vendredi, 13 juin 2008
Le film que je n'ai pas pu voir
De passage à Paris pour le boulot, je me suis réjoui d'avance des soirées cinéphiliques que je pourrais m'offrir. Mercredi dernier donc, j'avais prévu de voir Ezra, un film nigérian sur les enfants-soldats. J'avais choisi ce jour-là parce que les places sont moins chères (ben oui, je suis un peu aveyronnais sur les bords) et parce qu'une séance était prévue à 22h.
Vient le mercredi. En fin d'après-midi, je sors du boulot, tranquillement, je rentre à l'hôtel, je fais une petite toilette (oui, tout de même, je ne suis pas un gros porc) puis je vais me sustenter. Sur les coups de 21h15, je commence ma promenade digestive en direction de la place Saint-Michel, où se trouve le cinéma qui programme Ezra. Les moins jeunes savent qu'il s'agit du cinéma qui a été victime d'un incendie criminel lors de la sortie du film La dernière tentation du Christ, en 1988. Pour se rafraîchir la mémoire, ou en savoir plus :
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&a...
J'arrive vers 21h40. Sur la place, à côté, une bande de djeunses de lieue-ban fait un petit show sur de la musique moderne. Un petit attroupement se forme. Les voitures de police qui passent ont d'autres chats à fouetter que la diffusion illégale de chansons non libres de droits. Le problème est que je suis tout seul devant la caisse ! Les spectateurs de la séance précédente sortent. La caissière me fait remarquer que, si je suis l'unique client pour celle de 22h, elle ne lancera pas le film. Du coup, durant les dix minutes qui suivent, j'observe avec une attention toute particulière les passants qui regardent les affiches. Vient le moment fatidique : je suis toujours seul ! La caissière ferme... et je me retrouve grosjean comme devant !
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jeudi, 05 juin 2008
Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Un soir de semaine, l'affluence est moindre. Ces deux heures et quelque permettent de digérer confortablement. Ceux qui ont aimé les précédents retrouveront avec plaisir l'humour et le côté "roman d'aventures" qui font le charme de la série. J'aime bien la séquence qui se déroule dans le bar des années 1950, avec les mecs du KGB qui surveillent Indy en train de converser avec celui dont il ne sait pas encore qu'il est son fils. Le tout se termine avec une baston fort bien déclenchée. Très drôle aussi est la poursuite automobile (en forêt) qui voit le fiston, tiraillé entre deux véhicules (mmm, ça mériterait une psychanalyse, ça) se prendre une foule de végétaux dans les burnes !
Le lien fait entre archéologie et science-fiction est toujours aussi intéressant. Les amateurs du genre reconnaîtront les références à la bande dessinée Martin Mystère (dont j'ai appris récemment qu'elle faisait l'objet d'une adaptation en animé, actualisée pour les djeunses...). Le principal atout de ce nouvel opus est le personnage interprété par Cate Blanchett. Elle est très belle, très intelligente, très russe, très bolchevique, très impitoyable... très bandante au fond. J'adore la manière avec laquelle elle écrase une fourmi rouge entre ses jambes ! (Ah, ces bottes de couiiirrr !!)
Justement, cette séquence dite "des fourmis rouges" est de toute beauté, avec quelques plans particulièrement intéressants (notamment celui qui voit un méchant très costaud se faire emporter par la masse d'insectes). Je reproche néanmoins à Spielberg de vouloir trop en faire : les effets spéciaux sont d'un tape-à-l’œil parfois ! De surcroît, le critère de vraisemblance ne semble pas avoir été très présent à l'esprit des scénaristes. Jamais les héros, sur lesquels quelques centaines de balles sont tirées, ne reçoivent la moindre égratignure. Jamais ils ne se plantent à l'occasion de l'une des nombreuses cascades auxquelles ils se livrent pour échapper aux "méchants". Et je ne parle pas de ces bagarres qui s'éternisent, avec un Indiana qui se relève de tous les gigantesques pains qu'on peut lui administrer ! (Pensez qu'en plus il survit à une explosion atomique... Quand on vous dit qu'il a des gonades en béton armé !)
Parlons un peu de lui pour terminer. Je n'ai pas revu les films précédents. J'en suis donc resté à l'impression laissée sur moi par le numéro 3, marqué par la présence de Sean Connery. Ben je trouve qu'Harrison Ford a terriblement vieilli. Il se traîne, le pauvre. Alors, le réalisateur essaie de compenser le statisme de l'acteur par la diversité des plans, mais cela ne convainc qu'à moitié.
Ford vieillissant (un peu comme le Willis de Die Hard, qui s'en sort cependant mieux pour l'instant, mais qu'on a affublé d'une fi-fille très dynamique), on nous prépare la relève. Je sens que le numéro 5 va voir le passage de relais entre Papa Jones (devenu papy) et Fiston Jones. Pour que cela réussisse, il faudra épaissir le personnage de ce dernier, pour l'instant assez superficiel.
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samedi, 24 mai 2008
Iron Man
Voici le premier super-héros bling bling : c'est un play-boy cynique et surdoué (marchand d'armes de surcroît... Lord of war n'est pas très loin), gosse de riches, harcelé par une horde de potiches friquées, qui porte des lunettes sombres pour ne pas voir la nuit et roule dans des bagnoles moches mais très chères et qui vont vite. Robert Downey Junior (parfait dans le rôle... entre deux cures de désintox et après quelques séances de muscu) se donne à fond. Il est très bien entouré, notamment par la ravissante, la discrète, l'efficace assistante (Gouinette Pas-trop, délicieuse... mais perchée sur des godasses immondes), forcément amoureuse de son patron, forcément dévouée. Un couple archi-classique, mais qui fonctionne bien.
Les 45 premières minutes sont excellentes. Le héros découvre qu'en vendant des armes on peut faire du mal... surtout si ce sont des pas-gentils qui mettent le grappin dessus. A la séquence de démonstration, encore bling bling, succède l'attaque (y a du virtuose à la réalisation, moi je vous le dis) puis la détention. On a droit à un portrait de groupe de talibans et autres djihadistes. C'est criant de vérité... à ceci près que cela conforte en certains points les préjugés de base du spectateur ricain : ils sont quand même un peu crétins ces islamistes ! (Vous noterez au passage le keffieh porté en écharpe par le chef... pas une invention totale... mais lui accorder une telle importance dans le costume n'est pas innocent.) Tout cela se termine par une baston générale, qui voit les malins Occidentaux niquer leur race aux méchants islamistes. Je vous parais peut-être légèrement sarcastique, mais sachez que le film est truffé d'ironie, à la fois dans les dialogues (dès que Downey-Stark est dans les parages) et les péripéties (les débuts de l'apprenti homme-volant sont assez comiques). Tout ce qui précède me conduit à déconseiller ce film aux plus jeunes : c'est trop violent et ils ne comprendront pas nombre de "piques" d'adultes.
Le retour aux States nous vaut d'autres scènes qui dépotent : là les effets spéciaux sont particulièrement mis à contribution : c'est éblouissant. Le plus intéressant est que, contrairement à ce qui se passe dans les autres adaptations de comic books, les acteurs ne sont pas réduits à de la figuration. Downey se démène comme il peut et il se débrouille fort bien, ma foi.
Reste la morale. Je trouve très positif que, dans un film commercial de cette envergure, le commerce des armes soit dénoncé. Sans trop en dévoiler, je peux ajouter que désigner comme ennemi principal non pas l'islamiste mais celui qui les arme est assez gonflé (même si cela peut aussi être interprété comme l'expression d'un complexe de supériorité : on ne conçoit d'ennemi à sa taille qu'issu du monde "occidental"). Mon humeur s'améliore encore quand je perçois une critique du "gouvernement d'entreprise", en particulier du poids des gros actionnaires dans la définition de la stratégie commerciale d'une boîte. Rien que pour cela, merci les gars.
Et rendez-vous au numéro 2.
22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 23 mai 2008
Jeux de dupes
Ouah ! Ouah, ouah ! Ouah, ouah, ouah ! Ouah, ouah ! Ouah !... Eh, oui, ça cabotine un max dans cette tranche de vie signée George Clooney. Les dialogues entre Dodge (Clooney himself, impeccable, tout en charme et autodérision) et Lexie (Renée Zellweger... mmm... délicieuse, piquante... excitante... bon j'arrête, sinon je vais défoncer une pastèque) sont savoureux.
Clooney est à la fois un esthète et un nostalgique. L'image est donc très "léchée" (oui, Renée, tu peux l'être aussi, si tu le veux !), avec un soin tout particulier accordé aux génériques de début et de fin, avec cette succession de photographies censées être d'époque... C'est assez drôle à la fin... Ne sortez pas trop vite ! Les années 1920 me semblent bien rendues, avec une prédilection pour le côté "obscur", non conventionnel : les bars où, malgré la prohibition, on sert de l'alcool, où l'on se mélange entre Noirs et Blancs, où l'on rencontre des femmes de mauvaise vie... N'oublions pas la triche, la débrouille, érigées en système.
L'histoire tourne autour du football américain (oui, je sais, mes chers compatriotes, le "faux" football... soyons indulgents pour nos amis incultes d'outre-Atlantique), un sujet qui est loin de me passionner. C'est finalement très intéressant, parce que Clooney a choisi d'insister sur l'essor du professionnalisme, lié à la fois à la "moralisation" du jeu et à l'arrivée des détenteurs de capitaux dans le secteur.
De l'humour, du romantisme, de l'action (ah cette scène de bagarre avec les bidasses !), dans un cadre volontairement désuet, mais joli. Rien de plus, mais rien de moins. J'en suis sorti content.
19:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 22 mai 2008
Bataille à Seattle
Il paraît que, quand on est proche des altermondialistes, il faut trouver le film caricatural, éloigné de la réalité du mouvement et que, quand on rejette l'altermondialisme, il faut trouver le film trop complaisant vis-à-vis des agitateurs. Reste qu'il montre l'action de ces militants de l'intérieur, plutôt avec empathie, mais il met aussi en valeur le vécu de policiers (un en particulier, joué par Woody Harrelson, excellent) et d'intervenants "officiels" à la réunion de l'O.M.C. organisée à Seattle, en 1999.
Nous les Frenchies, on se souvient certes de la violence qui s'est déchaînée à l'époque, mais on s'est aussi focalisé sur un célèbre moustachu néo-aveyronnais, parti là-bas dénoncer la mondialisation néo-libérale, la taxation du Roquefort (shocking !)... et la malbouffe. Ce film s'inspire à mon avis du Bloody Sunday de Paul Greengrass : par un effet documentaire, en multipliant les points de vue, il vise à faire émerger les causes du dérapage. Comment des manifestants en grande majorité pacifiques et des policiers ayant reçu des consignes de modération ont-ils pu finir par s'affronter violemment ? S'il dénonce les exactions des anarchistes, le réalisateur place clairement la responsabilité sur les épaules des dirigeants des forces de l'ordre et des agents du Gouvernement (ben oui, c'était Clinton à l'époque)
C'est tourné de manière efficace et surtout c'est bien interprété. On notera que les principaux altermondialistes sont tous de beaux mecs ou des gonzesses bien roulées, que la troupe de policiers ressemble un peu parfois à une bande de surfeurs et que nombre de politiques (états-uniens comme étrangers) "présentent" bien. (Salut Isaach de Bankolé !) C'est peut-être la principale limite de ce film qui, par souci de faire passer un certain nombre de messages, joue à fond la carte hollywoodienne.
Une remarque pour terminer. J'ai vu le film en version doublée (en français). Deux erreurs sont à noter : une faute de conjugaison dans le texte affiché, à la fin, et l'obstination à faire dire aux personnages s'exprimant dans la langue de François Fillon "IMF" au lieu de "FMI" (il s'agit du Fonds Monétaire International, autre bête noire des altermondialistes).
18:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 15 mai 2008
Cleaner
Nettoyeur, que ça donne quand on traduit. Le héros (Samuel L. Jackson, vieilli, un peu empâté... va falloir faire un peu d'exercice, mon gars... à moins que ce ne soit pour le rôle ?) exerce une activité particulière : il nettoie les lieux où s'est déroulé un drame sanglant (accident mortel, suicide, assassinat, épilation atomique, émasculation par les oreilles...). Il est très méthodique, maniaque même, obsédé par l'hygiène... et c'est un ancien flic ! N'en jetez plus ! Néanmoins, le personnage n'est pas d'un bloc. Le film se charge de nuancer le portrait. C'est tout de même un type attachant, qui vit avec sa fille. Cela nous donne de belles scènes de famille, tendres ou conflictuelles (la petite, mûre pour son âge, est une ado tourmentée... et le papa a du mal à gérer parfois).
Le talent du réalisateur (qui, s'il n'est pas un génie, est un habile faiseur) s'est porté sur les séquences de "nettoyage". Il a soigné la disposition des caméras, varié le cadrage et les prises de vue. Le verre et les autres matières transparentes (ou translucides) sont souvent mis à contribution. C'est la première séquence de nettoyage (celle qui met en place l'intrigue en fait) qui est la plus détaillée. On aurait pu craindre qu'elle s'apparente à une resucée d'images publicitaires pour produits détergents mais, en fait, c'est très réussi, fascinant parfois (la musique accompagne bien).
Les autres personnages sont travaillés : ils ont une part d'ombre et une de lumière... même les corrompus peuvent faire preuve d'humanité ! Cela donne du corps à l'histoire et introduit de l'incertitude, de la tension : mais qui a tué ? Honnêtement, très vite, j'ai eu des soupçons fondés, mais ce n'est que dans les 20 dernières minutes que l'on découvre le pot-aux-roses. Le personnage principal m'a d'ailleurs semblé résoudre l'énigme un peu abruptement. Comme le film ne dure qu'1h25, je pense que deux-trois scènes intermédiaires ont dû être coupées au montage, ce qui est regrettable.
14:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 09 mai 2008
Beaufort
Il n'est question ni d'un charmant village de France profonde ni d'une mer déchaînée hostile aux pêcheurs. Il s'agit tout simplement du nom d'une fortification construite jadis par les croisés, dans le Sud de l'actuel Liban. L'action se déroule au tournant des XXe et XXIe siècles, peu avant le retrait israélien. C'est la vie confinée d'une poignée de soldats qui nous est montrée.
Visiblement, le réalisateur s'est documenté. J'ai vu dans le générique de fin que c'est tiré d'un livre, sans doute autobiographique. Les relations entre ces jeunes Israéliens aux origines diverses sont décrites avec réalisme et un grand souci du détail. Les contrastes sont forts entre le fils de gauchiste, devenu démineur, le fils de personne, militariste à donf et les appelés du contingent (hé, oui, le service militaire existe encore là-bas... et il dure 3 ans pour les garçons !). Il est souvent question des femmes (les mères, les copines, réelles ou supposées), mais on n'en voit aucune à l'écran (sauf en photo). J'insiste : ça manque de gonzesses !
L'image est soignée, dès le début : je pense à cette scène qui voit la silhouette du soldat finalement s'inscrire dans une des lettres du titre. Comme une bonne partie de l'action se déroule la nuit, on a droit à des jeux d'ombre et de lumière... sympas. Il faut aussi bien faire attention au cadre : à un moment, dans le quartier de repos, pendant que l'un des soldats se débarrasse, on perçoit du mouvement dans un coin : un autre saisit une cigarette puis l'allume... il va bientôt s'exprimer. C'est vraiment joliment filmé. Quelques séquences rappellent que l'on est en guerre, sans chichis.
Deux heures (et cinq minutes), cela fait toutefois un peu long. C'est parfois trop contemplatif. Par contre, la musique est excellente : elle en rajoute dans le côté irréel de certaines scènes, un peu dans l'esprit de certains films d'anticipation des années 1960-1970.
Pour les amateurs : le site du Monde propose le commentaire d'images extraites du film par le réalisateur.
19:20 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 08 mai 2008
La source thermale d'Akitsu
Il s'agit d'une reprise : le film de Kuji Yoshida date de 1962. On redécouvre ce réalisateur japonais, qui m'a semblé s'inspirer à la fois du cinéma "qualité française" classique (genre les films avec Danielle Darrieux) et de la "nouvelle vague" (non, il ne s'agit pas de la nouvelle coupe de cheveux de l'un des fils Sarkozy).
Le début est très intéressant : l'action prend place à la fin de la seconde guerre mondiale. A travers l'histoire de ce soldat malade, on entrevoit un pan de la société japonaise à la veille de la défaite. La première rencontre avec l'héroïne (superbe actrice, au passage) est joliment filmée. Le metteur en scène sait utiliser les contrastes d'ombres et de lumières pour suggérer les sentiments. Mais après ce bon début, cela s'enlise. C'est un mélo ennuyeux, où tout est surligné par une musique envahissante (assez de violons !). La fin est attendue.
Voilà pour le commentaire de l'Occidental de base. Mais, si l'on change de point de vue, on peut voir ce film comme l'étude de l'échec du don. Ce soldat n'a pas compris qu'il était redevable à cette jeune femme qui lui a sauvé la vie. En échange, elle demandait son amour. Pour couronner le tout, je dois dire que le "héros" m'est particulièrement antipathique : c'est un gamin attardé, capricieux et superficiel. (Tiens, prends ça dans les burnes !)
18:15 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 07 mai 2008
[Rec]
Les Espagnols ont effectué une appréciable percée dans le cinéma de genre, d'épouvante dans le cas qui nous occupe. [Rec] louche à la fois sur les longs métrages espagnols (et états-uniens) qui ont été précédemment consacrés aux phénomènes "surnaturels" (mais avec une explication somme toute rationnelle...) et sur Le Projet Blair Witch. Le film qui nous est présenté est supposé être l'enregistrement de la caméra du duo de reporters qui suit des pompiers, une nuit, dans leurs interventions. On a donc du direct, du off, du refait... bref, on ajoute aux séquences "filmiques" classiques tout ce qui est d'habitude coupé au montage. Le principe est grosso modo respecté, en dépit de quelques entorses (avec la scène de "retour en arrière" notamment).
Ce n'est pas très effrayant, surtout à partir du moment où on a compris la source des "problèmes"... et surtout quand on a compris comment cela va se terminer. Cela se regarde néanmoins sans déplaisir.
Les meilleurs moments du film sont ceux qui mettent en scène une vision assez caustique des médias. Cette petite équipe de journalistes veut du sensationnel (ils espèrent un bon incendie, histoire de mettre en boîte une séquence qui déchire) est assez puante sur le fond. On les sent souvent méprisants vis-à-vis des gens qu'ils interrogent et ils sont prêts à enfreindre toutes les règles pour avoir leur "sujet".
13:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 25 avril 2008
sTarko
... Un an dans la peau de Sarko. Il s'agit du dernier film de notre GERPAF (gentil rebelle du paysage audiovisuel français) préféré, Karl Zéro, réalisé avec sa chère et tendre Daisy d'Errata. Je ne savais même pas qu'ils préparaient quelque chose sur le nouveau président français. J'ai entendu Zéro sur France Inter, dans l'émission Le Fou du roi. Ben, du coup, quand je suis passé chez mon marchand de journaux, mercredi, j'ai acheté VSD (voilà le genre d'info que je me garderai bien de communiquer à mes collègues de travail...), avec lequel il était possible de se procurer le DVD du film.
C'est entraînant. La musique est vraiment agréable, gaie, et se marie bien avec les choix graphiques : aux images "d'archives" (ça n'est pas vieux, tout de même) sont ajoutées des animations (au début surtout) qui rappellent les comédies des années 1970 : Nicolas Sarkozy y fait figure d'un Louis de Funès de la politique.
Pour moi qui ne possède pas de poste de télévision (bon, d'accord, il m'arrive de la regarder chez des ami-e-s ou dans la famille), quelques extraits furent de totales découvertes (le reste m'étant parvenu par le biais d'internet, de la presse ou de la radio).
Il faut voir cela comme l'un des précédents films de Zéro, Dans la peau de Jacques Chirac : la satire n'est pas virulente, peut-être pas par manque de volonté, mais du fait de la technique utilisée. Les auteurs ont réalisé un montage d'images d'actualités, parfois inédites (issues du off, ce qui est filmé avant et après une intervention diffusée), mais ils ont peu enquêté. C'est pourquoi leur critique du clinquant sarkozien s'apparente elle-même à du journalisme "pipole", avec un peu de recul toutefois. Les réflexions sur l'économie et la fiscalité, par exemple, sont quasiment absentes du film, alors que cela devrait être le plus important. C'est l'accessoire (l'image) qui apparaît essentiel.
En cela, le film ne se démarque pas du travail habituel des journalistes français (qu'ils apprécient ou détestent Nicolas Sarkozy) : il est un peu superficiel... et surtout, il est plus dur pour les adversaires de l'actuel président que pour celui-ci, puisque le texte (savoureux) écrit par Karl Zéro, est lu par la "voix" de l'ancien ministre de l'Intérieur (excellent Michel Guidoni). Si Nicolas Sarkozy, vu la place qu'il occupe dans le film, est tour à tour mis en valeur et dénigré, ses adversaires (pour les rares fois qu'ils apparaissent) ne jouissent que d'un traitement défavorable (les moins maltraités étant peut-être François Hollande et Dominique Strauss-Khan). On pourrait s'amuser à analyser la pensée politique de Karl Zéro à travers ce qu'il fait dire à Nicolas Sarkozy...
Sur le site de K. Zéro, on peut trouver l'auto-interview des deux comparses :
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mercredi, 23 avril 2008
Taken
Il y a des avantages cinéphiliques à résider dans une région rurale. Ainsi, quand on a raté un film à sa sortie dans les "grandes villes" (25 000, 30 000, 50 000 habitants au maximum, on reste dans le convivial), on peut se rattraper quelques semaines plus tard dans un cinéma plus "campagnard".
Bryan (Liam Neeson, insubmersible) n'est pas une tarlouze. C'est le principal message de ce film. Et pourtant, au départ, on a un peu l'impression de se trouver face à une "chochotte" : il vit mal son divorce (son ex s'est maquée avec un millionnaire vieux et moche) et a lâché son boulot (qu'il adorait pourtant) pour se rapprocher de sa fille, qui, en fait, n'est pas très attachée à lui. C'est une figure classique du "gentil bourrin", bosseur, honnête, mais pas forcément facile à vivre.
Bien vite, on s'aperçoit que le héros a des burnes de mammouth. Bon, déjà, sa femme et sa fille auraient dû l'écouter et se méfier de ces vacances à Paris. Très vite, il prend les choses en mains. Il va buter toute une bande de proxénètes albanais (une belle brochette d'enculés, il faut le reconnaître), en deux temps, sans recevoir la moindre égratignure. C'est que Bryan est un ancien agent spécial des Etats-Unis, c'est vous dire s'il peut enfumer sans problème les flicards frenchies (à moitié pourris de surcroît). C'est dynamique, trépidant même ; les scènes de baston sont bonnes, tout comme celles de poursuite automobile.
Là où on se rend compte que Bryan est vraiment un type formidable, à mi-chemin entre John Rambo et le James Bond incarné par Sean Connery, c'est quand il pénètre dans l'immeuble parisien où se déroule une vente sordide. Bien entendu, il s'en sort, mais avec plus de difficultés : il affronte des Blancs, donc des adversaires plus redoutables que ces pieds-nickelés d'Albanais, tout juste bons à brutaliser des gonzesses.
L'apothéose vient sur un yatch, sur la Seine, quand notre héros zigouille une floppée de serviteurs interlopes d'un potentat oriental (arabe) pervers, débauché, lâche... un gros vilain quoi. Le sang gicle à nouveau mais il faut noter que, de manière générale, on a davantage soigné les effets sonores (les membres qui craquent, les muscles et les chairs que l'on déchire, les têtes que l'on fracasse etc) que les projections d'hémoglobine.
Derrière cet excellent film d'action se cache une mentalité pas franchement progressiste. La fille est "sauvée" parce qu'elle est encore vierge alors que sa copine, qui a déjà connu le(s) membre(s) masculin(s), s'en sort moins bien. A travers la France, c'est l'Europe qui est décrite comme une zone dangereuse, où l'on ne peut faire que de mauvaises rencontres. Les flics français sont dépeints soit comme des lourdauds, soit comme des corrompus complètement imperméables aux droits de l'homme. Ceci dit, le héros n'en est pas un meilleur apologiste : pour défendre sa fille, il applique une méthode : tuer... éventuellement torturer. C'est tout ce que méritent proxénètes, hommes de mains, trafiquants, flics indignes... et même leur famille !
On pourrait se dire, après tout, que cette vision manichéenne et paranoïaque est bien dans le ton du conservatisme au pouvoir à Washington, mais le problème est que le réalisateur, Pierre Morel, est français (il a été directeur de la photographie sur Taxi 4)... et que le scénario a été coécrit par Luc Besson, qui produit le film ! Ou comment des Français passent par le biais américain pour mettre en scène leurs fantasmes sécuritaires...
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lundi, 21 avril 2008
Passe passe
Voici une deuxième comédie sur l'affaire Elf. Après L'ivresse du pouvoir de Chabrol, avec l'excellente Isabelle Hupert en juge Eva Joly, Tonie Marshall a choisi de mettre en lumière Christine Deviers-Joncour, incarnée ici par Nathalie Baye (qu'on a appelée "Irène"). Guy Marchand est chargé d'interpréter Roland Dumas, ancien ministre des Affaires Etrangères (ici successivement aux affaires Sociales et à l'Environnement). On a aussi légèrement modifié le contexte de la corruption : il s'agit de Coréens (du Sud) et non de Taïwanais mais, dans les deux cas, un intermédiaire joue un rôle ambigu dans une vente d'armes (le Taïwanais Andrew Wang devient le beau gosse coréen qui s'accroche à Nathalie Baye).
La critique sérieuse n'a pas aimé le film. Est-ce pour des raisons morales ou cinématographiques ? Il est vrai que Nathalie Baye, éblouissante, réussit à rendre sympathique un personnage d'insupportable poule de luxe... mais je crois surtout que Tonie Marshall ne bénéficie pas de la même "cote" que Claude Chabrol auprès des penseurs autoproclamés du cinéma hexagonal.
Et pourtant... que les acteurs sont bons ! C'est un régal ! Vraiment, Nathalie Baye est délicieuse en fausse ingénue, amoureuse des plaisirs et du luxe, pas si bête au fond. Edouard Baer est très bien... mais il fait de l'Edouard Baer, donc, si vous ne l'appréciez pas... Les seconds rôles sont excellents sauf, paradoxalement, Guy Marchand, dont j'attendais mieux. On a notamment droit à Joey Starr, criant de vérité en gros beauf (mais qui se fait piquer sa BMW par le héros... je suis persuadé que la firme allemande a lâché la thune pour ce film, qui se transforme parfois en publicité scénarisée pour la bagnole !) : on connaît tous au moins un sale con dans le genre... Les amateurs de grossièretés seront ravis puisque, outre les éructations du beau-frère, on entend périodiquement les élucubrations scato-sexuelles d'une ravissante personne atteinte du syndrome de Tourette (je dois avouer queue, durant ces scènes, j'étais à la limite de l'érection).
Un peu de densité humaine est donné à l'histoire par l'intermédiaire du personnage de la mère (Bulle Ogier, pas mal, sans plus). Après Cortex, Passe passe est le deuxième film commercial français récent à mettre en scène la maladie d'Alzheimer et ses conséquences sur les relations avec les proches. C'est montré de manière digne, parfois comique.
Ajoutez là-dessus une musique légère, judicieusement placée, et vous obtenez une comédie bien menée, pas endiablée, mais très agréable.
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mercredi, 16 avril 2008
Le dernier repas
Le titre fait allusion à la fin du film : on y voit les deux familles (du moins, ce qu'il en reste) recomposées partager, chacune de leur côté, leur dernier repas terrestre avant de partir pour Mars. Ne croyez pas cependant qu'il s'agisse d'un film de science-fiction. Les effets spéciaux sont absents ; le départ pour Mars n'est qu'un prétexte. On aperçoit, de temps à autre, à l'arrière-plan, les gratte-ciel d'un centre-ville que l'on imagine futuriste mais, et c'est là l'un des atouts de ce film, on nous présente surtout "l'arrière-cour", cette partie abandonnée par la technologie et la belle vie moderne.
Les dialogues sont peu nombreux : c'est par l'image que le réalisateur fait passer ses messages. C'est globalement sombre, limite sordide. On a le père et le fils qui vont se retrouver ; le premier, quinqua esseulé, va payer une jeunesse pour tirer son coup, le second (qui s'est peut-être fait violer en prison, on ne sait pas trop), séropositif (il suit une trithérapie visiblement), devient une sorte de "gogo danseur". Les scènes de spectacle sont d'ailleurs très belles, avec une musique fascinante. Au-delà de l'esthétisme, le réalisateur veut montrer que tout se monnaie en ce monde merveilleux. Point d'amour, mais du sexe tarifé.
La deuxième famille est (presque) exclusivement féminine. La grand-mère veut découvrir le plaisir des sens avec un petit jeune... qui va être le gogo danseur. Sa fille est quittée par son mari, un cadre qui la trompe avec sa secrétaire (dans une scène hilarante, l'épouse découvre son cocufiage... et amorce un étrange dialogue avec l'époux qui continue à besogner sa greluche) ; elle apprend aussi la mort de son fils (peut-être battu à mort en prison). La petite-fille, laide et obèse, veut s'offir une opération de chirurgie esthétique. Pour cela, elle accepte, contre rémunération, de coucher avec un quinqua esseulé (vous voyez qui cela peut-être)...
C'est étrange, parfois captivant, parfois ennuyeux, pas tout à fait dans la lignée des films sud-coréens qui ont connu le succès ces dernières années.
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mardi, 15 avril 2008
Mongol
Gengis Khan, vous connaissez ? Le conquérant, le cavalier mongol, tout ça, tout ça. (Chez les Asiatiques, c'est un peu l'équivalent de notre Napoléon.) Bon ben là on nous propose la vie de Temudjin AVANT qu'il ne devienne officiellement Gengis Khan. C'est une fresque historique qui suit la trame d'un roman de formation. C'est filmé avec le savoir-faire des Russes, en mongol et en chinois, dans des paysages kazakhs, mongols et chinois.
C'est bien joué, joli à regarder, avec tout plein de chevaux, du tir à l'arc, des combats, du sang qui gicle... et une histoire d'amour bien particulière ! La promise que se choisit le jeune Temudjin devient un canon de chez canon (rendons grâce au directeur de casting)... avec un caractère trempé, ce qui ne gâche rien. Il faut regarder cela comme on irait voir Guerre et paix : l'histoire me semble pas mal romancée, mais c'est très supportable.
Quand je disais "une histoire d'amour bien particulière", je pensais à la conception de la fidélité des personnages : plutôt que de sauver la virginité de son épouse, le héros attend un an pour se venger et fait sien le fils qu'elle a eu de son ravisseur. Par la suite, on nous laisse clairement entrevoir que, pendant les longues séparations d'avec son héros de mari, elle n'est pas restée inactive (et d'abord, elle n'était même pas sûre qu'il allait revenir). Cela pourrait être finalement assez proche de la réalité, alors que le portrait que l'on nous trace du futur Gengis Khan est une véritable image d'Epinal : courageux, intelligent, endurant, fidèle, respectueux de ses hommes...
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lundi, 14 avril 2008
Les larmes de madame Wang
Cette madame Wang est l'héroïne de cette histoire, une ancienne actrice devenue vendeuse à la sauvette et enfin pleureuse professionnelle. Si le film nous montre les difficultés qu'elle rencontre dans cette Chine de plus en plus "moderne" (c'est une provinciale, "montée" à Pékin, contrainte de revenir dans sa ville d'origine), le personnage n'est pas sympathique pour autant. Elle me paraît être limite une pétasse anorexique (un genre qui fait triper nombre de réalisateurs visiblement) immature... et cynique.
L'arrière-plan est sombre : dans le pays du néo-capitalisme triomphant, c'est chacun pour sa pomme. Les parents y abandonnent les enfants, l'amour n'est pas une valeur sûre, les médisances vont bon train et tous les moyens sont bons pour se procurer de l'argent (tout se monnaie). Pourtant, de l'espoir subsiste et l'humour n'est pas absent. Je recommande tout particulièrement la séquence qui voit l'héroïne tenter d'animer ses premières funérailles.
Comme c'est du cinéma réaliste, on nous plante bien le décor : on découvre une ville aux quartiers parfois sordides, des immeubles où la salubrité et le degré d'intimité sont faibles et des institutions qui n'ont pas pour principal but d'améliorer la vie des pauvres (l'hôpital, la prison). Un film fort mais pas franchement porté sur l'optimisme.
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dimanche, 13 avril 2008
Les toilettes du Pape
Bienvenue dans le Tiers Monde !... euh, pardon, dans les "pays en développement" ! En Uruguay plus précisément. Oui, vous voyez, ce petit pays entouré du Brésil et de l'Argentine, jadis terre de footballeurs de talent. Il fut même surnommé "la Suisse de l'Amérique du Sud". Autant vous dire que, dans ce film, on nous en présente une tout autre image. Les héros sont des travailleurs informels, qui habitent des bidonvilles. Les hommes font souvent du trafic transfrontalier (le Brésil n'est pas loin), à bicyclette pour les plus moins riches, à moto pour ceux qui montent en grade. Le but est d'éviter les patrouilles de douaniers.
Le réalisateur a un vrai talent pour filmer des cyclistes, leurs efforts, leurs conversations, leurs ombres, le tout dans un cadre magnifique. Il ne cherche pas à idéaliser ses personnages : la lutte pour la survie ou pour un début d'aisance pousse certains d'entre eux à jouer des "coups fourrés", y compris à des proches. Au village, les femmes exercent d'autres travaux...et les enfants n'ont guère d'espoir de sortir de ce gourbi... sauf, peut-être, la fille du personnage principal, prénommée Silvia, interprétée avec talent par la jeune Virginia Ruiz. (On reparlera de cette actrice, moi j'vous l'dis !)
Ce petit monde voit sa vie bouleversée par l'annonce de la venue de Jean-Paul II (on est en 1988). Beaucoup y voient une perspective d'enrichissement. On assiste alors à un déferlement d'initiatives : ces pauvres déploient des trésors d'imagination, s'endettent et travaillent (encore) plus pour gagner plus : certains fabriquent des fanions, d'autres des tartes, d'autres des beignets... sauf le héros, qui pense que la foule qui ne manquera pas de se masser aura plutôt envie de se vider que de se remplir. Je ne vous raconte pas la fin, mais je peux vous dire qu'on nous offre une belle satire : de l'esprit d'entreprise, du clergé, des médias, de l'intégrité des douaniers et de la naïveté des pauvres.
La salle dans laquelle je me trouvais était comble et les rires ont fusé.
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samedi, 12 avril 2008
The eye
Prenez une actrice bien roulée (genre Jessica Alba). Affublez-la d'une infirmité (la cécité par exemple). Faites lui rencontrer diverses difficultés. Assaisonnez le tout d'éléments de scénar piqués à droite à gauche. Agitez bien fort. Embauchez un réalisateur pas mou du genou et vous obtiendrez ce petit polar ésotérique, dans lequel la musique n'oublie pas de souligner quand il faut commencer à avoir peur.
J'ai l'air de ricaner mais, en fait, j'ai aimé. Les acteurs font bien leur boulot et, à ma grande surprise, le déroulement de l'histoire suit quelques méandres pas désagréables, ma foi. On a notamment droit à une description assez réaliste de la vie d'une aveugle... une aveugle pas ordinaire cependant, puisqu'elle est soliste dans un orchestre (elle joue du violon).
L'argument ésotérique est lié à des morts violentes, comme vous pouvez le supposer. On retrouve ici le thème de la communication entre le monde des vivants et celui des défunts, avec une transgression des règles qu'il faut parvenir à maîtriser. Pour filer davantage les jetons au spectateur ricain de base, on l'envoie faire un tour dans les bidonvilles mexicains... et pour que ces dames prennent un peu de plaisir à cette intrigue sanguinolente, on balance dans les pattes de la charmante héroïne un thérapeute qui doit être craquant.
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jeudi, 10 avril 2008
Bande de Biloutes !
Après plus d'un mois, un soir de semaine, à la séance de 22h30, c'est plus tranquille : seule une douzaine de personnes assistaient à la séance (de Bienvenue chez les Ch'tis, bien sûr !). Par contre, la précédente, celle de 20h15, était presque complète. A la sortie, j'ai observé les spectateurs. Le public était étonnamment âgé (plus de 50 ans de moyenne, à mon avis)... et pas familier des salles obscures, tout comme celui de ma séance : je voyais les personnes ne sachant où s'installer, hésiter pour enlever leur pardessus, croire que le film commençait alors qu'il s'agissait de bandes-annonces etc.
Et le film, dans tout ça ? Une bonne comédie, pas prise de tête, bien interprétée... et "formatée" : elle ne contient pas de grossièreté (en français en tout cas), ni de scène de sexe, encore moins de violence ; c'est donc un spectacle idéal pour les 7-77 ans. Disney aurait pu produire ce film, tellement il est gentil (sauf pour l'épouse du héros, sorte de pétasse un peu cruche). Je trouve le scénario un peu faible. C'est très prévisible : dès le début, on comprend comment va se finir la scène avec le fauteuil roulant, on comprend aussi très tôt pourquoi le personnage interprété par Kad Mérad (très bon au demeurant) se fait arrêter par les gendarmes (Patrick Bosso très convaincant !) et on voit clairement où tout cela va aboutir.
Heureusement, les gags sont bons, en général. J'ai aussi beaucoup aimé les compositions de Line Renaud (en mère acariâtre et possessive ch'timie) et de Stéphane Freiss (l'ex-jeune premier s'est bien reconverti, ici en collègue DRH particulièrement anxieux). A mes yeux, la meilleure séquence est celle qui voit les Ch'tis pourrir le séjour de l'épouse du héros, quand elle débarque dans leur riante contrée. Cette forme de surlignage excessif des clichés les plus éculés est fort réjouissante !
10:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 04 avril 2008
Redacted
Encore un film sur la guerre en Irak ! Oui, encore ! Un film qui se détache un peu des précédents sur le plan formel : il est un assemblage de séquences filmées de manières différentes, présentées comme étant produites par les personnages du film. Ainsi, l'un des militaires états-uniens, qui veut intégrer une école de cinéma, filme son environnement irakien avec une caméra numérique de base (il implante même une micro-caméra dans son casque), une équipe de journalistes irakiens filme un reportage, une autre équipe de journalistes (américains, ceux-là) suit, "embarquée", les soldats en intervention. Ajoutez à cela une caméra de surveillance, un journal télévisé local, le film d'un terroriste et des séquences diffusées sur internet (dont une à partir d'une webcam) et vous aurez un aperçu de la diversité des "outils filmiques". Ah, oui, j'oubliais : plusieurs séquences sont présentées comme extraites d'un reportage "qualité française" (dans l'esprit d'un Américain) sur la situation en Irak. Le texte est dit en français. Savoureux !
Derrière cet habile assemblage se profile un questionnement : quelles sont les séquences qui transmettent le mieux la réalité ? Celles des professionnels, rationnelles et propres sur elles, ou celles des quidams, maladroites, baroques et pleines de vie ?
De manière générale, le ton est souvent ironique, surtout au début. La deuxième partie du film vire au tragique, à l'odieux... et malheureusement, ce n'est pas inventé, puisque l'intrigue est calquée sur une série de faits divers auxquels des soldats du pays de la Liberté ont été mêlés. Cela donne un grand film politique, qu'il faudrait faire voir à tous les responsables qui ont dans la tête un renforcement du partenariat franco-américain dans le domaine militaire. Il y a une certaine parenté avec l'excellent Battle for Haditha dont j'ai causé dans un billet du 22 mars dernier. Les deux s'inspirent de la réalité, sans chercher à la magnifier à la sauce hollywoodienne (Redacted contient notamment deux scènes d'une grande crudité, celle du chef de troupe qui se fait exploser par une mine, devant ses hommes, et celle du viol d'une jeune fille irakienne par des soldats yankees)... et les deux ont été tournés au moins en partie en Jordanie.
La fin de Redacted nous propose (sur une musique un peu grandiloquente) de vraies photographies, où l'on perçoit la source de certaines scènes du film (la femme enceinte flinguée à un barrage et l'adolescente violée).
Je mets un bémol à mon enthousiasme : j'ai vu le film en version originale sous-titrée (pas à Rodez, dont les cinémas sont quasi sinistrés dans ce domaine, mais à La Strada, le récent mini-complexe de Decazeville... et vive les cinémas subventionnés !) et le texte français, en blanc, était parfois peu visible sur fond clair. Pour les personnes qui captent quelques mots de la langue de George W Bush, cela passe, mais je plains les autres...
18:23 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 01 avril 2008
Be kind rewind
... ce qui nous donne, en bon français, Soyez sympas rembobinez (si la traduction est littéralement juste, elle nous prive hélas de l'assonance). Après avoir réalisé un (grand) film hollywoodien (le génial Eternal Sunshine of the spotless mind), après avoir réalisé un film expérimental français (le délicieux La Science des rêves), Michel Gondry revient avec un film expérimental consacré au rêve hollywoodien. On y fabrique du cinéma à la mode artisanale... le tout enrobé de trucages numériques. Gondry est un très bon bidouilleur, farfelu à souhaits.
C'est aussi l'histoire d'un quartier dont un immeuble est voué à la démolition. Le vidéo-club un peu nase est à l'image de nombre des habitants : sympathique, un peu bordélique, dépassé par les événements. Une décharge électrique maousse va apporter un peu de dynamisme à cet univers mélancolique. Les acteurs se "donnent", à commencer par Jack Black, bien encadré par Danny Glover, Mia Farrow, Mos Def et Melonie Diaz.
A travers les films qui sont parodiés (Ghostbusters, When we were kings, Miss Daisy et son chauffeur...), Gondry rend hommage à la fabrique de l'imaginaire... mais il se moque aussi : nos apprentis cinéastes sont capables de créer des oeuvres qui suscitent l'engouement. Voilà, ça ne va pas plus loin, mais on passe un sacré bon moment !
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lundi, 31 mars 2008
Les femmes de l'ombre
J'ai tardé à voir ce film, d'abord parce que la bande-annonce m'avait fait redouter le pire et parce qu'un collègue, qui y était allé avant moi, en était sorti déçu. L'héroïne incarnée par Sophie Marceau a réellement existé et le film est nourri de références historiques (durant le générique de début, on nous présente des photographies d'époque montrant des femmes engagées dans la guerre, pas forcément françaises d'ailleurs et, à la fin, on peut voir un reportage britannique sur la préparation du Débarquement), mais il s'agit d'abord d'un film d'aventures, où l'on ménage nombre de rebondissements, le tout souligné par une musique de circonstance.
Finalement, ce n'est pas si mal, assez prenant. Sophie Marceau est tout à fait convaincante en "dame de fer" de la Résistance (en fait, agissant pour les services secrets britanniques, pas pour la France Libre) et Moritz Bleibtreu est excellent en officier nazi (jouant de surcroît dans trois langues). Par contre, je trouve les compositions de Julien Boisselier et Julie Depardieu plutôt maladroites. L'autre défaut du film est l'invraisemblance de certains rebondissements. Je sais bien que l'époque a été propice aux situations abracadabrantesques, mais quand même, parfois, c'est vraiment limite. On a aussi, semble-t-il, voulu ménager la sensibilité du public, en atténuant la représentation des tortures subies par les résistants faits prisonniers par les nazis. On en perçoit bien la cruauté, mais pas tout à fait l'inhumanité (sauf quand l'une des femmes se fait arracher un ongle). Il est par exemple étonnant qu'aucune allusion ne soit faite à des violences sexuelles.
Il reste une histoire de femmes, dans un monde d'hommes, une troupe hétéroclite, aux motivations disparates.
10:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 30 mars 2008
Crimes à Oxford
Cela aurait pu s'appeler Amour, crimes et mathématiques, mais les producteurs voulaient sans doute un titre plus accrocheur. C'est un polar cérébral, qui mêle l'intrigue sentimentale, les rancœurs étouffées et le petit monde des mathématiciens d'Oxford. En fait, il s'agit davantage de logique que de mathématiques pures : ne vous attendez pas à une adaptation cinématographique de la série Numb3rs.
Le plus surprenant est que ce polar reste assez "intello". C'est l'histoire qui se plie (parfois de manière presque invraisemblable, il faut le reconnaître) à l'argument "scientifique" et non pas l'inverse : on aurait pu s'attendre à ce que l'enrobement mathématique soit très superficiel. (Le scénario a dû être très travaillé.) Cela donne plus de force au film, à mon avis.
Les acteurs sont excellents, de John Hurt à Dominique Pinon en passant par Julie Cox. On a soigné les seconds rôles, condition sine qua non de la réussite d'un film policier qui tient la route. Dans le rôle principal, Elijah Wood poursuit ses efforts pour faire oublier Frodon. Pour attirer le public djeunse, on lui met dans les pattes une ravissante brune, à la poitrine généreuse et bien faite (tout cela m'a l'air naturel, tant dans la forme que dans le pendouillage que l'on a l'occasion d'observer... Oui, la dame du fond ?... Vous dites ?... Je suis obsédé ? Pas du tout voyons !... Enfin, si peu...), mise en valeur de manière quasi ostentatoire (bonjour les décolletés et les prises de vues plongeantes...) lors de chaque scène où intervient ce personnage. Je vois bien la production, effrayée par l'intellectualisme du scénar, injecter un peu de fesse pour épicer l'affaire. Cela se sent à la vision du film : les séquences amoureuses m'ont paru assez fades, surjouées.
Pourtant, de manière générale, la mise en scène est habile. J'ai notamment en tête un long plan (deux minutes ?... ben oui, dans le cinéma actuel, où 80 % des réalisateurs ne savent pas construire un plan de plus de 10 secondes, c'est l'équivalent d'un siècle), dans la première moitié du film, absolument somptueux. Indice : c'est une scène d'extérieur.
La fin du film nous propose bien entendu un retournement, assez habile ma foi, qui nous ramène à la logique.
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lundi, 24 mars 2008
Angles d'attaque
Ah, ça fait du bien de voir un bon film de droite ! Le président des Etats-Unis (William Hurt, impeccable) y est un type formidable (là on voit qu'il s'agit d'une fiction), qui résiste aux bellicistes de son camp (c'est quasiment de la science-fiction !) et a réussi à réunir autour de sa lutte contre le terrorisme les autres puissances mondiales, à commencer par les Européens (on nage en plein délire). Mais la menace est là, incarnée par les méchants Arabes, l'un d'entre eux étant interprété par notre Saïd Taghmaoui (celui de La Haine, qu'on a aperçu, depuis, dans Les Rois du désert et O Jérusalem notamment). De manière générale, dans le film, il faut se méfier des bruns un peu bronzés... et donc d'une bonne partie des Espagnols (Voyons, Linda, vous savez bien qu'ils sont à moitié arabes ces gens-là !). Notons que jamais ô grand jamais on ne saura ce qui guide ce groupe de terroristes, ni dans quel but précis ils tentent d'enlever le président des Etats-Unis. En tout cas, ils sont dépeints comme des personnes très motivées et organisées, la palme revenant au personnage joué par S. Taghmaoui, très performant avec son téléphone portable (Mais oui, Susan, ces Orientaux sont très au fait des nouvelles technologies !).
Au passage, le film ne s'embarrasse pas de nuances inutiles et présente les opposants à la politique américaine comme une bande de gauchistes altermondialistes... et il les lie aux terroristes. (Pour sûr, chère Brenda, tout cela c'est de la graine de voyou !) On a bien quelques petites différences entre les Arabes de la bande, mais je suis sûr que le spectateur moyen va sortir de là en pensant qu'ils sont tous très dangereux. Outre le président, les seuls "bons" sont le garde du corps dévoué un peu franc-tireur (Dennis Quaid, qui décidément ressemble de plus en plus à Harrison Ford) et un touriste noir... américain, forcément (Forrest Withaker, efficace en boy scout).
Tout ça pour dire que, quand même, les acteurs sont excellents. Withaker est peut-être le moins convaincant. Si vous ajoutez à cela une musique bien choisie et de nombreuses péripéties, cela donne un film après tout très plaisant, très rythmé.
C'est d'abord un exercice de style maîtrisé : on revit la même scène, de plusieurs points de vue. A chaque version, on en apprend un peu plus sur les dessous de l'affaire... et on progresse dans l'intrigue. La séquence la plus spectaculaire est sans conteste la poursuite en voiture dans les rues de Salamanque (au Mexique en fait, où la ville a été partiellement reconstituée), très bien fichue.
Si vous vous accommodez du fond politique du film, c'est un excellent divertissement. Sinon, c'est un énième sous-produit de l'industrie hollywoodienne, véhiculant son quota de clichés.
18:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 23 mars 2008
Le Cahier
Dans la famille Makhmalbaf, je demande... la deuxième fille ! Il s'agit d'Hana, âgée de 19 ans. ("Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"...) Comme papa, elle a tourné en Afghanistan. L'action du film se déroule à proximité de l'endroit où se trouvaient les statues de Bouddha, à Bamian (la toute fin nous en montre le dynamitage). Des familles vivent dans les grottes des alentours.
Les enfants sont très bien dirigés. Ils sont souvent filmés en gros plan. Celle qui interprète l'héroïne Bakhtay est impressionnante... et attachante avec sa bonne bouille et son entêtement à vouloir aller à l'école. Le garçon qui incarne le fils de la voisine, Abbas, est aussi très bien. La réalisatrice arrive à leur faire jouer des scènes complexes, parfois très "engagées" physiquement.
Cela donne un film rythmé, où j'ai ressenti tour à tour la drôlerie de certaines situations et une forte angoisse face aux menaces qui pèsent sur le duo de héros. Ils rencontrent une bande de gamins qui jouent aux taliban. (On a vraiment envie d'en prendre un pour cogner sur les autres !) Cela nous vaut une séquence pleine de doubles-sens évidemment, où l'on se demande jusqu'où les gamins "s'amusent"... Mais la réalisatrice nous réserve une surprise vers la fin du film.
Toutefois, je relève deux défauts techniques : la mise au point, parfois imparfaite (très visible sur un grand écran) et la musique, à chier. Elle dramatise inutilement. Franchement, le film aurait été encore meilleur sans cela.
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samedi, 22 mars 2008
Battle for Haditha
On a assez peu parlé de ce long-métrage lors de sa sortie. Il s'inscrit dans la lignée des films de guerre américains. Depuis deux-trois ans, on a eu droit à une flopée de bons produits, en prise sur leur époque, sur ses conflits (Afghanistan, Irak première et deuxième moutures...) et mis en scène avec talent. Le réalisateur de celui-ci, Nick Broomfeld, est documentariste à l'origine. J'avais apprécié son Biggie and Tupac, alors que, franchement, je ne suis pas très porté sur le rap "bling-bling".
Pour ce film, il est parti d'un fait divers : le massacre, en Irak, de civils par des marines qui venaient de subir un attentat à la bombe. Par souci de réalisme, d'anciens soldats ont été engagés pour porter l'uniforme dans cette fiction et des Irakiens réfugiés en Jordanie incarnent les civils. C'est donc tourné en anglo-américain et en arabe.
On sent les influences subies par le réalisateur : Full Metal Jacket, peut-être Platoon... ce qui relie le film à la guerre du Vietnam... et au massacre de My Lai (en 1968). J'avais d'autres références en tête, mais cela m'est sorti de la tête. Ah, oui, ça me revient : Bloody Sunday, de Paul Greengrass (pour l'aspect "documentaire" donné à la fiction, la comparaison entre les méthodes des nationalistes irlandais et irakiens et pour la violence montrée comme un moyen d'exacerber les tensions).
Ce film est une bombe. Le point de vue des différents groupes d'Irakiens est rendu avec une grande honnêteté et un réel souci du détail vécu ; la troupe de marines nous est présentée sans fard, brute de décoffrage, avec ses qualités et ses dérapages. C'est vraiment très fort, très bon. Un film indispensable qui hélas n'a pas rencontré le succès qu'il aurait mérité.
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dimanche, 16 mars 2008
10 000
Et d'abord, hein, pourquoi "10 000" ? Le film dure-t-il 10 000 secondes (c'est-à-dire plus de 2h30 - j'ai fait le calcul pour vous, n'ayez pas d'inquiétude) ? Non. A-t-il coûté 10 000 dollars ? Non plus. A-t-il employé 10 000 figurants ? Que nenni. Alors ? Ben, l'action est censée se passer 10 000 ans avant J.C., en gros au moment où apparaît l'agriculture au Proche-Orient (on parle de la Révolution néolithique). L'idée a dû venir à Roland Emmerich quand il a appris le succès des docus fictions français (Homo sapiens et Le sacre de l'Homme). Il s'est sans doute dit : "Putain (je traduis approximativement de l'anglo-américain) ! Ces abrutis de Frenchies ont réussi un beau coup avec leurs documentaires. Y a encore plus de thunes à se faire avec une fiction. Allez, les gars, au boulot ! Et torchez moi ça vite !"
Dans le groupe, on a puisé dans les grandes références culturelles. Le scénario pille donc beaucoup Les Dix commandements (je vous laisse découvrir la théorie avancée dans le film pour expliquer la construction des pyramides... cela vaut son pesant de crottes de mammouths), un peu Jurassic park (si, si !) et une pléthore de films qui mêlent pseudo-archéologie et science-fiction (faudrait pas oublier qu'Emmerich est l'homme de Independance Day, bordel de zut !). Si vous connaissez un vieux prof d'histoire dont vous voudriez vous débarrasser, emmenez-le voir ce film, pour lui, c'est la crise cardiaque assurée ! C'est un beau mélange de préhistoire et d'Antiquité, d'Europe glaciaire et de civilisation du Nil... le tout aspergé d'une louche de bons sentiments. Ah, oui, j'oubliais : les dialogues sont nuls, à tel point que l'envie de quitter la salle m'a saisi à plusieurs reprises dans le premier quart d'heure.
Et pourtant, ce n'est pas si mal foutu que cela. Une fois l'histoire lancée, cela se suit agréablement. La troupe de méchants cavaliers est interprétée de manière très convaincante et les animaux sont d'excellents figurants. Bon, d'accord, le coup des mammouths qui gambadent, c'est un peu ridicule et le bon goût s'offusque contre l'introduction de poulets géants en pleine savane. Mais les effets spéciaux sont réussis et les (trop) rares apparitions du tigre à dents de sabre sont prenantes, bien mises en scène. Cette histoire de type un peu maladroit, amoureux fou, qui va devenir une sorte de Messie (une sorte de Moïse sorti du marbre) tient la route malgré tout.
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vendredi, 14 mars 2008
There will be blood
"Il y aura du sang"... pas tellement, finalement : à côté des frères Coen ou de Sylvester Stallone, Paul Thomas Anderson est un petit joueur, de ce point de vue. La violence n'est pas forcément celle qui fait couler le sang. C'est aussi celle qui fait couler les larmes ou gicler le pétrole (des passages remarquablement mis en scène, soit dit en passant). A travers cette histoire d'ascension sociale, le réalisateur nous cause en fait de l'Amérique. Mais on peut voir le film des deux manières, et donc comme une fiction très documentée qui prend place dans l'Ouest américain, où tant de personnes aspirent à faire fortune. Le personnage remarquablement interprété par Daniel Day Lewis est une incarnation de ce "rêve"... sans que le film soit un conte de fée : c'est une véritable ordure, prête à tout pour arriver à ses fins. Son pendant est le gamin qui le fait venir dans la région et qui va, lui, personnifier le puritanisme charismatique... et hypocrite. Certaines scènes sont très théâtrales, très efficaces dans la dénonciation. Je vous laisse découvrir des deux postures, la cynique mercantile et l'hypocrite bondieusarde, laquelle finit par prendre le dessus sur l'autre.
Derrière cette histoire d'hommes se cache une vraie critique de la construction de la puissance états-unienne. Quand on voit comment cette richesse s'est développée à l'intérieur du pays, on n'est guère étonné du comportement à l'extérieur. Dans cette optique, les deux personnages principaux sont deux faces d'un même pays, profondément mu par l'appât du gain et taraudé par une expression de la foi bâtarde, extrême et, pour tout dire, dangereuse.
S'il n'y avait que cela, le film vaudrait déjà le détour. Mais il y a aussi ces paysages petit à petit transformés par l'exploitation pétrolière. Sur un bel écran panoramique (à l'Escurial, à Paris, tiens), cela donne ! Mais il y a aussi ce petit pincement au cœur qui persiste, ce reste d'humanité que l'on n'arrive pas à complètement refouler. Tout ce qui tourne autour du personnage du fils est très beau, intense. Un film très riche donc, même s'il est un peu long (plus de 2h30).
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vendredi, 07 mars 2008
La Ronde de nuit
Peter Greenaway s'est consacré au peintre Rembrandt, à sa vie et à l'histoire de la création du tableau éponyme (ça veut dire que le tableau a donné son nom au film).
Le style oscille entre le biographique (avec la touche Greenaway, très près du corps, un peu glauque, mais talentueuse) et le conceptuel. La résurrection du petit monde grand-bourgeois des Provinces Unies du XVIIe siècle est réussie, dans un cadre plutôt minimaliste : certaines scènes sont du bon théâtre filmé. Les acteurs font croire à leur personnage. On a un aperçu du travail du peintre et on apprécie de voir cette toile sur un écran géant.
Le problème est que Greenaway n'a pas su choisir entre le polar d'époque et la biographie intellectuello-sensible. Du coup, cela manque d'unité, c'est souvent lourd, de surcroît long (plus de 2 heures... c'est à la mode). J'espérais que l'auteur du Baby of Mâcon avait mieux travaillé ce film et qu'il avait retrouvé un peu de la légèreté et de la verve qui ont fait le succès de Meurtre dans un jardin anglais, de ZOO, de Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant notamment. J'ai été déçu.
Ceux qui s'intéressent à l'artiste peuvent se tourner vers un autre film, Rembrandt, de Charles Matton, sorti il y a quelques années.
Ceux que les liens entre peinture et cinéma émoustillent aimeront Ce que mes yeux ont vu, un bon petit polar, dont j'ai récemment causé.
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vendredi, 22 février 2008
Triangle
Trois est évidemment le chiffre clé de ce film. Il a été réalisé par trois potes. Trois hommes très différents sont les personnages principaux. Trois mondes vont se rencontrer : police, mafia, antiquaires... Il faut donc être très attentif au début, qui met le système en place. Cela tombe bien, c'est la meilleure partie du film, mise en scène par Tsui Hark. On retrouve l'atmosphère inquiétante et mystérieuse des bons polars hongkongais.
Les trois auteurs auraient dû davantage se concerter au moment du montage, histoire que tout soit bien raccord. Quelques hiatus dans l'intrigue nuisent à la fluidité du film. (Purée, c'est qu'elle est chiadée, cette phrase !) L'ensemble reste très plaisant, avec de l'humour : certaines situations sont tellement "hénaurmes" que c'en est comique. J'ai toutefois trouvé le principal personnage féminin moyennement réussi. Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'on sent la ravissante petite amie (un peu aquetriss à la base, quand même) à qui on donne un coup de pouce cinématographique. La question est : avec lequel a-t-elle couché ?
La dernière partie est celle de Johnny To. Cela peut donc être aussi bien virtuose que conceptuel-chiant (voir son Election 1, dont j'ai causé dans un billet du 15 février 2007). Heureusement, il devait être en de bonnes dispositions quand il a tourné cela. On a donc droit à un peu de baston, à un usage (relativement modéré) des flingues... et à une belle partie de cache-cache ! Le film se termine sur une superbe séquence nocturne.
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lundi, 18 février 2008
John Rambo
C'est qu'il a encore le regard qui tue, le Johnny ! Il a aussi la musculature et les réflexes de tueur. Au moins, de ce point de vue-là, on ne risque pas d'être déçu. Les dialogues n'ont pas pour objectif de faire émerger une nouvelle théorie heuristique... et c'est tant mieux ! Et j'adore toujours autant la voix de celui qui double Stallone dans la VF !
Cette fois-ci, notre retraité est dérangé par un groupe d'humanitaires évangéliques, évidemment déconnectés de la réalité. Il entre aussi en contact avec une bande de mercenaires, qui comprend des gentils et des moins gentils. En face, les militaires birmans sont très très très méchants. Les images se chargent de nous le rappeler au cas où l'on ne comprendrait pas bien. Ce sont les infos du début, puis la séquence de l'enlèvement des humanitaires (avec massacre des villageois à la clé) et enfin la dernière demi-heure, où là on s'aperçoit que nos barbaqueurs civilisés peuvent occire avec beaucoup d'efficacité !
C'est vraiment drôle au second degré, parce que, y compris au niveau de la défense de la minorité (les Karens, victimes de la violence du régime birman), le film suit les mêmes règles que les précédents. La réalisation fonctionne sur le contraste entre les paysages, forcément magnifiques, apaisants, et la violence qu'ils dissimulent et qui surgit au détour d'un méandre ou d'une colline. La musique souligne ce qu'il faut souligner, sans subtilité. La nouveauté tient dans le grand réalisme des scènes de violence : on voit bien les corps se démembrer, les têtes éclater, les membres voler aux quatre coins du plateau. C'est le pied !!!
20:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema