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vendredi, 30 avril 2010

"A l'oeil" n°35

   Ce numéro du quinzomadaire gratuit se la joue très "développement durable", avec une série de papiers (tantôt article, tantôt publireportage) autour des activités économiques respectueuses de l'environnement. Cela va des différentes formes d'énergie renouvelable à la filière bois en passant par l'agriculture biologique. C'est intéressant, mais aucun aspect négatif n'est abordé.

   J'aime bien la caricature de la page 1 :

DSCN2573.JPG

   Daf se moque gentiment du président du Conseil général (toujours représenté en "lou ravi"), du député de la première circonscription aveyronnaise (dont le rasage intermittent est un bon prétexte à le représenter en individu louche) et du député de Millau, moins connu dans le département. Si l'expression formée par les nuages est sans doute une allusion à la prochaine élection présidentielle, il y a fort à parier que les soucis des personnages soient liés à leurs carrières respectives : Jean-Claude Luche est déjà en campagne pour les cantonales de 2011 et les deux députés sont en quête du bon cheval présidentiel pour, dans la foulée, conserver leur circonscription. De la politique politicienne, en sorte.

   Un lecteur attentif remarquera, en page 2, une nouvelle pique contre Yves Censi (après celle parue dans le numéro 32) :

Y. Censi fdj.JPG

   Au passage, il fait allusion au cursus du député, en commettant peut-être une petite erreur : la  Française des Jeux ne fut pas le premier employeur d'Yves Censi.

   Sur la même page, au-dessus, sont signalés trois blogs aveyronnais : celui d' Olivier Montbazet, celui du collectif Aligorchie (auquel le précédent participe)... et celui que vous êtes en train de lire.

   L'éditorial de droite se lamente sur l'incapacité de la France à se réformer et dénonce la "politique d'assistanat [...] menée depuis 30 ans". En écho à cet article, page 17, un encadré souligne le coût de la protection sociale française... Ben oui, on n'a rien sans rien ! Et encore, depuis une dizaine d'années, la qualité de cette protection s'est nettement dégradée... sans que cela améliore les comptes de la Nation, certaines professions médicales et les assureurs n'ayant pas à se plaindre de la crise...

   On passe à "La grande interview", consacrée à Benoît Decron, le déjà conservateur du futur musée Soulages. Rappelons que les deux autres musées de Rodez n'ont par contre plus de conservateur. En effet, Annie Philippon a quitté Fenaille fin 2007 (voir page 31) :

Annie Philippon départ p31.jpg

   A ma connaissance, elle n'a pas été remplacée. La presse parle désormais du "responsable du musée", Aurélien Pierre, qui, sauf erreur de ma part, n'est pas conservateur. Il me semble que l'on peut faire la même remarque pour Denys Puech. Sophie Cerra est attachée de conservation du patrimoine :

Sophie Cerra Denys Puech.jpg

   On murmure que Denys Puech et Soulages pourraient fusionner... et, lors d'une réunion du conseil du Grand Rodez (voir page 14), il a été publiquement question de mettre en commun les moyens entre Fenaille et Soulages... ou comment déshabiller Maurice pour habiller Pierre :

Soulages mutualisation.jpg

   J'ai déjà écrit ailleurs ce que je pensais de ce projet de musée Soulages. A la réflexion sur les coûts, je pourrais ajouter quelques saillies sur l'oeuvre du peintre. Franchement, il y a à boire et à manger. Ceux qui veulent se faire une opinion peuvent se rendre à la médiathèque de Rodez, où l'un des présentoirs situés à l'entrée de la salle de lecture était récemment couvert d'ouvrages consacrés au créateur de l' "outrenoir". On peut aussi visionner quelques-unes de ses "croûtes" sur le site internet qui lui est consacré. Les curieux peuvent prolonger l'expérience en visionnant un reportage diffusé sur France 3. On y voit Benoît Decron, l'ancien maire Marc Censi (qui croit défendre le projet en prenant de la hauteur) et Ludovic Mouly, président de la communauté d'agglomération, qui reste dans les généralités. Le commentaire de la journaliste est assez balancé... et la conclusion ("Les défenseurs du musée Soulages ont bien du mal à faire passer leur message") contredit le titre du reportage "Rodez attend son musée Soulages".

   Une petite devinette, pour terminer. Laquelle des deux oeuvres suivantes est une authentique création ruthénoise ?

Soulages brou de noix sur papier.jpeg

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mardi, 27 avril 2010

L'école des promesses

   La question de l'avenir de l'école François Fabié suscite toujours de réactions passionnées, dont la presse locale se fait parfois l'écho. J'ai déjà évoqué la polémique dans un billet du 11 avril. Le principal "rebondissement" survenu depuis est la démission de l'une des conseillères municipales de la majorité, amplement traitée dans le numéro 8 du magazine Le Ruthénois.

   J'ai fini par retrouver la luxueuse plaquette éditée par la liste Teyssèdre au début de l'année 2008 :

Teyssèdre plaquette.jpg

   Ses 28 pages, richement illustrées, contiennent plus de 50 propositions touchant à tous les sujets de préoccupation des électeurs ruthénois... y compris l'éducation, dont il est question pages 10-11. Voici ce qu'on peut y voir :

Teyssèdre plaquette 2.jpg

   Vous noterez que la réhabilitation de l'école François Fabié était donc bien un engagement électoral de la gauche, engagement d'autant plus fort qu'il s'appuyait sur les propos d'une "experte" de la liste Teyssèdre, la directrice d'école Chantal Combelles... hé oui, celle qui vient de démissionner. On comprend d'autant mieux pourquoi elle avait du mal à "avaler" le virage opéré par la majorité municipale sur ce dossier.

   Ce changement était toutefois prévisible, avec le recul. J'ai examiné les comptes-rendus des conseils municipaux de Rodez et j'ai trouvé quelque chose d'intéressant dans celui du 14 mars 2008. C'est la date d'entrée en fonction officielle de la nouvelle équipe municipale. A cette occasion, Christian Teyssèdre avait prononcé une sorte de discours de politique générale. Voici ce qu'on peut lire pages 4-5 du compte-rendu :

Teyssèdre élu maire.jpg

   Lorsqu'il est question des écoles, désormais, seuls les sites de Bourran et Saint-Félix sont nommés. François Fabié a été "évacué", ce qui n'est pas bon signe. A peine cinq jours après la victoire électorale (dès le premier tour, le 9 mars), un esprit attentif pouvait déduire des propos du nouveau maire de Rodez que la réhabilitation du site de François Fabié n'était plus l'unique solution envisagée.

P.S.

   Le compte-rendu de la séance du Conseil municipal de Rodez du 9 avril dernier est enfin accessible en ligne. Il a vu la démission de Chantal Combelles (page 14), suite au vote du transfert de l'école Fabié vers deux autres établissements (page 9).

 

dimanche, 25 avril 2010

Un nouveau distributeur de lait cru sur le Grand Rodez

   Je suis peut-être la première personne à évoquer l'existence de ce nouveau distributeur, situé à côté de l'entrée de l'hypermarché Leclerc de Sébazac-Concourès :

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   Cela ne fait que quelques jours qu'il a été mis en place. Je suis tombé dessus par hasard. J'ai acheté un litre. Le lait est bon. (Je le bois aussi bien cru, dans les deux jours, que cuit.) Ce sont des agriculteurs d'une commune périphérique de Rodez, Sainte-Radegonde, qui l'approvisionnent :

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   Cette commune était à l'honneur dans Le Ruthénois n°7. Peut-être aura-t-on bientôt droit à un article, la presse locale ne s'étant pour l'instant (à ma connaissance) pas portée sur le sujet. L'autre distributeur du coin, celui mis en place par le lycée La Roque (entre le Géant Casino et les Halles de l'Aveyron), est plus connu. Pour arriver à ce résultat, les gens du lycée ont mené des opérations de communication. L'un des fils de l'agriculteur de Sainte-Radegonde m'a dit que quelque chose était prévu pour le 8 mai. Au passage, il tient à se démarquer de l'autre distributeur : la nourriture des vaches laitières (qui sont d'une race différente) n'est pas la même, ainsi qu'il est expliqué dans le dépliant qui est offert :

Dépliant 1.JPG
Dépliant 2.JPG

   Au dos, on trouve des recettes pour accommoder le lait cru. Toutefois, le lait de ce distributeur, pas plus que celui de l'autre, n'est issu de l'agriculture biologique. Signalons aussi que les deux distributeurs viennent du même fournisseur, même s'ils ont l'air un peu différents. En voici la preuve pour celui de La Roque :

DSCN2019.JPG

   ... et celui de Sébazac :

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   J'ai souligné le numéro de téléphone, qui me paraît bizarre. Il y a sans doute une explication... je chercherai plus tard.

   La machine est de fabrication italienne, par une entreprise de la commune de Calcinato, dans la province de Brescia, en Lombardie (entre Castenedoto et Rezzato sur la carte) :

Lombardie.jpg

   Evidemment, un meuglement se déclenche quand on reçoit le lait :


   C'est puéril, je sais... mais je kiffe trop ce truc ! Par contre, il ne me semble pas que cette machine ait l'option "la voix vous explique la marche à suivre", présente sur le distributeur du Géant. (A vérifier.)

   L'Aveyron se dote petit à petit de ce genre d'équipement, qui assure un meilleur revenu aux producteurs de lait. Certains de ces distributeurs sont signalés par le site professionnel Direct Lait. Il y en a un à Villefranche-de-Rouergue, un à Espalion et un autre dans le Grand Rodez, à Olemps (à côté du Super U apparemment). Par contre, ce site ne signale pas l'existence des distributeurs d'Onet-le-Château et de Sébazac-Concourès. (Pour celui-ci, je pense que c'est provisoire.)

samedi, 24 avril 2010

"Le Ruthénois" numéro 8

   L'hebdomadaire titre sur la fermeture annoncée de l'école François Fabié, sujet évoqué dans plusieurs rubriques, à commencer par le grand entretien de la semaine, avec l'enseignante Chantal Combelles, démissionnaire du Conseil municipal de Rodez. Hugues Robert consacre son édito à l'affaire et, à côté, un article fait un nouveau bilan, sans doute en raison des dernières déclarations de la 1ère adjointe au maire de Rodez, Monique Herment-Butel.

   Le dessin de la semaine est sur le même ton. Je vous laisse découvrir comment Stéphanie Gras suggère que le maire de Rodez déshabille la culture (sauf le glorieux musée Soulages, bien entendu) pour habiller le sport, devenu le grand dada municipal.

   Dans ce numéro, il est évidemment question du projet création d'un quai de transfert des déchets ménagers à Sébazac-Concourès. A l'occasion de l'article, j'ai appris que Veolia n'était pas la seule entreprise en lice, qu'elle n'était même pas la mieux disante... Voilà un nouveau "mystère de l'Aveyron". Au passage, signalons que vendredi en fin d'après-midi, une manifestation a été organisée à Sébazac. Elle a pourri la circulation jusque sur la rocade de Rodez...

   Page 6, on apprend que Jérôme Ragenard, directeur de cabinet du président du Conseil général de l'Aveyron, va bientôt quitter ses fonctions. Serait-ce en liaison avec l'affaire du logo de l'Aveyron ? (Le premier numéro du Ruthénois avait soulevé ce lièvre... qui n'a malheureusement donné lieu à aucune enquête supplémentaire.) Il semblerait en tout cas que les relations entre Jean-Claude Luche et son principal collaborateur ne soient plus au beau fixe.

   Page 7, Gédéon nous fait réfléchir avec son histoire de grenouille et de casserole. On peut signaler trois autres articles intéressants, un consacré aux cafés Ruthena, un autre à des chantiers de réinsertion, le troisième à la chaufferie au bois d'Onet-le-Château, hélas sous-utilisée pour l'instant.

   Tout cela nous mène à la commune qui est mise à l'honneur cette semaine, Druelle. Elle est presque aussi vaste qu'Onet-le-Château (36 km² contre 40), mais beaucoup moins peuplée (2 000 habitants, contre 10 000). A l'ensemble hétéroclite de villages s'est rajouté le bourg périurbain du Bouldou. On apprend que la commune va se doter de ses premiers logements sociaux, une politique que d'autres municipalités du coin seraient bien avisées de suivre.

vendredi, 23 avril 2010

Claude Allègre, climatonul ?

   En général, j'aime bien les francs-tireurs, quand ils sont compétents. La personnalité de Claude Allègre ne provoque chez moi ni poussée d'urticaire ni enthousiasme délirant. Quand j'ai appris qu'il avait sorti un livre, L'Imposture climatique, j'ai tendu l'oreille. Je me suis arrangé pour regarder l'émission Salut les Terriens ! quand il y a été invité par Thierry Ardisson. Le problème, valable pour presque toutes les émissions auxquelles il a participé (à la télévision comme à la radio), est qu'il n'a pas de contradicteur en face de lui, juste un animateur, en général cultivé, qui  a préparé son sujet, mais qui n'a pas d' "épaisseur" scientifique. L'exception est son passage par France Inter, où, même là, il n'a eu qu'un écologiste en face de lui, pas un vériable spécialiste du climat... et pourtant, vous pourrez voir comme il a été agacé.

   Je l'ai senti plus dans la polémique que dans le raisonnement scientifique. Je partage son point de vue quand il déplore que l'on s'occupe plus du climat qui va régner dans 50 (plutôt que 100) ans que du chômage (et des inégalités sociales, il aurait fallu rajouter cela) : une écologie qui ne servirait qu'à enjoliver le monde de la classe moyenne supérieure sans se préoccuper de la dèche dans laquelle vit la masse n'est d'aucune utilité. Ceci dit, les membres du GIEC ne sont pas là pour cela. Ils s'occupent de leur spécialité et c'est déjà beaucoup. Et assimiler cet organisme à une mafia ou à un mouvement totalitaire est un argument d'une grande pauvreté intellectuelle, surtout quand il n'est pas étayé. Je suis néanmoins encore d'accord quand il parle du désamour des Français vis-à-vis de la politique, de la "croissance verte". Par contre, dès qu'il parle de l'agriculture bio, il commence à s'emmêler les pinceaux et il a visiblement des comptes à régler avec certains scientifiques. Du coup, je n'ai pas acheté son livre et j'ai cherché à en savoir plus.

   Très tôt, Le Monde a relevé une série d'erreurs grossières... et a démontré la faible valeur des références de Claude Allègre, qui s'est permis d'enrôler dans sa cause des personnes qui ne partagent pas ses vues... quand elles existent ! (Plusieurs chercheurs ont d'ailleurs protesté contre l'utilisation frauduleuse de leurs travaux, comme Louis Sime et Hakan Grudd.) Cela a conduit l'ancien ministre à publier un "Point de vue" dans le quotidien. Il n'y répond pas sur le fond mais réitère ses accusations.

   L'étude la plus argumentée des affirmations de Claude Allègre disponible sur la toile est accessible sur le site de Libération. Sur le blog de Sylvestre Huet, on peut trouver la réfutation d'une série de contrevérités  présentes dans L'Imposture climatique (le 1er avril, alors que Le Monde avait réagi plus tôt, dès le 27 février, sentant sans doute qu'il fallait très vite apporter des arguments à ceux qui allaient recevoir le géochimiste). Le journaliste a approfondi sa critique. Un premier billet traite des mensonges d'Allègre à propos notamment du GIEC et des températures. Un deuxième aborde la relation entre l'activité du soleil et le climat de la Terre. Le troisième (très technique) et le cinquième (plus abordable) traitent de l'utilisation des graphiques par les "climatosceptiques" (climatofraudeurs ?). Et le quatrième, dans tout ça ? Ben c'est un billet assez généraliste qui pointe certaines insuffisances du livre, à l'image ce qui avait été fait peu avant dans Le Monde.

   Si tout cela vous a paru un peu indigeste, sachez que Sylvestre Huet a eu la bonne idée de sortir un livre grand public, dans lequel il synthétise toutes les remarques qu'il a pu écrire ici ou là sur le livre de Claude Allègre. Cela s'appelle L'Imposteur, c'est lui - Réponse à Claude Allègre :

Allègre imposteur.jpg

   Il ne coûte que 12 euros et il est divisé en 7 chapitres :

I. Mauvaises manières (L'auteur y revient sur l'écart de température par rapport à il y a 125 000 ans, les terres qui s'enfoncent et les références scientifiques d'Allègre.)

II. La géopolitique du climat (Il y est question du prétendu complot et de la victimisation des pays en développement.)

III. Mythologie climatique (On y trouve des explications scientifiques sur l'évolution des températures et le cas de l'Antarctique)

IV. Le Giec, du totalitarisme en science (L'auteur décrit le fonctionnement de cet organisme, bien plus démocratique que ce qu'affirme Claude Allègre et revient sur ses méthodes de travail et les erreurs commises)

V. L'affaire Courtillot (Ce chapitre est consacré à ce proche de Claude Allègre, spécialiste de paléomagnétisme et de tectonique des plaques, qui s'est fourvoyé dans cette affaire.)

VI. Ordinateurs, chaos et théorie (On y parle météo !)

VII. Des polémiques inévitables et durables (L'auteur y prend quelques distances avec certaines figures "réchauffistes".)

   Une fois toutes ces belles choses lues, on peut prendre un peu de recul... et réaliser que les dérapages de Claude Allègre ne datent pas de 2009-2010. La polémique la plus ancienne, souvent rappelée par les media, est liée à l'éruption du volcan La Soufrière, en Guadeloupe, en 1976. Un chercheur de l'IPGP (Institut Physique du Globe de Paris), François Beauducel, propose une présentation qu'il veut, je pense, la plus neutre possible.

   Là, j'en vois qui tiquent, qui ont l'air de dire : mais, comme il est de l'IPGP, dirigé par Vincent Courtillot, il y a peu de chances qu'il conclue en défaveur de l'ancien directeur Claude Allègre. J'ai la faiblesse de penser que la grande majorité des chercheurs est au-dessus de ce genre de considérations... mais je suis quand même allé jeter un coup d'oeil aux remerciements formulés pour sa thèse. N'y figurent ni Allègre ni Courtillot. Certes, un de leurs proches, Jean-Louis Le Mouël, était membre du jury, mais cela ne veut rien dire.

   Que peut-on conclure de la présentation de François Beauducel ? Qu'aucun des deux "camps" (celui de Claude Allègre comme celui d'Haroun Tazieff) n'avait totalement raison et qu'ils ont tous commis des erreurs.  Sur l'éruption de la Soufrière, c'est Tazieff qui a finalement vu juste, mais avec des arguments en partie erronés. Peut-être a-t-on aujourd'hui tendance à moins mettre en valeur ses qualités parce qu'il s'est trompé à d'autres occasions... et parce qu'il n'avait pas moins de caractère que Claude Allègre ! Celui-ci a eu tort sur l'éruption de La Soufrière (et il a tout fait pour dissimuler ses erreurs), mais il était l'initiateur d'une sorte de principe de précaution, ce que l'on ne peut honnêtement pas lui reprocher. Par contre, le côté teigneux du personnage ressort déjà à cette époque, puisque, suite à cette polémique, il s'est arrangé pour évincer Haroun Tazieff de l'IPGP.

   Par la suite, Claude Allègre a connu une brillante carrière, sans doute méritée. C'est dans les années 2000 qu'il refait parler de lui, pas en bien. Il est alors sur le déclin. Il ne dirige plus l'IPGP et, après la défaite (et le retrait) de Lionel Jospin, en 2002, il n'a plus guère d'avenir politique, pense-t-on. Lui et Courtillot se lancent alors dans l'aventure climatosceptique, au prix semble-t-il de pas mal d'erreurs. Cela ne s'arrange pas avec la sortie du livre d'Allègre Ma vérité sur la planète, en 2007, prolongé en collection de poche en 2008. Faut-il voir dans ces efforts désespérés l'acharnement de vieux lions qui ne se résolvent pas à retourner dans l'ombre ?

 

 

 

jeudi, 22 avril 2010

Un volcan innommable

   Il va bien entendu être question de l'Eyjafjallajökull (ou bien est-ce l'Eyjafjöll ?), ce volcan islandais pas considéré comme bien dangereux à la base. Le déroulement de l'éruption est bien expliqué par le site de l'Institute of Earth Sciences d'Islande, dont j'extrais ce schéma :

Islande volcan institut.jpg

  Résultat ? Une belle pagaille dans le ciel européen. Sur le site de Libération, on peut trouver une bonne explication des dangers qui pèsent sur les moteurs, avec notamment cette infographie :

Islande Libé 15 04 2010.jpg

   Mais cela n'a pas fait que des malheureux ! Le site du Parisien propose d'ailleurs des témoignages d'habitants de Villeneuve-le-Roi, une commune du Val-de-Marne :

Val-de-Marne carte 2.jpg

   Ils sont pourtant moins à plaindre que les riverains de Roissy, dans le Val-d'Oise : les vols de nuit y sont monnaie courante. Un autre avantage de cette éruption mérite d'être signalé : de plus beaux couchers de soleil.

   Mais revenons à notre "volcan islandais". Cette périphrase a été fréquemment utilisée dans les media parlés, où peu nombreux ont été, au départ, ceux qui se sont risqués à prononcer le nom de la Bête. Les deux vidéos permettent de comparer quelques journalistes français à certains de leurs homologues états-uniens... et un grand merci à l'ambassade d'Islande en France !

  

mercredi, 21 avril 2010

Les colis de La Poste

   Je ne vais pas causer de ceux que l'on envoie, même s'il y aurait des choses à dire sur les types de paquets que La Poste essaie de vendre, par rapport à ce qui existe. Non, là, je vais m'intéresser à ceux que je reçois, ceux qui me sont envoyés par les sites de commerce en ligne dont je suis client.

   Ces derniers ont le gros avantage d'avoir des rayonnages en accès permanent, même si l'on ne peut pas manipuler le produit que l'on va acheter. Mais, là n'est pas la question. Je commande donc sur ces sites, certains n'étant que des intermédiaires entre moi et un vendeur particulier ou semi-professionnel.

   Ledit vendeur m'envoie la commande dans un emballage protégé, mais pas de ceux que l'on achète dans les bureaux de La Poste... et pas en recommandé. Cela n'empêche pas les commandes d'arriver rapidement. Le problème se pose à deux niveaux : celui de ma factrice et celui du  bureau. La rue où j'habite se trouve en fin de tournée. Du coup, la factrice passe entre 11h30 et 12h30. Du coup, si elle n'est pas en avance, il y a des chances que je sois rentré chez moi (après 12h). Mais elle ne sonne jamais ! Pas plus le samedi d'ailleurs ! Systématiquement, elle dépose un avis de passage, alors que ça ne lui prendrait pas plus de temps de sonner et monter chez moi... et ça allègerait sa besace ! Au moins, elle ne laisse pas (plus) les colis à l'extérieur de la boîte...

   Et donc, une fois l'avis de passage en ma possession, je peux me précipiter au bureau de poste dont dépend ma rue pour récupérer le colis... mais pas avant le lendemain 11 h ! C'est le dernier changement survenu dans le suivi des colis et ce n'est pas un progrès ! Comme par hasard, cette nouvelle restriction intervient juste après le changement de statut de La Poste... Auparavant, il fallait, si l'on voulait récupérer son colis le jour même, se ruer au bureau (celui du Faubourg) avant 17h30 (heure de fermeture), mais après 17h... une fenêtre de tir bien étroite, surtout si l'on bosse tard dans l'après-midi. Il fut un temps où ce même bureau de poste ouvrait jusqu'à 18h (et le bureau central, situé à proximité de la cathédrale, était accessible jusqu'à 19h, contre 18h30 aujourd'hui), temps béni où l'on pouvait récupérer les colis à partir de 16h...

   Je termine par deux points positifs : on fait moins la queue dans les bureaux (même s'ils sont trop souvent encombrés par des gugusses dans mon genre, qui viennent récupérer leurs colis) et on peut protester si l'on estime que le service rendu par La Poste est de mauvaise qualité, en passant par le site de son médiateur, ou le service consommateurs

dimanche, 18 avril 2010

Fantastic Mr Fox

   Cela fait déjà un petit moment qu'il est sorti dans les salles, mais je ne l'ai vu que tout récemment. Le risque avec ce genre d'animation est de se retrouver avec une bande d'insupportables moutards dans la salle. Ceux qui ont vu le film avec moi étaient assez agités avant le début de la séance, se sont un peu calmés pendant les bandes-annonces. Durant le film, les plus âgés (10-15 ans) se sont complètement tus. Un des plus jeunes (moins de 6 ans, je dirais) a eu du mal à suivre : je crois qu'il a décroché au bout de trois quarts d'heure.

   Fantastic Mr Fox peut se voir comme un film d'adultes ou une animation élaborée, qui joue un peu le rôle de certains contes de fées d'antan : elle donne une morale en divertissant. Tout d'abord, ce ne sont pas des dessins qui nous sont proposés, mais des poupées articulées, qui sourient, parlent, pleurent, mangent, lèvent les sourcils... C'est vraiment bien foutu ! Le souci du détail a poussé les manipulateurs à faire bouger le pelage des renards en particulier.

   Les petits animaux sauvages (renards, belettes, taupes, opossum, blaireaux etc) sont opposés à de méchants fermiers industriels (un éleveur de poules, un de canards et un fabricant de cidre). Les chiens sont présentés comme des ennemis. L'histoire donne donc le beau rôle à des animaux souvent considérés comme nuisibles.

   Plusieurs éléments moraux sont glissés dans l'intrigue. Il y a l'insatiable voleur de poules, reconverti en journaliste gagne-petit, père de famille, qui ne fait pas le deuil de son ancienne vie de délinquant. Son égoïsme ainsi que son goût du flamboyant vont provoquer des dégâts considérables. Il y a aussi l'apprentissage de son fils, qui voudrait être à la hauteur de la réputation de son père, mais il est en plein âge con... De surcroît, un cousin vient lui voler la vedette !

   Si le film comporte peu de gags "hénaurmes", on sourit souvent. La musique d'accompagnement est chouette. On peut la retrouver sur le site officiel, excellent. Il contient de nombreux bonus. On peut accéder à des éléments de "making of"... et même à des jeux, comme la chasse aux poules et le whackbat, sorte de base-ball pour animaux sauvages !

16:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

Green Zone

   C'est la "zone verte" de Bagdad, celle à l'intérieur de laquelle est concentré le pouvoir occupant, celui des États-Unis après l'invasion de l'Irak. C'est de là que partent les initiatives plus ou moins foireuses (avec Washington en arrière-plan). Le héros, le commandant Miller (brillamment interprété par Matt Damon, récemment vu dans Invictus), est chargé de retrouver les armes de destruction massive que Saddam Hussein est censé avoir cachées... selon la propagande états-unienne.

   C'est donc à la fois un polar (dont tout Frenchie qui se respecte connaît une partie de la fin), un film de guerre, un film d'action et un film politique. On n'a pas confié ça à n'importe qui. Paul Greengrass est l'excellent réalisateur de Bloody Sunday, Vol 93 et de deux des films de la trilogie "dans la peau". C'est un spécialiste du "caméra à l'épaule", dont la maîtrise lui a jadis permis de décrocher un Ours d'or à Berlin. Sa technique est particulièrement au point ici et je peux vous dire que les scènes de poursuite sont magistrales. De manière générale, l'intensité de l'action peut se comparer à ce que l'on peut voir dans Die hard 4. C'est dire ! (Greengrass est toutefois plus habile que Len Wiseman : il n'a pas besoin de faire exploser autant de bâtiments ou de véhicules pour suggérer le tumulte : il filme un dédale urbain avec un art consommé.)

   Visuellement, ce film tourné en Espagne et au Maroc nous donne l'impression de nous retrouver au cœur de la capitale irakienne (merci les effets spéciaux). Les figurants s'expriment en arabe et deux personnages irakiens ont droit à un vrai rôle : "Freddy" le traducteur unijambiste et le général Al Rawi, dit "le valet de trèfle" :

 
DSCN2558.JPG

   Hé, oui ! Je possède un exemplaire du fameux jeu de cartes représentant les 52 dignitaires irakiens les plus recherchés à l'époque par l'envahisseur américain. (Pour la petite histoire, les facétieux Yesmen en ont créé un autre, pour les dirigeants occidentaux...)

   Mais revenons au film. Le scénario s'appuie sur la manipulation à l'origine de l'invasion de l'Irak. Une source locale, nommée "Magellan", supposée sûre, aurait donné des indications précises permettant de trouver les sites de stockage des armes de destruction massive. Pourquoi n'y trouve-t-on rien ? Qui est cette source ? Qu'a-t-elle dit exactement au représentant du gouvernement américain ?

   Le scénario modifie un peu l'histoire. Dans le film, la C.I.A. apparaît sous un jour favorable, alors qu'à l'époque elle a été "enfumée" par les inventions d'Ahmad Chalabi. Ce personnage est d'ailleurs présent dans le film, sans qu'il soit fait allusion à ses manipulations. La fin montre bien son échec politique... mais il essaie actuellement de revenir dans le jeu. D'autres personnages ne sont pas mieux traités, notamment la journaliste du Wall Street Journal Lawrie Dayne, qui a colporté les mensonges de l'administration Bush (elle représente une journaliste bien réelle, Judith Miller, du New York Times). Mais le pire sort est réservé à Paul Bremer, incarné par Greg Kinnear sous les traits de Clark Poundstone, un enfoiré de première.

00:13 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

vendredi, 16 avril 2010

"Le Ruthénois" numéro 7

   A ma grande satisfaction, le nouveau numéro du Ruthénois titre sur le problème du traitement des ordures ménagères aveyronnaises. Le sujet est abordé sous deux angles : la fermeture annoncée du centre du Burgas, à Sainte-Radegonde (commune à l'honneur cette semaine) et la possible installation d'un quai de transfert (a priori temporaire...) à Sébazac-Concourès. C'est bien présenté, je trouve : on a des points de vue différents, mais tous issus d'une des communes périurbaines de Rodez, de surcroît des communes qui n'ont pas développé d'offre de logement pour les bas revenus : ce sont toutes les deux des bastions de la classe moyenne, une classe moyenne propriétaire de sa maison finalement très NIMBY : "not in my backyard".

   Le grand entretien de la semaine est consacré à Stéphane Mazars, deuxième adjoint au maire de Rodez, en charge des sports. (Il a été le suppléant d'Anne-Marie Escoffier aux élections sénatoriales de septembre 2008.) C'est un type sympa, qui s'est élevé à la force du poignet. Quand il évoque son cursus, il est trop modeste pour préciser que le bac qu'il a décroché était, sauf erreur de ma part, un bac technologique... pas facile quand on veut ensuite poursuivre des études de droit ! Il m'a juste énervé dans l'une de ses réponses au questionnaire traditionnel. Quand on lui demande de choisir "Soulages ou Fenaille ?", il répond : "Soulages c'est la Ligue des champions, Fenaille c'est la Ligue 2." Carton rouge !

   Sur la même page, on trouve le dessin de la semaine de Stéphanie Gras, qui fait allusion aux qualités de communicant du maire Christian Teyssèdre...  Les véhicules électriques sont d'ailleurs à l'honneur cette semaine, à travers l'article consacré, page 9, à l'entreprise aveyronnaise Innovep, dont il faudrait vraiment soutenir l'activité. Vous aurez remarqué que l'article auquel mène le lien est signé Nathalie Dijols, qui travaille donc pour Le Ruthénois et La Dépêche du Midi ! Par contre, celui du Ruthénois est de Benjamin Laumaillé. Cela me paraît conforme à la déontologie. Un dernier mot sur cette entreprise : en cherchant sur la Toile, j'en ai trouvé une présentation professionnelle :

Innovep web.jpg

   L'hebdomadaire aborde aussi la politique locale, avec les débats peu dignes du Conseil général et le manque d'organisation de l'opposition municipale à Rodez. Vient ensuite le sujet polémique du moment : l'école François Fabié. Je trouve qu'Hugues Robert s'en sort plutôt bien, dans un article balancé où il rappelle au passage que l'ancien maire Marc Censi a laissé quelques peaux de bananes à son successeur...

   Et pis, tiens ! J'ai envie de ne pas être gentil avec le chroniqueur cinématographique de l'hebdomadaire. Tout d'abord, il nous conseille deux films, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec de Luc Besson et New-York I love you... alors qu'il me semble qu'aucun cinéma aveyronnais ne programme le second cette semaine. Ensuite, il se permet de traiter de manière négligente le nouveau film de Paul Greengrass, Green Zone : selon ce monsieur, "le film sent le réchauffé" ! Se fondant sur les derniers films tournés par le réalisateur, il passe par pertes et profits le fait que cette fiction grand public, spectaculaire, place au coeur de l'intrigue le mensonge des autorités américaines concernant la présence d'armes de destruction massive en Irak en 2003. Si cela peut permettre au grand public d'outre-Atlantique d'en finir avec cet aspect de la présidence Bush, ce n'est déjà pas si mal.

   On termine par l'article consacré à la commune de Sainte-Radegonde par Jean-Pierre Cosson, très intéressant... et qui m'a poussé à reconsulter son excellent Dictionnaire de l'Aveyron : la partie consacrée à  Antoinette Durand de Gros, dite La Sorgue, est en effet un copié-collé de cet ouvrage :

La Sorgue 1.JPG

C'est un extrait de l'article du Ruthénois...

La Sorgue 2.JPG

... et voilà un extrait du Dictionnaire !

Petit coquin !

   Je n'ai pas intitulé ce billet "Le combat des magazines ruthénois IV"... parce que le dernier numéro de A l'oeil fait preuve d'une certaine confraternité. En page 3, on peut trouver un article qui se réjouit du dynamisme de la presse aveyronnaise :

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   J'ai souligné le passage dans lequel le magazine cite le chiffre sans cesse répété, celui de "plus de 60 000 lecteurs". Il faut quand même relativiser. D'abord, si le journal gratuit n'est distribué que dans les communes du Grand Rodez, il n'a qu'un potentiel de 55 000 lecteurs... si l'on en compte tous les habitants ! Il faudrait en retrancher tous les bébés et enfants encore illettrés... mais on pourrait y rajouter les habitants de l'extérieur du Grand Rodez, qui viennent y travailler (plusieurs milliers de personnes) : le magazine est disponible dans certains commerces, comme des boulangeries. Cependant, je dois révéler ce que beaucoup de personnes savent déjà : dans de nombreux cas, les magazines gratuits distribués avec les publicités atterrissent directement dans la poubelle (celle réservée aux éléments recylables). Bon, moi je le lis, mais je crois pouvoir affirmer qu'au maximum 1 personne sur 2 est dans ce cas. Et encore : parmi celles qui le gardent, beaucoup se contentent du programme télévisé. Donc, à vue de nez, au doigt mouillé, je crois pouvoir affirmer qu'entre 10 000 et 20 000 personnes liraient vraiment A l'oeil, ce qui serait déjà considérable. (Cela en ferait le premier organe de presse du Grand Rodez.)

   Cette quinzaine, c'est le maire d'Onet-le-Château qui en prend pour son grade ! Cela commence par la caricature (la deuxième en un mois) de DAF (tiens, à propos du dessinateur : j'ai retrouvé certaines de ses oeuvres en feuilletant mes numéros d'Aveyron Magazine), assez drôle ma foi :

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   Ensuite, une série d'articles cassent du sucre sur le dos du premier magistrat castonétois. Pour rester dans le ton, l'éditorial de Paul d'Orsini s'en prend à Martin Malvy, président du Conseil régional de Midi-Pyrénées. Il l'accuse d'avoir mal servi l'Aveyron et le Grand Rodez. Je ne rejoins cette analyse qu'en partie. J'ai déjà écrit ailleurs que, si Christian Teyssèdre n'a pas obtenu ce qu'il convoitait, la tête de liste aveyronnaise de la gauche, Marie-Lou Marcel, a été bien servie.

   Le magazine propose un intéressant dossier sur "La révolution numérique", à l'intérieur duquel une page est consacrée à l'utilisation que les hommes politiques locaux font de ces nouveaux outils... et, ô surprise, aucun n'est encarté à gauche ! Ce sont Serge Julien (ancien candidat aux municipales de Rodez sur la liste Soulié-Censi), Jean-Claude Luche... et Jean-Philippe Murat, le directeur de la publication de A l'oeil, dont je vous propose les réponses aux questions de son quinzomadaire :

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   Ce numéro 34 est donc dans la lignée du numéro 32, où le grand entretien était consacré à J.-P. Murat. Au passage, il serait intéressant de savoir ce que J.-P. Murat entend par "le succès que rencontraient mes deux médias".

 

 

lundi, 12 avril 2010

La Révélation

   Le titre original est Sturm (Tempête), à l'image des conséquences que des enquêtes commes celles menées par le T.P.I.Y. (Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie) peuvent avoir... à l'image aussi de ce qu'il se passe dans la tête de certains protagonistes.

   Cette fiction internationale, où l'on entend parler anglais, allemand et serbe, se veut didactique. A travers une histoire inventée (mais fortement inspirée par des événements réels), on nous fait découvrir le fonctionnement de cet étrange tribunal... et les pressions qui sont exercées sur lui.

   Les acteurs sont épatants. Il faut évidemment souligner la performance de Kerry Fox (que les cinéphiles avaient découverte dans Petits meurtres entre amis et retrouvée avec plaisir dans Intimité, de Patrice Chéreau), qui incarne la procureure Hannah Maynard... en réalité, Carla del Ponte, qui occupa cette fonction de 1999 à 2007. (Un documentaire lui a été consacré il y a trois ans.) Celle-ci a récemment publié un livre (où, apparemment, elle règle quelques comptes) qui a provoqué un scandale.

   Le film est multiple. C'est d'abord un portrait de femme(s), notamment l'héroïne, entre deux âges, pas tout à fait stable sur le plan sentimental et surtout d'une grande rigueur morale. Sa confrontation avec le monde politico-diplomatique, où tout n'est que concession, négociation, est parfois présentée comme le combat de David contre Goliath. Car, si le droit permet de protéger les faibles et de poursuivre les malfrats, ceux-ci, s'ils sont puissants, savent s'appuyer sur le droit (en plus de la force) pour tenter de passer entre les mailles du filet. L'autre beau personnage féminin est celui de la soeur du premier témoin, réfugiée en Allemagne, dont le rôle s'amplifie au fur et à mesure que l'intrigue suit son cours.

   On (re)découvre la guerre en ex-Yougoslavie avec toutes ses horreurs. L'accusé Duric pourrait être ce Mladic qui n'a toujours pas été arrêté, ou feu le milicien Arkan ou encore Vojislav Seselj.

   N'oublions pas que c'est d'abord un bon thriller. Il y a tout d'abord l'incertitude ménagée autour de ce que certains personnages ont vécu. Il y a aussi les risques que prennent ces personnages pour faire triompher la vérité. C'est vraiment un très très beau film... hélas peu diffusé dans notre pays.

   Un site dédié (hé, oui : c'est produit par la boîte de Luc Besson !) permet d'accéder à différents documents, notamment un dossier bien fichu.

P.S.

   Il est fort possible que l'écriture du scénario se soit inspirée du livre Paix et châtiment, écrit par Florence Hartmann, une ancienne journaliste du Monde, devenue porte-parole de la procureure du TPIY. Poursuivie par le TPIY pour divulgation d'informations confidentielles ("outrage au Tribunal", dans le jargon officiel), elle a été condamnée en première instance... à cause de quelques pages.

 

ALLEZ VOIR CE FILM !

dimanche, 11 avril 2010

L'école de la discorde

   C'est la polémique du moment : faut-il fermer ou pas l'école (publique) François Fabié, à Rodez ? La question se pose depuis plusieurs années, la précédente municipalité (celle dirigée par Marc Censi) ayant engagé une politique de concentration des équipements.

   Je n'avais pas trop prêté attention à ce sujet durant la campagne des municipales de 2008. Les tracts comme les professions de foi des candidats étaient assez vagues, la liste d'union de la gauche s'engageant particulièrement en faveur de l'éducation. Il ne me semblait pas que les candidats se fussent particulièrement avancés sur le cas de l'école Fabié. Les membres du "collectif contre la fermeture de l'école François Fabié" (présent sur Facebook) affirment que si.

   Je suis donc allé fouiller dans Centre Presse du 16 février 2008... et j'ai trouvé ceci :

Centre Presse Fabié 16 02 2010.JPG

   Trois des quatre têtes de listes avaient été sollicitées. Je pense qu'on ne s'était pas adressé à Frédéric Soulié parce qu'il passait, du fait de la présence sur sa liste de Marc Censi (ainsi que d'autres personnalités de l'équipe sortante), pour le continuateur de la politique municipale. Vous verrez que Régine Taussat (qui a montré qu'elle pouvait faire preuve d'indépendance, notamment sur la question du musée Soulages) s'évertue à ne pas désavouer l'équipe sortante. Jean-Louis Chauzy livre une réponse mi-chèvre, mi-chou. Soit il ne connaît pas suffisamment le dossier, et il ne veut prendre aucun engagement, soit il connaît le dossier, sait très bien ce qu'il va faire s'il est élu, mais il se garde bien de l'annoncer. Reste Christian Teyssèdre qui, comme le prouve le passage souligné en rouge, promet de conserver le site.

   Alors, pourquoi a-t-il changé d'avis ? Ou alors, pourquoi a-t-il menti à l'époque ? Même si en politique, nombre de candidats appliquent l'adage de Charles Pasqua ("Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent"), je ne pense pas que, dès février-mars 2008, l'actuel maire de Rodez savait qu'il allait décider la fermeture de l'école Fabié. En suivant la presse locale, on remarque que c'est à la fin de l'été 2009 que la décision a sans doute été prise. (L'annonce a été faite au début de l'automne.)

   C'est d'abord une question d'argent. Mettre l'école Fabié à niveau aurait coûté, selon les estimations (notez l'écart...), entre 4 et 7 millions d'euros. (C. Teyssèdre a lancé récemment le chiffre de  70 000 euros par enfant. Vu qu'ils sont une centaine... faites vos calculs.) Pour à peine plus, la commune peut s'offrir deux écoles neuves, où le développement durable sera à l'honneur (rappelons que le toit de l'actuelle école est amianté). Ceci dit, rien que pour celle de Saint-Felix, l'estimation des coûts est encore peu rigoureuse, un site professionnel évoquant environ 2,5 millions d'euros, la première adjointe au maire (qui est aussi en charge de l'éducation) parlant de 2,85 millions... hors taxes ! Ceci dit, une fois livrés, ces nouveaux bâtiments sont censés faire faire de substantielles économies de chauffage et d'électricité.

   La municipalité cherche sans doute aussi à avoir les coudées franches sur le dossier des écoles. A l'heure actuelle, il lui faut composer avec le Conseil général de l'Aveyron, à qui appartiennent les murs de Fabié, et avec les propriétaires des terrains sur lesquels sont installés les préfabriqués de Calcomier. De plus, le maire veut que les nouvelles écoles soient ouvertes en 2012-2013, pour qu'il puisse s'appuyer sur ces réalisations dans la campagne des municipales de 2014. A l'inverse, le Conseil général aurait tout intérêt à laisser traîner l'affaire, 2014 étant aussi l'année de désignation des nouveaux "conseillers territoriaux", chargés de remplacer les conseillers généraux et régionaux.

   Après, il y a le non-dit. Fermer une école de quartier permet de reventiler les postes d'enseignants (attribués -faut-il le rappeler- assez chichement par le ministère de l'Education Nationale, par le biais du rectorat... 4 postes vont disparaître dans le premier degré à la rentrée 2010)... et de supprimer un poste de directeur ? Autre non-dit (peut-être) : lorsqu'elle analyse "l'offre scolaire" communale, la mairie prend en compte les établissements privés... et espère qu'une partie des parents inscriront leurs enfants dans l'enseignement catholique (très présent dans l'Aveyron). C'est peut-être ce à quoi a fait allusion Guilhem Serieys (dont le blog est tenu de manière épisodique) lors du dernier conseil municipal.

   Et puis, et puis... (mais attention, ce qui suit ne concerne pas forcément l'école François Fabié) voilà qu'on apprend, au détour d'un article de La Dépêche du Midi, que 20 % des 2 500 enfants scolarisés à Rodez viennent d'une autre commune ! N'y allons pas par quatre chemins : cela veut dire que les impôts locaux des Ruthénois (parfois avec une participation des communes d'origine) paient la construction, l'entretien et l'équipement des bâtiments utilisés par quelque 500 enfants dont les parents habitent, voyons voir, Le Monastère, Sainte-Radegonde, Luc-Primaube (ça c'est quand ils ont la dignité de rester dans la communauté d'agglomération), Flavin... et pourquoi pas Rodelle, La Loubière, Baraqueville ? Je veux bien que, dans certains cas, il n'y ait pas d'école à proximité ou encore que, les deux parents travaillant sur Rodez, il soit logique qu'ils déposent en passant leurs enfants à l'école la plus proche de leur lieu de travail. Mais la forte proportion me conduit à penser qu'il y a peut-être là une véritable stratégie de la part de certaines familles, attirées par les faibles impôts locaux (et des terrains à plus bas prix) proposés par des communes périphériques (et qui y font construire leur logement principal) tout en continuant à profiter des services fournis par la commune centrale.

   Vous avez dit beurre et argent du beurre ?

samedi, 10 avril 2010

"Le Ruthénois" numéro 6

   Cette semaine, l'hebdomadaire du Piton propose un grand entretien avec l'evêque de Rodez (sur le départ). Il mérite d'être lu. Pour la petite histoire, il a contribué à un gigantesque remembrement ecclésiastique, diminuant le nombre de paroisses. En mai 2000, le quotidien Centre Presse avait publié une carte de l'avant-projet (comportant encore quelques interrogations) :

Paroisses Centre Presse 19 05 2000.JPG

   En page 3, la dessinatrice Stéphanie Gras prend le risque inconsidéré de représenter Mahomet ! (Je rassure les nombreux musulmans intégristes qui lisent ce blog : le Prophète n'est aucunement dénigré dans cette caricature gentillette.)

   En page 4, un portrait est consacré à la nouvelle conseillère générale, Nicole Laromiguière. En raison de la loi sur le cumul des mandats et de la modification du code électoral survenue quant à la désignation des conseillers généraux, le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, nouvellement élu conseiller régional (sans avoir abtenu de vice-présidence), renonce à son mandat du canton de Rodez Ouest, au bénéfice de sa suppléante. Ce n'est une surprise pour personne... et cette mesure comporte plusieurs avantages. D'abord elle féminise un peu plus le conseil général de l'Aveyron, qui en a bien besoin (on va passer de 8 à 9 conseillères... sur 46, sauf erreur de ma part). Ensuite, comme l'écrivait déjà Hugues Robert dans le numéro 4 du Ruthénois, cela permet une (petite) redistribution des cartes entre le P.S. et le P.R.G., le premier évitant de paraître trop hégémonique à gauche.

   Page 5, il est question d'agriculture. Je remarque que, chaque semaine, au moins un article traite du sujet ou fait le portrait d'un jeune agriculteur... et c'est tant mieux. Bon, là, ce sont les institutionnels qui sont à l'honneur... et plutôt ceux de droite d'ailleurs. Aux côtés du président du Conseil général, on trouve Jean-Claude Anglars, présenté comme le vice-président de la commission agricole au Conseil général. On aurait pu aussi préciser que le maire de Sébrazac (très joli village proche de la vallée du Lot), conseiller général du canton d'Estaing, président du pays du Haut-Rouergue, est directeur de la F.D.S.E.A. aveyronnaise, dont le grand manitou est Jean Laurens, président de la Chambre d'agriculture (son père fut sénateur de l'Aveyron et son oncle député du Cantal et ministre de l'Agriculture ; au passage, la famille ayant ses racines à Lacroix-Barrez, on comprend mieux l'émoi qui a saisi la droite aveyronnaise quand le canton de Mur-de-Barrez, dont fait partie cette commune, a placé la gauche en tête au premier tour des récentes élections régionales...). Figure sur la photographie l'encore président des Jeunes agriculteurs (la succursale "djeunse" de la F.D.S.E.A.), Bruno Montourcy qui, à 35 ans, a déjà reçu le mérite agricole.

   Le Ruthénois se penche ensuite sur l'opposition municipale, qui a bien du mal à exister, à Rodez. L'une des photographies d'illustration a été prise pendant une séance du Conseil municipal. Au premier plan, on reconnaît Jean-Philippe Murat, plus loin sans doute Maïté Laur et Frédéric Soulié. Les textes que deux des figures locales ont envoyées au journal ne m'incitent pas à penser que cela va s'arranger...

   Juste au-dessous de cet article, Georges Abitbol propose une sorte de revue des blogs locaux. Il cite ceux d'Olivier Montbazet et d'une certaine Edith B... ainsi que le mien (illustré par le billet dans lequel j'évoque des ânes au comportement particulier). A cette occasion, j'y ai appris qu'il me trouve "plutôt de droite"... Saperlipopette !

   Page suivante, il est question des vacances des profs et de l'éducation des enfants. Je partage le constat concernant les jeunes d'aujourd'hui, avec lesquels le système éducatif me semble vraiment trop permissif (à l'image de ce que font les parents ?) et dont la maîtrise de la langue française est souvent consternante ! (Cela peut être un bon critère pour commencer à sélectionner les candidats à l'embauche ou à un stage : on demande une lettre de motivation manuscrite et on fiche au panier celles qui sont écrites de manière approximative...)

   Comme, cette semaine, la commune du Monastère est à l'honneur, on a droit à plusieurs articles intéressants, signés Nathalie Dijols ou Jean-Pierre Cosson. Celui-ci évoque notamment les colonies pénitentiaires que l'Aveyron a connues (même si c'est un sujet qu'il a déjà abordé à plusieurs reprises, dans d'autres journaux, la piqûre de rappel ne fait pas de mal... et cela peut servir d'enseignement pour notre époque).

   Auparavant, on aura lu avec profit un article qui traite du sadisme et de l'obéissance aux ordres. L'auteur y fait allusion à l'expérience de Milgram, qui a elle-même fait l'objet d'un traitement cinématographique, dans l'excellent film I comme Icare.

   Tout en bas de la page, l'adolescente associée à la rédaction recommande un site qui permet de créer ses propres petits film d'animation : http://www.lacartoonerie.com/. je vais peut-être essayer un de ces quatre...

vendredi, 09 avril 2010

Petite balade ruthénoise

   En cette fin d'après-midi ensoleillée, l'envie m'est venue de faire un petit tour de Rodez, par le bas. On commence par descendre l'avenue des Fusillés de Sainte-Radegonde, en direction de l'usine Bosch. Au passage, on pense à regarder sur les côtés. On peut y dénicher de tout... y compris un reste de neige (plus précisément : un reste de congère) !

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   L'endroit est protégé de la route, la pente l'orientant vers le lieu de promenade que je ne vais pas tarder à rejoindre. Les rayons du soleil n'arrivent que tard dans la journée, quand ils y arrivent.

   Au rond-point, on tourne à droite, direction le Gué de Salelles et on emprunte le chemin aménagé, qui longe l'Aveyron. Les beaux jours revenant, on s'aperçoit que les prés avoisinants sont occupés :

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   Hé oui ! C'est l'histoire du promeneur qui regarde la vache (une Montbéliarde me semble-t-il) qui regarde le pêcheur qui regarde son hameçon...

   En poursuivant son chemin, on arrive à Layoule, sorte de petit Eden ruthénois pour promeneurs, enfants, animaux, pêcheurs, joggueurs, lecteurs, flirteurs et pique-niqueurs. On y voit régulièrement des parents (ou des grands-parents) amener leurs (petits) enfants nourrir les canards du coin (coin). Ce sont des colverts et ils ne sont pas farouches ! Voici une femelle aux aguets :

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   Et voilà un mâle que ma présence ne dérange guère :

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   Pour le plaisir des oreilles, on poursuit sa route et l'on dépasse lentement la cascade, puis l'on se dirige vers le pont ancien, dit "pont de Layoule". Au passage, sur sa gauche, on remarque la présente d'un objet insolite, dans l'eau : une voiture !

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   La voici sous un autre angle :

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   Ce n'est pas la première fois que le lit de l'Aveyron se garnit d'un détritus encombrant. Mais, auparavant, on a plutôt eu droit à des chariots de grande surface ou à des deux-roues usagés. La presse locale a évoqué ce cas, d'abord Midi Libre, puis La Dépêche du Midi. Si vous observez bien les photographies publiées dans les journaux, vous constaterez qu'entre les deux articles le véhicule s'est déplacé, porté par le courant. Le 30-31 mars, il se trouve à proximité de la cascade, que l'on distingue au second-plan sur l'article de Midi Libre. La voiture, garée sur le côté de la rue, à proximité du camping, a glissé dans la rivière, sa propriétaire ayant mal serré le frein à main. Du coup, une semaine plus tard, le véhicule se trouve plus en aval, à proximité du pont médiéval. Il n'y a pas de différence notable entre les photographies que j'ai prises et celle qui a été publiée dans La Dépêche. Mais ceux qui n'étaient pas repassés par Layoule depuis plusieurs jours ont dû être surpris par le changement de position. J'ai même vu une voiture de la police municipale s'arrêter sur l'autre berge.

   Un détail pour terminer. Sur la deuxième photographie que j'ai prise, j'ai fait ressortir le nom complet de la série du véhicule : il est encadré en rouge. En cliquant sur la photo, vous la verrez agrandie... et pourrez lire "G. Sabatini SEAT". Les moins jeunes d'entre nous se souviennent d'une joueuse de tennis argentine plutôt mignonne, ma foi... avec un jeu assez athlétique et une attitude un peu "garçonne" sur les bords parfois. Une voiture a donc porté son nom, au début des années 1990 si je ne m'abuse. C'est dire si le véhicule qui encombre actuellement le lit de l'Aveyron est une antiquité !

   En remontant vers le centre-ville, j'ai fait une curieuse rencontre :

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   Tout en se frottant au grillage, ce sympathique sac à puces m'a salué à sa manière... beaucoup plus aimablement, en tout cas, que son compagnon canin, un pitoyable roquet qui s'est mis à aboyer à tue-tête ! Ben je l'ai pas mis sur la photo, na !

jeudi, 08 avril 2010

Les Chèvres du Pentagone

   Et voilà ! Un mois après sa sortie, ce film débarque en Aveyron. Au moins, on l'a en version originale sous-titrée. L'histoire, complètement frappadingue, est pourtant (en partie) vraie, comme le révèle le livre d'un journaliste britannique recensé par Le Monde. Dans le long métrage, l'extension chronologique de l'histoire (du début des années 1980 à 2003) est restituée par des retours en arrière. (Je recommande à tous les passionnés de la capillicuture cloooneyenne les scènes dans lesquelles il apparaît avec une coiffure de djeunse, vierge de toute trace grisonnante...)

   La critique professionnelle a en général été assez dure avec ce film, auquel elle reproche de lorgner sur l'excellent Mash sans lui arriver à la cheville. En fait, ce film se veut le pendant d'une autre comédie ayant pour cadre l'Irak (mais celui de la première intervention américaine dans le Golfe) : Les Rois du désert, avec lequel la critique n'avait guère été plus tendre.

   Dans les deux films, la satire politique est mêlée à la franche déconnade et l'antihéros, incarné par George Clooney, est épaulé par une brochette d'acteurs affûtés. Dans les deux cas aussi, le résultat est inégal, meilleur en première qu'en deuxième partie. L'honnêteté me pousse à reconnaître que Les Rois du désert était globalement plus réussi (en particulier mieux rythmé).

   Néanmoins, pendant 45 minutes environ, Les Chèvres du Pentagone tient la route. Dès le début, on est cueilli par une série de réparties ironiques et un comique de situation assez réussi (assister à la mort filmée d'un hamster est une expérience cinématographique du plus haut intérêt). Quelques références parodiques (par exemple à Full Metal Jacket) parsèment les scènes les plus abouties.

   Mais, par la suite, une fois dans le désert, l'histoire s'enlise (s'ensable ?). C'est moins drôle et la critique des méthodes employées par l'armée américaine manque de mordant... d'autant plus que la réalisation semble être aux abonnés absents. C'est dommage, parce que l'idée de départ était originale et parce que certains moments permettent d'entrevoir ce qu'aurait pu être ce film, si un metteur en scène un peu plus "couillu" y avait mis sa patte... et si le scénario avait été plus abouti.

samedi, 03 avril 2010

Shutter Island

   J'ai mis le temps, mais j'ai enfin vu le dernier film de Martin Scorsese. J'ai tout d'abord été surpris par le décalage entre la bande annonce et le rythme de l'histoire : la première laisse à penser que l'on va se retrouver dans un thriller trépidant, alors que le film est plutôt lent (trop parfois), jouant sur la tension qui monte, qui monte...

   Le début m'a fait un peu peur. Il comprend des scènes parmi les plus mal réalisées, à mon avis. Les trucages numériques sont particulièrement visibles et j'ai eu un problème avec le doublage (j'ai vu le film en version française), pas très bon. Ceci dit, il faut être très attentif aux toutes premières images, qui, quand on y repense, avec le recul, donnent des clés pour la compréhension de l'histoire.

   Une fois les policiers arrivés sur l'île, cela démarre. L'ambiance est formidablement restituée par les décors, la musique (un peu trop appuyée parfois) et l'atmosphère au sens propre : le déchaînement des éléments. Cela devient un excellent film à suspense, avec des moments de grâce au niveau de la mise en scène : dans la chapelle, sur la falaise, dans la grotte et dans le bâtiment C. Scorsese est parvenu à restituer une ambiance de folie, à tel point qu'au bout d'un moment, on ne sait plus de quel côté est la "raison".

   Je me garderai bien de révéler le retournement, auquel les spectateurs attentifs s'attendent finalement. Cela nous conduit à repenser à certains scènes (notamment celles avec Mark Ruffalo et Ben Kingsley, remarquables)... et à trouver particulièrement bien foutu le dispositif du film !

   Sur le site dédié (aaah... superbe bruit de l'eau de l'océan qui s'échoue sur le rivage...), on peut accéder à de copieuses notes de production, très intéressantes.

11:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

vendredi, 02 avril 2010

Le combat des magazines ruthénois III

    La rivalité (feutrée) se poursuit cette semaine avec la parution du numéro 33 du quinzomadaire gratuit et du numéro 5 de l'hebdomadaire payant.

   Commençons par ce dernier, Le Ruthénois, qui titre sur les Restos du coeur, les pages intérieures contenant un grand entretien avec le président départemental (Midi Libre a copié !) et un reportage page 5. Si l'on ne peut que se réjouir de l'action de cette association, il est cependant triste de constater qu'elle reste hélas nécessaire, tant la détresse sociale persiste (s'accroît même) dans notre pays. Pensez qu'elle sert presque autant de repas qu'il y a d'Aveyronnais ! (Un peu moins en fait : 260 000 repas pour plus de 270 000 habitants, selon la dernière mise à jour des populations légales. La relation entre les deux données chiffrées est tout de même très parlante.)

   Page 4, Hugues Robert lève un coin du voile sur les relations entre journalistes et élus locaux, en particulier leurs "chargés de communication" ou "attachés de presse", quel que soit le nom qu'ils portent.

    Juste à côté, un billet (un peu rapide, alors que Midi Libre comme La Dépêche du Midi ont déjà évoqué l'affaire) est consacré à Jean-Claude Luche et à son possible détachement de l'UMP... Je n'y crois qu'à moitié. Certes, au sein de la droite, le président du Conseil général incarne une voie plus modérée, héritière lointaine de la démocratie chrétienne, éclatée depuis entre ceux qui sont allés goûter à la soupe sarkozyenne et ceux qui se sont embarqués dans l'aventure bayrouïste. Jusqu'à preuve du contraire, Jean-Claude Luche a seulement retardé le renouvellement de son adhésion à l'UMP... le temps que les élections cantonales passent ?

    On a droit à tout autre chose page 5 : un écho sur la Société des Lettres Sciences et Arts de l'Aveyron. Cette institution rouergate bat de l'aile. Il semblerait qu'à la "bonne bourgeoisie" (composée d'intellos conservateurs ayant le sens de l'intérêt général) ait succédé une "nouvelle bourgeoisie", dont l'action semble susciter moins d'enthousiasme... Point noir à signaler : l'article est émaillé d'incorrections (tout comme un encadré situé plus bas sur la page... attention aux mauvaises habitudes !) et, en première page, il est annoncé page 9, alors qu'il figure page 5.

   Page 7 est abordée la polémique du moment : les conséquences de la fermeture du site du Burgas, situé à Sainte-Radegonde, commune de la périphérie de Rodez, autrefois essentiellement agricole devenue très résidentielle (pour les classes moyennes aisées, les pauvres étant priés d'aller crécher à Onet-le-Château). Il faudrait consacrer des pages et des pages à ce dossier, dont je trouve scandaleux le pourrissement. Personne n'ose remettre en question l'action du Sydom (syndicat départemental des ordures ménagères)... et pour cause : les décisions y sont préparées par le Bureau et prises par le Comité syndical... Regardez un peu qui y siège (dans l'onglet "Instances"), et vous comprendrez pourquoi les journalistes aveyronnais marchent sur des oeufs...

   Page 8, une tribune fait la promotion du pays ruthénois, un type d'association intercommunale qui a eu le vent en poupe sous le gouvernement Jospin. Depuis 2005, les personnes engagées dans ce genre de démarche me semblent avoir du mal à maintenir la dynamique. Dans le cas aveyronnais, les difficultés qui ont surgi au moment de délimiter le territoire de chacun des pays ont pesé sur leur future efficacité. Prenons le cas du pays ruthénois :

Pays ruthénois carte.jpg

   La communauté d'agglomération du Grand Rodez, qui sert de base à la construction du territoire, est privée de son "bras droit" : le prolongement de la route nationale 88 vers l'autoroute A 75. Qui plus est, les communes qui coupent la commune de Sébazac-Concourès (à l'honneur cette semaine dans l'hebdomadaire) en deux (à savoir Rodelle et La Loubière) n'y ont pas adhéré ! Et que dire de la forme du territoire... incohérente au possible quand on en connaît un tant soit peu la géographie de la région... Trop de politique politicienne locale a nui aux pays.

   Je sais bien qu'il faut saluer tous les efforts fournis pour développer les territoires et faire aboutir les projets mais là, franchement, ce niveau de compétence supplémentaire est superflu (ou alors il faudrait en supprimer un autre). Il aurait mieux valu travailler à perfectionner l'existant.

   Bon, j'arrête de râler, pour parler du coup de coeur de la semaine : La Bulle de Valérie , consacrée à un ingénieur agronome aveyronnais, qui tente de concilier écologie et développement agricole au Mali. Une bien belle initiative.

   On termine par l'inévitable Jean-Michel Cosson (dont le dernier livre bénéficie d'un copinage en fin de magazine), qui nous cause cette semaine de la commune de Sébazac-Concourès. Les anecdotes concernant le Tindoul de la Vayssière (un gouffre karstique) sont particulièrement intéressantes.

   Tout cela nous amène au numéro 33 de A l'oeil, qui me semble compter plus de surface vraiment rédactionnelle que les numéros précédents. Plusieurs points m'invitent à penser qu'il existe un véritable "marquage à la culotte" entre les deux magazines du Grand Rodez. Ainsi, un important dossier est consacré à l'évolution de la commune de Rodez... thème évoqué la semaine passé par Jean-Michel Cosson dans Le Ruthénois. On remarquera d'ailleurs que les auteurs du (bon) dossier ont dû puiser dans les ouvrages de l'historien local, cité page 32 (son excellent Dictionnaire de l'Aveyron

Dictionnaire de l'Aveyron.jpg

   ... paraît avoir été une source majeure pour l'écriture des encadrés consacrés au tramway de Rodez et à son ancien maire Louis Lacombe).

   Faut-il y voir une marque de confraternité ou tout simplement la reconnaissance (hors de toute opinion partisane) de la qualité du travail de l'historien local ? Quoi qu'il en soit, on est moins étonné de trouver un peu plus avant dans le quinzomadaire (page 15) une publicité pour son concurrent :

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   Cela fait partie de la politique commerciale du Ruthénois, je crois. Un important budget de lancement a dû être fixé, pour faire connaître l'hebdomadaire au maximum. Ainsi, une partie des habitants de la commune à l'honneur chaque semaine dans Le Ruthénois a eu le plaisir de recevoir une fois gratuitement la gazette dans sa boîte aux lettres. (J'espère qu'ils ont bien calculé leur coup, parce que cela me paraît tout de même assez aventureux.)

   Retournons au gratuit A l'oeil. J'aime bien la caricature proposée en page 1 :

A l'oeil n°34.jpg

   On remarquera que, contrairement à la dessinatrice du Ruthénois, Daf représente davantage de personnalités politiques de droite. On peut s"amuser à relever les absents et les présents. Elections régionales obligent, le Lotois de Toulouse Martin Malvy fait figure de parrain de la gauche, le maire de Rodez essayant de tirer la couverture à lui. En face, personne ne s'impose vraiment, l'ancien premier magistrat ruthénois Marc Censi semblant tout triste devant le gaspillage de l'héritage... mais son ancien ennemi du Conseil général Jean Puech est curieusement absent du portrait de famille, alors qu'il a été jusqu'à il y a peu l'homme le plus puissant du département. En bas, Yves Censi et Jean-Claude Luche ne bénéficient pas du même capital de sympathie chez le dessinateur : l'un fait la gueule et l'autre est un éternel souriant... qui pourrait toutefois passer pour un benêt (c'est pas gentil, ça !).

   On notera la référence à Pierre Soulages (comme pour Stéphanie Gras dans Le Ruthénois de la semaine dernière), un billet évoquant même le projet de musée en page 2. Les contribuables locaux seront ravis qu'on leur rappelle (ou apprenne) qu'il existait une possibilité moins coûteuse que la création ex nihilo d'un machin pour cultureux : l'extension du musée Puech, refusée par l'artiste du noir...

   Page 5, l'éditorial de Paul d'Orsini prend la forme d'une complainte de l'électeur de droite déçu (par Sarkozy). Quelques pages plus loin vient le grand entretien... consacré à Jean-Claude Luche (déjà interrogé dans le numéro 24) ! Celui-ci y revient sur les élections régionales (en focalisant trop sur le cas de Guilhem Serieys, à mon avis, même si j'ai déjà écrit ailleurs ce que je pensais du procédé)... et nous gratifie d'une langue de bois bien râpeuse. "Je ne fais pas de politique politicienne" affirme celui qui n'arrête pas de lancer des piques à Christian Teyssèdre... et, attendez la suite "il faut rester modeste"... Trop de modestie tue la modestie ! Autre perle : "la Majorité du conseil général s'est rassemblée derrière moi", "Ma majorité est unie"... quand on sait les difficultés rencontrées pour composer la liste aveyronnaise, les pressions qui ont été exercées sur J.-C. Luche pour qu'il y intègre untel ou unetelle et la "petite" campagne faite en faveur de cette liste par certains ténors de la droite locale... (Au fond, je le plains. Il est obligé de jouer la comédie de l'union en espérant garder son strapontin l'an prochain.) A la fin de l'entretien est quand même évoquée la question (du cumul) des mandats et de ceux auxquels Jean-Claude Luche renonce.