lundi, 31 mars 2025
Le Garçon
Les gens ordinaires ont une histoire, et celle-ci mérite d'être contée, autant que celle des vedettes et des puissants. Partant de ce principe, Zabou Breitman et Florent Vassault ont conçu ce documentaire à quatre mains. Un lot de vieilles photographies (datant du lendemain de la Seconde Guerre mondiale aux années 1990), trouvé dans une brocante, leur a servi de point de départ. Toutes concernent la même famille (inconnue), dont se détache un garçon, devenu adolescent puis adulte. Zabou décide de le baptiser Jean, ce prénom ayant été trouvé au dos de l'une des photographies.
Les réalisateurs se lancent alors dans une double démarche. Alors que Vassault part à la recherche des membres de la famille et des lieux pris en photographie, Zabou conçoit des scènes de fiction pour tenter de ressusciter les moments capturés par les appareils photographiques.
Il faut signaler que, bien que ceux-ci aient été argentiques (dotés d'une pellicule ou fonctionnant en instantané), ce sont des appareils numériques que, dans les scènes de fiction, on voit les personnages manipuler. Cet anachronisme est volontaire. Il permet, dans certains plans, de superposer la scène jouée, prise en photographie, à l'authentique image, qui s'affiche comme par miracle sur l'écran de contrôle de l'appareil. Cette inhabituelle mise en abyme produit des effets surprenants.
J'ajoute que ces scènes de fiction sont bien jouées, notamment par Isabelle Nanty et François Berléand, qui incarnent les parents de "Jean".
Ces scènes alternent avec les étapes de l'enquête menée par Vassault. Au départ, il fait chou blanc. Que ce soit dans la commune de résidence comme sur les lieux de vacances, plus aucun rescapé de l'époque ne peut témoigner de la présence de la fameuse famille.
Le déclic finit par se produire. Les premières informations concrètes vont être données par un frère de "Jean", puis un de ses anciens collègues et amis. Petit à petit, la pelote va se dévider...
... et l'on s'aperçoit que ce que Zabou avait imaginé, à propos des scènes prises en photo, était parfois bien trouvé, parfois à côté de la plaque. Certaines découvertes ne manquent pas de saveur, notamment concernant l'identité réelle de certaines personnes présentes sur les photographies.
La seconde partie du film est presque uniquement consacrée aux progrès de l'enquête (en réalité menée à deux, même si, au départ, Vassault a caché certains de ses résultats à Zabou, pour ne pas influencer son tournage). On finit par comprendre comment le lot de photographies a été abandonné... et quel secret concernant la vie de "Jean" a été dissimulé.
J'ai trouvé ce film formidable, à la fois documentaire-polar et portrait sociologique de la (vraie) "France d'en-bas". Il ne dure qu'1h30. Ne le ratez pas, s'il passe près de chez vous.
P.S.
Pour être totalement honnête, je dois toutefois révéler que le procédé prétendûment utilisé pour tourner ce film a été un peu biaisé. En effet, pendant la majeure partie du tournage, Zabou était censée ignorer ce que son comparse avait filmé. Or, une oreille attentive remarquera sans peine que les dialogues des scènes de fiction sont issus des entretiens (réels) tournés par Vassault (que l'on entend plus tard dans le film). Cela ne m'a pas choqué. Cela donne une autre profondeur à cette histoire, le réel et la fiction se répondant mutuellement. D'autre part, certaines répliques prennent un sens différent selon qu'elles sont dites par un personnage de fiction ou un autre, dans la vraie vie (qui est rarement la version réelle du personnage de fiction).
Le Garçon
Les gens ordinaires ont une histoire, et celle-ci mérite d'être contée, autant que celle des vedettes et des puissants. Partant de ce principe, Zabou Breitman et Florent Vassault ont conçu ce documentaire à quatre mains. Un lot de vieilles photographies (datant du lendemain de la Seconde Guerre mondiale aux années 1990), trouvé dans une brocante, leur a servi de point de départ. Toutes concernent la même famille (inconnue), dont se détache un garçon, devenu adolescent puis adulte. Zabou décide de le baptiser Jean, ce prénom ayant été trouvé au dos de l'une des photographies.
Les réalisateurs se lancent alors dans une double démarche. Alors que Vassault part à la recherche des membres de la famille et des lieux pris en photographie, Zabou conçoit des scènes de fiction pour tenter de ressusciter les moments capturés par les appareils photographiques.
Il faut signaler que, bien que ceux-ci aient été argentiques (dotés d'une pellicule ou fonctionnant en instantané), ce sont des appareils numériques que, dans les scènes de fiction, on voit les personnages manipuler. Cet anachronisme est volontaire. Il permet, dans certains plans, de superposer la scène jouée, prise en photographie, à l'authentique image, qui s'affiche comme par miracle sur l'écran de contrôle de l'appareil. Cette inhabituelle mise en abyme produit des effets surprenants.
J'ajoute que ces scènes de fiction sont bien jouées, notamment par Isabelle Nanty et François Berléand, qui incarnent les parents de "Jean".
Ces scènes alternent avec les étapes de l'enquête menée par Vassault. Au départ, il fait chou blanc. Que ce soit dans la commune de résidence comme sur les lieux de vacances, plus aucun rescapé de l'époque ne peut témoigner de la présence de la fameuse famille.
Le déclic finit par se produire. Les premières informations concrètes vont être données par un frère de "Jean", puis un de ses anciens collègues et amis. Petit à petit, la pelote va se dévider...
... et l'on s'aperçoit que ce que Zabou avait imaginé, à propos des scènes prises en photo, était parfois bien trouvé, parfois à côté de la plaque. Certaines découvertes ne manquent pas de saveur, notamment concernant l'identité réelle de certaines personnes présentes sur les photographies.
La seconde partie du film est presque uniquement consacrée aux progrès de l'enquête (en réalité menée à deux, même si, au départ, Vassault a caché certains de ses résultats à Zabou, pour ne pas influencer son tournage). On finit par comprendre comment le lot de photographies a été abandonné... et quel secret concernant la vie de "Jean" a été dissimulé.
J'ai trouvé ce film formidable, à la fois documentaire-polar et portrait sociologique de la (vraie) "France d'en-bas". Il ne dure qu'1h30. Ne le ratez pas, s'il passe près de chez vous.
P.S.
Pour être totalement honnête, je dois toutefois révéler que le procédé prétendûment utilisé pour tourner ce film a été un peu biaisé. En effet, pendant la majeure partie du tournage, Zabou était censée ignorer ce que son comparse avait filmé. Or, une oreille attentive remarquera sans peine que les dialogues des scènes de fiction sont issus des entretiens (réels) tournés par Vassault (que l'on entend plus tard dans le film). Cela ne m'a pas choqué. Cela donne une autre profondeur à cette histoire, le réel et la fiction se répondant mutuellement. D'autre part, certaines répliques prennent un sens différent selon qu'elles sont dites par un personnage de fiction ou un autre, dans la vraie vie (qui est rarement la version réelle du personnage de fiction).
Berlin, été 42
Hilde est une jeune femme ordinaire, la trentaine, au tempérament effacé. D'abord assistante chez un dentiste, elle trouve un nouvel emploi dans une compagnie d'assurances, qui dépend du gouvernement... nazi. Nous sommes en Allemagne, en 1942-1943. Hilde, dont le petit ami (juif) est parti "vers l'Est", tombe amoureuse d'un grand escogriffe, qui appartient à un groupe d'opposants au nazisme. Cet été est à la fois celui d'un épanouissement personnel et celui d'une prise de conscience politique.
Le montage alterne deux types de scènes : celles de l'amitié et de l'amour (durant l'été) et celles de la répression et de l'incarcération, de l'automne 1942 à l'été 1943. C'est un peu perturbant parce que, si la trame de la répression suit un ordre strictement chronologique, tel n'est pas le cas pour la "trame de l'amour", qui alterne différents moments, dans un ordre qui m'a semblé aléatoire : le pique-nique au bord du lac, le premier baiser, le premier travail en commun contre le régime, la première relation sexuelle, la rencontre, la première danse...
En revanche, j'ai trouvé intéressante la mise en parallèle de l'éveil sensuel d'une jeune femme et de son progressif engagement politique. Elle découvre l'amour véritable, le plaisir sexuel, la grossesse, en même temps qu'elle s'initie au marxisme (le groupe est composé d'opposants communistes), aux messages en morse et au collage d'affichettes antinazies.
Aux images lumineuses des sorties d'été et de l'amour naissant s'opposent les plans, plus sombres, des scènes d'interrogatoire, d'incarcération, de procès... Enceinte, Hilde est dirigée vers une prison spéciale, où elle va réussir à survivre et à garder son bébé en vie. De temps en temps, elle bénéficie d'un peu d'entraide, y compris d'une gardienne nazie, qui idolâtre le Führer mais peut faire preuve d'humanité.
Le propos est donc relativement nuancé, bien que très dur au fond sur les traitements infligés aux antinazis. Concernant Hilde, on ne nous épargne presque aucun fluide corporel, de la perte des eaux aux excréments du bébé, en passant par le vomi, l'urine, les larmes... Ne manquent à l'appel que les sécrétions génitales, mais l'on n'en est pas loin.
Le réalisateur Andreas Dresen se montre fasciné par les corps, ceux, très bien formés, des jeunes amants et, plus tard, ceux des victimes des nazis, perclus de souffrances.
Le portrait qui nous est brossé de ces opposants sans histoire est assez éclectique, allant de la fille de paysans au mannequin, en passant par le serveur et les soldats mobilisés. (On pense parfois à un autre groupe de jeunes antinazis, ceux -catholiques- de la Rose blanche, évoqués dans le film Sophie Scholl.)
L'histoire est très forte, prenante... et vraie, comme nous le rappelle, en toute fin, une voix âgée, celle d'une personne qui a survécu à cette période infernale et en cultive un souvenir ému.
Cette petite perle a été scandaleusement minimisée par la critique française. Si cela passe près de chez vous, courez-y !
16:17 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Berlin, été 42
Hilde est une jeune femme ordinaire, la trentaine, au tempérament effacé. D'abord assistante chez un dentiste, elle trouve un nouvel emploi dans une compagnie d'assurances, qui dépend du gouvernement... nazi. Nous sommes en Allemagne, en 1942-1943. Hilde, dont le petit ami (juif) est parti "vers l'Est", tombe amoureuse d'un grand escogriffe, qui appartient à un groupe d'opposants au nazisme. Cet été est à la fois celui d'un épanouissement personnel et celui d'une prise de conscience politique.
Le montage alterne deux types de scènes : celles de l'amitié et de l'amour (durant l'été) et celles de la répression et de l'incarcération, de l'automne 1942 à l'été 1943. C'est un peu perturbant parce que, si la trame de la répression suit un ordre strictement chronologique, tel n'est pas le cas pour la "trame de l'amour", qui alterne différents moments, dans un ordre qui m'a semblé aléatoire : le pique-nique au bord du lac, le premier baiser, le premier travail en commun contre le régime, la première relation sexuelle, la rencontre, la première danse...
En revanche, j'ai trouvé intéressante la mise en parallèle de l'éveil sensuel d'une jeune femme et de son progressif engagement politique. Elle découvre l'amour véritable, le plaisir sexuel, la grossesse, en même temps qu'elle s'initie au marxisme (le groupe est composé d'opposants communistes), aux messages en morse et au collage d'affichettes antinazies.
Aux images lumineuses des sorties d'été et de l'amour naissant s'opposent les plans, plus sombres, des scènes d'interrogatoire, d'incarcération, de procès... Enceinte, Hilde est dirigée vers une prison spéciale, où elle va réussir à survivre et à garder son bébé en vie. De temps en temps, elle bénéficie d'un peu d'entraide, y compris d'une gardienne nazie, qui idolâtre le Führer mais peut faire preuve d'humanité.
Le propos est donc relativement nuancé, bien que très dur au fond sur les traitements infligés aux antinazis. Concernant Hilde, on ne nous épargne presque aucun fluide corporel, de la perte des eaux aux excréments du bébé, en passant par le vomi, l'urine, les larmes... Ne manquent à l'appel que les sécrétions génitales, mais l'on n'en est pas loin.
Le réalisateur Andreas Dresen se montre fasciné par les corps, ceux, très bien formés, des jeunes amants et, plus tard, ceux des victimes des nazis, perclus de souffrances.
Le portrait qui nous est brossé de ces opposants sans histoire est assez éclectique, allant de la fille de paysans au mannequin, en passant par le serveur et les soldats mobilisés. (On pense parfois à un autre groupe de jeunes antinazis, ceux -catholiques- de la Rose blanche, évoqués dans le film Sophie Scholl.)
L'histoire est très forte, prenante... et vraie, comme nous le rappelle, en toute fin, une voix âgée, celle d'une personne qui a survécu à cette période infernale et en cultive un souvenir ému.
Cette petite perle a été scandaleusement minimisée par la critique française. Si cela passe près de chez vous, courez-y !
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samedi, 29 mars 2025
La Cache
Adaptant le livre éponyme de Christophe Boltanski (prix Femina 2015), Lionel Baier dresse le portrait d'une famille hors norme, en mai 1968. Quatre générations vivent sous le même toit, celui d'un immeuble parisien bourgeois (avec porte cochère, s'il-vous-plaît), situé rue de Grenelle.
Au dernier étage est installée l'arrière-grand-mère, qui cohabite avec son fils, l'épouse de celui-ci, deux de leurs trois fils... et, occasionnellement, l'arrière-petit-fils (futur auteur du bouquin), quand ses parents (qui ont commis le sacrilège de partir s'établir ailleurs) le confient à la tribu.
Celle-ci est un peu foutraque, entre la matriarche qui écoute du Prokoviev à fond la caisse, sa belle-fille qu'il vaut mieux ne pas contrarier quand elle est au volant et ses petits-fils tous plus ou moins révolutionnaires... eh, oui : on est vachement de gauche, dans cette famille.
La première partie de l'histoire met en valeur celle qui refuse d'être qualifiée de "mamie", la peu conventionnelle épouse du fils médecin, issue d'une famille monarchiste et catholique, mais ardemment féministe et engagée socialement. Ce personnage est l'occasion d'admirer le talent d'une comédienne franco-suisse peu présente sur nos écrans : Dominique Reymond.
Cette première partie m'a toutefois un peu laissé sur ma fin. J'ai en général aimé les scènes qui voient intervenir cette comédienne, mais je trouve que, globalement, ce n'est pas très bien joué (ou plutôt que les acteurs n'ont pas été très bien dirigés). Je crois que, pour illustrer le caractère particulier de cette famille, le réalisateur a voulu filmer de manière foutraque des personnages se comportant parfois de manière bizarre... et incarnés de manière un peu approximative. Sur le plan visuel, cela se veut inventif... Cela passe, ou pas.
La seconde partie nous plonge davantage dans l'émotion. C'est à ce moment-là que le titre prend sa pleine signification. Depuis le début du film, on constate que le gamin est persuadé qu'un chat habite l'immeuble, mais dans une partie non accessible aux humains. Ne se trouverait-il pas dans une cachette, utilisée jadis (25-26 ans auparavant ?) par l'un des membres de la famille ? L'intrigue rebondit quand nos héros reçoivent une visite totalement inattendue. C'est évidememnt invraisemblable, mais j'ai aimé l'intrusion de cette fantaisie cocasse, qui débouche sur quelques belles scènes.
L'histoire de la cachette est utilisée pour évoquer un pan de l'histoire de cette famille (majoritairement) juive ashkénaze, originaire de l'actuelle Ukraine. L'arrière-grand-mère a tenté de transmettre le yiddish à toutes les générations et, au détour d'une remarque acerbe, on constate l'existence de ce que certains hypocrites appellent "un antisémitisme résiduel".
J'ai trouvé la fin assez poignante, mais pas en raison de ce que raconte l'ultime séquence. Ce sont les dernières images de Michel Blanc, qui incarne le fils médecin. (Mais il paraît qu'on va bientôt le revoir, dans Le Routard, qui sort le 2 avril.) Le dernier échange qu'il a avec celle qui incarne son épouse résonne étrangement quand on connaît la suite et le fait de le voir, un peu plus tard, lentement s'éloigner de l'objectif, de dos, ressemble à un adieu.
20:12 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
La Cache
Adaptant le livre éponyme de Christophe Boltanski (prix Femina 2015), Lionel Baier dresse le portrait d'une famille hors norme, en mai 1968. Quatre générations vivent sous le même toit, celui d'un immeuble parisien bourgeois (avec porte cochère, s'il-vous-plaît), situé rue de Grenelle.
Au dernier étage est installée l'arrière-grand-mère, qui cohabite avec son fils, l'épouse de celui-ci, deux de leurs trois fils... et, occasionnellement, l'arrière-petit-fils (futur auteur du bouquin), quand ses parents (qui ont commis le sacrilège de partir s'établir ailleurs) le confient à la tribu.
Celle-ci est un peu foutraque, entre la matriarche qui écoute du Prokoviev à fond la caisse, sa belle-fille qu'il vaut mieux ne pas contrarier quand elle est au volant et ses petits-fils tous plus ou moins révolutionnaires... eh, oui : on est vachement de gauche, dans cette famille.
La première partie de l'histoire met en valeur celle qui refuse d'être qualifiée de "mamie", la peu conventionnelle épouse du fils médecin, issue d'une famille monarchiste et catholique, mais ardemment féministe et engagée socialement. Ce personnage est l'occasion d'admirer le talent d'une comédienne franco-suisse peu présente sur nos écrans : Dominique Reymond.
Cette première partie m'a toutefois un peu laissé sur ma fin. J'ai en général aimé les scènes qui voient intervenir cette comédienne, mais je trouve que, globalement, ce n'est pas très bien joué (ou plutôt que les acteurs n'ont pas été très bien dirigés). Je crois que, pour illustrer le caractère particulier de cette famille, le réalisateur a voulu filmer de manière foutraque des personnages se comportant parfois de manière bizarre... et incarnés de manière un peu approximative. Sur le plan visuel, cela se veut inventif... Cela passe, ou pas.
La seconde partie nous plonge davantage dans l'émotion. C'est à ce moment-là que le titre prend sa pleine signification. Depuis le début du film, on constate que le gamin est persuadé qu'un chat habite l'immeuble, mais dans une partie non accessible aux humains. Ne se trouverait-il pas dans une cachette, utilisée jadis (25-26 ans auparavant ?) par l'un des membres de la famille ? L'intrigue rebondit quand nos héros reçoivent une visite totalement inattendue. C'est évidememnt invraisemblable, mais j'ai aimé l'intrusion de cette fantaisie cocasse, qui débouche sur quelques belles scènes.
L'histoire de la cachette est utilisée pour évoquer un pan de l'histoire de cette famille (majoritairement) juive ashkénaze, originaire de l'actuelle Ukraine. L'arrière-grand-mère a tenté de transmettre le yiddish à toutes les générations et, au détour d'une remarque acerbe, on constate l'existence de ce que certains hypocrites appellent "un antisémitisme résiduel".
J'ai trouvé la fin assez poignante, mais pas en raison de ce que raconte l'ultime séquence. Ce sont les dernières images de Michel Blanc, qui incarne le fils médecin. (Mais il paraît qu'on va bientôt le revoir, dans Le Routard, qui sort le 2 avril.) Le dernier échange qu'il a avec celle qui incarne son épouse résonne étrangement quand on connaît la suite et le fait de le voir, un peu plus tard, lentement s'éloigner de l'objectif, de dos, ressemble à un adieu.
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De la Guerre Froide à la Guerre Verte
On doit ce documentaire à la cinéaste italo-paraguayenne Anna Recalde Miranda. Tourné au Paraguay et au Brésil, il tente de mettre en relation deux époques, celle des dictatures latino-américaines (alliées dans ce qu'on a appelé le Plan Condor) et celle des luttes à la fois populaires et écologistes des actuels paysans sans terre.
La réalisatrice s'appuie sur divers témoignages, notamment celui Martin Almada (décédé en 2024), un enseignant engagé qui fut arrêté et torturé sous la dictature d'Alfredo Stroessner. Il y a une trentaine d'années, il est parvenu à documenter les crimes du régime grâce à la découverte des "Archives de la terreur".
Le film a pour mission de démontrer que, malgré le passage à la démocratie (libérale), certaines pratiques demeurent et que, sur le fond, la lutte menée par certains intérêts économiques (paraguayens, mais aussi étrangers) contre les militants écologistes et les paysans du MST ressemble bigrement à ce qui s'est passé jadis durant la Guerre froide... même si le nombre de victimes est considérablement moins élevé.
La réalisatrice a rencontré divers militants et journalistes, au Paraguay et au Brésil. Au Paraguay, elle s'appuie beaucoup sur le témoignage d'un ancien ministre du président Fernando Lugo (l'un des deux seuls chefs d’État en place depuis 70 ans à ne pas être membre du Parti Colorado) et sur celui d'un journaliste anarchiste, décédé en 2018. Sans apporter la moindre preuve, la cinéaste sous-entend que le décès de celui-ci (auquel elle semblait très attachée) ne serait pas naturel...
La partie brésilienne est plus convaincante, plus charpentée. On rencontre des militants écologistes et des paysans indigènes victimes de grands propriétaires terriens et de leurs alliés politiques. Le Brésil étant organisé de manière fédérale, les États locaux disposent d'assez grands pouvoirs... et, quand la manière légale ne suffit pas, une série d'accidents de la route vient rappeler aux paysans pauvres qu'ils ne sont pas à l'abri d'une mésaventure.
Il reste que la tentative d'établir une filiation directe entre les mouvements et gouvernements de droite d'Amérique du Sud (qui ont certes provoqué la chute de Lugo au Paraguay et de Dilma Rousseff au Brésil) et les pratiques des régimes dictatoriaux des années 1960-1980 n'est que moyennement convaincante. Vu le que le documentaire a été en partie tourné pendant l'épidémie de Covid (donc entre 2020 et 2022), je m'attendais à ce que la présidence Bolsonaro (au Brésil) soit plus directement impliquée... ben non. Peut-être était-ce de la prudence de la part de la réalisatrice, dont le film a sans doute été achevé avant la victoire de Lula.
D'un point de vue technique, le film c'est ben conçu. Les images d'archives alternent avec des scènes d'entretien et d'autres plans, où la photographie est parfois vraiment belle, notamment quand la cinéaste s'attache aux animaux, comme ces chevaux qui se roulent dans l'eau d'un fleuve, en période de canicule, ou ce chat couché sur le bureau d'une militante, ronronnant sous ses caresses, ou encore ce rapace installé en zone urbaine.
Le film n'est donc pas sans talent et ne manque pas d'intérêt sur le plan historique. Mais, construit (selon moi) à partir d'a priori idéologiques, il a tendance à vouloir rassembler tout ce qui incarne le Mal dans un seul grand projet d'ensemble dont l'existence reste à prouver.
P.S.
Concernant le militant de gauche Martin Almada, un détail ne manque pas de piquant. Il a été décoré de la légion d'honneur sous la présidence d'Emmanuel Macron, que d'aucuns, en France, caricaturent soit en suppôt de l'ultralibéralisme, soit en marchepied du Rassemblement national. Quand on prend un peu de recul géopolitique et qu'on compare la situation française avec ce qu'il se passe, par exemple, sur le continent américain (aussi bien aux États-Unis qu'au Brésil ou en Argentine), cela prête à sourire.
10:38 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
De la Guerre Froide à la Guerre Verte
On doit ce documentaire à la cinéaste italo-paraguayenne Anna Recalde Miranda. Tourné au Paraguay et au Brésil, il tente de mettre en relation deux époques, celle des dictatures latino-américaines (alliées dans ce qu'on a appelé le Plan Condor) et celle des luttes à la fois populaires et écologistes des actuels paysans sans terre.
La réalisatrice s'appuie sur divers témoignages, notamment celui Martin Almada (décédé en 2024), un enseignant engagé qui fut arrêté et torturé sous la dictature d'Alfredo Stroessner. Il y a une trentaine d'années, il est parvenu à documenter les crimes du régime grâce à la découverte des "Archives de la terreur".
Le film a pour mission de démontrer que, malgré le passage à la démocratie (libérale), certaines pratiques demeurent et que, sur le fond, la lutte menée par certains intérêts économiques (paraguayens, mais aussi étrangers) contre les militants écologistes et les paysans du MST ressemble bigrement à ce qui s'est passé jadis durant la Guerre froide... même si le nombre de victimes est considérablement moins élevé.
La réalisatrice a rencontré divers militants et journalistes, au Paraguay et au Brésil. Au Paraguay, elle s'appuie beaucoup sur le témoignage d'un ancien ministre du président Fernando Lugo (l'un des deux seuls chefs d’État en place depuis 70 ans à ne pas être membre du Parti Colorado) et sur celui d'un journaliste anarchiste, décédé en 2018. Sans apporter la moindre preuve, la cinéaste sous-entend que le décès de celui-ci (auquel elle semblait très attachée) ne serait pas naturel...
La partie brésilienne est plus convaincante, plus charpentée. On rencontre des militants écologistes et des paysans indigènes victimes de grands propriétaires terriens et de leurs alliés politiques. Le Brésil étant organisé de manière fédérale, les États locaux disposent d'assez grands pouvoirs... et, quand la manière légale ne suffit pas, une série d'accidents de la route vient rappeler aux paysans pauvres qu'ils ne sont pas à l'abri d'une mésaventure.
Il reste que la tentative d'établir une filiation directe entre les mouvements et gouvernements de droite d'Amérique du Sud (qui ont certes provoqué la chute de Lugo au Paraguay et de Dilma Rousseff au Brésil) et les pratiques des régimes dictatoriaux des années 1960-1980 n'est que moyennement convaincante. Vu le que le documentaire a été en partie tourné pendant l'épidémie de Covid (donc entre 2020 et 2022), je m'attendais à ce que la présidence Bolsonaro (au Brésil) soit plus directement impliquée... ben non. Peut-être était-ce de la prudence de la part de la réalisatrice, dont le film a sans doute été achevé avant la victoire de Lula.
D'un point de vue technique, le film c'est ben conçu. Les images d'archives alternent avec des scènes d'entretien et d'autres plans, où la photographie est parfois vraiment belle, notamment quand la cinéaste s'attache aux animaux, comme ces chevaux qui se roulent dans l'eau d'un fleuve, en période de canicule, ou ce chat couché sur le bureau d'une militante, ronronnant sous ses caresses, ou encore ce rapace installé en zone urbaine.
Le film n'est donc pas sans talent et ne manque pas d'intérêt sur le plan historique. Mais, construit (selon moi) à partir d'a priori idéologiques, il a tendance à vouloir rassembler tout ce qui incarne le Mal dans un seul grand projet d'ensemble dont l'existence reste à prouver.
P.S.
Concernant le militant de gauche Martin Almada, un détail ne manque pas de piquant. Il a été décoré de la légion d'honneur sous la présidence d'Emmanuel Macron, que d'aucuns, en France, caricaturent soit en suppôt de l'ultralibéralisme, soit en marchepied du Rassemblement national. Quand on prend un peu de recul géopolitique et qu'on compare la situation française avec ce qu'il se passe, par exemple, sur le continent américain (aussi bien aux États-Unis qu'au Brésil ou en Argentine), cela prête à sourire.
10:38 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
vendredi, 28 mars 2025
A Real Pain
Le comédien Jesse Eisenberg est passé derrière la caméra pour tourner une histoire qui lui tient à cœur, celle de deux cousins américains juifs (David et Benji) qui partent en "pèlerinage familial" en Pologne, sur les traces de leur grand-mère (récemment décédée) et de leurs ancêtres disparus durant la Shoah.
La "douleur véritable" est donc à la fois celle du deuil actuel et celle de la perte (ancienne) d'une partie de l'arbre généalogique familial. C'est aussi le mal-être du cousin Benji, dont l'apparente frivolité masque un désespoir profond. Enfin, je pense que, pour le public anglo-saxon, le titre est une allusion à une expression populaire, a pain in the ass désignant un individu exaspérant, un emmerdeur de première, une plaie...
... et cela correspond parfaitement au personnage de Benji, immature, très autocentré (caractéristique de l'ancien enfant gâté). Dans le rôle, Kieran Culkin en fait des tonnes... et il a eu raison, puisque cela lui a rapporté l'Oscar du second rôle ! Je pense que Jeremy Strong (stupéfiant Roy Cohn dans The Apprentice) méritait davantage la statuette que lui, mais les votants ont peut-être surtout voulu récompenser l'acteur de la série Succession.
Cette (grosse) réserve mise à part, le film fonctionne bien. Le duo formé par les deux cousins, autrefois comme cul et chemise, aujourd'hui séparés par leurs choix de vie, donne naissance à des situations cocasses.
Toutefois, pour moi, la partie la plus intéressante réside dans la découverte des vestiges de la Pologne juive, du très ancien cimetière (à Grodzisko) aux vieux quartiers de Lublin, en passant par le camp d'extermination de Majdanek. Certaines scènes se passent de dialogues... ou s'en seraient passées.
La petite troupe de touristes de la mémoire est intéressante par sa diversité d'origines et de tempéraments. J'aurais aimé que le réalisateur creuse davantage cet aspect-là, plutôt que de nous imposer les interventions parfois beaufissimes du cousin Benji.
A signaler que le film atteint parfois un haut niveau d'émotion sans le moindre effet de manche, comme lorsque les cousins finissent par trouver la maison d'enfance de leur grand-mère. Du coup, je trouve que cette histoire, en dépit de ses défauts, mérite le détour.
13:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
A Real Pain
Le comédien Jesse Eisenberg est passé derrière la caméra pour tourner une histoire qui lui tient à cœur, celle de deux cousins américains juifs (David et Benji) qui partent en "pèlerinage familial" en Pologne, sur les traces de leur grand-mère (récemment décédée) et de leurs ancêtres disparus durant la Shoah.
La "douleur véritable" est donc à la fois celle du deuil actuel et celle de la perte (ancienne) d'une partie de l'arbre généalogique familial. C'est aussi le mal-être du cousin Benji, dont l'apparente frivolité masque un désespoir profond. Enfin, je pense que, pour le public anglo-saxon, le titre est une allusion à une expression populaire, a pain in the ass désignant un individu exaspérant, un emmerdeur de première, une plaie...
... et cela correspond parfaitement au personnage de Benji, immature, très autocentré (caractéristique de l'ancien enfant gâté). Dans le rôle, Kieran Culkin en fait des tonnes... et il a eu raison, puisque cela lui a rapporté l'Oscar du second rôle ! Je pense que Jeremy Strong (stupéfiant Roy Cohn dans The Apprentice) méritait davantage la statuette que lui, mais les votants ont peut-être surtout voulu récompenser l'acteur de la série Succession.
Cette (grosse) réserve mise à part, le film fonctionne bien. Le duo formé par les deux cousins, autrefois comme cul et chemise, aujourd'hui séparés par leurs choix de vie, donne naissance à des situations cocasses.
Toutefois, pour moi, la partie la plus intéressante réside dans la découverte des vestiges de la Pologne juive, du très ancien cimetière (à Grodzisko) aux vieux quartiers de Lublin, en passant par le camp d'extermination de Majdanek. Certaines scènes se passent de dialogues... ou s'en seraient passées.
La petite troupe de touristes de la mémoire est intéressante par sa diversité d'origines et de tempéraments. J'aurais aimé que le réalisateur creuse davantage cet aspect-là, plutôt que de nous imposer les interventions parfois beaufissimes du cousin Benji.
A signaler que le film atteint parfois un haut niveau d'émotion sans le moindre effet de manche, comme lorsque les cousins finissent par trouver la maison d'enfance de leur grand-mère. Du coup, je trouve que cette histoire, en dépit de ses défauts, mérite le détour.
13:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 26 mars 2025
Je le jure
D'apparence, il s'agit d'un nouveau film de procès, qui débarque sur nos écrans quelques mois après deux belles réussites, Le Fil (de Daniel Auteuil) et Juré n°2 (de Clint Eastwood).
Pourtant, le début de l'histoire nous plonge dans un tout autre univers, celui de la « France d'en-bas », composée de travailleurs modestes, aux goûts simples, vivant dans une petite ville de Lorraine, à proximité de Metz. On y chasse, on y chante, on y danse, lors de soirées au bar ou de repas en commun.
On découvre ainsi, dans son milieu, le personnage principal de l'histoire, Fabio, plutôt beau gosse, musclé, tatoué, mais introverti, taiseux... et cachant à son entourage sa liaison avec une femme qui a l'âge d'être sa mère.
Sa convocation pour participer à un jury de Cour d'Assises d'appel, à Metz, le sort de son petit confort quotidien et lui fait rencontrer des personnes qu'il a sans doute rarement l'occasion de croiser. Mais, surtout, cette convocation lui donne du pouvoir, des responsabilités : celles de décider de la condamnation d'un jeune incendiaire, responsable de la mort d'un pompier. (Le scénario semble s'inspirer de réelles flambées de violence dont le quartier des Planchettes, situé dans la ville de Verdun, en Meuse, a été le théâtre, notamment en 2021.)
L'aspect judiciaire est soigné. La préparation des jurés, leur sélection, leur vie au quotidien dans le tribunal, leur écoute des audiences, leurs discussions informelles tout comme leurs débats officiels sont très pédagogiquement mis en scène, le groupe associant des acteurs non professionnels à des pointures comme Marina Foïs (la présidente du tribunal), Louise Bourgouin, Micha Lescot, Emmanuel Salinger (trois jurés) ou encore Sophie Guillemin (la procureure). Samuel Theis a un vrai talent pour filmer les groupes, bien épaulé par l'équipe de montage.
Mais le plus important est ailleurs, dans le questionnement intérieur de chaque juré... et la personnalité de l'accusé (bien interprété, je trouve), qui ne nie pas sa culpabilité, mais tente d'atténuer sa peine. Petit à petit, on comprend qu'entre le fils d'immigrés ivoiriens et Fabio le Rital les points communs sont plus nombreux qu'on ne le pensait de prime abord.
Cela donne un film fort, soigné, qui prend le temps de traiter tous les volets de son intrigue et ménage un réel (petit) suspens quant à sa conclusion, le verdict n'étant pas facile à deviner au vu des échanges entendus pendant le délibéré.
22:24 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Je le jure
D'apparence, il s'agit d'un nouveau film de procès, qui débarque sur nos écrans quelques mois après deux belles réussites, Le Fil (de Daniel Auteuil) et Juré n°2 (de Clint Eastwood).
Pourtant, le début de l'histoire nous plonge dans un tout autre univers, celui de la « France d'en-bas », composée de travailleurs modestes, aux goûts simples, vivant dans une petite ville de Lorraine, à proximité de Metz. On y chasse, on y chante, on y danse, lors de soirées au bar ou de repas en commun.
On découvre ainsi, dans son milieu, le personnage principal de l'histoire, Fabio, plutôt beau gosse, musclé, tatoué, mais introverti, taiseux... et cachant à son entourage sa liaison avec une femme qui a l'âge d'être sa mère.
Sa convocation pour participer à un jury de Cour d'Assises d'appel, à Metz, le sort de son petit confort quotidien et lui fait rencontrer des personnes qu'il a sans doute rarement l'occasion de croiser. Mais, surtout, cette convocation lui donne du pouvoir, des responsabilités : celles de décider de la condamnation d'un jeune incendiaire, responsable de la mort d'un pompier. (Le scénario semble s'inspirer de réelles flambées de violence dont le quartier des Planchettes, situé dans la ville de Verdun, en Meuse, a été le théâtre, notamment en 2021.)
L'aspect judiciaire est soigné. La préparation des jurés, leur sélection, leur vie au quotidien dans le tribunal, leur écoute des audiences, leurs discussions informelles tout comme leurs débats officiels sont très pédagogiquement mis en scène, le groupe associant des acteurs non professionnels à des pointures comme Marina Foïs (la présidente du tribunal), Louise Bourgouin, Micha Lescot, Emmanuel Salinger (trois jurés) ou encore Sophie Guillemin (la procureure). Samuel Theis a un vrai talent pour filmer les groupes, bien épaulé par l'équipe de montage.
Mais le plus important est ailleurs, dans le questionnement intérieur de chaque juré... et la personnalité de l'accusé (bien interprété, je trouve), qui ne nie pas sa culpabilité, mais tente d'atténuer sa peine. Petit à petit, on comprend qu'entre le fils d'immigrés ivoiriens et Fabio le Rital les points communs sont plus nombreux qu'on ne le pensait de prime abord.
Cela donne un film fort, soigné, qui prend le temps de traiter tous les volets de son intrigue et ménage un réel (petit) suspens quant à sa conclusion, le verdict n'étant pas facile à deviner au vu des échanges entendus pendant le délibéré.
22:24 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
samedi, 22 mars 2025
Black Dog
Primé l'an dernier au Festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard, ce film nous transporte dans le Far-West chinois, aux confins du désert de Gobi, loin des lumières des mégapoles de la côte orientale, à la veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, en 2008.
La région est victime de la désindustrialisation. Elle a été vidée d'une partie de ses habitants, qui sont allés chercher du travail ailleurs... mais ont souvent laissé leurs chiens sur place. Les bâtiments à l'abandon sont donc parfois peuplés de canidés, certains se réunissant en meute, suscitant la crainte des habitants.
C'est le moment où débarque Lang, qui sort de dix années de prison, pour un meurtre dont les circonstances demeurent longtemps mystérieuses. Il n'est pas toujours le bienvenu dans la région. Il y est pourtant célèbre pour ses acrobaties à moto (et un certain talent de musicien), mais l'homme qu'il a tué était le neveu d'un commerçant local qui a pignon sur rue... et qui dispose d'une bande de loubards pour assurer sa protection.
Cette masse d'informations nous est donnée par petites touches, souvent par allusion. C'est l'un des grands talents de ce film que de nous dire beaucoup de choses avec une économie de dialogues... et ça tombe bien, puisque le personnage principal (Lang) est du genre taiseux.
Il est rapidement embauché par la brigade canine locale, qui veut débarrasser la petite ville des chiens errants, en particulier du "chien noir", réputé enragé. Je pense ne pas dévoiler grand chose en écrivant que l'ex-taulard et le diable à quatre pattes vont nouer une bien étrange relation, plutôt hostile au départ, puis de plus en plus amicale. C'est, pour moi, ce qu'il y a de plus beau dans ce film, la naissance de cette complicité, qui va prendre des formes inattendues, quand chacun des deux va se retrouver en danger. Tout cela est suggéré par une mise en scène talentueuse.
En revanche, je ne suis pas emballé par la photographie. Certains plans montrent l'aspect semi-désertique de la région, parfois accidentée, mais l'image est granuleuse, pas d'une netteté extraordinaire. Je pense que c'est volontaire puisque vers la fin, on a droit à quelques plans au soleil couchant de toute beauté.
Hu Guan (dont j'aimerais bien découvrir d'autres films) a voulu montrer à la fois un monde qui disparaît et un autre qui grandit. On voit donc des immeubles décrépits, certains déconstruits, voire détruits, tandis qu'un programme de rénovation urbaine est mis en route. Au niveau des humains, les "anciens" sont sur le déclin. Aussi tristes soient certaines péripéties, le cinéaste veut suggérer que la vie continue, parfois sous une autre forme.
On a parfois affirmé que ce film était critique du pouvoir chinois. Je pense qu'on surinterprète. Durant la majorité de l'histoire, les problèmes du héros (ou du chien) viennent des autres habitants de la ville. La police est présentée comme garante d'un ordre minimal et ses officiers semblent calmes et assez compréhensifs. Il n'y a guère que dans le peu d'enthousiasme en faveur des JO qu'on peut distinguer une forme de réticence vis-à-vis de la propagande du pouvoir, mais j'y vois une autre signification.
Au-delà d'un monde de paillettes (la construction de quartiers modernes, la médiatisation de l'éclipse et la cérémonie d'ouverture des JO), le film prétend qu'il n'y a rien de plus fort (et de plus beau) que l'amour inconditionnel et indéfectible entre un humain et son chien.
12:00 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Black Dog
Primé l'an dernier au Festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard, ce film nous transporte dans le Far-West chinois, aux confins du désert de Gobi, loin des lumières des mégapoles de la côte orientale, à la veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, en 2008.
La région est victime de la désindustrialisation. Elle a été vidée d'une partie de ses habitants, qui sont allés chercher du travail ailleurs... mais ont souvent laissé leurs chiens sur place. Les bâtiments à l'abandon sont donc parfois peuplés de canidés, certains se réunissant en meute, suscitant la crainte des habitants.
C'est le moment où débarque Lang, qui sort de dix années de prison, pour un meurtre dont les circonstances demeurent longtemps mystérieuses. Il n'est pas toujours le bienvenu dans la région. Il y est pourtant célèbre pour ses acrobaties à moto (et un certain talent de musicien), mais l'homme qu'il a tué était le neveu d'un commerçant local qui a pignon sur rue... et qui dispose d'une bande de loubards pour assurer sa protection.
Cette masse d'informations nous est donnée par petites touches, souvent par allusion. C'est l'un des grands talents de ce film que de nous dire beaucoup de choses avec une économie de dialogues... et ça tombe bien, puisque le personnage principal (Lang) est du genre taiseux.
Il est rapidement embauché par la brigade canine locale, qui veut débarrasser la petite ville des chiens errants, en particulier du "chien noir", réputé enragé. Je pense ne pas dévoiler grand chose en écrivant que l'ex-taulard et le diable à quatre pattes vont nouer une bien étrange relation, plutôt hostile au départ, puis de plus en plus amicale. C'est, pour moi, ce qu'il y a de plus beau dans ce film, la naissance de cette complicité, qui va prendre des formes inattendues, quand chacun des deux va se retrouver en danger. Tout cela est suggéré par une mise en scène talentueuse.
En revanche, je ne suis pas emballé par la photographie. Certains plans montrent l'aspect semi-désertique de la région, parfois accidentée, mais l'image est granuleuse, pas d'une netteté extraordinaire. Je pense que c'est volontaire puisque vers la fin, on a droit à quelques plans au soleil couchant de toute beauté.
Hu Guan (dont j'aimerais bien découvrir d'autres films) a voulu montrer à la fois un monde qui disparaît et un autre qui grandit. On voit donc des immeubles décrépits, certains déconstruits, voire détruits, tandis qu'un programme de rénovation urbaine est mis en route. Au niveau des humains, les "anciens" sont sur le déclin. Aussi tristes soient certaines péripéties, le cinéaste veut suggérer que la vie continue, parfois sous une autre forme.
On a parfois affirmé que ce film était critique du pouvoir chinois. Je pense qu'on surinterprète. Durant la majorité de l'histoire, les problèmes du héros (ou du chien) viennent des autres habitants de la ville. La police est présentée comme garante d'un ordre minimal et ses officiers semblent calmes et assez compréhensifs. Il n'y a guère que dans le peu d'enthousiasme en faveur des JO qu'on peut distinguer une forme de réticence vis-à-vis de la propagande du pouvoir, mais j'y vois une autre signification.
Au-delà d'un monde de paillettes (la construction de quartiers modernes, la médiatisation de l'éclipse et la cérémonie d'ouverture des JO), le film prétend qu'il n'y a rien de plus fort (et de plus beau) que l'amour inconditionnel et indéfectible entre un humain et son chien.
12:00 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 19 mars 2025
The Monkey
On nous annonce un film adaptant une nouvelle de Stephen King, par le réalisateur de Longlegs... donc on pense horreur et épouvante... et cela a trompé une partie du public. Certes, on a droit à son content de scènes violentes, avec hémoglobine, décapitation, amputation, étripage, explosion, perforations diverses et variées... mais c'est surtout drôle !
Cela fonctionne parce que les comédiens se sont bien investis dans cette comédie horrifique et parce que les effets spéciaux sont très corrects. En revanche, l'histoire des frères jumeaux tout comme la relation père-fils sont totalement inintéressantes.
J'ai toutefois apprécié le tableau d'une Amérique de l'envers, celle des zones reculées de Nouvelle-Angleterre (dans le Maine notamment), où la concentration en demeurés semble particulièrement élevée.
Le début du film nous cueille avec la scène du magasin, durant laquelle on découvre le pouvoir diabolique du fameux singe musicien dont il ne faut surtout pas dire qu'il est un jouet. La suite est un long retour en arrière, en deux parties, avec d'abord l'enfance des héros, puis, alors qu'ils pensent être débarrassés de l'objet maléfique, le retour de celui-ci quand ils sont devenus trentenaires. Parmi les morts croquignolesques, je recommande celle de l'oncle des gamins (lors d'une partie de chasse), celle de la baigneuse (dans le Motel)... et celle d'un personnage que je ne peux pas ouvertement désigner (pour ménager l'effet de surprise). Je vous dirai juste que cela se passe dans une voiture et que cela implique un nid de frelons...
C'est un plaisir coupable d'1h30 environ, pour amateurs du genre.
16:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Monkey
On nous annonce un film adaptant une nouvelle de Stephen King, par le réalisateur de Longlegs... donc on pense horreur et épouvante... et cela a trompé une partie du public. Certes, on a droit à son content de scènes violentes, avec hémoglobine, décapitation, amputation, étripage, explosion, perforations diverses et variées... mais c'est surtout drôle !
Cela fonctionne parce que les comédiens se sont bien investis dans cette comédie horrifique et parce que les effets spéciaux sont très corrects. En revanche, l'histoire des frères jumeaux tout comme la relation père-fils sont totalement inintéressantes.
J'ai toutefois apprécié le tableau d'une Amérique de l'envers, celle des zones reculées de Nouvelle-Angleterre (dans le Maine notamment), où la concentration en demeurés semble particulièrement élevée.
Le début du film nous cueille avec la scène du magasin, durant laquelle on découvre le pouvoir diabolique du fameux singe musicien dont il ne faut surtout pas dire qu'il est un jouet. La suite est un long retour en arrière, en deux parties, avec d'abord l'enfance des héros, puis, alors qu'ils pensent être débarrassés de l'objet maléfique, le retour de celui-ci quand ils sont devenus trentenaires. Parmi les morts croquignolesques, je recommande celle de l'oncle des gamins (lors d'une partie de chasse), celle de la baigneuse (dans le Motel)... et celle d'un personnage que je ne peux pas ouvertement désigner (pour ménager l'effet de surprise). Je vous dirai juste que cela se passe dans une voiture et que cela implique un nid de frelons...
C'est un plaisir coupable d'1h30 environ, pour amateurs du genre.
16:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 16 mars 2025
L'Enigme Vélazquez
Producteur (entre autres) de L'Ombre de Goya (que j'ai vu en 2022 au festival de cinéma de La Rochelle), Stéphane Sorlat a décidé de passer à la réalisation, pour se consacrer à un autre peintre ibérique, emblématique du Siècle d'or espagnol.
Le documentaire mêle biographie, aspects esthétiques et filiation culturelle. Les vues de tableaux sont assez nombreuses, mais avec, au final, peu d'analyses de détail (avec très gros plans). Quand cela se produit, c'est passionnant. Mais, la plupart du temps, les tableaux sont associés à des commentaires de spécialistes (européens ou nord-américains), en général contemporains, mais parfois plus anciens. (Concernant Les Ménines, on attend évidemment les propos de Michel Foucault, mais l'extrait qui nous est proposé est décevant.) J'ai trouvé cela globalement trop verbeux.
Le film n'apporte pas beaucoup d'informations précises sur les modèles de Vélazquez. On pense que certaines œuvres de Léonard de Vinci l'ont inspiré, tout comme celles du Titien et du Tintoret, qu'il a découvertes soit à la Cour d'Espagne, soit lors d'un voyage en Italie... soit par l'intermédiaire de copies de Rubens.
Le documentaire s'attarde davantage sur l'influence que Vélazquez a eue sur des peintres ultérieurs : Goya et Picasso principalement, mais aussi Édouard Manet (et, globalement, les impressionnistes), dans une séquence fort bien faite. Mais je dois reconnaître que j'ai surtout été marqué par l'irruption de Salvador Dali. On le voit peu, on l'entend peu, mais il emporte tout. En comparaison, les autres interventions paraissent fades.
Au niveau de la technique, le film évoque notamment les jeux d'ombre et l'utilisation du noir. Il trace une filiation entre une série de peintres, jusqu'au XXe siècle... mais, curieusement, ne prolonge pas jusqu'à Pierre Soulages.
J'ajoute qu'on a cherché à tout prix à relier certaines œuvres de Vélazquez à des thématiques plus contemporaines. C'est loin d'être toujours convaincant.
L'ensemble mérite toutefois le détour, si l'on aime la peinture et si l'on veut profiter d'un visionnage sur très grand écran.
L'Enigme Vélazquez
Producteur (entre autres) de L'Ombre de Goya (que j'ai vu en 2022 au festival de cinéma de La Rochelle), Stéphane Sorlat a décidé de passer à la réalisation, pour se consacrer à un autre peintre ibérique, emblématique du Siècle d'or espagnol.
Le documentaire mêle biographie, aspects esthétiques et filiation culturelle. Les vues de tableaux sont assez nombreuses, mais avec, au final, peu d'analyses de détail (avec très gros plans). Quand cela se produit, c'est passionnant. Mais, la plupart du temps, les tableaux sont associés à des commentaires de spécialistes (européens ou nord-américains), en général contemporains, mais parfois plus anciens. (Concernant Les Ménines, on attend évidemment les propos de Michel Foucault, mais l'extrait qui nous est proposé est décevant.) J'ai trouvé cela globalement trop verbeux.
Le film n'apporte pas beaucoup d'informations précises sur les modèles de Vélazquez. On pense que certaines œuvres de Léonard de Vinci l'ont inspiré, tout comme celles du Titien et du Tintoret, qu'il a découvertes soit à la Cour d'Espagne, soit lors d'un voyage en Italie... soit par l'intermédiaire de copies de Rubens.
Le documentaire s'attarde davantage sur l'influence que Vélazquez a eue sur des peintres ultérieurs : Goya et Picasso principalement, mais aussi Édouard Manet (et, globalement, les impressionnistes), dans une séquence fort bien faite. Mais je dois reconnaître que j'ai surtout été marqué par l'irruption de Salvador Dali. On le voit peu, on l'entend peu, mais il emporte tout. En comparaison, les autres interventions paraissent fades.
Au niveau de la technique, le film évoque notamment les jeux d'ombre et l'utilisation du noir. Il trace une filiation entre une série de peintres, jusqu'au XXe siècle... mais, curieusement, ne prolonge pas jusqu'à Pierre Soulages.
J'ajoute qu'on a cherché à tout prix à relier certaines œuvres de Vélazquez à des thématiques plus contemporaines. C'est loin d'être toujours convaincant.
L'ensemble mérite toutefois le détour, si l'on aime la peinture et si l'on veut profiter d'un visionnage sur très grand écran.
samedi, 15 mars 2025
Le Secret de Kheops
L'actrice Barbara Schulz (actuellement à l'affiche de la série Carpe Diem, diffusée par TF1) s'est placée derrière la caméra pour tourner cette comédie d'aventures, qui repose principalement sur le charisme de Fabrice Lucchini et de Julia Piaton, accompagnés de quelques invités prestigieux : Jackie Berroyer, Camille Japy et Arié Elmaleh. Je pourrais ajouter Marie Denarnaud, Romain Levi et Vincent Heneine, efficaces seconds rôles.
C'est alléchant... mais joué de manière parfois caricaturale. Je suis conscient que c'est une fantaisie, un polar pseudo-archéologique familial, à l'image de tant de productions anglo-saxonnes. Mais, une fois n'est pas coutume, j'ai trouvé que F. Lucchini en faisait vraiment trop, dans la peau d'un chercheur fantasque. Les "méchants" m'ont eux aussi paru excessifs, pas très bien campés. Les autres sont plutôt bons, surtout Julia Piaton... et j'ai bien aimé la manière dont le scénario joue des clichés à propos du fils de celle-ci, un adolescent supposé maladroit et inculte, mais qui prend une distance salutaire vis-à-vis de son personnage.
A son sujet, les amateurs de séries policières françaises auront reconnu Gavril Dartevelle, un habitué des rôles d'ado un peu casse-couilles (mais pas méchant, au fond), en général jeté dans les pattes des enquêteurs vedettes, que sa "djeunsitude" contribue à ringardiser. On a pu ainsi le voir en 2021, dans un épisode de L'Art du crime (Le Testament de Van Gogh, où il incarne l'un des enfants de l'enquêteur principal)...
... puis en 2023, dans un épisode de César Wagner (le neuvième, dans lequel, collégien de 3e... et filleul du médecin de la police, il effectue un stage au commissariat)...
... et très récemment, début 2025, dans un épisode de la dispensable Mademoiselle Holmes (Une Histoire de sœurs, où il incarne, une fois encore, un stagiaire, cette fois-ci de Seconde... et encore fils de flic).
Mais revenons à nos moutons. Le début du film m'a mis dans de bonnes dispositions : il s'agit d'une scène de fouilles archéologiques, qui se termine de manière surprenante... et cocasse. J'y vois la malice des scénaristes (et de la réalisatrice), qui nous indiquent qu'ils ne sont pas en train de nous faire un Indiana Jones à la française.
Autre qualité du film : l'arrière-plan historique a été travaillé. L'intrigue navigue entre l’Égypte antique (celle du pharaon du troisième millénaire avant JC) et l'époque napoléonienne, en particulier l'expédition d’Égypte (1798-1800) et ses conséquences, impliquant le directeur des musées Dominique Vivant Denon (DVD, pour les intimes). Une passionnante chasse au trésor conduit les héros du musée du Louvre à la place de la Bastille, en passant par les égouts de Paris et le château de Malmaison. Cette quête n'est pas sans danger, puisqu'un groupe de trafiquants s'en mêle. Ce n'est pas l'aspect le plus réussi de cette histoire...
En dépit de ses défauts, j'ai trouvé le film distrayant et intéressant sur le plan culturel. Il aurait été parfait en sortie de Noël.
P.S.
L'une des péripéties conduit les héros au cimetière du Père Lachaise, où se trouve le tombeau de Vivant Denon. La statue dont il est surmonté subit une (légère) dégradation... censée expliquer son état réel, actuel !
En effet, d'après les photographies que j'ai pu consulter, la main droite de la statue du cimetière ne tient rien (ou alors des fleurs, voire une rose, placées là par une bonne âme). Tel n'est pas le cas du plâtre qui lui a servi de modèle. Si vous voulez savoir quel est cet objet et ce qu'il lui est arrivé, il faut aller voir le film !
21:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Secret de Kheops
L'actrice Barbara Schulz (actuellement à l'affiche de la série Carpe Diem, diffusée par TF1) s'est placée derrière la caméra pour tourner cette comédie d'aventures, qui repose principalement sur le charisme de Fabrice Lucchini et de Julia Piaton, accompagnés de quelques invités prestigieux : Jackie Berroyer, Camille Japy et Arié Elmaleh. Je pourrais ajouter Marie Denarnaud, Romain Levi et Vincent Heneine, efficaces seconds rôles.
C'est alléchant... mais joué de manière parfois caricaturale. Je suis conscient que c'est une fantaisie, un polar pseudo-archéologique familial, à l'image de tant de productions anglo-saxonnes. Mais, une fois n'est pas coutume, j'ai trouvé que F. Lucchini en faisait vraiment trop, dans la peau d'un chercheur fantasque. Les "méchants" m'ont eux aussi paru excessifs, pas très bien campés. Les autres sont plutôt bons, surtout Julia Piaton... et j'ai bien aimé la manière dont le scénario joue des clichés à propos du fils de celle-ci, un adolescent supposé maladroit et inculte, mais qui prend une distance salutaire vis-à-vis de son personnage.
A son sujet, les amateurs de séries policières françaises auront reconnu Gavril Dartevelle, un habitué des rôles d'ado un peu casse-couilles (mais pas méchant, au fond), en général jeté dans les pattes des enquêteurs vedettes, que sa "djeunsitude" contribue à ringardiser. On a pu ainsi le voir en 2021, dans un épisode de L'Art du crime (Le Testament de Van Gogh, où il incarne l'un des enfants de l'enquêteur principal)...
... puis en 2023, dans un épisode de César Wagner (le neuvième, dans lequel, collégien de 3e... et filleul du médecin de la police, il effectue un stage au commissariat)...
... et très récemment, début 2025, dans un épisode de la dispensable Mademoiselle Holmes (Une Histoire de sœurs, où il incarne, une fois encore, un stagiaire, cette fois-ci de Seconde... et encore fils de flic).
Mais revenons à nos moutons. Le début du film m'a mis dans de bonnes dispositions : il s'agit d'une scène de fouilles archéologiques, qui se termine de manière surprenante... et cocasse. J'y vois la malice des scénaristes (et de la réalisatrice), qui nous indiquent qu'ils ne sont pas en train de nous faire un Indiana Jones à la française.
Autre qualité du film : l'arrière-plan historique a été travaillé. L'intrigue navigue entre l’Égypte antique (celle du pharaon du troisième millénaire avant JC) et l'époque napoléonienne, en particulier l'expédition d’Égypte (1798-1800) et ses conséquences, impliquant le directeur des musées Dominique Vivant Denon (DVD, pour les intimes). Une passionnante chasse au trésor conduit les héros du musée du Louvre à la place de la Bastille, en passant par les égouts de Paris et le château de Malmaison. Cette quête n'est pas sans danger, puisqu'un groupe de trafiquants s'en mêle. Ce n'est pas l'aspect le plus réussi de cette histoire...
En dépit de ses défauts, j'ai trouvé le film distrayant et intéressant sur le plan culturel. Il aurait été parfait en sortie de Noël.
P.S.
L'une des péripéties conduit les héros au cimetière du Père Lachaise, où se trouve le tombeau de Vivant Denon. La statue dont il est surmonté subit une (légère) dégradation... censée expliquer son état réel, actuel !
En effet, d'après les photographies que j'ai pu consulter, la main droite de la statue du cimetière ne tient rien (ou alors des fleurs, voire une rose, placées là par une bonne âme). Tel n'est pas le cas du plâtre qui lui a servi de modèle. Si vous voulez savoir quel est cet objet et ce qu'il lui est arrivé, il faut aller voir le film !
21:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
On ira
L'actrice et réalisatrice Enya Baroux a choisi la tragi-comédie pour traiter de questions très sensibles : le cancer, le choix de sa mort et les relations parents-enfants.
Dans la première partie de l'histoire domine un ton comique, perceptible dès l'introduction, qui présente les deux principaux personnages, Marie et Rudy, interprétés par la merveilleuse Hélène Vincent et l'incontournable Pierre Lottin (déjà excellent dans En Fanfare, un film quasiment ignoré par les derniers César... mais est-ce réellement étonnant ?). Entre la veuve isolée (mais très maline) et le jeune travailleur social maladroit (mais plein de bonne volonté) va naître une improbable complicité, que le talent des deux comédiens rend crédible.
J'ai été nettement moins enthousiasmé par le personnage du fils. Pourtant, il est plutôt bien interprété par David Ayala, qui tente de le rendre moins antipathique... mais je dois avouer qu'en dépit d'un scénario généreux, il m'a collé des boutons durant tout le film. Il ressemble trop à un membre de ma famille et je trouve le portrait de départ très chargé : c'est donc un mauvais fils, mais aussi un père lamentable, un ex-mari pathétique... et un auto-entrepreneur ridicule. L'histoire a évidemment pour but de nous montrer une sorte de rédemption... qui met du temps à survenir.
En attendant Godot ce moment miraculeux, on peut profiter des nombreuses péripéties du film, certaines très cocasses (en général quand P. Lottin est à l'écran), d'autres plus émotionnelles : autour du début de l'adolescence de la fille, et quand il s'avère que la santé de Marie se dégrade irrémédiablement.
A signaler aussi certains moment totalement inattendus, comme la séquence chez les Gitans, qui rebondit de manière très poétique en toute fin d'histoire.
Si l'on ajoute à cela de beaux paysages du sud-est de la France et le surgissement, à intervalle régulier, du tube de Desireless (jusqu'au générique de fin, interprété par Barbara Pravi), on peut dire qu'on passe un beau moment, nimbé d'humour au départ, avec les yeux qui piquent à la fin.
14:33 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
On ira
L'actrice et réalisatrice Enya Baroux a choisi la tragi-comédie pour traiter de questions très sensibles : le cancer, le choix de sa mort et les relations parents-enfants.
Dans la première partie de l'histoire domine un ton comique, perceptible dès l'introduction, qui présente les deux principaux personnages, Marie et Rudy, interprétés par la merveilleuse Hélène Vincent et l'incontournable Pierre Lottin (déjà excellent dans En Fanfare, un film quasiment ignoré par les derniers César... mais est-ce réellement étonnant ?). Entre la veuve isolée (mais très maline) et le jeune travailleur social maladroit (mais plein de bonne volonté) va naître une improbable complicité, que le talent des deux comédiens rend crédible.
J'ai été nettement moins enthousiasmé par le personnage du fils. Pourtant, il est plutôt bien interprété par David Ayala, qui tente de le rendre moins antipathique... mais je dois avouer qu'en dépit d'un scénario généreux, il m'a collé des boutons durant tout le film. Il ressemble trop à un membre de ma famille et je trouve le portrait de départ très chargé : c'est donc un mauvais fils, mais aussi un père lamentable, un ex-mari pathétique... et un auto-entrepreneur ridicule. L'histoire a évidemment pour but de nous montrer une sorte de rédemption... qui met du temps à survenir.
En attendant Godot ce moment miraculeux, on peut profiter des nombreuses péripéties du film, certaines très cocasses (en général quand P. Lottin est à l'écran), d'autres plus émotionnelles : autour du début de l'adolescence de la fille, et quand il s'avère que la santé de Marie se dégrade irrémédiablement.
A signaler aussi certains moment totalement inattendus, comme la séquence chez les Gitans, qui rebondit de manière très poétique en toute fin d'histoire.
Si l'on ajoute à cela de beaux paysages du sud-est de la France et le surgissement, à intervalle régulier, du tube de Desireless (jusqu'au générique de fin, interprété par Barbara Pravi), on peut dire qu'on passe un beau moment, nimbé d'humour au départ, avec les yeux qui piquent à la fin.
14:33 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
vendredi, 14 mars 2025
The Insider
Le titre "français" du dernier Soderbergh fait allusion au personnage principal, le terne mais redoutablement efficace George Woodhouse (Michael Fassbender, excellent), agent du MI5... mais il pourrait tout aussi bien désigner la "taupe", le traître que le héros est chargé de débusquer parmi la short list des suspects... dont fait partie son épouse Kathryn (Cate Blanchett, impeccable, bien que trop maquillée). Cela nous ramène au titre original du film, Black Bag, une expression utilisée par les espions quand ils ne peuvent pas parler d'un de leurs déplacements, en général une mission ultra-secrète... mais aussi, parfois, un rendez-vous galant qu'il vaut mieux cacher à son (sa) conjoint(e).
C'est peu de dire que l'intrigue de ce film d'espionnage baigne dans le mensonge, les faux-semblants... et le billard à trois bandes. On met longtemps à comprendre quels ressorts sont à l’œuvre dans cette histoire bien tordue, digne d'un roman de la Guerre froide.
En attendant de découvrir le fond de l'affaire, on suit George en train de mener sa petite enquête. Les suspects sont tous des gradés du Service. On s'intéresse à leur vie privée, parce qu'elle semble interférer avec leur travail. Mais, comme on est entre gens bien élevés (et qui se connaissent, voire se respectent), on procède avec une certaine délicatesse, sous une apparence de papier glacé. Je dois dire que, même si une scène de repas m'a bien plu, j'ai commencé à piquer du nez... jusqu'à ce que l'une des manipulations se dévoile. On découvre soudain que ce que l'on a vu auparavant n'est pas ce que cela semblait être. Quelqu'un de très habile a joué aux dominos, se contentant de faire tomber la première pièce, déclenchant une cascade de conséquences. C'est brillamment mis en scène... et encore plus stupéfiant quand on comprend que ce sont deux séries de dominos (symboliques) qui ont été mises en branle.
Dans la seconde partie, le héros tente de remonter le fil de la manipulation. Parmi les séquences marquantes, je relève celle du passage des suspects par le polygraphe, aux dialogues ciselés. J'ai aussi beaucoup aimé le "dîner entre amis", autour d'une table sous laquelle le tapis vient d'être changé...
Les seconds rôles (Naomie Harris, Pierce Brosnan...) épaulent efficacement les deux vedettes. Ce film fut aussi pour moi l'occasion de revoir la délicieuse Marisa Abela, découverte l'an dernier dans Back to Black.
Après avoir dû supporter un début un peu poussif, je me suis régalé.
23:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Insider
Le titre "français" du dernier Soderbergh fait allusion au personnage principal, le terne mais redoutablement efficace George Woodhouse (Michael Fassbender, excellent), agent du MI5... mais il pourrait tout aussi bien désigner la "taupe", le traître que le héros est chargé de débusquer parmi la short list des suspects... dont fait partie son épouse Kathryn (Cate Blanchett, impeccable, bien que trop maquillée). Cela nous ramène au titre original du film, Black Bag, une expression utilisée par les espions quand ils ne peuvent pas parler d'un de leurs déplacements, en général une mission ultra-secrète... mais aussi, parfois, un rendez-vous galant qu'il vaut mieux cacher à son (sa) conjoint(e).
C'est peu de dire que l'intrigue de ce film d'espionnage baigne dans le mensonge, les faux-semblants... et le billard à trois bandes. On met longtemps à comprendre quels ressorts sont à l’œuvre dans cette histoire bien tordue, digne d'un roman de la Guerre froide.
En attendant de découvrir le fond de l'affaire, on suit George en train de mener sa petite enquête. Les suspects sont tous des gradés du Service. On s'intéresse à leur vie privée, parce qu'elle semble interférer avec leur travail. Mais, comme on est entre gens bien élevés (et qui se connaissent, voire se respectent), on procède avec une certaine délicatesse, sous une apparence de papier glacé. Je dois dire que, même si une scène de repas m'a bien plu, j'ai commencé à piquer du nez... jusqu'à ce que l'une des manipulations se dévoile. On découvre soudain que ce que l'on a vu auparavant n'est pas ce que cela semblait être. Quelqu'un de très habile a joué aux dominos, se contentant de faire tomber la première pièce, déclenchant une cascade de conséquences. C'est brillamment mis en scène... et encore plus stupéfiant quand on comprend que ce sont deux séries de dominos (symboliques) qui ont été mises en branle.
Dans la seconde partie, le héros tente de remonter le fil de la manipulation. Parmi les séquences marquantes, je relève celle du passage des suspects par le polygraphe, aux dialogues ciselés. J'ai aussi beaucoup aimé le "dîner entre amis", autour d'une table sous laquelle le tapis vient d'être changé...
Les seconds rôles (Naomie Harris, Pierce Brosnan...) épaulent efficacement les deux vedettes. Ce film fut aussi pour moi l'occasion de revoir la délicieuse Marisa Abela, découverte l'an dernier dans Back to Black.
Après avoir dû supporter un début un peu poussif, je me suis régalé.
23:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Hola Frida
On doit cette animation picturale française à Karine Vézina et André Kadi. Il y a quelques années, ce duo nous avait offert Dounia et la princesse du désert, qui mêlait l'horreur de la guerre civile syrienne à l'ambiance des contes orientaux.
Le mélange est aussi la marque de fabrique de ce film-ci, où les personnages ont de grosses têtes (comme dans les mangas... ou chez Mafalda), baignent dans une culture métissée, à la fois occidentale, hispanique et amérindienne (aztèque... ou plutôt mexica et zapotèque). S'ajoutent les références à la vie et l’œuvre de Frida Kahlo, dont on nous présente une partie de la jeunesse, à une époque où elle pouvait encore se déplacer à peu près normalement.
Je n'ai pas été emballé par l'animation, que j'ai trouvée un peu sommaire... mais très colorée. C'est une explosion kaléidoscopique, qui vise à mettre en relation la vie et l’œuvre de Frida.
Sur le fond, c'est très intéressant. C'est évidemment un film féministe, sur une gamine aux origines modestes qui voudrait devenir médecin. C'est aussi un film sur les inégalités sociales et sur le surgissement de l'art.
A destination des enfants, on a conçu des scènes qui évoquent les relations parfois difficiles entre jeunes : incompréhension, moqueries, harcèlement, sentiment de solitude et envie d'appartenir à un groupe. C'est assez subtilement fait, donnant sa chance au personnage du petit con, qui est lui-même en souffrance.
En toile de fond se trouvent les héritages de la civilisation amérindienne, à travers notamment tout ce qui touche à la mort et à l'au-delà.
C'est un beau petit film, plutôt destiné au jeune public.
Hola Frida
On doit cette animation picturale française à Karine Vézina et André Kadi. Il y a quelques années, ce duo nous avait offert Dounia et la princesse du désert, qui mêlait l'horreur de la guerre civile syrienne à l'ambiance des contes orientaux.
Le mélange est aussi la marque de fabrique de ce film-ci, où les personnages ont de grosses têtes (comme dans les mangas... ou chez Mafalda), baignent dans une culture métissée, à la fois occidentale, hispanique et amérindienne (aztèque... ou plutôt mexica et zapotèque). S'ajoutent les références à la vie et l’œuvre de Frida Kahlo, dont on nous présente une partie de la jeunesse, à une époque où elle pouvait encore se déplacer à peu près normalement.
Je n'ai pas été emballé par l'animation, que j'ai trouvée un peu sommaire... mais très colorée. C'est une explosion kaléidoscopique, qui vise à mettre en relation la vie et l’œuvre de Frida.
Sur le fond, c'est très intéressant. C'est évidemment un film féministe, sur une gamine aux origines modestes qui voudrait devenir médecin. C'est aussi un film sur les inégalités sociales et sur le surgissement de l'art.
A destination des enfants, on a conçu des scènes qui évoquent les relations parfois difficiles entre jeunes : incompréhension, moqueries, harcèlement, sentiment de solitude et envie d'appartenir à un groupe. C'est assez subtilement fait, donnant sa chance au personnage du petit con, qui est lui-même en souffrance.
En toile de fond se trouvent les héritages de la civilisation amérindienne, à travers notamment tout ce qui touche à la mort et à l'au-delà.
C'est un beau petit film, plutôt destiné au jeune public.
samedi, 08 mars 2025
Julie se tait
... et pourtant, elle n'est pas muette. Julie est un grand espoir du tennis belge, scolarisée en sport-études. Elle est sur le point de passer les redoutables sélections nationales, avec, derrière, l'ambition de passer pro, avec le soutien de la fédération de tennis belge. Elle compte sur ses parents, ses amis et son entraîneur, exigeant, qui lui a permis de progresser.
Mais voilà que celui-ci est suspendu. L'une des joueuses qu'il coache s'est suicidée et d'autres jeunes l'accusent de harcèlement. Une enquête est ouverte, au cours de laquelle tous les athlètes sont interrogés. Julie, réputée proche de l'entraîneur, n'a rien à dire contre lui... parce qu'il n'y a rien à lui reprocher ?... parce que tous deux sont de connivence ?... ou parce qu'elle est sous son emprise ? Il est longtemps difficile de trancher, tant l'impassibilité de la jeune joueuse masque ses sentiments profonds.
Il faut donc souligner la qualité de l'interprétation de Tessa Van den Broeck, la révélation de cette fiction présentée à Cannes en 2024. C'est une très bonne actrice... et une joueuse de tennis vraisemblable, d'abord sur le plan physique : elle est mince et athlétique, avec des épaules bien formées, des bras un peu plus épais que la moyenne et des cuisses musclées. Techniquement, elle est au point : quand on la voit s'entraîner (et un peu jouer, en match), elle est parfaitement crédible.
Cette fiction a donc un aspect documentaire. Elle nous fait découvrir de l'intérieur le monde du tennis de haut niveau, versant espoirs, avec les phases d'entraînement, le rôle des familles, les relations entre jeunes... et les périodes scolaires.
Il est assez finement suggéré que, dans le lot de celles et ceux qui suivent l'entraînement poussé, très peu ont des chances de faire partie de l'élite, mais que l'école accepte des enfants moyennement doués, issus de familles fortunées, dont les contributions mettent du beurre dans les épinards...
L'ambiance est assez douce, mais avec une forte tension sous-jacente. L'intrigue bascule dans la seconde partie, après une scène clé. C'est bien écrit, bien filmé, bien joué. C'est l'une des excellentes surprises de ce premier trimestre 2025.
Julie se tait
... et pourtant, elle n'est pas muette. Julie est un grand espoir du tennis belge, scolarisée en sport-études. Elle est sur le point de passer les redoutables sélections nationales, avec, derrière, l'ambition de passer pro, avec le soutien de la fédération de tennis belge. Elle compte sur ses parents, ses amis et son entraîneur, exigeant, qui lui a permis de progresser.
Mais voilà que celui-ci est suspendu. L'une des joueuses qu'il coache s'est suicidée et d'autres jeunes l'accusent de harcèlement. Une enquête est ouverte, au cours de laquelle tous les athlètes sont interrogés. Julie, réputée proche de l'entraîneur, n'a rien à dire contre lui... parce qu'il n'y a rien à lui reprocher ?... parce que tous deux sont de connivence ?... ou parce qu'elle est sous son emprise ? Il est longtemps difficile de trancher, tant l'impassibilité de la jeune joueuse masque ses sentiments profonds.
Il faut donc souligner la qualité de l'interprétation de Tessa Van den Broeck, la révélation de cette fiction présentée à Cannes en 2024. C'est une très bonne actrice... et une joueuse de tennis vraisemblable, d'abord sur le plan physique : elle est mince et athlétique, avec des épaules bien formées, des bras un peu plus épais que la moyenne et des cuisses musclées. Techniquement, elle est au point : quand on la voit s'entraîner (et un peu jouer, en match), elle est parfaitement crédible.
Cette fiction a donc un aspect documentaire. Elle nous fait découvrir de l'intérieur le monde du tennis de haut niveau, versant espoirs, avec les phases d'entraînement, le rôle des familles, les relations entre jeunes... et les périodes scolaires.
Il est assez finement suggéré que, dans le lot de celles et ceux qui suivent l'entraînement poussé, très peu ont des chances de faire partie de l'élite, mais que l'école accepte des enfants moyennement doués, issus de familles fortunées, dont les contributions mettent du beurre dans les épinards...
L'ambiance est assez douce, mais avec une forte tension sous-jacente. L'intrigue bascule dans la seconde partie, après une scène clé. C'est bien écrit, bien filmé, bien joué. C'est l'une des excellentes surprises de ce premier trimestre 2025.
vendredi, 07 mars 2025
Mickey 17
En vingt-cinq ans, Bong Joon Ho n'a réalisé qu'une dizaine de longs-métrages, parmi lesquels Memories of murder, The Host, Snowpiercer et, bien entendu, Parasite. C'est dire si son nouveau film était attendu.
Adapté d'un roman, Mickey 17 mêle science-fiction, satire politique, réflexion sur la nature humaine... et humour scabreux. C'est d'abord l'histoire d'un paumé, pas heureux sur Terre, qui s'engage dans la colonisation spatiale sans trop savoir à quoi s'attendre. La peinture de grandes inégalités est mâtinée d'humour, puisqu'on découvre le devenir successif de toutes les précédentes versions de Mickey Barnes... avant de voir débarquer la suivante ! Ce sont donc deux héros (pour le prix d'un) que nous offre ce scénario malicieux, les deux copies conformes (sur le plan physique) se révélant très différentes sur le plan mental.
Ça a dû être jouissif à jouer pour Robert Pattinson, qui rend crédibles toutes les versions de son personnage. Il faut ajouter qu'il est très bien entouré : Naomi Ackie (récemment vue dans Blink Twice) et la Franco-Roumaine Anamaria Vartolomei (l'ex-Haydée de Monte-Cristo se coulant parfaitement dans l'uniforme d'une policière bad ass...). A signaler aussi Toni Collette en épouse psychopathe, plus convaincante que Mark Ruffalo, chargé d'incarner une sorte de gourou, mi-politicien mi chef de secte, et qui en fait un peu trop avec son couvre-dents immaculé. Mais c'est aussi conforme au style de Bong Joon Ho, qui aime les personnages excentriques, limite invraisemblables.
L'intrigue de science-fiction fonctionne bien, en raison de la qualité des décors et des effets spéciaux. Une autre réussite à signaler est celle des énormes insectes peuplant la nouvelle planète, qui réservent pas mal de surprises... Sur le fond, le propos ravira les spectateurs attachés à la défense d'opprimés (humains comme animaux) : c'est suffisamment vague pour n'incriminer personne, et suffisamment habile pour que de nombreuses causes puissent s'y retrouver.
Le plus étonnant est finalement l'étrange "ménage à trois" qui se met en place dans la seconde partie de l'histoire. Le réalisateur prend ici plus de risques... y compris celui de susciter l'émotion là où on ne l'attend pas.
J'ai vu le film en version-originale sous-titrée et j'en suis sorti d'excellente humeur.
21:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Mickey 17
En vingt-cinq ans, Bong Joon Ho n'a réalisé qu'une dizaine de longs-métrages, parmi lesquels Memories of murder, The Host, Snowpiercer et, bien entendu, Parasite. C'est dire si son nouveau film était attendu.
Adapté d'un roman, Mickey 17 mêle science-fiction, satire politique, réflexion sur la nature humaine... et humour scabreux. C'est d'abord l'histoire d'un paumé, pas heureux sur Terre, qui s'engage dans la colonisation spatiale sans trop savoir à quoi s'attendre. La peinture de grandes inégalités est mâtinée d'humour, puisqu'on découvre le devenir successif de toutes les précédentes versions de Mickey Barnes... avant de voir débarquer la suivante ! Ce sont donc deux héros (pour le prix d'un) que nous offre ce scénario malicieux, les deux copies conformes (sur le plan physique) se révélant très différentes sur le plan mental.
Ça a dû être jouissif à jouer pour Robert Pattinson, qui rend crédibles toutes les versions de son personnage. Il faut ajouter qu'il est très bien entouré : Naomi Ackie (récemment vue dans Blink Twice) et la Franco-Roumaine Anamaria Vartolomei (l'ex-Haydée de Monte-Cristo se coulant parfaitement dans l'uniforme d'une policière bad ass...). A signaler aussi Toni Collette en épouse psychopathe, plus convaincante que Mark Ruffalo, chargé d'incarner une sorte de gourou, mi-politicien mi chef de secte, et qui en fait un peu trop avec son couvre-dents immaculé. Mais c'est aussi conforme au style de Bong Joon Ho, qui aime les personnages excentriques, limite invraisemblables.
L'intrigue de science-fiction fonctionne bien, en raison de la qualité des décors et des effets spéciaux. Une autre réussite à signaler est celle des énormes insectes peuplant la nouvelle planète, qui réservent pas mal de surprises... Sur le fond, le propos ravira les spectateurs attachés à la défense d'opprimés (humains comme animaux) : c'est suffisamment vague pour n'incriminer personne, et suffisamment habile pour que de nombreuses causes puissent s'y retrouver.
Le plus étonnant est finalement l'étrange "ménage à trois" qui se met en place dans la seconde partie de l'histoire. Le réalisateur prend ici plus de risques... y compris celui de susciter l'émotion là où on ne l'attend pas.
J'ai vu le film en version-originale sous-titrée et j'en suis sorti d'excellente humeur.
21:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films