jeudi, 26 juin 2008
Valse avec Bachir
Le Bachir en question est (était) Béchir Gémayel, chef des Phalanges libanaises, assassiné en 1982. (Son neveu, Pierre, a connu le même sort en 2006. Dans les deux cas, beaucoup y voient la main de la Syrie...) Cet assassinat a servi de prétexte au massacre de centaines de Palestiniens vivant dans des camps de réfugiés au Liban. Le titre peut se comprendre de deux manières. C'est d'abord une allusion à une très belle séquence de ce docu-fiction animé, qui voit un des soldats israéliens se souvenir de sa participation à l'invasion du Liban par Tsahal. C'est aussi, de manière plus symbolique, une allusion à la collusion des officiers israéliens avec les extrémistes chrétiens libanais.
Le film s'articule autour de séquences-témoignages. Le réalisateur a rencontré des vétérans israéliens et, au lieu de les filmer, il les dessine (ou fait dessiner). Cela ressemble à des entretiens, cela a le goût d'entretiens, mais c'est plus que cela. Le dessin animé autorise les retours en arrière, la reconstitution de scènes, parfois de manière onirique. Il est question d'interpréter les rêves (les cauchemars plutôt) de ces anciens soldats qui ont refoulé leur participation à ce conflit.
Sans être aussi léché qu'une animation japonaise haut-de-gamme, le film est une grande réussite formelle. Le rêve récurrent, celui des hommes sortant de l'eau, est vraiment très marquant. La musique est bonne. C'est parfois drôle, caustique, lorsque cela prend la forme de clips vidéos : les bombardements ratés et le passage sur le film porno sont particulièrement réussis.
Reste cette violence inacceptable, celle des Phalanges libanaises. La fin du film laisse la réalité passer devant les images de fiction. L'auteur a visiblement voulu montrer ce qu'est un crime contre l'Humanité.
Une remarque : il est important de se documenter un minimum avant d'aller voir ce film. Si vous ne connaissez rien à l'histoire du Proche-Orient, vous risquez d'être un peu déroutés.
13:18 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 25 juin 2008
Teeth
Voilà un vrai film de gonzesses ! J'en déconseille donc vivement le visionnage à ceux de mes collègues burnés qui n'ont pas les gonades solidement arrimées ! Hé, oui ! Figurez-vous que l'héroïne, qui a grandi à proximité d'une centrale nucléaire, a une dent (voire plusieurs) contre la gent masculine.
Comme tout bon film censé susciter l'effroi, celui-ci est fondé sur une sorte de morale : les méchants mecs (ceux qui ne traitent pas bien les femmes) sont punis. Le tout est montré avec un réalisme (sans que la mise en scène soit ostentatoire, ce qui est à noter : le réalisateur n'est pas un tâcheron ; il a bien construit ses plans... c'est un délice à regarder) qui m'a fait plusieurs fois porter la main aux parties génitales ! Bon, j'ai bien rigolé aussi !
Le film se veut faussement angélique. Les scènes supposées mièvres alternent avec des moments de tension. Le scénario place l'action dans le milieu blanc conservateur, fondamentaliste même. Au secours Darwin ! La mise en scène est pleine de sous-entendus, qu'il soit question d'un nouvel Eden, d'une corde à noeuds, d'une ouverture en forme de vulve dans un arbre ou encore de sortes de stalactites rocheuses, dans une grotte, formant comme la dentition d'une gueule agressive...
L'interprétation est brillante, en particulier celle de l'actrice principale, Jess Weixler (interprète de Dawn, une jeune femme à l'aube d'une nouvelle vie...), qui excelle à alterner les tempéraments (coincée bondieusarde, ado amoureuse, paumée larmoyante et lutine vengeresse).
15:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 24 juin 2008
Et puis les touristes
Am Ende kommen Touristen que ça s'appelle, en allemand, langue dans laquelle (avec le polonais et un soupçon d'anglais) le film a été tourné. La traduction aurait été meilleure avec un titre du genre Et, finalement, les touristes. Bon, moi je dis ça comme ça...
Sujet casse-gueule : un djeunse teuton fait son "service civil" (vous avez bien lu, amis français au civisme défaillant) à Oswiecim... Auschwitz. Il va notamment être chargé de s'occuper d'un vieux Polonais, lié au camp : c'est un ancien détenu, qui intervient devant les groupes (de jeunes, en particulier)... et qui répare des valises. Pas n'importe lesquelles : celles des anciens déportés, dont certaines sont exposées dans une vitrine du musée.
Vous vous doutez bien qu'au début, le courant ne passe pas très bien entre le vétéran souffreteux mais orgueilleux et le jeune homme bien sous tout rapport mais à la base pas emballé à l'idée de passer plusieurs mois dans ce trou polonais. L'un des attraits du film est l'évolution des relations entre ces deux personnages, du point de vue affectif mais aussi du point de vue de l'ascendant.
Notre jeune héros prend aussi contact avec des Polonais de base, notamment une guide trilingue dont il aimerait encore plus se rapprocher. (On le comprend : elle a un charme fou.) Les scènes confrontant l'Allemand à différents Polonais sont souvent comiques (en plus il ne comprend guère la langue des frères Kaczynski). Même si ce n'est pas le propos principal du film, on voit comme une fracture Nord/Sud séparer certains personnages (de surcroît une entreprise allemande a "délocalisé" en Pologne).
Le film est très profond quand il aborde la transmission du vécu des déportés. On a ici une illustration germanique du "devoir de mémoire", avec l'émotion qui l'accompagne, mais aussi ses limites et, parfois, ses incongruités. Une des premières scènes du film voit le héros passer en taxi devant l'entrée du camp, où l'on aperçoit des cars et des touristes (qui sait, peut-être en short et tongs). Il y a quelque chose d'obscène dans cette scène. Obscène aussi le désintérêt de certains jeunes, à peine réveillés par le vestige de tatouage de l'ancien déporté. Obscène enfin l'obséquiosité exagérée des représentants de cette entreprise allemande, très "politiquement corrects" mais finalement peu respectueux du vieil homme.
Le film est en partie autobiographique :
23:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 23 juin 2008
Quatre New-Yorkaises dans le vent
Je n'ai vu aucun épisode de la série Sex and the City. Par contre, j'en avais beaucoup entendu parler avant de me décider à voir ce film. Ce sont principalement des collègues femmes qui m'ont renseigné sur la chose. J'y suis allé en ayant deux idées en tête : les héroïnes baignent dans un milieu ultra favorisé, très fashion, et le ton est à la comédie, parfois crue dès qu'il est question de sexe.
Le film suit ce cahier des charges, en gros. J'ai donc été particulièrement agacé par le côté "pétasses" des héroïnes, obsédées par les fringues moches et chères (c'est fou la variété de godasses immondes et hors de prix qu'il existe). Je n'ai pas compté le nombre de scènes au cours desquelles une marque de produit de luxe est soit apparente (à travers un paquet notamment) soit citée par l'un des personnages, mais c'est saoulant à la longue. (Voyons néanmoins le côté positif : cela contribue peut-être à maintenir des emplois en France dans ce secteur...) Dans le genre, il est intéressant de noter que le mec idéal (pas le même pour chacune des quatre) est forcément très à l'aise financièrement. Vous ne voudriez tout de même pas qu'elles s'amourachent d'un type incapable de leur payer des vacances à Acapulco ? Ceci dit, comme elles-mêmes gagnent bien leur vie, au moins ne sont-elles pas entretenues.
Car on n'a pas voulu en faire des poufs. Elles sont sympathiques, touchantes parfois. Ma préférée est celle qui est heureuse en mariage et finit par tomber enceinte. (Charlotte, je crois.) Elle est au coeur de deux scènes très cocasses, une avec du caca (j'adooore !), l'autre avec l'ex-futur-mari de Carrie (elle finit par lui sortir la réplique qui tue... Tordant !). Par contre, il est évident que les dialoguistes y sont allés mollo avec le sexe, histoire sans doute d'éviter un avis Restricted, hyper pénalisant pour un film commercial. On a tout de même droit à quelques moments coquins autour du personnage de Samantha.
Sarah Jessica Parker semble au-dessus du lot. Elle dégage quelque chose de supplémentaire. Je ne sais pas... la forme du visage, le sourire, le regard.
Ce n'est donc pas un mauvais film, mais j'ai quand même été un peu déçu.
20:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 20 juin 2008
Ken 1 (L'Ere de Raoh)
Derrière ce titre se cache l'adaptation cinématographique d'un manga, Ken le survivant, rendu célèbre jadis par feu le Club Dorothée. (Hé, oui, "je vous parle d'un temps, que les moins de vingt ans, ne peuvent pas connaître"...). Je crois me souvenir que sa diffusion avait été interrompue suite à des protestations vertueuses (forcément vertueuses) : le dessin animé s'était fait remarquer par son extrême violence, rendue encore plus marquante par des choix graphiques assez originaux.
Thierry Ardisson avait abordé le sujet avec Dorothée (rien qu'à voir la tronche de ces deux-là, on se dit que l'extrait ne date pas d'hier) :
http://www.youtube.com/watch?v=Q4gire1yn78
On retrouve l'esprit de la série dans ce long-métrage. Les mecs sont hyper-baraqués, avec des bras épais comme deux paires de cuisses, des abdos plaques de chocolat transgénique et le regard farouche, très farouche. On n'est pas là pour rigoler ! Si le dessin m'est apparu davantage soigné que dans l'animé, il reste des tics, comme ces plans fixes (avec un petit zoom pour faire croire au mouvement) qui permettent d'économiser le travail des dessinateurs.
Au niveau de l'histoire, il vaut mieux avoir quelques souvenirs de la série pour bien comprendre le film : les explications du début sont insuffisantes (et débitées rapidement) pour le spectateur lambda. Peut-être pour éviter l'accusation de sexisme, on a introduit un personnage féminin combatif... mais secondaire tout de même. (A quoi vous attendiez-vous, hein ?) Comme le titre l'indique, ce n'est que le premier épisode d'une série.
14:03 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
lundi, 16 juin 2008
JCVD
J.C.V.D.... Bon sang, mais quoi qu'est-ce ? "Je Chie Vraiment Dur" ? "Jamais Carla ne Voudra mon Dard" ? "Joueur de Curling Vachement Débile" ? Pas du tout ! Il s'agit de Jean-Claude Vandamme (Van Varenberg de son vrai nom). C'est un mélange de fiction et de documentaire. A la base, pas de quoi m'intéresser. Pour moi, Vandamme est resté le symbole d'abord de films de blaireaux, ensuite d'une ringardise assumée à travers ses formules creuses, faussement philosophiques.
Le film joue sur les deux niveaux. Ce qui est dit et montré sur Vandamme est-il vrai ? Plus ou moins. Quand est-ce une fiction, quand est-ce la réalité ? Vandamme est-il un gros crétin ? Est-ce bien lui qui braque la banque ?
Cela commence par un joli plan séquence, une méga baston durant laquelle Jean-Claude Vandamme dézingue tous les méchants. C'est à la fois dynamique et comique, à l'image de tout le film, toujours à la limite de la parodie. C'est en noir et blanc, très joli (comme un autre film belge truculent, C'est arrivé près de chez vous, auquel il est plusieurs fois fait allusion dans le film... On peut aussi voir des références au Pulp fiction de Tarantino voire aux frères Coen). La musique est jazzy, très bien.
L'un des principaux ressorts comiques du film est le fait que l'un des gangsters auxquels Vandamme se retrouve confronté est fan de ses films. Cela crée une multitude de situations cocasses. Un autre ressort est constitué par l'accumulation de déboires de Vandamme qui, décidément, n'a pas de bol ! Autour de lui, on remarque une brochette d'acteurs hauts en couleur, avec notamment une chauffeuse de taxi belgissime et surtout en méchant très méchant bien chtarbé Zinedine Soualem comme vous ne l'avez jamais vu !
Le réalisateur est Mabrouk el Mechri. Un nom à retenir à mon avis.
Le site officiel :
14:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 15 juin 2008
Phénomènes
C'est le nouveau Shyamalan. On y retrouve le procédé caractéristique de ce cinéaste : la confrontation d'individus a priori ordinaires à un élément qui semble paranormal. Le début fonctionne bien. Les suicides des ouvriers du bâtiment, en particulier, sont impressionnants. C'est (à mon avis) un écho au 11 septembre 2001 : des dizaines de personnes ont préféré sauter des deux tours plutôt que de mourir brûlées vives ou écrasées. Il paraît que les images de l'impact des corps au sol existent, mais que les autorités les ont censurées. En tout cas, cela démarre fort.
Le problème est que cela s'essouffle vite. Shyamalan sombre dans une sorte de mysticisme écologiste. Le scénario est moins bien charpenté que ce à quoi je m'attendais. Ajoutez à cela une interprétation très moyenne (pour ne pas dire mauvaise par instants... purée, où est passée la direction d'acteurs ?) et vous aurez un tableau de ce que cela donne. Je garde en mémoire des moments forts, quelques autres comiques (ah voir Mark Wahlberg parler à une plante verte... dont il s'aperçoit finalement qu'elle est en plastique, voilà qui ne manque pas de sel !), mais l'ensemble est trop inégal, décevant au final.
19:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 14 juin 2008
Les orphelins de Huang Shi
La critique n'a en général pas été tendre avec cette production australo-américano-chinoise. Peut-être le réalisateur n'a-t-il pas la cote ? Peut-être le style hollywoodien (assumé) de nombre de séquences a-t-il rebuté ? A la base, il s'agit d'une aventure humaine, sur fond d'invasion de la Chine par l'armée japonaise. Là-dessus se greffe un jeu amoureux pas si simple que cela.
L'interprétation est en général bonne : Chow Yun-Fat et Michelle Yeah sont excellents, tout comme Radha Mitchell (qu'on a vue chez Woody Allen il y a quelques années) ; la déception vient de Jonathan Rhys-Meyers (lui aussi remarqué chez Woody... rappelez-vous, Match point), certes joli garçon (ouais... bof), mais pas très crédible dans le rôle de ce journaliste (qui a réellement existé) entreprenant, qui va découvrir une forme d'idéalisme (il est déjà un peu boy scout à la base).
Comme c'est un photographe, le réalisateur effectue de temps à autre des arrêts sur image (en noir et blanc), très réussis ma foi (encore merci au matériel et aux techniciens). C'est correctement filmé, superbes paysages à l'appui. On n'a pas cherché à trop édulcorer : les massacres commis par l'armée japonaises sont rendus avec un réalisme certain, même si les pires horreurs ne sont pas montrées. Le souci du détail a conduit les scénaristes à présenter les divisions des Chinois (entre nationalistes et communistes). Ceci dit, le personnage de Chow Yun-Fat, un "rouge", a très peu de caractéristiques le rattachant explicitement au communisme. Il est surtout montré comme un résistant.
J'ai ri grâce aux orphelins, en particulier lors de la séquence de l'épouillage, où le ridicule du nouvel arrivant est utilisé pour "faire passer la poudre"... Les gamins font les cons, assez plaisamment ma foi. Plus loin dans le film, une petite bataille de boules de neige produit le même effet. D'un autre côté, le basculement de la majorité des enfants, de l'oisiveté au travail productif dans l'intérêt de tous, est mis en scène avec subtilité.
Evidemment, deux des personnages finissent par coucher ensemble (mais ça met du temps). A plusieurs reprises, j'ai été émouvé, je le reconnais. Globalement, ça marche, quoi.
Une remarque pratique pour terminer. J'ai vu le film en version originale sous-titrée à Paris, au cinéma Le Bretagne , situé dans le quartier Montparnasse. Je ne vous le recommande pas. On a laissé entrer des retardataires jusqu'à plus d'un quart d'heure après le début du film (pas le début de la séance, hein !). Vous me direz, vu que cela dure 2 heures, la gêne n'est pas si grande. Ben ça fait chier quand même ! (Surtout quand la place est à près de 10 euros !)
16:58 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 13 juin 2008
Le film que je n'ai pas pu voir
De passage à Paris pour le boulot, je me suis réjoui d'avance des soirées cinéphiliques que je pourrais m'offrir. Mercredi dernier donc, j'avais prévu de voir Ezra, un film nigérian sur les enfants-soldats. J'avais choisi ce jour-là parce que les places sont moins chères (ben oui, je suis un peu aveyronnais sur les bords) et parce qu'une séance était prévue à 22h.
Vient le mercredi. En fin d'après-midi, je sors du boulot, tranquillement, je rentre à l'hôtel, je fais une petite toilette (oui, tout de même, je ne suis pas un gros porc) puis je vais me sustenter. Sur les coups de 21h15, je commence ma promenade digestive en direction de la place Saint-Michel, où se trouve le cinéma qui programme Ezra. Les moins jeunes savent qu'il s'agit du cinéma qui a été victime d'un incendie criminel lors de la sortie du film La dernière tentation du Christ, en 1988. Pour se rafraîchir la mémoire, ou en savoir plus :
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&a...
J'arrive vers 21h40. Sur la place, à côté, une bande de djeunses de lieue-ban fait un petit show sur de la musique moderne. Un petit attroupement se forme. Les voitures de police qui passent ont d'autres chats à fouetter que la diffusion illégale de chansons non libres de droits. Le problème est que je suis tout seul devant la caisse ! Les spectateurs de la séance précédente sortent. La caissière me fait remarquer que, si je suis l'unique client pour celle de 22h, elle ne lancera pas le film. Du coup, durant les dix minutes qui suivent, j'observe avec une attention toute particulière les passants qui regardent les affiches. Vient le moment fatidique : je suis toujours seul ! La caissière ferme... et je me retrouve grosjean comme devant !
19:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, detout et de rien
jeudi, 05 juin 2008
Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Un soir de semaine, l'affluence est moindre. Ces deux heures et quelque permettent de digérer confortablement. Ceux qui ont aimé les précédents retrouveront avec plaisir l'humour et le côté "roman d'aventures" qui font le charme de la série. J'aime bien la séquence qui se déroule dans le bar des années 1950, avec les mecs du KGB qui surveillent Indy en train de converser avec celui dont il ne sait pas encore qu'il est son fils. Le tout se termine avec une baston fort bien déclenchée. Très drôle aussi est la poursuite automobile (en forêt) qui voit le fiston, tiraillé entre deux véhicules (mmm, ça mériterait une psychanalyse, ça) se prendre une foule de végétaux dans les burnes !
Le lien fait entre archéologie et science-fiction est toujours aussi intéressant. Les amateurs du genre reconnaîtront les références à la bande dessinée Martin Mystère (dont j'ai appris récemment qu'elle faisait l'objet d'une adaptation en animé, actualisée pour les djeunses...). Le principal atout de ce nouvel opus est le personnage interprété par Cate Blanchett. Elle est très belle, très intelligente, très russe, très bolchevique, très impitoyable... très bandante au fond. J'adore la manière avec laquelle elle écrase une fourmi rouge entre ses jambes ! (Ah, ces bottes de couiiirrr !!)
Justement, cette séquence dite "des fourmis rouges" est de toute beauté, avec quelques plans particulièrement intéressants (notamment celui qui voit un méchant très costaud se faire emporter par la masse d'insectes). Je reproche néanmoins à Spielberg de vouloir trop en faire : les effets spéciaux sont d'un tape-à-l’œil parfois ! De surcroît, le critère de vraisemblance ne semble pas avoir été très présent à l'esprit des scénaristes. Jamais les héros, sur lesquels quelques centaines de balles sont tirées, ne reçoivent la moindre égratignure. Jamais ils ne se plantent à l'occasion de l'une des nombreuses cascades auxquelles ils se livrent pour échapper aux "méchants". Et je ne parle pas de ces bagarres qui s'éternisent, avec un Indiana qui se relève de tous les gigantesques pains qu'on peut lui administrer ! (Pensez qu'en plus il survit à une explosion atomique... Quand on vous dit qu'il a des gonades en béton armé !)
Parlons un peu de lui pour terminer. Je n'ai pas revu les films précédents. J'en suis donc resté à l'impression laissée sur moi par le numéro 3, marqué par la présence de Sean Connery. Ben je trouve qu'Harrison Ford a terriblement vieilli. Il se traîne, le pauvre. Alors, le réalisateur essaie de compenser le statisme de l'acteur par la diversité des plans, mais cela ne convainc qu'à moitié.
Ford vieillissant (un peu comme le Willis de Die Hard, qui s'en sort cependant mieux pour l'instant, mais qu'on a affublé d'une fi-fille très dynamique), on nous prépare la relève. Je sens que le numéro 5 va voir le passage de relais entre Papa Jones (devenu papy) et Fiston Jones. Pour que cela réussisse, il faudra épaissir le personnage de ce dernier, pour l'instant assez superficiel.
21:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 24 mai 2008
Iron Man
Voici le premier super-héros bling bling : c'est un play-boy cynique et surdoué (marchand d'armes de surcroît... Lord of war n'est pas très loin), gosse de riches, harcelé par une horde de potiches friquées, qui porte des lunettes sombres pour ne pas voir la nuit et roule dans des bagnoles moches mais très chères et qui vont vite. Robert Downey Junior (parfait dans le rôle... entre deux cures de désintox et après quelques séances de muscu) se donne à fond. Il est très bien entouré, notamment par la ravissante, la discrète, l'efficace assistante (Gouinette Pas-trop, délicieuse... mais perchée sur des godasses immondes), forcément amoureuse de son patron, forcément dévouée. Un couple archi-classique, mais qui fonctionne bien.
Les 45 premières minutes sont excellentes. Le héros découvre qu'en vendant des armes on peut faire du mal... surtout si ce sont des pas-gentils qui mettent le grappin dessus. A la séquence de démonstration, encore bling bling, succède l'attaque (y a du virtuose à la réalisation, moi je vous le dis) puis la détention. On a droit à un portrait de groupe de talibans et autres djihadistes. C'est criant de vérité... à ceci près que cela conforte en certains points les préjugés de base du spectateur ricain : ils sont quand même un peu crétins ces islamistes ! (Vous noterez au passage le keffieh porté en écharpe par le chef... pas une invention totale... mais lui accorder une telle importance dans le costume n'est pas innocent.) Tout cela se termine par une baston générale, qui voit les malins Occidentaux niquer leur race aux méchants islamistes. Je vous parais peut-être légèrement sarcastique, mais sachez que le film est truffé d'ironie, à la fois dans les dialogues (dès que Downey-Stark est dans les parages) et les péripéties (les débuts de l'apprenti homme-volant sont assez comiques). Tout ce qui précède me conduit à déconseiller ce film aux plus jeunes : c'est trop violent et ils ne comprendront pas nombre de "piques" d'adultes.
Le retour aux States nous vaut d'autres scènes qui dépotent : là les effets spéciaux sont particulièrement mis à contribution : c'est éblouissant. Le plus intéressant est que, contrairement à ce qui se passe dans les autres adaptations de comic books, les acteurs ne sont pas réduits à de la figuration. Downey se démène comme il peut et il se débrouille fort bien, ma foi.
Reste la morale. Je trouve très positif que, dans un film commercial de cette envergure, le commerce des armes soit dénoncé. Sans trop en dévoiler, je peux ajouter que désigner comme ennemi principal non pas l'islamiste mais celui qui les arme est assez gonflé (même si cela peut aussi être interprété comme l'expression d'un complexe de supériorité : on ne conçoit d'ennemi à sa taille qu'issu du monde "occidental"). Mon humeur s'améliore encore quand je perçois une critique du "gouvernement d'entreprise", en particulier du poids des gros actionnaires dans la définition de la stratégie commerciale d'une boîte. Rien que pour cela, merci les gars.
Et rendez-vous au numéro 2.
22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 23 mai 2008
Jeux de dupes
Ouah ! Ouah, ouah ! Ouah, ouah, ouah ! Ouah, ouah ! Ouah !... Eh, oui, ça cabotine un max dans cette tranche de vie signée George Clooney. Les dialogues entre Dodge (Clooney himself, impeccable, tout en charme et autodérision) et Lexie (Renée Zellweger... mmm... délicieuse, piquante... excitante... bon j'arrête, sinon je vais défoncer une pastèque) sont savoureux.
Clooney est à la fois un esthète et un nostalgique. L'image est donc très "léchée" (oui, Renée, tu peux l'être aussi, si tu le veux !), avec un soin tout particulier accordé aux génériques de début et de fin, avec cette succession de photographies censées être d'époque... C'est assez drôle à la fin... Ne sortez pas trop vite ! Les années 1920 me semblent bien rendues, avec une prédilection pour le côté "obscur", non conventionnel : les bars où, malgré la prohibition, on sert de l'alcool, où l'on se mélange entre Noirs et Blancs, où l'on rencontre des femmes de mauvaise vie... N'oublions pas la triche, la débrouille, érigées en système.
L'histoire tourne autour du football américain (oui, je sais, mes chers compatriotes, le "faux" football... soyons indulgents pour nos amis incultes d'outre-Atlantique), un sujet qui est loin de me passionner. C'est finalement très intéressant, parce que Clooney a choisi d'insister sur l'essor du professionnalisme, lié à la fois à la "moralisation" du jeu et à l'arrivée des détenteurs de capitaux dans le secteur.
De l'humour, du romantisme, de l'action (ah cette scène de bagarre avec les bidasses !), dans un cadre volontairement désuet, mais joli. Rien de plus, mais rien de moins. J'en suis sorti content.
19:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 22 mai 2008
Bataille à Seattle
Il paraît que, quand on est proche des altermondialistes, il faut trouver le film caricatural, éloigné de la réalité du mouvement et que, quand on rejette l'altermondialisme, il faut trouver le film trop complaisant vis-à-vis des agitateurs. Reste qu'il montre l'action de ces militants de l'intérieur, plutôt avec empathie, mais il met aussi en valeur le vécu de policiers (un en particulier, joué par Woody Harrelson, excellent) et d'intervenants "officiels" à la réunion de l'O.M.C. organisée à Seattle, en 1999.
Nous les Frenchies, on se souvient certes de la violence qui s'est déchaînée à l'époque, mais on s'est aussi focalisé sur un célèbre moustachu néo-aveyronnais, parti là-bas dénoncer la mondialisation néo-libérale, la taxation du Roquefort (shocking !)... et la malbouffe. Ce film s'inspire à mon avis du Bloody Sunday de Paul Greengrass : par un effet documentaire, en multipliant les points de vue, il vise à faire émerger les causes du dérapage. Comment des manifestants en grande majorité pacifiques et des policiers ayant reçu des consignes de modération ont-ils pu finir par s'affronter violemment ? S'il dénonce les exactions des anarchistes, le réalisateur place clairement la responsabilité sur les épaules des dirigeants des forces de l'ordre et des agents du Gouvernement (ben oui, c'était Clinton à l'époque)
C'est tourné de manière efficace et surtout c'est bien interprété. On notera que les principaux altermondialistes sont tous de beaux mecs ou des gonzesses bien roulées, que la troupe de policiers ressemble un peu parfois à une bande de surfeurs et que nombre de politiques (états-uniens comme étrangers) "présentent" bien. (Salut Isaach de Bankolé !) C'est peut-être la principale limite de ce film qui, par souci de faire passer un certain nombre de messages, joue à fond la carte hollywoodienne.
Une remarque pour terminer. J'ai vu le film en version doublée (en français). Deux erreurs sont à noter : une faute de conjugaison dans le texte affiché, à la fin, et l'obstination à faire dire aux personnages s'exprimant dans la langue de François Fillon "IMF" au lieu de "FMI" (il s'agit du Fonds Monétaire International, autre bête noire des altermondialistes).
18:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 15 mai 2008
Cleaner
Nettoyeur, que ça donne quand on traduit. Le héros (Samuel L. Jackson, vieilli, un peu empâté... va falloir faire un peu d'exercice, mon gars... à moins que ce ne soit pour le rôle ?) exerce une activité particulière : il nettoie les lieux où s'est déroulé un drame sanglant (accident mortel, suicide, assassinat, épilation atomique, émasculation par les oreilles...). Il est très méthodique, maniaque même, obsédé par l'hygiène... et c'est un ancien flic ! N'en jetez plus ! Néanmoins, le personnage n'est pas d'un bloc. Le film se charge de nuancer le portrait. C'est tout de même un type attachant, qui vit avec sa fille. Cela nous donne de belles scènes de famille, tendres ou conflictuelles (la petite, mûre pour son âge, est une ado tourmentée... et le papa a du mal à gérer parfois).
Le talent du réalisateur (qui, s'il n'est pas un génie, est un habile faiseur) s'est porté sur les séquences de "nettoyage". Il a soigné la disposition des caméras, varié le cadrage et les prises de vue. Le verre et les autres matières transparentes (ou translucides) sont souvent mis à contribution. C'est la première séquence de nettoyage (celle qui met en place l'intrigue en fait) qui est la plus détaillée. On aurait pu craindre qu'elle s'apparente à une resucée d'images publicitaires pour produits détergents mais, en fait, c'est très réussi, fascinant parfois (la musique accompagne bien).
Les autres personnages sont travaillés : ils ont une part d'ombre et une de lumière... même les corrompus peuvent faire preuve d'humanité ! Cela donne du corps à l'histoire et introduit de l'incertitude, de la tension : mais qui a tué ? Honnêtement, très vite, j'ai eu des soupçons fondés, mais ce n'est que dans les 20 dernières minutes que l'on découvre le pot-aux-roses. Le personnage principal m'a d'ailleurs semblé résoudre l'énigme un peu abruptement. Comme le film ne dure qu'1h25, je pense que deux-trois scènes intermédiaires ont dû être coupées au montage, ce qui est regrettable.
14:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 09 mai 2008
Beaufort
Il n'est question ni d'un charmant village de France profonde ni d'une mer déchaînée hostile aux pêcheurs. Il s'agit tout simplement du nom d'une fortification construite jadis par les croisés, dans le Sud de l'actuel Liban. L'action se déroule au tournant des XXe et XXIe siècles, peu avant le retrait israélien. C'est la vie confinée d'une poignée de soldats qui nous est montrée.
Visiblement, le réalisateur s'est documenté. J'ai vu dans le générique de fin que c'est tiré d'un livre, sans doute autobiographique. Les relations entre ces jeunes Israéliens aux origines diverses sont décrites avec réalisme et un grand souci du détail. Les contrastes sont forts entre le fils de gauchiste, devenu démineur, le fils de personne, militariste à donf et les appelés du contingent (hé, oui, le service militaire existe encore là-bas... et il dure 3 ans pour les garçons !). Il est souvent question des femmes (les mères, les copines, réelles ou supposées), mais on n'en voit aucune à l'écran (sauf en photo). J'insiste : ça manque de gonzesses !
L'image est soignée, dès le début : je pense à cette scène qui voit la silhouette du soldat finalement s'inscrire dans une des lettres du titre. Comme une bonne partie de l'action se déroule la nuit, on a droit à des jeux d'ombre et de lumière... sympas. Il faut aussi bien faire attention au cadre : à un moment, dans le quartier de repos, pendant que l'un des soldats se débarrasse, on perçoit du mouvement dans un coin : un autre saisit une cigarette puis l'allume... il va bientôt s'exprimer. C'est vraiment joliment filmé. Quelques séquences rappellent que l'on est en guerre, sans chichis.
Deux heures (et cinq minutes), cela fait toutefois un peu long. C'est parfois trop contemplatif. Par contre, la musique est excellente : elle en rajoute dans le côté irréel de certaines scènes, un peu dans l'esprit de certains films d'anticipation des années 1960-1970.
Pour les amateurs : le site du Monde propose le commentaire d'images extraites du film par le réalisateur.
19:20 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 08 mai 2008
La source thermale d'Akitsu
Il s'agit d'une reprise : le film de Kuji Yoshida date de 1962. On redécouvre ce réalisateur japonais, qui m'a semblé s'inspirer à la fois du cinéma "qualité française" classique (genre les films avec Danielle Darrieux) et de la "nouvelle vague" (non, il ne s'agit pas de la nouvelle coupe de cheveux de l'un des fils Sarkozy).
Le début est très intéressant : l'action prend place à la fin de la seconde guerre mondiale. A travers l'histoire de ce soldat malade, on entrevoit un pan de la société japonaise à la veille de la défaite. La première rencontre avec l'héroïne (superbe actrice, au passage) est joliment filmée. Le metteur en scène sait utiliser les contrastes d'ombres et de lumières pour suggérer les sentiments. Mais après ce bon début, cela s'enlise. C'est un mélo ennuyeux, où tout est surligné par une musique envahissante (assez de violons !). La fin est attendue.
Voilà pour le commentaire de l'Occidental de base. Mais, si l'on change de point de vue, on peut voir ce film comme l'étude de l'échec du don. Ce soldat n'a pas compris qu'il était redevable à cette jeune femme qui lui a sauvé la vie. En échange, elle demandait son amour. Pour couronner le tout, je dois dire que le "héros" m'est particulièrement antipathique : c'est un gamin attardé, capricieux et superficiel. (Tiens, prends ça dans les burnes !)
18:15 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 07 mai 2008
[Rec]
Les Espagnols ont effectué une appréciable percée dans le cinéma de genre, d'épouvante dans le cas qui nous occupe. [Rec] louche à la fois sur les longs métrages espagnols (et états-uniens) qui ont été précédemment consacrés aux phénomènes "surnaturels" (mais avec une explication somme toute rationnelle...) et sur Le Projet Blair Witch. Le film qui nous est présenté est supposé être l'enregistrement de la caméra du duo de reporters qui suit des pompiers, une nuit, dans leurs interventions. On a donc du direct, du off, du refait... bref, on ajoute aux séquences "filmiques" classiques tout ce qui est d'habitude coupé au montage. Le principe est grosso modo respecté, en dépit de quelques entorses (avec la scène de "retour en arrière" notamment).
Ce n'est pas très effrayant, surtout à partir du moment où on a compris la source des "problèmes"... et surtout quand on a compris comment cela va se terminer. Cela se regarde néanmoins sans déplaisir.
Les meilleurs moments du film sont ceux qui mettent en scène une vision assez caustique des médias. Cette petite équipe de journalistes veut du sensationnel (ils espèrent un bon incendie, histoire de mettre en boîte une séquence qui déchire) est assez puante sur le fond. On les sent souvent méprisants vis-à-vis des gens qu'ils interrogent et ils sont prêts à enfreindre toutes les règles pour avoir leur "sujet".
13:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 25 avril 2008
sTarko
... Un an dans la peau de Sarko. Il s'agit du dernier film de notre GERPAF (gentil rebelle du paysage audiovisuel français) préféré, Karl Zéro, réalisé avec sa chère et tendre Daisy d'Errata. Je ne savais même pas qu'ils préparaient quelque chose sur le nouveau président français. J'ai entendu Zéro sur France Inter, dans l'émission Le Fou du roi. Ben, du coup, quand je suis passé chez mon marchand de journaux, mercredi, j'ai acheté VSD (voilà le genre d'info que je me garderai bien de communiquer à mes collègues de travail...), avec lequel il était possible de se procurer le DVD du film.
C'est entraînant. La musique est vraiment agréable, gaie, et se marie bien avec les choix graphiques : aux images "d'archives" (ça n'est pas vieux, tout de même) sont ajoutées des animations (au début surtout) qui rappellent les comédies des années 1970 : Nicolas Sarkozy y fait figure d'un Louis de Funès de la politique.
Pour moi qui ne possède pas de poste de télévision (bon, d'accord, il m'arrive de la regarder chez des ami-e-s ou dans la famille), quelques extraits furent de totales découvertes (le reste m'étant parvenu par le biais d'internet, de la presse ou de la radio).
Il faut voir cela comme l'un des précédents films de Zéro, Dans la peau de Jacques Chirac : la satire n'est pas virulente, peut-être pas par manque de volonté, mais du fait de la technique utilisée. Les auteurs ont réalisé un montage d'images d'actualités, parfois inédites (issues du off, ce qui est filmé avant et après une intervention diffusée), mais ils ont peu enquêté. C'est pourquoi leur critique du clinquant sarkozien s'apparente elle-même à du journalisme "pipole", avec un peu de recul toutefois. Les réflexions sur l'économie et la fiscalité, par exemple, sont quasiment absentes du film, alors que cela devrait être le plus important. C'est l'accessoire (l'image) qui apparaît essentiel.
En cela, le film ne se démarque pas du travail habituel des journalistes français (qu'ils apprécient ou détestent Nicolas Sarkozy) : il est un peu superficiel... et surtout, il est plus dur pour les adversaires de l'actuel président que pour celui-ci, puisque le texte (savoureux) écrit par Karl Zéro, est lu par la "voix" de l'ancien ministre de l'Intérieur (excellent Michel Guidoni). Si Nicolas Sarkozy, vu la place qu'il occupe dans le film, est tour à tour mis en valeur et dénigré, ses adversaires (pour les rares fois qu'ils apparaissent) ne jouissent que d'un traitement défavorable (les moins maltraités étant peut-être François Hollande et Dominique Strauss-Khan). On pourrait s'amuser à analyser la pensée politique de Karl Zéro à travers ce qu'il fait dire à Nicolas Sarkozy...
Sur le site de K. Zéro, on peut trouver l'auto-interview des deux comparses :
19:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique
mercredi, 23 avril 2008
Taken
Il y a des avantages cinéphiliques à résider dans une région rurale. Ainsi, quand on a raté un film à sa sortie dans les "grandes villes" (25 000, 30 000, 50 000 habitants au maximum, on reste dans le convivial), on peut se rattraper quelques semaines plus tard dans un cinéma plus "campagnard".
Bryan (Liam Neeson, insubmersible) n'est pas une tarlouze. C'est le principal message de ce film. Et pourtant, au départ, on a un peu l'impression de se trouver face à une "chochotte" : il vit mal son divorce (son ex s'est maquée avec un millionnaire vieux et moche) et a lâché son boulot (qu'il adorait pourtant) pour se rapprocher de sa fille, qui, en fait, n'est pas très attachée à lui. C'est une figure classique du "gentil bourrin", bosseur, honnête, mais pas forcément facile à vivre.
Bien vite, on s'aperçoit que le héros a des burnes de mammouth. Bon, déjà, sa femme et sa fille auraient dû l'écouter et se méfier de ces vacances à Paris. Très vite, il prend les choses en mains. Il va buter toute une bande de proxénètes albanais (une belle brochette d'enculés, il faut le reconnaître), en deux temps, sans recevoir la moindre égratignure. C'est que Bryan est un ancien agent spécial des Etats-Unis, c'est vous dire s'il peut enfumer sans problème les flicards frenchies (à moitié pourris de surcroît). C'est dynamique, trépidant même ; les scènes de baston sont bonnes, tout comme celles de poursuite automobile.
Là où on se rend compte que Bryan est vraiment un type formidable, à mi-chemin entre John Rambo et le James Bond incarné par Sean Connery, c'est quand il pénètre dans l'immeuble parisien où se déroule une vente sordide. Bien entendu, il s'en sort, mais avec plus de difficultés : il affronte des Blancs, donc des adversaires plus redoutables que ces pieds-nickelés d'Albanais, tout juste bons à brutaliser des gonzesses.
L'apothéose vient sur un yatch, sur la Seine, quand notre héros zigouille une floppée de serviteurs interlopes d'un potentat oriental (arabe) pervers, débauché, lâche... un gros vilain quoi. Le sang gicle à nouveau mais il faut noter que, de manière générale, on a davantage soigné les effets sonores (les membres qui craquent, les muscles et les chairs que l'on déchire, les têtes que l'on fracasse etc) que les projections d'hémoglobine.
Derrière cet excellent film d'action se cache une mentalité pas franchement progressiste. La fille est "sauvée" parce qu'elle est encore vierge alors que sa copine, qui a déjà connu le(s) membre(s) masculin(s), s'en sort moins bien. A travers la France, c'est l'Europe qui est décrite comme une zone dangereuse, où l'on ne peut faire que de mauvaises rencontres. Les flics français sont dépeints soit comme des lourdauds, soit comme des corrompus complètement imperméables aux droits de l'homme. Ceci dit, le héros n'en est pas un meilleur apologiste : pour défendre sa fille, il applique une méthode : tuer... éventuellement torturer. C'est tout ce que méritent proxénètes, hommes de mains, trafiquants, flics indignes... et même leur famille !
On pourrait se dire, après tout, que cette vision manichéenne et paranoïaque est bien dans le ton du conservatisme au pouvoir à Washington, mais le problème est que le réalisateur, Pierre Morel, est français (il a été directeur de la photographie sur Taxi 4)... et que le scénario a été coécrit par Luc Besson, qui produit le film ! Ou comment des Français passent par le biais américain pour mettre en scène leurs fantasmes sécuritaires...
17:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 21 avril 2008
Passe passe
Voici une deuxième comédie sur l'affaire Elf. Après L'ivresse du pouvoir de Chabrol, avec l'excellente Isabelle Hupert en juge Eva Joly, Tonie Marshall a choisi de mettre en lumière Christine Deviers-Joncour, incarnée ici par Nathalie Baye (qu'on a appelée "Irène"). Guy Marchand est chargé d'interpréter Roland Dumas, ancien ministre des Affaires Etrangères (ici successivement aux affaires Sociales et à l'Environnement). On a aussi légèrement modifié le contexte de la corruption : il s'agit de Coréens (du Sud) et non de Taïwanais mais, dans les deux cas, un intermédiaire joue un rôle ambigu dans une vente d'armes (le Taïwanais Andrew Wang devient le beau gosse coréen qui s'accroche à Nathalie Baye).
La critique sérieuse n'a pas aimé le film. Est-ce pour des raisons morales ou cinématographiques ? Il est vrai que Nathalie Baye, éblouissante, réussit à rendre sympathique un personnage d'insupportable poule de luxe... mais je crois surtout que Tonie Marshall ne bénéficie pas de la même "cote" que Claude Chabrol auprès des penseurs autoproclamés du cinéma hexagonal.
Et pourtant... que les acteurs sont bons ! C'est un régal ! Vraiment, Nathalie Baye est délicieuse en fausse ingénue, amoureuse des plaisirs et du luxe, pas si bête au fond. Edouard Baer est très bien... mais il fait de l'Edouard Baer, donc, si vous ne l'appréciez pas... Les seconds rôles sont excellents sauf, paradoxalement, Guy Marchand, dont j'attendais mieux. On a notamment droit à Joey Starr, criant de vérité en gros beauf (mais qui se fait piquer sa BMW par le héros... je suis persuadé que la firme allemande a lâché la thune pour ce film, qui se transforme parfois en publicité scénarisée pour la bagnole !) : on connaît tous au moins un sale con dans le genre... Les amateurs de grossièretés seront ravis puisque, outre les éructations du beau-frère, on entend périodiquement les élucubrations scato-sexuelles d'une ravissante personne atteinte du syndrome de Tourette (je dois avouer queue, durant ces scènes, j'étais à la limite de l'érection).
Un peu de densité humaine est donné à l'histoire par l'intermédiaire du personnage de la mère (Bulle Ogier, pas mal, sans plus). Après Cortex, Passe passe est le deuxième film commercial français récent à mettre en scène la maladie d'Alzheimer et ses conséquences sur les relations avec les proches. C'est montré de manière digne, parfois comique.
Ajoutez là-dessus une musique légère, judicieusement placée, et vous obtenez une comédie bien menée, pas endiablée, mais très agréable.
15:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 16 avril 2008
Le dernier repas
Le titre fait allusion à la fin du film : on y voit les deux familles (du moins, ce qu'il en reste) recomposées partager, chacune de leur côté, leur dernier repas terrestre avant de partir pour Mars. Ne croyez pas cependant qu'il s'agisse d'un film de science-fiction. Les effets spéciaux sont absents ; le départ pour Mars n'est qu'un prétexte. On aperçoit, de temps à autre, à l'arrière-plan, les gratte-ciel d'un centre-ville que l'on imagine futuriste mais, et c'est là l'un des atouts de ce film, on nous présente surtout "l'arrière-cour", cette partie abandonnée par la technologie et la belle vie moderne.
Les dialogues sont peu nombreux : c'est par l'image que le réalisateur fait passer ses messages. C'est globalement sombre, limite sordide. On a le père et le fils qui vont se retrouver ; le premier, quinqua esseulé, va payer une jeunesse pour tirer son coup, le second (qui s'est peut-être fait violer en prison, on ne sait pas trop), séropositif (il suit une trithérapie visiblement), devient une sorte de "gogo danseur". Les scènes de spectacle sont d'ailleurs très belles, avec une musique fascinante. Au-delà de l'esthétisme, le réalisateur veut montrer que tout se monnaie en ce monde merveilleux. Point d'amour, mais du sexe tarifé.
La deuxième famille est (presque) exclusivement féminine. La grand-mère veut découvrir le plaisir des sens avec un petit jeune... qui va être le gogo danseur. Sa fille est quittée par son mari, un cadre qui la trompe avec sa secrétaire (dans une scène hilarante, l'épouse découvre son cocufiage... et amorce un étrange dialogue avec l'époux qui continue à besogner sa greluche) ; elle apprend aussi la mort de son fils (peut-être battu à mort en prison). La petite-fille, laide et obèse, veut s'offir une opération de chirurgie esthétique. Pour cela, elle accepte, contre rémunération, de coucher avec un quinqua esseulé (vous voyez qui cela peut-être)...
C'est étrange, parfois captivant, parfois ennuyeux, pas tout à fait dans la lignée des films sud-coréens qui ont connu le succès ces dernières années.
13:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 15 avril 2008
Mongol
Gengis Khan, vous connaissez ? Le conquérant, le cavalier mongol, tout ça, tout ça. (Chez les Asiatiques, c'est un peu l'équivalent de notre Napoléon.) Bon ben là on nous propose la vie de Temudjin AVANT qu'il ne devienne officiellement Gengis Khan. C'est une fresque historique qui suit la trame d'un roman de formation. C'est filmé avec le savoir-faire des Russes, en mongol et en chinois, dans des paysages kazakhs, mongols et chinois.
C'est bien joué, joli à regarder, avec tout plein de chevaux, du tir à l'arc, des combats, du sang qui gicle... et une histoire d'amour bien particulière ! La promise que se choisit le jeune Temudjin devient un canon de chez canon (rendons grâce au directeur de casting)... avec un caractère trempé, ce qui ne gâche rien. Il faut regarder cela comme on irait voir Guerre et paix : l'histoire me semble pas mal romancée, mais c'est très supportable.
Quand je disais "une histoire d'amour bien particulière", je pensais à la conception de la fidélité des personnages : plutôt que de sauver la virginité de son épouse, le héros attend un an pour se venger et fait sien le fils qu'elle a eu de son ravisseur. Par la suite, on nous laisse clairement entrevoir que, pendant les longues séparations d'avec son héros de mari, elle n'est pas restée inactive (et d'abord, elle n'était même pas sûre qu'il allait revenir). Cela pourrait être finalement assez proche de la réalité, alors que le portrait que l'on nous trace du futur Gengis Khan est une véritable image d'Epinal : courageux, intelligent, endurant, fidèle, respectueux de ses hommes...
20:10 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 14 avril 2008
Les larmes de madame Wang
Cette madame Wang est l'héroïne de cette histoire, une ancienne actrice devenue vendeuse à la sauvette et enfin pleureuse professionnelle. Si le film nous montre les difficultés qu'elle rencontre dans cette Chine de plus en plus "moderne" (c'est une provinciale, "montée" à Pékin, contrainte de revenir dans sa ville d'origine), le personnage n'est pas sympathique pour autant. Elle me paraît être limite une pétasse anorexique (un genre qui fait triper nombre de réalisateurs visiblement) immature... et cynique.
L'arrière-plan est sombre : dans le pays du néo-capitalisme triomphant, c'est chacun pour sa pomme. Les parents y abandonnent les enfants, l'amour n'est pas une valeur sûre, les médisances vont bon train et tous les moyens sont bons pour se procurer de l'argent (tout se monnaie). Pourtant, de l'espoir subsiste et l'humour n'est pas absent. Je recommande tout particulièrement la séquence qui voit l'héroïne tenter d'animer ses premières funérailles.
Comme c'est du cinéma réaliste, on nous plante bien le décor : on découvre une ville aux quartiers parfois sordides, des immeubles où la salubrité et le degré d'intimité sont faibles et des institutions qui n'ont pas pour principal but d'améliorer la vie des pauvres (l'hôpital, la prison). Un film fort mais pas franchement porté sur l'optimisme.
18:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 13 avril 2008
Les toilettes du Pape
Bienvenue dans le Tiers Monde !... euh, pardon, dans les "pays en développement" ! En Uruguay plus précisément. Oui, vous voyez, ce petit pays entouré du Brésil et de l'Argentine, jadis terre de footballeurs de talent. Il fut même surnommé "la Suisse de l'Amérique du Sud". Autant vous dire que, dans ce film, on nous en présente une tout autre image. Les héros sont des travailleurs informels, qui habitent des bidonvilles. Les hommes font souvent du trafic transfrontalier (le Brésil n'est pas loin), à bicyclette pour les plus moins riches, à moto pour ceux qui montent en grade. Le but est d'éviter les patrouilles de douaniers.
Le réalisateur a un vrai talent pour filmer des cyclistes, leurs efforts, leurs conversations, leurs ombres, le tout dans un cadre magnifique. Il ne cherche pas à idéaliser ses personnages : la lutte pour la survie ou pour un début d'aisance pousse certains d'entre eux à jouer des "coups fourrés", y compris à des proches. Au village, les femmes exercent d'autres travaux...et les enfants n'ont guère d'espoir de sortir de ce gourbi... sauf, peut-être, la fille du personnage principal, prénommée Silvia, interprétée avec talent par la jeune Virginia Ruiz. (On reparlera de cette actrice, moi j'vous l'dis !)
Ce petit monde voit sa vie bouleversée par l'annonce de la venue de Jean-Paul II (on est en 1988). Beaucoup y voient une perspective d'enrichissement. On assiste alors à un déferlement d'initiatives : ces pauvres déploient des trésors d'imagination, s'endettent et travaillent (encore) plus pour gagner plus : certains fabriquent des fanions, d'autres des tartes, d'autres des beignets... sauf le héros, qui pense que la foule qui ne manquera pas de se masser aura plutôt envie de se vider que de se remplir. Je ne vous raconte pas la fin, mais je peux vous dire qu'on nous offre une belle satire : de l'esprit d'entreprise, du clergé, des médias, de l'intégrité des douaniers et de la naïveté des pauvres.
La salle dans laquelle je me trouvais était comble et les rires ont fusé.
17:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 12 avril 2008
The eye
Prenez une actrice bien roulée (genre Jessica Alba). Affublez-la d'une infirmité (la cécité par exemple). Faites lui rencontrer diverses difficultés. Assaisonnez le tout d'éléments de scénar piqués à droite à gauche. Agitez bien fort. Embauchez un réalisateur pas mou du genou et vous obtiendrez ce petit polar ésotérique, dans lequel la musique n'oublie pas de souligner quand il faut commencer à avoir peur.
J'ai l'air de ricaner mais, en fait, j'ai aimé. Les acteurs font bien leur boulot et, à ma grande surprise, le déroulement de l'histoire suit quelques méandres pas désagréables, ma foi. On a notamment droit à une description assez réaliste de la vie d'une aveugle... une aveugle pas ordinaire cependant, puisqu'elle est soliste dans un orchestre (elle joue du violon).
L'argument ésotérique est lié à des morts violentes, comme vous pouvez le supposer. On retrouve ici le thème de la communication entre le monde des vivants et celui des défunts, avec une transgression des règles qu'il faut parvenir à maîtriser. Pour filer davantage les jetons au spectateur ricain de base, on l'envoie faire un tour dans les bidonvilles mexicains... et pour que ces dames prennent un peu de plaisir à cette intrigue sanguinolente, on balance dans les pattes de la charmante héroïne un thérapeute qui doit être craquant.
19:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 10 avril 2008
Bande de Biloutes !
Après plus d'un mois, un soir de semaine, à la séance de 22h30, c'est plus tranquille : seule une douzaine de personnes assistaient à la séance (de Bienvenue chez les Ch'tis, bien sûr !). Par contre, la précédente, celle de 20h15, était presque complète. A la sortie, j'ai observé les spectateurs. Le public était étonnamment âgé (plus de 50 ans de moyenne, à mon avis)... et pas familier des salles obscures, tout comme celui de ma séance : je voyais les personnes ne sachant où s'installer, hésiter pour enlever leur pardessus, croire que le film commençait alors qu'il s'agissait de bandes-annonces etc.
Et le film, dans tout ça ? Une bonne comédie, pas prise de tête, bien interprétée... et "formatée" : elle ne contient pas de grossièreté (en français en tout cas), ni de scène de sexe, encore moins de violence ; c'est donc un spectacle idéal pour les 7-77 ans. Disney aurait pu produire ce film, tellement il est gentil (sauf pour l'épouse du héros, sorte de pétasse un peu cruche). Je trouve le scénario un peu faible. C'est très prévisible : dès le début, on comprend comment va se finir la scène avec le fauteuil roulant, on comprend aussi très tôt pourquoi le personnage interprété par Kad Mérad (très bon au demeurant) se fait arrêter par les gendarmes (Patrick Bosso très convaincant !) et on voit clairement où tout cela va aboutir.
Heureusement, les gags sont bons, en général. J'ai aussi beaucoup aimé les compositions de Line Renaud (en mère acariâtre et possessive ch'timie) et de Stéphane Freiss (l'ex-jeune premier s'est bien reconverti, ici en collègue DRH particulièrement anxieux). A mes yeux, la meilleure séquence est celle qui voit les Ch'tis pourrir le séjour de l'épouse du héros, quand elle débarque dans leur riante contrée. Cette forme de surlignage excessif des clichés les plus éculés est fort réjouissante !
10:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 04 avril 2008
Redacted
Encore un film sur la guerre en Irak ! Oui, encore ! Un film qui se détache un peu des précédents sur le plan formel : il est un assemblage de séquences filmées de manières différentes, présentées comme étant produites par les personnages du film. Ainsi, l'un des militaires états-uniens, qui veut intégrer une école de cinéma, filme son environnement irakien avec une caméra numérique de base (il implante même une micro-caméra dans son casque), une équipe de journalistes irakiens filme un reportage, une autre équipe de journalistes (américains, ceux-là) suit, "embarquée", les soldats en intervention. Ajoutez à cela une caméra de surveillance, un journal télévisé local, le film d'un terroriste et des séquences diffusées sur internet (dont une à partir d'une webcam) et vous aurez un aperçu de la diversité des "outils filmiques". Ah, oui, j'oubliais : plusieurs séquences sont présentées comme extraites d'un reportage "qualité française" (dans l'esprit d'un Américain) sur la situation en Irak. Le texte est dit en français. Savoureux !
Derrière cet habile assemblage se profile un questionnement : quelles sont les séquences qui transmettent le mieux la réalité ? Celles des professionnels, rationnelles et propres sur elles, ou celles des quidams, maladroites, baroques et pleines de vie ?
De manière générale, le ton est souvent ironique, surtout au début. La deuxième partie du film vire au tragique, à l'odieux... et malheureusement, ce n'est pas inventé, puisque l'intrigue est calquée sur une série de faits divers auxquels des soldats du pays de la Liberté ont été mêlés. Cela donne un grand film politique, qu'il faudrait faire voir à tous les responsables qui ont dans la tête un renforcement du partenariat franco-américain dans le domaine militaire. Il y a une certaine parenté avec l'excellent Battle for Haditha dont j'ai causé dans un billet du 22 mars dernier. Les deux s'inspirent de la réalité, sans chercher à la magnifier à la sauce hollywoodienne (Redacted contient notamment deux scènes d'une grande crudité, celle du chef de troupe qui se fait exploser par une mine, devant ses hommes, et celle du viol d'une jeune fille irakienne par des soldats yankees)... et les deux ont été tournés au moins en partie en Jordanie.
La fin de Redacted nous propose (sur une musique un peu grandiloquente) de vraies photographies, où l'on perçoit la source de certaines scènes du film (la femme enceinte flinguée à un barrage et l'adolescente violée).
Je mets un bémol à mon enthousiasme : j'ai vu le film en version originale sous-titrée (pas à Rodez, dont les cinémas sont quasi sinistrés dans ce domaine, mais à La Strada, le récent mini-complexe de Decazeville... et vive les cinémas subventionnés !) et le texte français, en blanc, était parfois peu visible sur fond clair. Pour les personnes qui captent quelques mots de la langue de George W Bush, cela passe, mais je plains les autres...
18:23 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 01 avril 2008
Be kind rewind
... ce qui nous donne, en bon français, Soyez sympas rembobinez (si la traduction est littéralement juste, elle nous prive hélas de l'assonance). Après avoir réalisé un (grand) film hollywoodien (le génial Eternal Sunshine of the spotless mind), après avoir réalisé un film expérimental français (le délicieux La Science des rêves), Michel Gondry revient avec un film expérimental consacré au rêve hollywoodien. On y fabrique du cinéma à la mode artisanale... le tout enrobé de trucages numériques. Gondry est un très bon bidouilleur, farfelu à souhaits.
C'est aussi l'histoire d'un quartier dont un immeuble est voué à la démolition. Le vidéo-club un peu nase est à l'image de nombre des habitants : sympathique, un peu bordélique, dépassé par les événements. Une décharge électrique maousse va apporter un peu de dynamisme à cet univers mélancolique. Les acteurs se "donnent", à commencer par Jack Black, bien encadré par Danny Glover, Mia Farrow, Mos Def et Melonie Diaz.
A travers les films qui sont parodiés (Ghostbusters, When we were kings, Miss Daisy et son chauffeur...), Gondry rend hommage à la fabrique de l'imaginaire... mais il se moque aussi : nos apprentis cinéastes sont capables de créer des oeuvres qui suscitent l'engouement. Voilà, ça ne va pas plus loin, mais on passe un sacré bon moment !
11:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 31 mars 2008
Les femmes de l'ombre
J'ai tardé à voir ce film, d'abord parce que la bande-annonce m'avait fait redouter le pire et parce qu'un collègue, qui y était allé avant moi, en était sorti déçu. L'héroïne incarnée par Sophie Marceau a réellement existé et le film est nourri de références historiques (durant le générique de début, on nous présente des photographies d'époque montrant des femmes engagées dans la guerre, pas forcément françaises d'ailleurs et, à la fin, on peut voir un reportage britannique sur la préparation du Débarquement), mais il s'agit d'abord d'un film d'aventures, où l'on ménage nombre de rebondissements, le tout souligné par une musique de circonstance.
Finalement, ce n'est pas si mal, assez prenant. Sophie Marceau est tout à fait convaincante en "dame de fer" de la Résistance (en fait, agissant pour les services secrets britanniques, pas pour la France Libre) et Moritz Bleibtreu est excellent en officier nazi (jouant de surcroît dans trois langues). Par contre, je trouve les compositions de Julien Boisselier et Julie Depardieu plutôt maladroites. L'autre défaut du film est l'invraisemblance de certains rebondissements. Je sais bien que l'époque a été propice aux situations abracadabrantesques, mais quand même, parfois, c'est vraiment limite. On a aussi, semble-t-il, voulu ménager la sensibilité du public, en atténuant la représentation des tortures subies par les résistants faits prisonniers par les nazis. On en perçoit bien la cruauté, mais pas tout à fait l'inhumanité (sauf quand l'une des femmes se fait arracher un ongle). Il est par exemple étonnant qu'aucune allusion ne soit faite à des violences sexuelles.
Il reste une histoire de femmes, dans un monde d'hommes, une troupe hétéroclite, aux motivations disparates.
10:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 30 mars 2008
Crimes à Oxford
Cela aurait pu s'appeler Amour, crimes et mathématiques, mais les producteurs voulaient sans doute un titre plus accrocheur. C'est un polar cérébral, qui mêle l'intrigue sentimentale, les rancœurs étouffées et le petit monde des mathématiciens d'Oxford. En fait, il s'agit davantage de logique que de mathématiques pures : ne vous attendez pas à une adaptation cinématographique de la série Numb3rs.
Le plus surprenant est que ce polar reste assez "intello". C'est l'histoire qui se plie (parfois de manière presque invraisemblable, il faut le reconnaître) à l'argument "scientifique" et non pas l'inverse : on aurait pu s'attendre à ce que l'enrobement mathématique soit très superficiel. (Le scénario a dû être très travaillé.) Cela donne plus de force au film, à mon avis.
Les acteurs sont excellents, de John Hurt à Dominique Pinon en passant par Julie Cox. On a soigné les seconds rôles, condition sine qua non de la réussite d'un film policier qui tient la route. Dans le rôle principal, Elijah Wood poursuit ses efforts pour faire oublier Frodon. Pour attirer le public djeunse, on lui met dans les pattes une ravissante brune, à la poitrine généreuse et bien faite (tout cela m'a l'air naturel, tant dans la forme que dans le pendouillage que l'on a l'occasion d'observer... Oui, la dame du fond ?... Vous dites ?... Je suis obsédé ? Pas du tout voyons !... Enfin, si peu...), mise en valeur de manière quasi ostentatoire (bonjour les décolletés et les prises de vues plongeantes...) lors de chaque scène où intervient ce personnage. Je vois bien la production, effrayée par l'intellectualisme du scénar, injecter un peu de fesse pour épicer l'affaire. Cela se sent à la vision du film : les séquences amoureuses m'ont paru assez fades, surjouées.
Pourtant, de manière générale, la mise en scène est habile. J'ai notamment en tête un long plan (deux minutes ?... ben oui, dans le cinéma actuel, où 80 % des réalisateurs ne savent pas construire un plan de plus de 10 secondes, c'est l'équivalent d'un siècle), dans la première moitié du film, absolument somptueux. Indice : c'est une scène d'extérieur.
La fin du film nous propose bien entendu un retournement, assez habile ma foi, qui nous ramène à la logique.
16:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma