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mercredi, 27 décembre 2006

Eragon

   Recette : prenez une louche de Coeur de dragon, ajoutez un baril de Seigneur des anneaux, mélangez le tout avec une pincée de Narnia (en moins gnan-gnan... pas dur) et vous obtenez... ça. Les effets numériques sont réussis : le plus appréciable du film est l'ensemble des séquences où apparaît le dragon... pardon, la dragonne, de l'éclosion (toute mimi qu'elle est) à la cracheuse de feu (idéale pour les gros fumeurs). L'animation de l'animal est techniquement et artistiquement très satisfaisante. Le reste ? Et bien, en 1h40, on veut nous faire voyager autant qu'en 3h, du coup, cela va trop vite, il n'y a aucun suspense et les dialogues sont d'une platitude comparée à laquelle Jane Birkin peut passer pour une nouvelle Pamela Anderson.

  Il faudra faire beaucoup mieux pour me convaincre d'aller voir la suite... parce que, ah oui, on nous promet une suite, dans laquelle le roi très très méchant, avec son dragon (qu'il croyait être le dernier) qui a lui même l'air abominablement infect, va se lancer à la poursuite de notre héros très très courageux (et un peu con-con) et de sa dragonne vraiment trop délicieuse pour être liée à un minet pareil.

14:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mardi, 26 décembre 2006

Lady Chatterley

    Un film très classique de facture, qui aborde un sujet brûlant (le désir, féminin en particulier). On voit la maîtrise dès le début : le plan de départ, organisé autour d'une fenêtre qui permet de voir ce qu'il se passe à l'intérieur de la demeure, est construit de manière (a)symétrique. La première partie du film est ennuyeuse. Est-ce pour bien faire sentir au spectateur combien la vie de l'héroïne est barbante ? En tout cas, c'est réussi. La suite contraste d'autant plus.

     Le film démarre vraiment à partir du moment où les escapades bucoliques commencent. Lady Chatterley ne recouvre la santé qu'en acceptant de laisser son corps vivre au  rythme de la nature (plusieurs plans ont une orientation panthéiste). Elle fantasme sur cet homme en apparence si loin de son monde, mais qu'elle désire. Leur relation est montrée simplement, avec minutie (et une touche d'érotisme), sans vulgarité. Les dialogues arrivent au bon moment : le film se passe très bien d'eux quand les images sont suffisamment parlantes.

     Le film aurait pu être un peu plus resserré, mais, au final, il reste intéressant.

16:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 25 décembre 2006

The Host

   J'ai enfin pu voir ce film, en version originale sous-titrée. J'en sors mitigé, mais globalement satisfait par ce que j'ai vu. Plusieurs choses m'ont déplu, à commencer par l'expression exacerbée (outrancière même) de certains sentiments, qui fait des héros coréens les équivalents asiatiques de nos "Slaves" (le personnage principal du père raté et hypersomniaque m'a vraiment tapé sur le système). C'est parfois involontairement risible... voire pitoyable. D'un point de vue formel, le film est magnifique : les espaces sont très bien maîtrisés : les plans dans les égouts et ceux réalisés sur le pont sont d'une grande beauté. Le contraste avec les scènes d'intérieur exigu (dans la bicoque, au fin fond des égouts) est joliment mis en scène. D'une certaine manière, c'est un film sur la claustrophobie et le renfermement, à la fois des individus et d'un pays, ici la Corée du Sud subissant la férule états-unienne.

   Quant à la créature, elle apparaît assez vite. Le réalisateur ne recourt pas au subterfuge de base, qui consiste à placer une grande partie de l'intérêt du film dans la découverte progressive de l'anatomie du monstre. Il aurait toutefois pu creuser davantage sur le comportement de celui-ci, qui semble obéir à d'autres logiques que la pulsion vitale pure. On peut noter que face à la créature, ce sont des individus de base (mais à l'écart du courant dominant) qui sont efficaces, pas les représentants de l'ordre établi.

16:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Déjà vu

      C'est un film aux facettes multiples : polar, anticipation, romance, métaphysique, action... C'est aussi un film "politique", d'obédience démocrate : la dénonciation de l'extrémisme blanc y côtoie l'héroïsation de personnages noirs (Denzel Washington, outre son talent, doit une partie de sa carrière à la volonté de certains studios de mettre en valeur des figures positives de la "communauté" afro-américaine) et la sympathie pour la Louisiane, où les conséquences des ouragans sont visibles (de plus, le principal personnage féminin habite le "quartier français"). On peut aussi lire le film sous l'angle "post 11 septembre", mais pas dans la même optique qu'Oliver Stone... A noter qu'ici, contrairement à ce que l'on voit dans Minority report, l'utilisation des découvertes scientifiques par des agences gouvernementales n'est pas vue comme menaçante pour la sécurité du citoyen. Au contraire, les autorités fédérales sont décrites comme timorées face à ce nouvel outil, alors qu'un individu (celui incarné par D. Washington) veut aller plus loin. 

       Le mélange pouvait s'avérer lourd et ennuyeux... pas du tout en fait ! C'est passionnant, trépidant, même si la mise en place du film est maladroite : le premier quart d'heure est pesant, mais il est vital pour la suite, puisque certains personnages semblent condamnés à le revivre. Le polar d'anticipation pourrait s'achever au bout d'1h30. Le film rebondit et met davantage l'accent sur la romance et sur la réflexion métaphysique (Qu'est-ce que le destin ? Peut-on changer le passé ?) dans la dernière demi-heure, vraiment palpitante, où bien des éléments entr'aperçus au début du film prennent un relief particulier.

      Je termine par quelques limites : les scènes d'action ne sont pas forcément les plus convaincantes, à l'exception notable de la poursuite automobile simultanée dans deux domaines temporels différents (d'une grande force visuelle de surcroît). Certains aspects de la romance sont aussi convenus. Mais, bon, cela passe.

16:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 20 décembre 2006

Mon palmarès à moi que j'ai fait tout seul comme un grand

  Alors il paraît que quand on aime le cinéma, qu'on y va assez souvent, il est de bon ton d'établir son classement annuel... sinon on n'est qu'un gros con. Bon, comme je suis un gros con et que je ne tiens pas trop à ce que cela se sache, je vais vous proposer mon palmarès 2006.

Meilleur film d'animation (de très loin) : Nausicaä, de la vallée du vent

Meilleur film de bagnoles : Little miss sunshine

Meilleur film traitant d'un régime totalitaire : Sophie Scholl (Pas de bol pour l'héroïne, c'est une chrétienne convaincue... pas de quoi enthousiasmer la critique aux oeillères proéminentes donc)

Meilleur film d'aventures : Pirates des Caraïbes II

Meilleure comédie française à l'américaine : Prête-moi ta main

Meilleur film barge : La Science des rêves

Meilleur film japonais : Kamikaze girls

Meilleur film malin : Slevin

Meilleur polar : Ne le dis à personne

Meilleur film romantique : Leçons d'amour à l'italienne

Meilleur film à l'eau de rose : Entre deux rives

Meilleur film à l'huile de vidange : Borat

Meilleur film cynique : Thank you for smocking

Meilleur film sur les cadres supérieurs : La Méthode

Meilleur film avec Robert Downey junior : A Scanner darkly

Meilleur film britanniquissime : Tournage dans un jardin anglais

Meilleur film sur le 11 septembre 2001 : Vol 93 (Y a pas photo.)

Meilleur film sur les minorités : Echo Park, L.A.

Meilleur film de repentance : Indigènes

14:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Happy feet

    La marche de l'empereur (que les Américains ont pu voir agrémentée d'un vrai commentaire didactique, au lieu des dialogues nasebroques que nous autres Frenchies avons dû supporter) a laissé des traces : nous voici avec un dessin animé de sensibilisation à la dure vie des manchots, mais en moins triste, avec de la zique et de la danse. Ca c'est pour le côté "djeunse". Tantôt cela marche, tantôt cela saoule. (Faut aimer les chansons dont on nous abreuve...) C'est gentillet, avec au final peu d'humour, si l'on compare avec d'autres productions du même type. C'est bien fichu (en particulier l'apparence corporelle des manchots, vraiment très chôlie) et on a droit à une ode à la tolérance (le petit héros, "Mumble", est différent des autres, qui ne l'acceptent pas trop).

   Le "film" aurait pu partir dans une autre direction : certains passages sont à la limite du drame (et mis en scène avec talent). Cet aspect (qui concerne l'intervention humaine dans un écosystème) est vraiment réussi... et aussi gâché par cette apologie des claquettes sur glace, qui sont bien pratiques pour communiquer et réconcilier le monde des humains avec celui des manchots. Pas finaude la morale...

13:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 15 décembre 2006

Le gauchisme infantile

  Je me disais : tiens, le PS a choisi une candidate centriste et il y a la lancée du "NON" au référendum. Peut-être que les irréductibles gamins de l'extrême-gauche vont enfin s'engager résolument dans la lutte politique (d'une autre manière que par les manifestations de rue, sans doute salutaires quand on a besoin de hurler pour se défouler et de marcher pour perdre du poids, mais bon...). En plus, Bové avait clairement laissé entendre que bon la politique "traditionnelle", à la base, ce n'est pas son truc, mais que, après tout, si on le pousse un peu, il ne dit pas non à une chtite campagne présidentielle. Lui ou Besancenot pourrait jouer sur le débat. J'aime la confrontation d'idées (ce dont se méfient les professionnels de la politique en général). Je pense qu'un candidat de la "gauche de la gauche" de poids (soutenu par la LCR, le PCF, une partie des Verts et d'autres mouvements), susceptible d'atteindre 10 %, contraindrait les autres candidats à s'exprimer un peu plus.

  Ben visiblement ce n'est pas près d'arriver. Ils sont aussi arrivistes et mesquins à l'extrême-gauche qu'ailleurs. Pourtant, grosso modo, ils tiennent le même discours altermondialiste, capitalistophobe et antiraciste. Mais chacun a l'air de vouloir préserver son précarré révolutionnaire à soi. Quelle bande de nases ! Ils avaient un vrai boulevard à la gauche de S. Royal. A croire qu'ils ont peur de s'impliquer réellement dans le débat et surtout, qu'ils ont peur de réussir : recueillir des millions de voix les obligerait à se transformer en mouvement structuré, avec participation possible à la gestion des affaires à la clé...

20:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique

jeudi, 14 décembre 2006

Little miss sunshine

   Il y a deux choses dans ce film : un point de vue sarcastique sur la vie des citoyens "normaux" des États-Unis et une chronique familiale douce-amère. Le principal personnage n'est pas le grand-père cocaïnomane lubrique, ni le père adepte des méthodes d'auto-motivation "ouineuses", ni le fils aîné volontairement muet, apparemment nihiliste, ni l'oncle homosexuel largué (et spécialiste de Proust !), ni même la fille complexée, qui rêve du monde des mannequins. Tout cela est très bien, mais ne serait rien sans ce fabuleux minibus Volkswagen. On s'y entasse, on le pousse, on s'y jette, on y rit, on s'y engueule, on enfonce des barrières, on y stocke un cadavre, on en détraque l'avertisseur sonore, on y planque des revues pornos (hétéros et homos...), de quoi attendrir plus d'un flic de base !

   Alors oui la satire des méthodes "à l'américaine" est réjouissante, oui, la séquence du concours de beautés est extraordinaire par ce qu'elle dit des aspirations des parents et du formatage des jeunes filles, mais tout cela est compris dans cet entrelacs de rapports familiaux. Un bien beau voyage, où l'on frôle le drame, mais où l'on s'amuse... sans complexe !

21:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 10 décembre 2006

Vive les fêtes de fin d'année

    Et c'est parti pour un gros coup de déprime ! Ca commence par certains de mes voisins, qui sont un peu chiants (ça veut dire bruyants, mais que voulez-vous, tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents très portés sur le respect d'autrui) ; ça continue par ce déferlement publicitaire en faveur des "zachats de Noël"... Je plains sincèrement les parents peu fortunés qui, s'ils ont des enfants un tantinet casse-pieds (pas compréhensifs vis-à-vis de la situation de leurs géniteurs - si, si, ça arrive, à notre époque qui valorise le narcissisme juvénile), doivent se triturer les méninges pour faire en sorte que la "magie de Noël" opère encore cette année.

   Ayons aussi une pensée émue pour les milliers de salariés qui apprennent depuis plusieurs semaines qu'ils risquent de se faire lourder d'ici quelques mois. Voilà de quoi aborder le 31 décembre avec gaité !

   A part ça, les réunions de famille me saoulent en général : c'est convenu, les conversations sont d'une banalité affligeante et ça peut mal se terminer, chacun ayant des aigreurs à soulager (de préférence sur les membres de la famille jalousés).

samedi, 02 décembre 2006

Retour au nouvel hyper de Rodez

   Cette fois-ci, je ne suis passé par l'hyper que pour acheter le cd deux titres Fous ta cagoule... Ben oui, on a les pratiques culturelles que l'on peut. Après, je suis allé fourrer mon nez chez le marchand de journaux. En réalité, c'est une maison de la presse, à l'image de celle qui se trouve au centre-ville de Rodez. Les rayons sont donc fournis et on y est vite à l'étroit. Par contre, on est presque sûr de trouver la revue que l'on cherche.

    Ensuite, j'ai pris la direction du bout de la gallerie marchande, où se trouve le Flunch. Cela ressemble à d'autres Flunch (comme celui du centre de Toulouse) : les légumes sont à volonté, les toilettes sont propres et on prévoit son plat chaud en caisse.  Par contre, ici, on fait la queue pour choisir hors-d'oeuvres, fromages, desserts et boissons (quand on ne se contente pas de l'eau de la fontaine, qui est gratuite) dans une file qui mène aux caisses. Attention aux embouteillages... Bon, pour 12 euros, je me suis offert un demi-avocat au thon et citron, un steak (que j'ai accompagné de frites, ma foi très bonnes), du Saint-Marcellin (avec du pain, tiens !) et un part de flan. D'accord, j'ai mangé comme un goret mais

1° J'avais peu mangé à midi  

2° J'avais très faim 

3° Je suis assez grand donc y a de la carcasse à nourrir 

4° Je vous emmerde.

   Beaucoup de gens profitent du menu express ou se contentent d'un plat chaud en comptant sur les légumes à volonté. Pratique quand on n'a pas trop de thunes, mais pas très équilibré tout cela.

   Je plains toujours les serveuses (ce sont presque tout le temps des femmes... ici, comme pour me faire mentir, il y a un homme dans le lot, mais ce n'est pas le plus efficace), pressées de débarrasser les tables : la "philosophie" Flunch déresponsabilise les clients (c'est démago quand même) qui, du coup, ne font pas le moindre effort pour faciliter la tâche des employés. Il n'est quand même pas compliqué de faire un peu le ménage sur sa propre table (par exemple en regroupant les plateaux et les assiettes) !

vendredi, 01 décembre 2006

Saw III

    Ahhh oui frappe-moi ! Fais-moi mal ! Fais bien gicler le sang que la caméra ne puisse plus rien filmer !!!!  Euh, non en fait, ce n'est pas si sanguinolent que cela. Attention, cela gicle quand même (heureusement), mais raisonnablement. Les séquences "gore" (non, pas celles tournées par l'ancien vice-président des États-Unis) sont les plus réussies, avec, par exemple, l'opération d'un cerveau (avec perceuse et scie circulaire en action !), l'éclatement d'un corps par arrachements, mais aussi l'aspersion d'une victime avec de l'écrabouillure de porc moisi... J'en passe, et des meilleures (ah ce pied déboîté, une merveille !).

   Le problème est que ces séquences masquent un scénario assez faible, qui s'appuie trop souvent sur les épisodes précédents : j'y vois une facilité (on n'a pas d'idées, alors on pompe dans ce qui a été fait avant) et le désir de fédérer ancien et nouveau public. J'avais vu le I à sa sortie en salles : j'étais seul dans la salle ce soir-là et le film n'a dû être programmé qu'une semaine ou deux. C'est dire si, malgré la satisfaction qu'il procurait, il avait en fait eu peu d'écho avant la sortie dvd... et la promo qui avait accompagné le 2, moins réussi. Hier, par contre, la salle était presque pleine (avec quelques blaireaux dans le lot : c'est trop cool d'aller voir un film interdit aux moins de 18 ans ! Et puis cette attitude de trouillards qui consiste à faire du bruit pendant les moment forts pour exorciser sa peur...), avec une majorité de mecs, âgés de ... 17ans et 364 jours à 35 ans environ. (A l'entrée, trois ados ont tenté de se faire passer pour des adultes, mais ils n'ont pas réussi à tromper la vigilance de la caissière, qui en a vu d'autres.)

    L'argument du film tourne toujours autour de la "justice immanente" dont le tueur en série serait l'instrument. La fin annonce évidemment un numéro IV...

13:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 29 novembre 2006

Prête-moi ta main

... et flanque l'autre sur mes parties génitales ! Evidemment, c'est un film sur le non-dit, le refoulé. A la base, je redoutais les clichés (ah le célibataire endurci qui se retrouve face à une chieuse !), le côté lourdingue (les histoires de famille sont propices au comique épais) voire l'absence même d'humour. En réalité, j'ai passé un très bon moment. Le film repose entièrement sur les épaules du "couple" vedette, interprété par les excellents Chabat et Gainsbourg. Les seconds rôles leur sont dévoués : ce sont essentiellement des caricatures (bien jouées, certes) destinées à mettre en valeur les autres, par effet repoussoir notamment. Les dialogues sont bien écrits : certaines répliques font mouche !

    Le film est réussi aussi parce que l'action a pour cadre (en partie) le monde de la parfumerie, assez bien rendu m'a-t-il semblé. Cette comédie est aussi une romance (on sait bien comment tout cela va se terminer) qui tient la route. Donc pas un film mémorable, mais un délicieux passe-temps.

16:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 26 novembre 2006

Vraiment, quel con !

     Tomber dans l'autodénigrement, voilà qui n'est guère salutaire ! Dans ce genre de situations, je recommande, pour se remonter le moral, de réaliser quelque chose de valorisant (comme péter quatre fois d'affilée sans modifier le fond de son caleçon, ou encore lâcher le plus gros rot possible sans faire remonter de petits morceaux au fond de la gorge).

     Voici le topo : je loue un appartement dans un immeuble où le chauffage est collectif, électrique au sol. Dans chaque pièce figure un convecteur d'appoint, qu'en général il n'est pas nécessaire de mettre en route (sauf dans la salle de bains, le matin, quand on veut se raser dans de bonnes conditions). L'été dernier, avant de partir en vacances, j'ai coupé l'électricité dans mon appartement (j'avais vidé et dégivré le frigo avant, vous pensez bien...), en abaissant les leviers qui me semblaient devoir être abaissés. A mon retour, j'ai remis tout cela en route. La fin de l'été et le début de l'automne ayant été assez doux, je n'ai pas éprouvé le besoin de chercher à chauffer davantage les pièces (surtout celle orientée au sud). Mais, début novembre, en dépit du collectif, j'ai ressenti la nécessité d'augmenter un peu la température... et là, ô surprise, je n'obtenais rien !

     Je me suis d'abord demandé si ce n'était pas une tuile supplémentaire qui me tombait sur le coin de la tronche. Ensuite, j'ai pensé que c'était peut-être dû aux travaux qui se déroulaient dans l'immeuble. Ce matin, je fus touché par la grâce : et si j'avais mal réenclenché le dispositif électrique à mon retour l'été dernier ? Je me précipitai vers le disjoncteur. Tout avait l'air en ordre. Restait, dans un coin, cette languette baissée qui semblait ne correspondre à rien. Pris de folie, je la relevai, puis me dirigeai vers l'un des convecteurs et tentai de le mettre en route. Alleluia ! Il fonctionnait ! Les autres aussi !

     Je me coucherai moins bête ce soir !

vendredi, 24 novembre 2006

Les fragments d'Antonin

    Il s'agit des traumatisés de guerre, de la Première guerre mondiale. A l'époque, la médecine militaire est encore balbutiante : on considère qu'une vraie blessure se voit physiquement, à l'intérieur ou à l'extérieur. Ce n'est pas tout à fait filmé comme les autres films de guerre, qu'ils soient français ou américains. On a droit à quelques procédés classiques, au premier rang desquels le retour en arrière, en particulier quand il s'agit d'évoquer les tranchées (belle séquence que celle qui voit l'attaque aux gaz et qui finit en "baïonnettage" virulent). Mais l'essentiel est ailleurs : dans la tête d'Antonin (et des autres soldats).

    Le grand talent du film est de nous donner une idée de ce qui se passe dans la tête du héros. C'est dû à la réalisation, assez dépouillée, au talent des acteurs (en particulier Grégori Derangère... mais Anouk Grinberg est vraiment géniale, tout comme Aurélien Recoing... rappelez-vous L'Emploi du temps de Cantet) et à l'utilisation de films réellement tournés après le conflit par des médecins. Ils constituent le générique de début et nous plongent littéralement dans le sujet, d'autant plus que certaines scènes de fiction proposées par la suite sont tournées de manière à rappeler cette introduction.

    Il reste qu'à force de nous présenter des films qui montrent à quel point la guerre c'est pas beau (ce qui est fort louable, j'en conviens, surtout si, en plus, on découvre un pan méconnu de notre histoire), les spectateurs risquent de ne plus comprendre comment il se fait que des millions de gens aient pu supporter  (d'une manière ou d'une autre) cette horreur pendant plus de 4 ans. De ce point de vue, le film de Jeunet Un long dimanche de fiançailles, bien que tiré d'un roman, est plus évocateur qu' Antonin ou encore Joyeux Noël (produit culturel -bien ficelé- politiquement correct). Il faudrait que je revoie Les Croix de bois, très ancien film adapté du roman de Dorgelès : dans mon souvenir, c'était criant de vérité sur la vie dans les tranchées.

 

23:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 22 novembre 2006

Ne le dis à personne

    Attention, la grosse artillerie est de sortie : budget très important, casting recherché, promotion intense... On se dit qu'on court un risque. En tout cas, si le film est adapté d'un roman anglo-saxon, en le voyant, on se dit que l'histoire est bien française : bonne adaptation donc.

    Au début, on est perdu, on ne comprend pas, à l'image du personnage principal, magistralement interprété par Cluzet. J'aime bien ça, cela force à réfléchir, cela met l'esprit en éveil. Au bout d' 1h30, on pense avoir saisi le pourquoi du comment... pas tout à fait en réalité, car les révélations se succèdent dans les trois derniers quarts d'heure, peut-être moins bien maîtrisés au niveau du scénario (ou du montage : on a dû faire des coupes pour éviter que le film ne dure 3 heures).

    Reste que la réalisation est habile, à la fois soignée et suggestive, aidée en cela par la musique : le choix des chansons me plaît et les compositions de M renforcent l'ambiance d'étrangeté. Un film à voir, vraiment.

10:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma

mardi, 21 novembre 2006

Babel

    Le premier intérêt du film est de n'exister qu'en version(s) originale(s). Du coup, on n'a pas à subir un éventuel mauvais doublage. On entend donc causer anglo-américain, tamazight (ça se passe en partie dans une région berbère du Maroc), japonais et hispano-mexicain (voire même spanglish) : cool ! L'image est léchée, la musique chouette, les acteurs bons.

    Alors, pourquoi ne suis-je pas enthousiaste ? Ben, c'est un peu convenu. Question film choral, Babel n'arrive pas à la cheville de Short cuts par exemple. Les situations sont parfois artificielles : le couple Pitt-Blanchett (ahhh, Cate, c'est quand tu veux !!!!!!!) fonctionne de manière trop mélodramatique, la partie mexicaine regorge de clichés et les séquences japonaises (très bonne idée de s'appuyer sur des sourdes-muettes, cependant) font un peu papier glacé, à l'image du film, qui vise un public bobo à mon avis. Comme quoi, les Français ne sont pas les seuls à tourner des longs métrages branchouilles.

10:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 20 novembre 2006

Shortbus

   Le "petit train", vous connaissez ? Non ? Alors, ce film est pour vous ! Homo, bi ou hétéro, tout le monde a sa chance... ou sa malchance, car il faut bien le dire, nos acteurs exhibitionnistes incarnent des personnages minés de l'intérieur. Les homos sont plutôt contents niveau cul (avec un casting de mecs musclés aux jolis zizis), mais question affectif, ça coince, alors que les hétéros, dont la vie sentimentale semble riche, connaissent quelques problèmes au niveau de l'acte. Serait-ce un parti pris du réalisateur, lui-même homo ? Le doute m'habite.

   Sinon, c'est bien joué et surtout très drôle ! Au moins ici la chair n'est pas triste et, si on ne goûte pas tous les méandres de l'intrigue, on peut se régaler de quelques moments forts (ah, l'hymne états-unien trompété dans l'anus !). Il est question de voyeurisme dans ce film, celui des personnages bien sûr, mais aussi des spectateurs, sur lequel on compte pour remplir les salles...

 

17:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 18 novembre 2006

Borat

   Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!! Cela faisait longtemps qu'un film de fiction (j'exclus les animations) ne m'avait pas autant fait rire ! Sous une apparence de bricolage, c'est très bien foutu, ouvragé même.

    Le film joue sur plusieurs registres. On a d'abord la bonne grosse blague, l'archétype étant la séquence de la poursuite à poils dans l'hôtel, bouffage de cul à la clé. On a aussi le clin d'oeil appuyé à la bonne conscience occidentale : on nous présente un "Oriental", qui apparaît à première vue "semi-civilisé", ce qui permet au spectateur "civilisé" de rire à bon compte de la niaiserie du héros (excellemment interprété). Cependant, il arrive que ce personnage nous donne quelques leçons, et pointe les travers de la Civilisation. Comme cela se passe aux Etats-Unis (et en Roumanie pour les scènes supposées se dérouler au Kazakhstan), les Français de base apprécieront le détournement d'un rodéo par Borat qui, sous couvert d'éloges de l'Amérique, finit par susciter le tumulte : il commence par en appeler aux plus bas instincts de l'assistance (montrant par là que le barbare n'est pas toujours celui qu'on croit) puis se fait huer par un public qui a rencontré plus chauvin que lui. Là, la fiction se fait documentaire : de vrais citoyens des Etats-Unis sont pris "au jeu" de ce supposé Kazakh, qui agit sur eux comme un révélateur.

     Les séquences sur les juifs et les femmes sont plus ambiguës. Il faut attendre de progresser dans le film (et d'atteindre notamment la séquence de l'hébergement nocturne chez un couple accueillant) pour prendre la mesure du second degré : l'auteur cherche d'abord à dénoncer l'antisémitisme maladif (et irrationnel) qui règne chez certaines populations. Il a l'habileté de le placer sur le même plan que d'autres croyances farfelues. Au début du film, un certain malaise règne (le "lâcher du juif" a fait immédiatement cesser les rires dans la salle, je vous le garantis), parce qu'il y a comme une contradiction entre le désir du spectateur de base de s'identifier (ne serait-ce qu'un peu) au héros, pas antipathique, et son discours antijuif, débile et inacceptable. Mais je pense que c'est à propos des femmes que le regard du film est le plus sur le fil du rasoir. Honnêtement, même si les misogynes sont montrés comme étant de gros blaireaux, les personnages féminins ne sortent pas grandis des situations dans lesquelles ils sont placés... sauf la prostituée noire, ce qui est porteur de sens.

     Pour voir les scènes supprimées :

http://www.boratonline.co.uk/

 

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vendredi, 17 novembre 2006

Un nouvel hyper à Rodez

... en fait, pas à Rodez même, dans l'agglomération bien sûr, à la limite d'Onet-le-Château et de Sébazac-Concourès. Il s'agit du transfert et de l'agrandissement de l'hypermarché Leclerc (couplé à un petit nombre de commerces) existant à Sébazac. Le centre commercial s'est globalement étoffé, la parking semble plus important... et il est plus pratique que le précédent.

    Vendredi dernier, le futur ancien hyper soldait le fond. Ce fut, d'après plusieurs témoins, la ruée. J'envisageais de m'y rendre mais, quand j'ai vu les embouteillages jusqu'à deux kilomètres de là, j'ai préféré retourner chez moi. Des gens se seraient battus dans le magasin. Un vigile aurait été mordu. Une personne m'a affirmé avoir entendu des insultes racistes... L'attente aux caisses a pu durer jusqu'à deux ou trois heures. Le soir, des clients auraient laissé des chariots remplis en plan, ne pouvant supporter l'attente ou ne pouvant espérer arriver à temps aux caisses. Le lundi et le mardi suivants, le centre comme la station-service attenante furent fermés. L'ouverture du nouveau site eut lieu mercredi 15 novembre. L'affluence fut énorme. Je ne vous raconte pas la file de bagnoles... A l'entrée du site, des vigiles tentaient d 'y mettre bon ordre. Je ne sais pas si c'est vrai, mais les forces de l'ordre seraient aussi intervenues sur la voie publique, pour réguler la circulation perturbée sur plusieurs kilomètres. (En plus, il y a plein de travaux à Rodez même, ce qui incite les automobilistes à contourner la ville... accroissant ainsi la pression sur les axes périphériques déjà saturés.) Par contre, ce jour-là, dans le centre commercial le plus proche de celui qui ouvrait (un Géant), ce fut très calme.

    Aujourd'hui 17 novembre, je suis allé à la découverte du "machin". Si le parking était presque plein, on circulait assez bien dans les rayons, plus larges que ceux de l'ancien hyper. Il y a quand même quelques points sensibles, où les chariots peinent à se croiser (ou à doubler un autre à l'arrêt)... surtout si un(e) crétin(e) campe au milieu ! Du point de vue de l'agencement, c'est intermédiaire entre l'ancien hyper (on retrouve facilement ses marques dans plusieurs domaines) et le concurrent Géant. On dirait que tout cela suit un modèle quasi universel. Petit changement notable : l'expulsion de la presse (qui était à l'entrée auparavant), qui se retrouve ailleurs dans le centre commercial. C'est tout bénef pour Leclerc, à mon avis : c'est un rayon qui devait être victime de pas mal de vols (et moult clients lisaient sans vergogne -et sans soin pour le papier- les journaux et les magazines qu'ils n'avaient pas l'intention d'acheter) et qui prenait de la place. Le secteur "fruits et légumes" a été en partie repensé : désormais, une personne (ou deux) pratique la pesée pour les clients... ce qui évitera les fraudes, qui étaient monnaie courante dans l'ancien hyper (sans compter les gens qui bouffent sur place). Ces rayons semblent particulièrement surveillés : leur agencement est l'objet d'un grand soin .. et en même temps, cela permet de garder un oeil sur d'éventuels clients indélicats.

   Pour terminer, je vais revenir sur un produit qui me tient à coeur : le Nutella. Dans un précédent message ("P'tit déj' de l'Est"), j'ai évoqué un subterfuge employé : vendre le produit de la même marque, mais fabriqué en Pologne avec (en partie) des ingrédients polonais. Le goût n'était pas le même et les proportions des composants légèrement différentes. Peut-être, à l'époque, était-ce pour pallier l'absence temporaire du produit "classique". Cela ne s'était pas renouvelé. Tel n'est pas le cas dans le nouvel hyper : les deux types de pots "familiaux" de Nutella (au fait, connaissez-vous la définition du "pot familial" ? Non ? Eh bien, c'est un pot fait pour que les célibataires prennent des hanches et du bide !) sont présents. Le "classique" de 750 grammes (+ 30 grammes de bonus pour les fesses) est basé sur un prix au kilo d'environ 4,40 euros, alors que le "polonais" (reconnaissable à l'autocollant sur le couvercle et à sa demi-étiquette, sur laquelle a été collée une autre, plus petite, rédigée en français) culmine à 2,59 euros pour 750 grammes (ce qui doit donner 3,45 euros le kilo).

mardi, 14 novembre 2006

Scoop

     A voir évidemment en version originale (sous-titrée ou pas), pour goûter la substantifique moëlle des dialogues alléniens.. et pour se laisser bercer par la voix rauque de la petite Scarlette. Elle est le clou du film : elle prouve qu'elle peut interpréter des personnages vraiment très différents. Pas facile d'incarner de manière crédible une cruche sympathique quand on est en train de devenir une icône sexuelle !

     Woody acteur se traîne un peu. Il ferait mieux de rester derrière la caméra désormais. Les autres acteurs sont bons. Alors j'entends d'ici les grincheux de base... L'histoire est légère ? On sort de là sans avoir rien appris d'exaltant ? Oui, mais on a passé un moment très agréable, plein de drôlerie, le tout servi par une musique entraînante.

18:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Requiescat in pace, saccus meus !

  Voilà, ça y est, il est mort... mon sac à dos. Ames sensibles, abstenez-vous de regarder la suite : je propose une photographie du cadavre.

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   Avouez qu'il n'a pas bonne mine ! Et pourtant, je peux vous dire qu'il en a contenus, des crayons ! Blague à part, les plus observateurs auront reconnu un Tann's... ça veut dire que ce n'est pas de la merde, mon ami ! Acheté 370 francs (à Nancy, rue Saint-Jean), il a tenu sa dizaine d'années de bons et loyaux services. Il est bien abîmé aujourd'hui : les languettes qui permettent de fixer le rabat sur le bas du sac sont cassées, la principale fermeture-éclair est fichue (elle avait déjà bénéficié d'une réparation sommaire naguère). A l'arrière, les attaches se désagrègent, alors que le rembourrage du dos tient encore la route. L'intérieur est un peu en vrac, résultat naturel de l'usure du temps.

   Lorsque j'ai voulu m'acheter un sac neuf, je n'ai pas réellement trouvé mon bonheur à Rodez. Apparemment, il n'existe plus de sacs Tann's de ce type et ceux que produisent les marques "djeunses" ne me plaisent guère. Il n'y a qu'en période de pré-rentrée scolaire que l'offre est abondante. Du coup, j'ai écumé les magasins de sport et de maroquinerie de l'agglomération, avant de trouver quelque chose d'acceptable (j'en avais un besoin urgent).

dimanche, 05 novembre 2006

Lepénisation des esprits ?

   Depuis plus d'une dizaine d'années, cette expression est employée pour désigner l'influence qu'auraient les idées de Jean-Marie Le Pen sur le débat politique français et sur l'opinion publique. Le problème est que cette analyse pêche, à mon avis, par confusion entre le diagnostic et les solutions à apporter. Je veux dire que ce n'est pas parce que une bonne partie du personnel politique français défend aujourd'hui la fermeté dans le traitement de la délinquance issue des quartiers HLM que les thèses lepénistes ont triomphé. Certains ont la mémoire courte, et oublient que, bien avant l'émergence du FN, des ministres de l'Intérieur (gaullistes ou libéraux) ont mené une politique très répressive vis-à-vis de toute forme de "désordre", qu'elle soit d'origine politique (mouvements "gauchistes") ou criminelle. D'une certaine manière, JM Le Pen n'a rien inventé quand il prône la plus grande fermeté (d'ailleurs, lors des émeutes de 2005, ce n'est pas lui qui a tenu les propos les plus extrémistes, mais celui qui essaie de récupérer son électorat...) et même le rétablissement de la peine de mort : il défend une attitude qui fut celle de bien des gouvernements il y a 30 ou 40 ans. De ce point de vue, on peut dire que JM Le Pen est "réactionnaire", et c'est ce qui attire à lui une partie de l'électorat de la droite traditionnelle, celle-ci s'étant ralliée à l'abolition de la peine de mort et à une politique pénale plus diversifiée (qui ne se contente pas de la répression) sans l'expliquer suffisamment à ses électeurs. Ainsi, quand Nicolas Sarkozy semble adopter une partie des vues de JM Le Pen, il ne fait que revenir aux sources de la droite. La question est : est-ce justifié ? C'est-à-dire : la France est-elle revenue à une situation comparable à celle qui existait autrefois, la "banlieue noire-beurre" remplaçant la "banlieue rouge" ? Cela amène une autre question : l'intégration des habitants des "banlieues rouges" dans la vie politique et sociale de la Ve République s'est-elle produite grâce à la seule répression ?

   Pour avoir discuté à plusieurs reprises avec des électeurs "de base" du FN (c'est-à-dire pas des militants, qui ont, dans leur genre, la même langue de bois que les militants des autres partis), je peux dire qu'ils sont attirés par deux sortes de discours : un discours inégalitaire et un discours égalitariste. Le discours inégalitaire est celui qui fait référence à la "préférence nationale", au désir de certains Français, de faire passer "les Français d'abord" et, parmi ces Français, les Français "de souche" avant les Franco-quelque chose. On pourrait se dire que c'est là le coeur de l'idéologie lepéniste, ce qui est le plus authentiquement d'extrême droite, ce qui distingue le plus le FN des autres partis politiques. Ben, pas tout à fait. Cette "préférence nationale", qui n'a rien de légal en France, est, en réalité bel et bien appliquée, depuis des années, avant même l'émergence de Le Pen. Qu'est-ce que la fonction publique française (plus de 20% de la population active, quand même) sinon un corps important d'emplois protégés qui fut très longtemps exclusivement réservé aux Français ? Passons au privé. Ici, tout se passe dans le non-dit. Aujourd'hui, des associations pratiquent le "testing" pour mettre en lumière les discriminations à l'embauche, à la fréquentation de certains lieux publics... On aurait donc l'impression qu'aujourd'hui plus que jamais, il apparaisse à certaines personnes nécessaire de lutter contre ce qui a pris des proportions inacceptables. En réalité, ces discriminations existent depuis des lustres. Elles ont toujours frappé les étrangers ou les Français d'origine étrangère. (Mais, à notre époque, ces inégalités paraissent plus scandaleuses qu'autrefois.) Les licenciements massifs pratiqués dans l'industrie dans les années 1970-1980 ont d'abord touché les "non Gaulois". Le travail précaire concerne davantage les jeunes, surtout si ils sont non diplômés. Or, les enfants issus de l'immigration sont davantage en situation d'échec scolaire que les autres. Ils se retrouvent dans la même situation que nombre de "petits Blancs" (ouais, y a des Blancs pauvres, y en a même des millions). C'est dans cette catégorie qu'on peut trouver nombre d'électeurs du FN : être au bas de l'échelle, en concurrence avec des non Blancs, peut leur paraître intolérable. Ils peuvent donc être très sensibles à l'argument de la "préférence nationale".

   D'un autre coté, la stigmatisation des descendants d'immigrés peut prendre la forme d'un discours égalitariste. Il y a le faux et le vrai. Le faux discours égalitariste est celui qui prétend que les descendants d'immigrés (voire les immigrés eux-mêmes) bénéficient de privilèges par rapport aux autres Français. C'est une vue de l'esprit (tant qu'une discrimination positive ne sera pas mise en place). En réalité, derrière ce discours, il y a le refus de la solidarité nationale : la redistribution des richesses (par le biais des impôts et prélèvements sociaux) bénéficie aux Français pauvres ; comme les descendants d'immigrés sont plus pauvres que la moyenne de la population, ils bénéficient plus de cette solidarité. Derrière un discours apparemment égalitaire se cache encore l'inégalité : le refus qu'une catégorie de Français bénéficie des mêmes droits que les autres Français. Ceci dit, chez les personnes âgées, il ne s'agit pas forcément de malhonnêteté intellectuelle. Beaucoup de Français aujourd'hui retraités, d'origine modeste, ont atteint une aisance relative sans avoir profité durant leur vie d'un Etat-providence aussi développé que ce qu'il est devenu dans les années 1970-1980. Du coup, voir certains Français bénéficier aujourd'hui de soutiens qui ne leur étaient pas accessibles il y a 40 ou 50 ans leur paraît injuste. Cela fait partie du travail des politiques d'expliquer ces différences aux citoyens .

   Je vais terminer par le vrai discours égalitariste, qui séduit des électeurs venus de tous horizons. Le Pen réclame l'application, dans les quartiers HLM comme ailleurs, aux descendants d'immigrés comme aux autres Français, des mêmes lois. Or, ce n'est pas un secret, bien des délits commis par des habitants de ces quartiers (une minorité certes, mais qui fait parler d'elle) ne sont pas réprimés ni efficacement prévenus (dans d'autres circonstances, certains jeunes ne dériveraient pas vers la délinquance), pour un paquet de raisons (parmi lesquelles : l'insuffisance des services publics : enseignement, police, justice, aide sociale). Le résultat est le suivant : la plupart des Français n'entendent parler des "quartiers chauds" que lorsqu'un événement exceptionnel s'y produit. Mais, par exemple, c'est tous les jours que des centaines de voitures sont incendiées (le plus souvent pour effacer les preuves d'un délit ou pour frauder les assurances, soit). Et ce n'est que le sommet de l'iceberg. Je partage le point de vue de ceux qui disent qu'il est destructeur de ne parler de certains quartiers que comme des zones de non droit, alors que l'écrasante majorité de la population est "saine" et s'évertue à vivre normalement. Mais il faudrait que chacun prenne conscience que, si on donne l'alerte quand un nombre particulièrement élevé de véhicules sont incendiés (ou quand une tentative de meurtre est commise), cela veut dire qu'au quotidien, la vie des habitants est un enfer, pourrie par une sorte de loi de la jungle, les incivilités et les marques d'irrespect qui ne sont même plus sanctionnées.

13:55 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique

vendredi, 03 novembre 2006

Les rebelles de la forêt

   A priori, c'est pour les mômes. Ben, dans la salle (pleine à craquer) de ce soir, ceux-ci ne représentaient qu'un tiers des spectateurs. Les deux autres tiers ? Des adolescents... et des adultes, certains saisissant le moindre prétexte pour accompagner leur progéniture (voire celle des voisins) et profiter du spectacle. La tranche d'âge ? De 5 à 40 ans, à vue de nez. Par contre, il n'y avait quasiment que des Blancs (sauf deux ados métis). Les gamins se sont bien tenus. Quand la "dame aux bonbons" est venue dans la salle, après les publicités et les bandes annonces, j'ai vu une kyrielle de paires d'yeux briller dans la demi-obscurité. Moins de la moitié fut autorisée par les adultes à aller dépenser de précieux euros pour se goinfrer. Quand même, à 20h15 ! Le plus touchant fut de voir deux petits garçons, fiers de leur paquets de cochonneries tout juste achetés, venir jeter leurs chewing-gums dans l'unique poubelle de la salle, avant de retourner à leur place et d'ouvrir le paquet. On se dit quand même qu'on est dans l'Aveyron, là...

   Et le film, alors ? Marrant, bien foutu, bien doublé. Le graphisme n'est pas d'une qualité renversante, mais on apprécie, on rentre dans l'histoire et on rigole à intervalles réguliers (c'est une mécanique bien huilée, ces machins-là). Les pets et les rots sont présents, tout comme le caca. Le postérieur des divers personnages est source de gags multiples, au grand plaisir des jeunes et des moins jeunes ! Pour profiter au maximum du film, il faut faire attention aux accents des personnages : québecois, allemand, italien... Notons l'image négative des chasseurs, qualifiés de "ploucs" dans le film. A l'écran, ils sont sales, moches, idiots, dangereux, hargneux... et vaincus. Un autre propos du film mérite d'être relevé : les animaux sont faits pour vivre entre eux, loin des humains, en forêt. Ils n'ont pas vocation à finir bêtes de cirque, même au service de maîtres attentionnés.

23:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Le labyrinthe de Pan

  ... dit "Le labyrinthe du Faune", dans la version originale. Cela aurait été plus explicite pour le spectateur français, vu que l'un des personnages est le Faune ! Bon, mettons cela de côté. Le film est construit sur la juxtaposition de scènes illustrant deux univers, l'un réel (l'Espagne de 1944, avec les séquelles de la guerre civile), l'autre supposé imaginaire (les aventures plus ou moins merveilleuses de la petite fille). La fin du film (que je me garderai bien de raconter ici) fait le lien, de manière un peu décevante, je trouve, mais le film reste très intéressant.

     Même si le rythme est trop lent à mon goût, c'est passionnant à suivre, à plus d'un titre. Tout d'abord, la guérilla menée par les derniers opposants armés au franquisme est très bien mise en scène, avec cette forêt-refuge, à la fois hors de l'espace (hors de la domination franquiste... pour combien de temps ?) et hors du temps (elle abrite un labyrinthe magique). Le film rend hommage à ces combattants jusqu'au-boutistes, confrontés au mépris et à la violence des militaires. Parmi ceux-ci, il faut signaler Sergi Lopez, épatant en ordure franquiste. Le film est puissant dans sa démonstration que ceux qui paraissent civilisés au premier abord (bien habillés, rasés, organisés, disciplinés...) sont les sauvages, alors que le "monde sauvage" de la forêt (et du labyrinthe) est celui de la vraie civilisation, de l'amour vrai et de l'honneur.

    Toutes les scènes du monde fantastique sont éblouissantes. On retrouve des éléments présents dans de précédents films de G. Del Toro (Hellboy par exemple). On peut aussi s'amuser à chercher des références à d'autres films, mais là n'est pas l'intérêt. Attention : c'est assez violent, parfois cru, donc pas conseillé pour le public jeune (il y en avait dans la salle le soir où j'ai vu le film, et je peux dire que le film a eu du mal à passer auprès d'eux).

18:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 02 novembre 2006

Le Parfum

   Mardi soir, c'était la dernière fois que Le Parfum était programmé à Rodez. J'y suis allé. J'aime bien cette ambiance de fin de règne. Alors que le film était dans sa quatrième semaine, les entrées se faisaient rares. La salle se remplit à moitié quand même pour cette séance.

   Faute d'odeurs, le réalisateur s'est appuyé sur la vision et l'ouïe pour tenter de transmettre l'ambiance olfactive du film. Je trouve qu'il y a réussi. C'est d'abord un film plastiquement réussi, avec beaucoup de tons ocres, rougeâtres (jusque dans la chevelure de plusieurs actrices). Les mouvements de caméra sont mis au service du projet : ils traduisent les conséquences de la perception des odeurs sur les personnages. (Il n'y a pas que les gros plans sur les nez, bien sûr.) Le plaisir, le mystère, l'étonnement, le vertige sont tour à tour suggérés. Un film capiteux en quelque sorte.

   C'est de plus très bien interprété, avec en particulier le "héros", qui réussit à nous faire croire en son personnage en parlant très peu durant le film... tout en étant très expressif. Cerise sur le gâteau, on a droit à une peinture de Paris au XVIIIe siècle qui n'est pas vilaine du tout. D'une certaine manière, on pourrait lire Le Parfum comme la revanche d'un fils du peuple sur une société inégalitaire et bien pensante. J'y apporte une nuance : rien ne l'obligeait à tuer ses pourvoyeuses de "matière olfactive". Certes, la première "tentative" finit mal, mais il aurait pu ne pas dégénérer. Le côté immoral du personnage principal empêche l'identification.

15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 01 novembre 2006

Mémoires de nos pères

  Quand Clint Eastwood se penche sur l'héroïsme guerrier, ça donne un long film soigné, brillamment interprété. (Il peut sembler banal de l'écrire -c'est la base, tout de même !- mais combien de films potentiellement intéressants sont gâchés par une interprétation approximative ou une direction d'acteurs défaillante ? En tout cas, dans le lot de films que je vais voir, je constate que la qualité du jeu est en général bonne voire très bonne.) Il y a certes du Eastwood dans le traitement du sujet, mais il y a aussi du film de guerre "traditionnel".

  Eastwood n'innove pas quand il distingue des individus exceptionnels de la masse des soldats (mais il met davantage en valeur la troupe que les officiers) : c'est la base du film de guerre, qui lui donne un côté réaliste et qui permet au spectateur de s'identifier à telle ou telle figure. Eastwood est moderne dans le sens où il ne cache pas la cruauté des combats ni les tensions internes (ni le racisme dont les Indiens sont victimes aux Etats-Unis) existant au sein de la glorieuse armée sur le point de remporter la victoire. D'abord, cette victoire est tout sauf certaine, sur le terrain comme à l'arrière (qu'on songe aux difficultés rencontrées pour financer l'effort de guerre, alors que le pays a profité des années 1939-1941 pour s'enrichir en partie sur le dos des Européens). Eastwood dynamite la vision traditionnelle du conflit et met à bas la légende construite autour de la célèbre photographie. La représentation des soldats comme des anti-héros contribue à cette entreprise... même si le film est rempli d'actes d'héroïsme ! Le réalisme des scènes de combat rappelle au spectateur que le débarquement de Normandie (cf Spielberg) n'est pas la seule opération qui a vu les boys se faire dézinguer par milliers. Le fait que ces "héros" survivent plus ou moins bien à la guerre fait d'eux des personnages typiquement eastwoodiens : intenses intérieurement, à la fois fiers et humbles, mais écrasés par leur époque.

  Je trouve la forme très maîtrisée, en dépit de l'éclatement (ou plutôt grâce à lui). Ce n'était pas facile à mettre en scène et à monter, mais cela passe très bien. Les trois temps de l'action (le présent du XXIe siècle, le combat sur Iwo Jima et la tournée des soldats au drapeau) s'entremêlent sans effort. Tel épisode surgit de la mémoire d'un soldat et permet de faire le lien entre le passé et le présent. Une construction trop linéaire aurait été pesante (surtout vu la longueur du film). Je pense aussi que l'éclatement du film correspond à l'éclatement du temps de vie des soldats... voire à l'éclatement des corps.

  Restez jusqu'au bout du générique de fin, qui présente des documents d'époque, pertinents et émouvants.

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mardi, 31 octobre 2006

L'immeuble Yacoubian

   C'est une fable cosmopolite, ancrée dans la réalité égyptienne, mêlant Occident et Orient. Dans la forme, ça nous donne un film long (2h45), mais pas ennuyeux, par contre massacré par une musique sirupeuse... Il faut absolument retrouver le compositeur et l'empêcher de sévir à nouveau. De plus, ce n'est pas toujours bien joué : c'est parfois très outré, naïf. Mais le scénar est vraiment intéressant, donc on est irrité mais on continue à suivre.

   Le film se propose d'expliquer l'émergence de l'islam politique en Egypte. Il insiste sur les causes intérieures (même si le conflit israélo-palestinien apparaît à un moment), la corruption des moeurs, des pratiques politiques, la dictature, les inégalités. Comme le réalisateur porte un jugement moral, il met davantage en valeur la corruption que les inégalités, même si elles apparaissent. Je trouve trois personnages particulièrement réussis : le faux Pacha, vieux beau philosophe par nécessité, l'étudiant qui ambitionnait de devenir policier (je vous laisse découvrir ce qu'il devient) et la jeune femme "moderne" qui veut s'en sortir... à tout prix ?

    Le problème est que le fond du film est à la limite de la xénophobie. Tous les "méchants" ont la peau claire (sauf le Copte, mais ce n'est pas un musulman) : ce sont les Egyptiens qui ressemblent le plus aux Européens, physiquement et moralement. Certains d'entre eux sont des "débauchés". Il est intéressant de noter que l'homosexuel est un métis, et qu'il "corrompt" un "vrai" Egyptien, paysan du Sud (avec les conséquences que je ne vous décrirai pas). De surcroît, dans le film, l'homosexualité de ce personnage est expliquée (à la fin) comme étant la conséquence d'une éducation ratée, une sorte de maladie quoi. Les homos apprécieront. Ceci dit, ce directeur de journal francophone est dépeint comme un homme bon et généreux. On peut ajouter à cela que la francophilie n'est pas présentée comme négative (belles séquences avec les chansons de Piaf). On a "oublié" de parler de la culture britannique, qui a laissé pas mal de traces dans le pays. Mais cela n'est sans doute pas "politiquement correct" actuellement dans la monde arabo-musulman.

   Par contre, le personnage du Copte (=chrétien) cauteleux, faux-derche, âpre au gain et comploteur est vraiment ignoble. Certes, un autre Copte figure dans le film, dans un rôle positif. Mais je pense que le spectateur moyen retient celui-là. Bonjour les préjugés ! C'est peut-être aussi une sorte de juif par procuration...

   Je garde quand même en mémoire de beaux portraits de femmes. Dès avant la montée de l'islamisme, leur situation n'était pas bonne. C'est l'une des grandes qualités du film : montrer que, dans un régime "laïc" (mais dictatorial) patriarcal, entre la pauvreté, les mariages arrangés et le conformisme intellectuel, il n'y pas besoin d'islamisme pour opprimer les femmes.

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lundi, 30 octobre 2006

Princesse

  C'est un long métrage danois. Une partie est filmée (en vidéo numérique) : ce sont les passages (comme des fragments de mémoire) où le narrateur (August) est avec sa soeur, décédée depuis. On ne voit celui-ci qu'à la fin du film. Le reste est une animation assez réussie ma foi, où apparaît la fille que cette soeur a eue, ainsi qu'un lapin qui s'anime aux yeux de ceux qui croient en son existence. L'animation se justifie aussi par ce que l'on fait dire et faire à cette gamine. Ici, on touche à l'aspect le plus tendu du film : la pornographie, la prostitution et l'abus des mineurs. Le film adopte une position morale (un côté "petit blanc pas bien inséré dans la société qui est porteur des vraies valeurs") à travers August, le frère, pasteur, dont on voit la lente dérive. Le réalisateur semble avoir hésité entre la totale subjectivité et une objectivité relative. (C'est l'ambiguïté du film, et un de ses intérêts.) Le milieu du porno est, chose rare dans un film occidental, décrié, avec des portraits à l'acide d'une bande de ratés qui abusent des femmes. Au final, un fil cru, violent, désespéré, audacieux... prenant.

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Thank you for smoking

      Aaahhh ! Amateurs de cynisme, d'humour sarcastique, grinçant, viendez, viendez ! Ce film est pour vous ! Aaron Eckhart joue sans complexe un enfoiré de lobbyiste travaillant pour l'industrie de la cigarette. Pour vous dire comme il est fréquentable : sa femme l'a plaqué et ses meilleurs amis sont employés pour l'un par le lobby des armes à feu et pour l'autre par l'industrie des alcools ! Leurs rencontres, ritualisées autour d'un dîner, sont un délice !

      Je précise que je suis non-fumeur... et que j'ai adoré le film, n'y voyant en aucune manière une apologie sournoise de la consommation de tabac ! En réalité, il fustige les hypocrisies contemporaines, celles des cigarettiers bien sûr (ah les collègues de travail du héros...) mais aussi celles des politiques (qui tiennent un double langage) et des médias (avec un beau personnage de "mante religieuse"...). Une autre trouvaille du film est la place qu'y tient le fils unique du roi du bagout, dans une relation de réciprocité qui réserve quelques surprises... Pour les fines bouches, la description de l'univers hollywoodien vaut son pesant de petits fours onéreux !

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dimanche, 29 octobre 2006

Une vérité qui dérange

   Physiquement, Al Gore a un petit peu changé : il a vieilli, s'est empaté, mais, intellectuellement, il est au top et il a su trouver les moyens de rendre ses idées audibles. Il joue sur l'autodérision, mais on sent qu'il a encore en travers de la gorge le décompte des voix de novembre 2000. Résultat : 8 ans de perdus pour le pays et sans doute la politique étrangère la plus stupide depuis que les Etats-Unis existent.

   Le film nous montre Gore en déplacement, en conférence, préparant celle-ci (construisant ses documents d'appui, par exemple : vive l'ordinateur portable !), cherchant à l'améliorer. Pour bétonner ses interventions, il se fonde sur une foule de données statistiques, le résultats de nombreuses recherches. C'est globalement très convaincant (même si l'accumulation peut parfois lasser), d'autant plus qu'il a recours à quelques procédés très visuels (par exemple le coup de l'élévateur automatique !). Sur la forme, il est très bon parce qu'il utilise des analogies (par exemple entre le tabac et le réchauffement, entre le nucléaire et le réchauffement). Il aurait peut-être pu nuancer un peu sur le lien entre le réchauffement climatique et la fréquence des cyclones (pas encore unanimement reconnu par la communauté scientifique), ou encore rappeler que, si à l'ouest de l'Antarctique la glace fond, il n'en est pas de même à l'est. On appréciera les quelques piques lancées à l'administration Bush, dont certains membres ont une grande faculté de reconversion (dans le milieu pétrolier).

   J'ai aussi aimé la manière dont Al Gore part de son vécu pour border certaines questions. Toute la partie sur le tabac et sa culture, la ferme de son père, le cancer de sa soeur, est très touchante.  

 Reste, au-delà du film, l'action citoyenne : le début du générique de fin donne quelques conseils simples, que la plupart des spectateurs connaissent déjà à mon avis. Mais cela ne peut pas faire de mal.

  Le site officiel :

http://www.climatecrisis.net/

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