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lundi, 30 juin 2025

Le Grand Déplacement

   Trois ans après le savoureux Tout Simplement noir, Jean-Pascal Zadi est de retour sur le grand écran avec une nouvelle comédie politico-sociale, un brin fantastique... mais surtout fantasque.

   La Côte-d'Ivoire, pays de naissance des parents du pilote Pierre Blé (et de Zadi, qui l'incarne), est une sorte de Wakanda francophone, un peu cheap, mais qui a mis au point, dans le plus grand secret, un programme spatial très ambitieux. C'est peut-être une allusion au Zaïre du dictateur Mobutu, dont l'activisme spatial a naguère fait l'objet d'une excellente bande dessinée.

   Tout cela n'est qu'un prétexte, pour dénoncer, outre la domination occidentale, les clichés (sur l'Afrique, les Africains, les femmes...) et pour pointer, incidemment, la pauvreté d'une grande partie des habitants. Zadi réutilise une partie du discours "décolonial" et se plonge dans les "luttes intersectionnelles", avec recul. A travers son personnage, celui d'un beauf noir, il met en évidence l'africanité de pacotille de certains descendants de migrants, mais aussi l'homophobie et la misogynie, qui n'existent pas que chez les Blancs Leucodermes. A travers le personnage du psychologue (interprété par Fary, qui a la tête de Spike Lee jeune), il insinue que le racisme va parfois se nicher là où on ne l'attend pas. 

   Du coup, je pense que ce film va faire beaucoup de mécontents. Les racistes vont évidemment détester (sans même l'avoir vu ?), mais, comme Zadi égratigne un peu (beaucoup) le "camp du Bien", je ne suis pas certain que tous ses amis décoloniaux apprécient.

   Cela donne une œuvre un peu foutraque, moins maîtrisée que Tout Simplement Noir, mais avec des effets spéciaux très corrects. J'ai ri à plusieurs reprises, mais je trouve que certaines scènes tombent à plat.

Le Grand Déplacement

   Trois ans après le savoureux Tout Simplement noir, Jean-Pascal Zadi est de retour sur le grand écran avec une nouvelle comédie politico-sociale, un brin fantastique... mais surtout fantasque.

   La Côte-d'Ivoire, pays de naissance des parents du pilote Pierre Blé (et de Zadi, qui l'incarne), est une sorte de Wakanda francophone, un peu cheap, mais qui a mis au point, dans le plus grand secret, un programme spatial très ambitieux. C'est peut-être une allusion au Zaïre du dictateur Mobutu, dont l'activisme spatial a naguère fait l'objet d'une excellente bande dessinée.

   Tout cela n'est qu'un prétexte, pour dénoncer, outre la domination occidentale, les clichés (sur l'Afrique, les Africains, les femmes...) et pour pointer, incidemment, la pauvreté d'une grande partie des habitants. Zadi réutilise une partie du discours "décolonial" et se plonge dans les "luttes intersectionnelles", avec recul. A travers son personnage, celui d'un beauf noir, il met en évidence l'africanité de pacotille de certains descendants de migrants, mais aussi l'homophobie et la misogynie, qui n'existent pas que chez les Blancs Leucodermes. A travers le personnage du psychologue (interprété par Fary, qui a la tête de Spike Lee jeune), il insinue que le racisme va parfois se nicher là où on ne l'attend pas. 

   Du coup, je pense que ce film va faire beaucoup de mécontents. Les racistes vont évidemment détester (sans même l'avoir vu ?), mais, comme Zadi égratigne un peu (beaucoup) le "camp du Bien", je ne suis pas certain que tous ses amis décoloniaux apprécient.

   Cela donne une œuvre un peu foutraque, moins maîtrisée que Tout Simplement Noir, mais avec des effets spéciaux très corrects. J'ai ri à plusieurs reprises, mais je trouve que certaines scènes tombent à plat.

dimanche, 29 juin 2025

Peacock

   Matthias est le co-dirigeant et le meilleur employé d'un service de location très spécial. En effet, l'entreprise haut-de-gamme MyCompanion propose de louer qui un(e) ami, qui un(e) collègue, qui un fils... pour une durée déterminée. Le jeune homme a atteint un tel niveau de perfectionnisme qu'il se fonde dans chaque rôle qu'il endosse... ce qui fait qu'à l'écran, parfois, on a du mal à savoir (au début) si c'est le "Matthias loué" ou le "Matthias de la vraie vie" qui évolue devant nos yeux. C'est aussi ce que finit par se demander sa petite amie. (Le comédien, Albrecht Schuch, est formidable.)

   La première partie du film nous montre le fonctionnement de ce service singulier, sans doute inventé au Japon au tout début du siècle (et arrivé en France il y a quelques années). C'est souvent cocasse, quand on comprend ce qu'il y a d'artificiel dans certaines scènes. La vie de Matthias semble de prime abord parfaite : il est jeune, séduisant, cultivé, riche, vit dans une baraque de folie et a pour compagne une jeune femme séduisante, cultivée, riche. Apparemment, tous deux se comprennent à demi-mots. Ils n'ont toutefois pas d'enfant.

   Évidemment, cela va déraper, à partir du moment où la compagne en a assez de vivre avec un acteur professionnel. L'une des missions joue aussi un rôle, celle au cours de laquelle Matthias doit apprendre à une épouse âgée, qui en a marre d'être dénigrée, à soutenir une dispute avec son mari. La "formation" dispensée par Matthias va avoir des conséquences insoupçonnées...

   Malheureusement, à partir de là, le film devient très prévisible. En dépit d'un début prometteur, on comprend comment va tourner la nouvelle relation esquissée avec une Norvégienne croisée lors d'un concert de "musique d'avant-garde". (Pourtant, la séquence se déroulant le jour du concert était caustique à souhait.) On comprend aussi très vite comment la mission particulière (avec l'épouse rabaissée) va dégénérer... jusqu'au fameux anniversaire, qui ne peut pas bien se passer. Mais la colossale surprise mérite le détour et nous ramène à l'humour à froid du début.

   Du coup, j'ai plutôt aimé.

Peacock

   Matthias est le co-dirigeant et le meilleur employé d'un service de location très spécial. En effet, l'entreprise haut-de-gamme MyCompanion propose de louer qui un(e) ami, qui un(e) collègue, qui un fils... pour une durée déterminée. Le jeune homme a atteint un tel niveau de perfectionnisme qu'il se fonde dans chaque rôle qu'il endosse... ce qui fait qu'à l'écran, parfois, on a du mal à savoir (au début) si c'est le "Matthias loué" ou le "Matthias de la vraie vie" qui évolue devant nos yeux. C'est aussi ce que finit par se demander sa petite amie. (Le comédien, Albrecht Schuch, est formidable.)

   La première partie du film nous montre le fonctionnement de ce service singulier, sans doute inventé au Japon au tout début du siècle (et arrivé en France il y a quelques années). C'est souvent cocasse, quand on comprend ce qu'il y a d'artificiel dans certaines scènes. La vie de Matthias semble de prime abord parfaite : il est jeune, séduisant, cultivé, riche, vit dans une baraque de folie et a pour compagne une jeune femme séduisante, cultivée, riche. Apparemment, tous deux se comprennent à demi-mots. Ils n'ont toutefois pas d'enfant.

   Évidemment, cela va déraper, à partir du moment où la compagne en a assez de vivre avec un acteur professionnel. L'une des missions joue aussi un rôle, celle au cours de laquelle Matthias doit apprendre à une épouse âgée, qui en a marre d'être dénigrée, à soutenir une dispute avec son mari. La "formation" dispensée par Matthias va avoir des conséquences insoupçonnées...

   Malheureusement, à partir de là, le film devient très prévisible. En dépit d'un début prometteur, on comprend comment va tourner la nouvelle relation esquissée avec une Norvégienne croisée lors d'un concert de "musique d'avant-garde". (Pourtant, la séquence se déroulant le jour du concert était caustique à souhait.) On comprend aussi très vite comment la mission particulière (avec l'épouse rabaissée) va dégénérer... jusqu'au fameux anniversaire, qui ne peut pas bien se passer. Mais la colossale surprise mérite le détour et nous ramène à l'humour à froid du début.

   Du coup, j'ai plutôt aimé.

A Normal Family

   Le titre est bien entendu une antiphrase, puisque, par bien des aspects, cette famille, composée d'une grand-mère, de ses deux fils, de leurs épouses et de leurs enfants, frise l'anormalité dès le départ, avant de s'y plonger complètement, les apparences demeurant toutefois (presque) complètement lisses.

   Contrairement à ce que j'ai pu lire ou entendre ici et là, l'opposition des deux ménages (des deux frères) n'est pas une nouvelle version de Rich man, poor man. Si l'aîné, avocat pénaliste, est visiblement fortuné, le cadet, chef de service en chirurgie dans un hôpital, n'est pas un miséreux, loin de là. La véritable opposition se situe à un autre niveau : l'engagement, l'intégrité professionnelle. L'avocat, qui pourrait choisir de défendre de nobles et belles causes, accepte surtout des clients qui paient bien. De son côté, le chirurgien essaie de sauver tous ses malades, même ceux qui n'ont pas les moyens de payer.

   Leurs enfants semblent encore plus dissemblables. La fille de l'avocat, très émancipée, est une bonne élève, qui ambitionne de poursuivre ses études à Cambridge. C'est aussi une fêtarde, réputée bien tenir l'alcool... et une menteuse de première. Le fils du médecin, lui, est timoré, victime de harcèlement à l'école... et les coûteux cours particuliers payés par ses parents ne suffisent pas à améliorer ses résultats scolaires.

   Tout cela vole en éclat suite à deux faits divers : la mort d'un automobiliste colérique, renversé par un jeune chauffard en voiture de sport, et l'agression d'un SDF, une nuit, par deux adolescents.

   Le début du film ne fait intervenir que le premier fait divers. Le chauffard est défendu par le frère avocat, tandis que la fille de la victime est soignée dans le service du frère chirurgien.

   Là, vous vous rendez compte que je ne parle pas des épouses, qui pourtant jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue. Je trouve les trois principaux personnages féminins très caricaturaux. L'épouse de l'avocat est en fait sa deuxième compagne. C'est l'archétype d'une "femme trophée" (version XXIe siècle) : elle est jeune, belle, cultivée, mais ses propos ne révèlent pas une grande intelligence. L'épouse du chirurgien est une (ancienne) travailleuse humanitaire, une figure très positive au début de l'histoire. Mais, à partir du milieu du film, son personnage évolue de manière grotesque (prélude à l'évolution, tout aussi grotesque, du personnage du mari). Quant à l'adolescente, je crois avoir rarement rencontré un jeune personnage aussi faux et détestable sur grand écran. L'actrice est plutôt bonne. Elle réussit à maintenir un peu d'incertitude au départ, mais quiconque a déjà fréquenté des ados comprend très vite ce que cache cette apparence BCBG.

   Finalement, c'est peut-être le personnage du gamin le plus intéressant. C'est une victime qui se mue en potentiel prédateur (enfin quelque chose de sociologiquement fondé dans la caractérisation ultra-schématique des personnages). Je trouve que le jeune comédien joue très bien le garçon mutique, dont on ne sait trop ce qu'il pense, même quand il a l'air d'être sincère.

   J'ai trouvé le film savoureux quand il met en scène les écarts (financiers, éthiques, culturels, sexuels...) entre les deux couples. En revanche, pour moi, il ne devrait pas y avoir de dilemme, alors que c'est tout de même le soubassement des lonnnnnnnngs atermoiements des deux couples. De surcroît, on sent venir le coup de théâtre final, après le second dîner. 

   Du coup, je suis sorti de là mitigé. C'est du bon boulot, bien filmé, bien joué, mais cela ressemble plus à la mise en scène d'une théorie plaquée sur des personnages qu'à la représentation d'une situation réelle.

A Normal Family

   Le titre est bien entendu une antiphrase, puisque, par bien des aspects, cette famille, composée d'une grand-mère, de ses deux fils, de leurs épouses et de leurs enfants, frise l'anormalité dès le départ, avant de s'y plonger complètement, les apparences demeurant toutefois (presque) complètement lisses.

   Contrairement à ce que j'ai pu lire ou entendre ici et là, l'opposition des deux ménages (des deux frères) n'est pas une nouvelle version de Rich man, poor man. Si l'aîné, avocat pénaliste, est visiblement fortuné, le cadet, chef de service en chirurgie dans un hôpital, n'est pas un miséreux, loin de là. La véritable opposition se situe à un autre niveau : l'engagement, l'intégrité professionnelle. L'avocat, qui pourrait choisir de défendre de nobles et belles causes, accepte surtout des clients qui paient bien. De son côté, le chirurgien essaie de sauver tous ses malades, même ceux qui n'ont pas les moyens de payer.

   Leurs enfants semblent encore plus dissemblables. La fille de l'avocat, très émancipée, est une bonne élève, qui ambitionne de poursuivre ses études à Cambridge. C'est aussi une fêtarde, réputée bien tenir l'alcool... et une menteuse de première. Le fils du médecin, lui, est timoré, victime de harcèlement à l'école... et les coûteux cours particuliers payés par ses parents ne suffisent pas à améliorer ses résultats scolaires.

   Tout cela vole en éclat suite à deux faits divers : la mort d'un automobiliste colérique, renversé par un jeune chauffard en voiture de sport, et l'agression d'un SDF, une nuit, par deux adolescents.

   Le début du film ne fait intervenir que le premier fait divers. Le chauffard est défendu par le frère avocat, tandis que la fille de la victime est soignée dans le service du frère chirurgien.

   Là, vous vous rendez compte que je ne parle pas des épouses, qui pourtant jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue. Je trouve les trois principaux personnages féminins très caricaturaux. L'épouse de l'avocat est en fait sa deuxième compagne. C'est l'archétype d'une "femme trophée" (version XXIe siècle) : elle est jeune, belle, cultivée, mais ses propos ne révèlent pas une grande intelligence. L'épouse du chirurgien est une (ancienne) travailleuse humanitaire, une figure très positive au début de l'histoire. Mais, à partir du milieu du film, son personnage évolue de manière grotesque (prélude à l'évolution, tout aussi grotesque, du personnage du mari). Quant à l'adolescente, je crois avoir rarement rencontré un jeune personnage aussi faux et détestable sur grand écran. L'actrice est plutôt bonne. Elle réussit à maintenir un peu d'incertitude au départ, mais quiconque a déjà fréquenté des ados comprend très vite ce que cache cette apparence BCBG.

   Finalement, c'est peut-être le personnage du gamin le plus intéressant. C'est une victime qui se mue en potentiel prédateur (enfin quelque chose de sociologiquement fondé dans la caractérisation ultra-schématique des personnages). Je trouve que le jeune comédien joue très bien le garçon mutique, dont on ne sait trop ce qu'il pense, même quand il a l'air d'être sincère.

   J'ai trouvé le film savoureux quand il met en scène les écarts (financiers, éthiques, culturels, sexuels...) entre les deux couples. En revanche, pour moi, il ne devrait pas y avoir de dilemme, alors que c'est tout de même le soubassement des lonnnnnnnngs atermoiements des deux couples. De surcroît, on sent venir le coup de théâtre final, après le second dîner. 

   Du coup, je suis sorti de là mitigé. C'est du bon boulot, bien filmé, bien joué, mais cela ressemble plus à la mise en scène d'une théorie plaquée sur des personnages qu'à la représentation d'une situation réelle.

Once upon a time in Gaza

   Quatre ans après Gaza mon amour, les frères Nasser (Tarzan et Arab) sont de retour avec une sorte de polar, dont la première partie s'apparente à un Le Caire confidentiel palestinien, tandis que la seconde a un air de Ça tourne à Manhattan.

   Il convient de ne pas arriver en retard, sous peine de rater le début, qui est très important. Le film commence par des propos de... Donald Trump (que je laisse à chacun le plaisir de découvrir). La suite est aussi marquée par la masculinité toxique, puisqu'on y voit des militants du Hamas procéder à des "funérailles patriotiques" (islamistes), certains de ces crétins tirant en l'air, à balles réelles, en pleine zone urbaine...

   ...et puis, soudain, on nous propose l'extrait de ce qui semble être un (mauvais) film de propagande, un film d'action faisant l'éloge d'un rebelle palestinien. C'est assez représentatif du style des réalisateurs, marqué par un certain engagement (la dénonciation du sort des Gazaouis) et de l'ironie, qui peut s'appliquer à ceux qui, en 2007-2010, étaient les maîtres de la bande de Gaza.

   La suite constitue donc un polar politico-social, qui tourne autour d'un commerce de bouche, une échoppe réputée pour la qualité de ses falafels... et que certains clients connaissent aussi pour le "petit bonus" que le patron met dans ses produits... pour peu qu'on soit prêt à payer plus cher. Le commerce fonctionne à deux : le patron, trafiquant sur les bords, et son unique employé, un ancien étudiant devenu expert dans la confection des sandwichs orientaux. Le Jordanien Majd Eid est très convaincant dans le rôle de ce patron obèse, gros fumeur, un peu magouilleur, qui s'est pris d'affection pour l'employé qu'il n'oublie pas d'exploiter. De son côté, le Syrien Nader Abd Ahlay apparaît sous plusieurs visages dans le film. Je ne peux pas en dire trop, mais ce comédien inconnu a une palette de jeu très étendue.

   Un troisième homme intervient dans cette histoire, un officier de police (en treillis), sans doute aussi membre du Hamas... et pas très regardant sur les méthodes utilisées. Le film sous-entend qu'il est sans doute corrompu. Quoi qu'il en soit, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Un événement choc clôt la première partie.

   Dans la seconde, on retrouve deux des trois protagonistes, liés au tournage du film de propagande dont on a vu un extrait au début. C'est toujours tendu sur le fond, mais le tournage comporte quelques moments savoureux. Je pense notamment au passage durant lequel on voit un des acteurs (déjà pas très content de devoir incarner un soldat israélien) refusant de jeter un drapeau palestinien. Le réalisateur essaie de lui expliquer de cela fait partie du rôle... tout comme le fait de faire tomber un enfant au sol, sous les yeux de son père, furieux et prêt à casser la figure aux membres de l'équipe. Il faut aussi discipliner les habitants du quartier, qui se mettent parfois à applaudir pendant que ça tourne !

   On se demande comment les réalisateurs vont conclure leur histoire. Ils choisissent une pirouette, tragi-comique, qui nous ramène au début du film.

   Même si celui-ci n'est pas exempt de défauts, je trouve qu'il constitue une œuvre très originale, forte sur le plan émotionnel.

Once upon a time in Gaza

   Quatre ans après Gaza mon amour, les frères Nasser (Tarzan et Arab) sont de retour avec une sorte de polar, dont la première partie s'apparente à un Le Caire confidentiel palestinien, tandis que la seconde a un air de Ça tourne à Manhattan.

   Il convient de ne pas arriver en retard, sous peine de rater le début, qui est très important. Le film commence par des propos de... Donald Trump (que je laisse à chacun le plaisir de découvrir). La suite est aussi marquée par la masculinité toxique, puisqu'on y voit des militants du Hamas procéder à des "funérailles patriotiques" (islamistes), certains de ces crétins tirant en l'air, à balles réelles, en pleine zone urbaine...

   ...et puis, soudain, on nous propose l'extrait de ce qui semble être un (mauvais) film de propagande, un film d'action faisant l'éloge d'un rebelle palestinien. C'est assez représentatif du style des réalisateurs, marqué par un certain engagement (la dénonciation du sort des Gazaouis) et de l'ironie, qui peut s'appliquer à ceux qui, en 2007-2010, étaient les maîtres de la bande de Gaza.

   La suite constitue donc un polar politico-social, qui tourne autour d'un commerce de bouche, une échoppe réputée pour la qualité de ses falafels... et que certains clients connaissent aussi pour le "petit bonus" que le patron met dans ses produits... pour peu qu'on soit prêt à payer plus cher. Le commerce fonctionne à deux : le patron, trafiquant sur les bords, et son unique employé, un ancien étudiant devenu expert dans la confection des sandwichs orientaux. Le Jordanien Majd Eid est très convaincant dans le rôle de ce patron obèse, gros fumeur, un peu magouilleur, qui s'est pris d'affection pour l'employé qu'il n'oublie pas d'exploiter. De son côté, le Syrien Nader Abd Ahlay apparaît sous plusieurs visages dans le film. Je ne peux pas en dire trop, mais ce comédien inconnu a une palette de jeu très étendue.

   Un troisième homme intervient dans cette histoire, un officier de police (en treillis), sans doute aussi membre du Hamas... et pas très regardant sur les méthodes utilisées. Le film sous-entend qu'il est sans doute corrompu. Quoi qu'il en soit, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Un événement choc clôt la première partie.

   Dans la seconde, on retrouve deux des trois protagonistes, liés au tournage du film de propagande dont on a vu un extrait au début. C'est toujours tendu sur le fond, mais le tournage comporte quelques moments savoureux. Je pense notamment au passage durant lequel on voit un des acteurs (déjà pas très content de devoir incarner un soldat israélien) refusant de jeter un drapeau palestinien. Le réalisateur essaie de lui expliquer de cela fait partie du rôle... tout comme le fait de faire tomber un enfant au sol, sous les yeux de son père, furieux et prêt à casser la figure aux membres de l'équipe. Il faut aussi discipliner les habitants du quartier, qui se mettent parfois à applaudir pendant que ça tourne !

   On se demande comment les réalisateurs vont conclure leur histoire. Ils choisissent une pirouette, tragi-comique, qui nous ramène au début du film.

   Même si celui-ci n'est pas exempt de défauts, je trouve qu'il constitue une œuvre très originale, forte sur le plan émotionnel.

samedi, 28 juin 2025

F1

   Salut. Moi, c'est Brad. Officiellement, j'ai 61 piges. Mais tout le monde me dit que j'en fais vingt de moins. Qu'y puis-je, après tout ? Ma gueule d'ange ravit les dames, ma voix caverneuse fait frémir les clitoris des kilomètres à la ronde et mon regard de braise pourrait incendier à lui seul toute la forêt varoise. Quant à mon torse et à mon abdomen, ils sont divinement sculptés. J'ajoute que je possède une longue, très longue... cicatrice.

   Celle-ci, hélas, n'est pas naturelle, elle est liée à mon dernier rôle, celui d'un pilote automobile sur le retour. Je le dois à Joseph Kosinski, un pote. Un jour, il m'a téléphoné :

- Salut Brad. Je viens de voir ton torse sublime dans One upon a time in Hollywood. Ça te dirait de foutre la honte à de jeunes cons arrogants, au volant d'un truc qui va très vite ?

- Ta proposition est intéressante, Joe, mais cela ressemble bigrement à ce que tu es en train de produire, avec Tom [Cruise].

- Sauf que là ce seront des bagnoles de course, mec ! Avec toi dedans, des caméras embarquées et plein de trucs technologiques pour montrer aux peigne-culs que la F1, c'est pas un sport d'abrutis !

- Présenté comme ça, c'est alléchant. Mais, dis-moi, il n'y a pas que des voitures de course dans ton film ?

- Bien sûr que non, man ! On y parle des valeurs familiales, d'amour, du désir de s'élever, de rivalité, d'entraide... et aussi de pognon, bien sûr !

- Bien sûr. Ton vieux pilote, là, il n'est pas trop coureur de jupons ?

Non, tout ça c'est du passé. Il court après bien autre chose. C'est même l'un des enjeux du film.

- Tu m'as quand même prévu une petite histoire d'amour ?

- Une grande même, si tu veux !

- Et l'amoureuse, elle est comment ?

- Canon.

- Évidemment. Mais encore ?

- Blonde, la quarantaine, divorcée...

- Ce n'est pas le genre groupie, au moins ?

- Non, elle ne pense quasiment qu'au boulot. Elle est d'ailleurs hyper-compétente... mais, que veux-tu, quand ses pas croisent ceux du héros, son regard s'illumine, ses lèvres s'humectent, sa poitrine se soulève, ses cuisses...

- OK, je vois le topo. Qu'y a-t-il d'autre dans ton film ?

- Des courses de bagnoles, un peu partout dans le monde : au Royaume-Uni, en Hongrie, en Belgique, en Autriche, aux Pays-Bas, en France, au Japon et, pour finir, aux Émirats arabes unis.

- Super, on va voir du pays !

- Et tu ne connais pas la meilleure : j'ai obtenu la participation, en tant que figurants, de Lewis, Max, Oscar, Charles, Lando...

- Fiouuu, ça promet !

- Et tu verras, au niveau du son, ça va dépoter. Dans les salles bien équipées, les spectateurs sentiront le sol vibrer sous leurs pieds !

- Banco, Joe ! Je vais de ce pas doubler mes séances de Pilates.

23:50 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

F1

   Salut. Moi, c'est Brad. Officiellement, j'ai 61 piges. Mais tout le monde me dit que j'en fais vingt de moins. Qu'y puis-je, après tout ? Ma gueule d'ange ravit les dames, ma voix caverneuse fait frémir les clitoris des kilomètres à la ronde et mon regard de braise pourrait incendier à lui seul toute la forêt varoise. Quant à mon torse et à mon abdomen, ils sont divinement sculptés. J'ajoute que je possède une longue, très longue... cicatrice.

   Celle-ci, hélas, n'est pas naturelle, elle est liée à mon dernier rôle, celui d'un pilote automobile sur le retour. Je le dois à Joseph Kosinski, un pote. Un jour, il m'a téléphoné :

- Salut Brad. Je viens de voir ton torse sublime dans One upon a time in Hollywood. Ça te dirait de foutre la honte à de jeunes cons arrogants, au volant d'un truc qui va très vite ?

- Ta proposition est intéressante, Joe, mais cela ressemble bigrement à ce que tu es en train de produire, avec Tom [Cruise].

- Sauf que là ce seront des bagnoles de course, mec ! Avec toi dedans, des caméras embarquées et plein de trucs technologiques pour montrer aux peigne-culs que la F1, c'est pas un sport d'abrutis !

- Présenté comme ça, c'est alléchant. Mais, dis-moi, il n'y a pas que des voitures de course dans ton film ?

- Bien sûr que non, man ! On y parle des valeurs familiales, d'amour, du désir de s'élever, de rivalité, d'entraide... et aussi de pognon, bien sûr !

- Bien sûr. Ton vieux pilote, là, il n'est pas trop coureur de jupons ?

Non, tout ça c'est du passé. Il court après bien autre chose. C'est même l'un des enjeux du film.

- Tu m'as quand même prévu une petite histoire d'amour ?

- Une grande même, si tu veux !

- Et l'amoureuse, elle est comment ?

- Canon.

- Évidemment. Mais encore ?

- Blonde, la quarantaine, divorcée...

- Ce n'est pas le genre groupie, au moins ?

- Non, elle ne pense quasiment qu'au boulot. Elle est d'ailleurs hyper-compétente... mais, que veux-tu, quand ses pas croisent ceux du héros, son regard s'illumine, ses lèvres s'humectent, sa poitrine se soulève, ses cuisses...

- OK, je vois le topo. Qu'y a-t-il d'autre dans ton film ?

- Des courses de bagnoles, un peu partout dans le monde : au Royaume-Uni, en Hongrie, en Belgique, en Autriche, aux Pays-Bas, en France, au Japon et, pour finir, aux Émirats arabes unis.

- Super, on va voir du pays !

- Et tu ne connais pas la meilleure : j'ai obtenu la participation, en tant que figurants, de Lewis, Max, Oscar, Charles, Lando...

- Fiouuu, ça promet !

- Et tu verras, au niveau du son, ça va dépoter. Dans les salles bien équipées, les spectateurs sentiront le sol vibrer sous leurs pieds !

- Banco, Joe ! Je vais de ce pas doubler mes séances de Pilates.

23:50 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 26 juin 2025

Amélie et la métaphysique des tubes

   Ce film d'animation adapte la fiction autobiographique d'Amélie Nothomb (qui vient d'être rééditée en livre de poche). Jadis, l'auteure d'Hygiène de l'assassin avait imaginé raconter sa vie de 0 à 3 ans. Ce présupposé a été conservé dans l'adaptation, où quelques modifications de détail ont été opérées (notamment dans la chronologie des événements). L'essentiel a été préservé et les auteurs ont tenté de donner une existence visuelle aux doux délires de l'écrivaine.

   A celles et ceux qui ne connaîtraient pas le roman d'origine, il convient d'abord d'expliquer ce que sont ces tubes : une incarnation de Dieu, pour lequel se prend, dans un premier temps, le bébé. Des liens sont établis avec d'autres tubes remarquables, comme le biberon (uniquement dans le roman), le corps d'un aspirateur, des (emblèmes de) carpes...

   Notons que l’œuvre prend parfois une tournure féministe, puisque, dans le Japon du début des années 1970 (où se sont installés les parents d'Amélie), les garçons sont clairement privilégiés par rapport aux filles, comme le prouve la fameuse journée des carpes... mais la (très) petite Amélie ne va pas se laisser faire... surtout pas par son frère aîné, qui n'arrête pas de l'embêter.

   Les personnages masculins (principalement ceux du père et du grand frère) sont toutefois au second plan. L'intrigue insiste sur la relation quasi fusionnelle qui naît entre Amélie et la domestique japonaise de ses parents, qui devient une sorte de mère de substitution. Leurs relations sont l'occasion pour la gamine (et les spectateurs) de découvrir certains pans de la culture japonaise. Cela nous vaut notamment une très belle séquence autour des livres.

   Le roman comme le film ne masquent pas ce qu'ont subi les civils japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à travers le passé de la domestique et celui de celle qui, dans le film, est la propriétaire désargentée de la maison où résident les parents d'Amélie. On a un peu atténué le côté agressif de celle-ci et l'on a évité de représenter les scènes les plus horribles, qui sont pourtant détaillées dans le roman. On a donc voulu faire une œuvre visible par les petits comme les grands.

   L'animation rend hommage aux classiques japonais. Les enfants ont de grosses têtes et de grands yeux. Un soin particulier a été apporté à la représentation de l'univers culinaire et à tout ce qui touche à la nature (animaux comme végétaux). La petite Amélie se découvre un lien particulier avec l'eau et c'est mis en scène avec inventivité.

   Cela ne dure qu'1h20 et je me suis régalé... tout seul dans la salle !

   P.S.

   Voici la couverture de la nouvelle édition de poche du roman :

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   Il est plus noir que le film d'animation, notamment parce qu'il évoque davantage les pulsions suicidaires de l'héroïne.

Amélie et la métaphysique des tubes

   Ce film d'animation adapte la fiction autobiographique d'Amélie Nothomb (qui vient d'être rééditée en livre de poche). Jadis, l'auteure d'Hygiène de l'assassin avait imaginé raconter sa vie de 0 à 3 ans. Ce présupposé a été conservé dans l'adaptation, où quelques modifications de détail ont été opérées (notamment dans la chronologie des événements). L'essentiel a été préservé et les auteurs ont tenté de donner une existence visuelle aux doux délires de l'écrivaine.

   A celles et ceux qui ne connaîtraient pas le roman d'origine, il convient d'abord d'expliquer ce que sont ces tubes : une incarnation de Dieu, pour lequel se prend, dans un premier temps, le bébé. Des liens sont établis avec d'autres tubes remarquables, comme le biberon (uniquement dans le roman), le corps d'un aspirateur, des (emblèmes de) carpes...

   Notons que l’œuvre prend parfois une tournure féministe, puisque, dans le Japon du début des années 1970 (où se sont installés les parents d'Amélie), les garçons sont clairement privilégiés par rapport aux filles, comme le prouve la fameuse journée des carpes... mais la (très) petite Amélie ne va pas se laisser faire... surtout pas par son frère aîné, qui n'arrête pas de l'embêter.

   Les personnages masculins (principalement ceux du père et du grand frère) sont toutefois au second plan. L'intrigue insiste sur la relation quasi fusionnelle qui naît entre Amélie et la domestique japonaise de ses parents, qui devient une sorte de mère de substitution. Leurs relations sont l'occasion pour la gamine (et les spectateurs) de découvrir certains pans de la culture japonaise. Cela nous vaut notamment une très belle séquence autour des livres.

   Le roman comme le film ne masquent pas ce qu'ont subi les civils japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à travers le passé de la domestique et celui de celle qui, dans le film, est la propriétaire désargentée de la maison où résident les parents d'Amélie. On a un peu atténué le côté agressif de celle-ci et l'on a évité de représenter les scènes les plus horribles, qui sont pourtant détaillées dans le roman. On a donc voulu faire une œuvre visible par les petits comme les grands.

   L'animation rend hommage aux classiques japonais. Les enfants ont de grosses têtes et de grands yeux. Un soin particulier a été apporté à la représentation de l'univers culinaire et à tout ce qui touche à la nature (animaux comme végétaux). La petite Amélie se découvre un lien particulier avec l'eau et c'est mis en scène avec inventivité.

   Cela ne dure qu'1h20 et je me suis régalé... tout seul dans la salle !

   P.S.

   Voici la couverture de la nouvelle édition de poche du roman :

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   Il est plus noir que le film d'animation, notamment parce qu'il évoque davantage les pulsions suicidaires de l'héroïne.

mardi, 24 juin 2025

Le Répondeur

   Cette comédie sociétale fonctionne sur des bases semblables à d'autres, comme Le Jouet : un homme devient (volontairement) l'instrument d'un autre, le premier étant issu d'un milieu beaucoup plus modeste que le second.

   Les deux premières scènes nous mettent dans le bain, avec Baptiste travaillant comme téléopérateur, puis tentant de percer, dans un "seul en scène". Dans les deux cas, le personnage fait montre de ses qualités d'imitateur. Attention toutefois : le comédien Salif Cissé ne réalise pas les imitations, qui sont dues à d'autres personnes. Un (habile) montage numérique fait croire à la supercherie (notamment quand Baptiste se met à répondre au téléphone à la place de l'écrivain Pierre Chozène). Le talent du comédien est d'avoir assimilé les mimiques et les postures des personnes dont il est censé reproduire la voix. Il est parfaitement crédible en imitateur.

   Cela aurait pu donner naissance à quantité de situations cocasses, mais la réalisatrice Fabienne Godet a décidé d'orienter son film du côté du conte moral. Elle veut traiter d'abord des relations familiales, d'amour et d'amitié. Son intrigue est fondée sur le mensonge : l'écrivain fait croire à ses proches qu'il leur répond au téléphone et son employé très spécial se garde de révéler à sa fille quel rôle il joue pour son père. 

   Baptiste ne se contente pas de suivre les instructions qui lui sont données. Il prend quelques initiatives. L'histoire semble d'abord nous dire que d'un (petit) mal peut surgir un (grand) bien... mais la vérité finit par rattraper tous les personnages.

   C'est agréable à suivre, parfois drôle, notamment dans la peinture du monde culturel germanopratin parisien (écrivains, éditeurs, journalistes, peintres, galeristes...). Toutefois, à partir du moment où Baptiste, engagé par Pierre, commence à officier, c'est très prévisible. J'ai aussi noté une grosse invraisemblance : quand Baptiste commence à (longuement) poser pour Elsa, il a le portable du père avec lui, auquel il est censé répondre, en imitant sa voix. Or, comme par miracle, jamais celui-ci ne sonne pendant ces séances de pose.

   C'est une comédie "sympatoche", pas vulgaire, dans l'air du temps.

16:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Répondeur

   Cette comédie sociétale fonctionne sur des bases semblables à d'autres, comme Le Jouet : un homme devient (volontairement) l'instrument d'un autre, le premier étant issu d'un milieu beaucoup plus modeste que le second.

   Les deux premières scènes nous mettent dans le bain, avec Baptiste travaillant comme téléopérateur, puis tentant de percer, dans un "seul en scène". Dans les deux cas, le personnage fait montre de ses qualités d'imitateur. Attention toutefois : le comédien Salif Cissé ne réalise pas les imitations, qui sont dues à d'autres personnes. Un (habile) montage numérique fait croire à la supercherie (notamment quand Baptiste se met à répondre au téléphone à la place de l'écrivain Pierre Chozène). Le talent du comédien est d'avoir assimilé les mimiques et les postures des personnes dont il est censé reproduire la voix. Il est parfaitement crédible en imitateur.

   Cela aurait pu donner naissance à quantité de situations cocasses, mais la réalisatrice Fabienne Godet a décidé d'orienter son film du côté du conte moral. Elle veut traiter d'abord des relations familiales, d'amour et d'amitié. Son intrigue est fondée sur le mensonge : l'écrivain fait croire à ses proches qu'il leur répond au téléphone et son employé très spécial se garde de révéler à sa fille quel rôle il joue pour son père. 

   Baptiste ne se contente pas de suivre les instructions qui lui sont données. Il prend quelques initiatives. L'histoire semble d'abord nous dire que d'un (petit) mal peut surgir un (grand) bien... mais la vérité finit par rattraper tous les personnages.

   C'est agréable à suivre, parfois drôle, notamment dans la peinture du monde culturel germanopratin parisien (écrivains, éditeurs, journalistes, peintres, galeristes...). Toutefois, à partir du moment où Baptiste, engagé par Pierre, commence à officier, c'est très prévisible. J'ai aussi noté une grosse invraisemblance : quand Baptiste commence à (longuement) poser pour Elsa, il a le portable du père avec lui, auquel il est censé répondre, en imitant sa voix. Or, comme par miracle, jamais celui-ci ne sonne pendant ces séances de pose.

   C'est une comédie "sympatoche", pas vulgaire, dans l'air du temps.

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samedi, 21 juin 2025

Les Mots qu'elles eurent un jour

   ... mais qui ont été perdus. C'est ainsi qu'on pourrait compléter le titre de ce documentaire consacré à une vingtaine de "moudjahidate", des indépendantistes algériennes qui avaient été emprisonnées, durant la Guerre d'Algérie (1954-1962) .

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Elles avaient été filmées en 1962, à leur sortie de prison, mais les bobines avaient disparu. Certaines ont été retrouvées par hasard, formant un corpus d'environ 40 minutes, mais sans le son (enregistré à part, à l'époque). Depuis une douzaine d'années, le documentariste Raphaël Pillosio mène l'enquête, dont le déroulement et les résultats sont présentés dans ce film.

   Les extraits du matériau de 1962 alternent avec d'autres images d'archives (notamment d'actualités anciennes) et des entretiens réalisés au XXIe siècle.

   Ces femmes (en 1962) sont jeunes, toutes vêtues "à l'occidentale", mais d'origines et de cultures différentes : arabes, berbères, pieds-noirs, musulmanes, chrétiennes, juives, athées. Celles qui ont été retrouvées, des années après, et qui ont accepté de témoigner, disent avoir voulu "faire la révolution" ou tout simplement se battre contre la domination française. Certaines d'entre elles évoquent l'aspect féministe de leur engagement, le point sur lequel "l'Algérie nouvelle" (indépendante) les a sans doute le plus déçues, puisque les mecs qui sont arrivés au pouvoir ont vu d'un mauvais œil l'activisme de celles qui étaient pour eux d'abord des compagnes et des (futures) femmes au foyer.

   Vous aurez d'ailleurs peut-être remarqué, sur la photographie qui illustre ce billet, la présence de deux hommes (le troisième étant sans doute un technicien), qui ne s'expriment jamais, mais semblent surveiller ce qu'il se passe pendant ce tournage militant. (On finit par apprendre que toute l'équipe est constituée de sympathisants de la cause algérienne, sans doute marxistes.) Ils avaient été envoyés par le nouveau pouvoir algérien, pour rapatrier au plus vite les prisonnières de métropole. Le réalisateur raconte comment il a tenté de retrouver l'un des deux hommes.

   N'étant pas parvenu à mettre la main sur la bande son, il a pensé pouvoir compter sur les souvenirs des participantes. Mais, 50 à 60 ans plus tard, ils se sont le plus souvent effilochés. Du coup, il a eu recours à des spécialistes de lecture labiale, avec des résultats mitigés. (En tout cas, les échanges filmés se sont tenus en français.)

   Certains moments sont poignants, comme l'évocation qu'une séance de torture (par des militaires français). On regrette d'autant plus que ces femmes n'aient pas été davantage interrogées sur les conséquences de leurs actes. Je crois qu'environ la moitié de celles qui s'expriment ont, à un moment ou à un autre, été des porteuses/poseuses de bombes. C'est la principale limite de ce documentaire au demeurant fort intéressant.

   Peut-être qu'un jour, le recours à une intelligence artificielle permettra de décrypter intégralement les conversations de 1962, ces bobines constituant une matière brute de grand intérêt.

Les Mots qu'elles eurent un jour

   ... mais qui ont été perdus. C'est ainsi qu'on pourrait compléter le titre de ce documentaire consacré à une vingtaine de "moudjahidate", des indépendantistes algériennes qui avaient été emprisonnées, durant la Guerre d'Algérie (1954-1962) .

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   Elles avaient été filmées en 1962, à leur sortie de prison, mais les bobines avaient disparu. Certaines ont été retrouvées par hasard, formant un corpus d'environ 40 minutes, mais sans le son (enregistré à part, à l'époque). Depuis une douzaine d'années, le documentariste Raphaël Pillosio mène l'enquête, dont le déroulement et les résultats sont présentés dans ce film.

   Les extraits du matériau de 1962 alternent avec d'autres images d'archives (notamment d'actualités anciennes) et des entretiens réalisés au XXIe siècle.

   Ces femmes (en 1962) sont jeunes, toutes vêtues "à l'occidentale", mais d'origines et de cultures différentes : arabes, berbères, pieds-noirs, musulmanes, chrétiennes, juives, athées. Celles qui ont été retrouvées, des années après, et qui ont accepté de témoigner, disent avoir voulu "faire la révolution" ou tout simplement se battre contre la domination française. Certaines d'entre elles évoquent l'aspect féministe de leur engagement, le point sur lequel "l'Algérie nouvelle" (indépendante) les a sans doute le plus déçues, puisque les mecs qui sont arrivés au pouvoir ont vu d'un mauvais œil l'activisme de celles qui étaient pour eux d'abord des compagnes et des (futures) femmes au foyer.

   Vous aurez d'ailleurs peut-être remarqué, sur la photographie qui illustre ce billet, la présence de deux hommes (le troisième étant sans doute un technicien), qui ne s'expriment jamais, mais semblent surveiller ce qu'il se passe pendant ce tournage militant. (On finit par apprendre que toute l'équipe est constituée de sympathisants de la cause algérienne, sans doute marxistes.) Ils avaient été envoyés par le nouveau pouvoir algérien, pour rapatrier au plus vite les prisonnières de métropole. Le réalisateur raconte comment il a tenté de retrouver l'un des deux hommes.

   N'étant pas parvenu à mettre la main sur la bande son, il a pensé pouvoir compter sur les souvenirs des participantes. Mais, 50 à 60 ans plus tard, ils se sont le plus souvent effilochés. Du coup, il a eu recours à des spécialistes de lecture labiale, avec des résultats mitigés. (En tout cas, les échanges filmés se sont tenus en français.)

   Certains moments sont poignants, comme l'évocation qu'une séance de torture (par des militaires français). On regrette d'autant plus que ces femmes n'aient pas été davantage interrogées sur les conséquences de leurs actes. Je crois qu'environ la moitié de celles qui s'expriment ont, à un moment ou à un autre, été des porteuses/poseuses de bombes. C'est la principale limite de ce documentaire au demeurant fort intéressant.

   Peut-être qu'un jour, le recours à une intelligence artificielle permettra de décrypter intégralement les conversations de 1962, ces bobines constituant une matière brute de grand intérêt.

mardi, 17 juin 2025

The Beekeeper

   Ce film d'action a été tourné pour une plateforme. Il y a été mis en ligne l'an dernier, mais je ne l'ai vu qu'après sa récente diffusion sur TF1, en replay. Son titre, que l'on peut traduire par "L'Apiculteur", est à double sens. Au sens premier, il désigne un éleveur d'abeilles, comme l'énigmatique Adam Clay, qu'incarne un Jason Statham barbu, au début de l'histoire.

cinéma,cinema,film,films

   Il vit à l'écart du monde, entretenant juste quelques contacts avec la propriétaire des locaux qu'il occupe, une enseignante à la retraite incarnée par Phylicia Rashad, qui fut jadis la délicieuse Clair Huxtable, dans le Cosby Show.

cinéma,cinema,film,films

      Pas de bol pour Adam : le soir où sa proprio l'invite à dîner, il la retrouve morte. Elle n'a pas supporté de se faire dépouiller (elle et l'association caritative dont elle s'occupe) par d'arrogants et habiles escrocs en ligne. Adam décide de la venger.

   Pas de bol pour les escrocs : Adam est un (ancien) Beekeeper, un impitoyable tueur employé naguère par les services secrets états-uniens pour "faire le sale boulot", en toute discrétion.

   A partir de là, David Ayer (réalisateur, entre autres, du premier Suicide Squad et de Fury) nous emporte dans une farandole de violence vengeresse. La première séquence ultra-vitaminée nous conduit dans l'immeuble qui héberge le groupe d'escrocs numériques... qui ne sont que les petites mains d'une entreprise de plus grande envergure, à laquelle Adam décide de s'attaquer aussi. Cela nous vaut d'autres moments d'adrénaline, au QG de la boîte d'escrocs, mais aussi à la campagne, dans une grange, transformée en zone de combat/torture/meurtre (et plus si affinités).

   Dans le même temps, le héros est pourchassé par le FBI, pour lequel travaille... la fille de l'enseignante décédée. Cruel dilemme pour elle (et son partenaire) : elle finit par trouver sa croisade justifiée, mais elle n'en approuve pas les méthodes. Cette policière est incarnée par Emmy Raver-Lampman, qu'on a pu voir dans Blacklight, aux côtés de Liam Neeson. Contrairement à ce dernier, Statham pète la forme et, en un peu plus d'1h30, il va corriger aussi bien des agents de sécurité, des militaires, des commandos du FBI qu'une bande de mercenaires déjantés... sans oublier le plus dingo de ses adversaires, que Clay, officiellement retraité de la CIA, affronte dans une station service : son successeur.

   L'histoire se conclut au cours d'un anniversaire de prestige. Statham croise sur sa route Jeremy Irons et Jemma Redgrave. Tout ce petit monde surjoue un peu mais, franchement, les scènes d'action sont de très bon niveau.

21:58 Publié dans Cinéma, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

The Beekeeper

   Ce film d'action a été tourné pour une plateforme. Il y a été mis en ligne l'an dernier, mais je ne l'ai vu qu'après sa récente diffusion sur TF1, en replay. Son titre, que l'on peut traduire par "L'Apiculteur", est à double sens. Au sens premier, il désigne un éleveur d'abeilles, comme l'énigmatique Adam Clay, qu'incarne un Jason Statham barbu, au début de l'histoire.

cinéma,cinema,film,films

   Il vit à l'écart du monde, entretenant juste quelques contacts avec la propriétaire des locaux qu'il occupe, une enseignante à la retraite incarnée par Phylicia Rashad, qui fut jadis la délicieuse Clair Huxtable, dans le Cosby Show.

cinéma,cinema,film,films

      Pas de bol pour Adam : le soir où sa proprio l'invite à dîner, il la retrouve morte. Elle n'a pas supporté de se faire dépouiller (elle et l'association caritative dont elle s'occupe) par d'arrogants et habiles escrocs en ligne. Adam décide de la venger.

   Pas de bol pour les escrocs : Adam est un (ancien) Beekeeper, un impitoyable tueur employé naguère par les services secrets états-uniens pour "faire le sale boulot", en toute discrétion.

   A partir de là, David Ayer (réalisateur, entre autres, du premier Suicide Squad et de Fury) nous emporte dans une farandole de violence vengeresse. La première séquence ultra-vitaminée nous conduit dans l'immeuble qui héberge le groupe d'escrocs numériques... qui ne sont que les petites mains d'une entreprise de plus grande envergure, à laquelle Adam décide de s'attaquer aussi. Cela nous vaut d'autres moments d'adrénaline, au QG de la boîte d'escrocs, mais aussi à la campagne, dans une grange, transformée en zone de combat/torture/meurtre (et plus si affinités).

   Dans le même temps, le héros est pourchassé par le FBI, pour lequel travaille... la fille de l'enseignante décédée. Cruel dilemme pour elle (et son partenaire) : elle finit par trouver sa croisade justifiée, mais elle n'en approuve pas les méthodes. Cette policière est incarnée par Emmy Raver-Lampman, qu'on a pu voir dans Blacklight, aux côtés de Liam Neeson. Contrairement à ce dernier, Statham pète la forme et, en un peu plus d'1h30, il va corriger aussi bien des agents de sécurité, des militaires, des commandos du FBI qu'une bande de mercenaires déjantés... sans oublier le plus dingo de ses adversaires, que Clay, officiellement retraité de la CIA, affronte dans une station service : son successeur.

   L'histoire se conclut au cours d'un anniversaire de prestige. Statham croise sur sa route Jeremy Irons et Jemma Redgrave. Tout ce petit monde surjoue un peu mais, franchement, les scènes d'action sont de très bon niveau.

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lundi, 16 juin 2025

Life of Chuck

   Cet étrange biopic (construit antéchronologiquement) est consacré à un illustre inconnu, Charles Chuck Krantz, dont les photographies illustrent quantité de publicités dans les médias états-uniens (notamment au Nevada) de plus en plus présentes à mesure que le monde s'effondre. Toutes ces publicités le remercient pour "ces 39 années". On pense à un départ à la retraite, celui de  ce comptable qui semble sorti tout droit d'un film des frères Coen. Mais il paraît bien jeune pour un futur retraité...

   En attendant d'éclaircir ce mystère, on est plongé dans un monde apocalyptique, où toutes les catastrophes possibles surviennent dans un court laps de temps. C'est évidemment peu vraisemblable, tout comme l'incroyable concentration de connerie humaine chez les parents d'élèves que rencontre un professeur des écoles dévoué (Chiwetel Ejiofor, sans doute tellement emballé par son rôle que, dans la foulée, il a signé pour le dernier Bridget Jones). C'est aussi cocasse, quand l'un des parents révèle ce qui lui manque le plus depuis la coupure d'internet...

   Comme il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle de Stephen King (déjà à l'honneur cette année avec The Monkey), on se dit qu'il y a anguille sous roche, le fantastique étant peut-être à l’œuvre... A la fin de cet acte III (proposé donc en premier), les spectateurs les plus vigilants auront compris à quoi correspond ce qu'on vient de nous montrer à l'écran. Allez, comme je suis d'humeur généreuse...

 

 

UN INDICE

 

 

 

CHEZ VOUS

 

 

 

 

AU BAS DE VOTRE ÉCRAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mulholland Drive

 

   Durant l'acte II, on découvre Chuck à l'âge adulte, en déplacement professionnel. De manière totalement inattendue, le film prend l'aspect d'une comédie musicale... faussement improvisée. (Je ne suis pas un gros fan de La La Land...) La séquence dégage tout de même une belle énergie... et, surtout, quand on sait de quoi il retourne, au fond, elle est poignante. Dans le rôle titre, Tom Hiddleston réussit à faire oublier qu'il a interprété Loki (et je trouve qu'on lui a fait une tête un peu à la Matthew McConaughey).

   L'acte I remonte à l'enfance et à l'adolescence de Chuck, en compagnie de ses grands-parents. J'ai beaucoup aimé cette partie-là, où j'ai trouvé tous les comédiens impeccables, des plus âgés (Mark Hamill et Mia Sara) aux plus jeunes (notamment Benjamin Pajak). Le mystère semble dans un premier temps s'épaissir, d'autant que d'étranges liens avec l'acte III nous sont proposés. La voix-off contribue à éclaircir définitivement les choses pour les plus lents des esprits.

   Au final, la construction inversée se justifie par la volonté de ne pas terminer l'histoire par sa partie la plus sombre. Cela nuit un peu au suspens, mais les éléments disséminés ici et là pour dérouter les spectateurs entretiennent l'intérêt. Cela donne un beau film dans tous les sens du terme : plaisant à voir au plan visuel et baignant dans une belle humanité, avec des valeurs simples, en dépit de la complexité du monde. C'est quasiment une œuvre philosophique.

00:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Life of Chuck

   Cet étrange biopic (construit antéchronologiquement) est consacré à un illustre inconnu, Charles Chuck Krantz, dont les photographies illustrent quantité de publicités dans les médias états-uniens (notamment au Nevada) de plus en plus présentes à mesure que le monde s'effondre. Toutes ces publicités le remercient pour "ces 39 années". On pense à un départ à la retraite, celui de  ce comptable qui semble sorti tout droit d'un film des frères Coen. Mais il paraît bien jeune pour un futur retraité...

   En attendant d'éclaircir ce mystère, on est plongé dans un monde apocalyptique, où toutes les catastrophes possibles surviennent dans un court laps de temps. C'est évidemment peu vraisemblable, tout comme l'incroyable concentration de connerie humaine chez les parents d'élèves que rencontre un professeur des écoles dévoué (Chiwetel Ejiofor, sans doute tellement emballé par son rôle que, dans la foulée, il a signé pour le dernier Bridget Jones). C'est aussi cocasse, quand l'un des parents révèle ce qui lui manque le plus depuis la coupure d'internet...

   Comme il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle de Stephen King (déjà à l'honneur cette année avec The Monkey), on se dit qu'il y a anguille sous roche, le fantastique étant peut-être à l’œuvre... A la fin de cet acte III (proposé donc en premier), les spectateurs les plus vigilants auront compris à quoi correspond ce qu'on vient de nous montrer à l'écran. Allez, comme je suis d'humeur généreuse...

 

 

UN INDICE

 

 

 

CHEZ VOUS

 

 

 

 

AU BAS DE VOTRE ÉCRAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mulholland Drive

 

   Durant l'acte II, on découvre Chuck à l'âge adulte, en déplacement professionnel. De manière totalement inattendue, le film prend l'aspect d'une comédie musicale... faussement improvisée. (Je ne suis pas un gros fan de La La Land...) La séquence dégage tout de même une belle énergie... et, surtout, quand on sait de quoi il retourne, au fond, elle est poignante. Dans le rôle titre, Tom Hiddleston réussit à faire oublier qu'il a interprété Loki (et je trouve qu'on lui a fait une tête un peu à la Matthew McConaughey).

   L'acte I remonte à l'enfance et à l'adolescence de Chuck, en compagnie de ses grands-parents. J'ai beaucoup aimé cette partie-là, où j'ai trouvé tous les comédiens impeccables, des plus âgés (Mark Hamill et Mia Sara) aux plus jeunes (notamment Benjamin Pajak). Le mystère semble dans un premier temps s'épaissir, d'autant que d'étranges liens avec l'acte III nous sont proposés. La voix-off contribue à éclaircir définitivement les choses pour les plus lents des esprits.

   Au final, la construction inversée se justifie par la volonté de ne pas terminer l'histoire par sa partie la plus sombre. Cela nuit un peu au suspens, mais les éléments disséminés ici et là pour dérouter les spectateurs entretiennent l'intérêt. Cela donne un beau film dans tous les sens du terme : plaisant à voir au plan visuel et baignant dans une belle humanité, avec des valeurs simples, en dépit de la complexité du monde. C'est quasiment une œuvre philosophique.

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samedi, 14 juin 2025

Vacances forcées

   Cette comédie française "familiale" commence par des images d'archives, notamment celles des premiers congés payés, à l'époque du Front populaire (le vrai, pas ses pâles copies). C'est d'ailleurs sous ce gouvernement de gauche que fut créée la SNCF, où travaille (de nos jours) le héros de l'histoire, Cyril (Clovis Cornillac), le roi de l'apéro et de la glande, qui est encore en arrêt maladie... juste avant de partir en congés ! (Mais, méfions-nous, les apparences sont parfois trompeuses...)

   Au début, j'étais inquiet. Les scénaristes nous ont bricolé trois groupes de personnages assez antipathiques (surtout dans la première partie). Cyril a trois enfants, l'aîné (qui ressemble à Adam Driver jeune) commençant à déraper. Heureusement qu'il y a son épouse, incarnée par Aure Atika (scandaleusement bien gaulée), qui gère, comme on dit.

   C'est aussi le cas de Daphné, l'épouse angoissée d'Eric le dentiste des stars, qui, lui, pense essentiellement à son boulot. Elle fait tenir leur couple, gardant un lien privilégié avec son fils diagnostiqué HPI (une véritable tête à claques ambulante). Notons que les parents sont interprétés par deux très bons acteurs : Pauline Clément (qui a des airs de Frédérique Bel) et Bertrand Usclat (qu'on pourrait presque prendre pour Benjamin Lavernhe).

cinéma,cinema,film,films

   Ces deux familles vont se retrouver, le temps des vacances, dans la même (superbe) villa... où les rejoint un étrange duo, composé d'un éditeur pédant (Laurent Stocker, excellent comme d'hab') et d'une influenceuse apprentie-écrivaine (Claïna Clavaron, une révélation).

   Chacun de ces groupes pensait se retrouver seul dans la villa. Dans des circonstances que je me garderai de dévoiler, tout ce beau monde est amené à cohabiter. Les tensions intrafamiliales ressortent, auxquelles s'ajoutent les querelles entre groupes, à fort soubassement social : la villa fait se côtoyer des personnes qui, aujourd'hui, en France, ne se croisent plus, ne se parlent (quasiment) plus : petite bourgeoisie de banlieue, grands bourgeois de Neuilly, intello germanopratin et vedette des réseaux "issue de la diversité", comme on dit.

   Je dois reconnaître que, même si la plupart des personnages m'ont souvent agacé, leurs interactions m'ont beaucoup amusé. C'est vraiment bien joué, avec de bons dialogues, des situations cocasses. Au fur et à mesure se produit ce qu'on pressent depuis le début : le rapprochement entre ceux qui, de prime abord, ne s'appréciaient pas. Pour cela, il faut attendre que les faiblesses de chacun(e) soient dévoilées.

   Le scénario est donc cousu de fil blanc... jusqu'au dernier quart d'heure. Une  péripétie inattendue se produit, qui donne plus de profondeur à l'intrigue.

   Je suis sorti de là de très bonne humeur.

21:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Vacances forcées

   Cette comédie française "familiale" commence par des images d'archives, notamment celles des premiers congés payés, à l'époque du Front populaire (le vrai, pas ses pâles copies). C'est d'ailleurs sous ce gouvernement de gauche que fut créée la SNCF, où travaille (de nos jours) le héros de l'histoire, Cyril (Clovis Cornillac), le roi de l'apéro et de la glande, qui est encore en arrêt maladie... juste avant de partir en congés ! (Mais, méfions-nous, les apparences sont parfois trompeuses...)

   Au début, j'étais inquiet. Les scénaristes nous ont bricolé trois groupes de personnages assez antipathiques (surtout dans la première partie). Cyril a trois enfants, l'aîné (qui ressemble à Adam Driver jeune) commençant à déraper. Heureusement qu'il y a son épouse, incarnée par Aure Atika (scandaleusement bien gaulée), qui gère, comme on dit.

   C'est aussi le cas de Daphné, l'épouse angoissée d'Eric le dentiste des stars, qui, lui, pense essentiellement à son boulot. Elle fait tenir leur couple, gardant un lien privilégié avec son fils diagnostiqué HPI (une véritable tête à claques ambulante). Notons que les parents sont interprétés par deux très bons acteurs : Pauline Clément (qui a des airs de Frédérique Bel) et Bertrand Usclat (qu'on pourrait presque prendre pour Benjamin Lavernhe).

cinéma,cinema,film,films

   Ces deux familles vont se retrouver, le temps des vacances, dans la même (superbe) villa... où les rejoint un étrange duo, composé d'un éditeur pédant (Laurent Stocker, excellent comme d'hab') et d'une influenceuse apprentie-écrivaine (Claïna Clavaron, une révélation).

   Chacun de ces groupes pensait se retrouver seul dans la villa. Dans des circonstances que je me garderai de dévoiler, tout ce beau monde est amené à cohabiter. Les tensions intrafamiliales ressortent, auxquelles s'ajoutent les querelles entre groupes, à fort soubassement social : la villa fait se côtoyer des personnes qui, aujourd'hui, en France, ne se croisent plus, ne se parlent (quasiment) plus : petite bourgeoisie de banlieue, grands bourgeois de Neuilly, intello germanopratin et vedette des réseaux "issue de la diversité", comme on dit.

   Je dois reconnaître que, même si la plupart des personnages m'ont souvent agacé, leurs interactions m'ont beaucoup amusé. C'est vraiment bien joué, avec de bons dialogues, des situations cocasses. Au fur et à mesure se produit ce qu'on pressent depuis le début : le rapprochement entre ceux qui, de prime abord, ne s'appréciaient pas. Pour cela, il faut attendre que les faiblesses de chacun(e) soient dévoilées.

   Le scénario est donc cousu de fil blanc... jusqu'au dernier quart d'heure. Une  péripétie inattendue se produit, qui donne plus de profondeur à l'intrigue.

   Je suis sorti de là de très bonne humeur.

21:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 10 juin 2025

Mission : Impossible - The Final Reckoning

   Il a fallu attendre presque deux ans pour que la suite de Dead Reckoning sorte sur nos écrans. Le film commence là où se terminait l'autre, tout en rappelant les éléments clés de l'intrigue, histoire de rassurer celles et ceux parmi les spectateurs qui auraient raté/oublié la première partie. (Elle vient d'être diffusée sur M6.)

   Comme ce n'est pas mon cas (et que je venais de revoir la partie 1), j'ai trouvé le premier quart d'heure un peu redondant, tout comme les explications ajoutées plus loin, en divers endroits, et qui rappellent tel ou tel aspect du précédent volet. Globalement, les 30-45 premières minutes me sont apparues trop verbeuses... et puis il n'y a plus Ilsa Faust (Rebecca Ferguson)...

   Pour moi, le film décolle vraiment à partir du moment où il est question du sous-marin échoué. Toute la séquence aquatique est virtuose (à voir sur très grand écran, de préférence). Même si les effets spéciaux sont (abondamment) mis à contribution, là, McQuarrie nous rappelle qu'il sait mettre en scène, tandis que Tom Cruise repousse ses limites d'acteur, une fois de plus.

   L'autre grand moment est la poursuite en avion. Cette fois-ci, les cascades sont faites à l'ancienne et, à plusieurs reprises, il semble que Cruise se mette presque autant en danger que son personnage. J'ai aussi adoré cette séquence parce qu'elle est le théâtre de la mort d'un type infect, qui ne décède pas de manière shakespearienne, mais pitoyablement. Je trouve que c'est très bien vu.

   C'est donc un film spectaculaire, qui use et abuse du juste-à-temps, jouant avec les nerfs des spectateurs : quand on pense que le héros a surmonté la principale difficulté, en voilà une nouvelle, aussi insurmontable, qui lui tombe dessus... L'histoire prend un tour métaphorique : de la même manière qu'Ethan Hunt voue sa vie à sauver l'humanité et les personnes qu'il aime, Tom Cruise acteur a voué sa vie à divertir l'humanité et les personnes qu'il aime. Cette autocélébration, pour narcissique qu'elle soit, ne manque pas de souffle.

   P.S.

   Ce n'est pas la première fiction à mettre en scène une intelligence artificielle malveillante. Étant donné que ce genre de programme s'entraîne sur les productions humaines accessibles en ligne, il serait bon que quelques créateurs aient la bonne idée d'imaginer des fictions dans lesquelles les IA sont au service de l'humanité, histoire que, dans quelques dizaines d'années, on ne considère pas les romans et les films de la fin du XXe et du début du XXI siècle comme des prophéties autoréalisatrices...

17:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Mission : Impossible - The Final Reckoning

   Il a fallu attendre presque deux ans pour que la suite de Dead Reckoning sorte sur nos écrans. Le film commence là où se terminait l'autre, tout en rappelant les éléments clés de l'intrigue, histoire de rassurer celles et ceux parmi les spectateurs qui auraient raté/oublié la première partie. (Elle vient d'être diffusée sur M6.)

   Comme ce n'est pas mon cas (et que je venais de revoir la partie 1), j'ai trouvé le premier quart d'heure un peu redondant, tout comme les explications ajoutées plus loin, en divers endroits, et qui rappellent tel ou tel aspect du précédent volet. Globalement, les 30-45 premières minutes me sont apparues trop verbeuses... et puis il n'y a plus Ilsa Faust (Rebecca Ferguson)...

   Pour moi, le film décolle vraiment à partir du moment où il est question du sous-marin échoué. Toute la séquence aquatique est virtuose (à voir sur très grand écran, de préférence). Même si les effets spéciaux sont (abondamment) mis à contribution, là, McQuarrie nous rappelle qu'il sait mettre en scène, tandis que Tom Cruise repousse ses limites d'acteur, une fois de plus.

   L'autre grand moment est la poursuite en avion. Cette fois-ci, les cascades sont faites à l'ancienne et, à plusieurs reprises, il semble que Cruise se mette presque autant en danger que son personnage. J'ai aussi adoré cette séquence parce qu'elle est le théâtre de la mort d'un type infect, qui ne décède pas de manière shakespearienne, mais pitoyablement. Je trouve que c'est très bien vu.

   C'est donc un film spectaculaire, qui use et abuse du juste-à-temps, jouant avec les nerfs des spectateurs : quand on pense que le héros a surmonté la principale difficulté, en voilà une nouvelle, aussi insurmontable, qui lui tombe dessus... L'histoire prend un tour métaphorique : de la même manière qu'Ethan Hunt voue sa vie à sauver l'humanité et les personnes qu'il aime, Tom Cruise acteur a voué sa vie à divertir l'humanité et les personnes qu'il aime. Cette autocélébration, pour narcissique qu'elle soit, ne manque pas de souffle.

   P.S.

   Ce n'est pas la première fiction à mettre en scène une intelligence artificielle malveillante. Étant donné que ce genre de programme s'entraîne sur les productions humaines accessibles en ligne, il serait bon que quelques créateurs aient la bonne idée d'imaginer des fictions dans lesquelles les IA sont au service de l'humanité, histoire que, dans quelques dizaines d'années, on ne considère pas les romans et les films de la fin du XXe et du début du XXI siècle comme des prophéties autoréalisatrices...

17:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Rumours (Nuit blanche au sommet)

   Le sommet en question n'est pas celui d'une montagne. Il s'agit d'une réunion du G7 (le "club" des sept pays les plus industrialisés... enfin, ceux qui l'étaient à l'époque où ce type de réunion a été créé, dans les années 1970), qui se déroule dans une zone marécageuse, en Allemagne. Pour choisir les protagonistes de son histoire, le trio de réalisateurs a mélangé deux sommets du G7 (ayant eu lieu outre-Rhin), celui de 2015 (le 41e), auquel étaient présents Angela Merkel, François Hollande, Shinzo Abe et Donald Tusk, et celui de 2022 (le 48e), auquel ont participé Ursula von der Leyen, Joe Biden et Justin Trudeau.

   Ces dirigeants occidentaux, à l'identité à peine masquée, sont donc les "héros" de cette comédie politique qui mélange les genres. On a droit à de la Telenovela, de l'épouvante, du polar... Je crois que le projet des réalisateurs était de mettre les grands de ce monde dans la position d'une bande d'adolescents ou de citoyens (très) lambdas, confrontés à des événements exceptionnels.

   En effet, très vite après la rencontre des sept, le service de sécurité comme les employés du château de plaisance disparaissent. En revanche, d'autres êtres, plus inquiétants, débarquent...

   Sur le papier, avec la distribution qui a été recrutée, c'était sans doute alléchant... mais, Dieu que le résultat est mauvais ! La plupart du temps, ce n'est même pas drôle, les dialogues sont extrêmement mal écrits et l'intrigue est chiante comme la pluie.

   Les deux meilleurs/seuls gags se trouvent au début. Le premier survient lors du tour de table, quand chaque participant évoque un moment de sa vie au cours duquel il a eu honte. Ce que raconte le Premier ministre italien (qui a le physique de Berlusconi, mais pas son tempérament) ne manque pas de saveur. Un peu plus loin, Charles Dance (qui incarne le président des États-Unis) a réussi à me faire sourire en Joe Biden. Mais c'est à peu près tout.

   C'est globalement extrêmement caricatural (sans être drôle). Le Premier ministre canadien (dans lequel on est censé reconnaître Trudeau, sans qu'il lui ressemble le moins du monde) est un bogosse qui transforme ses collègues féminines en véritables midinettes. Le président des États-Unis mange avec une serviette aux couleurs du drapeau de son pays... La Première ministre britannique se veut rigoureuse et organisée, l'Italien un peu emprunté, le Japonais idéaliste, la chancelière allemande ayant plutôt le beau rôle... et ça tombe bien, puisque son interprète, Cate Blanchett, coproduit le film !

   Le plus dégradant des traitements est réservé au président français, Denis Ménochet faisant ce qu'il peut (maladroitement) pour incarner François Hollande. Presque tous les ridicules lui sont attribués, le petit gros faisant figure de gentil crétin dans cette auguste assemblée où les personnalités anglo-saxonnes (allemandes incluses) sont minces et belles.

   J'aurais dû me méfier avant d'aller voir ce film : il est dû au même trio qui a "pondu", naguère, La Chambre interdite, archétype d’œuvre pour cultureux.

   Si je devais établir un anti-palmarès, je crois que ce film-ci serait bien parti pour décrocher non pas le Riton, mais le Super-étron de l'année 2025.

14:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Rumours (Nuit blanche au sommet)

   Le sommet en question n'est pas celui d'une montagne. Il s'agit d'une réunion du G7 (le "club" des sept pays les plus industrialisés... enfin, ceux qui l'étaient à l'époque où ce type de réunion a été créé, dans les années 1970), qui se déroule dans une zone marécageuse, en Allemagne. Pour choisir les protagonistes de son histoire, le trio de réalisateurs a mélangé deux sommets du G7 (ayant eu lieu outre-Rhin), celui de 2015 (le 41e), auquel étaient présents Angela Merkel, François Hollande, Shinzo Abe et Donald Tusk, et celui de 2022 (le 48e), auquel ont participé Ursula von der Leyen, Joe Biden et Justin Trudeau.

   Ces dirigeants occidentaux, à l'identité à peine masquée, sont donc les "héros" de cette comédie politique qui mélange les genres. On a droit à de la Telenovela, de l'épouvante, du polar... Je crois que le projet des réalisateurs était de mettre les grands de ce monde dans la position d'une bande d'adolescents ou de citoyens (très) lambdas, confrontés à des événements exceptionnels.

   En effet, très vite après la rencontre des sept, le service de sécurité comme les employés du château de plaisance disparaissent. En revanche, d'autres êtres, plus inquiétants, débarquent...

   Sur le papier, avec la distribution qui a été recrutée, c'était sans doute alléchant... mais, Dieu que le résultat est mauvais ! La plupart du temps, ce n'est même pas drôle, les dialogues sont extrêmement mal écrits et l'intrigue est chiante comme la pluie.

   Les deux meilleurs/seuls gags se trouvent au début. Le premier survient lors du tour de table, quand chaque participant évoque un moment de sa vie au cours duquel il a eu honte. Ce que raconte le Premier ministre italien (qui a le physique de Berlusconi, mais pas son tempérament) ne manque pas de saveur. Un peu plus loin, Charles Dance (qui incarne le président des États-Unis) a réussi à me faire sourire en Joe Biden. Mais c'est à peu près tout.

   C'est globalement extrêmement caricatural (sans être drôle). Le Premier ministre canadien (dans lequel on est censé reconnaître Trudeau, sans qu'il lui ressemble le moins du monde) est un bogosse qui transforme ses collègues féminines en véritables midinettes. Le président des États-Unis mange avec une serviette aux couleurs du drapeau de son pays... La Première ministre britannique se veut rigoureuse et organisée, l'Italien un peu emprunté, le Japonais idéaliste, la chancelière allemande ayant plutôt le beau rôle... et ça tombe bien, puisque son interprète, Cate Blanchett, coproduit le film !

   Le plus dégradant des traitements est réservé au président français, Denis Ménochet faisant ce qu'il peut (maladroitement) pour incarner François Hollande. Presque tous les ridicules lui sont attribués, le petit gros faisant figure de gentil crétin dans cette auguste assemblée où les personnalités anglo-saxonnes (allemandes incluses) sont minces et belles.

   J'aurais dû me méfier avant d'aller voir ce film : il est dû au même trio qui a "pondu", naguère, La Chambre interdite, archétype d’œuvre pour cultureux.

   Si je devais établir un anti-palmarès, je crois que ce film-ci serait bien parti pour décrocher non pas le Riton, mais le Super-étron de l'année 2025.

14:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 08 juin 2025

Ballerina

   Il ne s'agit pas d'un remake du film d'animation sorti il y a un peu moins de dix ans, mais d'un dérivé de John Wick (pas la suite du Chapitre IV, plutôt une histoire parallèle à Parabellum, le troisième volet de la série).

   Cela commence de manière intéressante. Sur une île mystérieuse, dotée d'une grande demeure, un papounet (qui a des airs de Keanu Reeves jeune) vit avec sa fille chérie, celle-ci fascinée par une boîte musicale incluant une danseuse d'opéra. Mais, bientôt, débarque une bande de mecs armés, masqués et musclés... qui ne sont visiblement pas venus écouter du Tchaikovsky. Cela nous donne une bagarre survitaminée comme je les aime. (Il convient toutefois de ne pas se laisser bercer par la chorégraphie mortuaire de cette introduction : on y entend certaines informations capitales pour la suite de l'intrigue.)

   La gamine, prénommée Eve, se retrouve plus tard dans le dortoir d'une école de théâtre russe, avec d'autres jeunes filles passionnées par le ballet, comme elle. Cette école est en fait une dépendance de la redoutable Ruska Roma, qui, sous couvert de former des danseurs classiques, recrute ses plus redoutables tueurs. Durant la deuxième partie du film, on voit donc la petite Eve chier sa race, sous le regard à la fois tendre et impitoyable de la Directrice (Anjelica Huston). Cette histoire de gamine tombée plus bas que terre et qui, à la force du poignet des mollets, va se redresser et réclamer vengeance, est assez rebattue. J'ai quand même trouvé cette version féminine séduisante, avec, dans le rôle principal, Ana de Armas, très badass, surtout quand elle dézingue d'horribles masculinistes. (J'ai pu constater que les formateurs de la Ruska Roma, tout comme moi, donnent ce -pertinent- conseil aux demoiselles se retrouvant confrontées à un mec hostile : viser les couilles. Il y a donc quelques éléments de réalisme dans cette intrigue où pourtant les invraisemblances foisonnent.) La conclusion de la formation d'Eve est mise en scène de manière percutante.

   La troisième partie montre l'apprentie tueuse dans ses premières missions... en parallèle desquelles elle mène sa propre enquête. La voilà donc qui se met à fréquenter les hôtels du cartel criminel de La Table... et l'on n'est pas déçu du résultat.

   La quatrième partie, la plus virtuose, nous mène au cœur de l'Europe. Un village des Alpes autrichiennes sert de refuge à la plus impitoyable des mafias, qui constitue une sorte de secte. La première bonne idée est d'avoir fait de tous les habitants du village des membres de cette mafia. (Soyez attentifs à ce qu'on voit d'une école...) La seconde est d'avoir situé les scènes à trois niveaux : dans les rues, dans les bâtiments et sous terre. Cela donne une belle diversité de situations de combat. (Après ce film, on ne voit plus les patins à glace de la même manière...) Les bastons sont impeccablement chorégraphiées (même si le réalisme cède un peu trop souvent le pas à la volonté de faire un plan spectaculaire)... et émaillées d'humour. L'un des meilleurs moments voit Eve découvrir un truc "très cool" dans l'arsenal de la mafia. Son utilisation rend l'intrigue incandescente... et certaines scènes graphiquement superbes. On retrouve la patte de Len Wiseman, qui  réalisa jadis l'excellent Die Hard 4.

   Et John Wick dans tout ça ? Eh bien, il fait deux apparitions, l'une plus marquante que l'autre. Les scénaristes nous ont fort opportunément épargné l'histoire d'amour entre un mec et une fille qui a 20-25 ans de moins que lui. Leur relation prend plutôt le tour d'un rapport maître/élève, voire père/fille (même si Eve reste très attachée à son défunt géniteur). On en saura peut-être plus dans le cinquième volet des aventures de "Baba Yaga", qu'on nous annonce pour 2027. Keanu Reeves aura... 63 ans !

13:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Ballerina

   Il ne s'agit pas d'un remake du film d'animation sorti il y a un peu moins de dix ans, mais d'un dérivé de John Wick (pas la suite du Chapitre IV, plutôt une histoire parallèle à Parabellum, le troisième volet de la série).

   Cela commence de manière intéressante. Sur une île mystérieuse, dotée d'une grande demeure, un papounet (qui a des airs de Keanu Reeves jeune) vit avec sa fille chérie, celle-ci fascinée par une boîte musicale incluant une danseuse d'opéra. Mais, bientôt, débarque une bande de mecs armés, masqués et musclés... qui ne sont visiblement pas venus écouter du Tchaikovsky. Cela nous donne une bagarre survitaminée comme je les aime. (Il convient toutefois de ne pas se laisser bercer par la chorégraphie mortuaire de cette introduction : on y entend certaines informations capitales pour la suite de l'intrigue.)

   La gamine, prénommée Eve, se retrouve plus tard dans le dortoir d'une école de théâtre russe, avec d'autres jeunes filles passionnées par le ballet, comme elle. Cette école est en fait une dépendance de la redoutable Ruska Roma, qui, sous couvert de former des danseurs classiques, recrute ses plus redoutables tueurs. Durant la deuxième partie du film, on voit donc la petite Eve chier sa race, sous le regard à la fois tendre et impitoyable de la Directrice (Anjelica Huston). Cette histoire de gamine tombée plus bas que terre et qui, à la force du poignet des mollets, va se redresser et réclamer vengeance, est assez rebattue. J'ai quand même trouvé cette version féminine séduisante, avec, dans le rôle principal, Ana de Armas, très badass, surtout quand elle dézingue d'horribles masculinistes. (J'ai pu constater que les formateurs de la Ruska Roma, tout comme moi, donnent ce -pertinent- conseil aux demoiselles se retrouvant confrontées à un mec hostile : viser les couilles. Il y a donc quelques éléments de réalisme dans cette intrigue où pourtant les invraisemblances foisonnent.) La conclusion de la formation d'Eve est mise en scène de manière percutante.

   La troisième partie montre l'apprentie tueuse dans ses premières missions... en parallèle desquelles elle mène sa propre enquête. La voilà donc qui se met à fréquenter les hôtels du cartel criminel de La Table... et l'on n'est pas déçu du résultat.

   La quatrième partie, la plus virtuose, nous mène au cœur de l'Europe. Un village des Alpes autrichiennes sert de refuge à la plus impitoyable des mafias, qui constitue une sorte de secte. La première bonne idée est d'avoir fait de tous les habitants du village des membres de cette mafia. (Soyez attentifs à ce qu'on voit d'une école...) La seconde est d'avoir situé les scènes à trois niveaux : dans les rues, dans les bâtiments et sous terre. Cela donne une belle diversité de situations de combat. (Après ce film, on ne voit plus les patins à glace de la même manière...) Les bastons sont impeccablement chorégraphiées (même si le réalisme cède un peu trop souvent le pas à la volonté de faire un plan spectaculaire)... et émaillées d'humour. L'un des meilleurs moments voit Eve découvrir un truc "très cool" dans l'arsenal de la mafia. Son utilisation rend l'intrigue incandescente... et certaines scènes graphiquement superbes. On retrouve la patte de Len Wiseman, qui  réalisa jadis l'excellent Die Hard 4.

   Et John Wick dans tout ça ? Eh bien, il fait deux apparitions, l'une plus marquante que l'autre. Les scénaristes nous ont fort opportunément épargné l'histoire d'amour entre un mec et une fille qui a 20-25 ans de moins que lui. Leur relation prend plutôt le tour d'un rapport maître/élève, voire père/fille (même si Eve reste très attachée à son défunt géniteur). On en saura peut-être plus dans le cinquième volet des aventures de "Baba Yaga", qu'on nous annonce pour 2027. Keanu Reeves aura... 63 ans !

13:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 06 juin 2025

The Shameless

   Le réalisateur bulgare Konstantin Bojanov est allé tourner en Inde, en hindi, cette fiction à caractère documentaire, centrée sur la vie de deux femmes aux origines différentes.

   L'histoire commence avec l'une d'entre elles qui, dans un premier temps, se fait appeler Renuka. Prostituée à New Delhi, elle fuit la capitale indienne après avoir tué un client violent. Mais celui-ci a des relations...

   Elle débarque dans le nord de l'Inde, dans un gros bourg qui a sa rue aux prostituées, qui occupent l'un des côtés, d'autres personnes logeant en face. Parmi celles-ci se trouve une sorte de communauté matriarcale, fonctionnant selon des règles religieuses et sollicitée par la population locale. Mais leur situation économique semble précaire, si bien que la fille aînée de la famille est envoyée "travailler" à Dehli. La cadette, Devika, très jolie, reste sur place, des rêves pleins la tête, mais on comprend que sa mère fait l'objet de sollicitations de la part de plusieurs familles de notables.

   On est donc loin de Bollywood. C'est un film dur, sur la condition féminine (sous différents aspects) et sur l'histoire d'un amour impossible. Exploitation économique, prostitution, insultes, agressions, viols... on ne nous épargne pas grand chose des mésaventures des femmes de condition modeste, musulmanes comme hindoues d'ailleurs.

   Toutefois, sur ce tas de fumier sociétal parviennent à pousser deux belles fleurs. Renuka ne se comporte pas comme les femmes qui acceptent la domination masculine ; elle sait se défendre... et surmonter (plus ou moins bien) les humiliations. Sa rencontre avec Devika donne naissance à quelque chose de beau et fragile. Les deux comédiennes sont formidables, tout comme celles et ceux qui incarnent les seconds rôles. (Certains personnages masculins sont particulièrement infects.)

   Politiquement, le film n'est pas neutre. L'un des prédateurs sexuels est candidat aux élections locales. On comprend qu'il est soutenu par un parti prônant "l'hindouité", brandissant la couleur safran. C'est une allusion au BJP (du Premier ministre Narendra Modi) et à son allié le RSS (que certains assimilent à un mouvement fascisant), ou bien au Bajrang Dal, moins connu mais très violent.

   Pendant près de deux heures, on se prend un sacré choc frontal, à peine agrémenté par la relation naissante entre les deux héroïnes.

   Voilà une œuvre qui figurera sans doute dans mon palmarès 2025.

The Shameless

   Le réalisateur bulgare Konstantin Bojanov est allé tourner en Inde, en hindi, cette fiction à caractère documentaire, centrée sur la vie de deux femmes aux origines différentes.

   L'histoire commence avec l'une d'entre elles qui, dans un premier temps, se fait appeler Renuka. Prostituée à New Delhi, elle fuit la capitale indienne après avoir tué un client violent. Mais celui-ci a des relations...

   Elle débarque dans le nord de l'Inde, dans un gros bourg qui a sa rue aux prostituées, qui occupent l'un des côtés, d'autres personnes logeant en face. Parmi celles-ci se trouve une sorte de communauté matriarcale, fonctionnant selon des règles religieuses et sollicitée par la population locale. Mais leur situation économique semble précaire, si bien que la fille aînée de la famille est envoyée "travailler" à Dehli. La cadette, Devika, très jolie, reste sur place, des rêves pleins la tête, mais on comprend que sa mère fait l'objet de sollicitations de la part de plusieurs familles de notables.

   On est donc loin de Bollywood. C'est un film dur, sur la condition féminine (sous différents aspects) et sur l'histoire d'un amour impossible. Exploitation économique, prostitution, insultes, agressions, viols... on ne nous épargne pas grand chose des mésaventures des femmes de condition modeste, musulmanes comme hindoues d'ailleurs.

   Toutefois, sur ce tas de fumier sociétal parviennent à pousser deux belles fleurs. Renuka ne se comporte pas comme les femmes qui acceptent la domination masculine ; elle sait se défendre... et surmonter (plus ou moins bien) les humiliations. Sa rencontre avec Devika donne naissance à quelque chose de beau et fragile. Les deux comédiennes sont formidables, tout comme celles et ceux qui incarnent les seconds rôles. (Certains personnages masculins sont particulièrement infects.)

   Politiquement, le film n'est pas neutre. L'un des prédateurs sexuels est candidat aux élections locales. On comprend qu'il est soutenu par un parti prônant "l'hindouité", brandissant la couleur safran. C'est une allusion au BJP (du Premier ministre Narendra Modi) et à son allié le RSS (que certains assimilent à un mouvement fascisant), ou bien au Bajrang Dal, moins connu mais très violent.

   Pendant près de deux heures, on se prend un sacré choc frontal, à peine agrémenté par la relation naissante entre les deux héroïnes.

   Voilà une œuvre qui figurera sans doute dans mon palmarès 2025.