samedi, 05 octobre 2019
Les Lois de l'hospitalité
L'année 2019 voit la ressortie en salles (en version restaurée) de ce moyen-métrage de Buster Keaton. Celui-ci, un peu oublié aujourd'hui, fut, à l'époque du cinéma muet, le grand rival de Charlie Chaplin, sans doute le meilleur spécialiste du slapstick, un genre comique fondé sur des cascades (Keaton les réalisant lui-même).
Keaton y incarne Willie McKay, un jeune New-Yorkais qui, dans la première moitié du XIXe siècle, se risque dans l'arrière-pays pour y récupérer ce qu'il pense être un héritage magnifique. Une double déception l'attend : l'héritage en question se limite à une bicoque brinquebalante et, sur place, résident encore les membres d'une famille (les Canfield) qui vouent une haine mortelle à la sienne. Or, dans le train qui l'amène depuis New York, le héros fait la connaissance d'une ravissante passagère (avec laquelle il sympathise), Virginia Canfield...
L'intrigue générale est simple (même si elle va suivre quelques détours sinueux). On sent l'influence du Roméo et Juliette de Shakespeare. Et pourtant, à la base, c'est une histoire vraie, celle de la vendetta (feud en anglais) entre les familles McCoy et Hatfield, qui défraya la chronique à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. (Des années plus tard, elle a inspiré Morris et Goscinny, auteurs de l'album Les Rivaux de Painful Gulch.)
La première séquence présente le contexte, au tout début du XIXe siècle. Les réalisateurs (John Blystone et Buster Keaton) campent avec force une opposition de classe entre une famille pauvre (avec un seul enfant), les McKay, et une famille aisée (dont on va découvrir au cours de l'histoire qu'elle se compose d'au moins quatre enfants), les Canfield. Le drame qui se déroule cette nuit de 1810 va relancer la querelle qui oppose les deux camps depuis des lustres, et qui semblait s'être atténuée.
Plus de vingt ans passent et nous voilà projetés dans un New York trépidant, avec quelques clins d'oeil comiques de Keaton : sur la circulation hippomobile qui devient infernale, sur l'urbanisation galopante dans le quartier de Broadway (dont pourtant l'aspect contraste fortement avec celui qu'il a acquis par la suite)... et sur les dangers qu'il y a à quitter la métropole pour l' "Ouest sauvage", situé au-delà de Trenton... à moins de cent kilomètres de là.
Le transport en train (en calèche ferroviaire, devrait-on dire) est source de multiples gags. Du personnel vieillissant à la fumée qui asperge les passagers, en passant par le tracer de la voie, acrobatique (et... modulable), on ne s'ennuie pas. Dans le même temps, Keaton/McKay fait montre de son savoir-faire dans le comique de situation.
L'intrigue prend un tour plus dramatique à l'arrivée dans les Appalaches. Au départ, le jeune McKay ne risque rien, puisqu'il n'est pas attendu et que personne ne connaît son identité. Mais il est du genre très poli, se présentant volontiers à des inconnus. De surcroît, la ravissante passagère, tombée sous son charme, l'a invité dans la demeure familiale des Canfield (sans lui avoir révélé son nom).
On attend donc avec impatience la séquence du dîner, qu'un détail sociologique va contribuer à épicer : les lois de l'hospitalité interdisent de s'en prendre à un invité dans l'enceinte de la maison (mais pas dans le jardin ni devant l'entrée). La tension monte et le héros déploie des trésors d'inventivité pour échapper aux griffes pistolets du père et des frères de sa dulcinée. Cela devient de plus en plus rocambolesque. C'est absolument délicieux.
J'ajoute que l'image restaurée (en noir et blanc) est superbe et qu'on a réenregistré la musique d'accompagnement. C'est un film à ne pas manquer s'il passe près de chez vous !
13:47 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
dimanche, 29 septembre 2019
Un Jour de pluie à New York
Un an et demi après Wonder Wheel, ce film constitue une sorte de retour aux sources pour Woody Allen. D'abord parce qu'il tourne de nouveau à New York. Ensuite, parce que c'est une comédie sentimentale verbeuse, comprenant ces fameuses scènes de dialogue où l'humour surgit au détour d'un torrent verbal.
Aller voir le dernier Woody (en V.O. sous-titrée, of course !), c'est un peu comme lire le dernier polar de son auteur préféré ou déboucher une bouteille du dernier cru de son vin de prédilection. On s'enferme bien au chaud, on met sa bonne vieille robe de chambre (celle qui a gardé les odeurs de tant de soirées mémorables), on s'installe dans un bon fauteuil, on pète un coup et puis... on savoure.
Hélas, on ne peut pas respecter ce rituel à la lettre dans une salle de cinéma. Mais ça le fait quand même. Les dialogues, très bien écrits, parfois incisifs comme je les aime, sont servis par de très bons interprètes. Entre les mains de Woody Allen, même le fadasse Timothée Chalamet est crédible en nouvel avatar du réalisateur. De leur côté, Liev Schreiber et Diego Luna font le job en réalisateur dépressif et acteur vedette coureur de jupons. Le meilleur est pour moi Jude Law, qui se fond dans le personnage du scénariste dépassé par les événements (professionnels et personnels).
C'est du côté féminin qu'il faut chercher les perles de ce film. Elle Fanning (How to talk to girls at parties, Les Proies, Mary Shelley) confirme tout le bien que je pensais d'elle. J'ai lu et entendu des commentaires désobligeants à son sujet mais, franchement, je crois que certaines personnes confondent le personnage d'Ashleigh avec l'actrice qui l'incarne. Il n'est pas facile d'interpréter une gourdasse. Ici, elle le fait très bien, avec, en bonus, une scène assez virtuose au restaurant (avec l'acteur bellâtre), durant laquelle elle est censée être un peu pompette. Du grand art.
A ses côtés figurent d'autres jeunes femmes à la fois belles et talentueuses. (Dieu que le travail de la directrice de casting a dû être épuisant !) Clairement, Selena Gomez sort du lot, dans le rôle de la sœur d'une ex-copine du héros, une brune piquante qui en pince pour Gatsby-le-pas-vraiment-magnifique. C'est d'ailleurs la seule faiblesse de l'histoire, qui nous laisse entrevoir très tôt comment tout cela risque fort de se conclure. A noter aussi les prestations d'Annaleigh Ashford (au rire tonitruant) et de Cherry Jones, qui incarne la mère de Gatsby, dont la conversation avec son fils débouche sur une révélation des plus surprenantes.
C'est donc (plutôt) bien écrit, très bien joué, bien filmé, bien éclairé et décoré avec, en sus, une ambiance musicale toujours aussi "cosy". Woody a même trouvé le moyen de faire ironiquement allusion à ses ennuis personnels. Pour parvenir à mettre Ashleigh dans son lit, le bellâtre Francisco Vega ne compte pas que sur son charme (surestimé) et sa renommée (abusive) : il fait boire la jeune femme, qui se retrouve aussi avec un joint en bouche. La manière dont cet épisode se conclut est croquignolesque... Mais ce bon Woody n'a pas pu s'empêcher de rappeler que lui (qu'on accuse de bien des maux) ne s'adonne pas à ce genre de comportement douteux, apparemment assez répandu à Hollywood. Qui sait quelles vedettes du grand écran ont échappé à la vindicte de MeToo ?
00:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Un Jour de pluie à New York
Un an et demi après Wonder Wheel, ce film constitue une sorte de retour aux sources pour Woody Allen. D'abord parce qu'il tourne de nouveau à New York. Ensuite, parce que c'est une comédie sentimentale verbeuse, comprenant ces fameuses scènes de dialogue où l'humour surgit au détour d'un torrent verbal.
Aller voir le dernier Woody (en V.O. sous-titrée, of course !), c'est un peu comme lire le dernier polar de son auteur préféré ou déboucher une bouteille du dernier cru de son vin de prédilection. On s'enferme bien au chaud, on met sa bonne vieille robe de chambre (celle qui a gardé les odeurs de tant de soirées mémorables), on s'installe dans un bon fauteuil, on pète un coup et puis... on savoure.
Hélas, on ne peut pas respecter ce rituel à la lettre dans une salle de cinéma. Mais ça le fait quand même. Les dialogues, très bien écrits, parfois incisifs comme je les aime, sont servis par de très bons interprètes. Entre les mains de Woody Allen, même le fadasse Timothée Chalamet est crédible en nouvel avatar du réalisateur. De leur côté, Liev Schreiber et Diego Luna font le job en réalisateur dépressif et acteur vedette coureur de jupons. Le meilleur est pour moi Jude Law, qui se fond dans le personnage du scénariste dépassé par les événements (professionnels et personnels).
C'est du côté féminin qu'il faut chercher les perles de ce film. Elle Fanning (How to talk to girls at parties, Les Proies, Mary Shelley) confirme tout le bien que je pensais d'elle. J'ai lu et entendu des commentaires désobligeants à son sujet mais, franchement, je crois que certaines personnes confondent le personnage d'Ashleigh avec l'actrice qui l'incarne. Il n'est pas facile d'interpréter une gourdasse. Ici, elle le fait très bien, avec, en bonus, une scène assez virtuose au restaurant (avec l'acteur bellâtre), durant laquelle elle est censée être un peu pompette. Du grand art.
A ses côtés figurent d'autres jeunes femmes à la fois belles et talentueuses. (Dieu que le travail de la directrice de casting a dû être épuisant !) Clairement, Selena Gomez sort du lot, dans le rôle de la sœur d'une ex-copine du héros, une brune piquante qui en pince pour Gatsby-le-pas-vraiment-magnifique. C'est d'ailleurs la seule faiblesse de l'histoire, qui nous laisse entrevoir très tôt comment tout cela risque fort de se conclure. A noter aussi les prestations d'Annaleigh Ashford (au rire tonitruant) et de Cherry Jones, qui incarne la mère de Gatsby, dont la conversation avec son fils débouche sur une révélation des plus surprenantes.
C'est donc (plutôt) bien écrit, très bien joué, bien filmé, bien éclairé et décoré avec, en sus, une ambiance musicale toujours aussi "cosy". Woody a même trouvé le moyen de faire ironiquement allusion à ses ennuis personnels. Pour parvenir à mettre Ashleigh dans son lit, le bellâtre Francisco Vega ne compte pas que sur son charme (surestimé) et sa renommée (abusive) : il fait boire la jeune femme, qui se retrouve aussi avec un joint en bouche. La manière dont cet épisode se conclut est croquignolesque... Mais ce bon Woody n'a pas pu s'empêcher de rappeler que lui (qu'on accuse de bien des maux) ne s'adonne pas à ce genre de comportement douteux, apparemment assez répandu à Hollywood. Qui sait quelles vedettes du grand écran ont échappé à la vindicte de MeToo ?
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mercredi, 25 septembre 2019
Rambo : Last Blood
Le titre est évidemment une référence au premier opus (First Blood). On semble nous annoncer que Johnny va boucler la boucle, dans un dernier combat dont on ne perçoit pas comment il pourrait se conclure.
Mais, avant d'en arriver là (et au feu d'artifice final), on retrouve le héros en bon samaritain, toujours prêt à rendre service, comme lors de cette forte tempête, au cours de laquelle on le voit sauver une charmante randonneuse, tout en préservant sa monture.
C'est qu'il aime les canassons, notre Rambo. Dans son ranch, il les dresse avec calme et dextérité. Il a même transmis son savoir à la nièce de la femme qui l'a accueilli. La ravissante Gabrielle est sur le point de prendre son envol, loin de l'Arizona. Mais, auparavant, elle aimerait bien revoir ce père qui l'a abandonnée il y a des années. On sent venir à des kilomètres la désobéissance de la jeune femme, qui n'hésite pas à se rendre au Mexique, dans un quartier mal famé, en petite tenue. Quand elle sort de sa voiture (où elle a laissé son smartphone bien en évidence), elle néglige de verrouiller les portes ! Et après on s'étonne qu'il lui arrive des bricoles...
Pendant ce temps-là, Johnny s'occupe au ranch, histoire de chasser ses idées noires. Il se bourre de cachetons pour tenter de surmonter les crises de délire qui lui laissent peu de répit. Ces dix dernières années (depuis la fin de John Rambo), il en a abattu du boulot, puisque la propriété surmonte un impressionnant réseau de galeries, où il se réfugie, notamment pour dormir.
La première séquence d'action le voit partir au Mexique pour tenter de ramener Gabrielle. Cela nous vaut une délicieuse scène d'interrogatoire à la sortie d'une boîte de nuit. Ce premier séjour est aussi l'occasion pour le héros de faire une rencontre inattendue, celle d'une femme qui pourrait devenir son alliée... voire plus, si affinités. Mais John n'est pas sur son terrain. Pour vaincre les méchants, il va devoir les attirer dans sa tanière.
Tous les mecs présents dans la salle attendent ce moment de bravoure (très gore), qui voit une bande d'horribles voyous s'attaquer au ranch regorgeant de pièges, le plus redoutable se déplaçant sur deux jambes. C'est l'occasion de préciser que Stallone, avec sa gueule de mille ans, est plutôt bien dans le rôle.
Hélas, la production semble avoir donné des consignes drastiques aux monteurs. On a visiblement voulu boucler cela en 1h30 (douche comprise). Du coup, certaines bonnes scènes ne sont pas suffisamment exploitées. On a cependant gardé un petit clin d’œil à la politique américaine : quand les voyous mexicains veulent s'introduire clandestinement aux États-Unis, ils contournent sans peine le mur de séparation déjà en place... en empruntant les tunnels qu'ils ont fait creuser. Quand Rambo se retrouve dans une situation semblable, il utilise une méthode plus "artisanale" : il défonce la barrière frontalière. Hi, Donald !
20:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Rambo : Last Blood
Le titre est évidemment une référence au premier opus (First Blood). On semble nous annoncer que Johnny va boucler la boucle, dans un dernier combat dont on ne perçoit pas comment il pourrait se conclure.
Mais, avant d'en arriver là (et au feu d'artifice final), on retrouve le héros en bon samaritain, toujours prêt à rendre service, comme lors de cette forte tempête, au cours de laquelle on le voit sauver une charmante randonneuse, tout en préservant sa monture.
C'est qu'il aime les canassons, notre Rambo. Dans son ranch, il les dresse avec calme et dextérité. Il a même transmis son savoir à la nièce de la femme qui l'a accueilli. La ravissante Gabrielle est sur le point de prendre son envol, loin de l'Arizona. Mais, auparavant, elle aimerait bien revoir ce père qui l'a abandonnée il y a des années. On sent venir à des kilomètres la désobéissance de la jeune femme, qui n'hésite pas à se rendre au Mexique, dans un quartier mal famé, en petite tenue. Quand elle sort de sa voiture (où elle a laissé son smartphone bien en évidence), elle néglige de verrouiller les portes ! Et après on s'étonne qu'il lui arrive des bricoles...
Pendant ce temps-là, Johnny s'occupe au ranch, histoire de chasser ses idées noires. Il se bourre de cachetons pour tenter de surmonter les crises de délire qui lui laissent peu de répit. Ces dix dernières années (depuis la fin de John Rambo), il en a abattu du boulot, puisque la propriété surmonte un impressionnant réseau de galeries, où il se réfugie, notamment pour dormir.
La première séquence d'action le voit partir au Mexique pour tenter de ramener Gabrielle. Cela nous vaut une délicieuse scène d'interrogatoire à la sortie d'une boîte de nuit. Ce premier séjour est aussi l'occasion pour le héros de faire une rencontre inattendue, celle d'une femme qui pourrait devenir son alliée... voire plus, si affinités. Mais John n'est pas sur son terrain. Pour vaincre les méchants, il va devoir les attirer dans sa tanière.
Tous les mecs présents dans la salle attendent ce moment de bravoure (très gore), qui voit une bande d'horribles voyous s'attaquer au ranch regorgeant de pièges, le plus redoutable se déplaçant sur deux jambes. C'est l'occasion de préciser que Stallone, avec sa gueule de mille ans, est plutôt bien dans le rôle.
Hélas, la production semble avoir donné des consignes drastiques aux monteurs. On a visiblement voulu boucler cela en 1h30 (douche comprise). Du coup, certaines bonnes scènes ne sont pas suffisamment exploitées. On a cependant gardé un petit clin d’œil à la politique américaine : quand les voyous mexicains veulent s'introduire clandestinement aux États-Unis, ils contournent sans peine le mur de séparation déjà en place... en empruntant les tunnels qu'ils ont fait creuser. Quand Rambo se retrouve dans une situation semblable, il utilise une méthode plus "artisanale" : il défonce la barrière frontalière. Hi, Donald !
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samedi, 21 septembre 2019
Les Hirondelles de Kaboul
Ce n'est qu'après avoir vu ce film de Zabou Breitman que j'ai appris qu'il est adapté d'un roman de Yasmina Khadra. Il y a quelques années, j'ai vu l'adaptation d'une autre de ses œuvres, L'Attentat, vraiment prenante.
Ici, il s'agit d'un film d'animation, dont le style évoque pour moi la peinture à l'eau. Cela m'a d'ailleurs déconcerté. L'esthétique semble se rapprocher de celle du conte, alors que tous les sons ajoutés nous plongent dans un réalisme implacable. Je dois dire que, si j'ai été gêné au départ, le procédé a fini par s'imposer à moi, tant c'est réalisé avec talent. (Au pinceau se trouve Eléa Gobbé-Mévellec, naguère animatrice sur Le Chat du rabbin, Le Jour des corneilles, Ernest et Célestine, Avril et le monde truqué ou encore Le Prophète.)
L'action se déroule à la fin du XXe siècle (il est question à plusieurs reprises des exploits d'un certain Zinédine Zidane, en 1998), dans l'Afghanistan dominé par les talibans. On suit plusieurs personnages, notamment deux couples, celui formé par un gardien de prison (ancien moudjahidin quelque peu désabusé) et son épouse frappée par le cancer et celui formé par une (ravissante) artiste libertaire et son époux emprunté. On découvre d'ailleurs assez rapidement celui-ci, au cours d'une séquence où il va faire preuve de lâcheté.
Cela donne le ton de l'histoire, dans laquelle les personnages principaux ne sont pas d'un bloc. On suit plus particulièrement les tourments intérieurs du gardien de prison, dont l'épouse elle aussi va nous surprendre. Je dois reconnaître que j'ai été moins touché par le second couple, plus jeune, moins réfléchi, surtout (pour moi) très imprudent compte tenu du profil des individus qui tiennent la ville.
Du côté des talibans, on ne verra pas le visage d'une seule des gardiennes, réduites à leur tenue "islamiquement correcte". Leurs équivalents masculins sont un peu plus travaillés. Ils ne se sont pas engagés dans leur "cause" pour les mêmes raisons. Si certains sont bien motivés par une quête religieuse (certes extrémiste), d'autres se servent de la religion pour assouvir leurs désirs, ou tout simplement acquérir du pouvoir.
La violence est omniprésente, qu'elle soit physique ou morale. La séquence de la lapidation est pour moi la plus marquante... et nécessaire, pour montrer quel degré de barbarie a atteint ce régime infect. On nous épargne toutefois certains aspects sordides, comme l'égorgement d'un opposant.
Une fois ma gêne quant à la forme surmontée, j'ai été pris par l'histoire. Je ne cache cependant pas qu'elle subit un petit coup de mou, en deuxième partie, avant que l'intérêt ne remonte dans les dix dernières minutes. (Sur un sujet approchant, je trouve Parvana plus réussi.)
Au moment où l'administration Trump est tentée de baisser son froc devant les talibans, la sortie de ce film rappelle à celles et ceux qui l'auraient oublié ce qu'est une théocratie machiste, inculte et occidentalophobe.
20:46 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Hirondelles de Kaboul
Ce n'est qu'après avoir vu ce film de Zabou Breitman que j'ai appris qu'il est adapté d'un roman de Yasmina Khadra. Il y a quelques années, j'ai vu l'adaptation d'une autre de ses œuvres, L'Attentat, vraiment prenante.
Ici, il s'agit d'un film d'animation, dont le style évoque pour moi la peinture à l'eau. Cela m'a d'ailleurs déconcerté. L'esthétique semble se rapprocher de celle du conte, alors que tous les sons ajoutés nous plongent dans un réalisme implacable. Je dois dire que, si j'ai été gêné au départ, le procédé a fini par s'imposer à moi, tant c'est réalisé avec talent. (Au pinceau se trouve Eléa Gobbé-Mévellec, naguère animatrice sur Le Chat du rabbin, Le Jour des corneilles, Ernest et Célestine, Avril et le monde truqué ou encore Le Prophète.)
L'action se déroule à la fin du XXe siècle (il est question à plusieurs reprises des exploits d'un certain Zinédine Zidane, en 1998), dans l'Afghanistan dominé par les talibans. On suit plusieurs personnages, notamment deux couples, celui formé par un gardien de prison (ancien moudjahidin quelque peu désabusé) et son épouse frappée par le cancer et celui formé par une (ravissante) artiste libertaire et son époux emprunté. On découvre d'ailleurs assez rapidement celui-ci, au cours d'une séquence où il va faire preuve de lâcheté.
Cela donne le ton de l'histoire, dans laquelle les personnages principaux ne sont pas d'un bloc. On suit plus particulièrement les tourments intérieurs du gardien de prison, dont l'épouse elle aussi va nous surprendre. Je dois reconnaître que j'ai été moins touché par le second couple, plus jeune, moins réfléchi, surtout (pour moi) très imprudent compte tenu du profil des individus qui tiennent la ville.
Du côté des talibans, on ne verra pas le visage d'une seule des gardiennes, réduites à leur tenue "islamiquement correcte". Leurs équivalents masculins sont un peu plus travaillés. Ils ne se sont pas engagés dans leur "cause" pour les mêmes raisons. Si certains sont bien motivés par une quête religieuse (certes extrémiste), d'autres se servent de la religion pour assouvir leurs désirs, ou tout simplement acquérir du pouvoir.
La violence est omniprésente, qu'elle soit physique ou morale. La séquence de la lapidation est pour moi la plus marquante... et nécessaire, pour montrer quel degré de barbarie a atteint ce régime infect. On nous épargne toutefois certains aspects sordides, comme l'égorgement d'un opposant.
Une fois ma gêne quant à la forme surmontée, j'ai été pris par l'histoire. Je ne cache cependant pas qu'elle subit un petit coup de mou, en deuxième partie, avant que l'intérêt ne remonte dans les dix dernières minutes. (Sur un sujet approchant, je trouve Parvana plus réussi.)
Au moment où l'administration Trump est tentée de baisser son froc devant les talibans, la sortie de ce film rappelle à celles et ceux qui l'auraient oublié ce qu'est une théocratie machiste, inculte et occidentalophobe.
20:46 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 20 septembre 2019
Ad Astra
Deux ans après Lost City of Z, le réalisateur James Gray s'est lancé dans la science-fiction philosophique. Bien qu'il ne semble pas l'admettre, à l'image, on sent l'influence de prestigieux prédécesseurs, du 2001 de Stanley Kubrick au Gravity d'Alfonso Cuarón, en passant par Mission to Mars de Brian de Palma.
Comme les producteurs ont sorti le chéquier, à l'écran, dans une grande salle, c'est superbe. Dès le début, j'ai été cueilli par la séquence de travail en orbite autour de la Terre. Plus loin, j'ai apprécié la description d'un quotidien futuriste possible, avec l'omniprésence de la commande vocale et des navettes régulières entre Terre et Lune, Lune et Mars. Du côté des scènes d'action, on est servi, avec notamment une embuscade sur la face cachée de la Lune qui mérite le détour.
Brad Pitt assure en super-astronaute au sang froid, qui déconcerte jusqu'à ses proches mais ne se laisse décontenancer par aucune situation imprévue. Je crois que Brad est présent dans toutes les scènes. (Est-il besoin de préciser qu'il a coproduit le film ?)
Le problème est qu'après un début flamboyant, l'histoire s'enlise. J'ai eu de plus en plus de mal à supporter la voix-off (issue des évaluations psychologiques du super-astronaute). Il me semble aussi qu'après avoir mis en place son dispositif, James Gray se laisse dépasser par ses obsessions : la relation père-fils, l'incompatibilité entre l'accomplissement professionnel et le bonheur intime. On finit par comprendre que le papa (incarné par Tommy Lee Jones) considère l'espace comme son foyer. Par contre le fiston, même s'il a marché sur les traces du paternel, aspire à une vie plus "conventionnelle".
L'intrigue ménage quand même un petit suspens. Que va trouver le héros dans sa quête du père ? Celui-ci est-il mort ? A-t-il fait une rencontre du troisième type ? Et qu'est-ce qui est réellement la source de ces soudaines et phénoménales décharges d'énergie qui menacent la Terre ?
Sur le plan esthétique, c'est une oeuvre qui mérite le détour, mais c'est plutôt moyen sur le plan scénaristique.
23:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Ad Astra
Deux ans après Lost City of Z, le réalisateur James Gray s'est lancé dans la science-fiction philosophique. Bien qu'il ne semble pas l'admettre, à l'image, on sent l'influence de prestigieux prédécesseurs, du 2001 de Stanley Kubrick au Gravity d'Alfonso Cuarón, en passant par Mission to Mars de Brian de Palma.
Comme les producteurs ont sorti le chéquier, à l'écran, dans une grande salle, c'est superbe. Dès le début, j'ai été cueilli par la séquence de travail en orbite autour de la Terre. Plus loin, j'ai apprécié la description d'un quotidien futuriste possible, avec l'omniprésence de la commande vocale et des navettes régulières entre Terre et Lune, Lune et Mars. Du côté des scènes d'action, on est servi, avec notamment une embuscade sur la face cachée de la Lune qui mérite le détour.
Brad Pitt assure en super-astronaute au sang froid, qui déconcerte jusqu'à ses proches mais ne se laisse décontenancer par aucune situation imprévue. Je crois que Brad est présent dans toutes les scènes. (Est-il besoin de préciser qu'il a coproduit le film ?)
Le problème est qu'après un début flamboyant, l'histoire s'enlise. J'ai eu de plus en plus de mal à supporter la voix-off (issue des évaluations psychologiques du super-astronaute). Il me semble aussi qu'après avoir mis en place son dispositif, James Gray se laisse dépasser par ses obsessions : la relation père-fils, l'incompatibilité entre l'accomplissement professionnel et le bonheur intime. On finit par comprendre que le papa (incarné par Tommy Lee Jones) considère l'espace comme son foyer. Par contre le fiston, même s'il a marché sur les traces du paternel, aspire à une vie plus "conventionnelle".
L'intrigue ménage quand même un petit suspens. Que va trouver le héros dans sa quête du père ? Celui-ci est-il mort ? A-t-il fait une rencontre du troisième type ? Et qu'est-ce qui est réellement la source de ces soudaines et phénoménales décharges d'énergie qui menacent la Terre ?
Sur le plan esthétique, c'est une oeuvre qui mérite le détour, mais c'est plutôt moyen sur le plan scénaristique.
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jeudi, 12 septembre 2019
Le Gangster, le flic et l'assassin
La version traduite du titre de ce polar sud-coréen fait référence au film de Sergio Leone Le Bon, la brute et le truand. Sur le fond, il y a quelques similitudes (notamment concernant le fait qu'aucun personnage n'est ni tout blanc ni tout noir), de la truculence, mais c'est quand même une oeuvre dans le ton des films asiatiques d'action, assez violente, crue et rythmée.
Le scénario se nourrit des oppositions, entre flics de quartier et enquêteurs de la criminelle, entre policier intègre et policier ripoux, entre mafieux installé et crapule qui aimerait bien prendre sa place... Mais l'intervention d'un tueur en série, du genre incontrôlable, va rebattre les cartes. Le chef mafieux et le policier intègre vont unir leurs efforts pour empêcher le tueur sadique de sévir.
Sans surprise, les deux hommes que tout oppose au départ vont peu à peu se rapprocher l'un de l'autre. Le policier intègre qui s'ingéniait à perturber le fonctionnement des "petits commerces" du mafieux se met à éprouver du respect pour lui. Le truand impitoyable, qui n'aime rien tant qu'écraser ses adversaires sous ses poings, se met à faire preuve de délicatesse, allant jusqu'à offrir son parapluie à une adolescente attendant le bus sous la pluie.
Même si ce n'est guère original, c'est parfois cocasse. Mais on est pris sur son siège d'abord par le suspense, la traque du méchant qui se révèle particulièrement retors... et chanceux. Le scénario n'abuse heureusement pas trop de ce genre de ficelles, si bien, qu'après moult bastons et quelques poursuites plutôt bien filmées, on arrive à une conclusion astucieuse, sur fond de juridisme.
C'est du bon cinéma de genre, assez divertissant, avec de superbes plans nocturnes.
20:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Gangster, le flic et l'assassin
La version traduite du titre de ce polar sud-coréen fait référence au film de Sergio Leone Le Bon, la brute et le truand. Sur le fond, il y a quelques similitudes (notamment concernant le fait qu'aucun personnage n'est ni tout blanc ni tout noir), de la truculence, mais c'est quand même une oeuvre dans le ton des films asiatiques d'action, assez violente, crue et rythmée.
Le scénario se nourrit des oppositions, entre flics de quartier et enquêteurs de la criminelle, entre policier intègre et policier ripoux, entre mafieux installé et crapule qui aimerait bien prendre sa place... Mais l'intervention d'un tueur en série, du genre incontrôlable, va rebattre les cartes. Le chef mafieux et le policier intègre vont unir leurs efforts pour empêcher le tueur sadique de sévir.
Sans surprise, les deux hommes que tout oppose au départ vont peu à peu se rapprocher l'un de l'autre. Le policier intègre qui s'ingéniait à perturber le fonctionnement des "petits commerces" du mafieux se met à éprouver du respect pour lui. Le truand impitoyable, qui n'aime rien tant qu'écraser ses adversaires sous ses poings, se met à faire preuve de délicatesse, allant jusqu'à offrir son parapluie à une adolescente attendant le bus sous la pluie.
Même si ce n'est guère original, c'est parfois cocasse. Mais on est pris sur son siège d'abord par le suspense, la traque du méchant qui se révèle particulièrement retors... et chanceux. Le scénario n'abuse heureusement pas trop de ce genre de ficelles, si bien, qu'après moult bastons et quelques poursuites plutôt bien filmées, on arrive à une conclusion astucieuse, sur fond de juridisme.
C'est du bon cinéma de genre, assez divertissant, avec de superbes plans nocturnes.
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samedi, 07 septembre 2019
Wedding Nightmare
Le distributeur français a eu la flemme de traduire le titre de ce film de genre. Pourtant, "Cauchemar nuptial" (ou bien "Cauchemar de mariage"), ça aurait eu de la gueule. D'autant que les auteurs sont d'illustres inconnus. L'actrice principale, Samara Weaving, vue notamment dans 3 Billboards, est surtout connue pour être la nièce d'Hugo (l'inoubliable interprète de l'agent Smith dans Matrix ainsi que d'Elrond dans Le Seigneur des anneaux). Quelques visages familiers apparaissent au niveau des seconds rôles, en particulier celui d'Andie MacDowell... sauf qu'ici, au lieu de 4 Mariages et un enterrement, ce serait plutôt Un Mariage et 4 enterrements. J'ai du mal à imaginer que le choix de cette actrice pour incarner la mère du futur marié soit une coïncidence. (Quoi qu'il en soit, elle est très bien dans le rôle.)
Cela commence par une séquence assez enlevée, située dans le passé, mais qui annonce ce qui pend au nez de l'héroïne, qui s'apprête à épouser le rejeton d'une richissime famille... dont la plupart des membres sont complètement barrés... les employés compris !
La suite retombe dans la chronique d'un mariage annoncé, sur un fond faussement sirupeux, puisqu'on sait qu'il va se passer des trucs, tout comme les membres de la famille du marié. Seule la ravissante Grace ne se rend compte de rien. Mais, très vite, on sent que, sous la robe en dentelle bat le coeur d'une guerrière, qui ne va pas se laisser faire par une bande de tarés.
Petit à petit, l'intrigue s'emballe, notamment avec une très belle scène de cuisine, avant que Grace ne trouve un peu de répit dans une cabane sombre, entre un gamin casse-couilles et une appréciable épaisseur de compost humain... (On sent quand même venir le coup du clou.)
Je trouve que la rébellion de Grace est très bien mise en scène. Celle-ci bénéficie de l'aide de quelques (rares) membres de sa nouvelle belle-famille, ainsi que de la maladresse (involontaire) d'une de ses belles-soeurs, cocaïnomane et prompte à la gâchette.
Au fur et à mesure que l'histoire progresse, on découvre que cette famille a un secret, lié à un pacte très ancien, dont on se demande longtemps s'il s'agit d'une tradition farfelue ou bien si cela cache quelque chose de plus démoniaque.
Le film parvient encore à surprendre dans le dernier quart d'heure. On croyait avoir tout vu... avant que l'on nous serve de nouvelles giclées de sauce tomate. Vous l'aurez compris : ce faux film d'horreur est une comédie jouissive, qui jongle malicieusement avec les clichés.
19:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Wedding Nightmare
Le distributeur français a eu la flemme de traduire le titre de ce film de genre. Pourtant, "Cauchemar nuptial" (ou bien "Cauchemar de mariage"), ça aurait eu de la gueule. D'autant que les auteurs sont d'illustres inconnus. L'actrice principale, Samara Weaving, vue notamment dans 3 Billboards, est surtout connue pour être la nièce d'Hugo (l'inoubliable interprète de l'agent Smith dans Matrix ainsi que d'Elrond dans Le Seigneur des anneaux). Quelques visages familiers apparaissent au niveau des seconds rôles, en particulier celui d'Andie MacDowell... sauf qu'ici, au lieu de 4 Mariages et un enterrement, ce serait plutôt Un Mariage et 4 enterrements. J'ai du mal à imaginer que le choix de cette actrice pour incarner la mère du futur marié soit une coïncidence. (Quoi qu'il en soit, elle est très bien dans le rôle.)
Cela commence par une séquence assez enlevée, située dans le passé, mais qui annonce ce qui pend au nez de l'héroïne, qui s'apprête à épouser le rejeton d'une richissime famille... dont la plupart des membres sont complètement barrés... les employés compris !
La suite retombe dans la chronique d'un mariage annoncé, sur un fond faussement sirupeux, puisqu'on sait qu'il va se passer des trucs, tout comme les membres de la famille du marié. Seule la ravissante Grace ne se rend compte de rien. Mais, très vite, on sent que, sous la robe en dentelle bat le coeur d'une guerrière, qui ne va pas se laisser faire par une bande de tarés.
Petit à petit, l'intrigue s'emballe, notamment avec une très belle scène de cuisine, avant que Grace ne trouve un peu de répit dans une cabane sombre, entre un gamin casse-couilles et une appréciable épaisseur de compost humain... (On sent quand même venir le coup du clou.)
Je trouve que la rébellion de Grace est très bien mise en scène. Celle-ci bénéficie de l'aide de quelques (rares) membres de sa nouvelle belle-famille, ainsi que de la maladresse (involontaire) d'une de ses belles-soeurs, cocaïnomane et prompte à la gâchette.
Au fur et à mesure que l'histoire progresse, on découvre que cette famille a un secret, lié à un pacte très ancien, dont on se demande longtemps s'il s'agit d'une tradition farfelue ou bien si cela cache quelque chose de plus démoniaque.
Le film parvient encore à surprendre dans le dernier quart d'heure. On croyait avoir tout vu... avant que l'on nous serve de nouvelles giclées de sauce tomate. Vous l'aurez compris : ce faux film d'horreur est une comédie jouissive, qui jongle malicieusement avec les clichés.
19:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 31 août 2019
Au nom de la terre
J'ai vu ce film en avant-première au CGR de Rodez. J'ai d'ailleurs été étonné de l'affluence ce soir-là. Dans un premier temps, les spectateurs arrivés en avance avaient été dirigés vers la salle 2 (d'une capacité de 300 places), avant que, tenant compte du public qui continuait d'arriver en masse, le directeur ne décide d'envoyer tout le monde en salle 1 (la plus grande, pouvant accueillir 400 spectateurs). Elle fut intégralement remplie.
Sacré succès pour un film que quasiment personne n'avait encore vu, d'un réalisateur (Edouard Bergeron) inconnu au bataillon. Peut-être la présence au générique de quelques acteurs populaires pouvait-elle expliquer cet engouement. Et le sujet : les difficultés d'une famille d'agriculteurs, principalement dans les années 1990.
L'histoire démarre à la fin des années 1970. De retour d'un stage aux Etats-Unis, Pierre (Guillaume Canet, épatant) s'apprête à reprendre la ferme de ses parents. Il a de l'enthousiasme, des idées plein la tête... et une ravissante compagne qui l'attend. Il va abandonner le type de production de son père (les moutons) pour se tourner vers l'élevage de chevreaux. Il veut s'agrandir et acquiert de nouvelles machines, sous le regard dubitatif du paternel, très bien incarné par Rufus.
On retrouve tout ce beau monde au milieu des années 1990. On va les suivre sur trois-quatre ans, dans un contexte totalement différent. Les relations entre Pierre et son père sont de plus en plus tendues, surtout depuis le décès de la mère. Sur l'exploitation, Pierre se tue à la tâche, épaulé par un ouvrier agricole qui est devenu son ami (Samir Guesmi, très bien). Il reçoit aussi l'appui de son fils aîné, encore scolarisé, et qui se destine à lui succéder. Le réalisateur met en scène une exploitation "conventionnelle", qui mise sur l'agrandissement, l'emploi de méthodes "modernes" (élevage intensif, machinisme, produits phytosanitaires, bâtiments au fonctionnement en partie automatisé), avec pour corollaire un endettement croissant. Les nuages commencent à s'amonceler au-dessus de la tête de Pierre.
La vie familiale s'en ressent. Un fossé se creuse entre l'agriculteur, sa femme et ses enfants. Il faut saluer l'interprétation de Veerle Baetens, une actrice belge que je ne connaissais pas et qui excelle ici dans le rôle de l'épouse mère-courage, qui a pris un emploi à l'extérieur pour éviter à l'exploitation de sombrer... et qui doit faire des journées de 15-16 heures. Le fils est lui aussi bien interprété, par Anthony Bajon, remarqué l'an dernier dans La Prière. C'est le moment de signaler qu'à la chronique sociale et familiale, le réalisateur ajoute des portraits d'adolescents assez bien croqués.
L'ensemble forme un drame rural très fort, émouvant, remarquablement joué... mais qu'il vaut mieux ne pas aller voir un soir de déprime.
P.S.
Ne partez pas trop vite à la fin du film. Le réalisateur a inséré des images d'archives, montrant son propre père, dont la vie a inspiré le personnage interprété par Guillaume Canet.
15:54 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Au nom de la terre
J'ai vu ce film en avant-première au CGR de Rodez. J'ai d'ailleurs été étonné de l'affluence ce soir-là. Dans un premier temps, les spectateurs arrivés en avance avaient été dirigés vers la salle 2 (d'une capacité de 300 places), avant que, tenant compte du public qui continuait d'arriver en masse, le directeur ne décide d'envoyer tout le monde en salle 1 (la plus grande, pouvant accueillir 400 spectateurs). Elle fut intégralement remplie.
Sacré succès pour un film que quasiment personne n'avait encore vu, d'un réalisateur (Edouard Bergeron) inconnu au bataillon. Peut-être la présence au générique de quelques acteurs populaires pouvait-elle expliquer cet engouement. Et le sujet : les difficultés d'une famille d'agriculteurs, principalement dans les années 1990.
L'histoire démarre à la fin des années 1970. De retour d'un stage aux Etats-Unis, Pierre (Guillaume Canet, épatant) s'apprête à reprendre la ferme de ses parents. Il a de l'enthousiasme, des idées plein la tête... et une ravissante compagne qui l'attend. Il va abandonner le type de production de son père (les moutons) pour se tourner vers l'élevage de chevreaux. Il veut s'agrandir et acquiert de nouvelles machines, sous le regard dubitatif du paternel, très bien incarné par Rufus.
On retrouve tout ce beau monde au milieu des années 1990. On va les suivre sur trois-quatre ans, dans un contexte totalement différent. Les relations entre Pierre et son père sont de plus en plus tendues, surtout depuis le décès de la mère. Sur l'exploitation, Pierre se tue à la tâche, épaulé par un ouvrier agricole qui est devenu son ami (Samir Guesmi, très bien). Il reçoit aussi l'appui de son fils aîné, encore scolarisé, et qui se destine à lui succéder. Le réalisateur met en scène une exploitation "conventionnelle", qui mise sur l'agrandissement, l'emploi de méthodes "modernes" (élevage intensif, machinisme, produits phytosanitaires, bâtiments au fonctionnement en partie automatisé), avec pour corollaire un endettement croissant. Les nuages commencent à s'amonceler au-dessus de la tête de Pierre.
La vie familiale s'en ressent. Un fossé se creuse entre l'agriculteur, sa femme et ses enfants. Il faut saluer l'interprétation de Veerle Baetens, une actrice belge que je ne connaissais pas et qui excelle ici dans le rôle de l'épouse mère-courage, qui a pris un emploi à l'extérieur pour éviter à l'exploitation de sombrer... et qui doit faire des journées de 15-16 heures. Le fils est lui aussi bien interprété, par Anthony Bajon, remarqué l'an dernier dans La Prière. C'est le moment de signaler qu'à la chronique sociale et familiale, le réalisateur ajoute des portraits d'adolescents assez bien croqués.
L'ensemble forme un drame rural très fort, émouvant, remarquablement joué... mais qu'il vaut mieux ne pas aller voir un soir de déprime.
P.S.
Ne partez pas trop vite à la fin du film. Le réalisateur a inséré des images d'archives, montrant son propre père, dont la vie a inspiré le personnage interprété par Guillaume Canet.
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jeudi, 29 août 2019
La première cinéaste
En son temps, cette Française fut la femme la mieux payée des Etats-Unis (25 000 dollars de l'époque par an !). Elle innova beaucoup dans le cinéma, tourna des centaines de films. Elle fut même décorée de la légion d'honneur et rédigea son autobiographie. Pourtant, elle a été oubliée... jusqu'à ce que le XXIe siècle ne la redécouvre. Cette femme est Alice Guy :
J'ai appris son existence grâce à un article d'Emmanuelle Lequeux, publié il y a quelques semaines dans Le Monde, dans le cadre d'une série d'été consacrée aux femmes artistes oubliées. Cet article est le dernier d'une série commencée en 2014 par Hélène Février pour TV5 Monde. On peut compléter par la lecture d'un billet paru l'an dernier sur le site du CNC et celle d'un récent article de Ouest France, plus centré sur la vie privée de la pionnière.
C'est dès 1896 qu'Alice Guy a réalisé son premier court-métrage, La Fée aux choux. Aujourd'hui, il nous paraît très daté, mais ce fut le premier film de fiction. La cinéaste s'est essayée à tous les genres, recherchant aussi à chaque fois l'innovation technique. Ainsi, on est saisi par la fraîcheur de Miss Dundee et ses chiens savants (datant aussi de 1902) et de Madame a des envies (1906), dont le personnage principal est une femme enceinte qui s'autorise toutes les folies : voler la sucette d'une gamine, boire le verre d'absinthe du client d'un café, s'emparer du morceau de hareng d'un clochard et même de la cigarette d'un colporteur ! On le voit, la Française maîtrisait les saynètes avant même l'apparition des Keaton et Chaplin. (Ce film est aussi resté dans les mémoires pour son usage des plans rapprochés.)
L'année 1906 fut décidément fructueuse pour Alice Guy. Elle réalisa ce qui est considéré par certains spécialistes comme son chef-d'oeuvre, La Naissance, la vie et la mort du Christ, qui est à la fois le premier péplum jamais tourné et un film d'une durée faramineuse pour l'époque : 35 minutes au total.
Toujours en 1906, la réalisatrice suscita des réactions contrastées avec Les Résultats du féminisme, une fable sarcastique qui ne plut ni aux militantes féministes pures et dures ni aux misogynes. L'histoire fonctionne sur le principe du retournement des stéréotypes : les femmes sont violentes, fument et picolent, tandis que les hommes sont de petites choses dévouées aux tâches ménagères. Avec le recul de plus d'un siècle, je pense qu'on peut apprécier la charge contre la société patriarcale... et une fin "politiquement correcte" (pour l'époque), sans doute imposée par son employeur Léon Gaumont.
J'aime aussi beaucoup Une Héroïne de quatre ans, une oeuvre parfois (comme tant d'autres) attribuée à l'un de ses collaborateurs, ici son assistant Louis Feuillade, dont elle a contribué à lancer la carrière. Dans ce flm, on découvre une gamine intrépide, qui échappe à la surveillance de la gouvernante de la famille. Elle va déjouer une agression commise à côté du jardin public où elle se promène, puis aider un vieillard à traverser un canal et enfin éviter à quelques poivrots de se faire renverser par un train. Je me demande si ce personnage n'a pas inspiré celui que Walt Disney a ensuite mis en scène dans Alice Comedies. Dans ce cas, le nom de l'héroïne pourrait être une référence aussi bien à la cinéaste française qu'au personnage de Lewis Carroll. (A ceux que cela intéresse, je signale que, cet été, France Culture a consacré une passionnante série d'émissions à celui qui fut l'un des fondateurs du dessin animé.)
Cela nous mène tout naturellement aux liens entre Alice Guy et les Etats-Unis, où elle vécut pendant près de quinze ans d'affilée au début du XXe siècle. Elle y fonda une société de production (sur la Côte Est), devint riche et célèbre, puis perdit mari et fortune, en même temps qu'émergeaient les studios d'Hollywood, en Californie. Falling Leaves est un bon exemple d'oeuvre qu'elle a réalisée là-bas. Moins classique, A Fool and his money a la particularité de n'avoir été tourné qu'avec des acteurs noirs :
Sur cet épisode comme sur d'autres, les sources anglo-saxonnes nous sont précieuses : le talent d'Alice Guy est davantage reconnu outre-Altantique (où elle est d'ailleurs enterrée) que dans son pays d'origine. C'est sur un site académique états-unien qu'on lira le plus de détails sur son aventure américaine. Pour une courte biographie, on peut consulter la vidéo d'un universitaire du Nebaska. On ne s'étonnera pas non plus que ce soit une Américaine qui ait récemment tourné un documentaire sur Alice Guy. On espère que le film de Pamela Green, Be Natural : The Untold Story of Alice Guy-Blaché, va bientôt sortir sur les écrans français.
La première cinéaste
En son temps, cette Française fut la femme la mieux payée des Etats-Unis (25 000 dollars de l'époque par an !). Elle innova beaucoup dans le cinéma, tourna des centaines de films. Elle fut même décorée de la légion d'honneur et rédigea son autobiographie. Pourtant, elle a été oubliée... jusqu'à ce que le XXIe siècle ne la redécouvre. Cette femme est Alice Guy :
J'ai appris son existence grâce à un article d'Emmanuelle Lequeux, publié il y a quelques semaines dans Le Monde, dans le cadre d'une série d'été consacrée aux femmes artistes oubliées. Cet article est le dernier d'une série commencée en 2014 par Hélène Février pour TV5 Monde. On peut compléter par la lecture d'un billet paru l'an dernier sur le site du CNC et celle d'un récent article de Ouest France, plus centré sur la vie privée de la pionnière.
C'est dès 1896 qu'Alice Guy a réalisé son premier court-métrage, La Fée aux choux. Aujourd'hui, il nous paraît très daté, mais ce fut le premier film de fiction. La cinéaste s'est essayée à tous les genres, recherchant aussi à chaque fois l'innovation technique. Ainsi, on est saisi par la fraîcheur de Miss Dundee et ses chiens savants (datant aussi de 1902) et de Madame a des envies (1906), dont le personnage principal est une femme enceinte qui s'autorise toutes les folies : voler la sucette d'une gamine, boire le verre d'absinthe du client d'un café, s'emparer du morceau de hareng d'un clochard et même de la cigarette d'un colporteur ! On le voit, la Française maîtrisait les saynètes avant même l'apparition des Keaton et Chaplin. (Ce film est aussi resté dans les mémoires pour son usage des plans rapprochés.)
L'année 1906 fut décidément fructueuse pour Alice Guy. Elle réalisa ce qui est considéré par certains spécialistes comme son chef-d'oeuvre, La Naissance, la vie et la mort du Christ, qui est à la fois le premier péplum jamais tourné et un film d'une durée faramineuse pour l'époque : 35 minutes au total.
Toujours en 1906, la réalisatrice suscita des réactions contrastées avec Les Résultats du féminisme, une fable sarcastique qui ne plut ni aux militantes féministes pures et dures ni aux misogynes. L'histoire fonctionne sur le principe du retournement des stéréotypes : les femmes sont violentes, fument et picolent, tandis que les hommes sont de petites choses dévouées aux tâches ménagères. Avec le recul de plus d'un siècle, je pense qu'on peut apprécier la charge contre la société patriarcale... et une fin "politiquement correcte" (pour l'époque), sans doute imposée par son employeur Léon Gaumont.
J'aime aussi beaucoup Une Héroïne de quatre ans, une oeuvre parfois (comme tant d'autres) attribuée à l'un de ses collaborateurs, ici son assistant Louis Feuillade, dont elle a contribué à lancer la carrière. Dans ce flm, on découvre une gamine intrépide, qui échappe à la surveillance de la gouvernante de la famille. Elle va déjouer une agression commise à côté du jardin public où elle se promène, puis aider un vieillard à traverser un canal et enfin éviter à quelques poivrots de se faire renverser par un train. Je me demande si ce personnage n'a pas inspiré celui que Walt Disney a ensuite mis en scène dans Alice Comedies. Dans ce cas, le nom de l'héroïne pourrait être une référence aussi bien à la cinéaste française qu'au personnage de Lewis Carroll. (A ceux que cela intéresse, je signale que, cet été, France Culture a consacré une passionnante série d'émissions à celui qui fut l'un des fondateurs du dessin animé.)
Cela nous mène tout naturellement aux liens entre Alice Guy et les Etats-Unis, où elle vécut pendant près de quinze ans d'affilée au début du XXe siècle. Elle y fonda une société de production (sur la Côte Est), devint riche et célèbre, puis perdit mari et fortune, en même temps qu'émergeaient les studios d'Hollywood, en Californie. Falling Leaves est un bon exemple d'oeuvre qu'elle a réalisée là-bas. Moins classique, A Fool and his money a la particularité de n'avoir été tourné qu'avec des acteurs noirs :
Sur cet épisode comme sur d'autres, les sources anglo-saxonnes nous sont précieuses : le talent d'Alice Guy est davantage reconnu outre-Altantique (où elle est d'ailleurs enterrée) que dans son pays d'origine. C'est sur un site académique états-unien qu'on lira le plus de détails sur son aventure américaine. Pour une courte biographie, on peut consulter la vidéo d'un universitaire du Nebaska. On ne s'étonnera pas non plus que ce soit une Américaine qui ait récemment tourné un documentaire sur Alice Guy. On espère que le film de Pamela Green, Be Natural : The Untold Story of Alice Guy-Blaché, va bientôt sortir sur les écrans français.
mardi, 27 août 2019
La Chute du président
Je crois que ce film constitue le troisième volet d'un triptyque commencé avec La Chute de la Maison blanche puis La Chute de Londres. (Pour former une tétralogie, je suggère un ultime opus intitulé La Chute de la reine.) Je n'ai évidemment pas vu les précédentes œuvres... et cela ne gêne aucunement la vision de ce volet.
Le héros (Mike Banning) est un membre éminent du service de sécurité du président des États-Unis. Comme celui-ci a les traits de Morgan Freeman, on se dit que ce doit être un boulot sympa. Sauf que leur petite partie de pêche va tourner au massacre, au cours d'une séquence ma fois plutôt bien troussée.
Auparavant, on nous aura présenté le héros dans une trépidante scène d'action, durant laquelle il convient de rester attentif. Une partie des personnages qui y figurent sont destinés à réapparaître dans l'histoire. Je n'en dirai pas plus, mais, franchement, c'est cousu de fil blanc. Au bout d'un quart d'heure, je savais qui allait trahir qui et qui était le grand méchant qui tirait les ficelles dans l'ombre. (Amateurs de 24 heures chrono s'abstenir...)
Si l'on ajoute à cela que les dialogues semblent avoir été écrits par un collégien pas très doué et que les personnages féminins (à l'exception de l'enquêtrice en chef du FBI) sont purement décoratifs, on aura une idée du degré de subtilité atteint par l'intrigue. En clair, c'est principalement une histoire de couilles agrippées à des guns.
Mais les scènes d'action sont bien faites. Les artificiers ont été particulièrement mis à contribution, que ce soit pour la séquence du lac, celle de la cabane ou encore celle du combat final dans l'immeuble. Gerard Butler (qui a pris un sacré coup de vieux depuis 300) n'a pas la prestance d'un Matt Damon ou d'un Bruce Willis, mais il s'en sort correctement... d'autant qu'il va recevoir l'aide de son vieux Daddy, incarné par... Nick Nolte. Encore faut-il que le fiston renoue le contact avec celui qui a quitté femme et enfant des années auparavant. Il finit par le retrouver dans sa cabane au Canada en Virginie-Occidentale (en Bulgarie, en fait), au cours d'une des plus belles séquences du film. Comme les scénaristes ont eu le bon goût de ne pas flinguer le personnage de Clay Banning, on va revoir la tronche ravagée de Nick Nolte à plusieurs reprises... jusqu'au générique de fin, qui contient une scène bonus, délicieusement drôle (plus drôle d'ailleurs que tout ce qu'on a pu voir dans les deux heures précédentes).
Ce n'est clairement pas du niveau d'un Jason Bourne ou d'un Mission impossible (ni aussi spectaculaire que le récent Hobbes & Shaw) mais, en soirée, cela fait digérer très correctement.
22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Chute du président
Je crois que ce film constitue le troisième volet d'un triptyque commencé avec La Chute de la Maison blanche puis La Chute de Londres. (Pour former une tétralogie, je suggère un ultime opus intitulé La Chute de la reine.) Je n'ai évidemment pas vu les précédentes œuvres... et cela ne gêne aucunement la vision de ce volet.
Le héros (Mike Banning) est un membre éminent du service de sécurité du président des États-Unis. Comme celui-ci a les traits de Morgan Freeman, on se dit que ce doit être un boulot sympa. Sauf que leur petite partie de pêche va tourner au massacre, au cours d'une séquence ma fois plutôt bien troussée.
Auparavant, on nous aura présenté le héros dans une trépidante scène d'action, durant laquelle il convient de rester attentif. Une partie des personnages qui y figurent sont destinés à réapparaître dans l'histoire. Je n'en dirai pas plus, mais, franchement, c'est cousu de fil blanc. Au bout d'un quart d'heure, je savais qui allait trahir qui et qui était le grand méchant qui tirait les ficelles dans l'ombre. (Amateurs de 24 heures chrono s'abstenir...)
Si l'on ajoute à cela que les dialogues semblent avoir été écrits par un collégien pas très doué et que les personnages féminins (à l'exception de l'enquêtrice en chef du FBI) sont purement décoratifs, on aura une idée du degré de subtilité atteint par l'intrigue. En clair, c'est principalement une histoire de couilles agrippées à des guns.
Mais les scènes d'action sont bien faites. Les artificiers ont été particulièrement mis à contribution, que ce soit pour la séquence du lac, celle de la cabane ou encore celle du combat final dans l'immeuble. Gerard Butler (qui a pris un sacré coup de vieux depuis 300) n'a pas la prestance d'un Matt Damon ou d'un Bruce Willis, mais il s'en sort correctement... d'autant qu'il va recevoir l'aide de son vieux Daddy, incarné par... Nick Nolte. Encore faut-il que le fiston renoue le contact avec celui qui a quitté femme et enfant des années auparavant. Il finit par le retrouver dans sa cabane au Canada en Virginie-Occidentale (en Bulgarie, en fait), au cours d'une des plus belles séquences du film. Comme les scénaristes ont eu le bon goût de ne pas flinguer le personnage de Clay Banning, on va revoir la tronche ravagée de Nick Nolte à plusieurs reprises... jusqu'au générique de fin, qui contient une scène bonus, délicieusement drôle (plus drôle d'ailleurs que tout ce qu'on a pu voir dans les deux heures précédentes).
Ce n'est clairement pas du niveau d'un Jason Bourne ou d'un Mission impossible (ni aussi spectaculaire que le récent Hobbes & Shaw) mais, en soirée, cela fait digérer très correctement.
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mercredi, 21 août 2019
Thalasso
Ce film est présenté comme une suite (lointaine) de L'Enlèvement de Michel Houellebecq, mais, franchement, il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour comprendre les détails de l'intrigue. Derrière la caméra, on retrouve Guillaume Nicloux, qui s'est distingué jadis par quelques bons films de genre (Le Poulpe, La Clef et, dans une moindre mesure, La Religieuse).
On attend évidemment le face-à-face Houellebecq-Depardieu. On commence par suivre l'écrivain, sur le point de débuter sa cure de thalassothérapie. Il ne pète pas la forme, son foie va mal et ses poumons subissent les conséquences d'années de tabagisme. La confrontation entre l'écrivain dubitatif et l'organisation méticuleuse des services de la thalasso ne manque pas de saveur. Le plaisir s'accroît quand le "héros" trouve un "compagnon de lutte" (pour la boustifaille et la picole) en Gérard Depardieu. Les dialogues sont crus et certaines situations sont particulièrement cocasses (comme la séquence avec les boues d'algues).
Cependant, l'histoire connaît plusieurs coups de mou, comme lorsque les deux pochtrons discutent de la mort et de la réincarnation. Cela ne s'améliore pas quand débarquent les bras cassés de l'épisode précédent (les anciens ravisseurs de Houellebecq), qui viennent solliciter son aide pour... retrouver la mère de famille, âgée de 80 ans, et qui a subitement tout plaqué. Certes, cela redonne du tonus à l'intrigue, d'autant que les acteurs sont assez convaincants... mais cela ne suffit pas à sauver certaines scènes, comme celle qui se conclut en prière juive, d'un ridicule consommé.
Au second degré, il y a le jeu sur l'image des deux personnages principaux. Le film se présente comme un portrait intime, nous montrant comment Gérard et Michel sont supposés être "dans le privé"... sauf que, pour construire ses personnages, Nicloux s'est appuyé sur leurs déclarations publiques. Et voilà Depardieu qui proclame à nouveau son amour pour Poutine, tandis que Houellebecq vomit la démocratie libérale. Et je ne vous détaille pas le wagon de conneries proférées par différents personnages, à propos de la mort de Coluche, de François Hollande ou encore des Chinois. Les scénaristes ont toutefois veillé à ne pas tomber dans l'abject : aucun personnage ne profère le moindre propos antisémite (d'autant qu'un des membres de la bande est juif) ou raciste. Mais, quand, à la fin, apparaît un personnage noir, affublé d'un horrible strabisme, on ne peut pas s'empêcher de ressentir un malaise... Quant à la conclusion de l'histoire, elle est bâclée.
Le cinéaste est totalement en empathie avec ses deux personnages principaux. Qu'on ne s'attende donc pas à les voir dépeints comme deux enfants gâtés de la République, qui ont connu célébrité, richesse et conquêtes féminines. Maintenant que vieillissants, ils bandent mou, ils ressentent l'approche inéluctable de la mort... et le risque de disparaître un jour ou l'autre de la mémoire publique (ce qui commence d'ailleurs déjà à se produire pour Houellebecq, au cours de la seule scène asticotant un peu l'un des deux personnages principaux).
Mais je reconnais que les acteurs ont de l'abattage, un incontestable sens de l'autodérision, et que certaines scènes sont particulièrement drôles. A voir pour les amateurs/trices de comédies décalées.
22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Thalasso
Ce film est présenté comme une suite (lointaine) de L'Enlèvement de Michel Houellebecq, mais, franchement, il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour comprendre les détails de l'intrigue. Derrière la caméra, on retrouve Guillaume Nicloux, qui s'est distingué jadis par quelques bons films de genre (Le Poulpe, La Clef et, dans une moindre mesure, La Religieuse).
On attend évidemment le face-à-face Houellebecq-Depardieu. On commence par suivre l'écrivain, sur le point de débuter sa cure de thalassothérapie. Il ne pète pas la forme, son foie va mal et ses poumons subissent les conséquences d'années de tabagisme. La confrontation entre l'écrivain dubitatif et l'organisation méticuleuse des services de la thalasso ne manque pas de saveur. Le plaisir s'accroît quand le "héros" trouve un "compagnon de lutte" (pour la boustifaille et la picole) en Gérard Depardieu. Les dialogues sont crus et certaines situations sont particulièrement cocasses (comme la séquence avec les boues d'algues).
Cependant, l'histoire connaît plusieurs coups de mou, comme lorsque les deux pochtrons discutent de la mort et de la réincarnation. Cela ne s'améliore pas quand débarquent les bras cassés de l'épisode précédent (les anciens ravisseurs de Houellebecq), qui viennent solliciter son aide pour... retrouver la mère de famille, âgée de 80 ans, et qui a subitement tout plaqué. Certes, cela redonne du tonus à l'intrigue, d'autant que les acteurs sont assez convaincants... mais cela ne suffit pas à sauver certaines scènes, comme celle qui se conclut en prière juive, d'un ridicule consommé.
Au second degré, il y a le jeu sur l'image des deux personnages principaux. Le film se présente comme un portrait intime, nous montrant comment Gérard et Michel sont supposés être "dans le privé"... sauf que, pour construire ses personnages, Nicloux s'est appuyé sur leurs déclarations publiques. Et voilà Depardieu qui proclame à nouveau son amour pour Poutine, tandis que Houellebecq vomit la démocratie libérale. Et je ne vous détaille pas le wagon de conneries proférées par différents personnages, à propos de la mort de Coluche, de François Hollande ou encore des Chinois. Les scénaristes ont toutefois veillé à ne pas tomber dans l'abject : aucun personnage ne profère le moindre propos antisémite (d'autant qu'un des membres de la bande est juif) ou raciste. Mais, quand, à la fin, apparaît un personnage noir, affublé d'un horrible strabisme, on ne peut pas s'empêcher de ressentir un malaise... Quant à la conclusion de l'histoire, elle est bâclée.
Le cinéaste est totalement en empathie avec ses deux personnages principaux. Qu'on ne s'attende donc pas à les voir dépeints comme deux enfants gâtés de la République, qui ont connu célébrité, richesse et conquêtes féminines. Maintenant que vieillissants, ils bandent mou, ils ressentent l'approche inéluctable de la mort... et le risque de disparaître un jour ou l'autre de la mémoire publique (ce qui commence d'ailleurs déjà à se produire pour Houellebecq, au cours de la seule scène asticotant un peu l'un des deux personnages principaux).
Mais je reconnais que les acteurs ont de l'abattage, un incontestable sens de l'autodérision, et que certaines scènes sont particulièrement drôles. A voir pour les amateurs/trices de comédies décalées.
22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 15 août 2019
Once upon a time... in Hollywood
... et en version originale sous-titrée, à Rodez, dans une grande salle copieusement garnie. Tarantino fait recette, pour ce qui est à la fois un hommage (parfois ironique) au Hollywood de sa jeunesse, mais aussi une fresque "tarantinesque".
L'hommage se ressent à l'écran. Tarantino a filmé comme le garçon et l'adolescent qu'il a été voyait les gigantesques enseignes lumineuses, les voitures décapotables et les jeunes femmes (surtout les jambes). J'ai été étonné de l'importance occupée par les bagnoles au début de l'histoire, qui ne m'a donc pas super emballé.
Cet hommage s'étend au travail des acteurs... et de certaines petites mains. Quentin se moque gentiment de leurs travers, mais il est soucieux de décrire le quotidien d'un comédien, ici Rick Dalton, très bien incarné par Leonardo DiCaprio, crédible à la fois quand son personnage joue mal et quand il joue bien. La scène avec la gamine prise en otage, dans le saloon, est superbe... (Retenons le nom de cette actrice en herbe : Julia Butters, remarquable dans son premier face-à-face avec DiCaprio, dans la scène de lecture.)
Cependant, même si Dalton occupe le devant de la scène du début à la fin du film, le véritable personnage principal est pour moi Cliff Booth, sa doublure-cascade homme à tout faire, auquel Brad Pitt prête son charisme. Attention mesdames : quand Cliff/Brad répare l'antenne du toit, il se met torse nu... La comparaison entre les deux héros est le plus souvent source de comique : l'un vit dans une villa, l'autre dans une vieille caravane ; le premier se fait conduire dans une Cadillac rutilante, le second, quand il ne pilote pas celle-ci, roule dans une vieille Volkswagen etc.
Le troisième pôle est Sharon Tate, interprétée par Margot Robbie, qui a déjà éclaboussé de son talent des films comme Moi, Tonya et Marie Stuart, reine d'Ecosse. Ici, elle est chargée de rendre vie à Sharon Tate, une actrice alors "émergente" devenue l'épouse du réalisateur Roman Polanski. On découvre une jeune femme aimable et un peu naïve, ravie de se découvrir sur un grand écran et des réactions qu'elle suscite dans le public. Tarantino profite d'une soirée (à laquelle participe le couple Polanski) pour lancer quelques piques, la plus acérée étant sans doute celle qui est censée viser Sharon Tate. L'un des invités déclare que l'actrice est attirée par un seul type d'homme, qui paraît ne pas avoir plus de douze ans. Je pense que tout Hollywood a compris que la remarque visait plutôt son époux...
Tous ces personnages vont croiser, à un moment ou un autre, au moins l'un des membres de la "famille Manson", cette tribu de hippies dégénérés qui a commis d'horribles massacres à l'époque. Il est évident que ce fait divers a été intégré à l'intrigue écrite par Tarantino, mais on ne sait pas comment. Je pense qu'une partie du public est venue uniquement pour cette partie de l'histoire.
En attendant la dernière demi-heure fatidique, on peut se délecter des aventures de Cliff le cascadeur. Il s'embrouille avec Bruce Lee dans une scène délicieuse, qui ridiculise l'idole des films d'arts martiaux. On le voit aussi s'occuper de sa chienne Brandy, un staffordshire très bien dressé (et redoutable... mais je n'en dis pas plus), qui a obtenu la Palm Dog à Cannes cette année. Le marivaudage avec "Pussycat", l'une des adeptes de Manson, est bien mis en scène. Enfin, notre doublure préférée est au coeur de la séquence la plus flippante, celle qui le voit revenir au ranch où étaient autrefois tournés des westerns, mais qui est désormais occupé par la bande de Charles Manson. Là, Tarantino fait preuve de brio dans la sobriété.
On attend évidemment la fin, avec les nervis de Manson qui débarquent dans les beaux quartiers. On en a pour son argent (avec un petit quart d'heure de bravoure), mais là encore Tarantino surprend. Même s'il s'inspire de faits réels, il ne fait pas œuvre de documentariste. Ce n'est pas la première fois qu'il manifeste son désir de réécrire l'histoire... et c'est très bien ainsi.
23:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Once upon a time... in Hollywood
... et en version originale sous-titrée, à Rodez, dans une grande salle copieusement garnie. Tarantino fait recette, pour ce qui est à la fois un hommage (parfois ironique) au Hollywood de sa jeunesse, mais aussi une fresque "tarantinesque".
L'hommage se ressent à l'écran. Tarantino a filmé comme le garçon et l'adolescent qu'il a été voyait les gigantesques enseignes lumineuses, les voitures décapotables et les jeunes femmes (surtout les jambes). J'ai été étonné de l'importance occupée par les bagnoles au début de l'histoire, qui ne m'a donc pas super emballé.
Cet hommage s'étend au travail des acteurs... et de certaines petites mains. Quentin se moque gentiment de leurs travers, mais il est soucieux de décrire le quotidien d'un comédien, ici Rick Dalton, très bien incarné par Leonardo DiCaprio, crédible à la fois quand son personnage joue mal et quand il joue bien. La scène avec la gamine prise en otage, dans le saloon, est superbe... (Retenons le nom de cette actrice en herbe : Julia Butters, remarquable dans son premier face-à-face avec DiCaprio, dans la scène de lecture.)
Cependant, même si Dalton occupe le devant de la scène du début à la fin du film, le véritable personnage principal est pour moi Cliff Booth, sa doublure-cascade homme à tout faire, auquel Brad Pitt prête son charisme. Attention mesdames : quand Cliff/Brad répare l'antenne du toit, il se met torse nu... La comparaison entre les deux héros est le plus souvent source de comique : l'un vit dans une villa, l'autre dans une vieille caravane ; le premier se fait conduire dans une Cadillac rutilante, le second, quand il ne pilote pas celle-ci, roule dans une vieille Volkswagen etc.
Le troisième pôle est Sharon Tate, interprétée par Margot Robbie, qui a déjà éclaboussé de son talent des films comme Moi, Tonya et Marie Stuart, reine d'Ecosse. Ici, elle est chargée de rendre vie à Sharon Tate, une actrice alors "émergente" devenue l'épouse du réalisateur Roman Polanski. On découvre une jeune femme aimable et un peu naïve, ravie de se découvrir sur un grand écran et des réactions qu'elle suscite dans le public. Tarantino profite d'une soirée (à laquelle participe le couple Polanski) pour lancer quelques piques, la plus acérée étant sans doute celle qui est censée viser Sharon Tate. L'un des invités déclare que l'actrice est attirée par un seul type d'homme, qui paraît ne pas avoir plus de douze ans. Je pense que tout Hollywood a compris que la remarque visait plutôt son époux...
Tous ces personnages vont croiser, à un moment ou un autre, au moins l'un des membres de la "famille Manson", cette tribu de hippies dégénérés qui a commis d'horribles massacres à l'époque. Il est évident que ce fait divers a été intégré à l'intrigue écrite par Tarantino, mais on ne sait pas comment. Je pense qu'une partie du public est venue uniquement pour cette partie de l'histoire.
En attendant la dernière demi-heure fatidique, on peut se délecter des aventures de Cliff le cascadeur. Il s'embrouille avec Bruce Lee dans une scène délicieuse, qui ridiculise l'idole des films d'arts martiaux. On le voit aussi s'occuper de sa chienne Brandy, un staffordshire très bien dressé (et redoutable... mais je n'en dis pas plus), qui a obtenu la Palm Dog à Cannes cette année. Le marivaudage avec "Pussycat", l'une des adeptes de Manson, est bien mis en scène. Enfin, notre doublure préférée est au coeur de la séquence la plus flippante, celle qui le voit revenir au ranch où étaient autrefois tournés des westerns, mais qui est désormais occupé par la bande de Charles Manson. Là, Tarantino fait preuve de brio dans la sobriété.
On attend évidemment la fin, avec les nervis de Manson qui débarquent dans les beaux quartiers. On en a pour son argent (avec un petit quart d'heure de bravoure), mais là encore Tarantino surprend. Même s'il s'inspire de faits réels, il ne fait pas œuvre de documentariste. Ce n'est pas la première fois qu'il manifeste son désir de réécrire l'histoire... et c'est très bien ainsi.
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Le Mystère des pingouins
Un matin, en se rendant à l'école, le jeune Aoyama croise... des pingouins (appelés "penguins" dans la version originale japonaise, qui ne fait pas la différence avec des manchots). Démarre alors une incroyable enquête, menée par ce gamin obstiné, très bon élève et sûr de lui. Il va d'abord s'appuyer sur l'assistante du dentiste, une charmante jeune femme dont il est secrètement amoureux. Celle-ci semble avoir un lien particulier avec les pingouins...
Très vite, un autre mystère surgit : l'apparition d'une gigantesque bulle d'eau opaque, dans une clairière située au coeur d'un bois quasi impénétrable. Celle-ci semble aussi avoir un lien avec les pingouins. Aoyama tente de résoudre cette énigme-ci en compagnie de son meilleur ami et d'une camarade de classe très douée, excellente joueuse d'échecs... et amoureuse de lui (ce dont il ne se rend pas compte).
L'intrigue est foisonnante, bien mise en images, même si le résultat n'est pas aussi impressionnant que dans Les Enfants de la mer, Maquia ou encore Wonderland. C'est du fantastique poétique... ou de la poésie fantastique. Au passage, comme les héros sont des élèves de fin de primaire, on a droit à une plongée dans l'univers scolaire japonais, avec ses problèmes de harcèlement. Mais ce n'est pas montré de manière caricaturale. L'histoire s'étire suffisamment pour laisser place à l'évolution de certains personnages.
Le plus étonnant est le lien qui se noue entre Aoyama et la jeune assistante (qui semble beaucoup plus compter à ses yeux que sa propre mère, que l'on voit surtout s'occuper de sa soeur cadette). Elle le fait progresser aux échecs et l'aide dans son enquête, en particulier pour ses expériences. (Le gamin est féru de sciences.) On notera que, dans ce film, on ne voit ni ordinateur ni téléphone portable... mais une télévision à écran plat est présente, à l'école. Cela indique que l'on n'est ni tout à fait dans le passé, ni dans le présent, mais plutôt dans un monde imaginaire, parallèle.
A l'arrière-plan (pour les adultes), on remarque qu'il est question d'harmonie (perdue, à retrouver). Je pense que le film est nourri de références au yin et yang, ne serait-ce qu'à travers les éléments en noir et blanc présents à l'image (pourtant en couleurs) : les pingouins et les jeux d'échecs, auxquels on peut ajouter l'opposition entre la nuit et le jour. Celle-ci est déterminante pour comprendre comment apparaissent les pingouins et leur pendant maléfique, les Jabberwocks. Concernant les échecs, on remarque que les parties montrées à l'écran (au café, dans la salle de classe ou lors d'un pique-nique) opposent systématiquement un personnage féminin à un personnage masculin.
Tout cela pour dire que, même si ce n'est pas l'animation la plus virtuose sortie cet été, elle est d'un très grand intérêt en raison de son scénario fouillé et de ses différents niveaux de lecture. J'ai trouvé la fin très émouvante.
11:44 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Mystère des pingouins
Un matin, en se rendant à l'école, le jeune Aoyama croise... des pingouins (appelés "penguins" dans la version originale japonaise, qui ne fait pas la différence avec des manchots). Démarre alors une incroyable enquête, menée par ce gamin obstiné, très bon élève et sûr de lui. Il va d'abord s'appuyer sur l'assistante du dentiste, une charmante jeune femme dont il est secrètement amoureux. Celle-ci semble avoir un lien particulier avec les pingouins...
Très vite, un autre mystère surgit : l'apparition d'une gigantesque bulle d'eau opaque, dans une clairière située au coeur d'un bois quasi impénétrable. Celle-ci semble aussi avoir un lien avec les pingouins. Aoyama tente de résoudre cette énigme-ci en compagnie de son meilleur ami et d'une camarade de classe très douée, excellente joueuse d'échecs... et amoureuse de lui (ce dont il ne se rend pas compte).
L'intrigue est foisonnante, bien mise en images, même si le résultat n'est pas aussi impressionnant que dans Les Enfants de la mer, Maquia ou encore Wonderland. C'est du fantastique poétique... ou de la poésie fantastique. Au passage, comme les héros sont des élèves de fin de primaire, on a droit à une plongée dans l'univers scolaire japonais, avec ses problèmes de harcèlement. Mais ce n'est pas montré de manière caricaturale. L'histoire s'étire suffisamment pour laisser place à l'évolution de certains personnages.
Le plus étonnant est le lien qui se noue entre Aoyama et la jeune assistante (qui semble beaucoup plus compter à ses yeux que sa propre mère, que l'on voit surtout s'occuper de sa soeur cadette). Elle le fait progresser aux échecs et l'aide dans son enquête, en particulier pour ses expériences. (Le gamin est féru de sciences.) On notera que, dans ce film, on ne voit ni ordinateur ni téléphone portable... mais une télévision à écran plat est présente, à l'école. Cela indique que l'on n'est ni tout à fait dans le passé, ni dans le présent, mais plutôt dans un monde imaginaire, parallèle.
A l'arrière-plan (pour les adultes), on remarque qu'il est question d'harmonie (perdue, à retrouver). Je pense que le film est nourri de références au yin et yang, ne serait-ce qu'à travers les éléments en noir et blanc présents à l'image (pourtant en couleurs) : les pingouins et les jeux d'échecs, auxquels on peut ajouter l'opposition entre la nuit et le jour. Celle-ci est déterminante pour comprendre comment apparaissent les pingouins et leur pendant maléfique, les Jabberwocks. Concernant les échecs, on remarque que les parties montrées à l'écran (au café, dans la salle de classe ou lors d'un pique-nique) opposent systématiquement un personnage féminin à un personnage masculin.
Tout cela pour dire que, même si ce n'est pas l'animation la plus virtuose sortie cet été, elle est d'un très grand intérêt en raison de son scénario fouillé et de ses différents niveaux de lecture. J'ai trouvé la fin très émouvante.
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dimanche, 11 août 2019
Face à la nuit
Cette coproduction franco-taïwanaise est construite sous forme de puzzle inversement chronologique : l'histoire est divisée en trois grandes parties, chacune séparée de la suivante/précédente par un laps de temps plus ou moins long. C'est en remontant le temps que l'on comprend certains des éléments des séquences ultérieures. Du coup, celles-ci prennent parfois un double sens, celui que l'on perçoit a priori et celui qui émerge avec la vision de ce qui s'est passé des années auparavant.
La première partie se déroule en 2049, dans une grande ville (sans doute Taipei) où la technologie a envahi tous les aspects de la vie quotidienne... et même le corps humain, puisque tous les habitants de la cité sont dotés d'une puce dans le poignet et que toutes les transactions passent par leur "smartphone". Ce polar d'anticipation est très réussi, à ceci près qu'il témoigne d'une vision phallocrate du monde : le réalisateur a utilisé ses (ravissantes) actrices comme du bétail, peut-être pour mieux montrer la marchandisation du corps humain... mais je n'ai pas trop senti le recul critique. De surcroît, le personnage principal, un vigile d'une soixantaine d'années, est antipathique, violent. On le voit tuer un vieil homme, se payer une jeune prostituée et manifester ensuite une grande hostilité envers son épouse, qui veut divorcer.
C'est en remontant une trentaine d'années auparavant qu'on comprend la cause du meurtre, le recours à la prostituée comme la haine qu'éprouve le héros. On le découvre alors jeune policier, travailleur et pointilleux, pas du genre à marcher en dehors des clous. Mais, dans son commissariat, tout le monde ne voit pas les choses de la même manière. Cette seconde nuit va transformer sa vie : lui qui d'habitude ne fait pas de pause rentre inopinément chez lui et par la suite, il se lie avec une jeune kleptomane (d'origine française), qui est sans doute le modèle des prostituées clonées que l'on a vues dans la partie se déroulant en 2049. Là encore, j'ai été un peu irrité par la vision de la société. (L'un des personnages féminins trouve étrange que la prostitution soit illégale, par exemple.) Mais le vent de liberté qui se met à souffler sur cette nuit m'a convaincu.
Une quinzaine d'années plus tôt, le futur policier n'était pourtant qu'un petit délinquant, un voleur de deux-roues qui se fait coincer une nuit, en même temps qu'une prostituée (encore une !) membre d'un gang. La cavale simultanée des deux est bien mise en scène. A partir du moment où ils se retrouvent menottés côte-à-côte, les deux fuyards découvrent qu'ils ne sont pas des inconnus l'un.e pour l'autre. Le personnage de la prostituée est particulièrement émouvant.
Le film ne se conclut pas sur cette séquence, puisqu'il remonte une dernière fois (brièvement) en arrière, à l'époque où le héros était un petit garçon, peut-être le seul moment de sa vie où il a connu un bonheur insouciant. Le reste du film montre comment un type ordinaire et malchanceux a gâché sa vie.
Si le scénario comporte quelques faiblesses, la réalisation est particulièrement soignée. Je pense que Wi-ding Ho s'inspire sans oser le dire de Wong Kar-waï. Il y a une réelle parenté dans leurs manières de filmer la ville, la nuit. Et je pense que l'année à laquelle se déroule la première partie est une référence à peine masquée au 2046 du maître hongkongais.
21:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Face à la nuit
Cette coproduction franco-taïwanaise est construite sous forme de puzzle inversement chronologique : l'histoire est divisée en trois grandes parties, chacune séparée de la suivante/précédente par un laps de temps plus ou moins long. C'est en remontant le temps que l'on comprend certains des éléments des séquences ultérieures. Du coup, celles-ci prennent parfois un double sens, celui que l'on perçoit a priori et celui qui émerge avec la vision de ce qui s'est passé des années auparavant.
La première partie se déroule en 2049, dans une grande ville (sans doute Taipei) où la technologie a envahi tous les aspects de la vie quotidienne... et même le corps humain, puisque tous les habitants de la cité sont dotés d'une puce dans le poignet et que toutes les transactions passent par leur "smartphone". Ce polar d'anticipation est très réussi, à ceci près qu'il témoigne d'une vision phallocrate du monde : le réalisateur a utilisé ses (ravissantes) actrices comme du bétail, peut-être pour mieux montrer la marchandisation du corps humain... mais je n'ai pas trop senti le recul critique. De surcroît, le personnage principal, un vigile d'une soixantaine d'années, est antipathique, violent. On le voit tuer un vieil homme, se payer une jeune prostituée et manifester ensuite une grande hostilité envers son épouse, qui veut divorcer.
C'est en remontant une trentaine d'années auparavant qu'on comprend la cause du meurtre, le recours à la prostituée comme la haine qu'éprouve le héros. On le découvre alors jeune policier, travailleur et pointilleux, pas du genre à marcher en dehors des clous. Mais, dans son commissariat, tout le monde ne voit pas les choses de la même manière. Cette seconde nuit va transformer sa vie : lui qui d'habitude ne fait pas de pause rentre inopinément chez lui et par la suite, il se lie avec une jeune kleptomane (d'origine française), qui est sans doute le modèle des prostituées clonées que l'on a vues dans la partie se déroulant en 2049. Là encore, j'ai été un peu irrité par la vision de la société. (L'un des personnages féminins trouve étrange que la prostitution soit illégale, par exemple.) Mais le vent de liberté qui se met à souffler sur cette nuit m'a convaincu.
Une quinzaine d'années plus tôt, le futur policier n'était pourtant qu'un petit délinquant, un voleur de deux-roues qui se fait coincer une nuit, en même temps qu'une prostituée (encore une !) membre d'un gang. La cavale simultanée des deux est bien mise en scène. A partir du moment où ils se retrouvent menottés côte-à-côte, les deux fuyards découvrent qu'ils ne sont pas des inconnus l'un.e pour l'autre. Le personnage de la prostituée est particulièrement émouvant.
Le film ne se conclut pas sur cette séquence, puisqu'il remonte une dernière fois (brièvement) en arrière, à l'époque où le héros était un petit garçon, peut-être le seul moment de sa vie où il a connu un bonheur insouciant. Le reste du film montre comment un type ordinaire et malchanceux a gâché sa vie.
Si le scénario comporte quelques faiblesses, la réalisation est particulièrement soignée. Je pense que Wi-ding Ho s'inspire sans oser le dire de Wong Kar-waï. Il y a une réelle parenté dans leurs manières de filmer la ville, la nuit. Et je pense que l'année à laquelle se déroule la première partie est une référence à peine masquée au 2046 du maître hongkongais.
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samedi, 10 août 2019
Rapides et furieux
Je ne suis pas, mais alors pas du tout adepte de la série de films Fast and Furious. Des histoires de bagnoles qui roulent vite, avec des gros bras pas subtils et de jolies potiches... bof. Mais, dans cet opus, David Leitch se trouve aux manettes. C'est le réalisateur de John Wick (le premier), d'Atomic Blonde et de Deadpool 2. C'est une garantie de savoir-faire, confirmée par une bande-annonce alléchante.
Le scénario associe deux balèzes qui se sont jadis affrontés : Luke Hobbs (Dwayne Johnson, plus musclé que jamais) et Deckard Shaw (Jason Statham, qui tente d'avoir une expression et demie sur le visage). Le début les présente en mode "écran partagé", du lever à la soirée en boîte, chacun évoluant dans un milieu différent. C'est drôle et cela annonce la ribambelle d'insultes que les deux acolytes (qui vont devoir travailler ensemble) se balancent à intervalle régulier au cours de l'histoire.
Je reconnais que les dialoguistes ne se sont pas trop foulés. On se traite de "tête de pine" ou encore de "face de cul", parmi d'autres joyeusetés. C'est Hobbs/Johnson qui semble le mieux servi. Quand il se présente à un groupe de méchants qu'il s'apprête à corriger, il annonce la couleur : "Je suis le distributeur de branlées." Un peu plus tard, quand il rencontre le gros méchant de l'histoire, il lui déclare, après avoir écarté plusieurs mercenaires sans ménagement : "Et maintenant, je vais t'apprendre la vie"...
Problème pour lui : ce méchant est un ancien commando, censé être décédé, ressuscité par la magie de technologies ultra-modernes. Le transhumanisme existe déjà et c'est Idris Elba qui en bénéficie. Il est devenu capable de mettre une raclée aussi bien à Hobbs qu'à Shaw, séparément. Les deux têtes de lard vont mettre du temps pour comprendre que c'est en unissant leurs efforts qu'ils ont une chance de venir à bout du tueur quasi indestructible.
Un autre personnage vient compliquer l'affaire... une femme ! Pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de Hattie Shaw, la soeur de Deckard, qui a l'air (presque) aussi bornée que son frangin... mais on lui pardonne volontiers, parce qu'elle est incarnée par la pétillante Vanessa Kirby, vue notamment dans le dernier Mission : impossible (mais qui donne un autre aperçu de son talent dans un épisode de la série Hercule Poirot : "Une mémoire d'éléphant", qu'on peut actuellement revoir -en version originale sous-titrée si on le désire- sur le site MyTF1). La charmante demoiselle a subtilisé un dangereux virus, que les méchants veulent récupérer, quel qu'en soit le prix.
Il ne faut pas se le cacher : le principal intérêt du film réside dans ses séquences d'action. La première est une ébouriffante poursuite en plein Londres, avec motos, voiture de luxe et camions. Chapeau, les cascadeurs ! La seconde se déroule sur le site d'une centrale nucléaire désaffectée (censée se trouver en Ukraine). Là aussi, ça dépote. Mais on sent qu'on nous réserve le meilleur pour la fin, dans les îles Hawaii Samoa, dont est originaire Hobbs (tout comme D. Johnson d'ailleurs). Ici, on va se battre "à l'ancienne" (old school, dans la V.O.), la famille du héros fournissant bras, véhicules, carburant... et même matériel informatique ! La poursuite avec l'hélicoptère est trépidante à souhait.
Dans une grande salle, on prend son pied, sans se poser de question.
P.S.
Ne partez pas trop vite : trois petites scènes ont été insérées dans le générique, les deux premières faisant intervenir un collègue de Hobbs (incarné par Ryan Reynolds), la troisième marquant les retrouvailles animées des deux têtes d'affiche.
15:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Rapides et furieux
Je ne suis pas, mais alors pas du tout adepte de la série de films Fast and Furious. Des histoires de bagnoles qui roulent vite, avec des gros bras pas subtils et de jolies potiches... bof. Mais, dans cet opus, David Leitch se trouve aux manettes. C'est le réalisateur de John Wick (le premier), d'Atomic Blonde et de Deadpool 2. C'est une garantie de savoir-faire, confirmée par une bande-annonce alléchante.
Le scénario associe deux balèzes qui se sont jadis affrontés : Luke Hobbs (Dwayne Johnson, plus musclé que jamais) et Deckard Shaw (Jason Statham, qui tente d'avoir une expression et demie sur le visage). Le début les présente en mode "écran partagé", du lever à la soirée en boîte, chacun évoluant dans un milieu différent. C'est drôle et cela annonce la ribambelle d'insultes que les deux acolytes (qui vont devoir travailler ensemble) se balancent à intervalle régulier au cours de l'histoire.
Je reconnais que les dialoguistes ne se sont pas trop foulés. On se traite de "tête de pine" ou encore de "face de cul", parmi d'autres joyeusetés. C'est Hobbs/Johnson qui semble le mieux servi. Quand il se présente à un groupe de méchants qu'il s'apprête à corriger, il annonce la couleur : "Je suis le distributeur de branlées." Un peu plus tard, quand il rencontre le gros méchant de l'histoire, il lui déclare, après avoir écarté plusieurs mercenaires sans ménagement : "Et maintenant, je vais t'apprendre la vie"...
Problème pour lui : ce méchant est un ancien commando, censé être décédé, ressuscité par la magie de technologies ultra-modernes. Le transhumanisme existe déjà et c'est Idris Elba qui en bénéficie. Il est devenu capable de mettre une raclée aussi bien à Hobbs qu'à Shaw, séparément. Les deux têtes de lard vont mettre du temps pour comprendre que c'est en unissant leurs efforts qu'ils ont une chance de venir à bout du tueur quasi indestructible.
Un autre personnage vient compliquer l'affaire... une femme ! Pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de Hattie Shaw, la soeur de Deckard, qui a l'air (presque) aussi bornée que son frangin... mais on lui pardonne volontiers, parce qu'elle est incarnée par la pétillante Vanessa Kirby, vue notamment dans le dernier Mission : impossible (mais qui donne un autre aperçu de son talent dans un épisode de la série Hercule Poirot : "Une mémoire d'éléphant", qu'on peut actuellement revoir -en version originale sous-titrée si on le désire- sur le site MyTF1). La charmante demoiselle a subtilisé un dangereux virus, que les méchants veulent récupérer, quel qu'en soit le prix.
Il ne faut pas se le cacher : le principal intérêt du film réside dans ses séquences d'action. La première est une ébouriffante poursuite en plein Londres, avec motos, voiture de luxe et camions. Chapeau, les cascadeurs ! La seconde se déroule sur le site d'une centrale nucléaire désaffectée (censée se trouver en Ukraine). Là aussi, ça dépote. Mais on sent qu'on nous réserve le meilleur pour la fin, dans les îles Hawaii Samoa, dont est originaire Hobbs (tout comme D. Johnson d'ailleurs). Ici, on va se battre "à l'ancienne" (old school, dans la V.O.), la famille du héros fournissant bras, véhicules, carburant... et même matériel informatique ! La poursuite avec l'hélicoptère est trépidante à souhait.
Dans une grande salle, on prend son pied, sans se poser de question.
P.S.
Ne partez pas trop vite : trois petites scènes ont été insérées dans le générique, les deux premières faisant intervenir un collègue de Hobbs (incarné par Ryan Reynolds), la troisième marquant les retrouvailles animées des deux têtes d'affiche.
15:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 09 août 2019
Une Grande Fille
Cette périphrase désigne Lya, "la girafe", un grand brin de fille (mesurant sans doute plus d'1m90) un peu spécial : il lui arrive régulièrement de tomber en catalepsie, n'émettant plus qu'un petit sifflement. Elle est comme cela depuis qu'elle est allée au Front. L'histoire démarre en 1945, à Leningrad (redevenue aujourd'hui Saint-Pétersbourg), juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'URSS en sort certes victorieuse, mais ravagée dans toute sa partie occidentale, ayant perdu quelque chose comme 25 millions d'habitants. Les rescapés tentent de survivre, alors qu'ils manquent de presque tout, à commencer par la nourriture.
La reconstitution de l'époque est soignée, tant au niveau des décors (principalement intérieurs) que des vêtements. Mais le principal intérêt du film réside dans les aventures des deux héroïnes, deux amies qui se sont connues au Front et que la fin de la guerre va réunir à nouveau.
Autant Lya est grande, blonde et introvertie, autant Masha est petite, brune (auburn) et expansive, avide de goûter à la vie. On se doute bien que ces deux jeunes femmes, qui ont achevé leur adolescence durant la guerre, ont dû en voir des vertes et des pas mûres. Pour l'une d'entre elles, il faut attendre un déjeuner glaçant chez de potentiels futurs beaux-parents pour avoir la révélation du détail de ce qu'elle a subi... mais dit avec des mots choisis.
C'est la marque de fabrique de ce film, dans lequel les personnages n'osent en général pas exprimer les choses frontalement. N'oubliez pas que nous sommes dans l'URSS stalinienne, avec le NKVD (futur KGB) qui veille. De surcroît, quand on est une jeune femme, on a intérêt à cacher certaines choses, y compris à sa meilleure amie.
Voilà pourquoi les plans ont tendance à s'étirer : c'est par la gestuelle, le comportement, les intonations des personnages que l'on peut déduire leurs pensées. Presque chaque scène est nourrie de sous-entendus. Cela peut donner l'impression que ce long film (2h15 environ) est parfois ennuyeux... eh bien pas du tout ! C'est d'abord dû au talent des deux actrices, Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina. C'est aussi en raison de l'intensité des scènes qui les mettent en relation avec des soldats blessés (elles sont devenues aides-soignantes dans un hôpital militaire), où un spectateur français retrouvera un peu de l'ambiance de La Chambre des officiers et des Fragments d'Antonin. L'intrigue prend même les allures d'un petit thriller, avec pour enjeu la maternité.
J'ajoute que la mise en scène est habile (ce que l'on croit voir au début n'est pas tout à fait la vérité), avec une tendance à filmer les protagonistes du dessus, en gros plan, plan serré ou plan large. Le cadre est méticuleusement organisé, avec un joli travail au niveau des éclairages. Cela contribue à faire de ce film exigeant une petite merveille de sensibilité, à ne pas rater s'il passe près de chez vous.
11:24 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire