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samedi, 29 février 2020

Bilan des César 2020

   Le palmarès de cette année n'a pas particulièrement mis l'accent sur un film. Il semble qu'on ait tenté de concilier les contraires, sur le plan artistique (avec une réjouissante diversité de lauréats) comme sur le plan moral.

   Tout d'abord, on remarque que les récompenses obtenues par des femmes ne se sont pas limitées à des catégories réservées (meilleure actrice ou espoir féminin). Ainsi, la réalisatrice Mounia Meddour est venue chercher le César du meilleur premier film (pour Papicha), tandis que Yolande Zauberman était récompensée pour son documentaire M. De son côté, Pascaline Chavanne a été primée pour les (excellents) costumes de J'accuse. En face (si j'ose dire), Claire Mathon a été distinguée pour la photographie de Portrait de la jeune fille en feu. A cette liste s'ajoutent les César du meilleur montage (Flora Volpelière, pour Les Misérables) et du meilleur court-métrage (Lauriane Escaffre pour Pile Poil, dans lequel joue notamment Grégory Gadebois).

   Une autre tendance de la soirée est la mise en valeur des "minorités visibles". Ainsi, on peut considérer comme (petit) vainqueur de ce palmarès Les Misérables qui, en plus du meilleur montage, a reçu le César du meilleur espoir masculin, celui du public et celui du meilleur film. (Le paradoxe est qu'il n'a été distingué ni pour ses premiers rôles, ni pour le scénario, ni pour la réalisation...) On peut placer dans la même catégorie Papicha, primé aussi au titre du meilleur espoir féminin.  Enfin, Roschy Zem a réussi à décrocher une statuette, pour son interprétation dans Roubaix, une lumière.

   La troisième leçon à retenir de cette soirée est que, globalement, les quelque 4 000 électeurs de l'Académie ont su résister aux pressions qui se sont exercées sur eux, pressions dont le but était d'empêcher J'accuse de décrocher la moindre récompense. Je pense néanmoins que cela a privé Jean Dujardin de la couronne de meilleur acteur... et peut-être le film du sacre de meilleur long-métrage de l'année passée. Roman Polanski aura quand même le plaisir de recevoir le César du meilleur réalisateur et celui de la meilleure adaptation (avec Robert Harris).

   Au titre des satisfactions, je signale les deux récompenses reçues par J'ai perdu mon corps : meilleur long-métrage d'animation et meilleure musique originale. Je recommande aussi la vision de La Nuit des sacs plastiques, distingué dans la catégorie meilleur court-métrage d'animation. C'est une fable fantastico-philosophico-écologique, assez flippante, d'un jeune homme à suivre : Gabriel Harel. Un autre César (celui du meilleur son) a été attribué au Chant du loup., tout aussi logiquement que le prix du meilleur film étranger, revenu à l'incontournable Parasite.

   Il reste à signaler ce qui est apparu (y compris à celle qui en a été bénéficiaire) comme une énorme surprise, voire une incohérence : l'attribution du César de la meilleure actrice à Anaïs Demoustier, pour son rôle dans Alice et le maire. J'apprécie cette comédienne, mais je pense que ce n'est pas lui faire injure que d'écrire que certaines de ses concurrentes avaient réalisé des performances bien plus marquantes. Je pense en particulier à Eva Green, formidable dans Proxima. Mais mon petit doigt me dit que le choix d'Anaïs Demoustier résulte peut-être d'une manoeuvre d'électeurs désireux d'éviter la désignation de l'une des deux actrices principales du Portrait de la jeune fille en feu : Adèle Haenel et Noémie Merlant. La sortie théâtrale (et... ratée) de la première, après l'attribution du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski, pourrait tout aussi bien être due au dépit de ne pas avoir été distinguée.

   C'est tout pour les nouvelles du petit monde narcissique du cinéma français.

vendredi, 21 février 2020

10 jours sans maman

   Si l'intrigue de ce film s'inspire de celle d'un long-métrage argentin (non sorti en France, semble-t-il), en l'adaptant, ses auteurs en ont fait une comédie bien française, avec ses recettes et ses clichés.

   Le premier principe mis en œuvre est l'exagération. La famille dont nous suivons les aventures n'est pas tout à fait vraisemblable. Tout d'abord, je doute qu'un couple de bourgeois tel que celui formé par Aure Atika (avocate de formation) et Franck Dubosc (DRH dans une grande surface de bricolage) ait quatre enfants d'âges aussi éloignés (2-3 ans pour le petit dernier, 8-9 ans pour le benjamin, 12-13 ans pour la cadette et environ 15 ans pour l'aîné). Mais, pour que l'histoire tienne la route, il fallait que le père soit vraiment mis en difficulté, ce qui n'aurait sans doute pas été le cas s'il n'avait eu à s'occuper que des deux plus jeunes ou des deux plus âgés).

   On est aussi prié de croire que, malgré quatre grossesses et une vie de femme au foyer anxiogène, la maman de 45 balais est encore aussi bien gaulée que lorsqu'elle a rencontré son mari. On ne croit pas deux secondes à ce que dit l'un des enfants, au cours d'un repas de famille, concernant le "coup de vieux" qu'aurait pris sa mère. Pendant tout le film, Aure Atika est superbe...

   Si l'on ajoute à cela un début pas du tout réussi, avec un "face caméra" de Dubosc sans intérêt, on comprendra que j'aie nourri de sérieuses appréhensions concernant la suite.

   Fort heureusement, à l'introduction catastrophique succède un tableau de la vie familiale d'avant plutôt réussi, avec des enfants auxquels on a souvent envie de filer des claques et un mari qui ne pense qu'à son boulot. La mise en scène de la relégation de la mère, considérée par tout le monde comme la bonniche de service, atteint sa cible.

  Les meilleurs moments surviennent quand le père se retrouve seul avec sa marmaille, surtout les premiers jours. On rit au joyeux bordel qui s'instaure dans une maison que la mère parvenait de manière inexplicable à conserver intacte. Le fait que les quatre enfants se mettent à faire de grosses bêtises en même temps est quand même un peu énorme.

   A cet aspect comique se superpose une morale. L'absence temporaire de son épouse va pousser le père à s'intéresser vraiment à ses enfants... ainsi qu'à ses collègues de travail. C'est la partie la moins conventionnelle de l'histoire. Antoine (Dubosc, meilleur dans le registre de l'émotion que dans celui de la comédie, je trouve) va devoir reconnaître ses erreurs, celles commises au boulot comme celles commises avec ses enfants. Le personnage de la nouvelle nounou (Alice David, excellente) apporte une profondeur inattendue à l'intrigue. Même si c'est un peu convenu, j'ai été touché par la scène qui voit le père pénétrer dans la chambre de ses trois aînés, un soir qu'ils ne sont pas là, pour tenter de mieux les comprendre. Cette partie-là est vraiment bien filmée (au contraire du reste du film, assez platement mis en scène).

   La fin est hyper-convenue, mais elle n'enlève pas le plaisir simple que j'ai éprouvé à regarder cette comédie sans prétention.

mercredi, 19 février 2020

Le Cas Richard Jewell

   L'adaptation de cette histoire vraie sur grand écran est prévue depuis des années... mais pas avec les mêmes acteurs (Leonardo DiCaprio a d'abord été envisagé pour incarner l'avocat) ni le même réalisateur, puisque c'était Paul Greengrass qui, à l'origine, devait assurer la mise en scène. Et pourtant... le résultat projeté depuis ce mercredi sur nos écrans est incontestablement un film eastwoodien.

   Le réalisateur quasi nonagénaire s'est attaché à des "Américains d'en-bas", cette petite classe moyenne (blanche...) patriote, honnête et travailleuse, parfois victime du "système". Il est intéressant de noter qu'il a soigné la manière de filmer son personnage principal, magnifiquement incarné par Paul Walter Hauser (qu'on a pu apercevoir dans Moi, Tonya et Blackkklansman). Au début de l'histoire, cet homme encore jeune, obèse, vivant chez sa mère, est présenté comme un brave type qui n'a pas eu de chance. C'est un homme serviable, très soucieux du respect de la loi, mais maladroit et, à dire vrai, parfois ridicule, à tel point qu'il a été viré de ses boulots précédents : policier municipal et agent de sécurité sur un campus universitaire. La tenue des Jeux Olympiques d'Atlanta (en 1996) est l'occasion pour lui de retrouver du travail... et de se rendre (croit-il) utile à la société.

   Durant toute la première partie du film, il m'a semblé que Clint filmait souvent Richard Jewell en plongée, le montrant comme écrasé par le regard des autres et une société moderne qui méprise les "losers" dans son genre. Par contraste, à la fin, quand cet antihéros a recouvré le respect qui lui était dû, il semble davantage filmé en contre-plongée.

   Entre ces deux points, on va suivre Jewell de son petit moment de gloire à sa descente aux enfers, puis à sa réhabilitation (tardive). Clint en profite pour réciter ses gammes, à travers la dénonciation des médias et de l'action gouvernementale.

   La mise en scène du harcèlement et du lynchage médiatiques, sans être d'une ébouriffante nouveauté, place bien le personnage principal au cœur d'un maelstrom dont il a toutes les peines à s'extraire. De surcroît, le bonhomme, un patriote qui vénère les forces de sécurité, croit bon de tout faire pour faciliter la tâche des enquêteurs, quitte à nuire à son propre cas. Si l'on ajoute le fait qu'il a caché une partie de son passé (peu reluisant) à son avocat et qu'il ne respecte guère ses consignes de prudence, on comprend que les apparences aient pu être contre un homme bon, innocent mais frustre.

   Eastwood brosse un portrait sans complaisance des médias dominants de l'époque (télévision et presse écrite), en y ajoutant sa patte. Ainsi, alors que c'est la presse locale qui a le plus souvent dérapé dans cette affaire (la presse nationale de qualité se montrant plus circonspecte), dans la revue des approximations journalistiques, le cinéaste républicain glisse un extrait du très démocrate New York Times...

   Avec son scénariste, il a bâti un personnage particulièrement antipathique, celui de la journaliste arriviste qui joue de ses charmes, très bien interprétée ceci dit par Olivia Wilde (qui incarna "Treize" dans la série Dr House). Aux États-Unis, la manière dont cette journaliste (décédée en 2001 d'une surdose de morphine) est portraiturée dans le film a suscité la controverse. Et puis... je me demande dans quelle mesure ce vieux grigou de Clint n'a pas aimé diriger dans un rôle à la limite de la misogynie une comédienne qui fut une ardente supportrice de Barack Obama, président que notre Dirty Harry ne portait pas du tout dans son coeur...

   Mais revenons au contenu du film. Pour être honnête, je me dois d'ajouter que le scénario offre une perspective d'évolution à ce personnage féminin détestable. Il est toutefois remarquable que les deux protagonistes qui, dans nombre de fictions hollywoodiennes, personnifieraient le Beau et le Bien (la ravissante et ambitieuse journaliste et le ténébreux agent du FBI), vont ici incarner les sources de nuisance et la malhonnêteté. Face à eux, l'ex-policier obèse et sa mère courageuse (formidablement jouée par Kathy Bates, ce qui lui a valu une nomination aux Oscar) sont broyés par le système, en particulier par le FBI.

   A travers lui, le républicain Eastwood s'attaque au Gouvernement fédéral (l’État, dirions-nous en France), qu'il trouve trop intrusif, au point qu'il menace les libertés fondamentales. Je laisse chacun découvrir comment les employés du Département de la Justice manipulent leur principal suspect (très coopératif) à ses dépens. Précisons qu'à l'époque des faits, les États-Unis sont présidés par le démocrate Bill Clinton, ce qui rend la dénonciation eastwoodienne du gouvernement un peu moins objective...

   D'ailleurs, le réalisateur ne masque pas ses convictions. Je pense que, pour les spectateurs états-uniens, elles sont évidentes. Un premier indice se trouve dans une discussion que Richard Jewell a avec son avocat franc-tireur (excellent Sam Rockwell). Pour éviter toute mauvaise surprise, celui-ci lui demande s'il n'appartient pas ou n'a pas appartenu à un mouvement sectaire ou une association prônant des opinions minoritaires extrémistes. Vu que le gars a planqué tout un arsenal chez lui, il est vite question de la NRA (National Rifle Association). Presque ingénument, le héros demande en quoi l'appartenance à la NRA serait un fait "minoritaire"...

   On peut compléter par deux séquences plus tardives. La première est centrée sur la conférence de presse donnée par la mère (au bord des larmes). Sur l'estrade, le pupitre est entouré de deux drapeaux, celui des États-Unis à gauche, celui de l’État de Géorgie à droite. Seuls l'avocat et la mère sont présents à proximité du micro, devant un parterre de journalistes. Sans surprise, la mère est assise sur une chaise disposée juste à côté du drapeau géorgien, tandis que l'avocat parle, debout, au centre, entre les deux drapeaux, personne n'étant assis à côté de "Stars and Stripes", signe que l’État (le Gouvernement fédéral) abandonne les petites gens. Après son discours (modéré), l'avocat va prendre place sous la bannière étoilée, tandis que la mère s'exprime au pupitre : c'est au nom des valeurs fondamentales de l'Amérique que l'avocat franc-tireur a défendu un innocent broyé par la machine.

   La symbolique est tout aussi forte au cours de la séquence se déroulant dans les locaux du FBI, à Atlanta. Ainsi, dans la salle d'attente, le réalisateur filme le héros et son avocat avec, à l'arrière-plan, l'ancien drapeau confédéré. Quelques minutes plus tard, à l'issue d'un entretien qui voit enfin Jewell s'affirmer face à ses contradicteurs (et, accessoirement, donner une petite leçon de droit à un trio de juristes), la scène se conclut par la sortie du duo, la caméra s'attardant sur la porte vitrée, sur laquelle est gravée la devise du FBI : "Fidelity, Bravery and Integrity", autant de valeurs que l'accusé (à tort) a chevillées au corps, alors que les employés du gouvernement ne les ont pas respectées.

   La sensibilité d'Eastwood est perceptible aussi au niveau de ce qui ne se voit pas. Ainsi, si la foule qui assiste aux concerts à Atlanta est clairement multiethnique, tous les principaux protagonistes de l'histoire (policiers, agents du FBI, journalistes, avocats...) sont des Blancs non hispaniques ce qui, même si l'intrigue se déroule il y a 24 ans, ne laisse pas d'interroger, compte tenu de la composition de la population de la ville. Les Noirs sont systématiquement placés au second plan de cette histoire. Mais, surtout, il faut attendre la toute fin du film pour découvrir l'identité du véritable poseur de bombe, dont on se garde de nous dire que c'est un catholique blanc suprémaciste...

   Il reste que cette lutte contre l'injustice a été menée par des "outsiders" (un obèse viré de la police, un avocaillon sans succès et une immigrée russe). J'ai pris beaucoup de plaisir à voir le pot de terre combattre le pot de fer. Sur le plan technique, c'est un très bon film, bourré de qualités... mais c'est une œuvre "engagée" dans tous les sens du terme.

lundi, 17 février 2020

Queen & Slim

   Cette "reine" (ou "diva") et ce "lascar" sont deux jeunes Afro-Américains, plutôt bien comme il faut. Lui travaille dans un petit commerce, ne boit pas d'alcool et ne veut surtout pas faire de vagues. Elle est issue d'un milieu modeste (comme lui), mais a réussi sur le plan scolaire : elle est devenue avocate, a peu de vie sociale et croit qu'en filant droit on peut s'en sortir. Leur dîner amoureux (dans un snack assez minable) est lié à leur inscription sur Tinder. Cette soirée qui promettait de ne pas être mémorable va complètement déraper, à cause d'un contrôle routier mené par un policier blanc raciste.

   A partir de là, Melina Matsoukas construit une oeuvre revendicative (inspirée des films de Spike Lee), où les problèmes inter-raciaux croisent un road movie initiatique et une belle histoire d'amour. Comme son modèle, la réalisatrice a compris que, pour faire passer un propos militant, il faut soigner l'emballage. La photographie est donc superbe (avec des scènes de nuit particulièrement réussies, mais aussi de beaux plans paysagers), la musique attrayante (avec -à mon grand soulagement- très peu de rap, moins présent que la soul, le funk et le r'n'b) et des acteurs principaux sculpturaux. La "diva" est magnifiquement incarnée par Jodie Turner-Smith (une illustre inconnue, pour moi), tandis que, dans le rôle du "lascar", on retrouve Daniel Kaluuya, aperçu dans Sicario et -surtout- remarqué dans Get Out.

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   L'histoire d'amour est improbable, parce que la jeune femme n'est pas de prime abord très attirée par son rendez-vous galant. Durant la première partie de l'histoire, on voit d'ailleurs les deux fuyards s'engueuler à plusieurs reprises. Petit à petit, on sent que "Slim" monte dans l'estime de "Queen", d'abord parce qu'il est attentionné, ensuite parce que sa personnalité grandit au cours de la cavale. De son côté, la jeune femme, déjà une belle plante à la tête bien pleine au début, va peu à peu s'ouvrir et s'épanouir. A cet égard, la transformation physique qui s'opère chez l'oncle de "Queen" accompagne la progressive maturation de deux adultes.

   Cette maturation intervient au cours de la cavale routière. Entre l'Ohio et la Floride, il se passe beaucoup de choses à l'intérieur des divers véhicules que le duo emprunte. On y mange, on y dort, on y discute, on y réfléchit, on y écoute de la musique... et l'on finit par y faire l'amour. Cette fuite semble s'inspirer de celle de Bonnie & Clyde, à ceci près que nos deux héros ne sont pas des tueurs compulsifs, juste deux adultes un peu paumés, qu'un fait divers va transformer en icônes.

   Cela nous mène au propos politique de ce film. Même si, dans la scène-clé du début, les rôles sont inversés (c'est le policier blanc raciste qui meurt), il est évident que la scénariste a voulu dénoncer les violences policières, en liaison avec le mouvement Black Lives Matter. (Au passage, je pense qu'elle en a profité pour lancer une petite pique en direction de Barack Obama : soyez attentifs à l'utilisation de la formule "Yes, we can" dans la version originale...) On pourrait se demander pourquoi elle n'a pas plutôt construit son histoire autour d'une "bavure" bien réelle. Je pense que c'est pour ne pas se contenter de montrer les Afro-Américains comme des victimes. Dans le choix du sujet comme dans la manière de le mettre en scène, on sent la volonté de susciter une certaine "fierté noire".

   Notons toutefois que le propos n'est pas uniforme : on nous présente une ample palette des opinions et des comportements des Noirs américains... palette plus large que celle des personnages blancs. Si l'on excepte le shérif pris en otage, tous les policiers sont dépeints comme des cons racistes ou prompts à la gâchette (femme y compris, dans un film qu'il est difficile de qualifier de féministe tant il sexualise la représentation du corps féminin, en particulier dans la séquence se déroulant chez l'oncle). Même le couple de Blancs qui héberge temporairement les fugitifs est montré de manière ambiguë : l'épouse est très réticente et son mari agit moins par antiracisme que par fidélité envers un ancien compagnon d'armes.

   Ces limites posées, l'ensemble n'en forme pas moins un film coup-de-poing, qui véhicule pas mal d'émotion, jusqu'à une fin certes prévisible, mais tournée de manière efficace.

dimanche, 16 février 2020

Nightmare Island

   Cette île cauchemardesque n'est pas une totale inconnue pour les "vieux" spectateurs, puisque le film s'inspire d'une série télévisée à succès des années 1970-1980 : L'Ile fantastique. Cependant, alors que ladite série baignait dans une ambiance plutôt bon enfant, les auteurs du film ont voulu faire pencher l'histoire du côté du film d'épouvante. Du coup, dans la salle, se côtoyaient deux publics : les "vieux" (dans mon genre) qui avaient vu la série et les "jeunes" (adolescents et jeunes adultes), sans doute habitués aux Conjuring et autres Annabelle... Bref, il y avait du blaireau et de la pétasse, amplement munis de pop-corn et de boissons sucrées à consommer le moins discrètement possible...

   La séquence introductive est à la fois mystérieuse et représentative de la suite. On y voit une jolie blonde (appelée Sloane Maddison) tenter d'échapper à l'île... mais, quand on la retrouve quelques dizaines de minutes plus tard (alors qu'on la croyait morte), on se dit qu'il y a comme un loup... (Enfin, quand on a reconnu le personnage, parce que, dans la salle, y en a un paquet qui n'ont pas compris qu'on revoyait la personne du début...)

   C'est à l'image du film. L'intrigue ménage son content de scène horrifiques, ces fantasmes pour lesquels les clients de l'île sont venus... et qui tournent mal, en général. Et puis, curieusement, alors que les principaux protagonistes n'ont pas exprimé les mêmes souhaits, certains finissent par se croiser dans leurs fantasmes respectifs. Du coup, on commence à se demander qui est vraiment dans le fantasme de qui... et puis l'on se souvient que les cinq crétins qui ont débarqué sur l'île n'ont pas payé leur séjour : ils l'ont gagné à une tombola. Bizarre...

   Cette mise en abyme des fantasmes, si elle semble avoir dérouté les spectateurs popcorniens, m'a émoustillé et contribue à rehausser l'intérêt que je porte à ce film, qui réussit à s'extirper un petit peu du chemin balisé dans lequel on voyait l'intrigue s'engouffrer.

   Au niveau de l'interprétation, c'est très moyen. Michael Pena fait peine à voir, tout comme Portia Doubleday, que l'on a vue plus à son aise sans Mr Robot. Au niveau de la mise en scène, c'est contrasté, avec un réel savoir-faire dans la réalisation de certains fantasmes qui tournent mal... et des maladresses, voire des faux-raccords. Ainsi, lors de l'arrivée des invités sur l'île, observez bien le verre de cocktail que tient le personnage de Melanie (la fausse blonde insupportable). D'un plan à l'autre, on voit apparaître ou disparaître les olives, sans raison valable (puisqu'elle ne les mange pas).

   Sans révéler la fin, je peux quand même dire que la production songe à faire de ce film soit le premier d'une franchise, soit le pilote d'une série "rebootée".

01:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 15 février 2020

Les chasseurs noirs

   J'ai récemment découvert la série Les Rivières pourpres, dont France 2 vient d'achever la diffusion de la deuxième saison. Dans la foulée ont été reprogrammés les épisodes de la saison 1, en particulier La Dernière Chasse, encore visible pendant quelques jours sur le site internet de la chaîne.

   A celles et ceux qui ne connaîtraient pas cette série, il faut préciser qu'elle est dérivée d'un film de Mathieu Kassovitz, lui même adaptant un roman de Jean-Christophe Grangé. L'ambiance est la même que dans la série : il s'agit d'une enquête policière particulièrement trouble, avec des aspects sordides. Le mystère y côtoie la folie et l'extrémisme. C'est rocambolesque mais parfois à la limite du vraisemblable...

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   Le duo d'enquêteurs est constitué du commissaire Niemans (comme dans les films) et de la lieutenante Delaunay. Il paraît qu'Olivier Marchal n'était pas le premier choix de la production ni de l'écrivain, qui auraient voulu que Jean Reno (qui incarnait le personnage dans les films) rempile. Quoi qu'il en soit, je trouve que l'ancien policier reconverti dans le cinéma se débrouille très bien en vieux flic anar, bougon et érudit. Je suis moins convaincu par la prestation d'Erika Sainte, que je trouve trop chétive pour le rôle, même si elle a su rendre crédible son personnage de policière gauchiste, mère célibataire un peu paumée dans sa vie privée. Entre les deux héros s'est tissée une sorte de complicité, faite d'ambiguïté : lui la considère comme la fille qu'il n'a pas eue, elle admire le professionnel... et ne serait peut-être pas contre un rapprochement plus "physique"...

   Dans l'épisode qui nous concerne, le duo enquête sur un meurtre survenu lors d'une chasse à courre, à la frontière franco-allemande. L'une des hypothèses envisagées est que les responsables seraient les héritiers d'un groupe de tueurs nazis, les chasseurs noirs, une unité créée à l'initiative d'Heinrich Himmler, en 1940 et qui s'est révélée (à partir de 1942) encore plus cruelle et redoutable que les SS déployés en Europe de l'Est, auxquels elle a d'ailleurs fini par être rattachée.

   Même si l'intrigue de cet épisode double est fantaisiste, de surcroît émaillée de quelques invraisemblances, j'ai trouvé original qu'un scénario de polar contemporain puise dans ce micro-aspect de la Seconde Guerre mondiale. Le suspens est suffisamment bien entretenu pour qu'on prenne plaisir à cette enquête aux multiples rebondissements. Sur les deux saisons, j'estime que c'est l'un des meilleurs épisodes, tous n'étant pas de ce niveau-là.

   P.S.

   Une saison 3 est en chantier.

jeudi, 13 février 2020

Cuban Network

   Pour sa sortie en France, le dernier film d'Olivier Assayas n'a pas bénéficié d'un titre porteur. Il aurait été plus pertinent de l'appeler "Le Réseau cubain", puisqu'il est question d'espionnage, l'intrigue étant concentrée sur les années 1990-2000, qui ont vu la fin de la Guerre froide et la mise en place d'un "nouvel ordre mondial".

   La première partie prend quasiment la forme d'un documentaire-fiction. On suit plusieurs groupes de Cubains et de Cubano-Américains. Nombre d'entre eux quittent Cuba pour s'installer aux Etats-Unis, plus précisément en Floride. Qu'ils fuient la misère ou la dictature, ils sont accueillis par des associations anticastristes, qui tentent de recruter certains d'entre eux pour mener des actions de déstabilisation du régime communiste en place à Cuba.

   J'ai trouvée fort bien mises en scènes ces vagues d'exil et les difficultés nées de la séparation d'avec la famille, tout comme les débuts de ces nouvelles vies, chez Oncle Sam. Evidemment, quand on s'est un peu renseigné avant d'aller voir le film, on sait que, parmi ces exilés, certains sont des agents communistes chargés d'infiltrer les groupes anticastristes.

   Grâce à de bons acteurs, Assayas réussit aussi dans sa peinture des groupes familiaux. On pense bien sûr au couple incarné par Penelope Cruz et Edgar Ramirez (qu'on voit au début et surtout dans la seconde partie). Mais je trouve que celui que finissent par former les personnages interprétés par Ana de Armas (vue récemment dans A couteaux tirés) et Wagner Moura (aperçu dans Elysium) est encore plus fort, parce que subsiste entre eux une part d'incertitude, même quand l'infiltration est découverte.

   Sur le fond, le début de l'histoire semble manifester la volonté de traiter équitablement les deux camps. A la longue, on finit par comprendre que le cinéaste penche du côté castriste. La violence exercée par le régime communiste est à peine esquissée, à travers une simple évocation du cas d'Arnaldo Ochoa et l'arrestation de miliciens anticastristes (avant qu'ils ne perpètrent des attentats). Même si, dans la seconde partie, une scène montre des MIG abattre des avions de tourisme affrétés par des Cubano-Américains, c'est plutôt l'aspect illégal des activités de ceux-ci qui figure à l'écran. L'empathie penche du côté des espions cubains.

   Néanmoins, je reconnais que le propos n'est pas unilatéral. D'un point de vue technique, c'est une oeuvre bien mise en scène, bien jouée et qui propose une représentation d'événements méconnus en France.

mercredi, 12 février 2020

Les Traducteurs

   Voilà encore un film que les critiques professionnels ont, en général, "descendu", alors que l'opinion des spectateurs lambdas qui l'ont vu est positive. A qui se fier ?

   L'intrigue de ce thriller s'inspire d'une histoire vraie, celle de la traduction de l'un des best-sellers de Dan Brown. Cela nous vaut une distribution internationale, les fameux traducteurs (tous des pointures dans leur langue maternelle) venant d'Allemagne, du Danemark, d'Espagne, d'Italie, du Portugal, de Grèce, de Russie, du Royaume-Uni et de France (pour le Franco-Chinois de la bande). L'équipe est quasi paritaire, avec quatre femmes pour cinq hommes, auxquels s'ajoutent les vigiles russes (tous de sexe masculin), une majordome (Sara Giraudeau) et le maître des lieux, le PDG de la maison d'édition, incarné avec un certain brio par Lambert Wilson. Par contre, du côté des traducteurs, les personnages sont caricaturaux. On a bien tenté de nous faire croire qu'ils cachent des secrets, mais cet aspect est hélas assez peu développé.

   Le premier mystère porte sur l'identité de l'écrivain, qui a tout fait pour rester anonyme, chargeant son éditeur de la communication et de la gestion. Le second mystère surgit alors que les traducteurs sont enfermés dans le bunker, en train d'effectuer leur travail : il y a une fuite. Le jeu consiste à deviner qui en est responsable.

   J'ai été étonné que la solution (peu surprenante, de prime abord) apparaisse au bout d'une grosse heure. Je me suis demandé comment le film allait tenir encore trois quarts d'heure. Je n'étais pas au bout de mes surprises. L'une des premières consiste en la révélation du statut des deux personnes qui dialoguent dans une prison. Plusieurs autres coups de théâtre vont survenir, le dernier faisant le lien avec l'un des plans du début, celui de l'incendie d'une petite librairie normande.

   Même si le scénario n'est pas exempt de facilités, même si le jeu de certains acteurs est un peu outré, j'ai passé un bon moment, me triturant les méninges pour découvrir le fond de l'affaire, et emballé par quelques numéros d'acteurs (notamment celui de Sidse Babett Knudsen).

01:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 10 février 2020

First Love, le dernier yakuza

   J'ai enfin pu voir ce film de genre japonais. Pour sa sortie en France, on nous l'a présenté comme s'apparentant à certaines oeuvres de Quentin Tarantino (Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Kill Bill, entre autres). Il faudrait y ajouter les productions Grindhouse, ainsi que quelques films d'action américains récents comme Equalizer (à cause de la séquence du magasin de bricolage).

   Le début nous présente, façon puzzle, les principaux personnages : le jeune boxeur orphelin, les yakuzas japonais, âgés comme jeunes, les mafieux chinois, les policiers plus ou moins honnêtes, les petites frappes locales... et une étrange jeune femme, un peu cinglée, droguée en quête de sa dose, retenue prisonnière.

   L'objet de convoitise, qui va déclencher un engrenage de violences, est un "colis" de cocaïne, qui rentre dans le trafic de la bande de yakuzas et que l'un d'entre eux veut détourner à son profit. Un flic corrompu se greffe là-dessus, sans savoir que la mafia chinoise veut mettre le main sur le "paquet"... et, éventuellement, se débarrasser de la concurrence japonaise.

   Evidemment, rien ne va se passer comme prévu, de la jeune prisonnière qui s'échappe à l'agression du livreur de coke qui dérape, sans parler de l'exécution de sa compagne, qui prend un tour particulièrement surprenant.

   A partir du moment où les flingues et les sabres sont de sortie, cela devient vraiment intéressant... parce que, sinon, c'est un peu mou du genou, parfois même agaçant en raison du jeu outré de certains comédiens, en particulier deux des actrices (la prisonnière, à laquelle on a envie de filer des claques, et la veuve furieuse, qu'on se lasse d'entendre hurler).

   L'ensemble des protagonistes (du moins, ceux qui ont survécu jusque-là) se retrouve dans une grande surface de bricolage, pour une séquence riche en sauce tomate. Dans une semi-obscurité, presque tous les personnages vont s'entretuer, à coups de flingues, de fusil à pompe, de couteau, de sabres et de poings. Même si la fin n'est pas des plus réussies, je suis sorti de là assez satisfait.

23:59 Publié dans Chine, Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Underwater

   Il n'y a pas d'erreur dans la graphie du titre. Il ne s'agit pas de "Under water" (Sous l'eau), mais de "Underwater" (L'Eau de dessous). En perforant le plancher océanique de la fosse des Mariannes, une plate-forme pétrolière de dernière génération semble avoir libéré des forces inconnues... mais, pas un mégalodon, cette fois-ci.

   On commence par découvrir l'une des protagonistes. C'est une jeune femme aux cheveux courts, mince et athlétique, ingénieure, blanche. (On pense évidemment à la Ripley d'Alien.) Comme elle est incarnée par Kristen Stewart, on se dit qu'elle risque d'échapper à pas mal de dangers. (La production n'a sans doute pas déboursé une tonne de blé pour voir mourir la vedette au bout de vingt minutes...) En plus, c'est une fille sympa, prête à aider son prochain... et qui ne tue pas l'araignée qui sort du lavabo, à plusieurs milliers de mètres de profondeur.

   Cette station ultramoderne aurait-elle des défauts de conception ? En tout cas, dans les couloirs, les néons clignotent et on remarque une fuite d'eau. Décidément, les plombiers ne sont plus ce qu'ils étaient, y compris chez Oncle Sam !

  Le truc flippant supplémentaire est le drôle de bruit qu'on finit par entendre... pas vraiment un bruit de tôle froissée ou tordue... quelque chose d'impossible à identifier. Pas le temps d'y réfléchir plus : la station est victime de gigantesques secousses, qui la brisent en plusieurs morceaux. Direction, le fond du fond de l'océan. (On pense à Abyss.)

   Notre héroïne tente de rallier un poste de secours et de récupérer des survivants au passage. Elle finit par rejoindre un technicien noir, un autre (blanc) un peu grassouillet, une Asiatique et le commandant, un vieux loup de mer incarné par Vincent Cassel. Dès le départ, on se dit que, parmi la troupe hétéroclite qui compose le groupe de survivants (6 au total), tout le monde ne va pas s'en sortir. Faites vos jeux...

   Vous avez compris que le scénario n'est pas d'une grande finesse, d'autant que l'un des personnages (la biologiste asiatique) est particulièrement agaçant : elle n'arrête pas de parler, tient des propos défaitistes ou d'une insondable vacuité. On aimerait bien qu'elle se fasse rapidement boulotter par la "chose" qui vit au fond de l'océan mais, vous l'aurez compris, comme c'est une femme et qu'elle appartient à une "minorité visible", il y a des chances que la production ait insisté pour la garder le plus longtemps possible à l'écran...

   Le film est supportable en raison de son habillage sonore et visuel. Dans une grande salle, cela vaut le déplacement. (Par contre, sur petit écran, cela doit moins en jeter.) Bref, les rescapés vont successivement découvrir l'existence d'une petite bébête, puis de plusieurs grandes bébêtes et enfin d'une énooorrrme bébête, toute méchante et vilaine.

   Notons qu'alors qu'une partie de l'intrigue semblait insister sur le nécessaire respect des fonds marins, le dénouement suit une voie diamétralement opposée. Moralité : trop d'écologie tue la science-fiction.

01:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 09 février 2020

Les Filles du Docteur March

   Le hasard de mes pérégrinations cinématographiques fait que je viens de m'enquiller trois œuvres "féministes", chacune dans un genre différent, puisque Birds of Prey décentre le film de super-héros, Une Belle Equipe revivifie la comédie sportive, alors que Les Filles du Docteur March est la réadaptation d'un succès littéraire.

   Tout tourne autour des quatre filles, chacune dotée d'un talent et d'un tempérament différents :

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   En partant de la gauche vers la droite (ci-dessus), on commence par rencontrer Meg (Emma Watson, à jamais mon Hermione adorée), la conformiste, pourtant douée pour le théâtre. A sa gauche se tient Jo (Saoirse Ronan, éblouissante), la garçonne, la rebelle, l'écrivaine. Juste à côté d'elle se trouve Amy (Florence Pugh, que l'on va bientôt revoir aux côtés de Scarlett Johansson...), la petite peste, assez douée pour la peinture. Enfin tout à droite est placée Beth la pianiste, la plus renfermée des sœurs, la plus pieuse aussi.

   Habilement, le film alterne les allers-retours entre deux époques (qui correspondent aux deux premiers tomes de la série de romans écrite par Louisa May Alcott). La partie "moderne" montre les jeunes femmes devenues adultes, moins attachées à la maison familiale, empêtrées dans leurs problèmes personnels. C'est filmé sous une lumière crue, limite frontale.

   Par contraste, le passé (celui de la fin de la Guerre de Sécession, en 1864-1865) apparaît sous des tons chauds, ocres. Un formidable travail a été fait au niveau de l'éclairage et des décors. Je pourrais aussi ajouter les costumes, mais je commence à en avoir un peu marre de ces films dont l'action est située dans le passé et où les personnages ne salissent pas leurs vêtements... Les retours en arrière ressuscitent un cocon, celui dans lequel baignait la cellule familiale, certes privée du père (parti à la guerre), mais où la solidarité entre filles faisait tout supporter. C'était aussi une époque où les adolescentes pouvaient croire en leurs rêves.

   Cela nous amène au propos du film (en écho au XXIe siècle) : la difficulté d'être femme, dans une société qui les empêche de vivre de manière indépendante. Le personnage de Jo se fait le porte-parole de la romancière... et de la cinéaste, dont elle est un alter-ego. Si les actrices sont convaincantes, on ne peut pas dire que les personnages masculins soient particulièrement réussis. J'ai lu l'un des romans il y a très très longtemps mais, je n'avais pas gardé en mémoire un tableau aussi fade de la gent masculine. Pour être clair, Timothée Chalamet fait ce qu'il peut pour rendre crédible son personnage de dilettante efféminé, tandis que Louis Garrel et James Norton (oui, l'ancien révérend de Grantchester !) peinent à sortir le manche à balai resté coincé aux tréfonds de leur anatomie. Seuls les trois "vieux" ont de la personnalité : le père des héroïnes (dévoué à leur épanouissement), le voisin grand-père (qui, depuis qu'il a perdu sa fille, regarde avec envie la maison animée par les petites March) et le directeur de publication d'une revue, le seul ouvertement misogyne. C'est d'ailleurs le principal problème de fond : on a du mal à comprendre comment pouvait s'exercer une telle domination patriarcale, presque tous les hommes visibles à l'écran finissant par céder aux héroïnes ! Ici, Greta Gerwig rate son coup, en particulier si elle vise les États-Unis d'aujourd'hui. Les exemples de misogynie y sont si nombreux (jusqu'au plus haut niveau) qu'on a du mal à comprendre comment elle a pu en tirer quelque chose d'aussi fade.

   Le film n'en demeure pas moins très regardable, en raison de son habillage visuel réussi et de la prestation d'une brochette d'actrices de talent.

Une Belle Equipe

   Quand bien même le titre évoque un vieux film de Julien Duvivier (sorti en 1936), c'est à un autre long-métrage qu'Une Belle Equipe fait penser : Comme des garçons, sorti il y a deux ans dans une relative confidentialité (malheureusement).

   C'est d'ailleurs ce qui m'a retenu d'aller voir ce film plus tôt. J'avais trop peur du déjà-vu. Mais, comme le bouche-à-oreille est bon et que, derrière la caméra, se trouve Mohamed Hamidi, auteur de La Vache, je me suis laissé tenter.

   La première partie est une pure comédie, qui a pour théâtre une petite ville des Hauts-de-France, terre de football, de sociabilité ouvrière... et d'intense consommation de bière. Le modeste club (masculin) de football bat de l'aile. Il risque même la disparition, à moins que son entraîneur (Kad Merad, fidèle à lui-même) ne trouve une solution. Celle-ci va lui être suggérée par sa fille : remplacer les joueurs suspendus par... des femmes !

   Les comportements masculins sont l'occasion d'enfiler les clichés (hélas pas toujours désuets). La plupart des compagnons/maris ne s'occupent guère des enfants ni des tâches ménagères. Ce sont très souvent des alcooliques (certains jouant au football plus par habitude que par souci d'exercer une activité physique), à l'esprit étroit. Sans surprise, le président du club est un notable du cru, assez antipathique.

   Je rassure mes lecteurs mâles : le scénario offre la possibilité à ces personnages caricaturaux d'évoluer... dans le mauvais sens comme dans le bon. La deuxième partie voit les mauvais penchants de certains d'entre eux l'emporter, dans une farandole de mesquineries qui plombe un peu l'ambiance.

   Face à cette masse de testostérone bedonnante, les apprenties joueuses déploient une belle énergie. Je dis "apprenties joueuses" parce qu'apparemment, la plupart des actrices n'avaient quasiment jamais touché un ballon de football auparavant. Quand on voit ce qu'elles finissent par réussir à faire à l'écran, on se dit que l'entraînement a dû être sacrément bon... ou bien que certaines d'entre elles avaient des prédispositions cachées. C'est d'ailleurs ce qui est suggéré à propos des principaux personnages féminins. Si l'on excepte les deux qui pratiquent déjà la ballopied, toutes les autres sont jeunes et s'entretiennent physiquement. Leur manquent juste la technique et la mise en pratique de schémas tactiques... et il leur faut apprendre vite : il leur reste trois matchs pour tenter de grappiller le point qui permettrait à l'équipe de rester dans la division.

   Toutes les actrices sont formidables. Je retiens particulièrement Laure Calamy en bourgeoise qui se lâche, Sabrina Ouazani rayonnante, Manika Auxire effrayante de vulgarité et Céline Sallette parfaite en mère-courage, la grande soeur dont le groupe a besoin... et l'adjointe sur les épaules de laquelle l'entraîneur pourrait se reposer d'une partie de sa charge.

   Le résultat est un feel good movie, durant lequel j'ai souvent ri (dans la première partie).  Comme on s'achemine vers une fin consensuelle, il faut bien que les hommes obtus se rachètent. Le scénario tombe alors dans la facilité (qu'il frôle souvent au cours du film) en reportant toute la culpabilité sur la Fédération de football, nouvelle incarnation d'un pouvoir parisien lointain et oppresseur des bons p'tits gars de la Province. Cette limite posée, l'ensemble forme vraiment un bon film.

samedi, 08 février 2020

Birds of Prey

   Ces oiseaux de proie sont d'abord des victimes, avant de devenir des prédatrices. L'histoire est centrée sur l'une d'entre elles, Harley Quinn, interprétée par Margot Robbie... qui coproduit le film. On n'est jamais si bien servie que par soi-même ! En tout cas, on sent que la blondissime actrice a jubilé dans l'interprétation de cette garce farfelue, diplômée en psychologie, tombée amoureuse du Joker. En moins de deux ans, la voici passée du patin à glace au patin à roulettes !

   Le film est à l'image de son héroïne, bruyant et clinquant, charmant et agaçant, désordonné. C'est d'ailleurs Harley elle-même qui nous raconte cette histoire... à sa manière. Il convient d'être attentif au décalage qui peut exister entre ce que la dame affirme et ce qui est visible à l'écran. Je recommande aussi de lire avec attention les incrustations, certaines étant désopilantes.

   Les autres gazelles sont une tenace policière noire méprisée par sa hiérarchie, une chanteuse de club exploitée par son patron, une mystérieuse motarde (aux origines siciliennes...) et une ado kleptomane, placée en famille d'accueil. Ces cinq très fortes individualités vont petit à petit apprendre à évoluer ensemble, jusqu'à la séquence de l'assaut du parc d'attractions, où Harley Quinn a préparé quelques surprises à destination de la bande de malfrats qui déboule pour les massacrer.

   On notera que, si de gros efforts ont été déployés dans la chorégraphie des bastons, le réalisme n'est pas le souci principal de la réalisatrice... qui ne s'en cache pas. L'une des héroïnes finit par remarquer qu'Harley, qui jusque-là évoluait en bottines, se retrouve tout à coup chaussée de patins ! Quand on en a le loisir, on peut aussi s'amuser à observer l'évolution des tenues...

   Enfin, il y a un propos sociologique derrière cette intrigue. Le film dénonce l'oppression des femmes : Harley a été utilisée puis jetée par le Joker, la policière a été privée des fruits de son travail par ses collègues masculins, la chanteuse est sous la coupe du truand qui dirige le club où elle se produit et l'Italienne a vu sa famille se faire massacrer par un quatuor de mecs horribles. Même la petite dernière est victime du machisme, celui de l'homme de sa famille d'accueil, qui semble très violent. La référence au mouvement #Metoo est perceptible dans une scène se déroulant à l'intérieur du club. Son propriétaire, odieux et paranoïaque, s'en prend à l'une des clientes, qu'il humilie en public, personne n'osant intervenir. (La victime est interprétée par Bojana Novakovic, vue dans Moi, Tonya, mais remarquée surtout depuis qu'elle interprète une policière très consciencieuse dans la série Instinct.)

   Mais, que l'on se rassure : c'est d'abord un film d'action divertissant, assez potache, parfois puéril, durant lequel je ne me suis pas du tout ennuyé.

   P.S.

   Celles et ceux qui restent jusqu'à la fin du générique ont une chance d'entendre la voix de Harley révéler un secret intime de Batman, avec lequel la jeune femme semble entretenir une relation d'amour-haine (susceptible d'être développée dans des films à venir ?).

21:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

The Gentlemen

   Moins d'un an après le poussif Aladdin, Guy Ritchie revient sur nos écrans avec un film plus personnel, un film de genre, un de ceux qu'affectionnait jadis la société Miramax (rachetée en 2016 par une célèbre société qatarie), qui produit celui-ci.

   Raconter ne serait-ce qu'une partie du début relève de la gageure. Comme l'intrigue est un entrelacs de complots et de trahisons, elle est difficile à restituer dans son cadre général sans trop la déflorer. On peut quand même dire qu'il s'agit d'une histoire de rivalités entre voyous londoniens (d'origines diverses : américaine WASP, juive, chinoise, russe, irlandaise, britannique...), sur fond de trafic de drogue.

   Une partie du film est construite comme une série de retours en arrière. Après un générique de toute beauté, on découvre le "héros", Michael Pearson (Matthew McConaughey, impérial), dans son bar de prédilection, dans une scène qu'on reverra plus tard sous deux angles différents. C'est malin.

   La suite (ou plutôt ce qui précède) nous est racontée par un journaliste véreux, qui travaille dans une feuille de chou sensationnaliste. Hugh Grant est parfait dans le rôle, qui le voit notamment se confronter au bras droit de Pearson, un barbu taiseux interprété par Charlie Hunnam. Le petit jeu du chat et de la souris entre les deux hommes alterne avec des scènes enlevées, fort bien tournées. Des truands purs et durs y croisent de jeunes voyous en quête de reconnaissance (et d'argent facile). C'est à ce moment-là que débarque le personnage le plus improbable de cette histoire, le Coach, merveilleusement incarné par Colin Farrell (avec l'accent à savourer dans la V.O.). Cet entraîneur de boxe charismatique essaie de remettre les petites frappes de son quartier dans le droit chemin... quitte à enfreindre (un peu) la loi pour cela !

   Les ennuis de Pearson débutent vraiment quand il annonce qu'il veut se retirer du "jeu". Autour de lui, cela commence à ressembler à une curée, avec le vieux rival chinois faux-jeton, son potentiel successeur aux dents longues, le "collègue" juif avec lequel Pearson traite... sans parler d'un oligarque russe, qu'on ne voit jamais, mais dont l'action se fait ressentir.

   Les péripéties sont souvent jouissives, avec la dose de violence que l'on s'attend à trouver dans ce genre d'histoire... et beaucoup d'ironie, jusque dans la manière de présenter l'organisation méticuleuse du trafic de marijuana. Je laisse à chacun le plaisir de découvrir quel ingénieux système Pearson a mis au point pour échapper aux radars, ceux de la police comme ceux de ses rivaux...

   Un autre point à souligner est la manière dont les trafics sont gérés. Les truands sont devenus des managers, qui parlent coût de production, marge opérationnelle, investissement... Ritchie nous présente ces salauds ("gentlemen" étant évidemment une antiphrase) comme des patrons d'entreprise, à ceci près qu'ils ont intégré à leur méthode de gestion la torture et le meurtre.

   J'ai passé un très bon moment.

   P.S.

   A la fin, on voit l'un des personnages apporter son scénario à un producteur de cinéma, qui a comme un air de ressemblance avec l'un des frères Weinstein. Dans la pièce, sur le mur situé derrière le bureau du producteur, se trouve l'affiche du film Agents très spéciaux, réalisé par un certain... Guy Ritchie !

17:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 07 février 2020

Le Voyage du Dr Dolittle

   Cette pochade numérique est une nouvelle adaptation d'un personnage de romans qui, jadis, contribua à la célébrité d'Eddy Murphy. Ici, c'est Robert Downey Jr qui endosse le costume du vétérinaire qui converse avec les animaux. Je pense que je ne vais surprendre aucun cinéphile en affirmant que, depuis le tournage d'Avengers Endgame, l'acteur a compris que son agenda était a priori assez dégagé pour les années à venir...

   On nous propose un univers féérique, fait d'un XIXe siècle victorien mythifié, mêlant l'atmosphère du film de pirates à quelque chose qui ressemble à Alice au pays des merveilles. La surabondance d'effets spéciaux est visible mais, franchement, dans une grande salle, avec un bon son, c'est un sacré spectacle.

   Après une introduction sous forme de mini-film d'animation, on découvre les "personnages réels", en particulier le véto déprimé, qu'un potentiel apprenti (aidé d'une suivante de la cour royale d'Angleterre) va tenter de sortir de sa torpeur, épaulé par la ménagerie qui a élu domicile dans la propriété transformée en refuge.

   Les péripéties sont dignes d'un roman-feuilleton. Entre passage secret, empoisonnement, trahison, espionnage et course-poursuite, on n'a pas le temps de s'ennuyer. C'est de surcroît allègrement saupoudré d'humour, qui émerge en général des personnages animaux, grands comme petits (en particulier le gorille, les souris et l'écureuil). A l'oreille, dans la version française, on reconnaît quantité de voix familières, habituées du doublage de films comme de séries télévisées.

   Deux séquences sont particulièrement emballantes : le face-à-face entre Doolittle et le tigre Barry et toute l'aventure au sein de la grotte, avec notamment la dragonne.

   Bref, même si cela ne vole pas très haut, c'est un très agréable divertissement, qui aurait d'ailleurs pu constituer un excellent film de Noël, tant l'ambiance est féérique et bon enfant.

22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

L'Esprit de famille

   Attiré par la distribution quatre étoiles (Josiane Balasko, Isabelle Carré, François Berléand, Guillaume De Tonquédec...), j'ai tenté cette comédie française, qui oscille entre drame familial et portrait de société.

   L'une des meilleures scènes se trouve au début. Je ne vais pas divulgâcher grand chose en révélant qu'elle se conclut par le décès du père. Mais cette mort est amenée avec une certaine subtilité. Dans le même temps, le problème de la relation entre le père et le fils est bien posé.

   C'est le véritable sujet de cette histoire très balisée. Aucun des membres de la famille ne se remet de la disparition du père (François Berléand)... alors que tous avaient encore tant de choses à lui dire. La veuve (J. Balasko) se comporte bizarrement... en fait pour tester si l'esprit du défunt hante les murs de la maison familiale. Le fils aîné (G. De Tonquédec) lui le voit carrément au quotidien. C'est le personnage qui est amené le plus à évoluer... pour le meilleur bien sûr : c'était (jusqu'à présent) un mari distant, un père absent, un fils lointain et un ami peu fiable.

   Il découvre l'ampleur des dégâts un matin, au petit-déjeuner, quand il se retrouve face à sa belle-sœur dépressive, un personnage jusque-là très caricatural qui, tout à coup, trouve les mots pour caractériser son beau-frère. La scène est assez savoureuse. Pour ce personnage féminin (interprété par Marie-Julie Baup), cela marque l'amorce d'un changement qui va culminer au cours d'une mémorable partie de rugby de plage, en compagnie d'un joueur professionnel fidjien qui a le mal du pays... et des biceps épais comme deux cuisses.

   A rebours de nombre de ses collègues auteurs de comédies "populaires" françaises, le réalisateur Eric Besnard a soigné la mise en scène. Certains plans font preuve d'une certaine élaboration et l'image est vraiment chiadée.

   Du coup, je me suis laissé prendre à cette torpeur mélancolique, cette petite chose parfois drôle, qui évoque avec tendresse les rapports familiaux.

19:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 05 février 2020

L'Adieu

   Ironiquement, une incrustation placée au tout début informe les spectateurs que l'intrigue du film est inspirée... d'un mensonge. Celui-ci est au coeur de la réunion de famille qui s'organise un peu à l'arrache, en Chine, officiellement pour célébrer le mariage de l'un des petits-enfants. En réalité, les adultes de la "tribu" ont appris que la grand-mère est en phase terminale de son cancer du poumon, un état de santé qu'on lui a jusqu'à présent soigneusement caché.

   Avant d'en arriver aux retrouvailles, on nous présente les différentes branches de la famille. Les deux fils de la matriarche se sont expatriés des dizaines d'années auparavant (si on lit entre les lignes : quelques années à peine après la répression du printemps de Pékin...). Le premier couple vit à New York, en plus ou moins bons termes avec la fille unique, une trentenaire pas encore fixée sur ce qu'elle veut faire de sa vie. Le second couple vit au Japon, où est né le fils sur le point de convoler avec une ressortissante nippone. En Chine, on découvre le reste de la famille : la tante et les cousins.

   Cette histoire pleine de délicatesse se déguste d'abord pour la description du fossé culturel qui s'est creusé entre les expatriés, leurs enfants et les Chinois de Chine. Les premiers ne parlent plus aussi bien leur langue maternelle, méconnaissent les traditions, tandis que, chez les seconds, on sent un petit complexe d'infériorité, ainsi qu'une observance quasi servile des rituels surannés..

   L'humour n'est pas absent. En fil rouge, il y a cette plaisanterie de fin de repas, qu'on nous raconte au début. Je laisse à chacun le plaisir de découvrir ce que cache l'euphémisme "monter sur le toit"... Toutefois, qu'on ne s'attende pas à de la franche rigolade. C'est un humour discret, saupoudré (à bon escient) en quelques endroits.

   L'autre intérêt du film est sa mise en scène des relations entre femmes. C'est d'ailleurs peut-être le moment de préciser que la réalisation est due à une représentante du "deuxième sexe", Lulu Wang. Elle a clairement choisi de mettre l'accent sur les personnages féminins... et elle a eu raison, tant ceux-ci sont bien incarnés. Il y a bien sûr la grand-mère, une femme simple, qui, dans les difficultés de la vie, a acquis une sagesse dont elle tente de faire profiter ses cadettes. Il y a aussi l'une de ses brus, dotée d'une forte personnalité, et qui semble "porter la culotte" dans son ménage. Il y a enfin Billi, la petite-fille préférée, l'artiste un peu ratée, le cul entre deux chaises, mal à l'aise dans la culture chinoise comme dans l'hyper-urbanité individualiste new-yorkaise. Dans le rôle, Awkwafina (vue notamment dans Ocean's 8 et Jumanji 2) est formidable.

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   L'un des sommets du film est le repas de mariage, avec déclarations convenues et karaoké consternant. Mais deux autres scènes m'ont davantage marqué. La première est le petit affrontement entre Billi et sa mère, au cours duquel chacune vide son sac. Dans un premier temps, la réalisatrice semble diriger notre sympathie vers la jeune (qui est très attachée à sa grand-mère). Mais la scène bascule quand la mère révèle quelques aspects de sa vie passée et affirme nettement son caractère, ce qu'elle évite de faire en public, aux côtés de son mari.

   La deuxième scène marquante est le dialogue, dans une chambre, entre la grand-mère et la petite-fille. Il s'y dit beaucoup de choses. On en sous-entend d'autres, plus difficilement exprimables. C'est superbement joué et j'ai été ému.

   P.S.

   Ne partez pas trop vite à la fin : on découvre que cette intrigue mensongère est inspirée d'une histoire vraie.

21:28 Publié dans Chine, Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films