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samedi, 23 juin 2007

Kings of the world

   C'est un documentaire tourné par des Frenchies au pays de l'Oncle Sam lors de l'élection présidentielle de 2004. C'est en vidéo numérique et ma foi, le résultat à l'écran n'est pas dégueu : l'image est en général très nette voire jolie. Par contre, les interviouveurs ne sont pas de grande qualité.

   Le film vaut surtout par la parole qu'il donne à des habitants de la classe moyenne (plutôt la petite classe moyenne), électeurs de Bush ou de Kerry. Le film nous fait voyager du Texas au Nevada en passant notamment par la Californie.

   J'ai été marqué par deux choses :

- les anathèmes lancés par les deux camps, l'un accusant l'autre d'être quasiment communiste, l'autre son adversaire d'être quasiment fasciste ; globalement toutefois, les gens s'expriment calmement, aussi extrêmes leurs propos soient-ils.

- la ressemblance avec la France de 2007 ; si l'on met les armes  feu et la prégnance de la religion de côté, Français et Américains d'aujourd'hui me semblent de plus en plus proches, avec des citadins plutôt du centre et de gauche et des ruraux plutôt de droite, avec aussi un conflit majeur autour de la fiscalité (qui est au coeur du projet de société, hyper-individualiste ou solidariste)

   De ce point de vue, c'est un film utile, qui fait réfléchir... et que la gauche française ferait bien de méditer, si elle ne veut pas passer 15 ans de plus dans l'opposition.

17:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 22 juin 2007

Ocean's 13

   J'avoue ne pas avoir compté si les gugusses étaient treize. En tout cas, ça manque de femmes ! La seule à jouer un rôle un tant soit peu important est un clone de Cameron Diaz en executive woman siliconée (très efficace au demeurant). C'est globalement un hommage aux films de genre des années 1960-1970. Les scènes qui se situent à l'intérieur du casino sont soignées.

   Mon principal regret est le faible "interventionnisme" des personnages incarnés par Clooney et Pitt. On cause beaucoup dans ce film (trop)... et j'ai l'impression que nos deux lascars se sont contentés du service minimum. La vedette revient aux "seconds rôles", étoffés, et au méchant, interprété avec brio par Al Pacino.

   Deux éléments sauvent le film :

- la drôlerie de certaines situations (et parfois des dialogues), en particulier celles qui voient intervenir Matt Damon, en jeune loup qui veut s'affirmer (ah, le coup du parfum "piège à gonzesses" !) ; j'ai été aussi très sensible aux scènes "mexicaines", parfois irrésistibles

- l'habileté du scénario, digne d'un film d'espionnage, avec du billard à trois bandes et des coups de théâtre.

   Au final, un agréable divertissement, pour digérer sans heurt un dîner copieux. Mais rien d'enthousiasmant.

14:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 21 juin 2007

Le scaphandre et le papillon

   Je ne connaissais pas l'histoire (vraie) qui avait inspiré le livre puis le film : celle de ce rédacteur en chef du magazine Elle, victime d'un accident cardio-vasculaire, presque totalement paralysé, ne pouvant communiquer qu'avec des clignements d'yeux.

   Il est incarné par Mathieu Amalric, acteur que j'apprécie peu en général (trop intello chiant). Eh bien, dans ce film, il est excellent, tant au niveau de la voix off que de l'interprétation statique. Tous les autres personnages sont interprétés avec beaucoup de talent, les femmes en particulier. J'ai une préférence pour Marie-Josée Croze, craquante en orthophoniste... Je veux la même !!!!

   Toutes les scènes où il est question de la méthode de communication instaurée par l'orthophoniste (et utilisée ensuite par l'ex-copine du héros, puis surtout par sa "secrétaire") sont fortes, tantôt drôles, tantôt tendues (je pense en particulier au moment où l'ex-copine doit traduire les propos du malade pour la maîtresse qui appelle au téléphone). On assiste à la naissance d'un livre, entre ingéniosité et dévouement (le héros y raconte son expérience).

   Le réalisateur réussit le tour de force de plonger le spectateur dans l'univers mental du malade. Dès le début, les effets visuels ont pour but de nous montrer ce que voyait et ressentait Jean-Dominique Bauby (le journaliste). C'est donc très souvent filmé en "caméra subjective", comme on dit dans le milieu. Pour éviter que ce ne soit trop lourd pour le spectateur (le film dure tout de même 1h50), on passe de temps à autre en caméra objective (surtout dans la deuxième moitié du film). Sont ajoutées des séquences de rêve ou de souvenirs très réussies.

 

17:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 16 juin 2007

Shrek ve feurde

   Dans la version française, c'est Alain Chabat qui prête sa voix à l'ogre vert. Le fait d'avoir vu (et entendu) la version doublée m'a épargné les piaulements de Justin Timberlake en prince Arthur... comme quoi, tout n'est pas noir dans la vie !

   Les gags sont moins nombreux que dans les précédents, mais ils sont mieux répartis tout au long du film. On a le temps de les savourer, alors que dans les deux précédents, on nous assénait (plutôt au début) une série de clins d'œil dans lesquels on pouvait se perdre (ouais, je sais, tout ça c'est pour faire acheter le dvd). Ceci dit, si j'ai ri souvent, je n'ai pas hurlé de rire. C'est plaisant, sans plus... mais c'est déjà bien, d'autant plus que l'animation est toujours soignée.

   On retrouve avec plaisir la parodie (gentille) du monde Disney (en fait, c'est une pub déguisée, ne nous aveuglons pas), avec le cas des "princesses" (Cendrillon, la Belle au bois dormant et Blanche Neige), une bande de pétasses, au début, qui évolue agréablement... de manière frappante même ! J'ai particulièrement apprécié les interventions du chat et de l'âne (toujours très bien doublés en français), avec cette nouveauté : l'interversion des personnalités (et de la queue...), source de scènes croquignolesques !

   Le fond de l'histoire me plaît toujours, avec cette volonté de mettre en avant des personnages au physique ingrat et de faire jouer les rôles de "méchants" à de beaux gosses. L'introduction du jeune Arthur ne m'a pas emballé. Tout ça, c'est pour attirer le public djeunse, supposé s'identifier à ce petit crétin. On reconnaît là le souci des auteurs de renouveler la série, qui risque de s'essouffler sinon. L'arrivée de la progéniture "shrekienne" est plus drôle (en rêve  comme en réalité) et l'une des plus belles scènes voit cette marmaille prendre dignement la suite de papa dans l'expulsion des gaz corporels...

14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma

vendredi, 15 juin 2007

Le dernier roi d'Ecosse

   C'est à la fois un portrait du dictateur Amin Dada (non, pas à cheval sur son bidet... même si on le voit parfois en cavalier et si une scène mettant en scène des flatulences particulièrement douloureuses pourrait être perçue comme une délicate référence à cette chanson enfantine) et une réflexion sur le rôle de l'Occident.

   Le portrait du dictateur est saisissant, en grande partie grâce à l'interprétation de Forest Withaker et au cadrage qui l'accompagne : les gros plans sont choisis avec soin, ils alternent de manière efficace avec des plans moins resserrés. Withaker réussit à faire passer beaucoup de choses : le côté paranoïaque du personnage, son désir de revanche sociale et son exubérance. Je pense toutefois que le film, qui suggère plus qu'il ne montre, est en-dessous de la réalité.

   L'autre "héros" est le médecin écossais, un jeune bourge fringant et bringueur, qui arrive en Ouganda par hasard, en quête de sensations. Tout le film pose la question suivante : qu'est-ce qui a pu bien pousser un parfait produit de la démocratie britannique à lier son sort à l'un des potentats les plus sanguinaires que l'Afrique ait connu ? La réponse est nuancée, pleine de complexité. Le rôle, en sous-main, des services britanniques, en pleine "guerre froide", n'est pas oublié. Cela nous donne un film vraiment très très fort.

13:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 13 juin 2007

Persepolis

   Il s'agit d'une bande dessinée de Marjane Satrapi, une Iranienne qui vit en France, je crois. J'en avais entendu parler à la sortie des premiers tomes, il y a quelques années. Je n'y avais pas accordé plus d'attention que cela, le titre Persepolis m'ayant donné l'impression qu'il s'agissait d'une B.D. futuriste. Par la suite, j'ai découvert quelques "strips" de l'auteure dans Le Monde 2. Le prix obtenu par l'adaptation cinématographique à Cannes m'a donné envie d'en savoir plus. Je me suis donc rendu chez mon fournisseur habituel de bandes dessinées. J'ai trouvé un volume réunissant les quatre tomes. Je l'ai feuilleté et, emballé, je l'ai acheté.

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   C'est un livre autobiographique. L'auteure nous parle de sa jeunesse, dans l'Iran des années 1979-1994 (les années Khomeyni en gros), avec un intermède en Autriche. C'est d'abord d'un grand intérêt documentaire, pour qui s'intéresse à ce pays (l'Iran), ou à l'histoire des années 1980. C'est surtout extrêmement drôle, Marjane Satrapi excellant dans l'autodérision. C'est aussi d'une grande beauté formelle, dans un noir et blanc très maîtrisé : l'auteure a vraiment un talent, celui de suggérer le mouvement et les émotions à l'aide de dispositions en apparence simples, mais qui demandent, à mon avis, une grande habileté.

   L'originalité réside dans le point de vue d'une enfant, adolescente puis jeune femme, issue d'un milieu aisé, francophone (merci le lycée français !). Par certains côté, cette rebelle m'a rappelé Mafalda, en moins gamine.

21:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*

mardi, 12 juin 2007

We feed the world

  C'est un documentaire à rapprocher de Notre pain quotidien, dont j'ai parlé dans un billet du 31 mars 2007. A la grande différence de ce dernier, We feed the world fait parler les personnes filmées (et, accessoirement, leur permet parfois de défendre leur position).

  Le film est divisé en six séquences. La première, qui aurait pu servir d'introduction à Notre pain quotidien, traite du gaspillage en Autriche (pays d'origine du réalisateur), à travers l'exemple du pain. Dans le genre, on aurait pu aborder le cas de denrées plus périssables, les fruits et légumes par exemple. A travers le témoignage d'un paysan du coin, on touche aussi du doigt la difficulté, aujourd'hui, pour un agriculteur, de gagner autant que ses parents vu l'évolution de la société en général et de l'agriculture en particulier.

   Puis vient une séquence consacrée à la pêche, tournée en Bretagne. C'est une dénonciation de l'industrialisation de cette activité, à travers ses conséquences sur l'emploi et sur la qualité de la marchandise proposée aux consommateurs. Cela nous permet d'entendre un Breton parler allemand !

   On se rend ensuite en Espagne, en Andalousie. Cette séquence est très proche de celle montrée dans Notre pain quotidien. Elle ajoute un aspect sur la vie des migrants africains... et un peu de musique ! Vient le tour de la Roumanie, où l'influence de l'Union européenne se fait sentir. Là aussi il est question de la perte du goût.

   La séquence tournée autour de l'élevage de volailles autrichien ne va pas changer la donne. On peut trouver ici encore des points communs avec l'autre docu. Tout ce passage pose de façon aiguë la question du bien-être animal, en rapport avec notre mode alimentaire et notre organisation économique. Quant aux travailleurs manuels (éleveurs, ouvriers de l'agroalimentaire), ils n'ont pas une position enviable.

   L'entretien avec le PDG de Nestlé n'apporte pas grand chose, sinon le point de vue d'un dirigeant "moderne" mais sans concession.

   Le tout est entrecoupé d'interventions (en allemand) de Jean Ziegler.

13:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 11 juin 2007

Boulevard de la mort

   Tarantino est de retour, avec un film tarantinesque : ça cause beaucoup (et ça cause cru), le sang finit tôt ou tard par gicler (yeahhhh) et les femmes sont très présentes, et pas dans des rôles de figuration. On a un personnage masculin principal, interprété par un Kurt Russel sur le retour excellent. (Côté filles, à noter la présence de la délicieuse Rosario Dawson, présente aussi dans Clerks.)

   Tarantino joue sur tous les tableaux. Il flatte les "rednecks" (les beaufs, les ploucs, les bouseux... c'est assez large comme expression) avec cet anti-héros barge, crade, fan de bagnoles et de cascades. Il met aussi en valeur les femmes : la première partie du film les présente comme des objets sexuels (les jambes et les culs sont très sollicités par la caméra... tout au long du film d'ailleurs), mais aussi des femmes libérées qui s'éclatent, se bourrent la gueule, fument, se droguent, parlent grossièrement (pas de scène vraiment suggestive, à part la pseudo "danse du ventre"... une danse du cul en fait !). C'est limite une bande de poufiasses quand on y réfléchit.

   Le sexe est fortement présent, de manière symbolique : la bagnole est un subsitut pénien (phallique même). Je vous laisse découvrir ce que Tarantino en fait. C'est spectaculaire, même pour un gugusse dans mon genre qui n'éprouve pas de fascination pour les tas de tôles (de plastique de plus en plus) sur 4 roues.

   La première partie du film est une longue attente. Dès le début, on comprend que ça va mal finir... ET ON ESPERE QUE CA VA VENIR. Le film est un peu trop verbeux... à entendre en version originale sous-titrée, toutefois, pour profiter de tous les "nigger", "fuck", "bitch" et autres joyeusetés. Par contre, je n'ai pas été gêné par l'esthétique "cheap" de certaines scènes : c'est voulu, c'est dans l'hommage.

   La deuxième partie voit intervenir une autre bande de filles. On assiste à un beau retournement, avec une séquence finale de toute beauté, que je recommande tout particulièrement aux dames.

13:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 08 juin 2007

88 minutes

   Les scénaristes sont fascinés par les tueurs en série, auxquels ils prêtent leur propre talent. Cela nous donne des criminels très très très manipulateurs, adeptes du billard à trois bandes, bien plus intéressants que les ordures de la vraie vie.

   Al Pacino se trouve donc confronté à un méchant très méchant. Mais ce méchant très méchant est en prison (lieu dont il s'évertue à sortir, de manière légale... saletés de droits de l'Homme !). Du coup, il a monté une manigance. L'intérêt du film est de démêler cet écheveau... et de trouver la complice, car il s'agit d'une femme. Cela tombe bien, parce que Pacino-le-psychiatre-médiatique-engagé-dans-la-lutte-contre-le-mal est entouré de femmes, en général ravissantes, surtout ses étudiantes. (Comment ? Je ne vous avais pas dit qu'il enseignait en fac ? Ben voilà, c'est fait !)

   Les scénaristes ont embrouillé à loisir l'intrigue, lançant le spectateur sur une foule de fausses pistes. Du coup, les révélations de la fin paraissent un peu artificielles. Ce n'est pas aussi bien foutu que d'autres polars ou films à suspense. Mais cela se regarde sans déplaisir.

   A noter l'importance des téléphones portables (de genres très différents) dans l'histoire. Du coup, je sens que les acteurs, Pacino en tête, ont particulièrement travaillé la gestuelle téléphonique.

   Pour les curieux : cela se passe à Seattle, sur la côte Ouest donc, mais au Nord, pas en Californie. Du coup, il fait un temps de merde !

14:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 07 juin 2007

Eva Joly au "Fou du roi"

  Aujourd'hui, l'ancienne juge d'instruction faisait partie des invités de l'émission de France Inter. J'écoute de temps à autre ce programme, parce j'apprécie le talent de certains chroniqueurs, même si je suis très souvent agacé par le côté "pipole". Ce jeudi, j'ai goûté l'intervention de Daniel Morin, qui parle si bien des femmes. Eva Joly en chanson, c'était détonnant !

  Mais le principal intérêt de l'émission résidait dans les propos de l'ancienne juge. Quelle rigueur morale ! Quel sens de l'intérêt public ! On est sidéré de voir à quel point la France est engoncée dans les magouilles et les privilèges de la caste affairo-politico-médiatique, alors qu'en Norvège, par exemple (le pays d'origine de Mme Joly), on est autrement conséquent en matière de respect des règles (peut-être un peu trop d'ailleurs... mais cela laisse une considérable marge de progression aux Français !).

  Je ne sais pas si cette émission est téléchargeable, mais j'en recommande vivement l'audition !

  Le site de Radio France :

http://www.radiofrance.fr/services/rfmobiles/podcast/

mercredi, 06 juin 2007

Zodiac

   C'est un polar sans en être un : l'histoire est inspirée de faits réels. Cela donne un film haletant (c'est le côté polar), et le réalisateur a voulu ménager des effets de surprise comme dans tout polar qui se respecte, mais il est corseté par les faits. Ne pas s'attendre donc à des retournements aussi spectaculaires que ce que l'on a pu voir dans nombre de bons polars anglo-saxons de ces dernières années.

   C'est bien joué. J'ai retrouvé avec plaisir Robert Downey Junior, très bien en journaliste "allumé". Mark Ruffalo confirme son grand talent (déjà remarqué dans 30 ans sinon rien, Windtalkers... et surtout In the cut et Eternal sunshine of the spotless mind). Jake Gyllenhaal explose dans ce film. Le côté nounours maladroit asocial obstiné de son personnage est rendu avec grand talent. Il confirme ce qu'il avait laissé entrevoir dans Donnie Darko, Le jour d'après et surtout l'excellent Jarhead.

   A part cela, le film ne m'a pas particulièrement enthousiasmé. Cela se suit sans déplaisir, mais sans plus. C'est long. On peut passer le temps avec les très belles vues de San Francisco. Fincher ne fait preuve d'aucune virtuosité, mais il prolonge habilement la lignée des cinéastes urbains.

13:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 01 juin 2007

Pirates des Caraïbes 3

   La première semaine, il n'était pas question d'aller voir ce film : compte tenu de sa durée, les séances sont peu nombreuses et donc les spectateurs sont concentrés aux horaires "accessibles"... même en deuxième semaine ! J'ai choisi un jeudi : j'ai échappé à la queue (et je suis arrivé très en avance). La salle s'est finalement remplie à 80 % environ.

   Le troisième volet des aventures de notre fine équipe de branquignols peut s'analyser avec la formule "rupture dans la continuité". Commençons par celle-ci. C'est d'abord un film d'action réussi, avec moult péripéties, des rebondissements en veux-tu, en voilà, avec des reniements et tout plein de cynisme. Les effets spéciaux sont jolis à regarder, surtout sur un grand écran. Mention spéciale pour le maelstrom... et Davy Jones, toujours aussi sexy ! Dans la continuité aussi les pointes d'humour, pas souvent subtiles, mais ô combien efficaces ! Dans ce volet, je note que les orifices sont très souvent le support de scènes grotesques ou d'allusions graveleuses...

    La rupture (avec le précédent volet) n'est pas toujours positive : le film est plus long, sans que cela soit justifié. On aurait pu pratiquer des coupures. De plus, le début est assez surprenant, avec trois séquences très différentes, une avec les pendaisons (assez forte), une avec l'escale à Singapour (très drôle) et une dans une sorte de désert (agréable ce silence dans la salle, face à l'absence de dialogue à plusieurs reprises) : Johnny Depp cabotine à souhait (au départ, en plusieurs exemplaires !), face à un "troupeau de pierres" dont je vous laisse deviner la véritable nature... Mais ce qui m'a le plus indisposé est la place prise par le couple formé par Orlando Bloom et Keira Knightley. C'est souvent chiant, voire niais, même si elle s'en sort nettement mieux. Peut-être y-a-t-il quelque chose à revoir au niveau du doublage. J'en profite pour signaler qu'il est stupide d'avoir doublé les chansons. Le résultat est artificiel. Il aurait mieux valu conserver, dans ce cas, la version originale, et sous-titrer ce passage. Le public est habitué à entendre des productions anglosaxonnes à la radio. Pourquoi pas au cinéma ?

    L'importance accordée à un personnage déjà présent auparavant, Tia Dalma / Calypso, est l'une des nouveautés positives. L'actrice qui l'incarne (Naomie Harris) est très bonne. Ses interventions relancent l'action et nous permettent de voir Davy Jones sous un autre jour... au propre comme au figuré !

    Comme pour le précédent, restez jusqu'à la fin du générique. Vous aurez droit à un aperçu du 4 (ben oui, y en faut cinq pour achever la série, on vous l'a déjà dit !)... dix ans plus tard.

15:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 27 mai 2007

Irina Palm

   Certains films ressortent plus de la masturbation intellectuelle que de l'oeuvre cinématographique. L'onanisme cérébral n'est pas haïssable en soi, mais on peut espérer gagner autre chose en fréquentant les salles obscures.

   Ici, il est question d'une grosse branleuse, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit la reine des feignasses. Non, au contraire, son hyperactivité lui vaut d'attraper un "pénis elbow" !! Toutes les séquences qui tournent autour de cette activité sont savoureuses, mais ce n'est pas le seul intérêt du film.

   C'est d'abord une chronique sociale, quelque part entre Ken Loach et Stephen Frears. D'ailleurs, à mon humble avis, ce film aurait eu toute sa place à Cannes, n'en déplaise aux fines bouches et aux critiques coinços. Notre "veuve poignet" (spirituelle traduction de "wanking widow" !) est d'abord une femme mûre, un peu abandonnée (son fils chéri la considère un peu comme sa bonne à tout faire... dans certaines limites), dans une banlieue sinistre de Londres. Nous avons donc droit à un superbe tableau des splendeurs de la vie provinciale, entre mesquineries, cancans et désespoir. Mention spéciale aux mamies du jeu de cartes et aux personnages de l'épicerie ! Et quelle belle scène que celle qui voit Maggie leur révéler son activité...avec des détails !

   Marianne Faithful est excellente. Le réalisateur la suit tantôt en plan large (pour accentuer sa solitude, encore accrue à partir du moment où elle exerce dans le bar à hôtesses), tantôt de près, caméra à l'épaule. Cela suggère très bien le trouble qui l'habite. La musique (excellente elle aussi) va dans le même sens.

   Il est aussi question d'amour dans ce film. Maggie a perdu un enfant dans sa jeunesse... et on finit par apprendre que son mari la trompait. En plus, elle qui ne s'entend déjà pas très bien avec sa bru se fâche avec son fils (pour tenter de sauver le petit-fils). Ce sont les rencontres extérieures qui l'enrichissent : les scènes de dialogues avec le patron du bar (tout droit sorti de chez Kusturica) ou la "collègue" sont très belles. C'est l'un des grands talents du film que de réussir à faire émerger ces fractures intérieures, sorte de marque de fabrique de la majorité des personnages.

16:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma

samedi, 26 mai 2007

La Faille

   Ce long métrage est à classer dans la catégorie des "films urinatoires". Je m'explique. Cette catégorie regroupe des films qui suscitent, chez le spectateur, une irrésistible envie de libérer la vessie d'un liquide superfétatoire. Dans cette catégorie, on trouve les films particulièrement drôles (assez rares), les films d'aventures et les polars. Ceux-ci émoustillent particulièrement le cerveau. Nous voici donc avec La Faille.

   C'est bien écrit. Le suspense est bien mené même si, je le dis sans forfanterie, j'ai assez rapidement deviné l'élément qui allait "retourner" le film. Dès le début, il est évident que le personnage incarné (avec talent) par A. Hopkins a tué sa femme et qu'il va tout faire pour échapper légalement à la justice. J'ai donc été très attentif aux séquences qui ont précédé l'assassinat (ou, du moins, la tentative). Je n'ai pourtant pas tout compris tout de suite : certains des gestes du meurtrier paraissent obscurs. C'est quand les premières conclusions de l'enquête sont livrées que j'ai vu "la faille". Je vous laisse le soin de la découvrir. C'est l'un des charmes du film.

   Mais, en plus de cela, on a droit à de bons numéros d'acteurs (Hopkins bien sûr, mais aussi le surprenant Ryan Gosling... n'oublions pas tous les seconds rôles, efficaces... comme dans tout polar qui se respecte), une réalisation léchée : très joli (par exemple) ce plan qui voit la réflexion de l'image de l'un des personnages dans une flaque de sang. Le film nous offre régulièrement de petites perles visuelles.

   C'est aussi une histoire de morale. A travers le vieil homme, on est amené à se demander quelle importance il faut accorder à la parole donnée. A travers le jeune homme, on est amené à se demander quelle importance il faut accorder à l'enrichissement personnel. Ainsi, si l'on pousse le raisonnement à l'extrême, le héros aurait très bien pu accepter l'offre saugrenue du meurtrier et devenir son avocat ce qui, une fois celui-là acquitté, lui aurait permis d'épaissir son carnet d'adresses et de valoriser encore mieux son profil aux yeux de son nouvel employeur. Mais l'un des enjeux du film (et ce qui relance l'histoire) est que le petit arriviste talentueux a un reste de conscience.

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vendredi, 25 mai 2007

Still life

   C'est le genre de film qu'il n'est pas facile de voir quand on habite l'Aveyron : au début, il sort uniquement à Toulouse (à l'Utopia) et Montpellier (dans l'un des cinémas Diagonale), nulle part ailleurs dans le coin pendant deux-trois semaines. Après, cela se rapproche : à Albi (à l'Athanor), puis, soit à Carmaux (bon cinéma, le Lido, pour une ville de cette importance), toujours dans le Tarn donc, soit à Cahors (à l'ABC), donc dans le Lot. Une semaine après, on peut espérer l'avoir dans l'Aveyron, à Rodez (ce qui m'arrange), à Millau (programmation intéressante des Lumières de la ville) ou même à Decazeville, dans le nouveau cinéma La Strada (3 salles, une grande, une moyenne, une petite, avec une partie "art et essai"... c'est bien les gars !) qui a remplacé la vieille salle unique de centre-ville.

   C'est une plongée dans la Chine d'en bas, loin des lumières de Shanghaï, loin de la capitale Pékin ravalée, loin des métropoles du Sud-Est, transformées par la mondialisation. Ceci dit, l'action se déroule autour de Chongqing, l'une des principales villes du pays. Mais les "héros" visuels sont le Yangzi et son barrage. Les personnages sont posés là et, parfois, on a l'impression que l'intrigue n'a pas d'importance. C'est le côté "nouvelle vague" du film, dont les dialogues ne sont d'ailleurs pas toujours réussis.

   Par contre, le tableau social est édifiant. Entre les travailleurs du fleuve, les démolisseurs d'immeubles (dont la vulnérabilité contraste avec l'aisance calme des désinfecteurs qu'il leur arrive de côtoyer), l'hôtelier, les commerçants des rues et les voyous, on a droit à un kaléidoscope saisissant. J'ai eu parfois l'impression que les personnages étaient interprétés par les gens eux-mêmes (et pas par des acteurs), tant le réalisme est puissant.

   Le film est aussi le croisement de deux mélos chinois contemporains. Un homme, présenté d'abord comme un frustre du Nord (il est du Shanxi), recherche sa femme et la fille dont il a été séparé 16 ans auparavant. Une femme cherche son mari envolé depuis deux ans. Tous deux utilisent le fleuve pour se déplacer. Le film semble montrer comme inexorable à la fois la "modernisation" de la région (impulsée par la construction du barrage des Trois-Gorges) et la déchirure des couples qui, à l'image de la Chine traditionnelle, sombrent. Modernité et progrès ne sont donc pas synonymes. Plus prosaïquement, le film est un hommage au petit peuple de Chine, décrit de manière attachante, mais sans complaisance (on se fait facilement arnaquer).

14:20 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 19 mai 2007

Nicolas Sarkozy habile à la manoeuvre

   Il s'agit ici de l'U.M.P.. Pour éviter d'avoir un rival potentiel à la tête du parti (eh, oui, les fidèles sentent rapidement leurs dents rayer le parquet, en politique), le nouveau locataire de l'Elysée a eu la bonne idée de diviser le pouvoir en trois. Mais l'habileté suprême ne réside pas là : elle est dans la personnalité du "triumvirat". On y trouve Jean-Claude Gaudin et Pierre Méhaignerie, qui ont la particularité d'avoir commencé leur carrière à l'U.D.F., au Parti républicain devenu Démocratie libérale pour Gaudin, au C.D.S. (transformé ultérieurement par Bayrou en Force démocrate) pour Méhaignerie.

   C'est un signe de plus donné à l'électorat U.D.F. Tous les deux sont nés en 1939, l'un a déjà 68 ans, l'autre les aura en octobre prochain. Il est donc légitime de penser que leur carrière politique pourrait s'achever dans 5 ans. Voilà qui a tout pour réjouir le troisième larron, qui n'est autre que Brice Hortefeux, l' "ami de trente ans" de Nicolas. De surcroît, la réalité du pouvoir pourrait être détenue par un futur secrétaire général, en la personne de Patrick Devedjian, autre grand pote de Nicolas. Voilà pour le verrouillage par les anciens du R.P.R..

   Pour ceux que cela intéresse, j'ajoute un lien vers le site du Parti socialiste... Damned, pourquoi donc ? Pour que vous puissiez y télécharger (gratuitement) le livre écrit il y a plusieurs mois de cela par Eric Besson contre Nicolas Sarkozy. C'est une lecture fort piquante au vu du contexte actuel...

 http://hebdo.parti-socialiste.fr/2007/01/10/347/

   J'en termine avec les membres putatifs du gouvernement. La pédégère d'Areva, Anne Lauvergeon, a été pressentie. Elle aurait refusé. Elle a eu raison, à mon avis. Seul un ministère associant l'industrie et l'énergie aurait pu l'intéresser. La configuration retenue pour les périmètres ministériels (avec le poids symbolique accordé au développement et à l'aménagement durable) ne pouvait pas lui convenir. Qui plus est, mieux vaut pour elle rester à un poste de direction plutôt que de s'embarquer dans un rafiot gouvernemental qui pourrait rapidement sombrer. Peut-être même a-t-elle affecté d'être intéressée, dans un premier temps, pour nouer une relation amicale avec le nouveau pouvoir, histoire de préserver son poste et aussi, qui sait, dans l'espoir d'obtenir un soutien pour l'achat de REpower.

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vendredi, 18 mai 2007

Le premier gouvernement Fillon

... que l'on appelle (abusivement ?) parfois le "gouvernement Sarkozy", tant la marque du nouveau président de la République semble grande sur la composition de l'équipe chargée de gérer les affaires courantes en attendant les élections législatives. Ben oui : aucune décision importante ne sera prise avant que la nouvelle Assemblée ne soit élue. Nicolas Sarkozy est toujours en campagne, et il est très habile. Observons d'un peu plus près sa nouvelle garde rapprochée.

  C'est d'abord un gouvernement U.M.P. : outre François Fillon, tous les ministres sont étroitement liés à ce parti (membres ou affidée comme Mme Albanel), à deux exceptions près : Bernard Kouchner et Hervé Morin. 2 sur 15, sur 16 même. L'Etat U.M.P. risque de reproduire feu l'Etat R.P.R. chiraquien. Bonjour la rupture... Par contre, trois des cinq secrétaires d'Etat ne sont pas du sérail gaullo-conservateur. Notons que deux d'entre eux, Hirsch et Bosson, occupent des strapontins sans réel pouvoir. Ils auraient tout aussi bien pu faire le même travail sans appartenir au gouvernement, à l'image de ce qui était annoncé à propos de Claude Allègre.

   Concernant le renouvellement, il y a matière à discussion. Cinq des ministres peuvent être considérés comme de vrais débutants dans ces fonctions : R. Dati, H. Morin, C. Boutin, V. Pécresse et C. Albanel. Six peuvent être considérés comme pas trop usés en politique : B. Hortefeux, X. Darcos, C. Lagarde, X. Bertrand, E. Woerth et R. Bachelot. Les cinq autres font figure de vieux routiers : F. Fillon, A. Juppé, M. Alliot-Marie, B. Kouchner et J.-L. Borloo.

   Enfin, causons un peu de "l'ouverture". La dernière semaine a été le théâtre d'une piquante farandole de faux-culs. Le président a bien manipulé ce petit monde. Commençons par les "gaucho-sarkozystes". L'attitude de Bernard Kouchner est à la fois sidérante et parfaitement compréhensible. Elle est sidérante parce qu'il s'est parfois exprimé avec sévérité sur le nouveau locataire de l'Elysée et qu'il va côtoyer au gouvernement des personnes avec lesquelles il n'a pas grand chose en commun. De surcroît, il n'est qu'un deuxième choix pour ce poste, pour lequel N. Sarkozy avait d'abord contacté Hubert Védrine. Mais, finalemement, c'est assez conforme au tempérament du fondateur de M.S.F.. Il aime que l'on parle de lui et il estime que ses compétences n'ont pas été assez valorisées dans le passé.  Je me rappelle que, lors de la campagne des européennes de 1994, Kouchner, numéro 3 de la liste Rocard, avait fait un vibrant éloge de Bernard Tapie, qui conduisait une liste concurrente ! (Il me semble même qu'il avait fini par déclarer avoir voté pour sa liste !!!) Du coup, aujourd'hui, je ne suis guère étonné de le voir pratiquer le grand écart qui l'a conduit à soutenir Ségolène Royal avant de prôner, dès avant le second tour de la présidentielle, une alliance avec François Bayrou, pour finir dans la musette de Nicolas Sarkozy. A 67 ans, le docteur qui n'est jamais parvenu à se faire élire n'a plus rien à perdre. Il fait preuve de la même insouciance que lorsqu'il a servi de caution morale à Total en Birmanie. (Tiens, un petit lien pour ceux qui auraient la mémoire courte : http://www.fidh.org/article.php3?id_article=357 .) Point positif de sa nomination : elle pourrait conduire à la mise à l'écart de Madame (Christine Ockrent voyons !) qui, chaque semaine, fait la preuve dans France Europe express qu'il est possible de sortir d'écoles prestigieuses et d'avoir une très faible idée de ce qu'est l'impartialité.

   J'ai pas mal ricané quand j'ai appris la danse du ventre des vieux débris de la gauche. Védrine ne pouvait se résoudre à ne plus jouer un rôle, vu la haute opinion qu'il a de sa petite personne. Claude Allègre s'est montré fidèle à lui-même : à l'ego surdéveloppé, davantage que la conscience politique sans doute ! Bon, je ne vais pas m'acharner sur tous les has-been du P.S., même s'il est toujours bon de rire un peu de la bêtise d'autrui. Je ne vais quand même pas laisser passer Eric Besson. Voilà un bon client ! Dès qu'il a exprimé ses doutes sur la campagne de Ségolène Royal, je me suis dit : "Toi, mon gaillard, tu as repéré le sens du vent !" A l'époque, les journaleux français, toujours aussi médiocres, ne l'avaient pas suffisamment "travaillé au corps" à mon goût. Quelle belle conversion que celle du plus virulent contempteur du maire de Neuilly au P.S., devenu soudainement un apôtre du nouveau Messie ! Il était évident qu'on lui avait promis quelque chose ! Et sa pitoyable prestation d'entre-deux-tours au meeting de N. Sarkozy était tout sauf imprévisible ! Au final, il doit tout de même se contenter d'un poste limite merdique. Le traître est récompensé, mais a minima. Et Sarkozy en profite pour faire la nique à Ségolène, qui lui aurait demandé (d'après un écho paru dans  Le canard enchaîné fin avril - début mai) de ne pas prendre le félon dans l'équipe gouvernementale. Mais, que la Jeanne d'Arc du Poitou se console, il en est des membres de ce gouvernement comme des regrettées "jupettes", beaucoup risquent de ne pas faire long feu...

   Cerise sur le gâteau : les "centristes". Un seul ministre ! C'est dire l'influence que les as du retournement de veste vont avoir sur la politique gouvernementale, surtout si les élections législatives envoient 350 à 400 députés U.M.P. au Palais Bourbon ! Car c'est là le coeur du problème. En dépit de sa confortable victoire, Nicolas Sarkozy n'est pas certain de disposer d'une ample majorité à l'Assemblée : les projections comportent une marge d'incertitude, liée au nombre de triangulaires et quadrangulaires (faut pas oublier les frontistes tout de même !). Si l'actuel gouvernement devrait s'appuyer sur une majorité absolue, elle pourrait être étriquée, et donc contraindre le chef de l'Etat à plus de négociations que ce qu'il escomptait.

19:35 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique

samedi, 12 mai 2007

Très bien merci !

   Encore un film français qu'il n'est pas facile de voir. Parfois, la production pratique la stratégie de la sortie ciblée (dans un nombre limité de salles), comptant sur les critiques et le bouche-à-oreille pour faire le succès du film. C'est ce qui s'est passé, me semble-t-il, avec Le candidat. Je ne sais pas si c'est le cas pour ce film-là. Il est aussi possible que le sujet qu'il aborde soit jugé dérangeant par des programmateurs de salles un peu timorés.

   C'est pourtant un film bien plus riche que ce que j'en ai entendu dire : il n'est pas une simpliste diatribe anti-flics, il aborde beaucoup d'aspects de la vie contemporaine. L'interprétation est de haut niveau : Gilbert Melki (comptable méticuleux, propre sur lui) est tout en tension, parfois halluciné, parfois teigneux, parfois malicieux ; Sandrine Kiberlain est sublime de retenue dans le rôle de cette épouse aimante et obstinée, chauffeure de taxi.

   Le film est donc assez sévère pour notre société. L'entreprise dévore ses cadres et ne rend pas justice à leur travail (leur dévouement même, parfois). La police y contrôle à tout va, sans respecter toujours les formes (la scénariste a eu ici l'heureuse idée d'éviter que le couple contrôlé ne soit "coloré"). Le système hospitalier prend l'eau et le personnel baisse les bras, abandonnant une partie de sa conscience professionnelle.

   La morale du film est sarcastique. Je ne veux pas tout dévoiler, mais je peux dire que, si l'on se fie au déroulement de l'histoire, il est suggéré que dans ce monde qui ne respecte pas les règles qu'il affiche, il faut soi-même se montrer irrespectueux, tricheur.

 

17:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 11 mai 2007

Les caissières du "Géant" de Rodez

   Leur grève continue. D'après la presse locale, 65 à 75 % du personnel participe au mouvement. Résultat : à certains moments de la journée, seules deux caisses sont ouvertes. La direction a d'abord utilisé des chefs de rayons puis elle a fait venir du personnel des autres magasins Géant Casino. Ce personnel travaille d'habitude à Decazeville et Millau, sauf erreur de ma part. Ces magasins ne semblent pas touchés par le mouvement de grève, lié à des conditions locales.

   J'ai photographié le tract (pas très précis sur les causes, comme je l'ai écrit dans un précédent billet). On appréciera qu'il soit rédigé dans un français correct... avec une faute toutefois : il aurait fallu écrire "voire" et non "voir" (à la deuxième ligne du deuxième paragraphe), puisqu'il s'agit de l'adverbe et non du verbe.

medium_Tract_09-05-07.JPG

 P.S.  Mon précédent billet sur le même sujet semble souffrir d'une forme de censure : quand on essaie de le lire à partir de son introduction (ou de son titre), une page d'erreur s'affiche. Il faut cliquer sur "La senteur de l'esprit" pour pouvoir lire ce message, qui s'affiche en même temps que les autres du blog. Peut-être quelqu'un pourrait-il éclairer ma lanterne ?

 

jeudi, 10 mai 2007

Amer béton

   C'est l'adaptation d'un manga japonais... une de plus ! Cette fois-ci, la bande à Miyazaki n'y est pour rien. Le graphisme est d'ailleurs très différent : plus anguleux (à l'image des personnages, au physique comme au mental), moins léché, plus "arts déco".

   Les héros sont des orphelins des rues, des délinquants. Comment ! Ben oui, ils volent, ils guettent, ils rigolent. Mais de méchants yakuzas arrivent bientôt. Les bandes traditionnelles vont en prendre pour leur grade, tandis que les flics s'inquiètent devant l'arrivée de ces hors-la-loi si différents de leurs voyous habituels.

   "Noir" et "Blanc", les deux héros, sont complémentaires. Ils ne sont rien l'un sans l'autre. Encore une illustration du yin et du yang, dont le symbole figure sur le vêtement de l'un d'entre eux. Fraternité, camaraderie, amour, on peut y voir ce que l'on veut. Je penche un peu pour l'illustration de deux aspects d'une même personnalité.

   Le film est particulièrement intéressant parce qu'il montre des jeunes à côté de la plaque, sans manichéisme. Même les truands adultes sont des personnages complexes. Bon, ce n'est pas un chef-d’œuvre mais, si vous avez le temps, ce film mérite un petit détour.

19:50 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 09 mai 2007

Une Jeunesse chinoise

   C'est une fresque intimiste chinoise. Cela peut paraître contradictoire, mais c'est ce qui décrit le mieux ce film, à mon avis. L'arrière-plan est l'évolution de la Chine de 1987 au début du XXIème siècle. On peut grosso modo diviser le film en trois : avant les manifestations, pendant le bouillonnement du printemps 1989 et après la répression. De ce point de vue, la meilleure partie est celle traitant du début : cette Chine d'avant 89, avec ses espoirs, ce foisonnement, c'est un peu la France d'avant mai 68...

   ... avec sa libération sexuelle. C'est le deuxième aspect du film : la découverte du plaisir physique et de l'amour (qui peuvent ne pas concorder, ça aussi c'est une leçon). L'héroïne se cherche et cherche à s'épanouir, bringueballée par la politique, qui passionne son chéri. Du coup, elle est un peu larguée. Le film réussit à faire sentir la sensualité de certains moments, tout comme il fait passer le sentiment de trahison. La mise en scène est très habile, nageant tantôt dans le style documentaire, tantôt dans l'ambiance nébuleuse des émotions.

   Le film dure toutefois 2h20, et ça se sent. Je le trouve un peu moins réussi que Le Vieux Jardin, qui est moins long, plus virtuose aussi. La fin semble s'inspirer de certains films de "qualité française" : le temps a passé, les gens ont changé. Cela rejoint le propos du film : la dictature a brisé des vies, non seulement en frustrant la population de ses aspirations démocratiques, mais aussi en détruisant des histoires d'amour.

17:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 06 mai 2007

Le Vieux Jardin

  Le cinéma sud-coréen, vous connaissez ? Il ne produit pas que des films d'action ou fantastiques décapants. Il s'agit ici d'un mélodrame à caractère historique. Dès le début, tout suspense est tué : on sait que lorsque le héros sort de prison, sa dulcinée est morte d'un cancer. L'intérêt du film est ailleurs.

   Le film fait revivre cet amour par le biais des retours en arrière, façon madeleine de Proust. C'est en retournant sur les lieux où ils se sont aimés, en touchant les objets, que le héros revit cette passion. Il y a le contexte de la dictature sud-coréenne, très dure dans les années 1970-1980, plus douce à partir des années 1990, jusqu'à la démocratisation. Si j'avais vu ce film il y a 15-20 ans, je me serais senti plus proche du principal personnage masculin. Aujourd'hui, je me reconnais plutôt dans l'héroïne, brillamment interprétée. La deuxième partie du film lui est davantage consacrée, alors que la première heure est plus centrée sur le héros. On voit cette femme amoureuse, orgueilleuse, talentueuse, vivre sans son amant mais avec son amour. La scène qui la voit rencontrer la mère du prisonnier est très belle : ces deux femmes très différentes souffrent de son absence, chacune à sa manière.

   Si le film est prenant par l'émotion (pas la guimauve, rassurez-vous) qu'il dégage, il est aussi d'une grande beauté formelle. Les plans tournés dans cette campagne humide sont à couper le souffle, tout comme la partie urbaine, bien qu'organisée d'une tout autre manière. Quant aux plans occupés par les personnages, ils sont souvent magnifiques, avec des jeux d'ombres et de lumière... sans oublier la qualité de l'interprétation : enfin des gros plans qui se justifient ! Il y a même une mise en abyme artistique : l'héroïne se lance dans la peinture et le croquis. Ceux qui ont été réalisés pour le film sont vraiment très beaux !

   Enfin, le film joue quand même sur quelques éléments d'incertitude : un personnage va intervenir, qui va peut-être faire le lien entre le passé et le présent.

   Si une salle le programme à proximité de chez vous, laissez-vous tenter par ce film !

18:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 05 mai 2007

Jesus in camp

   Voici un documentaire venu d'outre-Atlantique, qui nous cause des protestants intégristes, de leur propagande (euh.. prosélytisme), de leur savoir-faire, de l'éducation qu'ils dispensent. On rit beaucoup, on ricane même devant l'absurdité de certaines situations, hélas réelles.

   C'est le second versant du film : ces gens sont dangereux. Créationnisme, anti-avortement, islamophobie extrême sont leurs "valeurs". A la vision du film, on peut penser que ces adultes sont en train de fabriquer de futurs assassins de médecins avorteurs, de futurs "croisés" qui, finalement, ne ressemblent que trop à leurs cousins islamistes. L'intolérance de ces gens-là va jusqu'à dénoncer l'influence pernicieuse de Harry Potter : ben oui, un sorcier ne peut pas être bon, il est forcément un méchant suppôt du diable !

   Mais, derrière tout cela, il y a surtout des enfants. Ils sont marrants quand, réunis dans le camp d'été, ils s'amusent dans la chambre au-delà de l'heure autorisée. Mais on voit bien que, à cause de cet embrigadement, ces gamins sont des névrosés en puissance. Aux garçons on propose de devenir prêcheurs ou soldats (voir les chorégraphies belliqueuses) : c'est mettre beaucoup de pression sur ces fragiles épaules.

21:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Clerks II

  Ces "employés modèles" avaient été une découverte pour moi, en 1994. Je dois l'avouer : il fait partie de mes films "cultes". Le deuxième volet n'a pas été extrêmement bien accueilli par la critique. Par fidélité et un peu par curiosité, je suis allé voir cette suite.

   On retrouve nos deux amis, le coincé-velléitaire-moralisateur et le branleur-obsédé, dans la dèche (relative) : le magasin part en fumée. Direction un fast-food, où ils travaillent sous la direction d'une somptueuse métis, qui semble avoir tous les talents. (C'est quand même pratique, d'être cinéaste : on peut matérialiser ses fantasmes à l'écran !) Dans leurs conversations, il est toujours question de sexe, d'anus aussi (en particulier le "bouche à cul", une pratique qui fait débat... Les fidèles auront perçu la référence au n°1, où l'autofellation fait rebondir l'intrigue à plusieurs reprises). Comme dans le premier, une des scènes les plus porteuses de sens se passe sur un toit

   On retrouve aussi le duo de vendeurs de shit, avec le mutique (Kévin Smith en personne) et l'expansif, toujours aussi déjantés, toujours aussi fans de musique relaxante. On a un petit nouveau, un jeune blanc bien comme il faut qui est là pour servir de défouloir contre l'Amérique bien-pensante et cul-serrée  (la promise du héros a aussi cette fonction, mais à un degré moindre). Cela nous vaut des séquences jouissives tant sur le plan des dialogues qu'au niveau des relations entre les personnages. Grâce à ce film, vous saurez enfin ce que les jeunes filles vierges cachent au fond de leur vagin ! Attention toutefois si vous avez l'estomac fragile : l'un des clients du resto part avec une commande un peu particulière...

   Pour terminer, on se fait servir un spectacle d' "érotisme inter-espèces". Il est question d'un âne et d'une fellation. Je vous laisse le plaisir de découvrir la chose... Sachez que cela se termine en compagnie de personnes portant l'uniforme !

20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 04 mai 2007

Spiderman 3

   Avant de voir ce film, il faut prendre quelques précautions, en particulier passer par les toilettes : je suis allé à la première séance du soir, après dîner, sans avoir accompli cette élémentaire besogne... eh, bien, je peux vous dire qu'une demi-heure avant la fin du film, j'ai ressenti une formidable envie d'uriner. Le film donc est long... et trépidant.

   La scène d'action la plus réussie est pour moi la première, celle qui voit le Bouffon poursuivre le héros. Les autres sont plus classiques, plus basiquement spectaculaires, aux effets trop appuyés. Le numérique joue aussi un rôle appréciable dans la séquence qui voit la naissance de "l'homme-sable" : ma-gni-fique.

   L'autre grande qualité du film est son humour : cela rend le "pudding" moins indigeste. Je relève tout particulièrement la séquence qui voit Parker-le-coincé se transformer en Parker-le-djeunse-qui-se-la-joue, vraiment hilarante. Je pense qu'une partie du public masculin a dû se sentir visée (les filles rient beaucoup à cette séquence)...

   Cependant, le film souffre des séquences de "non action", marquées par la platitude des dialogues (genre le vieil homme, au début, qui, en regardant un écran qui diffuse des images de Spiderman, sort une affligeante banalité ; genre aussi le "Mais qui es-tu ?" sorti par Mary-Jane à Parker dévoré par la chose ; genre le discours final gnan-gnan... j'en passe, et des pires). Par contre, le personnage de tante May fonctionne bien.

    On peut aussi faire une lecture politique de ce film. C'est la société (l'acharnement policier et le désir de vengeance de Parker) qui font de l'homme-sable un monstre dangereux. De ce point de vue, le scénario fait preuve d'un minimum de subtilité concernant les personnages de criminels. Entre eux et le héros, tout n'est pas blanc/noir. De surcroît, on peut voir là une métaphore de l'interventionnisme bushien post-11 septembre : le désir de venger des proches assassinés (l'oncle symbolisant les victimes des attentats) conduit les "bons" à devenir "méchants" et à radicaliser leurs adversaires (l'homme-sable et le Bouffon). Ce n'est pas mal vu et mis en scène.

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jeudi, 03 mai 2007

Ze débat

   Au départ, je n'avais pas l'intention de le suivre. J'ai donc vaqué à mes occupations. Puis, à 22h05, par curiosité, j'ai allumé la radio (France info)... et j'ai écouté jusqu'à la fin ! En 2002, j'avais été frustré par l'absence de débat Chirac-Le Pen : son organisation aurait prouvé que la démocratie française était suffisamment mûre pour gérer une situation inédite et déstabilisante. Mais Chirac, comme à son habitude, s'était dérobé. Il avait compris qu'il n'avait rien à y gagner et donc il avait fonctionné avec son cynisme habituel.

   Hier soir, j'ai trouvé les deux adversaires assez bons, chacun dans son style. Nicolas Sarkozy avait besoin de ce débat pour adoucir son image. Il y a réussi, à mon avis. Il s'est présenté non comme l'homme de la droite, mais comme le technicien habile sans parti pris. Ca, ça n'a réussi qu'à moitié. Il connaissait bien la plupart de ses dossiers, mais Ségolène Royal est parvenue, selon moi, à réintroduire de la politique dans le débat : c'était bien la gauche contre la droite, quand bien même des points de convergence existent. Quant à la personnalité de la candidate du P.S., elle a pu être une révélation pour ceux qui ne la connaissaient pas vraiment : une femme de caractère, qui a réfléchi à ce qu'elle propose. Elle a donc elle aussi gagné en crédibilité, face à Nicolas Sarkozy plutôt à l'aise dans le costume de favori.

   En fonction des thèmes, l'un(e) a paru plus à son avantage que l'autre. Comme je n'ai pas suivi la première heure, j'ai une vue tronquée de l'ensemble. Sur la fiscalité, Ségolène Royal n'a pas assez creusé sur l'ambiguïté du programme de son concurrent, alors que lui a su caricaturer efficacement le sien. Sur l'éducation, Nicolas Sarkozy m'est apparu un peu "court" : au-delà de la proclamation des "valeurs" du début, on sentait quand même bien qu'il a une vision essentiellement budgétaire de la question. Ségolène Royal m'est apparue plus convaincante. Sur la sécurité et l'immigration, Sarkozy a fait du Sarkozy, efficacement, et Royal est apparue plus à l'aise que ce à quoi je m'attendais. Sur l'Europe, le candidat de l'U.M.P. a été précis, tranchant, Royal plus nuancée, mais les deux ont raison sur les élargissements futurs (la Constitution a été modifiée : les Français seront consultés pour toute nouvelle adhésion, bon point pour Royal, et avantage Sarkozy pour les motifs de refuser une adhésion de la Turquie).

   Au final, un "match nul" pas nul, intéressant, mais pas décisif, je pense. Sarkozy conserve sans doute une partie de son avance sur Ségolène Royal. Mais le résultat de dimanche soir sera peut-être plus serré que ce qu'escomptaient les dirigeants de l'U.M.P.. Les législatives n'en seront que plus importantes, ce qui va redonner du poids à François Bayrou.

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mardi, 01 mai 2007

Le candidat

   Pas facile de voir ce film, qui pourtant n'est pas sans lien avec l'actualité la plus brûlante. Plus qu'un polar (ce qu'il aurait pu être si le scénario avait davantage tourné autour de la maladie subite du président sortant, celui qui laisse sa place au personnage interprété par Yvan Attal), c'est une réflexion sur ce qu'est la pratique politique et sur le fait de jouer un rôle. Comme c'est une création de Niels Arestrup (qui s'octroie un beau rôle), on imagine bien qu'il est question du métier d'acteur (le fait de connaître un texte, le costume, le maquillage et l'éclairage sont des éléments importants de l'histoire). Certaines scènes sont d'ailleurs du pur théâtre. Mais nos politiques sont eux-mêmes de grands cabots...

   Je suis partagé : le film m'a paru long alors qu'il dure à peine plus d' 1h30. Je n'ai pas aimé le côté "tout est pourri" ou "on ne peut rien faire", même si l'enjeu est précisément (au-delà de la découverte des forces sous-jacentes) de savoir s'il est possible de faire quelque chose et de changer la donne. Dans le registre du benêt qui se rebelle, Yvan Attal est très convaincant. Il est servi par une mise en scène soignée, un peu trop appuyée peut-être : on voit bien les effets de caméra, qui sont souvent réussis, voire brillants, avec un côté un peu trop scolaire ou démonstratif.

   Reste le combat politique, illustré par le travail d'équipe (habile portrait de groupe, où se distingue une conseillère en communication tétanisée par la timidité !), le rôle des médias (ah, ces fameux débats !) et les coups bas. Face à face, à la fin, se trouvent le technocrate encore un peu idéaliste (un mélange de Jospin et Bayrou, je sais, c'est dur à imaginer... surtout que cet hybride a les cheveux raides !) et le fringant prétendant (un croisement entre Villepin et Sarkozy). Si je voulais prolonger, j'irais jusqu'à dire que le personnage d'Attal a comme une parenté avec Ségolène Royal (au masculin) : on lui reproche de ne pas assez trancher, de ne pas maîtriser ses dossiers (ce qui n'est finalement pas vrai) et il doit l'accélération de sa carrière à une série de coïncidences (qui sait si certains "amis politiques" ne souhaitent pas sa défaite...). Il y a un petit retournement de situation, pas tout à fait inattendu, mais bien amené. Un personnage qui peu auparavant proclamait des "valeurs" très honorables (le respect en tête) est pris à son propre piège : s'il avait mis en pratique ce qu'il proclamait, il n'aurait pas été pris en défaut. Une petite leçon qui permet de finir sur une note positive... et hautement morale !

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lundi, 30 avril 2007

Guerre picrocholine en préparation en Aveyron

 
Attention, gente dame ! Sortez votre mouchoir ! Un combat de titans se profile à l'horizon et le monde ne le sait pas encore ! De quoi qu'est-ce qu'il est question ? D'une élection législative, ma chère Cunégonde !

   L'Aveyron est un département où la politique est en partie une affaire de famille(s). Actuellement, nous assistons au passage de témoin entre deux générations de potentats rouergats. (Ca veut dire "aveyronnais", en gros, quand on veut éviter la répétition. Et cessez de m'interrompre comme cela, c'est agaçant à la fin !) Commençons par le chef-lieu, Rodez. Depuis 1983, le maire en est Marc Censi (adjoint de 1971 à 1983, il a pris la suite d'un cacique aveyronnais qui avait passé 50 ans de sa vie en politique). Il achève actuellement ce qui pourrait être son dernier mandat (il est quand même né en 1936). Il dirige de même depuis 1983 le Grand Rodez (District puis Communauté d'Agglomération). Il a aussi présidé le Conseil régional de Midi-Pyrénées (de 1988 à 1998). Jadis (en 1971 si ma mémoire ne me trompe pas), Marc Censi a échoué dans la conquête du siège de député de la circonscription de Rodez (s'étendant sur la commune de Rodez et le Nord Aveyron, en gros), battu par un (vrai) centriste, Jean Briane (qui, opposé au cumul des mandats, a mis ses actes en conformité avec ses paroles, fait suffisamment rare pour être signalé), qui a été réélu jusqu'en 2002. A cette date, il ne s'est pas représenté. C'est alors que Fiston Censi est apparu. Yves, qu'il s'appelle. Il est né en 1964. De mauvaises langues aveyronnaises l'ont surnommé "bébé Chirac". (Il a travaillé dans la cellule "communication" de l'Elysée.) Dans cette circonscription conservatrice, il est élu malgré la division de la droite au premier tour (il faut dire que le siège de député en faisait saliver plus d'un)... avec, sans doute, en face de lui, au moins un sous-marin de Jean Puech (divers droite mon oeil !)... qui n'est certainement pas venu là faire du tourisme ! Yves Censi se représente en 2007.

   C'est là que la situation devient comique. Il y a quelques semaines de cela, en me promenant dans les rues de Rodez (eh, oui, cela m'arrive), j'ai remarqué ceci, à proximité du Foirail, un jardin public qui jouxte la salle où les Ruthénois viennent voter quand le besoin s'en fait sentir :

medium_Puech_2.JPG

   Voici un petit nouveau, inconnu au bataillon jusqu'à présent, qui se présente sous la bannière sarkozyste. (Sur l'affiche de gauche figure un paysage typique du Nord Aveyron, bovins inclus, que j'ai désigné à l'aide d'une flèche blanche).

medium_Puech3.JPG

   En voici un agrandissement. Ce sont visiblement des Aubrac. Meuuuuhhh !!

   Le nom me dit quelque chose. Ceci dit, les Puech, dans l'Aveyron, sont un peu l'équivalent des Martin ou des Durand en France. Mais tout finit par se savoir dans le Rouergue. Il s'agit de l'un des fils de Jean Puech, actuel président du Conseil général (et fervent sarkozyste). Cela nous ramène loin en arrière : Jean Puech est conseiller général depuis 1970 ; il préside l'assemblée départementale depuis 1976 (il a même été le plus jeune président de Conseil général de France). Il y a quelques mois, il a annoncé qu'il ne se représenterait pas. D'ailleurs, en 2001, il n'avait pas brigué un nouveau mandat de maire de Rignac. Il a occupé un tas de fonctions sur lesquelles il serait trop long de revenir. Ah, oui, j'oubliais : il est encore sénateur de l'Aveyron. Il a 65 ans. Le fils Thierry est né en 1962. Il est de la même génération de Fiston Censi. La rivalité Puech-Censi est une vieille histoire aveyronnaise, d'autant plus comique qu'ils appartiennent à la même famille politique, même si Marc Censi est plutôt d'une sensibilité de centre-droit, alors que Jean Puech est arrivé à se rendre impopulaire auprès d'une bonne partie de la droite locale (mais il est puissant, donc la plupart préfère se taire) par sa manière... disons très "directive" de mener ses affaires politiques. (A cet égard, l'absence de référence à l'action de son géniteur n'est peut-être pas, de la part de Thierry Puech, qu'une pudeur électorale.) Il y a bien longtemps de cela, Jean Puech a louché sur la mairie de Rodez (il a enseigné la physique-chimie dans un bahut public ruthénois, le lycée Foch si je ne m'abuse). Sa carrière l'a amené ailleurs, mais nul doute qu'il n'a pas dû apprécier de voir l'ingénieur Marc Censi s'installer dans le fauteuil qu'il guignait. Depuis, entre les deux, c'est la guerre froide. La candidature du fils Puech, évidemment contre le député sortant Censi junior, n'en est que le dernier épisode.

   C'est l'alerte générale dans le camp Censi. Tout récemment, la rue Béteille (principale artère menant au centre-ville) s'est ornée d'une nouvelle vitrine :

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   Le bâtiment est un peu défraîchi, il a accueilli plusieurs types d'activités depuis une dizaine d'années. Euh... je précise que la présence du feu rouge sur la photographie n'est pas intentionnelle. Vous remarquerez l'insistance mise sur l'appartenance à l'U.M.P. (parti dont le président est un certain Nicolas Sarkozy), le pommier étant là, telle une réminiscence chiraquienne.  A gauche des affiches du favori de la course présidentielle rappellent la fidélité du député sortant. Sur le blog de l'U.M.P. de Rodez, le lien entre le député Yves Censi et le candidat Sarkozy est bien mis en valeur. Le local est presque vide : on s'y est vraiment pris à l'arrache ! A travers la vitre, quand on colle son nez, on peut voir, malgré les reflets, le tableau fixé au fond de la salle. Sur celui-ci Censi semble avoir écrit une citation de Sénèque. Va falloir rester stoïque, mon gars !

   Mon avis sur la question est que si Nicolas Sarkozy est élu, il va y avoir une série de règlements de comptes dans les circonscriptions de droite : les chiraquiens tardivement ralliés (ou qui ont laissé un mauvais souvenir) vont avoir une vie difficile. Si Ségolène Royal est élue, Sarkozy aura besoin de toutes les bonnes volontés pour empêcher une majorité de centre-gauche d'émerger à l'Assemblée Nationale. Paradoxalement, la survie politique de Censi peut dépendre d'une victoire de la socialiste Royal. Vous avez dit ironique ?

samedi, 28 avril 2007

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   ... Encore une adaptation de Philip K. Dick ! Concernant la précédente (A scanner darkly), je suis alléché par le DVD-collector (malgré le prix), qui contient le bouquin qui a inspiré le film. Revenons à nos moutons. On a une base fantastique (le "super pouvoir" du héros), un brin de romantisme (l'histoire d'amour, qui n'est pas sans rappeler, à certains égards -voyez comme je cause bien !- L'armée des douze singes), de la belle gonzesse, du mec musclé (Cage a dû faire des efforts pour éliminer un peu de gras), de l'action  (les amateurs de boum-boum seront satisfaits), des nouvelles technologies et du contexte socio-politique (la menace terroriste... avec des Frenchies dans la bande, non mais de qui se moque-t-on ? Chez nous, les lycéens ne viennent pas -encore- flinguer à tire-larigot dans les établissements scolaires... et aucun groupe raciste n'a organisé d'attentat contre l'immeuble siège des services de renseignement !).

   C'est bien joué, même si certains dialogues sont proches de la platitude (voir en particulier les conversations -réelles ou fictives- entre Julianne Moore, efficace, et Nicolas Cage, bien dans le rôle d'un mec de base qui se retrouve mêlé à une histoire qui le dépasse.. très états-unien, ça). Le suspense est réel et, au bout d'un moment, on ne sait plus trop si ce que l'on voit est la réalité ou l'anticipation de la réalité. La fin porte la marque, à mon avis, du désir de la production de ne pas alourdir le film : on aurait pu prolonger un peu l'action et la manière dont cela se termine ménage un peu le spectateur "familial"...

   Cela reste un agréable divertissement.

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vendredi, 27 avril 2007

Le Direktor

    Lars von Trier se fait plaisir... et se fout un peu du monde. Cela donne un film inégal, avec des faiblesses, des facilités, mais aussi des moments jouissifs dans lesquels on retrouve le talent de l'auteur de The Kingdom, Element of crime, Les idiots ou encore Dogville.

   La facilité tout d'abord. C'est filmé à l'arrache, avec un cadrage indigne d'un élève de première année de la Femis, un éclairage variable, mal orienté, sans que l'on voie à quoi cela mène... et la prise de son est nettement perfectible. Le réalisateur, qui nous cause de temps à autre, justifie son choix par le refus de la convention, de l'artifice : il aurait pu mettre en scène un truc bien léché, mais il juge que cela aurait nui au film. A la vision de celui-ci, on ne peut pas lui donner tout à fait tort, puisqu'il narre l'histoire d'une supercherie bancale. La forme rejoint le fond, en quelque sorte.

   C'est aussi une satire du monde de l'entreprise, de l'esprit d'équipe (ouais, y a une équipe... et UN esprit, comme le disait Coluche !) si cher à certains cadres. Là, on rigole franchement. Lars n'y va pas avec le dos de la cuillère et met le doigt sur les accommodements auxquels tout un chacun est prêt à se livrer pour faire carrière. Le conflit entre intérêt général et intérêt particulier est l'un des fils rouges du film.

   On notera au passage que les personnages féminins ne sont pas très valorisés. On a droit à l'ambitieuse dynamique qui a le feu au cul, la coincée mignonnette, la déprimée foldingue et la militante un brin acariâtre. Bon, les mecs ne sont pas gâtés non plus. Le film a aussi un intérêt documentaire : il met en scène un Islandais en milieu danois, avec les conflits sous-jacents que cela suppose.

   Au second degré, le film est une réflexion sur la création, le théâtre, le cinéma. Au début, cela pourrait sembler chiant, mais plus l'action se déroule, plus cela devient intéressant... jusqu'au retournement final que je ne révèlerai pas !!

19:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma