouvementé, avec des rebondissements quasiment jusqu'à la fin.
J'ai aussi apprécié l'humour (en général pas très fin...) porté par le personnage de Walter, le meilleur ami du héros, un petit gros à la langue bien pendue, dont les interventions font un peu baisser la tension.
S'appuyant sur la "question raciale", ce petit film d'épouvante est une révélation.
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dimanche, 02 juillet 2017
Nos Patriotes
Il y a une dizaine d'années, Gabriel Le Bonin s'est fait remarquer avec Les Fragments d'Antonin, un étonnant film ayant pour cadre les conséquences de la Première guerre mondiale. Ici, c'est de la seconde qu'il s'agit, avec d'abord un massacre de tirailleurs sénégalais (parmi d'autres) commis par l'armée allemande. Même si cette anecdote ne fait pas partie de la vie du héros Addi Bâ, elle a été intégrée à l'intrigue, pour contribuer à rendre hommage à ces combattants africains de l'armée française, dont certains se sont illustrés dans la résistance.
C'est parfois un peu scolaire, voire démonstratif. Certains dialogues ont pour objectif d'informer les spectateurs, comme lorsqu'on fait dire à l'un des personnages féminins (interprété par Alexandra Lamy, par ailleurs très bonne) qu'elle est d'origine alsacienne.
Je trouve qu'il y a de grands écarts dans la qualité de l'interprétation. Se dégagent nettement Alexandra Lamy et Marc Zinga, qu'on a vu l'an dernier dans Bienvenue à Marly-Gaumont. Beaucoup d'autres ont un jeu correct, mais qui m'est apparu un peu stéréotypé.
Au niveau de la mise en scène, les scènes d'extérieur m'ont paru moins réussies que celles d'intérieur, qui suscitent davantage le trouble ou l'inquiétude. Le travail sur les lumières est très bon.
J'ai aussi apprécié la volonté de ne pas brosser un tableau idéalisé de la résistance et des rapports humains. On ne cache pas l'existence de préjugés racistes, y compris chez les rebelles. Du côté du héros, on voit qu'on n'a pas affaire à un saint. Il est certes courageux, mais impulsif, pas suffisamment réfléchi au départ. Qui plus est, il s'est attiré quelques inimitiés en raison de ses succès féminins...
Le film a aussi le grand mérite de montrer l'ébauche de la formation d'un maquis, avec ses difficultés, et l'importance qu'a eue le S.T.O. dans le recrutement de jeunes hommes. Entre thriller historique et chronique de province, l'auteur ne choisit pas et réussit un assez bel assemblage. Notons qu'il a fallu attendre 60 ans pour que les mérites de Mamadou Addi Bâ soient reconnus.
PS
Deux ouvrages ont inspiré le film. J'ai lu l'un d'entre eux, Le Terroriste noir, de Tierno Monénembo, un auteur africain qui aborde le sujet sous la forme d'un roman, dans lequel le narrateur est l'une de ces jeunes Vosgiennes qui ont côtoyé le tirailleur.
L'intrigue du film s'éloigne quelque peu de celle du roman. Les auteurs ont dû puiser à des sources plus strictement historiques, comme le site internet consacré au tirailleur par un journaliste local, qui a écrit une biographie du soldat-résistant :
23:59 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Nos Patriotes
Il y a une dizaine d'années, Gabriel Le Bonin s'est fait remarquer avec Les Fragments d'Antonin, un étonnant film ayant pour cadre les conséquences de la Première guerre mondiale. Ici, c'est de la seconde qu'il s'agit, avec d'abord un massacre de tirailleurs sénégalais (parmi d'autres) commis par l'armée allemande. Même si cette anecdote ne fait pas partie de la vie du héros Addi Bâ, elle a été intégrée à l'intrigue, pour contribuer à rendre hommage à ces combattants africains de l'armée française, dont certains se sont illustrés dans la résistance.
C'est parfois un peu scolaire, voire démonstratif. Certains dialogues ont pour objectif d'informer les spectateurs, comme lorsqu'on fait dire à l'un des personnages féminins (interprété par Alexandra Lamy, par ailleurs très bonne) qu'elle est d'origine alsacienne.
Je trouve qu'il y a de grands écarts dans la qualité de l'interprétation. Se dégagent nettement Alexandra Lamy et Marc Zinga, qu'on a vu l'an dernier dans Bienvenue à Marly-Gaumont. Beaucoup d'autres ont un jeu correct, mais qui m'est apparu un peu stéréotypé.
Au niveau de la mise en scène, les scènes d'extérieur m'ont paru moins réussies que celles d'intérieur, qui suscitent davantage le trouble ou l'inquiétude. Le travail sur les lumières est très bon.
J'ai aussi apprécié la volonté de ne pas brosser un tableau idéalisé de la résistance et des rapports humains. On ne cache pas l'existence de préjugés racistes, y compris chez les rebelles. Du côté du héros, on voit qu'on n'a pas affaire à un saint. Il est certes courageux, mais impulsif, pas suffisamment réfléchi au départ. Qui plus est, il s'est attiré quelques inimitiés en raison de ses succès féminins...
Le film a aussi le grand mérite de montrer l'ébauche de la formation d'un maquis, avec ses difficultés, et l'importance qu'a eue le S.T.O. dans le recrutement de jeunes hommes. Entre thriller historique et chronique de province, l'auteur ne choisit pas et réussit un assez bel assemblage. Notons qu'il a fallu attendre 60 ans pour que les mérites de Mamadou Addi Bâ soient reconnus.
PS
Deux ouvrages ont inspiré le film. J'ai lu l'un d'entre eux, Le Terroriste noir, de Tierno Monénembo, un auteur africain qui aborde le sujet sous la forme d'un roman, dans lequel le narrateur est l'une de ces jeunes Vosgiennes qui ont côtoyé le tirailleur.
L'intrigue du film s'éloigne quelque peu de celle du roman. Les auteurs ont dû puiser à des sources plus strictement historiques, comme le site internet consacré au tirailleur par un journaliste local, qui a écrit une biographie du soldat-résistant :
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vendredi, 30 juin 2017
Alerte à Maliburnes
- Monsieur Golant, vous, ici ? Mes parents ne vont pas le croire !
C'est ainsi que le fils de miennes connaissances a réagi lorsqu'il s'est aperçu de ma présence dans une salle à 90 % composée d'individus âgés de 8 à 16 ans. Ses géniteurs ne l'ont sans doute pas informé de l'éclectisme de mes goûts cinématographiques.
Je n'étais pas du tout mais alors pas du tout fan de la série, que je trouvais mal jouée, pas drôle. Le film contient évidemment des clins d'oeil à son modèle télévisuel, à travers un porte-clés puis un caméo de David Hasselhoff dans un magasin de téléphonie (il est de retour dans le générique), Pamela Anderson, pleine de maquillage et de plastique, venant faire un petit coucou en fin d'histoire.
Visuellement, le film joue sur deux tableaux : la parodie et l'autocélébration. On le voit parfaitement dans le choix des actrices principales, au physique irréprochable :
Le choix des maillots de bain a sans doute constitué un puissant moment de réflexion pour la production. Fallait-il se limiter à une taille au-dessous ? Aller jusqu'à deux ? Où devait s'arrêter la fermeture-éclair au niveau de la poitrine ? Quelle surface de tissu laisser au niveau des fesses? Cruels dilemmes, que l'on a vus récemment à l'oeuvre dans Instinct de survie.
Le pire est que les tenues les plus sexys que portent les actrices ne sont pas lesdits maillots de bain, mais des robes de soirée, qui sont franchement à tomber ! La nouvelle C.J. (à gauche ci-dessus), tout de blanc vêtue, donne l'impression d'être sur le point de se donner au premier homme venu (ce qu'elle finit d'ailleurs par faire vers la fin). Victoria-la-méchante (à droite) se voit dotée de robes moulantes qui ne laissent rien ignorer de ses formes sublimes. Cerise sur le gâteau : les déambulations de ces dames sont souvent filmées au ralenti. Les dialogues intègrent aussi le côté "reluqueur"... et l'on a mis dans la bouche des charmantes actrices des répliques parfois assez grossières. Bref, on a tout fait pour appâter le mâle hétérosexuel moyen !
Pour les homos et les spectatrices hétérosexuelles, on a placé à l'écran deux adeptes du culturisme, le minet Zac Efron et le malabar Dwayne Johnson (avec quelques ambiguïtés dans leurs relations). Ce dernier est vraiment très bon, d'une étonnante décontraction quelle que soit la situation. De surcroît, il arrive à débiter quantité d'insanités avec un naturel confondant. Signalons l'excellent doublage de David Krüger, qui est aussi la voix française de Chris Pratt et de Shemar Moore (dans Esprits criminels). Pour la petite histoire, j'ajoute qu'il a, dans le passé, doublé l'un des acteurs de la série Alerte à Malibu.
On semble avoir porté un soin tout particulier à l'écriture des dialogues. C'est souvent d'une grossièreté stupéfiante (pour une production à gros budget). On note la récurrence des termes "bite", "nichons", "couilles", ainsi que l'utilisation d'un langage tout aussi ciblé (sur le plan anatomique), mais d'un niveau plus relevé, avec "scrotum" et "périnée". Cela nous vaut une séquence vraiment tordante, à la morgue. Elle commence par le tripotage d'un cadavre, pour continuer dans des casiers réfrigérés... et se conclure en baston générale, culminant dans un face-à-face épique entre deux boules de muscles, dans une chambre d'enfants !
Il faut reconnaître que, de ce point de vue, la production ne se fout pas du monde. On a vraiment soigné les scènes d'action, la meilleure étant, selon moi, celle du sauvetage d'un bateau en feu, vraiment bien filmée.
Et donc vous arrivez à la conclusion que... j'ai aimé ça ! Oh que oui ! C'est ce qu'on appelle parfois un "plaisir coupable", à côté duquel American Pie n'est qu'une bluette monacale pour chartreux en mal d'isolement.
11:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Alerte à Maliburnes
- Monsieur Golant, vous, ici ? Mes parents ne vont pas le croire !
C'est ainsi que le fils de miennes connaissances a réagi lorsqu'il s'est aperçu de ma présence dans une salle à 90 % composée d'individus âgés de 8 à 16 ans. Ses géniteurs ne l'ont sans doute pas informé de l'éclectisme de mes goûts cinématographiques.
Je n'étais pas du tout mais alors pas du tout fan de la série, que je trouvais mal jouée, pas drôle. Le film contient évidemment des clins d'oeil à son modèle télévisuel, à travers un porte-clés puis un caméo de David Hasselhoff dans un magasin de téléphonie (il est de retour dans le générique), Pamela Anderson, pleine de maquillage et de plastique, venant faire un petit coucou en fin d'histoire.
Visuellement, le film joue sur deux tableaux : la parodie et l'autocélébration. On le voit parfaitement dans le choix des actrices principales, au physique irréprochable :
Le choix des maillots de bain a sans doute constitué un puissant moment de réflexion pour la production. Fallait-il se limiter à une taille au-dessous ? Aller jusqu'à deux ? Où devait s'arrêter la fermeture-éclair au niveau de la poitrine ? Quelle surface de tissu laisser au niveau des fesses? Cruels dilemmes, que l'on a vus récemment à l'oeuvre dans Instinct de survie.
Le pire est que les tenues les plus sexys que portent les actrices ne sont pas lesdits maillots de bain, mais des robes de soirée, qui sont franchement à tomber ! La nouvelle C.J. (à gauche ci-dessus), tout de blanc vêtue, donne l'impression d'être sur le point de se donner au premier homme venu (ce qu'elle finit d'ailleurs par faire vers la fin). Victoria-la-méchante (à droite) se voit dotée de robes moulantes qui ne laissent rien ignorer de ses formes sublimes. Cerise sur le gâteau : les déambulations de ces dames sont souvent filmées au ralenti. Les dialogues intègrent aussi le côté "reluqueur"... et l'on a mis dans la bouche des charmantes actrices des répliques parfois assez grossières. Bref, on a tout fait pour appâter le mâle hétérosexuel moyen !
Pour les homos et les spectatrices hétérosexuelles, on a placé à l'écran deux adeptes du culturisme, le minet Zac Efron et le malabar Dwayne Johnson (avec quelques ambiguïtés dans leurs relations). Ce dernier est vraiment très bon, d'une étonnante décontraction quelle que soit la situation. De surcroît, il arrive à débiter quantité d'insanités avec un naturel confondant. Signalons l'excellent doublage de David Krüger, qui est aussi la voix française de Chris Pratt et de Shemar Moore (dans Esprits criminels). Pour la petite histoire, j'ajoute qu'il a, dans le passé, doublé l'un des acteurs de la série Alerte à Malibu.
On semble avoir porté un soin tout particulier à l'écriture des dialogues. C'est souvent d'une grossièreté stupéfiante (pour une production à gros budget). On note la récurrence des termes "bite", "nichons", "couilles", ainsi que l'utilisation d'un langage tout aussi ciblé (sur le plan anatomique), mais d'un niveau plus relevé, avec "scrotum" et "périnée". Cela nous vaut une séquence vraiment tordante, à la morgue. Elle commence par le tripotage d'un cadavre, pour continuer dans des casiers réfrigérés... et se conclure en baston générale, culminant dans un face-à-face épique entre deux boules de muscles, dans une chambre d'enfants !
Il faut reconnaître que, de ce point de vue, la production ne se fout pas du monde. On a vraiment soigné les scènes d'action, la meilleure étant, selon moi, celle du sauvetage d'un bateau en feu, vraiment bien filmée.
Et donc vous arrivez à la conclusion que... j'ai aimé ça ! Oh que oui ! C'est ce qu'on appelle parfois un "plaisir coupable", à côté duquel American Pie n'est qu'une bluette monacale pour chartreux en mal d'isolement.
11:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 27 juin 2017
Le Grand Méchant Renard
Le titre de ce film d'animation (adapté de la bande dessinée éponyme) est une antiphrase : le renard n'est ni grand ni méchant, comme on peut le constater dans la deuxième des trois histoires, dont le canidé à fourrure est le héros.
Au lieu de croquer les poussins éclos des œufs qu'il a volés à la ferme, il en devient la maman ! C'est encore plus drôle quand les bébés grandissent et qu'ils veulent se comporter comme de vrais renards ! Les relations avec/entre les animaux de la ferme sont aussi sources de gags, avec notamment un chien flemmard et de redoutables poules "mamans-grizzlis". Il y a bien un grand méchant dans l'histoire, mais c'est un loup, très inquiétant. A noter aussi que les animaux enfants sont très bien doublés : les voix sont à la fois jeunes et pleines d'innocence, ce qui renforce l'aspect comique de certaines scènes.
Cette histoire est précédée d'une autre, tout aussi rocambolesque. Une cigogne atterrit à la ferme, incapable d'achever la livraison d'un bébé. Les trois amis (le cochon, le lapin et le canard) vont se charger d'amener le colis à bon port... après moult péripéties. Les relations conflictuelles entre ces copains vont leur compliquer la tâche. On peut remarquer que le cochon incarne le gars posé, réfléchi, peu aventureux, au contraire des deux autres, plus impulsifs voire têtes de linotte.
L'ensemble se conclut par le sauvetage de la fête de Noël. Au coeur de l'histoire de trouvent la question de l'existence du célèbre vieillard à barbe blanche ... et la livraison des cadeaux. Cela va conduire nos héros à la fourrière... et sur les toits, pour une conclusion des plus surprenantes.
Ce n'est pas aussi abouti qu'Ernest et Célestine (le précédent film de Benjamin Renner), mais c'est assez drôle et inventif... plutôt destiné au jeune public (dans la salle où je me trouvais, les bambins ont adoré). Les adultes devront faire preuve d'un peu d'indulgence... mais seront quand même "saisis" par certains gags.
PS
Le site dédié est bien fichu, drôle et interactif !
13:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Grand Méchant Renard
Le titre de ce film d'animation (adapté de la bande dessinée éponyme) est une antiphrase : le renard n'est ni grand ni méchant, comme on peut le constater dans la deuxième des trois histoires, dont le canidé à fourrure est le héros.
Au lieu de croquer les poussins éclos des œufs qu'il a volés à la ferme, il en devient la maman ! C'est encore plus drôle quand les bébés grandissent et qu'ils veulent se comporter comme de vrais renards ! Les relations avec/entre les animaux de la ferme sont aussi sources de gags, avec notamment un chien flemmard et de redoutables poules "mamans-grizzlis". Il y a bien un grand méchant dans l'histoire, mais c'est un loup, très inquiétant. A noter aussi que les animaux enfants sont très bien doublés : les voix sont à la fois jeunes et pleines d'innocence, ce qui renforce l'aspect comique de certaines scènes.
Cette histoire est précédée d'une autre, tout aussi rocambolesque. Une cigogne atterrit à la ferme, incapable d'achever la livraison d'un bébé. Les trois amis (le cochon, le lapin et le canard) vont se charger d'amener le colis à bon port... après moult péripéties. Les relations conflictuelles entre ces copains vont leur compliquer la tâche. On peut remarquer que le cochon incarne le gars posé, réfléchi, peu aventureux, au contraire des deux autres, plus impulsifs voire têtes de linotte.
L'ensemble se conclut par le sauvetage de la fête de Noël. Au coeur de l'histoire de trouvent la question de l'existence du célèbre vieillard à barbe blanche ... et la livraison des cadeaux. Cela va conduire nos héros à la fourrière... et sur les toits, pour une conclusion des plus surprenantes.
Ce n'est pas aussi abouti qu'Ernest et Célestine (le précédent film de Benjamin Renner), mais c'est assez drôle et inventif... plutôt destiné au jeune public (dans la salle où je me trouvais, les bambins ont adoré). Les adultes devront faire preuve d'un peu d'indulgence... mais seront quand même "saisis" par certains gags.
PS
Le site dédié est bien fichu, drôle et interactif !
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lundi, 26 juin 2017
Wonder Woman
Bien qu'étant lecteur de comics, dans ma jeuuuuunesse, je n'étais pas un inconditionnel de cette super-héroïne (j'étais plutôt Marvel que DC). De plus, je n'avais pas été emballé par la série télévisée où elle était incarnée par Lynda Carter. Si je suis allé voir ce film, c'est parce que je pensais que la version "moderne" du personnage était plus intéressante... et parce que je ne risquais de perdre que quatre euros.
Première remarque : l'héroïne féministe fait recette au cinéma de Rodez, dont il constitue un des succès du moment. Le début est assez entraînant, avec ces origines mythologiques qui ont fait fantasmer tellement d'hommes (ah, les Amazones...). Ceci dit, ce n'est pas super-bien joué, mais les scènes où l'ont voit les guerrières s'entraîner sont très réussies. On y reconnaît la patte du couple Snyder (Zach a réalisé 300 et scénarisé la suite) qui, bien que n'ayant pas mis en scène le film, a sans doute été à la manœuvre, en coulisses. Aux cinéphiles je signale que la réalisatrice Patty Jenkins est l'auteure de l'excellent Monster (avec Charlize Theron).
Je suis resté sur ma bonne impression avec l'arrivée des troupes allemandes, qui donne lieu à une bataille fort bien orchestrée entre la troupe d'Amazones et les guerriers européens surarmés. Cette tranche d'agressivité maîtrisée est heureusement contrebalancée par quelques notes d'humour, quand la princesse Diana découvre l'individu de sexe masculin qu'elle a sauvé des eaux... qu'elle découvre d'ailleurs sous toutes ses coutures, lui demandant s'il est "dans la moyenne" des hommes... Son interlocuteur, fort bien bâti (mais quelque peu embarrassé par sa totale nudité), finit par lâcher qu'il est "un peu au-dessus de la moyenne"... Le public de la salle a aussi savouré le quiproquo né d'une question de Diana, qui se demande ce que peut bien être "cette chose"... un objet ou une partie de l'anatomie ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
Le ton de la comédie est maintenu lors de l'arrivée de Diana en Europe. Il y a déjà le voyage dans un bateau exigu, qui se prête à quelques incongruités. Il y a surtout le caractère ingénu de l'héroïne, qui méconnaît les usages en vigueur dans le monde des humains.
Mais, très vite, l'action revient au premier plan, dans une séquence ébouriffante qui se déroule en Belgique, d'une tranchée à un village bombardé. C'est spectaculaire et fort bien joué. Je n'en dirai pas autant du combat final, qui oppose Diana au super-méchant qu'elle a fini par trouver. C'est inutilement grandiloquent, alors que, dans la réalité, les deux personnages sont sans doute suspendus à des câbles devant des fonds verts. La dernière image est tout aussi ridicule, avec l'héroïne qui s'élance droit sur l'écran, à la façon d'anciens comics. Je suis décidément trop vieux pour ce genre de gamineries. Mais l'ensemble forme un agréable divertissement. L'actrice Gal Gadot (aperçue dans Triple 9), belle et athlétique, a du charisme. Les relations avec les autres personnages sont assez bien mises en scène et, surtout, les effets spéciaux sont de très bonne qualité, en particulier les ricochets des balles sur son bouclier.
23:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Wonder Woman
Bien qu'étant lecteur de comics, dans ma jeuuuuunesse, je n'étais pas un inconditionnel de cette super-héroïne (j'étais plutôt Marvel que DC). De plus, je n'avais pas été emballé par la série télévisée où elle était incarnée par Lynda Carter. Si je suis allé voir ce film, c'est parce que je pensais que la version "moderne" du personnage était plus intéressante... et parce que je ne risquais de perdre que quatre euros.
Première remarque : l'héroïne féministe fait recette au cinéma de Rodez, dont il constitue un des succès du moment. Le début est assez entraînant, avec ces origines mythologiques qui ont fait fantasmer tellement d'hommes (ah, les Amazones...). Ceci dit, ce n'est pas super-bien joué, mais les scènes où l'ont voit les guerrières s'entraîner sont très réussies. On y reconnaît la patte du couple Snyder (Zach a réalisé 300 et scénarisé la suite) qui, bien que n'ayant pas mis en scène le film, a sans doute été à la manœuvre, en coulisses. Aux cinéphiles je signale que la réalisatrice Patty Jenkins est l'auteure de l'excellent Monster (avec Charlize Theron).
Je suis resté sur ma bonne impression avec l'arrivée des troupes allemandes, qui donne lieu à une bataille fort bien orchestrée entre la troupe d'Amazones et les guerriers européens surarmés. Cette tranche d'agressivité maîtrisée est heureusement contrebalancée par quelques notes d'humour, quand la princesse Diana découvre l'individu de sexe masculin qu'elle a sauvé des eaux... qu'elle découvre d'ailleurs sous toutes ses coutures, lui demandant s'il est "dans la moyenne" des hommes... Son interlocuteur, fort bien bâti (mais quelque peu embarrassé par sa totale nudité), finit par lâcher qu'il est "un peu au-dessus de la moyenne"... Le public de la salle a aussi savouré le quiproquo né d'une question de Diana, qui se demande ce que peut bien être "cette chose"... un objet ou une partie de l'anatomie ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
Le ton de la comédie est maintenu lors de l'arrivée de Diana en Europe. Il y a déjà le voyage dans un bateau exigu, qui se prête à quelques incongruités. Il y a surtout le caractère ingénu de l'héroïne, qui méconnaît les usages en vigueur dans le monde des humains.
Mais, très vite, l'action revient au premier plan, dans une séquence ébouriffante qui se déroule en Belgique, d'une tranchée à un village bombardé. C'est spectaculaire et fort bien joué. Je n'en dirai pas autant du combat final, qui oppose Diana au super-méchant qu'elle a fini par trouver. C'est inutilement grandiloquent, alors que, dans la réalité, les deux personnages sont sans doute suspendus à des câbles devant des fonds verts. La dernière image est tout aussi ridicule, avec l'héroïne qui s'élance droit sur l'écran, à la façon d'anciens comics. Je suis décidément trop vieux pour ce genre de gamineries. Mais l'ensemble forme un agréable divertissement. L'actrice Gal Gadot (aperçue dans Triple 9), belle et athlétique, a du charisme. Les relations avec les autres personnages sont assez bien mises en scène et, surtout, les effets spéciaux sont de très bonne qualité, en particulier les ricochets des balles sur son bouclier.
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dimanche, 25 juin 2017
Ce qui nous lie
Je ne sais pas si je serais allé voir ce film sans la Fête du cinéma. J'ai été jadis un fan de Cédric Klapisch, celui du Péril jeune, d'Un air de famille et de Chacun cherche son chat. J'ai arrêté après L'Auberge espagnole. Ici, c'est le contexte viticole qui m'a intéressé. Klapisch greffe là-dessus une intrigue familiale comme il les aime, une histoire qu'on croit être au départ celle d'une relation frères-sœur... mais qui est aussi celle d'une relation père(s)-fils.
Klapisch savait sans doute qu'il était attendu au tournant, notamment sur les paysages. Je confirme donc ce qui a déjà été abondamment dit : ils sont superbes. On a droit à quelques plans purement esthétiques, très réussis. Mais les rangées de vignes sont également très bien intégrées à l'intrigue, au quotidien.
J'ai aussi apprécié le côté documentaire de certaines scènes, sur les vendanges, le pressage du raisin, la dégustation, la taille des vignes, leur traitement. Le réalisateur ne cache pas les tensions qui peuvent surgir dans ce milieu si particulier. Il en fait des éléments de rebondissement, parfois un peu téléphonés.
Cela m'amène aux relations entre les personnages. C'est en général très appuyé. Les dialogues et la mise en scène sont chargés de suggérer l'indécision, l'écartèlement. Je crois que même le spectateur le plus abruti a compris à quel point le héros (Pio Marmai, potable, que l'on peut voir dans un autre registre dans l'excellent K.O.) est déchiré entre l'Australie et la Bourgogne (plus exactement entre sa compagne et son gamin d'un côté, son frère et sa sœur de l'autre). De la même manière, l'indécision de Juliette (Ana Girardot, qu'on a connue meilleure) entre la crainte des responsabilités à assumer et l'amour de la vigne est transparente. Mais le pire est atteint avec le benjamin Jérémie, archétype de la victime qui va se rebeller (un petit peu).
Je suis sorti de là assez satisfait, mais pas emballé. C'est plutôt un film qui caresse dans le sens du poil.
22:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Ce qui nous lie
Je ne sais pas si je serais allé voir ce film sans la Fête du cinéma. J'ai été jadis un fan de Cédric Klapisch, celui du Péril jeune, d'Un air de famille et de Chacun cherche son chat. J'ai arrêté après L'Auberge espagnole. Ici, c'est le contexte viticole qui m'a intéressé. Klapisch greffe là-dessus une intrigue familiale comme il les aime, une histoire qu'on croit être au départ celle d'une relation frères-sœur... mais qui est aussi celle d'une relation père(s)-fils.
Klapisch savait sans doute qu'il était attendu au tournant, notamment sur les paysages. Je confirme donc ce qui a déjà été abondamment dit : ils sont superbes. On a droit à quelques plans purement esthétiques, très réussis. Mais les rangées de vignes sont également très bien intégrées à l'intrigue, au quotidien.
J'ai aussi apprécié le côté documentaire de certaines scènes, sur les vendanges, le pressage du raisin, la dégustation, la taille des vignes, leur traitement. Le réalisateur ne cache pas les tensions qui peuvent surgir dans ce milieu si particulier. Il en fait des éléments de rebondissement, parfois un peu téléphonés.
Cela m'amène aux relations entre les personnages. C'est en général très appuyé. Les dialogues et la mise en scène sont chargés de suggérer l'indécision, l'écartèlement. Je crois que même le spectateur le plus abruti a compris à quel point le héros (Pio Marmai, potable, que l'on peut voir dans un autre registre dans l'excellent K.O.) est déchiré entre l'Australie et la Bourgogne (plus exactement entre sa compagne et son gamin d'un côté, son frère et sa sœur de l'autre). De la même manière, l'indécision de Juliette (Ana Girardot, qu'on a connue meilleure) entre la crainte des responsabilités à assumer et l'amour de la vigne est transparente. Mais le pire est atteint avec le benjamin Jérémie, archétype de la victime qui va se rebeller (un petit peu).
Je suis sorti de là assez satisfait, mais pas emballé. C'est plutôt un film qui caresse dans le sens du poil.
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samedi, 24 juin 2017
Les Ex
A priori, ça sent la comédie lourdingue "à la française", avec vedettes de la télévision, gags éculés et scénario paresseux. En fait, il y a une véritable histoire, je dirais même un enchevêtrement d'histoires. On n'atteint pas la virtuosité de Short Cuts de Robert Altman, mais Maurice Barthélémy réussit à faire se croiser quasiment tous les protagonistes de son film.
Le carrefour stratégique est... un VTC (véhicule de transport avec chauffeur), de genre Uber. La majorité des personnages principaux vont y passer. Le chauffeur lui-même fait partie de l'intrigue. En le quittant, son ex lui a laissé son chien, un bouledogue nommé Jean-Claude, qui pète et qui vomit... (Je dois reconnaître que je suis client de ce genre d'humour raffiné.)
Je ne peux pas vous dire pourquoi, mais sachez que Jean-Claude va rapprocher Greg (le chauffeur) de Solène, une de ses charmantes clientes, dont les parents sont sur le point de divorcer. Ceux-ci sont incarnés avec gourmandise par Patrick Chesnais et Natacha Lindinger :
Il se trouve que Caroline Atlan (Natacha Lindinger) est la soeur d'un psychiatre médiatique bobo, auquel Jean-Paul Rouve prête ses traits avec talent. Lui est déjà divorcé, mais il va devoir gérer ses deux jumelles adolescentes (l'une d'entre elles très libidineuse)... et une éventuelle nouvelle relation avec une charmante animatrice radio, interprétée par Judith El Zein (vue récemment dans Papa ou maman 2) :
L'ex-épouse du psychiatre va avoir un accident, en un lieu où vont se croiser le chauffeur VTC et une policière qui vient de se faire larguer par une "artiste de la nuit" québécoise... et truculente (Zoé Duchesne... fiouuuuu). Cette policière va "entrer en contact" (je ne vous dis pas comment) avec le nouveau petit ami de son ex, qui connaît certains des personnages cités plus haut. La boucle sera bouclée quand on aura vu Marina (la Québécoise) faire son jogging avec sa meilleure amie, sur le point de se marier... dans l'église où officie son ex, devenu prêtre !
Le scénario prend donc la forme d'un "marabout de ficelle" très plaisant, agrémenté d'une musique entraînante, avec beaucoup de gags. J'ai souvent ri, parfois ricané. Cela a même un côté exutoire : nombre de situations rappelleront des moments vécus ou des scènes auxquelles on a assisté comme témoin.
Certaines sont particulièrement bien tournées, comme l'agression que subit le nouveau petit ami de l'ex-lesbienne québécoise ou encore la discussion intime que Caroline Atlan a avec son frère psy dans des circonstances que l'on découvre au fur et à mesure que progresse l'entretien... Vers la fin, l'un des personnages a droit à sa petite vengeance, complètement inattendue, puisqu'on ignorait sa profession auparavant.
Les hommes ne sortent pas grandis de cette histoire et les femmes sont toutes belles, chacune dans son genre. Je pense ne pas trahir grand chose en révélant que l'intrigue se dirige vers une fin heureuse, avec une louche de "politiquement correct". Cette comédie ne va sans doute pas renouveler le genre, mais, pour 4 euros, lors de la Fête du cinéma, elle fera passer un agréable moment.
22:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Ex
A priori, ça sent la comédie lourdingue "à la française", avec vedettes de la télévision, gags éculés et scénario paresseux. En fait, il y a une véritable histoire, je dirais même un enchevêtrement d'histoires. On n'atteint pas la virtuosité de Short Cuts de Robert Altman, mais Maurice Barthélémy réussit à faire se croiser quasiment tous les protagonistes de son film.
Le carrefour stratégique est... un VTC (véhicule de transport avec chauffeur), de genre Uber. La majorité des personnages principaux vont y passer. Le chauffeur lui-même fait partie de l'intrigue. En le quittant, son ex lui a laissé son chien, un bouledogue nommé Jean-Claude, qui pète et qui vomit... (Je dois reconnaître que je suis client de ce genre d'humour raffiné.)
Je ne peux pas vous dire pourquoi, mais sachez que Jean-Claude va rapprocher Greg (le chauffeur) de Solène, une de ses charmantes clientes, dont les parents sont sur le point de divorcer. Ceux-ci sont incarnés avec gourmandise par Patrick Chesnais et Natacha Lindinger :
Il se trouve que Caroline Atlan (Natacha Lindinger) est la soeur d'un psychiatre médiatique bobo, auquel Jean-Paul Rouve prête ses traits avec talent. Lui est déjà divorcé, mais il va devoir gérer ses deux jumelles adolescentes (l'une d'entre elles très libidineuse)... et une éventuelle nouvelle relation avec une charmante animatrice radio, interprétée par Judith El Zein (vue récemment dans Papa ou maman 2) :
L'ex-épouse du psychiatre va avoir un accident, en un lieu où vont se croiser le chauffeur VTC et une policière qui vient de se faire larguer par une "artiste de la nuit" québécoise... et truculente (Zoé Duchesne... fiouuuuu). Cette policière va "entrer en contact" (je ne vous dis pas comment) avec le nouveau petit ami de son ex, qui connaît certains des personnages cités plus haut. La boucle sera bouclée quand on aura vu Marina (la Québécoise) faire son jogging avec sa meilleure amie, sur le point de se marier... dans l'église où officie son ex, devenu prêtre !
Le scénario prend donc la forme d'un "marabout de ficelle" très plaisant, agrémenté d'une musique entraînante, avec beaucoup de gags. J'ai souvent ri, parfois ricané. Cela a même un côté exutoire : nombre de situations rappelleront des moments vécus ou des scènes auxquelles on a assisté comme témoin.
Certaines sont particulièrement bien tournées, comme l'agression que subit le nouveau petit ami de l'ex-lesbienne québécoise ou encore la discussion intime que Caroline Atlan a avec son frère psy dans des circonstances que l'on découvre au fur et à mesure que progresse l'entretien... Vers la fin, l'un des personnages a droit à sa petite vengeance, complètement inattendue, puisqu'on ignorait sa profession auparavant.
Les hommes ne sortent pas grandis de cette histoire et les femmes sont toutes belles, chacune dans son genre. Je pense ne pas trahir grand chose en révélant que l'intrigue se dirige vers une fin heureuse, avec une louche de "politiquement correct". Cette comédie ne va sans doute pas renouveler le genre, mais, pour 4 euros, lors de la Fête du cinéma, elle fera passer un agréable moment.
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