vendredi, 22 juin 2007
Ocean's 13
J'avoue ne pas avoir compté si les gugusses étaient treize. En tout cas, ça manque de femmes ! La seule à jouer un rôle un tant soit peu important est un clone de Cameron Diaz en executive woman siliconée (très efficace au demeurant). C'est globalement un hommage aux films de genre des années 1960-1970. Les scènes qui se situent à l'intérieur du casino sont soignées.
Mon principal regret est le faible "interventionnisme" des personnages incarnés par Clooney et Pitt. On cause beaucoup dans ce film (trop)... et j'ai l'impression que nos deux lascars se sont contentés du service minimum. La vedette revient aux "seconds rôles", étoffés, et au méchant, interprété avec brio par Al Pacino.
Deux éléments sauvent le film :
- la drôlerie de certaines situations (et parfois des dialogues), en particulier celles qui voient intervenir Matt Damon, en jeune loup qui veut s'affirmer (ah, le coup du parfum "piège à gonzesses" !) ; j'ai été aussi très sensible aux scènes "mexicaines", parfois irrésistibles
- l'habileté du scénario, digne d'un film d'espionnage, avec du billard à trois bandes et des coups de théâtre.
Au final, un agréable divertissement, pour digérer sans heurt un dîner copieux. Mais rien d'enthousiasmant.
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jeudi, 21 juin 2007
Le scaphandre et le papillon
Je ne connaissais pas l'histoire (vraie) qui avait inspiré le livre puis le film : celle de ce rédacteur en chef du magazine Elle, victime d'un accident cardio-vasculaire, presque totalement paralysé, ne pouvant communiquer qu'avec des clignements d'yeux.
Il est incarné par Mathieu Amalric, acteur que j'apprécie peu en général (trop intello chiant). Eh bien, dans ce film, il est excellent, tant au niveau de la voix off que de l'interprétation statique. Tous les autres personnages sont interprétés avec beaucoup de talent, les femmes en particulier. J'ai une préférence pour Marie-Josée Croze, craquante en orthophoniste... Je veux la même !!!!
Toutes les scènes où il est question de la méthode de communication instaurée par l'orthophoniste (et utilisée ensuite par l'ex-copine du héros, puis surtout par sa "secrétaire") sont fortes, tantôt drôles, tantôt tendues (je pense en particulier au moment où l'ex-copine doit traduire les propos du malade pour la maîtresse qui appelle au téléphone). On assiste à la naissance d'un livre, entre ingéniosité et dévouement (le héros y raconte son expérience).
Le réalisateur réussit le tour de force de plonger le spectateur dans l'univers mental du malade. Dès le début, les effets visuels ont pour but de nous montrer ce que voyait et ressentait Jean-Dominique Bauby (le journaliste). C'est donc très souvent filmé en "caméra subjective", comme on dit dans le milieu. Pour éviter que ce ne soit trop lourd pour le spectateur (le film dure tout de même 1h50), on passe de temps à autre en caméra objective (surtout dans la deuxième moitié du film). Sont ajoutées des séquences de rêve ou de souvenirs très réussies.
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samedi, 16 juin 2007
Shrek ve feurde
Dans la version française, c'est Alain Chabat qui prête sa voix à l'ogre vert. Le fait d'avoir vu (et entendu) la version doublée m'a épargné les piaulements de Justin Timberlake en prince Arthur... comme quoi, tout n'est pas noir dans la vie !
Les gags sont moins nombreux que dans les précédents, mais ils sont mieux répartis tout au long du film. On a le temps de les savourer, alors que dans les deux précédents, on nous assénait (plutôt au début) une série de clins d'œil dans lesquels on pouvait se perdre (ouais, je sais, tout ça c'est pour faire acheter le dvd). Ceci dit, si j'ai ri souvent, je n'ai pas hurlé de rire. C'est plaisant, sans plus... mais c'est déjà bien, d'autant plus que l'animation est toujours soignée.
On retrouve avec plaisir la parodie (gentille) du monde Disney (en fait, c'est une pub déguisée, ne nous aveuglons pas), avec le cas des "princesses" (Cendrillon, la Belle au bois dormant et Blanche Neige), une bande de pétasses, au début, qui évolue agréablement... de manière frappante même ! J'ai particulièrement apprécié les interventions du chat et de l'âne (toujours très bien doublés en français), avec cette nouveauté : l'interversion des personnalités (et de la queue...), source de scènes croquignolesques !
Le fond de l'histoire me plaît toujours, avec cette volonté de mettre en avant des personnages au physique ingrat et de faire jouer les rôles de "méchants" à de beaux gosses. L'introduction du jeune Arthur ne m'a pas emballé. Tout ça, c'est pour attirer le public djeunse, supposé s'identifier à ce petit crétin. On reconnaît là le souci des auteurs de renouveler la série, qui risque de s'essouffler sinon. L'arrivée de la progéniture "shrekienne" est plus drôle (en rêve comme en réalité) et l'une des plus belles scènes voit cette marmaille prendre dignement la suite de papa dans l'expulsion des gaz corporels...
14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
vendredi, 15 juin 2007
Le dernier roi d'Ecosse
C'est à la fois un portrait du dictateur Amin Dada (non, pas à cheval sur son bidet... même si on le voit parfois en cavalier et si une scène mettant en scène des flatulences particulièrement douloureuses pourrait être perçue comme une délicate référence à cette chanson enfantine) et une réflexion sur le rôle de l'Occident.
Le portrait du dictateur est saisissant, en grande partie grâce à l'interprétation de Forest Withaker et au cadrage qui l'accompagne : les gros plans sont choisis avec soin, ils alternent de manière efficace avec des plans moins resserrés. Withaker réussit à faire passer beaucoup de choses : le côté paranoïaque du personnage, son désir de revanche sociale et son exubérance. Je pense toutefois que le film, qui suggère plus qu'il ne montre, est en-dessous de la réalité.
L'autre "héros" est le médecin écossais, un jeune bourge fringant et bringueur, qui arrive en Ouganda par hasard, en quête de sensations. Tout le film pose la question suivante : qu'est-ce qui a pu bien pousser un parfait produit de la démocratie britannique à lier son sort à l'un des potentats les plus sanguinaires que l'Afrique ait connu ? La réponse est nuancée, pleine de complexité. Le rôle, en sous-main, des services britanniques, en pleine "guerre froide", n'est pas oublié. Cela nous donne un film vraiment très très fort.
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mardi, 12 juin 2007
We feed the world
C'est un documentaire à rapprocher de Notre pain quotidien, dont j'ai parlé dans un billet du 31 mars 2007. A la grande différence de ce dernier, We feed the world fait parler les personnes filmées (et, accessoirement, leur permet parfois de défendre leur position).
Le film est divisé en six séquences. La première, qui aurait pu servir d'introduction à Notre pain quotidien, traite du gaspillage en Autriche (pays d'origine du réalisateur), à travers l'exemple du pain. Dans le genre, on aurait pu aborder le cas de denrées plus périssables, les fruits et légumes par exemple. A travers le témoignage d'un paysan du coin, on touche aussi du doigt la difficulté, aujourd'hui, pour un agriculteur, de gagner autant que ses parents vu l'évolution de la société en général et de l'agriculture en particulier.
Puis vient une séquence consacrée à la pêche, tournée en Bretagne. C'est une dénonciation de l'industrialisation de cette activité, à travers ses conséquences sur l'emploi et sur la qualité de la marchandise proposée aux consommateurs. Cela nous permet d'entendre un Breton parler allemand !
On se rend ensuite en Espagne, en Andalousie. Cette séquence est très proche de celle montrée dans Notre pain quotidien. Elle ajoute un aspect sur la vie des migrants africains... et un peu de musique ! Vient le tour de la Roumanie, où l'influence de l'Union européenne se fait sentir. Là aussi il est question de la perte du goût.
La séquence tournée autour de l'élevage de volailles autrichien ne va pas changer la donne. On peut trouver ici encore des points communs avec l'autre docu. Tout ce passage pose de façon aiguë la question du bien-être animal, en rapport avec notre mode alimentaire et notre organisation économique. Quant aux travailleurs manuels (éleveurs, ouvriers de l'agroalimentaire), ils n'ont pas une position enviable.
L'entretien avec le PDG de Nestlé n'apporte pas grand chose, sinon le point de vue d'un dirigeant "moderne" mais sans concession.
Le tout est entrecoupé d'interventions (en allemand) de Jean Ziegler.
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lundi, 11 juin 2007
Boulevard de la mort
Tarantino est de retour, avec un film tarantinesque : ça cause beaucoup (et ça cause cru), le sang finit tôt ou tard par gicler (yeahhhh) et les femmes sont très présentes, et pas dans des rôles de figuration. On a un personnage masculin principal, interprété par un Kurt Russel sur le retour excellent. (Côté filles, à noter la présence de la délicieuse Rosario Dawson, présente aussi dans Clerks.)
Tarantino joue sur tous les tableaux. Il flatte les "rednecks" (les beaufs, les ploucs, les bouseux... c'est assez large comme expression) avec cet anti-héros barge, crade, fan de bagnoles et de cascades. Il met aussi en valeur les femmes : la première partie du film les présente comme des objets sexuels (les jambes et les culs sont très sollicités par la caméra... tout au long du film d'ailleurs), mais aussi des femmes libérées qui s'éclatent, se bourrent la gueule, fument, se droguent, parlent grossièrement (pas de scène vraiment suggestive, à part la pseudo "danse du ventre"... une danse du cul en fait !). C'est limite une bande de poufiasses quand on y réfléchit.
Le sexe est fortement présent, de manière symbolique : la bagnole est un subsitut pénien (phallique même). Je vous laisse découvrir ce que Tarantino en fait. C'est spectaculaire, même pour un gugusse dans mon genre qui n'éprouve pas de fascination pour les tas de tôles (de plastique de plus en plus) sur 4 roues.
La première partie du film est une longue attente. Dès le début, on comprend que ça va mal finir... ET ON ESPERE QUE CA VA VENIR. Le film est un peu trop verbeux... à entendre en version originale sous-titrée, toutefois, pour profiter de tous les "nigger", "fuck", "bitch" et autres joyeusetés. Par contre, je n'ai pas été gêné par l'esthétique "cheap" de certaines scènes : c'est voulu, c'est dans l'hommage.
La deuxième partie voit intervenir une autre bande de filles. On assiste à un beau retournement, avec une séquence finale de toute beauté, que je recommande tout particulièrement aux dames.
13:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 08 juin 2007
88 minutes
Les scénaristes sont fascinés par les tueurs en série, auxquels ils prêtent leur propre talent. Cela nous donne des criminels très très très manipulateurs, adeptes du billard à trois bandes, bien plus intéressants que les ordures de la vraie vie.
Al Pacino se trouve donc confronté à un méchant très méchant. Mais ce méchant très méchant est en prison (lieu dont il s'évertue à sortir, de manière légale... saletés de droits de l'Homme !). Du coup, il a monté une manigance. L'intérêt du film est de démêler cet écheveau... et de trouver la complice, car il s'agit d'une femme. Cela tombe bien, parce que Pacino-le-psychiatre-médiatique-engagé-dans-la-lutte-contre-le-mal est entouré de femmes, en général ravissantes, surtout ses étudiantes. (Comment ? Je ne vous avais pas dit qu'il enseignait en fac ? Ben voilà, c'est fait !)
Les scénaristes ont embrouillé à loisir l'intrigue, lançant le spectateur sur une foule de fausses pistes. Du coup, les révélations de la fin paraissent un peu artificielles. Ce n'est pas aussi bien foutu que d'autres polars ou films à suspense. Mais cela se regarde sans déplaisir.
A noter l'importance des téléphones portables (de genres très différents) dans l'histoire. Du coup, je sens que les acteurs, Pacino en tête, ont particulièrement travaillé la gestuelle téléphonique.
Pour les curieux : cela se passe à Seattle, sur la côte Ouest donc, mais au Nord, pas en Californie. Du coup, il fait un temps de merde !
14:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 06 juin 2007
Zodiac
C'est un polar sans en être un : l'histoire est inspirée de faits réels. Cela donne un film haletant (c'est le côté polar), et le réalisateur a voulu ménager des effets de surprise comme dans tout polar qui se respecte, mais il est corseté par les faits. Ne pas s'attendre donc à des retournements aussi spectaculaires que ce que l'on a pu voir dans nombre de bons polars anglo-saxons de ces dernières années.
C'est bien joué. J'ai retrouvé avec plaisir Robert Downey Junior, très bien en journaliste "allumé". Mark Ruffalo confirme son grand talent (déjà remarqué dans 30 ans sinon rien, Windtalkers... et surtout In the cut et Eternal sunshine of the spotless mind). Jake Gyllenhaal explose dans ce film. Le côté nounours maladroit asocial obstiné de son personnage est rendu avec grand talent. Il confirme ce qu'il avait laissé entrevoir dans Donnie Darko, Le jour d'après et surtout l'excellent Jarhead.
A part cela, le film ne m'a pas particulièrement enthousiasmé. Cela se suit sans déplaisir, mais sans plus. C'est long. On peut passer le temps avec les très belles vues de San Francisco. Fincher ne fait preuve d'aucune virtuosité, mais il prolonge habilement la lignée des cinéastes urbains.
13:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 01 juin 2007
Pirates des Caraïbes 3
La première semaine, il n'était pas question d'aller voir ce film : compte tenu de sa durée, les séances sont peu nombreuses et donc les spectateurs sont concentrés aux horaires "accessibles"... même en deuxième semaine ! J'ai choisi un jeudi : j'ai échappé à la queue (et je suis arrivé très en avance). La salle s'est finalement remplie à 80 % environ.
Le troisième volet des aventures de notre fine équipe de branquignols peut s'analyser avec la formule "rupture dans la continuité". Commençons par celle-ci. C'est d'abord un film d'action réussi, avec moult péripéties, des rebondissements en veux-tu, en voilà, avec des reniements et tout plein de cynisme. Les effets spéciaux sont jolis à regarder, surtout sur un grand écran. Mention spéciale pour le maelstrom... et Davy Jones, toujours aussi sexy ! Dans la continuité aussi les pointes d'humour, pas souvent subtiles, mais ô combien efficaces ! Dans ce volet, je note que les orifices sont très souvent le support de scènes grotesques ou d'allusions graveleuses...
La rupture (avec le précédent volet) n'est pas toujours positive : le film est plus long, sans que cela soit justifié. On aurait pu pratiquer des coupures. De plus, le début est assez surprenant, avec trois séquences très différentes, une avec les pendaisons (assez forte), une avec l'escale à Singapour (très drôle) et une dans une sorte de désert (agréable ce silence dans la salle, face à l'absence de dialogue à plusieurs reprises) : Johnny Depp cabotine à souhait (au départ, en plusieurs exemplaires !), face à un "troupeau de pierres" dont je vous laisse deviner la véritable nature... Mais ce qui m'a le plus indisposé est la place prise par le couple formé par Orlando Bloom et Keira Knightley. C'est souvent chiant, voire niais, même si elle s'en sort nettement mieux. Peut-être y-a-t-il quelque chose à revoir au niveau du doublage. J'en profite pour signaler qu'il est stupide d'avoir doublé les chansons. Le résultat est artificiel. Il aurait mieux valu conserver, dans ce cas, la version originale, et sous-titrer ce passage. Le public est habitué à entendre des productions anglosaxonnes à la radio. Pourquoi pas au cinéma ?
L'importance accordée à un personnage déjà présent auparavant, Tia Dalma / Calypso, est l'une des nouveautés positives. L'actrice qui l'incarne (Naomie Harris) est très bonne. Ses interventions relancent l'action et nous permettent de voir Davy Jones sous un autre jour... au propre comme au figuré !
Comme pour le précédent, restez jusqu'à la fin du générique. Vous aurez droit à un aperçu du 4 (ben oui, y en faut cinq pour achever la série, on vous l'a déjà dit !)... dix ans plus tard.
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dimanche, 27 mai 2007
Irina Palm
Certains films ressortent plus de la masturbation intellectuelle que de l'oeuvre cinématographique. L'onanisme cérébral n'est pas haïssable en soi, mais on peut espérer gagner autre chose en fréquentant les salles obscures.
Ici, il est question d'une grosse branleuse, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit la reine des feignasses. Non, au contraire, son hyperactivité lui vaut d'attraper un "pénis elbow" !! Toutes les séquences qui tournent autour de cette activité sont savoureuses, mais ce n'est pas le seul intérêt du film.
C'est d'abord une chronique sociale, quelque part entre Ken Loach et Stephen Frears. D'ailleurs, à mon humble avis, ce film aurait eu toute sa place à Cannes, n'en déplaise aux fines bouches et aux critiques coinços. Notre "veuve poignet" (spirituelle traduction de "wanking widow" !) est d'abord une femme mûre, un peu abandonnée (son fils chéri la considère un peu comme sa bonne à tout faire... dans certaines limites), dans une banlieue sinistre de Londres. Nous avons donc droit à un superbe tableau des splendeurs de la vie provinciale, entre mesquineries, cancans et désespoir. Mention spéciale aux mamies du jeu de cartes et aux personnages de l'épicerie ! Et quelle belle scène que celle qui voit Maggie leur révéler son activité...avec des détails !
Marianne Faithful est excellente. Le réalisateur la suit tantôt en plan large (pour accentuer sa solitude, encore accrue à partir du moment où elle exerce dans le bar à hôtesses), tantôt de près, caméra à l'épaule. Cela suggère très bien le trouble qui l'habite. La musique (excellente elle aussi) va dans le même sens.
Il est aussi question d'amour dans ce film. Maggie a perdu un enfant dans sa jeunesse... et on finit par apprendre que son mari la trompait. En plus, elle qui ne s'entend déjà pas très bien avec sa bru se fâche avec son fils (pour tenter de sauver le petit-fils). Ce sont les rencontres extérieures qui l'enrichissent : les scènes de dialogues avec le patron du bar (tout droit sorti de chez Kusturica) ou la "collègue" sont très belles. C'est l'un des grands talents du film que de réussir à faire émerger ces fractures intérieures, sorte de marque de fabrique de la majorité des personnages.
16:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
samedi, 26 mai 2007
La Faille
Ce long métrage est à classer dans la catégorie des "films urinatoires". Je m'explique. Cette catégorie regroupe des films qui suscitent, chez le spectateur, une irrésistible envie de libérer la vessie d'un liquide superfétatoire. Dans cette catégorie, on trouve les films particulièrement drôles (assez rares), les films d'aventures et les polars. Ceux-ci émoustillent particulièrement le cerveau. Nous voici donc avec La Faille.
C'est bien écrit. Le suspense est bien mené même si, je le dis sans forfanterie, j'ai assez rapidement deviné l'élément qui allait "retourner" le film. Dès le début, il est évident que le personnage incarné (avec talent) par A. Hopkins a tué sa femme et qu'il va tout faire pour échapper légalement à la justice. J'ai donc été très attentif aux séquences qui ont précédé l'assassinat (ou, du moins, la tentative). Je n'ai pourtant pas tout compris tout de suite : certains des gestes du meurtrier paraissent obscurs. C'est quand les premières conclusions de l'enquête sont livrées que j'ai vu "la faille". Je vous laisse le soin de la découvrir. C'est l'un des charmes du film.
Mais, en plus de cela, on a droit à de bons numéros d'acteurs (Hopkins bien sûr, mais aussi le surprenant Ryan Gosling... n'oublions pas tous les seconds rôles, efficaces... comme dans tout polar qui se respecte), une réalisation léchée : très joli (par exemple) ce plan qui voit la réflexion de l'image de l'un des personnages dans une flaque de sang. Le film nous offre régulièrement de petites perles visuelles.
C'est aussi une histoire de morale. A travers le vieil homme, on est amené à se demander quelle importance il faut accorder à la parole donnée. A travers le jeune homme, on est amené à se demander quelle importance il faut accorder à l'enrichissement personnel. Ainsi, si l'on pousse le raisonnement à l'extrême, le héros aurait très bien pu accepter l'offre saugrenue du meurtrier et devenir son avocat ce qui, une fois celui-là acquitté, lui aurait permis d'épaissir son carnet d'adresses et de valoriser encore mieux son profil aux yeux de son nouvel employeur. Mais l'un des enjeux du film (et ce qui relance l'histoire) est que le petit arriviste talentueux a un reste de conscience.
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vendredi, 25 mai 2007
Still life
C'est le genre de film qu'il n'est pas facile de voir quand on habite l'Aveyron : au début, il sort uniquement à Toulouse (à l'Utopia) et Montpellier (dans l'un des cinémas Diagonale), nulle part ailleurs dans le coin pendant deux-trois semaines. Après, cela se rapproche : à Albi (à l'Athanor), puis, soit à Carmaux (bon cinéma, le Lido, pour une ville de cette importance), toujours dans le Tarn donc, soit à Cahors (à l'ABC), donc dans le Lot. Une semaine après, on peut espérer l'avoir dans l'Aveyron, à Rodez (ce qui m'arrange), à Millau (programmation intéressante des Lumières de la ville) ou même à Decazeville, dans le nouveau cinéma La Strada (3 salles, une grande, une moyenne, une petite, avec une partie "art et essai"... c'est bien les gars !) qui a remplacé la vieille salle unique de centre-ville.
C'est une plongée dans la Chine d'en bas, loin des lumières de Shanghaï, loin de la capitale Pékin ravalée, loin des métropoles du Sud-Est, transformées par la mondialisation. Ceci dit, l'action se déroule autour de Chongqing, l'une des principales villes du pays. Mais les "héros" visuels sont le Yangzi et son barrage. Les personnages sont posés là et, parfois, on a l'impression que l'intrigue n'a pas d'importance. C'est le côté "nouvelle vague" du film, dont les dialogues ne sont d'ailleurs pas toujours réussis.
Par contre, le tableau social est édifiant. Entre les travailleurs du fleuve, les démolisseurs d'immeubles (dont la vulnérabilité contraste avec l'aisance calme des désinfecteurs qu'il leur arrive de côtoyer), l'hôtelier, les commerçants des rues et les voyous, on a droit à un kaléidoscope saisissant. J'ai eu parfois l'impression que les personnages étaient interprétés par les gens eux-mêmes (et pas par des acteurs), tant le réalisme est puissant.
Le film est aussi le croisement de deux mélos chinois contemporains. Un homme, présenté d'abord comme un frustre du Nord (il est du Shanxi), recherche sa femme et la fille dont il a été séparé 16 ans auparavant. Une femme cherche son mari envolé depuis deux ans. Tous deux utilisent le fleuve pour se déplacer. Le film semble montrer comme inexorable à la fois la "modernisation" de la région (impulsée par la construction du barrage des Trois-Gorges) et la déchirure des couples qui, à l'image de la Chine traditionnelle, sombrent. Modernité et progrès ne sont donc pas synonymes. Plus prosaïquement, le film est un hommage au petit peuple de Chine, décrit de manière attachante, mais sans complaisance (on se fait facilement arnaquer).
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samedi, 12 mai 2007
Très bien merci !
Encore un film français qu'il n'est pas facile de voir. Parfois, la production pratique la stratégie de la sortie ciblée (dans un nombre limité de salles), comptant sur les critiques et le bouche-à-oreille pour faire le succès du film. C'est ce qui s'est passé, me semble-t-il, avec Le candidat. Je ne sais pas si c'est le cas pour ce film-là. Il est aussi possible que le sujet qu'il aborde soit jugé dérangeant par des programmateurs de salles un peu timorés.
C'est pourtant un film bien plus riche que ce que j'en ai entendu dire : il n'est pas une simpliste diatribe anti-flics, il aborde beaucoup d'aspects de la vie contemporaine. L'interprétation est de haut niveau : Gilbert Melki (comptable méticuleux, propre sur lui) est tout en tension, parfois halluciné, parfois teigneux, parfois malicieux ; Sandrine Kiberlain est sublime de retenue dans le rôle de cette épouse aimante et obstinée, chauffeure de taxi.
Le film est donc assez sévère pour notre société. L'entreprise dévore ses cadres et ne rend pas justice à leur travail (leur dévouement même, parfois). La police y contrôle à tout va, sans respecter toujours les formes (la scénariste a eu ici l'heureuse idée d'éviter que le couple contrôlé ne soit "coloré"). Le système hospitalier prend l'eau et le personnel baisse les bras, abandonnant une partie de sa conscience professionnelle.
La morale du film est sarcastique. Je ne veux pas tout dévoiler, mais je peux dire que, si l'on se fie au déroulement de l'histoire, il est suggéré que dans ce monde qui ne respecte pas les règles qu'il affiche, il faut soi-même se montrer irrespectueux, tricheur.
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jeudi, 10 mai 2007
Amer béton
C'est l'adaptation d'un manga japonais... une de plus ! Cette fois-ci, la bande à Miyazaki n'y est pour rien. Le graphisme est d'ailleurs très différent : plus anguleux (à l'image des personnages, au physique comme au mental), moins léché, plus "arts déco".
Les héros sont des orphelins des rues, des délinquants. Comment ! Ben oui, ils volent, ils guettent, ils rigolent. Mais de méchants yakuzas arrivent bientôt. Les bandes traditionnelles vont en prendre pour leur grade, tandis que les flics s'inquiètent devant l'arrivée de ces hors-la-loi si différents de leurs voyous habituels.
"Noir" et "Blanc", les deux héros, sont complémentaires. Ils ne sont rien l'un sans l'autre. Encore une illustration du yin et du yang, dont le symbole figure sur le vêtement de l'un d'entre eux. Fraternité, camaraderie, amour, on peut y voir ce que l'on veut. Je penche un peu pour l'illustration de deux aspects d'une même personnalité.
Le film est particulièrement intéressant parce qu'il montre des jeunes à côté de la plaque, sans manichéisme. Même les truands adultes sont des personnages complexes. Bon, ce n'est pas un chef-d’œuvre mais, si vous avez le temps, ce film mérite un petit détour.
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mercredi, 09 mai 2007
Une Jeunesse chinoise
C'est une fresque intimiste chinoise. Cela peut paraître contradictoire, mais c'est ce qui décrit le mieux ce film, à mon avis. L'arrière-plan est l'évolution de la Chine de 1987 au début du XXIème siècle. On peut grosso modo diviser le film en trois : avant les manifestations, pendant le bouillonnement du printemps 1989 et après la répression. De ce point de vue, la meilleure partie est celle traitant du début : cette Chine d'avant 89, avec ses espoirs, ce foisonnement, c'est un peu la France d'avant mai 68...
... avec sa libération sexuelle. C'est le deuxième aspect du film : la découverte du plaisir physique et de l'amour (qui peuvent ne pas concorder, ça aussi c'est une leçon). L'héroïne se cherche et cherche à s'épanouir, bringueballée par la politique, qui passionne son chéri. Du coup, elle est un peu larguée. Le film réussit à faire sentir la sensualité de certains moments, tout comme il fait passer le sentiment de trahison. La mise en scène est très habile, nageant tantôt dans le style documentaire, tantôt dans l'ambiance nébuleuse des émotions.
Le film dure toutefois 2h20, et ça se sent. Je le trouve un peu moins réussi que Le Vieux Jardin, qui est moins long, plus virtuose aussi. La fin semble s'inspirer de certains films de "qualité française" : le temps a passé, les gens ont changé. Cela rejoint le propos du film : la dictature a brisé des vies, non seulement en frustrant la population de ses aspirations démocratiques, mais aussi en détruisant des histoires d'amour.
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dimanche, 06 mai 2007
Le Vieux Jardin
Le cinéma sud-coréen, vous connaissez ? Il ne produit pas que des films d'action ou fantastiques décapants. Il s'agit ici d'un mélodrame à caractère historique. Dès le début, tout suspense est tué : on sait que lorsque le héros sort de prison, sa dulcinée est morte d'un cancer. L'intérêt du film est ailleurs.
Le film fait revivre cet amour par le biais des retours en arrière, façon madeleine de Proust. C'est en retournant sur les lieux où ils se sont aimés, en touchant les objets, que le héros revit cette passion. Il y a le contexte de la dictature sud-coréenne, très dure dans les années 1970-1980, plus douce à partir des années 1990, jusqu'à la démocratisation. Si j'avais vu ce film il y a 15-20 ans, je me serais senti plus proche du principal personnage masculin. Aujourd'hui, je me reconnais plutôt dans l'héroïne, brillamment interprétée. La deuxième partie du film lui est davantage consacrée, alors que la première heure est plus centrée sur le héros. On voit cette femme amoureuse, orgueilleuse, talentueuse, vivre sans son amant mais avec son amour. La scène qui la voit rencontrer la mère du prisonnier est très belle : ces deux femmes très différentes souffrent de son absence, chacune à sa manière.
Si le film est prenant par l'émotion (pas la guimauve, rassurez-vous) qu'il dégage, il est aussi d'une grande beauté formelle. Les plans tournés dans cette campagne humide sont à couper le souffle, tout comme la partie urbaine, bien qu'organisée d'une tout autre manière. Quant aux plans occupés par les personnages, ils sont souvent magnifiques, avec des jeux d'ombres et de lumière... sans oublier la qualité de l'interprétation : enfin des gros plans qui se justifient ! Il y a même une mise en abyme artistique : l'héroïne se lance dans la peinture et le croquis. Ceux qui ont été réalisés pour le film sont vraiment très beaux !
Enfin, le film joue quand même sur quelques éléments d'incertitude : un personnage va intervenir, qui va peut-être faire le lien entre le passé et le présent.
Si une salle le programme à proximité de chez vous, laissez-vous tenter par ce film !
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samedi, 05 mai 2007
Jesus in camp
Voici un documentaire venu d'outre-Atlantique, qui nous cause des protestants intégristes, de leur propagande (euh.. prosélytisme), de leur savoir-faire, de l'éducation qu'ils dispensent. On rit beaucoup, on ricane même devant l'absurdité de certaines situations, hélas réelles.
C'est le second versant du film : ces gens sont dangereux. Créationnisme, anti-avortement, islamophobie extrême sont leurs "valeurs". A la vision du film, on peut penser que ces adultes sont en train de fabriquer de futurs assassins de médecins avorteurs, de futurs "croisés" qui, finalement, ne ressemblent que trop à leurs cousins islamistes. L'intolérance de ces gens-là va jusqu'à dénoncer l'influence pernicieuse de Harry Potter : ben oui, un sorcier ne peut pas être bon, il est forcément un méchant suppôt du diable !
Mais, derrière tout cela, il y a surtout des enfants. Ils sont marrants quand, réunis dans le camp d'été, ils s'amusent dans la chambre au-delà de l'heure autorisée. Mais on voit bien que, à cause de cet embrigadement, ces gamins sont des névrosés en puissance. Aux garçons on propose de devenir prêcheurs ou soldats (voir les chorégraphies belliqueuses) : c'est mettre beaucoup de pression sur ces fragiles épaules.
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Clerks II
Ces "employés modèles" avaient été une découverte pour moi, en 1994. Je dois l'avouer : il fait partie de mes films "cultes". Le deuxième volet n'a pas été extrêmement bien accueilli par la critique. Par fidélité et un peu par curiosité, je suis allé voir cette suite.
On retrouve nos deux amis, le coincé-velléitaire-moralisateur et le branleur-obsédé, dans la dèche (relative) : le magasin part en fumée. Direction un fast-food, où ils travaillent sous la direction d'une somptueuse métis, qui semble avoir tous les talents. (C'est quand même pratique, d'être cinéaste : on peut matérialiser ses fantasmes à l'écran !) Dans leurs conversations, il est toujours question de sexe, d'anus aussi (en particulier le "bouche à cul", une pratique qui fait débat... Les fidèles auront perçu la référence au n°1, où l'autofellation fait rebondir l'intrigue à plusieurs reprises). Comme dans le premier, une des scènes les plus porteuses de sens se passe sur un toit
On retrouve aussi le duo de vendeurs de shit, avec le mutique (Kévin Smith en personne) et l'expansif, toujours aussi déjantés, toujours aussi fans de musique relaxante. On a un petit nouveau, un jeune blanc bien comme il faut qui est là pour servir de défouloir contre l'Amérique bien-pensante et cul-serrée (la promise du héros a aussi cette fonction, mais à un degré moindre). Cela nous vaut des séquences jouissives tant sur le plan des dialogues qu'au niveau des relations entre les personnages. Grâce à ce film, vous saurez enfin ce que les jeunes filles vierges cachent au fond de leur vagin ! Attention toutefois si vous avez l'estomac fragile : l'un des clients du resto part avec une commande un peu particulière...
Pour terminer, on se fait servir un spectacle d' "érotisme inter-espèces". Il est question d'un âne et d'une fellation. Je vous laisse le plaisir de découvrir la chose... Sachez que cela se termine en compagnie de personnes portant l'uniforme !
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vendredi, 04 mai 2007
Spiderman 3
Avant de voir ce film, il faut prendre quelques précautions, en particulier passer par les toilettes : je suis allé à la première séance du soir, après dîner, sans avoir accompli cette élémentaire besogne... eh, bien, je peux vous dire qu'une demi-heure avant la fin du film, j'ai ressenti une formidable envie d'uriner. Le film donc est long... et trépidant.
La scène d'action la plus réussie est pour moi la première, celle qui voit le Bouffon poursuivre le héros. Les autres sont plus classiques, plus basiquement spectaculaires, aux effets trop appuyés. Le numérique joue aussi un rôle appréciable dans la séquence qui voit la naissance de "l'homme-sable" : ma-gni-fique.
L'autre grande qualité du film est son humour : cela rend le "pudding" moins indigeste. Je relève tout particulièrement la séquence qui voit Parker-le-coincé se transformer en Parker-le-djeunse-qui-se-la-joue, vraiment hilarante. Je pense qu'une partie du public masculin a dû se sentir visée (les filles rient beaucoup à cette séquence)...
Cependant, le film souffre des séquences de "non action", marquées par la platitude des dialogues (genre le vieil homme, au début, qui, en regardant un écran qui diffuse des images de Spiderman, sort une affligeante banalité ; genre aussi le "Mais qui es-tu ?" sorti par Mary-Jane à Parker dévoré par la chose ; genre le discours final gnan-gnan... j'en passe, et des pires). Par contre, le personnage de tante May fonctionne bien.
On peut aussi faire une lecture politique de ce film. C'est la société (l'acharnement policier et le désir de vengeance de Parker) qui font de l'homme-sable un monstre dangereux. De ce point de vue, le scénario fait preuve d'un minimum de subtilité concernant les personnages de criminels. Entre eux et le héros, tout n'est pas blanc/noir. De surcroît, on peut voir là une métaphore de l'interventionnisme bushien post-11 septembre : le désir de venger des proches assassinés (l'oncle symbolisant les victimes des attentats) conduit les "bons" à devenir "méchants" et à radicaliser leurs adversaires (l'homme-sable et le Bouffon). Ce n'est pas mal vu et mis en scène.
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mardi, 01 mai 2007
Le candidat
Pas facile de voir ce film, qui pourtant n'est pas sans lien avec l'actualité la plus brûlante. Plus qu'un polar (ce qu'il aurait pu être si le scénario avait davantage tourné autour de la maladie subite du président sortant, celui qui laisse sa place au personnage interprété par Yvan Attal), c'est une réflexion sur ce qu'est la pratique politique et sur le fait de jouer un rôle. Comme c'est une création de Niels Arestrup (qui s'octroie un beau rôle), on imagine bien qu'il est question du métier d'acteur (le fait de connaître un texte, le costume, le maquillage et l'éclairage sont des éléments importants de l'histoire). Certaines scènes sont d'ailleurs du pur théâtre. Mais nos politiques sont eux-mêmes de grands cabots...
Je suis partagé : le film m'a paru long alors qu'il dure à peine plus d' 1h30. Je n'ai pas aimé le côté "tout est pourri" ou "on ne peut rien faire", même si l'enjeu est précisément (au-delà de la découverte des forces sous-jacentes) de savoir s'il est possible de faire quelque chose et de changer la donne. Dans le registre du benêt qui se rebelle, Yvan Attal est très convaincant. Il est servi par une mise en scène soignée, un peu trop appuyée peut-être : on voit bien les effets de caméra, qui sont souvent réussis, voire brillants, avec un côté un peu trop scolaire ou démonstratif.
Reste le combat politique, illustré par le travail d'équipe (habile portrait de groupe, où se distingue une conseillère en communication tétanisée par la timidité !), le rôle des médias (ah, ces fameux débats !) et les coups bas. Face à face, à la fin, se trouvent le technocrate encore un peu idéaliste (un mélange de Jospin et Bayrou, je sais, c'est dur à imaginer... surtout que cet hybride a les cheveux raides !) et le fringant prétendant (un croisement entre Villepin et Sarkozy). Si je voulais prolonger, j'irais jusqu'à dire que le personnage d'Attal a comme une parenté avec Ségolène Royal (au masculin) : on lui reproche de ne pas assez trancher, de ne pas maîtriser ses dossiers (ce qui n'est finalement pas vrai) et il doit l'accélération de sa carrière à une série de coïncidences (qui sait si certains "amis politiques" ne souhaitent pas sa défaite...). Il y a un petit retournement de situation, pas tout à fait inattendu, mais bien amené. Un personnage qui peu auparavant proclamait des "valeurs" très honorables (le respect en tête) est pris à son propre piège : s'il avait mis en pratique ce qu'il proclamait, il n'aurait pas été pris en défaut. Une petite leçon qui permet de finir sur une note positive... et hautement morale !
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samedi, 28 avril 2007
Next
... Encore une adaptation de Philip K. Dick ! Concernant la précédente (A scanner darkly), je suis alléché par le DVD-collector (malgré le prix), qui contient le bouquin qui a inspiré le film. Revenons à nos moutons. On a une base fantastique (le "super pouvoir" du héros), un brin de romantisme (l'histoire d'amour, qui n'est pas sans rappeler, à certains égards -voyez comme je cause bien !- L'armée des douze singes), de la belle gonzesse, du mec musclé (Cage a dû faire des efforts pour éliminer un peu de gras), de l'action (les amateurs de boum-boum seront satisfaits), des nouvelles technologies et du contexte socio-politique (la menace terroriste... avec des Frenchies dans la bande, non mais de qui se moque-t-on ? Chez nous, les lycéens ne viennent pas -encore- flinguer à tire-larigot dans les établissements scolaires... et aucun groupe raciste n'a organisé d'attentat contre l'immeuble siège des services de renseignement !).
C'est bien joué, même si certains dialogues sont proches de la platitude (voir en particulier les conversations -réelles ou fictives- entre Julianne Moore, efficace, et Nicolas Cage, bien dans le rôle d'un mec de base qui se retrouve mêlé à une histoire qui le dépasse.. très états-unien, ça). Le suspense est réel et, au bout d'un moment, on ne sait plus trop si ce que l'on voit est la réalité ou l'anticipation de la réalité. La fin porte la marque, à mon avis, du désir de la production de ne pas alourdir le film : on aurait pu prolonger un peu l'action et la manière dont cela se termine ménage un peu le spectateur "familial"...
Cela reste un agréable divertissement.
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vendredi, 27 avril 2007
Le Direktor
Lars von Trier se fait plaisir... et se fout un peu du monde. Cela donne un film inégal, avec des faiblesses, des facilités, mais aussi des moments jouissifs dans lesquels on retrouve le talent de l'auteur de The Kingdom, Element of crime, Les idiots ou encore Dogville.
La facilité tout d'abord. C'est filmé à l'arrache, avec un cadrage indigne d'un élève de première année de la Femis, un éclairage variable, mal orienté, sans que l'on voie à quoi cela mène... et la prise de son est nettement perfectible. Le réalisateur, qui nous cause de temps à autre, justifie son choix par le refus de la convention, de l'artifice : il aurait pu mettre en scène un truc bien léché, mais il juge que cela aurait nui au film. A la vision de celui-ci, on ne peut pas lui donner tout à fait tort, puisqu'il narre l'histoire d'une supercherie bancale. La forme rejoint le fond, en quelque sorte.
C'est aussi une satire du monde de l'entreprise, de l'esprit d'équipe (ouais, y a une équipe... et UN esprit, comme le disait Coluche !) si cher à certains cadres. Là, on rigole franchement. Lars n'y va pas avec le dos de la cuillère et met le doigt sur les accommodements auxquels tout un chacun est prêt à se livrer pour faire carrière. Le conflit entre intérêt général et intérêt particulier est l'un des fils rouges du film.
On notera au passage que les personnages féminins ne sont pas très valorisés. On a droit à l'ambitieuse dynamique qui a le feu au cul, la coincée mignonnette, la déprimée foldingue et la militante un brin acariâtre. Bon, les mecs ne sont pas gâtés non plus. Le film a aussi un intérêt documentaire : il met en scène un Islandais en milieu danois, avec les conflits sous-jacents que cela suppose.
Au second degré, le film est une réflexion sur la création, le théâtre, le cinéma. Au début, cela pourrait sembler chiant, mais plus l'action se déroule, plus cela devient intéressant... jusqu'au retournement final que je ne révèlerai pas !!
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mercredi, 18 avril 2007
Goodbye Bafana
L'Afrique du Sud, l'apartheid, Nelson Mandela, les Noirs, les Blancs, le racisme, la vie de couple, les enfants... Le film brasse une quantité de choses. Mais, sur les deux heures, ce sont les relations individuelles qui sont les plus exploitées (because casting très onéreux à mon avis).
Le film n'a pas bénéficié d'un bon accueil critique à sa sortie. Encore un "machin hollywoodien" (dans le mauvais sens du terme), me suis-je dit. J'y suis donc allé sans entrain. J'ai quand même passé un agréable moment. Le plus étonnant est que l'une des principales faiblesses du film est liée aux acteurs : Dennis Haysbert (oui, le président de "24 heures chrono" !) est bon , mais je me souviens très bien de Mandela : jeune, il était trapu mais, quand il a quitté sa dernière geôle, il était quasi squelettique. Joseph Fiennes n'est pas très convaincant en gardien : il surjoue et, dès le début, on comprend tout ce qui va se passer ; ce rôle a été trop construit en tenant compte de la fin ; 25 ans auparavant, on ne savait pas comment les choses allaient tourner. Diane Kruger en fait trop elle aussi.
Cependant, ce n'est pas mal filmé. Quelques effets de caméra sont bienvenus. L'émotion est au rendez-vous. On suit cette histoire sans déplaisir. Le contexte de l'époque est correctement rendu, même si cela reste assez superficiel. On attend encore LE grand film sur l'apartheid.
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 13 avril 2007
Sunshine
Vous avez déjà vu 2001, l'Odyssée de l'espace, Mission to Mars et Alien ? Alors, avec ce film, vous naviguerez en terrain connu. On y retrouve un ordinateur qui cause et qui gère un vaisseau spatial, on y trouve des expéditions à l'extérieur du vaisseau qui ne finissent pas forcément bien, on y trouve du sacrifice, on y trouve de la fascination pour le non terrestre... et on y rencontre un ennemi. A cela, les scénaristes ont ajouté du "politiquement correct" : différentes "communautés" sont représentées dans l'équipe d'astronautes. Notons toutefois qu'aucun Arabe n'y figure et que l'accent est mis, outre sur les Blancs, sur les Asiatiques, d'origine visiblement japonaise et chinoise (et, qui sait, peut-être coréenne) ; cela nous donne l'occasion de voir la délicieuse Michelle Yeoh.
Le mélange se laisse voir sans déplaisir, d'autant plus que les effets spéciaux sont réussis. Cependant, les dialogues sont souvent d'une banalité affligeante (j'ai vu la version française) et j'ai été peu accroché par l'un des arguments du film : la fascination éprouvée pour le soleil. De surcroît, la fin est limite grand-guignolesque.
S'il vous arrive de vous ennuyer, vous pouvez vous livrer à ce petit jeu, que je pratique souvent avec les productions commerciales à suspense : dès le départ, j'essaie de deviner qui va rester à la fin. Parce que vous vous doutez bien que sur les huit gugusses du début, nombre vont trépasser dans des circonstances plus ou moins douloureuses... Toute modestie mise à part, j'avais misé sur une personne, qui figure à la toute fin. Mais les scénaristes ont préservé plus d'une personne, alors à vos paris...
19:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma
mardi, 10 avril 2007
Les âmes errantes
Voici un film vietnamien, tourné par un Français. C'est un documentaire, qui porte sur la recherche des soldats tués lors de la guerre de 1965-1973, dont les corps n'ont pas été retrouvés. On suit deux vétérans dans leurs démarches.
C'est un sujet original, puisqu'on a le point de vue de Vietnamiens : par moments, ils racontent le déroulement de séquences de combat (en particulier quand ils sont de retour sur les lieux où se sont déroulés des affrontements). L'intervention de membres des familles permet de mieux prendre conscience de ce qu'a été la guerre pour l' "arrière".
Je vous préviens : ce n'est pas très joli à regarder, non pas à cause de ce qui est montré, mais parce que c'est filmé en vidéo numérique (ou un truc dans le genre). Le film n'est pas très long (environ 1h20), mais pas trépidant.
Certains moment sont très forts : ceux qui mettent en image la détresse de parents laissés dans l'incertitude (même si le cas de la veuve -très expansive- a fini par me taper sur les nerfs) et ceux qui décrivent les rituels religieux. Eh, oui ! Dans ce pays encore officiellement communiste (qui vient d'intégrer l'O.M.C. ...), le bouddhisme imprègne profondément la population.
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lundi, 09 avril 2007
La grande finale
Je me suis trouvé dans une situation paradoxale : moi qui, les soirs de match de la coupe du monde de football, vais au cinéma, je suis allé voir un film dont les protagonistes font tout pour parvenir à assister à la finale du mondial de 2002 (qui s'est tenu en Corée du Sud et au Japon), opposant le Brésil à l'Allemagne.
Le film alterne des scènes filmées en trois endroits très différents : la steppe mongole, le désert nigérien et la forêt amazonienne. Dur, dur de faire fonctionner une télé ! Les trois "branches" du film sont inégales. La partie mongole est la plus belle, alliant des paysages magnifiques à une musique entraînante. La partie saharienne est la plus drôle... et la plus politique. La partie amazonienne, qui s'inspire visiblement de Les dieux sont tombés sur la tête, m'est apparue très condescendante et la plus "cliché".
Sur le fond, l'histoire mongole traite, à l'image des autres, de tradition et modernité, mais aussi de l'héritage soviétique... et allemand : l'officier, qui supporte l'Allemagne, n'hésite pas à affirmer que ce pays a "fondé un grand empire au XXe siècle" !!!! Un des chasseurs lui cloue le bec plus tard, en faisant référence à la bataille de Stalingrad (ben oui, les Allemands perdent la finale). Auparavant, on a même eu droit à un petit match entre les militaires et les nomades !
L'histoire nigérienne est foisonnante, parce qu'elle évoque les tensions qui peuvent surgir entre les populations qui se déplacent dans le désert... sans parler de l'attraction exercée par l'Europe. Les répliques fusent, acérées. Là aussi, le "dominant" (celui qui apporte la télévision) est un supporteur de l'Allemagne. C'est aussi la partie la plus riche en effets comiques, à la fois visuels et dialogués.
On goûtera l'histoire amazonienne principalement pour le contexte brésilien. Sinon, cela ne vole pas haut...
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dimanche, 08 avril 2007
El custodio
Encore un film argentin ! Et, là aussi, la France n'est pas très loin, puisque notre beau pays a participé au financement et que (par voie de conséquence ?) l'un des personnages principaux a un couple d'amis français (on entend d'ailleurs un peu causer dans la langue de La Fontaine et Jean-Luc Delarue) et qu'il roule en Laguna. (Sacrebleu, moi qui roule en Peugeot, voilà que je fais de la pub pour Renault !) Les sous-fifres passent leur temps dans ce qui ressemble à une vieille Ford (ou à une Saab). Voilà pour les bagnoles.
Ces sous-fifres sont des gardes du corps ou des chauffeurs. Le héros est garde du corps. C'est un ancien militaire, célibataire, méthodique. La mise en scène est conçue de manière à rappeler la position subalterne qui est la sienne. Lorsqu'il est montré en dehors de son travail, les couleurs sont en général ternes. Lorsqu'il est inclus dans une scène de groupe, surtout au boulot, tout est fait pour suggérer qu'il ne compte pas : les autres parlent devant lui sans se préoccuper plus que cela de sa présence, il est presque exclu du cadre (souvent, on ne voit qu'une partie de son corps, dans un coin, par exemple). Quand c'est filmé en caméra subjective, la vision du héros nous indique qu'il n'est pas concerné par la conversation. Davantage qu'un garde du corps, c'est un larbin, bon à tout faire, dessiner, éteindre les lumières, aller chercher la fille...
Par contraste, le film est une charge vigoureuse contre ce que l'on pourrait appeler la "bourgeoisie décadente". Elle est incarnée principalement par cette famille dont le héros assure la protection. L'épouse est le personnage le moins négatif, parce qu'elle se préoccupe des autres. Mais elle reste l'archétype d'une "grande bourgeoise". La fille n'est pas méchante, mais quelle dévergondée ! Et exhibitionniste en plus ! (Elle n'en est que plus excitante...) C'est fou le nombre de trucs qu'on peut faire en voiture (à part mater, bien sûr). On y revient ! Mais le pire de la bande est le ministre, homme de paroles, mais pas homme de parole. Il fraie avec les médias et les entrepreneurs dans une folle ronde de la connivence entre les élites. On sent, derrière la caméra, bouillir une sorte d'indignation contre cette "trahison" d'un élu du peuple...
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samedi, 07 avril 2007
Les contes de Terremer
Dans la famille Miyazaki, je demande... le fils ! Bonne pioche ! Merci... L'équipe qui entoure le fiston doit comprendre des éléments de celle du père. Il y a quelques similitudes dans la "manufacture" du film. Tout d'abord, ce n'est pas un dessin animé pour débiles mentaux : le début intrigue, tout n'est pas expliqué, il faut patienter... et réfléchir un peu. On est dans un monde où la magie joue un rôle. On remarque aussi le soin apporté aux paysages. Même si, formellement, le fils n'a pas (encore) le coup de patte du père (ça se voit au niveau de l'animation du chat de la reine et des brebis), c'est très joli : par exemple, vers le début, l'arrivée dans cette ville cosmopolite, en plein marché, est l'occasion de déployer des effets très réussis (avec une pointe d'humour, ce qui ne gâche rien), comme lorsque la marchande déploie le tissu quasi transparent ou lorsqu'un quidam expulse la fumée du narguilé, en pleine rue.
Le film n'est toutefois pas sans défaut : sa longueur (1h55) se ressent (contrairement aux œuvres du papa) ; il aurait fallu pratiquer quelques coupes, par exemple dans certaines séquences dialoguées, qui sont un peu trop bavardes.
On part quand même pour un beau voyage initiatique (avec morale à la clé, attention), où les adultes comme les adolescents, les femmes comme les hommes, jouent un rôle important.
16:21 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 06 avril 2007
Agua
C'est un film argentin (coproduit par la France) qui se déroule dans le milieu de la natation. A priori, ça devrait me barber, vu que je n'aime pas particulièrement nager (à la piscine, "quand j'étais jeune", je n'aimais rien tant qu'uriner discrètement dans le bassin !) et que je n'éprouve pas la moindre envie de suivre les compétitions dans cette discipline, Laure Manaudou ou pas.
Eh bien la réalisatrice est parvenue à m'intéresser à ce sujet. Même les séquences de natation m'ont plu. Elle a une manière de filmer, alternant sur et sous l'eau, jouant parfaitement des sons qui parviennent ou pas au nageur, qui rend palpitante la vision de ce sport.
Mais l'intérêt principal réside dans ces deux histoires croisées, celle de l' "ancien", l'as de la nage en eaux libres, réputé tricheur jadis et celle du "jeune", qui tente d'intégrer la sélection nationale du 4 nages en bassin. Autant le premier est peu loquace, replié sur ses blessures, autant le second est tourné vers l'extérieur de lui-même, trop peut-être : c'est sans doute une béquille pour lui. Le premier, ancienne vedette, vit coupé de tout, mais se rapproche du monde moderne quand il apprend que la compétition qu'il avait jadis remportée va se tenir à nouveau. Tout le talent du film est de nous faire comprendre la vie d'autiste de ce nageur. Ce n'est pas propre à la natation. On a tous rencontré de ces personnes qui sont dans leur "trip" et sur lesquelles rien n'a de prise. Par moments, j'ai senti comme une parenté avec le personnage interprété par Jean-Marc Barr dans Le grand bleu. Un des enjeux du film est l'attitude que l' "ancien" va adopter vis-à-vis du jeune, qui vient d'échouer. Celui-ci va devoir faire des choix, dans sa vie (sa copine est enceinte) et dans son sport.
La fin m'a énormément déçu. Je vois où la réalisatrice a voulu en venir (et surtout là où elle n'a pas voulu aller : la fin heureuse sirupeuse), mais je pense qu'il y avait moyen de tourner cela autrement. Cela n'empêche pas le film d'être très fort, y compris dans cette fin inattendue.
15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 05 avril 2007
10 canoës, 150 lances, 3 épouses
... 20 étuis péniens, 4 portions de miel, 12 paquets de cigarettes, 550 préservatifs. Et avec ça, je vous mets quoi ? Ben, un conte aborigène. Dans la version originale, on est guidé par l'un d'entre eux, anglophone, qui nous raconte une histoire très ancienne. Les images de celle-ci sont en noir et blanc. Dans cette histoire, il est question d'une légende (ou d'une histoire très très très ancienne), illustrée par des images en couleurs. C'est donc elle qui donne le sens. Dans les deux "histoires", les acteurs sont identiques.
C'est passionnant ! Il y a d'abord la beauté des paysages, la description du mode de vie de ces chasseurs-cueilleurs-pêcheurs. J'ai été aussi pris par l'incertitude ménagée par les conteurs (dans la première histoire, un vieil homme raconte, à l'image de notre guide pour le film... décidément, que de mises en abyme !). C'est de plus souvent drôle, à l'image de cette scène qui voit la file indienne des chasseurs s'arrêter subitement, à l'instigation du dernier. On se demande ce qu'il peut bien se passer. A-t-il perçu une menace ? Un conflit interne est-il sur le point d'éclater ? En fait, il se plaint des flatulences de l'un de ceux qui le précèdent (flatulences d'autant plus nauséabondes qu'elles sont discrètes, souligne-t-on au passage) ! On a aussi quelques "saillies" concernant le pénis qui peut plus ou moins devenir dur... Le sujet travaille beaucoup nos personnages puisque, lorsqu'ils entrent en contact avec un étranger, ils sont immédiatement méfiants du fait que celui-ci porte une sorte de pagne qui dissimule ses organes génitaux. Nos héros ne tardent pas à lui attribuer la volonté de dissimuler... ou pire, celle d'en avoir "une petite". Comment faire confiance à un tel personnage ?
Au-delà de ces éléments, il reste un conte initiatique, sur ce qu'est la jeunesse, le devoir, sur la patience aussi et sur l'apprentissage de la vie.
16:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma