mardi, 13 novembre 2018
Kursk
Le K-141 Koursk (un sous-marin nucléaire) était l'un des fleurons de la marine russe. Il portait un nom prestigieux, celui d'une des batailles décisives de la Seconde guerre mondiale. En 2000, au cours d'exercices militaires en mer de Barents (en plein nord, pas très loin de la Scandinavie...), il a été victime de plusieurs explosions. Ce film (une coproduction internationale non-russe) ambitionne de faire comprendre ce qu'il s'est réellement passé ces jours-là, tout en rendant hommage à des hommes et des femmes ordinaires, les sous-mariniers et les membres de leur famille.
Le sujet est alléchant. Cela commence de manière ultra-classique, par une séquence montrant l'intense camaraderie qui régnait entre les membres de l'équipage. Dès le début, Mathias Schoenaerts est bluffant... alors que j'ai trouvé Léa Seydoux moyennement convaincante en épouse de marin russe.
Cela s'améliore dès qu'on est au niveau du sous-marin. Le cadre de l'image change, prenant la forme du cinémascope. Le dernier départ est d'une incontestable beauté formelle. La suite, dans le huis-clos de vos salles de bain de la boîte à sardine nucléaire immergée, est bien maîtrisée. Thomas Vinterberg (que, depuis le brillant Festen, on croit surtout capable de mettre en scène des histoires familiales) réussit sa montée de tension, aussi bien à l'intérieur du sous-marin qu'à l'extérieur, quand, dans la ville côtière, les proches comprennent qu'il se passe un truc anormal... et que les officiels russes (les gradés de l'armée comme les bureaucrates poutiniens) les... mènent en bateau.
Voilà pourquoi ce film ne pouvait pas être une production russe. Oh, il ne faut pas accabler l'autocrate du Kremlin, qui n'était pas depuis très longtemps au pouvoir. Mais cette histoire est quand même révélatrice de l'opacité, du nationalisme ombrageux et du mépris de la vie humaine des dirigeants russes. Le film a aussi le mérite de rappeler qu'après la fin de la Guerre froide, les crédits militaires avaient beaucoup baissé.
Toutefois, la dénonciation est un peu hollywoodienne. J'ai senti dès le début qu'un truc se préparait autour de la montre. De plus, à plusieurs reprises, on nous montre bien le gamin au regard qui s'assombrit, signe qu'il va bien finir par exprimer son désaccord, d'une manière ou d'une autre. Malgré tout, je trouve ce film de bonne facture. C'est un divertissement très correct, pour amateurs du genre.
22:53 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
dimanche, 11 novembre 2018
Bohemian Rhapsody
Voici donc le demi-biopic de Freddie Mercury et de Queen. Bien que durant 2h15, le film ne décrit ni l'enfance ni l'adolescence de celui qui s'appelait Farrokh Bulsara et l'intrigue s'interrompt sur un point d'orgue, la formidable séquence du concert de Wembley, laissant de côté les dernières années du chanteur.
Je pense que c'est un bon choix. Il y avait tant de choses à dire et à montrer que, d'un point de vue cinématographique, il était plus pertinent de se concentrer sur la naissance du groupe, jusqu'à ce qui est parfois considéré comme son apogée (même si Mercury n'est plus tout à fait à son meilleur niveau lors du concert).
Ce choix a aussi l'avantage de ne pas trop faire vieillir les personnages, qui sont donc toujours interprétés par les mêmes acteurs. J'ai un peu tout lu et entendu à propos de Rami Malek (qui s'est fait connaître en tant qu'Elliot dans Mr Robot). D'accord, ce n'est pas un sosie de Freddy Mercury. OK, sa prothèse dentaire est parfois gênante. Mais le comédien nous livre une sacrée performance. Il incarne véritablement l'artiste. (Au niveau du chant, il s'est évidemment contenté du play-back sur les pistes enregistrées de Mercury, une doublure-voix ayant été sollicitée pour certaines scènes.)
Pour les seconds rôles, on a visiblement recherché des acteurs et des actrices ressemblant déjà physiquement à leurs personnages. L'alchimie fonctionne : on sent qu'ils forment un groupe, avec sa complicité, ses engueulades et ses non-dits. Bien que n'étant pas un grand fan de leur musique, j'ai quand même beaucoup aimé les scènes montrant leur travail d'artistes, en particulier toute la séquence aboutissant à la naissance du titre Bohemian Rhapsody. Il manque toutefois la genèse du clip vidéo, qui était novateur pour l'époque.
La mise en scène elle-même ne se veut pas un plat filmage de la grandeur et de la décadence d'un artiste populaire d'origine modeste. J'ai déjà évoqué la séquence du Live Aid (dont une partie du matériau sert d'introduction au film). On sent la patte de Bryan Singer, qui s'est creusé la tête pour, d'une œuvre essentiellement musicale, faire une œuvre visuelle. Il y a aussi instillé de l'humour et de l'émotion (surtout vers la fin).
C'est clairement un film qui vise le grand public. Il me semble qu'on a gommé certaines aspérités dans la vie personnelle de Mercury, ainsi que dans ses relations avec les membres du groupe. Mais, en gros, quand ce n'est pas montré, c'est suggéré.
Il y a quand même quelques facilités et quelques maladresses. La première rencontre entre trois des quatre futurs membres du groupe ne m'a pas convaincu, tout comme la séquence de rupture entre le héros et son conseiller-protecteur-amant-homme-à-tout-faire Paul (qui débute par la visite de son ancienne compagne). Il y a aussi la tendance (agaçante) à filmer les visages des personnages secondaires, émus ou en admiration devant le héros. Enfin, je doute que l'évolution des dons (pendant le concert) soit aussi caricaturale que ce qui est montré. Mais, franchement, vu la qualité de l'ensemble, on peut se montrer indulgent pour les petits défauts du film.
PS
J'ai lu et entendu que Singer avait reconstitué l'intégralité de la prestation de Queen au Live Aid. Ce n'est pas exact, me semble-t-il. On ne voit pas Mercury jouer à la guitare sur Crazy little thing called love et le morceau (très moralisateur) Is this the world we created, interprété en fin de concert, est absent.
PS II
Les chats sont très mignons... mais, curieusement, on ne voit jamais Malek/Mercury les caresser, alors qu'il les adorait. L'acteur serait-il allergique ?... Apparemment oui !
13:07 Publié dans Cinéma, Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, musique, chanson
Bohemian Rhapsody
Voici donc le demi-biopic de Freddie Mercury et de Queen. Bien que durant 2h15, le film ne décrit ni l'enfance ni l'adolescence de celui qui s'appelait Farrokh Bulsara et l'intrigue s'interrompt sur un point d'orgue, la formidable séquence du concert de Wembley, laissant de côté les dernières années du chanteur.
Je pense que c'est un bon choix. Il y avait tant de choses à dire et à montrer que, d'un point de vue cinématographique, il était plus pertinent de se concentrer sur la naissance du groupe, jusqu'à ce qui est parfois considéré comme son apogée (même si Mercury n'est plus tout à fait à son meilleur niveau lors du concert).
Ce choix a aussi l'avantage de ne pas trop faire vieillir les personnages, qui sont donc toujours interprétés par les mêmes acteurs. J'ai un peu tout lu et entendu à propos de Rami Malek (qui s'est fait connaître en tant qu'Elliot dans Mr Robot). D'accord, ce n'est pas un sosie de Freddy Mercury. OK, sa prothèse dentaire est parfois gênante. Mais le comédien nous livre une sacrée performance. Il incarne véritablement l'artiste. (Au niveau du chant, il s'est évidemment contenté du play-back sur les pistes enregistrées de Mercury, une doublure-voix ayant été sollicitée pour certaines scènes.)
Pour les seconds rôles, on a visiblement recherché des acteurs et des actrices ressemblant déjà physiquement à leurs personnages. L'alchimie fonctionne : on sent qu'ils forment un groupe, avec sa complicité, ses engueulades et ses non-dits. Bien que n'étant pas un grand fan de leur musique, j'ai quand même beaucoup aimé les scènes montrant leur travail d'artistes, en particulier toute la séquence aboutissant à la naissance du titre Bohemian Rhapsody. Il manque toutefois la genèse du clip vidéo, qui était novateur pour l'époque.
La mise en scène elle-même ne se veut pas un plat filmage de la grandeur et de la décadence d'un artiste populaire d'origine modeste. J'ai déjà évoqué la séquence du Live Aid (dont une partie du matériau sert d'introduction au film). On sent la patte de Bryan Singer, qui s'est creusé la tête pour, d'une œuvre essentiellement musicale, faire une œuvre visuelle. Il y a aussi instillé de l'humour et de l'émotion (surtout vers la fin).
C'est clairement un film qui vise le grand public. Il me semble qu'on a gommé certaines aspérités dans la vie personnelle de Mercury, ainsi que dans ses relations avec les membres du groupe. Mais, en gros, quand ce n'est pas montré, c'est suggéré.
Il y a quand même quelques facilités et quelques maladresses. La première rencontre entre trois des quatre futurs membres du groupe ne m'a pas convaincu, tout comme la séquence de rupture entre le héros et son conseiller-protecteur-amant-homme-à-tout-faire Paul (qui débute par la visite de son ancienne compagne). Il y a aussi la tendance (agaçante) à filmer les visages des personnages secondaires, émus ou en admiration devant le héros. Enfin, je doute que l'évolution des dons (pendant le concert) soit aussi caricaturale que ce qui est montré. Mais, franchement, vu la qualité de l'ensemble, on peut se montrer indulgent pour les petits défauts du film.
PS
J'ai lu et entendu que Singer avait reconstitué l'intégralité de la prestation de Queen au Live Aid. Ce n'est pas exact, me semble-t-il. On ne voit pas Mercury jouer à la guitare sur Crazy little thing called love et le morceau (très moralisateur) Is this the world we created, interprété en fin de concert, est absent.
PS II
Les chats sont très mignons... mais, curieusement, on ne voit jamais Malek/Mercury les caresser, alors qu'il les adorait. L'acteur serait-il allergique ?... Apparemment oui !
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vendredi, 09 novembre 2018
Sale temps à l'hôtel El Royale
Il ne faut pas se fier à ses airs clinquants, le faisant passer de prime abord pour un établissement haut-de-gamme (qu'il fut peut-être dans le passé). El Royale est un hôtel miteux, bon marché, qui, au coeur des années 1960, est fréquenté par des clients qui ont tous quelque chose à cacher.
L'intrigue nous est présentée sous forme de puzzle (avec un côté Pulp Fiction... mais juste un petit côté, hein). L'hôtel lui-même est une sorte de labyrinthe, rempli de mystères. Petit à petit vont se dévoiler les secrets de chacun, en général lorsque l'un des autres personnages les découvre.
L'habillage visuel et musical est "chaud", voire sensuel. On est plongé dans une sorte de cocon régressif, où surgit, de temps à autre, une péripétie hyper-violente. Les personnages sont bien caractérisés... et interprétés avec talent.
Le premier à occuper le devant de la scène est ce père de famille en déplacement, complètement paranoïaque... et qui finit par donner un coup de fil à un certain J Edgar. Il est visiblement venu dans cet hôtel dans un but bien précis. Il est parfaitement interprété par Jon Hamm, que l'on a pu voir récemment dans Baby Driver et Opération Beyrouth.
Encore plus mystérieux est le Père Flynn (Jeff Bridges, bridgessien comme jamais). Presque personne ne croit une seconde qu'il pourrait réellement être un ecclésiastique. Mais le personnage semble plus complexe qu'il n'y paraît. Il va connaître une évolution inattendue.
C'est en partie dû à sa rencontre avec Darlene Sweet, une chanteuse qui peine à percer, mais qui ne manque pas de jugeotte. Dans le rôle, Cynthia Erivo est une révélation. Dotée d'une très belle voix (pendant le tournage, elle a chanté dans les conditions du direct), elle dégage une belle intensité de jeu. De surcroît, le scénario ménage pas mal de rebondissements concernant ce personnage.
La redoutable Emily et le mystérieux réceptionniste Miles complètent l'équipe de l'hôtel (où ne semble travailler aucun autre personnel de service). Au début de l'histoire, Emily est celle qui semble cacher le plus gros secret. La dernière demi-heure est chargée de détromper les spectateurs.
Ah... mais... c'est que j'ai failli oublier l'invité de dernière minute, le gourou Billy Lee. C'est une petite crapule, à laquelle Chris Hemsworth (entre le tournage d'un Avengers et celui d'un Thor) prête sa plastique sculpturale, qu'il est impossible d'ignorer, vu que, lorsque l'acteur n'est pas filmé le dos dénudé, ses pectoraux et abdominaux sont généreusement offerts aux regards par des plans centrés sur une chemise inévitablement déboutonnée...
Cela donne un bon film d'action, nourri d'humour et de musique séduisante, bien que désuète. Le rythme est parfois un peu lent (comme si Tarantino avait pris du Lexomil), mais c'est parce que le réalisateur Drew Goddard veut laisser le temps à ses acteurs de bien camper leur personnage. La dernière partie de l'histoire louche plutôt vers Jackie Brown... et c'est bien vu.
23:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Sale temps à l'hôtel El Royale
Il ne faut pas se fier à ses airs clinquants, le faisant passer de prime abord pour un établissement haut-de-gamme (qu'il fut peut-être dans le passé). El Royale est un hôtel miteux, bon marché, qui, au coeur des années 1960, est fréquenté par des clients qui ont tous quelque chose à cacher.
L'intrigue nous est présentée sous forme de puzzle (avec un côté Pulp Fiction... mais juste un petit côté, hein). L'hôtel lui-même est une sorte de labyrinthe, rempli de mystères. Petit à petit vont se dévoiler les secrets de chacun, en général lorsque l'un des autres personnages les découvre.
L'habillage visuel et musical est "chaud", voire sensuel. On est plongé dans une sorte de cocon régressif, où surgit, de temps à autre, une péripétie hyper-violente. Les personnages sont bien caractérisés... et interprétés avec talent.
Le premier à occuper le devant de la scène est ce père de famille en déplacement, complètement paranoïaque... et qui finit par donner un coup de fil à un certain J Edgar. Il est visiblement venu dans cet hôtel dans un but bien précis. Il est parfaitement interprété par Jon Hamm, que l'on a pu voir récemment dans Baby Driver et Opération Beyrouth.
Encore plus mystérieux est le Père Flynn (Jeff Bridges, bridgessien comme jamais). Presque personne ne croit une seconde qu'il pourrait réellement être un ecclésiastique. Mais le personnage semble plus complexe qu'il n'y paraît. Il va connaître une évolution inattendue.
C'est en partie dû à sa rencontre avec Darlene Sweet, une chanteuse qui peine à percer, mais qui ne manque pas de jugeotte. Dans le rôle, Cynthia Erivo est une révélation. Dotée d'une très belle voix (pendant le tournage, elle a chanté dans les conditions du direct), elle dégage une belle intensité de jeu. De surcroît, le scénario ménage pas mal de rebondissements concernant ce personnage.
La redoutable Emily et le mystérieux réceptionniste Miles complètent l'équipe de l'hôtel (où ne semble travailler aucun autre personnel de service). Au début de l'histoire, Emily est celle qui semble cacher le plus gros secret. La dernière demi-heure est chargée de détromper les spectateurs.
Ah... mais... c'est que j'ai failli oublier l'invité de dernière minute, le gourou Billy Lee. C'est une petite crapule, à laquelle Chris Hemsworth (entre le tournage d'un Avengers et celui d'un Thor) prête sa plastique sculpturale, qu'il est impossible d'ignorer, vu que, lorsque l'acteur n'est pas filmé le dos dénudé, ses pectoraux et abdominaux sont généreusement offerts aux regards par des plans centrés sur une chemise inévitablement déboutonnée...
Cela donne un bon film d'action, nourri d'humour et de musique séduisante, bien que désuète. Le rythme est parfois un peu lent (comme si Tarantino avait pris du Lexomil), mais c'est parce que le réalisateur Drew Goddard veut laisser le temps à ses acteurs de bien camper leur personnage. La dernière partie de l'histoire louche plutôt vers Jackie Brown... et c'est bien vu.
23:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 01 novembre 2018
Chacun pour tous
Ce n'est pas la comédie française sortie cette semaine qui a bénéficié du plus important tapage médiatique. Je ne m'attendais donc pas à ce que la salle où je l'ai vue soit aussi copieusement remplie, d'autant que, sur un sujet approchant, un film espagnol (Champions) était visible cet été.
L'intrigue colle davantage à l'histoire vraie qui l'a inspirée : la constitution d'une équipe de basket-ball dans l'objectif de participer aux jeux paralympiques de Sydney (en 2000), mais avec une majorité de joueurs... valides. C'est en France que les auteurs situent le début de leur intrigue, avec d'un côté un entraîneur (Jean-Pierre Darroussin, très bon) qui voit ses meilleurs joueurs quitter le groupe et de l'autre des jeunes en galère de fric, pratiquant régulièrement le basket... mais parfaitement valides.
Encore que... L'un des charmes de ce film est de montrer qu'entre handicapés mentaux et individus supposés "normaux", la frontière est plus fluctuante que ce que l'on croit. La première touche est donnée dès le début, avec le quiproquo dont est victime le nouvel éducateur, que Martin/Darroussin prend pour un handicapé. Cela continue tout au long de l'histoire avec les personnages de Michel et André, qui n'ont guère besoin de se forcer pour paraître simplets ou tout simplement bizarres. Du côté des handicapés, Yohan le vindicatif raisonne parfois bien mieux que les "valides". On notera que sa soeur Julia est incarnée par Camélia Jordana, que j'ai retrouvée avec plaisir, un an après Le Brio. Son personnage représente un peu la caution morale de l'équipe.
Le scénario s'attarde peu sur la partie physique et tactique des entraînements. Une fois le groupe constitué et validé par la fédération, on nous emmène en Australie, où la compétition ne va pas se dérouler comme prévu... pas plus que la vie quotidienne. La cohabitation entre valides et non-valides est délicate... mais l'alcool (la "limonade australienne"), la musique, le poker et la quête de l'amour vont souder l'équipe, malgré les non-dits.
Je ne dirai pas comment cela se termine, mais sachez que ce conte (im)moral m'a donné la pêche.
PS
Aux âmes sensibles qui s'offusqueraient que l'on rie de personnes déficientes dans ce film, je signale que, dans la salle, étaient présents des handicapés (physiques et mentaux), qui n'étaient pas les derniers à s'esclaffer.
13:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Chacun pour tous
Ce n'est pas la comédie française sortie cette semaine qui a bénéficié du plus important tapage médiatique. Je ne m'attendais donc pas à ce que la salle où je l'ai vue soit aussi copieusement remplie, d'autant que, sur un sujet approchant, un film espagnol (Champions) était visible cet été.
L'intrigue colle davantage à l'histoire vraie qui l'a inspirée : la constitution d'une équipe de basket-ball dans l'objectif de participer aux jeux paralympiques de Sydney (en 2000), mais avec une majorité de joueurs... valides. C'est en France que les auteurs situent le début de leur intrigue, avec d'un côté un entraîneur (Jean-Pierre Darroussin, très bon) qui voit ses meilleurs joueurs quitter le groupe et de l'autre des jeunes en galère de fric, pratiquant régulièrement le basket... mais parfaitement valides.
Encore que... L'un des charmes de ce film est de montrer qu'entre handicapés mentaux et individus supposés "normaux", la frontière est plus fluctuante que ce que l'on croit. La première touche est donnée dès le début, avec le quiproquo dont est victime le nouvel éducateur, que Martin/Darroussin prend pour un handicapé. Cela continue tout au long de l'histoire avec les personnages de Michel et André, qui n'ont guère besoin de se forcer pour paraître simplets ou tout simplement bizarres. Du côté des handicapés, Yohan le vindicatif raisonne parfois bien mieux que les "valides". On notera que sa soeur Julia est incarnée par Camélia Jordana, que j'ai retrouvée avec plaisir, un an après Le Brio. Son personnage représente un peu la caution morale de l'équipe.
Le scénario s'attarde peu sur la partie physique et tactique des entraînements. Une fois le groupe constitué et validé par la fédération, on nous emmène en Australie, où la compétition ne va pas se dérouler comme prévu... pas plus que la vie quotidienne. La cohabitation entre valides et non-valides est délicate... mais l'alcool (la "limonade australienne"), la musique, le poker et la quête de l'amour vont souder l'équipe, malgré les non-dits.
Je ne dirai pas comment cela se termine, mais sachez que ce conte (im)moral m'a donné la pêche.
PS
Aux âmes sensibles qui s'offusqueraient que l'on rie de personnes déficientes dans ce film, je signale que, dans la salle, étaient présents des handicapés (physiques et mentaux), qui n'étaient pas les derniers à s'esclaffer.
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mercredi, 31 octobre 2018
Un Peuple et son roi
Se déroulant entre le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) et le 21 janvier 1793 (exécution de Louis XVI), le dernier film de Pierre Schoeller (auteur du brillant L'Exercice de l'Etat) propose une lecture de la Révolution française, à travers quelques grands moments et, en parallèle, les aventures de "Français d'en-bas".
Des personnages "ordinaires" se détachent l'ouvrière Françoise (Adèle Haenel, très bien) et le verrier L'Oncle (Olivier Gourmet, dont je ne me lasserai pas de dire qu'il est un grand acteur). Ce sont les personnalités les plus travaillées et les plus convaincantes, les autres me semblant un peu trop taillées à la hache ou agaçantes (comme Basile, interprété par Gaspard Ulliel, qui en fait un peu trop).
C'est que, malgré les deux heures, il était difficile de raconter une histoire complète tout en suivant le processus révolutionnaire. C'est l'erreur commise par le cinéaste (comme d'autres avant lui). Il aurait dû davantage se concentrer sur un ou deux épisodes (par exemple la prise de la Bastille et le vote de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen). Mais cela nous aurait privé de la vision d'ensemble, que Schoeller tenait visiblement à donner : le peuple s'est fait voler sa révolte par la bourgeoisie, une analyse un peu manichéenne, même si elle ne manque pas totalement de fondement. L'intrigue est aussi trop parisienne à mon goût, la capitale ne comptant que 2 à 3 % de la population du pays à cette date.
Au niveau de la mise en scène, il n'y a pas à dire : c'est du bon boulot, avec quelques scènes particulièrement bien troussées, comme la destruction de la Bastille (malgré la symbolique lourde de la lumière qui pénètre dans les rues du quartier populaire à la suite de son effondrement), le défilé nocturne des révolutionnaires dans les rues de Paris, éclairées par les torches, la séquence du retour de Louis XVI (après sa fuite jusqu'à Varennes) ou encore la mort du roi, d'une indéniable force, en dépit du mauvais choix d'acteur. Non que Laurent Lafitte joue mal, mais le charisme qu'on lui prête tranche avec ce que l'on sait du roi défunt.
On a droit aussi à de bonnes scènes théâtrales, au sein de l'Assemblée nationale (que ce soit sous le nom d'Etats généraux, d'Assemblée législative et de Convention). Même si certains acteurs prennent un peu trop la pose, j'ai aimé le moment du vote (lors du procès de Louis XVI), lorsque chaque député vient à la tribune expliquer son choix, avec ses mots... et son accent. (On ne voit pas d'élu aveyronnais.)
Au final, le film est un peu frustrant, non en raison de sa faible qualité (c'est un bel ouvrage), mais par son côté papillonnant, sautant d'un événement à l'autre. Une série télévisée aurait été plus adaptée.
22:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Un Peuple et son roi
Se déroulant entre le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) et le 21 janvier 1793 (exécution de Louis XVI), le dernier film de Pierre Schoeller (auteur du brillant L'Exercice de l'Etat) propose une lecture de la Révolution française, à travers quelques grands moments et, en parallèle, les aventures de "Français d'en-bas".
Des personnages "ordinaires" se détachent l'ouvrière Françoise (Adèle Haenel, très bien) et le verrier L'Oncle (Olivier Gourmet, dont je ne me lasserai pas de dire qu'il est un grand acteur). Ce sont les personnalités les plus travaillées et les plus convaincantes, les autres me semblant un peu trop taillées à la hache ou agaçantes (comme Basile, interprété par Gaspard Ulliel, qui en fait un peu trop).
C'est que, malgré les deux heures, il était difficile de raconter une histoire complète tout en suivant le processus révolutionnaire. C'est l'erreur commise par le cinéaste (comme d'autres avant lui). Il aurait dû davantage se concentrer sur un ou deux épisodes (par exemple la prise de la Bastille et le vote de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen). Mais cela nous aurait privé de la vision d'ensemble, que Schoeller tenait visiblement à donner : le peuple s'est fait voler sa révolte par la bourgeoisie, une analyse un peu manichéenne, même si elle ne manque pas totalement de fondement. L'intrigue est aussi trop parisienne à mon goût, la capitale ne comptant que 2 à 3 % de la population du pays à cette date.
Au niveau de la mise en scène, il n'y a pas à dire : c'est du bon boulot, avec quelques scènes particulièrement bien troussées, comme la destruction de la Bastille (malgré la symbolique lourde de la lumière qui pénètre dans les rues du quartier populaire à la suite de son effondrement), le défilé nocturne des révolutionnaires dans les rues de Paris, éclairées par les torches, la séquence du retour de Louis XVI (après sa fuite jusqu'à Varennes) ou encore la mort du roi, d'une indéniable force, en dépit du mauvais choix d'acteur. Non que Laurent Lafitte joue mal, mais le charisme qu'on lui prête tranche avec ce que l'on sait du roi défunt.
On a droit aussi à de bonnes scènes théâtrales, au sein de l'Assemblée nationale (que ce soit sous le nom d'Etats généraux, d'Assemblée législative et de Convention). Même si certains acteurs prennent un peu trop la pose, j'ai aimé le moment du vote (lors du procès de Louis XVI), lorsque chaque député vient à la tribune expliquer son choix, avec ses mots... et son accent. (On ne voit pas d'élu aveyronnais.)
Au final, le film est un peu frustrant, non en raison de sa faible qualité (c'est un bel ouvrage), mais par son côté papillonnant, sautant d'un événement à l'autre. Une série télévisée aurait été plus adaptée.
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mardi, 30 octobre 2018
L'Amour flou
Ce faux documentaire est une autofiction tragi-comique, s'appuyant sur des situations vécues, d'autres inventées. A la base, il est question de la séparation du couple formé par Romane Bohringer et Philippe Rebbot. On ne présente plus la fille de Richard, qui connut son heure de gloire dans les années 1990. Son ex-compagnon est pour beaucoup un quasi-inconnu, alors que son visage est apparu dans quantité de films/séries, au titre de second, troisième rôle voire de figurant.
Nos deux lascars font preuve d'une incontestable autodérision. Au niveau professionnel, Rebbot ne cache pas que, bien qu'étant acteur, il vit dans l'ombre, tandis que Bohringer travaille régulièrement, mais plutôt désormais dans des productions assez confidentielles.
La présentation de l'univers familial mérite aussi le détour. Rebbot est le portrait craché de son père (sur le plan physique), qui n'en désapprouve pas moins la rupture avec Romane, une femme qui a la tête sur les épaules... parce que, autant le dire tout de suite, si vous n'aimez pas le genre "intermittent du spectacle paresseux et gauchisant", le principal personnage masculin risque de sérieusement vous agacer ! Chez les Bohringer, la manière dont Romane choisit de gérer la rupture provoque, dans un premier temps, l'incompréhension. On se croirait (presque) dans une comédie italienne.
C'est précisément dans la gestion de la rupture que le film fait preuve d'originalité : les anciens amoureux vont emménager dans un appartement double "expérimental" : les logements des parents sont quasi voisins, communiquant par l'intermédiaire de la chambre des enfants, située en position médiane. Evidemment, cela donne lieu à nombre de situations cocasses, les adultes rivalisant d'attentions pour attirer la progéniture de leur côté... Toutefois, ce n'est pas l'aigreur qui domine cette séparation. Les parents se veulent progressistes, mûrs... mais, parfois, le ressentiment l'emporte et l'on se dit franchement (voire méchamment) ses quatre vérités.
Les autres bons moments de comédie sont liés aux tentatives de chacun pour vivre sa vie de son côté. Rebbot est pathétique dans sa quête de la jeunesse perdue. Bohringer a elle aussi envie de croquer de la chair fraîche. Elle découvre que, bien que superbement gaulée à 44 ans, la route est longue dans la quête d'un nouveau partenaire. J'ai trouvé particulièrement savoureuse la mise en scène des fantasmes féminins...
Signalons que c'est très correctement filmé, avec un indéniable sens du rythme. On sent aussi une immense tendresse, principalement envers les enfants, mais aussi envers la famille et l'autre, l'ex, si irritant(e) parfois, mais avec lequel (laquelle) on a partagé tellement de choses.
Même si tout n'est pas parfaitement réussi, je recommande chaudement cette comédie atypique, rafraîchissante.
11:27 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
L'Amour flou
Ce faux documentaire est une autofiction tragi-comique, s'appuyant sur des situations vécues, d'autres inventées. A la base, il est question de la séparation du couple formé par Romane Bohringer et Philippe Rebbot. On ne présente plus la fille de Richard, qui connut son heure de gloire dans les années 1990. Son ex-compagnon est pour beaucoup un quasi-inconnu, alors que son visage est apparu dans quantité de films/séries, au titre de second, troisième rôle voire de figurant.
Nos deux lascars font preuve d'une incontestable autodérision. Au niveau professionnel, Rebbot ne cache pas que, bien qu'étant acteur, il vit dans l'ombre, tandis que Bohringer travaille régulièrement, mais plutôt désormais dans des productions assez confidentielles.
La présentation de l'univers familial mérite aussi le détour. Rebbot est le portrait craché de son père (sur le plan physique), qui n'en désapprouve pas moins la rupture avec Romane, une femme qui a la tête sur les épaules... parce que, autant le dire tout de suite, si vous n'aimez pas le genre "intermittent du spectacle paresseux et gauchisant", le principal personnage masculin risque de sérieusement vous agacer ! Chez les Bohringer, la manière dont Romane choisit de gérer la rupture provoque, dans un premier temps, l'incompréhension. On se croirait (presque) dans une comédie italienne.
C'est précisément dans la gestion de la rupture que le film fait preuve d'originalité : les anciens amoureux vont emménager dans un appartement double "expérimental" : les logements des parents sont quasi voisins, communiquant par l'intermédiaire de la chambre des enfants, située en position médiane. Evidemment, cela donne lieu à nombre de situations cocasses, les adultes rivalisant d'attentions pour attirer la progéniture de leur côté... Toutefois, ce n'est pas l'aigreur qui domine cette séparation. Les parents se veulent progressistes, mûrs... mais, parfois, le ressentiment l'emporte et l'on se dit franchement (voire méchamment) ses quatre vérités.
Les autres bons moments de comédie sont liés aux tentatives de chacun pour vivre sa vie de son côté. Rebbot est pathétique dans sa quête de la jeunesse perdue. Bohringer a elle aussi envie de croquer de la chair fraîche. Elle découvre que, bien que superbement gaulée à 44 ans, la route est longue dans la quête d'un nouveau partenaire. J'ai trouvé particulièrement savoureuse la mise en scène des fantasmes féminins...
Signalons que c'est très correctement filmé, avec un indéniable sens du rythme. On sent aussi une immense tendresse, principalement envers les enfants, mais aussi envers la famille et l'autre, l'ex, si irritant(e) parfois, mais avec lequel (laquelle) on a partagé tellement de choses.
Même si tout n'est pas parfaitement réussi, je recommande chaudement cette comédie atypique, rafraîchissante.
11:27 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
dimanche, 28 octobre 2018
Cold War
Cette "guerre froide" est d'abord le contexte dans lequel se déroule l'intrigue, dans la Pologne (puis -un peu- la France) des années 1949-1959, lorsque l'Europe de l'Est a été stalinisée sous la tendre férule des partis communistes locaux, appuyés par la délicate présence de l'Armée rouge. Au sens figuré, le titre évoque les amours tumultueuses d'une chanteuse et d'un compositeur-interprète.
L'auteur, Pawel Pawlikowski, s'est fait remarquer il y a quatre ans par le fantastique Ida (qui a remporté l'Oscar du film en langue étrangère l'année suivante). On en retrouve les qualités formelles, à travers entre autres l'usage du noir et blanc, vraiment superbe, encore plus beau que dans son précédent film. Les plans urbains m'ont particulièrement marqué, notamment ceux de Paris. On sent aussi que le réalisateur sait où placer sa caméra et comment la bouger, jouant sur la complémentarité de l'image et du son.
L'histoire commence, de manière inattendue, par la description du travail d'une équipe d'acteurs culturels chargée de répertorier les traditions populaires de la Pologne, à travers ses chansons. Au passage, on découvre l'existence d'une minorité, les Lemkos, qui parle une langue ruthène. (A ne pas confondre avec les Rutènes qui se sont installés dans l'actuel Aveyron.)
La partie du film qui m'a enchanté est celle traitant de la naissance de l'amour entre le pianiste Wiktor et la chanteuse Zula (interprétée par Joanna Kulig). Celle-ci est fichtrement belle... encore plus lorsqu'elle n'est pas (ou très peu) maquillée. Je vais avoir l'air d'insister lourdement sur ce point, mais sa beauté est magnifiée par le noir et blanc (et le regard du réalisateur...).
Zula a un joli brun de voix, mais elle n'aurait sans doute pas dû intégrer le groupe folklorique en cours de formation. Son astuce et son caractère ont joué pour elle... et mis le pianiste dans son lit.
Evidemment, la demoiselle suscite les convoitises. S'ajoute à cela la tutelle plus ou moins pesante du pouvoir communiste. Les artistes aspirent à plus de liberté, en tout cas pas à servir de simple porte-voix de la propagande gouvernementale.
C'est à peu près à partir de ce moment que cela se gâte, au niveau de l'intrigue comme de mon ressenti. Le côté tragique de l'histoire prend le dessus. Le réalisateur semble avoir échangé ses chaussons de danse contre des sabots boueux. Je ne peux pas trop en dire sous peine de déflorer l'intrigue mais, en gros, à chaque fois qu'un carrefour se présente au niveau de l'histoire, on peut être sûr que l'un des deux amoureux va faire le mauvais choix. Dans cette optique, la fin, bien que légèrement elliptique, est d'une logique implacable.
En dépit de ces (grosses) réserves, comme le film ne dure qu'1h25, on peut tenter l'expérience, tant la forme est réussie.
16:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Cold War
Cette "guerre froide" est d'abord le contexte dans lequel se déroule l'intrigue, dans la Pologne (puis -un peu- la France) des années 1949-1959, lorsque l'Europe de l'Est a été stalinisée sous la tendre férule des partis communistes locaux, appuyés par la délicate présence de l'Armée rouge. Au sens figuré, le titre évoque les amours tumultueuses d'une chanteuse et d'un compositeur-interprète.
L'auteur, Pawel Pawlikowski, s'est fait remarquer il y a quatre ans par le fantastique Ida (qui a remporté l'Oscar du film en langue étrangère l'année suivante). On en retrouve les qualités formelles, à travers entre autres l'usage du noir et blanc, vraiment superbe, encore plus beau que dans son précédent film. Les plans urbains m'ont particulièrement marqué, notamment ceux de Paris. On sent aussi que le réalisateur sait où placer sa caméra et comment la bouger, jouant sur la complémentarité de l'image et du son.
L'histoire commence, de manière inattendue, par la description du travail d'une équipe d'acteurs culturels chargée de répertorier les traditions populaires de la Pologne, à travers ses chansons. Au passage, on découvre l'existence d'une minorité, les Lemkos, qui parle une langue ruthène. (A ne pas confondre avec les Rutènes qui se sont installés dans l'actuel Aveyron.)
La partie du film qui m'a enchanté est celle traitant de la naissance de l'amour entre le pianiste Wiktor et la chanteuse Zula (interprétée par Joanna Kulig). Celle-ci est fichtrement belle... encore plus lorsqu'elle n'est pas (ou très peu) maquillée. Je vais avoir l'air d'insister lourdement sur ce point, mais sa beauté est magnifiée par le noir et blanc (et le regard du réalisateur...).
Zula a un joli brun de voix, mais elle n'aurait sans doute pas dû intégrer le groupe folklorique en cours de formation. Son astuce et son caractère ont joué pour elle... et mis le pianiste dans son lit.
Evidemment, la demoiselle suscite les convoitises. S'ajoute à cela la tutelle plus ou moins pesante du pouvoir communiste. Les artistes aspirent à plus de liberté, en tout cas pas à servir de simple porte-voix de la propagande gouvernementale.
C'est à peu près à partir de ce moment que cela se gâte, au niveau de l'intrigue comme de mon ressenti. Le côté tragique de l'histoire prend le dessus. Le réalisateur semble avoir échangé ses chaussons de danse contre des sabots boueux. Je ne peux pas trop en dire sous peine de déflorer l'intrigue mais, en gros, à chaque fois qu'un carrefour se présente au niveau de l'histoire, on peut être sûr que l'un des deux amoureux va faire le mauvais choix. Dans cette optique, la fin, bien que légèrement elliptique, est d'une logique implacable.
En dépit de ces (grosses) réserves, comme le film ne dure qu'1h25, on peut tenter l'expérience, tant la forme est réussie.
16:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 27 octobre 2018
Le Grand Bain
Vaguement inspirée d'une histoire vraie (suédoise), cette comédie de Gilles Lellouche fait irrésistiblement penser à The Full Monty. Elle réunit une distribution prestigieuse.
L'intrigue nous est racontée par Bertrand, père de famille au chômage, soutenu par une épouse qui a la tête sur les épaules. Marina Foïs comme Mathieu Amalric sont épatants, s'étant parfaitement coulés dans les personnages, sans chercher à faire de performance.
La situation de Laurent (Guillaume Canet) est à l'opposé. Il dirige une entreprise prospère, est respecté de ses employés... mais son mariage part en sucette et il entretient une relation compliquée avec sa mère (Claire Nadeau, qu'on retrouve avec plaisir). Marcus (Benoît Poelvoorde, excellent comme d'hab') dirige lui aussi une boîte (qui vend des piscines), mais dont la santé financière est beaucoup moins assurée. C'est un beau parleur, plein de gouaille, mais un peu seul, au fond.
Simon et Thierry (Jean-Hugues Anglade et Philippe Katerine, très bons) sont les deux "cheveux longs" de la bande. Le premier, employé dans la cuisine d'un lycée, est un rockeur raté, qui vit dans une caravane. Le second travaille à la piscine municipale. Vieux garçon introverti, il est un peu le souffre-douleur des mecs de l'équipe de water-polo.
A ces vedettes s'ajoutent un barbu farfelu, un jeune Indien obèse parlant à peine le français et un employé d'EHPAD ayant acquis, par la force des choses, une formidable capacité à retenir sa respiration.
L'équipe ne serait pas au complet sans le duo majeur constitué par les entraîneuses, incarnées par Leïla Bekhti et Virginie Efira. Ce sont deux anciennes championnes de natation synchronisée, dont l'amitié s'est fracassée sur l'interruption de leur carrière internationale. Amanda est handicapée et aigrie (mais son personnage est moins caricatural que ce que la prometteuse bande-annonce laisse voir). Delphine est une alcoolique repentie encore fragile, que l'on a envie de prendre dans ses bras et de consoler.
Ce n'est donc pas qu'une comédie. C'est aussi un film sur la difficulté de vivre, dans la France d'aujourd'hui, notamment pour des mâles âgés de 35-50 ans. Leur engagement dans cette improbable équipe de natation synchronisée masculine est une sorte de bouée de sauvetage. Si leur parcours est construit selon un schéma hyper-balisé, je n'en ai pas moins pris beaucoup de plaisir à le suivre, d'autant que la musique (la pop des années 1980) me convient à merveille.
14:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Grand Bain
Vaguement inspirée d'une histoire vraie (suédoise), cette comédie de Gilles Lellouche fait irrésistiblement penser à The Full Monty. Elle réunit une distribution prestigieuse.
L'intrigue nous est racontée par Bertrand, père de famille au chômage, soutenu par une épouse qui a la tête sur les épaules. Marina Foïs comme Mathieu Amalric sont épatants, s'étant parfaitement coulés dans les personnages, sans chercher à faire de performance.
La situation de Laurent (Guillaume Canet) est à l'opposé. Il dirige une entreprise prospère, est respecté de ses employés... mais son mariage part en sucette et il entretient une relation compliquée avec sa mère (Claire Nadeau, qu'on retrouve avec plaisir). Marcus (Benoît Poelvoorde, excellent comme d'hab') dirige lui aussi une boîte (qui vend des piscines), mais dont la santé financière est beaucoup moins assurée. C'est un beau parleur, plein de gouaille, mais un peu seul, au fond.
Simon et Thierry (Jean-Hugues Anglade et Philippe Katerine, très bons) sont les deux "cheveux longs" de la bande. Le premier, employé dans la cuisine d'un lycée, est un rockeur raté, qui vit dans une caravane. Le second travaille à la piscine municipale. Vieux garçon introverti, il est un peu le souffre-douleur des mecs de l'équipe de water-polo.
A ces vedettes s'ajoutent un barbu farfelu, un jeune Indien obèse parlant à peine le français et un employé d'EHPAD ayant acquis, par la force des choses, une formidable capacité à retenir sa respiration.
L'équipe ne serait pas au complet sans le duo majeur constitué par les entraîneuses, incarnées par Leïla Bekhti et Virginie Efira. Ce sont deux anciennes championnes de natation synchronisée, dont l'amitié s'est fracassée sur l'interruption de leur carrière internationale. Amanda est handicapée et aigrie (mais son personnage est moins caricatural que ce que la prometteuse bande-annonce laisse voir). Delphine est une alcoolique repentie encore fragile, que l'on a envie de prendre dans ses bras et de consoler.
Ce n'est donc pas qu'une comédie. C'est aussi un film sur la difficulté de vivre, dans la France d'aujourd'hui, notamment pour des mâles âgés de 35-50 ans. Leur engagement dans cette improbable équipe de natation synchronisée masculine est une sorte de bouée de sauvetage. Si leur parcours est construit selon un schéma hyper-balisé, je n'en ai pas moins pris beaucoup de plaisir à le suivre, d'autant que la musique (la pop des années 1980) me convient à merveille.
14:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 26 octobre 2018
The Predator
La Fox a décidé de relancer la franchise, mais pas par un reboot (une remise à zéro). L'un des personnages finit par déclarer que les "prédateurs" sont déjà venus à plusieurs reprises sur la Terre, signe que l'on se place dans la continuité des films sortis dans les années 1980-1990 (mais pas ceux faisant intervenir les créatures aliens).
Le début est très très laborieux, bourré de clichés. Le héros est un tireur d'élite de l'armée américaine, incarné par un habitué des seconds rôles (Boyd Holbrook, vu il y a peu dans Logan) qui ne s'en sort pas si mal. C'est bien entendu un soldat hyper-doué et rebelle. Il est séparé de sa superbe épouse, qui est... peintre et porte des salopettes trouées aux genoux. Tous deux ont un enfant, qui est... autiste... mais, attention, hein, pas le genre d'autiste totalement coupé du monde, victime d'un retard mental ou sujet à des comportements particulièrement désorganisés. Non, ce gamin-là est un petit génie. Et ça tombe bien : le scénario a besoin qu'un des personnages puisse décrypter les codes des "prédateurs". Elle est pas belle, la vie ?
Comme ça manque de gonzesses, on est allé chercher une brillante biologiste, dont il n'est pas forcément utile que je précise qu'elle est canon. (Elle est incarnée par la délicieuse Olivia Munn, vue notamment dans X-Men - Apocalypse.) C'est la scène de son recrutement qui vaut son pesant de dreadlocks extraterrestres : alors qu'elle est en train de promener son chien, elle est abordée par des agents gouvernementaux (pas vraiment discrets), le chef de l'équipe tentant de la convaincre avec un argument du genre "Je crois savoir que vous aimez regarder les étoiles". Même le chien, qui aboyait bruyamment jusque-là, en est resté sans voix.
Voilà pourquoi, en dépit de l'une des premières scènes (délicieusement saignante), au bout d'un quart d'heure, je me suis demandé si j'avais bien fait de choisir cette séance pour faire progresser ma digestion. Et puis sont apparus les futurs membres de l'équipe de bras cassés qui allait se constituer autour du héros. Ce sont tous d'anciens soldats (du genre commandos) et tous ont un truc qui cloche : l'un est atteint du syndrome de Gilles de La Tourette ('Culé d'ta race ! Mange ta merde !), un autre a flingué son unité entière (à l'exception d'un camarade, qui l'accompagne dans son délire), un quatrième a tenté de se suicider, le cinquième est devenu mystique.
Cela devient drôle, tout en restant animé : le "prédateur" fait prisonnier réussit à s'échapper (en faisant évidemment beaucoup de dégâts)... et tombe sur un autre chasseur ultra-dangereux, venu sur notre planète pour récupérer un truc super-important... mais je ne vous dirai pas quoi. Sachez seulement que le fils autiste du héros détient la clé de l'énigme. Aux manettes se trouve Shane Black, auquel on doit Iron Man 3 et The Nice Guys.
Nous voilà embarqués dans un camping-car, avec une bande de tarés, face à de sournois contractuels gouvernementaux et d'impitoyables prédateurs, ces deniers accompagnés de chiens de l'espace vachement effrayants. Le jeu consiste à parier sur le nombre et l'identité des survivants. Sachez que la fin ménage une suite...
13:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Predator
La Fox a décidé de relancer la franchise, mais pas par un reboot (une remise à zéro). L'un des personnages finit par déclarer que les "prédateurs" sont déjà venus à plusieurs reprises sur la Terre, signe que l'on se place dans la continuité des films sortis dans les années 1980-1990 (mais pas ceux faisant intervenir les créatures aliens).
Le début est très très laborieux, bourré de clichés. Le héros est un tireur d'élite de l'armée américaine, incarné par un habitué des seconds rôles (Boyd Holbrook, vu il y a peu dans Logan) qui ne s'en sort pas si mal. C'est bien entendu un soldat hyper-doué et rebelle. Il est séparé de sa superbe épouse, qui est... peintre et porte des salopettes trouées aux genoux. Tous deux ont un enfant, qui est... autiste... mais, attention, hein, pas le genre d'autiste totalement coupé du monde, victime d'un retard mental ou sujet à des comportements particulièrement désorganisés. Non, ce gamin-là est un petit génie. Et ça tombe bien : le scénario a besoin qu'un des personnages puisse décrypter les codes des "prédateurs". Elle est pas belle, la vie ?
Comme ça manque de gonzesses, on est allé chercher une brillante biologiste, dont il n'est pas forcément utile que je précise qu'elle est canon. (Elle est incarnée par la délicieuse Olivia Munn, vue notamment dans X-Men - Apocalypse.) C'est la scène de son recrutement qui vaut son pesant de dreadlocks extraterrestres : alors qu'elle est en train de promener son chien, elle est abordée par des agents gouvernementaux (pas vraiment discrets), le chef de l'équipe tentant de la convaincre avec un argument du genre "Je crois savoir que vous aimez regarder les étoiles". Même le chien, qui aboyait bruyamment jusque-là, en est resté sans voix.
Voilà pourquoi, en dépit de l'une des premières scènes (délicieusement saignante), au bout d'un quart d'heure, je me suis demandé si j'avais bien fait de choisir cette séance pour faire progresser ma digestion. Et puis sont apparus les futurs membres de l'équipe de bras cassés qui allait se constituer autour du héros. Ce sont tous d'anciens soldats (du genre commandos) et tous ont un truc qui cloche : l'un est atteint du syndrome de Gilles de La Tourette ('Culé d'ta race ! Mange ta merde !), un autre a flingué son unité entière (à l'exception d'un camarade, qui l'accompagne dans son délire), un quatrième a tenté de se suicider, le cinquième est devenu mystique.
Cela devient drôle, tout en restant animé : le "prédateur" fait prisonnier réussit à s'échapper (en faisant évidemment beaucoup de dégâts)... et tombe sur un autre chasseur ultra-dangereux, venu sur notre planète pour récupérer un truc super-important... mais je ne vous dirai pas quoi. Sachez seulement que le fils autiste du héros détient la clé de l'énigme. Aux manettes se trouve Shane Black, auquel on doit Iron Man 3 et The Nice Guys.
Nous voilà embarqués dans un camping-car, avec une bande de tarés, face à de sournois contractuels gouvernementaux et d'impitoyables prédateurs, ces deniers accompagnés de chiens de l'espace vachement effrayants. Le jeu consiste à parier sur le nombre et l'identité des survivants. Sachez que la fin ménage une suite...
13:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 25 octobre 2018
Amin
C'est le prénom du principal personnage masculin, un immigré sénégalais (en situation régulière), travaillant dans une entreprise de BTP, en France métropolitaine. Toute sa famille est restée au village, situé dans la région de Thiès, à l'est de Dakar :
La première séquence nous présente un groupe d'ouvriers, tous d'origine africaine, semble-t-il. Il est marqué par une assez grande diversité, puisque les Sénégalais y côtoient des Marocains, des Maliens, entre autres. Il y a des jeunes et des vieux, une majorité d'hommes, mais aussi quelques femmes. Presque tous vivent dans ce qu'on appelait il y a des années un foyer Sonacotra (aujourd'hui Adoma).
La deuxième partie montre le retour au pays d'Amin. Il revient habillé propre et chic, des centaines d'euros planqués dans les chaussettes. Une partie de cette somme va servir à faire construire sa maison, une autre à monter une boucherie avec ses frères, restés au Sénégal. Bien entendu, une part importante est réservée à la famille proche, une petite somme étant gardée pour financer l'école du village.
Ici, on quitte la langue française (pour le wolof ou le sérère) et les vêtements très colorés remplacent le chemise-pantalon. Paradoxalement, ces retrouvailles ont pour fonction de nous montrer la dureté de la séparation : l'épouse d'Amin (ravissante et au caractère entier) Aïcha (Marème N'Diaye, très bien) a de plus en plus de mal à tenir le fils aîné. Au quotidien, elle doit gérer tous les soucis... et le poids des regards du village et de la famille élargie, avec laquelle elle ne s'entend pas forcément très bien.
C'est lors du retour en France d'Amin que les choses se compliquent. Il a certes du travail (sans doute en partie payé au noir), mais il aspire à autre chose... tout comme Gabrielle, la cliente du chantier auquel il participe. Emmanuelle Devos incarne une quadra en pleine séparation, qui aimerait sans doute retrouver une part de ses rêves de jeune femme. La présence séduisante d'un homme bien bâti, respectueux et travailleur réveille le désir en elle. Toutefois, cette partie ne m'a pas paru très bien mise en scène. L'acteur Moustapha Mbengue n'est pas très à l'aise (ce n'est pas dû qu'au comportement de son personnage) et la "conclusion" arrive un peu vite.
La suite gagne en subtilité. Indirectement, deux femmes se retrouvent en concurrence. Chacune essaie d'échapper à l'emprise masculine, plus forte toutefois au Sénégal qu'en France. Gabrielle évite tant que faire se peut son ex, qui a l'air d'un gros lourd (et dont le début laisse supposer qu'il a trompé sa compagne). Pour Aïcha, c'est plus compliqué, entre les enfants désormais adolescents, les travaux du quotidien, la maison qui se construit plus ou moins bien, ses beau-frères autoritaires... et les ragots du village.
Je ne dirai évidemment pas comment cela se termine.
J'ai aimé ce film parce que, sur un sujet sensible, il évite d'être manichéen, une constante dans le travail de Philippe Faucon (auteur, il y a trois ans, de Fatima). Les parties africaines m'ont cependant plus emballé (sur le plan cinématographique) que les séquences françaises.
15:49 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Amin
C'est le prénom du principal personnage masculin, un immigré sénégalais (en situation régulière), travaillant dans une entreprise de BTP, en France métropolitaine. Toute sa famille est restée au village, situé dans la région de Thiès, à l'est de Dakar :
La première séquence nous présente un groupe d'ouvriers, tous d'origine africaine, semble-t-il. Il est marqué par une assez grande diversité, puisque les Sénégalais y côtoient des Marocains, des Maliens, entre autres. Il y a des jeunes et des vieux, une majorité d'hommes, mais aussi quelques femmes. Presque tous vivent dans ce qu'on appelait il y a des années un foyer Sonacotra (aujourd'hui Adoma).
La deuxième partie montre le retour au pays d'Amin. Il revient habillé propre et chic, des centaines d'euros planqués dans les chaussettes. Une partie de cette somme va servir à faire construire sa maison, une autre à monter une boucherie avec ses frères, restés au Sénégal. Bien entendu, une part importante est réservée à la famille proche, une petite somme étant gardée pour financer l'école du village.
Ici, on quitte la langue française (pour le wolof ou le sérère) et les vêtements très colorés remplacent le chemise-pantalon. Paradoxalement, ces retrouvailles ont pour fonction de nous montrer la dureté de la séparation : l'épouse d'Amin (ravissante et au caractère entier) Aïcha (Marème N'Diaye, très bien) a de plus en plus de mal à tenir le fils aîné. Au quotidien, elle doit gérer tous les soucis... et le poids des regards du village et de la famille élargie, avec laquelle elle ne s'entend pas forcément très bien.
C'est lors du retour en France d'Amin que les choses se compliquent. Il a certes du travail (sans doute en partie payé au noir), mais il aspire à autre chose... tout comme Gabrielle, la cliente du chantier auquel il participe. Emmanuelle Devos incarne une quadra en pleine séparation, qui aimerait sans doute retrouver une part de ses rêves de jeune femme. La présence séduisante d'un homme bien bâti, respectueux et travailleur réveille le désir en elle. Toutefois, cette partie ne m'a pas paru très bien mise en scène. L'acteur Moustapha Mbengue n'est pas très à l'aise (ce n'est pas dû qu'au comportement de son personnage) et la "conclusion" arrive un peu vite.
La suite gagne en subtilité. Indirectement, deux femmes se retrouvent en concurrence. Chacune essaie d'échapper à l'emprise masculine, plus forte toutefois au Sénégal qu'en France. Gabrielle évite tant que faire se peut son ex, qui a l'air d'un gros lourd (et dont le début laisse supposer qu'il a trompé sa compagne). Pour Aïcha, c'est plus compliqué, entre les enfants désormais adolescents, les travaux du quotidien, la maison qui se construit plus ou moins bien, ses beau-frères autoritaires... et les ragots du village.
Je ne dirai évidemment pas comment cela se termine.
J'ai aimé ce film parce que, sur un sujet sensible, il évite d'être manichéen, une constante dans le travail de Philippe Faucon (auteur, il y a trois ans, de Fatima). Les parties africaines m'ont cependant plus emballé (sur le plan cinématographique) que les séquences françaises.
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mardi, 23 octobre 2018
La Saveur des ramen
Les rāmen sont un plat typiquement japonais (importé de... Chine !), composé de nouilles et d'un bouillon, auquel sont ajoutés divers ingrédients. Le père du héros Masato excelle dans la préparation de ce mets populaire, ce qui vaut une renommée méritée à son petit restaurant de province, où il travaille avec son frère et son fils unique. La mère de celui-ci est morte voilà plusieurs années. Elle était d'origine singapourienne et le fils regrette d'avoir perdu les saveurs de la cuisine de son enfance.
Un événement particulier va le pousser à partir pour Singapour. Il y (re)découvre la cuisine locale (plus épicée que son homologue japonaise), en particulier le bak kut teh, littéralement "thé à l'os de viande", un plat qu'adorait jadis son père et que sa mère et son oncle savaient si bien préparer. Les repas sont autant d'occasions de retrouver le souvenir de moments heureux du passé, à l'image de ce que produit notre "madeleine de Proust".
Le séjour de Masato n'a pas qu'un objectif culinaire. Il veut retisser les liens avec la partie singapourienne de sa famille. Il va retrouver son oncle cuisinier et rencontrer ses cousines. Entre eux, c'est la langue anglaise qui fait le lien, Masato ne comprenant pas le mandarin. Mais le plus difficile va venir des retrouvailles avec la grand-mère maternelle. Le séjour permettra-t-il de mettre fin à des querelles très anciennes ? Mystère.
En attendant, on peut savourer les scènes culinaires. Ce film donne furieusement envie de manger. Le réalisateur Eric Khoo (auquel on doit, entre autres, Hôtel Singapura) a un incontestable talent pour filmer la préparation (et la dégustation...) des plats. Ces scènes sont autant de moments de partage, en famille ou entre amis. C'est aussi le moment où s'effectue la transmission d'un savoir-faire traditionnel. Je pense que, parfois, les cinéphiles feront le rapprochement avec Les Délices de Tokyo (un superbe film que j'avais raté à sa sortie en salles et que l'on m'a fait découvrir en DVD).
Le ton est donc délicat, certains moments se révélant très émouvants. J'ai particulièrement aimé les retours en arrière, qui font revivre les débuts d'un amour amputé, celui du père japonais et de la mère singapourienne. J'ai aussi été très touché par l'une des dernières scènes, entre la grand-mère et le petit-fils. Ce film est une très grande réussite.
PS
L'argument culinaire est susceptible d'intéresser tout particulièrement les Aveyronnais. En effet, les rāmen comme le bak kut teh sont des plats d'origine populaire (de récupération même pour le second), qui ont désormais une place reconnue dans la gastronomie asiatique, un peu à l'image de l'aligot chez nous.
23:32 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Saveur des ramen
Les rāmen sont un plat typiquement japonais (importé de... Chine !), composé de nouilles et d'un bouillon, auquel sont ajoutés divers ingrédients. Le père du héros Masato excelle dans la préparation de ce mets populaire, ce qui vaut une renommée méritée à son petit restaurant de province, où il travaille avec son frère et son fils unique. La mère de celui-ci est morte voilà plusieurs années. Elle était d'origine singapourienne et le fils regrette d'avoir perdu les saveurs de la cuisine de son enfance.
Un événement particulier va le pousser à partir pour Singapour. Il y (re)découvre la cuisine locale (plus épicée que son homologue japonaise), en particulier le bak kut teh, littéralement "thé à l'os de viande", un plat qu'adorait jadis son père et que sa mère et son oncle savaient si bien préparer. Les repas sont autant d'occasions de retrouver le souvenir de moments heureux du passé, à l'image de ce que produit notre "madeleine de Proust".
Le séjour de Masato n'a pas qu'un objectif culinaire. Il veut retisser les liens avec la partie singapourienne de sa famille. Il va retrouver son oncle cuisinier et rencontrer ses cousines. Entre eux, c'est la langue anglaise qui fait le lien, Masato ne comprenant pas le mandarin. Mais le plus difficile va venir des retrouvailles avec la grand-mère maternelle. Le séjour permettra-t-il de mettre fin à des querelles très anciennes ? Mystère.
En attendant, on peut savourer les scènes culinaires. Ce film donne furieusement envie de manger. Le réalisateur Eric Khoo (auquel on doit, entre autres, Hôtel Singapura) a un incontestable talent pour filmer la préparation (et la dégustation...) des plats. Ces scènes sont autant de moments de partage, en famille ou entre amis. C'est aussi le moment où s'effectue la transmission d'un savoir-faire traditionnel. Je pense que, parfois, les cinéphiles feront le rapprochement avec Les Délices de Tokyo (un superbe film que j'avais raté à sa sortie en salles et que l'on m'a fait découvrir en DVD).
Le ton est donc délicat, certains moments se révélant très émouvants. J'ai particulièrement aimé les retours en arrière, qui font revivre les débuts d'un amour amputé, celui du père japonais et de la mère singapourienne. J'ai aussi été très touché par l'une des dernières scènes, entre la grand-mère et le petit-fils. Ce film est une très grande réussite.
PS
L'argument culinaire est susceptible d'intéresser tout particulièrement les Aveyronnais. En effet, les rāmen comme le bak kut teh sont des plats d'origine populaire (de récupération même pour le second), qui ont désormais une place reconnue dans la gastronomie asiatique, un peu à l'image de l'aligot chez nous.
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lundi, 22 octobre 2018
Mademoiselle de Joncquières
Je me suis enfin décidé à voir cette adaptation d'une digression figurant dans Jacques le fataliste de Denis Diderot. J'ai longtemps hésité en raison du réalisateur, Emmanuel Mouret, dont j'ai tendance à éviter les films. Le sujet de celui-ci, les interprètes et le bouche-à-oreille ont eu raison de mes réticences.
Quelque part entre Les Liaisons dangereuses, Ridicule et les films en costumes de Benoît Jacquot, cette oeuvre nous parle d'amour, d'amitié, de dissimulation et de mensonge. C'est d'abord très plaisant à entendre : les dialogues sont écrits dans un français de qualité, celui que l'on pratiquait jadis en se vouvoyant, dans la bonne société. (Fin de la séquence "vieux con réac"). Au début, c'est un peu verbeux, mais j'ai particulièrement apprécié les sous-entendus, ceux que les personnages s'envoient mutuellement (notamment quand la marquise de La Pommeraye fait sentir au marquis des Arcis qu'il ne lui déplairait pas qu'il allât plus loin), mais aussi ceux qui ne sont (dans un premier temps) compréhensibles que par certains personnages et les spectateurs qui savent de quoi il retourne.
Les interprètes sont très bons, surtout Cécile de France. Edouard Baer est dans son rôle, d'autant plus que sa fantaisie est canalisée par le texte ciselé qu'il doit déclamer. Les seconds rôles sont au diapason, en particulier Natalia Dontcheva et Alice Isaaz, dont le jeu oscille entre celui de Léa Seydoux et celui de Virginie Ledoyen jeune.
Même si l'on sait où tout cela va nous conduire, on suit avec délice l'abandon progressif de la marquise (qui, quoi qu'elle en dise, ne demande qu'à aimer), puis l'orchestration de son implacable vengeance, jusqu'à l'épilogue plutôt inattendu, mais dans le ton de l'histoire, assez morale (dans le sens noble du terme).
C'est un film féministe dans sa dénonciation de l'assujettissement des femmes au désir des hommes et au regard de la société. C'est aussi un film sur la naissance de l'amour, souvent impromptue. Le sentiment peut grandir ceux qui le ressentent, ou les conduire à des extrémités.
23:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Mademoiselle de Joncquières
Je me suis enfin décidé à voir cette adaptation d'une digression figurant dans Jacques le fataliste de Denis Diderot. J'ai longtemps hésité en raison du réalisateur, Emmanuel Mouret, dont j'ai tendance à éviter les films. Le sujet de celui-ci, les interprètes et le bouche-à-oreille ont eu raison de mes réticences.
Quelque part entre Les Liaisons dangereuses, Ridicule et les films en costumes de Benoît Jacquot, cette oeuvre nous parle d'amour, d'amitié, de dissimulation et de mensonge. C'est d'abord très plaisant à entendre : les dialogues sont écrits dans un français de qualité, celui que l'on pratiquait jadis en se vouvoyant, dans la bonne société. (Fin de la séquence "vieux con réac"). Au début, c'est un peu verbeux, mais j'ai particulièrement apprécié les sous-entendus, ceux que les personnages s'envoient mutuellement (notamment quand la marquise de La Pommeraye fait sentir au marquis des Arcis qu'il ne lui déplairait pas qu'il allât plus loin), mais aussi ceux qui ne sont (dans un premier temps) compréhensibles que par certains personnages et les spectateurs qui savent de quoi il retourne.
Les interprètes sont très bons, surtout Cécile de France. Edouard Baer est dans son rôle, d'autant plus que sa fantaisie est canalisée par le texte ciselé qu'il doit déclamer. Les seconds rôles sont au diapason, en particulier Natalia Dontcheva et Alice Isaaz, dont le jeu oscille entre celui de Léa Seydoux et celui de Virginie Ledoyen jeune.
Même si l'on sait où tout cela va nous conduire, on suit avec délice l'abandon progressif de la marquise (qui, quoi qu'elle en dise, ne demande qu'à aimer), puis l'orchestration de son implacable vengeance, jusqu'à l'épilogue plutôt inattendu, mais dans le ton de l'histoire, assez morale (dans le sens noble du terme).
C'est un film féministe dans sa dénonciation de l'assujettissement des femmes au désir des hommes et au regard de la société. C'est aussi un film sur la naissance de l'amour, souvent impromptue. Le sentiment peut grandir ceux qui le ressentent, ou les conduire à des extrémités.
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First Man
Je ne suis pas un inconditionnel de Damien Chazelle : j'ai été surpris par l'engouement suscité par son précédent film, La la land. On en retrouve d'ailleurs le principal interprète ici : Ryan Gosling est chargé d'incarner une idole américaine, l'astronaute Neil Armstrong. Autant le dire tout de suite : il le fait très bien.
Dès le début, on est "cueilli" par une séquence d'action pleine d'intensité : un vol-test du jeune pilote Armstrong, dans un avion-fusée. La mise en scène et les décors (le chef décorateur a travaillé sur Interstellar) réussissent à nous faire percevoir la dangerosité de cette mission... et la fascination ressentie lors de la courte expérience en apesanteur, au-dessus des nuages.
La séquence suivante constitue une rupture de ton, elle aussi très marquante et révélatrice de la conduite de l'intrigue. Il s'agit d'une séquence familiale. Le film alterne ces moments intimes de la famille Armstrong avec les scènes plus "technologiques" ou héroïques. Ici se noue le drame qui a peut-être irrémédiablement changé la personnalité du futur astronaute, qui semble y avoir perdu son insouciance. J'en profite pour signaler la qualité de la composition de Claire Foy, à qui a échu la tâche difficile d'interpréter l'épouse du héros, une femme au foyer des années 1960, qui avait abandonné ses études universitaires pour se consacrer à son mari et à ses enfants.
Le contexte de Guerre froide est bien rendu. Mais la plus grande réussite est de nous faire toucher du doigt les difficultés rencontrées au cours des programmes Gemini et Apollo (avec quelques drames à la clé, comme en ont connu les Soviétiques à peu près à la même époque). J'ai été frappé par la minutie avec laquelle l'environnement technologique a été reconstitué.
On peut néanmoins s'émanciper de tout ce contexte pour profiter d'un très bon film à suspens, héroïsant le mutique Neil Armstrong, que Ryan Gosling parvient à rendre émouvant.
PS
Les plans "spatiaux" sont splendides !
11:12 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
First Man
Je ne suis pas un inconditionnel de Damien Chazelle : j'ai été surpris par l'engouement suscité par son précédent film, La la land. On en retrouve d'ailleurs le principal interprète ici : Ryan Gosling est chargé d'incarner une idole américaine, l'astronaute Neil Armstrong. Autant le dire tout de suite : il le fait très bien.
Dès le début, on est "cueilli" par une séquence d'action pleine d'intensité : un vol-test du jeune pilote Armstrong, dans un avion-fusée. La mise en scène et les décors (le chef décorateur a travaillé sur Interstellar) réussissent à nous faire percevoir la dangerosité de cette mission... et la fascination ressentie lors de la courte expérience en apesanteur, au-dessus des nuages.
La séquence suivante constitue une rupture de ton, elle aussi très marquante et révélatrice de la conduite de l'intrigue. Il s'agit d'une séquence familiale. Le film alterne ces moments intimes de la famille Armstrong avec les scènes plus "technologiques" ou héroïques. Ici se noue le drame qui a peut-être irrémédiablement changé la personnalité du futur astronaute, qui semble y avoir perdu son insouciance. J'en profite pour signaler la qualité de la composition de Claire Foy, à qui a échu la tâche difficile d'interpréter l'épouse du héros, une femme au foyer des années 1960, qui avait abandonné ses études universitaires pour se consacrer à son mari et à ses enfants.
Le contexte de Guerre froide est bien rendu. Mais la plus grande réussite est de nous faire toucher du doigt les difficultés rencontrées au cours des programmes Gemini et Apollo (avec quelques drames à la clé, comme en ont connu les Soviétiques à peu près à la même époque). J'ai été frappé par la minutie avec laquelle l'environnement technologique a été reconstitué.
On peut néanmoins s'émanciper de tout ce contexte pour profiter d'un très bon film à suspens, héroïsant le mutique Neil Armstrong, que Ryan Gosling parvient à rendre émouvant.
PS
Les plans "spatiaux" sont splendides !
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dimanche, 21 octobre 2018
Voyez comme on danse
On présente ce film comme une suite (lointaine) à Embrassez qui vous voudrez, avec lequel il partage cinq personnages. C'est une comédie bourgeoise "à la française", qui vogue sur la crise du couple et les nouveaux codes amoureux. La distribution est prestigieuse.
Jacques Dutronc (qui a quelque peine à tenir debout) et Charlotte Rampling (assez lumineuse) incarnent Bertrand et Elizabeth, de grands bourgeois parisiens formant un couple de façade. Les péripéties auxquelles Elizabeth va se trouver confrontée vont révéler sa ténacité et sa générosité.
Cette générosité s'exerce notamment à l'égard de Véro (Karine Viard, à pleins tubes), veuve, en charge d'une adolescente qu'elle ne sait pas trop comment gérer. Par dessus le marché, elle a du mal à garder un emploi. Elle forme un drôle de duo avec son amie Laura (Emilie Caen, parfaite dans le rôle), qui, elle, a la quarantaine épanouie... et diablement gourmande.
Passons à Eva, la fille de Véro. C'est l'un des points faibles de ce film : le personnage est caricatural, agaçant. De surcroît, on ne comprend pas pourquoi elle est scolarisée dans un lycée nantais alors que sa mère travaille à Paris (le père étant décédé, si j'ai bien compris). William Lebghil (déjà vu dans Le Sens de la fête) relève le niveau dans le rôle de son copain Alex. Il joue de manière très juste le jeune homme plutôt cool mais pas sans caractère. Il a fort à faire avec son père, qui lui est un véritable gamin attardé.
Cela nous mène tout naturellement au couple suivant, Julien (le père d'Alex) et Lucie (Carole Bouquet, géniale), très riche, propriétaire (entre autres) du restaurant dans lequel travaille (plus ou moins) son compagnon. Celui-ci la trompe sans vergogne... mais, depuis peu, se sent suivi (ce qui va donner naissance à quelques gags savoureux).
Voici donc le dernier couple... qui n'en est pas un. Mais, pour ne pas déflorer l'intrigue, je ne peux pas dire pourquoi. Sachez seulement que Sara Martins (qui a marqué les premières saisons de Meurtres au paradis) incarne Serena, la maîtresse de Julien. C'est aussi une vieille connaissance de Loïc, le fils de Véro (et donc frère d'Eva, si vous avez bien suivi), chauffeur VTC très travailleur, qui essaie d'arrondir les angles... et devrait sans doute davantage penser à lui.
Cela donne un bon film choral, avec des hauts et des bas. J'ai souvent ri, voire ricané, tant c'est délicieusement sardonique. Même si certains dialogues sont un peu trop littéraires, c'est une comédie jouissive, qui relève le niveau des productions françaises du genre.
12:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Voyez comme on danse
On présente ce film comme une suite (lointaine) à Embrassez qui vous voudrez, avec lequel il partage cinq personnages. C'est une comédie bourgeoise "à la française", qui vogue sur la crise du couple et les nouveaux codes amoureux. La distribution est prestigieuse.
Jacques Dutronc (qui a quelque peine à tenir debout) et Charlotte Rampling (assez lumineuse) incarnent Bertrand et Elizabeth, de grands bourgeois parisiens formant un couple de façade. Les péripéties auxquelles Elizabeth va se trouver confrontée vont révéler sa ténacité et sa générosité.
Cette générosité s'exerce notamment à l'égard de Véro (Karine Viard, à pleins tubes), veuve, en charge d'une adolescente qu'elle ne sait pas trop comment gérer. Par dessus le marché, elle a du mal à garder un emploi. Elle forme un drôle de duo avec son amie Laura (Emilie Caen, parfaite dans le rôle), qui, elle, a la quarantaine épanouie... et diablement gourmande.
Passons à Eva, la fille de Véro. C'est l'un des points faibles de ce film : le personnage est caricatural, agaçant. De surcroît, on ne comprend pas pourquoi elle est scolarisée dans un lycée nantais alors que sa mère travaille à Paris (le père étant décédé, si j'ai bien compris). William Lebghil (déjà vu dans Le Sens de la fête) relève le niveau dans le rôle de son copain Alex. Il joue de manière très juste le jeune homme plutôt cool mais pas sans caractère. Il a fort à faire avec son père, qui lui est un véritable gamin attardé.
Cela nous mène tout naturellement au couple suivant, Julien (le père d'Alex) et Lucie (Carole Bouquet, géniale), très riche, propriétaire (entre autres) du restaurant dans lequel travaille (plus ou moins) son compagnon. Celui-ci la trompe sans vergogne... mais, depuis peu, se sent suivi (ce qui va donner naissance à quelques gags savoureux).
Voici donc le dernier couple... qui n'en est pas un. Mais, pour ne pas déflorer l'intrigue, je ne peux pas dire pourquoi. Sachez seulement que Sara Martins (qui a marqué les premières saisons de Meurtres au paradis) incarne Serena, la maîtresse de Julien. C'est aussi une vieille connaissance de Loïc, le fils de Véro (et donc frère d'Eva, si vous avez bien suivi), chauffeur VTC très travailleur, qui essaie d'arrondir les angles... et devrait sans doute davantage penser à lui.
Cela donne un bon film choral, avec des hauts et des bas. J'ai souvent ri, voire ricané, tant c'est délicieusement sardonique. Même si certains dialogues sont un peu trop littéraires, c'est une comédie jouissive, qui relève le niveau des productions françaises du genre.
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16 levers de soleil
C'est le documentaire consacré à l'aventure spatiale de Thomas Pesquet, en 2016-2017. J'y suis allé parce que, à l'époque, je n'avais guère suivi l'emballement médiatique... et parce que j'espérais voir projetés de beaux plans de l'espace et de la Terre vue de la station internationale.
Cela commence doucement, au Kazakhstan, à Baïkonour. Outre la vie dans le centre spatial (et l'entraînement des cosmonautes), on découvre que, dans ce bout d'ex-URSS, on a gardé le souvenir des exploits de Youri Gagarine (le premier homme dans l'espace, en 1961). On est frappé par la minutie des préparatifs... mais ce n'est pas hyper-passionnant.
Cela s'anime avec le décollage de la fusée. On nous propose des vues de l'intérieur de la capsule où sont placés les spationautes. On comprend aussi que, par rapport à l'époque des pionniers, d'énormes progrès (en termes de sécurité et de confort) ont été faits.
La partie se déroulant à l'intérieur de la station internationale est la plus attendue. Elle n'est pas inintéressante, mais elle m'a un peu déçu. Côté découvertes, il y a la combinaison de couchage vertical (confortable, selon Pesquet), la consommation d'aliments dans des sachets rechargeables et les activités liées à la maintenance technique. Côté déception, il y a le faible nombre de vues de l'espace et de la Terre (celles-ci non renseignées : c'est de l'esthétisme pur). Je n'ai pas non plus été sensible aux citations des oeuvres de Saint-Exupéry. Cela se voulait profond et original, mais cela m'a paru déplacé, voire kitsch.
Au quotidien, la vie ne semble pas avoir été trépidante. Heureusement, certains événements sont venus l'égayer. J'ai apprécié l'arrivée d'un astronaute américain, porteurs de pantalons fantaisistes. Les spectateurs les moins attentifs reconnaîtront sans peine la voix de l'illustre personnage qui est entré en communication avec lui et ses camarades, courant 2017.
Bon, voilà. Cela se regarde. Mais, à moins d'être passionné-e par l'aventure spatiale, on risque de s'y ennuyer.
00:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
16 levers de soleil
C'est le documentaire consacré à l'aventure spatiale de Thomas Pesquet, en 2016-2017. J'y suis allé parce que, à l'époque, je n'avais guère suivi l'emballement médiatique... et parce que j'espérais voir projetés de beaux plans de l'espace et de la Terre vue de la station internationale.
Cela commence doucement, au Kazakhstan, à Baïkonour. Outre la vie dans le centre spatial (et l'entraînement des cosmonautes), on découvre que, dans ce bout d'ex-URSS, on a gardé le souvenir des exploits de Youri Gagarine (le premier homme dans l'espace, en 1961). On est frappé par la minutie des préparatifs... mais ce n'est pas hyper-passionnant.
Cela s'anime avec le décollage de la fusée. On nous propose des vues de l'intérieur de la capsule où sont placés les spationautes. On comprend aussi que, par rapport à l'époque des pionniers, d'énormes progrès (en termes de sécurité et de confort) ont été faits.
La partie se déroulant à l'intérieur de la station internationale est la plus attendue. Elle n'est pas inintéressante, mais elle m'a un peu déçu. Côté découvertes, il y a la combinaison de couchage vertical (confortable, selon Pesquet), la consommation d'aliments dans des sachets rechargeables et les activités liées à la maintenance technique. Côté déception, il y a le faible nombre de vues de l'espace et de la Terre (celles-ci non renseignées : c'est de l'esthétisme pur). Je n'ai pas non plus été sensible aux citations des oeuvres de Saint-Exupéry. Cela se voulait profond et original, mais cela m'a paru déplacé, voire kitsch.
Au quotidien, la vie ne semble pas avoir été trépidante. Heureusement, certains événements sont venus l'égayer. J'ai apprécié l'arrivée d'un astronaute américain, porteurs de pantalons fantaisistes. Les spectateurs les moins attentifs reconnaîtront sans peine la voix de l'illustre personnage qui est entré en communication avec lui et ses camarades, courant 2017.
Bon, voilà. Cela se regarde. Mais, à moins d'être passionné-e par l'aventure spatiale, on risque de s'y ennuyer.
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samedi, 20 octobre 2018
Venom
Sony s'est appuyée sur la société chinoise Tencent (récemment entrée au capital de Skydance, qui gère la franchise Mission impossible) pour produire ce nouveau film de super-héros. L'enjeu est de soutenir la comparaison avec les grosses machines du groupe Disney (qui, après avoir avalé successivement Pixar, Lucasfilm et Marvel, s'est récemment offert la Twentieth Century Fox, qui a la main notamment sur les adaptations des X-Men et de Deadpool).
L'un des intérêts de cette histoire est que le futur super-héros aurait pu devenir un super-vilain. Mais, avant d'en arriver à cette question existentielle, la batterie de scénaristes employée par la Columbia a choisi d'orienter la première demi-heure de manière plutôt sociale. On découvre les personnages principaux, en particulier Eddie... "belle gueule", puisqu'il est incarné par Tom Brady Hardy, le visage constamment mangé par une barbe de trois jours, quel que soit le moment du film. (Est-il besoin d'ajouter qu'on ne le voit jamais se raser ?) C'est un mec brillant et cool, genre reporter rebelle des temps modernes, vivant dans un appart de rêve, en couple avec une avocate canon (Michelle Williams, affublée de godasses horribles dans la première partie de l'intrigue).
Sur la route du bonheur va se dresser un jeune milliardaire des biotechnologies, Carlton Drake, interprété par Riz Ahmed (vu récemment dans Les Frères Sisters). On a voulu en faire un mélange d'altruisme dévoyé et de mégalomanie... mais dont les médias ne montrent que la partie lumineuse.
Là-dessus se greffe (si j'ose dire) l'arrivée d'entités extraterrestres, à la recherche d'hôtes. Dans des circonstances que je me garderai de révéler, Eddie va servir d'enveloppe corporelle à un parasite invité surprise à la voix très grave. Le voilà quasiment dans la situation du héros du récent Upgrade, à ceci près que ses nouveaux pouvoirs ne viennent pas d'une puce implantée mais d'un autre être vivant.
La deuxième réussite du film est la mise en scène de l'étrange cohabitation entre l'ancien journaliste devenu quasi-clodo et le mercenaire de l'espace, de prime abord impitoyable (et un peu puéril). Comme il s'agit d'une symbiose, chacun des deux va petit à petit influer sur l'autre. C'est souvent drôle, avec des traits d'humour qui n'aspirent pas à la plus grande finesse. J'ai encore en mémoire la scène où le héros souhaite atteindre un bureau situé dans les derniers étages d'une tour. Il refuse la solution proposée par son parasite invité (l'escalade de la paroi très lisse), ce qui lui vaut en retour le qualificatif de "flipette".
Au niveau de l'action, on sent que les producteurs ont mis le paquet. Cela nous vaut une spectaculaire scène de poursuite moto/automobile dans les rues de San Francisco, pendant laquelle il vaut mieux toutefois mettre en veilleuse ses aspirations à la vraisemblance. Par contre, je n'ai pas trop aimé la baston finale entre les deux entités (de surcroît très laides). On ne distingue pas grand chose tant les mouvements sont rapides. Quelques effets visuels et sonores sont censés nous guider, mais j'ai préféré les moments hors corps-à-corps.
C'est au final un agréable divertissement, avec une histoire plutôt originale et un humour "corsé".
PS
Personne n'a quitté la salle lorsqu'a débuté le générique de fin. Le public de connaisseurs savait qu'il fallait attendre deux moments : la classique scène post-générique qui annonce la suite des aventures... et, tout à la fin, en bonus, un court-métrage suggérant une relance des aventures de Spiderman.
13:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films