lundi, 18 mars 2019
Aïlo : une odyssée en Laponie
Ce documentaire fictionné (ou cette fiction documentaire) s'attache aux débuts dans la vie d'un renne, nommé Aïlo, de sa naissance jusqu'à quasiment son entrée dans l'âge adulte. De sa naissance on ne voit toutefois que le résultat, pas la mise-bas. C'est d'ailleurs une constante dans le film : Guillaume Maidatchevski n'a pas voulu montrer à l'écran des scènes susceptibles de choquer le jeune public. On ne verra pas donc les loups mettre à mort un grand mâle ni le glouton égorger un renne domestiqué.
Les débuts d'Aïlo sont pleins de poésie... et d'angoisse. Bon, d'accord, nous les adultes savons que, comme c'est le héros, il va échapper aux dangers qui le guettent, mais je trouve quand même bienvenue la mise en scène de tous les pièges auxquels le faon va devoir échapper. On pense bien sûr aux loups (qui n'ont rien à voir avec de sympathiques chiots pleins de poils gambadant innocemment dans les neiges nordiques). On suit aussi (brièvement) un superbe harfang des neiges. On aperçoit un aigle, ainsi que quelques prédateurs d'en-bas, le plus dangereux étant sans conteste le glouton.
Plus intéressantes encore sont les rencontres effectuées par Aïlo. Il y a cette hermine surexcitée (un vrai personnage de dessin animé), ce lièvre amical (et habile à repousser les putois), cet écureuil affamé et curieux, ce renard des neiges solitaire, ces ours tranquilles dans leur coin et puis les rennes, quantité de rennes, adultes et jeunes, mâles et femelles, superbes.
C'est le moment de souligner la qualité des gros plans (un plaisir à savourer dans une salle de cinéma) et celle de l'habillage sonore. On est vraiment plongé dans la nature. Le commentaire (dit par Aldebert) est instructif, puisqu'il identifie les espèces rencontrées. Le langage est parfois trivial, contemporain : on n'a pas voulu faire un film pontifiant. Je dois reconnaître que cela passe, même si j'ai trouvé que c'était parfois un peu trop verbeux. C'est le genre de film qui incite à la contemplation des merveilles de la nature. Et c'est très bien ainsi.
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mardi, 05 mars 2019
Le Château de Cagliostro
Quelques semaines après la sortie d'un documentaire consacré à Hayao Miyazaki, voilà que son premier long-métrage est de nouveau sur les écrans. C'est l'un des rares que je n'avais encore pas vus.
Au niveau de la forme, cela rappelle les dessins animés des années 1970-1980. C'est donc moins élaboré que les œuvres ultérieures du maître... mais c'est toujours mieux que n'importe quelle adaptation de Dragon Ball (comme celle dont on nous a fait la promotion dans les bandes-annonces)... Le style rappelle ce que Miyazaki a fait dans la série Sherlock Holmes ou dans Edgar de la Cambriole, que ce film a permis de lancer.
On retrouve néanmoins le souci du détail des œuvres de Miyazaki, ainsi que le désir de "creuser" ses personnages, au long d'une histoire fouillée, pleine de rebondissements. C'est feuilletonnesque, à l'image de ce qu'on peut lire sous la plume d'un Jules Verne ou d'un Alexandre Dumas. (Ce dernier est l'auteur d'un Joseph Balsamo, dont le héros est un certain Cagliostro.)
De quoi est-il question ? D'une jeune femme enlevée, de mystérieuses bagues, d'un trafic de fausse monnaie, d'une bande de mafieux ressemblant à des créatures extraterrestres... et d'un château fantastique, regorgeant de souterrains, passages secrets et ouvertures masquées.
C'est plaisant à suivre et visible par tout le monde, puisque l'humour est bon enfant. On voit clairement la parenté avec d'autres mangas mettant en scène un héros cavaleur et dont l'une des acolytes est une jeune femme furieusement indépendante (et ravissante, cela va sans dire). Ici, elle se prénomme Magali. Rappelons-nous que nous sommes en 1979 et que c'est destiné à des enfants.
Pendant 1h40, on peut se plonger dans ce roman d'aventures illustré, un brin surréaliste, dont on sait par avance qu'il ne va pas mal finir.
00:08 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Château de Cagliostro
Quelques semaines après la sortie d'un documentaire consacré à Hayao Miyazaki, voilà que son premier long-métrage est de nouveau sur les écrans. C'est l'un des rares que je n'avais encore pas vus.
Au niveau de la forme, cela rappelle les dessins animés des années 1970-1980. C'est donc moins élaboré que les œuvres ultérieures du maître... mais c'est toujours mieux que n'importe quelle adaptation de Dragon Ball (comme celle dont on nous a fait la promotion dans les bandes-annonces)... Le style rappelle ce que Miyazaki a fait dans la série Sherlock Holmes ou dans Edgar de la Cambriole, que ce film a permis de lancer.
On retrouve néanmoins le souci du détail des œuvres de Miyazaki, ainsi que le désir de "creuser" ses personnages, au long d'une histoire fouillée, pleine de rebondissements. C'est feuilletonnesque, à l'image de ce qu'on peut lire sous la plume d'un Jules Verne ou d'un Alexandre Dumas. (Ce dernier est l'auteur d'un Joseph Balsamo, dont le héros est un certain Cagliostro.)
De quoi est-il question ? D'une jeune femme enlevée, de mystérieuses bagues, d'un trafic de fausse monnaie, d'une bande de mafieux ressemblant à des créatures extraterrestres... et d'un château fantastique, regorgeant de souterrains, passages secrets et ouvertures masquées.
C'est plaisant à suivre et visible par tout le monde, puisque l'humour est bon enfant. On voit clairement la parenté avec d'autres mangas mettant en scène un héros cavaleur et dont l'une des acolytes est une jeune femme furieusement indépendante (et ravissante, cela va sans dire). Ici, elle se prénomme Magali. Rappelons-nous que nous sommes en 1979 et que c'est destiné à des enfants.
Pendant 1h40, on peut se plonger dans ce roman d'aventures illustré, un brin surréaliste, dont on sait par avance qu'il ne va pas mal finir.
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lundi, 04 mars 2019
Les Moissonneurs
Ces moissonneurs sont, au premier degré, des agriculteurs afrikaners de la province sud-africaine de Free State (l'ancien Etat libre d'Orange), dont la capitale est Bloemfontein. Je l'ai entourée en rouge sur la carte ci-dessous :
C'est le grenier à blé du pays. On y suit plus particulièrement les travaux et les jours au sein d'une grande exploitation familiale, où l'on cultive du maïs et élève des bovins (ainsi que de la volaille, semble-t-il).
La famille qui gère le domaine se veut traditionnelle : blanche, pieuse et travailleuse. Ici, on lit encore quotidiennement la Bible (version protestante) et les enfants ne passent pas leurs journées devant des écrans. On côtoie les Noirs de la région quand il le faut (en particulier l'accompagnatrice du grand-père et les ouvriers agricoles), sinon, on a plutôt tendance à les éviter et même à s'en méfier : plusieurs fermes tenues par des Blancs ont été victimes d'attaques.
Janno est le fils du couple. Adolescent, il travaille déjà sur l'exploitation de son père (dès avant le lever du soleil) et se distrait en jouant au rugby ou en allant se baigner sur la côte. (C'est la petite incohérence du scénario : l'Etat libre est enclavé, mais le film a été tourné en grande partie dans la province voisine, le Kwazulu-Natal, qui jouxte l'océan Indien.)
Tout commence à se dérégler quand débarque un nouvel adolescent, un Afrikaner lui aussi bien sûr, mais orphelin des villes, qui a connu la drogue et la prostitution. Pour une raison qu'on ne découvre que vers la fin du film, la mère déploie tout son amour autour de Pieter qui, dans un premier temps, observe cette étrange famille qui lui semble coupée du monde réel. Quand il prend un peu d'assurance, il préfère s'esquiver le temps d'une soirée et aller s'encanailler dans un township, où il arrive même à entraîner Janno. On sent que la situation pourrait rapidement déraper...
L'alternative proposée par le cinéaste est la suivante : soit l'arrivée de Pieter va dynamiter la paisible organisation familiale, parce que c'est un élément perturbateur, hypocrite et tentateur ; soit l'inclusion de ce nouvel élément dans la famille va en faire émerger les secrets et les non-dits... à moins que le gamin ne parvienne à s'intégrer dans ce petit monde afrikaner qui lui est tant étranger.
Les acteurs sont excellents. Les paysages sont superbes, de jour comme de nuit, à l'aube comme au crépuscule. Mais je ne cache pas que le film est un peu austère. Beau et âpre à la fois.
00:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Moissonneurs
Ces moissonneurs sont, au premier degré, des agriculteurs afrikaners de la province sud-africaine de Free State (l'ancien Etat libre d'Orange), dont la capitale est Bloemfontein. Je l'ai entourée en rouge sur la carte ci-dessous :
C'est le grenier à blé du pays. On y suit plus particulièrement les travaux et les jours au sein d'une grande exploitation familiale, où l'on cultive du maïs et élève des bovins (ainsi que de la volaille, semble-t-il).
La famille qui gère le domaine se veut traditionnelle : blanche, pieuse et travailleuse. Ici, on lit encore quotidiennement la Bible (version protestante) et les enfants ne passent pas leurs journées devant des écrans. On côtoie les Noirs de la région quand il le faut (en particulier l'accompagnatrice du grand-père et les ouvriers agricoles), sinon, on a plutôt tendance à les éviter et même à s'en méfier : plusieurs fermes tenues par des Blancs ont été victimes d'attaques.
Janno est le fils du couple. Adolescent, il travaille déjà sur l'exploitation de son père (dès avant le lever du soleil) et se distrait en jouant au rugby ou en allant se baigner sur la côte. (C'est la petite incohérence du scénario : l'Etat libre est enclavé, mais le film a été tourné en grande partie dans la province voisine, le Kwazulu-Natal, qui jouxte l'océan Indien.)
Tout commence à se dérégler quand débarque un nouvel adolescent, un Afrikaner lui aussi bien sûr, mais orphelin des villes, qui a connu la drogue et la prostitution. Pour une raison qu'on ne découvre que vers la fin du film, la mère déploie tout son amour autour de Pieter qui, dans un premier temps, observe cette étrange famille qui lui semble coupée du monde réel. Quand il prend un peu d'assurance, il préfère s'esquiver le temps d'une soirée et aller s'encanailler dans un township, où il arrive même à entraîner Janno. On sent que la situation pourrait rapidement déraper...
L'alternative proposée par le cinéaste est la suivante : soit l'arrivée de Pieter va dynamiter la paisible organisation familiale, parce que c'est un élément perturbateur, hypocrite et tentateur ; soit l'inclusion de ce nouvel élément dans la famille va en faire émerger les secrets et les non-dits... à moins que le gamin ne parvienne à s'intégrer dans ce petit monde afrikaner qui lui est tant étranger.
Les acteurs sont excellents. Les paysages sont superbes, de jour comme de nuit, à l'aube comme au crépuscule. Mais je ne cache pas que le film est un peu austère. Beau et âpre à la fois.
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samedi, 02 mars 2019
Escape Game
Ce "film de survivant(s)" adapte au goût du jour une trame déjà rencontrée au cinéma, en particulier dans Cube, auquel il est d'ailleurs fait allusion au début de ce film-ci. Le principe est le même : six personnes se retrouvent enfermées dans une pièce dont elles ne peuvent sortir qu'en suivant les règles imposées par un mystérieux maître du jeu.
A ceux qui n'auraient pas visionné (récemment) Cube, je conseille d'attendre d'avoir vu Escape Game pour le regarder... sinon ils risquent de subodorer une grande partie des péripéties... et même la conclusion de l'histoire.
Sur les six futurs enfermés, on n'en découvre que trois dans la deuxième séquence du film. La première est une projection dans le futur (ou, si vous préférez, la suite est un long retour en arrière), dans laquelle figure un des trois personnages sur lesquels le réalisateur insiste le plus. Est-ce un indice sur leur sort et celui des autres ? N'est-ce pas plutôt une supercherie, destinée à détourner l'attention des spectateurs de l'un des trois autres personnages, voué à jouer un rôle important, plus tard ? Je me garderai bien de lever le voile.
A gauche, voici Zoé, étudiante brillante mais introvertie.
Au centre se trouve Ben, magasinier dans l'entrepôt d'un commerce. Il ne sait apparemment pas faire grand chose.
A droite se trouve Jason, jeune cadre dynamique dans un fonds spéculatif.
Complètent le tableau un "guique" fan des jeux d'énigme (dans la vie réelle), un ancien mineur et une militaire blessée en Irak.
Le principal intérêt du film réside dans l'inventivité déployée dans chacune des salles de jeu, qui contient des pièges mortels. Le feu et la chaleur sont les principaux dangers dans la première salle, le froid et l'eau glacée dans la troisième, un gaz dans la cinquième. Mais c'est la quatrième épreuve qui m'a le plus emballé :
C'est une salle de bar où le haut et le bas sont inversés. Elle recèle bien évidemment des pièges, mais aussi les solutions pour y échapper.
Tout cela pour dire que c'est prenant. Dans la salle où je l'ai vu, j'étais le plus vieux spectateur et même les petits blaireaux et les petites greluches qui venaient là pour kiffer la life entre potes ont été captivés par l'histoire (et sa mise en scène). C'est dire.
Sur le fond, il n'y a rien de nouveau sous le soleil : pour s'en sortir, les six doivent collaborer et utiliser les compétences de chacun-e... mais certains sont tentés de la jouer solo. J'ajoute qu'un mystère plane sur la raison de leur présence ensemble. On les a attirés dans un piège, pour une raison précise, que l'on ne découvre que dans la cinquième salle. Et attention, une suite est prévue...
C'est un agréable divertissement, qui permet d'entamer tranquillement la digestion d'un bon repas.
21:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Escape Game
Ce "film de survivant(s)" adapte au goût du jour une trame déjà rencontrée au cinéma, en particulier dans Cube, auquel il est d'ailleurs fait allusion au début de ce film-ci. Le principe est le même : six personnes se retrouvent enfermées dans une pièce dont elles ne peuvent sortir qu'en suivant les règles imposées par un mystérieux maître du jeu.
A ceux qui n'auraient pas visionné (récemment) Cube, je conseille d'attendre d'avoir vu Escape Game pour le regarder... sinon ils risquent de subodorer une grande partie des péripéties... et même la conclusion de l'histoire.
Sur les six futurs enfermés, on n'en découvre que trois dans la deuxième séquence du film. La première est une projection dans le futur (ou, si vous préférez, la suite est un long retour en arrière), dans laquelle figure un des trois personnages sur lesquels le réalisateur insiste le plus. Est-ce un indice sur leur sort et celui des autres ? N'est-ce pas plutôt une supercherie, destinée à détourner l'attention des spectateurs de l'un des trois autres personnages, voué à jouer un rôle important, plus tard ? Je me garderai bien de lever le voile.
A gauche, voici Zoé, étudiante brillante mais introvertie.
Au centre se trouve Ben, magasinier dans l'entrepôt d'un commerce. Il ne sait apparemment pas faire grand chose.
A droite se trouve Jason, jeune cadre dynamique dans un fonds spéculatif.
Complètent le tableau un "guique" fan des jeux d'énigme (dans la vie réelle), un ancien mineur et une militaire blessée en Irak.
Le principal intérêt du film réside dans l'inventivité déployée dans chacune des salles de jeu, qui contient des pièges mortels. Le feu et la chaleur sont les principaux dangers dans la première salle, le froid et l'eau glacée dans la troisième, un gaz dans la cinquième. Mais c'est la quatrième épreuve qui m'a le plus emballé :
C'est une salle de bar où le haut et le bas sont inversés. Elle recèle bien évidemment des pièges, mais aussi les solutions pour y échapper.
Tout cela pour dire que c'est prenant. Dans la salle où je l'ai vu, j'étais le plus vieux spectateur et même les petits blaireaux et les petites greluches qui venaient là pour kiffer la life entre potes ont été captivés par l'histoire (et sa mise en scène). C'est dire.
Sur le fond, il n'y a rien de nouveau sous le soleil : pour s'en sortir, les six doivent collaborer et utiliser les compétences de chacun-e... mais certains sont tentés de la jouer solo. J'ajoute qu'un mystère plane sur la raison de leur présence ensemble. On les a attirés dans un piège, pour une raison précise, que l'on ne découvre que dans la cinquième salle. Et attention, une suite est prévue...
C'est un agréable divertissement, qui permet d'entamer tranquillement la digestion d'un bon repas.
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mercredi, 27 février 2019
La Chute de l'empire américain
Le cinéaste québécois Denys Arcand ambitionne de clore par ce film un chapitre ouvert jadis avec Le Déclin de l'empire américain. Force est de constater que, trente-trois ans plus tard, le monde n'a pas changé dans le sens qu'espérait le réalisateur.
Ici, il nous livre un conte (im)moral.
Il était une fois, Pierre-Paul, un jeune homme intelligent, honnête et philanthrope. Il était simple coursier dans une entreprise de livraison express. Il pensait avoir (peut-être) trouvé sa Dulcinée en la personne d'une employée de banque. Il avait peu d'amis, le principal étant un brave homme éclairé par les Saintes Écritures.
Dans Sa grande sagesse, le Tout-puissant décida de changer son destin. Il mit sur le chemin de Pierre-Paul deux jeunes pécheurs, armés jusqu'aux dents... et des sacs remplis d'un argent gagné dans la honte et l'exploitation humaine.
Après avoir beaucoup hésité, Pierre-Paul décida de s'emparer du butin, afin d'en faire bon usage de connaître les tourments de la chair entre les lèvres les cuisses les bras d'une Marie-Madeleine diablement tentatrice. Il finit par recourir aussi aux services d'un pécheur repenti, qui mit sa malhonnêteté au service du Bien. Cette nouvelle Sainte Trinité quémanda l'appui d'un ancien client apôtre de Marie-Madeleine, habile à faire échapper le fruit du labeur aux doigts crochus de l'hydre fiscale.
Ces héros des temps modernes durent se montrer particulièrement prudents. De hideux délinquants étaient prêts à tout pour récupérer l'argent fruit du péché. Les forces du pouvoir leur faisaient concurrence, qui tentaient de faire appliquer les textes votés par des humains.
Moralité : soyez malhonnêtes, rusés, libidineux... et Dieu vous le rendra !
21:09 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
La Chute de l'empire américain
Le cinéaste québécois Denys Arcand ambitionne de clore par ce film un chapitre ouvert jadis avec Le Déclin de l'empire américain. Force est de constater que, trente-trois ans plus tard, le monde n'a pas changé dans le sens qu'espérait le réalisateur.
Ici, il nous livre un conte (im)moral.
Il était une fois, Pierre-Paul, un jeune homme intelligent, honnête et philanthrope. Il était simple coursier dans une entreprise de livraison express. Il pensait avoir (peut-être) trouvé sa Dulcinée en la personne d'une employée de banque. Il avait peu d'amis, le principal étant un brave homme éclairé par les Saintes Écritures.
Dans Sa grande sagesse, le Tout-puissant décida de changer son destin. Il mit sur le chemin de Pierre-Paul deux jeunes pécheurs, armés jusqu'aux dents... et des sacs remplis d'un argent gagné dans la honte et l'exploitation humaine.
Après avoir beaucoup hésité, Pierre-Paul décida de s'emparer du butin, afin d'en faire bon usage de connaître les tourments de la chair entre les lèvres les cuisses les bras d'une Marie-Madeleine diablement tentatrice. Il finit par recourir aussi aux services d'un pécheur repenti, qui mit sa malhonnêteté au service du Bien. Cette nouvelle Sainte Trinité quémanda l'appui d'un ancien client apôtre de Marie-Madeleine, habile à faire échapper le fruit du labeur aux doigts crochus de l'hydre fiscale.
Ces héros des temps modernes durent se montrer particulièrement prudents. De hideux délinquants étaient prêts à tout pour récupérer l'argent fruit du péché. Les forces du pouvoir leur faisaient concurrence, qui tentaient de faire appliquer les textes votés par des humains.
Moralité : soyez malhonnêtes, rusés, libidineux... et Dieu vous le rendra !
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Sang froid
Quand on sait qu'il s'agit d'une histoire de vengeance et qu'il y a Liam Neeson au générique, on se dit qu'on risque de se manger une sorte de Taken 4, ou une resucée de Non stop, Night Run ou The Passenger. Sauf que le plus irlandais des acteurs hollywoodiens n'incarne pas ici un flic à la retraite, un ancien truand ou un membre des forces spéciales. Il est Nels Coxman (traduit en Dardman dans la VF...), un conducteur de déneigeuse, qui vit simplement, au Colorado, dans un grand chalet, avec son épouse et son fils. C'est un bosseur et pas du genre causant, aimant rendre service à son prochain. Cela lui vaut d'ailleurs d'être élu citoyen de l'année de son patelin.
Tout change lorsqu'il perd un proche. Il va chercher à se faire justice. C'est à partir de ce moment-là que les cadavres commencent à s'empiler, le réalisateur se plaisant à marquer chaque décès, à sa manière. C'est un polar caustique, quelque part entre Fargo et Pulp Fiction. Liam Neeson est en forme (meilleur que dans Taken 3, par exemple). Il va utiliser ses compétences pour arriver à ses fins, ce qui fait de lui un tueur surprenant, insoupçonnable... et habile, en dépit de quelques maladresses de débutant.
Le compte des morts va s'emballer quand chacune des deux bandes de trafiquants locaux va croire que l'autre cherche à l'évincer. Il va même arriver au héros de se retrouver pris entre deux feux ! C'est donc violent, mais aussi sarcastique.
C'est de surcroît bien filmé, avec de très beaux plans de montagnes enneigées. (Dire qu'à Rodez des gens ont hurlé quand on a eu deux-trois malheureux centimètres...) J'ai aussi aimé les vues des demeures, celle, modeste, du héros (de nuit, elle est très jolie) et celle, tape-à-l'oeil, du chef des trafiquants de Denver, une impitoyable pourriture très attachée à son gamin (celui-ci étonnamment mûr pour son âge). Au passage, le réalisateur pointe le paradoxe des Etats-Unis d'aujourd'hui : les travailleurs honnêtes comme Nels vivent modestement, tandis que les (anciens) hors-la-loi pètent dans la soie.
Dans ce monde de mecs, quelques femmes émergent. L'épouse du héros est interprétée par Laura Dern. On sent que le réalisateur a voulu profiter du drame pour mettre en scène la crise du couple. Plus marquante est la jeune policière avide de faire respecter la loi. De l'autre côté, on trouve l'ex-épouse du chef de bande, une superbe Indienne (Julia Jones... mmm) qui sait se faire respecter. Et je n'oublie pas la petite copine du frère du héros, une horrible garce au fort potentiel comique.
Ce film d'action sait aussi ménager quelques moments d'émotion. J'ai trouvé bien menées les scènes (situées vers la fin) faisant intervenir le héros et le fils du chef de bande. Et il y a cette conclusion, avec deux patriarches dans un engin, tandis que survient le dernier décès, le plus improbable de tous.
Au départ, j'étais parti pour me vider la tête avec un film bourrin. Finalement, c'est bien mieux que cela.
00:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Sang froid
Quand on sait qu'il s'agit d'une histoire de vengeance et qu'il y a Liam Neeson au générique, on se dit qu'on risque de se manger une sorte de Taken 4, ou une resucée de Non stop, Night Run ou The Passenger. Sauf que le plus irlandais des acteurs hollywoodiens n'incarne pas ici un flic à la retraite, un ancien truand ou un membre des forces spéciales. Il est Nels Coxman (traduit en Dardman dans la VF...), un conducteur de déneigeuse, qui vit simplement, au Colorado, dans un grand chalet, avec son épouse et son fils. C'est un bosseur et pas du genre causant, aimant rendre service à son prochain. Cela lui vaut d'ailleurs d'être élu citoyen de l'année de son patelin.
Tout change lorsqu'il perd un proche. Il va chercher à se faire justice. C'est à partir de ce moment-là que les cadavres commencent à s'empiler, le réalisateur se plaisant à marquer chaque décès, à sa manière. C'est un polar caustique, quelque part entre Fargo et Pulp Fiction. Liam Neeson est en forme (meilleur que dans Taken 3, par exemple). Il va utiliser ses compétences pour arriver à ses fins, ce qui fait de lui un tueur surprenant, insoupçonnable... et habile, en dépit de quelques maladresses de débutant.
Le compte des morts va s'emballer quand chacune des deux bandes de trafiquants locaux va croire que l'autre cherche à l'évincer. Il va même arriver au héros de se retrouver pris entre deux feux ! C'est donc violent, mais aussi sarcastique.
C'est de surcroît bien filmé, avec de très beaux plans de montagnes enneigées. (Dire qu'à Rodez des gens ont hurlé quand on a eu deux-trois malheureux centimètres...) J'ai aussi aimé les vues des demeures, celle, modeste, du héros (de nuit, elle est très jolie) et celle, tape-à-l'oeil, du chef des trafiquants de Denver, une impitoyable pourriture très attachée à son gamin (celui-ci étonnamment mûr pour son âge). Au passage, le réalisateur pointe le paradoxe des Etats-Unis d'aujourd'hui : les travailleurs honnêtes comme Nels vivent modestement, tandis que les (anciens) hors-la-loi pètent dans la soie.
Dans ce monde de mecs, quelques femmes émergent. L'épouse du héros est interprétée par Laura Dern. On sent que le réalisateur a voulu profiter du drame pour mettre en scène la crise du couple. Plus marquante est la jeune policière avide de faire respecter la loi. De l'autre côté, on trouve l'ex-épouse du chef de bande, une superbe Indienne (Julia Jones... mmm) qui sait se faire respecter. Et je n'oublie pas la petite copine du frère du héros, une horrible garce au fort potentiel comique.
Ce film d'action sait aussi ménager quelques moments d'émotion. J'ai trouvé bien menées les scènes (situées vers la fin) faisant intervenir le héros et le fils du chef de bande. Et il y a cette conclusion, avec deux patriarches dans un engin, tandis que survient le dernier décès, le plus improbable de tous.
Au départ, j'étais parti pour me vider la tête avec un film bourrin. Finalement, c'est bien mieux que cela.
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mardi, 26 février 2019
Le Chant du loup
L'intrigue de ce film ne tourne pas autour d'un canidé, ni du poisson aussi nommé le bar, bien qu'une grande partie de l'histoire se déroule en mer... plus précisément sous l'eau, puisqu'il est question de sous-marins et des sons que l'on perçoit à l'intérieur des submersibles.
Ces sons sont étudiés par "l'oreille d'or", un membre de l'équipage doté d'une acuité auditive exceptionnelle. Elle lui permet de distinguer les bruits naturels des artificiels et de catégoriser chacun d'entre eux, au point de pouvoir reconnaître un type de sous-marin rien qu'à la faible signature sonore qu'il produit.
C'est la fonction du héros Chanteraide, surnommé Chaussette depuis qu'il a passé une mission entière les pieds protégés uniquement par ce vêtement. Il est incarné par François Civil, excellent dans le rôle. Il a déjà une filmographie assez longue : on a notamment pu le voir dans Made in France et Ce qui nous lie.
Il est épaulé par une brochette d'acteurs efficaces, des habitués des seconds rôles... et quelques vedettes. C'est là que le bât blesse. Autant je trouve Mathieu Kassovitz crédible en amiral, autant j'ai des doutes sur la vraisemblance de l'interprétation de Reda Kateb. Certes, je n'ai jamais rencontré un commandant de sous-marin, mais je n'ai pas trop cru à son personnage. (Roschdy Zem aurait sans doute été meilleur dans le rôle.) Mais le pire est atteint avec Omar Sy, pas du tout à l'aise, tel un éléphant dans un jeu de quilles.
En dépit de ces défauts, le film est prenant. La première demi-heure est une pure merveille. Elle se déroule au Moyen-Orient, sur terre (en Syrie) et sous l'eau. Les marins français doivent échapper aux Syriens, aux Iraniens... et peut-être aux Russes. Le jeu du chat et de la souris (sous l'eau) est mis en scène avec une grande habileté. (Le réalisateur Antonin Baudry est le co-scénariste de Quai d'Orsay, adapté de la bande dessinée qu'il avait co-écrite.)
La principale qualité du film est l'ambiance qu'il réussit à créer, aussi bien sur terre que sous l'eau. Bien entendu, les scènes les plus impressionnantes se déroulent en mer. Un gros travail a été fait sur le son (grâce notamment à l'appui de Skywalker Sound, une filiale de Lucas Film citée dans le générique de fin). Je n'ai pas trouvé cette recherche et cette qualité auditive depuis le Dunkerque de Christopher Nolan.
Du coup, même le retour à la base navale revêt un intérêt particulier. Toute la vie quotidienne du héros est marquée par cette approche particulière du son. Il part à la recherche d'une signature, celle d'un objet sous-marin non identifié. Il subit aussi un entraînement pour valider sa mutation sur un SNLE (un lanceur d'engins nucléaires).
C'est à ce moment-là que l'intrigue prend une épaisseur supplémentaire. Un complot est à l'œuvre. Les "oreilles d'or" ont-elles été manipulées ? Vont-elles permettre de déjouer les manigances d'un groupe extrêmement nuisible ? Suspens.
Le problème est que, quand on découvre la supercherie, on n'y croit qu'à moitié. Là-dessus se greffent quelques péripéties téléphonées. Ainsi, on voit le héros soudainement fondre en larmes, au pire moment. L'un des personnages principaux, en tenue de plongeur, se retrouve face à un sous-marin pile au moment où celui-ci lance une torpille (sur la trajectoire de laquelle se trouve bien évidemment le plongeur). Enfin, à la suite d'une explosion, il ne reste que deux survivants... pas n'importe lesquels (comme par hasard).
C'est dommage, parce qu'il y a un certain souffle dans la réalisation, appuyée par des scènes sous-marines numériques fort bien menées. Du coup, même si j'ai globalement apprécié le film, je suis sorti de là un peu déçu, d'autant que les deux dernières scènes ne sont pas les plus réussies.
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Le Chant du loup
L'intrigue de ce film ne tourne pas autour d'un canidé, ni du poisson aussi nommé le bar, bien qu'une grande partie de l'histoire se déroule en mer... plus précisément sous l'eau, puisqu'il est question de sous-marins et des sons que l'on perçoit à l'intérieur des submersibles.
Ces sons sont étudiés par "l'oreille d'or", un membre de l'équipage doté d'une acuité auditive exceptionnelle. Elle lui permet de distinguer les bruits naturels des artificiels et de catégoriser chacun d'entre eux, au point de pouvoir reconnaître un type de sous-marin rien qu'à la faible signature sonore qu'il produit.
C'est la fonction du héros Chanteraide, surnommé Chaussette depuis qu'il a passé une mission entière les pieds protégés uniquement par ce vêtement. Il est incarné par François Civil, excellent dans le rôle. Il a déjà une filmographie assez longue : on a notamment pu le voir dans Made in France et Ce qui nous lie.
Il est épaulé par une brochette d'acteurs efficaces, des habitués des seconds rôles... et quelques vedettes. C'est là que le bât blesse. Autant je trouve Mathieu Kassovitz crédible en amiral, autant j'ai des doutes sur la vraisemblance de l'interprétation de Reda Kateb. Certes, je n'ai jamais rencontré un commandant de sous-marin, mais je n'ai pas trop cru à son personnage. (Roschdy Zem aurait sans doute été meilleur dans le rôle.) Mais le pire est atteint avec Omar Sy, pas du tout à l'aise, tel un éléphant dans un jeu de quilles.
En dépit de ces défauts, le film est prenant. La première demi-heure est une pure merveille. Elle se déroule au Moyen-Orient, sur terre (en Syrie) et sous l'eau. Les marins français doivent échapper aux Syriens, aux Iraniens... et peut-être aux Russes. Le jeu du chat et de la souris (sous l'eau) est mis en scène avec une grande habileté. (Le réalisateur Antonin Baudry est le co-scénariste de Quai d'Orsay, adapté de la bande dessinée qu'il avait co-écrite.)
La principale qualité du film est l'ambiance qu'il réussit à créer, aussi bien sur terre que sous l'eau. Bien entendu, les scènes les plus impressionnantes se déroulent en mer. Un gros travail a été fait sur le son (grâce notamment à l'appui de Skywalker Sound, une filiale de Lucas Film citée dans le générique de fin). Je n'ai pas trouvé cette recherche et cette qualité auditive depuis le Dunkerque de Christopher Nolan.
Du coup, même le retour à la base navale revêt un intérêt particulier. Toute la vie quotidienne du héros est marquée par cette approche particulière du son. Il part à la recherche d'une signature, celle d'un objet sous-marin non identifié. Il subit aussi un entraînement pour valider sa mutation sur un SNLE (un lanceur d'engins nucléaires).
C'est à ce moment-là que l'intrigue prend une épaisseur supplémentaire. Un complot est à l'œuvre. Les "oreilles d'or" ont-elles été manipulées ? Vont-elles permettre de déjouer les manigances d'un groupe extrêmement nuisible ? Suspens.
Le problème est que, quand on découvre la supercherie, on n'y croit qu'à moitié. Là-dessus se greffent quelques péripéties téléphonées. Ainsi, on voit le héros soudainement fondre en larmes, au pire moment. L'un des personnages principaux, en tenue de plongeur, se retrouve face à un sous-marin pile au moment où celui-ci lance une torpille (sur la trajectoire de laquelle se trouve bien évidemment le plongeur). Enfin, à la suite d'une explosion, il ne reste que deux survivants... pas n'importe lesquels (comme par hasard).
C'est dommage, parce qu'il y a un certain souffle dans la réalisation, appuyée par des scènes sous-marines numériques fort bien menées. Du coup, même si j'ai globalement apprécié le film, je suis sorti de là un peu déçu, d'autant que les deux dernières scènes ne sont pas les plus réussies.
13:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 24 février 2019
Destroyer
Dans ce billet, il ne va pas être question d'un navire de guerre, mais d'une policière vengeresse, ô combien (auto)destructrice. Elle est incarnée par Nicole Kidman, à propos de laquelle la promotion du film a martelé qu'on ne l'avait jamais vue ainsi.
C'est juste. Maigre comme un clou, alcoolique et d'une hygiène corporelle douteuse, l'inspectrice Erin Bell fait peine à voir. Elle n'en a pas moins gardé son flair de flic. Elle s'en sert pour retrouver le meurtrier de son ancien coéquipier, qu'elle a perdu dans une opération d'infiltration, dix-sept ans auparavant.
Le film alterne deux trames chronologiques : celle du présent (la quête de vengeance, entre deux saouleries et trois prises de becs avec sa fille) et celle du passé (l'infiltration au sein d'une bande qui prépare l'attaque d'une banque... et la naissance de l'amour entre Erin et son partenaire). Euh... en fait, on finit par comprendre qu'on nous a proposé des images venant de trois trames chronologiques différentes. La trame contemporaine est en réalité divisée en deux, mais ça, on ne le saisit que dans le dernier quart d'heure, qui donne un éclairage particulier au début. C'est au point qu'il serait intéressant de revoir le film avec cette idée en tête.
Du côté de l'interprétation, il n'y a rien à dire. Comédiens et comédiennes assurent. La Nicole de notre époque fait bigrement peur, tant elle semble ravagée, physiquement et psychologiquement (par la culpabilité)... mais j'ai été presque aussi effrayé à la vision de Nicole incarnant la fliquette de 25 ans, avec sa peau "poupée de cire".
C'est un polar. Glauque. Ça cogne, ça jure, ça picole, ça fume, ça vomit, ça flingue... à Los Angeles. Les extérieurs sont très bien filmés, avec un gros travail sur la luminosité. Mais l'ensemble est un peu poussif. Je n'ai pas aimé les scènes mère-fille et je trouve qu'on aurait pu raccourcir un peu. C'est néanmoins un exercice de style très regardable. Malgré la chirurgie esthétique, Nicole reste une très bonne actrice.
19:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Destroyer
Dans ce billet, il ne va pas être question d'un navire de guerre, mais d'une policière vengeresse, ô combien (auto)destructrice. Elle est incarnée par Nicole Kidman, à propos de laquelle la promotion du film a martelé qu'on ne l'avait jamais vue ainsi.
C'est juste. Maigre comme un clou, alcoolique et d'une hygiène corporelle douteuse, l'inspectrice Erin Bell fait peine à voir. Elle n'en a pas moins gardé son flair de flic. Elle s'en sert pour retrouver le meurtrier de son ancien coéquipier, qu'elle a perdu dans une opération d'infiltration, dix-sept ans auparavant.
Le film alterne deux trames chronologiques : celle du présent (la quête de vengeance, entre deux saouleries et trois prises de becs avec sa fille) et celle du passé (l'infiltration au sein d'une bande qui prépare l'attaque d'une banque... et la naissance de l'amour entre Erin et son partenaire). Euh... en fait, on finit par comprendre qu'on nous a proposé des images venant de trois trames chronologiques différentes. La trame contemporaine est en réalité divisée en deux, mais ça, on ne le saisit que dans le dernier quart d'heure, qui donne un éclairage particulier au début. C'est au point qu'il serait intéressant de revoir le film avec cette idée en tête.
Du côté de l'interprétation, il n'y a rien à dire. Comédiens et comédiennes assurent. La Nicole de notre époque fait bigrement peur, tant elle semble ravagée, physiquement et psychologiquement (par la culpabilité)... mais j'ai été presque aussi effrayé à la vision de Nicole incarnant la fliquette de 25 ans, avec sa peau "poupée de cire".
C'est un polar. Glauque. Ça cogne, ça jure, ça picole, ça fume, ça vomit, ça flingue... à Los Angeles. Les extérieurs sont très bien filmés, avec un gros travail sur la luminosité. Mais l'ensemble est un peu poussif. Je n'ai pas aimé les scènes mère-fille et je trouve qu'on aurait pu raccourcir un peu. C'est néanmoins un exercice de style très regardable. Malgré la chirurgie esthétique, Nicole reste une très bonne actrice.
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vendredi, 22 février 2019
Nicky Larson et le parfum de Cupidon
La bande à Lacheau s'est risquée à adapter ce célèbre manga, dont les (jeunes) téléspectateurs français avaient pu découvrir une version animée dans les années 1990. Autant le dire tout de suite à celles et ceux qui n'en ont jamais entendu parler : cette oeuvre était particulièrement infantile et, dans sa version japonaise non censurée, très portée sur le cul.
De ce point de vue, on peut affirmer que Philippe Lacheau a réalisé un film fidèle à l'esprit du manga. Cela démarre même sur les chapeaux de roue avec une baston dans une clinique... hi-la-rante ! Je ne souhaite à personne de se trouver dans la position du patient endormi (au départ), coincé entre le héros et un inquiétant malabar qui ne lui veut pas du bien.
Les références au style manga sont davantage visibles dans deux autres séquences : la bagarre dans la casse automobile (un petit chef-d'oeuvre) et la poursuite en voitures, pleine de surprises. Lacheau a su parfaitement utiliser les ralentis et les accélérés. Cela nous mène au point d'orgue, la bataille finale dans l'ancienne usine, de surcroît spectaculaire.
C'est que faire une bonne comédie exige de réunir beaucoup d'ingrédients : un bon scénar, de bons dialogues, de bons acteurs et une mise en scène réglée au millimètre. Bon, il y a bien ça et là quelques petits "blancs", quelques gags qui portent moins que les autres mais, franchement, moi qui croyais avoir vu les meilleurs dans la bande-annonce, eh bien j'ai été très agréablement surpris.
Je préviens tout de même les bonnes âmes : c'est un "film de mecs", pour NOUS les hétéros. Sans rentrer dans les détails, je me contenterai de dire que le directeur de casting a dû passer d'éprouvants moments à sélectionner la foule de bombasses qui traversent cette histoire.
Le paradoxe est que l'une des plus belles, Elodie Fontan (actuellement aussi à l'affiche de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?), est volontairement enlaidie pour passer pour un garçon manqué. On va évidemment découvrir qu'elle est super bien gaulée, au moins autant que la pléiade de conquêtes du son obsédé de partenaire, Nicky. Cerise sur le gâteau : au cours de ses aventures, ce coureur de jupons va se poser d'existentielles questions sur son orientation sexuelle...
Pour les "vieux" spectateurs, il y a des allusions à de prestigieux anciens, en particulier Louis de Funès (directement et indirectement, par une référence à Fantômas contre Scotland Yard). Du point de vue de la modernité, on notera une utilisation intelligente des réseaux sociaux, durant la séquence dite du lit (un des très bons moments du film).
J'aime aussi quand Lacheau ose. A au moins deux reprises, il utilise des enfants dans sa mécanique du rire... et le public (dans la salle où je me trouvais) adore. Je ne peux pas non plus décrire ce qu'il arrive à divers animaux, du hamster aux canards, ceux-ci constituant une sorte de fil rouge de l'intrigue, fil rouge qui se conclut de manière... canon !
La fin nous réserve un joli retournement scénaristique... et un dernier gag à caractère sexuel, en forme de pied de nez au méchant de l'histoire.
Il y aurait encore plein de choses à dire sur cette comédie efficace, mais je terminerai par un simple mot : MERCI.
21:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Nicky Larson et le parfum de Cupidon
La bande à Lacheau s'est risquée à adapter ce célèbre manga, dont les (jeunes) téléspectateurs français avaient pu découvrir une version animée dans les années 1990. Autant le dire tout de suite à celles et ceux qui n'en ont jamais entendu parler : cette oeuvre était particulièrement infantile et, dans sa version japonaise non censurée, très portée sur le cul.
De ce point de vue, on peut affirmer que Philippe Lacheau a réalisé un film fidèle à l'esprit du manga. Cela démarre même sur les chapeaux de roue avec une baston dans une clinique... hi-la-rante ! Je ne souhaite à personne de se trouver dans la position du patient endormi (au départ), coincé entre le héros et un inquiétant malabar qui ne lui veut pas du bien.
Les références au style manga sont davantage visibles dans deux autres séquences : la bagarre dans la casse automobile (un petit chef-d'oeuvre) et la poursuite en voitures, pleine de surprises. Lacheau a su parfaitement utiliser les ralentis et les accélérés. Cela nous mène au point d'orgue, la bataille finale dans l'ancienne usine, de surcroît spectaculaire.
C'est que faire une bonne comédie exige de réunir beaucoup d'ingrédients : un bon scénar, de bons dialogues, de bons acteurs et une mise en scène réglée au millimètre. Bon, il y a bien ça et là quelques petits "blancs", quelques gags qui portent moins que les autres mais, franchement, moi qui croyais avoir vu les meilleurs dans la bande-annonce, eh bien j'ai été très agréablement surpris.
Je préviens tout de même les bonnes âmes : c'est un "film de mecs", pour NOUS les hétéros. Sans rentrer dans les détails, je me contenterai de dire que le directeur de casting a dû passer d'éprouvants moments à sélectionner la foule de bombasses qui traversent cette histoire.
Le paradoxe est que l'une des plus belles, Elodie Fontan (actuellement aussi à l'affiche de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?), est volontairement enlaidie pour passer pour un garçon manqué. On va évidemment découvrir qu'elle est super bien gaulée, au moins autant que la pléiade de conquêtes du son obsédé de partenaire, Nicky. Cerise sur le gâteau : au cours de ses aventures, ce coureur de jupons va se poser d'existentielles questions sur son orientation sexuelle...
Pour les "vieux" spectateurs, il y a des allusions à de prestigieux anciens, en particulier Louis de Funès (directement et indirectement, par une référence à Fantômas contre Scotland Yard). Du point de vue de la modernité, on notera une utilisation intelligente des réseaux sociaux, durant la séquence dite du lit (un des très bons moments du film).
J'aime aussi quand Lacheau ose. A au moins deux reprises, il utilise des enfants dans sa mécanique du rire... et le public (dans la salle où je me trouvais) adore. Je ne peux pas non plus décrire ce qu'il arrive à divers animaux, du hamster aux canards, ceux-ci constituant une sorte de fil rouge de l'intrigue, fil rouge qui se conclut de manière... canon !
La fin nous réserve un joli retournement scénaristique... et un dernier gag à caractère sexuel, en forme de pied de nez au méchant de l'histoire.
Il y aurait encore plein de choses à dire sur cette comédie efficace, mais je terminerai par un simple mot : MERCI.
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Une intime conviction
Ce "film de procès" est consacré à l'affaire de la disparition de Suzanne Viguier (toujours non élucidée à ce jour), plus particulièrement à la préparation et au déroulement du second procès d'assises, qui s'est tenu à Albi (le premier s'étant déroulé à Toulouse).
Attention toutefois : le scénario, qui prend quelques libertés avec la réalité, ne propose pas une vue strictement objective de l'affaire. Le réalisateur s'est placé dans le camp de l'accusé (reconnu innocent) Jacques Viguier, incarné par un Laurent Lucas étonnamment mutique.
Les deux personnages principaux sont le nouvel avocat de la défense, incarné par un Olivier Gourmet au sommet de sa forme, et sa petite main discrète et obstinée, interprétée par Marina Foïs, qu'on croirait investie d'une mission. Du côté des seconds rôles, je signale les performances de Philippe Uchan (vu notamment dans Au-revoir là-haut, il joue ici l'amant de la disparue), d'India Hair (la baby-sitter, remarquée dans Crash Test Aglaé) et d'Armande Boulanger, très juste dans le rôle de la fille de l'accusé.
C'est très bien joué, rythmé, prenant, voire haletant. J'ai particulièrement aimé la mise en scène du travail de fourmi réalisé par Nora/Marina, qui est sur le point de foutre sa vie en l'air pour voir triompher ce qu'elle pense être la justice. Par contre, dans une scène, on en fait un peu trop : extraits d'écoutes à diffuser au procès + câble d'alimentation du portable oublié dans la voiture + coup de fil urgent du fils + véhicule qui déboule dans la rue = surcharge inutile.
A l'audience, pour moi, le meilleur moment est celui de l'interrogatoire de la baby-sitter, qui change grandement la manière de voir les jours qui ont suivi la disparition de Suzanne Viguier. Le film nous laisse toutefois sur notre faim... et pour cause : on ne sait toujours pas si l'épouse du juriste est encore en vie ni où elle se trouve. Ceci dit, vu ce qui ressort de l'affaire, il y a peu de chances qu'elle ne soit pas morte. La question reste en suspens : qui l'a tuée ?
16:56 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, france
Une intime conviction
Ce "film de procès" est consacré à l'affaire de la disparition de Suzanne Viguier (toujours non élucidée à ce jour), plus particulièrement à la préparation et au déroulement du second procès d'assises, qui s'est tenu à Albi (le premier s'étant déroulé à Toulouse).
Attention toutefois : le scénario, qui prend quelques libertés avec la réalité, ne propose pas une vue strictement objective de l'affaire. Le réalisateur s'est placé dans le camp de l'accusé (reconnu innocent) Jacques Viguier, incarné par un Laurent Lucas étonnamment mutique.
Les deux personnages principaux sont le nouvel avocat de la défense, incarné par un Olivier Gourmet au sommet de sa forme, et sa petite main discrète et obstinée, interprétée par Marina Foïs, qu'on croirait investie d'une mission. Du côté des seconds rôles, je signale les performances de Philippe Uchan (vu notamment dans Au-revoir là-haut, il joue ici l'amant de la disparue), d'India Hair (la baby-sitter, remarquée dans Crash Test Aglaé) et d'Armande Boulanger, très juste dans le rôle de la fille de l'accusé.
C'est très bien joué, rythmé, prenant, voire haletant. J'ai particulièrement aimé la mise en scène du travail de fourmi réalisé par Nora/Marina, qui est sur le point de foutre sa vie en l'air pour voir triompher ce qu'elle pense être la justice. Par contre, dans une scène, on en fait un peu trop : extraits d'écoutes à diffuser au procès + câble d'alimentation du portable oublié dans la voiture + coup de fil urgent du fils + véhicule qui déboule dans la rue = surcharge inutile.
A l'audience, pour moi, le meilleur moment est celui de l'interrogatoire de la baby-sitter, qui change grandement la manière de voir les jours qui ont suivi la disparition de Suzanne Viguier. Le film nous laisse toutefois sur notre faim... et pour cause : on ne sait toujours pas si l'épouse du juriste est encore en vie ni où elle se trouve. Ceci dit, vu ce qui ressort de l'affaire, il y a peu de chances qu'elle ne soit pas morte. La question reste en suspens : qui l'a tuée ?
16:56 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, france
jeudi, 21 février 2019
La Grande Aventure Lego 2
Cela fait déjà cinq ans que le premier volet est sorti... Comme le temps passe !... pour nos petits personnages aussi. Le début de l'histoire s'inspire de films-catastrophe et de la science-fiction (notamment Jurassic Park et La Planète des singes, première mouture). Emmet est l'un des derniers habitants optimistes du monde de briques, qui a subi de gigantesques dégradations... et voilà que débarquent de redoutables entités, qui enlèvent ses amis !
Les auteurs ont conservé le principe qui a fait le succès du premier volet : une intrigue de base compréhensible par les petits, avec beaucoup de petits gags visuels, et une foultitude de clins d'oeil destinés aux parents qui accompagnent leur progéniture. S'ajoute à cela une part plus développée consacrée au monde des humains, qui a des répercussions sur le monde des jouets.
Sur le fond, il est question du fait de grandir et des relations frère-soeur. Doit-on forcément s'endurcir (et donc devenir moins gentil) pour être considéré comme plus mûr ? Partager sa passion avec sa petite soeur ne risque-t-il pas d'affadir le jeu ? (L'entreprise Lego a bien entendu intérêt à ce que les petites briques passionnent aussi les demoiselles...)
Clairement, l'histoire m'a moins intéressé que celle d'il y a cinq ans. Mais j'ai retrouvé l'esprit caustique et le sens du gag qui m'avaient plus naguère. (Je pense notamment que l'histoire du mariage de Batman restera dans les mémoires.) La meilleure nouveauté consiste en l'apparition de dinosaures particulièrement évolués. J'aurais donc tendance à recommander ce deuxième opus, où, cependant, on rit rarement aux éclats.
22:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Grande Aventure Lego 2
Cela fait déjà cinq ans que le premier volet est sorti... Comme le temps passe !... pour nos petits personnages aussi. Le début de l'histoire s'inspire de films-catastrophe et de la science-fiction (notamment Jurassic Park et La Planète des singes, première mouture). Emmet est l'un des derniers habitants optimistes du monde de briques, qui a subi de gigantesques dégradations... et voilà que débarquent de redoutables entités, qui enlèvent ses amis !
Les auteurs ont conservé le principe qui a fait le succès du premier volet : une intrigue de base compréhensible par les petits, avec beaucoup de petits gags visuels, et une foultitude de clins d'oeil destinés aux parents qui accompagnent leur progéniture. S'ajoute à cela une part plus développée consacrée au monde des humains, qui a des répercussions sur le monde des jouets.
Sur le fond, il est question du fait de grandir et des relations frère-soeur. Doit-on forcément s'endurcir (et donc devenir moins gentil) pour être considéré comme plus mûr ? Partager sa passion avec sa petite soeur ne risque-t-il pas d'affadir le jeu ? (L'entreprise Lego a bien entendu intérêt à ce que les petites briques passionnent aussi les demoiselles...)
Clairement, l'histoire m'a moins intéressé que celle d'il y a cinq ans. Mais j'ai retrouvé l'esprit caustique et le sens du gag qui m'avaient plus naguère. (Je pense notamment que l'histoire du mariage de Batman restera dans les mémoires.) La meilleure nouveauté consiste en l'apparition de dinosaures particulièrement évolués. J'aurais donc tendance à recommander ce deuxième opus, où, cependant, on rit rarement aux éclats.
22:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 20 février 2019
Un Coup de maître
Il y a deux ans, Gastón Duprat s'est fait connaître des cinéphiles par une comédie satirique, Citoyen d'honneur. Il récidive aujourd'hui, quittant le milieu littéraire pour celui de la peinture contemporaine.
La première partie nous présente le duo de héros, deux vieux amis liés par l'amour de la peinture. Arturo est un galeriste dynamique, toujours prêt à faire une bonne affaire. Renzo est l'ancien peintre à la mode, qui n'arrive plus à vendre une toile. C'est immédiatement drôle parce que Luis Brandoni (un inconnu pour moi) rend parfaitement crédible ce personnage d'artiste vieillissant mais plein de verve, un anarchiste sans le sou qui continue à courir la prétentaine et méprise son époque. Ses répliques sont souvent cinglantes. Je recommande la séquence qui le voit se charger (à sa manière) de la commande d'un riche industriel...
La deuxième partie tourne autour de l'hospitalisation de Renzo, qui a perdu goût à la vie. On commence à se poser des questions sur l'amitié qui le lie à Arturo. Dans quelle mesure le peintre n'est-il pas un simple pique-assiette, qui abuse de la générosité de son mécène ? De son côté, dans quelle mesure Arturo est-il sincère, lui qui a fait fortune quand les toiles de Renzo se vendaient comme des petits pains ? Qu'en est-il de la jeune muse du peintre, qui semble mener une vie très libre ? Sa visite à l'hôpital est particulièrement savoureuse.
La troisième partie voit se mettre en place une arnaque. Je ne vais évidemment pas dire laquelle. Elle permet de comprendre la nature véritable de la relation entre les deux héros. Elle est aussi un moyen pour le réalisateur de se moquer du marché de l'art contemporain... un aspect de l'intrigue qui a peut-être déplu à nos bonnes élites culturelles, qui ont parfois évité de recommander cette rafraîchissante comédie.
16:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Un Coup de maître
Il y a deux ans, Gastón Duprat s'est fait connaître des cinéphiles par une comédie satirique, Citoyen d'honneur. Il récidive aujourd'hui, quittant le milieu littéraire pour celui de la peinture contemporaine.
La première partie nous présente le duo de héros, deux vieux amis liés par l'amour de la peinture. Arturo est un galeriste dynamique, toujours prêt à faire une bonne affaire. Renzo est l'ancien peintre à la mode, qui n'arrive plus à vendre une toile. C'est immédiatement drôle parce que Luis Brandoni (un inconnu pour moi) rend parfaitement crédible ce personnage d'artiste vieillissant mais plein de verve, un anarchiste sans le sou qui continue à courir la prétentaine et méprise son époque. Ses répliques sont souvent cinglantes. Je recommande la séquence qui le voit se charger (à sa manière) de la commande d'un riche industriel...
La deuxième partie tourne autour de l'hospitalisation de Renzo, qui a perdu goût à la vie. On commence à se poser des questions sur l'amitié qui le lie à Arturo. Dans quelle mesure le peintre n'est-il pas un simple pique-assiette, qui abuse de la générosité de son mécène ? De son côté, dans quelle mesure Arturo est-il sincère, lui qui a fait fortune quand les toiles de Renzo se vendaient comme des petits pains ? Qu'en est-il de la jeune muse du peintre, qui semble mener une vie très libre ? Sa visite à l'hôpital est particulièrement savoureuse.
La troisième partie voit se mettre en place une arnaque. Je ne vais évidemment pas dire laquelle. Elle permet de comprendre la nature véritable de la relation entre les deux héros. Elle est aussi un moyen pour le réalisateur de se moquer du marché de l'art contemporain... un aspect de l'intrigue qui a peut-être déplu à nos bonnes élites culturelles, qui ont parfois évité de recommander cette rafraîchissante comédie.
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lundi, 18 février 2019
Vice
Le titre du nouveau film d'Adam McKay (auquel on doit The Big Short) est à double sens : c'est la contraction de "vice-président", la fonction occupée par Richard Cheney sous George W. Bush, entre 2001 et 2009... et c'est un adjectif, qui peut être traduit par "vicieux" en français. C'est dire que ce biopic ne prend pas le chemin du regard distancié. C'est un mélange de documentaire et de fiction, à charge.
L'histoire entremêle deux trames chronologiques. On découvre le jeune Cheney au début des années 1960, étudiant alcoolique. Dans le même temps, on nous présente le rôle décisif tenu par le vice-président, à partir des attentats islamistes du 11 septembre 2001. Les retours en arrière sont chargés de montrer comment un type très ordinaire va devenir l'homme le plus puissant du pays (selon l'auteur), tandis que la trame principale met en exergue son action contemporaine, éminemment néfaste.
Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette histoire que les deux futurs acolytes (Bush Jr et Cheney) soient des alcooliques repentis, le premier parce qu'il a rencontré Dieu, le second parce qu'il a voulu garder son épouse. Celle-ci est incarnée par Amy Adams et c'est sans doute le personnage le plus romanesque de ce film, celui d'une femme intelligente, lucide, patriote et conservatrice, qui a mis sur orbite son balourd de mari, lequel a beaucoup appris au contact de chacals de la politique, finissant par tirer les ficelles, à Washington.
Je n'ai par contre pas été très emballé par la prestation de Christian Bale. Pourtant, sur le plan physique, il finit par ressembler étrangement au vrai Cheney. Mais on sent trop la présence des prothèses et la grimace du visage est vraiment forcée. Si l'on cherche le meilleur comédien, on peut se tourner vers Steve Carell, qui interprète Donald Rumsfeld, une autre enflure républicaine, qui fut le mentor de Cheney, avant de découvrir que l'élève avait dépassé le maître.
L'avidité et le cynisme de la faune républicaine (qui a fait ses premiers pas sous Richard Nixon) est très bien rendue par le film, tout comme la tentative de faire du président (et de son colistier) le chef d'un exécutif fort. Mais les diverses influences qui s'exerçaient sur les dirigeants de la droite ne sont qu'esquissées. Ainsi, même si l'on comprend que Cheney n'était pas un religieux (préférant rester proche de sa fille homosexuelle que gagner l'électorat ultra-conservateur), l'imprégnation chrétienne de George W. Bush est totalement absente du film ! Un comble quand on sait que le président faisait débuter nombre de réunions par... une prière. De la même manière, on ne comprend pas l'une des motivations de ceux qui ont voulu remodeler le Moyen-Orient : y implanter des démocraties pro-américaines stables. Les néo-conservateurs sont réduits à un groupe de complotistes hauts placés, certains très sensibles aux intérêts pétroliers. Là encore, on perçoit les lacunes du scénario, qui ne nous fait pas comprendre comment un étudiant médiocre a pu devenir PDG d'une firme comme Halliburton.
Le film tente d'expliquer une grande part de la vie politique américaine par la vie privée des principaux acteurs (la vie familiale et les réseaux d'amitié). C'est ce que l'on pourrait appeler du "gauchisme pipole". L'auteur semble en être conscient, puisque, juste après le début du générique de fin, il a inséré une scène assez drôle, où plusieurs personnages commentent le film qui vient de s'achever.
J'ai aussi été gêné par l'alternance de scènes de fiction et d'extraits de documents d'actualité, sans que la distinction soit bien établie entre les deux. J'ai par contre apprécié que l'histoire nous soit racontée du point de vue d'un jeune père de famille, ancien soldat de l'US Army envoyé au Moyen-Orient et qui va jouer un rôle déterminant dans la vie du vice-président... d'une manière que je me garderai bien de révéler.
Cela vous donne une idée du caractère hétéroclite de ce film. C'est une assez bonne dénonciation d'une équipe politique qui a foutu le bordel au Moyen-Orient, mais cela manque de rigueur.
21:36 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Vice
Le titre du nouveau film d'Adam McKay (auquel on doit The Big Short) est à double sens : c'est la contraction de "vice-président", la fonction occupée par Richard Cheney sous George W. Bush, entre 2001 et 2009... et c'est un adjectif, qui peut être traduit par "vicieux" en français. C'est dire que ce biopic ne prend pas le chemin du regard distancié. C'est un mélange de documentaire et de fiction, à charge.
L'histoire entremêle deux trames chronologiques. On découvre le jeune Cheney au début des années 1960, étudiant alcoolique. Dans le même temps, on nous présente le rôle décisif tenu par le vice-président, à partir des attentats islamistes du 11 septembre 2001. Les retours en arrière sont chargés de montrer comment un type très ordinaire va devenir l'homme le plus puissant du pays (selon l'auteur), tandis que la trame principale met en exergue son action contemporaine, éminemment néfaste.
Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette histoire que les deux futurs acolytes (Bush Jr et Cheney) soient des alcooliques repentis, le premier parce qu'il a rencontré Dieu, le second parce qu'il a voulu garder son épouse. Celle-ci est incarnée par Amy Adams et c'est sans doute le personnage le plus romanesque de ce film, celui d'une femme intelligente, lucide, patriote et conservatrice, qui a mis sur orbite son balourd de mari, lequel a beaucoup appris au contact de chacals de la politique, finissant par tirer les ficelles, à Washington.
Je n'ai par contre pas été très emballé par la prestation de Christian Bale. Pourtant, sur le plan physique, il finit par ressembler étrangement au vrai Cheney. Mais on sent trop la présence des prothèses et la grimace du visage est vraiment forcée. Si l'on cherche le meilleur comédien, on peut se tourner vers Steve Carell, qui interprète Donald Rumsfeld, une autre enflure républicaine, qui fut le mentor de Cheney, avant de découvrir que l'élève avait dépassé le maître.
L'avidité et le cynisme de la faune républicaine (qui a fait ses premiers pas sous Richard Nixon) est très bien rendue par le film, tout comme la tentative de faire du président (et de son colistier) le chef d'un exécutif fort. Mais les diverses influences qui s'exerçaient sur les dirigeants de la droite ne sont qu'esquissées. Ainsi, même si l'on comprend que Cheney n'était pas un religieux (préférant rester proche de sa fille homosexuelle que gagner l'électorat ultra-conservateur), l'imprégnation chrétienne de George W. Bush est totalement absente du film ! Un comble quand on sait que le président faisait débuter nombre de réunions par... une prière. De la même manière, on ne comprend pas l'une des motivations de ceux qui ont voulu remodeler le Moyen-Orient : y implanter des démocraties pro-américaines stables. Les néo-conservateurs sont réduits à un groupe de complotistes hauts placés, certains très sensibles aux intérêts pétroliers. Là encore, on perçoit les lacunes du scénario, qui ne nous fait pas comprendre comment un étudiant médiocre a pu devenir PDG d'une firme comme Halliburton.
Le film tente d'expliquer une grande part de la vie politique américaine par la vie privée des principaux acteurs (la vie familiale et les réseaux d'amitié). C'est ce que l'on pourrait appeler du "gauchisme pipole". L'auteur semble en être conscient, puisque, juste après le début du générique de fin, il a inséré une scène assez drôle, où plusieurs personnages commentent le film qui vient de s'achever.
J'ai aussi été gêné par l'alternance de scènes de fiction et d'extraits de documents d'actualité, sans que la distinction soit bien établie entre les deux. J'ai par contre apprécié que l'histoire nous soit racontée du point de vue d'un jeune père de famille, ancien soldat de l'US Army envoyé au Moyen-Orient et qui va jouer un rôle déterminant dans la vie du vice-président... d'une manière que je me garderai bien de révéler.
Cela vous donne une idée du caractère hétéroclite de ce film. C'est une assez bonne dénonciation d'une équipe politique qui a foutu le bordel au Moyen-Orient, mais cela manque de rigueur.
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dimanche, 17 février 2019
Ralph 2.0
Le titre est trompeur, puisque le véritable personnage principal de ce film d'animation n'est pas ce balourd de Ralph, mais sa meilleure amie, l'adorable petite puce prénommée Vanellope, gamine intrépide au grand coeur :
J'en profite pour conseiller de choisir plutôt la version française du film, dans laquelle ce personnage est particulièrement bien doublé, par Dorothée Pousséo, dont la voix paraîtra sans doute familière à bien des spectateurs.
L'histoire s'adresse à la fois aux enfants et aux parents. Les deux héros font des bêtises, certaines plus grosses que d'autres. Ils vont tenter de se racheter, quitte à mettre leur amitié en péril. Les voilà embarqués pour le monde d'internet... et de Disney, dont les produits sont ostensiblement mis en valeur par le film.
On se consolera avec les clins d'oeil et les (rares) traits d'autodérision. Certaines séquences méritent quand même le détour, comme la course-poursuite après le vol de voiture ou encore la rencontre (très attendue depuis la sortie de la bande-annonce) entre Vanellope et toutes les princesses de l'univers Disney. C'est effectivement réussi, d'autant que la gamine va convaincre lesdites princesses de changer d'apparence ! On retrouve d'ailleurs avec plaisir cette brochette de miss un peu plus tard dans l'intrigue : elles vont donner un coup de main décisif aux héros.
Entre temps, les deux amis vont découvrir le fonctionnement des différents services vedettes de la Toile (eux aussi outrageusement mis en valeur), pour leur plus grand plaisir... et parfois à leur détriment. Très réussie visuellement est la scène qui montre Ralph face à un mur d'écrans géants, où s'affichent les commentaires des usagers des réseaux sociaux. Il y a donc bien une petite morale derrière cette histoire, mais une morale toute gentillette, qui se garde d'émettre des critiques acerbes.
On pourrait aussi s'amuser à relever les allusions cinématographiques, la plus évidente (en fin d'histoire) étant celle à King Kong. C'est du travail bien fait, parfois impressionnant sur le plan visuel. Je me suis toutefois ennuyé à plusieurs reprises : c'est d'un intérêt très inégal... et je regrette le manque de recul des auteurs vis-à-vis de l'omniprésence des écrans dans le monde contemporain.
PS
Aux parents je déconseille d'emmener de très jeunes enfants, qui, dans la salle où je me trouvais, ont perdu le fil de l'histoire (peut-être perturbés par l'avalanche de mots inconnus et de situations compliquées pour eux).
00:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Ralph 2.0
Le titre est trompeur, puisque le véritable personnage principal de ce film d'animation n'est pas ce balourd de Ralph, mais sa meilleure amie, l'adorable petite puce prénommée Vanellope, gamine intrépide au grand coeur :
J'en profite pour conseiller de choisir plutôt la version française du film, dans laquelle ce personnage est particulièrement bien doublé, par Dorothée Pousséo, dont la voix paraîtra sans doute familière à bien des spectateurs.
L'histoire s'adresse à la fois aux enfants et aux parents. Les deux héros font des bêtises, certaines plus grosses que d'autres. Ils vont tenter de se racheter, quitte à mettre leur amitié en péril. Les voilà embarqués pour le monde d'internet... et de Disney, dont les produits sont ostensiblement mis en valeur par le film.
On se consolera avec les clins d'oeil et les (rares) traits d'autodérision. Certaines séquences méritent quand même le détour, comme la course-poursuite après le vol de voiture ou encore la rencontre (très attendue depuis la sortie de la bande-annonce) entre Vanellope et toutes les princesses de l'univers Disney. C'est effectivement réussi, d'autant que la gamine va convaincre lesdites princesses de changer d'apparence ! On retrouve d'ailleurs avec plaisir cette brochette de miss un peu plus tard dans l'intrigue : elles vont donner un coup de main décisif aux héros.
Entre temps, les deux amis vont découvrir le fonctionnement des différents services vedettes de la Toile (eux aussi outrageusement mis en valeur), pour leur plus grand plaisir... et parfois à leur détriment. Très réussie visuellement est la scène qui montre Ralph face à un mur d'écrans géants, où s'affichent les commentaires des usagers des réseaux sociaux. Il y a donc bien une petite morale derrière cette histoire, mais une morale toute gentillette, qui se garde d'émettre des critiques acerbes.
On pourrait aussi s'amuser à relever les allusions cinématographiques, la plus évidente (en fin d'histoire) étant celle à King Kong. C'est du travail bien fait, parfois impressionnant sur le plan visuel. Je me suis toutefois ennuyé à plusieurs reprises : c'est d'un intérêt très inégal... et je regrette le manque de recul des auteurs vis-à-vis de l'omniprésence des écrans dans le monde contemporain.
PS
Aux parents je déconseille d'emmener de très jeunes enfants, qui, dans la salle où je me trouvais, ont perdu le fil de l'histoire (peut-être perturbés par l'avalanche de mots inconnus et de situations compliquées pour eux).
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vendredi, 15 février 2019
La Favorite
Le film aurait dû s'intituler "Les Favorites", vu qu'il y est question (entre autres choses) de la rivalité de deux femmes pour décrocher/conserver la place de conseillère privilégiée de la reine Anne de Grande-Bretagne. Les deux intrigantes, la duchesse de Malborough (ancêtre de Winston Churchill !) et sa cousine Abigail, ont bien existé, tout comme la souveraine, bien entendu.
Tout tourne autour des trois femmes, campées par d'excellentes actrices (toutes trois nommées aux Oscar). La reine a les traits d'Olivia Colman, jadis abonnée aux seconds rôles, et que le grand public a réellement découverte grâce à la série Broadchurch. Ici, elle incarne une vieille enfant gâtée, goinfre, malpropre et cyclothymique, que la mort successive de tous ses enfants a sans doute rendue à moitié dingue :
La favorite en titre est Lady Sarah, une brune intelligente, opiniâtre, un brin cassante... et diablement excitante : elle a les traits, le corps et la diction de la délicieuse Rachel Weisz. (C'est évidemment à savourer en version originale sous-titrée.) Alors qu'elle n'est que le troisième choix de la production, elle étincelle dans le rôle, qu'on croirait écrit pour elle :
Sa rivale est sa propre cousine Abigail, dont la famille est ruinée... et qui a subi quelques avanies dans sa jeune existence. La ridicule oie blanche va petit à petit se muer en redoutable rapace de la cour. Elle est brillamment interprétée par Emma Stone, qui confirme tout le bien qu'on pensait déjà d'elle :
Chaque personnage (et donc chaque actrice) a ses moments de bravoure. La reine surprend par ses brusques changements d'humeur, Olivia Colman réussissant à nous faire saisir les tourments qui la hantent. Lady Sarah est sublime d'intensité, discrète et efficace dans les coulisses du Parlement, arrogante dans les salons, dangereuse une arme à la main. Quant à Abigail, elle se révèle particulièrement douée pour la sournoiserie. Elle joue de sa faiblesse présumée pour manipuler femmes et hommes. J'ai particulièrement aimé les scènes de couple (en formation) avec Samuel Masham (Joe Alwyn). C'est que l'héroïne tient remarquablement bien le manche !
Voilà qui m'amène à une autre grande réussite de cette œuvre : le dépoussiérage du film de costumes. Oh, certes, on touche du doigt la magnificence, le clinquant de la décoration, la délicatesse des étoffes prestigieuses. Mais, fort heureusement, on ne nous cache pas les aspects triviaux de l'existence. Le langage est aussi parfois très cru, ce qui donne encore plus de couleur à cette histoire, tournée avec une lumière naturelle. De jour, cela ne se remarque guère. Mais, pour les scènes se déroulant le soir ou la nuit, l'éclairage aux chandelles donne des résultats de toute beauté. Par contre, je n'ai pas apprécié les effets déformants donnés à certains plans. Ils n'apportent rien à l'histoire, d'autant que la mise en scène est la plupart du temps brillante. On a la confirmation (pour ceux qui en doutaient) que Yorgos Lanthimos (auquel on doit The Lobster) est l'un des plus talentueux réalisateurs de sa génération.
Je termine par une grosse réserve scénaristique.
J'ai gardé pour la fin ce bémol à mon enthousiasme. Attention donc si vous n'avez pas encore vu le film. Dans les lignes qui suivent, je vais révéler des éléments clés de l'intrigue.
Si le fond de l'histoire tourne autour du pouvoir et de la place des femmes dans la haute société britannique du début du XVIIIe siècle, un autre versant important traite de l'amour homosexuel, celui qui lie la reine Anne à Lady Sarah et celui que la reine croit voir naître avec Abigail. Si, sur un plan dramatique, cet aspect donne plus de force à l'intrigue, sur le plan historique, je n'ai rien trouvé qui puisse accréditer cette rumeur. Concernant les relations entre Anne et ses favorites, les historiens parlent de forte amitié, jamais de sexe. Alors ? Pudibonderie ? Autocensure ?... ou invention des scénaristes ?
21:00 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Favorite
Le film aurait dû s'intituler "Les Favorites", vu qu'il y est question (entre autres choses) de la rivalité de deux femmes pour décrocher/conserver la place de conseillère privilégiée de la reine Anne de Grande-Bretagne. Les deux intrigantes, la duchesse de Malborough (ancêtre de Winston Churchill !) et sa cousine Abigail, ont bien existé, tout comme la souveraine, bien entendu.
Tout tourne autour des trois femmes, campées par d'excellentes actrices (toutes trois nommées aux Oscar). La reine a les traits d'Olivia Colman, jadis abonnée aux seconds rôles, et que le grand public a réellement découverte grâce à la série Broadchurch. Ici, elle incarne une vieille enfant gâtée, goinfre, malpropre et cyclothymique, que la mort successive de tous ses enfants a sans doute rendue à moitié dingue :
La favorite en titre est Lady Sarah, une brune intelligente, opiniâtre, un brin cassante... et diablement excitante : elle a les traits, le corps et la diction de la délicieuse Rachel Weisz. (C'est évidemment à savourer en version originale sous-titrée.) Alors qu'elle n'est que le troisième choix de la production, elle étincelle dans le rôle, qu'on croirait écrit pour elle :
Sa rivale est sa propre cousine Abigail, dont la famille est ruinée... et qui a subi quelques avanies dans sa jeune existence. La ridicule oie blanche va petit à petit se muer en redoutable rapace de la cour. Elle est brillamment interprétée par Emma Stone, qui confirme tout le bien qu'on pensait déjà d'elle :
Chaque personnage (et donc chaque actrice) a ses moments de bravoure. La reine surprend par ses brusques changements d'humeur, Olivia Colman réussissant à nous faire saisir les tourments qui la hantent. Lady Sarah est sublime d'intensité, discrète et efficace dans les coulisses du Parlement, arrogante dans les salons, dangereuse une arme à la main. Quant à Abigail, elle se révèle particulièrement douée pour la sournoiserie. Elle joue de sa faiblesse présumée pour manipuler femmes et hommes. J'ai particulièrement aimé les scènes de couple (en formation) avec Samuel Masham (Joe Alwyn). C'est que l'héroïne tient remarquablement bien le manche !
Voilà qui m'amène à une autre grande réussite de cette œuvre : le dépoussiérage du film de costumes. Oh, certes, on touche du doigt la magnificence, le clinquant de la décoration, la délicatesse des étoffes prestigieuses. Mais, fort heureusement, on ne nous cache pas les aspects triviaux de l'existence. Le langage est aussi parfois très cru, ce qui donne encore plus de couleur à cette histoire, tournée avec une lumière naturelle. De jour, cela ne se remarque guère. Mais, pour les scènes se déroulant le soir ou la nuit, l'éclairage aux chandelles donne des résultats de toute beauté. Par contre, je n'ai pas apprécié les effets déformants donnés à certains plans. Ils n'apportent rien à l'histoire, d'autant que la mise en scène est la plupart du temps brillante. On a la confirmation (pour ceux qui en doutaient) que Yorgos Lanthimos (auquel on doit The Lobster) est l'un des plus talentueux réalisateurs de sa génération.
Je termine par une grosse réserve scénaristique.
J'ai gardé pour la fin ce bémol à mon enthousiasme. Attention donc si vous n'avez pas encore vu le film. Dans les lignes qui suivent, je vais révéler des éléments clés de l'intrigue.
Si le fond de l'histoire tourne autour du pouvoir et de la place des femmes dans la haute société britannique du début du XVIIIe siècle, un autre versant important traite de l'amour homosexuel, celui qui lie la reine Anne à Lady Sarah et celui que la reine croit voir naître avec Abigail. Si, sur un plan dramatique, cet aspect donne plus de force à l'intrigue, sur le plan historique, je n'ai rien trouvé qui puisse accréditer cette rumeur. Concernant les relations entre Anne et ses favorites, les historiens parlent de forte amitié, jamais de sexe. Alors ? Pudibonderie ? Autocensure ?... ou invention des scénaristes ?
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jeudi, 14 février 2019
Les Invisibles
C'est peut-être le film qui, actuellement, bénéficie du meilleur bouche-à-oreille autour de moi (avec Green Book, chez les cinéphiles purs et durs). J'ai fini par me laisser tenter, d'autant que le réalisateur Louis-Julien Petit m'avait déjà agréablement surpris avec Discount, il y a quatre ans.
On en retrouve d'ailleurs l'une des actrices principales, Corinne Masiero, assez sobre ici (contrairement à ce qu'elle a récemment montré dans Capitaine Marleau, où elle part trop en vrille). Elle est accompagnée par Noémie Lvovsky, Brigitte Sy (qu'on peut actuellement voir sur France 2, dans la -surprenante- série Zone blanche) et Fatsah Bouyahmed (rappelez-vous : La Vache !).
Le rôle principal est tenu par Andrey Lamy, une habituée des comédies faciles (dernièrement CoeXister et Ma Reum). Ici, elle incarne une sorte de Mère Teresa laïque, dont la vie est vouée à l'aide aux plus démunis, plus particulièrement les femmes sans domicile fixe. Elle nous livre une composition pleine de force et d'émotion.
Autour des comédiennes professionnelles gravitent des débutantes, recrutées pour leur expérience de la vie dans la rue. Majoritairement âgées, souvent un peu grosses, rarement jolies, parfois "sans-dents", ces femmes sans éclat apparent donnent une couleur formidable au film, par leur présence physique et leur naturel face à la caméra. Se détache évidemment Chantal, une adorable mamie, véritable as de mécanique... et qui a fait de la prison pour avoir descendu le mari qui la battait.
C'est peut-être la seule faiblesse du film, qui évite (la plupart du temps) de tomber dans le "politiquement correct" : les femmes de la rue sur lesquelles un coup de projecteur est donné ont toutes un talent caché. Une parle italien, une autre était comptable, une autre psychologue... Malheureusement, la réinsertion de ce genre de public ne repose pas toujours sur des bases aussi solides. On trouve aussi dans la rue des personnes qui n'ont jamais reçu la moindre formation et qui sont encore plus difficiles à gérer que les cas extrêmes montrés dans le film. Mais ce choix favorise l'identification par les spectateurs, à l'image de ce qui s'était passé jadis avec Une Epoque formidable.
J'ai apprécié qu'on ne nous présente pas les personnages comme des anges. Les SDF ont en général un caractère bien trempé et les travailleuses sociales ont leurs propres problèmes. L'aide à autrui peut être vue comme un moyen de donner un sens à une vie décevante. Cela risque aussi (comme avec l'héroïne) de les couper de toute vie sociale "normale", tant elles sont investies dans leur travail.
Pendant 1h40, on sourit, on rit, on est ému, inquiet, dans l'attente d'une fin qui ne sera ni sirupeuse ni dramatique, mais porteuse d'espoir. C'est vraiment un film à voir.
21:15 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société