mercredi, 14 août 2024
Mon Ami le petit manchot
Comme il existe la World Music, au cinéma, on pourrait parler parfois de World Movies, ces "objets gentils" conçus pour plaire au plus grand nombre, en général tournés en anglais, autour d'une vedette, avec une histoire un peu cucul-la-praline. Telle était ma crainte en allant voir ce film, se déroulant entre les côtes du Brésil et celle du sud de l'Argentine... mais où tout le monde parle anglais/français (selon la version du film que l'on voit).
La première séquence m'a sorti de mes idées préconçues. Tout d'abord, j'ai cru que je m'étais trompé de film, tant ce qui était montré à l'écran ne cadrait pas avec l'histoire d'amitié trans-spéciste que je m'attendais à voir. L'action se déroule 20-25 ans avant le cœur de l'intrigue et elle a un impact sur la suite, que je ne peux révéler. J'ai trouvé assez gonflé de commencer par là. Le jeune public risque d'être un peu perturbé mais, dans la salle où j'ai vu le film, il a été accroché par cette entrée en matière peu conventionnelle.
On finit par tomber sur ce bon vieux pêcheur brésilien, Jean Reno, rescapé du Grand Bleu... et se portant au secours d'un manchot de Magellan victime d'un dégazage sauvage. Il ne le fait pas parce qu'il est membre d'une ONG environnementale, simplement par humanisme dirais-je... mais aussi parce que l'animal qu'il recueille est un substitut (la mise en scène finissant même par suggérer la possibilité d'une réincarnation... mouais).
La relation qui se noue entre le vieil homme désabusé et le jeune animal égaré est à la fois drôle et touchante... inspirée d'une histoire vraie. DinDim (comme le surnomme une gamine du coin) se met tout le monde dans la poche, pas uniquement le pêcheur... mais il finit par partir.
Le scénario s'étoffe avec la présence d'une équipe de scientifiques, en Argentine. A la stupéfaction de tout le monde, on découvre que le petit manchot est capable d'effectuer plusieurs milliers de kilomètres pour regagner alternativement les deux mêmes endroits : sa colonie d'origine (lors de l'été austral, c'est-à-dire à partir de décembre, dans l'hémisphère Sud) et le village de pêcheurs brésiliens, plutôt en automne-hiver.
Il y a donc un aspect documentaire dans ce feel good moovie. On a filmé de véritables manchots (une dizaine rien que pour incarner DinDim, d'après le générique de fin). Les animaux sont montrés en colonies, sur terre, mais aussi dans l'eau, ce qui est l'occasion de faire de très belles images.
Plusieurs dangers guettent le manchot : les prédateurs aquatiques, l'épuisement lors de ses longues migrations, les filets de la pêche industrielle... et l'intérêt qu'il suscite auprès des scientifiques, divisés quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de lui : le laisser évoluer dans son environnement naturel... ou le déplacer pour pouvoir l'observer tout à loisir ?
C'est parfois vraiment émouvant. Il arrive qu'une poussière se glisse dans l’œil. A proximité de moi, une maman ayant accompagné ses deux filles a fini par se moucher. Mais je rassure tout le monde : on a ménagé une fin heureuse, à la fois à l'écran et dans le texte d'accompagnement final. Il est suivi de quelques images des véritables personnages.
19:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 12 août 2024
Petit Panda en Afrique
Comptant peut-être profiter du succès du Kung Fu Panda de DreamWorks (dont le quatrième volet est sorti au printemps dernier), cette coproduction internationale nous transporte entre Chine et Afrique australe.
Le début de l'intrigue se déroule dans le "pays du milieu", dans un village de pandas pelucheux qui cohabitent avec... des dragons. Ceux-ci ne mettent pas le feu au village, mais contribuent à faire tomber la pluie. L'ambiance est donc un mélange de réalisme (les pandas représentant des "Chinois moyens") et de féérie, le tout sur fond de musique traditionnelle asiatique.
On suit davantage les enfants que les adultes (signe que le film s'adresse davantage aux premiers qu'aux seconds). Il est question d'amitié mais aussi d'acquisition de maturité... et de courage, le petit panda partant à la recherche de son amie dragonne, qui se fait enlever.
La séquence du trajet, sur le bateau d'un babouin commerçant, est plutôt réussie, aussi bien visuellement qu'au plan de l'humour.
Pendant ce temps-là, en Afrique, on découvre un royaume fonctionnant sur le principe d'une régence : le couple de souverains lions est mort, d'une manière pas totalement claire. L'héritier du trône, un lionceau immature et capricieux, gouverne sous la férule de son oncle, redouté par tous les habitants de la savane... y compris les hyènes, réfugiées dans la forêt voisine et en conflit avec le royaume des lions. L'idée d'enlever un petit dragon vient du régent, qui a des projets en tête...
C'est donc une histoire d'amitié, de courage et d'ambition, assez classique. On apprend aux jeunes qu'il faut aider un(e) ami(e) dans le besoin et qu'il ne faut pas se décourager devant les épreuves de la vie. Le scénario privilégie aussi la négociation à la violence pour résoudre les conflits.
De belles valeurs sont mises en avant, appuyées par une animation assez réussie, en particulier les pandas et les hyènes, celles-ci très mignonnes et, une fois n'est pas coutume, présentées de manière sympathique. Ce n'est toutefois pas aussi brillant que les productions Pixar ou DreamWorks. Un œil avisé pourra distinguer, ici ou là, quelques défauts dans les mouvements ou les décors, mais c'est globalement du bon boulot. Je regrette quand même la quasi-absence de double niveau de lecture. Si les enfants aiment le film (qui apprendra aux tout-petits à reconnaître certains animaux), les adultes risquent d'un peu s'ennuyer.
P.S.
Le fond de l'histoire n'est pas tout à fait innocent. C'est grâce à des animaux chinois (un panda et une dragonne) que les peuples africains en conflit (ici principalement les lions et les hyènes) vont apprendre à cohabiter pacifiquement. On pourrait être tenté d'y voir une justification de la présence chinoise en Afrique, de plus en plus importante ces dernières années.
12:19 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Petit Panda en Afrique
Comptant peut-être profiter du succès du Kung Fu Panda de DreamWorks (dont le quatrième volet est sorti au printemps dernier), cette coproduction internationale nous transporte entre Chine et Afrique australe.
Le début de l'intrigue se déroule dans le "pays du milieu", dans un village de pandas pelucheux qui cohabitent avec... des dragons. Ceux-ci ne mettent pas le feu au village, mais contribuent à faire tomber la pluie. L'ambiance est donc un mélange de réalisme (les pandas représentant des "Chinois moyens") et de féérie, le tout sur fond de musique traditionnelle asiatique.
On suit davantage les enfants que les adultes (signe que le film s'adresse davantage aux premiers qu'aux seconds). Il est question d'amitié mais aussi d'acquisition de maturité... et de courage, le petit panda partant à la recherche de son amie dragonne, qui se fait enlever.
La séquence du trajet, sur le bateau d'un babouin commerçant, est plutôt réussie, aussi bien visuellement qu'au plan de l'humour.
Pendant ce temps-là, en Afrique, on découvre un royaume fonctionnant sur le principe d'une régence : le couple de souverains lions est mort, d'une manière pas totalement claire. L'héritier du trône, un lionceau immature et capricieux, gouverne sous la férule de son oncle, redouté par tous les habitants de la savane... y compris les hyènes, réfugiées dans la forêt voisine et en conflit avec le royaume des lions. L'idée d'enlever un petit dragon vient du régent, qui a des projets en tête...
C'est donc une histoire d'amitié, de courage et d'ambition, assez classique. On apprend aux jeunes qu'il faut aider un(e) ami(e) dans le besoin et qu'il ne faut pas se décourager devant les épreuves de la vie. Le scénario privilégie aussi la négociation à la violence pour résoudre les conflits.
De belles valeurs sont mises en avant, appuyées par une animation assez réussie, en particulier les pandas et les hyènes, celles-ci très mignonnes et, une fois n'est pas coutume, présentées de manière sympathique. Ce n'est toutefois pas aussi brillant que les productions Pixar ou DreamWorks. Un œil avisé pourra distinguer, ici ou là, quelques défauts dans les mouvements ou les décors, mais c'est globalement du bon boulot. Je regrette quand même la quasi-absence de double niveau de lecture. Si les enfants aiment le film (qui apprendra aux tout-petits à reconnaître certains animaux), les adultes risquent d'un peu s'ennuyer.
P.S.
Le fond de l'histoire n'est pas tout à fait innocent. C'est grâce à des animaux chinois (un panda et une dragonne) que les peuples africains en conflit (ici principalement les lions et les hyènes) vont apprendre à cohabiter pacifiquement. On pourrait être tenté d'y voir une justification de la présence chinoise en Afrique, de plus en plus importante ces dernières années.
12:19 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 10 août 2024
Borderlands
Tourné en plein covid (comme en témoigne abondamment le générique de fin), ce film sort presque confidentiellement, en plein été. A priori, ce n'est pas bon signe... et pourtant, la distribution est alléchante, avec Kevin Hart (en super-soldat), Cate Blanchett (en chasseuse de primes bad ass... et très maquillée), Jaimie Lee Curtis (en scientifique un brin loufoque) et la jeune pousse Ariana Greenblatt (vue l'an dernier dans 65 - La Terre d'avant).
Des individus qu'au départ tout sépare vont constituer une improbable troupe, pas très disciplinée, assez gouailleuse : une gamine rebelle aux étranges pouvoirs, un soldat as de la gâchette, une chasseuse de primes dont l'apparente désinvolture masque des failles profondes, un grand balèze, supposé sadique... et un petit robot porté sur la plaisanterie.
Cette famille recomposée (ou cette bande de faux potes - au départ) n'est pas sans rappeler Les Gardiens de la galaxie (en moins bien toutefois). L'habillage du film quant à lui fait immanquablement penser à l'univers de Star Wars, avec une touche de Mad Max.
J'ai eu l'impression qu'on avait cherché à copier ce qui avait marché dans plusieurs franchises populaires, pour en créer une nouvelle. Alors, oui, les effets spéciaux sont chouettes, mais, au niveau du scénario comme de la crédibilité des situations, la copie ne vaut pas les originaux.
Dans la première moitié du film, le mélange d'action et d'humour, mâtiné d'effets spéciaux, fonctionne. Dans la seconde moitié, cela se prend un peu trop au sérieux et vise -parfois- l'épique, sans forcément l'atteindre. Les acteurs (même Cate) prennent un peu trop la pose. Comme aux manettes il y a Eli Roth (auquel on doit, entre autres, Hostel et Death Wish), c'est plutôt du bon boulot, mais, là encore (comme dans d'autres œuvres commerciales sorties cet été), certains rebondissements surgissent de manière trop abrupte. Il aurait fallu davantage développer (ou moins couper) certains fils narratifs secondaires.
Au fait, c'est l'histoire d'une gamine qui serait la clé pour accéder à l'Arche, un endroit mythique qui abriterait les secrets d'une brillante civilisation disparue. L'entrée se trouverait sur la planète Pandora, dont est originaire la chasseuse de primes, chargée de retrouver la gamine pour le compte d'un méchant industriel. Sa rencontre avec les autres protagonistes va la faire évoluer... jusqu'à un point assez inattendu ma foi (pour qui ne connaît pas le jeu vidéo d'origine).
21:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Borderlands
Tourné en plein covid (comme en témoigne abondamment le générique de fin), ce film sort presque confidentiellement, en plein été. A priori, ce n'est pas bon signe... et pourtant, la distribution est alléchante, avec Kevin Hart (en super-soldat), Cate Blanchett (en chasseuse de primes bad ass... et très maquillée), Jaimie Lee Curtis (en scientifique un brin loufoque) et la jeune pousse Ariana Greenblatt (vue l'an dernier dans 65 - La Terre d'avant).
Des individus qu'au départ tout sépare vont constituer une improbable troupe, pas très disciplinée, assez gouailleuse : une gamine rebelle aux étranges pouvoirs, un soldat as de la gâchette, une chasseuse de primes dont l'apparente désinvolture masque des failles profondes, un grand balèze, supposé sadique... et un petit robot porté sur la plaisanterie.
Cette famille recomposée (ou cette bande de faux potes - au départ) n'est pas sans rappeler Les Gardiens de la galaxie (en moins bien toutefois). L'habillage du film quant à lui fait immanquablement penser à l'univers de Star Wars, avec une touche de Mad Max.
J'ai eu l'impression qu'on avait cherché à copier ce qui avait marché dans plusieurs franchises populaires, pour en créer une nouvelle. Alors, oui, les effets spéciaux sont chouettes, mais, au niveau du scénario comme de la crédibilité des situations, la copie ne vaut pas les originaux.
Dans la première moitié du film, le mélange d'action et d'humour, mâtiné d'effets spéciaux, fonctionne. Dans la seconde moitié, cela se prend un peu trop au sérieux et vise -parfois- l'épique, sans forcément l'atteindre. Les acteurs (même Cate) prennent un peu trop la pose. Comme aux manettes il y a Eli Roth (auquel on doit, entre autres, Hostel et Death Wish), c'est plutôt du bon boulot, mais, là encore (comme dans d'autres œuvres commerciales sorties cet été), certains rebondissements surgissent de manière trop abrupte. Il aurait fallu davantage développer (ou moins couper) certains fils narratifs secondaires.
Au fait, c'est l'histoire d'une gamine qui serait la clé pour accéder à l'Arche, un endroit mythique qui abriterait les secrets d'une brillante civilisation disparue. L'entrée se trouverait sur la planète Pandora, dont est originaire la chasseuse de primes, chargée de retrouver la gamine pour le compte d'un méchant industriel. Sa rencontre avec les autres protagonistes va la faire évoluer... jusqu'à un point assez inattendu ma foi (pour qui ne connaît pas le jeu vidéo d'origine).
21:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 08 août 2024
Largo Winch (film et BD)
Sans doute inspiré par la récente sortie en salles de la troisième adaptation cinématographique (Le Prix de l'argent), le service de programmation de la chaîne TMC a eu la bonne idée de rediffuser le premier film issu de la célèbre bande dessinée, lundi dernier. (Il est encore visible en séance de rattrapage pendant quelques jours, sur la plateforme TF1+.)
Pour moi, ce fut une découverte, qui m'incita à lire aussi le diptyque d'origine, les deux premiers volumes de la série, intitulés L'Héritier et Le Groupe W.
On a parfois accusé Jérôme Salle (réalisateur) et Julien Rappeneau (co-scénariste) d'avoir trahi l’œuvre de Jean Van Hamme et Philippe Francq. En effet, le film s'émancipe quelque peu des deux tomes de la bande dessinée... mais ce n'est pas forcément un mal.
Les grands traits de l'intrigue n'ont pas été modifiés. Le PDG multi-milliardaire est, dans les deux cas, mort apparemment de manière non suspecte, avant qu'on ne découvre un assassinat masqué. Largo est bien son fils adoptif caché, originaire des Balkans. Il a reçu une éducation soignée, avant de se rebeller contre son pygmalion de père. Il finit par accepter son héritage et rencontre de fortes oppositions, qui vont jusqu'à des tentatives de meurtre. Un complot est à l’œuvre pour lui faire perdre les parts du groupe W qu'il possède. Enfin, s'il convient de se méfier de presque tout le monde, Largo va quand même pouvoir s'appuyer sur de rares personnes de confiance, pour déjouer le complot.
Les modifications interviennent à trois niveaux : l'époque des faits, les lieux de l'action et certains personnages.
Commençons par l'époque... ou plutôt LES époques. Si les deux tomes ont été publiés respectivement en 1990 et 1991, le film lui date de 2008. Entre la fin de la Guerre froide et la période de guerre civile irakienne, post 11 septembre, les contextes ne sont pas les mêmes.
Voilà qui explique sans doute le changement des lieux. En 1990, l'empire de Nerio Winch est centralisé à New York, cœur du capitalisme mondial triomphant. Dix-huit ans plus tard, l'émergence de l'Asie orientale (et, peut-être, le fait que le film soit une coproduction hongkongaise...) explique la localisation à Hong Kong.
L'autre grand changement géographique porte sur l'espace où évolue Largo avant d'apprendre le décès de son père. Dans la bande dessinée, il s'agit d'Istanbul, où se déroule d'ailleurs une grande partie de l'action du volume 1. Dans le film, on découvre Tomer Sisley au Brésil, où il fait la rencontre fortuite (croit-il) d'une charmante permanente d'ONG (incarnée par la délicieuse Mélanie Thierry).
Or, ce personnage-ci est absent de la bande dessinée, dans laquelle le héros se frotte principalement à des hommes. Il fait bien la rencontre de deux (ravissantes) jeunes femmes, à Istanbul, mais il s'agit de filles de diplomates (l'une britannique, l'autre états-unienne), qui elles sont absentes du film. Cela m'amène tout naturellement à la vision des femmes. De ce point de vue, la BD est clairement datée : à l'exception d'une assistante de direction âgée (mais qui a dû être très belle), elle ne met en scène que des "bombasses", dans des rôles subalternes (employées, secrétaires, rencontres d'un soir), même si la volontaire Charity sort un peu du lot. En revanche, Marilyn Apfelmond est une caricature de "poupée" : mince, blonde à forte poitrine, court-vêtue, un peu naïve, que l'un des personnages masculins fait boire avec la claire intention de la mettre dans son lit.
Au contraire, dans le film, plusieurs personnages de femme forte nous sont proposés : outre Naomi la traîtresse (qui n'est pas sans cœur), on croise notamment Ann Ferguson, le bras droit de Nerio, interprétée par Kristin Scott Thomas.
Le film est dynamisé par ses scènes d'action et des vues paysagères dans l'ensemble réussies. Mais, au niveau du scénario, clairement, la BD est plus forte. Du coup, je trouve que les deux se complètent bien.
22:01 Publié dans Cinéma, Livre, Loisirs, Télévision | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, télé, bd, bande dessinée, bande-dessinée
Largo Winch (film et BD)
Sans doute inspiré par la récente sortie en salles de la troisième adaptation cinématographique (Le Prix de l'argent), le service de programmation de la chaîne TMC a eu la bonne idée de rediffuser le premier film issu de la célèbre bande dessinée, lundi dernier. (Il est encore visible en séance de rattrapage pendant quelques jours, sur la plateforme TF1+.)
Pour moi, ce fut une découverte, qui m'incita à lire aussi le diptyque d'origine, les deux premiers volumes de la série, intitulés L'Héritier et Le Groupe W.
On a parfois accusé Jérôme Salle (réalisateur) et Julien Rappeneau (co-scénariste) d'avoir trahi l’œuvre de Jean Van Hamme et Philippe Francq. En effet, le film s'émancipe quelque peu des deux tomes de la bande dessinée... mais ce n'est pas forcément un mal.
Les grands traits de l'intrigue n'ont pas été modifiés. Le PDG multi-milliardaire est, dans les deux cas, mort apparemment de manière non suspecte, avant qu'on ne découvre un assassinat masqué. Largo est bien son fils adoptif caché, originaire des Balkans. Il a reçu une éducation soignée, avant de se rebeller contre son pygmalion de père. Il finit par accepter son héritage et rencontre de fortes oppositions, qui vont jusqu'à des tentatives de meurtre. Un complot est à l’œuvre pour lui faire perdre les parts du groupe W qu'il possède. Enfin, s'il convient de se méfier de presque tout le monde, Largo va quand même pouvoir s'appuyer sur de rares personnes de confiance, pour déjouer le complot.
Les modifications interviennent à trois niveaux : l'époque des faits, les lieux de l'action et certains personnages.
Commençons par l'époque... ou plutôt LES époques. Si les deux tomes ont été publiés respectivement en 1990 et 1991, le film lui date de 2008. Entre la fin de la Guerre froide et la période de guerre civile irakienne, post 11 septembre, les contextes ne sont pas les mêmes.
Voilà qui explique sans doute le changement des lieux. En 1990, l'empire de Nerio Winch est centralisé à New York, cœur du capitalisme mondial triomphant. Dix-huit ans plus tard, l'émergence de l'Asie orientale (et, peut-être, le fait que le film soit une coproduction hongkongaise...) explique la localisation à Hong Kong.
L'autre grand changement géographique porte sur l'espace où évolue Largo avant d'apprendre le décès de son père. Dans la bande dessinée, il s'agit d'Istanbul, où se déroule d'ailleurs une grande partie de l'action du volume 1. Dans le film, on découvre Tomer Sisley au Brésil, où il fait la rencontre fortuite (croit-il) d'une charmante permanente d'ONG (incarnée par la délicieuse Mélanie Thierry).
Or, ce personnage-ci est absent de la bande dessinée, dans laquelle le héros se frotte principalement à des hommes. Il fait bien la rencontre de deux (ravissantes) jeunes femmes, à Istanbul, mais il s'agit de filles de diplomates (l'une britannique, l'autre états-unienne), qui elles sont absentes du film. Cela m'amène tout naturellement à la vision des femmes. De ce point de vue, la BD est clairement datée : à l'exception d'une assistante de direction âgée (mais qui a dû être très belle), elle ne met en scène que des "bombasses", dans des rôles subalternes (employées, secrétaires, rencontres d'un soir), même si la volontaire Charity sort un peu du lot. En revanche, Marilyn Apfelmond est une caricature de "poupée" : mince, blonde à forte poitrine, court-vêtue, un peu naïve, que l'un des personnages masculins fait boire avec la claire intention de la mettre dans son lit.
Au contraire, dans le film, plusieurs personnages de femme forte nous sont proposés : outre Naomi la traîtresse (qui n'est pas sans cœur), on croise notamment Ann Ferguson, le bras droit de Nerio, interprétée par Kristin Scott Thomas.
Le film est dynamisé par ses scènes d'action et des vues paysagères dans l'ensemble réussies. Mais, au niveau du scénario, clairement, la BD est plus forte. Du coup, je trouve que les deux se complètent bien.
22:01 Publié dans Cinéma, Livre, Loisirs, Télévision | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, télé, bd, bande dessinée, bande-dessinée
mercredi, 07 août 2024
Trap
Au cours d'un gigantesque concert (réunissant une quinzaine de milliers de spectateurs, majoritairement adolescents, parfois venus avec leurs parents), un impressionnant dispositif policier est mis en place. Même le FBI est présent, pour tenter de tuer/capturer "le boucher" un machiavélique tueur en série.
Il y a vingt ans, M. Night Shyamalan (dont les derniers films, Old et Knock at the cabin, n'ont guère suscité d'enthousiasme) nous aurait servi un huis clos étouffant, nous offrant une multitude de suspects, plus crédibles les uns que les autres, avec retournement complet de situation à la fin.
Tel n'est pas le cas ici (ce qui a peut-être déçu certains fans). Shyamy n'a pas eu envie de reproduire un schéma déjà utilisé, même si la première heure de ce thriller prend effectivement l'apparence d'un huis clos, dans un gigantesque complexe dont nous découvrons les arrière-cours... en suivant le tueur recherché, sur l'identité duquel ne plane aucun mystère.
Ce Cooper a les traits d'une "gueule d'ange", Josh Harnett, ex-tombeur de ces dames, dont, à l'occasion, on peut revoir le torse et l'abdomen... plutôt bien entretenus ma foi, même si l'on sent qu'au niveau des "poignées d'amour", le temps a fait son effet...
Pour certains, ce choix dans la narration et la mise en scène ne manquera pas d'être gênant. Le héros est une ordure, mais une ordure qui aime sa famille, en particulier sa fille Riley, pour laquelle ce papounet pompier a cassé sa tirelire : il s'est procuré deux places pour le concert de Lady Raven, une vedette de la pop qui semble être un mélange de Lady Gaga, Beyonce et Jennifer Lopez. Elle est interprétée (texte et chansons) par une certaine Saleka Night Shyamalan... eh, oui, l'aînée des trois filles du réalisateur, qui semble profiter de ce film pour tenter de donner un élan supplémentaire à la carrière de chanteuse et/ou d'actrice de sa progéniture. (La cadette est déjà réalisatrice.)
La première heure est une sorte d'attrape-moi-si-tu-peux. La profileuse du FBI semble avoir bien cerné la psychologie du tueur, mais elle n'en connaît pas l'apparence physique. C'est donc aux trois cents policiers, aidés de la reconnaissance faciale, de débusquer les pères trentenaires ou quadragénaires correspondant au profil. De son côté, Cooper (Coupeur ?... jeu de mots hélas sans aucun sens pour des oreilles anglo-saxonnes), une fois qu'il a compris qu'il était tombé dans un traquenard, doit développer des trésors d'ingéniosité pour échapper à une arrestation promise. C'est assez bien foutu, le suspens se mâtinant d'humour : Shyamalan pointe (gentiment) certains des travers du monde du spectacle et met en scène un tueur très organisé, tout en étant capable d'improviser. Le prédateur est devenu la proie, mais il n'est pas facile à attraper.
Si cela s'était limité à cette trame, venant de Shyamalan, le film aurait été un peu décevant. Mais, au bout d'une heure, dans des circonstances que je m'interdis de révéler, le cinéaste nous fait sortir du site du concert, avec des rebondissements à la clé. Il faut aussi s'attendre à ce que l'intrigue prenne un nouveau chemin dans la troisième partie, qui contient une révélation capitale.
Même si la fin n'est pas des plus originales, je trouve que Shyamalan a plutôt réussi son coup. Dans la salle pleine de djeunses à pop corn où je me trouvais, le public a été captivé.
22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Trap
Au cours d'un gigantesque concert (réunissant une quinzaine de milliers de spectateurs, majoritairement adolescents, parfois venus avec leurs parents), un impressionnant dispositif policier est mis en place. Même le FBI est présent, pour tenter de tuer/capturer "le boucher" un machiavélique tueur en série.
Il y a vingt ans, M. Night Shyamalan (dont les derniers films, Old et Knock at the cabin, n'ont guère suscité d'enthousiasme) nous aurait servi un huis clos étouffant, nous offrant une multitude de suspects, plus crédibles les uns que les autres, avec retournement complet de situation à la fin.
Tel n'est pas le cas ici (ce qui a peut-être déçu certains fans). Shyamy n'a pas eu envie de reproduire un schéma déjà utilisé, même si la première heure de ce thriller prend effectivement l'apparence d'un huis clos, dans un gigantesque complexe dont nous découvrons les arrière-cours... en suivant le tueur recherché, sur l'identité duquel ne plane aucun mystère.
Ce Cooper a les traits d'une "gueule d'ange", Josh Harnett, ex-tombeur de ces dames, dont, à l'occasion, on peut revoir le torse et l'abdomen... plutôt bien entretenus ma foi, même si l'on sent qu'au niveau des "poignées d'amour", le temps a fait son effet...
Pour certains, ce choix dans la narration et la mise en scène ne manquera pas d'être gênant. Le héros est une ordure, mais une ordure qui aime sa famille, en particulier sa fille Riley, pour laquelle ce papounet pompier a cassé sa tirelire : il s'est procuré deux places pour le concert de Lady Raven, une vedette de la pop qui semble être un mélange de Lady Gaga, Beyonce et Jennifer Lopez. Elle est interprétée (texte et chansons) par une certaine Saleka Night Shyamalan... eh, oui, l'aînée des trois filles du réalisateur, qui semble profiter de ce film pour tenter de donner un élan supplémentaire à la carrière de chanteuse et/ou d'actrice de sa progéniture. (La cadette est déjà réalisatrice.)
La première heure est une sorte d'attrape-moi-si-tu-peux. La profileuse du FBI semble avoir bien cerné la psychologie du tueur, mais elle n'en connaît pas l'apparence physique. C'est donc aux trois cents policiers, aidés de la reconnaissance faciale, de débusquer les pères trentenaires ou quadragénaires correspondant au profil. De son côté, Cooper (Coupeur ?... jeu de mots hélas sans aucun sens pour des oreilles anglo-saxonnes), une fois qu'il a compris qu'il était tombé dans un traquenard, doit développer des trésors d'ingéniosité pour échapper à une arrestation promise. C'est assez bien foutu, le suspens se mâtinant d'humour : Shyamalan pointe (gentiment) certains des travers du monde du spectacle et met en scène un tueur très organisé, tout en étant capable d'improviser. Le prédateur est devenu la proie, mais il n'est pas facile à attraper.
Si cela s'était limité à cette trame, venant de Shyamalan, le film aurait été un peu décevant. Mais, au bout d'une heure, dans des circonstances que je m'interdis de révéler, le cinéaste nous fait sortir du site du concert, avec des rebondissements à la clé. Il faut aussi s'attendre à ce que l'intrigue prenne un nouveau chemin dans la troisième partie, qui contient une révélation capitale.
Même si la fin n'est pas des plus originales, je trouve que Shyamalan a plutôt réussi son coup. Dans la salle pleine de djeunses à pop corn où je me trouvais, le public a été captivé.
22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 03 août 2024
Les Fantômes
Ces fantômes sont parfois des morts, parfois des vivants. Les morts sont les victimes de la dictature de Bachar el-Assad, comme l'épouse et la fille unique du héros, dont il ne parvient pas à faire le deuil. Les vivants sont les rescapés des geôles syriennes... et certains de leurs anciens bourreaux, qui ont fui en Occident et tentent, sous une nouvelle identité, de s'y faire oublier.
Ce film prend la forme d'un polar, puisque le héros a rejoint un groupe clandestin, parmi les réfugiés en Europe (principalement en Allemagne), qui traque les anciens (?) serviteurs du dictateur sanguinaire, pour les faire juger. Dans le même temps, les rencontres faites par Hamid nous mettent en contact avec différentes catégories de victimes. Comme presque tout le monde se méfie de (presque) tout le monde (à cause des agents infiltrés), il est difficile de savoir si tel ou tel interlocuteur est sincère. S'ajoutent à cela les effets secondaires de la détention d'Hamid. Il peine à surmonter les séquelles des tortures qu'il a subies, cumulées au traumatisme de la perte de son épouse et de sa fille. Par moments il se demande (et nous aussi) s'il n'a pas perdu sa lucidité.
C'est plutôt bien joué, avec Adam Bessa en réfugié justicier mutique, pas encore prêt à nouer une nouvelle relation. J'ai surtout remarqué Tawfeek Barhom, vu il y a deux ans dans La Conspiration du Caire... et surtout remarqué naguère en chanteur de Gaza ! Il réussit parfaitement à semer le trouble concernant son personnage, un étudiant en chimie qui ne veut surtout pas retourner en Syrie... mais pour quelle raison exactement ? La scène la plus marquante est celle du déjeuner, qui le voit partager une table avec Hamid, censé le traquer discrètement. Le dialogue entre les deux hommes, en arabe et en français (la scène se déroule à Strasbourg), est plein d'ambiguïtés.
Il y a d'autres réussites dans ce film, comme la mise en scène de l'utilisation de l'espace dialogue d'un jeu vidéo en ligne pour communiquer secrètement à distance. J'ai aussi aimé la sorte d'enquête auditive menée par Hamid, qui commence par essayer de capter la voix actuelle du suspect (il n'a jamais vu le visage de son tortionnaire), puis récupère des enregistrements de témoignages d'autres rescapés de la même prison. Le moindre détail peut être important. Ce n'est pas tout à fait du niveau du Chant du loup, mais c'est quand même bien foutu.
Le film, inspiré nous dit-on d'une histoire vraie (je dirais plutôt de plusieurs histoires vraies, dont celle d'Omar Alshogre et celle du tortionnaire Abdulhamid C.) est minutieusement construit, avec un évident souci du détail, essayant peut-être de pallier le manque de moyens. Les personnages secondaires sont assez bien construits.
Je n'aurais peut-être qu'une réserve à émettre : quelques longueurs, le film se traînant un peu inutilement par moments (durée officielle : 1h40... au moins 2h en ressenti). Mais il est bien construit, autour d'une histoire forte.
P.S.
La traque des criminels syriens se poursuit. Récemment, c'est aux États-Unis qu'elle a abouti.
20:18 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Fantômes
Ces fantômes sont parfois des morts, parfois des vivants. Les morts sont les victimes de la dictature de Bachar el-Assad, comme l'épouse et la fille unique du héros, dont il ne parvient pas à faire le deuil. Les vivants sont les rescapés des geôles syriennes... et certains de leurs anciens bourreaux, qui ont fui en Occident et tentent, sous une nouvelle identité, de s'y faire oublier.
Ce film prend la forme d'un polar, puisque le héros a rejoint un groupe clandestin, parmi les réfugiés en Europe (principalement en Allemagne), qui traque les anciens (?) serviteurs du dictateur sanguinaire, pour les faire juger. Dans le même temps, les rencontres faites par Hamid nous mettent en contact avec différentes catégories de victimes. Comme presque tout le monde se méfie de (presque) tout le monde (à cause des agents infiltrés), il est difficile de savoir si tel ou tel interlocuteur est sincère. S'ajoutent à cela les effets secondaires de la détention d'Hamid. Il peine à surmonter les séquelles des tortures qu'il a subies, cumulées au traumatisme de la perte de son épouse et de sa fille. Par moments il se demande (et nous aussi) s'il n'a pas perdu sa lucidité.
C'est plutôt bien joué, avec Adam Bessa en réfugié justicier mutique, pas encore prêt à nouer une nouvelle relation. J'ai surtout remarqué Tawfeek Barhom, vu il y a deux ans dans La Conspiration du Caire... et surtout remarqué naguère en chanteur de Gaza ! Il réussit parfaitement à semer le trouble concernant son personnage, un étudiant en chimie qui ne veut surtout pas retourner en Syrie... mais pour quelle raison exactement ? La scène la plus marquante est celle du déjeuner, qui le voit partager une table avec Hamid, censé le traquer discrètement. Le dialogue entre les deux hommes, en arabe et en français (la scène se déroule à Strasbourg), est plein d'ambiguïtés.
Il y a d'autres réussites dans ce film, comme la mise en scène de l'utilisation de l'espace dialogue d'un jeu vidéo en ligne pour communiquer secrètement à distance. J'ai aussi aimé la sorte d'enquête auditive menée par Hamid, qui commence par essayer de capter la voix actuelle du suspect (il n'a jamais vu le visage de son tortionnaire), puis récupère des enregistrements de témoignages d'autres rescapés de la même prison. Le moindre détail peut être important. Ce n'est pas tout à fait du niveau du Chant du loup, mais c'est quand même bien foutu.
Le film, inspiré nous dit-on d'une histoire vraie (je dirais plutôt de plusieurs histoires vraies, dont celle d'Omar Alshogre et celle du tortionnaire Abdulhamid C.) est minutieusement construit, avec un évident souci du détail, essayant peut-être de pallier le manque de moyens. Les personnages secondaires sont assez bien construits.
Je n'aurais peut-être qu'une réserve à émettre : quelques longueurs, le film se traînant un peu inutilement par moments (durée officielle : 1h40... au moins 2h en ressenti). Mais il est bien construit, autour d'une histoire forte.
P.S.
La traque des criminels syriens se poursuit. Récemment, c'est aux États-Unis qu'elle a abouti.
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vendredi, 02 août 2024
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain
L'été est l'occasion de ressortir en salle de "bons vieux films", soit parce qu'ils ont été restaurés, soit à l'occasion d'un anniversaire... ou, pour le cas qui nous intéresse, en raison de la tenue des Jeux Olympiques d'été à Paris. Le film véhicule une certaine image du quartier de Montmartre, déjà un peu datée à l'époque de sa sortie (2001... comme le temps passe).
Dès le début, on est pris par la voix de conteur d'André Dussolier, par les effets comiques, par la beauté de certains plans et la nostalgie douce qui émane de l'ensemble.
Revoir ce film est l'occasion de vérifier que la distribution était impressionnante. Aux côtés d'Audrey Tautou et de Mathieu Kassovitz évoluaient Isabelle Nanty, Armelle, Claude Perron, Yolande Moreau, mais aussi Rufus, Jamel Debbouze, Dominique Pinon, Urbain Cancelier, Maurice Benichou... et tant d'autres encore.
J'adore cette histoire parce qu'elle met en scène, au départ, deux perdants du monde contemporain : un jeune employé de sex shop passionné par les photomatons, se déplaçant à mobylette (sans casque !) et une jeune serveuse, orpheline de mère, amoureuse des petits plaisirs quotidiens... et à l'âme justicière.
Le film est truffé d'inventions, au plan scénaristique comme au plan visuel. On savoure les stratagèmes élaborés par Amélie pour venir en aide à ses contemporains et l'on est impressionné, plus de vingt ans après, par la qualité des effets numériques, par exemple quand Amélie se liquéfie (au propre comme au figuré) dans le restaurant où elle travaille, ou quand le mobilier de sa chambre s'anime, une fois qu'elle est endormie, ou encore quand quatre versions de Ticky Holgado (hélas prématurément décédé) rabrouent Nino Quincampoix.
J'aime aussi la progression laborieuse de cette histoire d'amour, follement romantique, qui débouche sur un moment d'une beauté absolue, sans musique ni dialogue, sur le seuil d'un appartement parisien.
Cette opportune ressortie offre bien plus de bonheur que la plupart des nouveautés qui débarquent dans nos salles obscures.
P.S.
A (re)voir aussi : Paddington. Mon impression de 2014 était bonne... et j'ai de nouveau passé un très bon moment.
19:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain
L'été est l'occasion de ressortir en salle de "bons vieux films", soit parce qu'ils ont été restaurés, soit à l'occasion d'un anniversaire... ou, pour le cas qui nous intéresse, en raison de la tenue des Jeux Olympiques d'été à Paris. Le film véhicule une certaine image du quartier de Montmartre, déjà un peu datée à l'époque de sa sortie (2001... comme le temps passe).
Dès le début, on est pris par la voix de conteur d'André Dussolier, par les effets comiques, par la beauté de certains plans et la nostalgie douce qui émane de l'ensemble.
Revoir ce film est l'occasion de vérifier que la distribution était impressionnante. Aux côtés d'Audrey Tautou et de Mathieu Kassovitz évoluaient Isabelle Nanty, Armelle, Claude Perron, Yolande Moreau, mais aussi Rufus, Jamel Debbouze, Dominique Pinon, Urbain Cancelier, Maurice Benichou... et tant d'autres encore.
J'adore cette histoire parce qu'elle met en scène, au départ, deux perdants du monde contemporain : un jeune employé de sex shop passionné par les photomatons, se déplaçant à mobylette (sans casque !) et une jeune serveuse, orpheline de mère, amoureuse des petits plaisirs quotidiens... et à l'âme justicière.
Le film est truffé d'inventions, au plan scénaristique comme au plan visuel. On savoure les stratagèmes élaborés par Amélie pour venir en aide à ses contemporains et l'on est impressionné, plus de vingt ans après, par la qualité des effets numériques, par exemple quand Amélie se liquéfie (au propre comme au figuré) dans le restaurant où elle travaille, ou quand le mobilier de sa chambre s'anime, une fois qu'elle est endormie, ou encore quand quatre versions de Ticky Holgado (hélas prématurément décédé) rabrouent Nino Quincampoix.
J'aime aussi la progression laborieuse de cette histoire d'amour, follement romantique, qui débouche sur un moment d'une beauté absolue, sans musique ni dialogue, sur le seuil d'un appartement parisien.
Cette opportune ressortie offre bien plus de bonheur que la plupart des nouveautés qui débarquent dans nos salles obscures.
P.S.
A (re)voir aussi : Paddington. Mon impression de 2014 était bonne... et j'ai de nouveau passé un très bon moment.
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mercredi, 31 juillet 2024
Largo Winch - Le prix de l'argent
Je ne suis pas un lecteur de la bande dessinée d'origine (scénarisée par Jean Van Hamme), ni un spectateur des précédentes adaptations cinématographiques. Mais j'apprécie le comédien Tomer Sisley (vu notamment dans les séries Balthazar et Vortex)... ainsi que les moments passés en zone climatisée, par temps caniculaire. (Je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les récents succès télévisuels de l'acteur-vedette qui ont incité les producteurs à retenter l'aventure du long-métrage.)
Première surprise : cette coproduction, internationale dans son financement, son tournage et sa distribution, est projetée en version multilingue, le français se mêlant à l'anglais, au thaï et au birman.
J'ai trouvé la majorité des acteurs plutôt bons, avec une mention spéciale pour James Franco, qui semble avoir éprouvé un plaisir évident à incarner le super-méchant de l'histoire. Sisley fait le job, plus musculeux que jamais, tandis que Clotilde Hesme apporte un peu de subtilité, avec un personnage plus riche qu'il n'y paraît. La bonne surprise vient d'Elise Tilloloy, dont j'aurais pu jurer qu'elle était québécoise de naissance... eh bien non ! Elle a réussi à me le faire croire et, rien que pour cela, je lui tire mon chapeau. De surcroît, son personnage est assez drôle, bien qu'un peu cliché.
C'est d'ailleurs le principal défaut de ce film, qui accumule pas mal de poncifs, tant au niveau des relations entre les personnages que dans la contextualisation de fond. Ainsi, il est évident que l'assistante de Largo en pince (secrètement ?) pour son patron (comme Pepper Potts pour Tony Stark dans Iron Man). Il est tout aussi évident qu'entre l'influenceuse altermondialiste casse-couilles (pléonasme ?) et le capitaliste en cavale, l'hostilité du début va se muer en association, puis en amitié.
Je pourrais aussi m'amuser à établir la liste des invraisemblances qui émaillent l'intrigue, comme cette voiture accidentée tombée dans une rivière, qu'on ne retrouve pas (ce qui, par la suite, ne semble poser de problème à personne) ou encore le fait que Largo, après avoir assommé l'un des méchants gardiens d'une mine (c'est son côté chevaleresque), n'en subisse aucune conséquence, un trio d'infiltrés (peu discrets) se permettant même de filmer l'activité de la mine sans se faire repérer.
Ma (coupable ?) indulgence vient peut-être du fait que l'action est resserrée (à tel point que certains rebondissements surviennent parfois de manière trop abrupte), ou parce que les scènes de baston et de poursuite sont bien filmées, la musique (un peu tonitruante) accompagnant pertinemment cette meringue survitaminée.
Au vu de ce qu'on nous a proposé depuis dix-quinze ans en matière de films d'espionnage ou d'action, c'est une œuvre de gamme moyenne, pas nulle mais pas enthousiasmante non plus.
22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Largo Winch - Le prix de l'argent
Je ne suis pas un lecteur de la bande dessinée d'origine (scénarisée par Jean Van Hamme), ni un spectateur des précédentes adaptations cinématographiques. Mais j'apprécie le comédien Tomer Sisley (vu notamment dans les séries Balthazar et Vortex)... ainsi que les moments passés en zone climatisée, par temps caniculaire. (Je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les récents succès télévisuels de l'acteur-vedette qui ont incité les producteurs à retenter l'aventure du long-métrage.)
Première surprise : cette coproduction, internationale dans son financement, son tournage et sa distribution, est projetée en version multilingue, le français se mêlant à l'anglais, au thaï et au birman.
J'ai trouvé la majorité des acteurs plutôt bons, avec une mention spéciale pour James Franco, qui semble avoir éprouvé un plaisir évident à incarner le super-méchant de l'histoire. Sisley fait le job, plus musculeux que jamais, tandis que Clotilde Hesme apporte un peu de subtilité, avec un personnage plus riche qu'il n'y paraît. La bonne surprise vient d'Elise Tilloloy, dont j'aurais pu jurer qu'elle était québécoise de naissance... eh bien non ! Elle a réussi à me le faire croire et, rien que pour cela, je lui tire mon chapeau. De surcroît, son personnage est assez drôle, bien qu'un peu cliché.
C'est d'ailleurs le principal défaut de ce film, qui accumule pas mal de poncifs, tant au niveau des relations entre les personnages que dans la contextualisation de fond. Ainsi, il est évident que l'assistante de Largo en pince (secrètement ?) pour son patron (comme Pepper Potts pour Tony Stark dans Iron Man). Il est tout aussi évident qu'entre l'influenceuse altermondialiste casse-couilles (pléonasme ?) et le capitaliste en cavale, l'hostilité du début va se muer en association, puis en amitié.
Je pourrais aussi m'amuser à établir la liste des invraisemblances qui émaillent l'intrigue, comme cette voiture accidentée tombée dans une rivière, qu'on ne retrouve pas (ce qui, par la suite, ne semble poser de problème à personne) ou encore le fait que Largo, après avoir assommé l'un des méchants gardiens d'une mine (c'est son côté chevaleresque), n'en subisse aucune conséquence, un trio d'infiltrés (peu discrets) se permettant même de filmer l'activité de la mine sans se faire repérer.
Ma (coupable ?) indulgence vient peut-être du fait que l'action est resserrée (à tel point que certains rebondissements surviennent parfois de manière trop abrupte), ou parce que les scènes de baston et de poursuite sont bien filmées, la musique (un peu tonitruante) accompagnant pertinemment cette meringue survitaminée.
Au vu de ce qu'on nous a proposé depuis dix-quinze ans en matière de films d'espionnage ou d'action, c'est une œuvre de gamme moyenne, pas nulle mais pas enthousiasmante non plus.
22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 27 juillet 2024
Le Comte de Monte-Cristo
Un mois après sa sortie, le film fait encore (presque) salle comble à Rodez. C'est, avec Un P'tit Truc en plus, Vice Versa 2 et Moi, moche et méchant 4, l'un des gros succès de ces dernières semaines.
Les trois heures passent comme un rêve. C'est prenant du début à la fin, pour différentes raisons. Il y a bien sûr l'histoire d'amour contrariée entre Edmond et Mercédès. Pierre Niney est parfait en jeune homme amoureux, un poil moins convaincant en ex-taulard revanchard, même s'il tient son rôle. Anaïs Demoustier a dû bénéficier d'un maquillage exceptionnel (ou de trucages numériques de pointe) pour paraître aussi jeune dans la première partie. Dans la seconde, elle n'est pas toujours à son aise, en particulier dans la grande scène des retrouvailles (vers la fin), dont j'ai du mal à déterminer si elle a été mal écrite ou mal jouée.
Il faut signaler la pléiade de seconds rôles, qui volent parfois la vedette aux protagonistes : Bastien Bouillon, Laurent Lafitte, Patrick Mille (stupéfiant en Danglars), Adèle Simphal et Anamaria Vartolomei, dont on comprend sans peine qu'elle puisse subjuguer le fils de Mercédès. (Notons que la comédienne aurait plutôt le physique du rôle de Mercédès jeune, celle-ci étant, dans le roman, d'origine catalane, brune au teint mat.)
Cela m'amène aux complots, d'abord celui ourdi par le trio d'enfoirés, puis celui, bien plus élaboré, préparé minutieusement par cet inconnu maltais, le richissime comte de Monte-Cristo. C'est feuilletonnesque à souhait.
Le roman de Dumas est suffisamment foisonnant pour enrichir le scénario. Il a plutôt fallu procéder à des coupes, nous privant ainsi des aventures de Dantès évadé en compagnie d'une bande de contrebandiers. Delaporte et De La Patelière ont aussi apporté des modifications à la trame d'origine. Par exemple, chez Dumas, ce n'est pas à cause du comportement de sa sœur que le substitut du procureur s'engage dans le complot, mais parce que son père est un bonapartiste non repenti. Dans le roman, il n'y a pas de sauvetage de demoiselle en détresse en mer... mais je reconnais que, dans le film, la scène a de la gueule.
Ces modifications ne m'ont pas gêné. Si l'on veut adapter en détail le roman d'origine, c'est le format d'une série qu'il faudrait choisir. Ici, le pari est tenu, celui de nous conter la perte d'un amour naissant, la chute dans un cachot (excellentes scènes de prison), l'évasion, la découverte du trésor et la machiavélique vengeance, qui ne va pas se dérouler comme prévu. C'est du grand et beau cinéma populaire, porté par une superbe photographie.
Des films français comme ça, j'en redemande.
23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Comte de Monte-Cristo
Un mois après sa sortie, le film fait encore (presque) salle comble à Rodez. C'est, avec Un P'tit Truc en plus, Vice Versa 2 et Moi, moche et méchant 4, l'un des gros succès de ces dernières semaines.
Les trois heures passent comme un rêve. C'est prenant du début à la fin, pour différentes raisons. Il y a bien sûr l'histoire d'amour contrariée entre Edmond et Mercédès. Pierre Niney est parfait en jeune homme amoureux, un poil moins convaincant en ex-taulard revanchard, même s'il tient son rôle. Anaïs Demoustier a dû bénéficier d'un maquillage exceptionnel (ou de trucages numériques de pointe) pour paraître aussi jeune dans la première partie. Dans la seconde, elle n'est pas toujours à son aise, en particulier dans la grande scène des retrouvailles (vers la fin), dont j'ai du mal à déterminer si elle a été mal écrite ou mal jouée.
Il faut signaler la pléiade de seconds rôles, qui volent parfois la vedette aux protagonistes : Bastien Bouillon, Laurent Lafitte, Patrick Mille (stupéfiant en Danglars), Adèle Simphal et Anamaria Vartolomei, dont on comprend sans peine qu'elle puisse subjuguer le fils de Mercédès. (Notons que la comédienne aurait plutôt le physique du rôle de Mercédès jeune, celle-ci étant, dans le roman, d'origine catalane, brune au teint mat.)
Cela m'amène aux complots, d'abord celui ourdi par le trio d'enfoirés, puis celui, bien plus élaboré, préparé minutieusement par cet inconnu maltais, le richissime comte de Monte-Cristo. C'est feuilletonnesque à souhait.
Le roman de Dumas est suffisamment foisonnant pour enrichir le scénario. Il a plutôt fallu procéder à des coupes, nous privant ainsi des aventures de Dantès évadé en compagnie d'une bande de contrebandiers. Delaporte et De La Patelière ont aussi apporté des modifications à la trame d'origine. Par exemple, chez Dumas, ce n'est pas à cause du comportement de sa sœur que le substitut du procureur s'engage dans le complot, mais parce que son père est un bonapartiste non repenti. Dans le roman, il n'y a pas de sauvetage de demoiselle en détresse en mer... mais je reconnais que, dans le film, la scène a de la gueule.
Ces modifications ne m'ont pas gêné. Si l'on veut adapter en détail le roman d'origine, c'est le format d'une série qu'il faudrait choisir. Ici, le pari est tenu, celui de nous conter la perte d'un amour naissant, la chute dans un cachot (excellentes scènes de prison), l'évasion, la découverte du trésor et la machiavélique vengeance, qui ne va pas se dérouler comme prévu. C'est du grand et beau cinéma populaire, porté par une superbe photographie.
Des films français comme ça, j'en redemande.
23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 25 juillet 2024
Deadpool & Wolverine
Il a fallu attendre six ans (depuis Deadpool 2) pour revoir sur grand écran les aventures du super-héros malpoli, à la bisexualité égrillarde... et ça valait le coup.
Dès le début, on est cueilli par une séquence de combat ébouriffante, sanglante, grossière, comique au possible, avec un Deadpool à la fois pathétique et mal élevé, s'adressant à la caméra... ou faisant des commentaires sarcastiques (en voix-off). Ryan Reynolds (qui coproduit et a participé à l'écriture du scénario) profite de l'occasion pour (par l'intermédiaire de son personnage) casser du sucre sur le dos de Disney-Marvel, la multinationale ayant, depuis le précédent film, racheté la 20th Century Fox (qui produisait Deadpool).
Dès le départ, c'est bourré de clins d’œil aux "anciens" films de l'univers Marvel, les auteurs ayant visiblement une prédilection pour ceux qui ont été produits avant la prise de contrôle par Disney. Sans surprise, Logan est l'un des mieux traités... et ça tombe bien, puisque les scénaristes ont dû se creuser la tête pour en contredire la fin : il fallait ressusciter Wolverine... Merci le Multiverse !
Après un retour en arrière des plus réjouissants (qui voit Deadpool "essayer" différentes versions de Serval), la rencontre tant attendue finit par se produire, tout comme la baston. Les deux énergumènes vont finir par s'allier... ce qui ne les empêche pas, un peu plus tard, de "remettre ça" dans une voiture, une véritable boucherie tournée comme une scène d'amour un peu ardente...
C'est l'occasion de préciser que les effets spéciaux sont saisissants. On connaît déjà ceux mis en œuvre pour illustrer les pouvoirs des deux super-héros. Il faut y ajouter ceux déployés quand la méchante (Cassandra Nova) se trouve à l'écran. C'est imaginatif et brillant, tout comme la chorégraphie des bagarres. (Derrière la caméra se trouve Shawn Levy, auquel on doit, entre autres, Free Guy.)
Cette redoutable méchante apparaît dans l'un des univers parallèles, celui qui sert un peu de déchetterie de super-héros, dans une ambiance à la Mad Max.
On ne s'ennuie pas une seconde... et il faut bien tendre l'oreille, pour capter toutes les allusions et tous les jeux de mots (très souvent à connotation sexuelle). Ainsi, quand Deadpool évoque les 206 os du corps humain, c'est pour ajouter qu'il lui en pousse un 207e quand il regarde Gossip Girl, la série où a joué Blake Lively... compagne de Ryan Reynolds... et dont la plastique avantageuse n'a échappé à aucun des spectateurs d'Instinct de survie.
(Je recommande d'ailleurs de voir le film en version française, Ryan Reynolds étant doublé par l'excellent Pierre Tessier.)
Du coup, ce film d'action survitaminé, politiquement incorrect, dit deux-trois choses pas idiotes à l'occasion. Hugh Jackman s'est laissé convaincre de rempiler une dernière fois dans le rôle de Wolverine, même si l'on sent, dans quelques scènes, qu'il ne raffole pas du côté ambigu donné à la relation entre son personnage et Deadpool. Je pense que la générosité de son cachet (20 millions de dollars, Ryan Reynolds recevant lui 30 millions) a contribué à faire passer la pilule... et à l'inciter à retourner passer des heures sur le banc de muscu.
Je me suis ré-ga-lé.
P.S.
Bien entendu, il ne faut quitter la salle trop vite.
00:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Deadpool & Wolverine
Il a fallu attendre six ans (depuis Deadpool 2) pour revoir sur grand écran les aventures du super-héros malpoli, à la bisexualité égrillarde... et ça valait le coup.
Dès le début, on est cueilli par une séquence de combat ébouriffante, sanglante, grossière, comique au possible, avec un Deadpool à la fois pathétique et mal élevé, s'adressant à la caméra... ou faisant des commentaires sarcastiques (en voix-off). Ryan Reynolds (qui coproduit et a participé à l'écriture du scénario) profite de l'occasion pour (par l'intermédiaire de son personnage) casser du sucre sur le dos de Disney-Marvel, la multinationale ayant, depuis le précédent film, racheté la 20th Century Fox (qui produisait Deadpool).
Dès le départ, c'est bourré de clins d’œil aux "anciens" films de l'univers Marvel, les auteurs ayant visiblement une prédilection pour ceux qui ont été produits avant la prise de contrôle par Disney. Sans surprise, Logan est l'un des mieux traités... et ça tombe bien, puisque les scénaristes ont dû se creuser la tête pour en contredire la fin : il fallait ressusciter Wolverine... Merci le Multiverse !
Après un retour en arrière des plus réjouissants (qui voit Deadpool "essayer" différentes versions de Serval), la rencontre tant attendue finit par se produire, tout comme la baston. Les deux énergumènes vont finir par s'allier... ce qui ne les empêche pas, un peu plus tard, de "remettre ça" dans une voiture, une véritable boucherie tournée comme une scène d'amour un peu ardente...
C'est l'occasion de préciser que les effets spéciaux sont saisissants. On connaît déjà ceux mis en œuvre pour illustrer les pouvoirs des deux super-héros. Il faut y ajouter ceux déployés quand la méchante (Cassandra Nova) se trouve à l'écran. C'est imaginatif et brillant, tout comme la chorégraphie des bagarres. (Derrière la caméra se trouve Shawn Levy, auquel on doit, entre autres, Free Guy.)
Cette redoutable méchante apparaît dans l'un des univers parallèles, celui qui sert un peu de déchetterie de super-héros, dans une ambiance à la Mad Max.
On ne s'ennuie pas une seconde... et il faut bien tendre l'oreille, pour capter toutes les allusions et tous les jeux de mots (très souvent à connotation sexuelle). Ainsi, quand Deadpool évoque les 206 os du corps humain, c'est pour ajouter qu'il lui en pousse un 207e quand il regarde Gossip Girl, la série où a joué Blake Lively... compagne de Ryan Reynolds... et dont la plastique avantageuse n'a échappé à aucun des spectateurs d'Instinct de survie.
(Je recommande d'ailleurs de voir le film en version française, Ryan Reynolds étant doublé par l'excellent Pierre Tessier.)
Du coup, ce film d'action survitaminé, politiquement incorrect, dit deux-trois choses pas idiotes à l'occasion. Hugh Jackman s'est laissé convaincre de rempiler une dernière fois dans le rôle de Wolverine, même si l'on sent, dans quelques scènes, qu'il ne raffole pas du côté ambigu donné à la relation entre son personnage et Deadpool. Je pense que la générosité de son cachet (20 millions de dollars, Ryan Reynolds recevant lui 30 millions) a contribué à faire passer la pilule... et à l'inciter à retourner passer des heures sur le banc de muscu.
Je me suis ré-ga-lé.
P.S.
Bien entendu, il ne faut quitter la salle trop vite.
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lundi, 22 juillet 2024
Santosh
C'est le prénom d'une jeune femme, veuve, dans le nord de l'Inde, sans doute dans une petite ville pas très éloignée de New Delhi. L'intrigue va faire évoluer les personnages dans cette région semi-rurale de l'Uttar Pradesh (me semble-t-il), jusqu'à Bombay.
Le début nous présente la future héroïne comme une victime. Elle est rejetée par sa belle-famille, qui n'a jamais apprécié son caractère indépendant, et, avec le décès de son époux, policier, elle risque de perdre tous les avantages afférents à la fonction, à commencer par l'appartement où le couple était installé.
C'est là que la réalisatrice-scénariste, Sandhya Suri, introduit un élément qui paraîtra, à certains spectateurs occidentaux, complètement absurde, mais qui est inspiré de la réalité : la veuve peut "hériter" du poste de son mari (ou d'une fonction approchante), à condition de suivre une formation à l'école de police.
On retrouve donc Santosh sans son sari, en uniforme de gardienne de la paix (« constable »). Inspirée par la rigueur morale de son défunt époux, elle pense pouvoir agir au nom du bien, tout en profitant des avantages de la fonction (un logement garanti, une paie régulière... et davantage de respect).
Elle va rapidement déchanter. Elle découvre, de l'intérieur, une police locale, dotée d'éléments féminins, un peu considérés comme des pièces rapportées. Elle remarque très vite des actes de corruption, des arrangements, sans parler des propos misogynes, racistes, homophobes...
L'histoire est un prétexte pour évoquer les inégalités qui frappent l'Inde : entre les hommes et les femmes (l'entrée dans la police étant, pour ses éléments féminins, un moyen d'échapper, au moins en partie, au poids du patriarcat), entre les différentes castes d'hindous (les plus mal lotis étant les dalits, ou intouchables), entre hindous et musulmans...
Une affaire criminelle va servir de détonateur. Une adolescente de quinze ans disparaît. On finit par retrouve son cadavre mais, comme c'est une intouchable, la police ne semble, au départ, pas pressée d'élucider l'affaire... sauf que les médias s'en mêlent et qu'on découvre que, parmi les relations de la victime, se trouve un jeune homme musulman.
Commence alors un véritable polar, dans lequel l'héroïne n'a pas toujours le beau rôle. Elle doit très vite décider de la manière dont elle va se comporter vis-à-vis des petits accommodements du quotidien policier. Elle est rapidement prise son son aile par une lieutenante expérimentée, rescapée des premières unités féminines et qui a su s'imposer dans un monde de mecs. Il faut signaler la performance des deux actrices, Sunita Rajwar dans le rôle de l'officier, et Shahana Goswami (Santosh), qui transmet beaucoup de choses à travers sa posture et son regard.
J'ai aussi noté une certaine habileté dans la mise en scène. A plusieurs reprises, la réalisatrice fait passer des informations avec une certaine subtilité. Je pense, par exemple, à une scène d'interrogatoire, au cours de laquelle l'un des personnages croit que cela est allé trop loin, avant d'être détrompée. Je pense aussi à la complicité qui s'installe entre les deux femmes, qui n'est pas sans sous-entendus.
Un pic de tension est atteint à deux reprises, la première fois lorsque Santosh, sortie de sa juridiction pour tenter de retrouver le principal suspect, habillée en civil, se risque seule dans une ville à majorité musulmane. La seconde fois montre la policière de nouveau seule, en zone rurale, alors que, sans le savoir, elle touche au but...
Santosh, simple agente de terrain s'obstine à découvrir le fond de l'affaire, alors que les autorités se contenteraient d'une résolution simpliste de l'enquête. La conclusion de l'intrigue policière, comme celle de l'histoire personnelle de l'héroïne, sont amenées avec finesse.
Avec Sons, voilà peut-être l'autre polar de l'été.
12:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéa, cinema, film, films, inde
samedi, 20 juillet 2024
Dîner à l'anglaise
Cette comédie britannique fait resurgir de vieux souvenirs aux cinéphiles avertis. Cette réunion de personnages autour d'un repas, dans un lieu clos façon pièce de théâtre, n'est pas sans rappeler Cuisine et dépendances (avec Bacri & Jaoui) et le Carnage de Roman Polanski.
Deux couples d'amis de longue date se retrouvent pour un dîner dans la magnifique maison de deux d'entre eux. Les hôtes sont à droite ci-dessus. Tom est un brillant architecte, à qui tout semble réussir. (Il est interprété par Alan Tudyk, qu'on a pu voir jadis dans Joyeuses Funérailles, une comédie acide qui n'est pas sans parenté avec ce film.) Les fonctions de sa compagne (Sarah) ne semblent pas très claires. Il est possible qu'elle travaille avec lui, qu'elle soit sa comptable. Elle a la tête sur les épaules, alors que lui est plutôt le créatif du couple. (Elle est incarnée par Shirley Henderson, découverte il y a bien longtemps dans Trainspotting, vue ensuite dans Bridget Jones ainsi que dans de multiples téléfilms et séries britanniques. Elle m'avait épaté dans un épisode de Miss Marple.)
A gauche se trouve le couple d'invités, constitué d'un riche et brillant avocat (Rufus Sewell, impeccable) et d'une travailleuse sociale (Olivia Williams), la conscience morale du groupe : ils étaient tous des jeunes gens bien comme il faut, avec des idées progressistes... mais qu'en reste-t-il 25-30 ans plus tard ?
C'est la présence d'une invitée surprise dans le dîner (Jessica) qui va jouer le rôle de détonateur. Elle faisait partie de la petite bande, mais elle ne s'est pas casée, vivant sa vie de patachon, et, contrairement aux deux couples, ne s'enrichissant guère. Cela pourrait changer avec la sortie de son livre (sorte de roman à clés), dans lequel elle révèle quelques secrets.
Elle est donc la cause du trouble qui gagne le quatuor (le film s'intitulant, dans la version originale, The Trouble with Jessica)... surtout parce qu'elle se suicide avant la fin du repas (et la consommation du -supposé- délicieux clafoutis, véritable fil rouge d'une soirée qui n'en finit pas).
A partir de là, tout part en sucette. Au "problème" avec Jessica (autre traduction possible du titre), vont succéder d'autres problèmes : avec la voisine, avec les amis, avec la police... égrainant autant de chapitres constituant des scènes d'une pièce de boulevard.
C'est souvent drôle... et méchant. Le principe est que la situation de crise va faire tomber les masques de bienséance, chacun se révélant tel qu'il(elle) est au fond. De plus, au cours de la soirée, chaque protagoniste va changer (au moins une fois) d'avis quant à ce qu'il faut faire du cadavre de Jessica. C'est savoureux, sans pitié pour les personnages, eux-mêmes très bien interprétés.
J'ai passé un très bon moment.
23:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Dîner à l'anglaise
Cette comédie britannique fait resurgir de vieux souvenirs aux cinéphiles avertis. Cette réunion de personnages autour d'un repas, dans un lieu clos façon pièce de théâtre, n'est pas sans rappeler Cuisine et dépendances (avec Bacri & Jaoui) et le Carnage de Roman Polanski.
Deux couples d'amis de longue date se retrouvent pour un dîner dans la magnifique maison de deux d'entre eux. Les hôtes sont à droite ci-dessus. Tom est un brillant architecte, à qui tout semble réussir. (Il est interprété par Alan Tudyk, qu'on a pu voir jadis dans Joyeuses Funérailles, une comédie acide qui n'est pas sans parenté avec ce film.) Les fonctions de sa compagne (Sarah) ne semblent pas très claires. Il est possible qu'elle travaille avec lui, qu'elle soit sa comptable. Elle a la tête sur les épaules, alors que lui est plutôt le créatif du couple. (Elle est incarnée par Shirley Henderson, découverte il y a bien longtemps dans Trainspotting, vue ensuite dans Bridget Jones ainsi que dans de multiples téléfilms et séries britanniques. Elle m'avait épaté dans un épisode de Miss Marple.)
A gauche se trouve le couple d'invités, constitué d'un riche et brillant avocat (Rufus Sewell, impeccable) et d'une travailleuse sociale (Olivia Williams), la conscience morale du groupe : ils étaient tous des jeunes gens bien comme il faut, avec des idées progressistes... mais qu'en reste-t-il 25-30 ans plus tard ?
C'est la présence d'une invitée surprise dans le dîner (Jessica) qui va jouer le rôle de détonateur. Elle faisait partie de la petite bande, mais elle ne s'est pas casée, vivant sa vie de patachon, et, contrairement aux deux couples, ne s'enrichissant guère. Cela pourrait changer avec la sortie de son livre (sorte de roman à clés), dans lequel elle révèle quelques secrets.
Elle est donc la cause du trouble qui gagne le quatuor (le film s'intitulant, dans la version originale, The Trouble with Jessica)... surtout parce qu'elle se suicide avant la fin du repas (et la consommation du -supposé- délicieux clafoutis, véritable fil rouge d'une soirée qui n'en finit pas).
A partir de là, tout part en sucette. Au "problème" avec Jessica (autre traduction possible du titre), vont succéder d'autres problèmes : avec la voisine, avec les amis, avec la police... égrainant autant de chapitres constituant des scènes d'une pièce de boulevard.
C'est souvent drôle... et méchant. Le principe est que la situation de crise va faire tomber les masques de bienséance, chacun se révélant tel qu'il(elle) est au fond. De plus, au cours de la soirée, chaque protagoniste va changer (au moins une fois) d'avis quant à ce qu'il faut faire du cadavre de Jessica. C'est savoureux, sans pitié pour les personnages, eux-mêmes très bien interprétés.
J'ai passé un très bon moment.
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jeudi, 18 juillet 2024
Twisters
« Vous qui entrez, laissez toute espérance (de subtilité) ». Tel pourrait être l'avertissement lancé aux spectateurs de cette méga-production estivale, conçue pour en mettre plein la vue... mais pas les neurones.
Cela commence par un petit retour dans le passé... non, ça ne remonte pas jusqu'au film précédent, trop ancien, et avec lequel l'actuelle production semble vouloir éviter toute comparaison. Le scénario nous fait découvrir deux des futurs protagonistes de l'histoire, à une époque où ils font partie d'un groupe de djeunses passionnés par les tornades. Ils sont prêts à tout pour en observer de près... y compris à la folle imprudence.
Que croyez-vous qu'il se passe ? Ben des choses tristes, qui vont traumatiser une charmante brindille, Kate, brillante apprentie scientifique, blonde, mince, portant des hauts moulants... et parvenant à échapper à la force d'attraction d'une tornade, tandis que le grand mec baraqué collé contre elle n'arrive pas à rester accroché à la poutre qui pourrait le sauver...
Bref, pour Kate la fille de paysans d'Oklahoma, c'est la tristitude. Grave. On la retrouve cinq ans plus tard, toujours aussi mignonne, mais à New York. L'ancienne chasseuse de tornades hyper-intuitive est devenue une analyste météo reconnue... mais l'on sent qu'elle s'emmerde un peu. Son ancien pote vient la tittiller avec un projet de ouf, qui la ferait revenir en Oklahoma. Elle finit par accepter... et ça tombe bien, parce que, sinon, en deux heures, on n'aurait vu qu'une seule tornade, au début.
Je crois qu'au total on nous en propose six, dont deux jumelles... des twin twisters ! Trop cool l'allitération ! (Finalement, ce film est peut-être plus intello que prévu.)
Franchement, côté effets spéciaux, ça déchire. J'ai vu ça dans la plus grande salle du cinéma ruthénois et, si l'on pense que la première tornade nous a déjà bien soufflés, on n'a encore rien vu, en particulier avec les deux dernières (a priori, les n° 5 et 6).
A part ça, le film joue un peu sur tous les tableaux, visant le plus large public possible. Il présente donc des couples mixtes, évoque (fugacement) l'intensification du phénomène de tornade sans doute en lien avec le changement climatique et, à une occasion, se fout de la gueule d'une jeune inculte qui nie la formation d'une tornade, un peu à l'image des futurs infectés du covid qui rejetaient la vaccination.
Je dis ça parce que la majorité de l'intrigue se déroule entre Oklahoma et Texas, au pays du rodéo et des mecs qui portent des bottes à bout pointu (en plus du stetson). La city girl (« fille de la ville ») se fait chambrer avec ses certitudes scientifiques et son excessive prudence, alors que les vrais mecs de l'Amérique d'en-bas foncent dans le tas, à l'instinct, sans respecter les règles. C'est le côté libertarien d'une partie de la population du cru, des rednecks 2.0 qui se sont mis à Youtube.
Sans surprise, un rapprochement va s'effectuer, progressivement, entre certains « scientifiques de la ville » et le groupe de baroudeurs forts en gueule. L'amour se met aussi de la partie, puisque Kate n'est pas insensible au charme de Tyler, au départ son rival, mais tellement séduisant et attentionné. (Il est incarné par Glen Powell, vu récemment en pilote arrogant dans Maverick et en beau gosse dans Tout sauf toi.)
Je pense qu'il n'est nul besoin de sortir de Polytechnique (ou de Normale Sup) pour deviner comment tout cela va se terminer, à la fois sur le plan météorologique et sur le plan sentimental. On notera quand même la dénonciation de la spéculation immobilière et l'affirmation que l'aide d'urgence aux personnes en difficulté prime sur le projet professionnel, qu'il soit scientifique ou commercial.
23:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Twisters
« Vous qui entrez, laissez toute espérance (de subtilité) ». Tel pourrait être l'avertissement lancé aux spectateurs de cette méga-production estivale, conçue pour en mettre plein la vue... mais pas les neurones.
Cela commence par un petit retour dans le passé... non, ça ne remonte pas jusqu'au film précédent, trop ancien, et avec lequel l'actuelle production semble vouloir éviter toute comparaison. Le scénario nous fait découvrir deux des futurs protagonistes de l'histoire, à une époque où ils font partie d'un groupe de djeunses passionnés par les tornades. Ils sont prêts à tout pour en observer de près... y compris à la folle imprudence.
Que croyez-vous qu'il se passe ? Ben des choses tristes, qui vont traumatiser une charmante brindille, Kate, brillante apprentie scientifique, blonde, mince, portant des hauts moulants... et parvenant à échapper à la force d'attraction d'une tornade, tandis que le grand mec baraqué collé contre elle n'arrive pas à rester accroché à la poutre qui pourrait le sauver...
Bref, pour Kate la fille de paysans d'Oklahoma, c'est la tristitude. Grave. On la retrouve cinq ans plus tard, toujours aussi mignonne, mais à New York. L'ancienne chasseuse de tornades hyper-intuitive est devenue une analyste météo reconnue... mais l'on sent qu'elle s'emmerde un peu. Son ancien pote vient la tittiller avec un projet de ouf, qui la ferait revenir en Oklahoma. Elle finit par accepter... et ça tombe bien, parce que, sinon, en deux heures, on n'aurait vu qu'une seule tornade, au début.
Je crois qu'au total on nous en propose six, dont deux jumelles... des twin twisters ! Trop cool l'allitération ! (Finalement, ce film est peut-être plus intello que prévu.)
Franchement, côté effets spéciaux, ça déchire. J'ai vu ça dans la plus grande salle du cinéma ruthénois et, si l'on pense que la première tornade nous a déjà bien soufflés, on n'a encore rien vu, en particulier avec les deux dernières (a priori, les n° 5 et 6).
A part ça, le film joue un peu sur tous les tableaux, visant le plus large public possible. Il présente donc des couples mixtes, évoque (fugacement) l'intensification du phénomène de tornade sans doute en lien avec le changement climatique et, à une occasion, se fout de la gueule d'une jeune inculte qui nie la formation d'une tornade, un peu à l'image des futurs infectés du covid qui rejetaient la vaccination.
Je dis ça parce que la majorité de l'intrigue se déroule entre Oklahoma et Texas, au pays du rodéo et des mecs qui portent des bottes à bout pointu (en plus du stetson). La city girl (« fille de la ville ») se fait chambrer avec ses certitudes scientifiques et son excessive prudence, alors que les vrais mecs de l'Amérique d'en-bas foncent dans le tas, à l'instinct, sans respecter les règles. C'est le côté libertarien d'une partie de la population du cru, des rednecks 2.0 qui se sont mis à Youtube.
Sans surprise, un rapprochement va s'effectuer, progressivement, entre certains « scientifiques de la ville » et le groupe de baroudeurs forts en gueule. L'amour se met aussi de la partie, puisque Kate n'est pas insensible au charme de Tyler, au départ son rival, mais tellement séduisant et attentionné. (Il est incarné par Glen Powell, vu récemment en pilote arrogant dans Maverick et en beau gosse dans Tout sauf toi.)
Je pense qu'il n'est nul besoin de sortir de Polytechnique (ou de Normale Sup) pour deviner comment tout cela va se terminer, à la fois sur le plan météorologique et sur le plan sentimental. On notera quand même la dénonciation de la spéculation immobilière et l'affirmation que l'aide d'urgence aux personnes en difficulté prime sur le projet professionnel, qu'il soit scientifique ou commercial.
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mercredi, 17 juillet 2024
Horizon - chapitre 1
Cet horizon est celui de la ruée vers l'Ouest, celle de colons européens en quête du « Rêve américain », dans la seconde moitié du XIXe siècle. Kevin Costner revient à d'anciennes amours, celles de Danse avec les loups, dans une œuvre qu'il a sans doute conçue comme testamentaire.
C'est d'abord à voir en salle, tant cela semble avoir été filmé pour un écran large, avec, souvent, pas mal de détails dans les plans. Même si de nombreuses scènes sont oppressantes, voire violentes, on respire en allant voir ce film, qui nous fait prendre un bon bol d'air, des montagnes du Nord aux zones quasi désertiques du Sud-Ouest.
Horizon est aussi le titre d'un prospectus qui attire les migrants en masse. On leur promet des terres, l'enrichissement, la liberté. Ils vont, trop souvent, rencontrer la précarité, le mensonge, la violence. C'est l'un des intérêts de ce film que de montrer celle-ci sous tous ses aspects : celle des colons blancs (contre les « indigènes »), celle des Amérindiens (contre les colons), celle des hommes sur les femmes. On remarque d'ailleurs que c'est la violence des Amérindiens qui est présentée en premier, dans toute sa cruauté... et avec un incontestable brio, la séquence de l'attaque du village de colons étant pour moi la meilleure du film.
... et pourtant, Kevin n'y figure pas, puisqu'il apparaît seulement au bout d'une heure. Ce n'est pas du tout gênant, d'autant que la durée du film ne m'a pas posé problème. Le rythme n'est ni trop lent ni trop rapide. L'histoire, bien que souvent violente, nous est contée de manière apaisée.
Le problème vient de la caractérisation des personnages, assez traditionnelle, qui, pour les cinéphiles (qui ont déjà vu pas mal de vieux westerns, en salle ou sur le petit écran), aura un goût de déjà vu.
Ainsi, il est un peu consternant qu'au XXIe siècle, on nous présente encore la formation d'un couple (hétéro) formé d'un vieux baroudeur mutique au grand cœur et d'une prostituée qui a l'âge d'être sa fille. (Je note que celle-ci, bien qu'évoluant dans un milieu insalubre, parvient à conserver intacts des vêtements aux couleurs éclatantes.) Sans surprise non plus, la veuve éplorée (Sienna Miller, très maquillée) va succomber au charme du gentleman officier venu au secours des colons (la cavalerie arrivant bien entendu en retard, conformément à la tradition). A la veste des soldats ne manque aucun bouton, comme il ne manque aucun pli aux robes des héroïnes. (En contrepoint, on nous propose quelques figurantes au visage moins gracieux et aux vêtements plus crasseux.) Je crois qu'on peut prédire étape par étape l'évolution des relations entre Mrs Kittredge et le capitaine (?) de l'armée des États-Unis, dont on comprend très vite qu'une partie cachée de l'anatomie se met au garde-à-vous dès que la jolie veuve se trouve dans les parages...
Même les personnages de femme forte sont des figures déjà vues ailleurs, autrefois... sauf peut-être celle qui fuit une famille de mafieux après avoir tiré sur le patriarche violeur. A son sujet, un doute subsiste à la fin de l'épisode quant à ce qu'il lui est arrivé...
Du côté des hommes (blancs), on a un peu trop misé sur le côté "grosses voix caverneuses", qui donnent l'impression que certains protagonistes sont dotés de deux ou trois paires de couilles. A signaler quand même la prestation de Jamie Campbell Bower en cowboy psychopathe.
Quant aux Amérindiens, ils ont droit à une assez grande place dans l'histoire, sans "politiquement correct" : le film montre leur expropriation comme la cruauté dont certains font preuve. Là encore, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de surprises : on a droit au vieux chef sage, au fils rebelle fougueux, aux jeunes imprudents...
Au final, cela se laisse regarder avec plaisir, mais c'est très classique, un peu "pépère" parfois.
13:17 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéùma, cinema, film, films
lundi, 15 juillet 2024
Longlegs
J'ai tenté (en version originale sous-titrée) ce polar mystique, ésotérique même, dans lequel une jeune agente du FBI rejoint une équipe traquant un tueur en série particulièrement machiavélique.
Les deux premières séquences nécessitent de l'attention de la part des spectateurs : l'une d'entre elles n'est pas située dans le temps (on ne saisit sa pleine signification que bien plus tard), l'autre permet de comprendre quelle est la nature du don de Lee Harker (Maika Monroe, très bien). Cette jeune femme est qualifiée d'hyper-intuitive ou de demi-médium. En clair : elle "sent" certaines choses. C'est un genre de personne que l'on peut croiser dans la vraie vie... sauf qu'ici ses aptitudes vont lui servir à traquer le Mal.
Celui-ci est incarné par une espèce de croque-mitaine, un grand type maquillé, un peu cinglé, insaisissable, incarné par un Nicolas Cage méconnaissable.
La mise en scène joue à la fois sur les codes du polar (avec des agents du FBI qu'on a l'impression d'avoir vu à peu près partout) et du film d'épouvante, avec une musique parfois angoissante et des prises de vues anguleuses, décalées, avec une prédilection pour la (légère) contre-plongée.
Assez vite, on comprend qu'un lien mystérieux semble exister entre le tueur et la jeune enquêtrice, qui a assez facilement trouvé le moyen de décoder les messages de Longlegs, sur lesquels les experts du FBI se cassent les dents depuis des années. (L'action se déroule au milieu des années 1990, sous la présidence de Bill Clinton, dont le portrait apparaît à plusieurs reprises, accroché à un mur.) L'enquête s'approfondit, remontant à l'enfance de Lee et, au-delà, aux années 1960. Le tueur semble suivre un schéma préétabli... mais la découverte de l'intégralité de son projet ménage quelques surprises.
J'aurais donc tendance à être vraiment élogieux si la troisième partie n'avait pas été, selon moi, un peu bâclée par rapport aux précédentes. Le réalisateur s'y croit obligé d'expliquer le pourquoi du comment, pour ses spectateurs malcomprenants... signe que sa mise en scène n'a pas suffi. J'ai aussi peu goûté qu'il tente jusqu'au bout de ménager la chèvre et le chou (l'explication rationnelle des événements... et la satanique). Chacun peut s'y retrouver, mais c'est mis en place de manière peu subtile.
J'ai quand même apprécié l'ambiance inquiétante et les épisodes sanglants, parfois imprévus. C'est donc un film à conseiller aux amateurs du genre et, globalement, aux spectateurs avertis.
22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Longlegs
J'ai tenté (en version originale sous-titrée) ce polar mystique, ésotérique même, dans lequel une jeune agente du FBI rejoint une équipe traquant un tueur en série particulièrement machiavélique.
Les deux premières séquences nécessitent de l'attention de la part des spectateurs : l'une d'entre elles n'est pas située dans le temps (on ne saisit sa pleine signification que bien plus tard), l'autre permet de comprendre quelle est la nature du don de Lee Harker (Maika Monroe, très bien). Cette jeune femme est qualifiée d'hyper-intuitive ou de demi-médium. En clair : elle "sent" certaines choses. C'est un genre de personne que l'on peut croiser dans la vraie vie... sauf qu'ici ses aptitudes vont lui servir à traquer le Mal.
Celui-ci est incarné par une espèce de croque-mitaine, un grand type maquillé, un peu cinglé, insaisissable, incarné par un Nicolas Cage méconnaissable.
La mise en scène joue à la fois sur les codes du polar (avec des agents du FBI qu'on a l'impression d'avoir vu à peu près partout) et du film d'épouvante, avec une musique parfois angoissante et des prises de vues anguleuses, décalées, avec une prédilection pour la (légère) contre-plongée.
Assez vite, on comprend qu'un lien mystérieux semble exister entre le tueur et la jeune enquêtrice, qui a assez facilement trouvé le moyen de décoder les messages de Longlegs, sur lesquels les experts du FBI se cassent les dents depuis des années. (L'action se déroule au milieu des années 1990, sous la présidence de Bill Clinton, dont le portrait apparaît à plusieurs reprises, accroché à un mur.) L'enquête s'approfondit, remontant à l'enfance de Lee et, au-delà, aux années 1960. Le tueur semble suivre un schéma préétabli... mais la découverte de l'intégralité de son projet ménage quelques surprises.
J'aurais donc tendance à être vraiment élogieux si la troisième partie n'avait pas été, selon moi, un peu bâclée par rapport aux précédentes. Le réalisateur s'y croit obligé d'expliquer le pourquoi du comment, pour ses spectateurs malcomprenants... signe que sa mise en scène n'a pas suffi. J'ai aussi peu goûté qu'il tente jusqu'au bout de ménager la chèvre et le chou (l'explication rationnelle des événements... et la satanique). Chacun peut s'y retrouver, mais c'est mis en place de manière peu subtile.
J'ai quand même apprécié l'ambiance inquiétante et les épisodes sanglants, parfois imprévus. C'est donc un film à conseiller aux amateurs du genre et, globalement, aux spectateurs avertis.
22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 13 juillet 2024
Sons
Comme le titre l'indique, dans ce film, il est question de fils, mais aussi de mères. C'est l'une d'entre elles qui se trouve au cœur de l'intrigue, une gardienne de prison prénommée Eva. La première partie, quasi documentaire, nous la montre dans son élément (jamais en dehors de son lieu de travail), dans le quartier réservé à des prisonniers plutôt fragiles sur le plan psychologique et condamnés à de courtes peines. Outre son activité de surveillance et de "gestion des flux", Eva donne des cours de yoga et fait du soutien scolaire, pour des jeunes hommes dont il est légitime de penser que la détresse sociale les a poussés dans la délinquance.
La caméra suit au plus près le personnage principal, incarné par Sidse Babett Knudsen, absolument formidable, qui casse un peu son image à l'occasion de ce film.
Tout change lors de l'arrivée d'un convoi de détenus réputés dangereux. Ils sont destinés à occuper le quartier de haute sécurité, la partie de la prison la plus fermée vis-à-vis de l'extérieur, où les gardiens rencontrent souvent des problèmes. Eva semble reconnaître l'un des arrivants et demande à être affectée dans le QHS. On ne sait pas pourquoi, le personnage étant du genre mutique... et un peu menteur, comme on le découvre à cette occasion.
Dans le QHS, l'ambiance est totalement différente de celle de l'unité 5, où elle travaillait auparavant. On change donc d'univers... et Eva change aussi sous nos yeux. On ne met pas très longtemps à comprendre qui est pour elle ce nouveau détenu, sujet à des épisodes violents. (Il est très bien interprété par Sebastian Bull Sarning.)
C'est ici que le film se fait original, en tout cas très différent de ce que pourrait donner la même histoire traitée par un cinéaste français. Je signale que le réalisateur, Gustav Möller, est l'auteur de l'excellent The Guilty, sorti en salle il y a six ans de cela.
Pour une œuvre qui pourrait passer de prime abord comme quasi documentaire, la caméra se fait relativement inventive. Il faut se méfier de ce qui nous est montré en tout début de scène. Parfois, quand la caméra commence à bouger (après un début en plan fixe), on découvre que le personnage n'est pas seul dans la pièce ou que la situation est différente de ce qui nous a été d'abord suggéré. Il y a aussi un travail sur le rapport entre l'image et le son.
Sur le fond, le film sort des sentiers battus de la "bien-pensance".
ATTENTION !
DIVULGÂCHAGE !
Sur ce genre de sujet, la vulgate moralisatrice nous présenterait une héroïne se rapprochant du détenu et des liens amicaux finissant par se nouer entre deux êtres qu'au départ tout sépare... Que nenni ! Eva la polie, Eva la respectueuse, Eva l'affectueuse va chercher à... se venger. C'est l'occasion pour le cinéaste de nous montrer de quelle capacité de nuisance dispose une employée de la pénitentiaire... mais aussi qu'entre ces murs, les rapports de force sont complexes... et qu'ils peuvent s'inverser.
On est donc loin d'un film "politiquement correct". Il n'en est que plus fort.
10:21 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Sons
Comme le titre l'indique, dans ce film, il est question de fils, mais aussi de mères. C'est l'une d'entre elles qui se trouve au cœur de l'intrigue, une gardienne de prison prénommée Eva. La première partie, quasi documentaire, nous la montre dans son élément (jamais en dehors de son lieu de travail), dans le quartier réservé à des prisonniers plutôt fragiles sur le plan psychologique et condamnés à de courtes peines. Outre son activité de surveillance et de "gestion des flux", Eva donne des cours de yoga et fait du soutien scolaire, pour des jeunes hommes dont il est légitime de penser que la détresse sociale les a poussés dans la délinquance.
La caméra suit au plus près le personnage principal, incarné par Sidse Babett Knudsen, absolument formidable, qui casse un peu son image à l'occasion de ce film.
Tout change lors de l'arrivée d'un convoi de détenus réputés dangereux. Ils sont destinés à occuper le quartier de haute sécurité, la partie de la prison la plus fermée vis-à-vis de l'extérieur, où les gardiens rencontrent souvent des problèmes. Eva semble reconnaître l'un des arrivants et demande à être affectée dans le QHS. On ne sait pas pourquoi, le personnage étant du genre mutique... et un peu menteur, comme on le découvre à cette occasion.
Dans le QHS, l'ambiance est totalement différente de celle de l'unité 5, où elle travaillait auparavant. On change donc d'univers... et Eva change aussi sous nos yeux. On ne met pas très longtemps à comprendre qui est pour elle ce nouveau détenu, sujet à des épisodes violents. (Il est très bien interprété par Sebastian Bull Sarning.)
C'est ici que le film se fait original, en tout cas très différent de ce que pourrait donner la même histoire traitée par un cinéaste français. Je signale que le réalisateur, Gustav Möller, est l'auteur de l'excellent The Guilty, sorti en salle il y a six ans de cela.
Pour une œuvre qui pourrait passer de prime abord comme quasi documentaire, la caméra se fait relativement inventive. Il faut se méfier de ce qui nous est montré en tout début de scène. Parfois, quand la caméra commence à bouger (après un début en plan fixe), on découvre que le personnage n'est pas seul dans la pièce ou que la situation est différente de ce qui nous a été d'abord suggéré. Il y a aussi un travail sur le rapport entre l'image et le son.
Sur le fond, le film sort des sentiers battus de la "bien-pensance".
ATTENTION !
DIVULGÂCHAGE !
Sur ce genre de sujet, la vulgate moralisatrice nous présenterait une héroïne se rapprochant du détenu et des liens amicaux finissant par se nouer entre deux êtres qu'au départ tout sépare... Que nenni ! Eva la polie, Eva la respectueuse, Eva l'affectueuse va chercher à... se venger. C'est l'occasion pour le cinéaste de nous montrer de quelle capacité de nuisance dispose une employée de la pénitentiaire... mais aussi qu'entre ces murs, les rapports de force sont complexes... et qu'ils peuvent s'inverser.
On est donc loin d'un film "politiquement correct". Il n'en est que plus fort.
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vendredi, 12 juillet 2024
Les Pistolets en plastique
Un peu moins de trois ans après Oranges sanguines, Jean-Christophe Meurisse revient sur nos écrans, avec une partie de son équipe et une jolie collection d'invités : Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Laurent Stocker, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret... et, surtout (bien que brièvement, hélas), Jonathan Cohen. Celui-ci n'est présent que dans la scène du début, celle d'une autopsie, qui part en vrille au niveau des dialogues. C'est savoureux mais, toutefois, pas totalement maîtrisé au niveau de la surenchère (un peu à l'image de ce que fait le réalisateur, qui a de brillantes idées, mais peine parfois à les mettre en scène avec rigueur).
Quatre types de personnages s'entrecroisent dans une intrigue à la "marabout d'ficelle", une scène rebondissant sur la précédente. Ainsi, sous nos yeux (parfois ébahis) évoluent un indic de la police (et sa famille), un duo d'enquêtrices amatrices, un fan (acariâtre) de danse country et un homme entre deux âges sur le point de reconstruire sa vie, en Argentine, au bras d'une ravissante brune.
Dans son précédent film, Meurisse versait dans un populisme germanopratin, mâtiné de moralisme bas de gamme. Ici, il prend pour base un fait divers qui ressemble bigrement à l'affaire Dupont de Ligonnès pour s'attaquer à certains totems contemporains : la fascination pour les assassins, la crédulité un brin complotiste, le besoin éperdu de reconnaissance et la quête de célébrité. Paradoxalement, parmi les personnages, la "vedette" est celui qui cherche à disparaître à tout prix. Dans le rôle, Laurent Stocker est formidable.
... mais les autres ne sont pas mal non plus. J'ai beaucoup apprécié la prestation de Gaëtan Peau, qui nous la joue un peu Jean-Pierre Bacri dans la séquence de l'avion (avec Nora Hamzawi pour lui donner la réplique !). Du côté des dames, j'ai été marqué par le duo de fans, interprété par Charlotte Laemmel et Delphine Baril. Je trouve de surcroît particulièrement bien foutue la séquence qui voit évoluer leurs relations avec l'un des personnages masculins. La conclusion n'est pas pour les âmes sensibles !
Tout n'est pas réussi dans ce film et certaines scènes auraient mérité d'être rejouées, mais globalement, c'est une bonne comédie sarcastique... dont l'auteur (fait notable) a réussi la chute.
23:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films






