vendredi, 13 octobre 2006
Spectacle d'Olivier Sauton
Récemment, j'ai assisté à un spectacle "comique" (je n'aime pas trop ce mot... je préfère "humoristique"), dans un théâtre (euh une salle en sous-sol pour être plus précis) du XIXe arrondissement de Paris, La Providence. Le principe est le suivant : c'est gratuit, on donne ce que l'on veut à la fin. Le spectacle s'appelle Tu ne crois pas si bien rire. C'est assez révélateur du style d'Olivier Sauton, qui manie la langue française avec une dextérité certaine. On sent (avant même qu'il ne le dise à la fin) que son modèle est Pierre Desproges (Sauton est un moraliste, pas uniquement un amuseur), mais j'ai perçu d'autres influences, ou j'ai senti comme une parenté parfois entre son style et celui de Jean-Luc Lemoine (dans le sketch sur les femmes) ou encore celui de Dany Boon (plutôt au niveau de l'attitude, là).
Le spectacle dure un peu plus d'une heure. L'introduction et la conclusion sont soignées, même si cela donne parfois l'apparence de l'improvisation. Sauton a ce talent et sait aussi jouer avec le public. C'est aussi un bon acteur, capable de se mettre rapidement dans la peau de personnages très différents les uns des autres. Un des sketchs marquants est celui consacré à une "racaille" (ouais, une caillera !). J'ai trouvé cela réussi mais de temps à autre j'ai été gêné. Il a beau dire plus tard que cette "caricature" a fait rire des jeunes de cité eux-mêmes (qui ont trouvé que le personnage ressemble -hélas- à des gens qu'ils connaissent), je trouve les ficelles un peu grosses. Il peut encore progresser au niveau de l'écriture. Le meilleur moment est celui durant lequel il incarne Fabrice Lucchini (beau travail sur la gestuelle et les mimiques) : c'était tellement criant de vérité qu'une personne assise près de moi, à qui le nom de Luchini ne disait rien (ça existe, oui), a rapidement compris de qui il s'agissait (elle l'avait déjà vu à la télévision). Dans ce sketch de folie, il est question de La Fontaine ("La tortue et les deux canards"), de théâtre, de la vie aussi (incidemment, Sauton parle de lui à travers tous ces personnages).
A la sortie, je voulais lui laisser 10 euros (comme quoi je ne suis pas trop radin), mais, comme j'avais donné un bon pourboire au resto où j'avais mangé avant le spectacle, il ne me restait plus que de la monnaie (l'équivalent du prix d'une place de cinéma)... Tout ça pour dire que son numéro vaut le détour. Par contre je n'ai pas vu le deuxième spectacle qu'il joue (avec un sketch en commun avec le premier, celui sur Lucchini).
11:00 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : *de tout et de rien*
mercredi, 11 octobre 2006
The road to Guantanamo
Une fiction, sous la forme d'un documentaire (en plus agréable à regarder, tout de même), donc avec des artifices de réalisation. A la base, c'est une histoire vraie... abracadabrantesque ! Le film adopte totalement le point de vue des Anglo-Pakistanais. Il est vrai qu'ils en ont bavé, mais je trouve que Winterbottom aurait pu nuancer un peu.
Tout d'abord, il aurait pu mieux contextualiser le procédé du mariage arrangé, avec retour au pays à la clé. Bonjour la liberté de choix de la future épouse ! Ensuite, je trouve que la vision des mosquées pakistanaises est un petit peu "douce" (on évite de les montrer comme des foyers de fondamentalisme, la propagande politique dont elles sont le siège n'étant, à la vision du film, qu'une réponse à l'agression états-unienne...).
Reste la description des camps de Guantanamo et des procédés d'interrogatoire. Le savoir-faire de Winterbottom est ici très visible et les acteurs sont formidables. Une bonne leçon sur les apôtres de la démocratie qui n'appliquent pas les valeurs qu'ils brandissent en étendard...
11:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 07 octobre 2006
On n'est pas couché(s)
Jeudi 5 octobre 2006, j'ai assisté à l'enregistrement de l'émission de Laurent Ruquier, au Moulin rouge (en fait, dans une salle annexe transformée en plateau télé). Il fallait se présenter à 19h (après avoir réservé). On avait droit à un sandwich et une boisson non alcoolisée (merci !) pour patienter... mais aussi parce que la soirée allait être longue ! La grande faille dans l'organisation réside dans le petit nombre de cabinets de toilette (2 pour tous les spectateurs... bon, ça va, j'ai une vessie et une prostate qui tiennent la route). En salle, on ne choisit pas forcément sa place, même si ce n'est pas aussi planifié que je m'y attendais. Les vieux se retrouvent quand même très majoritairement en haut des gradins, les jeunes au premier rang. Quelques canons sont placés au niveau du deuxième ou troisième rang, histoire d'agrémenter le champ de vision des caméras fixes. Ensuite débarque le chauffeur de salle, sympathique, qui maîtrise le second degré (il nous apprend à émettre des applaudissements voire des rires "spontanés"). L'enregistrement a démarré à 20h30 environ... et s'est terminé à 2h !!! Trois pauses ont été ménagées (du coup, à la troisième, certains en ont profité pour se casser... Tas de mauviettes !)... A l'occasion de celles-ci, je me suis jeté sur les bouteilles d'eau distribuées : c'est que je cuisais, moi ! J'avais trouvé une petite place sympa, dans un coin, en haut des gradins... juste devant des projecteurs qui n'étaient pas allumés lorsque je suis arrivé. Si cela avait été des lampes à UV, je crois que je serais mort d'un cancer avant la fin de l'enregistrement !
Passons aux intervenants et aux invités. Ruquier m'a paru très professionnel, rigoureux, perfectionniste (j'aime bien sa manière de se reprendre quand il a bafouillé ou quand un imprévu a fait déraper le cours de l'émission). Je n'ai pas compté le nombre de fiches qu'il a utilisées, mais c'était impressionnant (même si c'était sans doute tapé en taille 18 ou 20) ! Presque tout est écrit d'avance et défile sur l'un des deux prompteurs (même une plaisanterie entre Jean-Luc Lemoine et Ruquier). Les rares moments d'improvisation sont liés aux invités et, parfois, à la manière dont Ruquier mène l'entretien. (Petite anecdote : à un moment, un abruti, sans doute en régie, a lancé un vibrant "Allez l'O.M. !" qui s'est entendu jusque sur les gradins où je me trouvais. Les personnes situées sur le plateau n'ont peut-être pas compris les propos mais d'Ormesson et Ruquier ont embrayé aussitôt et ce fut assez drôle.) En général, il rebondit par un jeu de mots. De là où j'étais, je voyais Ruquier de profil, parfois légèrement de dos. Observez bien sa coiffure : elle paraît simple, alors que je suis prêt à parier que c'est le résultat d'un savant travail. De manière générale, je dirais que Ruquier se bâtit un personnage lisse, au niveau de la coiffure, du visage (toujours un peu poupin) et des vêtements. C'est par la parole qu'il fait émerger les aspérités.
Jean d'Ormesson fut le plus pétillant des invités. Bon, il est prêt à tout pour vendre ses bouquins et profiter un peu du soleil médiatique, mais il est vraiment habile, beau parleur, cultivé... et affûté. Je ne le crois absolument pas quand il affirme ne pas écrire pour vendre. Espèce de vieux faux-jeton ! Par contre, lorsqu'il s'est trouvé assis dans le siège latéral, il a lancé une pique qui a dû toucher plusieurs des personnes présentes ce soir-là : il a déploré un des travers de notre époque, qui met tout sur le même plan, l'inculte et le cultivé, le clinquant et le profond. C'était là une manière de défendre sa boutique, mais aussi de lancer une flèche à quelques gloires transitoires, parmi lesquelles sans doute Titoff.
Celui-là est un beau gosse qui a de l'humour... donc un sale type, soyons clairs. Le problème est qu'il parle. Je suis désolé, mais souvent, il ferait mieux de se taire (sauf quand il balance une blague, drôle en général) : il est assez creux. Heureusement, il y avait Julie Depardieu, si craquante. J'ai appris qu'elle s'était fait refaire le nez. A priori, je n'aime pas trop la chirurgie esthétique mais je pense qu'elle a eu raison de vouloir se débarrasser du "nez des Depardieu". De là à vouloir tout refaire d'ici quelques années... Julie, voyons, tu n'en as pas besoin ! Anecdote : son micro était placé au niveau du sein gauche, sur le décolleté de son haut. J'ai compté qu'à au moins quatre reprises, un technicien est venu le replacer (alors que je n'ai pas constaté de problème au niveau du son : on l'entendait très bien !), la dernière fois en fixant ledit micro directement sur le soutien-gorge de Julie ! Vein... Salaud ! En début d'enregistrement, elle était pleine de vie, puis elle s'est effondrée. Cela a commencé par deux éclipses du plateau (pour aller fumer derrière les gradins : de mon côté, on sentait la fumée...). Vu l'état dans lequel elle a fini la soirée, il devait y avoir autre chose que du tabac dans les cigarettes... On l'a vue ensuite s'affaler comme une bouse sur la table (d'Ormesson en a profité pour mater sa poitrine).
Il a été beaucoup question de livres ce soir-là. On a eu droit à des sortes de mémoires du trostskiste Alain Krivine. Le bouquin a été descendu par Polac (un épisode de la guéguerre qui oppose certains altermondialistes à Charlie Hebdo ?), les idées par Zemmour (auquel Krivine a évité de répondre sur le côté "révolutionnaire" de l'économie de marché). Le mini-débat qui s'est engagé n'a servi à rien, sinon, je pense, à suggérer l'idée qu'entre la droite (Zemmour) et l'extrême-gauche (Krivine) se trouve la politique la plus équilibrée. Ruquier serait-il du centre-gauche ? Krivine a quand même suscité des applaudissements quand il a défendu, avec talent, un engagement politique autour de la générosité. Le trostskisme, stade suprême de l'humanisme ?... Ensuite est venu le tour d'un type qui avait volé des tableaux dans des musées. On s'est vite aperçu de l'escroquerie. Malheureusement pour lui, le type n'avait pas la carrure des autres invités. Il s'est mal défendu, d'autant plus qu'il a été attaqué par pas mal de monde. On sentait l'escroc érémiste poussé par l'éditrice avide de réaliser un bon coup. Toutefois, sur la méthode, on lui a fait un procès inéquitable, puisqu'il a été attaqué principalement sur la foi d'un article d'un journaliste de Libération, avec lequel il aurait été en contact quelques années auparavant. Faudrait voir si le gars n'est pas après tout plus sincère qu'il ne paraît. Troisième "livre" de la soirée, le dernier semi-pamphlet de Ted Stanger, un Etats-unien qui vit en France. Il est habile, sait parfois relever des travers, mais, à mon avis, il est foncièrement malhonnête : il me semble qu'il cherche à attribuer aux fonctionnaires (pas forcément toujours irréprochables, là-dessus on est d'accord) tout ce qui va mal... et tout ce qu'il lui est arrivé de dérangeant. Bonjour le bouc émissaire. Ruquier lui a taillé un costard, sans trop fouiller. Le plus drôle est que Stanger s'est présenté comme "liberal"... au sens américain du terme (sans que quelqu'un prenne la peine de le préciser), c'est-à-dire "démocrate". Il s'est déclaré proche de Dominique Strauss-Kahn. Il n'est pas sûr que l'expression de ce soutien survive au montage... Polac a recommandé un livre consacré à un faussaire, qui a fait des Vermeer criants de vérité. Mais le seul livre présenté ce soir-là que j'aurais envie de lire est celui d'Isabelle Alonso. Malheureusement, elle est passée en fin d'émission. Peut-être Ruquier a-t-il voulu ainsi limiter les accusations de copinage. En tout cas, je vais peut-être acheter L'exil est mon pays. On peut le qualifier de fiction autobiographique. Il est question de migration, d'identité, de mélange... autant de thèmes qui font écho à ce qu'ont vécu des familles venues d'Espagne (cas d'Alonso), mais aussi du Portugal, d'Algérie, du Maroc, d'Italie, de Pologne etc. C'est aussi une histoire qui peut parler à ceux qui sont issus d'une famille biculturelle française : occitane, bretonnante, alsacienne... On n'était donc pas trop étonnés de voir débarquer le député Lassale (du Béarn), et de l'entendre causer occitan. A part cela, il n'a pas dit grand chose, sauf sur la réintroduction des ours. Je partage son point de vue concernant le caractère autoritaire de la décision des lâchages, mais je le trouve un peu timoré (c'est un "centriste"... ça veut dire qu'il a le cul entre deux chaises et qu'il aimerait bien gagner sur tous les tableaux... il est allé serrer la main de Krivine avant que celui-ci ne quitte -discrètement- le studio, sans doute par courtoisie). Il a omis d'aborder le contexte de la disparition des bergers. Si les humains et les chiens sont moins nombreux à garder des troupeaux de plus en plus volumineux, ceux-ci deviennent des proies faciles pour un ours affamé. Je sais bien que je ne résouds rien en disant cela, mais il est quand même plus honnête de discuter de tous les aspects d'un problème.
Quand Lassale a causé occitan (pardon béarnais, c'est une variable de l'occitan... à moins qu'il faille affirmer que l'occitan n'existe pas en tant que langue, mais bon, je rengaine ma bombe atomique), il a dialogué avec un revenant : Marcel Amont. Je crois qu'une bonne partie du public présent ce soir-là ne savait pas qui il était. C'est quand on s'est mis à fredonner certaines de ses anciennes chansons qu'on s'est rendu compte qu'il faisait partie du patrimoine musical français. On nous la rejoue "Henri Salvador sur le retour" (Salvador, c'est quand même autre chose), avec la même tendance jazzy. Du coup, Marcel Amont n'a pas été égratigné, ni contredit quand il a affirmé avoir bien vécu toutes ces années de disgrâce médiatique, quand il gagnait sa croûte à coups d'animations bas de gamme et de soirées un peu ringardes.
Le cinéma constituait l'autre gros morceau de cette soirée. Dès le début, il a été question de L'homme de sa vie (faut-il y voir un choix de Ruquier ?). Charles Berling a bien défendu le film (qui ne m'emballe pas des masses a priori) et j'ai particulièrement apprécié son propos sur les communautarismes et le fait de vouloir à tout prix ranger les gens dans une catégorie. Je l'ai vu tirer une sacrée tronche quand Jean-Luc Lemoine a (brillamment) tourné le trotskisme en dérision (lorsque Krivine est passé sur le grill). Julie Depardieu était là pour faire la promo de Poltergay : une comédie un peu bas du plafond, mais que je compte aller voir ! Etonnant que Clovis Cornillac n'ait pas été là. Aurait-il snobé l'émission ? Est-il d'avis que ce film fait un peu tache sur sa cinématographie ? Ruquier a-t-il préféré inviter Julie Depardieu ? Etait-elle la seule disponible ce soir-là, à cet horaire-là ? En fin d'émission, Anémone est venue présenter un film dont j'ai oublié le titre (trop fatigué). Mais je n'ai pas oublié le gadin qu'elle a pris en arrivant sur le plateau ! Plus de peur que de mal heureusement. Cela sera peut-être coupé au montage. Si c'est le cas, on laissera sans doute subsister le trébuchement qu'elle provoque en se déplaçant vers le siège latéral. Ce fut un moment sympa, d'autant plus que le chien de l'actrice est venu se mêler à la fête. De ma place, je le voyais au centre du plateau : la pauvre bête voulait juste ne pas être séparée de sa maîtresse. Si vous souhaitez savoir d'où vient le personnage de Thérèse du Père Noël est une ordure, regardez l'émission.
De manière générale, j'ai eu l'impression d'assister à une sorte de marché médiatique. Ils sont tous venus vendre leur soupe, avec plus ou moins de talent, plus ou moins de subtilité. Le plus drôle est que la majorité de ces mercantiles est de gauche (et très contestataire vis-à-vis de l'économie de marché). Autre remarque : visiblement, le stress est très répandu dans le "chobiz" : les pauses ont été l'occasion d'une ruée sur les cigarettes (ruée des invités et des animateurs, pas du public, non mais !). Ruquier lui-même en a allumé une (à la troisième pause sauf erreur de ma part). Il faut dire que les conditions de l'enregistrement ont parfois pu l'agacer : les incidents ou approximations techniques ont été fréquents. Les gars de la régie ont dû se prendre un beau savon...
15:40 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*
vendredi, 29 septembre 2006
Indigènes
Attention, danger ! Film historique (les personnages dont il est question ont existé, ou s'inspirent de plusieurs qui ont existé), film "moral", film généreux... autant de raisons pour que ça se casse la figure...
Eh bien, non ! Bon, soyons, clairs, il ne s'agit pas d'un chef-d'œuvre révolutionnant le cinéma, mais d'un film populaire, sérieux, documenté, poignant, sur un aspect de notre histoire méconnu du grand public (une sorte de Il faut sauver le soldat Ryan à la sauce franco-maghrébine). Le principal reproche que je lui fais est le personnage de Jamel Debbouze : j'ai du mal à croire que l'armée française ait enrôlé un homme incapable d'utiliser son bras droit... même si on lui donne une fonction de "larbin". Ceci dit, on doit au personnage interprété par Debbouze les rares moments de comédie du film. Roschdy Zem est impeccable, ce qui n'a rien pour nous surprendre : depuis des années, il apparaît, parfait, dans des seconds (et même des premiers) rôles divers. Récemment, on a pu l'apprécier dans Va, vis, deviens ! et Le petit lieutenant. Samy Naceri, que je ne trouve pas franchement sympathique (et puis les Taxi... non merci !), est ex-cel-lent ! A voir, rien que pour lui... mais aussi et surtout pour Bernard Blancan, formidable en pied-noir ambigu (pléonasme) et Sami Bouajila, qui porte le film sur ses épaules. (On l'avait remarqué notamment dans La faute à Voltaire.) Du coup, les Français vont peut-être finir par découvrir qu'il existe une flopée de très bons acteurs d'ascendance africaine, et qu'ils interprètent avec brio d'autres personnages que des truands ou des drogués.
J'ai été agréablement surpris par les scènes de combat, d'un grand réalisme. Les acteurs principaux incarnent des hommes aux histoires et caractères différents, ce qui rend le film passionnant à suivre. Même le pied-noir est d'une grande complexité. Reste ce racisme institutionnel, contre lequel on n'a pas fini de lutter.
En terme d'entrées, le film ne semble pas très bien démarrer. Avant de tirer des conclusions hâtives, il faut attendre le premier ouique-hennede, mais j'ai quand même l'impression que les Français n'ont pas envie d'entendre l'histoire que leur raconte ce film... C'est d'autant plus dommage que certains de ces tirailleurs n'ont regagné l'Algérie qu'après la fin des combats en Europe. Ceux originaires de la région de Sétif n'ont parfois pas retrouvé leur famille, massacrée par l'armée française (et la légion) à la suite des manifestations du 8 mai 1945...
17:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 24 septembre 2006
World Trade Center
C'est un film à thèse et un mélo, deux genres très prisés du cinéma américain. On connaissait Oliver Stone pour la première catégorie de films, on le découvre (à moitié, en fait) pour la seconde.
La thèse du film est : les terroristes s'en sont pris à une société multiculturelle (et à des citoyens riches comme pauvres), pas à un pays de Blancs chrétiens (et juifs) impérialistes. C'est assez bien vu si l'on ne considère que les victimes des attentats (et je pense que c'est conforme à la mentalité des nervis d'Al Qaida). Cependant, la politique étrangère est complètement évacuée du film (sauf vers la fin, mais j'en reparlerai).
Le côté mélo me laisse mitigé : j'ai été ému et , dans la salle, je n'ai pas été le seul (j'ai entendu quelques reniflements). C'est efficace, mais les effets sont trop appuyés, entre le maquillage qui insiste vraiment sur la merde dans laquelle les deux ensevelis se trouvent, les ralentis et les dialogues parfois dignes d'une sitcom.
La toute fin du film m'a un peu énervé. A deux reprises, on sent bien quelle va être la réaction du peuple états-unien. Le mérite de Stone est de nous faire sentir cet afflux de patriotisme et cette volonté de combattre le terrorisme. Le personnage du marine en est le symbole (avec les policiers du Wisconsin). Mais quand le générique nous apprend que ce marine s'est ensuite engagé pour l'Irak, on se dit que Stone manque complètement de recul, puisque, par cette simple mention, il accrédite l'idée qu'il y a un lien entre Al Qaida et le régime de Saddam Hussein. On entend aussi un des personnages affirmer que ce jour-là on a vu ce dont l'être humain était capable, le pire comme le meilleur... cela fait des années que l'on savait que les êtres humains pouvaient se comporter pire que des bêtes ou faire preuve d'un altruisme insoupçonné ! O. Stone fait comme si seule l'histoire intérieure des Etats-Unis comptait : les attentats ont été plus mortels que l'attaque de Pearl Harbor (et ils ont touché le territoire principal). Combien de pays pourraient revendiquer une souffrance aussi grande ?... hélas de nombreux.
19:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique
vendredi, 22 septembre 2006
Tournage dans un jardin anglais
C'est délicieux, primesautier, léger, fin : faut suivre les dialogues pour jouir de cet humour si particulier à nos enn... euh amis britanniques ! Pourtant, les procédés sont hyper classiques, connus, bien que peu utilisés par le cinéma commercial : en particulier la mise en abyme, avec le film sur le film en train de se tourner sur un roman que certains lisent en cours de route. De plus, les personnages parlent de cinéma. A un autre niveau, les problèmes privés dont il est question dans l'adaptation du roman (l'amour, le mariage, la maternité, la paternité, la gloire...) sont abordés au niveau des personnages contemporains, pris entre le désir de jouir, la fidélité aux engagements... bref tout un ensemble de relations humaines pas facile à gérer ! Au final, le film est surtout une peinture sarcastique du monde du cinéma... inspirée du film de Greenaway, présent dans le titre et la musique (un morceau de Michael Nyman, qui a servi d'illustration à "Meurtre dans un jardin anglais").
16:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Nicolas Sarkozy et la Justice
Nicolas Sarkozy réagit en Ministre de l'Intérieur : les policiers qui se trouvent sous ses ordres sont des fonctionnaires (en grande majorité) donc, dans son esprit, des serviteurs de l'Etat. Dans cette optique, les magistrats, fonctionnaires eux aussi (sauf les juges de proximité), doivent servir l'Etat. Et l'Etat, c'est lui, dans son esprit (allez, élargissons au Gouvernement !). Il a du mal à concevoir un pouvoir judiciaire vraiment autonome. Mais, les fonctionnaires sont davantage des serviteurs de l'intérêt commun que des serviteurs de l'Etat : celui-ci n'est hélas parfois qu'au service d'intérêts particuliers, ceux d'une coterie, par exemple. (Avec un président de la République comme Nicolas Sarkozy, il y a fort à parier que les instructions du Gouvernement reprendraient avec force. La seule inconnue réside dans le traitement des dossiers financiers "sensibles" : N. Sarkozy paraît plutôt probe de ce côté-là, mais il est entouré d'une faune qui n'attend sans doute que son arrivée aux plus hautes fonctions pour profiter à fond du système. Saura-t-il gérer la chose ? Hum... Encore faut-il qu'il se fasse élire.)
Les commentaires que j'ai entendus à propos de la mini-polémique sur les juges qui relâcheraient trop facilement des délinquants négligent une donnée du problème : les propos tenus par le Ministre de l'Intérieur ne sont peut-être pas tant à destination de la population qu'à celle des seuls policiers. Je suis prêt à parier une caisse de Beretta que depuis plusieurs jours, il prête ostensiblement (ostentatoirement ?) une oreille attentive aux doléances syndicales des forces de l'ordre.
Autre chose : les policiers ne font pas tous le même travail. Sur France Inter, aujourd'hui, dans le journal de 13h, j'ai entendu un magistrat se féliciter des bonnes relations entretenues avec la Police Judiciaire (euh.. peut-être pas au moment des enquêtes touchant un certain Jean Tibéri...). Le problème est que celle-ci n'est pas représentative de l'ensemble des forces de l'ordre. Les policiers ne sont pas tous des bac + 3 ou + 5, "investigateurs" patentés ni même membres d'un corps d'intervention d'élite. Ce sont des gardiens de la paix (brigadiers avec un peu d'ancienneté), présents en permanence sur le terrain et confrontés aux incivilités quotidiennes voire à des agressions (insultes, crachats, caillassages...).
15:25 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
Président
La question est la suivante : s'agit-il d'un film à croûte ferme et pâte molle, ou d'un film à croûte molle et pâte ferme ? Je suis bien embêté. Le scénario ne tranche pas entre la version d'un idéaliste converti en partie au réalisme politique (mais qui garde le cap) et la version d'un ancien idéaliste très tôt ambitieux qui ne conserve que les apparences de l'engagement politique.
C'est bien interprété (mais pas toujours bien écrit : voir le discours dans la salle de concert, vraiment trop démago), premiers comme seconds rôles et figurants. Dupontel est excellent, J. Rénier m'impressionne de plus en plus, Rich est parfait (un peu trop parfois, peut-être)... et que Mélanie Doutey est belle ! La trame est classique, dans le genre du film politique "à l'américaine". Certaines péripéties sont prévisibles, autour des actes du petit nouveau qui monte, le cambriolage, la tentative d'assassinat... On peut s'amuser à repérer les correspondances, même si le film n'est pas la satire d'un fonctionnement présidentiel particulier. Ainsi, Dupontel est fabriqué avec des morceaux de Mitterrand et de Chirac (et une gestuelle peut-être à la Sarkozy : physiquement, Dupontel s'en rapproche). Rich l'ex ambassadeur semble un décalque de Jacques Foccart. Ici ou là, on peut voir dans certaines trognes tel député UMP ou PS actuel (allez, il y a sans doute Montebourg). Mais le propos est plus large... et finalement assez pessimiste. Je reprocherai au film de mettre dans le même sac les vrais pourris et ceux qui font des concessions. Peut-être suis-je trop optimiste à propos de la démocratie française...
14:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 19 septembre 2006
La Science des rêves
Concernant Gondry, j'en étais resté à l'excellent Eternal Sunshine of the spotless mind. J'ai retrouvé dans La Science des rêves le côté "dérapage à partir du réel". C'est un film de doux dingue. Je pense qu'il faut rentrer dedans pour bien l'apprécier. J'y suis arrivé sans problème. Du coup, j'ai beaucoup ri. C'est fin, délicieux. De temps à autre, Alain Chabat, en beauf libidineux, ramène tout le monde les pieds sur Terre. Il est question de créativité, d'amour naissant, de désir, d'illusion. C'est inracontable, mais c'est mené avec une certaine rigueur, même si le scénario de son précédent film était beaucoup mieux ficelé. Ici, ce sont des objets (le cheval, la mezzanine, le bateau, le carton à dessins) qui rythment l'action.
Toutefois, l'histoire est un peu trop légère. Ne cherchez pas un grand film : c'est une fantaisie. J'ai été gêné par la postsynchronisation, très visible, d'autant plus qu'il me semble qu'une partie du film a été tournée en anglais.
12:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 15 septembre 2006
Brick
Ce film me laisse partagé. J'ai été pris dans cette intrigue policière, dont le héros est un détective d'un genre particulier : un ado qui part à la recherche de son ex, le tout sur fond de soirées branchées et de trafic de drogue. Il y a un petit côté Hal Hartley dans la manière dont les relations entre ces jeunes sont filmées, un ton à la fois réaliste et dépouillé, le tout agrémenté de traits d'humour aussi inattendus qu'efficaces. Je recommande tout particulièrement la poursuite du héros par le truand au couteau, poursuite qui se termine de manière cocasse, avec, cerise sur le gateau, un joli décalage entre le son (hors champ) et l'image (une technique utilisée à plusieurs reprises dans le film... à bon escient). La scène qui a lieu dans un bureau, entre le héros et une sorte de CPE de son bahut, est pleine de sous-entendus : il faut suivre les dialogues...
Mais ces dialogues sont parfois un peu trop léchés, trop littéraires. Cela donne au film un ton artificiel. De surcroît, le héros est "trop" : beau gosse, rebelle, costaud, intelligent, vraiment malin, courageux (inconscient ?). Ceci dit, la révélation de la toute fin du film permet de comprendre son attitude. (Tiens, à propos de ces jeunes : ils sont supposés avoir 17-20 ans, mais on voit bien qu'ils en ont 5 à 10 de plus. Mention particulière pour l'actrice qui incarne "Kara", sculpturale jeune femme apôtre de la comédie et du mensonge...) Soyez vigilants à propos des dates, des durées... et vous comprendrez. Cette fin elle-même n'est pas une réussite complète : le scénariste a imaginé que le héros s'amuse à révéler les sous-entendus, le caché du film. C'est un peu artificiel. Faudra travailler un peu plus le scénar pour le prochain film. Côté mise en scène, c'est intéressant. Le réalisateur aime les plans obliques, le décalage. Il filme les pieds, ou à partir des pieds. Intéressant, même si ce n'est pas nouveau nouveau.
17:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma
vendredi, 08 septembre 2006
Des serpents dans l'avion
C'est un quasi-documentaire, consacré aux zizis ambulants. On n'en voit que des longs, voire très longs. Par contre, ils peuvent être maigres, minces, gros et même énooormes ! Ils attaquent et ils font mal. L'intérêt du film réside dans la manière, plus ou moins saugrenue, dont les personnes sont tuées. On a parfois un peu peur. On sourit souvent : on s'attend quand même à certains gags morbides.
Le début est par contre assez mauvais. Les scénaristes et réalisateurs de ce genre de films ont toujours des difficultés à mettre en route l'histoire. Les inévitables scènes d'exposition sont plates, sans réelle imagination. De plus, le film est parcouru par une mentalité un peu trop "gentille". Les méchants doivent être punis (là d'accord) et tout le monde doit se serrer les coudes et être gentil, sinon, gare ! Quelques individus sont "prédestinés" à se faire zigouiller. On peut s'amuser à essayer de les repérer au début. Certains sont destinés à être touchés mais à s'en sortir. Là aussi, on peut jouer. Le tout est ficelé de manière à ce que chaque segment de population (hommes, femmes, enfants, adolescents, adultes, vieillards, blancs, noirs, jaunes, hispaniques, maigres, gros, musclés, laiderons, canons ...) puisse s'identifier positivement à au moins un des personnages.
14:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 03 septembre 2006
Un nouvel hôpital pour Rodez
Samedi 2 et dimanche 3 septembre 2006, il était possible de visiter les locaux du nouvel hôpital ruthénois (oui, au fait, on ne dit pas "rodézien"... sauf si on veut passer pour un blaireau), situé dans le quartier de Bourran. Pour ceux qui ne connaissent pas Rodez, quelques précisions géographiques sont nécessaires : la commune de Rodez est de petite taille (environ 11 km², presque dix fois moins que Paris), sise sur une colline principale ; le quartier de Bourran est situé sur une colline annexe, reliée au centre-ville (depuis les années 1990) par le Pont de Bourran (ou Pont de l'Europe), que des esprits égarés persistent à nommer "viaduc"... Ce quartier, quasi rural à l'origine, s'est couvert, depuis une dizaine d'années, d'un blanc manteau d'immeubles (la spéculation immobilière, favorisée par différentes mesures gouvernementales, est allée bon train). On ne peut pas vraiment dire que l'urbanisation de ce quartier ait toujours suivi des règles rigoureuses... De surcroît, de très mauvaises langues susurrent, au coin des rues du centre-ville, que maints immeubles en apparence flambant neufs cachent des malformations que la cherté des loyers exigés est loin de laisser soupçonner...
Samedi, ce fut apparemment la ruée. Il faut dire que seules deux journées étaient proposées pour les visites, de 10h à 18h... d'où les embouteillages. (Il aurait été plus intelligent de proposer ces visites sur une semaine complète, à la fin du mois d'août.) J'y suis allé ce dimanche matin. Je suis arrivé à 10h30. La "file" d'attente était importante et mal organisée : les possibilités de triche étaient nombreuses, ce dont seule une minorité d'abrutis mal élevés a profité. (Et encore... des barrières avaient été installées pour le dimanche, l'affluence du samedi ayant apparemment dépassé les attentes des organisateurs.) Il était possible de visiter librement le rez-de-chaussée et le premier étage, puis de prendre l'ascenseur jusqu'au cinquième, où est située la cantine des personnels. On y a une très belle vue de Rodez et sa proximité immédiate... surtout s'il fait beau, comme c'était le cas ce dimanche... de quoi prendre de beaux coups de soleil en une heure d'attente sans ombre. La file d'attente était indispensable pour accéder à une visite guidée. Il en existait de différents types. On pouvait profiter d'une visite dite "technique", d'une autre centrée sur la cancérologie (et même d'une courte promenade en calèche sur le pourtour extérieur du site !). J'ai suivi la visite générale, qui aborde un peu tous les secteurs d'activité. Les explications étaient fournies par le directeur-adjoint de l'hôpital (qui porte un nom à couleur locale : Delmas !) et, à l'occasion, par un responsable du service dans lequel le groupe auquel j'appartenais (constitué d'une trentaine de personnes) passait (par exemple : le médecin-chef de la maternité ou le cadre responsable de l'unité de radiothérapie). Parfois, nous croisions un autre groupe, ce qui permettait éventuellement de saluer des connaissances : cette visite était la sortie du ouiquennede ruthénois !
Que dire de la visite ? Ce fut très intéressant, un vrai moment de culture civique moderne : le citoyen lambda pouvait découvrir dans le détail le fonctionnement d'un service public, payé avec ses impôts (ou ceux de ses voisins !). Les locaux sont très agréables (je recommande tout particulièrement la maternité), à la fois pour les patients et les actifs : cela donnait envie de travailler dans cet hôpital... voire de s'y faire admettre en tant que malade (j'ai vu quelques infirmières mignonnes) ! L'équipement scientifique et technique est impressionnant. Cela va de la vie quotidienne du malade (qui pourra, de son lit, commander un tas de trucs), au travail des personnels (avec le transport d'objets sur les fameuses "tortues"), en passant par le suivi médical (grâce à un réseau informatique qui m'avait tout l'air d'être impressionnant). En plus, les employés présents ce jour-là se sont montrés très ouverts, disponibles.
16:15 Publié dans Aveyron, mon amour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*
mercredi, 30 août 2006
Tsotsi
Je l'avais raté à sa sortie. J'ai eu récemment l'occasion de le voir, en version originale sous-titrée. Heureusement qu'il y avait les sous-titres ! Les personnages ne causent que rarement en anglais (et avec un accent à couper au poinçon aiguisé !), plus fréquemment en langue locale africaine, voire en afrikaans. C'est coloré !
Au début, j'ai craint un film un peu trop inspiré du "gangsta rap" états-unien (avec cette petite crapule tête à demi baissée, le regard haineux), maladroit de surcroît. Cela s'arrange et, à ma grande surprise, l'histoire se déroule sans ennui. Cela tient aussi à l'interprète féminine (très belle poitrine, ma foi) et aux seconds rôles. Le scénariste a eu l'habileté de ne pas opposer les Noirs pauvres aux Blancs riches, mais à d'autres Noirs, qui vivent dans un quartier aisé. La police est aussi multiraciale (attention, c'est quand même le Blanc qui commande). Le film montre aussi avec un certain talent comment la misère (couplée à l'alcoolisme) est mère de la délinquance (très belles séquences autour des rouleaux de béton).
L'insécurité est proverbiale en Afrique du Sud. Il y a quelques années, un autre film, Hijack stories s'est faisait l'écho. Une célèbre bande dessinée, Madame et Eve, a abordé à plusieurs reprises le sujet (avec un humour décapant).
14:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 27 août 2006
Little Man
Ah, les frangins Wayans ! Dès que je vois leurs noms au générique, je me dis que c'est parti pour une brouette d'humour fin et décalé, loin de la gaudriole triviale et des sous-entendus graveleux.
Ben oui, je déconne ! J'ai ri quelques fois, comme par exemple lorsque le nain transformé en bébé (seul un aveugle peut s'y tromper... à condition qu'il soit sourd !) se fait uriner dessus par un chien. Tout cela est très délicat... comme l'ingurgitation de lait par le "papa" et le "fiston"... lait qui se révèle être issu des seins d'une des amies de Madame, ce qui les incite à le recracher vivement. Jolie scène. Bon, à part ça et quelques allusions sexuelles ou scatologiques, le film est faible, pas très bien joué (et doublé). Il manque d'entrain.
Ceci dit, il contient quelques réflexions intéressantes sur les classes moyennes, la beauferie des fans de foot américain et il met en scène des groupes pluriethniques, où les problèmes ne surgissent pas d'une différence "raciale". A l'occasion d'une fête du cinéma, ça peut se voir, mais ça ne mérite quand même pas le prix d'une place, même à tarif réduit.
17:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 24 août 2006
Le vent se lève
Ken Loach nous a-t-il gratifiés d'un film consacré aux flatulences ? Eh bien non !! Ceci dit, The wind that shakes the barley (son vrai titre en pas-français, qui signifie "Le vent qui agite l'orge") ne manque pas de souffle. Le vent dont il est question est celui de l'Histoire, avec le tournant que constitue le début de la décolonisation britannique, en Irlande (mais sans référence aux Pâques 1916, tout aussi importantes que le début de la guerre d'indépendance). C'est aussi le vent de la colère, celle des populations qui subissent le joug anglais. Toute armée d'occupation finit par se rendre odieuse, retenez la leçon. C'est aussi le vent du destin, qui unit puis sépare deux frères : le nationalisme mène au fratricide, moi j'vous'l'dis !
Ce côté "donneur de leçon" est parfois trop perceptible... et la fin sombre dans le mélo, je trouve. Ceci dit, le film est prenant, les décors sont magnifiques (ah, la campagne irlandaise...), les acteurs excellents (qu'il faut entendre en version originale - quitte à faire des kilomètres, pour le gaélique et l'accent irlandais). L'intrigue est parfois peut-être un peu complexe pour qui ne connaît pas bien le conflit, mais cela passe.
Dans ce film, j'ai retrouvé le "souffle" qui animait Land of freedom et aussi un peu Bread and roses. Les préoccupations sociales, la marque du cinéaste, ne sont pas absentes, même si on sent parfois de la maladresse à introduire une réflexion socio-économique dans un contexte de lutte nationale.
18:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Nausicaä, de la vallée du vent
Hayao Miyazaki, vous connaissez ? Je vois dans vos yeux et baillis l'étincelle d'émerveillement que les œuvres du baroudeur japonais de l'animation ont suscitée, naguère et jadis. Il a été découvert dans le désordre, que ce soit avec Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro, Le Château dans le ciel, Les Burnes enfarinées ou encore La Fellation du cactus maudit... autant de chefs-d’œuvre... même si le doute subsiste pour les deux derniers de la liste.
Nausicaä est en fait son premier vrai grand long métrage, adaptation de sa bande dessinée, sorti en 1984. (On peut trouver la BD en France, aux éditions Glénat, en sept volumes, environ 10 euros chaque.) C'est assez proche de Princesse Mononoké : le film est un éloge de la communion entre les êtres humains et les forces de la nature ; chez nous on dit que c'est un film "écologiste", au Japon, on est dans le familier : les relations entre les humains et le reste du vivant ne sont pas (n'étaient pas ?) codifiées comme en Occident. C'est aussi une critique féroce de l'esprit guerrier qui anime les hommes (et les femmes parfois). L'histoire est prenante, le dessin soigné, la psychologie des personnages travaillée, les animaux bénéficiant d'un traitement tout particulier.
L'héroïne Nausicaä est peut-être un peu "too much" : elle en fait beaucoup, elle est extraordinaire, en deux heures il lui arrive un tas de trucs. Elle est une incarnation de ce que nous appellerions en Occident un Messie. Pour les petits , les enjeux de la narration risquent d'être parfois un peu abstraits... et le film est assez dur, violent même parfois... réaliste quoi. C'est une vraie fiction d'adultes.
13:20 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 18 août 2006
Pipirates des Cacaraïbes
Je me disais : en troisième semaine d'exploitation, un jeudi soir, cela devrait aller. En plus, les rues de Rodez disparaissaient sous les eaux. Ben, non : la (grande et belle) salle était presque pleine... et c'était un soir assez tranquille, d'après le projectionniste !
Reste le film : un grosse sucrerie pour adultes (et ado ; par contre n'emmenez pas les marmots : ils ne vont pas tout comprendre, se trouveront confrontés à des scènes violentes, à des adultes cyniques... mais à aucune scène de sexe ! Le film ne comprend qu'un véritable baiser... et encore, je ne dis pas dans quel but il est donné). Je me suis plongé dedans, tranquille. C'est d'abord un bon film d'aventures, qui puise aux sources des classiques des pirates. Les acteurs, premiers comme seconds rôles, sont excellents. Johnny Depp donne un tour comique au film, ce qui le rend plus digeste, plus léger. Il reste encore la vedette, même si la gloire montante, Orlando Bloom, n'est pas loin de lui piquer la place. On verra dans les prochains films -oui, il y aura une suite- si cela se confirme.
Les effets spéciaux sont très réussis. Quelle belle bande de pirates ! Coquillages et crustacés... Comme c'est une production Disney, la morale est le soubassement du film, entre un capitaine Sparrow égocentrique, des pirates vindicatifs et une East India Company cupide. Seuls le vaillant Orlando Bloom et la ravissante Kera Machinchose sont mus par un idéal. Vont-ils contaminer les autres ?
Quelques reproches quand même : les "sauvages" sont toujours représentés de manière assez caricaturale (revoyez le dernier King Kong, par exemple) et certaines scènes sont parfois à la limite de la vraisemblance (même en tenant compte du fait que nous sommes souvent aux portes du vaudeville !), en particulier le "triel" sur la roue de l'ancien moulin. Sinon, restez bien jusqu'à la fin... vous aurez droit à un no-nos !
14:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 16 août 2006
Entre deux rives
C'est une comédie romantique un brin fantastique. On peut la rapprocher (un peu) d'un film avec Dennis Quaid (Fréquence interdite), dans lequel le personnage qu'il interprétait entrait en communication radio avec son père mort 30 ans plus tôt. On peut aussi ressentir un peu l'influence de L'Effet papillon (je ne peux pas expliquer pourquoi sans déflorer le film... donc, allez le voir si vous voulez vraiment comprendre de quoi qu'est-ce que je suis en train de causationner).
Soyons clair : ce n'est pas un chef-d'œuvre et l'aspect comédie est léger. De plus, si on fait bien attention au début, on comprend l'un des ressorts du scénario, qui joue à plein à la fin du film. Mais c'est bien interprété. J'ai été pris par l'ambiance un peu décalée : les personnages vivent dans une agglomération géante, trépidante (Chicago) et aspirent à plus de sérénité, au travers de la maison, du lac, de la pratique épistolaire. On a aussi droit à des vues pas idiotes du tout sur les rapports père-fils, le fait de réaliser ses envies (professionnelles ou autres)... et on comprend pourquoi les boîtes aux lettres électroniques utilisent toutes (ou presque ?) un petit drapeau rouge...
13:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 01 août 2006
Dirigeants israéliens civils
Ehoud Olmert et Amir Peretz reproduisent la conduite du Shimon Peres d'il y a 10 ans. Celui-ci avait succédé à Rabin après son assassinat par l'intégriste Ygal Amir. Peres est un professionnel de la politique, pas un militaire comme Rabin (qui a fini général), même s'il a été très tôt Ministre de la Défense. Du coup, il a du mal à évaluer le degré de fiabilité des informations fournies par l'Etat-major de Tsahal (et les services secrets). En 1996, il s'est laissé emporter à une réaction excessive (l'opération "Raisins de la colère"), ne voulant pas passer pour un faible aux yeux des Israéliens... ce qui ne l'a pas empêché de perdre les élections suivantes. (Il aurait dû, dans la foulée de l'émotion suscitée par l'assassinat de Rabin, provoquer des élections anticipées. J'ai toujours été étonné de voir cet as de la combine politique manquer de cynisme à un moment aussi crucial. Peut-être avait-il été sincèrement touché par la disparition de Rabin, après tout.)
Olmert et Peretz ont sans doute été trop confiants dans l'armée israélienne. Ytzhak Rabin comme Ariel Sharon, (lui aussi général) chacun dans son style, auraient fait preuve de plus de réalisme (voire de sagesse).
15:10 Publié dans Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
jeudi, 27 juillet 2006
Ils
Un soir, je me suis dit : pourquoi pas ? Moins d'1h20, film de genre à la sauce frenchie... et j'ai apprécié ! C'est bien joué, bien mené, à partir d'une histoire vraie. Il y a un petit côté "Blair witch" dans l'esthétique. On nous mène par le bout du nez pendant un moment avant que le mystère ne s'éclaircisse. Bon, ceci dit, les futures victimes font toujours des trucs qu'il ne faudrait absolument pas faire, mais ça passe.
Remarque : cela fait plusieurs années qu'en Europe comme outre-Atlantique, on considère les anciens pays communistes comme une zone menaçante, inconnue, semi-barbare. On a vu récemment le cas de la Slovaquie. Ici, il est question de la Roumanie (liens culturels avec la France oblige : l'héroïne enseigne dans un lycée français)... et puis, entre les techniciens, les figurants, l'hôtel, la bouffe, c'est toujours moins cher qu'ici...
15:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 13 juillet 2006
Vol 93
Dans la version originale, le titre est United 93, le nom de l'avion dont les passagers se sont révoltés contre les pirates de l'air. Dans le générique de fin, il est quand même précisé que cette compagnie aérienne (United Airlines) n'a pas sponsorisé le film et que celui-ci ne lui est lié en aucune manière (financière). Le film est construit sur l'alternance de scènes liées à l'action des pirates (de leur dernière journée à l'hôtel à la chute de l'avion) et de scènes se passant dans une tour de contrôle, un centre d'aiguillage (du ciel, bien sûr) ou le centre de sécurité aérienne. En regardant le générique de fin, vous vous apercevrez que certains personnages jouent leur propre rôle. Cela donne un ton très réaliste au film. Paul Greengrass est donc un bon choix. Il avait fait ses preuves dans Bloody Sunday, un excellent film sur le conflit nord-irlandais.
Il faut d'abord voir ce film comme un suspense. Bien que l'on connaisse la fin, l'action se suit avec un grand intérêt. Greengrass a voulu rester au plus près de la réalité : il a fait effectuer des recherches pour ensuite pouvoir transposer l'histoire à l'écran en la trahissant le moins possible. Parfois, les scènes des centres de contrôles sont un peu saoulantes. Elles sont un peu trop nombreuses... mais elles donnent envie de savoir ce qu'il se passe au même moment dans l'avion. Le film suit la chronologie et donc il nous retrace la crise du 11 septembre 2001. Une autre de ses qualités est le soin apporté aux personnages des pirates de l'air : on voit bien leur fanatisme religieux (sans que l'organisation des attentats soit expliquée) et aussi leur humanité relative ; ces attentats, qui ont nécessité une préparation longue, minutieuse, ont réussi presque par miracle ; il aurait fallu peu de choses pour les contrecarrer (et encore le film ne parle pas de ce que savaient les services états-uniens).
15:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
mercredi, 12 juillet 2006
Nos voisins les hommes
Une comédie sympathique, avec une qualité d'animation plus qu'acceptable, un scénario qui tient la route et des personnages qui "tranchent" : ce sont des archétypes. Un écureuil hyperactif roteur, une moufette flatuleuse, une tortue qui réfléchit vite (et court !) etc. On a droit à une critique très gentillette de la "banlieue" au sens états-unien du terme : cet entassement de baraques de bourges qui s'empiffrent à longueur de journée.
Le film fait l'éloge de la "famille", au sens génétique comme au sens figuré (le groupe d'amis), contre l'individualisme destructeur. Il est au fond assez convenu. Deux seuls humains sont dépeints négativement : le "dératiseur" (un pauvre gars qui fait son boulot) et surtout la gérante du lotissement, une femme "moderne", forcément rivée à son portable, forcément brune (les blonds sont les gentils, voyons !), forcément célibataire ... et donc forcément acariâtre ! Bonjour les clichés ! Derrière la pseudo-critique du mode de vie ultra-consumériste se cache en fait son apologie : les bebêtes ne pensent qu'à se goinfrer des mêmes cochonneries que les humains... même le méchant ours qu'il est vilain le pas gentil !
Restent les gags, réussis, comme cette scène qui voit l'écureuil -rendu supersonique- échapper à tous les pièges et sauver la situation ou la romance entre la moufette et un personnage qui a perdu son odorat... Le doublage français est moyen... c'est-à-dire pas aussi réussi que pour d'autres films d'animation : Gerra en tortue ça va, mais Cornillac en raton-laveur, ça passe moins. Par contre, la femme qui double la moufette est très bien !
15:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma
Echo Park L.A.
L'histoire tourne autour d'un quartier latino de Los Angeles, plutôt modeste (mais regardez les téléphones portables qui circulent !) à l'origine, mais où des bobos commencent à s'installer. Deuxième élément important : l'attachement aux traditions. Toutes les péripéties ont un rapport avec cette idée : dans quelle mesure doit-on rester "fidèle" à ce que les parents (en particulier un père flic et pasteur) ont inculqué ? Là-dessus se greffent des histoires d'amour, de sexe, une grossesse, un grand-oncle jardinier accueillant. Entre pesanteur morale et appétit de jouissance, les ados ont du mal à gérer.
Parfois, il y a un petit esprit "Larry Clark" dans ce film, mais pas tout le temps, loin de là. Clark est plus subversif, plus contestataire, à la fois dans la forme et dans le fond. Ici, c'est gentillet, mais sympathique, bien joué, bien mené. On ne conteste pas la société (il n'est jamais question d'avortement, les filles considèrent cette cérémonie des 15 ans comme vitale et manifestent un attachement aux apparences, aux paillettes, quasi maladif) mais on veut qu'elle accepte les différences (l'homosexualité, la grossesse précoce).
12:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma
mardi, 11 juillet 2006
Takeshis'
Les fans de Kitano y trouveront des allusions à plusieurs de ses films précédents... notamment à Zaitochi pour le numéro de claquettes. C'est une sorte de manteau d'Arlequin, un puzzle égocentrique dans le lequel Kitano incarne Kitano jouant un sosie de Kitano... à moins que parfois Kitano n'incarne un sosie de Kitano jouant à Kitano... On peut se triturer le cerveau sans qu'aucune réponse claire n'apparaisse, et à la limite on s'en fiche. Il faut profiter des scènes, des moments. Le problème est que tous ces moments ne sont pas bons. Le film est très inégal, trop long (j'ai regardé plusieurs fois ma montre...). Les défauts de Kitano sont dans ce film. Il se la joue toujours "Jean Gabin d'Asie orientale" et l'image des femmes n'est pas des plus valorisante. Ceci dit, il introduit une once d'autocritique et présente le monde de la télévision de manière assez comique.
13:55 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Pas besoin de FN en Italie...
... puisqu'il y a d'anciens membres du gouvernement Berlusconi. J'ai trouvé dans Le Monde daté du 11 juillet 2006 la déclaration suivante de Roberto Calderoni, ancien Ministre des Réformes (ferait bien de réformer son cerveau !) :
" La victoire de Berlin est une victoire de notre identité, d'une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et qui a gagné contre une équipe qui a sacrifié sa propre identité en alignant des Noirs, des islamistes et des communistes pour obtenir des résultats."
Tout d'abord, il faudrait que ce membre de la Ligue Lombarde réalise que les "vrais Italiens" auquel il fait allusion sont sans doute en bonne partie des descendants d' "immigrés" d'Europe centrale (en Lombardie par exemple), de Grèce, d'Asie mineure (où exista l'Empire byzantin, qui contrôla la moitié Sud de la péninsule autrefois)... et du reste du Bassin méditerranéen (les Calabrais sont sans doute nombreux à avoir des ancêtre arabes ou berbères).
Ensuite, pour le lecteur français peu au fait de la phraséologie des con-servateurs transalpins, il faut traduire certains propos du sieur Calderoni. Quand il parle des "Noirs" de l'équipe de France, il sous-entend "Ce sont des Africains, donc pas des Français." C'est du racisme. Ensuite, il désigne des "islamistes". Je n'ai pas eu vent d'un quelconque prosélytisme politico-religieux au sein de l'équipe de France de football. Je crois plutôt que par "islamistes" il entend "musulmans". Voyez l'amalgame. Islamophobie ?... Enfin, il dénonce l'influence des "communistes". Il faut relativiser l'accusation. L'ambiance politique en Italie est tellement sereine qu'il n'est pas rare d'entendre un (ir)responsable conservateur qualifier de "communiste" ou de "bolchevique" (avec le couteau entre les dents ?) une personne faisant preuve d'un minimum d'esprit critique vis-à-vis de la Vulgate libérale véhiculée par les médias dominants (qui sont furieusement berlusconiens de l'autre côté des Alpes). Je pense que, dans son esprit, les propos tenus par Lilian Thuram doivent s'apparenter à de la propagande marxiste-léniniste...
Dernière remarque : j'ai trouvé cette déclaration dans un petit encadré du supplément consacré à la coupe du monde (page 5), donc dans la version papier. Je viens d'aller voir sur le site internet du Monde, et je ne suis pas parvenu à retrouver trace de cette dépêche AFP. Etrange, non ?
13:25 Publié dans Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique
lundi, 10 juillet 2006
Leçons d'amour à l'italienne
C'est la bonne surprise de ce début juillet. Une comédie romantique transalpine qui joue sur les clichés sans (selon moi) tomber dedans. C'est divisé en chapitres, à l'image de la série de livres dont il est question dans le film. C'est aussi une référence au film à sketchs italien et aux comédies qui ont fait la réputation de ce cinéma. On a droit successivement à la rencontre, la crise, la trahison, l'abandon... et au renouveau. L'intérêt du film est que chaque chapitre est centré sur un couple différent, même si on rencontre de-ci de-là les personnages des autres histoires. A la fin, on peut dire que la boucle est bouclée.
J'ai beaucoup ri, en particulier au premier volet, où les voix off se superposent aux dialogues pour nous révéler les pensées intimes des personnages, principalement Tommaso et Giulia. Genre :
- (Je sens que je vais dire quelque chose d'idiot) Et si on restait amis ?
- (Ouah, le râteau !)
Le meilleur ami de Tommaso nous sert de guide, gratifiant le spectateur de ses commentaires, dont la principale utilité est de nous montrer que son ami ne l'écoute pas et que lui est prêt à tout lui céder !
La mise en scène du "couple en crise" est suffisamment habile pour qu'on puisse s'identifier successivement aux deux personnages. Je recommande tout particulièrement la scène où ils sont couchés sur le sol dans une sorte de club pour couples en détresse... Bonjour les dessins !
La "trahison" est parfois jubilatoire, avec cette policière implacable. Ex-cel-lent !!
Une anecdote perso pour terminer. J'ai vu ce film à Toulouse hier dimanche, avant de prendre le train pour regagner mon Aveyron chéri. Le train est parti à 19h32, plein. L'employé de la SNCF avait l'air un peu surpris qu'autant de monde puisse décider de voyager à un horaire qui ne permettait pas de suivre les exploits footballistiques de nos gladiateurs contemporains. Le train était bondé... parce qu'une seule voiture avait été préparée. Mais, bon, c'était climatisé. Vers 20h05, le train s'est arrêté en pleine voie. Sur l'écran électronique, un message s'afficha, pour nous informer de l'arrêt et nous prévenir de ne pas nous diriger vers les portes. Par contre, rien sur le motif de l'arrêt. Je ne tardai pas à comprendre : le chauffeur écoutait la radio. Il a voulu suivre le pénalty de Zidane... et nous a d'ailleurs vite annoncé que la France menait 1 à 0. Plus de la moitié de la voiture s'en fichait éperdument... Plus tard, il n' a que ralenti pour l'égalisation italienne. Du coup, il a un peu accéléré pour rattraper le retard. Comme il n'a plus rien annoncé après le 1-1, je me suis dit qu'on devait se diriger vers une prolongation. Le train est arrivé à Rodez avec (fait exceptionnel) 1 ou 2 minutes d'avance.
J'ai regagné mon domicile à pieds. Il faisait bon. Pas un chat dans les rues. Ah, si : un randonneur qui se dirigeait vers la gare. Arrivé chez moi, j'ai commencé par prendre une douche. Ensuite, j'ai mis la radio : j'avais complètement coupé avec l'actualité depuis vendredi soir. Pour tout dire, je ne connaissais ni le score du match "Allemagne-Portugal", ni le nom des vainqueurs du tournoi de Wimbledon ! On s'approchait de la fin de la prolongation. Mais ça m'a vite saoulé. J'ai rangé diverses affaires et grignoté un peu. Puis, saisi d'une soudaine envie de déféquer, je me suis dirigé vers les toilettes, où je me suis adonné à la sculpture post-digestive. (C'est là que je me rends compte qu'au lieu de dire que le commentaire du match me saoulait, j'aurais pu écrire qu'il me faisait chier !) Le match devait être terminé et je n'entendais rien venant des rues de Rodez. Une fois mon affaire faite, je suis retourné à la radio, pour entendre la confirmation de ce que je pressentais...
14:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Dans la peau de Jacques Chirac
C'est mieux que ce à quoi je m'attendais. C'est d'abord un vrai film de fiction, puisque les images d'archives sont commentées par Didier Gustin imitant la voix du président de la République. C'est drôle... et finalement pas très méchant. Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart du temps, le film survole les "affaires", ne décortique pas les turpitudes de M. Chirac, se contentant souvent (pas tout le temps, heureusement, sinon le film serait insupportable) de survoler. (Exemple : l'ambiguïté vis-à-vis de l'extrême-droite. Le film a le mérite de citer intégralement les propos se rapportant au "bruit" et à l' "odeur" -ils sont tronqués dans la chanson de Zebda- mais aucune analyse des rapports entre le RPR et le FN n'est menée. Chirac aurait dérapé... Tu parles !) Peut-être Karl Zéro part-il du principe que ceux qui vont voir ce film savent déjà. Dans ce cas, il a construit un simple divertissement. Il aurait été plus audacieux d'adresser ce film à ceux qui ont encore des illusions sur l'action passée du président. Il ne fut pas (que) le grand nerveux à la tête vide (avec des côtés sympathiques) que l'on se plaît à dépeindre. Le film rappelle bien son côté "flingueur", mais sur un ton plutôt louangeur (il a "niqué" Chaban-Delmas, Giscard-d'Estaing, Fabius, Barre, les "rénovateurs", Balladur et Jospin). Il aurait été plus intéressant de montrer en quoi cet individu a profité des institutions de la Ve république pour assouvir sa soif de pouvoir tout en les dévoyant à son profit... et à celui des petits copains. Par exemple, le passage sur l'affaire Méry manque d'approfondissement.
Ceci dit, si vous voulez passer un moment agréable (le commentaire est écrit avec talent et se marie bien avec les images)...
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique
jeudi, 06 juillet 2006
Volver
Il paraît que cela se prononce "Bolbaire". On l'entend une fois dans le film, lorsque Penélope Cruz chante (ou du moins, à ce qu'il m'a semblé, lorsqu'elle mime le chant qu'une autre personne interprète). C'est un mélodrame humaniste à la sauce almodovarienne. C'est donc plaisant, mais pas génial. (Je préfère de loin la période truculente d'Almodovar, des années 1980 jusqu'à Kika) Il y a des maladresses dans le film, mais, finalement, elles comptent peu au regard du talent des actrices (Carmen Maura, qui incarne Agustina et Lola Duenas, qui joue "Sole", toutes deux plus brillantes que "Pené") et de la force de l'histoire. C'est en cela que c'est un film humaniste, féministe même. Que de bonheur à voir ce portrait du compagnon de l'héroïne, beauf avachi face à la télévision (qui retransmet un match de foot...), enivré de bière ! Les femmes sont des victimes, mais des victimes qui savent se venger : la mère, la fille et la petite dernière.
A un moment, il me semble qu'Almodovar lance une pique à P. Cruz. Raimunda et sa mère sont dans la cuisine et celle-ci, qui vient de la retrouver, lui dit qu'elle n'avait pas cette poitrine autrefois, lui demandant si elle ne s'est pas fait refaire... J'ai revu récemment Jambon jambon (je l'ai acheté avec un numéro du Nouvel Observateur), de l'inénarrable Bigas Luna. Le film a un peu vieilli... mais l'anatomie de P. Cruz y est bien mise en valeur. En regardant Volver, je me suis dit que Penélope avait pris un peu de poitrine (et peut-être aussi fait retoucher sa dentition)...
15:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
Le coupe du monde des marques (2)
Quelques informations complémentaires ont été données par Le Monde daté du 1er juillet 2006. La France est donc bien le bourreau de Nike (quel sale pays d'altermondialistes, quand même !), puisqu'après avoir vaincu le Brésil, elle a battu le Portugal, dernier porte-étendard de cette marque. Adidas se retrouve en finale de son mondial (allemand)... mais sans l'Allemagne. L'article du Monde semble dire que le ballon utilisé le soir de la finale portera le logo de la marque allemande. On se dit que nos amis teutons doivent penser pis que pendre de l'Italie, tombeur de la "Mannschaft". Peut-être que non : le sponsor officiel des Transalpins n'est autre que Puma (le rival germanique d'Adidas), qui donc n'a pas soutenu que des équipes africaines. Pour qui le coeur des Allemands va-t-il pencher ?
En attendant, les Portugais qui habitent ma rue ont été calmes. Je ne vous raconte pas l'animation qu'ils avaient mise pendant le championnat d'Europe de 2004. Nous fûmes un certain nombre à nous réjouir de la victoire grecque en finale : la nuit fut tranquille. Cette semaine, ils n'étaient pas très joyeux à l'idée de rencontrer la France. Ils auraient préféré le Brésil, pour des raisons culturelles sans doute, mais aussi parce qu'ils auraient alors eu le statut d' "outsider". Je ne ressens pas trop d'aigreur de leur part ce matin ; j'ai même entendu des jeunes souhaiter la victoire de la France contre l'Italie (et je pense qu'ils étaient sincères).
15:05 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*
mardi, 04 juillet 2006
Watermarks
C'est un documentaire franco-israélien, pas très long (1h15), qui s'attache à l'histoire d'un club de natation féminin juif autrichien, en particulier dans l'entre-deux-guerres mondiales. Vous imaginez bien que le contexte des années 1930 (montée du nazisme, Anschluss...) ne fut pas sans influencer la vie de ces jeunes femmes. Certaines d'entre elles, octogénaires, sont interrogées. Leurs témoignages sont mis en relation avec des documents d'époque. On revoit ainsi des images des Jeux Olympiques de Berlin de 1936 (auxquels une des nageuses a refusé de participer, ce dont les dirigeants autrichiens lui ont très longtemps tenu rigueur...), avec ces délégations (Français compris...) qui, en passant devant la tribune d'Hitler, font le salut nazi (pas toutes : les Américains ôtent leur chapeau... bien joué, les gars !). Ce club (nommé Hakoah, il comptait des membres masculins et féminins, dans de nombreux sports) a formé une ribambelle de championnes, qui se sont illustrées dans les compétitions nationales et internationales (j'ai même appris à cette occasion que des sortes de "JO juifs" ont été organisés dans la Palestine britannique). Le film revient notamment sur l'antisémitisme dans lequel baignait l'Autriche déjà avant l'annexion allemande. Soyez attentifs lorsque le défilé de la flamme olympique en Autriche est raconté...
Mais le film narre aussi les retrouvailles de ces femmes âgées, dans la piscine de leurs exploits. Le retour en Autriche est l'occasion de revivre le passé, dans ce qu'il a de bon et de mauvais (un chauffeur de taxi déclare à l'une des ex-championnes qu'elle n'était "pas allemande"...). Tous les membres du club ont pu échapper au génocide. Ils se sont dispersés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Israël.
Le site du film (en anglais)
http://www.kino.com/watermarks/
13:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma