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jeudi, 18 avril 2024

Civil War

   Le distributeur français ne s'est pas foulé. Il aurait pu traduire le titre d'origine en "Guerre civile" ou, plus judicieusement, le renommer "Sécession", puisque, dans l'histoire états-unienne, "Civil War" est le nom donné au conflit qui, entre 1861 et 1865, opposa grosso modo le Nord et le Sud du pays.

   Ici, on retrouve cet antagonisme géographique, puisque le gouvernement "officiel" semble contrôler notamment New York et Washington DC, tandis que les sécessionnistes de "l'Armée de Ouest" sont au départ la Californie et le Texas, auxquels s'est jointe la Floride. Beaucoup d’États intermédiaires semblent s'être déclarés neutres.

   En écrivant son scénar, Garland (auquel on doit, entre autres, l'excellent Ex Machina) a un peu brouillé les pistes, notamment en associant dans la coalition rebelle des États qui ont des traditions opposées (démocrate pour la Californie, républicaine pour les autres)... mais les évolutions tant démographiques que socio-économiques tendent petit à petit à faire basculer la majorité du Sud dans le camp démocrate. De surcroît, quand on regarde la composition des troupes, on voit nettement plus de minorités ethniques du côté de l'Armée de l'Ouest. En face, le président des États-Unis croupions, s'il n'est pas un décalque de Donald Trump, semble avoir un profil républicain... et mener le pays d'une manière un tantinet dictatoriale. (C'est peut-être plus évident pour le public états-unien.) Les spectateurs attentifs auront aussi remarqué que certains personnages évoquent la détestation dont les journalistes sont l'objet, entre New York et Washington DC.

   Au départ, l'incertitude pesant sur la nature de chaque camp nous oblige à être attentifs aux détails et à réfléchir. Mais, à la longue, ce flou artistique devient irritant et mène à une grosse déception. Garland n'a pas l'intention de traiter des déviances de l'Amérique actuelle (la complotisme et la mentalité réac d'une partie de la droite, la cancel culture et les délires sur le genre d'une partie de la gauche). Je crois qu'au fond il s'en fiche (du moins, dans ce film-ci).

   C'est d'abord une œuvre sur les reporters de guerre... et une histoire de passation de témoin, entre deux femmes. Kirsten Dunst incarne Lee, la photographe chevronnée, une dure à cuire dont on comprend qu'elle en a vu des vertes et des pas mûres au Moyen-Orient, en Afrique comme dans les Caraïbes. Cailee Spaeny interprète Jessie, la relève, une jeune présomptueuse ignorante du danger, admiratrice de Lee.

   La première partie n'est guère emballante. C'est trop verbeux, avec des situations souvent déjà vues ailleurs. Parfois, certains personnages se comportent comme des protagonistes des films d'horreur bas-de-gamme : ils font ce qu'aucune personne sensée ne ferait dans la vraie vie... ce qui permet à un scénariste en panne d'inspiration d'épicer son intrigue.

   Le moment clé est pour moi l'épisode de la fosse commune, avec l'intervention d'un personnage vu dans la bande-annonce, un inquiétant militaire incarné par Jesse Plemons (qui, dans le civil, est le compagnon de... Kirsten Dunst !).

   A partir de là, on reste scotché à son siège, jusqu'à l'emballante séquence de l'assaut de Washington DC, très bien mise en scène.

   Du coup, je devrais être plus enthousiaste que cela... mais j'ai été gêné par quelques grosses ficelles, en particulier tout ce qui touche à la relation entre les deux femmes photographes. Son évolution est tellement prévisible ! Au début, Lee joue un peu le rôle de mentor de Jessie, même si c'est à son corps défendant. La jeune apprentie commet des erreurs, s'expose imprudemment... mais, petit à petit, affine son style. Arrive, de manière particulièrement abrupte, le moment de bascule : lors de l'assaut de Washington, Lee, qui a pourtant derrière elle 20 à 25 ans de couverture de conflits sanglants, perd tout à coup ses moyens tandis que Jessie se montre meilleure que jamais... et je ne parlerai pas de la péripétie qu'on sent venir à des (centaines de) kilomètres, qui entache une fin d'histoire pourtant plutôt bien menée.

   Je suis sorti de là un peu déçu, en dépit de la force de certaines scènes.

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Civil War

   Le distributeur français ne s'est pas foulé. Il aurait pu traduire le titre d'origine en "Guerre civile" ou, plus judicieusement, le renommer "Sécession", puisque, dans l'histoire états-unienne, "Civil War" est le nom donné au conflit qui, entre 1861 et 1865, opposa grosso modo le Nord et le Sud du pays.

   Ici, on retrouve cet antagonisme géographique, puisque le gouvernement "officiel" semble contrôler notamment New York et Washington DC, tandis que les sécessionnistes de "l'Armée de Ouest" sont au départ la Californie et le Texas, auxquels s'est jointe la Floride. Beaucoup d’États intermédiaires semblent s'être déclarés neutres.

   En écrivant son scénar, Garland (auquel on doit, entre autres, l'excellent Ex Machina) a un peu brouillé les pistes, notamment en associant dans la coalition rebelle des États qui ont des traditions opposées (démocrate pour la Californie, républicaine pour les autres)... mais les évolutions tant démographiques que socio-économiques tendent petit à petit à faire basculer la majorité du Sud dans le camp démocrate. De surcroît, quand on regarde la composition des troupes, on voit nettement plus de minorités ethniques du côté de l'Armée de l'Ouest. En face, le président des États-Unis croupions, s'il n'est pas un décalque de Donald Trump, semble avoir un profil républicain... et mener le pays d'une manière un tantinet dictatoriale. (C'est peut-être plus évident pour le public états-unien.) Les spectateurs attentifs auront aussi remarqué que certains personnages évoquent la détestation dont les journalistes sont l'objet, entre New York et Washington DC.

   Au départ, l'incertitude pesant sur la nature de chaque camp nous oblige à être attentifs aux détails et à réfléchir. Mais, à la longue, ce flou artistique devient irritant et mène à une grosse déception. Garland n'a pas l'intention de traiter des déviances de l'Amérique actuelle (la complotisme et la mentalité réac d'une partie de la droite, la cancel culture et les délires sur le genre d'une partie de la gauche). Je crois qu'au fond il s'en fiche (du moins, dans ce film-ci).

   C'est d'abord une œuvre sur les reporters de guerre... et une histoire de passation de témoin, entre deux femmes. Kirsten Dunst incarne Lee, la photographe chevronnée, une dure à cuire dont on comprend qu'elle en a vu des vertes et des pas mûres au Moyen-Orient, en Afrique comme dans les Caraïbes. Cailee Spaeny interprète Jessie, la relève, une jeune présomptueuse ignorante du danger, admiratrice de Lee.

   La première partie n'est guère emballante. C'est trop verbeux, avec des situations souvent déjà vues ailleurs. Parfois, certains personnages se comportent comme des protagonistes des films d'horreur bas-de-gamme : ils font ce qu'aucune personne sensée ne ferait dans la vraie vie... ce qui permet à un scénariste en panne d'inspiration d'épicer son intrigue.

   Le moment clé est pour moi l'épisode de la fosse commune, avec l'intervention d'un personnage vu dans la bande-annonce, un inquiétant militaire incarné par Jesse Plemons (qui, dans le civil, est le compagnon de... Kirsten Dunst !).

   A partir de là, on reste scotché à son siège, jusqu'à l'emballante séquence de l'assaut de Washington DC, très bien mise en scène.

   Du coup, je devrais être plus enthousiaste que cela... mais j'ai été gêné par quelques grosses ficelles, en particulier tout ce qui touche à la relation entre les deux femmes photographes. Son évolution est tellement prévisible ! Au début, Lee joue un peu le rôle de mentor de Jessie, même si c'est à son corps défendant. La jeune apprentie commet des erreurs, s'expose imprudemment... mais, petit à petit, affine son style. Arrive, de manière particulièrement abrupte, le moment de bascule : lors de l'assaut de Washington, Lee, qui a pourtant derrière elle 20 à 25 ans de couverture de conflits sanglants, perd tout à coup ses moyens tandis que Jessie se montre meilleure que jamais... et je ne parlerai pas de la péripétie qu'on sent venir à des (centaines de) kilomètres, qui entache une fin d'histoire pourtant plutôt bien menée.

   Je suis sorti de là un peu déçu, en dépit de la force de certaines scènes.

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 16 avril 2024

Nous, les Leroy

   On sait, au moins depuis les Rita Mitsuko, que les histoires d'amour finissent mal... en général. Une nouvelle déclinaison nous est proposée à travers l'évolution du couple formé par Sandrine (épatante Charlotte Gainsbourg) et Christophe (José Garcia, en clown triste et attachant).

   J'ai été pris par le début, qui nous présente le passé du couple à travers un montage de messages laissés sur des répondeurs téléphoniques ou des boîtes vocales. On sent bien qu'au départ, ce fut passionnel, rock'n'roll même. Cet amour s'est densifié, ramifié... et semble ensuite se rabougrir : Sandrine a envie d'autre chose.

   Les deux interprètes principaux sont excellents. José Garcia n'en fait pas trop dans le rôle du père qui en fait trop pour tenter de sauver son couple. Charlotte Gainsbourg prouve à nouveau qu'elle dispose d'une palette de jeu étendue. Je signale aussi la bonne composition de Lily Aubry et Hadrien Heaulmé, qui ont la charge d'interpréter les enfants du couple, âgés de 16-18 ans. C'est suffisamment rare pour être signalé : je n'ai pas eu envie d'en prendre un pour frapper l'autre. Ce ne sont pas des ados caricaturaux. Les personnages sont sans doute bien écrits, mais je pense que le talent des comédiens y est aussi pour quelque chose.

   Le scénario se nourrit évidemment d'anecdotes vécues, dans lesquelles peuvent se retrouver des parents comme des enfants. Devant certaines situations, j'ai eu comme une impression de déjà-vu...

   La première partie mise principalement sur le ressort comique. Le désamour, le risque de séparation et les tentatives pathétiques de Christophe pour ressouder le couple suscitent souvent les rires. Il y a bien évidemment la séquence de l'ancien appartement, en zone HLM, avec la participation marquante de Jérôme Niel. Il y a aussi la séquence inattendue du square, drôle et touchante, qui ne se déroule pas du tout comme on le pressent... avec, en bonus, une référence très surprenante à Michel Sardou (d'autant qu'il ne fait partie de l'univers musical d'aucun des protagonistes). La voix du chanteur populaire surgit à l'occasion d'une autre séquence, celle du caricaturiste, bien plus subtile que ce qui est montré dans la bande-annonce. Sébastien Chassage y est excellent en dessinateur sûr de son art... et pas du tout flatteur avec ses clients !

   Le film évite de tomber dans le travers de la comédie hyper-balisée. Ce n'est pas une re-love story, mais quelque chose de différent, entre tendresse, nostalgie et ressentiment. On va finir par se dire ses quatre vérités (et même plus que cela). Mais, une fois l'abcès crevé, que va-t-il rester ?

   Le film se conclut sur une fin qui est à la fois heureuse et triste (selon le point de vue que l'on adopte). Cela donne une sorte de comédie de la maturité, pas exempte de (petits) défauts, mais visible par tous.

Nous, les Leroy

   On sait, au moins depuis les Rita Mitsuko, que les histoires d'amour finissent mal... en général. Une nouvelle déclinaison nous est proposée à travers l'évolution du couple formé par Sandrine (épatante Charlotte Gainsbourg) et Christophe (José Garcia, en clown triste et attachant).

   J'ai été pris par le début, qui nous présente le passé du couple à travers un montage de messages laissés sur des répondeurs téléphoniques ou des boîtes vocales. On sent bien qu'au départ, ce fut passionnel, rock'n'roll même. Cet amour s'est densifié, ramifié... et semble ensuite se rabougrir : Sandrine a envie d'autre chose.

   Les deux interprètes principaux sont excellents. José Garcia n'en fait pas trop dans le rôle du père qui en fait trop pour tenter de sauver son couple. Charlotte Gainsbourg prouve à nouveau qu'elle dispose d'une palette de jeu étendue. Je signale aussi la bonne composition de Lily Aubry et Hadrien Heaulmé, qui ont la charge d'interpréter les enfants du couple, âgés de 16-18 ans. C'est suffisamment rare pour être signalé : je n'ai pas eu envie d'en prendre un pour frapper l'autre. Ce ne sont pas des ados caricaturaux. Les personnages sont sans doute bien écrits, mais je pense que le talent des comédiens y est aussi pour quelque chose.

   Le scénario se nourrit évidemment d'anecdotes vécues, dans lesquelles peuvent se retrouver des parents comme des enfants. Devant certaines situations, j'ai eu comme une impression de déjà-vu...

   La première partie mise principalement sur le ressort comique. Le désamour, le risque de séparation et les tentatives pathétiques de Christophe pour ressouder le couple suscitent souvent les rires. Il y a bien évidemment la séquence de l'ancien appartement, en zone HLM, avec la participation marquante de Jérôme Niel. Il y a aussi la séquence inattendue du square, drôle et touchante, qui ne se déroule pas du tout comme on le pressent... avec, en bonus, une référence très surprenante à Michel Sardou (d'autant qu'il ne fait partie de l'univers musical d'aucun des protagonistes). La voix du chanteur populaire surgit à l'occasion d'une autre séquence, celle du caricaturiste, bien plus subtile que ce qui est montré dans la bande-annonce. Sébastien Chassage y est excellent en dessinateur sûr de son art... et pas du tout flatteur avec ses clients !

   Le film évite de tomber dans le travers de la comédie hyper-balisée. Ce n'est pas une re-love story, mais quelque chose de différent, entre tendresse, nostalgie et ressentiment. On va finir par se dire ses quatre vérités (et même plus que cela). Mais, une fois l'abcès crevé, que va-t-il rester ?

   Le film se conclut sur une fin qui est à la fois heureuse et triste (selon le point de vue que l'on adopte). Cela donne une sorte de comédie de la maturité, pas exempte de (petits) défauts, mais visible par tous.

lundi, 15 avril 2024

S.O.S. Fantômes - La Menace de glace

   Pour fêter ses cent ans, la Columbia a décidé de financer une nouvelle suite aux aventures des chasseurs de fantômes. Cela en fait le cinquième film de la franchise, en incluant la tentative de reboot au féminin (qui n'a pas donné les résultats escomptés).

   Que les amateurs de "politiquement correct" se rassurent. Comme dans toute grosse production hollywoodienne qui se respecte, on a veillé à valoriser le plus grand nombre possible de "communautés", catégories diverses de la population. Ceci dit, comme l'action se déroule à New York, c'est parfaitement plausible, bien qu'amené avec de gros sabots.

   Cela commence de manière intéressante, plus de cent ans avant notre époque, quand l'immeuble des ghostbusters était encore une caserne de pompiers. Comme dans beaucoup de productions de ce genre, c'est l'occasion de présenter la grande menace qui va peser sur les héros. Cela n'a pas grand chose d'innovant, mais c'est bien fichu. De manière générale, c'est du beau boulot, avec aussi un scénario suffisamment fouillé pour retenir l'attention.

   Suit une entraînante poursuite dans les rues de Big Apple, de nos jours. C'est bien filmé, efficacement monté (même si les esprits vétilleux repèreront quelques faux-raccords), avec de bons effets spéciaux. On retrouve la (jeune) famille recomposée de l'épisode précédent, avec ses tensions éculées et ses manifestations aussi maladroites que guimauvesques d'affection. Le retour à l'écran de fantômes anodins, comme le glouton et les mini-bibendums, est sympatoche.

   Petit à petit, certains anciens viennent faire un petit coucou : Annie Potts (l'ex-secrétaire, qui, désormais, met la main à la pâte quand il s'agit de dézinguer les fantômes), Ernie Hudson (l'ancien sous-fifre afro-américain devenu le boss d'une entreprise de pointe), William Atherton (jadis bureaucrate environnemental sourcilleux, devenu... maire) et, bien sûr, Dan Aykroyd (au charisme chaleureux) et Bill Murray (très peu présent, uniquement sans doute pour "cachetonner").

   Des nouveautés je retiens une amourette homosexuelle transdimensionnelle, assez finement mise en scène... et de nouveaux locaux pour nos chasseurs de fantômes, mais pas créés par eux. Ils sont bien utilisés dans l'intrigue et donnent lieu à d'intéressantes péripéties.

   Cela se regarde comme un film d'aventures, qui vont ressouder les liens familiaux, le tout essayant de ne choquer personne... au risque de manquer de relief. Le film d'origine (que j'ai revu il y a deux ans) était une comédie un peu déjantée, parfois transgressive, avec des dialogues piquants. Ici, c'est plan-plan, voire cucul-la-praline.

   Les enfants apprécieront sans doute. Les (grands-)parents, moins.

23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

S.O.S. Fantômes - La Menace de glace

   Pour fêter ses cent ans, la Columbia a décidé de financer une nouvelle suite aux aventures des chasseurs de fantômes. Cela en fait le cinquième film de la franchise, en incluant la tentative de reboot au féminin (qui n'a pas donné les résultats escomptés).

   Que les amateurs de "politiquement correct" se rassurent. Comme dans toute grosse production hollywoodienne qui se respecte, on a veillé à valoriser le plus grand nombre possible de "communautés", catégories diverses de la population. Ceci dit, comme l'action se déroule à New York, c'est parfaitement plausible, bien qu'amené avec de gros sabots.

   Cela commence de manière intéressante, plus de cent ans avant notre époque, quand l'immeuble des ghostbusters était encore une caserne de pompiers. Comme dans beaucoup de productions de ce genre, c'est l'occasion de présenter la grande menace qui va peser sur les héros. Cela n'a pas grand chose d'innovant, mais c'est bien fichu. De manière générale, c'est du beau boulot, avec aussi un scénario suffisamment fouillé pour retenir l'attention.

   Suit une entraînante poursuite dans les rues de Big Apple, de nos jours. C'est bien filmé, efficacement monté (même si les esprits vétilleux repèreront quelques faux-raccords), avec de bons effets spéciaux. On retrouve la (jeune) famille recomposée de l'épisode précédent, avec ses tensions éculées et ses manifestations aussi maladroites que guimauvesques d'affection. Le retour à l'écran de fantômes anodins, comme le glouton et les mini-bibendums, est sympatoche.

   Petit à petit, certains anciens viennent faire un petit coucou : Annie Potts (l'ex-secrétaire, qui, désormais, met la main à la pâte quand il s'agit de dézinguer les fantômes), Ernie Hudson (l'ancien sous-fifre afro-américain devenu le boss d'une entreprise de pointe), William Atherton (jadis bureaucrate environnemental sourcilleux, devenu... maire) et, bien sûr, Dan Aykroyd (au charisme chaleureux) et Bill Murray (très peu présent, uniquement sans doute pour "cachetonner").

   Des nouveautés je retiens une amourette homosexuelle transdimensionnelle, assez finement mise en scène... et de nouveaux locaux pour nos chasseurs de fantômes, mais pas créés par eux. Ils sont bien utilisés dans l'intrigue et donnent lieu à d'intéressantes péripéties.

   Cela se regarde comme un film d'aventures, qui vont ressouder les liens familiaux, le tout essayant de ne choquer personne... au risque de manquer de relief. Le film d'origine (que j'ai revu il y a deux ans) était une comédie un peu déjantée, parfois transgressive, avec des dialogues piquants. Ici, c'est plan-plan, voire cucul-la-praline.

   Les enfants apprécieront sans doute. Les (grands-)parents, moins.

23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 14 avril 2024

Le Jeu de la reine

   Séance en costumes pour cette reconstitution de l'Angleterre du XVIe siècle, au crépuscule du règne du très autoritaire Henri VIII, connu pour avoir rompu avec l'obédience papale... et pour avoir épousé successivement six femmes (et en avoir fait décapiter deux).

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Dans le rôle du vieux porc barbu, Jude Law est stupéfiant de vérité... lui qu'en France on a plutôt l'habitude voir incarner des gentlemen (ou, du moins, des types propres sur eux) ! Il me semble qu'il a même pris du poids pour le rôle.

   A ses côtés rayonne, irradie, illumine, scintille la délicieuse, la ravissante, la subtile Alicia Vikander qui, depuis Royal Affair, ne m'a jamais déçu, même si le dernier film dans lequel je l'avais vue (Tomb Raider) na cassait pas des briques.

   Le comédienne interprète Cartherine Parr, la sixième et dernière épouse d'Henri VIII. Elle parvient à faire ressortir les différentes facettes de son personnage : un côté séducteur (le film sous-entend qu'elle tenait le roi par le bout de la bite savait comment satisfaire le roi, à défaut d'en jouir), un côté infirmière voire mère-poule et un aspect intellectuel. La dame se piquait de philosophie et de religion. Elle s'est aussi en partie occupée de l'éducation des enfants des précédents mariages du roi, tous destinés à régner (ce dont ils n'étaient pas certains, à l'époque) : le futur Edouard VI (fils de Jeanne Seymour), la future Marie Tudor (fille de Catherine d'Aragon) et (surtout) la future Elizabeth Ière (fille d'Anne Boleyn), que la structure du film présente comme une sorte d'héritière spirituelle de Catherine, la véritable fondatrice de l'anglicanisme, que le règne d'Henri VIII n'avait fait qu'esquisser.

   Le début du film montre une femme de pouvoir et d'idées, dont la fragilité de la position apparaît dès que son seigneur et époux revient de la campagne de France, en mauvaise santé. La mise en scène comme le jeu des acteurs nous font comprendre quelles étaient les marges de manœuvre (plus ou moins grandes) d'une épouse royale, dont le principal atout pouvait être de donner naissance à un héritier (mâle). On finit par sentir que, derrière le tableau historique, perce un discours féministe contemporain, au point de tordre un peu le cours des événements.

   J'ai été emballé par les décors, les costumes, l'éclairage de certaines scènes à la bougie et le jeu des acteurs (Erin Doherty, Junia Rees, Eddie Marsan...). Parfois, cela m'a rappelé La Favorite, de Lanthimos.

   J'ai deux réserves scénaristiques à émettre. Elles sont sans doute liées au fait que le film adapte un roman. Ce n'est donc pas une œuvre historique au sens strict.

   Ainsi, il me semble que l'épisode du collier est inventé... et inspiré d'une péripétie des Trois Mousquetaires. La mise en danger de Catherine Parr fut réelle, en raison de ses convictions religieuses. Si Henri VIII avait bien rompu avec le Pape, il souhaitait mettre en place (en Angleterre) une sorte de catholicisme d’État, rénové, mais pas un protestantisme façon Luther, encore moins le calvinisme que prêchaient les réformés qui ont fini par triompher en Écosse. Durant la seconde partie de son règne, le souverain a joué de l'équilibre qu'il souhaitait préserver entre les poussées réformistes, incarnées par le clan Seymour (dont Catherine était proche), et le clergé traditionaliste, encore marqué par le catholicisme (à l'image de l'évêque de Winchester Étienne Gardiner, très bien interprété par Simon Russell Beale, déjà excellent en Béria dans La Mort de Staline).

   Mon autre réserve porte sur la fin, totalement inventée (et un peu ridicule dans sa mise en scène). Je comprends qu'elle ait suscitée des applaudissements, à Cannes, mais, franchement, le film n'avait pas besoin de cela.

Le Jeu de la reine

   Séance en costumes pour cette reconstitution de l'Angleterre du XVIe siècle, au crépuscule du règne du très autoritaire Henri VIII, connu pour avoir rompu avec l'obédience papale... et pour avoir épousé successivement six femmes (et en avoir fait décapiter deux).

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Dans le rôle du vieux porc barbu, Jude Law est stupéfiant de vérité... lui qu'en France on a plutôt l'habitude voir incarner des gentlemen (ou, du moins, des types propres sur eux) ! Il me semble qu'il a même pris du poids pour le rôle.

   A ses côtés rayonne, irradie, illumine, scintille la délicieuse, la ravissante, la subtile Alicia Vikander qui, depuis Royal Affair, ne m'a jamais déçu, même si le dernier film dans lequel je l'avais vue (Tomb Raider) na cassait pas des briques.

   Le comédienne interprète Cartherine Parr, la sixième et dernière épouse d'Henri VIII. Elle parvient à faire ressortir les différentes facettes de son personnage : un côté séducteur (le film sous-entend qu'elle tenait le roi par le bout de la bite savait comment satisfaire le roi, à défaut d'en jouir), un côté infirmière voire mère-poule et un aspect intellectuel. La dame se piquait de philosophie et de religion. Elle s'est aussi en partie occupée de l'éducation des enfants des précédents mariages du roi, tous destinés à régner (ce dont ils n'étaient pas certains, à l'époque) : le futur Edouard VI (fils de Jeanne Seymour), la future Marie Tudor (fille de Catherine d'Aragon) et (surtout) la future Elizabeth Ière (fille d'Anne Boleyn), que la structure du film présente comme une sorte d'héritière spirituelle de Catherine, la véritable fondatrice de l'anglicanisme, que le règne d'Henri VIII n'avait fait qu'esquisser.

   Le début du film montre une femme de pouvoir et d'idées, dont la fragilité de la position apparaît dès que son seigneur et époux revient de la campagne de France, en mauvaise santé. La mise en scène comme le jeu des acteurs nous font comprendre quelles étaient les marges de manœuvre (plus ou moins grandes) d'une épouse royale, dont le principal atout pouvait être de donner naissance à un héritier (mâle). On finit par sentir que, derrière le tableau historique, perce un discours féministe contemporain, au point de tordre un peu le cours des événements.

   J'ai été emballé par les décors, les costumes, l'éclairage de certaines scènes à la bougie et le jeu des acteurs (Erin Doherty, Junia Rees, Eddie Marsan...). Parfois, cela m'a rappelé La Favorite, de Lanthimos.

   J'ai deux réserves scénaristiques à émettre. Elles sont sans doute liées au fait que le film adapte un roman. Ce n'est donc pas une œuvre historique au sens strict.

   Ainsi, il me semble que l'épisode du collier est inventé... et inspiré d'une péripétie des Trois Mousquetaires. La mise en danger de Catherine Parr fut réelle, en raison de ses convictions religieuses. Si Henri VIII avait bien rompu avec le Pape, il souhaitait mettre en place (en Angleterre) une sorte de catholicisme d’État, rénové, mais pas un protestantisme façon Luther, encore moins le calvinisme que prêchaient les réformés qui ont fini par triompher en Écosse. Durant la seconde partie de son règne, le souverain a joué de l'équilibre qu'il souhaitait préserver entre les poussées réformistes, incarnées par le clan Seymour (dont Catherine était proche), et le clergé traditionaliste, encore marqué par le catholicisme (à l'image de l'évêque de Winchester Étienne Gardiner, très bien interprété par Simon Russell Beale, déjà excellent en Béria dans La Mort de Staline).

   Mon autre réserve porte sur la fin, totalement inventée (et un peu ridicule dans sa mise en scène). Je comprends qu'elle ait suscitée des applaudissements, à Cannes, mais, franchement, le film n'avait pas besoin de cela.

samedi, 13 avril 2024

Bye bye Tibériade

  Environ trois ans après Leur Algérie, Lina Soualem continue d'explorer son histoire familiale, qui a croisé l'Histoire à plusieurs reprises. Cette fois-ci, elle explore le côté maternel, celui de sa mère Hiam Abbass, actrice et réalisatrice (Héritage) palestinienne (arabe israélienne).

   Ce documentaire est clairement un film de femmes. Les hommes de la famille sont au second plan. La cinéaste explore la vie et les liens entre quatre générations, de son arrière-grand-mère à elle-même, en passant (surtout) par sa mère.

   L'arrière-grand-mère a connu la période du mandat britannique et le déplacement forcé de Tibériade vers le village de Deir Hanna, lors du grand Exil (en 1948-1949), que la réalisatrice prend soin de ne pas appeler Nakba, le terme, engagé, orienté même, utilisé dans des textes militants. Elle n'a d'ailleurs pas besoin de recourir à l'exagération linguistique. La simple évocation du vécu familial suffit.

   Um Ali (l'arrière-grand-mère) a dû s'occuper d'une dizaine d'enfants tout en exerçant le métier de couturière. L'une de ses filles, Neemat, la grand-mère de la réalisatrice (et donc mère d'Hiam Abbas), fut institutrice et connut une ébauche d'émancipation, à une époque où, d'après les images d'archives, très peu de femmes musulmanes portaient le voile.

   Cela nous mène, par petites touches, au parcours plus chaotique d'Hiam. Cette belle jeune femme, qui avait entamé des études universitaires (au sein d'un État israélien qui n'était donc pas aussi ignoble qu'une certaine propagande tente de le faire croire) tout en suivant des cours de théâtre. Elle étouffait dans une société qu'on n'ose pas qualifier de patriarcale. Comme beaucoup de femmes de l'après-Seconde Guerre mondiale, elle s'est mariée en partie pour fuir le milieu familial, même si elle était très attachée à ses sœurs et à ses parents. Beaucoup de choses sont dites en filigrane, avec délicatesse, avec même une forme de douceur, alors que parfois les situations sont tristes.

   Je recommande ce documentaire, à la fois pour la tendresse des liens familiaux qu'il expose et pour son intérêt historique, même si c'est par le petit bout de la lorgnette.

Bye bye Tibériade

  Environ trois ans après Leur Algérie, Lina Soualem continue d'explorer son histoire familiale, qui a croisé l'Histoire à plusieurs reprises. Cette fois-ci, elle explore le côté maternel, celui de sa mère Hiam Abbass, actrice et réalisatrice (Héritage) palestinienne (arabe israélienne).

   Ce documentaire est clairement un film de femmes. Les hommes de la famille sont au second plan. La cinéaste explore la vie et les liens entre quatre générations, de son arrière-grand-mère à elle-même, en passant (surtout) par sa mère.

   L'arrière-grand-mère a connu la période du mandat britannique et le déplacement forcé de Tibériade vers le village de Deir Hanna, lors du grand Exil (en 1948-1949), que la réalisatrice prend soin de ne pas appeler Nakba, le terme, engagé, orienté même, utilisé dans des textes militants. Elle n'a d'ailleurs pas besoin de recourir à l'exagération linguistique. La simple évocation du vécu familial suffit.

   Um Ali (l'arrière-grand-mère) a dû s'occuper d'une dizaine d'enfants tout en exerçant le métier de couturière. L'une de ses filles, Neemat, la grand-mère de la réalisatrice (et donc mère d'Hiam Abbas), fut institutrice et connut une ébauche d'émancipation, à une époque où, d'après les images d'archives, très peu de femmes musulmanes portaient le voile.

   Cela nous mène, par petites touches, au parcours plus chaotique d'Hiam. Cette belle jeune femme, qui avait entamé des études universitaires (au sein d'un État israélien qui n'était donc pas aussi ignoble qu'une certaine propagande tente de le faire croire) tout en suivant des cours de théâtre. Elle étouffait dans une société qu'on n'ose pas qualifier de patriarcale. Comme beaucoup de femmes de l'après-Seconde Guerre mondiale, elle s'est mariée en partie pour fuir le milieu familial, même si elle était très attachée à ses sœurs et à ses parents. Beaucoup de choses sont dites en filigrane, avec délicatesse, avec même une forme de douceur, alors que parfois les situations sont tristes.

   Je recommande ce documentaire, à la fois pour la tendresse des liens familiaux qu'il expose et pour son intérêt historique, même si c'est par le petit bout de la lorgnette.

mardi, 09 avril 2024

Godzilla x Kong : le nouvel empire

   Pour la deuxième fois en quatre ans, la Warner réunit ses deux plus célèbres monstres à l'écran. Mais, cette fois-ci, ils ne vont pas (beaucoup) se bastonner ; ils vont plutôt devoir unir leurs forces contre une terrible menace, capable de prendre le contrôle de la planète entière.

  Toutefois, avant de voir les deux grosses bébêtes se faire des câlins, il va falloir patienter... plus d'une heure. En guise de mise en bouche, on nous propose chaque méga-héros séparément, dans son environnement quotidien. Konguy participe à une partie de chasse, durant laquelle on se demande qui est le gibier... puis il prend une bonne douche. De son côté, Godzy fait (brièvement) étalage de sa puissance contre une horrible bestiole, sans trop se préoccuper des dégâts collatéraux... mais qui oserait lui ordonner de ranger sa chambre, après s'être amusé ?

   Les scénaristes ne se sont pas trop foulés. On sent qu'ils ont pompé Jurassic World (en particulier le deuxième volet), Indiana Jones, Les Mystérieuses Cités d'or, Voyage au centre de la Terre (de Jules Verne), Le Monde perdu (de Conan Doyle)... De plus, comme si une "Terre creuse" ne suffisait pas, voilà qu'ils nous en proposent une deuxième, située sous la première, elle-même se trouvant à des kilomètres de la surface terrestre. Dans les deux cas, on est prié de croire qu'une végétation chlorophyllienne peut se développer sans lumière solaire. C'est le moment de conseiller aux biologistes, géologues et physiciens de laisser leur cerveau au vestiaire... ou tout simplement d'éviter ce film. (Je me demande dans quelle mesure il ne va pas propager des idées farfelues dans la tête de certains spectateurs.)

   Les personnages humains sont taillés à la hache, sans la moindre subtilité. Certains de leurs comportements sont invraisemblables (provoquant la mise en danger d'autrui), d'autres extrêmement prévisibles. Je pense notamment à la fille adoptive de la scientifique, qu'on voit constamment dans la première heure en train de tirer la même tronche de dépressive, avant qu'elle ne se mue en quasi-sauveuse de l'humanité...

   Heureusement qu'il y a les grosses bébêtes numériques. King Kong est touchant, en vieux loup solitaire qui se cherche une famille... et croit la trouver en la personne d'un jeune singe abandonné... mais fourbe... un vrai petit kong ! il y a aussi de l'humour dans cet épisode, notamment quand il est question de la dent cassée du King... et de son haleine de chacal !

   La découverte de la nature exacte de la menace est un poil surprenante. Les gros balèzes comprennent qu'il leur faut travailler en équipe pour venir à bout de la bande de méchants... et je ne crois rien révéler d'incroyable en affirmant que la conclusion de l'histoire est positive. Les effets spéciaux sont bons mais, franchement, on pourrait se passer des personnages humains.

   Je note quand même que, des deux "monstres gentils", c'est Kong qui semble le plus réussi. La représentation de Godzilla (réapparu sur nos écrans en 2014) a pris un petit coup de vieux depuis la sortie cette année du film japonais, tourné avec beaucoup moins de moyens, mais plus d'inspiration.

   Quant à King Kong, dont la franchise a été relancée par Hollywood en 2017, il devrait être bientôt de retour, puisque je me suis laissé dire que la production avait dans les tuyaux un nouvel opus, centré sur le personnage de "mini-Kong".

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Godzilla x Kong : le nouvel empire

   Pour la deuxième fois en quatre ans, la Warner réunit ses deux plus célèbres monstres à l'écran. Mais, cette fois-ci, ils ne vont pas (beaucoup) se bastonner ; ils vont plutôt devoir unir leurs forces contre une terrible menace, capable de prendre le contrôle de la planète entière.

  Toutefois, avant de voir les deux grosses bébêtes se faire des câlins, il va falloir patienter... plus d'une heure. En guise de mise en bouche, on nous propose chaque méga-héros séparément, dans son environnement quotidien. Konguy participe à une partie de chasse, durant laquelle on se demande qui est le gibier... puis il prend une bonne douche. De son côté, Godzy fait (brièvement) étalage de sa puissance contre une horrible bestiole, sans trop se préoccuper des dégâts collatéraux... mais qui oserait lui ordonner de ranger sa chambre, après s'être amusé ?

   Les scénaristes ne se sont pas trop foulés. On sent qu'ils ont pompé Jurassic World (en particulier le deuxième volet), Indiana Jones, Les Mystérieuses Cités d'or, Voyage au centre de la Terre (de Jules Verne), Le Monde perdu (de Conan Doyle)... De plus, comme si une "Terre creuse" ne suffisait pas, voilà qu'ils nous en proposent une deuxième, située sous la première, elle-même se trouvant à des kilomètres de la surface terrestre. Dans les deux cas, on est prié de croire qu'une végétation chlorophyllienne peut se développer sans lumière solaire. C'est le moment de conseiller aux biologistes, géologues et physiciens de laisser leur cerveau au vestiaire... ou tout simplement d'éviter ce film. (Je me demande dans quelle mesure il ne va pas propager des idées farfelues dans la tête de certains spectateurs.)

   Les personnages humains sont taillés à la hache, sans la moindre subtilité. Certains de leurs comportements sont invraisemblables (provoquant la mise en danger d'autrui), d'autres extrêmement prévisibles. Je pense notamment à la fille adoptive de la scientifique, qu'on voit constamment dans la première heure en train de tirer la même tronche de dépressive, avant qu'elle ne se mue en quasi-sauveuse de l'humanité...

   Heureusement qu'il y a les grosses bébêtes numériques. King Kong est touchant, en vieux loup solitaire qui se cherche une famille... et croit la trouver en la personne d'un jeune singe abandonné... mais fourbe... un vrai petit kong ! il y a aussi de l'humour dans cet épisode, notamment quand il est question de la dent cassée du King... et de son haleine de chacal !

   La découverte de la nature exacte de la menace est un poil surprenante. Les gros balèzes comprennent qu'il leur faut travailler en équipe pour venir à bout de la bande de méchants... et je ne crois rien révéler d'incroyable en affirmant que la conclusion de l'histoire est positive. Les effets spéciaux sont bons mais, franchement, on pourrait se passer des personnages humains.

   Je note quand même que, des deux "monstres gentils", c'est Kong qui semble le plus réussi. La représentation de Godzilla (réapparu sur nos écrans en 2014) a pris un petit coup de vieux depuis la sortie cette année du film japonais, tourné avec beaucoup moins de moyens, mais plus d'inspiration.

   Quant à King Kong, dont la franchise a été relancée par Hollywood en 2017, il devrait être bientôt de retour, puisque je me suis laissé dire que la production avait dans les tuyaux un nouvel opus, centré sur le personnage de "mini-Kong".

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samedi, 06 avril 2024

Black Flies

   Ces "mouches noires" sont celles qui volent autour des cadavres en décomposition. Elles perçoivent l'odeur de la mort avant les humains. Les héros de cette histoire (des urgentistes new-yorkais, de nuit) tentent d'éviter celle-ci, en se portant au secours de leurs concitoyens.

   Tye Sheridan (moins insignifiant que dans d'autres films) incarne un jeune homme altruiste, né dans le Colorado, inspiré par Saint-Michel, engagé dans le service de secours en attendant de pouvoir intégrer Médecine. Il va faire équipe avec trois "tauliers" : Verdis, plutôt empathique, Lafontaine, fan de death metal... et Rutkovsky, un vétéran du 11-Septembre, multi-divorcé, auquel Sean Penn prête sa force tranquille et son physique malmené.

   Pendant presque deux heures, à l'image des protagonistes, on va s'en prendre plein la gueule. Blessés par balles, drogués, sans-abri, mère célibataire, suicidaires, cadavres en décomposition... rien ne nous leur est épargné, le tout porté par une mise en scène nerveuse, qui allie plans-séquences et montage haché. On ne s'ennuie par une minute, même si les scènes de transition (notamment les nus pseudo-artistiques entre Ollie et sa copine) ne m'ont pas vraiment emballé.

   Le "Bleu" (Rookie dans la version originale) du Colorado va d'abord faire ses classes, commettre des erreurs avant de progressivement prendre de l'assurance, sous la houlette de l'expérimenté (mais imprévisible) Rut. Petit à petit, leur relation évolue. L'élève va s'émanciper du maître... jusqu'à une conclusion que je ne révèlerai pas.

   Un autre intérêt du film est sa représentation sans fard de l'Amérique d'en-bas, la face peu glorieuse de la ville-monde. Les secouristes sont très souvent confrontés à des "cas sociaux", rarement reconnaissants... et parfois même menaçants. Face à cela, les vieux briscards se blindent... ou deviennent cyniques.

   C'est un film à voir, si l'on supporte le côté brut de décoffrage de la peinture de Big Apple et de ses habitants.

23:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Black Flies

   Ces "mouches noires" sont celles qui volent autour des cadavres en décomposition. Elles perçoivent l'odeur de la mort avant les humains. Les héros de cette histoire (des urgentistes new-yorkais, de nuit) tentent d'éviter celle-ci, en se portant au secours de leurs concitoyens.

   Tye Sheridan (moins insignifiant que dans d'autres films) incarne un jeune homme altruiste, né dans le Colorado, inspiré par Saint-Michel, engagé dans le service de secours en attendant de pouvoir intégrer Médecine. Il va faire équipe avec trois "tauliers" : Verdis, plutôt empathique, Lafontaine, fan de death metal... et Rutkovsky, un vétéran du 11-Septembre, multi-divorcé, auquel Sean Penn prête sa force tranquille et son physique malmené.

   Pendant presque deux heures, à l'image des protagonistes, on va s'en prendre plein la gueule. Blessés par balles, drogués, sans-abri, mère célibataire, suicidaires, cadavres en décomposition... rien ne nous leur est épargné, le tout porté par une mise en scène nerveuse, qui allie plans-séquences et montage haché. On ne s'ennuie par une minute, même si les scènes de transition (notamment les nus pseudo-artistiques entre Ollie et sa copine) ne m'ont pas vraiment emballé.

   Le "Bleu" (Rookie dans la version originale) du Colorado va d'abord faire ses classes, commettre des erreurs avant de progressivement prendre de l'assurance, sous la houlette de l'expérimenté (mais imprévisible) Rut. Petit à petit, leur relation évolue. L'élève va s'émanciper du maître... jusqu'à une conclusion que je ne révèlerai pas.

   Un autre intérêt du film est sa représentation sans fard de l'Amérique d'en-bas, la face peu glorieuse de la ville-monde. Les secouristes sont très souvent confrontés à des "cas sociaux", rarement reconnaissants... et parfois même menaçants. Face à cela, les vieux briscards se blindent... ou deviennent cyniques.

   C'est un film à voir, si l'on supporte le côté brut de décoffrage de la peinture de Big Apple et de ses habitants.

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dimanche, 31 mars 2024

Blue Giant

   Ce film d'animation japonais adapte un manga consacré au jazz. (C'est peut-être le premier volet d'une trilogie.) C'est une histoire de quête de soi, de quête de succès et d'amitié.

   On suit les pérégrinations de trois jeunes hommes, trois provinciaux "montés" à Tokyo. Dai est le saxophoniste, pour qui jouer est vital. Mais il ne maîtrise pas encore parfaitement la technique. Yukinori est le pianiste, issu d'une famille privilégiée. Il s'est déjà fait un petit nom dans le milieu, mais il veut plus, beaucoup plus. Shunji semble être d'origine plus populaire. C'est l'ami d'enfance de Dai. Il est le batteur (quasi débutant) du groupe... et un fan de football.

   Le trio à peine formé va répéter dans les locaux d'un petit bar à concerts, tenu par une ancienne artiste, elle-même fan de jazz, mais un peu mélancolique. Chaque personnage va évoluer : le saxo doit améliorer sa technique et affiner son style, le pianiste faire preuve de plus d'originalité, le batteur se montrer digne d'accompagner les deux autres. A la japonaise, dirais-je, leurs efforts sont filmés comme le serait un entraînement sportif en vue de réaliser un exploit physique. La musique est belle, quand bien même, dans un premier temps, elle est jouée avec un peu d'approximation. Ce sont des compositions originales, de Hiromi Uehara, une musicienne reconnue au Japon, qui de surcroît double le jeu au piano de Yukinori.

   Arrivent les scènes de concert, les plus virtuoses. Elles mélangent différents types d'animation. Le résultat est assez sidérant. Le réalisateur a tenté de rendre visuellement la frénésie musicale. La diversité des effets, des angles de prise de vue, associée à un montage particulier, débouchent sur une incarnation colorée du jazz, qui mérite d'être vue. Précisons que le réalisateur n'est autre que Yuzuru Tachikawa, auquel on doit certaines des adaptations cinématographiques de Détective Conan.

   L'aventure des trois garçons connaît quelques soubresauts, chacun ayant évolué différemment à la fin de l'histoire.

Blue Giant

   Ce film d'animation japonais adapte un manga consacré au jazz. (C'est peut-être le premier volet d'une trilogie.) C'est une histoire de quête de soi, de quête de succès et d'amitié.

   On suit les pérégrinations de trois jeunes hommes, trois provinciaux "montés" à Tokyo. Dai est le saxophoniste, pour qui jouer est vital. Mais il ne maîtrise pas encore parfaitement la technique. Yukinori est le pianiste, issu d'une famille privilégiée. Il s'est déjà fait un petit nom dans le milieu, mais il veut plus, beaucoup plus. Shunji semble être d'origine plus populaire. C'est l'ami d'enfance de Dai. Il est le batteur (quasi débutant) du groupe... et un fan de football.

   Le trio à peine formé va répéter dans les locaux d'un petit bar à concerts, tenu par une ancienne artiste, elle-même fan de jazz, mais un peu mélancolique. Chaque personnage va évoluer : le saxo doit améliorer sa technique et affiner son style, le pianiste faire preuve de plus d'originalité, le batteur se montrer digne d'accompagner les deux autres. A la japonaise, dirais-je, leurs efforts sont filmés comme le serait un entraînement sportif en vue de réaliser un exploit physique. La musique est belle, quand bien même, dans un premier temps, elle est jouée avec un peu d'approximation. Ce sont des compositions originales, de Hiromi Uehara, une musicienne reconnue au Japon, qui de surcroît double le jeu au piano de Yukinori.

   Arrivent les scènes de concert, les plus virtuoses. Elles mélangent différents types d'animation. Le résultat est assez sidérant. Le réalisateur a tenté de rendre visuellement la frénésie musicale. La diversité des effets, des angles de prise de vue, associée à un montage particulier, débouchent sur une incarnation colorée du jazz, qui mérite d'être vue. Précisons que le réalisateur n'est autre que Yuzuru Tachikawa, auquel on doit certaines des adaptations cinématographiques de Détective Conan.

   L'aventure des trois garçons connaît quelques soubresauts, chacun ayant évolué différemment à la fin de l'histoire.

samedi, 30 mars 2024

Kung Fu Panda IV

   Il aura fallu huit ans pour que DreamWorks sorte la suite des aventures de Po (que, pour ma part, j'avais abandonnées après le premier volet, sans que je me souvienne pourquoi, puisque j'avais plutôt apprécié).

   Graphiquement, c'est réussi. On sent qu'entre 2008 et 2024 la technologie a progressé. Les mouvements des personnages sont spectaculaires, les couleurs chatoyantes et la texture des pelages très bien rendue.

   Durant la grosse heure et demi que durent les aventures de Po, on ne s'ennuie pas. On rit souvent même, et ce, dès le début, grâce à l'insertion visuelle des voix intérieures du "guerrier dragon". La très bonne idée des auteurs de ce volet est l'introduction du personnage de Zhen, une renarde à la queue très touffue... assez virtuose dans son genre. (Dans la VF, elle est doublée par Olivia Dalric.) Sa rencontre avec le héros ne manque pas de piquant.

   La suite est tout aussi savoureuse, avec le passage par un restaurant particulièrement louche (inspiré sans doute des tavernes de pirates des films de jadis)... et un bateau piloté par un Pélican (sorte de vieux loup de mer). J'ai aussi beaucoup apprécié l'arrivée du duo à Hong Kong Junivers City, avec une trépidante poursuite "taurine" à la clé. Mais le meilleur moment est sans doute quand les personnages débarquent dans le monde souterrain, cette ville sous la ville où tout semble exacerbé.

   Le scénario est suffisamment élaboré pour retenir l'attention des adultes, assez facile à suivre pour des enfants pas trop petits. (Dans la salle où je me trouvais, les 5-6 ans ont ri aux gags du début, avant de lâcher prise... parfois à côté de parents hors du coup... ou peut-être simplement captivés par ce qu'ils voyaient à l'écran.) Le personnage de la méchante Caméléone est bien choisi, vraiment diabolique. De surcroît, l'intrigue véhicule des valeurs positives : l'amitié, l'entraide, l'altruisme... et la gourmandise !

   Mon principal regret est la quasi-absence des acolytes de Po, les Cinq Cyclones, dont la fin du film sous-entend qu'ils seront sans doute de retour dans le prochain épisode.

20:27 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Kung Fu Panda IV

   Il aura fallu huit ans pour que DreamWorks sorte la suite des aventures de Po (que, pour ma part, j'avais abandonnées après le premier volet, sans que je me souvienne pourquoi, puisque j'avais plutôt apprécié).

   Graphiquement, c'est réussi. On sent qu'entre 2008 et 2024 la technologie a progressé. Les mouvements des personnages sont spectaculaires, les couleurs chatoyantes et la texture des pelages très bien rendue.

   Durant la grosse heure et demi que durent les aventures de Po, on ne s'ennuie pas. On rit souvent même, et ce, dès le début, grâce à l'insertion visuelle des voix intérieures du "guerrier dragon". La très bonne idée des auteurs de ce volet est l'introduction du personnage de Zhen, une renarde à la queue très touffue... assez virtuose dans son genre. (Dans la VF, elle est doublée par Olivia Dalric.) Sa rencontre avec le héros ne manque pas de piquant.

   La suite est tout aussi savoureuse, avec le passage par un restaurant particulièrement louche (inspiré sans doute des tavernes de pirates des films de jadis)... et un bateau piloté par un Pélican (sorte de vieux loup de mer). J'ai aussi beaucoup apprécié l'arrivée du duo à Hong Kong Junivers City, avec une trépidante poursuite "taurine" à la clé. Mais le meilleur moment est sans doute quand les personnages débarquent dans le monde souterrain, cette ville sous la ville où tout semble exacerbé.

   Le scénario est suffisamment élaboré pour retenir l'attention des adultes, assez facile à suivre pour des enfants pas trop petits. (Dans la salle où je me trouvais, les 5-6 ans ont ri aux gags du début, avant de lâcher prise... parfois à côté de parents hors du coup... ou peut-être simplement captivés par ce qu'ils voyaient à l'écran.) Le personnage de la méchante Caméléone est bien choisi, vraiment diabolique. De surcroît, l'intrigue véhicule des valeurs positives : l'amitié, l'entraide, l'altruisme... et la gourmandise !

   Mon principal regret est la quasi-absence des acolytes de Po, les Cinq Cyclones, dont la fin du film sous-entend qu'ils seront sans doute de retour dans le prochain épisode.

20:27 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 29 mars 2024

Scandaleusement vôtre

   Inspirée d'une histoire vraie, cette comédie sociétale britannique a pour cadre une petite ville de province des années 1920, dans une Angleterre très patriarcale. Le début nous plante le cadre de manière caustique, avec notamment cette rue ouvrière où se côtoient des ménages certes aux revenus modestes, mais aux modes de vie parfois diamétralement opposés.

   C'est le cas de deux familles voisines. La première est composée de protestants puritains, la dernière fille de la maison, restée célibataire, s'occupant de ses parents. Olivia Colman prête son ingénue fourberie à ce personnage plus complexe qu'il n'en a l'air. A ses côtés, Timothy Spall s'est coulé avec une évidente jubilation dans le rôle du vieux patriotard réactionnaire.

   La maison d'à côté (dont on perçoit à peu près tous les bruits un tant soit peu prononcés) est occupée par un couple de prolos, l'homme noir et la femme d'origine irlandaise, une petite souillon libre comme l'air et au langage particulièrement grossier.

   L'arrivée au courrier de plusieurs familles du quartier de lettres odieuses, insultantes et diffamatoires sème l'émoi et va mettre le feu aux poudres. C'est l'occasion pour les spectateurs de découvrir un poste de police peu dynamique, dirigé par des hommes pas particulièrement futés. Se distingue une jeune enquêtrice (d'origine indienne, sans doute), reléguée aux tâches subalternes, mais capable de faire preuve d'initiative. Dans le rôle, Anjana Vasan rappelle un peu Rebecca Liddiard dans Les Mystères de Londres ou Frankie Drake Mysteries. (On pense aussi à l'agent Trewlove de la série Morse.)

   Cependant, après une entame assez entraînante, souvent drôle et porteuse de sens, je trouve que la suite patine. Quand l'enquête pointe du doigt l'Irlandaise fantasque et qu'on se dirige vers le procès, cela devient plan-plan, peut-être parce que le propos militant prend le dessus sur l'ironie sociale.

   Fort heureusement, l'enquêtrice Gladys Moss, qui ne croit pas à la culpabilité de la jeune femme, va réunir une petite équipe de bras cassés pour éclaircir le mystère... dans le dos de ses supérieurs. L'intérêt remonte dans cette grosse dernière demi-heure. L'intrigue gagne même en épaisseur quand on comprend les motivations de la personne qui a écrit ces lettres : elle aussi est une victime et elle a vécu la rédaction des missives ordurières comme une sorte d'épreuve cathartique.

   P.S.

   Ne quittez pas la salle trop vite : le début du générique de fin expose en plein écran certains extraits des lettres, parmi les plus croustillants...

Scandaleusement vôtre

   Inspirée d'une histoire vraie, cette comédie sociétale britannique a pour cadre une petite ville de province des années 1920, dans une Angleterre très patriarcale. Le début nous plante le cadre de manière caustique, avec notamment cette rue ouvrière où se côtoient des ménages certes aux revenus modestes, mais aux modes de vie parfois diamétralement opposés.

   C'est le cas de deux familles voisines. La première est composée de protestants puritains, la dernière fille de la maison, restée célibataire, s'occupant de ses parents. Olivia Colman prête son ingénue fourberie à ce personnage plus complexe qu'il n'en a l'air. A ses côtés, Timothy Spall s'est coulé avec une évidente jubilation dans le rôle du vieux patriotard réactionnaire.

   La maison d'à côté (dont on perçoit à peu près tous les bruits un tant soit peu prononcés) est occupée par un couple de prolos, l'homme noir et la femme d'origine irlandaise, une petite souillon libre comme l'air et au langage particulièrement grossier.

   L'arrivée au courrier de plusieurs familles du quartier de lettres odieuses, insultantes et diffamatoires sème l'émoi et va mettre le feu aux poudres. C'est l'occasion pour les spectateurs de découvrir un poste de police peu dynamique, dirigé par des hommes pas particulièrement futés. Se distingue une jeune enquêtrice (d'origine indienne, sans doute), reléguée aux tâches subalternes, mais capable de faire preuve d'initiative. Dans le rôle, Anjana Vasan rappelle un peu Rebecca Liddiard dans Les Mystères de Londres ou Frankie Drake Mysteries. (On pense aussi à l'agent Trewlove de la série Morse.)

   Cependant, après une entame assez entraînante, souvent drôle et porteuse de sens, je trouve que la suite patine. Quand l'enquête pointe du doigt l'Irlandaise fantasque et qu'on se dirige vers le procès, cela devient plan-plan, peut-être parce que le propos militant prend le dessus sur l'ironie sociale.

   Fort heureusement, l'enquêtrice Gladys Moss, qui ne croit pas à la culpabilité de la jeune femme, va réunir une petite équipe de bras cassés pour éclaircir le mystère... dans le dos de ses supérieurs. L'intérêt remonte dans cette grosse dernière demi-heure. L'intrigue gagne même en épaisseur quand on comprend les motivations de la personne qui a écrit ces lettres : elle aussi est une victime et elle a vécu la rédaction des missives ordurières comme une sorte d'épreuve cathartique.

   P.S.

   Ne quittez pas la salle trop vite : le début du générique de fin expose en plein écran certains extraits des lettres, parmi les plus croustillants...

samedi, 23 mars 2024

La Jeune fille et les paysans

   Ce long-métrage est l'adaptation d'un roman culte en Pologne, Les Paysans. L'action se déroule au XIXe siècle, en pleine campagne, dans un village où les inégalités sont grandes et où la possession de la terre est est perçue comme la véritable source de richesses.

cinéma,cinema,film,films,femme,femmes,filles

   L'héroïne est Jagna (Kamila Urzedowska, formidable), fille de paysans modestes... mais d'une beauté à couper le souffle. Elle approche de l'âge adulte, toujours célibataire... et pas très ardente aux travaux de la ferme. Dans le village, elle a beaucoup de prétendants : le charpentier, le forgeron, le fils du plus gros propriétaire de la région (pourtant déjà marié)... et l'on sent que le délicat fils de l'organiste n'est lui non plus pas insensible à son charme. Jagna sait qu'elle est l'objet de tous les regards. Elle croit qu'elle pourra choisir et donc qu'elle peut se laisser conter fleurette à sa guise. Le problème est que, dans le village, les langues de pute vipère se déchaînent et lui font une réputation de petite traînée. (Signalons que l'ensemble des comédiennes mérite l'éloge. Toutes sont convaincantes, dans la jalousie comme dans la cruauté.)

   L'image est de même texture que dans le précédent film du couple Welchman, La Passion Van Gogh. Les prises de vue réelles ont été passées à la moulinette de la rotoscopie et retravaillées, pour donner un résultat hybride, proche d'un film d'animation. (Quelques aspects du travail réalisé sur les images sont montrés au début du générique de fin.) Par rapport à La Passion, l'impression BD est moins prononcée. On se croirait plus dans des tableaux de Jean-François Millet. C'est donc assez joli à voir, avec quelques effets de mise en scène. J'ajoute que la musique et les chants sont beaux (sauf quand une jeune paysanne fait des vocalises en plein champ).

   L'intrigue est organisée en suivant le rythme des saisons, bien que l'action semble se dérouler sur plusieurs années. On commence avec l'automne, qui nous fait découvrir la vie du village et les questionnements de l'héroïne. Les saisons suivantes nous guident vers un mariage et l'exacerbation des conflits, à la fois au sein du village et entre les paysans et le seigneur du coin. L'été clôt l'histoire, de manière à la fois violente et épiphanique.

   En sous-texte, on sent la volonté de dénoncer une forme de patriarcat. Les pères de famille (âgés) dominent la vie rurale. Au-dessous d'eux se trouvent les hommes jeunes, avides de prendre leur place et n'hésitant pas à se défouler sur les femmes. Parmi celles-ci, les matrones, mariées ou veuves, jouissent d'une certaine influence, surtout si elles sont financièrement à l'abri du besoin. Les femmes les plus jeunes sont des proies, soit pour les veufs âgés, soit pour les fils qui veulent s'installer. Le fait qu'elles disposent d'une dot plus ou moins fournie contribue (ou pas) à les rendre plus précieuses...

   C'est assez captivant. En 1h50, il se passe beaucoup de choses et les comédiens sont vraiment bons. Je suis toutefois un peu dubitatif devant le côté reconstitution. La majorité des habitants du village est visiblement pauvre, mais les auteurs semblent avoir cédé au désir de faire un beau tableau d'époque (peut-être parce qu'ils ont été influencés par des œuvres picturales). Ainsi, un village aussi modeste peut-il permettre à un petit orchestre local de vivre de son art ? Ceci dit, la mise en scène des fêtes ne manque pas de souffle.

   Et puis, il y a cette séquence finale, au cours de laquelle une bande de gilets jaunes d'aigris, de jaloux et de ratés se déchaîne contre un personnage au comportement jugé scandaleux. Rien que pour la dénonciation de cette "émotion populaire", le fil mérite le détour.

La Jeune fille et les paysans

   Ce long-métrage est l'adaptation d'un roman culte en Pologne, Les Paysans. L'action se déroule au XIXe siècle, en pleine campagne, dans un village où les inégalités sont grandes et où la possession de la terre est est perçue comme la véritable source de richesses.

cinéma,cinema,film,films,femme,femmes,filles

   L'héroïne est Jagna (Kamila Urzedowska, formidable), fille de paysans modestes... mais d'une beauté à couper le souffle. Elle approche de l'âge adulte, toujours célibataire... et pas très ardente aux travaux de la ferme. Dans le village, elle a beaucoup de prétendants : le charpentier, le forgeron, le fils du plus gros propriétaire de la région (pourtant déjà marié)... et l'on sent que le délicat fils de l'organiste n'est lui non plus pas insensible à son charme. Jagna sait qu'elle est l'objet de tous les regards. Elle croit qu'elle pourra choisir et donc qu'elle peut se laisser conter fleurette à sa guise. Le problème est que, dans le village, les langues de pute vipère se déchaînent et lui font une réputation de petite traînée. (Signalons que l'ensemble des comédiennes mérite l'éloge. Toutes sont convaincantes, dans la jalousie comme dans la cruauté.)

   L'image est de même texture que dans le précédent film du couple Welchman, La Passion Van Gogh. Les prises de vue réelles ont été passées à la moulinette de la rotoscopie et retravaillées, pour donner un résultat hybride, proche d'un film d'animation. (Quelques aspects du travail réalisé sur les images sont montrés au début du générique de fin.) Par rapport à La Passion, l'impression BD est moins prononcée. On se croirait plus dans des tableaux de Jean-François Millet. C'est donc assez joli à voir, avec quelques effets de mise en scène. J'ajoute que la musique et les chants sont beaux (sauf quand une jeune paysanne fait des vocalises en plein champ).

   L'intrigue est organisée en suivant le rythme des saisons, bien que l'action semble se dérouler sur plusieurs années. On commence avec l'automne, qui nous fait découvrir la vie du village et les questionnements de l'héroïne. Les saisons suivantes nous guident vers un mariage et l'exacerbation des conflits, à la fois au sein du village et entre les paysans et le seigneur du coin. L'été clôt l'histoire, de manière à la fois violente et épiphanique.

   En sous-texte, on sent la volonté de dénoncer une forme de patriarcat. Les pères de famille (âgés) dominent la vie rurale. Au-dessous d'eux se trouvent les hommes jeunes, avides de prendre leur place et n'hésitant pas à se défouler sur les femmes. Parmi celles-ci, les matrones, mariées ou veuves, jouissent d'une certaine influence, surtout si elles sont financièrement à l'abri du besoin. Les femmes les plus jeunes sont des proies, soit pour les veufs âgés, soit pour les fils qui veulent s'installer. Le fait qu'elles disposent d'une dot plus ou moins fournie contribue (ou pas) à les rendre plus précieuses...

   C'est assez captivant. En 1h50, il se passe beaucoup de choses et les comédiens sont vraiment bons. Je suis toutefois un peu dubitatif devant le côté reconstitution. La majorité des habitants du village est visiblement pauvre, mais les auteurs semblent avoir cédé au désir de faire un beau tableau d'époque (peut-être parce qu'ils ont été influencés par des œuvres picturales). Ainsi, un village aussi modeste peut-il permettre à un petit orchestre local de vivre de son art ? Ceci dit, la mise en scène des fêtes ne manque pas de souffle.

   Et puis, il y a cette séquence finale, au cours de laquelle une bande de gilets jaunes d'aigris, de jaloux et de ratés se déchaîne contre un personnage au comportement jugé scandaleux. Rien que pour la dénonciation de cette "émotion populaire", le fil mérite le détour.

samedi, 16 mars 2024

Heureux gagnants

   Cette comédie à sketchs française puise à différentes sources : la tradition italienne bien sûr (que je n'ai pas vue à l’œuvre depuis un moment déjà, depuis, je crois, Leçons d'amour à l'italienne), la satire espagnole (façon Les Nouveaux Sauvages) et l'humour "urbain" hexagonal, comme on peut le retrouver, par exemple, dans Tout Simplement Noir.

   L'argument est alléchant : nous présenter la manière dont un gain miraculeux au jeu de hasard transforme la vie de Français "ordinaires" (voire très ordinaires...).

   C'est la même famille dont les tribulations encadrent le film. On la découvre au début et on la retrouve à la fin. Ce n'est clairement pas la meilleure mise en bouche possible. Audrey Lamy et Fabrice Eboué ont beau faire ce qu'ils peuvent, c'est d'une incroyable beauferie, surjoué, surligné (et, bien sûr, totalement invraisemblable). Je crois avoir rarement vu accumulés autant de clichés sur une famille de classe moyenne en aussi peu de temps.

   Pour moi, la comédie commence vraiment avec la deuxième historiette, celle mettant en scène une charmante trentenaire romantique qui, le même jour, gagne un paquet de thunes et rencontre l'homme parfait. Sa colocataire et meilleure amie essaie de la faire redescendre sur terre... mais est-elle aussi désintéressée qu'elle le prétend ? Jusqu'à quel point les apparences sont-elles trompeuses ? Cet épisode mérite le détour pour l'interprétation pétulante de Pauline Clément et celle, ambiguë, de Victor Meutelet.

   La troisième histoire est celle d'un trio de djihadistes... qui va gagner à la loterie ! C'est assez gonflé et, cette fois-ci, je trouve que le jeu sur les idées reçues est maîtrisé. L'intrigue est moins linéaire qu'il n'y paraît, les acteurs sont convaincants... La conclusion surprenante... et cocasse.

   Le quatrième épisode est peut-être le plus complexe... et le plus moralisateur. La complexité réside dans la manière de montrer l'évolution des personnages, de leur attitude face à l'argent. En aussi peu de temps (15-20 minutes), c'est un petit tour de force. C'est aussi je pense dû à la qualité de l'interprétation. Anouk Grinberg côtoie (entre autres) Louise Coldefy et Sam Karmann. (A noter que deux des comédiennes présentes ici -Pauline Clément et Louise Coldefy - s'étant déjà illustrées dans Menteur.)

   Le problème avec la quatrième histoire (tout comme avec la conclusion des aventures de la première famille) est qu'elle débouche sur une fin trop moralisatrice à mon goût. Cette comédie d'apparence transgressive se révèle au fond assez conformiste... mais on passe un bon moment.

14:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Heureux gagnants

   Cette comédie à sketchs française puise à différentes sources : la tradition italienne bien sûr (que je n'ai pas vue à l’œuvre depuis un moment déjà, depuis, je crois, Leçons d'amour à l'italienne), la satire espagnole (façon Les Nouveaux Sauvages) et l'humour "urbain" hexagonal, comme on peut le retrouver, par exemple, dans Tout Simplement Noir.

   L'argument est alléchant : nous présenter la manière dont un gain miraculeux au jeu de hasard transforme la vie de Français "ordinaires" (voire très ordinaires...).

   C'est la même famille dont les tribulations encadrent le film. On la découvre au début et on la retrouve à la fin. Ce n'est clairement pas la meilleure mise en bouche possible. Audrey Lamy et Fabrice Eboué ont beau faire ce qu'ils peuvent, c'est d'une incroyable beauferie, surjoué, surligné (et, bien sûr, totalement invraisemblable). Je crois avoir rarement vu accumulés autant de clichés sur une famille de classe moyenne en aussi peu de temps.

   Pour moi, la comédie commence vraiment avec la deuxième historiette, celle mettant en scène une charmante trentenaire romantique qui, le même jour, gagne un paquet de thunes et rencontre l'homme parfait. Sa colocataire et meilleure amie essaie de la faire redescendre sur terre... mais est-elle aussi désintéressée qu'elle le prétend ? Jusqu'à quel point les apparences sont-elles trompeuses ? Cet épisode mérite le détour pour l'interprétation pétulante de Pauline Clément et celle, ambiguë, de Victor Meutelet.

   La troisième histoire est celle d'un trio de djihadistes... qui va gagner à la loterie ! C'est assez gonflé et, cette fois-ci, je trouve que le jeu sur les idées reçues est maîtrisé. L'intrigue est moins linéaire qu'il n'y paraît, les acteurs sont convaincants... La conclusion surprenante... et cocasse.

   Le quatrième épisode est peut-être le plus complexe... et le plus moralisateur. La complexité réside dans la manière de montrer l'évolution des personnages, de leur attitude face à l'argent. En aussi peu de temps (15-20 minutes), c'est un petit tour de force. C'est aussi je pense dû à la qualité de l'interprétation. Anouk Grinberg côtoie (entre autres) Louise Coldefy et Sam Karmann. (A noter que deux des comédiennes présentes ici -Pauline Clément et Louise Coldefy - s'étant déjà illustrées dans Menteur.)

   Le problème avec la quatrième histoire (tout comme avec la conclusion des aventures de la première famille) est qu'elle débouche sur une fin trop moralisatrice à mon goût. Cette comédie d'apparence transgressive se révèle au fond assez conformiste... mais on passe un bon moment.

14:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 15 mars 2024

Chroniques de Téhéran

   Cet étrange objet cinématographique nous vient d'Iran. Il a été coréalisé par Ali Asgari, découvert il y a un peu plus d'un an avec Juste une nuit.

   A une introduction succèdent neuf entretiens, neuf portraits de l'Iran d'aujourd'hui et des difficultés que rencontrent certains habitants face à l'absurdité du régime des mollahs. Le dispositif est toujours le même : en plan fixe est filmé un(e) Iranien(ne) ordinaire, face à un(e) représentant(e) du régime (ou quelqu'un qui le sert de manière zélée), dont on ne perçoit que la voix et, parfois, une main, un avant-bras.

   David conte l'histoire d'un homme qui veut faire enregistrer la naissance de son fils, doté d'un prénom qui ne convient pas à la bien-pensance locale. A la manière d'un petit Socrate moyen-oriental, le père tente de déjouer les arguments du fonctionnaire islamiste...

   Selena met en scène une gamine fan de musique pop et de danse, que sa mère a emmenée dans une boutique de prêt-à-porter pour qu'elle y choisisse une tenue "islamiquement correcte". On ne voit aucune des deux adultes, juste la gamine censée se déhancher devant un miroir... avant d'y réapparaître de plus en plus habillée, de la tête aux pieds. En fond sonore, on peut savourer l'hypocrisie de la vendeuse qui insiste sur la nécessité de se plier aux injonctions religieuses, tout en essayant d'en tirer le meilleur parti commercial...

   Aram voit une lycéenne se faire convoquer dans le bureau de la directrice, en raison de son comportement supposé immoral. Au cours de la discussion, le rapport de force entre les deux femmes va évoluer...

   Les plans sont savamment construits. Il faut faire attention à ce qu'il se passe hors-champ, mais aussi à l'arrière-plan, ainsi qu'aux rares interactions entre les deux protagonistes de l'historiette (comme un échange d'objet). Les dialogues sont remarquablement écrits.

   La suite nous présente une chauffeuse de taxi un poil gothique tentant d'échapper à une condamnation, une autre jeune femme, plus strictement voilée, victime de harcèlement sexuel, un chômeur subissant un entretien d'embauche marqué par la plus stupide des bigoteries, un homosexuel (non déclaré) faisant tout pour obtenir le permis de conduire, un cinéaste confronté à la censure (dont le scénario "autorisé" rétrécit comme peau de chagrin) et une dame âgée à la recherche de son chihuahua. A chaque fois, l'autorité morale (invisible, mais que l'on entend) est confrontée à la pertinence des arguments des citoyens ordinaires... mais, aussi rusés soient-ils, ce sont rarement eux qui gagnent.

   La séquence finale est muette... et symbolique. On sent que les auteurs souhaitent un effondrement de la théocratie chiite, sans pouvoir le dire ouvertement. En 1h15, ils font la démonstration de leur maîtrise de l'art de la suggestion.

   C'est d'une grande habileté, très bien joué... et fort sur le plan politique. Je crois que ce sera l'un de mes films de l'année 2024.

Chroniques de Téhéran

   Cet étrange objet cinématographique nous vient d'Iran. Il a été coréalisé par Ali Asgari, découvert il y a un peu plus d'un an avec Juste une nuit.

   A une introduction succèdent neuf entretiens, neuf portraits de l'Iran d'aujourd'hui et des difficultés que rencontrent certains habitants face à l'absurdité du régime des mollahs. Le dispositif est toujours le même : en plan fixe est filmé un(e) Iranien(ne) ordinaire, face à un(e) représentant(e) du régime (ou quelqu'un qui le sert de manière zélée), dont on ne perçoit que la voix et, parfois, une main, un avant-bras.

   David conte l'histoire d'un homme qui veut faire enregistrer la naissance de son fils, doté d'un prénom qui ne convient pas à la bien-pensance locale. A la manière d'un petit Socrate moyen-oriental, le père tente de déjouer les arguments du fonctionnaire islamiste...

   Selena met en scène une gamine fan de musique pop et de danse, que sa mère a emmenée dans une boutique de prêt-à-porter pour qu'elle y choisisse une tenue "islamiquement correcte". On ne voit aucune des deux adultes, juste la gamine censée se déhancher devant un miroir... avant d'y réapparaître de plus en plus habillée, de la tête aux pieds. En fond sonore, on peut savourer l'hypocrisie de la vendeuse qui insiste sur la nécessité de se plier aux injonctions religieuses, tout en essayant d'en tirer le meilleur parti commercial...

   Aram voit une lycéenne se faire convoquer dans le bureau de la directrice, en raison de son comportement supposé immoral. Au cours de la discussion, le rapport de force entre les deux femmes va évoluer...

   Les plans sont savamment construits. Il faut faire attention à ce qu'il se passe hors-champ, mais aussi à l'arrière-plan, ainsi qu'aux rares interactions entre les deux protagonistes de l'historiette (comme un échange d'objet). Les dialogues sont remarquablement écrits.

   La suite nous présente une chauffeuse de taxi un poil gothique tentant d'échapper à une condamnation, une autre jeune femme, plus strictement voilée, victime de harcèlement sexuel, un chômeur subissant un entretien d'embauche marqué par la plus stupide des bigoteries, un homosexuel (non déclaré) faisant tout pour obtenir le permis de conduire, un cinéaste confronté à la censure (dont le scénario "autorisé" rétrécit comme peau de chagrin) et une dame âgée à la recherche de son chihuahua. A chaque fois, l'autorité morale (invisible, mais que l'on entend) est confrontée à la pertinence des arguments des citoyens ordinaires... mais, aussi rusés soient-ils, ce sont rarement eux qui gagnent.

   La séquence finale est muette... et symbolique. On sent que les auteurs souhaitent un effondrement de la théocratie chiite, sans pouvoir le dire ouvertement. En 1h15, ils font la démonstration de leur maîtrise de l'art de la suggestion.

   C'est d'une grande habileté, très bien joué... et fort sur le plan politique. Je crois que ce sera l'un de mes films de l'année 2024.

jeudi, 14 mars 2024

Madame de Sévigné

   Je me suis laissé tenter par cette production "qualité française", du cinéma classique mettant en valeur un pan de notre patrimoine culturel. J'ai été attiré par la distribution et le sujet, la célèbre (?) marquise étant une fine plume, pour ce que j'ai pu en lire.

   La réalisatrice Isabelle Brocard a choisi de mettre l'accent sur la relation mère-fille et l'idée d'indépendance. La vraie bonne surprise de ce film est l'interprétation d'Ana Girardot, que j'ai trouvée à la fois belle et touchante, crédible à trois âges/états différents : encore innocente à peine sortie de l'adolescence, prenant un peu d'assurance en jeune maman, adulte plus froide investie dans le rôle d'épouse... un quatrième état se révélant, à la fin.

   La principale réussite du film est la mise en scène de la réflexion sur l'indépendance des femmes. Karine Viard incarne celle qui fut veuve très jeune (à 25 ans) et évita soigneusement de se remarier, gérant prudemment la fortune familiale. Elle voudrait voir sa fille (qu'elle a mariée à un veuf beaucoup plus âgé qu'elle) suivre ses traces, mais celle-ci finit par considérer son mariage comme une manière de devenir indépendante de sa propre mère. Le problème est qu'en coupant le cordon ombilical, elle se place sous la coupe d'un époux pas particulièrement bienveillant.

   C'est l'occasion de signaler que les seconds rôles masculins sont bien campés, notamment par Cédric Kahn et Laurent Grévill.

   C'est la mise en images (et sons) de l'aspect littéraire de cette histoire qui pose problème. On entend lire certaines des lettres de la marquise... pas les plus brillantes à mon avis. Karine Viard ne paraît pas crédible en femmes de lettres, pas plus que Noémie Lvovsky en Madame de La Fayette (auteure - rappelez-vous - du roman préféré de Nicolas Sarkozy). Les scènes de salon sont ratées... et c'est vraiment dommage parce que, dans les dialogues, on sent parfois un effort d'écriture. Mais tout cela tombe à plat. (Je pense qu'une comédienne comme Sandrine Kiberlain aurait été plus emballante dans le rôle de la marquise.)

   Cci dit, de temps en temps, une scène sort du lot, comme celle qui voit la fille de Madame de Sévigné tenter de rentrer dans les bonnes grâces de Louis XIV. Celui-ci a autrefois manifesté du désir à son égard. La belle et jeune épouse du comte de Grignan espère que cette ferveur passée pourra servir les intérêts de son mari. (A cette occasion, on comprend que l'ex-jouvencelle a bien progressé dans l'art de l'intrigue.) De passage, le roi se montre davantage intéressé par les talents littéraires de la mère, provoquant du dépit chez la fille.

   Cela ne suffit toutefois pas à sauver complètement le film, un peu décevant.

   P.S.

   A lire, dans la collection (de poche) "Folio 3 euros" :

cinéma,cinema,film,films,femme,femmes,filles,littérature

Madame de Sévigné

   Je me suis laissé tenter par cette production "qualité française", du cinéma classique mettant en valeur un pan de notre patrimoine culturel. J'ai été attiré par la distribution et le sujet, la célèbre (?) marquise étant une fine plume, pour ce que j'ai pu en lire.

   La réalisatrice Isabelle Brocard a choisi de mettre l'accent sur la relation mère-fille et l'idée d'indépendance. La vraie bonne surprise de ce film est l'interprétation d'Ana Girardot, que j'ai trouvée à la fois belle et touchante, crédible à trois âges/états différents : encore innocente à peine sortie de l'adolescence, prenant un peu d'assurance en jeune maman, adulte plus froide investie dans le rôle d'épouse... un quatrième état se révélant, à la fin.

   La principale réussite du film est la mise en scène de la réflexion sur l'indépendance des femmes. Karine Viard incarne celle qui fut veuve très jeune (à 25 ans) et évita soigneusement de se remarier, gérant prudemment la fortune familiale. Elle voudrait voir sa fille (qu'elle a mariée à un veuf beaucoup plus âgé qu'elle) suivre ses traces, mais celle-ci finit par considérer son mariage comme une manière de devenir indépendante de sa propre mère. Le problème est qu'en coupant le cordon ombilical, elle se place sous la coupe d'un époux pas particulièrement bienveillant.

   C'est l'occasion de signaler que les seconds rôles masculins sont bien campés, notamment par Cédric Kahn et Laurent Grévill.

   C'est la mise en images (et sons) de l'aspect littéraire de cette histoire qui pose problème. On entend lire certaines des lettres de la marquise... pas les plus brillantes à mon avis. Karine Viard ne paraît pas crédible en femmes de lettres, pas plus que Noémie Lvovsky en Madame de La Fayette (auteure - rappelez-vous - du roman préféré de Nicolas Sarkozy). Les scènes de salon sont ratées... et c'est vraiment dommage parce que, dans les dialogues, on sent parfois un effort d'écriture. Mais tout cela tombe à plat. (Je pense qu'une comédienne comme Sandrine Kiberlain aurait été plus emballante dans le rôle de la marquise.)

   Cci dit, de temps en temps, une scène sort du lot, comme celle qui voit la fille de Madame de Sévigné tenter de rentrer dans les bonnes grâces de Louis XIV. Celui-ci a autrefois manifesté du désir à son égard. La belle et jeune épouse du comte de Grignan espère que cette ferveur passée pourra servir les intérêts de son mari. (A cette occasion, on comprend que l'ex-jouvencelle a bien progressé dans l'art de l'intrigue.) De passage, le roi se montre davantage intéressé par les talents littéraires de la mère, provoquant du dépit chez la fille.

   Cela ne suffit toutefois pas à sauver complètement le film, un peu décevant.

   P.S.

   A lire, dans la collection (de poche) "Folio 3 euros" :

cinéma,cinema,film,films,femme,femmes,filles,littérature

mercredi, 13 mars 2024

Dans la peau de Blanche Houellebecq

   Le titre du nouveau film de Guillaume Nicloux (Le Poulpe, La Clef, La Religieuse...) rappellera aux vieux cinéphiles une œuvre de Spike Jones (Dans la peau de John Malkovich). Aux multiples versions de l'acteur américain correspond ici une brochette de (supposés) sosies (guadeloupéens...) de Michel Houellebecq. On les découvre lors d'une soirée de gala délicieusement ringarde... (Vas-y Francky, c'est bon !)

   C'est à l'image de ce long-métrage, un peu foutraque, faussement improvisé, où perce un esprit frondeur, sarcastique, émancipé des lubies du moment.

   On attend évidemment beaucoup (peut-être trop) de la rencontre entre l'écrivain malséant et l'humoriste sans filtre (de cigarette ?). On commence par retrouver l'ectoplasme Houellebecq (en moins bonne forme que dans Thalasso), dans une séquence à savourer au second degré. L'écrivain-acteur se retrouve confronté successivement à Gaspar Noé (dont je me demande s'il se rend compte de ce qu'on lui fait jouer) et Jean-Pascal Zadi. Celui-ci fait l'objet d'une série de répliques évoquant l'éléphant dans la pièce, surtout quand on comprend que personne n'osera dire que l'écart de taille n'est pas la seule (énorme) différence entre le jeune homme et sa tante... Je pense que Nicloux profite de cette séquence initiale pour régler quelques comptes avec le petit monde du cinéma français.

   Une fois qu'on a compris que la plupart des scènes sont à double détente, on peut savourer. C'est en Guadeloupe que Houellebecq rencontre Gardin (qui doit présider le jury des sosies). Là, ça commence à partir en vrille, en partie à cause de l'homme à tout faire de Houellebecq, un colosse obèse parlant hébreu... et naviguant en eaux troubles. Les relations entre celui-ci, l'assistant (homosexuel) de Gardin et le chauffeur de limousine (descendant d'esclaves) vaut son pesant de cocktails au rhum.

   Au fil des rencontres, divers sujets sensibles sont abordés (par la bande) : l'islamophobie, la vie de couple, la colonisation, l'esclavage, l'homophobie... jusqu'au moment où l'on comprend que sont mises en scène certaines des contradictions des militants de l'intersectionnalité. J'ai trouvé le réalisateur très habile, sachant diriger ses comédiens de manière à ce que chacun puisse comprendre ce qui l'arrange. Clairement, les Guadeloupéens engagés qui s'expriment pensent servir la défense de leurs idées (parfois radicales), alors que le cadrage et le montage incitent les spectateurs à prendre du recul (parfois ironique) par rapport à ce qui est dit.

   C'est donc un film malpensant, politiquement incorrect, auquel certains critiques progressistes se sont laissé prendre... mais, attention : il ne s'agit pas d'une comédie flamboyante, dans laquelle les personnages incarnés par Houellebecq et Gardin rivalisent de saillies. Il y en bien quelques unes, dans ce film plus écrit qu'il n'en a l'air, mais l'essentiel n'est pas là.

21:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Dans la peau de Blanche Houellebecq

   Le titre du nouveau film de Guillaume Nicloux (Le Poulpe, La Clef, La Religieuse...) rappellera aux vieux cinéphiles une œuvre de Spike Jones (Dans la peau de John Malkovich). Aux multiples versions de l'acteur américain correspond ici une brochette de (supposés) sosies (guadeloupéens...) de Michel Houellebecq. On les découvre lors d'une soirée de gala délicieusement ringarde... (Vas-y Francky, c'est bon !)

   C'est à l'image de ce long-métrage, un peu foutraque, faussement improvisé, où perce un esprit frondeur, sarcastique, émancipé des lubies du moment.

   On attend évidemment beaucoup (peut-être trop) de la rencontre entre l'écrivain malséant et l'humoriste sans filtre (de cigarette ?). On commence par retrouver l'ectoplasme Houellebecq (en moins bonne forme que dans Thalasso), dans une séquence à savourer au second degré. L'écrivain-acteur se retrouve confronté successivement à Gaspar Noé (dont je me demande s'il se rend compte de ce qu'on lui fait jouer) et Jean-Pascal Zadi. Celui-ci fait l'objet d'une série de répliques évoquant l'éléphant dans la pièce, surtout quand on comprend que personne n'osera dire que l'écart de taille n'est pas la seule (énorme) différence entre le jeune homme et sa tante... Je pense que Nicloux profite de cette séquence initiale pour régler quelques comptes avec le petit monde du cinéma français.

   Une fois qu'on a compris que la plupart des scènes sont à double détente, on peut savourer. C'est en Guadeloupe que Houellebecq rencontre Gardin (qui doit présider le jury des sosies). Là, ça commence à partir en vrille, en partie à cause de l'homme à tout faire de Houellebecq, un colosse obèse parlant hébreu... et naviguant en eaux troubles. Les relations entre celui-ci, l'assistant (homosexuel) de Gardin et le chauffeur de limousine (descendant d'esclaves) vaut son pesant de cocktails au rhum.

   Au fil des rencontres, divers sujets sensibles sont abordés (par la bande) : l'islamophobie, la vie de couple, la colonisation, l'esclavage, l'homophobie... jusqu'au moment où l'on comprend que sont mises en scène certaines des contradictions des militants de l'intersectionnalité. J'ai trouvé le réalisateur très habile, sachant diriger ses comédiens de manière à ce que chacun puisse comprendre ce qui l'arrange. Clairement, les Guadeloupéens engagés qui s'expriment pensent servir la défense de leurs idées (parfois radicales), alors que le cadrage et le montage incitent les spectateurs à prendre du recul (parfois ironique) par rapport à ce qui est dit.

   C'est donc un film malpensant, politiquement incorrect, auquel certains critiques progressistes se sont laissé prendre... mais, attention : il ne s'agit pas d'une comédie flamboyante, dans laquelle les personnages incarnés par Houellebecq et Gardin rivalisent de saillies. Il y en bien quelques unes, dans ce film plus écrit qu'il n'en a l'air, mais l'essentiel n'est pas là.

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