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vendredi, 17 août 2012

Héroïnes nationales

   Ma brocantitude m'a amené à faire de nouvelles trouvailles. Il y a peu, je suis tombé sur une pile de protège-cahiers datant de la fin du XIXe siècle. Malheureusement, les gribouillis des écoliers du temps jadis avaient été détachés, pour ne conserver que les quatre pages cartonnées, illustrées de scènes en général patriotiques (cela date d'après la défaite de 1871 face à la Prusse).

   On a coutume de présenter la IIIe République comme un régime misogyne, ayant corseté la condition féminine et notamment refusé d'étendre le droit de vote aux citoyennes. Pourtant, certaines d'entre elles ont été montrées en exemples à la jeunesse, à travers ces images de couverture, dans une série appelée Les femmes de France pendant la guerre (sous entendu "de 1870-1871").

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   Il s'agit de Jeanne Bernier, dont le texte (situé sur la quatrième page) nous dit qu'elle était champenoise et qu'elle perdit dans le conflit son frère, son père, son époux et son fils, ces trois derniers engagés dans les francs-tireurs (des groupes qui agissaient à l'arrière des lignes prussiennes, en France occupée). Elle décida de prendre les armes et se mit en quête de troupes ennemies. Elle réussit à tuer quatre uhlans, avant de mourir le fusil à la main. Précisons toutefois que l'auteur de la notice prend la peine d'écrire "C'était là une marque de courage peu commune chez une femme, n'est-il pas vrai ?" (Rappelons que ce texte est destiné à être lu par les écoliers...)

   Curieusement, sur la Toile, c'est une autre version de l'histoire que j'ai trouvée. La jeune femme, ni mariée ni mère, aurait été tuée lors de l'exécution de son fiancé par les Prussiens.

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   Juliette Dodu est un peu plus connue. Ses exploits présumés ont fait l'objet de cartes postales. Le texte qui accompagne l'illustration ci-dessus prend des libertés même avec la version officielle de ce qui est sans doute une légende : la jeune femme est qualifiée de "directrice du télégraphe" (poste qu'occupait sa mère) et on découvre la native de la Réunion capable de transcrire les messages prussiens (rédigés en allemand, langue qu'elle ne comprenait pas).

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   Annette Drevon était une cantinière de l'armée impériale. Elle s'est distinguée à la bataille de Magenta, en 1859. Mais sa mise en valeur doit plutôt à son comportement pendant la guerre de 1870-1871, au cours de laquelle elle tua un soldat bavarois qui se serait moqué de la décoration qu'elle portait, obtenue à la suite de ses exploits en Italie. Le texte qui figure en quatrième de couverture est la copie de la notice biographique que l'on peut trouver dans le Journal de Tournon du 26 septembre 1886.

   La collection ne serait pas complète sans un hommage rendu aux femmes d'Alsace-Lorraine, dont le territoire fut annexé par le nouvel empire allemand en 1871 :

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   Ces femmes vêtues de noir sont toutes en deuil, ayant perdu un membre de leur famille durant la guerre. Leurs visiteurs prussiens, qui voulaient s'imposer dans leurs réunions de salon, s'en vont, fort embarrassés.

   Cette collection rend aussi hommage aux "grands capitaines", parmi lesquels une autre femme, Jeanne d'Arc bien sûr :

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   Ces deux illustrations (de qualité très moyenne) s'inspirent d'un célèbre tableau de Jean-Jacques Scherrer, consacré à l'entrée victorieuse de la Pucelle à Orléans, en 1429 :

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lundi, 02 janvier 2012

Contrefeux autour du musée Soulages

   En décembre dernier, la venue de Pierre Soulages sur le chantier du musée consacré à son oeuvre a fait l'objet d'un véritable battage médiatique... et ce fut l'occasion d'entendre une belle brochette de mensonges et / ou approximations, à propos du coût du musée.

   Et pourtant, cela fait déjà un petit moment que l'on sait que le budget prévisionnel (qui table sur un peu plus de 21 millions d'euros) est obsolète. Dès le 23 juin 2009, le Conseil d'agglomération du Grand Rodez avait entériné une hausse, à plus de 26 millions d'euros (page 18) :

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   Cette hausse a été confirmée lors de la réunion du 14 décembre 2010. (Malheureusement, à l'occasion de la refonte du site internet de la communauté d'agglo, les comptes-rendus antérieurs à 2011 ont disparu... sauf pour ceux qui les avaient enregistrés. Ils restent consultables à Rodez.)

   Les élus du Grand Rodez ne devraient donc plus affirmer que le projet Soulages ne va coûter que 21 millions d'euros... et les journalistes ne devraient surtout pas répéter ce mensonge. Pourtant, ils l'ont fait, comme Midi Libre le 10 décembre dernier. Voici encore ce qu'on pouvait lire dans Centre Presse, le même jour :

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   Les infos régionales ont véhiculé la même erreur, comme on peut le constater sur le site de France 3 :

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   Si vous prenez la peine d'écouter le commentaire du reportage vidéo, vous entendrez la même bêtise. Idem pour la radio Totem : s'il est fait mention des critiques que le projet soulève, c'est la même (sous)estimation du coût qui est citée.

   Du côté des périodiques, la situation est plus acceptable. Certes, Le Petit Journal, dans son numéro sorti le 20 décembre, reprend les "chiffres officiels" :

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   Mais, de son côté, Le Ruthénois, dans le numéro paru le 16 décembre, donne une estimation plus proche des vrais "chiffres officiels" :

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   Le Nouvel Hebdo, lui, parle désormais de 30 millions d'euros.

   Alors, pourquoi ce feu d'artifice de désinformation les 9 et 10 décembre derniers ? Peut-être parce qu'il fallait éviter que la réunion du Conseil du Grand Rodez du 13 décembre suivant ne donne lieu à des articles moins unanimes. En effet, dans le compte-rendu (page 9), c'est une tout autre estimation qui est donnée :

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   On retrouve donc ce fameux coût de 26 millions d'euros. On ne sait toujours pas qui va financer le dépassement de 5 millions... c'est dire les inquiètudes que l'on peut avoir si le dépassement atteint 10 millions d'euros ! Les contribuables du Grand Rodez risquent de devoir passer à la caisse...

   Ces craintes sont confirmées par un document issu de la municipalité ruthénoise. Courant décembre, l'équipe au pouvoir a publié un numéro spécial du magazine Rodez, notre ville, consultable en ligne :

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   Le bilan tracé est évidemment très favorable (pas forcément à tort d'ailleurs). Mais j'ai surtout été intéressé par l'un des paragraphes, consacré au musée Soulages. Voici ce qu'on peut y lire (page 3 du fascicule) :

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   Vous n'avez pas la berlue : la municipalité ruthénoise affirme que le projet, dans l'état actuel des choses, va coûter, non pas les 21 millions claironnés, non pas les 26 millions sur lesquels les élus se sont (discrètement) accordés, mais 28 millions d'euros ! Et personne, à ma connaissance, n'en a parlé. Quelques mauvaises langues ont bien ironisé sur l'exercice d'autosatisfaction de la gauche, mais, visiblement, le document n'a pas été scrupuleusement lu...

   Je vais terminer par une anecdote, puisée dans Le Petit Journal du 20 décembre. Voici ce que l'on peut voir en "une" :

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   Mais de quel scandale peut-il bien s'agir ? Si vous avez bien lu le début de cette note, vous savez que le quinzomadaire n'a pas polémiqué sur le coût du musée. Non. L'article situé page 5 évoque une petite mesquinerie de la part de la municipalité ruthénoise : la non invitation de Marc Censi aux cérémonies officielles organisées pour la venue de Pierre Soulages :

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   Il est vrai qu'en dehors de tout partisanisme politique, ce genre de comportement est assez bas. C'est tout à l'honneur du journal de l'avoir révélé.

samedi, 27 août 2011

Un peu de sable dans les rouages du (futur) musée Soulages

   Ce sable ne provient pas de feue l'opération "Rodez plage". Dans Le Ruthénois de cette semaine (le numéro 78), on apprend que la revue Beaux Arts Magazine s'est intéressée au musée en construction. Il s'agit du numéro 326, d'août 2011 :

Beaux Arts Magazine 326 août 2011.jpg

   (Dans Le Ruthénois, pour illustrer l'article, on a choisi la couverture d'un ancien numéro - le 273 -, dans lequel avaient été publiés, il y a un peu plus de quatre ans, les résultats d'un sondage, dont Le Nouvel Hebdo s'est aussi fait l'écho, révélant qu'un panel supposé représentatif des Français n'avait pas apprécié les oeuvres du maître de l'outrenoir.)

   L'article en question se trouve page 12 :

Beaux Arts Magazine.jpg

   Voici ce qu'il dit : 

   Sur l'esplanade du Foirail, en plein coeur de Rodez, le musée Soulages sort de terre. [Péniblement : pour l'instant, on ne voit pas grand chose.] "C'est un chantier techniquement difficile par la longueur du bâtiment - près de 100 mètres de long -, la nature du sol et l'habillage en acier Corten", explique Marc Gosselin, directeur des services techniques du Grand Rodez.

   Pour l'heure, le gros oeuvre est en marche. "Les délais sont respectés avec une ouverture prévue en juin 2013", promet le directeur du futur musée, Benoît Decron, qui entend décrocher une deuxième donation de l'artiste après une première donation de 500 pièces en 2005.

   Autre projet en cours : la réhabilitation de la maison natale de l'artiste, rachetée récemment par la ville. [en réalité par la Communauté d'agglomération, ainsi qu'on peut le vérifier dans le compte-rendu de la réunion du Conseil du 29 mars 2011, pages 18-19 ; le coût est de 160 000 euros] Pour quelle affectation ? "Nous réfléchissons à plusieurs hypothèses : ateliers d'artistes, lieu de résidence artistique, bibliothèque..., tout est possible." [même le pire]

   Financé par l'agglomération, l'Etat, le conseil général et les conseils régionaux de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon [Première nouvelle. Que vient faire la région de Montpellier là-dedans ? D'où vient cette information ?], le musée, dont les travaux sont estimés à 25 M €, continue cependant de susciter la polémique.

   Certains opposants, comme Jean-Louis Chauzy [Ce n'est pas vraiment un opposant, plutôt un indépendant qui garde son esprit critique.], président du conseil économique et social [et environnemental] de Midi-Pyrénées et membre du conseil municipal de Rodez, s'interrogent encore sur le financement du projet et dénoncent le budget de fonctionnement, estimé à 1,2 M € par an, supporté intégralement par l'agglomération du Grand Rodez. [Snif !]

   Comme on peut le voir, l'article de Beaux Arts Magazine, même s'il ne bénéficie visiblement pas toujours d'informations de première main, reste quelque peu critique.

   Le Ruthénois en remet une couche un peu plus loin, page 8, où l'on trouve le dessin de la semaine (très ironique) de Stéphanie Gras :

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   On reconnaît facilement le maire de Rodez, Christian Teyssèdre. Celui-ci, lors de la présentation de ses voeux, en janvier 2011, avait laissé entendre qu'il était conscient des difficultés de financement liées au projet Soulages. A mon avis, on n'a pas fini de s'inquiéter.

jeudi, 21 juillet 2011

Exposition Numa Ayrinhac

   Elle est visible (jusqu'au 9 août 2011) à Espalion, au Vieux Palais. L'entrée est gratuite et, franchement, elle mérite le détour.

   Numa Ayrinhac était un peintre argentin d'origine aveyronnaise. (Ses parents ont rejoint à Pigüé d'autres émigrés rouergats.) En fin de parcours, au sous-sol, un petit film (en espagnol, mais la traduction du commentaire est disponible en français) explique son parcours. Il s'est fait connaître en France avant la Première guerre mondiale, au cours de laquelle il a combattu sous l'uniforme français.

   L'exposition propose échantillon très diversifié de son oeuvre, que je ne savais pas aussi éclectique. Il y a bien sûr les paysages de la pampa argentine, comme celui-ci, datant de 1923 :

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   L'une de ses oeuvres les plus spectaculaires est sans conteste la représentation des gauchos :

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(Duel chez les gauchos, 1912)

   L'artiste s'est aussi attaché à peindre la ville d'Espalion, notamment le Vieux Palais :

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   Moins connues sont les scènes de la vie aveyronnaise. Ayrinhac s'est aussi attaché à représenter des animaux, notamment des ânes ! On lui doit aussi quelques natures mortes très réussies.

   Au cours de la visite, on peut faire d'autres découvertes. L'artiste a par exemple eu une période religieuse. Il a réalisé des vitraux pour l'église de Pigüé (hélas perdus), ainsi que des peintures pour des communautés religieuses. Une figure revient plusieurs fois : Jeanne d'Arc

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   Plus célèbres sont les portraits. Localement, on connaît celui du maire de Rodez de l'époque, Eugène Raynaldy. Mais, en Argentine, Numa Ayrinhac est devenu un proche du couple Peron, au pouvoir juste après la Seconde guerre mondiale. La toile emblématique est celle représentant le président argentin et son épouse, si populaire :

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   Mais il y en a d'autres, consacrées uniquement à "Evita", qui sont très belles.

   Pour compléter la visite, on peut acquérir le livret de l'exposition, très bien fichu :

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dimanche, 10 avril 2011

Le musée Toulouse-Lautrec

- Dis, tu fais quoi samedi ?

- Euh, rien de spécial, a priori. Pourquoi ?

- Je viens sur Albi. J'ai envie de visiter le musée Toulouse-Lautrec et la cathédrale. Tu m'accompagnes ?

- Euh...

- Je t'invite au resto !

   Convaincu par la perspective d'une bonne bouffe qualité artistique des arguments, me voilà donc rendu dans le chef-lieu tarnais. En début d'après-midi, il y avait quand même du monde, mais on ne se bousculait pas trop.

   Cela commence par le rez-de-chaussée, où sont placées les oeuvres évoquant la jeunesse de l'artiste, sa famille, ses fréquentations, ses influences. Au bout, dans un coin, se trouvent les tableaux consacrés à ce que l'on pourrait appeler les "femmes de mauvaises vie". Notons que dans chaque salle sont accessibles des fiches d'explication bien conçues (mais, bon, faut se les trimbaler devant les oeuvres). Si l'on est moins radin, on peut, contre un supplément payé en caisse, se balader avec un casque : certaines oeuvres bénéficient d'un commentaire spécifique.

   Ensuite, il faut se rendre dans une autre aile du bâtiment, monter un petit peu. On accède à un auditorium (environ deux fois plus grand que celui du musée Fenaille, à Rodez). Un film d'environ une demi-heure y est projeté. On y apprend l'histoire de Toulouse-Lautrec ; on y voit nombre de ses oeuvres, projetées toutefois sans ordre, sans réel commentaire. Dans la salle, des papys en profitent pour piquer un roupillon, pendant que Madame est captivée par ce qui passe à l'écran. L'Aveyronnais que je suis se doit de signaler que le peintre tarnais nommé Toulouse a passé l'essentiel de sa jeunesse... en Aveyron, au château du Bosc.

   Quand on sort de là, on peut accéder à l'autre partie des collections, plus intéressante à mon avis. On y découvre les croquis et lithographies de l'artiste puis, en bas, les affiches qui l'ont rendu célèbre.

   Alors que j'associais plutôt Toulouse-Lautrec au côté graveleux de son oeuvre, j'ai été surpris de voir que beaucoup de ses productions sont très gracieuses, comme la Femme qui tire son bas :

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    Elle semble jeune ; elle est jolie, "prise sur le fait"... et le bras gauche est positionné de manière pudique, pour masquer le pubis... ce qui permet de vendre des reproductions de l'oeuvre en cartes postales. Cette étude a abouti à une oeuvre finale moins angélique :

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    La femme est un peu moins jolie... et semble triste. A côté d'elle se trouve sans doute une maquerelle. Il s'agit donc d'une prostituée, dont on ne prend plus soin de masquer le gagne-pain : son pubis.

   J'aime chez Toulouse-Lautrec ce côté "envers du décor", qui montre sans fard ces femmes du monde des lumières, comme Madame Poupoule à la toilette :

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    Dans le même genre, au Musée d'Orsay, on peut voir une superbe Femme seule (j'aurais bien titré cela : "Cre-vée !")

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   On remarque la fréquence des "scènes de lit", soit coquines (il est fait allusion à une relation charnelle), soit tendrement descriptives (le modèle est dans une posture d'abandon). Dans le genre "réaliste", il y a Deux filles dans le lit :

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    Dans le genre intimiste poétique, il y a la Femme couchée (dont une version se trouve au Brooklyn Museum) :

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   Pour moi, le crayonné atteint un sommet quand il tente de restituer les mouvements, comme avec  la danseuse Loïe Fuller (le lien mène à un blog qui propose deux courts films d'époque... assez étourdissants, ma foi) :

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    L'attention de Toulouse-Lautrec s'est aussi beaucoup portée sur les animaux. Il semblait fasciné par les chevaux, qu'il n'insère en général que dans des oeuvres "sérieuses". Par contre, il recourt à d'autres quadrupèdes dans un but humoristique, comme dans Entre trois-z-yeux (que je n'ai pas vu au musée d'Albi) :

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   Les deux premiers appartenant au chien, je vous laisse imaginer ce qu'est le troisième oeil...

   Moins scabreuse est l'Invitation à une tasse de lait :

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    Le texte du dessous dit ceci : Henri de Toulouse Lautrec sera très flatté si vous voulez bien accepter une tasse de lait le samedi 15 mai vers 3 heures et demi après midi. (On peut l'acheter en carte postale à la boutique du musée.)

   Enfin, voici mon kiff perso, le Dîner des Tarnais, bien caché dans un coin de la salle du bas :

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   Pour aller plus loin, outre la visite du musée, je vous conseille le site de la Fondation Toulouse-Lautrec, qui fourmille d'oeuvres (même si rien ne remplace le face-à-face direct avec la production de l'artiste).

13:26 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, culture, peinture

samedi, 19 mars 2011

Comment faire un beau Soulages ?

   Mea culpa. Mea maxima culpa. Il est temps pour moi de cesser d'ironiser sur l'art du "chantre de l'outrenoir" et de me rendre enfin aux arguments de ses thuriféraires... qui y comprennent certainement beaucoup plus de choses que moi, vu qu'ils emploient des expressions compliquées pour désigner des choses simples.

   Qu'est-ce qui m'a fait changer d'avis ? Le visionnage de l'émission du 19 mars de Groland.con, du samedi 19 mars. On y voit une spectaculaire démonstration de créativité soulagienne, que l'on me permettra d'illustrer par cet extrait hélas pas suffisamment représentatif :

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samedi, 19 février 2011

Soulages ne fait pas recette

   Benoît Decron, conservateur (depuis bientôt deux ans) du musée qui n'existe pas, continue sa tournée de conférences dans le Grand Rodez. Chacune de ses interventions bénéficie d'une assez large couverture médiatique. La dernière s'est déroulée à Luc-La Primaube, charmante commune (en fort développement) située au sud-ouest de Rodez, sur la route d'Albi.

   Ceux qui ne s'y sont pas rendus peuvent en avoir un aperçu à travers le site de la commune et un article publié dans La Dépêche du Midi.

   Si l'on se fie à la photographie qui accompagne l'article, force est de constater que cette conférence, qui s'est tenue un mercredi soir, n'a pas déplacé les foules :

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   Peut-être est-ce dû à l'angle de prise de vue : il fallait montrer à la fois la maquette, le conférencier et une partie (au moins) du public. Mais je pense quand même que l'assistance ne devait pas dépasser 30-40 personnes. Si elles avaient été nombreuses, nul doute que l'article se serait fait l'écho du succès.

   Venons-en au contenu. Dans sa présentation, Benoît Decron aurait insisté sur l'importance du lieu d'implantation du futur musée (sur le jardin du Foirail), à proximité de la rue Combarel, où est né l'artiste. Mais une autre solution aurait été encore plus avantageuse, rapprochant le musée dédié à l'artiste du quartier de son enfance... solution moins coûteuse pour les finances locales : le site de l'ancien hôpital

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   J'ai (grossièrement) colorié en noir le site du futur musée et en rouge le site de l'ancien hôpital. J'ai souligné d'un cercle la présence de la cathédrale. Si l'on voulait vraiment redynamiser ce quartier, on pouvait y implanter, outre le musée, le restaurant, quelques commerces et pourquoi pas une résidence étudiante. (L'îlot Combarel aurait pu aussi servir à regrouper les formations de l'enseignement supérieur ruthénois, aujourd'hui réparties principalement sur deux sites assez éloignés l'un de l'autre.) Le Grand Rodez a choisi de privilégier le logement. Le programme a l'air toutefois séduisant.

   L'article de La Dépêche se termine par une affirmation bête de plus. Le conservateur aurait insisté sur l'occasion rare de pouvoir inaugurer un musée consacré à un artiste de son vivant. Quelques secondes de réflexion suffisent à ruiner l'argument. D'abord, très peu de musées consacrés à un seul artiste sont viables. Il faut en diversifier les collections et activités, ce qui devrait être fait avec celui projeté à Rodez. De plus, si presqu'aucun musée n'est construit du vivant de l'artiste auquel il est consacré, c'est par prudence ! Tant de peintres en cour, célèbres de leur temps, sont aujourd'hui relégués dans les caves poussiéreuses des établissements publics ! A l'inverse, des artistes méconnus de leur vivant, voire méprisés, sont devenus par la suite des références. Les collectivités locales attendent de voir ce que devient la renommée d'untel après sa mort, avant d'envisager de s'appuyer dessus pour faire la promotion de la ville.

   C'est bien le problème que pose l'oeuvre de Soulages. Elle est aujourd'hui semble-t-il très appréciée des gens de pouvoir et d'argent (peut-être aussi dans un but spéculatif). Qu'en sera-t-il dans 10 ans ? Dans 30 ans ? Je nourris quelques inquiétudes.

   Bon, vous allez me dire, qu'au final, je dépense beaucoup d'énergie pour un micro-événement, la conférence n'ayant pas fait recette. Au départ, je n'avais pas prévu d'y consacrer un billet. J'avais posté une réaction sur le site de La Dépêche, samedi matin. Elle n'est toujours pas publiée, alors qu'une réaction à un autre article, postérieure, a été immédiatement visible (j'ai fait le test). Cette pitoyable petite censure m'a incité à me tourner vers mon blog, les sites des journaux locaux ne souhaitant visiblement pas rendre accessibles à leurs lecteurs les opinions divergentes.

   P.S.

   Finalement, ma réaction à l'article a été mise en ligne. Mieux vaut tard...

mercredi, 09 février 2011

Matisse au secours de Soulages

   C'est le nouvel argument à la mode des promoteurs du "machin" du Foirail : le succès du petit musée nordiste, pourtant décrié au départ, préfigurerait la réussite du projet Soulages. Cela fait plusieurs semaines qu'on nous bassine avec cela. Ce mardi, c'est Centre Presse qui s'est dévoué pour relayer cette propagande, dans un article annoncé en "une " sous le titre "Des raisons pour croire au musée Soulages".

   Page 5, on pouvait lire un entretien entre Rui Dos Santos et la conservatrice du musée Matisse du Cateau Cambrésis, Dominique Szymusiak :

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   Pourtant, l'article commence bien. On ne nous cache pas que la question des frais de fonctionnement semble délicate, là-bas comme ici. On aimerait avoir des précisions chiffrées...

   On en dispose pour la construction, grâce au site du Conseil général du Nord. La comparaison ne joue pas en faveur du projet ruthénois. Première surprise : à Cateau Cambrésis, c'est Henri Matisse qui  a pris l'initiative de créer un espace muséal (en 1952) ; il a donc un peu payé de sa personne...

   Deuxième mauvaise surprise : lorsqu'il a été décidé qu'un nouveau bâtiment devait accueillir le musée, c'est le Conseil général qui a pris en charge le projet. Vous allez me dire que c'est logique : cette commune ne comptant qu'environ 7 000 habitants, elle n'avait pas les reins assez solides pour assumer ce genre d'opération. Certes, mais elle fait partie de la communauté de communes du Caudrésis-Catésis, qui en compte 55 000 ! Cela ne vous rappelle pas une Communauté d'agglomération aveyronnaise ?

   Donc, près de 45 % du coût de construction a été assumé par le Conseil général. Après, vous vous dites que c'est la Communauté de communes qui a dû casquer... Non ! Ils ont obtenu un financement européen pour près de 29 % ! Ensuite, l'Etat et la région Nord-Pas-de-Calais ont fourni chacun 13 %. La commune et la Communauté de communes ? RIEN ! Très bien pour eux, mais, par contraste, les élus du Grand Rodez (anciens comme actuels) paraissent s'être faits rouler dans la farine : chez nous, c'est la Communauté d'agglomération qui va assumer la plus grande part des coûts de construction, l'Etat, la région Midi-Pyrénées et le département de l'Aveyron contribuant chacun pour moins de 20 %. Cherchez l'Union européenne ! Le maire de Rodez semble avoir enfin compris qu'il fallait creuser de ce côté-là...

   Au final, signalons que le musée Matisse a coûté moins de 12 millions d'euros, soit moins de la moitié (et peut-être le tiers...) de ce qu'il va falloir dépenser pour le "machin" du Foirail.

   Après, il faut prendre en compte l'aura du peintre. N'en déplaise aux fans du chantre de l'outrenoir, la renommée de Henri Matisse est plus forte... et ses créations bien plus accessibles au grand public, comme on peut le constater en regardant certaines de ses oeuvres, visibles sur le site du musée de Nice qui lui est consacré.

   Quant au nombre d'entrées, d'après la conservatrice, il tourne autour de 70 000 - 80 000 (plutôt 70 000 donc, dont 30 000 scolaires). A comparer avec les 100 000 visiteurs escomptés par les promoteurs du projet Soulages... Cela nous promet un beau déficit de plus !

   Enfin, la conservatrice du musée Matisse évoque la question de l'accessibilité, signalant que la ville du Cateau Cambrésis se trouve plutôt à l'écart des axes majeurs et qu'il faut faire un détour pour s'y rendre. C'est un argument à relativiser sérieusement :

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   En effet, à moins d'une heure et demie (parfois beaucoup plus près) se trouvent plusieurs villes et donc des réservoirs de visiteurs potentiels. (Rappelons qu'en dépit de l'aura de tel ou tel artiste, ce sont d'abord les habitants d'une région qui font vivre les musées de province, pas les armadas de touristes asiatiques, mirage qui a déjà fait des dégâts dans l'Aveyron...)

   Ajoutons que les routes sont plutôt rectilignes et le relief peu accidenté dans le Nord, ce qui n'est pas le cas en Aveyron... et la présence d'une RN 88 souvent embouteillée n'est qu'un inconvénient de plus.

   Je termine par une remarque sur la photographie qui illustre l'article (et que je n'ai pas reproduite). On y voit les deux conservateurs chaudement vêtus, place d'Armes, à Rodez, devant la cathédrale. Je trouve culotté que, pour accompagner un papier consacré à un projet d'art contemporain, on fasse référence aux bâtisseurs du Moyen-Age et de la Renaissance ! Bonjour la cohérence !

mercredi, 02 février 2011

Quelques quatrains anti-Soulages

   Cette fois-ci, cela ne vient pas de moi. J'ai trouvé cet "essai poétique" dans le Bulletin d'Espalion du 28 janvier, page 3, signé "J.M." :

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   Ce n'est pas très argumenté et je reconnais que le coup de la misère dans le monde n'est pas d'une grande subtilité. Ce sont les autres investissements possibles qu'il aurait fallu placer en regard de ce projet dispendieux et, à mon avis, inutile. Mais, bon, il est toujours agréable de lire quelque chose qui pourfend la "pensée unique aveyronnaise".

vendredi, 31 décembre 2010

Spéciale Soulages dans "Le Nouvel Hebdo"

   Le numéro 156, paru vendredi 31 décembre, est entièrement consacré au projet de musée. Si la première page propose néanmoins l'éditorial de Gérard Galtier, le reste de la surface rédactionnelle est occupé par une chronologie commentée (signée Jacques Boutet) qui s'étend du 29 mai 1975 à la fin d'octobre 2010 :

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   On est surpris par la richesse de l'actualité qui a porté sur la création d'un musée Soulages. Les Ruthénois qui s'étonnent qu'un conservateur soit actuellement payé et logé à leurs frais sans que le musée existe découvriront qu'il y a eu un précédent, puisqu'un conservateur du patrimoine avait été recruté à l'époque Censi (en 2004) pour mettre au point le projet. (Cette personne, Estelle Pietrzyk, est devenue depuis conservatrice du musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg.)

   Une étape importante dans la constitution du dossier financier a été l'attribution du label "musée de France" au projet. Ce fut fait le 8 février 2006 (et pas en décembre 2005, contrairement à ce qui était écrit dans Le journal du Grand Rodez numéro 60, où un dossier faisait la promotion du projet sans aborder la question des coûts...), quand parut au Journal Officiel un arrêté signé par le ministre de la Culture de l'époque le 24 janvier précédent. (C'est le texte numéro 35.)

   On sourit aussi en relisant les propos tenus à l'époque par certains membres de l'opposition municipale, aujourd'hui membres de la majorité. Sur le site internet de La Dépêche du Midi, on peut retrouver les déclarations pleines de bon sens de Monique Bultel-Herment et de Daniel Rozoy... très hostiles au projet ! C'est une quasi-révolution copernicienne que la gauche ruthénoise a opérée, elle qui, dans la plaquette programmatique publiée en 2001 (pour les municipales qui ont vu la reconduite de l'équipe Censi), envisageait l'avenir du Foirail avec un multiplexe mais sans musée Soulages :

Teyssèdre 2001 bis.JPG

      L'hebdomadaire satirique a aussi beau jeu de rappeler l'évolution de l'estimation du coût, passée de 10 millions d'euros à 13,5 puis 17, 20, 23, 25 et enfin sans doute au moins 30 millions d'euros.

   Même si les oeuvres de Pierre Soulages se vendent bien, même si l'artiste semble avoir "la cote" auprès des faiseurs d'opinion, lorsque Beaux-Arts Magazine réalise (avec BVA), en 2007, un sondage sur les goûts artistiques d'un panel (censé être) représentatif des Français, il ressort que les productions du maître de l'outre-noir font l'objet d'un rejet cinglant. (Bon, d'accord, la méthode utilisée n'était peut-être pas des plus rigoureuses, mais je trouve symbolique -et pas injustifié- qu'un public de non-initiés préfère des mangas à l'oeuvre de Soulages.)

   Et si encore le musée abritait les oeuvres majeures de l'artiste ! Or, comme le rappelle Le Nouvel Hebdo, tout le monde est conscient que ce ne sera pas le cas, puisque c'est le musée Fabre (de Montpellier) qui a acquis la "crème" (au chocolat ?) de la production soulagienne.

   Que dire encore des projections en terme de retombées économiques pour l'agglomération ruthénoise et le département !...

   Deux-trois petites choses pour terminer. Sur la Toile, les avis sont tranchés... et assez partagés. La presse locale, en général très favorable au projet, s'est fait l'écho de quelques voix dissonantes. Certaines s'expriment sur Facebook. Oui ! On peut y trouver un groupe "Pour un référendum sur la création du musée Soulages à Rodez" (dont on sent bien que nombre de membres voteraient NON si on leur demandait leur avis). De manière plus explicite, un autre groupe s'est formé sous le nom de "Pour tous ceux qui sont contre le musée Soulages". En face, on trouve des défenseurs (pas forcément aveyronnais d'ailleurs) sur le site paris-skyscrapers, où l'on se contente de décrire favorablement l'évolution du projet.

   Quant à ceux qui souhaitent faire vivre une presse indépendante, ils peuvent acheter régulièrement Le Nouvel Hebdo (qui ne manquera pas de reparler du sujet), voire s'y abonner :

Abonnement.JPG

jeudi, 23 décembre 2010

Comme si le musée Soulages existait déjà

   Je suis tombé là-dessus en lisant Le Monde daté de mercredi 15 décembre, plus précisément dans le supplément "Education" (un truc pas franchement palpitant à lire), page 11. Il s'agit d'un article intitulé "L'Ecole Estienne ou l'édition en majuscule". (Quel jeu de mots !)

LeMonde 15 12 2010.JPG

   L'essentiel de l'article est consacré à cette école prestigieuse (qui porte le nom d'une célèbre famille d'imprimeurs de la Renaissance), spécialisée dans les métiers du livre.

   C'est à la fin qu'il est question de Soulages : "Le futur Musée Soulages de Rodez, dans l'Aveyron, vient d'ailleurs de lui passer commande d'un catalogue d'estampes."

   Je suis ravi d'apprendre qu'à Rodez, on travaille à la constitution d'un fonds, vu qu'un conservateur est déjà appointé et logé aux frais du contribuable.

dimanche, 05 décembre 2010

Soulages dans les têtes

   ... dans celles des enfants , en tout cas. Du moins, c'est dans ce sens que la majorité ruthénoise compte agir, d'après les quotidiens régionaux, Midi Libre comme La Dépêche du Midi.

   Cela ne vous rappelle rien ? Mais si ! Il y a quelques mois de cela, les enseignants de l'école publique d'Olemps se sont engagés dans la même démarche, dont la presse locale s'était faite l'écho, soutenue en cela par les politiques. Cela s'était terminé par une exposition à la médiathèque et à la mairie.

   On se rend donc compte que ce qui est proposé comme LE projet innovant est une copie du travail réalisé à Olemps. Pourquoi pas après tout, si c'est jugé utile ? Le problème est qu'aucun des deux journaux ne fait référence aux précurseurs, alors qu'ils ont, à l'époque, évoqué leur initiative dans leurs colonnes.

   Les journalistes ont-ils la mémoire courte ? Est-ce parce que la chose n'a pas été abordée lors de la réunion publique ? Toujours est-il que j'ai cru nécessaire de publier un commentaire sur chacun des sites.

   On peut toujours lire l'un des deux, sur le site de Midi Libre (du moins tant que l'article restera accessible, le quotidien basé à Montpellier ayant la fâcheuse habitude d'éliminer au fur et à mesure les articles les plus anciens). Par contre, celui que j'ai posté sur le site de La Dépêche a disparu... peut-être pour une tout autre raison : dans mon commentaire, j'ironisais sur la légende de la photographie illustrant l'article. La voici telle qu'elle était en début d'après-midi :

Dépêche 04 12 2010 b.jpg

   Si vous ne croyez pas à la sincérité d'une capture d'écran, vous pouvez aller regarder la version papier du journal, où figure la même photographie (page 26, au début du second cahier), avec la faute dans la légende :

DSCN2948.JPG

   En fin d'après-midi, j'ai rejeté un coup d'oeil à l'article... et j'ai constaté que mon commentaire avait disparu... et que la faute de conjugaison avait été corrigée.

   D'un côté, je me suis réjoui qu'on ait modifié le texte erroné. D'un autre côté, j'ai trouvé un peu cavalière la suppression de mon commentaire, qui portait plutôt sur le fond de l'article (mais cela a peut-être déplu...). La meilleure solution aurait été un mot du modérateur (s'il ou elle existe). Cela aurait donné un aspect plus interactif au fonctionnement du site d'information.

   Il reste que, sur le projet de musée Soulages, les médias locaux sont massivement du côté des politiques et exercent (pour moi) assez peu leur esprit critique.

lundi, 22 novembre 2010

Le musée Soulages ne fait toujours pas l'unanimité...

   ... loin s'en faut ! Le problème est que la vox populi ne transperce pas le rideau médiatique, qui, en général, ne délivre que la version des partisans du projet. Cependant, de temps à autre, une voix discordante parvient à se faire entendre.

   Tel est le cas de Jean-Louis Chauzy, qui s'est publiquement interrogé sur le financement de la construction et surtout du fonctionnement du futur musée. Pour avoir accès à l'intégralité de l'argumentation du président du C.E.S.E.R. de Midi-Pyrénées, il fallait se tourner vers la presse non officielle, à savoir Le Nouvel Hebdo (numéro 147) :

Nouvel Hebdo 147.JPG

   L'hebdomadaire satirique revient d'ailleurs régulièrement sur le sujet, parfois de manière très détaillée et argumentée, comme Jean-Louis Chauzy. On ne peut pas en dire autant de leurs détracteurs.

   Ainsi, le quinzomadaire gratuit A l'oeil du 18 novembre dernier s'est ému des prises de position de M. Chauzy :

Chauzy A l'oeil 18 11 2010.JPG

   Une grande déception perce dans cet entrefilet, peut-être rédigé par le maître-d'oeuvre du journal, Jean-Philippe Murat, élu conseiller municipal de Rodez en 2008, troisième sur la liste conduite par... Jean-Louis Chauzy. Peut-être conviendrait-il plutôt de s'interroger sur le bien-fondé de sa prise de position. Pourquoi M. Chauzy devrait-il forcément avoir tort ?

   Celui-ci a aussi suscité l'ire de l'auteur d'un site d'information politique engagé, RodezNews. Le ton fut d'abord acrimonieux, l'auteur s'en prenant à "une poignée de grincheux qui ne connaissent probablement pas grand chose à l'art et à l'économie en général" (sympa pour Gérard Galtier et Jean-Louis Chauzy). Contestant le point de vue de ceux qui estiment que d'autres projets étaient bien plus porteurs et urgents à réaliser (comme le grand contournement de Rodez), le rédacteur se lâche : "Voilà une vision bien aveyronnaise qui ignore la réalité du monde d'aujourd'hui." C'est dingue mais cela m'a rappelé les propos outranciers du nouveau directeur de l'Office du tourisme de Rodez, publiés dans Le Ruthénois numéro 26.

   Le billet écrit une semaine plus tard est plus mesuré, même si les opposants au projet y sont qualifiés de "frileux". (Il est néanmoins vrai que les températures ont brusquement chuté au début du mois de novembre.) Ce texte est plus argumenté que le précédent et l'on sent sous la plume (le clavier ?) de l'auteur un véritable intérêt pour l'oeuvre de Pierre Soulages. Il témoigne cependant du même optimisme béat qui dégouline des médias, fantasmant sur le nombre de visiteurs, censé rapidement atteindre et dépasser les 100 000 par an. Il table sur la renommée mondiale du peintre qui, si elle est incontestable à l'heure actuelle, peut rapidement s'étioler après sa mort. L'histoire mondiale de la peinture est remplie de cas d'artistes "officiels", couverts d'éloges de leur vivant et dont les oeuvres sommeillent aujourd'hui paisiblement dans les remises des musées, tandis que des génies ignorés (ou méconnus) de leur vivant ont obtenu la gloire posthume. Gardons-nous des enthousiasmes fabriqués...

   De la même manière, il ne faut pas surestimer l'aura du site de Conques qui, soit dit en passant, est bien davantage due à la préservation de l'achitecture médiévale qu'à l'apport de Pierre Soulages. La "proximité" est toute relative : 45 kilomètres (et trois quarts d'heure de route en voiture par temps sec, une heure pour un bus... s''il n'a pas choisi de partir plutôt sur Albi ou Millau...) sépareront les cartons du musée des vitraux de l'église abbatiale. (Plus que Rodez, c'est Conques qui a tout à gagner à la construction du musée. Son maire en attend l'inauguration avec une impatience non dissimulée.)

   Alors, pourquoi tant d'hostilité envers Jean-Louis Chauzy ? Après tout, il n'a fait qu'exprimer de manière mesurée et argumentée une opinion dissidente, acte salutaire dans une démocratie digne de ce nom. Je vois peut-être le mal partout, mais je me suis demandé s'il n'y avait pas là résurgence d'une opposition plus ancienne. Le site RodezNews est tenu par Joseph Donore, qui fut lui aussi candidat aux municipales de 2008 à Rodez. (Décidément, on n'y échappe pas ! A toutes fins utiles, je précise que je ne figurais sur aucune des quatre listes en course...) Il était numéro 7 sur la liste menée par Frédéric Soulié (divers droite... UMP dissidente disaient les mauvaises langues), rivale donc de celle conduite par Jean-Louis Chauzy. Sauf erreur de ma part, le virus de la politique l'avait saisi aux cantonales de 2004, quand il avait essayé (vainement) de déboulonner le conseiller général sortant de Mur-de-Barrez Francis Issanchou. Et, en consultant l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille , je suis tombé sur une notice consacrée à Joseph Donore : il avait déjà tenté de se faire élire conseiller général en 1998 (il avait terminé cinquième du premier tour) et avait envisagé de présenter une liste aux municipales de 2001, à Mur-de-Barrez. (Et c'est là que je réalise que le bouquin de Lajoie-Mazenc a été préfacé par... Jean-Louis Chauzy ! C'est un complot !)

   Bon, tout ça pour dire que j'ai déniché un article intéressant dans le Centre Presse de samedi :

CPresse 20 11 2010.jpg

   J'ai trouvé réjouissant qu'un chaud partisan du musée prenne la plume pour demander à ce qu'on écoute les arguments de Jean-Louis Chauzy. Preuve que tout n'est pas perdu dans notre bon vieil Aveyron...

mercredi, 15 septembre 2010

Un tableau d'affichage"soulagien" ?

   La scène s'est passée ce lundi. C'était l'heure de la pause café. Dans un hall, je croise un collègue, posté devant un tableau d'affichage. Oui, vous savez, ces machins sur lesquels des mains malveillantes viennent fixer des tas de trucs inintéressants, dans ce genre :

Tableau blanc.jpg

   Sauf que là, ce lundi matin, il n'y avait rien. Nous sommes tous deux restés muets quelques secondes devant cette chose immaculée. Soudain, mon collègue, très caustique, me déclare :

- C'est une sorte d'anti-Soulages.

- Oui, de l'outre-blanc, lui répondis-je, plein d'à propos... Mais c'est moins pratique, plus salissant.

   Du coup, nous nous sommes demandés s'il ne serait pas plus hygiénique de remplacer ces horribles tableaux par les oeuvres du chantre de l'outre-noir...

lundi, 02 août 2010

Une préfiguration du destin du musée Soulages ?

   La lecture de la presse quotidienne réserve parfois de drôles de surprises. Voici ce que j'ai trouvé dans un "vieux" numéro du quotidien Le Monde, daté du 12 juin 2010 :

Musée breton LeMonde 12 06 2010.JPG

   Comme à Rodez, il est question d'un musée d'art contemporain, ici celui de Kerguéhennec, déjà existant. Il se trouve dans la petite commune de Bignan, dans le Morbihan.

   Même si les deux communes ne sont pas de même importance, plusieurs éléments rapprochent les deux cas. Tout d'abord, le budget de fonctionnement, estimé à 900 000 euros pour le futur "machin" aveyronnais (je ne pense pas être excessivement pessimiste en arrondissant à 1 million d'euros), contre plus de 600 000 euros pour Kerguéhennec (en additionnant ce que versent les collectivités publiques, commune et communauté de communes exclues).

   Notons que, dans le cas breton, le conseil général a diminué sa subvention. A Rodez, on craint plutôt de voir l'Etat abaisser sa part dans la construction.

   Autre différence : Kerguéhennec est géré par une association alors qu'à ma connaissance, ce n'est pas le fonctionnement retenu pour le futur musée Soulages.

   Je suis toutefois inquiet parce que dans les deux cas, il est question de promouvoir l'art contemporain, de s'appuyer sur des artistes et des oeuvres reconnues (par l'élite...), dans un territoire relativement enclavé... et que cela ne mord pas sur le grand public.

jeudi, 08 juillet 2010

Les cultureux aiment Pierre Soulages

   C'est en tout cas ce qui ressort d'un sondage publié dans la revue Art absolument, il y a plus de deux mois. L'écho m'en est parvenu par le quotidien Le Monde du 15 avril 2010 :

LeMonde 15 04 2010.JPG

   Il s'agit du résultat d'un sondage réalisé auprès des adhérents de la Maison des artistes. Mais, d'après Le Point, sur 13 500 membres, seuls 2 881 ont répondu au questionnaire en ligne. Cela relativise un peu les résultats, puisque la participation se monte à 21 %... à comparer toutefois aux bases des sondages trop souvent utilisés par nos media : 700 à 1 000 personnes sont en général interrogées.

   Un autre défaut de cette consultation est de nous proposer l'avis de spécialistes (parfois concurrents), dont l'opinion n'est pas forcément annonciatrice de ce que retiendra la postérité.

   Mais le principal reproche que je fais à cette consultation est d'être orientée. En effet, les artistes ont été consultés en février 2010, alors que la rétrospective Soulages battait son plein au Centre Beaubourg. Difficile d'évacuer l'idée que l'actualité a pu influer sur le choix des votants. C'est, encore et toujours, un aspect de l'offensive Soulages...

lundi, 28 juin 2010

L'offensive Soulages

   Je ne sais pas si l'on peut parler de "matraquage" (je pense qu'il faut réserver le terme ; il sera très utile d'ici deux à trois ans), mais c'est fou ce que l'on parle du futur musée.

   En fait, je dois le révéler, le musée Soulages existe, je l'ai rencontré ! Il se trouve à Olemps, sur deux sites, l'hôtel de ville et la médiathèque. Y sont exposés (jusqu'au 30 juin 2010) les travaux que les élèves de la commune ont réalisés, sous l'experte direction de leurs professeures (que des femmes apparemment... au passage, si l'on ne peut que déplorer la sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité dans notre pays, il serait bon aussi de se poser des questions sur la féminisation excessive de certains métiers). Cette exposition a bénéficié d'une ample couverture médiatique (il en a ainsi été question deux fois dans Le Ruthénois ; de son côté, La Dépêche du Midi s'est fait l'écho de la réalisation en cours puis de l'inauguration de l'expo).

   Les "toiles" sont présentées accompagnées d'un petit carton explicatif. Cela ressemble à du Soulages, c'est (en général) aussi laid que du Soulages, mais ce n'est pas du Soulages. Encore que... je serais bien incapable de distinguer, dans la plupart des cas, l'oeuvre du Maître de la copie des jeunes apprentis.

   Quelques productions ont néanmoins retenu mon attention, notamment celles qui, à l'aide d'un pliage discret, donnent une impression de relief. J'ai aussi bien aimé l'exercice de style sur le bleu et le noir, en couches superposées, en partie raclées :

 
Olemps (6).JPG

   Dans chaque salle, en plus des toiles, on peut consulter un cahier de photographies, où l'on voit les bouts d'chou en action. Ils portent en général un vieux T-shirt de leurs parents (on reconnaît des marques : Le Technicien du sport, Centre Presse - Midi Libre, Nasdaq...). Peut-être a-t-on soigneusement sélectionné les images (encore que... il y en a un paquet !), toujours est-il que les bambins sont très appliqués et "déconnent" rarement ! Franchement, à leur place, j'aurais transformé la salle de classe en toile de Soulages !

   Dans la partie située dans la médiathèque, en plus des productions "soulagiennes", on peut voir un documentaire consacré au Maître (intéressant, ma foi). Je pense qu'il doit s'agit du même film que celui qui a été projeté lors du vernissage de la place de la cité. Dans une autre salle, on trouve aussi des acrostiches construits autour des lettres du nom de l'artiste. Je vous en propose un de mon cru (y a pas de raison que seuls les enfants s'amusent, hein !) :

Saoûlant

Onnycomprendpagranchoze

Ubuesque

Lénifiant

Assommant

Gargarismes

Elitisme

Savacoûterbonbon

   Pour terminer sur Olemps, je signale la plus belle oeuvre (à mon goût) présente sur les lieux : une fresque située dans la cour :

Olemps (5).JPG

   La deuxième couche est apportée par l'exposition de maquettes dans une salle située dans le bâtiment naguère dévolu à la Chambre de Commerce et d'Industrie. (C'est je crois la même que celle qui a été présentée à la Cité de l'architecture et du patrimoine.) Le vernissage a eu lieu vendredi 25 juin, pratiquement en même temps que la conférence de Serge Klarsfeld à Conques et qu'un autre vernissage, celui d'une exposition de photographies datant de l'époque d'Eugène Viala. Notons ce manque de coordination dans l'offre culturelle "haut de gamme", assez désolant.

   Je conseille à tous les contribuables du Grand Rodez d'aller voir ces maquettes. On peut demander des explications à la charmante jeune femme qui assure la permanence. On peut aussi repartir avec de la documentation :

- une vue virtuelle de l'arrière du site, une fois le musée construit (ça, c'est uniquement si vous kiffez à donf')

Musée vue théorique.JPG

- un texte présentant les architectes lauréats du concours

- une plaquette du Grand Rodez (sur papier glacé) détaillant le projet

- un exemplaire du Figaroscope du 16 décembre 2009 (édité, je pense, à l'occasion de l'exposition du centre Beaubourg) : Un musée pour Soulages

   Vous voulez encore de la lecture sur le sujet ? Hé bien, précipitez vous sur le numéro 6 du magazine Rodez, notre ville : deux doubles-pages sont consacrées au réaménagement de la zone du Foirail.

   Si l'oeuvre de Pierre Soulages est votre tasse de thé (noir), vous pouvez aussi aller faire un tour sur son site internet.

   Cela ne vous suffit toujours pas ? Alors peut-être l'audiovisuel va-t-il combler votre attente. Le Grand Rodez a financé le tournage d'un film (dont il existe une version courte, une version longue... et une version pirate). Je trouve la version longue assez bien fichue (pour un film publicitaire). On voit toutefois qu'on s'adresse prioritairement aux classes moyennes. Et Soulages, là-dedans ? Il occupe les dix secondes qui précèdent le générique de fin de la version courte. Dix secondes sur soixante-treize, pas mal pour un musée qui n'existe pas et dont la première pierre n'est même pas posée !

   Même quand on se rend sur le blog économique du Grand Rodez, on n'échappe pas à Soulages. Si vous regardez la courte vidéo de présentation de Ludovic Mouly, vous distinguerez sans peine, à l'arrière-plan, un "brou de noix" du génie de l'outre-noir. Pour l'anecdote, on peut trouver une autre version de cette présentation, un peu plus courte, sur Dailymotion. Ludovic Mouly y est cadré plus serré, micro apparent (le son, d'intensité plus faible, est toutefois de meilleure qualité), il gigote moins (mais on voit plus nettement l'inclinaison de sa tête) et il n'y a pas de coupure.

   Une fois ces couches posées, à la manière de Soulages, il faut gratter un peu. Creusons la partie "coûts". Cela va donner un peu de relief à mon billet ! Commençons par comparer les estimations. Le magazine Rodez, notre ville évoque 23 millions d'euros (toutes taxes comprises) pour l'ensemble formé par le multiplexe de cinéma, le parking et la salle des fêtes. Pour le musée, selon aveyron.com, il est question de 22 millions d'euros... TTC ? Non, en fait. La plaquette que l'on trouve sur le site de l'exposition des maquettes parle de "21 millions 460 000 euros ht, hors restaurant et parc de statonnement" !!!! (Notez le "ht" mis pudiquement pour "hors taxes" : si l'on a coutume d'écrite TTC, il est par contre assez fréquent d'écrire l'autre expression en toutes lettres.)

   C'est là qu'intervient mon voisin de palier, qui demande "Et avec les taxes, ça fait combien, d'après vous ?" Plus de 25 millions d'euros selon Le Parisien... ça fait réfléchir ! On se demande évidemment si les taxes vont être équitablement réparties entre les collectivités qui financent le projet : le Grand Rodez (9,5 millions), le département de l'Aveyron (4 millions), la région Midi-Pyrénées (4 millions) et le ministère de la Culture et de la Communication (4 millions). Pensez aussi aux surcoûts imprévus, aux aléas climatiques etc.

   Voilà de quoi nourrir bien des inquiétudes, peu relayées par la presse, ou alors pour les rabaisser. (Du côté de la blogosphère, j'aime bien l'analyse de KaG.) A ma connaissance, seul Le Nouvel Hebdo se fait régulièrement l'écho du risque financier. Chaque semaine ou presque, un entrefilet ou une incise vient rappeler que tout n'est pas parfaitement ficelé. Le journal satirique fait cependant porter la critique surtout sur le coût de la construction (ainsi que sur l'entretien, jugé prématuré, d'un conservateur), constatant qu'en période de crise, les crédits nationaux diminuent. La crainte est que la participation du ministère ne fonde... les foyers du Grand Rodez étant mis à contribution pour sauver le projet.

   Mais c'est la partie coût de fonctionnement qui m'inquiète le plus. Le site aveyron.com évoque 900 000 euros par an. (Tout compris ? On aimerait avoir le détail.) Quand on lit ici ou là que les promoteurs du musée comparent son impact à celui consacré à Toulouse-Lautrec, à Albi, on se dit que les perspectives de fréquentation sont peut-être excessivement optimistes.

   Enfin, les mauvaises langues disent que Soulages a déjà le musée Fabre, à Montpellier, où deux salles lui sont consacrées. Ces mauvaises langues (toujours elles, les vilaines !) susurrent que les toiles les plus susceptibles d'attirer le public snob et friqué ont été données (par les époux Soulages) au musée héraultais. Ceci dit, on peut penser que des oeuvres seront prêtées et c'est à Rodez que les cartons des vitraux de Conques seront exposés.