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vendredi, 01 juin 2007

Pirates des Caraïbes 3

   La première semaine, il n'était pas question d'aller voir ce film : compte tenu de sa durée, les séances sont peu nombreuses et donc les spectateurs sont concentrés aux horaires "accessibles"... même en deuxième semaine ! J'ai choisi un jeudi : j'ai échappé à la queue (et je suis arrivé très en avance). La salle s'est finalement remplie à 80 % environ.

   Le troisième volet des aventures de notre fine équipe de branquignols peut s'analyser avec la formule "rupture dans la continuité". Commençons par celle-ci. C'est d'abord un film d'action réussi, avec moult péripéties, des rebondissements en veux-tu, en voilà, avec des reniements et tout plein de cynisme. Les effets spéciaux sont jolis à regarder, surtout sur un grand écran. Mention spéciale pour le maelstrom... et Davy Jones, toujours aussi sexy ! Dans la continuité aussi les pointes d'humour, pas souvent subtiles, mais ô combien efficaces ! Dans ce volet, je note que les orifices sont très souvent le support de scènes grotesques ou d'allusions graveleuses...

    La rupture (avec le précédent volet) n'est pas toujours positive : le film est plus long, sans que cela soit justifié. On aurait pu pratiquer des coupures. De plus, le début est assez surprenant, avec trois séquences très différentes, une avec les pendaisons (assez forte), une avec l'escale à Singapour (très drôle) et une dans une sorte de désert (agréable ce silence dans la salle, face à l'absence de dialogue à plusieurs reprises) : Johnny Depp cabotine à souhait (au départ, en plusieurs exemplaires !), face à un "troupeau de pierres" dont je vous laisse deviner la véritable nature... Mais ce qui m'a le plus indisposé est la place prise par le couple formé par Orlando Bloom et Keira Knightley. C'est souvent chiant, voire niais, même si elle s'en sort nettement mieux. Peut-être y-a-t-il quelque chose à revoir au niveau du doublage. J'en profite pour signaler qu'il est stupide d'avoir doublé les chansons. Le résultat est artificiel. Il aurait mieux valu conserver, dans ce cas, la version originale, et sous-titrer ce passage. Le public est habitué à entendre des productions anglosaxonnes à la radio. Pourquoi pas au cinéma ?

    L'importance accordée à un personnage déjà présent auparavant, Tia Dalma / Calypso, est l'une des nouveautés positives. L'actrice qui l'incarne (Naomie Harris) est très bonne. Ses interventions relancent l'action et nous permettent de voir Davy Jones sous un autre jour... au propre comme au figuré !

    Comme pour le précédent, restez jusqu'à la fin du générique. Vous aurez droit à un aperçu du 4 (ben oui, y en faut cinq pour achever la série, on vous l'a déjà dit !)... dix ans plus tard.

15:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 27 mai 2007

Irina Palm

   Certains films ressortent plus de la masturbation intellectuelle que de l'oeuvre cinématographique. L'onanisme cérébral n'est pas haïssable en soi, mais on peut espérer gagner autre chose en fréquentant les salles obscures.

   Ici, il est question d'une grosse branleuse, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit la reine des feignasses. Non, au contraire, son hyperactivité lui vaut d'attraper un "pénis elbow" !! Toutes les séquences qui tournent autour de cette activité sont savoureuses, mais ce n'est pas le seul intérêt du film.

   C'est d'abord une chronique sociale, quelque part entre Ken Loach et Stephen Frears. D'ailleurs, à mon humble avis, ce film aurait eu toute sa place à Cannes, n'en déplaise aux fines bouches et aux critiques coinços. Notre "veuve poignet" (spirituelle traduction de "wanking widow" !) est d'abord une femme mûre, un peu abandonnée (son fils chéri la considère un peu comme sa bonne à tout faire... dans certaines limites), dans une banlieue sinistre de Londres. Nous avons donc droit à un superbe tableau des splendeurs de la vie provinciale, entre mesquineries, cancans et désespoir. Mention spéciale aux mamies du jeu de cartes et aux personnages de l'épicerie ! Et quelle belle scène que celle qui voit Maggie leur révéler son activité...avec des détails !

   Marianne Faithful est excellente. Le réalisateur la suit tantôt en plan large (pour accentuer sa solitude, encore accrue à partir du moment où elle exerce dans le bar à hôtesses), tantôt de près, caméra à l'épaule. Cela suggère très bien le trouble qui l'habite. La musique (excellente elle aussi) va dans le même sens.

   Il est aussi question d'amour dans ce film. Maggie a perdu un enfant dans sa jeunesse... et on finit par apprendre que son mari la trompait. En plus, elle qui ne s'entend déjà pas très bien avec sa bru se fâche avec son fils (pour tenter de sauver le petit-fils). Ce sont les rencontres extérieures qui l'enrichissent : les scènes de dialogues avec le patron du bar (tout droit sorti de chez Kusturica) ou la "collègue" sont très belles. C'est l'un des grands talents du film que de réussir à faire émerger ces fractures intérieures, sorte de marque de fabrique de la majorité des personnages.

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samedi, 26 mai 2007

La Faille

   Ce long métrage est à classer dans la catégorie des "films urinatoires". Je m'explique. Cette catégorie regroupe des films qui suscitent, chez le spectateur, une irrésistible envie de libérer la vessie d'un liquide superfétatoire. Dans cette catégorie, on trouve les films particulièrement drôles (assez rares), les films d'aventures et les polars. Ceux-ci émoustillent particulièrement le cerveau. Nous voici donc avec La Faille.

   C'est bien écrit. Le suspense est bien mené même si, je le dis sans forfanterie, j'ai assez rapidement deviné l'élément qui allait "retourner" le film. Dès le début, il est évident que le personnage incarné (avec talent) par A. Hopkins a tué sa femme et qu'il va tout faire pour échapper légalement à la justice. J'ai donc été très attentif aux séquences qui ont précédé l'assassinat (ou, du moins, la tentative). Je n'ai pourtant pas tout compris tout de suite : certains des gestes du meurtrier paraissent obscurs. C'est quand les premières conclusions de l'enquête sont livrées que j'ai vu "la faille". Je vous laisse le soin de la découvrir. C'est l'un des charmes du film.

   Mais, en plus de cela, on a droit à de bons numéros d'acteurs (Hopkins bien sûr, mais aussi le surprenant Ryan Gosling... n'oublions pas tous les seconds rôles, efficaces... comme dans tout polar qui se respecte), une réalisation léchée : très joli (par exemple) ce plan qui voit la réflexion de l'image de l'un des personnages dans une flaque de sang. Le film nous offre régulièrement de petites perles visuelles.

   C'est aussi une histoire de morale. A travers le vieil homme, on est amené à se demander quelle importance il faut accorder à la parole donnée. A travers le jeune homme, on est amené à se demander quelle importance il faut accorder à l'enrichissement personnel. Ainsi, si l'on pousse le raisonnement à l'extrême, le héros aurait très bien pu accepter l'offre saugrenue du meurtrier et devenir son avocat ce qui, une fois celui-là acquitté, lui aurait permis d'épaissir son carnet d'adresses et de valoriser encore mieux son profil aux yeux de son nouvel employeur. Mais l'un des enjeux du film (et ce qui relance l'histoire) est que le petit arriviste talentueux a un reste de conscience.

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vendredi, 25 mai 2007

Still life

   C'est le genre de film qu'il n'est pas facile de voir quand on habite l'Aveyron : au début, il sort uniquement à Toulouse (à l'Utopia) et Montpellier (dans l'un des cinémas Diagonale), nulle part ailleurs dans le coin pendant deux-trois semaines. Après, cela se rapproche : à Albi (à l'Athanor), puis, soit à Carmaux (bon cinéma, le Lido, pour une ville de cette importance), toujours dans le Tarn donc, soit à Cahors (à l'ABC), donc dans le Lot. Une semaine après, on peut espérer l'avoir dans l'Aveyron, à Rodez (ce qui m'arrange), à Millau (programmation intéressante des Lumières de la ville) ou même à Decazeville, dans le nouveau cinéma La Strada (3 salles, une grande, une moyenne, une petite, avec une partie "art et essai"... c'est bien les gars !) qui a remplacé la vieille salle unique de centre-ville.

   C'est une plongée dans la Chine d'en bas, loin des lumières de Shanghaï, loin de la capitale Pékin ravalée, loin des métropoles du Sud-Est, transformées par la mondialisation. Ceci dit, l'action se déroule autour de Chongqing, l'une des principales villes du pays. Mais les "héros" visuels sont le Yangzi et son barrage. Les personnages sont posés là et, parfois, on a l'impression que l'intrigue n'a pas d'importance. C'est le côté "nouvelle vague" du film, dont les dialogues ne sont d'ailleurs pas toujours réussis.

   Par contre, le tableau social est édifiant. Entre les travailleurs du fleuve, les démolisseurs d'immeubles (dont la vulnérabilité contraste avec l'aisance calme des désinfecteurs qu'il leur arrive de côtoyer), l'hôtelier, les commerçants des rues et les voyous, on a droit à un kaléidoscope saisissant. J'ai eu parfois l'impression que les personnages étaient interprétés par les gens eux-mêmes (et pas par des acteurs), tant le réalisme est puissant.

   Le film est aussi le croisement de deux mélos chinois contemporains. Un homme, présenté d'abord comme un frustre du Nord (il est du Shanxi), recherche sa femme et la fille dont il a été séparé 16 ans auparavant. Une femme cherche son mari envolé depuis deux ans. Tous deux utilisent le fleuve pour se déplacer. Le film semble montrer comme inexorable à la fois la "modernisation" de la région (impulsée par la construction du barrage des Trois-Gorges) et la déchirure des couples qui, à l'image de la Chine traditionnelle, sombrent. Modernité et progrès ne sont donc pas synonymes. Plus prosaïquement, le film est un hommage au petit peuple de Chine, décrit de manière attachante, mais sans complaisance (on se fait facilement arnaquer).

14:20 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 12 mai 2007

Très bien merci !

   Encore un film français qu'il n'est pas facile de voir. Parfois, la production pratique la stratégie de la sortie ciblée (dans un nombre limité de salles), comptant sur les critiques et le bouche-à-oreille pour faire le succès du film. C'est ce qui s'est passé, me semble-t-il, avec Le candidat. Je ne sais pas si c'est le cas pour ce film-là. Il est aussi possible que le sujet qu'il aborde soit jugé dérangeant par des programmateurs de salles un peu timorés.

   C'est pourtant un film bien plus riche que ce que j'en ai entendu dire : il n'est pas une simpliste diatribe anti-flics, il aborde beaucoup d'aspects de la vie contemporaine. L'interprétation est de haut niveau : Gilbert Melki (comptable méticuleux, propre sur lui) est tout en tension, parfois halluciné, parfois teigneux, parfois malicieux ; Sandrine Kiberlain est sublime de retenue dans le rôle de cette épouse aimante et obstinée, chauffeure de taxi.

   Le film est donc assez sévère pour notre société. L'entreprise dévore ses cadres et ne rend pas justice à leur travail (leur dévouement même, parfois). La police y contrôle à tout va, sans respecter toujours les formes (la scénariste a eu ici l'heureuse idée d'éviter que le couple contrôlé ne soit "coloré"). Le système hospitalier prend l'eau et le personnel baisse les bras, abandonnant une partie de sa conscience professionnelle.

   La morale du film est sarcastique. Je ne veux pas tout dévoiler, mais je peux dire que, si l'on se fie au déroulement de l'histoire, il est suggéré que dans ce monde qui ne respecte pas les règles qu'il affiche, il faut soi-même se montrer irrespectueux, tricheur.

 

17:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 10 mai 2007

Amer béton

   C'est l'adaptation d'un manga japonais... une de plus ! Cette fois-ci, la bande à Miyazaki n'y est pour rien. Le graphisme est d'ailleurs très différent : plus anguleux (à l'image des personnages, au physique comme au mental), moins léché, plus "arts déco".

   Les héros sont des orphelins des rues, des délinquants. Comment ! Ben oui, ils volent, ils guettent, ils rigolent. Mais de méchants yakuzas arrivent bientôt. Les bandes traditionnelles vont en prendre pour leur grade, tandis que les flics s'inquiètent devant l'arrivée de ces hors-la-loi si différents de leurs voyous habituels.

   "Noir" et "Blanc", les deux héros, sont complémentaires. Ils ne sont rien l'un sans l'autre. Encore une illustration du yin et du yang, dont le symbole figure sur le vêtement de l'un d'entre eux. Fraternité, camaraderie, amour, on peut y voir ce que l'on veut. Je penche un peu pour l'illustration de deux aspects d'une même personnalité.

   Le film est particulièrement intéressant parce qu'il montre des jeunes à côté de la plaque, sans manichéisme. Même les truands adultes sont des personnages complexes. Bon, ce n'est pas un chef-d’œuvre mais, si vous avez le temps, ce film mérite un petit détour.

19:50 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 09 mai 2007

Une Jeunesse chinoise

   C'est une fresque intimiste chinoise. Cela peut paraître contradictoire, mais c'est ce qui décrit le mieux ce film, à mon avis. L'arrière-plan est l'évolution de la Chine de 1987 au début du XXIème siècle. On peut grosso modo diviser le film en trois : avant les manifestations, pendant le bouillonnement du printemps 1989 et après la répression. De ce point de vue, la meilleure partie est celle traitant du début : cette Chine d'avant 89, avec ses espoirs, ce foisonnement, c'est un peu la France d'avant mai 68...

   ... avec sa libération sexuelle. C'est le deuxième aspect du film : la découverte du plaisir physique et de l'amour (qui peuvent ne pas concorder, ça aussi c'est une leçon). L'héroïne se cherche et cherche à s'épanouir, bringueballée par la politique, qui passionne son chéri. Du coup, elle est un peu larguée. Le film réussit à faire sentir la sensualité de certains moments, tout comme il fait passer le sentiment de trahison. La mise en scène est très habile, nageant tantôt dans le style documentaire, tantôt dans l'ambiance nébuleuse des émotions.

   Le film dure toutefois 2h20, et ça se sent. Je le trouve un peu moins réussi que Le Vieux Jardin, qui est moins long, plus virtuose aussi. La fin semble s'inspirer de certains films de "qualité française" : le temps a passé, les gens ont changé. Cela rejoint le propos du film : la dictature a brisé des vies, non seulement en frustrant la population de ses aspirations démocratiques, mais aussi en détruisant des histoires d'amour.

17:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 06 mai 2007

Le Vieux Jardin

  Le cinéma sud-coréen, vous connaissez ? Il ne produit pas que des films d'action ou fantastiques décapants. Il s'agit ici d'un mélodrame à caractère historique. Dès le début, tout suspense est tué : on sait que lorsque le héros sort de prison, sa dulcinée est morte d'un cancer. L'intérêt du film est ailleurs.

   Le film fait revivre cet amour par le biais des retours en arrière, façon madeleine de Proust. C'est en retournant sur les lieux où ils se sont aimés, en touchant les objets, que le héros revit cette passion. Il y a le contexte de la dictature sud-coréenne, très dure dans les années 1970-1980, plus douce à partir des années 1990, jusqu'à la démocratisation. Si j'avais vu ce film il y a 15-20 ans, je me serais senti plus proche du principal personnage masculin. Aujourd'hui, je me reconnais plutôt dans l'héroïne, brillamment interprétée. La deuxième partie du film lui est davantage consacrée, alors que la première heure est plus centrée sur le héros. On voit cette femme amoureuse, orgueilleuse, talentueuse, vivre sans son amant mais avec son amour. La scène qui la voit rencontrer la mère du prisonnier est très belle : ces deux femmes très différentes souffrent de son absence, chacune à sa manière.

   Si le film est prenant par l'émotion (pas la guimauve, rassurez-vous) qu'il dégage, il est aussi d'une grande beauté formelle. Les plans tournés dans cette campagne humide sont à couper le souffle, tout comme la partie urbaine, bien qu'organisée d'une tout autre manière. Quant aux plans occupés par les personnages, ils sont souvent magnifiques, avec des jeux d'ombres et de lumière... sans oublier la qualité de l'interprétation : enfin des gros plans qui se justifient ! Il y a même une mise en abyme artistique : l'héroïne se lance dans la peinture et le croquis. Ceux qui ont été réalisés pour le film sont vraiment très beaux !

   Enfin, le film joue quand même sur quelques éléments d'incertitude : un personnage va intervenir, qui va peut-être faire le lien entre le passé et le présent.

   Si une salle le programme à proximité de chez vous, laissez-vous tenter par ce film !

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samedi, 05 mai 2007

Jesus in camp

   Voici un documentaire venu d'outre-Atlantique, qui nous cause des protestants intégristes, de leur propagande (euh.. prosélytisme), de leur savoir-faire, de l'éducation qu'ils dispensent. On rit beaucoup, on ricane même devant l'absurdité de certaines situations, hélas réelles.

   C'est le second versant du film : ces gens sont dangereux. Créationnisme, anti-avortement, islamophobie extrême sont leurs "valeurs". A la vision du film, on peut penser que ces adultes sont en train de fabriquer de futurs assassins de médecins avorteurs, de futurs "croisés" qui, finalement, ne ressemblent que trop à leurs cousins islamistes. L'intolérance de ces gens-là va jusqu'à dénoncer l'influence pernicieuse de Harry Potter : ben oui, un sorcier ne peut pas être bon, il est forcément un méchant suppôt du diable !

   Mais, derrière tout cela, il y a surtout des enfants. Ils sont marrants quand, réunis dans le camp d'été, ils s'amusent dans la chambre au-delà de l'heure autorisée. Mais on voit bien que, à cause de cet embrigadement, ces gamins sont des névrosés en puissance. Aux garçons on propose de devenir prêcheurs ou soldats (voir les chorégraphies belliqueuses) : c'est mettre beaucoup de pression sur ces fragiles épaules.

21:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Clerks II

  Ces "employés modèles" avaient été une découverte pour moi, en 1994. Je dois l'avouer : il fait partie de mes films "cultes". Le deuxième volet n'a pas été extrêmement bien accueilli par la critique. Par fidélité et un peu par curiosité, je suis allé voir cette suite.

   On retrouve nos deux amis, le coincé-velléitaire-moralisateur et le branleur-obsédé, dans la dèche (relative) : le magasin part en fumée. Direction un fast-food, où ils travaillent sous la direction d'une somptueuse métis, qui semble avoir tous les talents. (C'est quand même pratique, d'être cinéaste : on peut matérialiser ses fantasmes à l'écran !) Dans leurs conversations, il est toujours question de sexe, d'anus aussi (en particulier le "bouche à cul", une pratique qui fait débat... Les fidèles auront perçu la référence au n°1, où l'autofellation fait rebondir l'intrigue à plusieurs reprises). Comme dans le premier, une des scènes les plus porteuses de sens se passe sur un toit

   On retrouve aussi le duo de vendeurs de shit, avec le mutique (Kévin Smith en personne) et l'expansif, toujours aussi déjantés, toujours aussi fans de musique relaxante. On a un petit nouveau, un jeune blanc bien comme il faut qui est là pour servir de défouloir contre l'Amérique bien-pensante et cul-serrée  (la promise du héros a aussi cette fonction, mais à un degré moindre). Cela nous vaut des séquences jouissives tant sur le plan des dialogues qu'au niveau des relations entre les personnages. Grâce à ce film, vous saurez enfin ce que les jeunes filles vierges cachent au fond de leur vagin ! Attention toutefois si vous avez l'estomac fragile : l'un des clients du resto part avec une commande un peu particulière...

   Pour terminer, on se fait servir un spectacle d' "érotisme inter-espèces". Il est question d'un âne et d'une fellation. Je vous laisse le plaisir de découvrir la chose... Sachez que cela se termine en compagnie de personnes portant l'uniforme !

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vendredi, 04 mai 2007

Spiderman 3

   Avant de voir ce film, il faut prendre quelques précautions, en particulier passer par les toilettes : je suis allé à la première séance du soir, après dîner, sans avoir accompli cette élémentaire besogne... eh, bien, je peux vous dire qu'une demi-heure avant la fin du film, j'ai ressenti une formidable envie d'uriner. Le film donc est long... et trépidant.

   La scène d'action la plus réussie est pour moi la première, celle qui voit le Bouffon poursuivre le héros. Les autres sont plus classiques, plus basiquement spectaculaires, aux effets trop appuyés. Le numérique joue aussi un rôle appréciable dans la séquence qui voit la naissance de "l'homme-sable" : ma-gni-fique.

   L'autre grande qualité du film est son humour : cela rend le "pudding" moins indigeste. Je relève tout particulièrement la séquence qui voit Parker-le-coincé se transformer en Parker-le-djeunse-qui-se-la-joue, vraiment hilarante. Je pense qu'une partie du public masculin a dû se sentir visée (les filles rient beaucoup à cette séquence)...

   Cependant, le film souffre des séquences de "non action", marquées par la platitude des dialogues (genre le vieil homme, au début, qui, en regardant un écran qui diffuse des images de Spiderman, sort une affligeante banalité ; genre aussi le "Mais qui es-tu ?" sorti par Mary-Jane à Parker dévoré par la chose ; genre le discours final gnan-gnan... j'en passe, et des pires). Par contre, le personnage de tante May fonctionne bien.

    On peut aussi faire une lecture politique de ce film. C'est la société (l'acharnement policier et le désir de vengeance de Parker) qui font de l'homme-sable un monstre dangereux. De ce point de vue, le scénario fait preuve d'un minimum de subtilité concernant les personnages de criminels. Entre eux et le héros, tout n'est pas blanc/noir. De surcroît, on peut voir là une métaphore de l'interventionnisme bushien post-11 septembre : le désir de venger des proches assassinés (l'oncle symbolisant les victimes des attentats) conduit les "bons" à devenir "méchants" et à radicaliser leurs adversaires (l'homme-sable et le Bouffon). Ce n'est pas mal vu et mis en scène.

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mardi, 01 mai 2007

Le candidat

   Pas facile de voir ce film, qui pourtant n'est pas sans lien avec l'actualité la plus brûlante. Plus qu'un polar (ce qu'il aurait pu être si le scénario avait davantage tourné autour de la maladie subite du président sortant, celui qui laisse sa place au personnage interprété par Yvan Attal), c'est une réflexion sur ce qu'est la pratique politique et sur le fait de jouer un rôle. Comme c'est une création de Niels Arestrup (qui s'octroie un beau rôle), on imagine bien qu'il est question du métier d'acteur (le fait de connaître un texte, le costume, le maquillage et l'éclairage sont des éléments importants de l'histoire). Certaines scènes sont d'ailleurs du pur théâtre. Mais nos politiques sont eux-mêmes de grands cabots...

   Je suis partagé : le film m'a paru long alors qu'il dure à peine plus d' 1h30. Je n'ai pas aimé le côté "tout est pourri" ou "on ne peut rien faire", même si l'enjeu est précisément (au-delà de la découverte des forces sous-jacentes) de savoir s'il est possible de faire quelque chose et de changer la donne. Dans le registre du benêt qui se rebelle, Yvan Attal est très convaincant. Il est servi par une mise en scène soignée, un peu trop appuyée peut-être : on voit bien les effets de caméra, qui sont souvent réussis, voire brillants, avec un côté un peu trop scolaire ou démonstratif.

   Reste le combat politique, illustré par le travail d'équipe (habile portrait de groupe, où se distingue une conseillère en communication tétanisée par la timidité !), le rôle des médias (ah, ces fameux débats !) et les coups bas. Face à face, à la fin, se trouvent le technocrate encore un peu idéaliste (un mélange de Jospin et Bayrou, je sais, c'est dur à imaginer... surtout que cet hybride a les cheveux raides !) et le fringant prétendant (un croisement entre Villepin et Sarkozy). Si je voulais prolonger, j'irais jusqu'à dire que le personnage d'Attal a comme une parenté avec Ségolène Royal (au masculin) : on lui reproche de ne pas assez trancher, de ne pas maîtriser ses dossiers (ce qui n'est finalement pas vrai) et il doit l'accélération de sa carrière à une série de coïncidences (qui sait si certains "amis politiques" ne souhaitent pas sa défaite...). Il y a un petit retournement de situation, pas tout à fait inattendu, mais bien amené. Un personnage qui peu auparavant proclamait des "valeurs" très honorables (le respect en tête) est pris à son propre piège : s'il avait mis en pratique ce qu'il proclamait, il n'aurait pas été pris en défaut. Une petite leçon qui permet de finir sur une note positive... et hautement morale !

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samedi, 28 avril 2007

Next

   ... Encore une adaptation de Philip K. Dick ! Concernant la précédente (A scanner darkly), je suis alléché par le DVD-collector (malgré le prix), qui contient le bouquin qui a inspiré le film. Revenons à nos moutons. On a une base fantastique (le "super pouvoir" du héros), un brin de romantisme (l'histoire d'amour, qui n'est pas sans rappeler, à certains égards -voyez comme je cause bien !- L'armée des douze singes), de la belle gonzesse, du mec musclé (Cage a dû faire des efforts pour éliminer un peu de gras), de l'action  (les amateurs de boum-boum seront satisfaits), des nouvelles technologies et du contexte socio-politique (la menace terroriste... avec des Frenchies dans la bande, non mais de qui se moque-t-on ? Chez nous, les lycéens ne viennent pas -encore- flinguer à tire-larigot dans les établissements scolaires... et aucun groupe raciste n'a organisé d'attentat contre l'immeuble siège des services de renseignement !).

   C'est bien joué, même si certains dialogues sont proches de la platitude (voir en particulier les conversations -réelles ou fictives- entre Julianne Moore, efficace, et Nicolas Cage, bien dans le rôle d'un mec de base qui se retrouve mêlé à une histoire qui le dépasse.. très états-unien, ça). Le suspense est réel et, au bout d'un moment, on ne sait plus trop si ce que l'on voit est la réalité ou l'anticipation de la réalité. La fin porte la marque, à mon avis, du désir de la production de ne pas alourdir le film : on aurait pu prolonger un peu l'action et la manière dont cela se termine ménage un peu le spectateur "familial"...

   Cela reste un agréable divertissement.

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vendredi, 27 avril 2007

Le Direktor

    Lars von Trier se fait plaisir... et se fout un peu du monde. Cela donne un film inégal, avec des faiblesses, des facilités, mais aussi des moments jouissifs dans lesquels on retrouve le talent de l'auteur de The Kingdom, Element of crime, Les idiots ou encore Dogville.

   La facilité tout d'abord. C'est filmé à l'arrache, avec un cadrage indigne d'un élève de première année de la Femis, un éclairage variable, mal orienté, sans que l'on voie à quoi cela mène... et la prise de son est nettement perfectible. Le réalisateur, qui nous cause de temps à autre, justifie son choix par le refus de la convention, de l'artifice : il aurait pu mettre en scène un truc bien léché, mais il juge que cela aurait nui au film. A la vision de celui-ci, on ne peut pas lui donner tout à fait tort, puisqu'il narre l'histoire d'une supercherie bancale. La forme rejoint le fond, en quelque sorte.

   C'est aussi une satire du monde de l'entreprise, de l'esprit d'équipe (ouais, y a une équipe... et UN esprit, comme le disait Coluche !) si cher à certains cadres. Là, on rigole franchement. Lars n'y va pas avec le dos de la cuillère et met le doigt sur les accommodements auxquels tout un chacun est prêt à se livrer pour faire carrière. Le conflit entre intérêt général et intérêt particulier est l'un des fils rouges du film.

   On notera au passage que les personnages féminins ne sont pas très valorisés. On a droit à l'ambitieuse dynamique qui a le feu au cul, la coincée mignonnette, la déprimée foldingue et la militante un brin acariâtre. Bon, les mecs ne sont pas gâtés non plus. Le film a aussi un intérêt documentaire : il met en scène un Islandais en milieu danois, avec les conflits sous-jacents que cela suppose.

   Au second degré, le film est une réflexion sur la création, le théâtre, le cinéma. Au début, cela pourrait sembler chiant, mais plus l'action se déroule, plus cela devient intéressant... jusqu'au retournement final que je ne révèlerai pas !!

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mercredi, 18 avril 2007

Goodbye Bafana

  L'Afrique du Sud, l'apartheid, Nelson Mandela, les Noirs, les Blancs, le racisme, la vie de couple, les enfants... Le film brasse une quantité de choses. Mais, sur les deux heures, ce sont les relations individuelles qui sont les plus exploitées (because casting très onéreux à mon avis).

  Le film n'a pas bénéficié d'un bon accueil critique à sa sortie. Encore un "machin hollywoodien" (dans le mauvais sens du terme), me suis-je dit. J'y suis donc allé sans entrain. J'ai quand même passé un agréable moment. Le plus étonnant est que l'une des principales faiblesses du film est liée aux acteurs : Dennis Haysbert (oui, le président de "24 heures chrono" !) est bon , mais je me souviens très bien de Mandela : jeune, il était trapu mais, quand il a quitté sa dernière geôle, il était quasi squelettique. Joseph Fiennes n'est pas très convaincant en gardien : il surjoue et, dès le début, on comprend tout ce qui va se passer ; ce rôle a été trop construit en tenant compte de la fin ; 25 ans auparavant, on ne savait pas comment les choses allaient tourner. Diane Kruger en fait trop elle aussi.

  Cependant, ce n'est pas mal filmé. Quelques effets de caméra sont bienvenus. L'émotion est au rendez-vous. On suit cette histoire sans déplaisir. Le contexte de l'époque est correctement rendu, même si cela reste assez superficiel. On attend encore LE grand film sur l'apartheid.

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vendredi, 13 avril 2007

Sunshine

   Vous avez déjà vu 2001, l'Odyssée de l'espace, Mission to Mars et Alien ? Alors, avec ce film, vous naviguerez en terrain connu. On y retrouve un ordinateur qui cause et qui gère un vaisseau spatial, on y trouve des expéditions à l'extérieur du vaisseau qui ne finissent pas forcément bien, on y trouve du sacrifice, on y trouve de la fascination pour le non terrestre... et on y rencontre un ennemi. A cela, les scénaristes ont ajouté du "politiquement correct" : différentes "communautés" sont représentées dans l'équipe d'astronautes. Notons toutefois qu'aucun Arabe n'y figure et que l'accent est mis, outre sur les Blancs, sur les Asiatiques, d'origine visiblement japonaise et chinoise (et, qui sait, peut-être coréenne) ; cela nous donne l'occasion de voir la délicieuse Michelle Yeoh.

   Le mélange se laisse voir sans déplaisir, d'autant plus que les effets spéciaux sont réussis. Cependant, les dialogues sont souvent d'une banalité affligeante (j'ai vu la version française) et j'ai été peu accroché par l'un des arguments du film : la fascination éprouvée pour le soleil. De surcroît, la fin est limite grand-guignolesque.

   S'il vous arrive de vous ennuyer, vous pouvez vous livrer à ce petit jeu, que je pratique souvent avec les productions commerciales à suspense : dès le départ, j'essaie de deviner qui va rester à la fin. Parce que vous vous doutez bien que sur les huit gugusses du début, nombre vont trépasser dans des circonstances plus ou moins douloureuses... Toute modestie mise à part, j'avais misé sur une personne, qui figure à la toute fin. Mais les scénaristes ont préservé plus d'une personne, alors à vos paris...

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mardi, 10 avril 2007

Les âmes errantes

   Voici un film vietnamien, tourné par un Français. C'est un documentaire, qui porte sur la recherche des soldats tués lors de la guerre de 1965-1973, dont les corps n'ont pas été retrouvés. On suit deux vétérans dans leurs démarches.

   C'est un sujet original, puisqu'on a le point de vue de Vietnamiens : par moments, ils racontent le déroulement de séquences de combat (en particulier quand ils sont de retour sur les lieux où se sont déroulés des affrontements). L'intervention de membres des familles permet de mieux prendre conscience de ce qu'a été la guerre pour l' "arrière".

   Je vous préviens : ce n'est pas très joli à regarder, non pas à cause de ce qui est montré, mais parce que c'est filmé en vidéo numérique (ou un truc dans le genre). Le film n'est pas très long (environ 1h20), mais pas trépidant.

   Certains moment sont très forts : ceux qui mettent en image la détresse de parents laissés dans l'incertitude (même si le cas de la veuve -très expansive- a fini par me taper sur les nerfs) et ceux qui décrivent les rituels religieux. Eh, oui ! Dans ce pays encore officiellement communiste (qui vient d'intégrer l'O.M.C. ...), le bouddhisme imprègne profondément la population.

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lundi, 09 avril 2007

La grande finale

  Je me suis trouvé dans une situation paradoxale : moi qui, les soirs de match de la coupe du monde de football, vais au cinéma, je suis allé voir un film dont les protagonistes font tout pour parvenir à assister à la finale du mondial de 2002 (qui s'est tenu en Corée du Sud et au Japon), opposant le Brésil à l'Allemagne.

  Le film alterne des scènes filmées en trois endroits très différents : la steppe mongole, le désert nigérien et la forêt amazonienne. Dur, dur de faire fonctionner une télé ! Les trois "branches" du film sont inégales. La partie mongole est la plus belle, alliant des paysages magnifiques à une musique entraînante. La partie saharienne est la plus drôle... et la plus politique. La partie amazonienne, qui s'inspire visiblement de Les dieux sont tombés sur la tête, m'est apparue très condescendante et la plus "cliché".

   Sur le fond, l'histoire mongole traite, à l'image des autres, de tradition et modernité, mais aussi de l'héritage soviétique... et allemand : l'officier, qui supporte l'Allemagne, n'hésite pas à affirmer que ce pays a "fondé un grand empire au XXe siècle" !!!! Un des chasseurs lui cloue le bec plus tard, en faisant référence à la bataille de Stalingrad (ben oui, les Allemands perdent la finale). Auparavant, on a même eu droit à un petit match entre les militaires et les nomades !

   L'histoire nigérienne est foisonnante, parce qu'elle évoque les tensions qui peuvent surgir entre les populations qui se déplacent dans le désert... sans parler de l'attraction exercée par l'Europe. Les répliques fusent, acérées. Là aussi, le "dominant" (celui qui apporte la télévision) est un supporteur de l'Allemagne. C'est aussi la partie la plus riche en effets comiques, à la fois visuels et dialogués.

    On goûtera l'histoire amazonienne principalement pour le contexte brésilien. Sinon, cela ne vole pas haut...

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dimanche, 08 avril 2007

El custodio

   Encore un film argentin ! Et, là aussi, la France n'est pas très loin, puisque notre beau pays a participé au financement et que (par voie de conséquence ?) l'un des personnages principaux a un couple d'amis français (on entend d'ailleurs un peu causer dans la langue de La Fontaine et Jean-Luc Delarue) et qu'il roule en Laguna. (Sacrebleu, moi qui roule en Peugeot, voilà que je fais de la pub pour Renault !) Les sous-fifres passent leur temps dans ce qui ressemble à une vieille Ford (ou à une Saab). Voilà pour les bagnoles.

   Ces sous-fifres sont des gardes du corps ou des chauffeurs. Le héros est garde du corps. C'est un ancien militaire, célibataire, méthodique. La mise en scène est conçue de manière à rappeler la position subalterne qui est la sienne. Lorsqu'il est montré en dehors de son travail, les couleurs sont en général ternes. Lorsqu'il est inclus dans une scène de groupe, surtout au boulot, tout est fait pour suggérer qu'il ne compte pas : les autres parlent devant lui sans se préoccuper plus que cela de sa présence, il est presque exclu du cadre (souvent, on ne voit qu'une partie de son corps, dans un coin, par exemple). Quand c'est filmé en caméra subjective, la vision du héros nous indique qu'il n'est pas concerné par la conversation. Davantage qu'un garde du corps, c'est un larbin, bon à tout faire, dessiner, éteindre les lumières, aller chercher la fille...

   Par contraste, le film est une charge vigoureuse contre ce que l'on pourrait appeler la "bourgeoisie décadente". Elle est incarnée principalement par cette famille dont le héros assure la protection. L'épouse est le personnage le moins négatif, parce qu'elle se préoccupe des autres. Mais elle reste l'archétype d'une "grande bourgeoise". La fille n'est pas méchante, mais quelle dévergondée ! Et exhibitionniste en plus ! (Elle n'en est que plus excitante...) C'est fou le nombre de trucs qu'on peut faire en voiture (à part mater, bien sûr). On y revient ! Mais le pire de la bande est le ministre, homme de paroles, mais pas homme de parole. Il fraie avec les médias et les entrepreneurs dans une folle ronde de la connivence entre les élites. On sent, derrière la caméra, bouillir une sorte d'indignation contre cette "trahison" d'un élu du peuple...

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 07 avril 2007

Les contes de Terremer

   Dans la famille Miyazaki, je demande... le fils ! Bonne pioche ! Merci... L'équipe qui entoure le fiston doit comprendre des éléments de celle du père. Il y a quelques similitudes dans la "manufacture" du film. Tout d'abord, ce n'est pas un dessin animé pour débiles mentaux : le début intrigue, tout n'est pas expliqué, il faut patienter... et réfléchir un peu. On est dans un monde où la magie joue un rôle. On remarque aussi le soin apporté aux paysages. Même si, formellement, le fils n'a pas (encore) le coup de patte du père (ça se voit au niveau de l'animation du chat de la reine et des brebis), c'est très joli : par exemple, vers le début, l'arrivée dans cette ville cosmopolite, en plein marché, est l'occasion de déployer des effets très réussis (avec une pointe d'humour, ce qui ne gâche rien), comme lorsque la marchande déploie le tissu quasi transparent ou lorsqu'un quidam expulse la fumée du narguilé, en pleine rue.

   Le film n'est toutefois pas sans défaut : sa longueur (1h55) se ressent (contrairement aux œuvres du papa) ; il aurait fallu pratiquer quelques coupes, par exemple dans certaines séquences dialoguées, qui sont un peu trop bavardes.

   On part quand même pour un beau voyage initiatique (avec morale à la clé, attention), où les adultes comme les adolescents, les femmes comme les hommes, jouent un rôle important.

16:21 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 06 avril 2007

Agua

  C'est un film argentin (coproduit par la France) qui se déroule dans le milieu de la natation. A priori, ça devrait me barber, vu que je n'aime pas particulièrement nager (à la piscine, "quand j'étais jeune", je n'aimais rien tant qu'uriner discrètement dans le bassin !) et que je n'éprouve pas la moindre envie de suivre les compétitions dans cette discipline, Laure Manaudou ou pas.

  Eh bien la réalisatrice est parvenue à m'intéresser à ce sujet. Même les séquences de natation m'ont plu. Elle a une manière de filmer, alternant sur et sous l'eau, jouant parfaitement des sons qui parviennent ou pas au nageur, qui rend palpitante la vision de ce sport.

  Mais l'intérêt principal réside dans ces deux histoires croisées, celle de l' "ancien", l'as de la nage en eaux libres, réputé tricheur jadis et celle du "jeune", qui tente d'intégrer la sélection nationale du 4 nages en bassin. Autant le premier est peu loquace, replié sur ses blessures, autant le second est tourné vers l'extérieur de lui-même, trop peut-être : c'est sans doute une béquille pour lui. Le premier, ancienne vedette, vit coupé de tout, mais se rapproche du monde moderne quand il apprend que la compétition qu'il avait jadis remportée va se tenir à nouveau. Tout le talent du film est de nous faire comprendre la vie d'autiste de ce nageur. Ce n'est pas propre à la natation. On a tous rencontré de ces personnes qui sont dans leur "trip" et sur lesquelles rien n'a de prise. Par moments, j'ai senti comme une parenté avec le personnage interprété par Jean-Marc Barr dans Le grand bleu. Un des enjeux du film est l'attitude que l' "ancien" va adopter vis-à-vis du jeune, qui vient d'échouer. Celui-ci va devoir faire des choix, dans sa vie (sa copine est enceinte) et dans son sport.

  La fin m'a énormément déçu. Je vois où la réalisatrice a voulu en venir (et surtout là où elle n'a pas voulu aller : la fin heureuse sirupeuse), mais je pense qu'il y avait moyen de tourner cela autrement. Cela n'empêche pas le film d'être très fort, y compris dans cette fin inattendue.

15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 05 avril 2007

10 canoës, 150 lances, 3 épouses

  ... 20 étuis péniens, 4 portions de miel, 12 paquets de cigarettes, 550 préservatifs. Et avec ça, je vous mets quoi ? Ben, un conte aborigène. Dans la version originale, on est guidé par l'un d'entre eux, anglophone, qui nous raconte une histoire très ancienne. Les images de celle-ci sont en noir et blanc. Dans cette histoire, il est question d'une légende (ou d'une histoire très très très ancienne), illustrée par des images en couleurs. C'est donc elle qui donne le sens. Dans les deux "histoires", les acteurs sont identiques.

   C'est passionnant ! Il y a d'abord la beauté des paysages, la description du mode de vie de ces chasseurs-cueilleurs-pêcheurs. J'ai été aussi pris par l'incertitude ménagée par les conteurs (dans la première histoire, un vieil homme raconte, à l'image de notre guide pour le film... décidément, que de mises en abyme !). C'est de plus souvent drôle, à l'image de cette scène qui voit la file indienne des chasseurs s'arrêter subitement, à l'instigation du dernier. On se demande ce qu'il peut bien se passer. A-t-il perçu une menace ? Un conflit interne est-il sur le point d'éclater ? En fait, il se plaint des flatulences de l'un de ceux qui le précèdent (flatulences d'autant plus nauséabondes qu'elles sont discrètes, souligne-t-on au passage) ! On a aussi quelques "saillies" concernant le pénis qui peut plus ou moins devenir dur... Le sujet travaille beaucoup nos personnages puisque, lorsqu'ils entrent en contact avec un étranger, ils sont immédiatement méfiants du fait que celui-ci porte une sorte de pagne qui dissimule ses organes génitaux. Nos héros ne tardent pas à lui attribuer la volonté de dissimuler... ou pire, celle d'en avoir "une petite". Comment faire confiance à un tel personnage ?

  Au-delà de ces éléments, il reste un conte initiatique, sur ce qu'est la jeunesse, le devoir, sur la patience aussi et sur l'apprentissage de la vie.

16:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 04 avril 2007

Volem rien foutre al païs !

   Le titre parodie une revendication déjà ancienne : "vivre et travailler au pays (al païs)". Les facétieux auteurs de ce documentaire remplacent "travailler" par "rien foutre". Il ne faut pas croire pour autant que ce soit un hymne à la fainéantise absolue, fumage de joint et sédentarisation télévisuelle à la clé. Si tel était le cas, le film n'aurait rien de subversif.

   L'intérêt de ce documentaire est de montrer des exemples concrets de personnes qui parviennent, dans une certaine mesure, plus ou moins selon les personnes, à vivre en dehors du système. Il y a celui qui a coupé tout lien avec EDF (avec éolienne, solaire et toilettes sèches), celui qui fait rouler sa bagnole à l'hydrogène (au passage : saleté de lobby de la bagnole de merde, qui pompe notre pognon à coups d'assurance, d'essence, de TVA maximale sur l'achat d'un véhicule, j'en passe et des meilleures), les Espagnols qui chapardent...

   Le film n'est pas très bien construit, il est un peu bordélique. C'est dommage, mais c'est dans l'esprit des gens qui l'ont fait, je pense. La séquence qui se termine par un débat sur le chapardage est révélatrice des tendances à l'oeuvre dans cette mouvance : on a des intellos chiants un peu coupés des réalités des Français moyens, on a aussi des jeunes qui réfléchissent à ce qu'ils font (et un qui conteste le vol de nourriture dans la grande surface... mais personne ne cite Proudhon, ce qui aurait pu permettre d'élever le niveau du débat), des moins jeunes qui sont revenus de tout.

   Côté politique, Carles nous propose de petits moments comme il sait bien les préparer, avec les puissants de notre monde (Kessler, Alliot-Marie et consorts), gonflés de leur suffisance, soudain ridicules face à une question déstabilisante. La séquence du début, qui ressuscite Pompidou en apôtre précurseur du néo-libéralisme, est saisissante.

 

http://www.rienfoutre.org/

 

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mardi, 03 avril 2007

Le quatrième morceau de la femme coupée en trois

   Les trois autres morceaux sont sans doute le personnage principal, dont on voit bien qu'elle est incomplète, son compagnon (un mec pas dément, faut bien le dire) et leur fille (sale gosse !). On devine, au fur et à mesure que le film se déroule, que le quatrième morceau est la mère de l'héroïne.

   Elle est donc incomplète, pas sûre d'elle, angoissée, gaffeuse... attendrissante donc (et mignonne). Parfois, la réalisatrice-interprète principale en fait un peu trop et j'ai eu envie de lui coller des tartes. Au fil de ses (més)aventures, elle croise notamment un moniteur d'autoécole (Denis Podalydès bourru à souhait). C'est globalement drôle, surtout dans la première partie du film.

    La deuxième partie joue davantage sur la nostalgie. L'héroïne y est petite fille, dans la voiture conduite par sa mère. Il y a quelque chose de fort dans cette séquence, à la fois dans la restitution d'un souvenir cher, lié à l'enfance, et dans la situation particulière d'enfant de divorcés. Claire Borotra, qui joue la mère, est d'une vérité (et d'un charme... ouais j'ai craqué) étonnante.

http://www.lequatriememorceau-lefilm.com/site.html

17:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 02 avril 2007

Norway of life

  Selon le titre que l'on retient, l'accent n'est pas mis sur la même interprétation du film. Le titre d'exportation (en anglais) fait écho à la vie des Norvégiens. C'est un pays très développé, dont la richesse est en partie fondée sur les gisements d'hydrocarbures (et les exportations, qui rapportent un paquet de devises !). Le taux de chômage est très faible, autour de 4-5 %... comme aux Etats-Unis... sauf que cette richesse est bien répartie : la population bénéficie d'un excellent système de Sécurité Sociale. Mais, côté climat, ce n'est pas trop ça... et il règne une moralité peut-être un peu pesante, sans parler du conformisme ambiant. Résultat, on se bourre la gueule et le taux de suicide est élevé. Ce sont des éléments que l'on retrouve dans le film, adaptés à l'intrigue. On appréciera tout particulièrement la représentation de ces cadres préoccupés uniquement par l'équipement de la maison, en faisant l'affaire du siècle...

  Le titre original, Den Brysomme Mannen, signifie à peu près L'homme qui dérange. C'est notre héros. Un type normal a priori : encore jeune, pas vilain, avec un boulot qui lui assure une vie confortable. D'où vient le manque ? C'est tout l'objet du film, qui traite du sens de la vie (et de la mort).

  En disant cela, j'ai l'air d'annoncer une oeuvre quasi bressonienne. Noon ! C'est beaucoup plus drôle que cela (si vous appréciez l'humour "à froid", courez voir ce film !)... et parfois délicieusement gore ! Ah, les grilles sur lesquelles on s'empale ! Ah, le métro sous lequel on se fait traîner ! Aaaaah le doigt qu'on coupe ! Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Ce film louche en effet sur le roman d' Aldous Huxley. Cette société idéale en apparence semble obéir à des règles non écrites... que l'on fait respecter par l'action d'une drôle de police (composée de types en général baraqués, habillés selon la mode en vigueur sur Mars il y a quelques millions d'années et qui circulent dans une automobile assez ridicule, mais indubitablement électrique).

   Une partie de l'intérêt du film repose sur le mystère : où le héros arrive-t-il ? Ce n'est qu'à la fin qu'on en est certain (même si les moins endormis des spectateurs ont compris depuis belle lurette) : quand on voit où il finit, on déduit facilement quel était le lieu où il s'est trouvé précédemment.

   La musique renforce parfois le sentiment d'étrangeté : on a droit à du Peer Gynt (que voulez-vous, le héros est à la recherche du bonheur et il ne sait pas se contenter de ce qu'il a !) et à la reprise de certains morceaux utilisés dans In the mood for love, notamment lors de la scène du dîner romantique.

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samedi, 31 mars 2007

Golden door

   On avait l'habitude de voir l'immigration aux Etats-Unis traitée par des réalisateurs américains. L'intérêt ici est d'avoir le point de vue européen, italien plus précisément. Le film se découpe en trois parties : la vie d'avant le départ, en Italie, le voyage sur le bateau et l'arrivée à New York.

   J'ai été agréablement surpris. Le film a d'abord une certaine beauté formelle et la mise en scène est inventive. La séquence du début dit beaucoup de choses sans recourir au dialogue. La scène du départ du navire est magnifique, avec la matérialisation du déchirement. Tout ce qui concerne les fantasmes des partants (liés en particulier aux légumes et au lait !) est très réussi.

   La présence de Charlotte Gainsbourg, a priori incongrue, se justifie pleinement dans le film. Elle n'intervient qu'à partir de la deuxième partie, dans laquelle le réalisateur montre un sens aigu de l'utilisation de l'espace confiné des soutes. La première se signalait plutôt par l'exploitation des paysages et l'insertion habile d'animaux dans le champ (les ânes sont très beaux). La troisième partie pourrait être une illustration d'une politique d' "immigration choisie". Je n'en dirai pas plus... Reste que le ton, qui pourrait se faire revanchard, est neutre, sans que le traitement infligé à ces immigrants (italiens, mais aussi est-européens, proche-orientaux...) soit dissimulé. La force est dans la description sans fard d'un rapport de force. Le souci du réalisateur le pousse à mettre en valeur l'attitude hygiéniste des autorités états-uniennes, avec un apport positif (les migrants sont bien nourris, logés, soignés, traités avec plus d'égards par les Anglo-Saxons que par leurs compatriotes déjà sur place) ET des marques de mépris.

   Une "leçon d'histoire" mais aussi un film intemporel...

22:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Notre pain quotidien

   Ben j'en ai pris un sacré (de pain) dans la figure ! Voilà un film très européen : le titre est en anglais (Our daily bread), en fait en allemand même à l'origine, le réalisateur étant né à Vienne ; le tournage s'est déroulé en Allemagne, au Danemark, en France, dans le Bénélux, divers pays d'Europe de l'Est, en Norvège aussi semble-t-il...

   Aucun commentaire n'est ajouté. On entend (rarement) les personnes filmées parler. Le propos (du cinéaste) est véhiculé par le cadrage et le montage. Très fort. L'archétype est la séquence qui insiste en longueur sur tout un processus (par exemple l'éleveur qui déambule parmi sa volaille dans un immense hangar, à la recherche des bêtes mortes). Bon, ça cause de l'industrialisation de l'agriculture (et de la fabrication de nos aliments). On a donc droit à moult machines, des tonnes de produits chimiques. Bonjour le gaspillage d'eau ! Le bien-être animal est le cadet des soucis du système : la pire situation est celle des volailles (je vous laisse la découvrir)... et des petits cochons, castrés vifs (au cours de cette scène, les messieurs auront le réflexe de porter une main à leurs parties génitales). Plus traditionnelle est la scène de l'abattage du boeuf, qui sait bien sûr ce qu'il va lui arriver.

   Le film est un peu unilatéral concernant le monde de l'agroalimentaire, mais bon, il n'est pas mauvais que les gens sachent d'où vient ce qui se trouve dans leur assiette.

   Le propos du film est aussi insidieusement social par le soin qu'il prend à décrire la condition de la main-d'oeuvre. Les ouvriers agricoles comme les as de la découpe sont voués à des tâches répétitives dans un environnement bruyant et froid (tout ce métal quand il est question de trancher la chair...).

 

http://www.ourdailybread.at/jart/projects/utb/website.jar...

 

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vendredi, 30 mars 2007

12h08 à l'est de Bucarest

  Les Roumains occupent une place à part dans le cinéma : ce sont des Latins slavisés... ou des Slaves romanisants, choisissez votre camp ! Du coup, dans les films, on a souvent droit à une présentation de personnages pittoresques, à la fois alcooliques sympathiques (l'abus de vodka étant un élément important de l' "identité slave", comme pourrait le dire notre ancien ministre de l'Intérieur) et débrouillards gouailleurs et jovials (ça c'est le côté rital). Ici, l'aspect jovial des personnages n'est pas très évident, syndrome post-communiste aidant.

  Le première partie du film est faible. Elle sert de présentation de ceux qui vont animer la deuxième partie. Que nous apprend-on ? Eh bien que ces hommes ont souvent un penchant pour la bouteille (j'en ai un peu marre de voir des alcolos sympathiques ; dans la vie ce sont généralement de gros connards, qui battent allègrement leur compagne voire leurs enfants... sans parler du chien, si chien il y a ), qu'ils sont servis avec zèle par une femme (la mère, l'épouse, la compagne, une voisine)... grandeur et misère du féminisme en Roumanie !

  A partir du moment où les principaux personnages sont réunis sur le plateau de la télé locale, le film démarre vraiment. Cela devient truculent, grotesque à souhaits... et cela dit beaucoup de choses sur ce pays où l'on se demande encore si une Révolution a eu lieu en 1989. (Au fait : 12h08 est l'heure à laquelle Ceausescu aurait pris la poudre d'escampette en hélicoptère... avant de se faire rattraper et  juger sans doute par une bande d'apparatchiks qui voulait mettre la main sur le pays.)

  Le personnage du pépé, à la fois pourfendeur des jeunes poseurs de pétards et Père-Noël  du dimanche, vaut le détour. Les mimiques de l'acteur sont croquignolesques !

 

http://www.bacfilms.com/presse/bucharest/

http://www.bacfilms.com/presse/bucharest/dp_12h08.pdf

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mercredi, 28 mars 2007

La Cité interdite

   Gong Li et moi, c'est une longue histoire. Je l'ai découverte dans les premiers films de Zhang Yimou : le sublime Sorgho rouge, l'excellent Judou et l'envoûtant Epouses et concubines. Elle allie la grande beauté à un réel talent d'actrice, hélas aujourd'hui mal utilisé par des réalisateurs plutôt avides de profiter de sa célébrité et de son image "glamour".

   Elle est néanmoins épatante dans ce film, tout comme Chow Yun Fat. Les images sont très zôlies, avec tout plein de couleurs chatoyantes partout et des mouvements de masse réglés comme sur du papier à musique. Cette débauche de paillettes asiatiques m'a donné envie de revoir Epouses et concubines, dans lequel Yimou faisait preuve d'une plus grande maîtrise de son art... Et l'histoire ? Bof, on s'en tape, tout comme de la véracité (la cité interdite n'existait à l'époque à laquelle le film est censé se dérouler...).

   C'est horriblement mélo et les actrices ont dû subir des cours de chialerie... Cela en devient saoulant. Restent ces poitrines corsetées, pas dégueus à regarder, mais c'est assez mince au final.

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vendredi, 23 mars 2007

300

    Le sujet de base est historique : la bataille des Thermopyles, les guerres médiques, l'éducation à la spartiate, la trahison du fameux Ephialtès. Cependant, quand on creuse, on se rend vite compte que tout a été plus ou moins déformé (un peu à l'image du personnage susnommé). On peut s'irriter, par exemple, de la représentation fantaisiste des éphores. On goûtera plus ou moins l'esthétique, à mi-chemin de la bande dessinée et du jeu vidéo. Ceci dit, cela donne naissance à plusieurs séquences qui ne manquent pas de souffle. On pourra sourire de la véritable publicité pour les salles de musculation que ce film constitue. (D'ailleurs, ils nous font un peu de gras mou, nos beaux zathlètes.)

    Mais, assez vite, le malaise naît. Après tout, ces guerriers spartiates ne sont pas moins cruels que leurs adversaires. Or, leur "barbarie" est présentée de manière positive. En face, que trouve-t-on ? Des gens hideux, des "bronzés", noirs ou arabes, des transsexuels, des lesbiennes. Bref, une collection de clichés sur un monde oriental supposé incarner la décadence. (A noter que le film exhale une fascination-répulsion pour l"homosexualité des plus ambiguës : le culte du corps masculin voisine les postures plus ou moins "viriles"...) Le film se veut l'illustration du juste combat de la liberté et de la démocratie contre l'esclavage et la tyrannie... C'est faire peu de cas de l'esclavage sur lequel reposait la civilisation grecque, par exemple. Alors, oui, les Grecs se reconnaissaient des "valeurs " communes et qualifiaient leurs ennemis de "barbares". Mais ce mot n'était pas connoté comme aujourd'hui. Derrière cela se profile en fait un propos lié au XXIe siècle : l'Occident en général et l'Europe en particulier seraient menacés par les hordes sauvages venues de l'Est. La conclusion est des plus subtiles : un bon bain de sang va nous régler tout ça en impressionnant "nos" adversaires (faut leur fiche la trouille à ces chiens galeux !) et en remotivant "nos" propres troupes (débarrassons-nous de ces salopards de traîtres, de ces mous du gland qui cherchent à négocier !).

    Il est vrai que le patriotisme des cités grecques était très développé. Il est vrai aussi que l'éducation spartiate était des plus rudes. Il est vrai enfin que l'argent des Perses entretenait un parti dissident dans bien des cités. Mais tout cela est caricaturé. Quelle faiblesse en comparaison, par exemple, du scénario du dernier film de Clint Eastwood. Vous me direz qu'il ne faut pas le prendre comme cela, que ce n'est après tout qu'un pur produit de divertissement. Peut-être... Peut-être pas. Le doute est vraiment permis.

20:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma