mercredi, 12 juillet 2006
Echo Park L.A.
L'histoire tourne autour d'un quartier latino de Los Angeles, plutôt modeste (mais regardez les téléphones portables qui circulent !) à l'origine, mais où des bobos commencent à s'installer. Deuxième élément important : l'attachement aux traditions. Toutes les péripéties ont un rapport avec cette idée : dans quelle mesure doit-on rester "fidèle" à ce que les parents (en particulier un père flic et pasteur) ont inculqué ? Là-dessus se greffent des histoires d'amour, de sexe, une grossesse, un grand-oncle jardinier accueillant. Entre pesanteur morale et appétit de jouissance, les ados ont du mal à gérer.
Parfois, il y a un petit esprit "Larry Clark" dans ce film, mais pas tout le temps, loin de là. Clark est plus subversif, plus contestataire, à la fois dans la forme et dans le fond. Ici, c'est gentillet, mais sympathique, bien joué, bien mené. On ne conteste pas la société (il n'est jamais question d'avortement, les filles considèrent cette cérémonie des 15 ans comme vitale et manifestent un attachement aux apparences, aux paillettes, quasi maladif) mais on veut qu'elle accepte les différences (l'homosexualité, la grossesse précoce).
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mardi, 11 juillet 2006
Takeshis'
Les fans de Kitano y trouveront des allusions à plusieurs de ses films précédents... notamment à Zaitochi pour le numéro de claquettes. C'est une sorte de manteau d'Arlequin, un puzzle égocentrique dans le lequel Kitano incarne Kitano jouant un sosie de Kitano... à moins que parfois Kitano n'incarne un sosie de Kitano jouant à Kitano... On peut se triturer le cerveau sans qu'aucune réponse claire n'apparaisse, et à la limite on s'en fiche. Il faut profiter des scènes, des moments. Le problème est que tous ces moments ne sont pas bons. Le film est très inégal, trop long (j'ai regardé plusieurs fois ma montre...). Les défauts de Kitano sont dans ce film. Il se la joue toujours "Jean Gabin d'Asie orientale" et l'image des femmes n'est pas des plus valorisante. Ceci dit, il introduit une once d'autocritique et présente le monde de la télévision de manière assez comique.
13:55 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Pas besoin de FN en Italie...
... puisqu'il y a d'anciens membres du gouvernement Berlusconi. J'ai trouvé dans Le Monde daté du 11 juillet 2006 la déclaration suivante de Roberto Calderoni, ancien Ministre des Réformes (ferait bien de réformer son cerveau !) :
" La victoire de Berlin est une victoire de notre identité, d'une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et qui a gagné contre une équipe qui a sacrifié sa propre identité en alignant des Noirs, des islamistes et des communistes pour obtenir des résultats."
Tout d'abord, il faudrait que ce membre de la Ligue Lombarde réalise que les "vrais Italiens" auquel il fait allusion sont sans doute en bonne partie des descendants d' "immigrés" d'Europe centrale (en Lombardie par exemple), de Grèce, d'Asie mineure (où exista l'Empire byzantin, qui contrôla la moitié Sud de la péninsule autrefois)... et du reste du Bassin méditerranéen (les Calabrais sont sans doute nombreux à avoir des ancêtre arabes ou berbères).
Ensuite, pour le lecteur français peu au fait de la phraséologie des con-servateurs transalpins, il faut traduire certains propos du sieur Calderoni. Quand il parle des "Noirs" de l'équipe de France, il sous-entend "Ce sont des Africains, donc pas des Français." C'est du racisme. Ensuite, il désigne des "islamistes". Je n'ai pas eu vent d'un quelconque prosélytisme politico-religieux au sein de l'équipe de France de football. Je crois plutôt que par "islamistes" il entend "musulmans". Voyez l'amalgame. Islamophobie ?... Enfin, il dénonce l'influence des "communistes". Il faut relativiser l'accusation. L'ambiance politique en Italie est tellement sereine qu'il n'est pas rare d'entendre un (ir)responsable conservateur qualifier de "communiste" ou de "bolchevique" (avec le couteau entre les dents ?) une personne faisant preuve d'un minimum d'esprit critique vis-à-vis de la Vulgate libérale véhiculée par les médias dominants (qui sont furieusement berlusconiens de l'autre côté des Alpes). Je pense que, dans son esprit, les propos tenus par Lilian Thuram doivent s'apparenter à de la propagande marxiste-léniniste...
Dernière remarque : j'ai trouvé cette déclaration dans un petit encadré du supplément consacré à la coupe du monde (page 5), donc dans la version papier. Je viens d'aller voir sur le site internet du Monde, et je ne suis pas parvenu à retrouver trace de cette dépêche AFP. Etrange, non ?
13:25 Publié dans Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique
lundi, 10 juillet 2006
Leçons d'amour à l'italienne
C'est la bonne surprise de ce début juillet. Une comédie romantique transalpine qui joue sur les clichés sans (selon moi) tomber dedans. C'est divisé en chapitres, à l'image de la série de livres dont il est question dans le film. C'est aussi une référence au film à sketchs italien et aux comédies qui ont fait la réputation de ce cinéma. On a droit successivement à la rencontre, la crise, la trahison, l'abandon... et au renouveau. L'intérêt du film est que chaque chapitre est centré sur un couple différent, même si on rencontre de-ci de-là les personnages des autres histoires. A la fin, on peut dire que la boucle est bouclée.
J'ai beaucoup ri, en particulier au premier volet, où les voix off se superposent aux dialogues pour nous révéler les pensées intimes des personnages, principalement Tommaso et Giulia. Genre :
- (Je sens que je vais dire quelque chose d'idiot) Et si on restait amis ?
- (Ouah, le râteau !)
Le meilleur ami de Tommaso nous sert de guide, gratifiant le spectateur de ses commentaires, dont la principale utilité est de nous montrer que son ami ne l'écoute pas et que lui est prêt à tout lui céder !
La mise en scène du "couple en crise" est suffisamment habile pour qu'on puisse s'identifier successivement aux deux personnages. Je recommande tout particulièrement la scène où ils sont couchés sur le sol dans une sorte de club pour couples en détresse... Bonjour les dessins !
La "trahison" est parfois jubilatoire, avec cette policière implacable. Ex-cel-lent !!
Une anecdote perso pour terminer. J'ai vu ce film à Toulouse hier dimanche, avant de prendre le train pour regagner mon Aveyron chéri. Le train est parti à 19h32, plein. L'employé de la SNCF avait l'air un peu surpris qu'autant de monde puisse décider de voyager à un horaire qui ne permettait pas de suivre les exploits footballistiques de nos gladiateurs contemporains. Le train était bondé... parce qu'une seule voiture avait été préparée. Mais, bon, c'était climatisé. Vers 20h05, le train s'est arrêté en pleine voie. Sur l'écran électronique, un message s'afficha, pour nous informer de l'arrêt et nous prévenir de ne pas nous diriger vers les portes. Par contre, rien sur le motif de l'arrêt. Je ne tardai pas à comprendre : le chauffeur écoutait la radio. Il a voulu suivre le pénalty de Zidane... et nous a d'ailleurs vite annoncé que la France menait 1 à 0. Plus de la moitié de la voiture s'en fichait éperdument... Plus tard, il n' a que ralenti pour l'égalisation italienne. Du coup, il a un peu accéléré pour rattraper le retard. Comme il n'a plus rien annoncé après le 1-1, je me suis dit qu'on devait se diriger vers une prolongation. Le train est arrivé à Rodez avec (fait exceptionnel) 1 ou 2 minutes d'avance.
J'ai regagné mon domicile à pieds. Il faisait bon. Pas un chat dans les rues. Ah, si : un randonneur qui se dirigeait vers la gare. Arrivé chez moi, j'ai commencé par prendre une douche. Ensuite, j'ai mis la radio : j'avais complètement coupé avec l'actualité depuis vendredi soir. Pour tout dire, je ne connaissais ni le score du match "Allemagne-Portugal", ni le nom des vainqueurs du tournoi de Wimbledon ! On s'approchait de la fin de la prolongation. Mais ça m'a vite saoulé. J'ai rangé diverses affaires et grignoté un peu. Puis, saisi d'une soudaine envie de déféquer, je me suis dirigé vers les toilettes, où je me suis adonné à la sculpture post-digestive. (C'est là que je me rends compte qu'au lieu de dire que le commentaire du match me saoulait, j'aurais pu écrire qu'il me faisait chier !) Le match devait être terminé et je n'entendais rien venant des rues de Rodez. Une fois mon affaire faite, je suis retourné à la radio, pour entendre la confirmation de ce que je pressentais...
14:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Dans la peau de Jacques Chirac
C'est mieux que ce à quoi je m'attendais. C'est d'abord un vrai film de fiction, puisque les images d'archives sont commentées par Didier Gustin imitant la voix du président de la République. C'est drôle... et finalement pas très méchant. Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart du temps, le film survole les "affaires", ne décortique pas les turpitudes de M. Chirac, se contentant souvent (pas tout le temps, heureusement, sinon le film serait insupportable) de survoler. (Exemple : l'ambiguïté vis-à-vis de l'extrême-droite. Le film a le mérite de citer intégralement les propos se rapportant au "bruit" et à l' "odeur" -ils sont tronqués dans la chanson de Zebda- mais aucune analyse des rapports entre le RPR et le FN n'est menée. Chirac aurait dérapé... Tu parles !) Peut-être Karl Zéro part-il du principe que ceux qui vont voir ce film savent déjà. Dans ce cas, il a construit un simple divertissement. Il aurait été plus audacieux d'adresser ce film à ceux qui ont encore des illusions sur l'action passée du président. Il ne fut pas (que) le grand nerveux à la tête vide (avec des côtés sympathiques) que l'on se plaît à dépeindre. Le film rappelle bien son côté "flingueur", mais sur un ton plutôt louangeur (il a "niqué" Chaban-Delmas, Giscard-d'Estaing, Fabius, Barre, les "rénovateurs", Balladur et Jospin). Il aurait été plus intéressant de montrer en quoi cet individu a profité des institutions de la Ve république pour assouvir sa soif de pouvoir tout en les dévoyant à son profit... et à celui des petits copains. Par exemple, le passage sur l'affaire Méry manque d'approfondissement.
Ceci dit, si vous voulez passer un moment agréable (le commentaire est écrit avec talent et se marie bien avec les images)...
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique
jeudi, 06 juillet 2006
Volver
Il paraît que cela se prononce "Bolbaire". On l'entend une fois dans le film, lorsque Penélope Cruz chante (ou du moins, à ce qu'il m'a semblé, lorsqu'elle mime le chant qu'une autre personne interprète). C'est un mélodrame humaniste à la sauce almodovarienne. C'est donc plaisant, mais pas génial. (Je préfère de loin la période truculente d'Almodovar, des années 1980 jusqu'à Kika) Il y a des maladresses dans le film, mais, finalement, elles comptent peu au regard du talent des actrices (Carmen Maura, qui incarne Agustina et Lola Duenas, qui joue "Sole", toutes deux plus brillantes que "Pené") et de la force de l'histoire. C'est en cela que c'est un film humaniste, féministe même. Que de bonheur à voir ce portrait du compagnon de l'héroïne, beauf avachi face à la télévision (qui retransmet un match de foot...), enivré de bière ! Les femmes sont des victimes, mais des victimes qui savent se venger : la mère, la fille et la petite dernière.
A un moment, il me semble qu'Almodovar lance une pique à P. Cruz. Raimunda et sa mère sont dans la cuisine et celle-ci, qui vient de la retrouver, lui dit qu'elle n'avait pas cette poitrine autrefois, lui demandant si elle ne s'est pas fait refaire... J'ai revu récemment Jambon jambon (je l'ai acheté avec un numéro du Nouvel Observateur), de l'inénarrable Bigas Luna. Le film a un peu vieilli... mais l'anatomie de P. Cruz y est bien mise en valeur. En regardant Volver, je me suis dit que Penélope avait pris un peu de poitrine (et peut-être aussi fait retoucher sa dentition)...
15:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
Le coupe du monde des marques (2)
Quelques informations complémentaires ont été données par Le Monde daté du 1er juillet 2006. La France est donc bien le bourreau de Nike (quel sale pays d'altermondialistes, quand même !), puisqu'après avoir vaincu le Brésil, elle a battu le Portugal, dernier porte-étendard de cette marque. Adidas se retrouve en finale de son mondial (allemand)... mais sans l'Allemagne. L'article du Monde semble dire que le ballon utilisé le soir de la finale portera le logo de la marque allemande. On se dit que nos amis teutons doivent penser pis que pendre de l'Italie, tombeur de la "Mannschaft". Peut-être que non : le sponsor officiel des Transalpins n'est autre que Puma (le rival germanique d'Adidas), qui donc n'a pas soutenu que des équipes africaines. Pour qui le coeur des Allemands va-t-il pencher ?
En attendant, les Portugais qui habitent ma rue ont été calmes. Je ne vous raconte pas l'animation qu'ils avaient mise pendant le championnat d'Europe de 2004. Nous fûmes un certain nombre à nous réjouir de la victoire grecque en finale : la nuit fut tranquille. Cette semaine, ils n'étaient pas très joyeux à l'idée de rencontrer la France. Ils auraient préféré le Brésil, pour des raisons culturelles sans doute, mais aussi parce qu'ils auraient alors eu le statut d' "outsider". Je ne ressens pas trop d'aigreur de leur part ce matin ; j'ai même entendu des jeunes souhaiter la victoire de la France contre l'Italie (et je pense qu'ils étaient sincères).
15:05 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*
mardi, 04 juillet 2006
Watermarks
C'est un documentaire franco-israélien, pas très long (1h15), qui s'attache à l'histoire d'un club de natation féminin juif autrichien, en particulier dans l'entre-deux-guerres mondiales. Vous imaginez bien que le contexte des années 1930 (montée du nazisme, Anschluss...) ne fut pas sans influencer la vie de ces jeunes femmes. Certaines d'entre elles, octogénaires, sont interrogées. Leurs témoignages sont mis en relation avec des documents d'époque. On revoit ainsi des images des Jeux Olympiques de Berlin de 1936 (auxquels une des nageuses a refusé de participer, ce dont les dirigeants autrichiens lui ont très longtemps tenu rigueur...), avec ces délégations (Français compris...) qui, en passant devant la tribune d'Hitler, font le salut nazi (pas toutes : les Américains ôtent leur chapeau... bien joué, les gars !). Ce club (nommé Hakoah, il comptait des membres masculins et féminins, dans de nombreux sports) a formé une ribambelle de championnes, qui se sont illustrées dans les compétitions nationales et internationales (j'ai même appris à cette occasion que des sortes de "JO juifs" ont été organisés dans la Palestine britannique). Le film revient notamment sur l'antisémitisme dans lequel baignait l'Autriche déjà avant l'annexion allemande. Soyez attentifs lorsque le défilé de la flamme olympique en Autriche est raconté...
Mais le film narre aussi les retrouvailles de ces femmes âgées, dans la piscine de leurs exploits. Le retour en Autriche est l'occasion de revivre le passé, dans ce qu'il a de bon et de mauvais (un chauffeur de taxi déclare à l'une des ex-championnes qu'elle n'était "pas allemande"...). Tous les membres du club ont pu échapper au génocide. Ils se sont dispersés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Israël.
Le site du film (en anglais)
http://www.kino.com/watermarks/
13:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
lundi, 03 juillet 2006
Slevin
C'est un polar achm'ent bien foutu, avec une pléiade d'acteurs au mieux de leur forme : Bruce Willis (sobre), Morgan Freeman (classe), Ben Kingsley (pointu), Lucy Liu (sublime... c'est quand tu veux, baby)... même Josh Harnett ! Le scénario est bien ficelé, on se fait embrouiller en moins de deux...Il faut donc dès le début être vigilant : ce que l'on nous raconte ou nous montre comme le passé (plus ou moins récent) peut être bidonné. L'humour est présent. Petit bémol : la violence, souvent gratuite. Le film aurait pu s'en passer sans perdre en efficacité (et il aurait ainsi évité l'interdiction aux moins de 16 ans).
NE LISEZ PAS LA SUITE AVANT D'AVOIR VU LE FILM... SAUF SI VOUS ÊTES FIN BOURRES !!
De manière sous-jacente, le film véhicule l'idée que les "bons" sont les WASP : Bruce Willis et Josh Harnett... avec l'exception Lucy Liu. Les méchants sont les gangsters, soit juifs (Kingsley incarne avec talent une caricature de juif fortuné superstitieux et âpre au gain), soit noirs (quel bande de voyous ces Noirs), soit d'origine étrangère (un porte un nom à consonance polonaise). Reste l'exception Lucy Liu, vraiment formidable dans ce rôle (je ne le répèterai jamais assez).
Au second degré, on peut parler de mise en abyme. Josh Harnett est un acteur qui, dans ce film, interprète un personnage qui joue un rôle. De plus, il accède au statut de star (aux côtés de Bruce Willis quand même, faut pas pousser non plus). Les "vieux" acteurs (Freeman, Kingsley) sont vaincus par le petit jeune qui monte, Harnett. Au début du film, il passe son temps en serviette de bain, ce qui permet à tous les fans d'admirer son torse parfait : c'est le beau gosse de 40 jours et 40 nuits qui fait de la figuration, au service des grosses pointures. Finalement, c'est lui qui joue le rôle principal, qui manipule tout son monde.
Pour terminer, je me dois de signaler une faiblesse du film : pour maintenir le suspens, dans certaines scènes se référant au passé (plus ou moins récent), plusieurs personnages ne sont pas montrés de face (on les voit de dos, ou on ne voit que leurs jambes). A la fin, ces mêmes scènes réapparaissent, sous un autre angle. Par contre, l'agression du début et le coup de téléphone donné par Harnett à "Nick" sont bidons. Ici, la réalisation joue la facilité : il aurait fallu trouver un moyen qui permette ensuite de comprendre que cette partie du film était la fiction dans la fiction.
16:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 02 juillet 2006
Bashing
Les otages japonais en Irak, vous vous souvenez ? Il en est question ici, à travers la vie d'une famille dont la fille est revenue. Elle subit un véritable harcèlement, dont quelques aspects sont abordés par le film, une fiction, certes, mais qui s'appuie sur des faits réels. Bon, ceci dit, on est au Japon : ce harcèlement n'a pas tout à fait la forme qu'il prendrait en Europe par exemple. Yuko n'est jamais frappée et son vélo ne subit aucune dégradation. Par contre, elle perd son travail à cause d'un collègue sans doute nationaliste. Elle se fait rejeter de l'épicerie (où, un jour, ses achats sont détruits par trois jeunes blaireaux), son père est mis sous pression, sa belle-mère elle-même voit son travail "pollué" par "ça", comme il est dit dans le film (du moins dans les sous-titres).
Les acteurs sont très bons. Celle qui interprète Yuko est vraiment ravissante, ce qui ne gâche rien. (La première fois qu'on la voit regagner le domicile familial pour se coucher dans sa chambre, elle adopte une position quasi foetale, de dos, qui permet de constater qu'elle a un joli cul moulé dans son jean's !). L'ambiance du film, assez noire, est due au poids du chauvinisme ambiant qui, allié au conformisme social, détermine le destin familial. Cette atmosphère est soulignée par la mise en scène : cette petite ville de province, ce quartier tristounnet sont comme une chape de plomb. De même, une sorte de malaise naît à chaque fois que les escaliers menant à l'appartement (situé au troisième étage) sont gravis. Les femmes sont la seule lumière : Yuko avec son entêtement et son côté "Mère Thérésa", sa belle-mère avec son calme et l'amour qu'elle porte à son mari.
17:25 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 01 juillet 2006
Kamikaze girls
Un film japonais déjanté. Les deux personnages principaux sont des adolescentes aux tempérements (apparemment) contrastés. A ma gauche voici la poupée sucrée, dont la vie tourne autour des fanfreluches. Elle paraît limite tass-pé, mais elle a des excuses : un père flatuleur et ivrogne, une mère immature qui s'est barrée avec son accoucheur... et puis elle a bon fond la poupée. A ma droite voilà la (pseudo) rebelle, roqueuse motarde cracheuse coup-de-bouleuse, qui a grand coeur aussi, et des failles tout plein à l'intérieur. Les actrices sont excellentes et le scénario frappadingue. La mise en scène s'inspire du "dessin animé" et un peu aussi des pratiques télévisuelles, sans doute. Parfois, un véritable vent de folie souffle sur ce film.
Au détour d'une scène, on rencontre des yakuzas crétins, un gaillard à la banane proéminente, un styliste exubérant... le tout souligné par une musique de djeunses... et parfois de la soupe française comme on en n'entend plus chez nous ! Quand on prend le tout au second degré, on passe un sacré bon moment, mais je reproche quand même au film de n'avoir pas de recul sur ces victimes de la mode. Certes, il montre que l'extrême attention portée à leur apparence est l'extériorisation d'un malaise chez ces jeunes femmes, mais il ne va pas jusqu'à critiquer cette monomanie, ni son alimentation par les médias.
18:15 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 29 juin 2006
Gardarem la Macha Béranger !
Une odieuse clique, méprisant le talent
Sur le service public exerce un vil pouvoir ;
Nous priver de la Madone des suicidaires
Mener la station jusqu'au fond de l'abattoir
Voilà le projet à l'oeuvre sur France Inter.
Je me souviens, début des années quatre-vingts
Quand ce poste de radio en cadeau me vint
Avec écouteurs, porte pour avoir accès
Aux grandes émissions nocturnes, en stéréo.
Nuit théâtrale, je découvris tes tréteaux
Et une rauque voix, surmontée de chapeaux.
Je ne fus pas vraiment un auditeur fidèle
Mais la nuit encore et toujours quand sur la route
Les kilomètres j'engloutissais, de plus belle
Cette voix grave, reconnaissable entre toutes
Faisait vibrer les enceintes de la 106.
13:00 Publié dans Bouts rimés, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*
Le samouraï du crépuscule
Comme c'est étonnant : c'est un film japonais ! L'action se déroule au XIXe siècle, au moment où le Japon est sur le point de s'engager dans la voie de l'occidentalisation. Tradition et modernité en quelque sorte. On retrouve cette dichotomie au niveau des mentalités : le héros a encore en lui l'antique code d'honneur, mais il est en même temps très différent de bien de ses contemporains (et pas que du pays du soleil levant...) : il élève seul ses filles (suite au décès de sa femme), leur porte beaucoup d'attention, d'amour, considère la femme comme son égale (et souhaite une éducation identique à celle des garçons pour ses filles, pour qu'elles puissent penser par elles-mêmes) et n'a pas l'ambition de devenir le samouraï le plus respecté de sa génération.
Le film a des qualités documentaires (quand bien même il s'agit d'une fiction pure) : incidemment, on apprend des choses sur la vie quotidienne dans les campagnes nipponnes de l'époque, les activités exercées par les samouraïs, leurs relations avec les paysans, les citadins, les différences de statuts (y compris à l'intérieur du groupe). Certains détails peuvent être macabres, comme ces cadavres que charrie la rivière. Cela donne un tour réaliste à ce film, qui est néanmoins très poétique.
Il est poétique par la mise en scène, assez dépouillée, attachée au cadre naturel dans lequel évoluent les personnages. Ces moments "en extérieur" font respirer le film, dont nombre de scènes sont tournées en intérieur. Il y a un petit côté Ozu dans la description minutieuse de la vie de ce foyer étrange, où cohabitent un veuf triste, deux filles joyeuses et obéissantes, une grand-mère frappée par Alzheimer et un serviteur attardé mental.
Il reste une belle histoire d'amour, sur fond de tensions sociales et politiques. Et que cette femme répudiée est belle !
12:35 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 28 juin 2006
La coupe du monde des marques
Je m'appuie sur des informations trouvées dans Le Monde daté du mardi 20 juin. Cette compétition voit s'affronter Adidas, Nike et Puma principalement. Le tirage au sort ainsi que le début de la coupe n'ont pas nécessairement enthousiasmé les sponsors : un huitième de finale a vu s'affronter deux équipes Nike, les Pays-Bas et le Portugal, mais aussi deux équipes Adidas, l'Espagne et la France. Cette configuration va se renouveler en quarts, avec Argentine-Allemagne. Le Portugal, lui, se retrouve face au dernier champion de la marque Umbro (que je ne connaissais pas avant ce Mondial), l'Angleterre (qui s'était retrouvée dans le même groupe que la Suède, au sponsor identique). Puma, qui soutenait les pays africains, a tout perdu... mais va peut-être gagner gros en 2010 (en Afrique du Sud). Reste le tombeur du Ghana, le Brésil, bien évidemment soutenu par la marque des "vainqueurs", Nike (Athéna Nikè était la déesse de la Victoire).
Petite anecdote personnelle. En 1999, je me suis rendu en Finlande. Lors de mon séjour, j'ai visité une école, construite en bois. A l'intérieur, les enfants se déchaussent et laissent leurs chaussures à l'entrée de la salle de classe. En passant dans les couloirs, j'ai jeté un oeil. J'ai d'abord été frappé par la très forte domination des baskets : 9 chaussures sur 10 en moyenne. La deuxième surprise fut de constater l'omniprésence de la marque Adidas (associée à l'équipe de France championne du monde et plus particulièrement à celui qui était considéré comme le meilleur joueur de la planète, Zidane), alors que, dans mes souvenirs de lycée, sa grande rivale Nike prévalait.
Pour terminer : je me réjouis de la défaite de l'Espagne, entraînée par un sale con raciste, et dont certains supporteurs ont sifflé La Marseillaise. Pour le reste, que le meilleur (non dopé) gagne !
14:55 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*
Poséidon
Allons-y pour 2 euros de plus ! Un film à grand spectacle, dans une grande salle, avec du bon son, ça remplit un mardi soir de huitième de finale de coupe du monde ! Bon, il faut se taper le début, avec présentation des personnages, de leurs failles (que le film a pour mission de révéler totalement ou de combler... suspens !). C'est lourd et mal filmé. Même la présentation du molosse est engoncée.
Par contre, dès que la vague est arrivée, j'ai été pris. C'est haletant, assez bien interprété en dépit des caricatures (femme hystérique, père ultra-protecteur ex-maire de New York, mondain alcoolique etc). Au delà de l'histoire, le film fait l'éloge de l'audace (contre l'immobilisme, incarné par ceux qui restent dans la salle principale) et du courage (que d'actes d'héroïsme !). Mais il est aussi, insidieusement, vecteur d'une forme de "darwinisme social". La mort ne frappe pas au hasard...
14:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 27 juin 2006
La maison du bonheur
Pour deux euros, un jour de fête du cinéma, cela passe. L'histoire n'est pas d'une originalité démentielle, mais elle est bien interprétée : Dany Boon est sobre, Michèle Laroque efficace mais dans un personnage un peu stéréotypé... J'accorde une mention spéciale à Daniel Prévost et Zinédine (non pas Zidane) Soualem (et son regard "sallasse" !). Cela m'a fait penser aux comédies réunissant Louis de Funès et Claude Gensac, dans les années 1970-1980, à ceci près qu'ici Michèle Laroque est sous-utilisée, à mon avis.
La famille qui occupe le devant de la scène ne m'est pas sympathique à la base : lui fait un boulot d'enfoiré pour une banque, elle et la fille ont un rapport des plus superficiel à l'argent. Le contraste avec la "radinerie" du mari (lui-même n'a pas toujours les pieds sur terre dès qu'il est question d'argent... voir l'achat de la baraque) est bien mis en scène. On instille une dose de critique sur le comportement des banquiers et une pincée de morale avec le rachat du héros qui tourne casaque apparemment. Ceci dit, on pourrait tourner le film autrement, en faisant du personnage interprété par Michel Vuillermoz le véritable héros. Le film a ceci de pervers que les personnages principaux sont "beaux" (Boon, Laroque et la fille), alors que les "méchants" ont un physique plus disgracieux.
Si vous aimez les bêtisiers gentillets, restez à la fin : les fous-rires sont communicatifs !
17:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 26 juin 2006
Le bal des chattes sauvages
Non, ce n'est pas un documentaire sur nos amis les sacs à puces ronronnants. Il s'agit bien d'un docu, mais il a pour sujet l'homosexualité féminine en Suisse, hier et aujourd'hui. Une d'entre elles est francophone, les autres sont alémaniques. Du coup, 1h30, c'est un peu long. Mais le film est très intéressant, d'autant plus qu'il couple cet aperçu historique de l'homosexualité avec l'évolution de la condition féminine.
Les intervenantes que j'ai préférées sont la francophone et celle qui a dû être institutrice (la sportive). On la voit à un moment du film 20-30 ans plus jeune, participant à une émission de télévision sur les "minorités sexuelles". La styliste est un peu à part. Son témoignage introduit de la diversité : les homosexuelles ne partagent pas forcément les mêmes idées sur la famille, le travail, la "communauté" etc. Il est ainsi frappant de voir le fossé qui sépare les jeunes des plus âgées : celles-ci ont revendiqué le droit à la différence (je suis l'égale des autres, donc j'ai le droit d'être homosexuelle sans que l'on me discrimine) alors que celles-là militent pour la reconnaissance des droits identiques aux hétérosexuels (je suis l'égale des autres, donc j'ai droit aussi au mariage, aux enfants).
18:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique
Sophie Scholl
Un film épatant, consacré à un mouvement (allemand) d'opposition au nazisme, la Rose blanche, vu au travers de l'un des membres, incarné de manière stupéfiante par une actrice, Julia Jentsch, qui ressemble parfaitement à l'image que je m'étais faite de la vraie Sophie Scholl (jusqu'à la coupe de cheveux pas vraiment "tendance", fidèle à la photographie la plus connue du personnage) : sa démarche, ses vêtements (d'époque), même sa manière de s'exprimer, sont criants de vérité. L'actrice réussit la performance de rendre très séduisante cette intellectuelle croyante. Le film nous la présente d'abord comme une jeune femme plutôt effacée par rapport aux hommes du groupe, mais très déterminée au fond. Ce n'est que dans la deuxième partie du film que ses convictions religieuses et politiques sont mises en valeur.
Ce long métrage témoigne aussi de la manière dont les Allemands se représentent le nazisme. Il vient après "La Chute", davantage consacré à Hitler lui. Ici, il s'agit de défendre la démocratie libérale, intimement liée à la liberté religieuse. Je reprocherais peut-être au film de ne présenter le christianisme que comme une source de résistance au nazisme. Sophie Scholl était protestante et, si certains opposants très connus au nazisme (Martin Niemöller par exemple) étaient des figures du protestantisme, il est aussi indéniable qu'une bonne partie de l'encadrement (et des fidèles...) s'est ralliée allègrement au régime. L'attitude de l’Église catholique n'a pas été des plus claires non plus. Toutefois, le fait que le film présente ces étudiants comme la mauvaise conscience de l'Allemagne y fait un peu écho : ils rappellent à ces adultes bardés de certitudes nationalistes (et fanatiques pour certains d'entre eux, rares si l'on se fie au film, un peu trop optimiste sans doute...) que l'Allemagne a perdu son honneur dans l'aventure nationale-socialiste.
D'un point de vue formel, quelques scènes sont magnifiques : celles tournées dans la cellule que Sophie partage avec une détenue communiste, où un halo de lumière enveloppe humains et objets, celles qui voient Sophie affronter verbalement l'enquêteur, un nazi fanatique qui voudrait malgré tout sauver cette jeune femme en qui il voit une personne de qualité. La séquence finale est d'une beauté froide, évoquant avec une grande économie de moyens le courage de ces jeunes, en particulier celui de Sophie, qui a choisi de mourir plutôt que de se renier.
Il y a une dizaine d'années, j'avais trouvé un petit livre qui reproduisait les tracts de la Rose blanche :
Éditions de Minuit (55 francs à l'époque).
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dimanche, 25 juin 2006
La colline a des yeux...
... oui, mais combien ? Parce que vu le nombre d'explosions atomiques que la région a subies, ça risque d'être plus que deux ! Le générique est lui-même presque insoutenable... alors qu'il ne propose que de vraies images, sur les explosions atomiques et leurs conséquences. Mais il a été précédé d'une séquence introductive hyper violente, à l'image du film, vraiment gore (avec beaucoup de sang, qui ne gicle pas trop toutefois), vraiment bon.
Pour ceux qui les ont vus, on peut comparer "La colline..." à "Chud" (pour les conséquences du nucléaire et le miam miam) et "Détour mortel" (pour la crainte d'une Amérique reculée, le cimetière de voitures... et le miam miam aussi). Aux Etats-Unis, le film de genre sert souvent à dénoncer certains travers de la société. (Et un tueur en série peut exercer une sorte de justice immanente, une vengeance sanguinaire au nom de la "morale".) Soyez attentifs à ce qui arrive au drapeau américain dans le film (Non au bourrage de crâne !). Ce drapeau est celui qui figure sur la voiture de la famille qui traverse le pays en caravane. Les membres n'en sont pas très sympathiques. Le père est un républicain arrogant (pléonasme ?), la mère une bigote, la fille aînée une "gentille" qui a épousé un démocrate caricatural (très "urbain", obsédé par son téléphone portable), la fille cadette est limite tass-pé et le fiston est un ado mal dans sa peau, qui donc surréagit. On a envie qu'il leur arrive des trucs...
Comme dans tous les films de ce type, les "héros" font ce qu'il ne faut absolument pas faire (du moins au début), ce qui mène à la catastrophe. Puis, ils se montrent capables de faire ce qu'on n'oserait pas faire : pour survivre, ils vont devoir surmonter leurs préjugés, leurs peurs (en particulier le démocrate). Dans la deuxième partie du film, cela devient très prévisible. Parfois, on frôle l'invraisemblance : le démocrate aurait dû se faire zigouiller plusieurs fois, mais bon, ça maintient l'intrigue.
Comme c'est un peu du Wes Craven, on rit parfois. Il est possible que les faiblesses du scénario soient à prendre au second degré.
Au fait , c'est interdit aux moins de 16 ans.
12:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 24 juin 2006
Cars
Je n'aime pas trop les bagnoles, mais c'est du Pixar... et même le réalisateur de Toy story. Donc, j'ai essayé. Je n'ai pas été déçu. Les deux heures passent sans qu'on s'en aperçoive. C'est d'abord une formidable réussite visuelle. Les carrosseries sont très bien "dessinées" et le coup des yeux à la place des pare-brise est excellent (pareil pour les moustaches en pare-chocs) ! Le son a été travaillé : écoutez attentivement quand les voitures roulent sur le sable... dans une salle avec dolby, ça rend bien ! Le doublage est très bon (ce qui n'est pas le cas dans tous les films étrangers diffusés en France...), une constante pour les animations de ces dernières années. (Parfois même, la version française est meilleure que la version originale, comme dans "L'âge de glace" par exemple.)
Il reste une histoire "morale", qui prend un peu à rebrousse-poil certains totems contemporains : la réussite à tout prix, l'appât du gain, l'égoïsme... le tout venant d'un film états-unien, cela mérite d'être noté ! C'est un film humaniste, qui met en valeur les "petites gens" (les vieilles guimbardes rouillées), exerçant un "petit métier", loin du strass et des paillettes d'Hollywood, de la finance internationale ou de la net économie. L'amitié désintéressée, la simplicité, un certain art de vivre, l'amour authentique et le goût du travail bien fait sont mis en valeur. Dans un monde plein de bruit et de fureur, soumis à la pression médiatique et au jeu des sponsors, les auteurs ont fait (re)vivre une oasis décalée, empreinte de nostalgie. Le tableau n'est toutefois pas aussi tranché : le "monde moderne" est montré comme porteur de valeurs positives (la qualité du spectacle, l'engouement sincère des foules), alors que le "monde ancien" a des aspects négatifs (il manque d'argent, d'entrain parfois et les aigreurs n'en sont pas absentes).
15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Scary movie 4
Amateurs-trices d'humour raffiné, de subtilité cinématographique, bienvenue ! Dans ce quatrième volume, toute une fine équipe est réunie : Leslie Nielsen fait le lien avec la série des "Y a -t-il ... (un pilote, un flic) ?", Charlie Sheen fait le lien avec les "Hot shots" et la blondasse (qui joue avec talent la sympathique gourde... pas facile ça) incarne la continuité scarymoviesque. On peut même trouver quelques références à la série des "Destination finale", produite par la même boîte me semble-t-il ("Dimension films").
Le film s'appuie sur les pastiches de "The grudge", "Saw", "Brokenback Mountain", "Million dollar baby", "La guerre des mondes" et "The village" (principalement). La parodie de "The grudge" est la moins bien réussie. On y voit quand même notre héroïne blonde s'en prendre plein la figure et puis, comme elle est toujours aussi maladroite, elle en fait subir des vertes et des pas mûres à l'infirme qu'elle a sous sa charge (aaaaahhh, la belle urine qu'elle est bonne pour nettoyer tout ça !). Charlie Sheen nous gratifie d'une numéro de dépressif tombeur de starlettes, qui confond somnifères et viagra... ce qui le conduit à un drôle d'empalement ! A noter quelques effets de caméra (pas les plus perceptibles, mais bon, quand on fait attention): par exemple, le mouvement de l'héroïne qui, lorsque la caméra, qui la présentait en gros plan, effectue un mouvement latéral pour montrer l'arrière-plan, se déplace pour rester dans le champ !).
J'ai bien aimé la revisitation de "Saw" (film que j'ai beaucoup apprécié au demeurant, comme le numéro 2). Shaquille O'Neal nous la joue autodérision et je suis très sensible à la connerie qui consiste à se scier la jambe qui n'est pas entravée par la chaîne... Plus loin dans le film, on revient sur cette parodie, avec le retour d'un personnage des premiers "Scary" en prime (la nymphomane) : c'est con, mais c'est bon ! Je recommande tout particulièrement les types de pièges fixés aux prisonniers, dont un qui peut être très perforant !
Les cowboys homosexuels de "Brokenback" sont ici noirs... c'est voulu, je pense (peut-être un clin d'oeil narquois aux tendances homophobes qui sévissent chez certains groupes de rap ou de raggamuffin d'outre-atlantique). Le pastiche de "Million dollar" n'est pas démentiel, mais bon, il joue sur l'effet d'accumulation, pas désagréable (comique de répétition inspiré des "Y a-t-il un pilote ?").
Le gros du film est fondé sur "The village" et "La guerre des mondes". Ici le décalque humoristique se double d'une certaine critique socio-politique (oui !). La parodie du film de Shyamalan tourne en ridicule les fondamentalistes... et elle comporte une scène d'anthologie, qui voit une aveugle de la communauté entrer dans le temple (où se tient une réunion générale) en pensant se trouver dans sa maison, plus précisément aux toilettes... éclats de rire (gras) garantis ! Bien entendu, elle se dévêtit partiellement, histoire que le public masculin hétérosexuel se rince un peu l'oeil ! Le personnage du débile mental est aussi source de réjouissants gags à la morve...
Le personnage que jouait le scientologuissime Cruise dans "La guerre des mondes" en prend plein la figure. Le père maladroit mais sympathique du film de Spielberg devient ici un demeuré immature qui cumule gaffes et semi-catastrophes, dont la principale victime est sa fille, successivement frappée, projetée, coincée, électrocutée... malaise dans la salle d'un côté, gros rires de l'autre ! Remarquons que ce père attentionné renonce à poursuivre son fils (parti combattre les méchants tripodes) lorsqu'il s'aperçoit que sa fille court un danger encore plus grave... je vous laisse découvrir lequel ! Cette partie du film est celle qui accumule les gags, sur les docks où travaille le (z)héros (et hop un container qui s'écrase ! coucou les singes facétieux !), en ville, dans la campagne où fuit la population, dans la maison-refuge (quels obsédés, ces tripodes !).
A la toute fin, on peut se défouler avec une satire du show d'Oprah Winfrey, qui n'est certes pas gâtée, mais ce n'est rien à côté de la charge du "héros", très américaine.
14:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma
vendredi, 23 juin 2006
Paris je t'aime
Dans mon cas, ce fut souvent "Paris m'ennuie". Sur la vingtaine de courts-métrages, 6 m'ont vraiment plu. Attention, ne vous fiez pas au début, qui est très mauvais. On a droit à l'évanouissement d'une femme à côté de la voiture d'un type en quête de l'âme soeur, puis à la naissance d'une relation entre un jeune qui fréquente des blaireaux de chez blaireaux et une fille voilée (trop cool, man !) avant de se faire infliger un opus consacré au quartier du Marais qui, tenez-vous bien, comble de l'originalité, traite (mal) de l'homosexualité !
Le film des frères Coen est le véritable démarrage. "Tuileries" aborde les dangers à croiser le regard d'autrui dans une station de métro. Steve Buscemi est fendard en touriste ricain et l'actrice aguicheuse est craquante. Autre bonne surprise, le film de Walter Salles ("Loin du XVIème"), avec, je crois, cette actrice latino-américaine qu'on a vue dans "Maria pleine de grâce" (une magnifique brune "nature") : des inégalités dans Paris, entre l'immigrée qui quitte son bébé très tôt le matin et la grande bourgeoise qui l'emploie. Bref et efficace.
Deux autres moments de bonheur, plus décalés : le jeu des mimes, avec Yolande Moreau dans l'un des rôles. Poétique et réussi. A côté de cela, on trouve Elijah Wood dans une histoire de vampires à la sauce "Sin city" pour le traitement graphique.
Restent deux films très forts. l'un est consacré au duo formé par un gardien de parking noir et une sauveteuse. Je n'en dis pas plus mais c'est bouleversant ; il faut bien suivre du début à la fin pour comprendre cette petite histoire bien ficelée. L'autre film est en quelque sorte le compte-rendu d'un séjour touristique effectué par une postière du Colorado à Paris. C'est dit en français avec un accent délicieux et cela regorge d'humour ("14e arrondissement" est le titre je crois). Sinon, on aurait pu faire un film plus court (genre 1h30 au lieu de 2h) en virant quelques films inutiles à mon avis (en particulier celui avec Fanny Ardant et celui avec Gena Rowlands).
17:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
Les Irréductibles
Au départ, je m'attendais à une comédie un brin potache. L'histoire m'avait paru attachante, avec de bons acteurs. En fait, c'est un film grave, parsemé de touches d'humour (Anne Brochet est particulièrement piquante... et toujours aussi charmante, même avec quelques rides !). Ce n'est ni un "grand" film (alors que le sujet aurait pu s'y prêter... dommage) ni un téléfilm. Jacques Gamblin y est vraiment très bon, en ouvrier licencié qui connaît des problèmes familiaux. Il faut dire que rien ne lui est épargné : licenciement, révolte du fils peu motivé par l'école, fâcherie avec sa femme, moqueries du voisinage, mépris d'un enseignant... et même le décès d'un proche !
Les interprètes sont excellents, masculins comme féminines. On comprend face à quel rouleau compresseur se retrouve une personne sans diplôme quand elle perd son emploi : l'ANPE le considère comme un numéro, l'Education Nationale n'est pas adaptée (la représentation des cours m'a paru un peu vieillotte... faudrait actualiser un peu sans doute)... Les "jeunes" ne sont pas caricaturaux. Ils ne sont montrés ni comme des dégénérés irrécupérables, ni comme de doux anges éthérés. Ce souci de réalisme rend le film plus prenant.
Il est révélateur d'un malaise. Le couple appartient incontestablement aux "classes moyennes", sur lesquelles repose notre système. Il s'agit des "petites" classes moyennes : elle est coiffeuse, lui ouvrier. C'est un exemple de la participation d'une catégorie de Français à la "société de consommation" grâce au travail des deux membres du couple. Du coup, ils peuvent devenir propriétaires de leur logement. Le fils (unique) est gâté (trop peut-être). Le licenciement rend tout cela précaire. Il révèle aussi les fractures du couple, de la famille, des amis. (Rufus est formidable.)
16:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Ici Najac, à vous la Terre !
Comme je n'aime guère regarder le foot à la télévision, je me suis fait quelques séances de ciné depuis le début de la coupe du monde. En tant qu'Aveyronnais, je me suis forcé à aller voir ce film, tourné dans l'Ouest du département, dans une commune proche de Villefranche-de-Rouergue (pas très loin du Lot et du Tarn-et-Garonne). Je n'ai pas vu le premier, sorti il y a quelques années.
J'ai aimé l'attention portée à certains personnages, comme ce vieil ouvrier de 75 ans, solitaire, ingénieux, qui passe son temps à bricoler. C'est un peu sa raison de vivre. Attachant aussi le vigneron "à l'ancienne". De ce point de vue, le film est parfois pédagogique, nous montrant les manuels en train de travailler. Le paysan interrogé est sans doute de la Confédération paysanne, et il essaie de vivre en appliquant ses principes. C'est louable et il tient des propos sensés. Lorsque sa famille et son environnement sont filmés, on a droit à de jolis plans qui ne sont pas sans évoquer Farrebique (notamment la fabrication du pain), sans le talent de Rouquier toutefois.
Mais on a parfois l'impression de se trouver devant un "village d'Indiens". Même si l'un des personnages part en Afrique subsaharienne, le film donne l'image d'une communauté plutôt repliée sur elle. Plusieurs plans montrent, au loin, la forteresse de Najac, pôle d'attraction touristique. A aucun moment, dans le film, cet aspect n'est évoqué. Seuls quelques propos du maire font émerger la difficulté à concilier le désir de quiétude avec la nécessaire animation du village.
Restent deux personnages assez caricaturaux. L'un ponctue le film de séquences chantées en anglais. Je pense que le réalisateur a voulu en faire une incarnation de barde, de troubadour des temps modernes. Cela marche à moitié. Quant au chef de gare, il est caricatural (et, de plus, pas naturel, semblant jouer un rôle devant la caméra, comme le musicien)... il me ferait presque désirer la privatisation de la SNCF... presque.
13:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, *de tout et de rien*, politique
vendredi, 26 mai 2006
Da veni da vidi da vinci
Un soir, la semaine dernière, je me promenais en ville et puis, en passant devant un cinéma, je me suis dit : "Après tout, pourquoi pas ?" Je n'avais pas lu le roman, même si j'avais suivi la polémique (savamment entretenue, il faut le dire).
C'est un petit polar tout à fait visible. L'intrigue est prenante, les acteurs plutôt bons (Jean Réno compris !) et les rebondissements sont nombreux. J'ai eu plaisir à voir Le Louvre (où je ne suis jamais allé... va falloir remédier à cela un de ces quatre !), les rues de Paris (vroum, vroum la Smart !), celles de Londres. D'un point de vue formel, les scènes surimposées (par exemple à propos des croisades, des Templiers) sont très réussies, ainsi que les retours en arrière sur l'enfance des protagonistes, qui leur donnent une certaine épaisseur psychologique. Par contre, les dialogues ne sont pas déments. (J'ai vu le film en version française.) Trop souvent, j'ai eu l'impression qu'Audrey Tautou et Tom Hanks débitaient un truc sans saveur, sans intérêt particulier. Il y a aussi quelques invraisemblances, en particulier au début, quand Silas (le méchant pas gentil) zigouille notre Jean-Pierre Marielle à nous (les jeunes ne respectent décidément plus rien), mais part sans s'assurer de sa mort définitive, alors que pour les autres meurtres, il est plus radical. Il aurait dû lui balancer deux ou trois pruneaux supplémentaires, à mon avis. Du coup, Saunière a le temps de perdre son sang, d'écrire des messages un peu partout (il a dégueulassé le musée, l'enfoiré). Vous me direz que c'est fait exprès pour que démarre l'histoire, mais avouez que c'est un peu gros.
Le vrai problème du film est l'accumulation de prétendues révélations historiques, toutes étant reliées les unes aux autres (et encore, le film a semble-t-il élagué par rapport au roman). Par moments, j'ai souri (pauvres Templiers recyclés à toutes les sauces)... alors que ce que je voyais à l'écran n'était pas supposé être drôle. J'ai même franchement ri, lorsque, à la fin du film, Tom Hanks déclare à Sophie Neveu-Tautou, en la regardant droit dans les yeux, l'air bien sérieux du type qui va lâcher la réplique qui déchire : "Vous êtes la dernière descendante du Christ !" J'ai essayé de me retenir (y a plein de gens qui croient dur comme fer aux élucubrations du roman... après tout, si ça leur chante...), mais c'était trop drôle !
Le film est aussi très chaste (c'est un film "familial", ce qui, en langage hollywoodien, signifie "pas érotique pour deux sous") : alors que, durant le film, il est évident qu'un "fluide" passe entre les deux principaux personnages, Langdon se contente d'un petit bisou sur le front de Sophie à la fin. Difficile de bander pour celle qu'on croit être la descendante (en ligne directe) de Jésus ?
A ceux qui voudraient prendre du recul vis-à-vis de l'intrigue du roman, je recommande deux lectures :
- "Da Vinci Code, ce qu'il fallait découvrir", un numéro hors-série de Science et Vie bien foutu. (Par contre, évitez le "Code Da Vinci décrypté" de Simon Cox, en Pocket : il ne décrypte rien du tout, il reprend toutes les affirmations du roman sans s'en démarquer.)
- Plus approfondi, plus intéressant, "Code Da Vinci : l'enquête", de Marie-France Etchegoin (du Nouvel Observateur) et Frédéric Lenoir (du Monde des Religions). Cet ouvrage démonte de manière convaincante tous les phantasmes s'appuyant sur le "prieuré de Sion". (Ah, ce curé qui s'enrichit mystérieusement... des souvenirs de bandes dessinées... connaissez-vous Martin Mystère ?) Il remet aussi quelques pendules à l'heure concernant la vie et l’œuvre de Léonard de Vinci et l'histoire du christianisme. Ceci dit, l'habileté du roman (et du film) réside dans le fait que des "blancs" subsistent dans l'Histoire. L’Église catholique a sans doute minimisé le rôle des femmes dans les premières communautés chrétiennes (et peut-être aussi dans l'entourage de Jésus). D'où les supputations qui font le bonheur des amateurs d'ésotérisme...
14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 25 avril 2006
La droite la plus bête du monde serait-elle de retour ?
Sarkozy retombe dans ses travers. En fait, plus le temps passe, et plus je pense qu'il ne s'agit pas de travers. Soit c'est une tactique pour ratisser large (un coup à gauche, un coup à l'extrême-droite) : dans ce cas, le ministre de l'Intérieur a les yeux plus grands que le ventre et, vu son gabarit, son grand écart ne va pas lui permettre de gagner grand chose. Soit c'est un comportement inhérent à sa personnalité : il est instable, irascible et teigneux... pas bon pour un présidentiable ça.
Je vois plutôt d'un bon oeil l'idée que l'acquisition de la nationalité française soit un engagement (de la part du pays d'accueil, qui donne des droits, et de la part du récipiendaire, qui a des devoirs), formalisé par une cérémonie. De même pour la "discrimination positive" : à la base, ce procédé ne m'enchante pas particulièrement, mais bon, faute de mieux, c'est un coup de pouce à tenter. De surcroît, ce n'est pas l' "affirmative action" à l'américaine, puisqu'il n'y a pas de quota par "race". Certes, il ne faut pas être hypocrite : les déclassés sociaux sont en France majoritairement d'origine africaine, mais ce n'est pas en tant qu'enfants ou petits-enfants d'Africains qu'il faut les aider, mais en tant qu'habitants de quartiers déshérités. Du moment que la "discrimination positive" n'est pas un cache-misère et n'est pas brandie pour masquer l'absence de politique sociale...
"La France, aimez-la ou quittez-la" ... ouais... mais quelle France d'abord ? Moi je n'aime pas toute la France. La foule de choses, de comportements qui ne me plaisent pas en France (et qui sont parfois très répandus) ne fait pas de moi un anti-français. On peut ne pas aimer en France ce qui la déprécie, ce qui la dévalorise. Concernant les étrangers : ceux qui s'installent en France sont une minorité parmi les migrants. Bien plus choisissent l'Espagne et l'Italie, par exemple. D'autres passent par notre pays pour gagner qui le Royaume-Uni qui l'Allemagne. Donc, ceux qui s'installent en France l'ont en général choisi, pour des raisons familiales ou autres. En tenant des propos du type de ceux qu'a repris à son compte Nicolas Sarkozy, une fois de plus, une partie de la classe politique choisit la facilité et la tactique du bouc émissaire : la majorité actuelle n'a pas su, en dépit du plus imposant cumul des pouvoirs connu depuis l'époque gaullienne, rétablir la situation du pays et a fortement déçu son électorat et les Français non partisans qui lui avaient fait confiance. Alors, elle cherche à faire porter la responsabilité à d'autres.
Quant à Philippe de Villiers, il a choisi d'occuper les médias en adoptant des positions extrêmes et en jouant davantage sur les fantasmes que sur la réalité. Il est indéniable qu'une partie des musulmans de France (quelques milliers sur des millions, c'est encore trop, mais cela devrait conduire le vicomte à nuancer sa pensée... mais en est-il capable ?) ait des opinions extrémistes. Ce n'est pas en stigmatisant l'islam de manière générale qu'on contribuera à renforcer l'unité de ce pays, ce dont il a grandement besoin. Je pense qu'en 2007, les Français choisiront une candidature d'union plutôt qu'une candidature de division.
14:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 12 avril 2006
J'ai testé pour vous
La semaine dernière, en sortant du boulot, fatigué, je suis passé par l'hypermarché Géant pour faire quelques courses d'appoint. En fin de journée, il n'y a pas trop de foule. Une fois mes provisions choisies, je me suis dirigé vers les caisses, scrutant les panneaux pour dénicher celle(s) qui accepte(nt) les clients pourvus de moins de 6 articles (10 articles parfois, règle fréquemment contournée par de sinistres crétins, qui font semblant de n'avoir pas vu la pancarte - genre 2 x 1 m !, ou qui débarquent, faussement contrits, avec 10 produits au lieu de 6, ou 15 au lieu de 10).
J'ai remarqué assez facilement les panneaux signalant les caisses dites "rapides"... mais je n'ai pas vu de caissière. A la place, une charmante et souriante hôtesse me proposa de participer à une action innovante : le passage par la caisse automatique, garanti rapide. Comme je suis une bonne pâte et qu'elle avait un beau sourire, je me suis prêté à la manoeuvre. Scandale : c'est le client qui fait tout le boulot ! J'ai dû passer les produits au détecteur de code-barre, les poser ensuite sur la plate-forme qui en vérifiait le poids (pour éviter la gruge), introduire un billet dans la machine (en évitant d'y laisser un doigt), récupérer la monnaie (en me baissant... ouille ! La terre est basse, surtout après une journée de boulot) et ranger mes courses, le tout sous le regard bienveillant (mais vigilant) de l'hôtesse. En cours de route, je lui ai incidemment fait remarquer qu'un tel système risquait de supprimer quantité d'emplois. Elle m'a répondu, toujours souriante, que la question ne se posait pas à brève échéance, ce qui devait paraître rassurant...
13:35 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 11 mars 2006
Ouahhhhh, le pèze !
Je me suis rendu sur le site du magazine Forbes. Je l'ai trouvé très bien conçu. Bien entendu, il accorde une grande place au célèbre classement des "billionnaires"... nos milliardaires (en dollars états-uniens). Il est ainsi possible d'accéder à la liste complète (là, je dis chapeau !... et merci !) des 793 personnes les plus friquées de la planète, classées en fonction de leur fortune, de leur âge, de leur nationalité, de leur lieu de résidence. On peut ainsi visualiser la liste en fonction du critère choisi (sans que cela fasse disparaître les autres). En cliquant sur leur nom, on obtient une notice de présentation, en anglais.
Ces milliardaires sont originaires de 51 pays. Personne ne sera étonné d'apprendre que 371 des 793 richards sont citoyens des Etats-Unis. Un véritable fossé sépare ce pays du deuxième plus gros "fournisseur" d'individus pétés de thunes, l'Allemagne (55 nécessiteux). Puis viennent la Russie (33), le Japon (27), le Royaume-Uni (24), l'Inde (23), le Canada (22), la Turquie (21), Hongkong (17... 25 en comptant la Chine continentale), le Brésil (16)... la France et l'Italie (14), cette dernière représentée en tête par Silvio Berlusconi, 37e fortune mondiale (évaluée à 11 milliards de dollars quand même... de quoi acheter bien des consciences...)
Pour l'anecdote, sachez que plusieurs pays ne peuvent revendiquer qu'un seul milliardaire : Argentine, République Tchèque, Grèce, Islande, Monaco et Portugal. La comparaison avec les pays de résidence réserve quelques surprises. Ainsi apparaissent des pays d'où aucun richard n'est originaire, mais où un voire plusieurs ont établi officiellement leur domicile : les Bahamas (une victime du fisc), les Bermudes (deux), les îles Caïman (une), le Costa Rica (une) et Gibraltar (trois). D'autres pays hébergent davantage de milliardaires qu'ils n'en ont produits : la Région Autonome Spéciale de Hongkong (22 contre 17), Monaco (6 contre 1), la Suisse (21 contre 6), qui détient la palme. Ce n'est guère étonnant. Bien au contraire, l'exode fiscal ne semble frapper qu'une petite minorité de gros portefeuilles. J'y vois la confirmation de l'idée que les systèmes fiscaux nationaux ne sont pas aussi "spoliateurs" qu'une propagande complaisante tente de nous le faire croire. Ces systèmes offrent sans doute, chacun à sa manière, des "perspectives dérivatives". De surcroît, les milliardaires sont tellement riches que la ponction fiscale ne les dérange vraisemblablement que marginalement (sans parler des sommes et du patrimoine qui échappent à toute enquête... quel est le degré de fiabilité de ce classement ?)... à moins qu'ils n'aient pesé le pour et le contre d'une "délocalisation" : pour eux, mieux vaut finalement rester dans le pays qui leur a permis d'établir leur fortune, quels qu'en soient les inconvénients.
Les plus jeunes sont un Allemand et trois rejetons Hariri. Albert von Thurn und Taxis a 22 ans (célibataire sans enfant... allez courage, mon gars !), tout comme Hind Hariri (célibataire aussi, et assez jolie...). Ses frères Fahd (25 ans, de nationalité libanaise comme sa soeur, mais qui lui réside en France... on n'est jamais trop prudent) et Ayman (27 ans), 258e ex aequo au classement des fortunes, sont deux fois plus riches que leur soeur (transmission inégale du patrimoine de papa ?). Ils témoignent de l'attachement de feu Rafic à l'Arabie Saoudite, où il vécut et travailla : le benjamin porte un prénom qui rend hommage à l'ancien roi et son aîné a la nationalité saoudienne.
Les papys sont nombreux dans le classement. Pour trouver les plus âgés, il faut chercher au-delà de 90 ans : John Simplot (et sa famille, peut-être dans l'attente d'un heureux évènement...) et Ernest Gallo, 97 printemps tous les deux, bons patriotes (restés aux Etats-Unis, où quelques opulentes cliniques se font sans doute un devoir de contribuer à leur longévité contre espèces sonnantes et trébuchantes). Ils sont classés respectivement 278e et 645e.
En guise de dessert, on peut s'intéresser (entre autres) aux voitures des vedettes du compte en banque. En général, je trouve celles que j'ai vues d'assez mauvais goût... On se console comme on peut !!!
Le site http://www.forbes.com
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vendredi, 24 février 2006
Villepin, entre Pompidou et Couve de Murville
Chirac n'est pas de Gaulle, quand bien même il se réclame de lui et s'en inspire parfois maladroitement. Les contextes de leur action politique sont différents et l'un n'a pas la légitimité de l'autre. Toutefois, la manière de préparer leur succession rapproche les deux hommes. C'est là que la personne de Dominique de Villepin intervient. Il n'est pas le successeur que Jacques Chirac s'était choisi de prime abord, puisque c'est Alain Juppé qui tenait ce rôle, comme Georges Pompidou pour Charles de Gaulle.
Pompidou comme Juppé sont à l'origine des provinciaux : le Cantal (et le Sud-Ouest) a marqué le premier, les Landes le second. Tous deux sont passés par l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm et ont obtenu l'agrégation de Lettres classiques. Si Juppé est passé par Sciences Po Paris avant d'arriver à l'E.N.A., Pompidou ne pouvait pas suivre le même chemin à son époque, puisque ces structures n'existaient pas. Il a suivi la filière équivalente : l'Ecole libre des Sciences politiques. Ensuite, ces deux personnages ont oeuvré dans l'ombre d'un "grand homme", de Gaulle dès la fin de la seconde guerre mondiale pour Pompidou, Chirac dès le milieu des années 1970 pour Juppé. Les deux "grands hommes" devenus présidents de la République ont choisi leur poulain comme Premier ministre, dès 1995 pour Chirac, en 1962 seulement pour de Gaulle, puisque c'est Michel Debré qui fut le premier chef de Gouvernement de la Cinquième République. (De Gaulle avait sans doute trop besoin des talents de ce juriste pour installer le nouveau régime... un juriste de surcroît très bien vu des partisans de l' "Algérie française" qui avaient permis le retour du Général...)
Dans cette optique, Dominique de Villepin fait un peu "pièce rapportée"... roue de secours. Certes, il est lui aussi passé par l'E.N.A., mais pas par Normale Sup. On peut porter à son crédit sa propension littéraire (des recueils de poèmes aux "cents jours"...), qui le rapproche des deux autres figures. Mais c'est avant tout un diplomate (et pas un provincial)... comme Maurice Couve de Murville, que de Gaulle sortit de son képi en 1968. S'agissait-il de préserver Pompidou, de le "punir" d'avoir mieux su gérer la crise de mai 68 que le Général, de reprendre le contrôle de l'action gouvernementale par l'intermédiaire d'un fidèle ? Un peu de tout ça peut-être. Dans le cas de Villepin, il est indéniable que sa promotion profite de la mise à l'écart d'Alain Juppé. L'avenir nous dira si Chirac a utilisé Villepin pour ménager le retour de Juppé ou uniquement pour barrer la route de Sarkozy. Sarkozy qui, paradoxalement, est celui qui ressemble le plus au Chirac "jeune" (celui des années 1970-1980), celui qui n'était pas encore Président...
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jeudi, 23 février 2006
Du grille-pain à la chaussette qui tient chaud
A l'occasion de mes récentes aventures hypermarchesques, j'ai fait l'acquisition d'un grille-pain. Une dizaine de modèles étaient disponibles, à des prix allant de 20 à 40 euros. Le plus cher était le seul fabriqué en France, du moins d'après le peu d'informations lisibles sur les cartons d'emballage. La même marque proposait un autre modèle, à 23 euros, évidemment non fabriqué en France. Le plus cher était supposé offrir une palette d'usages plus étendue ... bof. Même l'aspect extérieur (le "design", voyons !) jouait en défaveur du plus onéreux... que j'ai fini par acheter. Honnêtement, la plupart des engins semblaient se valoir (compte tenu de l'usage que j'envisageais d'en faire). Restaient l'esthétique, le prix... et l'éthique.
On va tout de suite balancer l'esthétique à la poubelle : je n'achète pas un grille-pain pour éblouir mes invités. Je veux juste (à la rigueur) éviter les couleurs criardes (genre jaune-pisse-de-diabétique ou rose fluorescent). Tous les modèles étaient sobres de ce point de vue-là. Passons ensuite au prix. J'estime que je peux me permettre de dépenser aussi bien 20 que 40 euros pour un tel achat. (Une remarque : quand j'ai validé ma garantie auprès de l'accueil, j'ai reçu une fiche qui m'a permis de constater que sur les 39 euros de l'exemplaire que j'avais choisi, 19,6 % sont de la T.V.A. ! Il y aurait beaucoup à dire sur le poids de cet impôt injuste...) Si je pense que l'appareil le plus cher est susceptible de durer plus longtemps que les autres, je risque de le choisir. (Nous produisons déjà trop de déchets.) J'ai en mémoire le cas d'une plaque chauffante. Mes parents me l'avaient payée au début de mes études, il y a une quinzaine d'années. Je me rappelle que mon père et moi étions allés dans une grande surface, que nous n'y avions rien trouvé (tout le stock ayant été déjà pris d'assaut par les hordes de nouveaux bacheliers). Du coup, nous nous étions rendus dans une quincaillerie du centre-ville, où j'avais choisi un modèle simple, fabriqué en France, coûtant environ 250 francs, si mes souvenirs sont exacts. A titre de comparaison, quand les grandes surfaces furent réapprovisionnées, le modèle de base se vendait à 99 francs !
Eh bien, une quinzaine d'années plus tard, cette plaque fonctionne encore ! De surcroît, à la fin de mes études, j'avais récupéré une plaque double, qu'un membre de ma famille s'était procuré en hypermarché moins d'un an auparavant. Quelques mois plus tard, la première plaque tombait en panne, suivie de peu par la deuxième. J'ai alors ressorti mon "vieil" équipement !
Terminons par l'éthique : franchement, à 15 euros près, je peux valoriser le "made in France" ; cela ne me coûte rien, puisque cet engin va sans doute m'être utile au moins 5 ans, ce qui me donne un "surcoût" de 3 euros par an ! (Et encore, si les modèles à 25 euros tiennent aussi longtemps.)
Dans la foulée, j'ai jeté un oeil aux grosses chaussettes. Mes plus vieilles s'usent irrémédiablement au talon. Par précaution, j'ai renouvelé le stock. J'ai été attiré par un bac qui proposait des chaussettes de ski, à 2,90 euros la paire. La majorité étaient pour femme, ou pour enfants. Je suis quand même parvenu à dénicher deux paires (pour homme) à ma pointure, plus une autre à 8,90 euros (de marque Kindy), qui se trouvait là. En passant dans les rayons spécialisés, j'ai ajouté deux belles paires à 6,60 euros chacune. Revenu en ma modeste demeure, j'en comparai les compositions.
Les moins chères (2,90 euros) sont faites de 65 % d'acrylique,de 25 % de laine et de 10 % de polyamide.
Les Kindy contiennent 45 % de laine (d'où sans doute le surcoût), 39 % d'acrylique et 16 % de polyamide.
Les autres (fabriquées par DuPont) sont composées de 80 % de thermolite (une exclusivité de la marque, je pense), 17 % de polyamide et 3 % d'élasthanne. Elles me rappellent les chaussettes que j'ai achetées un peu plus de 20 euros naguère. (Voir un de mes précédents textes.)
J'ajoute que la mention du lieu de fabrication ou d'assemblage ne figure sur aucune paire.
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