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samedi, 25 février 2023

Les Gardiennes de la planète

   Ces gardiennes sont les baleines, héroïnes de ce documentaire qui rappellera aux vieux cinéphiles La Planète bleue et Océans, de Jacques Perrin (décédé l'an dernier).

   Pour sensibiliser son public à la protection de l'écosystème marin (et des cétacés), le film recourt à l'émerveillement, les images tournées sur et sous l'eau étant souvent de toute beauté.

   On a bien évidemment soigné les plans (larges ou serrés) des différentes baleines, qu'elles soient grises, bleues, à bosse ou boréales. On a ajouté un peu d'inventivité visuelle, certaines prises de vues ayant été tournées... à l'envers. Ainsi, à l'écran, on a l'impression que les animaux glissent sur la surface interne de l'océan. C'est joliment fait.

   Parents comme enfants goûteront les scènes montrant une mère avec son baleineau. Les cinéastes ont ajouté une image extraordinaire, où j'ai cru distinguer une vue d'un fœtus de baleine ! Impressionnante aussi est la scène d'allaitement :

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   Ce documentaire est l'occasion de voyager. Différentes équipes ont parcouru le globe, du pôle nord au pôle sud, en passant par la côte atlantique de l'Europe, la Méditerranée, les rives du Brésil, de l'Argentine, du sud de l'Afrique, du Kamtchatka et de l'Australie.

   Contrairement à ce que j'ai pu voir dans d'autres documentaires, l'intérêt de celui-ci n'est pas que contemplatif. Le commentaire (dit par Jean Dujardin) nous informe du mode de vie des cétacés, de leur alimentation, leurs déplacements, leur communication, leur reproduction, leurs jeux... C'est instructif sans être pesant.

   Sachez donc que ces animaux sont apparus il y a environ cinquante millions d'années. Leur système de communication sonore aurait été créé au bout de plusieurs millions d'années. Chaque espèce a le sien... et son territoire de vie (en général, dans l'un des deux hémisphères).

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   L'accouplement et la phase immédiatement postérieure à la naissance des petits se déroulent en eaux chaudes. Les eaux plus froides sont recherchées le reste de l'année, davantage consacré à l'alimentation. Spectaculaire est la manière dont des groupes de baleines s'organisent, de manière quasi circulaire, projetant des masses de bulles d'air pour ensuite "coincer" le plancton et le krill qu'elles vont absorber en grande quantité. Je n'avais jamais vu cela à l'écran auparavant.

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   Le chapitre qui traite de la reproduction mérite à lui seul le détour. Sachez que les baleines femelles sont de grandes coquines. Durant la saison du rut, elles s'accouplent avec de multiples mâles, certaines d'entre elles pratiquant... le triolisme (avec deux mâles en même temps) ! Les spectateurs masculins éviteront de comparer leur organe génital avec celui des cétacés mâles... l'engin dépassant à lui seul la taille d'un humain adulte. (Et, d'après le commentaire, la langue d'une baleine bleue, un mastodonte de plus de 150 tonnes, est plus lourde qu'un éléphant !)

   Tout au long de ces découvertes, à intervalle régulier, nous avons droit à un interlude, une séquence qui sert de fil rouge : l'histoire d'une baleine échouée sur une plage, à marée basse, et que des secouristes bénévoles vont tenter de sauver en attendant le retour de la marée haute. Cela se passe en Namibie. (Un autre exemple est visible ici.)

   Cela nous amène tout naturellement aux menaces qui pèsent sur les cétacés. Elles sont sans surprise d'origine humaine. Ici, le propos se fait militant, pour la bonne cause. Quelques rappels historiques (sur l'ampleur de la chasse à la baleine, jadis) sont les bienvenus. Le film se conclut sur les leçons que les humains pourraient tirer du mode de vie des cétacés. C'est un peu trop appuyé à mon goût, mais ça ne peut pas faire de mal.

   Je recommande vivement ce documentaire, une petite merveille qui dure moins d'1h20.

   P.S.

   Pour en savoir plus (voire s'engager), je conseille le site associé au film.

dimanche, 17 avril 2022

Touroulis - Voyage entre le Larzac et le causse Comtal

   Ce documentaire aveyronnais évoque, par son titre, un volatile particulier : l’œdicnème criard, qui passe les hivers en Afrique du Nord, mais le reste de l'année en France métropolitaine, en particulier dans l'Aveyron.

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   La carte ci-dessus (extraite de la plaquette LPO) met en évidence les zones où des couples ont été observés (donc les zones de reproduction). Ce sont principalement les causses du Larzac (au sud) et Comtal (au nord)... d'où le titre du documentaire, qui embrasse toutefois un espace plus important et diversifié :

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   Une histoire nous est contée par une voix off (censée être celle d'un de ces oiseaux), celle d'un territoire parcouru/survolé par les œdicnèmes. Du causse du Larzac, on est transporté dans les gorges (de la Jonte, du Tarn), puis du côté de Bertholène (près de Laissac, sur la carte ci-dessus). Le parcours s'achève au nord et nord-est de Rodez, avec en vedette (notamment) le "Trou de Bozouls" (que les âmes raffinées appellent "canyon") et la cascade de Salles-la-Source (dont l'écoulement d'eau fait l'objet de polémiques depuis des années).

   L'une des qualités de ce film est le soin apporté aux images, qu'elles soient aériennes, terrestres, souterraines ou aquatiques. Les vues sont splendides, qu'il s'agisse de plateaux, de vallées ou de très gros plans des espèces, animales comme végétales. Ce soin, ajouté à la scénarisation sur (presque) quatre saisons, est (à mon avis) une référence au Farrebique de Georges Rouquier.

   Une autre qualité est l'insertion d'incrustations, donnant le nom de tel animal ou telle plante. Cumulées aux informations données par le commentaire (pas super emballant, ceci dit), elles permettent au commun des mortels de parfaire sa culture environnementale.

   En revanche, je n'ai pas bien vu l'intérêt d'ajouter des séquences montrant une petite famille pratiquant l'escalade ou la spéléologie. Là, on est à la limite du dépliant touristique... (Mais il est vrai que le film a été cofinancé par le Conseil départemental de l'Aveyron.)

   Parmi les activités sportives, il manque la randonnée, à laquelle les Aveyronnais s'adonnent massivement et qui constitue un excellent moyen de découvrir les beautés d'un territoire. C'est dommage, parce que, le film ne durant qu'1h10, il y avait de la place pour quelques scènes pédestres. Cela n'enlève toutefois rien aux qualités visuelles de l'ensemble, un bien bel hommage à la faune et à la flore des régions calcaires centre-orientales du Rouergue.

mardi, 20 juillet 2021

Ainbo, princesse d'Amazonie

   Cette coproduction néerlando-péruvienne, animée pour une version anglaise (mais sortie chez nous doublée en français), est destinée aux enfants pas trop petits... jusqu'aux très grands ! L'histoire est assez complexe et, parfois, un peu macabre. Cependant, l'animation est de qualité, avec (parfois, pas tout le temps) de superbes décors.

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   Commençons par une inexactitude : Ainbo (prononcer "haine-beau") n'est pas la véritable princesse de l'histoire ; celle-ci est sa meilleure amie, Zumi. Ainbo est plutôt une fille de chamane (ou demi-sorcière). Notons que les deux adolescentes se ressemblent beaucoup physiquement et sont habillées quasiment de la même manière : elles portent un "crop-top" et une improbable mini-jupe (les femmes adultes portant la jupe longue). Est-il besoin de préciser que les héroïnes sont très minces et ont un joli minois ?

   Officiellement, Ainbo n'a plus sa mère ni son père. Elle a été élevée par la sage du village... et entre en communication avec des "esprits-guides" quelque peu facétieux :

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   Vaca le tapir et Dillo le pangolin tatou vont aider l'héroïne à déjouer la malédiction qui pèse sur le village et a rendu son chef gravement malade. Mais, surtout, ces deux personnages sont les principales sources de gag de l'histoire.

   À leur présence s'ajoute celle de quantité d'animaux qui peuplent la forêt amazonienne, des singes aux oiseaux colorés, en passant par les libellules, les tortues... et un gigantesque paresseux ! Comme vous pouvez le constater, c'est un film éducatif... et militant. Le mal, doublement incarné par un esprit reptilien et un homme blanc, est responsable de la déforestation. Je regrette toutefois qu'on se soit contenté d'évoquer l'exploitation aurifère. L'agrobusiness joue un rôle (néfaste) bien plus important.

   Quoi qu'il en soit, ses aventures vont permettre à Ainbo d'acquérir de la maturité et d'en savoir plus sur ses parents.

   Ce n'est (sur le fond comme sur la forme) pas du niveau d'un Pixar, mais cela se regarde avec plaisir.

   P.S.

   L'un des intérêts du film est de mettre en scène une civilisation amazonienne (avec ses coutumes et ses productions matérielles). Pendant très longtemps, on a cru que seuls les "grands" peuples présents à proximité des côtes avaient fondé de véritables civilisations "précolombiennes". Les recherches les plus récentes prouvent le contraire, à l'image de ce qu'on peut voir dans un documentaire récemment diffusé sur Arte (et disponible en replay).

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   Il s'agit d'un volet de la série "Enquêtes archéologiques", dont j'ai déjà parlé l'an dernier. Dans cet épisode, on découvre d'abord les traces laissées par une ancienne occupation humaine en Guyane, dans la région marécageuse située entre la zone côtière et la forêt. Ensuite, le documentariste rejoint les archéologues qui explorent la jungle, celle-ci réservant quelques surprises.

dimanche, 09 mai 2021

Le retour de l'article 59

   Il y a environ trois semaines, je m'étais intéressé à l'un des aspects du projet de loi "Lutte contre de dérèglement climatique". Entre le texte issu de la commission des députés et la discussion des amendements en séance plénière, la sagesse semblait l'avoir emporté.

   Après de longs débats (tout à l'honneur de notre démocratie), le texte retouché a été soumis au vote solennel, le 4 mai. La vidéo de la séance est disponible sur le site de l'Assemblée nationale. Celles et ceux que cela tente pourront consacrer un peu de leur temps libre à écouter les dernières péroraisons de certains députés (un par groupe politique). On notera que, lors de cette séance, l'hémicycle était bien garni, contrairement aux journées consacrées au coeur du débat, sur les articles du texte.

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   Cette impression est renforcée par le résultat du scrutin public :

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   Il ne manquait qu'une vingtaine de députés. Pour qui suit un peu les débats parlementaires, c'est assez exceptionnel. La présentation détaillée des votes est accessible ici.

   La première chose qui saute aux yeux est le nombre important d'abstentions : 145. Sur un texte aussi clivant, c'est étonnant. Soit on est pour, soit on est contre et on l'assume. Je soupçonne certains abstentionnistes d'être favorables au texte mais (comme ce ne sont pas des macronistes) d'avoir, par idéologie, calcul ou posture politique, refusé de voter en faveur d'un texte gouvernemental. Sans surprise, c'est le cas de l'écrasante majorité des députés LR (dont l'Aveyronnais Arnaud Viala) et UDI. Chez certains députés non-votants, je pense qu'il y a aussi le souhait d'éviter de mécontenter une frange de leur électorat, quel que soit le vote choisi. C'est le cas des élus non-inscrits d'extrême-droite, dont Marine le Pen, qui, pour une fois, se trouvait dans l'hémicycle.

   Sans surprise non plus, le projet de loi a été voté par les députés LREM (dont les Aveyronnais Anne Blanc et Stéphane Mazars), MoDem et Agir Ensemble (la droite "macron-compatible"). En face, la gauche a massivement voté contre, des socialistes à LFI en passant par la Gauche démocrate et républicaine. Le plus cocasse dans cette histoire est que, dans dix-vingt ans, on estimera cette loi d'inspiration écologiste, alors qu'elle aura été combattue par les partis qui se revendiquent de cette idéologie. Mais, à un an de l'élection présidentielle, il ne fallait surtout pas permettre au président sortant de se draper dans la défense de l'environnement.

   Ce ne sont toutefois pas ces chicaneries politiciennes qui m'ont de prime abord intéressé. Comme l'indique le titre de ce billet, je me suis rapidement dirigé vers le fameux article 59, qui concerne les menus des cantines. (Le texte intégral du projet de loi retouché est accessible ici.) Le début n'a pas changé par rapport à la version issue de la discussion des amendements : l'obligation de proposer un menu végétarien n'est qu'hebdomadaire, à charge pour les collectivités locales d'expérimenter (ou pas) une version quotidienne.

   En poursuivant la lecture, on arrive au sixième paragraphe, qui introduit une nouveauté :

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   Il est prévu qu'en 2023 le menu végétarien devienne obligatoire tous les jours dans les cantines qui en proposent plus d'un aux élèves (c'est-à-dire le plus souvent deux). Cette proposition, évacuée il y a trois semaines par la porte, est donc mystérieusement revenue par la fenêtre, en laissant toutefois de côté le cas des cantines ne proposant qu'un menu. (Sauf erreur de ma part, c'est à la députée LREM Célia de Lavergne que l'on doit ce rajout.)

   Cela confirme qu'il va falloir que les sénateurs soient vigilants dans l'examen du texte, qui aura lieu durant la seconde quinzaine du mois de juin.

samedi, 17 avril 2021

L'article 59

   Celles et ceux qui suivent l'actualité parlementaire savent qu'il va être question de la discussion autour du projet de loi "climat et résilience", actuellement, à l'Assemblée nationale. Trois séances se sont déroulées vendredi 16 avril. L'essentiel de la deuxième (trois heures !) a été consacré à ce fameux article 59, dont la rédaction a été modifiée en cours de séance :

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   Ci-dessus figure la version à laquelle avait abouti la commission parlementaire, dont on peut voir et entendre plusieurs membres s'exprimer dans la vidéo de la séance, déjà mise en ligne. Cette volonté de soutenir la mise en place de menus végétariens quotidiens dans les cantines scolaires se plaçait dans la continuité de la loi Égalim de 2018 (entrée en vigueur en 2019), qui avait imposé (ou plutôt tenté d'imposer), pendant deux ans, l'obligation d'un repas végétarien hebdomadaire. Cela a d'ailleurs suscité un fort mécontentement chez les éleveurs aveyronnais, en particulier quand un collège rural a suivi le mouvement. (Dans cette affaire, il serait bon de savoir si la cantine du collège concerné propose un menu unique ou, à chaque repas, le choix entre deux menus.)

   Suivre cette séance de débat et de vote est d'un grand intérêt civique. On notera qu'elle n'a pas été dirigée par le président de l'Assemblée nationale (Richard Ferrand), mais par l'un des vice-présidents, Sylvain Waserman (un élu Modem, allié donc à LREM).

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   Pendant plus de trois heures (ainsi que pendant les autres séances du jour), stoïque, il a mené les débats avec calme et professionnalisme, devant un hémicycle pas très bien garni, puisqu'à son apogée, il a dû compter quelque 130 députés sur 577...

   À l'écoute des interventions et des propositions d'amendement, il apparaît que plusieurs sensibilités politiques sont divisées : le parti présidentiel, mais aussi la "gauche de la gauche" (LFI et la Gauche démocrate) et la droite non gouvernementale. Il me semble que le vrai clivage est entre les députés des métropoles et les députés des circonscriptions rurales. Ainsi, en entendant certains élus LREM urbains, j'avais l'impression que c'étaient des écologistes, en opposition avec un membre du même groupe, issu de la Creuse, et fervent défenseur de l'élevage extensif. De même, à gauche, l'Auvergnat André Chassaigne n'était pas sur la même ligne que la Francilienne Mathilde Panot.

   Dans un premier temps, les élus ruraux ont tenté de faire rejeter la poursuite de l'expérimentation des repas végétariens. Ils n'y sont pas parvenus. Mais les plus écologistes de leurs collègues n'ont pas non plus réussi à imposer leurs vues. Cela est dû à l'influence modératrice de la rapporteure du projet de loi, la députée LREM Célia de Lavergne, élue de la Drôme (et ingénieure de formation).

   Avant la séance, elle a dû "se cogner" les centaines de propositions d'amendement (certaines différant parfois d'un mot ou d'une virgule) et préparer des réponses argumentées à ceux qui ont été discutés ce jour-là (certains députés n'étant même pas présents pour défendre leur proposition !).

   La séance a parfois pris un tour cocasse, quand, par exemple, des élus ont soutenu des propositions d'amendement qui auraient été écrites par des élèves d'école primaire... sous la direction forcément impartiale de leur professeure des écoles, bien entendu... J'ai aussi souri en voyant ce représentant normand défendre (maladroitement) l'introduction, un jour par mois, d'un menu avec de la viande de venaison (française) ! Plusieurs députés ne m'ont pas semblé très à l'aise avec leur texte... l'avaient-ils tous écrit ? Derrière plusieurs contributions se cache soit une association environnementaliste comme Greenpeace, soit le lobby de la chasse, soit un syndicat agricole...

   Toutefois, même si c'était souvent passionnant, à d'autres moments, le propos était barbant... et pas que pour le public. Certains plans larges permettent de voir des élus quitter l'hémicycle une fois leur minute de célébrité passée. Pour celles et ceux qui doivent se fader toute la séance, il est plus difficile de ruser :

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   Ci-dessus l'on distingue clairement le fonctionnaire de l'Assemblée affecté à la présidence des débats se laisser distraire par son téléphone portable...

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   ... et ce n'est pas le seul, puisque le ministre de l'Agriculture lui-même (Julien Denormandie) a été pris en flagrant délit de "textotage" pendant que Célia de Lavergne (à gauche) s'adressait aux députés. Les plus malins avaient ouvert le parapluie l'ordinateur portable, supposé outil de travail... mais qui offre de multiples distractions.

   L'observation de la procédure de vote ne manque pas non plus d'intérêt. Beaucoup d'amendements ne bénéficient que d'un vote à la va-vite, à main levée, tandis que d'autres font l'objet d'un scrutin public (donc d'un vote électronique). D'ailleurs, voici ce qu'a donné le dernier d'entre eux (avant la suspension de séance), sur l'ensemble de l'article 59 :

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   L'article 59 réécrit a donc été voté à une large majorité des présents. Il a une ampleur plus limitée que celle de la version de travail (rédigée en commission). Il valide la poursuite de l'expérimentation du menu végétarien hebdomadaire dans les cantines scolaires (avec la possibilité d'un choix, c'est-à-dire le maintien d'un menu avec viande dans les structures qui proposent deux menus) et permet aux collectivités locales qui le souhaitent d'étendre la mesure à d'autres jours... d'où l'intérêt de suivre les élections départementales et régionales à venir, puisque ce sont les exécutifs qui se mettront en place en 2021 qui décideront de la manière d'appliquer la nouvelle loi (dans les collèges et lycées)... si le Sénat la vote dans les mêmes termes.

dimanche, 13 octobre 2019

Tout est possible

   Ce documentaire militant s'intitule à l'origine The Biggest Little Farm, que l'on pourrait traduire par "La plus grande petite ferme". Le terme "petite" renvoie au mode d'exploitation, "à l'ancienne", en utilisant des méthodes fondées sur les rythmes naturels. Cela veut dire : pas de produits phytosanitaires et pas de hors-sol au niveau de l'élevage. (On ne voit que quelques abris construits pour les poules -dont on récupère les oeufs, les canards et les cochons.) Les animaux sont élevés en plein air. Dans l'espace d'un ancien enclos équestre est implanté un jardin potager.

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   C'est aussi une "grande" ferme parce que sa surface agricole utile s'étend sur environ 80 hectares. (La moyenne en France est d'environ 55.) Elle fonctionne avec une main-d'oeuvre abondante : les deux exploitants, deux ouvriers agricoles... et pas loin d'une dizaine de stagiaires et volontaires de toutes origines, venus participer à cette aventure agricole, ou se former à un autre mode de production.

   A l'origine, il s'agit bien d'une aventure. John et Molly sont ce qu'on appellerait en France des "hors cadre familiaux". Lui a une formation de caméraman et réalise notamment des court-métrages animaliers (ce qui va lui être d'une grande utilité quand il se décidera à filmer au jour le jour l'évolution de leur projet agricole). Elle est une cheffe cuisinière, qui tient un blog très suivi. En 2010, un peu pour changer de vie, un peu sur un coup de tête (et pour continuer à vivre avec le chien Todd qu'ils ont adopté), ils montent un projet agricole, au nord de Los Angeles. L'un des manques de ce film est de ne pas nous en dire plus sur le chiffrage et le financement. On comprend qu'ils ont sollicité l'ensemble de leurs amis, mais on n'en saura pas plus sur les "investisseurs" qui ont contribué au bouclage du projet. Enfin bref, combien ça coûte ? Parce qu'il en a fallu de l'argent pour financer les travaux de remise en état d'une ancienne exploitation fruitière intensive, ainsi que les revenus d'au moins quatre personnes pendant un an. J'aurais aussi aimé en savoir plus sur le parcours et l'engagement des deux néo-ruraux.

   Si les images les plus anciennes ont été filmées avec des moyens ordinaires, par contre, dès que les animaux sont installés sur l'exploitation, on remarque la qualité de la photographie, avec de superbes gros plans et ralentis. On sent l'amour de la nature éprouvé par les deux aventuriers agricoles. Pour se lancer, ils sont épaulés par un conseiller en biodynamie, qui a un peu l'allure d'un gourou new age, et qui leur donne de multiples conseils pour mettre en route leur exploitation. Cela commence par la régénération des sols, à l'aide de compost.

   De superbes vues aériennes (sans doute filmées à partir d'un drone) permettent de constater les progrès réalisés. On plante des arbres fruitiers (pêchers, citronniers, abricotiers...) et l'on commence à faire venir le bétail. Une grande place est accordée à la truie (une Red Wattle), dont le nom d'origine "Betty la moche" est changé en Emma. Arrivée malade et un peu maigre, elle va donner naissance à d'impressionnantes portées de porcelets. On sent que John s'est particulièrement attaché à la truie, qui développe des relations empathiques avec d'autres animaux, comme le coq poilu et grassouillet, avec lequel elle finit par cohabiter.

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   Sur l'exploitation (appelée Apricot Lane Farms), on peut aussi croiser des bovins (des Highland), des moutons (de race Dorper), des poules, des canards, des abeilles, des chevaux, des chiens, des chats... et de multiples animaux sauvages, oiseaux, insectes, chouettes, parfois cigognes et, hélas, coyotes.

   C'est l'un des paris des fermiers : faire cohabiter de nombreuses espèces (et des races différentes), partant du principe que c'est la diversité biologique (animale et végétale) qui permettra de prévenir et résoudre les crises qui ne manqueront pas de survenir sur l'exploitation. Ainsi, quand le couvert végétal (et une certaine humidité) est rétabli sur les terres, les escargots surgissent en masse. La solution va venir... des canards, qui raffolent des bestioles à coquille. De la même manière, les poules se gavent de larves de mouches. Les chiens vont être dressés à protéger le bétail des incursions des coyotes. Des rapaces, derniers venus sur l'exploitation, boulottent les rats à poche.

   Cela pourrait ressembler à un conte de fées. Fort heureusement, le réalisateur ne cache pas les difficultés rencontrées. Dès le début, il montre les ravages qu'un gigantesque incendie pourrait provoquer. Sur la ferme, chaque progrès est montré comme étant issu de la résolution d'un problème. Même si John n'insiste pas beaucoup là-dessus, on devine que l'exploitation est totalement dépendante de la ressource en eau, celle de la nappe phréatique... et d'une main-d'oeuvre nombreuse, en partie bénévole me semble-t-il.

   C'est la limite de cette expérience enthousiasmante, qui montre qu'avec un capital, des connaissances, beaucoup de travail et de la créativité, on peut faire revivre un paradis. Mais ce n'est sans doute pas un modèle réplicable partout. Le film n'en est pas moins passionnant, réalisé avec beaucoup de soin.

jeudi, 01 août 2019

Cécile Duflot sur France Culture

   Quand elle était ministre de François Hollande, je n'étais pas un grand fan de Cécile Duflot (remarquée -entre autres- par une énorme bourde géographique). Mais je n'appréciait pas plus les attaques personnelles dont elle avait été la cible, par exemple en raison de ses choix vestimentaires...

   A l'heure actuelle, (provisoirement ?) retirée de la vie politique, elle dirige Oxfam France. C'est à ce titre qu'elle était l'invitée des Masterclasses d'Etienne Klein. Je suis tombé dessus en voiture... et, à ma grande surprise, j'ai aimé.

   Dans cette émission, Cécile Duflot a parlé de son parcours, de ce qui l'a construite politiquement. Franchement, qu'on aime ou pas le personnage, c'est intéressant.

   La discussion est devenue plus pointue lorsqu'il a été question du changement climatique, un sujet cher au coeur de l'ancienne ministre. En face, Etienne Klein avait du répondant, s'appuyant plutôt sur des notions scientifiques, alors que son interlocutrice argumentait surtout au niveau politique et sociétal. Ce n'était pas rébarbatif du tout, d'autant que les deux interlocuteurs ont le sens de l'humour... et de l'autodérision.

lundi, 24 octobre 2016

Le logo du futur PNR Aubrac

   Le projet de parc interrégional est bien avancé. On peut même dire qu'il est quasiment bouclé. Il reste quelques démarches à accomplir... et à choisir son logo. J'ai appris cela en lisant Centre Presse aujourd'hui. Ce choix est l'objet d'une consultation populaire, par internet... comme quoi la mise en valeur du patrimoine emprunte parfois les chemins de la modernité. Sur le site du PNR, on peut visualiser en détail les quatre propositions que voici :

Logos.jpg

   Chacune porte un numéro, plus précisément une lettre (A, B, C ou D). Voici comment les nommer :

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   Autant le dire tout de suite : j'élimine d'entrée la proposition C, sur laquelle ne figure pas la vache Aubrac. Il est pour moi impensable de communiquer sur le territoire sans faire mention de l'animal qui en est devenu emblématique.

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    Il reste les propositions A, B et D qui, en plus de la vache, comportent une représentation d'un buron. Je rejette la proposition D parce qu'elle semble n'associer le territoire qu'à la saison hivernale (avec la référence à la neige), même si la présence de la fenêtre sur le bâtiment est un plus.

Logo D.jpg

   Il ne nous reste plus qu'à choisir entre les propositions A et B. Toutes deux sont dotées d'un arbre en plus des autres symboles. C'est important, dans la mesure où le PNR (sans être un conservatoire comme les parcs nationaux) va permettre de préserver la biodiversité. De surcroît, le tourisme ne doit pas compter que sur la neige (sans quoi il serait bien dépourvu). Il me semble d'ailleurs que la (future) charte du parc intègrera la notion de "tourisme des quatre saisons".

   Je retiens finalement la proposition A, en raison de la présence de chemins. C'est un signe d'ouverture, preuve que le territoire a vocation à rester en relation avec l'extérieur. Cela peut aussi être vu comme une référence aux chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui, si je ne m'abuse, sont empruntés par environ 20 000 personnes chaque année dans l'Aveyron. Exit donc la proposition B :

Logo B.jpg

   And the winner is :

Logo A bis.jpg

jeudi, 23 avril 2015

Une si discrète décision de justice

   C'est ce que j'aime dans Le Canard enchaîné : on le lit pour y trouver certaines informations (sur les turpitudes de nos dirigeants ou des entreprises qui tentent de dicter notre existence) et, parfois, on tombe sur ce à quoi on ne s'attendait pas... et c'est très bien aussi. 

   Ainsi, le numéro du 22 avril 2015 contient, en pages intérieures, un article sur la contestation de l'implantation des éoliennes... et sa traduction judiciaire. Voici ce qu'on peut y lire :

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   Les lecteurs aveyronnais auront la surprise d'apprendre qu'en 2014, une élue de notre département a été condamnée par le tribunal correctionnel de Rodez pour prise illégale d'intérêt. Je n'en avais pas du tout entendu parler et j'ai bien l'impression que la presse locale (quotidienne comme hebdomadaire) n'a pas évoqué la chose. Pensez donc, une maire privée de ses droits civiques ! Déjà qu'elles n'étaient pas nombreuses à l'époque...

   Pour en savoir plus, il faut se rendre sur un site militant. On y apprend que, contrairement à ce qui est écrit dans Le Canard, ce n'est pas une maire, mais une conseillère municipale aveyronnaise qui a été condamnée. On peut y lire le détail des faits reprochés. Au passage, si l'amende est modique au regard du délit (1 000 euros pour un gain potentiel de presque 50 000 euros par an !), la sanction administrative (la privation temporaire des droits civils, civiques et familiaux) est sévère. Le tribunal a donc estimé qu'une faute grave avait été commise.

   Mais on ne connaît ni l'identité de l'élue en cause, ni le nom de la commune où se sont produits les faits. Pour cela, il faut consulter un site juridique. Grâce à lui, on découvre que la personne condamnée (en 2014) est une ancienne conseillère municipale de Mélagues, une commune située à l'extrémité sud de l'Aveyron, à la frontière de l'Hérault (juste à côté d'une commune nommée Arnac-sur-Dourdou... ça ne s'invente pas !)  :

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   Mais on n'a toujours pas l'identité de la personne condamnée. C'est fou, ça ! Régulièrement, dans la presse, on peut lire les noms des voleurs de sacs à main, des automobilistes alcoolisés, des instituteurs et curés pédophiles et même ceux des élus pris les doigts dans le pot de confiture. Et là, non !

   A ceux qui souhaiteraient connaître l'identité de la personne condamnée, je conseille une petite gymnastique intellectuelle : la comparaison de la liste des élus au conseil municipal de Mélagues en 2014 avec celle des élus de 2008. Dans les deux cas, vous remarquerez qu'il n'y a que trois femmes. Deux ont été élues en 2008 et 2014. Ce ne sont donc pas d'anciennes conseillères. Cherchez celle qui figurait au conseil en 2008 et qui ne s'y trouve plus en 2014. Je pense que c'est une parente (par alliance) d'un ancien maire de la commune.

   A l'origine du délit, il y a un projet d'implantation d'éoliennes sur le territoire de la commune de Mélagues, ardemment soutenu par le maire, Jean Milési. En février 2011, la présentation générale avait tout pour rassurer les esprits inquiets (en particulier sur les conséquences environnementales). En matière économique aussi, il semblait n'y avoir que des points positifs :

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   L'argent devait atterrir dans les poches d'institutions publiques et ainsi servir l'intérêt général. Sauf que... dans le projet, il était question de 14 éoliennes, alors que seuls les loyers de neuf d'entre elles (5 + 4) étaient destinés aux caisses d'institutions publiques. Qu'en était-il des cinq autres ? Mystère. La première réunion du comité de pilotage (à laquelle ont participé quatre des membres du conseil municipal), en mars 2011, donnait une (vague) information :

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    Le dossier d'étude d'impact de 2012, pourtant très détaillé, n'apportait pas davantage de précision sur ce point. En allant sur le site internet créé par Raz-Energie, on n'obtient que la confirmation de ce qui a été dit auparavant, sans plus :

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   En regardant bien les documents du dossier, on pouvait imaginer à qui appartenait au moins une partie des terrains concernés par l'implantation des éoliennes :

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   Le centre d'une exploitation agricole se trouve (à vol d'oiseau) à moins de deux kilomètres. Or, cette exploitation est gérée par un couple dont l'épouse était membre du conseil municipal de Mélagues (avant 2014). Si elle est bien la personne condamnée en 2014, elle n'aurait même pas dû participer aux débats préparatoires au projet... et encore moins aux votes.

   Qu'en est-il du projet d'implantation des éoliennes aujourd'hui ? Je ne sais pas trop. Il me semble qu'il a pris du retard. En 2013, le préfet de région avait donné son accord, suivi quelques mois plus tard par les conclusions du commissaire-enquêteur, qui soulignait l'adhésion massive des gens du cru (la population des communes voisines étant plus partagée). Peut-être que le verdict de 2014 a rafraîchi les ardeurs des promoteurs. De son côté, Jean Milési a été reconduit à la tête de la commune de Mélagues (en 2014), mais il a échoué aux récentes élections départementales, ne parvenant pas à se faire élire dans le vaste canton Causse-Rougiers, signe de la perte d'influence de l'ancien vice-président du conseil général de l'Aveyron.

vendredi, 22 novembre 2013

Il était une forêt

   Connu pour son formidable documentaire La Marche de l'empereur (sur les manchots de l'Antarctique), Luc Jacquet est de retour avec une œuvre d'inspiration écologiste, où les incrustations numériques jouent un grand rôle.

   Cela commence pourtant par un éloge de la tradition : le scientifique Francis Hallé (que certains de ses amis écolos surnomment "Hallé les Verts !"... OK, je sors) est filmé en train de dessiner la végétation tropicale, au crayon et au feutre fin.

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   Les gros plans sont superbes. Puis, la vision s'élargit et l'on découvre la canopée, qui fascine le chercheur, qui redoute sa possible disparition.

   Au départ, j'ai eu peur que le film ne se complaise dans la contemplation stérile des merveilles de la nature. Heureusement, il n'en est rien. Le point de départ de "l'intrigue" est la déforestation : on nous montre une zone ravagée par le feu, les engins de chantier et les tronçonneuses. C'est le départ d'une renaissance, occasion de nous raconter l'histoire de la formation d'une forêt primaire.

   J'ai été un peu surpris par les premiers effets numériques. L'arrivée des premières pousses vertes tout comme l'émergence des fougères m'ont limite agacé. Très vite, on s'habitue à ces incrustations, d'autant plus qu'elle apportent des éléments de compréhension appréciables pour un public profane.

   La forêt tropicale (ici péruvienne et gabonaise) n'abrite pas que des végétaux. Des animaux apparaissent à l'écran, comme ce petit singe, qui déguste le nectar de fleurs dont il va transporter involontairement le pollen.

   Le film excelle à conter les relations tumultueuses des mondes animal et végétal. J'ai en tête cet arbre qui, pour se protéger des chenilles, a développé une stratégie d'accueil des fourmis... qui vont faire fuir son prédateur.

   Passionnante aussi est l'histoire de la passiflore et du papillon heliconius, chacun s'adaptant à l'autre pour en profiter ou s'en protéger. Ce petit jeu du chat et de la souris est très bien rendu par les effets numériques.

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   Impressionnante est la séquence consacrée au figuier étrangleur, dont l'action, lente et irrémédiable, vient à bout d'un arbre pluricentenaire.

   Le mode de communication des lignés est illustré de manière particulièrement spectaculaire. Le film s'attache à décrire leur mode de reproduction, mais aussi la manière dont les autres sont avertis d'un danger... et le moyen d'écarter un prédateur.

   Les animaux, souvent dangereux, sont aussi de bons véhicules pour les graines qu'ils finissent par expulser, de leur bouche comme ce singe particulièrement gourmand... ou de leurs intestins, comme les éléphants.

   L'importance de l'eau pour cet écosystème est rappelée. La fin nous ramène sur la canopée reconstituée :

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   Fort logiquement, l'histoire de cette renaissance s'achève par la mort naturelle (spectaculaire) d'un arbre, elle-même source de vie. Cet hymne panthéiste d'un peu moins d'1h20 n'est pas pesant. Le rythme n'est certes pas trépidant, mais c'est pour faire comprendre que la nature avance à petits pas.

   P.S.

   La sortie du film s'accompagne de celle d'un livre, dont des extraits sont accessibles en ligne.

dimanche, 09 décembre 2012

La folie du gaz de schiste

   C'est le titre d'un petit dossier publié dans le numéro de Courrier international de cette semaine :

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   Je profite de l'occasion pour dire tout le bien que je pense de ce journal. Il a le grand mérite de rendre accessibles au public francophone des articles souvent passionnants issus de la presse étrangère. Il a aussi l'intelligence d'être vraiment bi-média : seule une partie des articles de la version papier est accessible sur le site internet, où l'on peut découvrir des contenus enrichis.

   Cela commence par une "accroche" qui replace la question dans un contexte international, même si les Français en entendent désormais régulièrement parler, comme on va le voir plus loin.

   Le premier véritable article, "Alerte rouge pour Gazprom", est extrait d'un magazine économique russe. Le géant du gaz naturel voit sa puissance remise en cause par l'essor des gaz non conventionnels (plus coûteux à exploiter en Russie). Il est bien entendu question de la dépendance réciproque qui lie l'entreprise à l'Europe, alors que la construction du gigantesque réseau de gazoducs South Stream vient d'être lancée.

   La perspective semble aussi se brouiller avec l'Asie, notamment la Chine ("Vu de Chine") qui, jusqu'à présent, trouve trop chers les hydrocarbures russes... et qui possèderait d'immenses réserves de gaz de schiste:

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   Une difficulté basique se présente aux autorités de Pékin : les plus grandes réserves sont situées dans des zones arides. Quand on connaît l'importance de l'eau dans le processus d'extraction, on se dit que ce n'est pas demain que la Chine cessera d'importer du gaz...

   En complément, sur le site internet de l'hebdomadaire, on peut lire un papier qui traite des revirements des autorités bulgares, qui tantôt semblent vouloir favoriser les investissements étrangers (occidentaux) dans l'exploration des gaz de schiste, tantôt semblent se découvrir une conscience écologique très prononcée... peut-être sous l'influence de Gazprom.

   "Vu de Varsovie", c'est l'indépendance énergétique qui semble l'emporter sur tout autre considération. Rappelons que l'ancienne démocratie populaire, bien que devenue indépendante de l'ancien "grand frère" russe, lui achète encore 70 % du gaz qu'elle consomme. De leur côté, la République tchèque et la Roumanie se montrent plus prudentes vis-à-vis du gaz de schiste, sans que l'on sache vraiment si l'on doit cette attitude au désir de préserver l'environnement ou à l'influence de Gazprom... c'est-à-dire du gouvernement russe.

   Aux Etats-Unis, c'est l'optimisme qui semble l'emporter : "Le grand retour de l'industrie aux Etats-Unis". La baisse du prix de l'énergie provoquée par l'exploitation massive du gaz de schiste semble favoriser la relocalisation d'entreprises. Nombre d'experts pensent que Washington est en passe de recouvrer son indépendance énergétique. Voilà qui pourrait bouleverser la géopolitique du Moyen-Orient : Oncle Sam ne se sentirait plus obligé d'y jouer le rôle de gendarme... ce qui contraindrait la Chine à s'y investir davantage.

   Qu'en pensent les autres pays en développement ? Au Mexique, on s'inquiète des conséquences environnementales. Au Maghreb, d'après la petite revue de presse publiée par l'hebdomadaire, le débat fait rage. L'Algérie s'inquiète de l'épuisement de ses ressources conventionnelles et, en Tunisie, s'il est indéniable que le pays aurait besoin de développer le potentiel national, la corruption semble à l'oeuvre...

   L'Indonésie vit une situation paradoxale. L'exploitation incontrôlée du charbon a fait la fortune d'une mince "élite"... et permis au pays de récupérer des devises, grâce aux exportations. Mais les principaux clients sont la Chine et l'Inde, dont les achats pourraient chuter s'ils développent l'extraction de gaz de schiste. Dans un cas comme dans l'autre, il ne semble pas y avoir de "bonne" solution environnementale.

   Cela nous ramène au débat français, alimenté aussi bien par des "experts" que par des vétérans de la politique qui ne se résolvent pas à ne plus jouer de rôle. L'été dernier, Le Monde comme La France agricole se sont fait l'écho des arguments échangés. Récemment, on a beaucoup parlé des déclarations de Michel Rocard au "quotidien de référence". La semaine passée, Midi Libre s'est penché sur la question. Comme le journal a donné la parole à des scientifiques partisans de l'exploitation, il s'est attiré l'ire de certains lecteurs.

   En complément des articles, le quotidien de Montpellier a publié une carte commentée des permis d'exploration :

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   L'Aveyron a été progressivement "libéré" de la menace. (Les curieux peuvent d'ailleurs se rendre sur le site du ministère du développement durable pour observer l'évolution de la carte des titres miniers d'hydrocarbures.) L'an dernier, trois permis, dont celui de Nant (qui englobait le Larzac) ont été annulés, sans doute grâce à la mobilisation locale (et à la proximité d'élections nationales). Il en restait 61... et l'ouest de l'Aveyron était concerné par celui de Cahors. Il fait partie des sept qui ont été rejetés en septembre dernier :

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   A suivre...

samedi, 01 septembre 2012

Le gaz de schiste toujours d'actualité

   C'est l'un des feuilletons de l'été, moins médiatique certes que la guerre civile en Syrie, les Jeux olympiques de Londres ou l'augmentation du prix de l'essence à la pompe, mais le débat n'est pas clos, contrairement à ce que certains beaux esprits ont cru, en France notamment.

   La (bonne) presse fait son travail sur le sujet. Il me semble même qu'au sein de la rédaction du Monde, des dissensions existent sur cette question, peut-être entre les économistes et les journalistes en charge de la rubrique "Planète".

   C'est à la fin du mois de juillet que les articles ont commencé à paraître en nombre. Le 25 a été mis en ligne un éditorial intitulé N'enterrons pas le débat sur les gaz de schiste. On se dit que son auteur a observé avec attention la mini-révolution en cours dans l'énergie aux Etats-Unis, qui a vu ce pays devenir le premier producteur mondial de gaz en quelques années. L'édito renvoie à un reportage (de Jean-Michel Bezat) placé au début de la version papier du quotidien, Bienvenue à Fort Worth, Texas, la capitale du gaz de schiste (accès payant), dont voici un aperçu :

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   Le lendemain, Stéphane Foucart signe un papier traitant d'un rapport bidonné (favorable au gaz de schiste) publié aux Etats-Unis, et dont l'auteur est accessoirement actionnaire d'une société de forage...

   Peu de temps auparavant, Audrey Garric, une autre journaliste de sensibilité écologiste, avait publié, sur son blog officiel, un billet sur la voracité des compagnies gazières, désireuses de forer jusque dans les cimetières...

   Le sujet rebondit au mois d'août. C'est Alain Faujas qui a dégainé le premier, avec un article intitulé Le charbon américain victime du gaz de schiste : l'exploitation de nombreux forages de gaz non conventionnel a fait chuter le prix de l'énergie et les sociétés charbonnières en sont réduites à trouver de nouveaux clients à l'exportation... notamment en Europe, où la volonté de certains dirigeants de sortir du nucléaire donne un nouvel essor à l'énergie produite à partir de houille... Bonjour la pollution !

   Fort logiquement, la rubrique "Idées" voit surgir le débat. On a pu y lire une tribune de Noël Mamère, Non, le gaz de schiste n'est pas la "nouvelle frontière". On sent le député écologiste lecteur attentif du Monde, où la parution d'articles aux perspectives différentes a dû l'inquiéter.

   Deux semaines plus tard, le sujet s'enrichit de nouveaux "papiers". On doit à Julien Bouissou, talentueux correspondant du journal à New Delhi, un article très instructif sur les conséquences de l'essor de la fracturation hydraulique sur les paysans indiens : Le haricot de guar indien dopé par le gaz de schiste. (L'article est plus balancé que ce qu'indique le titre.)

   Dans la version papier, au bas de la même page, une correspondance américaine signale l'émergence d'un nouveau problème, qui pourrait, bien plus que l'opposition des militants écologistes, limiter le développement de l'exploitation de gaz de schiste : Aux Etats-Unis, l'eau manque pour permettre la fracturation hydraulique. Il est piquant de voir deux puissants lobbys (l'agribusiness et le secteur pétrolier) entrer en conflit à ce sujet... (Et vive le réchauffement climatique !)

   Cela nous mène à la dernière chronique du médiateur (Pascal Galinier), Ecolos de vacances (joli titre !), grâce à laquelle on peut se rendre compte qu'une partie du lectorat du quotidien voudrait que celui-ci ne transmette qu'une vision militante du sujet. Ces lecteurs semblent ne pas avoir conscience que la rédaction est composée de personnes de sensibilités différentes... et c'est très bien comme ça !

   Le "quotidien de référence" n'est pas le seul à avoir suivi la question du gaz de schiste cet été. Ainsi, le numéro du 27 juillet de La France agricole contient un article de trois pages (Gaz : une révolution dans les tuyaux) annoncé en "une" :

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   Le papier se veut neutre, abordant à la fois les avantages que retirent les pays exploitant les gaz non conventionnels et les conséquences environnementales. Le contexte français (cherté du gaz, son importation) est précisé. Incidemment, on peut lire que le gaz naturel représente 50 à 80 % du coût des engrais azotés.

   On retrouve cette préoccupation dans une vidéo mise en ligne sur le site de l'hebdomadaire agricole. L'intervenant, Joël Morlet, est le président de l'Unifa, l'Union des industries de la fertilisation. Il est aussi directeur général de Yara France, une filiale d'un grand groupe norvégien (principal fournisseur d'engrais chimiques)... ainsi que PDG (et administrateur) de la SOCOFER, une entreprise fabricant des engrais, basée dans l'Indre.

   Et dans nos régions ? A la mi-août, les opposants ont organisé une marche entre Lozère et Aveyron, pour ranimer la vigilance du public. Ils sont inquiets à cause de ce qu'ils estiment être l'ambiguïté du gouvernement. Si le président de la République, François Hollande, a réaffirmé son opposition à la fracturation hydraulique, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a précisé que l'exploitation des gaz de schiste n'était toutefois pas définitivement écartée.

   Nos dirigeants ont en tête la crise économique, qui se prolonge, et le déficit de notre balance commerciale, principalement dû à l'importation d'hydrocarbures : au premier semestre 2012, ce déficit approche les 35 milliards d'euros...

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   ... alors que la facture énergétique de notre pays dépasse légèrement les 34 milliards d'euros :

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(J'ai ajouté au graphique la ligne violette, pour mieux mettre en évidence que, lors des deux premiers trimestres de l'année 2012, la facture énergétique avait légèrement dépassé les 15 milliards d'euros, ce qui nous donne un total d'environ 34 milliards pour le semestre.)

   Je pense que nos dirigeants ont aussi reçu des informations provenant de milieux scientifiques moins épidermiquement hostiles au gaz de schiste que les militants écologistes. On peut en avoir un écho dans le numéro 301 de la revue Science... et pseudo-sciences, publié en juillet 2012 :

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   On y trouve une présentation claire de ce que sont les gaz non conventionnels... et l'on découvre, au passage, que l'expression "gaz de schiste" est incorrecte. Six pages sont consacrées aux impacts environnementaux. On rentre dans le détail, puisque, par exemple, on y distingue la fracturation de la stimulation hydraulique, avec leurs éventuelles implications sismiques. Une autre partie du dossier compare la situation en France et aux Etats-Unis. Quelques réserves sont émises à propos du film Gasland.

   La revue se demande enfin s'il est possible d'exploiter "proprement" le gaz de schiste, ou avec quels coûts, environnementaux, sociétaux. (On arrive à la conclusion que, dans les régions marquées le relief calcaire, il est souhaitable, dans l'état actuel des choses, de ne pas procéder à l'extraction de gaz de schiste.) L'ensemble des articles n'a pas pour but de défendre les industriels, mais de replacer le sujet d'abord dans son contexte scientifique.

dimanche, 11 mars 2012

Fukushima, un an après

   L'hebdomadaire Courrier international consacre cette semaine un petit dossier papier très intéressant à la catastrophe de Fukushima et à ses conséquences, dossier annoncé en couverture par l'extrait d'un manga inspiré par les événements :

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   Le coeur du dossier est une longue enquête menée par l'un des principaux quotidiens japonais, Asahi Shimbun : "Le jour le plus long pour les sinistrés". On y  découvre la vie quotidienne des habitants d'une zone a priori préservée des radiations (mais qui allait en recevoir une bonne dose), les jours suivant la première explosion dans la centrale. Un groupe de réfugiés a eu le réflexe de partir encore plus loin, incité par la personne qui les accueillait, et qui avait rencontré de curieux hommes en tenues blanches devant chez elle... A lire.

   Le numéro papier est richement illustré. Avec le recul d'un an, l'ensemble constitue une bonne base pour comprendre les tenants et aboutissants de cet accident nucléaire majeur.

   En flânant sur le site de l'hebdomadaire, on peut trouver d'autres articles, un peu plus anciens, tout aussi intéressants. Du même quotidien a été traduit "Comment un pays irradié est devenu pronucléaire". Sachez aussi que les Etats-Unis ont jadis envisagé la construction d'un réacteur nucléaire... à Hiroshima ! C'était le bon temps de la Guerre froide...

   On nous propose en sus une brochette de caricatures internationales. Sur le fond, les deux plus réussies, pour moi, sont celles parues dans un journal autrichien (Der Standard) et un néerlandais (Het Parool) :

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   Mais, d'un point de vue graphique, je préfère celle parue dans le Philadelphia Daily News, qui recycle la figure de Godzilla, un monstre issu de la culture japonaise contemporaine, dont la naissance est liée à l'énergie nucléaire :

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   Je regrette toutefois que l'on ne trouve aucun dessin issu de la presse japonaise (ou des blogueurs locaux).

   Les Occidentaux ont tendance à parler du "Tchernobyl japonais" (en oubliant un peu vite que l'écrasante majorité des personnes décédées ont été victimes du tsunami). Au pays du soleil levant, on a pu aussi comparer la catastrophe au 11 septembre américain, comme le suggère la couverture de cet hebdomadaire :

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   Parmi la floppée d'émissions diffusées à l'occasion de cet anniversaire, je me permets de recommander un numéro d'Interception, le magazine de la rédaction de France Inter, "Les enfants de Fukushima", diffusé le 4 mars dernier.

   Mais revenons à la catastrophe nucléaire. La perception de sa gravité, aujourd'hui encore, varie selon l'endroit où l'on se trouve. Cela a conduit des blogueurs nippons ("les pirates barbus") à proposer une cartographie ironique de la chose. (Je suis arrivé là grâce à un autre blog, français, consacré à la culture nipponne : Kanpai.)

   Ainsi, les habitants de la région du nord-est (où se trouve la centrale de Fukushima-Daichi) imagineraient que la zone sinistrée est assez restreinte, limitée à leur environnement proche :

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   Les habitants de Tokyo auraient bien conscience que les "dégâts collatéraux" sont plus étendus... mais plutôt vers le nord, pas vers chez eux !

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   C'est un optimisme que ne partageraient pas les habitants de la grande île du nord, Hokkaido, qui voient plus de la moitié de Honshu contaminée... sans que le détroit de Tsugaru, qui sépare les deux îles, ne soit franchi !

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   A l'inverse, du côté d'Osaka et de Kobe, si l'on imagine bien Tokyo touchée, on ne croit pas Hokkaido épargnée :

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   Les plus pessimistes des Japonais seraient les habitants d'Okinawa, une des îles du Sud-Ouest (représentées à droite sur la carte). S'ils imaginent le Japon presqu'entièrement contaminé, ils en exemptent bien entendu sa partie méridionale :

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   Selon les auteurs du blog, les étrangers n'auraient pas de ces préventions : ils estiment que la totalité du pays est touchée, jusqu'aux îles les plus excentrées :

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   De la part des auteurs, il faut voir ce dessin comme le résultat des observations faites au moment de la crise : les expatriés ont fui le pays en masse (même si nombre d'entre eux sont restés par solidarité envers leurs collègues japonais), peut-être parce qu'ils étaient mieux informés que les nationaux quant à la gravité de la catastrophe.

   Mais le blog se veut surtout critique de l'attitude du gouvernement et de l'entreprise Tepco. Voici qu'elle était l'étendue de la contamination selon les autorités publiques :

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   Pour la Tokyo Electric Power Company, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes :

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   Pour terminer sur une note un peu plus joyeuse, je vous conseille de visionner un petit film conçu pour expliquer aux enfants les enjeux de la catastrophe nucléaire... sans trop les alarmer. Alors, Fukushima, caca boudin ou prout-prout ?

samedi, 14 janvier 2012

Rodez, la pollution et la RN 88

   Le serpent de mer du grand contournement de Rodez ne cesse de faire parler de lui. Pourtant, une partie du personnel politico-administratif local pensait avoir définitivement clos le dossier. Ainsi,  la préfecture se cale sur les décisions ministérielles. Or, le gouvernement n'a inscrit ni le doublement de la RN 88 dans l'Aveyron ni le grand contournement de Rodez dans le SNIT (Schéma National des Infrastructures de Transport), dont la dernière version date d'octobre 2011) : lisez à partir de la page 55 du rapport (puis page 188). Les services de l'Etat n'estiment pas que le doublement de la RN 88 réponde à des enjeux de sécurité, de désenclavement (!!) ou de congestion (!!!).

   Concernant le Conseil général, on a compris que Jean-Claude Luche et sa majorité ne feraient rien en faveur du décongestionnement du Grand Rodez. Le lancement du projet du "barreau de Saint-Mayme" n'est pour moi que de la poudre aux yeux... une poudre extrêmement coûteuse, puisqu'elle va pomper 25 millions d'euros (selon une première estimation)... soit presque un musée Soulages... pour une utilité comparable.

   Dans l'agglomération ruthénoise même, les avis sont partagés. Le maire de Rodez, Christian Teyssèdre (partisan du grand contournement, financé au moins en partie par l'Etat), a, dans Le Ruthénois de la semaine dernière, révélé les réserves des maires de Luc-Primaube et de Druelle vis-à-vis d'un grand contournement. (Mais ce seront sans doute les premiers à râler quand la circulation automobile aura complètement saturé les axes routiers qu'empruntent leurs électeurs...)

   Dans le numéro de cette semaine, c'est au tour de l'ancien maire de la commune du Piton, Marc Censi, d'intervenir. Il tape sur les doigts de Christian Teyssèdre, qu'il accuse d'avoir négligé le syndicat mixte de la RN 88. Mais, quand on lit entre les lignes, on s'aperçoit qu'il s'en prend aussi aux élus de droite. Malicieusement (à mon avis), il rappelle qu'à son époque, le projet de contournement du Puy-en-Velay paraissait mal parti... alors qu'il est aujourd'hui en voie d'aboutissement, avec une contribution de l'Etat supérieure à 80 millions d'euros. Et voilà pour ceux qui affirment que le gouvernement n'a plus d'argent... pour les projets des collectivités de gauche, bien entendu. Pour l'intérêt général, on repassera...

   Marc Censi adresse aussi une pique à l'actuelle majorité départementale (de droite), puisqu'il se montre à nouveau fermement opposé à la transformation de l'actuelle rocade en autoroute urbaine, une idée qui pourtant trotte dans la tête de Jean-Claude Luche. Cela nous amène à un article du dernier numéro du Nouvel Hebdo, qui évoque un rapport de l'Observatoire régional de l'air en Midi-Pyrénées (l'ORAMIP), datant de 2006. Ce rapport, consacré au périphérique toulousain, peut s'avérer riche d'enseignements avant de décider de transformer la rocade en autoroute.

   On peut aussi consulter avec profit un dossier plus récent (il date de 2010), consacré à la qualité de l'air dans le Grand Rodez. On y apprend que la pollution n'y est pas aussi élevée qu'on pourrait le croire (peut-être justement parce que la rocade n'a pas été transformée en autoroute). Certains points n'en restent pas moins critiques. Personne ne sera surpris de retrouver la zone comprise entre les ronds-points des Moutiers et de Saint-Félix. Au centre-ville, il semble que les rues Béteille et Saint-Cyrice, ainsi que l'avenue de Bordeaux, concentrent les nuisances les plus fortes.

   Les récentes déclarations d'Yves Censi, député de la première circonscription de l'Aveyron (qui englobe le Grand Rodez), si elles sont sans doute inspirées par la proximité d'échéances électorales, ne devraient toutefois pas être critiquées avec tant de force par les élus de gauche du chef-lieu départemental. Au Grand Rodez, quelqu'un pourrait prendre l'initiative de discuter avec Yves Censi.

   Mais il me semble que tout le monde attend le résultat des différents scrutins à venir avant de s'engager dans quoi que ce soit.

jeudi, 06 octobre 2011

L'Aveyron, gros dégueulasse

   Dans le département, l'année 2010 a notamment été marquée par la polémique née de la fermeture du site du Burgas, à Sainte-Radegonde (commune située à la périphérie immédiate de Rodez) et l'ouverture du quai de transfert (provisoire) à Sébazac-Concourès. L'hebdomadaire local Le Ruthénois s'est penché à plusieurs reprises sur cette affaire, notamment dans le numéro 5, le numéro 7 et le numéro 12.

   En gros, je n'ai rien à ajouter aux billets écrits l'an dernier (ni à ma -modeste- contribution au site Aligorchie). Le changement survenu depuis cette date est le début de la construction du quai de transfert définitif, sur le territoire de la commune de Sainte-Radegonde... après bien des péripéties.

   Et puis, voilà-t-y pas que Le Monde s'en mêle ! Le numéro daté du jeudi 6 octobre contient un article (signé Gilles van Kote) consacré aux départements contraints d'exporter leurs déchets (chez les voisins). Il est illustré par une carte fort intéressante :

Déchets 06 10 2011.jpg

   J'ai retouché l'image de manière à mieux mettre en valeur certaines zones. Ainsi, on remarque qu'il ne semble pas y avoir de lien entre la démographie des départements et leur capacité à traiter eux-mêmes les déchets produits par la population qu'ils abritent.

   En effet, parmi les départements dont on pense qu'ils n'auront pas, en 2015, la capacité à traiter leurs déchets (entourés de rouge), on trouve aussi bien le Nord (le plus peuplé du pays), le Rhône (avec Lyon), la Moselle et les Alpes maritimes que le Sud du Massif Central (avec l'Aveyron au coeur de la zone...).

   De la même manière, parmi les départements dont la capacité est estimée suffisante (avec des points verts), on trouve aussi bien ceux de l'agglomération parisienne (Paris et la petite couronne) et la Gironde que les plaines du Bassin parisien et les marches Nord et Est du Massif Central.

   La couleur politique ne semble pas plus être un facteur explicatif. Reste le dynamisme des élus (et leur sens des priorités), qu'ils soient de gauche, de droite ou d'ailleurs. Or, dans l'Aveyron, force est de constater que les deux camps ont l'esprit tourné vers des projets aussi dispendieux qu'inutiles (le musée Soulages pour la gauche du Grand Rodez, le barreau de Saint-Mayme pour la droite départementale).

samedi, 14 mai 2011

Cascade aveyronnaise : un vote qui ne coule pas de source !

   Vendredi 13 mai s'est réunie la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites, organe consultatif amené à se prononcer sur le projet de la préfecture de l'Aveyron concernant la cascade de Salles-la-Source. C'est l'une des polémiques du moment, qui fait s'entrecroiser politique locale, protection du patrimoine, arrière-plan historique... et gros sous.

   Cette commission, présidée par la préfète de l'Aveyron, est composée de la manière suivante :

- des membres de droit, hauts fonctionnaires, dont le chef de la DREAL ; en tant que membres de droit, ils sont indépendants de toute nomination... mais oseront-ils s'opposer à un projet de la préfecture ?

- des représentants élus des collectivités territoriales

- des "personnalités qualifiées" (des scientifiques et des membres d'associations)

- des "personnalités compétentes" (en fonction du sujet abordé)

   Sauf erreur de ma part, les deux dernières catégories regroupent des membres nommés par la préfecture.

   Du coup, lorsque la préfète est venue présenter son projet (favorable à la reconduction de la micro-centrale électrique), on pouvait s'attendre à ce que la majorité se prononce clairement en sa faveur. Sauf que... il semble y a voir eu des problèmes à l'allumage : sur 18 voix potentielles, le projet n'en a recueilli que 8, l'opposition 7, 2 membres s'étant abstenus... et il y aurait eu un-e absent-e ?

   Difficile de connaître le détail du vote. D'après un article de La Dépêche du Midi, le vice-président du Conseil général Pierre-Marie Blanquet aurait voté contre. Et les autres élus aveyronnais ? D'après le site Ranimons la cascade ! , tous les fonctionnaires ont voté pour... Quel beau sens de la discipline !

   Restent les deux abstentionnistes, qui auraient pu faire basculer le scrutin. Sans les connaître et sans vouloir présumer de leurs motivations, on peut cependant affirmer que, par le non-vote, ils ont exprimé leur méfiance vis-à-vis du projet proposé :

- s'il est bon, pourquoi ne pas avoir voté en sa faveur ? (A moins que ce ne soient deux élus locaux qui n'aient pas voulu "se mouiller"...)

- s'il est mauvais, il aurait fallu prendre un risque : désavouer l'autorité publique ; s'abstenir était un moindre risque...

   Pour plus de transparence (après tout, ne sommes-nous pas en démocratie ?), il serait bon que le vote de chaque membre de la commission soit connu.

vendredi, 29 avril 2011

La cascade de Salles-la-Source

   Salles-la-Source est une charmante commune d'environ 2 000 habitants, située à proximité de Rodez, au nord-ouest de l'agglomération :

Carte Aveyron.jpg

   Dans le département (et au-delà), elle est réputée pour sa cascade, très pittoresque, dont le site peut faire l'objet d'une petite randonnée.

   Cette cascade est plus ou moins spectaculaire, selon le débit des sources qui l'alimentent... et selon les prélèvements effectués par un producteur (privé) d'électricité. C'est l'objet de la polémique qui agite la région depuis plusieurs années. Une association, " Ranimons la cascade ! ", s'est créée pour préserver le site naturel de l'exploitation industrielle. Régulièrement, la presse se fait l'écho de ses initiatives. Elle est soutenue par la mairie, dont un communiqué est paru ce vendredi dans Centre Presse :

C Presse 29 04 2011.JPG

    L'arrêt de l'exploitation est réclamé, alors que la préfecture veut maintenir la production d'électricité, tout en préservant le cadre de la cascade :

politique,écologie,environnement,presse

   Le 2 février dernier (toujours dans Centre Presse), la préfète avait détaillé la position de ses services sur la question, en réponse au président de l'association "Ranimons la cascade !". J'ai souligné plusieurs passages qui me paraissent importants. En rouge, j'ai mis en valeur plusieurs aspects de la position préfectorale. Il paraît évident que la préfète n'envisage pas un instant l'arrêt de la petite centrale hydroélectrique. C'est donc sur le versement (par l'exploitant) d'une redevance que travaille son administration. Signalons que ledit exploitant ne verse plus rien depuis plus de cinq ans... On notera aussi que la préfète admet que la personne qui a conduit l'enquête publique s'avouait pas tout à fait compétente sur certains points...

   En vert j'ai souligné les passages évoquant l'action du Conseil général, dont on parle peu dans cette affaire. Et pour cause... Jean-Claude Luche et sa majorité ont roupillé sur ce dossier : leur réponse a été déclarée favorable (à l'exploitant de la mini-centrale) parce qu'ils n'ont pas rendu d'avis dans le temps imparti ! Par contre, les fonctionnaires du Conseil général, eux, se sont mouillés... en faveur de l'exploitant. Signalons (mais c'est sans doute un hasard) que la commune de Salles-la-Source est située dans le canton de Marcillac-Vallon, dont l'élue, Anne Gaben-Toutant, n'appartient pas à la "Majorité départementale"...

   J'ai aussi encadré (en bleu) un paragraphe qui expose les désagréments provoqués par un débit trop important de la cascade. C'est un temps aujourd'hui lointain... Reste à en déterminer un débit minimal, alors que le renouvellement de la concession précise que l'exploitant pourra accroître la production d'électricité hydraulique... et donc sans doute diminuer le débit de l'eau alimentant la cascade.

   Cette histoire est remontée jusqu'aux oreilles d'un journaliste du Canard enchaîné qui, dans l'édition du 20 avril dernier, a évoqué l'affaire :

C enchaîné 20 04 2011.JPG

    Si la fin de l'article a pu déplaire aux sympathisants de "Ranimons la cascade !", le reste du papier apporte un arrière-plan historique sur lequel il n'est pas inintéressant de revenir.

   Que dit l'ami coin-coin ? Que le détournement de l'eau des sources remonte aux années 1920. De 1921 à 1930, Amédée Vidal fut sénateur de l'Aveyron... et plus que cela. C'était une sorte d'archétype du notable de la IIIe République : il avait une formation d'avocat et possèdait du terrain, dans l'Est du département. S'ajoutait à cela une activité industrielle : une filature, à Salles-la-Source, pour laquelle je pense qu'il devait déjà recourir à l'eau des sources. En 1928 donc, il obtient de pouvoir utiliser l'eau pour alimenter sa centrale hydroélectrique.

   Voyez le beau paradoxe géographique : ce sénateur aveyronnais fut aussi maire, conseiller d'arrondissement puis conseiller général... de Peyreleau (à proximité de Millau), alors qu'il était possessionné juste au sud de l'Aubrac (à Saint-Laurent-d'Olt) et qu'il avait développé une activité industrielle à proximité de Rodez ! Cela donnait ceci :

Amédée Vidal.jpg

    (Sur la carte, j'ai colorié en violet le territoire de la commune de Rodez.)

   Du côté de Salles-la-Source, Amédée Vidal n'était de surcroît pas privé de soutien. En 1930, le Conseil municipal avait autorisé l'occupation du domaine public (un point qui fait aujourd'hui encore débat). Dans cette région, plusieurs représentants de la famille Gaffier ont exercé des responsabilités. Edouard Gaffier a été député de Rodez et président du Conseil général de l'Aveyron. Deux de ses neveux, Bernard et Henri, se sont succédé au poste de 1er adjoint à la mairie de Salles-la-Source, entre 1945 et 1959. Or, il se trouve qu'Edouard Gaffier n'était autre que... le cousin germain  (par alliance) d'Amédée Vidal. (Je tire ces informations de l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille, les têtes couronnées de la démocratie.) Comme le monde est petit ! (D'après un livre publié en 1924,  accessible sur Google books, Amédée Vidal avait épousé une fille Gaffier, qui devait donc être la cousine germaine d'Edouard.)

   L'actuel maire de Salles-la-Source, en place depuis 2008, ne semble pas lié à cette fratrie, alors que l'exploitant de la mini-centrale, Jean-Gérard Guibert, est, selon Le Canard enchaîné, un descendant d'Amédée Vidal. La montée de l'opposition à la mini-centrale serait-elle liée à la perte d'influence d'une famille dans la commune ? Il est difficile de conclure.

   Il est aussi évident qu'il est question de gros sous. L'entreprise dirigée par Jean-Gérard Guibert, la "Société hydroélectrique de la vallée de Salles-la-Source - Etablissements Amédée Vidal", a réalisé, en 2009, un résultat net de  19 000 euros, pour un chiffre d'affaires de 206 000, soit plus de 9 % ! (L'excédent brut d'exploitation se montait lui à 42 000 euros.) A titre de comparaison, le dernier bilan chiffré de L'Epi du Rouergue (entreprise bien connue des Aveyronnais) fait apparaître un résultat net de 190 000 euros, pour un chiffre d'affaires de 11 930 000, soit environ 1,6 %.

   Il n'est pas impossible non plus que la politique partisane se greffe sur l'affaire. Il me semble que, à tort ou à raison, les dirigeants de l'association "Ranimons la cascade !" sont classés plutôt à gauche, alors que la préfète (récemment promue officier de la légion d'honneur) et l'entrepreneur, à tort ou à raison, sont étiquetés plutôt à droite.

   Bref, pour le citoyen de base, au-delà de l'aspect patrimonial et touristique de la cascade, les soubassements de la controverse ne sont pas suffisamment éclairés.

dimanche, 24 avril 2011

"Gasland"... et la France

   J'ai vu une version raccourcie du film (d'une durée d'environ trois-quarts d'heure, le double pour la version intégrale), projetée lors de réunions d'information (elles se sont multipliées ces dernières semaines dans le Sud du Massif Central).

   L'auteur, Josh Fox, n'était sans doute pas destiné à s'engager dans un combat de ce type.  (Apparemment, il travaille dans le milieu du théâtre.) Comme il l'explique au début, c'est parce qu'il a été contacté par une entreprise qui exploite les gisements de gaz de schiste qu'il s'est renseigné... et qu'il est devenu farouchement opposé aux procédés industriels mis en oeuvre.

   Dans la lignée des (bons) documentaristes polémiques américains, il fait le lien entre pouvoir politique et lobbying économique. Le paradoxe est que, si c'est bien sous la présidence républicaine de George W Bush que les entreprises du secteur ont obtenu des facilités d'exploitation, c'était en contradiction avec la législation protectrice de l'environnement (notamment de l'eau), mise en place sous un autre président républicain, Richard Nixon (qui ne fut pas que le poseur de micros du Watergate... il avait cependant dû composer avec un Congrès démocrate). On retrouve l'influence de Michael Moore quand le réalisateur nous montre les difficultés qui se sont présentées à lui quand il a voulu rencontrer des représentants des industriels.

   Vient ensuite la description des procédés mis en oeuvre. N'étant pas biochimiste, je n'ai pas pu apprécier toute la poésie des noms qui nous sont débités. Reste que quelques-uns d'entre eux évoquent plutôt des produits toxiques. A cela s'ajoute la description, pédagogique, de l'hydrofracturation. Elle nécessite des quantités pharaoniques d'eau... sans parler de son transport. (Au passage, signalons qu'au niveau du sous-titrage, on semble avoir eu des problèmes à convertir les gallons en litres...)

   Mais la partie la plus touchante du film est celle qui propose les témoignages de ceux qui subissent déjà les conséquences de l'exploitation des gaz de schiste. Josh Fox s'est rendu en Pennsylvanie, puis dans l'Ouest des Etats-Unis, notamment au Texas et au Colorado... et ce qu'il nous montre fait frémir.

   Les humains comme les animaux (dont les poils tombent) deviennent malades. Cela semble dû à la consommation de l'eau. A la pollution de l'eau s'ajoute celle de l'air. Dans les régions très rurales (où la densité est inférieure à cinq habitants par kilomètre carré), il n'existe souvent pas de système public d'adduction d'eau. Les habitants sont donc conduits à forer leur propre puits pour accéder à une source souterraine. Ce sont ces sources qui sont contaminées. Cela nous donne les scènes les plus spectaculaires du film, avec cette eau du robinet qui prend feu au contact de la flamme d'un briquet...

   Les défenseurs des industriels ont d'ailleurs tenté de démonter cet argument... ce dont on retrouve une trace dans l'une des interventions de la ministre de l'Ecologie (du Développement durable, des Transports et du Logement), Nathalie Kosciusko-Morizet, lors du débat qui s'est tenu le 29 mars 2011 à l'Assemblée nationale (voir dans le dernier quart du compte-rendu). Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'il ne faut pas oublier que la ministre est polytechnicienne, même si elle  a choisi une spécialisation en biologie. Pour être honnête, il faut ajouter que c'est son prédesseur, Jean-Louis Borloo, qui a signé les permis d'exploration qui font polémique en France.

   Dans notre beau pays, on se soucie beaucoup de la question énergétique. Les élites qui nous gouvernent, au-delà d'un discours désormais très convenu sur le développement durable, semblent surtout préoccupées par le nucléaire et les énergies fossiles. On croit que la France en est dépourvue. C'est une erreur, comme on peut le constater sur le site du ministère du Développement durable. Si, pour l'instant, c'est l'exploitation des gisements "classiques" d'hydrocarbues qui a été privilégiée, de nombreux permis d'exploration ont été accordés... et d'autres sont envisagés.

   L'Aveyron est concerné à deux niveaux. Le Sud-Est du département (tout comme la Lozère, le Gard et l'Hérault) est menacé par le permis de Nant (du nom d'une commune aveyronnaise) :

Aveyron schistes LaDépêche 27 01 2011.jpg

   On remarque que, concomitamment à ce permis, d'autres ont été accordés, pour le Gard seul et pour l'Ardèche (celui de Villeneuve-de-Berg). Comme aux Etats-Unis, les régions touchées sont, en général, à faible densité de population. Ce sont des groupes puissants qui ont obtenu les permis : une filiale de Total (Total Gas Shale Europe), GDF-Suez et surtout Schuepbach Energy LLC, une entreprise texane qui utilise les procédés mis au point par Halliburton... et qui visiblement n'a pas l'intention de renoncer (du moins, pas sans d'appréciables compensations).

   Sur un blog de sensibilité écologiste, on peut trouver une carte plus précise du territoire aveyronnais concerné par le permis de Nant :

Carte topo.jpg

   Mais une autre partie du département est menacée : le Quercy, inclus dans ce qui pourrait devenir le permis de Cahors :

Permis de Cahors LaDépêche 02 03 2011.jpg

    Des questions restent posées. Est-il possible d'exploiter ces fameux gaz de schiste sans provoquer les dégâts montrés dans le film Gasland ? Accorder un permis d'exploration n'est-il pas une manière de se lier les mains, ceci devant forcément déboucher sur un permis d'exploitation ? Les citadins qui nous gouvernent ont-ils l'intention de s'asseoir sur la qualité de vie des ruraux ?

   Notons qu'en Seine-et-Marne, terre d'élection de piliers de l'UMP comme Christian Jacob et Jean-François Copé, l'exploration est menée par une société "indépendante", Toreador Ressources Corporation, dont le vice-président se nomme Julien Balkany (demi-frère de Patrick Balkany...) et dont l'un des principaux dirigeants est un autre Français, polytechnicien, énarque, ancien de Total : Bernard de Combret.

   Affaire à suivre...  

jeudi, 14 avril 2011

Interro surprise pour Cécile Duflot

   Je retarde un peu sur le sujet, mais je dois avouer que la carrière de la secrétaire nationale des Verts ne fait pas partie de mes sujets de préoccupation. Je suis tombé sur le buzz en effectuant des recherches sur la catastrophe qui frappe le Japon.

   J'ai donc appris que, interrogée sur BFM TV, la miss écolo avait situé le Japon... dans l'hémisphère Sud ! (Je ne reviens même pas sur la faute de français "cet accident ayant survenu"...) Observons un planisphère pour nous en convaincre :

Duflot Japon.jpg

    J'ai encerclé de noir le territoire japonais et fait figurer l'emplacement de l'équateur par un trait rouge épais. Comme on peut le voir, le risque de confusion est faible.

   On pourrait se dire, après tout, que c'est lié au stress, que c'est un lapsus, qu'elle ne peut pas être omnisciente et que nombre de politiques font régulièrement la preuve de leur inculture. (De Nicolas Sarkozy sur Al Qaïda à Frédéric Lefebvre sur "Zadig et Voltaire" en passant par Philippe Douste-Blazy et les juifs britanniques, la presse qui ne se veut pas de complaisance a eu du grain à moudre.)

   Mais là, tout de même, c'est un peu gros, sur un sujet hyper médiatisé, abondamment illustré par des cartes précises. De surcroît, j'ai appris que Cécile Duflot est titulaire d'un DEA de géogaphie (consacré au "lieux de vacances", d'après Le Monde) !

   Certains mauvais esprits sont allés jusqu'à se demander si Cécile Duflot pourrait situer sur un planisphère les îles Maldives (entourées de jaune sur la carte), où elle fut récemment amenée à se rendre en vacances (c'est tout de même une spécialiste de ce genre de lieux !), provoquant une mini-polémique dont en gros presque tout le monde se fout.

   Le plus consternant dans cette affaire est qu'en face la journaliste Ruth Elkrief (elle-même titulaire d'un DEA en Sciences politiques) n'a pas rectifié. Etait-ce indulgence ? Etait-ce dû à la méconnaissance ? Un grand merci en tout cas à l'envoyé spécial qui a remis les choses à leur place (voir la fin de la vidéo).

   Cette jeune femme ambitieuse (elle pense à l'élection présidentielle en s'épilant) devrait tout de même améliorer ses connaissances géographiques. Au sein d'Europe-Ecologie-Les Verts, on pourrait lui conseiller les services d'une prof de collège aveyronnaise (récemment candidate sur le canton de Rodez-Est), Emily Teyssèdre-Jullian...

   P.S. (4 juin 2011)

   J'ai découvert tardivement la chronique de Tanguy Pastureau. J'adore !

vendredi, 10 décembre 2010

Ma facture d'électricité

   Cela fait partie des "douceurs" que l'on reçoit à l'approche des fêtes de fin d'année. J'y ai été d'autant plus attentif que je me suis récemment intéressé au devenir des barrages hydroélectriques situés sur le Lot et la Truyère, abordé notamment lors de la réunion publique d'Entraygues.

   J'ai remarqué il y a un petit moment déjà que la facture détaillée révèle, quand on prend la peine de la lire et de l'analyser, quelques informations sur la manière dont le con-sommateur moyen se fait entuber. Je me suis amusé à construire un demi-camembert illustrant la composition de ma facture globale :

Facture EDF 2010.jpg

   Première surprise : la consommation ne représente que 42 % de la somme payée par moi en 2010... devant, ô surprise, l'abonnement (environ 80 euros au total). Voilà qui n'est pas sans rappeler des choses aux clients de France Télécom... Pour être honnête, il faut signaler que le tarif de cet abonnement a diminué de 18 centimes d'euro, soit une baisse de 2,8 %... largement compensée par l'augmentation du prix du kilowatt-heure (+7,3 % en heure creuse et + 7,4 % en heure pleine). Ah, la poésie des quatre chiffres après la virgule !

   Du coup, j'ai rejeté un coup d'oeil à mon bilan 2009... et j'en tire des conclusions similaires. Le tarif de l'abonnement avait diminué de 16,8 %, le prix du kilowatt-heure avait lui augmenté de 10 % en  heure creuse et de 4,5 % en heure pleine. Rétrospectivement, j'ai ressenti comme une vive douleur au niveau de l'anus...

   Les taxes tant décriées (au premier rang desquelles la T.V.A.) ne pèsent finalement que pour 20 % de la somme. Restent 6 %. C'est la cerise sur le gâteau : il s'agit de la C.T.A. (contribution tarifaire d'acheminement) et de la C.S.P.E. (contribution au service public d'électricité). La première finance... la retraite des employés d'EDF-GDF (donc celle de notre bien aimé maire de Rodez Christian Teyssèdre... J'en vois qui sont sur le point de faire une attaque !). La seconde permet notamment aux producteurs d'énergie renouvelable de voir leur courant acheté à tarif avantageux par EDF. (Les contempteurs des éoliennes sont priés de se calmer !)

   Amis consommateurs, sachez que l'entubage n'est pas prêt de s'achever, car approche à grands pas l'invasion des compteurs électriques intelligents ! C'est nous qu'on va devoir les payer ! En plus, ils vont nous espionner ! Quant à l'argument-massue (les économies que nous sommes supposés réaliser à l'usage, en adaptant notre consommation aux tarifs horaires), il me paraît bien utopique et ne tient pas compte des rythmes de la vie moderne. Dans cette affaire, les grands gagnants seront EDF et GDF-SUEZ, qui vont pouvoir supprimer des postes de techniciens... grâce à l'argent des abonnés ! Trop fort !

mercredi, 27 octobre 2010

Du Nutella bio (2)

   J'ai profité de mon passage dans ma grande surface de référence pour approfondir ma comparaison des pâtes à tartiner chocolatées. A ma grande surprise, j'ai trouvé le produit de Jardin Bio chez Leclerc (caché juste à côté du coin réservé aux produits issus de l'agriculture biologique), évidemment moins cher qu'au Monoprix. A l'intérieur même du rayon consacré aux sucreries, l'hégémonie nutellaesque était (vaguement) contestée par un autre produit bio :

Alteréco.jpg

   Il est de surcroît issu du commerce équitable, sous la marque Alter Eco. Ce sont certains ingrédients qui proviennent  de cette filière : le sucre de canne, le cacao maigre et la vanille en poudre. En bonus, la lécithine de soja est garantie sans OGM. Le produit est même moins cher que celui proposé par Jardin Bio : il culmine à 8 euros le kilo (3,28 euros les 400 grammes) contre plus de 10 euros pour son concurrent (3,38 euros les 350 grammes). Même la composition semble plus proche de celle du "vrai" Nutella : chez Alter Eco, la pâte à tartiner contient 13 % de noisettes et 7 % de cacao maigre.

   Le seul problème est le goût. Celui de la pâte Alter Eco m'a rappelé les marques de distributeur que les grandes surfaces ont lancées pour prendre une part du marché monopolisé par Nutella. Je préfère donc le plus cher des produits bio, celui de Jardin Bio... Mais j'ai quand même acheté un pot de Nutella en plus !

   C'est là qu'en me livrant à un autre petit calcul, j'ai réalisé que l'hypermarché n'a pas renoncé à une pratique commerciale contestable. Normalement, quand on achète une plus grande quantité d'un produit (surtout si c'est signalé sous forme promotionnelle), le prix au kilo doit être plus faible. Ce n'est pas exact à propos du Nutella. Ainsi, à un mètre d'intervalle, deux grands formats sont proposés : 750 et 825 grammes. Le premier pot est bien entendu moins cher que le second : 3,17 euros contre 3,55. Cependant, quand on compare les prix au kilo, le pot de 825 grammes apparaît un peu plus cher : 4,30 euros contre 4,22. Le client a donc intérêt à choisir le pot de 750 grammes, même si la différence est faible (mais les petits ruisseaux...). (J'ai remarqué le même phénomène en comparant les prix des boîtes de thon naturel.)

 

lundi, 25 octobre 2010

Du Nutella bio !

   Le gros problème des concurrents de la célèbre pâte à tartiner du groupe Ferrero est de copier son goût. Tous les groupes d'hypermarchés ont tenté de lancer un rival sous leur marque, sans succès jusqu'à présent : Nutella détient environ 90% du marché français !

   Ceux qui ont fait l'expérience ont pu constater à quel point la saveur du produit est difficile à imiter ou à concurrencer. C'est au point même que lorsqu'une version étrangère du produit nous est proposée, on sent la différence, ainsi que je l'ai raconté il y a quelques années, lorsque je me suis aperçu que ma grande surface habituelle avait substitué du Nutella fabriqué en Pologne au produit élaboré en France (plus précisément en Seine-Maritime).

   J'ai finalement trouvé un concurrent satisfaisant, d'autant plus qu'il est issu de l'agriculture biologique :

Nutella bio.jpg

   Le goût est différent de la célèbre pâte à tartiner, mais c'est aussi bon. C'est par contre un peu plus riche en calories (558 Kcal aux 100 grammes contre 530 pour le Nutella), parce que la proportion de lipides est plus forte (36,1 contre 31). Pour être honnête, je peux ajouter que la proportion de noisettes est plus faible dans le produit bio (10% contre 13%), tout comme celle de cacao (5% contre 7,4%). Cependant, tous les ingrédients sont issus de l'agriculture biologique et c'est de l'huile de tournesol (et non de l'huile de palme) qui est utilisée. Dernière chose : c'est deux fois plus cher que le produit vedette de chez Ferrero !

   Si vous êtes toujours intéressés, vous pouvez aller faire un tour sur le site de Jardin Bio, où vous trouverez plein d'autres choses. On peut même rechercher les boutiques qui vendent leurs produits... même si toutes ne sont pas référencées. Ainsi, je me suis procuré le "Nutella bio" au Monoprix de Rodez (qui offre une belle palette d'aliments estampillés "AB"), alors que, selon le site, aucun magasin du département de l'Aveyron n'en vend. Y a quelques progrès à faire !