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mardi, 14 février 2012

Des patrons indélicats dans l'Aveyron ?

   Une expression bien plus violente circule dans le département suite à l'annonce de la fermeture programmée des sites de Valaubrac (à Bozouls) et Amarilis (à Entraygues-sur-Truyère).

   Pour la commune d'Entraygues, c'est un second coup dur en moins d'un an, après la fermeture du collège privé. Quant au site industriel, il connaissait une histoire mouvementée depuis au moins trois ans. La société fondée jadis par Gilles Combettes avait été rachetée par le groupe cantalien GMV, qui s'est cassé la figure en 2010.

   Là-dessus est arrivée la société Cauval, qui a aussi mis la main sur le site de Bozouls. D'après L'Officiel des cuisines de mai 2010, en reprenant certaines des activités du groupe GMV, c'est la marque Teisseire (et sa notoriété)  qui intéressait Cauval.

   Dans un premier temps, on a pu penser que l'activité aveyronnaise était sauvée, d'autant plus que, sur le catalogue 2010-2011 des cuisines Teisseire, l'enracinement rouergat est mis en valeur :

Catalogue Teisseire 1.jpg

   L'engagement de contribuer à la prospérité du département figure même noir (et rouge) sur blanc :

Catalogue Teisseire 2.jpg

   Le site de Bozouls semblait plus solide que celui d'Entraygues. S'y était développée l'entreprise Espalux (en provenance d'Espalion... une première "délocalisation" !), devenue Valaubrac, du groupe Cauval. 

   Et maintenant, que va devenir la marque "Teisseire" ? Ne va-t-on pas voir débouler chez nous, sous ce nom,  des cuisines fabriquées en Afrique du Nord et Europe de l'Est ? Je dis cela parce que, dans son activité ameublement, Cauval a procédé ainsi, fermant le site de Luxeuil (en Meurthe-et-Moselle) et supprimant des emplois à Séverac-le-Château pour en créer en Pologne, en Tunisie... et même quelques-uns en France, à Lognes et Bar-sur-Aube (un autre exemple de "délocalisation interne"... une spécialité du groupe ?). Précisons que c'est à Lognes, en Seine-et-Marne, que se trouve le siège du groupe, ce qui explique que ce soit le tribunal de commerce de Meaux qui se soit prononcé au sujet des usines aveyronnaises.

   Revenons à l'Aveyron, dont une troisième commune est concernée par le devenir du groupe Cauval : Séverac-le-Château (à travers l'entreprise Valmont, spécialisée dans les meubles). En 2009, une restructuration (après celle de 2005...) avait transféré les emplois de Millau vers Séverac. Endettée, l'entreprise bénéficie d'un sursis d'un an... avant la fermeture ? Les mêmes inquiétudes sont nourries par les employés de l'usine de Bar-sur-Aube, sur laquelle Gilles Silberman avait annoncé, il n'y a pas si longtemps, vouloir s'appuyer pour concurrencer Ikea sur les canapés.

   Alors, qui est responsable ? La crise a certes joué un rôle, mais elle n'a fait qu'amplifier certaines difficultés. La multiplication des difficultés du groupe, dès 2008, laisse entendre que des problèmes structurels se posent. On peut regretter la frilosité des banques, qui, bien qu'empruntant à 1 % auprès de la BCE, ne contribuent pas à sortir les PME de l'ornière. Le commentaire ajouté à l'article auquel mène le lien précédent suggère des erreurs de stratégie.

   On n'a aussi pas suffisamment parlé d'un changement important dans le secteur de l'ameublement en France : la vente de Conforama (par P.P.R.) au groupe sud-africain Steinhoff. Celui-ci contrôle des usines (étrangères) concurrençant les productions de Cauval, dont un tiers du chiffre d'affaires était réalisé jusque-là avec Conforama. C'est un gros marché qui menaçait d'échapper au groupe. L'installation d'un magasin But sur le Causse Comtal aurait pu apporter des débouchés supplémentaires aux entreprises aveyronnaises. Malheureusement, il semble que ce groupe, contrôlé par des fonds d'investissement, ne pousse pas à l'approvisionnement local.

   Et puis... certaines mauvaises langues suggèrent que les succès de Gilles Silberman n'étaient pas sans relation avec les (excellents) rapports qu'il entretenait avec François Pinault, ancien président du groupe PPR. Il fut son avocat, celui du groupe Pinault-Printemps-La Redoute et ne fut sans doute pas étranger à la prise de contrôle de la FNAC. Or, en 1991, François Pinault s'empare de Conforama... dont la société Cauval va devenir un important fournisseur. On connaît la suite.

   Lors de cette crise, les élus n'ont pas brillé par leur réactivité. Au plan local, des voix ont commencé à s'élever pour dire que l'exécutif départemental n'avait pas fait preuve d'une grande habileté sur ce dossier. Pourtant, les communes concernées font partie de cantons dont les élus sont vice-présidents du Conseil général : Jean-Michel Lalle pour Bozouls (dont il préside la communauté de communes) et Jean-François Albespy pour Entraygues-sur-Truyère. Ils sont du même bord politique que le député de la circonscription, Yves Censi... de surcroît membre de la majorité présidentielle, ce qui doit lui donner un accès privilégié à certains membres du gouvernement. Visiblement, cette accumulation d'élus UMP (et alliés) n'a pas été d'une grande utilité pour le territoire.

   Interrogé sur Totem, le directeur des sociétés liquidées, Daniel Coulon, n'a pas paru avoir une très bonne opinion des élus locaux et semble en vouloir au président du tribunal de commerce Claude Guirande.

   Mais la nouvelle la plus étonnante est venu de la région Centre. Figurez-vous que le ministre de la Ville Maurice Leroy vient d'inaugurer à Mer, dans le Loir-et-Cher, une nouvelle usine de fabrication de matelas Treca, entreprise du groupe... Cauval ! Comme le rappelle Le Nouvel Hebdo dans le numéro 214 (du vendredi 10 février), cette création a bénéficié d'aides publiques (et de la bienveillance des banques)... contrairement à ce qui s'est passé en 2011-2012 en Aveyron. L'argument des élus locaux est que, dans le cas qui nous concerne, il s'agissait d'une entreprise en difficulté, et que donc certaines aides ne lui étaient pas accessibles. Les mauvaises langues ajoutent que l'usine de Mer n'est pas une vraie création... mais une "délocalisation proche", puisque cette "création" est un transfert (avec améliorations) du site voisin de Beaugency, situé de l'autre coté de la frontière avec le Loiret :

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   Voilà pourquoi les auteurs d'un site local (qui s'appuient sur un article de L'Humanité) tracent un portrait peu flatteur au possible des propriétaires de Cauval, quasiment qualifiés de chasseurs de primes.

   Ajoutons, pour terminer, que les bâtiments des usines aveyronnaises appartiennent à une holding distincte du groupe Cauval, Arteval (sise à Lognes), créée en 2009 par Gilles Silberman, qui la dirige toujours. Elle percevait d'importants loyers de la part des usines aujourd'hui en liquidation. D'après Le Nouvel Hebdo, elle se porte très bien.

jeudi, 09 février 2012

Economie de banlieue

   Ce n'est que récemment que je suis tombé sur deux articles passionnants, l'un du Monde, l'autre du Figaro. Le premier est intitulé (dans sa version papier) : Marseille, l'emprise de la drogue. Le second est lui aussi doté d'un titre-choc : Les incroyables comptes d'un dealer marseillais.

   On nous y explique que le commerce de la drogue ne diffère pas fondamentalement de l'économie non souterraine, à ceci près qu'il est sans doute encore plus foncièrement ultralibéral. Le quotidien conservateur met l'accent sur les revenus que les activités illicites procurent à ceux qui gèrent un réseau.

   Le "quotidien de référence", lui, analyse plus en détail les mécanismes de répartition des revenus. Il est notamment question de mystérieux carnets... de véritables livres de comptes, en fait :

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   Dans ce passage, j'ai adoré le sens de l'opportunité du marchand de sandwiches... et j'ai été sidéré que jusqu'à ces extraordinaires "frais de bouche" soient scrupuleusement consignés !

   Voilà du vrai journalisme, associé à une analyse économique non rébarbative, un peu à l'image de ce que l'on peut trouver dans l'excellent ouvrage Freakonomics.

mercredi, 16 novembre 2011

L'Aligot Bar de Toulouse

   J'avais découvert son existence grâce à la presse locale, notamment un article de Midi Libre paru il y a quelques mois de cela. Mais je n'y avais plus trop repensé par la suite.

   Récemment, de passage à Toulouse, j'ai profité d'un moment de détente pour rechercher l'établissement. Il se trouve en plein centre-ville, à proximité immédiate de la célèbre place du Capitole, rue du Taur :

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   A première vue, cela ressemble à nombre de sandwicheries qui peuplent les rues de la capitale midi-pyrénéenne. On y trouve même des produits standardisés... et d'autres, estampillés Aveyron. (On peut télécharger la carte sur le site internet dédié, joliment fait ma foi.)

   J'ai bien entendu commandé un aligot-saucisse. La portion n'était pas excessivement généreuse. C'était bon, mais un peu neutre de goût. On a semble-t-il limité l'apport en ail pour ne pas offusquer les palais délicats. La saucisse était très bonne.

   Pour faire passer la chose, j'ai pris un peu de vin blanc... non aveyronnais. (Je me suis permis de signaler aux personnes présentes l'existence de bons petits vins locaux, qui viennent d'obtenir l'AOC.)

   Pour le dessert, je n'ai pas cherché à faire original ni "terroir". Je me suis rabattu sur une crêpe au nutella... delicieuse !

   Pendant que l'on mange, on voit défiler sur un écran un film publicitaire à la gloire de notre département chéri. Je me suis demandé si ce n'était pas celui qui est sorti en 2006. (Si certaines images étaient identiques, il m'a semblé toutefois que le film diffusé dans le petit resto est plus court. Je n'ai pu comparer ni la musique ni le commentaire, vu que le son était coupé - ou trop bas.)

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mardi, 01 novembre 2011

Un modèle économique ? (2)

   C'est de nouveau au Monde que l'on doit un article intéressant sur les entreprises à la fois humaines et profitables, des PME en général. La semaine dernière, ce sont des Allemands qui ont été mis en valeur. Ce mardi, c'est une société française qui est à l'honneur, à travers un papier intitulé "Toiles de Mayenne résiste depuis son abbaye cistercienne".

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   Cette entreprise s'est concentrée sur un créneau : le tissu décoratif de qualité (mais pas de luxe). Elle s'appuie sur le savoir-faire d'une maine-d'oeuvre française en majorité et sur des machines qu'on essaie de faire durer.

   La gestion est donc rigoureuse. On ne table pas sur des profits gigantesques... et on les réinvestit dans l'entreprise. On remarque que la bonne santé de l'entreprise ne dépend pratiquement pas du marché international, ce qui pourrait devenir un handicap si les dirigeants tablent sur la croissance de l'activité. On remarque aussi que les descendants des fondateurs ont veillé à limiter l'arrivée d'investisseurs extérieurs, pas toujours soucieux du long terme.

   La politique salariale est audacieuse, depuis le XIXe siècle. Des maisons ont été construites pour les ouvriers, une école laïque ouverte (en 1835 !) pour leurs enfants... et ceux des dirigeants. Une prime d'intéressement généreuse (pouvant atteindre 30 % du salaire) a été mise en place.

   Certes, depuis l'époque glorieuse de l'industrie textile française, le nombre d'ouvriers a fortement diminué et l'on sous-traite une partie de l'activité en Inde, Espagne et sans doute Europe de l'Est, mais le chiffre d'affaires a augmenté, les productions semblent s'être diversifiées et des magasins ont même été ouverts. Comble de la modernité : l'entreprise est présente sur la Toile !

   Pour en savoir plus, on peut lire aussi un article publié sur un site professionnel en 2006.

mercredi, 26 octobre 2011

Un modèle économique ?

   Voici un bien étrange article, publié dans Le Monde daté de dimanche 23 - lundi 24 octobre 2011, accessible uniquement aux abonnés en ligne. Il a pour titre La crise ? "Quelle crise ?", répondent, pour le moment, les PME allemandes.

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   La journaliste, Cécile Boutelet, s'est intéressée au sort d'entreprises situées dans le Bade-Wurtemberg, à Künzelsau pour être précis :

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   A la base, rien ne destinait ces entreprises à devenir florissantes. Elles sont implantées dans un canton rural, entre des collines, pas tout près des grands centres urbains. On est dans l'Allemagne (de l'Ouest) profonde, où l'on parle un dialecte germanique particulier.

   On y trouve pourtant des P.M.E. très dynamiques, pour plusieurs raisons (soulignées par moi dans l'article ci-dessus).

   Alors que les secteurs d'activité pourrait sembler peu porteurs de prime abord (l'une des boîtes fabrique des vis, des systèmes de montage), on a mis l'accent sur l'innovation. On investit les profits et on sollicite la participation des employés, à l'image de ce qui se fait aussi au Japon. Du coup, l'entreprise a déposé quantité de brevets. On s'est aussi très tôt tourné vers l'exportation, pour s'assurer des débouchés.

   Le patronat est du genre paternaliste, à l'ancienne. Ainsi G. Sturm (qui dirige EBM Papst) conduit lui-même sa voiture, continue à fréquenter les habitants moins fortunés que lui dans la chorale locale. La proximité affichée vis-à-vis des employés a son revers, diront certains : le chef n'aime pas trop les intermédiaires, les syndicats, inexistants. En échange, on préserve l'emploi (c'est assez répandu chez un type de dirigeants d'outre-Rhin, les grands comme les petits ; on a ainsi vu il y quelques années Volkswagen privilégier la réduction du temps de travail  aux licenciements). Les employés ne semblent pas mécontents.

   L'autre particularité de ces entreprises performantes est de se méfier du capitalisme financier. Elles évitent tant que faire se peut de recourir aux banques et ont refusé la cotation boursière. Cette attitude n'est pas sans rappeler celle du groupe Bosch, dont l'usine castonétoise est le poumon économique du Grand Rodez. (La dernière journée portes ouvertes s'est déroulée le dimanche 19 juin 2011.)

mercredi, 14 septembre 2011

Arnaque sur la Toile, suite

   Cette fois-ci, les escrocs n'ont pas tenté, comme en juillet dernier, de se faire passer pour des employés de SFR, mais pour ceux d'EDF (cela se répand, semble-t-il) :

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   Je vous livre à présent la version corrigée (et annotée) par mes soins :

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   Qu'en conclure ? Eh bien, tout d'abord, que les adeptes du phishing (hameçonnage, en bon cé-fran) ne font guère de progrès dans la maîtrise de la langue de Molière. Internet oblige, il y a un gros laisser-aller en matière d'accent... ainsi que quelques incohérences syntaxiques sans doute dues à l'abus de traduction automatique.

   Je termine sur un élément rassurant : mon fournisseur de messagerie avait classé ce message dans la catégorie "Spam".

19:47 Publié dans Shopping, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, économie

lundi, 05 septembre 2011

Mon premier euro estonien

   Je ne suis pas un collectionneur et, de surcroît, au départ, j'étais très sceptique vis-à-vis de la monnaie unique. Je dois cependant avouer que je fais partie de ceux qui, fin 2001, se sont rués sur les petits sachets plastiques contenant le "kit euros".

   Et puis, j'ai été piqué par la curiosité. Qu'est-ce que chaque pays allait graver sur ses pièces ? Du coup, les années suivantes, quand j'ai récupéré de la monnaie, je me suis mis à systématiquement examiner les pièces, mettant de côté celles qui n'étaient pas françaises. Je possède à présent presque toutes celles des 12 premiers pays membres de la zone euro. (Manquent juste trois pièces finlandaises.)

Zone euro 2011.jpg

   Je laisse de côté les principautés, dont les émissions ont immédiatement pris un caractère spéculatif. Adieu, monnaie de Monaco, du Vatican et de Saint-Marin ! (Quant aux pièces commémoratives, elles ne m'intéressent guère.)

   Depuis, j'ai levé le pied. De temps à autre, il m'arrive de jeter un oeil aux pièces, machinalement. J'ai ainsi récupéré celles de 50 centimes et 2 euros chypriotes, celles de 5 et 50 centimes maltaises, celles de 50 centimes et 1 euro slovènes.

   Aujourd'hui, mon regard a été attiré par une pièce un peu plus brillante que les autres :

DSCN3277.JPG

    En général, c'est le signe qu'elle est assez récente. Cela pouvait être une nouvelle pièce commémorative. En fait, non. Voici ce que l'on peut voir en la retournant :

DSCN3276.JPG

   Outre la mention "EESTI" ("Estonie" en estonien), on remarque l'année (2011, qui marque l'entrée d'un 17e pays dans la zone euro) et la carte d'un territoire, qui n'est pas sans ressembler à celui-ci :

estonie_carte2.jpg

   Il reste à savoir comment la pièce, issue d'Europe de l'Est, a pu se retrouver dans le chef-lieu aveyronnais. Si le transfert a été direct, on peut supposer l'action d'un-e touriste estonien-nne de passage par chez nous ou celle d'un-e touriste rouergat-e de retour des pays baltes.

   Si le transfert a été indirect, on peut tout imaginer !

lundi, 20 juin 2011

Portes ouvertes à l'usine Bosch

   C'est le premier employeur privé du département, avec 1 800 salariés. Ce dimanche 19 juin 2011, pour les 125 ans du groupe, l'usine de Rodez ouvrait ses portes. En réalité, il fallait se rendre aux confins de Rodez et d'Onet-le-Château, où est implanté le site :

actualité,économie

   Pour faciliter le repérage, sur l'image, j'ai marqué d'une croix noire l'emplacement de la cathédrale de Rodez. En vert, j'ai colorié le site de l'hôpital de Bourran et en rouge, celui de l'usine, qui se trouve donc un peu à l'écart, à l'est, pas très loin de la RN 88.

   C'était la quatrième fois que le groupe se livrait à ce genre d'opération de communication. En 2002, j'avais raté le coche. Cette fois-ci, j'ai réservé mon dimanche après-midi.

   A l'arrivée, sur le parking sud, on est accueilli par des parterres bien aménagés, comme celui qui est planté de lavande :

DSCN3209.JPG

   C'est une heureuse surprise : les bâtiments sont entourés de quelques espaces verts très bien entretenus. L'intérieur a lui été visiblement nettoyé à fond. Comme l'a fait remarquer une personne de sexe féminin qui suivait la visite en ma compagnie, il était très difficile de trouver un grain de poussière. Le moindre coin de fenêtre semblait avoir été examiné !

   Après avoir monté les escaliers, on passait par un petit chapiteau, où l'on recevait le plan des visites possibles :

Visite 19 06 2011.jpg

   Après, chacun faisait ce qu'il voulait, dans l'ordre qu'il voulait. Les explications étaient fournies par des personnes se trouvant à l'intérieur des bâtiments, ainsi que sur des panneaux conçus pour l'occasion.

   J'ai commencé par la partie E1, le traitement des eaux. Au fond de la salle, un type, micro en main, expliquait le trajet suivi par les rejets liquides et les traitements appliqués. C'était très intéressant. Une partie de ces rejets passe par la station d'épuration de Cantaranne toute proche. Mais ils ne représentent que 1% des eaux traitées là, la grande majorité étant issue des laiteries et des abattoirs voisins. Notons qu'ensuite les eaux sont envoyées à Bénéchou, pour être notamment déphosphorées.

   En sortant de là, j'ai sauté une étape pour tout de suite entrer dans le bâtiment-roi, celui qui est consacré à la fabrication des injecteurs Common Rail, la pépite industrielle du site (E3). Bon, je dois avouer que j'étais un peu largué par les aspects techniques. Notons qu'à l'étage se trouve un atelier "sous cloche", une salle blanche isolée du reste du bâtiment, où l'on n'entre qu'en passant par des sas et vêtu de manière appropriée.

   Juste à côté (E2) sont fabriquées les bougies, un secteur traditionnel de l'entreprise. Un parcours a été ménagé pour les visiteurs, avec des haltes qui portent des noms aveyronnais ("Belcastel", "Marcillac", "Laguiole"...). Notons qu'une légère majorité de cette activité n'est pas destinée à la "première monte" (les bougies installées sur les voitures neuves), mais aux réparations : si certains constructeurs cherchent à rogner sur les coûts en se fournissant chez la concurrence, il semble que les garagistes et les automobilistes avertis préfèrent, ensuite, les produits Bosch.

   Ensuite, j'ai eu un petit coup de pompe. Je suis passé assez vite  dans le bâtiment 108 ("maintenance et environnement"). Il y avait pourtant des trucs intéressants. L'entreprise se veut un héraut du développement durable. L'usine s'est engagée dans des programmes européens (GreenLight et Motor Challenge). Elle a aussi obtenu des prix au sein du groupe Bosch. De manière générale, il est frappant de constater la place prise par les différents types de bacs et poubelles qui servent à trier les déchets.

   L'entreprise cultive donc l'excellence et on ressent chez ses employés une certaine fierté à en faire partie. D'ailleurs, parmi les nombreux visiteurs de ce dimanche se trouvaient d'anciens ouvriers et cadres, ainsi que les membres des familles. C'est un signe qui ne trompe pas.

   Autre signe qui ne trompe pas : la présence du directeur de l'usine, Albert Weitten, qui a circulé entre les différents bâtiments, sans manifester le moindre pédantisme.

actualité,économie

(Centre Presse, 17 juin 2011)

   La fin de la visite n'a fait que confirmer une impression de départ : le poids considérable des machines dans la fabrication des pièces. Etre ouvrier aujourd'hui, c'est savoir utiliser un matériel de pointe (parfois). Dans certains ateliers, les panneaux explicatifs étaient accompagnés d'un petit film montrant certaines de ces machines en action, impressionnantes de complexité et de précision.

   Je ne sais pas si des élus locaux sont venus le matin même. Toujours est-il que certains d'entre eux figurent sur l'un des panneaux, qui évoque une situation un peu ancienne : sur les photographies, on pouvait reconnaître Marc Censi (l'ancien maire de Rodez, en compagnie d'une partie de son équipe municipale d'alors), Jean Puech (l'ancien président du Conseil général) et les députés Jacques Godfrain et Yves Censi (ce dernier sans barbe mais avec des cheveux).

   Avant de partir, un petit passage par la cantine du site s'imposait. On pouvait y boire de l'eau, une boisson gazeuse ou des jus de fruits... et surtout y déguster une délicieuse fouace ! Pour passer le temps, il était possible de regarder une animation numérique montrant l'évolution du site sur près de 50 ans ou de lire les derniers panneaux, consacrés à la vie et à l'oeuvre de Robert Bosch.

   On avait pensé aux gamins, qui ont pu se dépenser sur un tatami. Les grands enfants sont repartis de la salle avec une boîte en fer-blanc aux couleurs de l'entreprise :

DSCN3210.JPG

   Bref, ce fut une opération de communication réussie, au service d'une entreprise capitale pour l'économie du Grand Rodez, mais qui n'est hélas pas suffisamment connue.

dimanche, 23 janvier 2011

Des communes bien gérées ?

   La nouvelle avait produit un petit effet dans le landernau grand-ruthénois. D'après le classement publié par le magazine Challenges, Rodez et Onet-le-Château font partie des communes urbaines les mieux gérées de France, puisqu'elles figurent dans la liste des 42 qui obtiennent la meilleure évaluation : trois étoiles.

   Attention toutefois : seul le nombre d'étoiles classe les communes ; ensuite, à l'intérieur de chaque catégorie, elles sont disposées par ordre alphabétique.

   Les étoiles correspondent à des notes, établies selon des critères en apparence précis :

- les charges courantes rapportées aux recettes réelles de fonctionnement

- le stock de la dette rapporté aux recettes de fonctionnement

- la charge annuelle de la dette (capital et intérêts) rapportée aux recettes de fonctionnement

- la mesure de l'écart entre les prévisions budgétaires et les réalisations

- la mesure de l'impact de la fiscalité directe votée par la collectivité

   Ce sont donc des critères essentiellement quantitatifs, avec une part de qualitatif. Comparons les résultats détaillés des deux communes :

Onet Rodez gestion 2010.jpg

   En terme de "rigidité", Rodez est mieux notée qu'Onet. Ses charges courantes sont estimées moins fortes par rapport aux recettes de fonctionnement. Cela pourrait expliquer pourquoi le maire d'Onet a annoncé vouloir augmenter les impôts. Ceci dit, avec deux étoiles, il a encore de la marge. Mais peut-être y va-t-il franco en 2011 pour pouvoir alléger la pression fiscale autour de 2013-2014, avant les élections...

   L'endettement est plus élevé à Rodez (c'est le critère de "solvabilité" qui permet de s'en rendre compte), ce que reconnaît Christian Teyssèdre. Dans ce domaine, il gère un "héritage", celui de l'équipe précédente.

   Cela se vérifie donc au niveau du critère du "service" (de la dette). Si la commune est endettée, elle a les moyens (pour l'instant) de régler ses comptes. Dans quelle mesure la réalisation des chantiers entrepris (en particulier le surcoût occasionné par la construction du musée Soulages) ne va-t-elle pas dégrader la situation financière de Rodez ?

   En termes de "fiscalité" et de "réalisation", les deux communes sont au même niveau. Le sous-entendu est qu'elles disposent encore de marges de manoeuvre... ce que les contribuables locaux seront ravis d'apprendre (en gros, elles peuvent encore se permettre d'alourdir la pression fiscale).

   C'est bien beau, tout ça, mais si on comparait avec une municipalité de droite, de préférence aveyronnaise ? J'en ai trouvé une dans le classement : Villefranche-de-Rouergue, notée une étoile (page 15).

Villefranche gestion.jpg

   La commune gérée par Serge Roques souffre ainsi de trop grandes charges de fonctionnement par rapport à ses recettes réelles. La charge annuelle de la dette semble aussi très importante pour une commune de cette taille.

   C'est curieux tout de même : quand l'étude de Challenges a été publiée, on a beaucoup commenté les résultats de Rodez et Onet-le-Château (peut-être parce que les maires en ont causé les premiers) ; on a peu (pas) commenté l'intérieur du classement, où l'on peut trouver, notées à une étoile, les communes de Castres et Lavaur (gérées par deux élus UMP qui font régulièrement parler d'eux), mais aussi celle de Millau (pan sur la gauche aussi, tiens !) et, plus bas encore, Cahors dont la situation financière semble inquiétante.

vendredi, 10 décembre 2010

Ma facture d'électricité

   Cela fait partie des "douceurs" que l'on reçoit à l'approche des fêtes de fin d'année. J'y ai été d'autant plus attentif que je me suis récemment intéressé au devenir des barrages hydroélectriques situés sur le Lot et la Truyère, abordé notamment lors de la réunion publique d'Entraygues.

   J'ai remarqué il y a un petit moment déjà que la facture détaillée révèle, quand on prend la peine de la lire et de l'analyser, quelques informations sur la manière dont le con-sommateur moyen se fait entuber. Je me suis amusé à construire un demi-camembert illustrant la composition de ma facture globale :

Facture EDF 2010.jpg

   Première surprise : la consommation ne représente que 42 % de la somme payée par moi en 2010... devant, ô surprise, l'abonnement (environ 80 euros au total). Voilà qui n'est pas sans rappeler des choses aux clients de France Télécom... Pour être honnête, il faut signaler que le tarif de cet abonnement a diminué de 18 centimes d'euro, soit une baisse de 2,8 %... largement compensée par l'augmentation du prix du kilowatt-heure (+7,3 % en heure creuse et + 7,4 % en heure pleine). Ah, la poésie des quatre chiffres après la virgule !

   Du coup, j'ai rejeté un coup d'oeil à mon bilan 2009... et j'en tire des conclusions similaires. Le tarif de l'abonnement avait diminué de 16,8 %, le prix du kilowatt-heure avait lui augmenté de 10 % en  heure creuse et de 4,5 % en heure pleine. Rétrospectivement, j'ai ressenti comme une vive douleur au niveau de l'anus...

   Les taxes tant décriées (au premier rang desquelles la T.V.A.) ne pèsent finalement que pour 20 % de la somme. Restent 6 %. C'est la cerise sur le gâteau : il s'agit de la C.T.A. (contribution tarifaire d'acheminement) et de la C.S.P.E. (contribution au service public d'électricité). La première finance... la retraite des employés d'EDF-GDF (donc celle de notre bien aimé maire de Rodez Christian Teyssèdre... J'en vois qui sont sur le point de faire une attaque !). La seconde permet notamment aux producteurs d'énergie renouvelable de voir leur courant acheté à tarif avantageux par EDF. (Les contempteurs des éoliennes sont priés de se calmer !)

   Amis consommateurs, sachez que l'entubage n'est pas prêt de s'achever, car approche à grands pas l'invasion des compteurs électriques intelligents ! C'est nous qu'on va devoir les payer ! En plus, ils vont nous espionner ! Quant à l'argument-massue (les économies que nous sommes supposés réaliser à l'usage, en adaptant notre consommation aux tarifs horaires), il me paraît bien utopique et ne tient pas compte des rythmes de la vie moderne. Dans cette affaire, les grands gagnants seront EDF et GDF-SUEZ, qui vont pouvoir supprimer des postes de techniciens... grâce à l'argent des abonnés ! Trop fort !

samedi, 04 décembre 2010

Une pizza mondialisée

   L'heure du repas approchant,, quelques conseils nutritionnels peuvent ne pas être inutiles. C'est là qu'intervient la joyeuse équipe de Canal + : le coffret Groland recèle des trésors, dont ce reportage culinaire intitulé "Pizza 12".

   Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, il n'est pas question de l'Aveyron dans cet extrait... et heureusement !

   Cette mini-fiction a fait des émules et, sur la Toile, on peut trouver une vidéo plagiant 7 jours au Groland. De petits farceurs interprètent les rôles du chef d'entreprise, du client, de l'opérateur téléphonique, de la cuisinière, du fils de celle-ci et des livreurs. Ce n'est pas un calque total, mais presque tout y est. C'est là qu'on s'aperçoit que, si les jeunes s'en sortent plutôt bien dans le jeu d'acteur, la voix off est nettement moins bonne que celle de l'émission télévisée.

mercredi, 01 décembre 2010

Entre nos mains

   C'est un documentaire, signé Mariana Otero, consacré à une entreprise textile placée en redressement judiciaire. Certains salariés ont l'idée de monter une SCOP pour tenter de sauver la boîte... tout en restant indépendants des "patrons" et financiers.

   Ce film se place évidemment dans la lignée de Les LIP, l'imagination au pouvoir (un extrait ici), mais aussi du moins connu Rêve d'usine (extraits ici).

   Ces portraits d'ouvrières, de commerciaux, de secrétaires sont attachants. La "sauce" a toutefois du mal à prendre. 1h30 de docu économico-social, même illustrant un combat original, c'est long. Et il manque une partie de l'arrière-plan. Il aurait ainsi fallu davantage creuser du côté des clients de l'entreprise, qui semble avoir abandonné les petits et moyens détaillants, pour se concentrer sur les grandes surfaces (Leclerc, Auchan et Cora, si je ne m'abuse). Il aurait aussi fallu aller voir du côté de chez Cora, qui déréférence les produits de l'entreprise, condamnant à terme la SCOP.

   A l'écran, si les tranches de vies sont intéressantes, je trouve quand même que c'est plutôt l'inaction qui règne dans l'usine. Est-ce dû aux choix de la réalisatrice ? Est-ce voulu, pour montrer la perte d'activité ? On ne le sait pas.

   J'ai donc été un peu déçu.

samedi, 20 novembre 2010

EDF communique sur les barrages hydroélectriques aveyronnais

   Vendredi 19 novembre, au gymnase d'Entraygues-sur-Truyère, à partir de 20h15, s'est tenue une réunion d'information ("une rivière, un territoire"), co-organisée par les élus locaux et l'entreprise E.D.F., concessionnaire des barrages construits sur le Lot et surtout sur son affluent la Truyère. Voici une carte de l'ensemble des barrages d'amont, qui dépendent du G.E.H. (Groupe d'Exploitation Hydraulique) Lot-Truyère, qui a son centre... à Aurillac.

Barrages carte.jpg

   La réunion a été préparée avec soin, annoncée dans la presse locale, par des articles mais aussi des publicités, comme celle-ci, publiée dans Centre Presse à plusieurs reprises :

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   Le plan des thématiques abordées a été légèrement modifié, sans doute pour mieux tenir compte des préoccupations des riverains. Ainsi, on a commencé par un thème qui n'était même pas prévu dans le programme originel, la sûreté des barrages et de leurs environs, avant de passer à la gestion de l'eau (au sens large), puis à la mise en concurrence pour le renouvellement des concessions et enfin au développement économique du territoire.

   C'est un ancien de Sud Radio qui a animé la soirée, rivé à son I-Pad (et cloué à son oreillette), assisté d'une régie installée en fond de salle, alors que sur l'estrade, les intervenants étaient placés sous un écran de taille moyenne (mais le son était de très bonne qualité).

   L'animateur a un peu gonflé son auditoire au début. J'ai eu l'impression qu'il se croyait dans une salle de concert ou dans une émission de télé-réalité. Ses supposés traits d'esprit et ses flatteries grossières n'ont pas convaincu le public, au point qu'à un moment, un papy a pris la parole pour lui demander d'arrêter de se croire "au music-hall". La flèche a touché son destinataire : l'animateur a été plus sobre par la suite (même s'il a mal encaissé la critique, à laquelle il a fait deux fois allusion) et il a bien joué son rôle de Monsieur Loyal, permettant aux cadres d'E.D.F. de s'exprimer dans de bonnes conditions, tout en donnant la parole à la salle.

   Chaque partie a débuté par un petit film accompagné parfois d'un diaporama, auxquels succédaient les commentaires des spécialistes de l'entreprise, notamment Jean Comby (la soixantaine, maîtrisant très bien son sujet, assez clair dans ses explications et à jour des modifications juridiques) et Luc Tabary (la quarantaine, pas très à l'aise au début, plus intéressant et sûr de lui à la fin de la soirée). Ensuite, parole était donnée à la salle, pour des questions.

   A ce sujet, j'ai senti un certain étonnement dans la foule quand les gens ont constaté que l'animateur gardait le micro en main pendant que les spectateurs posaient leur question ou exprimaient une opinion. C'est devenu la règle dans ce genre de manifestation, pour éviter que des activistes (ou un type un peu timbré) ne détournent la chose à leur unique profit. Il manifeste ainsi sa volonté de rester le maître du jeu.

   Le premier thème a donc porté sur la sécurité, sujet extrêmement sensible pour l'auditoire, qui ne s'est pas facilement rendu aux arguments des spécialistes. Plusieurs échanges ont ainsi porté sur l'usage de la "sirène" (une corne de brume, en fait), testée le premier mercredi de chaque mois, mais à des heures différentes. Le détail des mesures de prévention, ainsi que le processus d'évacuation en cas d'accident majeur, ne sont pas bien connus des habitants de la région. (C'est peut-être une pierre jetée dans le jardin des élus locaux, dont certains se sont longtemps reposés sur les uniques efforts d'EDF...) L'un des intervenants a tenté de rassurer la foule en affirmant que la sûreté des installations était le souci majeur du groupe et qu'un rapport à ce sujet était accessible sur la Toile... ce qui est exact.

   On sait toutefois que les rives de la Truyère et du Lot font partie des espaces les plus menacés par le "risque barrages" (coloriés en bleu foncé sur la carte) :

Risque barrages.jpg

   C'est une femme qui a, la première, osé poser des questions. (Elle est intervenue à plusieurs reprises, toujours pertinemment. A la fin de la réunion, j'ai fini par connaître son nom, cité par Jean-Claude Luche : il s'agit je crois de Marie Verlaguet.) Au départ, elle m'a paru défendre son petit jardin (elle habite à proximité de l'évacuation de l'eau du barrage de Castelnau, vers Espalion). A la fin de la soirée, j'avais changé d'avis, tant ses remarques et questions ultérieures m'ont paru marquées du coin du bon sens... et parfois de l'espièglerie : elle a reproché à EDF d'avoir manqué "d'énergie" dans l'animation du territoire, soupçonnant la récente débauche d'efforts de séduction d'être liée à la mise en concurrence.

   Le deuxième thème a porté sur la gestion de l'eau, en amont comme en aval des barrages. C'est à ce moment-là que les membres des associations de pêche ont donné de la voix. Il a notamment été question des éclusages, de l'évacuation (ou plutôt de la non évacuation) des limons. Ce fut un moment fort intéressant, qui a vu dialoguer de jeunes ingénieurs d'EDF, lestés de leur maîtrise scientifique des sujets, et des retraités pêcheurs, ayant plutôt une connaissance empirique du milieu. On s'est aussi aperçu que les élus locaux n'ont pas forcément les mêmes intérêts, selon que leur commune est située en amont ou en aval d'un barrage. Le partage de l'eau est une question sensible, même dans une région aussi relativement humide que le Nord Aveyron...

   Le troisième thème fut consacré au renouvellement des concessions et à la mise en concurrence. EDF doit faire face à GDF-Suez, au groupe norvégien Statkraft, à l'autrichien Verbund (devenu le principal actionnaire de Poweo) et au canadien Hydro-Québec. Le plus croustillant dans cette affaire est que l'obligation de mise en concurrence découle du changement de statut d'EDF, qui d'E.P.I.C. (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) est devenue une société par actions. Hé, oui ! Si EDF était restée publique, cette procédure n'aurait pas lieu d'être. J'ai du mal à croire que le gouvernement qui a ouvert le capital du groupe n'ait pas eu ce type de conséquence à l'esprit...

   Bon là, en gros, on a senti que les politiques aveyronnais comme les spectateurs de la salle comptaient sur cette procédure pour inciter EDF à en faire davantage pour l'Aveyron. Les applaudissements les plus spontanés de la soirée sont nés à cette occasion : à la question d'un jeune homme, demandant aux ingénieurs pourquoi on devrait les choisir eux plutôt que leurs concurrents et qu'est-ce qui garantissait que leurs belles promesses n'allaient pas s'évanouir une fois le renouvellement des concessions obtenu, Luc Tabary a obtenu un franc succès en développant l'argument que son entreprise n'avait pas l'intention de limiter son action aux seuls barrages aveyronnais et que le meilleur moyen d'obtenir d'autres concessions était d'être exemplaire ici. (Il a aussi présenté son travail comme le résultat d'un engagement fort et pas comme un simple gagne-pain, ce qui a plus à l'assistance.)

   Cela nous a tout naturellement menés au quatrième thème, plus strictement économique. Les représentants d'EDF ont assuré faire grand cas des entreprises locales dans leurs commandes. On a aussi appris la création d'un poste d'animateur de territoire, chargé de mettre en musique une brochette de projets d'aménagement à vocation touristique, en liaison avec le Conseil général de l'Aveyron. Cela s'appelle la "route de l'énergie". L'enthousiasme de la salle a cependant été douché quand on a appris que ce nouvel arrivant loge à... Arpajon-sur-Cère, dans le Cantal, à proximité d'Aurillac (ce qui n'est pas un hasard).  Ceci dit, parmi la vingtaine de jeunes embauchés récemment par EDF, il y a quelques Aveyronnais.

   Les élus locaux ont eu ensuite droit à leur quart d'heure sur l'estrade... sans que l'on demande au bas peuple s'il avait des questions à leur poser. La palme du plus beau costume est revenue à Jean-Claude Luche, président du Conseil général (arrivé en retard et, une fois assis au premier rang, longtemps concentré sur autre chose que les débats de l'estrade). Il a insisté (avec raison) sur la nécessité de localiser en Aveyron un centre de gestion des activités hydroélectriques. On avait en effet découvert plus tôt que les barrages sont dirigés à distance, de Toulouse, tandis que les centres de décision se trouvent à Aurillac, Brive, Limoges ou Paris.

   A Luche a succédé Jean-François Albespy, conseiller général du canton d'Entraygues-sur-Truyère, qui a flatté de manière éhontée son président. Il a cédé la parole à Jean-Claude Anglars, conseiller général d'Estaing (parmi une floppée de casquettes), et médaille d'argent du plus beau costume. Le maire d'Entraygues a fermé le bal. Tout cela pour dire quand même que derrière l'effort (louable) d'information du public pointe la précampagne électorale des cantonales de mars 2011. Et puis... un esprit un peu réfléchi a compris que tout est déjà ficelé. EDF va très certainement obtenir le renouvellement des concessions et le Conseil général va redorer son image à bon prix.

   Après toutes ces émotions, la foule en délire a pu accéder au buffet très classieux offert par EDF. C'est là que j'ai regretté d'avoir fait un dîner copieux : malgré l'heure tardive (23h tout de même), je n'avais plus de place pour le solide. J'ai quand même goûté le champagne, très correct.

samedi, 13 novembre 2010

Des sacs-cabas "identitaires"

   Récemment, de passage dans l'hypermarché Géant Casino pour faire deux-trois courses, je fus attiré par de curieux objets placés en bout de rayon, à proximité des caisses.

   Ce sont des sacs-cabas, d'assez grande taille donc, destinés à recevoir les achats des consommateurs. Ils sont plus grands et ont l'air plus solides que les sacs en plastique réutilisables proposés par toutes les grandes surfaces. (Ils ont un peu la même texture que les sacs distribués pour la collecte sélective des déchets, vous savez, ces grands sacs blancs à poignées jaunes.) Ils sont donc logiquement plus coûteux : 1,90 euro contre environ 0,15 pour les sacs en plastique.

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   L'une des faces nous propose une vue classique de la cathédrale de Rodez et de ses environs immédiats, by night, ce qui est plus chic.

   L'autre côté est plus généraliste :

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   Il illustre les deux grands terroirs, du nord et du sud de l'Aveyron, avec leurs animaux caractéristiques (la vache Aubrac et la brebis Lacaune) ainsi que les productions emblématiques (l'aligot et le Roquefort). On a pris soin de faire figurer, à l'arrière-plan, le désormais célèbre viaduc de Millau.

   En ballade dans le vieux Rodez, j'ai remarqué qu'on pouvait se procurer ce sac à la Maison de la Presse. Reste à savoir si les Aveyronnais vont adhérer au "sac identitaire".

samedi, 23 octobre 2010

Traces de pneu

   Non, non, bande d'esprits scabreux, il ne va pas être question des marques qui déshonorent parfois le fond de certains caleçons. Je me suis penché sur la mercatique récente des principaux fabricants de pneumatiques, à savoir Goodyear-Dunlop, Michelin, Bridgestone-Firestone, Pirelli et Continental.

   Mon attention a été attirée par un article paru dans Le Canard enchaîné du jeudi 14 octobre 2010, intitulé "Dégonflés d'écolos !" :

Goodyear 14 10 2010.JPG

   Je me suis donc d'abord rendu sur le site de Goodyear dédié à cette nouvelle campagne, faussement écolo dirons les mauvaises langues. On peut y découvrir 6 personnages, dont 5 franchement caricaturaux. On a ainsi donné du boulot à quelques intermittents du spectacle... en ridiculisant les comportements écolos purs et durs. Une fois sur la page d'accueil, il faut cliquer sur chaque personnage pour accéder à son petit sketch. Le monsieur bien habillé, qui représente la marque, est là pour dire le Vrai, le Bien, le Beau.

   Si après cela vous n'en avez pas marre, allez regarder dans le menu en haut à droite, et choisissez "La Good web TV". Cela donne accès à 11 petits films dénigrant successivement l'écolo altermondialiste (le film n'a pas été tourné en français), les amateurs de Jackass, un skieur nautique et un skater plutôt virtuoses, un mécano qui croit pouvoir tout bien faire par lui-même, un bureaucrate pointilleux, une executive woman forcément nulle en mécanique... et une obèse. C'est assez malsain, parce qu'il est difficile d'y voir réellement du second degré.

   Certains spots sont par contre assez réussis : celui avec la grand-mère roulant en marche arrière, celui avec le morse (drôle mais pas très porteur pour la marque, à mon avis) et surtout (mon préféré) celui mettant en scène deux jeunes amoureux, se terminant par un délicieux slogan ("Ne laissez pas une crevaison gâcher votre journée").

   Mais que font les concurrents ? Ils jouent un peu sur le même registre : les pneus de nouvelle génération font faire des économies de carburant, et donc protègent notre belle planète. Michelin recourt évidemment à son personnage Bibendum, transformé en héros de dessin animé. Bridgestone nous la joue produit de haute technologie (ça, c'est les Japonais, que voulez-vous), un peu comme Pirelli, qui fait quand même pâle figure à côté.

   Reste Continental, qui a trouvé un autre créneau : la coupe du monde de football. L'argument utilisé est un classique de la communication des groupes de pneumatiques : la sécurité, l'efficacité du produit qui, chez les autres marques, est aujourd'hui complété par le souci environnemental. On verra si cela perdure...

samedi, 26 juin 2010

Une drôle de caisse !

   Non, je ne vais pas parler voiture (beurk) ! Cet après-midi, une fois n'est pas coutume, j'ai acheté mon pain à L'Epi du Rouergue, au carrefour des Quatre-Saisons. Cette boulangerie a deux avantages : elle est bien située et ouvre jusqu'à 20 heures.

   En entrant dans le magasin, je n'ai pas trop fait attention à la grosse boîte posée sur le comptoir. C'est au moment de régler mes achats que j'ai compris sa fonction. Après que la boulangère a tapé l'addition, j'ai inséré moi-même un billet dans la fente adéquate (de mon côté du comptoir)... et la monnaie est sortie par une autre ouverture !

   Au-delà de l'anecdote "technique", je me demande si ce changement n'est pas d'origine sécuritaire. En effet, le magasin ouvre tard. Lors de la fermeture, il n'y a souvent qu'une personne à la caisse. De surcroît, en plus de servir les derniers clients, elle doit commencer à ranger puis laver la boutique. Comme celle-ci est bien desservie par la route, elle peut sembler être une cible facile pour des délinquants en quête de cash... A moins que ce nouveau dispositif ne soit d'abord destiné à accélérer le rythme des encaissements. Il est aussi possible que les motivations hygiéniques soient entrées en ligne de compte : on évite ainsi tout contact entre les deux côtés du comptoir et les produits sont donc manipulés par des employés n'ayant pas touché les clients ni leur argent.

   La machine ressemble un peu à cela (même si ce n'est pas exactement ce type de modèle) :

Caisses.jpg