samedi, 02 avril 2022
Retour à Reims (fragments)
Ce documentaire militant s'inspire d'un essai de Didier Eribon (que je n'ai pas lu). A travers la redécouverte de l'histoire familiale (avec laquelle l'auteur / la narratrice dit avoir jadis coupé), le film dessine une histoire (subjective) de certaines catégories populaires (essentiellement le monde ouvrier), de l'Entre-deux-guerres (période des grands-parents) jusqu'aux années 1980-1990 (à l'âge adulte de l'auteur).
Le grand intérêt du film (et son originalité par rapport à la forme écrite) est le montage d'images anciennes qu'il propose, composé d'extraits de films de fiction et (surtout) de reportages d'époque. Hélas, ces images ne sont jamais contextualisées au moment où elles passent à l'écran. Il faut attendre le générique de fin pour découvrir de quand les extraits datent, en vrac. Du coup, parfois, j'ai eu l'impression que les périodes ne concordaient pas tout à fait. Ainsi, quand il est question des années 1950, il me semble que, parfois, ce sont des images de la fin des années 1960 qui nous sont projetées. Plus gênante encore est, pour illustrer la montée du vote FN chez les ouvriers dans les années 1980-1990, l'utilisation d'images d'archive présentant Jean-Marie Le Pen... dans les années 1970, à l'époque où son jeune mouvement ne rencontrait aucun succès.
Quoi qu'il en soit, le travail de documentation semble avoir été énorme et les extraits proposés sont intéressants. On en voit peu datant de la période des grands-parents. Le propos est centré sur la voix-off, qui lit des passages du livre. C'est la grand-mère maternelle qui est au centre de cette partie. C'était une femme libre, à qui le rôle de fidèle épouse au foyer ne convenait pas. Au début des années 1940, elle a même osé partir travailler volontairement en Allemagne... Notons que le livre, comme le documentaire ne jugent pas... enfin, pas ce genre de comportement.
La période d'après-guerre est plus fournie. Au niveau de la fiction, cela va de Jean-Luc Godard à Coline Serreau. Au niveau reportages et archives, c'est foisonnant, sur le travail des ouvriers, le rôle des femmes, la place des immigrés. L'accent est mis successivement sur ces trois aspects, l'un venant compléter l'autre. L'idée générale est que l'on trouve toujours plus opprimé que soi.
J'ai apprécié que le réalisateur ne contourne pas la difficulté du basculement d'une partie du vote ouvrier. Mais je trouve que l'état des lieux comme l'analyse des causes sont superficiels, voire biaisés.
Sur le plan historique, le film semble ne pas savoir que, depuis qu'elle a été identifiée en tant que telle, la "classe ouvrière" a toujours été profondément divisée. A la fin du XIXe comme au début du XXe siècle, une partie du monde ouvrier s'identifiait plutôt à la droite, voire à l'extrême-droite. De plus, le film occulte complètement l'influence démocrate-chrétienne dans le milieu, influence concurrente de celle des marxistes (ceci expliquant peut-être cela). Enfin, les nouveaux bataillons d'électeurs populaires de l'extrême-droite ne proviennent pas uniquement du PC ou du PS. Il s'agit parfois aussi d'anciens électeurs de la "droite sociale". Le réalisateur est sur une ligne néo-marxiste, qui attribue au supposé renoncement des gouvernements de gauche le basculement de l'électorat ouvrier. Il sous-estime considérablement les évolutions sociétales, à commencer par le (relatif) embourgeoisement d'une partie de la classe ouvrière. Eh, oui ! Le niveau de vie des Français (classe ouvrière comprise) s'est élevé entre les années 1950 et le début du XXIe siècle... mais de cela les spectateurs ne sont pas informés.
Je ne vais pas m'éterniser mais ce film est une petite déception. Si l'on aime les images d'archives (souvent pas vues depuis des années), il mérite le détour. Sinon, on peut se passer d'une œuvre qui se conclut sur les gilets jaunes et la "convergence des luttes".
Retour à Reims (fragments)
Ce documentaire militant s'inspire d'un essai de Didier Eribon (que je n'ai pas lu). A travers la redécouverte de l'histoire familiale (avec laquelle l'auteur / la narratrice dit avoir jadis coupé), le film dessine une histoire (subjective) de certaines catégories populaires (essentiellement le monde ouvrier), de l'Entre-deux-guerres (période des grands-parents) jusqu'aux années 1980-1990 (à l'âge adulte de l'auteur).
Le grand intérêt du film (et son originalité par rapport à la forme écrite) est le montage d'images anciennes qu'il propose, composé d'extraits de films de fiction et (surtout) de reportages d'époque. Hélas, ces images ne sont jamais contextualisées au moment où elles passent à l'écran. Il faut attendre le générique de fin pour découvrir de quand les extraits datent, en vrac. Du coup, parfois, j'ai eu l'impression que les périodes ne concordaient pas tout à fait. Ainsi, quand il est question des années 1950, il me semble que, parfois, ce sont des images de la fin des années 1960 qui nous sont projetées. Plus gênante encore est, pour illustrer la montée du vote FN chez les ouvriers dans les années 1980-1990, l'utilisation d'images d'archive présentant Jean-Marie Le Pen... dans les années 1970, à l'époque où son jeune mouvement ne rencontrait aucun succès.
Quoi qu'il en soit, le travail de documentation semble avoir été énorme et les extraits proposés sont intéressants. On en voit peu datant de la période des grands-parents. Le propos est centré sur la voix-off, qui lit des passages du livre. C'est la grand-mère maternelle qui est au centre de cette partie. C'était une femme libre, à qui le rôle de fidèle épouse au foyer ne convenait pas. Au début des années 1940, elle a même osé partir travailler volontairement en Allemagne... Notons que le livre, comme le documentaire ne jugent pas... enfin, pas ce genre de comportement.
La période d'après-guerre est plus fournie. Au niveau de la fiction, cela va de Jean-Luc Godard à Coline Serreau. Au niveau reportages et archives, c'est foisonnant, sur le travail des ouvriers, le rôle des femmes, la place des immigrés. L'accent est mis successivement sur ces trois aspects, l'un venant compléter l'autre. L'idée générale est que l'on trouve toujours plus opprimé que soi.
J'ai apprécié que le réalisateur ne contourne pas la difficulté du basculement d'une partie du vote ouvrier. Mais je trouve que l'état des lieux comme l'analyse des causes sont superficiels, voire biaisés.
Sur le plan historique, le film semble ne pas savoir que, depuis qu'elle a été identifiée en tant que telle, la "classe ouvrière" a toujours été profondément divisée. A la fin du XIXe comme au début du XXe siècle, une partie du monde ouvrier s'identifiait plutôt à la droite, voire à l'extrême-droite. De plus, le film occulte complètement l'influence démocrate-chrétienne dans le milieu, influence concurrente de celle des marxistes (ceci expliquant peut-être cela). Enfin, les nouveaux bataillons d'électeurs populaires de l'extrême-droite ne proviennent pas uniquement du PC ou du PS. Il s'agit parfois aussi d'anciens électeurs de la "droite sociale". Le réalisateur est sur une ligne néo-marxiste, qui attribue au supposé renoncement des gouvernements de gauche le basculement de l'électorat ouvrier. Il sous-estime considérablement les évolutions sociétales, à commencer par le (relatif) embourgeoisement d'une partie de la classe ouvrière. Eh, oui ! Le niveau de vie des Français (classe ouvrière comprise) s'est élevé entre les années 1950 et le début du XXIe siècle... mais de cela les spectateurs ne sont pas informés.
Je ne vais pas m'éterniser mais ce film est une petite déception. Si l'on aime les images d'archives (souvent pas vues depuis des années), il mérite le détour. Sinon, on peut se passer d'une œuvre qui se conclut sur les gilets jaunes et la "convergence des luttes".
Uncharted
"Non cartographié" est l'adaptation d'un jeu vidéo qui a mis un peu de temps à sortir en salle, en partie à cause de la pandémie, en partie à cause des tribulations de la distribution. L'intrigue s'inspire des aventures d'Indiana Jones, d'Allan Quatermain... et sans doute aussi d'ersatz comme À la poursuite du diamant vert. Les personnages, principaux comme secondaires, sont taillés à la hache. Commençons par le héros,
SIMPLET
Tom Holland (le dernier Spider-Man en date) est chargé d'incarner Nathan, un jeune Américain sympathique, bien qu'un peu stupide. Il mâche ostensiblement des chewing-gums, ne sait pas apprécier le bon vin, a tendance à parler avant de réfléchir, mais c'est un chic type : il est gentil et honnête, deux qualités qui permettent de le rendre supportable... surtout dans ses interactions avec :
TONTON
Interprété par Mark Wahlberg (qui a failli se retrouver à la place de Tom Holland), il cabotine à mort... mais je trouve que cela fonctionne. L'humour qui traverse cette histoire de chasse au trésor est le bienvenu et cela passe souvent par lui. Toute l'ambiguïté du personnage réside dans son rapport au héros. Celui-ci est orphelin et Sully pourrait constituer une figure paternelle de substitution... s'il n'était pas aussi sournois. Dans ce domaine, il est concurrencé par les deux principales figures féminines, notamment :
TATI (qui n'est pas l'épouse de "Tonton")
... alias Braddock, dans le film. Elle a les traits de Tati Gabrielle, qui incarne un personnage tellement venimeux qu'on serait tenté de l'appeler "Tatie Danielle". Elle est en concurrence avec une autre jolie jeune intrigante :
MILF
En dépit des conseils avisés de Sully, Nathan est très tenté par un rapprochement physique avec Chloe Frazer (qui, comme Braddock, a sans doute jadis couché avec "Tonton"). Belle, intelligente, sportive, elle a tout pour plaire... sauf, peut-être, sa malhonnêteté. Je suis quand même surpris que les scénaristes (une bande de mecs, soit dit en passant) n'aient pas pensé à introduire un personnage féminin un peu plus positif. Bon, ceci dit, globalement, l'histoire a tendance à présenter l'espèce humaine (tous sexes confondus) sous un jour assez sombre.
Ce quatuor (et d'autres encore) est lancé dans la quête du trésor de Magellan, au cours d'un jeu de pistes qui va mener les protagonistes des États-Unis aux Philippines, en passant par l'Europe. On a ainsi l'occasion de croiser Antonio Banderas, dans un énième rôle caricatural.
Le film, à mon avis, mérite le détour en partie grâce à ses scènes d'action (émaillées d'humour). On a un avant-goût de la première (une sortie d'avion quelque peu périlleuse) dès l'introduction. On revoit plus tard cette scène, sous un autre jour. Elle prend encore plus de saveur. Elle est mise en scène de manière percutante. (Signalons qu'aux manettes se trouve Ruben Fleischer, qui s'est déjà illustré avec Venom et Retour à Zombieland.)
L'autre séquence marquante est celle de la découverte puis de l'hélitreuillage de deux navires anciens, totalement irréaliste, mais bien filmée et bien montée.
Si les qualités du film sont indéniables, il faut quand même faire preuve d'indulgence avec le scénario et le jeu des acteurs. C'est une agréable détente, sans plus.
P.S. I
Le public français n'a peut-être pas compris le sous-texte d'une scène, un dialogue furtif entre le client d'un centre de vacances et le héros, sur une plage.
Ce client est interprété par Nolan North, très connu aux États-Unis pour ses doublages et sa participation à des séries télévisées... Surtout, il est la voix de Nathan Drake dans la version anglo-saxonne du jeu vidéo. (Cela confirme indirectement que les scénaristes ont fait le choix de rajeunir le personnage principal, sans doute pour attirer le public adolescent.)
P.S. II
En général, les spectateurs n'ont pas encore quitté la salle quand débarque la première scène post-générique. Elle est consacrée à un personnage de l'histoire appelé à réapparaître dans une suite...
P.S. III
... suite amorcée par la seconde scène post-générique (que je suis le seul spectateur de la séance à avoir vue), qui présente deux des protagonistes, dans une situation délicate, au cours d'une nouvelle chasse au trésor. Mais j'ai surtout adoré voir émerger une charmante boule de poils d'un petit sac à dos !
16:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Uncharted
"Non cartographié" est l'adaptation d'un jeu vidéo qui a mis un peu de temps à sortir en salle, en partie à cause de la pandémie, en partie à cause des tribulations de la distribution. L'intrigue s'inspire des aventures d'Indiana Jones, d'Allan Quatermain... et sans doute aussi d'ersatz comme À la poursuite du diamant vert. Les personnages, principaux comme secondaires, sont taillés à la hache. Commençons par le héros,
SIMPLET
Tom Holland (le dernier Spider-Man en date) est chargé d'incarner Nathan, un jeune Américain sympathique, bien qu'un peu stupide. Il mâche ostensiblement des chewing-gums, ne sait pas apprécier le bon vin, a tendance à parler avant de réfléchir, mais c'est un chic type : il est gentil et honnête, deux qualités qui permettent de le rendre supportable... surtout dans ses interactions avec :
TONTON
Interprété par Mark Wahlberg (qui a failli se retrouver à la place de Tom Holland), il cabotine à mort... mais je trouve que cela fonctionne. L'humour qui traverse cette histoire de chasse au trésor est le bienvenu et cela passe souvent par lui. Toute l'ambiguïté du personnage réside dans son rapport au héros. Celui-ci est orphelin et Sully pourrait constituer une figure paternelle de substitution... s'il n'était pas aussi sournois. Dans ce domaine, il est concurrencé par les deux principales figures féminines, notamment :
TATI (qui n'est pas l'épouse de "Tonton")
... alias Braddock, dans le film. Elle a les traits de Tati Gabrielle, qui incarne un personnage tellement venimeux qu'on serait tenté de l'appeler "Tatie Danielle". Elle est en concurrence avec une autre jolie jeune intrigante :
MILF
En dépit des conseils avisés de Sully, Nathan est très tenté par un rapprochement physique avec Chloe Frazer (qui, comme Braddock, a sans doute jadis couché avec "Tonton"). Belle, intelligente, sportive, elle a tout pour plaire... sauf, peut-être, sa malhonnêteté. Je suis quand même surpris que les scénaristes (une bande de mecs, soit dit en passant) n'aient pas pensé à introduire un personnage féminin un peu plus positif. Bon, ceci dit, globalement, l'histoire a tendance à présenter l'espèce humaine (tous sexes confondus) sous un jour assez sombre.
Ce quatuor (et d'autres encore) est lancé dans la quête du trésor de Magellan, au cours d'un jeu de pistes qui va mener les protagonistes des États-Unis aux Philippines, en passant par l'Europe. On a ainsi l'occasion de croiser Antonio Banderas, dans un énième rôle caricatural.
Le film, à mon avis, mérite le détour en partie grâce à ses scènes d'action (émaillées d'humour). On a un avant-goût de la première (une sortie d'avion quelque peu périlleuse) dès l'introduction. On revoit plus tard cette scène, sous un autre jour. Elle prend encore plus de saveur. Elle est mise en scène de manière percutante. (Signalons qu'aux manettes se trouve Ruben Fleischer, qui s'est déjà illustré avec Venom et Retour à Zombieland.)
L'autre séquence marquante est celle de la découverte puis de l'hélitreuillage de deux navires anciens, totalement irréaliste, mais bien filmée et bien montée.
Si les qualités du film sont indéniables, il faut quand même faire preuve d'indulgence avec le scénario et le jeu des acteurs. C'est une agréable détente, sans plus.
P.S. I
Le public français n'a peut-être pas compris le sous-texte d'une scène, un dialogue furtif entre le client d'un centre de vacances et le héros, sur une plage.
Ce client est interprété par Nolan North, très connu aux États-Unis pour ses doublages et sa participation à des séries télévisées... Surtout, il est la voix de Nathan Drake dans la version anglo-saxonne du jeu vidéo. (Cela confirme indirectement que les scénaristes ont fait le choix de rajeunir le personnage principal, sans doute pour attirer le public adolescent.)
P.S. II
En général, les spectateurs n'ont pas encore quitté la salle quand débarque la première scène post-générique. Elle est consacrée à un personnage de l'histoire appelé à réapparaître dans une suite...
P.S. III
... suite amorcée par la seconde scène post-générique (que je suis le seul spectateur de la séance à avoir vue), qui présente deux des protagonistes, dans une situation délicate, au cours d'une nouvelle chasse au trésor. Mais j'ai surtout adoré voir émerger une charmante boule de poils d'un petit sac à dos !
16:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 31 mars 2022
Icare
Ce film d'animation luxembourgeois puise son inspiration dans la mythologie grecque, plus précisément l'arc narratif crétois. L'histoire entremêle ainsi les destins de Minos, Pasiphaé, Ariane, Thésée, Dédale et son fils Icare.
Les amateurs de contes anciens retrouveront les histoires de leur jeunesse, autour de la naissance puis des méfaits du Minotaure, de l'habileté de Dédale, de l'impétuosité d'Icare et de l'héroïsme de Thésée. Les auteurs y ajoutent une touche personnelle, modifiant légèrement la trame des mythes. L'image est soignée, de texture numérique.
Au doublage, on reconnaît quelques voix : celle de Féodor Atkine dans le rôle du vieil architecte talentueux, celle de Camille Cottin en Ariane, fille de roi sûre de sa beauté... et qui rêve du grand amour.
Cependant, j'ai été déçu par le traitement de l'intrigue. Les auteurs se sont concentrés sur la relation amicale qui naît entre Icare enfant et le jeune Minotaure. C'est un aspect original par rapport au mythe, mais je ne vois pas trop où ils ont voulu nous mener. Ces vieilles histoires sont à manier avec précaution. Elles sont le résultat de millénaires de sagesse. Elles évoquent des intemporels, comme la démesure politique, l'amitié, l'amour, l'inconscience de la jeunesse et la trahison.
A part un éloge (maladroit) de la différence, je ne vois pas trop quoi tirer du gloubi-boulga qu'on nous sert. Je m'attendais à mieux. Mais cela se suit sans déplaisir, et cela marche plutôt bien auprès des gamins.
20:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Icare
Ce film d'animation luxembourgeois puise son inspiration dans la mythologie grecque, plus précisément l'arc narratif crétois. L'histoire entremêle ainsi les destins de Minos, Pasiphaé, Ariane, Thésée, Dédale et son fils Icare.
Les amateurs de contes anciens retrouveront les histoires de leur jeunesse, autour de la naissance puis des méfaits du Minotaure, de l'habileté de Dédale, de l'impétuosité d'Icare et de l'héroïsme de Thésée. Les auteurs y ajoutent une touche personnelle, modifiant légèrement la trame des mythes. L'image est soignée, de texture numérique.
Au doublage, on reconnaît quelques voix : celle de Féodor Atkine dans le rôle du vieil architecte talentueux, celle de Camille Cottin en Ariane, fille de roi sûre de sa beauté... et qui rêve du grand amour.
Cependant, j'ai été déçu par le traitement de l'intrigue. Les auteurs se sont concentrés sur la relation amicale qui naît entre Icare enfant et le jeune Minotaure. C'est un aspect original par rapport au mythe, mais je ne vois pas trop où ils ont voulu nous mener. Ces vieilles histoires sont à manier avec précaution. Elles sont le résultat de millénaires de sagesse. Elles évoquent des intemporels, comme la démesure politique, l'amitié, l'amour, l'inconscience de la jeunesse et la trahison.
A part un éloge (maladroit) de la différence, je ne vois pas trop quoi tirer du gloubi-boulga qu'on nous sert. Je m'attendais à mieux. Mais cela se suit sans déplaisir, et cela marche plutôt bien auprès des gamins.
20:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 27 mars 2022
L'Ile aux 30 cercueils
Depuis la semaine dernière, France 2 diffuse cette nouvelle adaptation du roman de Maurice Leblanc (dans lequel, contrairement à ce qu'il se passe dans la mini-série, Arsène Lupin finit par intervenir). Deux épisodes ont déjà été proposés aux téléspectateurs, les deux suivants étant programmés lundi 28 mars, les deux derniers lundi 4 avril. (L'intégralité est disponible sur le site de France Télévisions.)
Un couple se retrouve au cœur de la tourmente. De nos jours, Christine, une infirmière, retourne sur les lieux de son enfance, l'île (fictive) de Sarek, située à proximité des Glénan, dans le Finistère.
Des années auparavant, elle et son mari Raphaël avaient quitté les lieux, après la mort de leur enfant mort-né. Ils se sont reconstruits loin de là, mais sans enfant. Christine revient parce qu'elle a reçu une vidéo tournée au moment de son accouchement : le bébé aurait survécu. Elle se demande ce qu'il est devenu et essaie de l'identifier. Le problème est que deux garçons semblent correspondre... et que, dès son arrivée sur l'île, les morts violentes s'accumulent. Entre ceux qui savent quelque chose (et qui ne veulent pas remuer le passé) et ceux qui, bien que ne sachant rien, ont un avis bien tranché sur tout, l'infirmière doit la jouer finement, appuyée (discrètement) par le chef de la gendarmerie locale (secrètement amoureux d'elle) puis son mari, qui finit par la rejoindre.
Par rapport au roman, beaucoup de choses ont été modifiées... et ce n'est pas forcément un mal. Qu'ont gardé les scénaristes ? La croyance en la perte de l'enfant, le départ puis le retour de la mère, l'existence de deux garçons, la crucifixion des femmes et l'histoire des fameux trente cercueils, une sombre prophétie qu'un tueur en série semble s'évertuer à accomplir.
En dépit de certaines faiblesses, j'ai été pris par cette intrigue. La distribution est attrayante, avec Virginie Ledoyen, Charles Berling, Jean-François Stévenin (qu'on n'arrête pas de voir sur les écrans depuis qu'il est décédé !), Marilyne Canto, Dominique Pinon et une brochette de petits jeunes assez doués. On a envie de découvrir le fin mot de l'histoire, surtout dans sa forme double : la mort présumée du fils de Christine et le destin de cette autre femme, mère d'un autre enfant, qui a vécu sur la même île et qui a disparu quelques années auparavant.
Le gros défaut de la mini-série est la peinture caricaturale qui est faite de ses habitants. Comme on a déplacé l'action principale de 1917 à 2021, on aurait pu nous éviter ces portraits de Bretons arriérés, superstitieux ou culs-bénits, alcooliques et violents, même si les derniers épisodes sont chargés de redorer quelque peu leur blason. Ceux-ci manquent d'ailleurs un peu de saveur si l'on a compris qui est à la manœuvre. Je conseille d'ailleurs de ne surtout pas (re)lire le roman avant de voir la série.
En revanche, après avoir vu cette adaptation assez éloignée de l'original, on peut se replonger dans la prose de Maurice Leblanc, un auteur à mon avis sous-estimé de notre littérature. La série diffusée récemment sur Netflix l'a remis au goût du jour... mais cela fait un petit moment qu'au Japon, par exemple, on lui rend hommage à travers le personnage d'Edgar de la Cambriole.
Le roman de Leblanc est à mon avis plus ample que sa dernière adaptation télévisuelle. Celle-ci est centrée sur le drame intime et sur les tensions familiales, alors que l'histoire d'origine évoque des secrets millénaires et une tentation mégalomaniaque qui pourrait menacer l'humanité. Arsène Lupin n'intervient que dans le dernier tiers de l'intrigue, de manière déterminante. Je n'avais jamais lu ce roman (alors que je regardais jadis avec passion les aventures télévisuelles où brillait Georges Descrières). Je l'ai trouvé passionnant.
23:57 Publié dans Livre, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, cinéma, cinema, film, films, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, littérature, roman, livres
L'Ile aux 30 cercueils
Depuis la semaine dernière, France 2 diffuse cette nouvelle adaptation du roman de Maurice Leblanc (dans lequel, contrairement à ce qu'il se passe dans la mini-série, Arsène Lupin finit par intervenir). Deux épisodes ont déjà été proposés aux téléspectateurs, les deux suivants étant programmés lundi 28 mars, les deux derniers lundi 4 avril. (L'intégralité est disponible sur le site de France Télévisions.)
Un couple se retrouve au cœur de la tourmente. De nos jours, Christine, une infirmière, retourne sur les lieux de son enfance, l'île (fictive) de Sarek, située à proximité des Glénan, dans le Finistère.
Des années auparavant, elle et son mari Raphaël avaient quitté les lieux, après la mort de leur enfant mort-né. Ils se sont reconstruits loin de là, mais sans enfant. Christine revient parce qu'elle a reçu une vidéo tournée au moment de son accouchement : le bébé aurait survécu. Elle se demande ce qu'il est devenu et essaie de l'identifier. Le problème est que deux garçons semblent correspondre... et que, dès son arrivée sur l'île, les morts violentes s'accumulent. Entre ceux qui savent quelque chose (et qui ne veulent pas remuer le passé) et ceux qui, bien que ne sachant rien, ont un avis bien tranché sur tout, l'infirmière doit la jouer finement, appuyée (discrètement) par le chef de la gendarmerie locale (secrètement amoureux d'elle) puis son mari, qui finit par la rejoindre.
Par rapport au roman, beaucoup de choses ont été modifiées... et ce n'est pas forcément un mal. Qu'ont gardé les scénaristes ? La croyance en la perte de l'enfant, le départ puis le retour de la mère, l'existence de deux garçons, la crucifixion des femmes et l'histoire des fameux trente cercueils, une sombre prophétie qu'un tueur en série semble s'évertuer à accomplir.
En dépit de certaines faiblesses, j'ai été pris par cette intrigue. La distribution est attrayante, avec Virginie Ledoyen, Charles Berling, Jean-François Stévenin (qu'on n'arrête pas de voir sur les écrans depuis qu'il est décédé !), Marilyne Canto, Dominique Pinon et une brochette de petits jeunes assez doués. On a envie de découvrir le fin mot de l'histoire, surtout dans sa forme double : la mort présumée du fils de Christine et le destin de cette autre femme, mère d'un autre enfant, qui a vécu sur la même île et qui a disparu quelques années auparavant.
Le gros défaut de la mini-série est la peinture caricaturale qui est faite de ses habitants. Comme on a déplacé l'action principale de 1917 à 2021, on aurait pu nous éviter ces portraits de Bretons arriérés, superstitieux ou culs-bénits, alcooliques et violents, même si les derniers épisodes sont chargés de redorer quelque peu leur blason. Ceux-ci manquent d'ailleurs un peu de saveur si l'on a compris qui est à la manœuvre. Je conseille d'ailleurs de ne surtout pas (re)lire le roman avant de voir la série.
En revanche, après avoir vu cette adaptation assez éloignée de l'original, on peut se replonger dans la prose de Maurice Leblanc, un auteur à mon avis sous-estimé de notre littérature. La série diffusée récemment sur Netflix l'a remis au goût du jour... mais cela fait un petit moment qu'au Japon, par exemple, on lui rend hommage à travers le personnage d'Edgar de la Cambriole.
Le roman de Leblanc est à mon avis plus ample que sa dernière adaptation télévisuelle. Celle-ci est centrée sur le drame intime et sur les tensions familiales, alors que l'histoire d'origine évoque des secrets millénaires et une tentation mégalomaniaque qui pourrait menacer l'humanité. Arsène Lupin n'intervient que dans le dernier tiers de l'intrigue, de manière déterminante. Je n'avais jamais lu ce roman (alors que je regardais jadis avec passion les aventures télévisuelles où brillait Georges Descrières). Je l'ai trouvé passionnant.
23:57 Publié dans Livre, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, cinéma, cinema, film, films, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, littérature, roman, livres
vendredi, 25 mars 2022
Ambulance
Michael Bay est une sorte de Roland Emmerich au petit pied : versé dans le film à grand spectacle pas subtil, il a été capable de produire quelques grands succès populaires comme d'authentiques daubes (à gros budget).
Ici, les héros sont deux frères d'adoption, un Noir et un Blanc. Le premier, incarné par Yahya Abdul-Mateen II (qui a déjà traîné sa carcasse dans Aquaman et Matrix Resurrections), est un vétéran d'Afghanistan tombé dans la précarité. Marié, père d'un bébé, il voudrait la jouer réglo et bien s'insérer dans le monde des civils, quitte à accepter le premier travail venu. (On sent la volonté des scénaristes de proposer un modèle positif à la frange du public issue des ghettos.)
Surtout, Will voudrait éviter d'avoir à solliciter l'aide de son frangin blanc, Danny-la-débrouille, un flambeur un peu cinglé, toujours entre deux coups. Dans le rôle, Jake Gyllenhaal s'épanouit délicieusement dans la dinguerie.
Une fois cette rangée de perles enfilée, on nous conduit à un spectaculaire braquage de banque, qui, bien évidemment, ne se déroule pas comme prévu. L'équipe de gros bras frappadingues réunie par Danny a beau avoir minutieusement préparé le coup, l'antigang est à leurs trousses... et le sentimentalisme de deux flics de Los Angeles menace de tout faire foirer. Cela donne une séquence survitaminée, avec une caméra un peu trop fébrile à mon goût, mais globalement efficace.
En découle la fameuse poursuite, qui va durer (presque) tout le reste du film : les deux braqueurs rescapés du groupe ont pris en otage une ravissante infirmière (Eiza Gonzalez, vue dans Hobbes & Shaw), dans un camion-ambulance où se trouve aussi un policier gravement blessé. Entre la volonté de profiter du pognon mal acquis et le désir de ne pas commettre de mal irréparable, les voleurs sont partagés, à des degrés divers.
Cette deuxième (longue) partie frôle dangereusement l'invraisemblance : dans la vraie vie, les fuyards auraient été bien plus rapidement rattrapés... mais cela nous aurait notamment privés de l'exceptionnelle opération à ventre ouvert, dans un véhicule en marche. L'infirmière y fait montre de sa dextérité à explorer les tripes du policier blessé, qui a le mauvais goût de se réveiller en pleine boucherie chirurgie expérimentale ! Là, je kiffe. Les traits d'humour noir atteignent leur cible, alors que la trame chaotique de l'amour fraternel est assez convenue.
Bon, voilà, c'est trépidant, vraiment prenant, dans une grande salle, sur un très grand écran, avec du gros son, de grosses bagnoles, de gros guns, de grosses voix, de grosses burnes... et de gros ovaires. (L'infirmière a beaucoup de cran.) Hélas, cette emballante farandole est gâchée par les dernières minutes, engluées dans les bons sentiments. Bay aurait dû resserrer son histoire autour de la déglingue et des cascades. Cela aurait pu donner un excellent divertissement régressif.
22:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Ambulance
Michael Bay est une sorte de Roland Emmerich au petit pied : versé dans le film à grand spectacle pas subtil, il a été capable de produire quelques grands succès populaires comme d'authentiques daubes (à gros budget).
Ici, les héros sont deux frères d'adoption, un Noir et un Blanc. Le premier, incarné par Yahya Abdul-Mateen II (qui a déjà traîné sa carcasse dans Aquaman et Matrix Resurrections), est un vétéran d'Afghanistan tombé dans la précarité. Marié, père d'un bébé, il voudrait la jouer réglo et bien s'insérer dans le monde des civils, quitte à accepter le premier travail venu. (On sent la volonté des scénaristes de proposer un modèle positif à la frange du public issue des ghettos.)
Surtout, Will voudrait éviter d'avoir à solliciter l'aide de son frangin blanc, Danny-la-débrouille, un flambeur un peu cinglé, toujours entre deux coups. Dans le rôle, Jake Gyllenhaal s'épanouit délicieusement dans la dinguerie.
Une fois cette rangée de perles enfilée, on nous conduit à un spectaculaire braquage de banque, qui, bien évidemment, ne se déroule pas comme prévu. L'équipe de gros bras frappadingues réunie par Danny a beau avoir minutieusement préparé le coup, l'antigang est à leurs trousses... et le sentimentalisme de deux flics de Los Angeles menace de tout faire foirer. Cela donne une séquence survitaminée, avec une caméra un peu trop fébrile à mon goût, mais globalement efficace.
En découle la fameuse poursuite, qui va durer (presque) tout le reste du film : les deux braqueurs rescapés du groupe ont pris en otage une ravissante infirmière (Eiza Gonzalez, vue dans Hobbes & Shaw), dans un camion-ambulance où se trouve aussi un policier gravement blessé. Entre la volonté de profiter du pognon mal acquis et le désir de ne pas commettre de mal irréparable, les voleurs sont partagés, à des degrés divers.
Cette deuxième (longue) partie frôle dangereusement l'invraisemblance : dans la vraie vie, les fuyards auraient été bien plus rapidement rattrapés... mais cela nous aurait notamment privés de l'exceptionnelle opération à ventre ouvert, dans un véhicule en marche. L'infirmière y fait montre de sa dextérité à explorer les tripes du policier blessé, qui a le mauvais goût de se réveiller en pleine boucherie chirurgie expérimentale ! Là, je kiffe. Les traits d'humour noir atteignent leur cible, alors que la trame chaotique de l'amour fraternel est assez convenue.
Bon, voilà, c'est trépidant, vraiment prenant, dans une grande salle, sur un très grand écran, avec du gros son, de grosses bagnoles, de gros guns, de grosses voix, de grosses burnes... et de gros ovaires. (L'infirmière a beaucoup de cran.) Hélas, cette emballante farandole est gâchée par les dernières minutes, engluées dans les bons sentiments. Bay aurait dû resserrer son histoire autour de la déglingue et des cascades. Cela aurait pu donner un excellent divertissement régressif.
22:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 20 mars 2022
L'anneau de Brokenwood
Ce dimanche soir, France 3 poursuit la diffusion de la septième saison de la série Brokenwood, commencée la semaine dernière avec "Le Garrot et le Vinkelbraun". Pour réussi qu'il soit, cet épisode m'a moins marqué que celui programmé ce soir : "Un bien-être qui fait mal".
L'action se déroule dans un centre de remise en forme écolo, dont les principes s'inspirent des "philosophies orientales". L'alcool, le tabac, la viande, le sucre et les produits laitiers en sont bannis, afin que les pensionnaires (féminines... et plutôt fortunées) soient plus aptes à se "retrouver", se réconcilier avec la nature. Cet arrière-plan est parfois savoureux, les scénaristes s'étant amusés à insérer, tout au long de l'épisode, des scènes relativisant le tableau idyllique présenté au début. (L'ambiance ressemble un peu à ce qu'on a pu voir dans certains épisodes de Meurtres au paradis.)
Le corps d'une cliente est retrouvé, un matin, dans le sauna. Débarque alors l'équipe d'enquêteurs, constituée de personnages aux caractères bien affirmés, l'une des réussites de la série.
Commençons par Mike Shepherd, le berger commandant (DSS, detective senior sergeant) de la brigade criminelle.
Originellement en fonction à la Direction centrale de la police, il débarque à Brokenwood (petite ville fictive située au nord d'Auckland) dans le premier épisode de la saison 1. Quinquagénaire bedonnant, multidivorcé, il roule dans une antiquité (avec lève-vitre manuel), écoute de la musique country sur de vieilles cassettes audio et aime le bon vin. Il est plutôt empathique, parfois un brin caustique... et inventif. Il ne suit pas toujours le règlement à la lettre. Son aspect quelque peu débraillé fait qu'on le sous-estime souvent. À tort.
Son adjointe est la capitaine (detective) Kristin Sims. Cette jolie blonde se fait régulièrement draguer au cours des enquêtes... mais elle n'est pas facile à séduire. De plus, elle sait très bien comment remettre à sa place un prétendant trop insistant. (Elle trouve les mecs du coin trop lourds ou pas fiables). Elle est pleinement investie dans son travail... et plus rigoureuse que son supérieur hiérarchique, qui sait pouvoir se reposer sur elle. (À la lecture des lignes qui précèdent, vous aurez compris qu'il s'agit de mon personnage préféré.)
Un troisième gradé complète l'équipe, le lieutenant (detective constable) Breen. Toujours d'apparence impeccable quand il est en service, il sert un peu d'homme à tout faire à ses supérieurs, qui s'ingénient à lui confier des tâches ingrates. Il râle, mais accomplit très bien son travail. Il est parfois un peu lourd (mais pas méchamment). Il contribue à mettre une bonne ambiance dans la série... qu'il quitte hélas au cours de cette septième saison (l'acteur s'étant engagé dans d'autres projets). Il est remplacé par Daniel Chalmers :
Ce nouvel enquêteur va introduire de la diversité au sein de la brigade. Il est d'origine maorie et, comme le t-shirt qu'il porte le suggère, n'a pas les mêmes goûts musicaux que son commandant. J'ai déjà pu voir l'un des épisodes suivants et je peux dire qu'il se révèle bon flic, pas très causant, avec sans doute un passé dont il n'aime pas parler. (Je pense qu'avec son arrivée, la production a voulu combler le départ d'un autre second rôle régulier, celui du jeune Jared, lui aussi maori.)
Je m'en voudrais de terminer cette présentation sans mentionner Gina, la légiste d'origine russe, ravie de l'arrivée du commandant Shepherd dans la brigade. Elle le drague ostensiblement et voit la capitaine Sims comme une rivale qu'il faut remettre à sa place. Dans la version française, elle est délicieusement doublée par une comédienne qui lui donne un accent est-européen très prononcé. (C'est l'occasion de préciser que la version française est très bonne. Je conseille aussi toutefois de tenter de temps à autre la V.O., pour goûter l'accent néo-zélandais, distinct du britannique et du nord-américain.)
Les histoires sont en général assez complexes, les seconds rôles toujours bien écrits (et interprétés). L'ambiance est bon enfant, parfois un peu scabreuse, le tout sur fond de musique country. C'est une sorte de feel good series, comme diraient les Anglo-Saxons.
Dans l'épisode inédit de ce soir, une bague joue un rôle particulier. C'est le prétexte à de multiples allusions au Seigneur des anneaux, dont les adaptations cinématographiques ont été tournées, rappelons-le, en Nouvelle-Zélande, patrie du réalisateur Peter Jackson. Les spectateurs un peu observateurs noteront que l'un des personnages secondaires se prénomme... Frodon.
16:03 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
L'anneau de Brokenwood
Ce dimanche soir, France 3 poursuit la diffusion de la septième saison de la série Brokenwood, commencée la semaine dernière avec "Le Garrot et le Vinkelbraun". Pour réussi qu'il soit, cet épisode m'a moins marqué que celui programmé ce soir : "Un bien-être qui fait mal".
L'action se déroule dans un centre de remise en forme écolo, dont les principes s'inspirent des "philosophies orientales". L'alcool, le tabac, la viande, le sucre et les produits laitiers en sont bannis, afin que les pensionnaires (féminines... et plutôt fortunées) soient plus aptes à se "retrouver", se réconcilier avec la nature. Cet arrière-plan est parfois savoureux, les scénaristes s'étant amusés à insérer, tout au long de l'épisode, des scènes relativisant le tableau idyllique présenté au début. (L'ambiance ressemble un peu à ce qu'on a pu voir dans certains épisodes de Meurtres au paradis.)
Le corps d'une cliente est retrouvé, un matin, dans le sauna. Débarque alors l'équipe d'enquêteurs, constituée de personnages aux caractères bien affirmés, l'une des réussites de la série.
Commençons par Mike Shepherd, le berger commandant (DSS, detective senior sergeant) de la brigade criminelle.
Originellement en fonction à la Direction centrale de la police, il débarque à Brokenwood (petite ville fictive située au nord d'Auckland) dans le premier épisode de la saison 1. Quinquagénaire bedonnant, multidivorcé, il roule dans une antiquité (avec lève-vitre manuel), écoute de la musique country sur de vieilles cassettes audio et aime le bon vin. Il est plutôt empathique, parfois un brin caustique... et inventif. Il ne suit pas toujours le règlement à la lettre. Son aspect quelque peu débraillé fait qu'on le sous-estime souvent. À tort.
Son adjointe est la capitaine (detective) Kristin Sims. Cette jolie blonde se fait régulièrement draguer au cours des enquêtes... mais elle n'est pas facile à séduire. De plus, elle sait très bien comment remettre à sa place un prétendant trop insistant. (Elle trouve les mecs du coin trop lourds ou pas fiables). Elle est pleinement investie dans son travail... et plus rigoureuse que son supérieur hiérarchique, qui sait pouvoir se reposer sur elle. (À la lecture des lignes qui précèdent, vous aurez compris qu'il s'agit de mon personnage préféré.)
Un troisième gradé complète l'équipe, le lieutenant (detective constable) Breen. Toujours d'apparence impeccable quand il est en service, il sert un peu d'homme à tout faire à ses supérieurs, qui s'ingénient à lui confier des tâches ingrates. Il râle, mais accomplit très bien son travail. Il est parfois un peu lourd (mais pas méchamment). Il contribue à mettre une bonne ambiance dans la série... qu'il quitte hélas au cours de cette septième saison (l'acteur s'étant engagé dans d'autres projets). Il est remplacé par Daniel Chalmers :
Ce nouvel enquêteur va introduire de la diversité au sein de la brigade. Il est d'origine maorie et, comme le t-shirt qu'il porte le suggère, n'a pas les mêmes goûts musicaux que son commandant. J'ai déjà pu voir l'un des épisodes suivants et je peux dire qu'il se révèle bon flic, pas très causant, avec sans doute un passé dont il n'aime pas parler. (Je pense qu'avec son arrivée, la production a voulu combler le départ d'un autre second rôle régulier, celui du jeune Jared, lui aussi maori.)
Je m'en voudrais de terminer cette présentation sans mentionner Gina, la légiste d'origine russe, ravie de l'arrivée du commandant Shepherd dans la brigade. Elle le drague ostensiblement et voit la capitaine Sims comme une rivale qu'il faut remettre à sa place. Dans la version française, elle est délicieusement doublée par une comédienne qui lui donne un accent est-européen très prononcé. (C'est l'occasion de préciser que la version française est très bonne. Je conseille aussi toutefois de tenter de temps à autre la V.O., pour goûter l'accent néo-zélandais, distinct du britannique et du nord-américain.)
Les histoires sont en général assez complexes, les seconds rôles toujours bien écrits (et interprétés). L'ambiance est bon enfant, parfois un peu scabreuse, le tout sur fond de musique country. C'est une sorte de feel good series, comme diraient les Anglo-Saxons.
Dans l'épisode inédit de ce soir, une bague joue un rôle particulier. C'est le prétexte à de multiples allusions au Seigneur des anneaux, dont les adaptations cinématographiques ont été tournées, rappelons-le, en Nouvelle-Zélande, patrie du réalisateur Peter Jackson. Les spectateurs un peu observateurs noteront que l'un des personnages secondaires se prénomme... Frodon.
16:03 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
samedi, 19 mars 2022
Notre-Dame brûle
J'avais quitté Jean-Jacques Annaud en 2015, avec Le Dernier Loup. Le revoici avec un film à grand spectacle, ayant bénéficié de nombreux financements publics... et du mécénat Pinault. C'est une sorte de fiction à caractère documentaire.
La début met en scène les heures précédant l'incendie. On nous propose d'abord de superbes vues de Paris, l'un des plans s'achevant derrière la cathédrale, avec la Tour Eiffel en ligne de mire, sur la gauche. Ce côté carte postale est très présent dans le film, qui prend parfois l'allure d'un dépliant touristique consacré à la capitale et à Versailles.
Le scénario comme la réalisation ne tranchent pas franchement entre les différentes hypothèses concernant le déclenchement du feu. Entre l'abandon de mégots de cigarettes mal éteints dans une zone inflammable, les travaux de coupure et de soudure réalisés sur place et les conséquences de courts-circuits (liés à une installation électrique vieillissante... ou à l'action des pigeons !), chacun est laissé libre de choisir.
La suite immédiate n'est pas à l'honneur des Français. La sécurité de la cathédrale apparaît chancelante, reposant sur des personnes très âgées (censées être capable de monter rapidement des dizaines de marches d'escalier) ou des travailleurs précaires, formés à la hâte. L'arrivée des secours est retardée par les embouteillages parisiens, l'incivisme de certains conducteurs, piétons ou cyclomotoristes... et les travaux de voirie, qui ont empêché au moins un camion de pompiers de rejoindre rapidement les lieux. (Hidalgo, démission !) Quant au régisseur en chef de la cathédrale (qui possède la seule clé capable d'ouvrir une serrure stratégique), il met un temps fou à revenir au centre de Paris, ratant sa correspondance RER (Pécresse, démission !) puis peinant à trouver un "vélib" en état de fonctionner !
Arrivent enfin à l'écran ceux qui vont occuper l'essentiel du reste de l'action : les pompiers. Le film est un hommage à leur courage et leur ingéniosité, qui ont sans doute sauvé l'édifice d'un effondrement total. Les plus convaincants sont les acteurs campant les pompiers de terrain, les "bleus" comme les expérimentés. Je suis moins emballé par ceux qui incarnent les officiers supérieurs, en particulier Samuel Labarthe, que j'ai déjà vu bien meilleur ailleurs. (Qu'elle est loin, la Comédie française !)
Des hommes embarqués dans un maelstrom de feu, Annaud sait faire. Sur un très grand écran, c'est incontestablement spectaculaire. Le cinéaste sait créer une tension dramatique autour de l'action des pompiers. Certains plans sont particulièrement réussis, notamment quand il est question du plomb en fusion, mais aussi à l'intérieur de l'église, le mobilier étant tour à tour touché par le feu et par l'eau. Autre point fort : la séquence qui mène au sauvetage (en deux temps...) de la couronne d'épines.
Tout cela aurait pu donner un film formidable, si je n'avais pas quelques réserves à émettre. Il y a tout d'abord la direction d'acteurs. Si on met de côté l'action des pompiers de base, le reste est vraiment médiocre, très appuyé. (Le pire du lot est le sacristain en chef de la cathédrale, caricatural au possible.) J'ai aussi été gêné par l'aspect "cul-bénit". Qu'on rende hommage aux croyants sincères qui ont été bouleversés par les ravages subis par l'édifice, d'accord, mais pas au point de faire de la propagande religieuse. Le coup de la gamine, qui échappe à sa mère (ainsi qu'à tous les adultes présents sur place) pour allumer son petit cierge... le seul qui finit non éteint dans une cathédrale obscure... c'est un peu too much pour moi.
P.S.
Dans le cadre de la Fête du court-métrage, nous avons eu droit, en guise d'amuse-gueule, à Bouquet d'illusions (dit aussi The Triple-Headed Lady), de Georges Méliès.
23:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Notre-Dame brûle
J'avais quitté Jean-Jacques Annaud en 2015, avec Le Dernier Loup. Le revoici avec un film à grand spectacle, ayant bénéficié de nombreux financements publics... et du mécénat Pinault. C'est une sorte de fiction à caractère documentaire.
La début met en scène les heures précédant l'incendie. On nous propose d'abord de superbes vues de Paris, l'un des plans s'achevant derrière la cathédrale, avec la Tour Eiffel en ligne de mire, sur la gauche. Ce côté carte postale est très présent dans le film, qui prend parfois l'allure d'un dépliant touristique consacré à la capitale et à Versailles.
Le scénario comme la réalisation ne tranchent pas franchement entre les différentes hypothèses concernant le déclenchement du feu. Entre l'abandon de mégots de cigarettes mal éteints dans une zone inflammable, les travaux de coupure et de soudure réalisés sur place et les conséquences de courts-circuits (liés à une installation électrique vieillissante... ou à l'action des pigeons !), chacun est laissé libre de choisir.
La suite immédiate n'est pas à l'honneur des Français. La sécurité de la cathédrale apparaît chancelante, reposant sur des personnes très âgées (censées être capable de monter rapidement des dizaines de marches d'escalier) ou des travailleurs précaires, formés à la hâte. L'arrivée des secours est retardée par les embouteillages parisiens, l'incivisme de certains conducteurs, piétons ou cyclomotoristes... et les travaux de voirie, qui ont empêché au moins un camion de pompiers de rejoindre rapidement les lieux. (Hidalgo, démission !) Quant au régisseur en chef de la cathédrale (qui possède la seule clé capable d'ouvrir une serrure stratégique), il met un temps fou à revenir au centre de Paris, ratant sa correspondance RER (Pécresse, démission !) puis peinant à trouver un "vélib" en état de fonctionner !
Arrivent enfin à l'écran ceux qui vont occuper l'essentiel du reste de l'action : les pompiers. Le film est un hommage à leur courage et leur ingéniosité, qui ont sans doute sauvé l'édifice d'un effondrement total. Les plus convaincants sont les acteurs campant les pompiers de terrain, les "bleus" comme les expérimentés. Je suis moins emballé par ceux qui incarnent les officiers supérieurs, en particulier Samuel Labarthe, que j'ai déjà vu bien meilleur ailleurs. (Qu'elle est loin, la Comédie française !)
Des hommes embarqués dans un maelstrom de feu, Annaud sait faire. Sur un très grand écran, c'est incontestablement spectaculaire. Le cinéaste sait créer une tension dramatique autour de l'action des pompiers. Certains plans sont particulièrement réussis, notamment quand il est question du plomb en fusion, mais aussi à l'intérieur de l'église, le mobilier étant tour à tour touché par le feu et par l'eau. Autre point fort : la séquence qui mène au sauvetage (en deux temps...) de la couronne d'épines.
Tout cela aurait pu donner un film formidable, si je n'avais pas quelques réserves à émettre. Il y a tout d'abord la direction d'acteurs. Si on met de côté l'action des pompiers de base, le reste est vraiment médiocre, très appuyé. (Le pire du lot est le sacristain en chef de la cathédrale, caricatural au possible.) J'ai aussi été gêné par l'aspect "cul-bénit". Qu'on rende hommage aux croyants sincères qui ont été bouleversés par les ravages subis par l'édifice, d'accord, mais pas au point de faire de la propagande religieuse. Le coup de la gamine, qui échappe à sa mère (ainsi qu'à tous les adultes présents sur place) pour allumer son petit cierge... le seul qui finit non éteint dans une cathédrale obscure... c'est un peu too much pour moi.
P.S.
Dans le cadre de la Fête du court-métrage, nous avons eu droit, en guise d'amuse-gueule, à Bouquet d'illusions (dit aussi The Triple-Headed Lady), de Georges Méliès.
23:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
King
Ce roi est... un lionceau, clin d’œil transparent à la production Disney, à laquelle le réalisateur David Moreau emprunte une partie des codes, quand il ne pioche pas chez Spielberg. Comme chez le réalisateur barbu, les adultes sont à côté de la plaque et ce sont les enfants les moteurs de l'intrigue.
Mention spéciale à Lou Lambrecht, chargée d'incarner une préadolescente non conformiste, victime de cyber-harcèlement. Je suis nettement moins convaincu par les autres interprètes, adultes comme enfants. Soit ils surjouent, soit ils sont empêtrés dans des personnages taillés à la hache.
Évidemment, le personnage le plus intéressant est celui du lionceau... une créature virtuelle dans la plupart des scènes. Et pourtant, il semble plus vrai que nature... et très très mignon. Quand on aime les félins, on ne peut pas ne pas craquer pour lui.
Et l'histoire dans tout ça ? Cousue de fil blanc, parfois invraisemblable, mais rythmée, avec un poil d'humour, de l'émotion et des rebondissements (assez prévisibles). Notons que les auteurs ont eu l'intelligence de faire évoluer positivement plusieurs personnages, adultes comme enfants, en particulier le frère de l'héroïne (qui commence à mûrir après avoir reçu un bon coup de poing dans les burnes) et le fils du traqueur de lion, une véritable tête à claques rivée à son portable (persuadé qu'écouter fort du rap bas-de-gamme fait de lui un rebelle).
Les enfants adorent et l'on passe un gentil moment.
P.S.
Dans le cadre de la Fête du court-métrage, en guise hors-d’œuvre, nous avons eu droit à Chute (Down), un petit film pétillant, à l'humour macabre... pas tout à fait adapté au public de la salle (qui n'y a d'ailleurs guère prêté attention).
22:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
King
Ce roi est... un lionceau, clin d’œil transparent à la production Disney, à laquelle le réalisateur David Moreau emprunte une partie des codes, quand il ne pioche pas chez Spielberg. Comme chez le réalisateur barbu, les adultes sont à côté de la plaque et ce sont les enfants les moteurs de l'intrigue.
Mention spéciale à Lou Lambrecht, chargée d'incarner une préadolescente non conformiste, victime de cyber-harcèlement. Je suis nettement moins convaincu par les autres interprètes, adultes comme enfants. Soit ils surjouent, soit ils sont empêtrés dans des personnages taillés à la hache.
Évidemment, le personnage le plus intéressant est celui du lionceau... une créature virtuelle dans la plupart des scènes. Et pourtant, il semble plus vrai que nature... et très très mignon. Quand on aime les félins, on ne peut pas ne pas craquer pour lui.
Et l'histoire dans tout ça ? Cousue de fil blanc, parfois invraisemblable, mais rythmée, avec un poil d'humour, de l'émotion et des rebondissements (assez prévisibles). Notons que les auteurs ont eu l'intelligence de faire évoluer positivement plusieurs personnages, adultes comme enfants, en particulier le frère de l'héroïne (qui commence à mûrir après avoir reçu un bon coup de poing dans les burnes) et le fils du traqueur de lion, une véritable tête à claques rivée à son portable (persuadé qu'écouter fort du rap bas-de-gamme fait de lui un rebelle).
Les enfants adorent et l'on passe un gentil moment.
P.S.
Dans le cadre de la Fête du court-métrage, en guise hors-d’œuvre, nous avons eu droit à Chute (Down), un petit film pétillant, à l'humour macabre... pas tout à fait adapté au public de la salle (qui n'y a d'ailleurs guère prêté attention).
22:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 13 mars 2022
Le Tueur de l'ombre
Je ne connaissais pas cette série danoise, dont Arte vient de mettre en ligne l'intégralité des huit épisodes de la saison 2 (dont la diffusion télévisuelle est programmée les jeudis du mois de mars). Compte tenu de récentes très bonnes expériences sur la chaîne franco-allemande (l'horrifique Stag, la sociétale 30 degrés en hiver et la captivante Bron), j'ai tenté ma chance... et je ne me suis pas arrêté avant d'avoir avalé les huit épisodes.
L'action se déroule dans les environs d'Odense, sur l'île de Fionie (la troisième plus grande du Danemark). Une équipe de la police criminelle continue à travailler sur trois meurtres non élucidés, perpétrés cinq ans plus tôt. Les policiers sont persuadés d'avoir affaire à un tueur en série, qui aurait mis un terme à ses méfaits pour une raison inexpliquée. Cependant, un quatrième meurtre survient, qui laisse à penser qu'il est de retour...
La traque du criminel va être menée par deux femmes talentueuses. À gauche se trouve Karina, la cheffe de l'équipe d'enquêteurs, calme et pugnace. À droite se trouve la consultante Louise, experte en psychologie criminelle (déjà présente dans la saison 1).
Au-delà de l'aspect policier, les huit épisodes évoquent la vie personnelle de femmes très engagées dans leur activité professionnelle, montrant des situations qui, il y a trente ans, auraient été mises en scène avec des hommes à leur place. Ainsi la policière peut compter sur un mari bienveillant, qui s'occupe attentivement de leur progéniture. La psychologue peine à s'engager affectivement, tant elle est prise par son boulot. On croise aussi une magistrate qui n'a pas la langue dans sa poche et une cadre commerciale qui quitte son époux pour occuper un poste de direction à Singapour.
L'autre spécificité de l'intrigue est qu'on découvre assez vite qui est l'auteur des crimes. Mais cela n'enlève rien au suspens distillé par l'histoire. D'abord parce qu'il est suffisamment malin pour être passé sous les radars. Pendant très longtemps, les policiers ne parviennent pas à l'identifier, ni même à récupérer quoi que ce soit provenant de lui. De plus, un grand mystère place quant à ses motivations... si bien qu'on se demande quand il va récidiver et contre qui.
C'est bien filmé, bien joué (et plutôt bien doublé, pour celles et ceux qui n'ont pas envie de se plonger dans la version danoise sous-titrée), accompagné d'une musique adéquate (intrigante voire inquiétante).
Je recommande vivement.
00:37 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, médias
Le Tueur de l'ombre
Je ne connaissais pas cette série danoise, dont Arte vient de mettre en ligne l'intégralité des huit épisodes de la saison 2 (dont la diffusion télévisuelle est programmée les jeudis du mois de mars). Compte tenu de récentes très bonnes expériences sur la chaîne franco-allemande (l'horrifique Stag, la sociétale 30 degrés en hiver et la captivante Bron), j'ai tenté ma chance... et je ne me suis pas arrêté avant d'avoir avalé les huit épisodes.
L'action se déroule dans les environs d'Odense, sur l'île de Fionie (la troisième plus grande du Danemark). Une équipe de la police criminelle continue à travailler sur trois meurtres non élucidés, perpétrés cinq ans plus tôt. Les policiers sont persuadés d'avoir affaire à un tueur en série, qui aurait mis un terme à ses méfaits pour une raison inexpliquée. Cependant, un quatrième meurtre survient, qui laisse à penser qu'il est de retour...
La traque du criminel va être menée par deux femmes talentueuses. À gauche se trouve Karina, la cheffe de l'équipe d'enquêteurs, calme et pugnace. À droite se trouve la consultante Louise, experte en psychologie criminelle (déjà présente dans la saison 1).
Au-delà de l'aspect policier, les huit épisodes évoquent la vie personnelle de femmes très engagées dans leur activité professionnelle, montrant des situations qui, il y a trente ans, auraient été mises en scène avec des hommes à leur place. Ainsi la policière peut compter sur un mari bienveillant, qui s'occupe attentivement de leur progéniture. La psychologue peine à s'engager affectivement, tant elle est prise par son boulot. On croise aussi une magistrate qui n'a pas la langue dans sa poche et une cadre commerciale qui quitte son époux pour occuper un poste de direction à Singapour.
L'autre spécificité de l'intrigue est qu'on découvre assez vite qui est l'auteur des crimes. Mais cela n'enlève rien au suspens distillé par l'histoire. D'abord parce qu'il est suffisamment malin pour être passé sous les radars. Pendant très longtemps, les policiers ne parviennent pas à l'identifier, ni même à récupérer quoi que ce soit provenant de lui. De plus, un grand mystère place quant à ses motivations... si bien qu'on se demande quand il va récidiver et contre qui.
C'est bien filmé, bien joué (et plutôt bien doublé, pour celles et ceux qui n'ont pas envie de se plonger dans la version danoise sous-titrée), accompagné d'une musique adéquate (intrigante voire inquiétante).
Je recommande vivement.
00:37 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, médias
vendredi, 11 mars 2022
Belfast
Kenneth Branagh revisite son enfance nord-irlandaise, entre pastilles de bonheur et éclairs de violence. Le ton est donné dans les cinq premières minutes. On commence par voir ces jeunes filles portant jupe et grandes soquettes blanches, dans un monde en noir et blanc où la guerre civile fait soudain irruption. La suite va osciller entre ces deux ambiances et c'est l'un des (rares) mérites de cette histoire, qui parvient à rendre crédible cette juxtaposition. Dans la vision de l'enfant, la perception du drame en gestation est incomplète, entachée d'incompréhension... et parfaitement compatible avec des moments de bonheur, faisant intervenir les grands-parents, les parents, la jolie blonde de l'école ou encore l'activiste à couettes.
C'est de surcroît superbement mis en images. Branagh s'appuie sur son directeur de la photographie habituel, qui lui a déjà sauvé la mise à plusieurs reprises. Mais le résultat a un côté carte postale qui finit par lasser.
... parce qu'au final, j'ai trouvé ce film décevant. Je l'ai vu en version originale sous-titrée et je n'ai pas trouvé cela très bien interprété. Clairement, le gamin surjoue. De plus, trop de personnages parlent comme dans des livres. Ils ont beau avoir un fort accent irlandais, ils causent un peu trop bien. S'ajoutent à cela une brochette de clichés dans la caractérisation. Les relations chaotiques entre les parents sont de l'ordre du vu et revu. Les grands-parents (pourtant incarnés par Judi Dench et Ciarán Hinds) sont des caricatures ambulantes. À leur sujet, on peut quasiment tout prévoir. Et que dire de cette rue populaire, où tout semble si propre, même après un attentat ?
Quant au conflit nord-irlandais, il sert principalement de toile de fond et d'accélérateur dramaturgique... mais il vaut mieux connaître les dessous de l'Histoire pour comprendre les sous-entendus.
Bref... bof.
22:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Belfast
Kenneth Branagh revisite son enfance nord-irlandaise, entre pastilles de bonheur et éclairs de violence. Le ton est donné dans les cinq premières minutes. On commence par voir ces jeunes filles portant jupe et grandes soquettes blanches, dans un monde en noir et blanc où la guerre civile fait soudain irruption. La suite va osciller entre ces deux ambiances et c'est l'un des (rares) mérites de cette histoire, qui parvient à rendre crédible cette juxtaposition. Dans la vision de l'enfant, la perception du drame en gestation est incomplète, entachée d'incompréhension... et parfaitement compatible avec des moments de bonheur, faisant intervenir les grands-parents, les parents, la jolie blonde de l'école ou encore l'activiste à couettes.
C'est de surcroît superbement mis en images. Branagh s'appuie sur son directeur de la photographie habituel, qui lui a déjà sauvé la mise à plusieurs reprises. Mais le résultat a un côté carte postale qui finit par lasser.
... parce qu'au final, j'ai trouvé ce film décevant. Je l'ai vu en version originale sous-titrée et je n'ai pas trouvé cela très bien interprété. Clairement, le gamin surjoue. De plus, trop de personnages parlent comme dans des livres. Ils ont beau avoir un fort accent irlandais, ils causent un peu trop bien. S'ajoutent à cela une brochette de clichés dans la caractérisation. Les relations chaotiques entre les parents sont de l'ordre du vu et revu. Les grands-parents (pourtant incarnés par Judi Dench et Ciarán Hinds) sont des caricatures ambulantes. À leur sujet, on peut quasiment tout prévoir. Et que dire de cette rue populaire, où tout semble si propre, même après un attentat ?
Quant au conflit nord-irlandais, il sert principalement de toile de fond et d'accélérateur dramaturgique... mais il vaut mieux connaître les dessous de l'Histoire pour comprendre les sous-entendus.
Bref... bof.
22:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 03 mars 2022
Rien à foutre
Il est rarement aisé de choisir un titre judicieux pour son film. Ici, a-t-on hésité entre Rien à branler et J'm'en bats les couilles ? Difficile à dire. Cela correspond à ce que pourrait déclarer l'héroïne, Cassandre, hôtesse de l'air dans une compagnie low cost basée à Lanzarote, dans les îles Canaries.
Cette hôtesse a les traits et le corps d'Adèle Exarchopoulous. J'ai écrit le corps, parce qu'une hôtesse, c'est, pour beaucoup de passagers (et les cadres de la compagnie), d'abord un sourire et une paire de jambes (dont il faut soigner l'apparence).
La jeune femme voyage à l’œil, voit du pays, rencontre du monde, boit beaucoup d'alcool, baise à droite à gauche sans souci du lendemain et passe une partie de ses loisirs à danser sur de la musique moderne assourdissante. Pour certains, cela ressemble à une vie de rêve. Sauf que Cassandre fait un peu la gueule et qu'elle a des moments de cafard. C'est la facette la plus intéressante du personnage... malheureusement, je ne la trouve pas bien traitée (ou jouée) dans la majorité du film.
Celui-ci a aussi un aspect documentaire. Qu'est-ce que c'est que de travailler dans ce genre de compagnie ? Quelles consignes sont données par les patrons ? Comment gère-t-on les passagers ? À quoi ressemble vraiment la vie loin des paillettes, quand les hôtesses ont ôté leur habit de lumière ? Pour qui ne connaît rien de ce milieu, c'est instructif. On en apprend aussi sur les conditions salariales et les perspectives de carrière. Le tableau n'est pas exclusivement à charge. L'héroïne, d'abord simple hôtesse "junior" (le bas de l'échelle), a la possibilité de devenir "numéro 1" (cheffe de cabine), avec une meilleure paye... mais aussi des contraintes plus grandes. Le rêve de ces jeunes femmes ? Se faire embaucher par une compagnie prestigieuse, qui offre un meilleur statut à ses employées. On ne sait pas ce que deviennent celles qui décrochent en cours de route.
Dans les deux premiers tiers, c'est un peu long, un peu déprimant. (J'étais triste pour ces jeunes femmes.) Le film prend une autre tournure dans le dernier tiers de l'histoire. Cassandre passe ses congés dans son pays natal, la Belgique, chez son père. Elle retrouve ses amis, sa sœur cadette... et les problèmes qui vont avec. J'ai vraiment aimé cette partie, qui commence pourtant mal, avec l'incompréhension entre le père (agent immobilier) et sa fille aînée (qu'il traite avec condescendance). Petit à petit, les scènes du quotidien donnent de l'épaisseur au portrait de l'héroïne, qui semblait assez superficielle au départ. L'intrigue se conclut à Dubaï, en pleine pandémie.
21:16 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Rien à foutre
Il est rarement aisé de choisir un titre judicieux pour son film. Ici, a-t-on hésité entre Rien à branler et J'm'en bats les couilles ? Difficile à dire. Cela correspond à ce que pourrait déclarer l'héroïne, Cassandre, hôtesse de l'air dans une compagnie low cost basée à Lanzarote, dans les îles Canaries.
Cette hôtesse a les traits et le corps d'Adèle Exarchopoulous. J'ai écrit le corps, parce qu'une hôtesse, c'est, pour beaucoup de passagers (et les cadres de la compagnie), d'abord un sourire et une paire de jambes (dont il faut soigner l'apparence).
La jeune femme voyage à l’œil, voit du pays, rencontre du monde, boit beaucoup d'alcool, baise à droite à gauche sans souci du lendemain et passe une partie de ses loisirs à danser sur de la musique moderne assourdissante. Pour certains, cela ressemble à une vie de rêve. Sauf que Cassandre fait un peu la gueule et qu'elle a des moments de cafard. C'est la facette la plus intéressante du personnage... malheureusement, je ne la trouve pas bien traitée (ou jouée) dans la majorité du film.
Celui-ci a aussi un aspect documentaire. Qu'est-ce que c'est que de travailler dans ce genre de compagnie ? Quelles consignes sont données par les patrons ? Comment gère-t-on les passagers ? À quoi ressemble vraiment la vie loin des paillettes, quand les hôtesses ont ôté leur habit de lumière ? Pour qui ne connaît rien de ce milieu, c'est instructif. On en apprend aussi sur les conditions salariales et les perspectives de carrière. Le tableau n'est pas exclusivement à charge. L'héroïne, d'abord simple hôtesse "junior" (le bas de l'échelle), a la possibilité de devenir "numéro 1" (cheffe de cabine), avec une meilleure paye... mais aussi des contraintes plus grandes. Le rêve de ces jeunes femmes ? Se faire embaucher par une compagnie prestigieuse, qui offre un meilleur statut à ses employées. On ne sait pas ce que deviennent celles qui décrochent en cours de route.
Dans les deux premiers tiers, c'est un peu long, un peu déprimant. (J'étais triste pour ces jeunes femmes.) Le film prend une autre tournure dans le dernier tiers de l'histoire. Cassandre passe ses congés dans son pays natal, la Belgique, chez son père. Elle retrouve ses amis, sa sœur cadette... et les problèmes qui vont avec. J'ai vraiment aimé cette partie, qui commence pourtant mal, avec l'incompréhension entre le père (agent immobilier) et sa fille aînée (qu'il traite avec condescendance). Petit à petit, les scènes du quotidien donnent de l'épaisseur au portrait de l'héroïne, qui semblait assez superficielle au départ. L'intrigue se conclut à Dubaï, en pleine pandémie.
21:16 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
mercredi, 02 mars 2022
The Batman
Moins de dix ans après la sortie de The Dark Knight Rises, la Warner a décidé de relancer une série de films sur le plus rentable populaire de ses super-héros. Aux manettes se trouve Matt Reeves, qui s'est précédemment illustré avec La Planète des singes. Tout de même... il fallait des couilles pour tenter de succéder à Christopher Nolan... et peut-être aussi un max de thunes, comme le susurre fielleusement ma voisine de droite (200 millions de dollars, selon les estimations les plus récentes).
Concernant la distribution, je suis partagé. Robert Pattinson (pour lequel le rôle principal aurait été réécrit) et Zoë Kravitz s'en sortent assez bien, mais ils ne font pas oublier certains de leurs prédécesseurs. (Christian Bale était un meilleur Batman et Michelle Pfeiffer une Catwoman bien plus inspirante.) De plus, j'ai beau apprécier Andy Serkis, dans le rôle d'Alfred Pennyworth, je regrette Michael Caine. Je ne suis pas non plus emballé par la nouvelle version du Pingouin (Rendez-nous Danny DeVito !) ... mais qui sait ce que nous réserve la suite ?
Heureusement, certains seconds rôles relèvent le niveau : Jeffrey Wright fait un bon lieutenant Gordon, John Turturro un mafieux très convaincant et Paul Dano un psychopathe redoutable, particulièrement machiavélique.
Cependant, les véritables qualités du film sont ailleurs. C'est d'abord d'une grande beauté formelle. L'image est souvent sombre, tout en restant parfaitement visible (contrairement à ce que j'ai pu voir dans d'autres grosses productions). La photographie est superbe, servie par de bons effets spéciaux, très bien intégrés à l'action. Cela m'amène à la mise en scène, épatante. J'ai presque envie de retourner voir le film pour en savourer de nouveau certains plans. Reeves a un vrai talent pour choisir ses cadrages et les angles de prise de vue. Pour moi, les scènes (quasi) statiques (le plus souvent des vues urbaines) sont plus belles que les scènes d'action, pourtant très réussies. On attend bien sûr celle avec la Batmobile. (Au début, le héros ne se déplace qu'à moto.) On est cueilli par la beauté d'un combat rapproché, dans l'obscurité, sporadiquement éclairé par le fonctionnement des armes à feu. Enfin, je recommande particulièrement la séquence finale, dans le stade, un moment d'anthologie.
Le tout est accompagné d'une musique bien choisie (due à Michael Giacchino, l'Alexandre Desplat américain), parfois fascinante... parfois un brin humoristique (avec une allusion au personnage de Dark Vador). Surtout, j'ai aimé qu'on nous propose une histoire à rebondissements, pas aussi linéaire qu'on pouvait le craindre... même si je déplore la peinture quasi systématiquement négative des élites, une tendance lourde du cinéma contemporain (mais qui est conforme à ce qu'on trouve dans la BD d'origine).
Bref, c'est un très bon spectacle, dans la veine du Joker de Todd Philips, avec une pincée du Seven de David Fincher.
14:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Batman
Moins de dix ans après la sortie de The Dark Knight Rises, la Warner a décidé de relancer une série de films sur le plus rentable populaire de ses super-héros. Aux manettes se trouve Matt Reeves, qui s'est précédemment illustré avec La Planète des singes. Tout de même... il fallait des couilles pour tenter de succéder à Christopher Nolan... et peut-être aussi un max de thunes, comme le susurre fielleusement ma voisine de droite (200 millions de dollars, selon les estimations les plus récentes).
Concernant la distribution, je suis partagé. Robert Pattinson (pour lequel le rôle principal aurait été réécrit) et Zoë Kravitz s'en sortent assez bien, mais ils ne font pas oublier certains de leurs prédécesseurs. (Christian Bale était un meilleur Batman et Michelle Pfeiffer une Catwoman bien plus inspirante.) De plus, j'ai beau apprécier Andy Serkis, dans le rôle d'Alfred Pennyworth, je regrette Michael Caine. Je ne suis pas non plus emballé par la nouvelle version du Pingouin (Rendez-nous Danny DeVito !) ... mais qui sait ce que nous réserve la suite ?
Heureusement, certains seconds rôles relèvent le niveau : Jeffrey Wright fait un bon lieutenant Gordon, John Turturro un mafieux très convaincant et Paul Dano un psychopathe redoutable, particulièrement machiavélique.
Cependant, les véritables qualités du film sont ailleurs. C'est d'abord d'une grande beauté formelle. L'image est souvent sombre, tout en restant parfaitement visible (contrairement à ce que j'ai pu voir dans d'autres grosses productions). La photographie est superbe, servie par de bons effets spéciaux, très bien intégrés à l'action. Cela m'amène à la mise en scène, épatante. J'ai presque envie de retourner voir le film pour en savourer de nouveau certains plans. Reeves a un vrai talent pour choisir ses cadrages et les angles de prise de vue. Pour moi, les scènes (quasi) statiques (le plus souvent des vues urbaines) sont plus belles que les scènes d'action, pourtant très réussies. On attend bien sûr celle avec la Batmobile. (Au début, le héros ne se déplace qu'à moto.) On est cueilli par la beauté d'un combat rapproché, dans l'obscurité, sporadiquement éclairé par le fonctionnement des armes à feu. Enfin, je recommande particulièrement la séquence finale, dans le stade, un moment d'anthologie.
Le tout est accompagné d'une musique bien choisie (due à Michael Giacchino, l'Alexandre Desplat américain), parfois fascinante... parfois un brin humoristique (avec une allusion au personnage de Dark Vador). Surtout, j'ai aimé qu'on nous propose une histoire à rebondissements, pas aussi linéaire qu'on pouvait le craindre... même si je déplore la peinture quasi systématiquement négative des élites, une tendance lourde du cinéma contemporain (mais qui est conforme à ce qu'on trouve dans la BD d'origine).
Bref, c'est un très bon spectacle, dans la veine du Joker de Todd Philips, avec une pincée du Seven de David Fincher.
14:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 01 mars 2022
Un autre monde
... est-il possible ? C'est ce que semble se demander Stéphane Brizé, dans ce dernier (?) volet de ce qu'on appelle désormais sa "trilogie sociale", après La Loi du marché et En Guerre. Comme pour les deux précédents, il s'appuie sur Vincent Lindon qui, après avoir incarné un employé servile puis un syndicaliste combatif, s'est coulé (magnifiquement) dans le rôle d'un patron d'usine, Philippe Lemesle.
Ce n'est pourtant pas par cet aspect de l'intrigue que le film commence. La première séquence est celle du rendez-vous entre deux époux qui divorcent, chacun(e) appuyé(e) par un(e) avocat(e). Comme souvent dans ce genre de situation, c'est tendu, mais aussi plein d'émotion, des deux côtés. En (future) ex-femme du héros, Sandrine Kiberlain (qui fut jadis la compagne de Vincent Lindon, dans la vraie vie) est excellente. Complètent le couple deux enfants : une fille, étudiante brillante (expatriée), et un garçon un peu "décalé", incarné par Anthony Bajon (meilleur que dans Une Jeune Fille qui va bien... où il était dirigé par Sandrine Kiberlain !).
L'histoire alterne les moments intimes (familiaux) et les scènes d'entreprise, soit à l'intérieur de l'usine dirigée par le héros, soit entre les cadres du groupe auquel elle appartient. Quel que soit le milieu représenté, j'ai été frappé par la qualité des dialogues et de l'interprétation. Dans le monde entrepreneurial, deux femmes se distinguent : Marie Drucker en patronne ambitieuse et Sarah Laurent en syndicaliste pugnace. Tous les seconds rôles sont épatants : bravo à la directrice du casting (Coralie Amedeo, déjà à l’œuvre sur La Loi du marché et En Guerre).
C'est au niveau de la mise en scène que, me semble-t-il, Stéphane Brizé suit des chemins différents de certains de ses précédents films. Souvent, l'objectif se fixe sur un personnage ou un petit nombre de personnes, tandis qu'une discussion se poursuit autour d'eux, sans qu'ils continuent à y participer. Le réalisateur a sans doute voulu montrer le sentiment de décalage que ressentent certains protagonistes, ainsi que l'exclusion.
Sur le fond, il s'agit d'une dénonciation du capitalisme boursier, expliqué de manière pédagogique au cours d'une scène de visioconférence, au cours de laquelle le PDG du groupe états-unien donne une petite leçon d'économie financière à ses cadres français. Les plus futés des spectateurs remarqueront que les scènes avec le fils (mentalement perturbé) font écho à la situation de l'entreprise que dirige son père. Dans un premier temps, son obsession des chiffres (à propos du trajet effectué par ses parents pour venir lui rendre visite) crée le malaise... mais elle est comme un décalque de la culture du résultat à l’œuvre dans la boîte de son père. Plus loin, il est question de l'activité de marionnettiste, qui permet au jeune homme de se structurer... mais on pense évidemment au management du groupe auquel appartient l'usine dirigée par son père.
Entre drame familial, contraintes économiques et urgence sociale, Stéphane Brizé réussit son coup... mais n'attire pas le public : nous n'étions que quatre dans la salle.
12:23 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, cinéma, cinema, film, films
Un autre monde
... est-il possible ? C'est ce que semble se demander Stéphane Brizé, dans ce dernier (?) volet de ce qu'on appelle désormais sa "trilogie sociale", après La Loi du marché et En Guerre. Comme pour les deux précédents, il s'appuie sur Vincent Lindon qui, après avoir incarné un employé servile puis un syndicaliste combatif, s'est coulé (magnifiquement) dans le rôle d'un patron d'usine, Philippe Lemesle.
Ce n'est pourtant pas par cet aspect de l'intrigue que le film commence. La première séquence est celle du rendez-vous entre deux époux qui divorcent, chacun(e) appuyé(e) par un(e) avocat(e). Comme souvent dans ce genre de situation, c'est tendu, mais aussi plein d'émotion, des deux côtés. En (future) ex-femme du héros, Sandrine Kiberlain (qui fut jadis la compagne de Vincent Lindon, dans la vraie vie) est excellente. Complètent le couple deux enfants : une fille, étudiante brillante (expatriée), et un garçon un peu "décalé", incarné par Anthony Bajon (meilleur que dans Une Jeune Fille qui va bien... où il était dirigé par Sandrine Kiberlain !).
L'histoire alterne les moments intimes (familiaux) et les scènes d'entreprise, soit à l'intérieur de l'usine dirigée par le héros, soit entre les cadres du groupe auquel elle appartient. Quel que soit le milieu représenté, j'ai été frappé par la qualité des dialogues et de l'interprétation. Dans le monde entrepreneurial, deux femmes se distinguent : Marie Drucker en patronne ambitieuse et Sarah Laurent en syndicaliste pugnace. Tous les seconds rôles sont épatants : bravo à la directrice du casting (Coralie Amedeo, déjà à l’œuvre sur La Loi du marché et En Guerre).
C'est au niveau de la mise en scène que, me semble-t-il, Stéphane Brizé suit des chemins différents de certains de ses précédents films. Souvent, l'objectif se fixe sur un personnage ou un petit nombre de personnes, tandis qu'une discussion se poursuit autour d'eux, sans qu'ils continuent à y participer. Le réalisateur a sans doute voulu montrer le sentiment de décalage que ressentent certains protagonistes, ainsi que l'exclusion.
Sur le fond, il s'agit d'une dénonciation du capitalisme boursier, expliqué de manière pédagogique au cours d'une scène de visioconférence, au cours de laquelle le PDG du groupe états-unien donne une petite leçon d'économie financière à ses cadres français. Les plus futés des spectateurs remarqueront que les scènes avec le fils (mentalement perturbé) font écho à la situation de l'entreprise que dirige son père. Dans un premier temps, son obsession des chiffres (à propos du trajet effectué par ses parents pour venir lui rendre visite) crée le malaise... mais elle est comme un décalque de la culture du résultat à l’œuvre dans la boîte de son père. Plus loin, il est question de l'activité de marionnettiste, qui permet au jeune homme de se structurer... mais on pense évidemment au management du groupe auquel appartient l'usine dirigée par son père.
Entre drame familial, contraintes économiques et urgence sociale, Stéphane Brizé réussit son coup... mais n'attire pas le public : nous n'étions que quatre dans la salle.
12:23 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, cinéma, cinema, film, films
dimanche, 27 février 2022
Blacklight
Cette "lumière noire" est un révélateur : elle rend visible ce qui n'apparaît pas à l’œil nu. Au sens symbolique, il est bien évidemment question d'un complot, un thème archi-rebattu par les scénaristes hollywoodiens, qui nous en offrent une énième resucée, sous la houlette de Mark Williams (II), réalisateur de The Good Criminal... déjà avec Liam Neeson (qu'on a vu depuis dans Ice Road).
C'est en raison de la présence de celui-ci au générique que je me suis laissé tenter par cette histoire très très balisée. Celles et ceux qui ont vu de nombreux films d'action ou des polars conspirationnistes n'y dénicheront que peu d'inventivité.
À noter toutefois que, dans ce film-ci, ce bon vieux Liam incarne un agent du FBI sur les épaules duquel le poids des ans commence à peser : il s'essouffle lors d'une poursuite à pieds, n'a pas le dessus lors d'une confrontation musclée et laisse échapper l'un de ses protégés, un jeune policier brillant qui a pété les plombs.
Par contre, au volant de sa bagnole ou une arme au poing, Travis Block reste une redoutable machine à tuer, comme vont s'en rendre compte quelques méchants très méchants. En face, Liam incarne un gentil... pas si gentil que cela. Bien entendu, sa conscience professionnelle aiguë lui a fait rater sa vie familiale. Il essaie tardivement (et maladroitement) de se rattraper.
Au niveau de la mise en scène, on ne se fout pas de la gueule du client : les poursuites en voitures sont bien maîtrisées, tout comme les rares scènes de corps-à-corps. J'ai aussi apprécié la représentation des tocs du héros. Je n'en dis pas plus mais, soyez attentifs dès le début. On pourrait avoir l'impression que c'est mal réalisé, mais, en fait, il s'agit de nous faire toucher du doigt la principale manie de Travis.
La musique est clinquante, mais cohérente avec le sujet. Dans la salle, j'étais donc en train de me dire que j'allais pondre une critique très positive de ce film... mais c'était avant le dernier quart d'heure. A-t-on arrêté de payer les scénaristes ? A-t-on manqué de budget pour clore dignement cette intrigue ? Toujours est-il que la résolution du complot et la mise hors d'état de nuire des méchants interviennent un peu trop facilement, je trouve. C'est dommage, parce que les trois quarts du film sont assez prenants, pour qui aime le genre.
21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Blacklight
Cette "lumière noire" est un révélateur : elle rend visible ce qui n'apparaît pas à l’œil nu. Au sens symbolique, il est bien évidemment question d'un complot, un thème archi-rebattu par les scénaristes hollywoodiens, qui nous en offrent une énième resucée, sous la houlette de Mark Williams (II), réalisateur de The Good Criminal... déjà avec Liam Neeson (qu'on a vu depuis dans Ice Road).
C'est en raison de la présence de celui-ci au générique que je me suis laissé tenter par cette histoire très très balisée. Celles et ceux qui ont vu de nombreux films d'action ou des polars conspirationnistes n'y dénicheront que peu d'inventivité.
À noter toutefois que, dans ce film-ci, ce bon vieux Liam incarne un agent du FBI sur les épaules duquel le poids des ans commence à peser : il s'essouffle lors d'une poursuite à pieds, n'a pas le dessus lors d'une confrontation musclée et laisse échapper l'un de ses protégés, un jeune policier brillant qui a pété les plombs.
Par contre, au volant de sa bagnole ou une arme au poing, Travis Block reste une redoutable machine à tuer, comme vont s'en rendre compte quelques méchants très méchants. En face, Liam incarne un gentil... pas si gentil que cela. Bien entendu, sa conscience professionnelle aiguë lui a fait rater sa vie familiale. Il essaie tardivement (et maladroitement) de se rattraper.
Au niveau de la mise en scène, on ne se fout pas de la gueule du client : les poursuites en voitures sont bien maîtrisées, tout comme les rares scènes de corps-à-corps. J'ai aussi apprécié la représentation des tocs du héros. Je n'en dis pas plus mais, soyez attentifs dès le début. On pourrait avoir l'impression que c'est mal réalisé, mais, en fait, il s'agit de nous faire toucher du doigt la principale manie de Travis.
La musique est clinquante, mais cohérente avec le sujet. Dans la salle, j'étais donc en train de me dire que j'allais pondre une critique très positive de ce film... mais c'était avant le dernier quart d'heure. A-t-on arrêté de payer les scénaristes ? A-t-on manqué de budget pour clore dignement cette intrigue ? Toujours est-il que la résolution du complot et la mise hors d'état de nuire des méchants interviennent un peu trop facilement, je trouve. C'est dommage, parce que les trois quarts du film sont assez prenants, pour qui aime le genre.
21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 25 février 2022
Une jeune fille qui va bien
Pour sa première réalisation, Sandrine Kiberlain mêle histoire familiale et amour du théâtre, dans une fiction qui s'inspire semble-t-il (un peu) de la vie d'Hélène Berr, rendue célèbre par son Journal :
Au vu du prénom de l'héroïne, on est aussi tenté de voir une référence à Irène Némirovsky, bien qu'elle soit d'une génération différente.
Le début n'est pas situé dans le temps... même si, en regardant les vêtements portés par les personnages (et leur environnement technologique), on se doute bien que l'action se déroule il y a plusieurs dizaines d'années.
Ce début ne m'a pas emballé du tout. Il est centré sur le théâtre, les répétitions et les relations entre de jeunes adultes (certains pas encore majeurs à cette époque), le tout de manière allusive. Je n'ai pas trouvé cela très bien joué (ni dirigé).
C'est petit à petit, au fur et à mesure que le contexte se précise, que cela devient passionnant. D'abord parce qu'on découvre progressivement les contraintes qui pèsent sur l'héroïne et la majorité de ses proches. Ensuite parce qu'il est d'abord question de la vie d'une jeune femme, qui tente de concilier bonheur familial, réussite dans les études... et grand amour. On la voit se chercher, tâtonner, le tout à une époque où l'on serait tenté de penser que d'autres sujets obsédaient les esprits.
C'est fidèle à ce qu'on trouve dans le journal d'Hélène Berr. Celle-ci ne prépare pas le Conservatoire, mais étudie l'anglais (en visant l'agrégation, puis une thèse), tout en jouant de la musique classique. Autant qu'Irène, elle est mue par l'envie de vivre, malgré tout.
Cela passe parce que l'intrigue est magnifiquement servie par son interprète principale, Rebecca Marder (aperçue dans La Daronne). Dès qu'elle se trouve à l'écran, elle illumine la scène. Voilà une actrice à suivre. Je suis moins convaincu par la prestation d'Anthony Bajon, que j'ai vu bien plus à son aise ailleurs (par exemple dans Teddy).
On suit les pérégrinations sentimentales d'Irène, parallèles à ses activités théâtrales, tout en s'inquiétant à propos des nuages sombres qui s'accumulent au-dessus de la tête des juifs de Paris.
La fin, abrupte, a déconcerté certains spectateurs. Je la trouve parfaitement justifiée.
22:20 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Une jeune fille qui va bien
Pour sa première réalisation, Sandrine Kiberlain mêle histoire familiale et amour du théâtre, dans une fiction qui s'inspire semble-t-il (un peu) de la vie d'Hélène Berr, rendue célèbre par son Journal :
Au vu du prénom de l'héroïne, on est aussi tenté de voir une référence à Irène Némirovsky, bien qu'elle soit d'une génération différente.
Le début n'est pas situé dans le temps... même si, en regardant les vêtements portés par les personnages (et leur environnement technologique), on se doute bien que l'action se déroule il y a plusieurs dizaines d'années.
Ce début ne m'a pas emballé du tout. Il est centré sur le théâtre, les répétitions et les relations entre de jeunes adultes (certains pas encore majeurs à cette époque), le tout de manière allusive. Je n'ai pas trouvé cela très bien joué (ni dirigé).
C'est petit à petit, au fur et à mesure que le contexte se précise, que cela devient passionnant. D'abord parce qu'on découvre progressivement les contraintes qui pèsent sur l'héroïne et la majorité de ses proches. Ensuite parce qu'il est d'abord question de la vie d'une jeune femme, qui tente de concilier bonheur familial, réussite dans les études... et grand amour. On la voit se chercher, tâtonner, le tout à une époque où l'on serait tenté de penser que d'autres sujets obsédaient les esprits.
C'est fidèle à ce qu'on trouve dans le journal d'Hélène Berr. Celle-ci ne prépare pas le Conservatoire, mais étudie l'anglais (en visant l'agrégation, puis une thèse), tout en jouant de la musique classique. Autant qu'Irène, elle est mue par l'envie de vivre, malgré tout.
Cela passe parce que l'intrigue est magnifiquement servie par son interprète principale, Rebecca Marder (aperçue dans La Daronne). Dès qu'elle se trouve à l'écran, elle illumine la scène. Voilà une actrice à suivre. Je suis moins convaincu par la prestation d'Anthony Bajon, que j'ai vu bien plus à son aise ailleurs (par exemple dans Teddy).
On suit les pérégrinations sentimentales d'Irène, parallèles à ses activités théâtrales, tout en s'inquiétant à propos des nuages sombres qui s'accumulent au-dessus de la tête des juifs de Paris.
La fin, abrupte, a déconcerté certains spectateurs. Je la trouve parfaitement justifiée.
22:20 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire