samedi, 22 juin 2024
Tehachapi
Jusqu'à il y a peu, "JR", pour moi, c'était le gros méchant de la série Dallas (excellemment interprété par le regretté Larry Hagman). Je me suis laissé tenter par ce film en raison de son sujet : l'intervention d'un "artiste de rue" dans une prison de haute sécurité, aux États-Unis... et ses suites.
Tehachapi est l'autre nom de la California Correctional Institution, située dans la ville du même nom (en Californie donc). Ce centre de détention est réputé être l'un des plus durs du pays. Y sont incarcérés des criminels jugés particulièrement dangereux, dans un complexe organisé en quatre niveaux, du 1 (le moins rude, pour les détenus plutôt calmes) au 4 (pour les détenus les plus turbulents). Jusqu'à il y a peu, ce niveau comportait des cellules-cages, installées dans une cour. Certains des personnages interrogés dans le documentaire y ont été enfermés.
Au départ, le projet de JR était de contribuer à la réhabilitation de certains condamnés réputés incurables, volontaires, en les faisant participer à la création d'une fresque photographique temporaire, complétée par un site internet. Cette première demi-heure est passionnante, de la rencontre entre l'artiste et les détenus au collage des énormes bandes de papier (dans l'une des cours de la prison), en passant par la prise de photographies et les premiers entretiens.
Petit à petit, on découvre cette étrange "faune", composée principalement de membres de gangs (soit dès avant la prison, soit depuis leur incarcération, pour se bâtir une protection) latinos, afro-américains ou néo-nazis.
Sans trop de surprise, on apprend que ces criminels endurcis ont tous une vie (plus ou moins) fracassée. Leur cas particulier est d'avoir été condamnés très jeunes, à des peines de prison très longues (voire à la perpétuité réelle, l’État de Californie ne pratiquant plus la peine de mort depuis 2019, année de début du tournage). On les découvre tous alors qu'ils ont déjà purgé dix à quinze ans de taule. Ce ne sont donc plus les adolescents ou jeunes adultes prédateurs qu'ils furent naguère, d'autant qu'ils ont voulu participer au projet, sans doute avec l'idée d'alléger leur peine. Et donc, si, d'une certaine manière, JR utilise ce matériau humain pour se faire valoir, ses cobayes eux-mêmes utilisent son projet pour tenter d'améliorer leur sort.
Il n'en est pas moins vrai que la démarche est louable et les séquences montrées à l'écran souvent fortes. Elles ont été tournées avec un smartphone, un drone ou une caméra embarquée. Elles sont généralement d'une bonne qualité technique.
Mais JR n'en est pas resté là. Par la suite, il est entré en contact avec certains des proches, qui ont parfois découvert le devenir du détenu grâce à son travail mis en ligne. Le film gagne en profondeur avec ces nouveaux témoignages.
JR est retourné sur place un an et demi plus tard, pour lancer une seconde fresque photographique : une copie du paysage de montagne extérieur à la prison... mais sur l'un des murs internes, avec un bel effet de trompe-l’œil. On découvre que plusieurs détenus sont passés au niveau 3, certains pouvant même envisager une libération prochaine. En raison de la pandémie de Covid (et sans doute de la réticence de l'administration pénitentiaire au regard du profil de quelques-uns de ces condamnés), l'étape suivante est un peu reportée. Elle fait l'objet de la dernière demi-heure du film. Elle est assez émouvante, même s'il faut rester conscient que les cas qui nous sont présentés sont plutôt l'exception que la règle.
Malgré un certain angélisme (et la volonté d'en dire le moins possible sur les crimes commis par ces détenus), j'ai apprécié la démarche, qui associe création artistique et action civique. C'est un film pétri d'humanisme et qui, en ces temps d'aigreurs et de haine, fait beaucoup de bien.
jeudi, 20 juin 2024
Chien blanc
J'ai raté ce film à sa sortie en salles, d'autant qu'il n'est pas resté longtemps à l'affiche dans mon cinéma habituel. Un déplacement professionnel m'a donné l'occasion de combler ce manque.
Six ans et demi après La Promesse de l'aube, voilà une nouvelle œuvre (autobiographique) de Romain Gary adaptée au cinéma. Cette fois-ci, c'est aux États-Unis, en 1968, que se déroule l'action, juste après l'assassinat de Martin Luther King.
Trois trames scénaristiques s'entrecroisent. L'histoire du couple intello-médiatique formé par Gary et l'actrice Jean Seberg en est une. Dès le début, on sent qu'entre eux ce n'est plus la passion des débuts. Les deux comédiens nous font sentir la progressive prise de distance entre l'écrivain vieillissant, prudent, modéré, et l'étoile filante du Septième Art, devenue activiste. Cela nous mène à la trame politique, celle de la lutte des Afro-américains pour obtenir la pleine égalité des droits (trois ans après l'abolition officielle de la ségrégation, que le film ne rappelle pas). Outre le racisme de nombre d'Américains blancs, le film dénonce les violences policières... sans négliger pour autant de représenter celles de certains Noirs.
Le sort du chien, un très joli berger allemand, se place dans ce contexte. Il débarque un jour dans le quartier très WASP de Los Angeles où vit le couple Gary-Seberg. (Vous n'auriez tout de même pas voulu qu'ils habitent dans le ghetto, avec leurs compagnons de lutte ?) Le canidé se signale par une agressivité sélective, qui ne vise que les "personnes de couleur". Un dresseur le qualifie de « white dog » (chien blanc), sous-entendu raciste. (On appréciera la finesse de la désignation, l'adjectif blanc étant, dans ce cas précis, synonyme de raciste.) Pendant la période esclavagiste, ce genre de chien était dressé pour pourchasser les esclaves en fuite. Pendant la période de ségrégation, il assistait les "klanistes" pratiquant le lynchage des Noirs. A l'époque du film, il est utilisé par les policiers intervenant lors des manifestations pour les droits civiques.
La question est : ce chien, dont le comportement est d'ordinaire parfaitement normal, peut-il être "redressé" ? La solution de l'euthanasier, outre sa cruauté, ne serait-elle pas (de la part de personnes engagées) un aveu de faiblesse, voire d'échec ? (La question se pose pour le chien, mais les spectateurs sont évidemment censés comprendre qu'il est aussi question des humains...) C'est, pour moi, la partie la plus intéressante du film.
La crise du couple Gary-Seberg, aussi bien interprété soit celui-ci, ne m'a pas passionné... et, même si j'ai apprécié la reconstitution (engagée à gauche) de la période des droits civiques, je trouve que l'intensité dramatique (et émotionnelle) porte davantage sur le personnage du chien. Je ne peux pas trop en dire, mais ce qui lui arrive (et la manière dont la réalisatrice a choisi de le montrer) est très signifiant... et dérangeant. Je pense que cela a gêné certains spectateurs (deux ayant quitté la salle avant la fin, dans le cinéma où je l'ai vu). Ils s'attendaient sans doute à une œuvre plus manichéenne. Mais, pour ce que je sais de Romain Gary (et ce que j'en ai lu), ce serait mal le connaître. Je pense qu'Anaïs Barbeau-Lavalette (auteure, il y a une dizaine d'années, d'Inch'Allah) a été assez fidèle au roman d'origine.
Du coup, j'ai trouvé ce film assez fort, très bien joué, subtilement dérangeant.
21:46 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Chien blanc
J'ai raté ce film à sa sortie en salles, d'autant qu'il n'est pas resté longtemps à l'affiche dans mon cinéma habituel. Un déplacement professionnel m'a donné l'occasion de combler ce manque.
Six ans et demi après La Promesse de l'aube, voilà une nouvelle œuvre (autobiographique) de Romain Gary adaptée au cinéma. Cette fois-ci, c'est aux États-Unis, en 1968, que se déroule l'action, juste après l'assassinat de Martin Luther King.
Trois trames scénaristiques s'entrecroisent. L'histoire du couple intello-médiatique formé par Gary et l'actrice Jean Seberg en est une. Dès le début, on sent qu'entre eux ce n'est plus la passion des débuts. Les deux comédiens nous font sentir la progressive prise de distance entre l'écrivain vieillissant, prudent, modéré, et l'étoile filante du Septième Art, devenue activiste. Cela nous mène à la trame politique, celle de la lutte des Afro-américains pour obtenir la pleine égalité des droits (trois ans après l'abolition officielle de la ségrégation, que le film ne rappelle pas). Outre le racisme de nombre d'Américains blancs, le film dénonce les violences policières... sans négliger pour autant de représenter celles de certains Noirs.
Le sort du chien, un très joli berger allemand, se place dans ce contexte. Il débarque un jour dans le quartier très WASP de Los Angeles où vit le couple Gary-Seberg. (Vous n'auriez tout de même pas voulu qu'ils habitent dans le ghetto, avec leurs compagnons de lutte ?) Le canidé se signale par une agressivité sélective, qui ne vise que les "personnes de couleur". Un dresseur le qualifie de « white dog » (chien blanc), sous-entendu raciste. (On appréciera la finesse de la désignation, l'adjectif blanc étant, dans ce cas précis, synonyme de raciste.) Pendant la période esclavagiste, ce genre de chien était dressé pour pourchasser les esclaves en fuite. Pendant la période de ségrégation, il assistait les "klanistes" pratiquant le lynchage des Noirs. A l'époque du film, il est utilisé par les policiers intervenant lors des manifestations pour les droits civiques.
La question est : ce chien, dont le comportement est d'ordinaire parfaitement normal, peut-il être "redressé" ? La solution de l'euthanasier, outre sa cruauté, ne serait-elle pas (de la part de personnes engagées) un aveu de faiblesse, voire d'échec ? (La question se pose pour le chien, mais les spectateurs sont évidemment censés comprendre qu'il est aussi question des humains...) C'est, pour moi, la partie la plus intéressante du film.
La crise du couple Gary-Seberg, aussi bien interprété soit celui-ci, ne m'a pas passionné... et, même si j'ai apprécié la reconstitution (engagée à gauche) de la période des droits civiques, je trouve que l'intensité dramatique (et émotionnelle) porte davantage sur le personnage du chien. Je ne peux pas trop en dire, mais ce qui lui arrive (et la manière dont la réalisatrice a choisi de le montrer) est très signifiant... et dérangeant. Je pense que cela a gêné certains spectateurs (deux ayant quitté la salle avant la fin, dans le cinéma où je l'ai vu). Ils s'attendaient sans doute à une œuvre plus manichéenne. Mais, pour ce que je sais de Romain Gary (et ce que j'en ai lu), ce serait mal le connaître. Je pense qu'Anaïs Barbeau-Lavalette (auteure, il y a une dizaine d'années, d'Inch'Allah) a été assez fidèle au roman d'origine.
Du coup, j'ai trouvé ce film assez fort, très bien joué, subtilement dérangeant.
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Vice Versa 2
Neuf ans après la sortie de Vice Versa, nous avons droit aux nouvelles aventures de la jeune Riley. A la fin du premier épisode (brièvement ressorti dans les cinémas CGR pour l'occasion), on sentait qu'une suite était envisagée. Joie se félicitait que tout soit revenu à la normale, en affirmant que rien de pire ne pouvait plus arriver...
C'était sans compter avec l'appât du gain des dirigeants de Disney l'imagination fertile d'un groupe de scénaristes l'arrivée de la puberté et donc le début de l'adolescence. Riley change, physiquement et mentalement. Débarquent donc dans son esprit de nouvelles émotions : Anxiété, Envie, Ennui et Embarras. C'est surtout Anxiété qui va prendre de l'importance, au point de devenir une rivale de Joie.
Les changements psychologiques de l'adolescente sont assez bien mis en scène. En revanche, sans doute par pudibonderie, on a été "léger" sur les changements physiques : Riley a grandi, a de nouvelles dents et dégage une odeur corporelle plus forte. Sont passés sous silence (visuellement comme oralement) les règles, les seins qui émergent et les poils qui poussent...
Contrairement à ce qu'on nous proposait dans le premier film, on n'attend pas très longtemps avant d'avoir un aperçu de ce qui se passe dans la tête d'autres personnages que Riley. On découvre assez vite (même si c'est brièvement) la psyché des deux meilleures amies de l'héroïne et l'on retrouve celle des parents, moins drôle que dans le premier épisode, selon moi.
C'est d'ailleurs une remarque que l'on peut faire globalement : cet épisode est moins drôle, moins délirant. De plus, il reprend une trame très semblable : l'une des émotions prend de l'importance et, ne pouvant s'empêcher d'intervenir, menace la psyché de Riley. Joie se retrouve écartée du poste de commandement et est confrontée à de multiples épreuves, placées en parallèle avec la vie de Riley, dont l'état mental se dégrade. Les héroïnes sont au bord du gouffre (voire au fond du trou), avant que tout finisse par s'arranger.
C'est de surcroît très "politiquement correct". il semblerait qu'aux États-Unis, les équipes de hockeyeuses soient un reflet quasi exact de la diversité ethno-culturelle du pays, mise en avant notamment à travers une joueuse voilée (un accoutrement très commode pour pratiquer ce genre de sport).
Même si l'animation est de grande qualité, même si certaines péripéties sont virevoltantes, émaillées d'humour (trop peu présent à mon goût), je suis sorti de là un peu déçu. Ou alors c'est parce que ce genre de divertissement n'est plus de mon âge.
12:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Vice Versa 2
Neuf ans après la sortie de Vice Versa, nous avons droit aux nouvelles aventures de la jeune Riley. A la fin du premier épisode (brièvement ressorti dans les cinémas CGR pour l'occasion), on sentait qu'une suite était envisagée. Joie se félicitait que tout soit revenu à la normale, en affirmant que rien de pire ne pouvait plus arriver...
C'était sans compter avec l'appât du gain des dirigeants de Disney l'imagination fertile d'un groupe de scénaristes l'arrivée de la puberté et donc le début de l'adolescence. Riley change, physiquement et mentalement. Débarquent donc dans son esprit de nouvelles émotions : Anxiété, Envie, Ennui et Embarras. C'est surtout Anxiété qui va prendre de l'importance, au point de devenir une rivale de Joie.
Les changements psychologiques de l'adolescente sont assez bien mis en scène. En revanche, sans doute par pudibonderie, on a été "léger" sur les changements physiques : Riley a grandi, a de nouvelles dents et dégage une odeur corporelle plus forte. Sont passés sous silence (visuellement comme oralement) les règles, les seins qui émergent et les poils qui poussent...
Contrairement à ce qu'on nous proposait dans le premier film, on n'attend pas très longtemps avant d'avoir un aperçu de ce qui se passe dans la tête d'autres personnages que Riley. On découvre assez vite (même si c'est brièvement) la psyché des deux meilleures amies de l'héroïne et l'on retrouve celle des parents, moins drôle que dans le premier épisode, selon moi.
C'est d'ailleurs une remarque que l'on peut faire globalement : cet épisode est moins drôle, moins délirant. De plus, il reprend une trame très semblable : l'une des émotions prend de l'importance et, ne pouvant s'empêcher d'intervenir, menace la psyché de Riley. Joie se retrouve écartée du poste de commandement et est confrontée à de multiples épreuves, placées en parallèle avec la vie de Riley, dont l'état mental se dégrade. Les héroïnes sont au bord du gouffre (voire au fond du trou), avant que tout finisse par s'arranger.
C'est de surcroît très "politiquement correct". il semblerait qu'aux États-Unis, les équipes de hockeyeuses soient un reflet quasi exact de la diversité ethno-culturelle du pays, mise en avant notamment à travers une joueuse voilée (un accoutrement très commode pour pratiquer ce genre de sport).
Même si l'animation est de grande qualité, même si certaines péripéties sont virevoltantes, émaillées d'humour (trop peu présent à mon goût), je suis sorti de là un peu déçu. Ou alors c'est parce que ce genre de divertissement n'est plus de mon âge.
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mercredi, 19 juin 2024
Heroico
Au Mexique, le pouvoir s'appuie fortement sur l'armée pour lutter contre la délinquance en général, les cartels de la drogue en particulier. Les polices semblant soit trop sensibles à la corruption, soit trop vulnérables face aux organisations criminelles, l'institution militaire a vu son rôle s'accroître, au point d'être soupçonnée de constituer désormais un État dans l’État, avec ses dérives.
Voilà pourquoi le cinéaste David Zonana s'est penché sur la formation des recrues (surnommées "poulains"), dans un complexe militaire coupé du reste du pays. On suit les premiers pas de plusieurs jeunes hommes, souvent d'origine modeste, l'un d'entre eux issu d'une famille indigène : certains dialogues (intra-familiaux, mais aussi entre un officier et l'une de ces recrues) ne sont pas en espagnol (peut-être en nahuatl, encore parlé par plusieurs millions de personnes).
Pour beaucoup de ces recrues, l'admission dans l'armée représente une promotion sociale, une source de prestige (associé au port de l'uniforme), de respect... et un moyen d'améliorer le quotidien de leur famille : dès la période de formation, ils bénéficient d'une solde et de la mutuelle de l'armée. L'un des personnages en profite pour faire soigner correctement le diabète de sa mère.
La contrepartie est de supporter la période extrêmement dure de formation : la vie en dortoir, l'entraînement physique, l'autoritarisme des supérieurs hiérarchiques... et les humiliations, imposées par certains sous-officiers, eux-mêmes passés par là auparavant. Un groupe se montre particulièrement cruel... et semble s'affranchir des règles en vigueur en dehors de la caserne. Poids du regard des autres, harcèlement et même sadisme sont au programme.
   C'est suffisamment bien mis en scène pour rappeler, par certains moments, la première partie de Full Metal Jacket (de Kubrick). C'est dire si c'est prenant. Mais il y a autre chose dans ce film. Aux scènes quasi documentaires s'ajoutent d'autres, fantasmagoriques. Je me demande si, dans une certaine mesure, le style pictural n'est pas sous l'influence de ce qu'on a appelé, notamment en littérature, le réalisme magique.
Au départ, Luis Nuñez (le héros) est un agneau, mais un agneau tenace. Il est pris sous son aile par l'un des sous-officiers, pour des raisons que l'on met longtemps à comprendre (une partie est explicitée, l'autre demeure implicite... mais la scène de piscine, placée vers la fin, ne laisse guère de doute).
Le titre, Heroico (« Héroïque »), est à double sens. D'un côté, il s'agit peut-être d'une antiphrase. L'héroïsme républicain, dont les apprentis soldats sont censés devenir les défenseurs, est une valeur affichée, mais bafouée par certains cadres de cette armée (où l'on a tendance à cacher sous le tapis la poussière gênante). D'un autre côté, le véritable héroïsme est celui dont Luis va devoir faire preuve, pour se sortir d'une situation difficile, avec dignité. Son personnage est confronté à plusieurs choix cornéliens.
On se demande comment le cinéaste va conclure son histoire... et il le fait de fort belle manière. Je recommande vivement ce film coup de poing, 1h30 de tension sur un fond politique et social.
12:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Heroico
Au Mexique, le pouvoir s'appuie fortement sur l'armée pour lutter contre la délinquance en général, les cartels de la drogue en particulier. Les polices semblant soit trop sensibles à la corruption, soit trop vulnérables face aux organisations criminelles, l'institution militaire a vu son rôle s'accroître, au point d'être soupçonnée de constituer désormais un État dans l’État, avec ses dérives.
Voilà pourquoi le cinéaste David Zonana s'est penché sur la formation des recrues (surnommées "poulains"), dans un complexe militaire coupé du reste du pays. On suit les premiers pas de plusieurs jeunes hommes, souvent d'origine modeste, l'un d'entre eux issu d'une famille indigène : certains dialogues (intra-familiaux, mais aussi entre un officier et l'une de ces recrues) ne sont pas en espagnol (peut-être en nahuatl, encore parlé par plusieurs millions de personnes).
Pour beaucoup de ces recrues, l'admission dans l'armée représente une promotion sociale, une source de prestige (associé au port de l'uniforme), de respect... et un moyen d'améliorer le quotidien de leur famille : dès la période de formation, ils bénéficient d'une solde et de la mutuelle de l'armée. L'un des personnages en profite pour faire soigner correctement le diabète de sa mère.
La contrepartie est de supporter la période extrêmement dure de formation : la vie en dortoir, l'entraînement physique, l'autoritarisme des supérieurs hiérarchiques... et les humiliations, imposées par certains sous-officiers, eux-mêmes passés par là auparavant. Un groupe se montre particulièrement cruel... et semble s'affranchir des règles en vigueur en dehors de la caserne. Poids du regard des autres, harcèlement et même sadisme sont au programme.
   C'est suffisamment bien mis en scène pour rappeler, par certains moments, la première partie de Full Metal Jacket (de Kubrick). C'est dire si c'est prenant. Mais il y a autre chose dans ce film. Aux scènes quasi documentaires s'ajoutent d'autres, fantasmagoriques. Je me demande si, dans une certaine mesure, le style pictural n'est pas sous l'influence de ce qu'on a appelé, notamment en littérature, le réalisme magique.
Au départ, Luis Nuñez (le héros) est un agneau, mais un agneau tenace. Il est pris sous son aile par l'un des sous-officiers, pour des raisons que l'on met longtemps à comprendre (une partie est explicitée, l'autre demeure implicite... mais la scène de piscine, placée vers la fin, ne laisse guère de doute).
Le titre, Heroico (« Héroïque »), est à double sens. D'un côté, il s'agit peut-être d'une antiphrase. L'héroïsme républicain, dont les apprentis soldats sont censés devenir les défenseurs, est une valeur affichée, mais bafouée par certains cadres de cette armée (où l'on a tendance à cacher sous le tapis la poussière gênante). D'un autre côté, le véritable héroïsme est celui dont Luis va devoir faire preuve, pour se sortir d'une situation difficile, avec dignité. Son personnage est confronté à plusieurs choix cornéliens.
On se demande comment le cinéaste va conclure son histoire... et il le fait de fort belle manière. Je recommande vivement ce film coup de poing, 1h30 de tension sur un fond politique et social.
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mardi, 18 juin 2024
Rendez-vous avec Pol Pot
Cette fiction à caractère historique nous replonge dans le thème de prédilection du cinéaste Rithy Panh, à savoir le Cambodge communiste totalitaire, celui des années 1975-1979... avec près de deux millions de morts à la clé (un authentique génocide, celui-là).
Si la justice internationale a (tardivement) fait son travail, sur le plan de la transmission historique, notamment en France, c'est léger... et c'est aussi le sujet du film, qui met en scène un trio de journalistes français (un rubricard, un photographe et une "preneuse d'images"), dont le degré d'aveuglement (ou de complaisance) quant à la nature du régime des Khmers rouges varie fortement.
Grégoire Colin incarne avec talent l'intellectuel marxiste, visiblement d'origine bourgeoise, qui a côtoyé certains futurs dirigeants communistes lors de ses études (durant lesquelles il a pu recevoir l'enseignement ô combien objectif d'universitaires eux-mêmes marxistes convaincus). C'est "l'idiot utile" typique, l'Occidental qui se berce d'illusions et que les agents du totalitarisme pensent pouvoir manipuler aisément. Toutefois, au bout d'un moment, le comédien réussit à nous faire sentir l'évolution du personnage, qui, parfois, semble jouer l'aveugle ou l'imbécile pour sauver ses collègues.
Cyril Gueï interprète avec conviction le reporter de guerre baroudeur, pas du tout sensible aux sirènes communistes... et du genre à s'affranchir des règles.
Complète le trio Irène Jacob (que je n'avais pas vue au cinéma depuis des lustres). Elle est absolument formidable en journaliste affûtée, prudente... et femme indépendante. Dans un rôle approchant, je l'ai trouvée meilleure que Kirsten Dunst dans le récent Civil War.
Ce trio de reporters a bel et bien existé, même s'il n'était pas français. L'intrigue s'inspire d'un livre d'Elizabeth Becker, la journaliste américaine qui a fait partie de l'expédition d'origine.
Entre deux scènes de fiction, Rithy Panh (auteur, rappelons-le, de l'excellent S-21, la machine de mort khmère rouge) a inséré des extraits de films documentaires, quand il ne pouvait pas faire jouer l'innommable. Cela passe par l'un des journalistes, qui sort des sentiers battus de la visite guidée, pour découvrir l'envers du décor.
S'ajoutent à cela des scènes tournées avec des maquettes et des figurines, à l'image du procédé déjà mis en œuvre dans L'Image manquante.
L'ensemble est prenant, bien qu'un peu long. C'est une belle leçon d'histoire, sur un sujet qui n'est guère enseigné en France.
11:51 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Rendez-vous avec Pol Pot
Cette fiction à caractère historique nous replonge dans le thème de prédilection du cinéaste Rithy Panh, à savoir le Cambodge communiste totalitaire, celui des années 1975-1979... avec près de deux millions de morts à la clé (un authentique génocide, celui-là).
Si la justice internationale a (tardivement) fait son travail, sur le plan de la transmission historique, notamment en France, c'est léger... et c'est aussi le sujet du film, qui met en scène un trio de journalistes français (un rubricard, un photographe et une "preneuse d'images"), dont le degré d'aveuglement (ou de complaisance) quant à la nature du régime des Khmers rouges varie fortement.
Grégoire Colin incarne avec talent l'intellectuel marxiste, visiblement d'origine bourgeoise, qui a côtoyé certains futurs dirigeants communistes lors de ses études (durant lesquelles il a pu recevoir l'enseignement ô combien objectif d'universitaires eux-mêmes marxistes convaincus). C'est "l'idiot utile" typique, l'Occidental qui se berce d'illusions et que les agents du totalitarisme pensent pouvoir manipuler aisément. Toutefois, au bout d'un moment, le comédien réussit à nous faire sentir l'évolution du personnage, qui, parfois, semble jouer l'aveugle ou l'imbécile pour sauver ses collègues.
Cyril Gueï interprète avec conviction le reporter de guerre baroudeur, pas du tout sensible aux sirènes communistes... et du genre à s'affranchir des règles.
Complète le trio Irène Jacob (que je n'avais pas vue au cinéma depuis des lustres). Elle est absolument formidable en journaliste affûtée, prudente... et femme indépendante. Dans un rôle approchant, je l'ai trouvée meilleure que Kirsten Dunst dans le récent Civil War.
Ce trio de reporters a bel et bien existé, même s'il n'était pas français. L'intrigue s'inspire d'un livre d'Elizabeth Becker, la journaliste américaine qui a fait partie de l'expédition d'origine.
Entre deux scènes de fiction, Rithy Panh (auteur, rappelons-le, de l'excellent S-21, la machine de mort khmère rouge) a inséré des extraits de films documentaires, quand il ne pouvait pas faire jouer l'innommable. Cela passe par l'un des journalistes, qui sort des sentiers battus de la visite guidée, pour découvrir l'envers du décor.
S'ajoutent à cela des scènes tournées avec des maquettes et des figurines, à l'image du procédé déjà mis en œuvre dans L'Image manquante.
L'ensemble est prenant, bien qu'un peu long. C'est une belle leçon d'histoire, sur un sujet qui n'est guère enseigné en France.
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samedi, 15 juin 2024
Bad Boys - Ride or Die
Quatre ans après Bad Boys for Life, Will Smith et Martin Lawrence remettent le couvert, sous la houlette d'Adil El Arbi et de Billal Fallah. Le début nous replonge dans l'ambiance de ce Miami Vice version afro-américaine : images léchées ("clipesques" même), grosses bagnoles, flingues rutilants, bombasses en maillots de bain... et musique rap clinquante. Clairement, on ne vise pas la subtilité. Mais, comme la première séquence (qui contient une scène de braquage) n'est pas mal fichue, avec son mélange d'action brute et d'humour potache, on se dit qu'on pourrait passer un agréable moment.
Hélas, en dépit du caméo de Michael Bay (le créateur de la franchise, qui fait un petit coucou au volant d'une Porsche), on se rend vite compte que ce film-ci recycle tous les clichés du genre, sans y apporter de valeur ajoutée. Le premier problème réside dans le jeu des acteurs principaux. Soit on les a laissés en roue libre, soit on leur a demandé d'en faire des tonnes. Martin Lawrence, doté d'un réel potentiel comique, s'en sort peut-être moins mal que Will Smith, mais son énergie ne suffit pas à sauver le film.
Celui-ci se rattrape un peu avec les scènes d'action. Là, oui, il y a du savoir-faire, notamment dans la séquence d'avion (avec une cage), assez emballante. J'ai aussi aimé l'assaut mené par une bande de para-militaires sur le domicile de l'un des protagonistes, assaut qui, évidemment, ne va pas se dérouler comme ils le prévoyaient. Enfin, toute la partie se déroulant dans l'ancien parc d'attractions mérite le détour, même si elle est entachée d'une énorme maladresse, à propos des crises de panique de Mike Lowrey (Will Smith), vraiment mal mises en scène. (Les détracteurs de ce comédien un peu sanguin se réjouiront de le voir se prendre une série de gifles... peut-être un clin d’œil à son esclandre lors des Oscars 2022.)
Au niveau du scénario, il ne faut pas s'attendre à des miracles. C'est cousu de fil blanc... et n'importe quel spectateur doté d'un tant soit peu de jugeote devinera très vite qui se trouve derrière le complot.
Dans une grande salle, avec du bon son, c'est un divertissement digestif, à condition de faire preuve d'indulgence.
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Bad Boys - Ride or Die
Quatre ans après Bad Boys for Life, Will Smith et Martin Lawrence remettent le couvert, sous la houlette d'Adil El Arbi et de Billal Fallah. Le début nous replonge dans l'ambiance de ce Miami Vice version afro-américaine : images léchées ("clipesques" même), grosses bagnoles, flingues rutilants, bombasses en maillots de bain... et musique rap clinquante. Clairement, on ne vise pas la subtilité. Mais, comme la première séquence (qui contient une scène de braquage) n'est pas mal fichue, avec son mélange d'action brute et d'humour potache, on se dit qu'on pourrait passer un agréable moment.
Hélas, en dépit du caméo de Michael Bay (le créateur de la franchise, qui fait un petit coucou au volant d'une Porsche), on se rend vite compte que ce film-ci recycle tous les clichés du genre, sans y apporter de valeur ajoutée. Le premier problème réside dans le jeu des acteurs principaux. Soit on les a laissés en roue libre, soit on leur a demandé d'en faire des tonnes. Martin Lawrence, doté d'un réel potentiel comique, s'en sort peut-être moins mal que Will Smith, mais son énergie ne suffit pas à sauver le film.
Celui-ci se rattrape un peu avec les scènes d'action. Là, oui, il y a du savoir-faire, notamment dans la séquence d'avion (avec une cage), assez emballante. J'ai aussi aimé l'assaut mené par une bande de para-militaires sur le domicile de l'un des protagonistes, assaut qui, évidemment, ne va pas se dérouler comme ils le prévoyaient. Enfin, toute la partie se déroulant dans l'ancien parc d'attractions mérite le détour, même si elle est entachée d'une énorme maladresse, à propos des crises de panique de Mike Lowrey (Will Smith), vraiment mal mises en scène. (Les détracteurs de ce comédien un peu sanguin se réjouiront de le voir se prendre une série de gifles... peut-être un clin d’œil à son esclandre lors des Oscars 2022.)
Au niveau du scénario, il ne faut pas s'attendre à des miracles. C'est cousu de fil blanc... et n'importe quel spectateur doté d'un tant soit peu de jugeote devinera très vite qui se trouve derrière le complot.
Dans une grande salle, avec du bon son, c'est un divertissement digestif, à condition de faire preuve d'indulgence.
12:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 08 juin 2024
Memory
Je crois que c'est le premier film de Michel Franco que je vois dans une salle obscure. (Ou alors, c'est que ma mémoire me joue des tours...) J'y suis donc allé sans les a priori qu'éprouvent certains critiques professionnels à son égard.
Le personnage principal est celui de Sylvia, une femme entre deux âges, aux revenus modestes, qui travaille dans un centre pour adultes handicapés. Mais ce n'est pas l'endroit où on la découvre. La première séquence, composée essentiellement de gros plans, nous plonge dans une réunion des alcooliques anonymes. Il nous faudra un peu de temps pour comprendre pourquoi cette ex-alcoolo se barricade chez elle, évite les rendez-vous et, dans les lieux publics, met tout le monde à distance... en particulier les hommes.
Le thème de la mémoire est introduit en même temps que le personnage de Saul, qui souffre de démence précoce, à un stade encore peu avancé. Pourquoi, un soir, se met-il à suivre Sylvia ? Mystère...
Ce n'est pas par les dialogues, mais par la mise en scène que le réalisateur nous plonge dans la psychologie des personnages. Il est bien aidé par des acteurs formidables, premiers comme seconds rôles, même si je placerais Jessica Chastain au-dessus du lot. Une fois de plus, elle est épatante. Je suis étonné de la facilité avec laquelle celle qui peut incarner une héroïne glamour se glisse dans la peau d'une travailleuse sociale.
Une étrange relation s'ébauche entre Sylvia et Saul, relation qui, au fur et à mesure qu'on en apprend plus sur le passé de l'héroïne, peut paraître glauque. Mais l'homme souffrant de démence n'est pas le seul personnage à connaître des problèmes de mémoire. Franco nous laisse volontairement dans l'incertitude, aussi bien au niveau des dialogues que de certains gestes de ses personnages... jusqu'à ce que, dans la dernière partie, survienne le coup de théâtre.
C'est brillant, très bien joué. De surcroît, le cinéaste a su conclure son film de manière touchante. C'est pour moi l'excellente surprise de ce début du mois de juin.
23:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Memory
Je crois que c'est le premier film de Michel Franco que je vois dans une salle obscure. (Ou alors, c'est que ma mémoire me joue des tours...) J'y suis donc allé sans les a priori qu'éprouvent certains critiques professionnels à son égard.
Le personnage principal est celui de Sylvia, une femme entre deux âges, aux revenus modestes, qui travaille dans un centre pour adultes handicapés. Mais ce n'est pas l'endroit où on la découvre. La première séquence, composée essentiellement de gros plans, nous plonge dans une réunion des alcooliques anonymes. Il nous faudra un peu de temps pour comprendre pourquoi cette ex-alcoolo se barricade chez elle, évite les rendez-vous et, dans les lieux publics, met tout le monde à distance... en particulier les hommes.
Le thème de la mémoire est introduit en même temps que le personnage de Saul, qui souffre de démence précoce, à un stade encore peu avancé. Pourquoi, un soir, se met-il à suivre Sylvia ? Mystère...
Ce n'est pas par les dialogues, mais par la mise en scène que le réalisateur nous plonge dans la psychologie des personnages. Il est bien aidé par des acteurs formidables, premiers comme seconds rôles, même si je placerais Jessica Chastain au-dessus du lot. Une fois de plus, elle est épatante. Je suis étonné de la facilité avec laquelle celle qui peut incarner une héroïne glamour se glisse dans la peau d'une travailleuse sociale.
Une étrange relation s'ébauche entre Sylvia et Saul, relation qui, au fur et à mesure qu'on en apprend plus sur le passé de l'héroïne, peut paraître glauque. Mais l'homme souffrant de démence n'est pas le seul personnage à connaître des problèmes de mémoire. Franco nous laisse volontairement dans l'incertitude, aussi bien au niveau des dialogues que de certains gestes de ses personnages... jusqu'à ce que, dans la dernière partie, survienne le coup de théâtre.
C'est brillant, très bien joué. De surcroît, le cinéaste a su conclure son film de manière touchante. C'est pour moi l'excellente surprise de ce début du mois de juin.
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Comme un lundi
Inspiré d'Un Jour sans fin, le scénario de cette comédie sociétale japonaise nous fait découvrir le travail des employés de ce qui est sans doute une entreprise de sous-traitance dans la communication. Chacun lundi matin, ils ont l'impression que c'est la même semaine qui recommence. C'est une évidente allusion à la routine d'un travail qui semble parfois aliénant. Mais, dans leur cas, c'est la vérité !
Au titre français je préfère la version internationale, le pluriel, associé à la mise en abyme au niveau de la lettre O, me semblant plus révélateurs du contenu du film.
Dans celui-ci, plusieurs personnages prennent conscience de l'éternel recommencement de cette semaine fatidique : leur boîte doit terminer dans l'urgence une commande importante. Dans le même temps, l'héroïne cherche à se faire embaucher par une grosse entreprise, l'un de ses supérieurs à acheter un billet pour un concert de K-pop, un autre tente d'organiser ses vacances... sans parler de celui qui rêve d'être reconnu comme auteur de mangas !
On suit l'histoire du point de vue de l'héroïne Akemi. On découvre assez rapidement qu'au bureau, elle n'est pas la première à se rendre compte du caractère exceptionnel de la situation. Certains de ses collègues ont déjà expérimenté des dizaines de tentatives pour briser le cercle vicieux. Ils sont arrivés à la conclusion que la solution passe par la prise de conscience progressive de chaque membre de la hiérarchie, celui-ci convaincu par son(sa) subordonné(e) immédiat(e). Voilà qui est très japonais...
La première partie contient quelques moments cocasses, comme quand certains salariés agissent vis-à-vis de leurs collègues en montrant leur connaissance de ce qui va se produire. J'ai aussi en mémoire la scène du chargeur de téléphone, vraiment réussie et une autre, sur le toit de l'immeuble, avec des lunettes de protection.
Mais, attention, ce n'est pas la comédie délirante qu'on nous a parfois vendue. L'essentiel de l'intrigue est une réflexion sur l'addiction au travail, l'ambition et les choix de vie. Peut-on sacrifier ses rêves à sa réussite personnelle ? A l'inverse, à quoi est-on prêt(e) à renoncer pour réaliser ses rêves ? Les réponses à ces questions, qui diffèrent d'un personnage à l'autre, ne m'ont pas forcément convaincu. Mais j'ai passé 80 minutes divertissantes... en restant jusqu'à la fin du générique, qui contient un petit bonus.
17:08 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Comme un lundi
Inspiré d'Un Jour sans fin, le scénario de cette comédie sociétale japonaise nous fait découvrir le travail des employés de ce qui est sans doute une entreprise de sous-traitance dans la communication. Chacun lundi matin, ils ont l'impression que c'est la même semaine qui recommence. C'est une évidente allusion à la routine d'un travail qui semble parfois aliénant. Mais, dans leur cas, c'est la vérité !
Au titre français je préfère la version internationale, le pluriel, associé à la mise en abyme au niveau de la lettre O, me semblant plus révélateurs du contenu du film.
Dans celui-ci, plusieurs personnages prennent conscience de l'éternel recommencement de cette semaine fatidique : leur boîte doit terminer dans l'urgence une commande importante. Dans le même temps, l'héroïne cherche à se faire embaucher par une grosse entreprise, l'un de ses supérieurs à acheter un billet pour un concert de K-pop, un autre tente d'organiser ses vacances... sans parler de celui qui rêve d'être reconnu comme auteur de mangas !
On suit l'histoire du point de vue de l'héroïne Akemi. On découvre assez rapidement qu'au bureau, elle n'est pas la première à se rendre compte du caractère exceptionnel de la situation. Certains de ses collègues ont déjà expérimenté des dizaines de tentatives pour briser le cercle vicieux. Ils sont arrivés à la conclusion que la solution passe par la prise de conscience progressive de chaque membre de la hiérarchie, celui-ci convaincu par son(sa) subordonné(e) immédiat(e). Voilà qui est très japonais...
La première partie contient quelques moments cocasses, comme quand certains salariés agissent vis-à-vis de leurs collègues en montrant leur connaissance de ce qui va se produire. J'ai aussi en mémoire la scène du chargeur de téléphone, vraiment réussie et une autre, sur le toit de l'immeuble, avec des lunettes de protection.
Mais, attention, ce n'est pas la comédie délirante qu'on nous a parfois vendue. L'essentiel de l'intrigue est une réflexion sur l'addiction au travail, l'ambition et les choix de vie. Peut-on sacrifier ses rêves à sa réussite personnelle ? A l'inverse, à quoi est-on prêt(e) à renoncer pour réaliser ses rêves ? Les réponses à ces questions, qui diffèrent d'un personnage à l'autre, ne m'ont pas forcément convaincu. Mais j'ai passé 80 minutes divertissantes... en restant jusqu'à la fin du générique, qui contient un petit bonus.
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samedi, 01 juin 2024
Le Deuxième Acte
C'est le nouveau Dupieux, le deuxième (et peut-être pas second) de l'année 2024, après l'enthousiasmant Daaaaaali ! On y retrouve le goût du réalisateur pour la mise en abyme (déjà visible dans Réalité) et la confusion entre fiction et réalité.
Le titre est polysémique. On peut le comprendre comme une annonce du déroulement du film : la séquence initiale (le premier acte) n'est pas incluse dans le dispositif qui s'enclenche avec la seconde (donc le deuxième acte). C'est aussi une manière d'exposer la construction de la majorité des séquences, qui sont constituées de deux trames scénaristiques différentes (et successives), l'une prenant place dans une fiction dirigée par... une intelligence artificielle, l'autre trame évoquant la vie personnelle des acteurs. (Il y a même trois trames, puisque le scénario conçu par l'IA « David » contient déjà une mise en abyme, à laquelle Dupieux ajoute la sienne...)
En plus de la découverte de la construction intellectuelle, le plaisir vient de l'interprétation à multiples facettes des comédiens, quatre pointures qui se sont prêtées au jeu de Dupieux. Les deux qui m'ont le plus impressionné sont Léa Seydoux et Vincent Lindon. On ne s'étonnera pas que la première incarne une comédienne ambitieuse, mais je trouve qu'elle interprète son personnage avec une fraîcheur inédite, peut-être parce que ce rôle-ci lui parle plus que ceux, glamours, auxquels on a tendance à la confiner. Et puis, quel plaisir que de l'entendre affirmer, dans les toilettes d'un restaurant miteux de Dordogne, qu'elle est « une voyante du cul » !
Le film contient d'autres petits morceaux de bravoure, comme lorsque deux hommes sont filmés en travelling arrière, en train de discourir des choses de la vie et que l'un d'entre eux finit par s'exclamer que « Les nouilles, elles sont bien dures, là ! »
A sa manière, Dupieux philosophe sur le monde contemporain (occidental), ses manies, ses modes, ses angoisses... et il adresse quelques piques au monde du cinéma. (Je pense que les gens de ce milieu ont dû comprendre mieux que moi à qui en particulier s'adresse telle ou telle critique formulée à travers le comportement d'un des personnages.)
En vedette vieillissante du Septième Art, Vincent Lindon nous livre une fort belle composition, réussissant, dans la même prise (un de ces plans séquences qu'affectionne Dupieux) à interpréter successivement deux personnages aux tempéraments différents. (Léa Seydoux y parvient de manière tout aussi convaincante, alors que Louis Garrel et Raphaël Quenard ont plus de mal à passer rapidement d'un registre à l'autre.)
Même si certains plans semblent avoir été tournés avec les pieds, l'énergie qui se dégage de l'ensemble m'a conquis... et j'ai souvent ri !
23:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Deuxième Acte
C'est le nouveau Dupieux, le deuxième (et peut-être pas second) de l'année 2024, après l'enthousiasmant Daaaaaali ! On y retrouve le goût du réalisateur pour la mise en abyme (déjà visible dans Réalité) et la confusion entre fiction et réalité.
Le titre est polysémique. On peut le comprendre comme une annonce du déroulement du film : la séquence initiale (le premier acte) n'est pas incluse dans le dispositif qui s'enclenche avec la seconde (donc le deuxième acte). C'est aussi une manière d'exposer la construction de la majorité des séquences, qui sont constituées de deux trames scénaristiques différentes (et successives), l'une prenant place dans une fiction dirigée par... une intelligence artificielle, l'autre trame évoquant la vie personnelle des acteurs. (Il y a même trois trames, puisque le scénario conçu par l'IA « David » contient déjà une mise en abyme, à laquelle Dupieux ajoute la sienne...)
En plus de la découverte de la construction intellectuelle, le plaisir vient de l'interprétation à multiples facettes des comédiens, quatre pointures qui se sont prêtées au jeu de Dupieux. Les deux qui m'ont le plus impressionné sont Léa Seydoux et Vincent Lindon. On ne s'étonnera pas que la première incarne une comédienne ambitieuse, mais je trouve qu'elle interprète son personnage avec une fraîcheur inédite, peut-être parce que ce rôle-ci lui parle plus que ceux, glamours, auxquels on a tendance à la confiner. Et puis, quel plaisir que de l'entendre affirmer, dans les toilettes d'un restaurant miteux de Dordogne, qu'elle est « une voyante du cul » !
Le film contient d'autres petits morceaux de bravoure, comme lorsque deux hommes sont filmés en travelling arrière, en train de discourir des choses de la vie et que l'un d'entre eux finit par s'exclamer que « Les nouilles, elles sont bien dures, là ! »
A sa manière, Dupieux philosophe sur le monde contemporain (occidental), ses manies, ses modes, ses angoisses... et il adresse quelques piques au monde du cinéma. (Je pense que les gens de ce milieu ont dû comprendre mieux que moi à qui en particulier s'adresse telle ou telle critique formulée à travers le comportement d'un des personnages.)
En vedette vieillissante du Septième Art, Vincent Lindon nous livre une fort belle composition, réussissant, dans la même prise (un de ces plans séquences qu'affectionne Dupieux) à interpréter successivement deux personnages aux tempéraments différents. (Léa Seydoux y parvient de manière tout aussi convaincante, alors que Louis Garrel et Raphaël Quenard ont plus de mal à passer rapidement d'un registre à l'autre.)
Même si certains plans semblent avoir été tournés avec les pieds, l'énergie qui se dégage de l'ensemble m'a conquis... et j'ai souvent ri !
23:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 25 mai 2024
Furiosa
Neuf ans après Mad Max : Fury Road, George Miller revient avec une préquelle, nous racontant une partie de l'enfance de Furiosa, sa captivité, ses apprentissages, sa semi-liberté... et sa vengeance.
La première partie est celle qui détonne le plus dans l'ambiance traditionnelle des films post-apocalyptiques de la franchise. On y voit une sorte de paradis perdu, une oasis où les femmes jouent un rôle essentiel... un évident contraste avec le monde de routards et de bikers du désert, auquel certaines vont se retrouver confrontées. Cet alléchant début fait intervenir deux beaux personnages, celui de Furiosa enfant, interprétée par Alyla Browne (aperçue dans Trois mille ans à t'attendre), et celui de sa mère, une tireuse d'élite sans peur et sans reproche, incarnée par la délicieuse (et vindicative) Charlee Fraser.
La suite est moins surprenante, mais remarquablement mise en scène. En nous plaçant dans les pas de la jeune héroïne, le scénario nous fait successivement découvrir la bande de pillards gouvernée par Dementus (Chris Hemsworth, bien allumé), la Citadelle, Gastown (Pétroville) et le Moulin à (trous de) balles, autant de mondes dominés par des mâles alphas cruels, où la vie humaine n'a pas la moindre valeur. Ici, il faut souligner la qualité du travail des équipes de maquillage, d'habillage et de décorateurs. Combinés aux effets numériques, leurs efforts contribuent à créer une ambiance unique, un univers spectral et déjanté, très bien accompagné par la musique de Junkie XL.
Un film Mad Max ne serait rien sans les cascades... et, dans ce domaine, on est copieusement servi. Cela commence, modestement mais efficacement, par la poursuite à motos du début. Le véritable morceau de bravoure du film est constitué par l'attaque du super poids-lourd forteresse, un truc dingue qui a sans doute nécessité des prodiges de mise en scène. Plusieurs séquences ultérieures contiennent des moments d'action bien conçus mais, pour moi, aucun n'atteint la virtuosité de cet assaut en marche, digne des meilleures attaques de train des westerns traditionnels.
C'est peut-être pourquoi les 30-40 dernières minutes m'ont un poil déçu. Elles sont pourtant traversées par le même souffle. On ne s'y ennuie point. Mais l'on attend peut-être trop de la vengeance de Furiosa. Aussi élaborée (et impitoyable) soit elle, elle déçoit un peu, peut-être parce que la confrontation finale entre l'héroïne et son ennemi intime n'est pas réussie, notamment au niveau des dialogues. J'ai aussi été un peu gêné par le physique d'Ana Taylor-Joy. La comédienne joue bien, mais c'est une brindille, qui n'est pas aussi crédible que l'était naguère Charlize Theron dans le rôle.
Malgré ces limites, je recommande ce film, à voir sur le plus grand écran possible, avec un son qui déchire.
12:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, film, films
samedi, 18 mai 2024
Wake Up
C'est ce que proclament de jeunes militants écologistes à la face du monde de leur ville... et c'est, un peu plus tard, ce qu'ils aimeraient bien faire : se réveiller du cauchemar dans lequel ils sont tombés, alors qu'ils pensaient pouvoir s'éclater en toute impunité dans un magasin d'ameublement.
Sans surprise, le début nous présente les deux groupes de protagonistes. A ma gauche se trouvent six jeunes adultes, qui se voient comme de preux chevaliers de cause animale. Les trois mecs sont un Afro-américain, un Arabe et un djeunse coiffé comme un skater... et doté d'une de ces horribles petites moustaches qui font actuellement fureur chez les mâles de moins de trente ans. (Rien que pour ça, le mec mérite de ne pas s'en sortir.)
Complètent ce trio plus ou moins testostéroné une gothique, une jolie blonde et une métis, visiblement la plus intelligente (et authentiquement altruiste) du groupe... et la seule d'origine modeste. (Ses comparses sont tous équipés de smartphones haut-de-gamme et portent aux pieds de quoi nourrir pendant plusieurs mois certains villages africains.)
A ma droite (extrême ?) se trouve un duo de frangins. Le plus posé des deux est alcoolique, mais sait comment gérer son patron... tandis que le second semble psychologiquement (de plus en plus) perturbé. Tous deux sont veilleurs de nuit dans un magasin d'ameublement (House Idea) qui fait penser à Ikea. Le plus intéressant, dans cette caractérisation manichéenne, est d'opposer d'authentiques prolétaires (les agents de sécurité) à des rejetons de la bonne bourgeoisie urbaine.
Ceux-ci se sont infiltrés dans le magasin, juste avant la fermeture... et ils vont se déchaîner une fois la nuit tombée. Ils nous sont montrés comme particulièrement immatures. Leur maladresse va déclencher les foudres de l'un des agents, déjà frustré de ne pas pouvoir participer à la partie de chasse à laquelle il s'était inscrit des mois auparavant. Du coup, les allées d'exposition et la réserve vont devenir son terrain de jeu, un peu à l'image de ce que fait le personnage incarné par Denzel Washington, dans le premier Equalizer. Attention toutefois : les cibles de la vindicte de l'agent de sécurité (du moins celles qui ne meurent pas trop vite) vont se rebeller, provoquant une belle surenchère d'hémoglobine...
Quelque part entre Death Wish (Le Justicier dans la ville) et nombre de slashers, ce petit film sanguinaire est à ranger dans la catégorie des "plaisirs coupables" (comme Crazy Bear l'an dernier). Il ne fait preuve d'aucune subtilité, mais la manière dont les blessures sont infligées est efficacement mise en scène... et, bien que ne durant qu'1h20, le film réserve quelques surprises, jusqu'à la fin.
22:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Wake Up
C'est ce que proclament de jeunes militants écologistes à la face du monde de leur ville... et c'est, un peu plus tard, ce qu'ils aimeraient bien faire : se réveiller du cauchemar dans lequel ils sont tombés, alors qu'ils pensaient pouvoir s'éclater en toute impunité dans un magasin d'ameublement.
Sans surprise, le début nous présente les deux groupes de protagonistes. A ma gauche se trouvent six jeunes adultes, qui se voient comme de preux chevaliers de cause animale. Les trois mecs sont un Afro-américain, un Arabe et un djeunse coiffé comme un skater... et doté d'une de ces horribles petites moustaches qui font actuellement fureur chez les mâles de moins de trente ans. (Rien que pour ça, le mec mérite de ne pas s'en sortir.)
Complètent ce trio plus ou moins testostéroné une gothique, une jolie blonde et une métis, visiblement la plus intelligente (et authentiquement altruiste) du groupe... et la seule d'origine modeste. (Ses comparses sont tous équipés de smartphones haut-de-gamme et portent aux pieds de quoi nourrir pendant plusieurs mois certains villages africains.)
A ma droite (extrême ?) se trouve un duo de frangins. Le plus posé des deux est alcoolique, mais sait comment gérer son patron... tandis que le second semble psychologiquement (de plus en plus) perturbé. Tous deux sont veilleurs de nuit dans un magasin d'ameublement (House Idea) qui fait penser à Ikea. Le plus intéressant, dans cette caractérisation manichéenne, est d'opposer d'authentiques prolétaires (les agents de sécurité) à des rejetons de la bonne bourgeoisie urbaine.
Ceux-ci se sont infiltrés dans le magasin, juste avant la fermeture... et ils vont se déchaîner une fois la nuit tombée. Ils nous sont montrés comme particulièrement immatures. Leur maladresse va déclencher les foudres de l'un des agents, déjà frustré de ne pas pouvoir participer à la partie de chasse à laquelle il s'était inscrit des mois auparavant. Du coup, les allées d'exposition et la réserve vont devenir son terrain de jeu, un peu à l'image de ce que fait le personnage incarné par Denzel Washington, dans le premier Equalizer. Attention toutefois : les cibles de la vindicte de l'agent de sécurité (du moins celles qui ne meurent pas trop vite) vont se rebeller, provoquant une belle surenchère d'hémoglobine...
Quelque part entre Death Wish (Le Justicier dans la ville) et nombre de slashers, ce petit film sanguinaire est à ranger dans la catégorie des "plaisirs coupables" (comme Crazy Bear l'an dernier). Il ne fait preuve d'aucune subtilité, mais la manière dont les blessures sont infligées est efficacement mise en scène... et, bien que ne durant qu'1h20, le film réserve quelques surprises, jusqu'à la fin.
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mercredi, 15 mai 2024
Un p'tit truc en plus
Ce petit truc en plus peut être un grain de folie... ou un chromosome 21 surnuméraire, ce petit plus qui semble être de trop. Voilà donc Artus qui nous embarque dans une comédie sociétale centrée sur les handicapés mentaux. Un groupe est sur le point de partir en vacances dans un gîte, à la montagne (dans le Vercors ?). Il manque toutefois un passager, qui est retard. Le premier quiproquo porte sur l'identité de ce passager. Pour des raisons que je n'expliquerai pas, Paulo, le comparse maladroit d'un braqueur de banques, est pris pour le retardataire. Les deux voyous s'incrustent dans la colonie de vacances très très spéciale... (Le devenir du véritable retardataire, qui se trompe de bus, devient une respiration régulière de l'intrigue, souvent cocasse, mais qui a aussi pour but de montrer qu'un handicapé peut très bien faire la fête avec des "valides".)
On s'attend évidemment à retrouver les saillies dont la bande-annonce est nourrie. Pour celles et ceux qui ont vu et revu celle-ci, cela manque toutefois un peu de saveur. Mais la scène de douche est plus piquante (et plus longue) que ce que l'on nous a montré. La première partie de l'histoire reste marquée par l'irruption tonitruante des personnages handicapés et leur confrontation avec les "valides".
Je trouve que le film vaut toutefois mieux que l'étiquette de gaudriole qui lui a été collée. Plus que sur les handicapés eux-mêmes, le comique porte sur le regard que l'on porte sur eux. Certains des protagonistes du film vont d'ailleurs évoluer à ce sujet. Contraints de partager le quotidien du groupe de vacanciers, les deux braqueurs doivent s'adapter... et vont même nouer des liens.
   Sans surprise, Artus (vu récemment dans J'adore ce que vous faites) incarne le gentil, un type que son paternel a entraîné dans ses combines, mais qui a juste besoin d'une bonne occasion pour retourner dans le droit chemin. La mise en scène (pourtant guère imaginative) réussit à nous faire toucher du doigt la complicité qui naît entre Paulo et les véritables handicapés, qu'il ne réussit pas à tromper très longtemps. (La séquence de préparation collective du repas est très belle.)
Sans plus de surprise, Clovis Cornillac interprète le paternel bourru, de prime abord égoïste, voire méprisant. C'est le personnage qui évolue le plus dans le film.
Le scénario rend aussi hommage aux accompagnateurs des handicapés, des personnes dévouées, altruistes, pas cher payées, parfois elles-mêmes un peu barrées. Alice Belaïdi (découverte jadis dans Radiostars) rayonne en quasi-sainte laïque, d'une beauté éclatante. Céline Groussard est un peu en-dessous, même si son personnage nous réserve quelques surprises. Enfin, Marc Riso est chargé d'incarner le "poissard" de l'intrigue, un loser généreux, un peu pathétique, mais lui aussi gentil au fond. (La fin de l'histoire "récompense" ce personnage un peu trop caricatural.)
Voilà. C'est assez prévisible, pas aussi désopilant que ce que la bande-annonce laisse espérer, mais c'est finalement mieux, avec un peu d'émotion et une belle morale.
21:17 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Un p'tit truc en plus
Ce petit truc en plus peut être un grain de folie... ou un chromosome 21 surnuméraire, ce petit plus qui semble être de trop. Voilà donc Artus qui nous embarque dans une comédie sociétale centrée sur les handicapés mentaux. Un groupe est sur le point de partir en vacances dans un gîte, à la montagne (dans le Vercors ?). Il manque toutefois un passager, qui est retard. Le premier quiproquo porte sur l'identité de ce passager. Pour des raisons que je n'expliquerai pas, Paulo, le comparse maladroit d'un braqueur de banques, est pris pour le retardataire. Les deux voyous s'incrustent dans la colonie de vacances très très spéciale... (Le devenir du véritable retardataire, qui se trompe de bus, devient une respiration régulière de l'intrigue, souvent cocasse, mais qui a aussi pour but de montrer qu'un handicapé peut très bien faire la fête avec des "valides".)
On s'attend évidemment à retrouver les saillies dont la bande-annonce est nourrie. Pour celles et ceux qui ont vu et revu celle-ci, cela manque toutefois un peu de saveur. Mais la scène de douche est plus piquante (et plus longue) que ce que l'on nous a montré. La première partie de l'histoire reste marquée par l'irruption tonitruante des personnages handicapés et leur confrontation avec les "valides".
Je trouve que le film vaut toutefois mieux que l'étiquette de gaudriole qui lui a été collée. Plus que sur les handicapés eux-mêmes, le comique porte sur le regard que l'on porte sur eux. Certains des protagonistes du film vont d'ailleurs évoluer à ce sujet. Contraints de partager le quotidien du groupe de vacanciers, les deux braqueurs doivent s'adapter... et vont même nouer des liens.
   Sans surprise, Artus (vu récemment dans J'adore ce que vous faites) incarne le gentil, un type que son paternel a entraîné dans ses combines, mais qui a juste besoin d'une bonne occasion pour retourner dans le droit chemin. La mise en scène (pourtant guère imaginative) réussit à nous faire toucher du doigt la complicité qui naît entre Paulo et les véritables handicapés, qu'il ne réussit pas à tromper très longtemps. (La séquence de préparation collective du repas est très belle.)
Sans plus de surprise, Clovis Cornillac interprète le paternel bourru, de prime abord égoïste, voire méprisant. C'est le personnage qui évolue le plus dans le film.
Le scénario rend aussi hommage aux accompagnateurs des handicapés, des personnes dévouées, altruistes, pas cher payées, parfois elles-mêmes un peu barrées. Alice Belaïdi (découverte jadis dans Radiostars) rayonne en quasi-sainte laïque, d'une beauté éclatante. Céline Groussard est un peu en-dessous, même si son personnage nous réserve quelques surprises. Enfin, Marc Riso est chargé d'incarner le "poissard" de l'intrigue, un loser généreux, un peu pathétique, mais lui aussi gentil au fond. (La fin de l'histoire "récompense" ce personnage un peu trop caricatural.)
Voilà. C'est assez prévisible, pas aussi désopilant que ce que la bande-annonce laisse espérer, mais c'est finalement mieux, avec un peu d'émotion et une belle morale.
21:17 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
dimanche, 12 mai 2024
L'Esprit Coubertin
Cette pochade d'1h18 imagine qu'aux prochains Jeux Olympiques d'été, les Français auront les plus grandes peines à décrocher ne serait-ce qu'une médaille d'or. L'un des derniers espoirs repose sur le multiple champion du monde de tir sportif (au pistolet), Paul, un jeune gendarme monomaniaque, psychorigide, coincé du cul... et un peu raciste sur les bords.
Je pense que vous avez compris que la subtilité n'est pas la marque de fabrique de cette comédie "à la française"... ce qui ne veut pas dire qu'elle soit sans qualités.
Je dois reconnaître que le début m'a plu. Je ne peux pas trop en dire, sous peine de dévoiler l'un des (rares) bons gags du film, qui concerne la préparation du héros à ses premiers Jeux. Sachez néanmoins que, dès cette séquence, on comprend que les principaux atouts de cette "œuvre" sont deux de ses comédiens : Benjamin Voisin (révélé par Illusions perdues) et Emmanuelle Bercot (dont la seule présence est -presque- capable de sauver un film). Le premier incarne le champion de tir. C'est un vrai rôle de composition, dans lequel il est méconnaissable. La seconde joue une coach à l'américaine (chewing-gum ostensible à la clé)... un peu agaçante tout de même, à la longue.
Hélas, le reste de la distribution est beaucoup moins reluisant. On pourrait faire preuve d'indulgence envers les figurants inconnus, qui n'ont visiblement pas été bien dirigés. On est en revanche déçu par certaines prestations : on a vu Laura Felpin meilleure ailleurs, tandis qu'Aure Atika est consternante de maladresse. (Ce n'est pas que celle de son personnage ; elle surjoue, à l'évidence.) Quant à Grégoire Ludig, dont le personnage semble inspiré de David Douillet, il n'a qu'une expression sur le visage... mais une bonne dizaine d'apparitions à son actif, qu'il gère médiocrement.
Du coup, j'ai cherché mon bonheur ailleurs... et je l'ai (en partie) trouvé dans les flashs info... non pas tant dans la caricature des journalistes (qui feraient passer ceux de CNews pour des parangons de subtilité) que dans les dépêches qui défilent en bas d'écran. Ce sont bien entendu des informations bidons, mais elles sont presque toutes cocasses, surtout quand elles évoquent les sportifs français. Elles répondent aux images qui évoquent les échecs successifs des membres de la délégation tricolore, plutôt bien mis en scène, ma foi.
Malheureusement, dès le début, on sent comment cela va tourner, à quel type d'obstacle le héros va être confronté. On sent venir à des kilomètres les "messages" véhiculés par le film (sur le climat, le "vivrensemble", la coolitude...).
Notons que certains aspects de l'intrigue sont inspirés de la réalité, comme la fiesta quasi permanente dans une partie du village olympique, l'usage important des préservatifs (même si, dans le film, on surestime le nombre distribué aux sportifs : une cinquantaine, au lieu de vingt... petits joueurs !). Quant à l'histoire du nageur du Vanuatu, elle puise sans doute un peu dans celle d'Eric Moussambani, à Sydney, en 2000. On l'a repeinte d'un vernis climatique pour se mettre dans l'air du temps. (Mais attention, hein : son pays est bel et bien victime des changements en cours.)
Sur le fond, le défaut le plus important du film est sa référence à la formule de Pierre de Coubertin (« Le plus important aux Jeux olympiques n’est pas de gagner mais de participer »). Le bon baron poursuivait en insistant sur la nécessité de donner le meilleur de soi lors de la compétition... pas dans les soirées alcoolisées ou au plumard, avec d'ailleurs des sportives qui ne participaient qu'exceptionnellement aux Jeux, lors des premières éditions. La citation, sortie de son contexte, est utilisée pour faire l'apologie de la bringue à tout va et de la consommation d'un tas de produits qui ne sont pas vraiment recommandés pour maintenir un corps en bonne santé. En revanche, on ne peut que soutenir le propos en faveur de l'amitié entre les peuples. Mais c'est mis en scène avec une telle maladresse que cela devient gênant.
Le film s'achève par deux séquences d'intérêt inégal. La première conclut les Jeux de manière grotesque, tandis que la seconde nous fait un peu respirer... mais elle est tout aussi fantaisiste que la précédente.
C'est plutôt un film à visionner un soir d'ennui, sur son ordi (pour pas cher), avec de quoi grignoter à proximité.
22:41 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, sport, jeux olympiques
L'Esprit Coubertin
Cette pochade d'1h18 imagine qu'aux prochains Jeux Olympiques d'été, les Français auront les plus grandes peines à décrocher ne serait-ce qu'une médaille d'or. L'un des derniers espoirs repose sur le multiple champion du monde de tir sportif (au pistolet), Paul, un jeune gendarme monomaniaque, psychorigide, coincé du cul... et un peu raciste sur les bords.
Je pense que vous avez compris que la subtilité n'est pas la marque de fabrique de cette comédie "à la française"... ce qui ne veut pas dire qu'elle soit sans qualités.
Je dois reconnaître que le début m'a plu. Je ne peux pas trop en dire, sous peine de dévoiler l'un des (rares) bons gags du film, qui concerne la préparation du héros à ses premiers Jeux. Sachez néanmoins que, dès cette séquence, on comprend que les principaux atouts de cette "œuvre" sont deux de ses comédiens : Benjamin Voisin (révélé par Illusions perdues) et Emmanuelle Bercot (dont la seule présence est -presque- capable de sauver un film). Le premier incarne le champion de tir. C'est un vrai rôle de composition, dans lequel il est méconnaissable. La seconde joue une coach à l'américaine (chewing-gum ostensible à la clé)... un peu agaçante tout de même, à la longue.
Hélas, le reste de la distribution est beaucoup moins reluisant. On pourrait faire preuve d'indulgence envers les figurants inconnus, qui n'ont visiblement pas été bien dirigés. On est en revanche déçu par certaines prestations : on a vu Laura Felpin meilleure ailleurs, tandis qu'Aure Atika est consternante de maladresse. (Ce n'est pas que celle de son personnage ; elle surjoue, à l'évidence.) Quant à Grégoire Ludig, dont le personnage semble inspiré de David Douillet, il n'a qu'une expression sur le visage... mais une bonne dizaine d'apparitions à son actif, qu'il gère médiocrement.
Du coup, j'ai cherché mon bonheur ailleurs... et je l'ai (en partie) trouvé dans les flashs info... non pas tant dans la caricature des journalistes (qui feraient passer ceux de CNews pour des parangons de subtilité) que dans les dépêches qui défilent en bas d'écran. Ce sont bien entendu des informations bidons, mais elles sont presque toutes cocasses, surtout quand elles évoquent les sportifs français. Elles répondent aux images qui évoquent les échecs successifs des membres de la délégation tricolore, plutôt bien mis en scène, ma foi.
Malheureusement, dès le début, on sent comment cela va tourner, à quel type d'obstacle le héros va être confronté. On sent venir à des kilomètres les "messages" véhiculés par le film (sur le climat, le "vivrensemble", la coolitude...).
Notons que certains aspects de l'intrigue sont inspirés de la réalité, comme la fiesta quasi permanente dans une partie du village olympique, l'usage important des préservatifs (même si, dans le film, on surestime le nombre distribué aux sportifs : une cinquantaine, au lieu de vingt... petits joueurs !). Quant à l'histoire du nageur du Vanuatu, elle puise sans doute un peu dans celle d'Eric Moussambani, à Sydney, en 2000. On l'a repeinte d'un vernis climatique pour se mettre dans l'air du temps. (Mais attention, hein : son pays est bel et bien victime des changements en cours.)
Sur le fond, le défaut le plus important du film est sa référence à la formule de Pierre de Coubertin (« Le plus important aux Jeux olympiques n’est pas de gagner mais de participer »). Le bon baron poursuivait en insistant sur la nécessité de donner le meilleur de soi lors de la compétition... pas dans les soirées alcoolisées ou au plumard, avec d'ailleurs des sportives qui ne participaient qu'exceptionnellement aux Jeux, lors des premières éditions. La citation, sortie de son contexte, est utilisée pour faire l'apologie de la bringue à tout va et de la consommation d'un tas de produits qui ne sont pas vraiment recommandés pour maintenir un corps en bonne santé. En revanche, on ne peut que soutenir le propos en faveur de l'amitié entre les peuples. Mais c'est mis en scène avec une telle maladresse que cela devient gênant.
Le film s'achève par deux séquences d'intérêt inégal. La première conclut les Jeux de manière grotesque, tandis que la seconde nous fait un peu respirer... mais elle est tout aussi fantaisiste que la précédente.
C'est plutôt un film à visionner un soir d'ennui, sur son ordi (pour pas cher), avec de quoi grignoter à proximité.
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samedi, 11 mai 2024
Le Tableau volé
Inspiré d'une histoire vraie (comme La Femme au tableau, qui lui traitait du devenir d'une œuvre de Gustav Klimt), ce film de Pascal Bonitzer est à la fois un polar économico-artistique, un portrait de notre époque et une aventure humaine.
Il bénéficie d'une distribution quatre étoiles, avec Léa Drucker, Nora Hamzaoui, Louise Chevillotte, Laurence Côte, Alain Chamfort (que, dans un premier temps, je n'avais pas reconnu), Arcadi Radeff... et surtout Alex Lutz, dont je vais redire qu'il est l'un des acteurs les plus doués de sa génération.
Ici, il incarne André Masson, un commissaire-priseur riche et arrogant, aimant les belles montres, les belles voitures, les beaux costumes, les bons whiskys. Il est surtout passionné par l'art, notamment pictural. Après quelques hésitations, il accepte d'évaluer une toile retrouvée dans un grenier, en compagnie de son ex-femme Bertina (spécialiste d'Egon Schiele). La famille propriétaire de la maison est du genre prolétaire, tandis que les ayant-droit, résidant aux États-Unis, sont plus à l'aise financièrement.
A cette intrigue fil rouge se greffent des arcs narratifs secondaires. Le premier que l'on découvre est celui qui concerne la stagiaire d'André, une menteuse pathologique qui nous réserve bien surprises. Un autre arc évoque les rivalités à l'intérieur de la société de commissaires-priseurs qui emploie André. Un autre volet encore évoque la situation familiale délicate de Martin, l'ouvrier qui a découvert la toile.
Quand il s'avère que le tableau n'est pas une imitation, l'enjeu qu'il représente (symboliquement... et surtout financièrement) commence à soulever des passions, plus ou moins avouées. Le film prend donc un tour policier pas déplaisant du tout.
Croisant souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, fracture sociale, mondialisation et tensions familiales, ce film est une excellente surprise, où se révèle la maîtrise d'un cinéaste à la carrière discrète.
17:10 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Le Tableau volé
Inspiré d'une histoire vraie (comme La Femme au tableau, qui lui traitait du devenir d'une œuvre de Gustav Klimt), ce film de Pascal Bonitzer est à la fois un polar économico-artistique, un portrait de notre époque et une aventure humaine.
Il bénéficie d'une distribution quatre étoiles, avec Léa Drucker, Nora Hamzaoui, Louise Chevillotte, Laurence Côte, Alain Chamfort (que, dans un premier temps, je n'avais pas reconnu), Arcadi Radeff... et surtout Alex Lutz, dont je vais redire qu'il est l'un des acteurs les plus doués de sa génération.
Ici, il incarne André Masson, un commissaire-priseur riche et arrogant, aimant les belles montres, les belles voitures, les beaux costumes, les bons whiskys. Il est surtout passionné par l'art, notamment pictural. Après quelques hésitations, il accepte d'évaluer une toile retrouvée dans un grenier, en compagnie de son ex-femme Bertina (spécialiste d'Egon Schiele). La famille propriétaire de la maison est du genre prolétaire, tandis que les ayant-droit, résidant aux États-Unis, sont plus à l'aise financièrement.
A cette intrigue fil rouge se greffent des arcs narratifs secondaires. Le premier que l'on découvre est celui qui concerne la stagiaire d'André, une menteuse pathologique qui nous réserve bien surprises. Un autre arc évoque les rivalités à l'intérieur de la société de commissaires-priseurs qui emploie André. Un autre volet encore évoque la situation familiale délicate de Martin, l'ouvrier qui a découvert la toile.
Quand il s'avère que le tableau n'est pas une imitation, l'enjeu qu'il représente (symboliquement... et surtout financièrement) commence à soulever des passions, plus ou moins avouées. Le film prend donc un tour policier pas déplaisant du tout.
Croisant souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, fracture sociale, mondialisation et tensions familiales, ce film est une excellente surprise, où se révèle la maîtrise d'un cinéaste à la carrière discrète.
17:10 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Le Royaume de la planète des singes
C'est la traduction littérale du titre anglais de ce film. Je ne vois pas pourquoi le distributeur français a voulu parler de "nouveau" royaume, à part peut-être pour faire le lien avec "la trilogie marseillaise de César", achevée en 2017 avec Suprématie.
A celles et ceux qui auraient oublié ces films, le début fait office de petite piqûre de rappel, sous forme d'hommage au Messie des singes, dont les obsèques ont un petit côté Wakanda Forever.
Plusieurs générations plus tard, les singes parlants vivent en clans séparés, parfois ignorant la présence des autres. Durant cette partie, on a visiblement tenu à nous faire découvrir en long et en large la vie quotidienne des primates, en particulier celle d'un trio de jeunes, un peu casse-cou. Les spectateurs dotés d'un minimum de neurones comprendront très vite que l'un des trois, Noa, est voué à un prestigieux destin. Ce film-ci est l'histoire de son apprentissage, à travers une chute puis une résurrection, qui sera une révélation. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Hollywood recycle ses vieilles recettes, en s'appuyant sur une technologie bluffante. C'est d'ailleurs le principal intérêt de cette première partie, trop longue à mon goût.
Dans un second temps, cela s'anime. On découvre d'autres catégories de singes... et des humains... en particulier une humaine, dont personne ne s'étonnera que, sous les couches de crasse, elle soit un petit canon, bad ass de surcroît. Dans un premier temps, faute de connaître son identité, les singes la nomment Nova... comme la gamine survivante de Suprématie... tiens, tiens...
Du côté des primates, je note plusieurs bonnes surprises, avec notamment l'introduction du personnage de Raka, un orang-outan lettré, un brin philosophe, dont on espère qu'il fera son retour dans l'épisode suivant. (Le présent volet n'est sans doute que le premier d'une nouvelle trilogie.) Concernant ce personnage, l'animation est impressionnante, en particulier celle des traits du visage, une maestria que l'on retrouve chez Proximus César, le méchant de l'histoire, un grand bonobo tenaillé par une ambition démesurée.
L'intrigue devient palpitante quand on découvre le gigantesque campement des singes, installé à proximité de l'entrée fortifiée d'un ancien blockhaus, dont Proximus veut s'approprier les secrets. Il n'est pas le seul à vouloir y pénétrer...
Les amateurs d'action et de suspens sont servis. A la séquence d'attaque du village de Noa succède celle de la bataille du blockhaus, assez magistrale, le tout se concluant dans un duel que l'on sent venir de loin, y compris sa conclusion.
L'impression de déjà-vu se confirme à travers les allusions à d'anciens films. Je pense à un plan tourné sur une plage (peut-être californienne, alors que, dans un vieux film, elle est atlantique). Je pense aussi à la séquence de chasse, qui rappelle les productions des années 1960-1970, y compris la série (que j'avais à l'époque trouvée très réussie).
Je trouve que le film se termine mieux qu'il n'a commencé. Quelques ultimes révélations nous mettent l'eau à la bouche. On attend la suite.
10:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Royaume de la planète des singes
C'est la traduction littérale du titre anglais de ce film. Je ne vois pas pourquoi le distributeur français a voulu parler de "nouveau" royaume, à part peut-être pour faire le lien avec "la trilogie marseillaise de César", achevée en 2017 avec Suprématie.
A celles et ceux qui auraient oublié ces films, le début fait office de petite piqûre de rappel, sous forme d'hommage au Messie des singes, dont les obsèques ont un petit côté Wakanda Forever.
Plusieurs générations plus tard, les singes parlants vivent en clans séparés, parfois ignorant la présence des autres. Durant cette partie, on a visiblement tenu à nous faire découvrir en long et en large la vie quotidienne des primates, en particulier celle d'un trio de jeunes, un peu casse-cou. Les spectateurs dotés d'un minimum de neurones comprendront très vite que l'un des trois, Noa, est voué à un prestigieux destin. Ce film-ci est l'histoire de son apprentissage, à travers une chute puis une résurrection, qui sera une révélation. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Hollywood recycle ses vieilles recettes, en s'appuyant sur une technologie bluffante. C'est d'ailleurs le principal intérêt de cette première partie, trop longue à mon goût.
Dans un second temps, cela s'anime. On découvre d'autres catégories de singes... et des humains... en particulier une humaine, dont personne ne s'étonnera que, sous les couches de crasse, elle soit un petit canon, bad ass de surcroît. Dans un premier temps, faute de connaître son identité, les singes la nomment Nova... comme la gamine survivante de Suprématie... tiens, tiens...
Du côté des primates, je note plusieurs bonnes surprises, avec notamment l'introduction du personnage de Raka, un orang-outan lettré, un brin philosophe, dont on espère qu'il fera son retour dans l'épisode suivant. (Le présent volet n'est sans doute que le premier d'une nouvelle trilogie.) Concernant ce personnage, l'animation est impressionnante, en particulier celle des traits du visage, une maestria que l'on retrouve chez Proximus César, le méchant de l'histoire, un grand bonobo tenaillé par une ambition démesurée.
L'intrigue devient palpitante quand on découvre le gigantesque campement des singes, installé à proximité de l'entrée fortifiée d'un ancien blockhaus, dont Proximus veut s'approprier les secrets. Il n'est pas le seul à vouloir y pénétrer...
Les amateurs d'action et de suspens sont servis. A la séquence d'attaque du village de Noa succède celle de la bataille du blockhaus, assez magistrale, le tout se concluant dans un duel que l'on sent venir de loin, y compris sa conclusion.
L'impression de déjà-vu se confirme à travers les allusions à d'anciens films. Je pense à un plan tourné sur une plage (peut-être californienne, alors que, dans un vieux film, elle est atlantique). Je pense aussi à la séquence de chasse, qui rappelle les productions des années 1960-1970, y compris la série (que j'avais à l'époque trouvée très réussie).
Je trouve que le film se termine mieux qu'il n'a commencé. Quelques ultimes révélations nous mettent l'eau à la bouche. On attend la suite.
10:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 10 mai 2024
The Fall Guy
Inspiré (plus ou moins) de la série L'Homme qui tombe à pic, le nouveau film de David Leitch (Bullet Train, Deadpool 2...) est un vibrant hommage au métier de cascadeur et à un certain cinéma populaire, mêlant romantisme et scènes d'action.
Pour le côté romantique, on a l'histoire d'amour contrariée entre Colt et Jody, le cascadeur et la cadreuse devenue réalisatrice. Ils sont incarnés par deux des plus belles plantes du cinéma hollywoodien : Ryan Gosling (dont le banc de muscu a dû beaucoup souffrir) et Emily Blunt, gaulée comme une déesse.
A travers leur histoire, Leitch nous montre un peu l'envers du décor... et quelques secrets de fabrication. C'est aussi pour Hollywood une façon de se regarder le nombril. Il y a donc de la mise en abyme dans l'air et quelques allusions compréhensibles des initiés. La principale concerne un acteur très connu, qui prétend réaliser lui-même ses cascades. Plusieurs indices concernant son identité sont disséminés dans le film...
Celui-ci montre donc un tournage en cours, celui de Metalstorm, une œuvre qui, a priori, n'est pas destinée à bouleverser l'histoire du cinéma. Mais ce n'est pas le seul emboîtement mis en scène. On découvre rapidement que le scénario du semi-nanar s'inspire du passé sentimental des deux protagonistes, qui se retrouvent après une rupture d'un an. Enfin, en cours de route, les spectateurs les plus attentifs comprendront que ce que sont en train de vivre les personnages influe sur le contenu du film... et vice versa.
C'est donc une œuvre malicieuse, remplie de clins d’œil et de références cinématographiques, de Deux Flics à Miami à Mad Max, en passant par Mission : impossible, James Bond, L'Homme qui valait trois milliards... et même Dune, dont Leitch se moque gentiment à l'occasion d'une des dernières séquences.
En tentant de reconquérir sa dulcinée, le cascadeur malchanceux se retrouve impliqué dans un complot, lié à la disparition de l'acteur-vedette qu'il doublait naguère, ainsi qu'à un meurtre. Le film sur le tournage d'un film d'action prend donc le chemin d'un autre film d'action, nourri d'impressionnantes cascades, allant de multiples tonneaux sur une plage (record du monde battu à l'occasion de ce tournage) à un saut périlleux, en passant par une poursuite avec un camion-benne. N'oublions pas les scènes de baston, la première (très chorégraphiée) dans une boîte de nuit, la meilleure opposant... les deux amoureux !
C'est virevoltant et épicé d'humour. A ce sujet, je conseille la version originale sous-titrée, dans laquelle on peut entendre Ryan Gosling parler en français... uniquement quand il s'adresse à Jean-Claude, l'un des plus redoutables protagonistes de cette histoire. La langue de Joe Biden permet aussi d'apprécier à leur juste mesure certains jeux de mots, comme ce ice crime qui joue un rôle clé dans l'intrigue.
C'est drôle, rythmé, romanesque... et la musique est bonne... sauf quand c'est du Taylor Swift. (Mais là, on pardonne, parce que la scène est humoristique.)
J'ai passé un excellent moment.
P.S.
A la fin, Lee Majors (le Colt Seavers d'origine) fait un caméo (peut-être en compagnie d'Heather Thomas, son ancienne partenaire).
23:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Fall Guy
Inspiré (plus ou moins) de la série L'Homme qui tombe à pic, le nouveau film de David Leitch (Bullet Train, Deadpool 2...) est un vibrant hommage au métier de cascadeur et à un certain cinéma populaire, mêlant romantisme et scènes d'action.
Pour le côté romantique, on a l'histoire d'amour contrariée entre Colt et Jody, le cascadeur et la cadreuse devenue réalisatrice. Ils sont incarnés par deux des plus belles plantes du cinéma hollywoodien : Ryan Gosling (dont le banc de muscu a dû beaucoup souffrir) et Emily Blunt, gaulée comme une déesse.
A travers leur histoire, Leitch nous montre un peu l'envers du décor... et quelques secrets de fabrication. C'est aussi pour Hollywood une façon de se regarder le nombril. Il y a donc de la mise en abyme dans l'air et quelques allusions compréhensibles des initiés. La principale concerne un acteur très connu, qui prétend réaliser lui-même ses cascades. Plusieurs indices concernant son identité sont disséminés dans le film...
Celui-ci montre donc un tournage en cours, celui de Metalstorm, une œuvre qui, a priori, n'est pas destinée à bouleverser l'histoire du cinéma. Mais ce n'est pas le seul emboîtement mis en scène. On découvre rapidement que le scénario du semi-nanar s'inspire du passé sentimental des deux protagonistes, qui se retrouvent après une rupture d'un an. Enfin, en cours de route, les spectateurs les plus attentifs comprendront que ce que sont en train de vivre les personnages influe sur le contenu du film... et vice versa.
C'est donc une œuvre malicieuse, remplie de clins d’œil et de références cinématographiques, de Deux Flics à Miami à Mad Max, en passant par Mission : impossible, James Bond, L'Homme qui valait trois milliards... et même Dune, dont Leitch se moque gentiment à l'occasion d'une des dernières séquences.
En tentant de reconquérir sa dulcinée, le cascadeur malchanceux se retrouve impliqué dans un complot, lié à la disparition de l'acteur-vedette qu'il doublait naguère, ainsi qu'à un meurtre. Le film sur le tournage d'un film d'action prend donc le chemin d'un autre film d'action, nourri d'impressionnantes cascades, allant de multiples tonneaux sur une plage (record du monde battu à l'occasion de ce tournage) à un saut périlleux, en passant par une poursuite avec un camion-benne. N'oublions pas les scènes de baston, la première (très chorégraphiée) dans une boîte de nuit, la meilleure opposant... les deux amoureux !
C'est virevoltant et épicé d'humour. A ce sujet, je conseille la version originale sous-titrée, dans laquelle on peut entendre Ryan Gosling parler en français... uniquement quand il s'adresse à Jean-Claude, l'un des plus redoutables protagonistes de cette histoire. La langue de Joe Biden permet aussi d'apprécier à leur juste mesure certains jeux de mots, comme ce ice crime qui joue un rôle clé dans l'intrigue.
C'est drôle, rythmé, romanesque... et la musique est bonne... sauf quand c'est du Taylor Swift. (Mais là, on pardonne, parce que la scène est humoristique.)
J'ai passé un excellent moment.
P.S.
A la fin, Lee Majors (le Colt Seavers d'origine) fait un caméo (peut-être en compagnie d'Heather Thomas, son ancienne partenaire).
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