dimanche, 29 octobre 2006
Une vérité qui dérange
Physiquement, Al Gore a un petit peu changé : il a vieilli, s'est empaté, mais, intellectuellement, il est au top et il a su trouver les moyens de rendre ses idées audibles. Il joue sur l'autodérision, mais on sent qu'il a encore en travers de la gorge le décompte des voix de novembre 2000. Résultat : 8 ans de perdus pour le pays et sans doute la politique étrangère la plus stupide depuis que les Etats-Unis existent.
Le film nous montre Gore en déplacement, en conférence, préparant celle-ci (construisant ses documents d'appui, par exemple : vive l'ordinateur portable !), cherchant à l'améliorer. Pour bétonner ses interventions, il se fonde sur une foule de données statistiques, le résultats de nombreuses recherches. C'est globalement très convaincant (même si l'accumulation peut parfois lasser), d'autant plus qu'il a recours à quelques procédés très visuels (par exemple le coup de l'élévateur automatique !). Sur la forme, il est très bon parce qu'il utilise des analogies (par exemple entre le tabac et le réchauffement, entre le nucléaire et le réchauffement). Il aurait peut-être pu nuancer un peu sur le lien entre le réchauffement climatique et la fréquence des cyclones (pas encore unanimement reconnu par la communauté scientifique), ou encore rappeler que, si à l'ouest de l'Antarctique la glace fond, il n'en est pas de même à l'est. On appréciera les quelques piques lancées à l'administration Bush, dont certains membres ont une grande faculté de reconversion (dans le milieu pétrolier).
J'ai aussi aimé la manière dont Al Gore part de son vécu pour border certaines questions. Toute la partie sur le tabac et sa culture, la ferme de son père, le cancer de sa soeur, est très touchante.
Reste, au-delà du film, l'action citoyenne : le début du générique de fin donne quelques conseils simples, que la plupart des spectateurs connaissent déjà à mon avis. Mais cela ne peut pas faire de mal.
Le site officiel :
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samedi, 28 octobre 2006
The Queen
Que Dieu sauve Helen Mirren ! Elle est la pierre précieuse dont ce film est l'écrin. Elle réussit à incarner Elizabeth II de manière saisissante, à tel point que, désormais, on serait légitimement amené à se demander, en regardant la vraie reine, qui est cette personne qui s'évertue à imiter Helen Mirren ! Un gros travail d'observation a été fait quant à la gestuelle, aux déplacements. Du coup, comme les dialogues sont ciselés, la reine paraît peut-être plus sympathique qu'elle ne l'est en réalité. C'est qu'elle est adorable, cette souveraine qui conduit son 4 x 4, connaît un peu de mécanique et finalement souhaiterait préserver un magnifique cerf (elle ne va toutefois pas au bout de son envie, un trait caractéristique du personnage, formaté par une éducation des plus rigides). Ceci dit, moi, j'aime bien : ce côté digne, guindé, mais aussi cette finesse d'esprit, ont leur charme. Le film a le mérite de nous faire toucher du doigt le fonctionnement de cette monarchie parlementaire particulière... avec une famille royale assez méprisable, mais sans plus. De ce point de vue Frears a perdu le mordant de sa jeunesse : si quelques piques sont lancées, le tout reste assez lisse.
Mais c'est le traitement de l' "affaire Diana" qui m'a le plus déçu. Frears reprend pendant quasiment tout le film la version de la "princesse du peuple", tuée (au moins moralement) par une belle-famille perverse qui ne l'a jamais acceptée (mais, pour faire contrepoids, cette famille apparaît comme pas si inhumaine finalement, du moins certains membres). Les dirigeants travaillistes sont montrés sous un jour positif : ils ont compris l'émotion populaire et sont en prise avec leur temps. J'y vois au contraire une forme de populisme. Le rôle de la presse de caniveau (dans la mort de Diana) est à peine évoqué (pour être aussitôt rejeté par ce bellâtre suffisant de Campbell). Il aurait fallu que M. Frears (ou son scénariste) approfondisse un peu la question. Cette marée de moutons qui se pressent avec leurs bouquets (et les messages plus ou moins débiles qui les accompagnent) sont les mêmes que ceux qui se ruaient sur les magazines consacrés à Diana. Par leurs achats (et par l'audience qu'ils accordaient aux émissions télévisées où il était question de l'ex miss Spencer), ils ont encouragé toutes les dérives. Il est vraiment dommage qu'un type comme Frears n'ait pas davantage fouillé son sujet. Valérie Lemercier, dans Palais Royal, avait pointé avec talent les ambiguïtés de la princesse décédée. Pour une fois, des Français se sont montrés plus subtils (bien que dans une comédie loufoque). Le recul, peut-être ?
19:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 27 octobre 2006
A scanner darkly
C'est étrange : j'ai très peu entendu parler de ce film, alors qu'il est très original, tant au niveau de l'histoire (adaptée de Philip K. Dick) que de la forme (avec la capture de l'aspect des acteurs transformée ensuite en animation colorée). Je trouve que ce n'est pas une simple coquetterie : c'est particulièrement bien adapté au sujet : la drogue, les conséquences de sa consommation régulière, le monde interlope des trafiquants et le côté fantastique de la représentation d'une société ultra-sécuritaire.
Côté acteurs, on a du lourd : la bande de mecs est saisissante (avec Keanu Reeves et Robert Downey Junior excellents... les autres, moins connus, aussi !) et Winona Ryder est à croquer. Surveillez attentivement les dialogues : c'est du grand art, surtout quand Downey Jr se lâche ! Au niveau de la trame, on est dans du traditionnel : un film de dénonciation, qui s'appuie sur des éléments d'anticipation et pointe le pouvoir trop important de certaines "corporations".
Vraiment un film à voir !
20:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Les Berkman se séparent
Bon, ce n'est pas une sortie des plus récentes, mais tout lemonde n'a pas la chance de vivre dans ou à proximité d'une ville universitaire. C'est une tranche de vie qui est située au milieu des années 1980, avec la musique américaine de l'époque. A la base, ça n'a pas l'air palpitant : dans le quartier intello juif de New York, un couple est en crise. Les deux gamins ont du mal à absorber le choc. C'est d'ailleurs à l'un d'entre eux que le titre anglais du film fait allusion : "The squid and the whale".
Finalement, le film est délicieux. Il est très bien interprété : les acteurs sont d'un réalisme épatant (mention spéciale à Laura Linney, sublime). Le scénario est nourri de détails quotidiens qui rendent le tout parfois croquignolesque (je pense que c'est à l'un des deux gamins, devenu réalisateur ou scénariste, que nous devons le film)... sans que les clichés ne soient absents : le père va se taper une jeune (une de ses étudiantes), sur laquelle va fantasmer un de ses fils, tandis que la mère va s'envoyer en l'air avec (entre autres) le prof de tennis (William Baldwin efficace).
La psychologie des ados est travaillée. L'aîné en veut à mort à sa mère pour ses infidélités et choisit de prendre le parti de son père ; du coup, il semble envisager ses rapports avec les filles de manière différente, alors qu'en fait, il n'aspire qu'à retrouver une certaine intimité avec cette mère finalement si femme (et donc sexuée). Le cadet choisit la maman et rejette le père. Cependant, son comportement (les jurons, l'alcool, les prémices de la sexualité mal gérés) montre qu'inconsciemment il cherche à s'identifier à son père.
19:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 25 octobre 2006
La citadelle assiégée
C'est à la fois un documentaire et une fiction. C'est d'abord une fiction parce que l'histoire qui nous est racontée a été écrite à l'avance et les comportements des "acteurs" programmés, suscités. C'est aussi un documentaire parce qu'il filme de véritables animaux (et pas que des insectes : le caméléon, notamment, est saisissant), agissant "naturellement". Sur le site internet du film (http://www.tfmdistribution.fr/lacitadelleassiegee/), le metteur en scène s'exprime ainsi : "Le principe de réalisation a donc été de provoquer des comportements naturels".
Le résultat est saisissant. les images sont d'une beauté à couper le souffle... et d'une précision, d'une netteté époustouflantes ! On est pris par la description de la vie des groupes d'animaux, puis par la confrontation. Le suspense est ménagé jusqu'au bout !
Le gros reproche que je fais est lié à l'utilisation des animaux : provoquer la mort de centaines d'insectes (mais aussi d'un serpent) pour réaliser un film, d'aussi bonne qualité soit-il, aussi fidèle à la réalité soit-il, me paraît abusif. Mais, comme me l'a fait remarquer un collègue de travail, je ne suis qu'un citoyen blanc moyen, bien pensant, limite contaminé par le "politiquement correct"...
Je reviens, pour terminer, sur le site internet officiel : il est très intéressant, donnant des informations tant sur la conception du film que sur le sujet lui-même.
18:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 23 octobre 2006
O Jérusalem !
Je n'ai pas lu le livre de Lapierre et Collins dont ce film est l'adaptation. Sur un sujet très brûlant, E. Chouraqui essaie de faire preuve d'honnêteté (d'où l'importance du clair-obscur dans le film), mais de manière parfois malhabile. Certes, les acteurs sont très bons (je recommande les personnages de Ben Gourion et Golda Meir... un délice !), français comme anglo-saxons, mais, comme le film a été tourné en anglais, un sentiment de gêne s'installe, en dépit du fait que les Français doublent leur personnage. Les scènes de groupe sont par contre moins réussies. Le tout est parfois trop emphatique, souligné par une musique pas très imaginative.
Concernant le contexte historique, du travail a été fait, ce qui permet de mettre en lumière pas mal d'aspects de la période entourant la (re)création de l'Etat d'Israël. Des extraits d'archives sont proposés. A cela s'ajoutent des scènes qui ont été calquées sur ce que les médias ont montré à l'époque (voir notamment la proclamation de l'indépendance par Ben Gourion). Cependant, le film insiste trop sur l'impact (indéniable) du génocide et laisse à l'arrière-plan le mouvement sioniste (même si deux groupes de combattants sionistes sont décrits) : il aurait fallu remonter au XIXe siècle. Je pense que, pour un non initié, ce n'est pas suffisamment clair. De plus, par delà l'histoire de la (re)naissance d'Israël, le film se consacre à un petit nombre de personnages impliqués dans la lutte à Jérusalem Est (la vieille ville, qui n'a été finalement conquise par les Israéliens qu'en 1967). C'est un facteur de confusion, entre le micro-combat (qui a une grande force symbolique : c'est dans la vieille ville que sont situés les Lieux Saints) et la lutte générale, qui n'est qu'accessoirement évoquée.
L'image, elle, est plutôt soignée, ce qui fait que le film est assez plaisant à regarder. On nous offre de jolis plans sous la lumière du soleil levant, aussi plusieurs scènes à la nuit tombée. Le propos d'ensemble est généreux : l'entente était possible, le conflit évitable (entre gens raisonnables, mais il y a des imbéciles et des extrémistes dans les deux camps). Toutefois le film ne permet pas suffisamment de comprendre pourquoi. Au delà de la générosité de certains personnages, on a quand même souvent l'impression d'un mouvement inéluctable, d'une sorte de fatalité.
17:20 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 22 octobre 2006
Water
C'est un film indien, où l'on cause hindi (et un peu anglais). L'action se déroule à la fin des années 1930, mais le propos porte globalement sur la situation des femmes (plus particulièrement des veuves) en Inde, hier et aujourd'hui, comme le rappelle un carton à la fin. Du coup, je pense qu'il aurait été plus pertinent de situer l'action à une époque plus récente, mais cela aurait privé le film de scènes avec Gandhi, auxquelles le réalisateur devait tenir.
C'est un film indien, donc, il est assez long (encore que 2 heures, c'est rapide pour Bollywood), entrecoupé de musique et de chants (on ne voit toutefois pas les acteurs mimer ni danser... c'est est déjà ça). Les deux personnages principaux sont très beaux, lui genre brun barraqué dilettante mais progressiste, elle sublime brune modeste mais finalement dotée d'un caractère fort. C'est aussi un mélo. On aime ou on n'aime pas. J'ai trouvé cela supportable, sans plus.
L'intérêt du film réside dans la peinture de cette maison de veuves, à laquelle la petite dernière veut échapper. On a droit à de magnifiques portraits de femmes (chapeau, les actrices), très diverses et pourtant toutes victimes d'abord des mariages arrangés, puis des préjugés de la société bien pensante. Le film n'est pas manichéen : le personnage du père du héros est complexe, à double tranchant. A noter que la photographie est travaillée : les scènes tournées sur les bords du fleuve sont plastiquement très réussies.
20:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 21 octobre 2006
La méthode (El Metodo)
C'est une coproduction hispano-argentine qui a pour théâtre le monde de l'entreprise... le haut du panier en fait : il s'agit du recrutement de cadres supérieurs. En contrepoint se déroule une manifestation contre le F.M.I.. D'une certaine manière, le film souligne (surtout quand on a vu la fin, à l'intérieur comme à l'extérieur) qu'entre le darwinisme social des cadres et l'altermondialisme des protestataires se trouve la position équilibrée, ce qui laisse pas mal de marge !
Les cadres sont soumis à un test "original", inspiré de la télé réalité : ils s'éliminent un par un. Conformément au principe de ce genre d'émissions débiles, c'est celui qui est sans doute le plus compétent, le plus honnête et le plus humain qui est le premier éliminé. Dès le début, on sent qui peut être vainqueur. A noter que, perversité supplémentaire, une personne du recrutement est infiltrée dans le groupe. Sans dévoiler de qui il s'agit, je peux dire que j'ai assez rapidement deviné : cette personne se trahit (deux voire trois fois). L'intérêt du film est de montrer jusqu'où des êtres humains éduqués, a priori normaux sont prêts à aller pour obtenir le poste convoité (d'autant plus que la plupart a déjà un autre boulot bien payé). Le tout est emballé dans une esthétique qui n'est pas sans rappeler certains feuilletons télévisés, avec des acteurs au physique de mannequin, des dialogues souvent assez creux (mais qui peuvent être drôles au second degré), une image léchée de chez léchée.
17:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma
vendredi, 20 octobre 2006
Severance
C'est un nanard sympathique, qui s'inscrit à la fois dans la tradition du film gore (non, sans lien avec l'ancien virtuel président des Etats-Unis) et dans la modernité... On va voir pourquoi. Côté tradition, on a droit à des scènes sanglantes, pas si nombreuses que cela finalement et ce ne sont pas forcément les actes les plus précis qui sont mis en valeur par la caméra. Le talent du film réside dans sa force de suggestion. Une autre de ses qualités est la critique politique et sociale qu'il véhicule. Les personnages principaux travaillent dans une société qui fabrique et vend des armes de guerre. (Vers la fin du film, on a même droit à une scène qui est un décalque de publicités filmées pour ce type de produits, avec blonde poitrinaire maniant le joujou!) Ils débarquent en Europe pour une sorte de séminaire de motivation (un passage obligé dans bien des entreprises converties aux méthodes de "manadjmenthe" qui déchirent). Ils vont s'en prendre plein la figure... On peut même dire qu'ils sont punis par où ils ont péché... On s'en réjouit d'autant plus qu'ils ne sont pas sympathiques à la base (bien sûr, le film a pour but secondaire de nous les faire aimer, enfin certains d'entre eux) : un directeur commercial con comme la lune, son second noir bien comme il faut (mais qu'est-ce qu'il urine fort !), deux femmes, une intello coincée, l'autre blondasse dynamique, un béni oui oui, un djeunse accro aux substances hallucinogènes et un bellâtre barraqué fort en gueule. Si vous avez compris à quel public ce genre de film est destiné, vous pouvez deviner quels sont ceux qui vont s'en sortir. Les autres ont droit à une mort "digne", arrosée d'une pincée d'humour. N'oubliez pas que le titre signifie quelque chose comme "séparation", "rupture" : cela ne fait uniquement allusion au côté "perdu en forêt"...
C'est le contexte qui constitue l'aspect moderne. Le film s'inscrit dans une nouvelle "tradition", qui voit dans l'Europe de l'Est anciennement bolchévique une terre inhospitalière, refuge de dégénérés et autres créatures dangereuses (et aussi, accessoirement, un vivier de sympathiques prostituées blondes, avides de mâles blancs occidentaux riches). On a eu droit récemment à la Slovaquie et à la Roumanie. Ici, on nous offre la Hongrie. Au niveau des dialogues, ça ne vole pas bien haut... du moins pour ceux qui sont traduits dans la VF (celle que j'ai vue), puisque que quand les acteurs hongrois causent magyar, faut deviner par ses propres moyens ! Le film est en prise avec l'histoire des Etats-Unis, puisqu'il y est fait allusion bien évidemment à la "guerre froide" (sauf qu'il y a confusion parfois entre Russes et Hongrois, notamment au niveau des papiers trouvés), au 11 septembre 2001 et à la guerre contre le terrorisme supposée menée par le Gouvernement Bush. Le film reprend l'idée que les ennuis actuels du pays sont le résultat des politiques antérieures. Au second degré, on peut penser que ce film sera apprécié dans des pays où les Etats-Unis sont impopulaires : bien des gens jouiront du spectacle de Yankees trucidés... à l'ancienne, souvent : à l'arme blanche ! Je reproche toutefois au film de finalement mettre tout sur le dos du "gouvernement" et ainsi de décharger les entreprises de leurs responsabilités...
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mercredi, 11 octobre 2006
The road to Guantanamo
Une fiction, sous la forme d'un documentaire (en plus agréable à regarder, tout de même), donc avec des artifices de réalisation. A la base, c'est une histoire vraie... abracadabrantesque ! Le film adopte totalement le point de vue des Anglo-Pakistanais. Il est vrai qu'ils en ont bavé, mais je trouve que Winterbottom aurait pu nuancer un peu.
Tout d'abord, il aurait pu mieux contextualiser le procédé du mariage arrangé, avec retour au pays à la clé. Bonjour la liberté de choix de la future épouse ! Ensuite, je trouve que la vision des mosquées pakistanaises est un petit peu "douce" (on évite de les montrer comme des foyers de fondamentalisme, la propagande politique dont elles sont le siège n'étant, à la vision du film, qu'une réponse à l'agression états-unienne...).
Reste la description des camps de Guantanamo et des procédés d'interrogatoire. Le savoir-faire de Winterbottom est ici très visible et les acteurs sont formidables. Une bonne leçon sur les apôtres de la démocratie qui n'appliquent pas les valeurs qu'ils brandissent en étendard...
11:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 29 septembre 2006
Indigènes
Attention, danger ! Film historique (les personnages dont il est question ont existé, ou s'inspirent de plusieurs qui ont existé), film "moral", film généreux... autant de raisons pour que ça se casse la figure...
Eh bien, non ! Bon, soyons, clairs, il ne s'agit pas d'un chef-d'œuvre révolutionnant le cinéma, mais d'un film populaire, sérieux, documenté, poignant, sur un aspect de notre histoire méconnu du grand public (une sorte de Il faut sauver le soldat Ryan à la sauce franco-maghrébine). Le principal reproche que je lui fais est le personnage de Jamel Debbouze : j'ai du mal à croire que l'armée française ait enrôlé un homme incapable d'utiliser son bras droit... même si on lui donne une fonction de "larbin". Ceci dit, on doit au personnage interprété par Debbouze les rares moments de comédie du film. Roschdy Zem est impeccable, ce qui n'a rien pour nous surprendre : depuis des années, il apparaît, parfait, dans des seconds (et même des premiers) rôles divers. Récemment, on a pu l'apprécier dans Va, vis, deviens ! et Le petit lieutenant. Samy Naceri, que je ne trouve pas franchement sympathique (et puis les Taxi... non merci !), est ex-cel-lent ! A voir, rien que pour lui... mais aussi et surtout pour Bernard Blancan, formidable en pied-noir ambigu (pléonasme) et Sami Bouajila, qui porte le film sur ses épaules. (On l'avait remarqué notamment dans La faute à Voltaire.) Du coup, les Français vont peut-être finir par découvrir qu'il existe une flopée de très bons acteurs d'ascendance africaine, et qu'ils interprètent avec brio d'autres personnages que des truands ou des drogués.
J'ai été agréablement surpris par les scènes de combat, d'un grand réalisme. Les acteurs principaux incarnent des hommes aux histoires et caractères différents, ce qui rend le film passionnant à suivre. Même le pied-noir est d'une grande complexité. Reste ce racisme institutionnel, contre lequel on n'a pas fini de lutter.
En terme d'entrées, le film ne semble pas très bien démarrer. Avant de tirer des conclusions hâtives, il faut attendre le premier ouique-hennede, mais j'ai quand même l'impression que les Français n'ont pas envie d'entendre l'histoire que leur raconte ce film... C'est d'autant plus dommage que certains de ces tirailleurs n'ont regagné l'Algérie qu'après la fin des combats en Europe. Ceux originaires de la région de Sétif n'ont parfois pas retrouvé leur famille, massacrée par l'armée française (et la légion) à la suite des manifestations du 8 mai 1945...
17:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 24 septembre 2006
World Trade Center
C'est un film à thèse et un mélo, deux genres très prisés du cinéma américain. On connaissait Oliver Stone pour la première catégorie de films, on le découvre (à moitié, en fait) pour la seconde.
La thèse du film est : les terroristes s'en sont pris à une société multiculturelle (et à des citoyens riches comme pauvres), pas à un pays de Blancs chrétiens (et juifs) impérialistes. C'est assez bien vu si l'on ne considère que les victimes des attentats (et je pense que c'est conforme à la mentalité des nervis d'Al Qaida). Cependant, la politique étrangère est complètement évacuée du film (sauf vers la fin, mais j'en reparlerai).
Le côté mélo me laisse mitigé : j'ai été ému et , dans la salle, je n'ai pas été le seul (j'ai entendu quelques reniflements). C'est efficace, mais les effets sont trop appuyés, entre le maquillage qui insiste vraiment sur la merde dans laquelle les deux ensevelis se trouvent, les ralentis et les dialogues parfois dignes d'une sitcom.
La toute fin du film m'a un peu énervé. A deux reprises, on sent bien quelle va être la réaction du peuple états-unien. Le mérite de Stone est de nous faire sentir cet afflux de patriotisme et cette volonté de combattre le terrorisme. Le personnage du marine en est le symbole (avec les policiers du Wisconsin). Mais quand le générique nous apprend que ce marine s'est ensuite engagé pour l'Irak, on se dit que Stone manque complètement de recul, puisque, par cette simple mention, il accrédite l'idée qu'il y a un lien entre Al Qaida et le régime de Saddam Hussein. On entend aussi un des personnages affirmer que ce jour-là on a vu ce dont l'être humain était capable, le pire comme le meilleur... cela fait des années que l'on savait que les êtres humains pouvaient se comporter pire que des bêtes ou faire preuve d'un altruisme insoupçonné ! O. Stone fait comme si seule l'histoire intérieure des Etats-Unis comptait : les attentats ont été plus mortels que l'attaque de Pearl Harbor (et ils ont touché le territoire principal). Combien de pays pourraient revendiquer une souffrance aussi grande ?... hélas de nombreux.
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vendredi, 22 septembre 2006
Tournage dans un jardin anglais
C'est délicieux, primesautier, léger, fin : faut suivre les dialogues pour jouir de cet humour si particulier à nos enn... euh amis britanniques ! Pourtant, les procédés sont hyper classiques, connus, bien que peu utilisés par le cinéma commercial : en particulier la mise en abyme, avec le film sur le film en train de se tourner sur un roman que certains lisent en cours de route. De plus, les personnages parlent de cinéma. A un autre niveau, les problèmes privés dont il est question dans l'adaptation du roman (l'amour, le mariage, la maternité, la paternité, la gloire...) sont abordés au niveau des personnages contemporains, pris entre le désir de jouir, la fidélité aux engagements... bref tout un ensemble de relations humaines pas facile à gérer ! Au final, le film est surtout une peinture sarcastique du monde du cinéma... inspirée du film de Greenaway, présent dans le titre et la musique (un morceau de Michael Nyman, qui a servi d'illustration à "Meurtre dans un jardin anglais").
16:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Président
La question est la suivante : s'agit-il d'un film à croûte ferme et pâte molle, ou d'un film à croûte molle et pâte ferme ? Je suis bien embêté. Le scénario ne tranche pas entre la version d'un idéaliste converti en partie au réalisme politique (mais qui garde le cap) et la version d'un ancien idéaliste très tôt ambitieux qui ne conserve que les apparences de l'engagement politique.
C'est bien interprété (mais pas toujours bien écrit : voir le discours dans la salle de concert, vraiment trop démago), premiers comme seconds rôles et figurants. Dupontel est excellent, J. Rénier m'impressionne de plus en plus, Rich est parfait (un peu trop parfois, peut-être)... et que Mélanie Doutey est belle ! La trame est classique, dans le genre du film politique "à l'américaine". Certaines péripéties sont prévisibles, autour des actes du petit nouveau qui monte, le cambriolage, la tentative d'assassinat... On peut s'amuser à repérer les correspondances, même si le film n'est pas la satire d'un fonctionnement présidentiel particulier. Ainsi, Dupontel est fabriqué avec des morceaux de Mitterrand et de Chirac (et une gestuelle peut-être à la Sarkozy : physiquement, Dupontel s'en rapproche). Rich l'ex ambassadeur semble un décalque de Jacques Foccart. Ici ou là, on peut voir dans certaines trognes tel député UMP ou PS actuel (allez, il y a sans doute Montebourg). Mais le propos est plus large... et finalement assez pessimiste. Je reprocherai au film de mettre dans le même sac les vrais pourris et ceux qui font des concessions. Peut-être suis-je trop optimiste à propos de la démocratie française...
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mardi, 19 septembre 2006
La Science des rêves
Concernant Gondry, j'en étais resté à l'excellent Eternal Sunshine of the spotless mind. J'ai retrouvé dans La Science des rêves le côté "dérapage à partir du réel". C'est un film de doux dingue. Je pense qu'il faut rentrer dedans pour bien l'apprécier. J'y suis arrivé sans problème. Du coup, j'ai beaucoup ri. C'est fin, délicieux. De temps à autre, Alain Chabat, en beauf libidineux, ramène tout le monde les pieds sur Terre. Il est question de créativité, d'amour naissant, de désir, d'illusion. C'est inracontable, mais c'est mené avec une certaine rigueur, même si le scénario de son précédent film était beaucoup mieux ficelé. Ici, ce sont des objets (le cheval, la mezzanine, le bateau, le carton à dessins) qui rythment l'action.
Toutefois, l'histoire est un peu trop légère. Ne cherchez pas un grand film : c'est une fantaisie. J'ai été gêné par la postsynchronisation, très visible, d'autant plus qu'il me semble qu'une partie du film a été tournée en anglais.
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vendredi, 15 septembre 2006
Brick
Ce film me laisse partagé. J'ai été pris dans cette intrigue policière, dont le héros est un détective d'un genre particulier : un ado qui part à la recherche de son ex, le tout sur fond de soirées branchées et de trafic de drogue. Il y a un petit côté Hal Hartley dans la manière dont les relations entre ces jeunes sont filmées, un ton à la fois réaliste et dépouillé, le tout agrémenté de traits d'humour aussi inattendus qu'efficaces. Je recommande tout particulièrement la poursuite du héros par le truand au couteau, poursuite qui se termine de manière cocasse, avec, cerise sur le gateau, un joli décalage entre le son (hors champ) et l'image (une technique utilisée à plusieurs reprises dans le film... à bon escient). La scène qui a lieu dans un bureau, entre le héros et une sorte de CPE de son bahut, est pleine de sous-entendus : il faut suivre les dialogues...
Mais ces dialogues sont parfois un peu trop léchés, trop littéraires. Cela donne au film un ton artificiel. De surcroît, le héros est "trop" : beau gosse, rebelle, costaud, intelligent, vraiment malin, courageux (inconscient ?). Ceci dit, la révélation de la toute fin du film permet de comprendre son attitude. (Tiens, à propos de ces jeunes : ils sont supposés avoir 17-20 ans, mais on voit bien qu'ils en ont 5 à 10 de plus. Mention particulière pour l'actrice qui incarne "Kara", sculpturale jeune femme apôtre de la comédie et du mensonge...) Soyez vigilants à propos des dates, des durées... et vous comprendrez. Cette fin elle-même n'est pas une réussite complète : le scénariste a imaginé que le héros s'amuse à révéler les sous-entendus, le caché du film. C'est un peu artificiel. Faudra travailler un peu plus le scénar pour le prochain film. Côté mise en scène, c'est intéressant. Le réalisateur aime les plans obliques, le décalage. Il filme les pieds, ou à partir des pieds. Intéressant, même si ce n'est pas nouveau nouveau.
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vendredi, 08 septembre 2006
Des serpents dans l'avion
C'est un quasi-documentaire, consacré aux zizis ambulants. On n'en voit que des longs, voire très longs. Par contre, ils peuvent être maigres, minces, gros et même énooormes ! Ils attaquent et ils font mal. L'intérêt du film réside dans la manière, plus ou moins saugrenue, dont les personnes sont tuées. On a parfois un peu peur. On sourit souvent : on s'attend quand même à certains gags morbides.
Le début est par contre assez mauvais. Les scénaristes et réalisateurs de ce genre de films ont toujours des difficultés à mettre en route l'histoire. Les inévitables scènes d'exposition sont plates, sans réelle imagination. De plus, le film est parcouru par une mentalité un peu trop "gentille". Les méchants doivent être punis (là d'accord) et tout le monde doit se serrer les coudes et être gentil, sinon, gare ! Quelques individus sont "prédestinés" à se faire zigouiller. On peut s'amuser à essayer de les repérer au début. Certains sont destinés à être touchés mais à s'en sortir. Là aussi, on peut jouer. Le tout est ficelé de manière à ce que chaque segment de population (hommes, femmes, enfants, adolescents, adultes, vieillards, blancs, noirs, jaunes, hispaniques, maigres, gros, musclés, laiderons, canons ...) puisse s'identifier positivement à au moins un des personnages.
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mercredi, 30 août 2006
Tsotsi
Je l'avais raté à sa sortie. J'ai eu récemment l'occasion de le voir, en version originale sous-titrée. Heureusement qu'il y avait les sous-titres ! Les personnages ne causent que rarement en anglais (et avec un accent à couper au poinçon aiguisé !), plus fréquemment en langue locale africaine, voire en afrikaans. C'est coloré !
Au début, j'ai craint un film un peu trop inspiré du "gangsta rap" états-unien (avec cette petite crapule tête à demi baissée, le regard haineux), maladroit de surcroît. Cela s'arrange et, à ma grande surprise, l'histoire se déroule sans ennui. Cela tient aussi à l'interprète féminine (très belle poitrine, ma foi) et aux seconds rôles. Le scénariste a eu l'habileté de ne pas opposer les Noirs pauvres aux Blancs riches, mais à d'autres Noirs, qui vivent dans un quartier aisé. La police est aussi multiraciale (attention, c'est quand même le Blanc qui commande). Le film montre aussi avec un certain talent comment la misère (couplée à l'alcoolisme) est mère de la délinquance (très belles séquences autour des rouleaux de béton).
L'insécurité est proverbiale en Afrique du Sud. Il y a quelques années, un autre film, Hijack stories s'est faisait l'écho. Une célèbre bande dessinée, Madame et Eve, a abordé à plusieurs reprises le sujet (avec un humour décapant).
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dimanche, 27 août 2006
Little Man
Ah, les frangins Wayans ! Dès que je vois leurs noms au générique, je me dis que c'est parti pour une brouette d'humour fin et décalé, loin de la gaudriole triviale et des sous-entendus graveleux.
Ben oui, je déconne ! J'ai ri quelques fois, comme par exemple lorsque le nain transformé en bébé (seul un aveugle peut s'y tromper... à condition qu'il soit sourd !) se fait uriner dessus par un chien. Tout cela est très délicat... comme l'ingurgitation de lait par le "papa" et le "fiston"... lait qui se révèle être issu des seins d'une des amies de Madame, ce qui les incite à le recracher vivement. Jolie scène. Bon, à part ça et quelques allusions sexuelles ou scatologiques, le film est faible, pas très bien joué (et doublé). Il manque d'entrain.
Ceci dit, il contient quelques réflexions intéressantes sur les classes moyennes, la beauferie des fans de foot américain et il met en scène des groupes pluriethniques, où les problèmes ne surgissent pas d'une différence "raciale". A l'occasion d'une fête du cinéma, ça peut se voir, mais ça ne mérite quand même pas le prix d'une place, même à tarif réduit.
17:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 24 août 2006
Le vent se lève
Ken Loach nous a-t-il gratifiés d'un film consacré aux flatulences ? Eh bien non !! Ceci dit, The wind that shakes the barley (son vrai titre en pas-français, qui signifie "Le vent qui agite l'orge") ne manque pas de souffle. Le vent dont il est question est celui de l'Histoire, avec le tournant que constitue le début de la décolonisation britannique, en Irlande (mais sans référence aux Pâques 1916, tout aussi importantes que le début de la guerre d'indépendance). C'est aussi le vent de la colère, celle des populations qui subissent le joug anglais. Toute armée d'occupation finit par se rendre odieuse, retenez la leçon. C'est aussi le vent du destin, qui unit puis sépare deux frères : le nationalisme mène au fratricide, moi j'vous'l'dis !
Ce côté "donneur de leçon" est parfois trop perceptible... et la fin sombre dans le mélo, je trouve. Ceci dit, le film est prenant, les décors sont magnifiques (ah, la campagne irlandaise...), les acteurs excellents (qu'il faut entendre en version originale - quitte à faire des kilomètres, pour le gaélique et l'accent irlandais). L'intrigue est parfois peut-être un peu complexe pour qui ne connaît pas bien le conflit, mais cela passe.
Dans ce film, j'ai retrouvé le "souffle" qui animait Land of freedom et aussi un peu Bread and roses. Les préoccupations sociales, la marque du cinéaste, ne sont pas absentes, même si on sent parfois de la maladresse à introduire une réflexion socio-économique dans un contexte de lutte nationale.
18:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Nausicaä, de la vallée du vent
Hayao Miyazaki, vous connaissez ? Je vois dans vos yeux et baillis l'étincelle d'émerveillement que les œuvres du baroudeur japonais de l'animation ont suscitée, naguère et jadis. Il a été découvert dans le désordre, que ce soit avec Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro, Le Château dans le ciel, Les Burnes enfarinées ou encore La Fellation du cactus maudit... autant de chefs-d’œuvre... même si le doute subsiste pour les deux derniers de la liste.
Nausicaä est en fait son premier vrai grand long métrage, adaptation de sa bande dessinée, sorti en 1984. (On peut trouver la BD en France, aux éditions Glénat, en sept volumes, environ 10 euros chaque.) C'est assez proche de Princesse Mononoké : le film est un éloge de la communion entre les êtres humains et les forces de la nature ; chez nous on dit que c'est un film "écologiste", au Japon, on est dans le familier : les relations entre les humains et le reste du vivant ne sont pas (n'étaient pas ?) codifiées comme en Occident. C'est aussi une critique féroce de l'esprit guerrier qui anime les hommes (et les femmes parfois). L'histoire est prenante, le dessin soigné, la psychologie des personnages travaillée, les animaux bénéficiant d'un traitement tout particulier.
L'héroïne Nausicaä est peut-être un peu "too much" : elle en fait beaucoup, elle est extraordinaire, en deux heures il lui arrive un tas de trucs. Elle est une incarnation de ce que nous appellerions en Occident un Messie. Pour les petits , les enjeux de la narration risquent d'être parfois un peu abstraits... et le film est assez dur, violent même parfois... réaliste quoi. C'est une vraie fiction d'adultes.
13:20 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 18 août 2006
Pipirates des Cacaraïbes
Je me disais : en troisième semaine d'exploitation, un jeudi soir, cela devrait aller. En plus, les rues de Rodez disparaissaient sous les eaux. Ben, non : la (grande et belle) salle était presque pleine... et c'était un soir assez tranquille, d'après le projectionniste !
Reste le film : un grosse sucrerie pour adultes (et ado ; par contre n'emmenez pas les marmots : ils ne vont pas tout comprendre, se trouveront confrontés à des scènes violentes, à des adultes cyniques... mais à aucune scène de sexe ! Le film ne comprend qu'un véritable baiser... et encore, je ne dis pas dans quel but il est donné). Je me suis plongé dedans, tranquille. C'est d'abord un bon film d'aventures, qui puise aux sources des classiques des pirates. Les acteurs, premiers comme seconds rôles, sont excellents. Johnny Depp donne un tour comique au film, ce qui le rend plus digeste, plus léger. Il reste encore la vedette, même si la gloire montante, Orlando Bloom, n'est pas loin de lui piquer la place. On verra dans les prochains films -oui, il y aura une suite- si cela se confirme.
Les effets spéciaux sont très réussis. Quelle belle bande de pirates ! Coquillages et crustacés... Comme c'est une production Disney, la morale est le soubassement du film, entre un capitaine Sparrow égocentrique, des pirates vindicatifs et une East India Company cupide. Seuls le vaillant Orlando Bloom et la ravissante Kera Machinchose sont mus par un idéal. Vont-ils contaminer les autres ?
Quelques reproches quand même : les "sauvages" sont toujours représentés de manière assez caricaturale (revoyez le dernier King Kong, par exemple) et certaines scènes sont parfois à la limite de la vraisemblance (même en tenant compte du fait que nous sommes souvent aux portes du vaudeville !), en particulier le "triel" sur la roue de l'ancien moulin. Sinon, restez bien jusqu'à la fin... vous aurez droit à un no-nos !
14:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 16 août 2006
Entre deux rives
C'est une comédie romantique un brin fantastique. On peut la rapprocher (un peu) d'un film avec Dennis Quaid (Fréquence interdite), dans lequel le personnage qu'il interprétait entrait en communication radio avec son père mort 30 ans plus tôt. On peut aussi ressentir un peu l'influence de L'Effet papillon (je ne peux pas expliquer pourquoi sans déflorer le film... donc, allez le voir si vous voulez vraiment comprendre de quoi qu'est-ce que je suis en train de causationner).
Soyons clair : ce n'est pas un chef-d'œuvre et l'aspect comédie est léger. De plus, si on fait bien attention au début, on comprend l'un des ressorts du scénario, qui joue à plein à la fin du film. Mais c'est bien interprété. J'ai été pris par l'ambiance un peu décalée : les personnages vivent dans une agglomération géante, trépidante (Chicago) et aspirent à plus de sérénité, au travers de la maison, du lac, de la pratique épistolaire. On a aussi droit à des vues pas idiotes du tout sur les rapports père-fils, le fait de réaliser ses envies (professionnelles ou autres)... et on comprend pourquoi les boîtes aux lettres électroniques utilisent toutes (ou presque ?) un petit drapeau rouge...
13:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 27 juillet 2006
Ils
Un soir, je me suis dit : pourquoi pas ? Moins d'1h20, film de genre à la sauce frenchie... et j'ai apprécié ! C'est bien joué, bien mené, à partir d'une histoire vraie. Il y a un petit côté "Blair witch" dans l'esthétique. On nous mène par le bout du nez pendant un moment avant que le mystère ne s'éclaircisse. Bon, ceci dit, les futures victimes font toujours des trucs qu'il ne faudrait absolument pas faire, mais ça passe.
Remarque : cela fait plusieurs années qu'en Europe comme outre-Atlantique, on considère les anciens pays communistes comme une zone menaçante, inconnue, semi-barbare. On a vu récemment le cas de la Slovaquie. Ici, il est question de la Roumanie (liens culturels avec la France oblige : l'héroïne enseigne dans un lycée français)... et puis, entre les techniciens, les figurants, l'hôtel, la bouffe, c'est toujours moins cher qu'ici...
15:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 13 juillet 2006
Vol 93
Dans la version originale, le titre est United 93, le nom de l'avion dont les passagers se sont révoltés contre les pirates de l'air. Dans le générique de fin, il est quand même précisé que cette compagnie aérienne (United Airlines) n'a pas sponsorisé le film et que celui-ci ne lui est lié en aucune manière (financière). Le film est construit sur l'alternance de scènes liées à l'action des pirates (de leur dernière journée à l'hôtel à la chute de l'avion) et de scènes se passant dans une tour de contrôle, un centre d'aiguillage (du ciel, bien sûr) ou le centre de sécurité aérienne. En regardant le générique de fin, vous vous apercevrez que certains personnages jouent leur propre rôle. Cela donne un ton très réaliste au film. Paul Greengrass est donc un bon choix. Il avait fait ses preuves dans Bloody Sunday, un excellent film sur le conflit nord-irlandais.
Il faut d'abord voir ce film comme un suspense. Bien que l'on connaisse la fin, l'action se suit avec un grand intérêt. Greengrass a voulu rester au plus près de la réalité : il a fait effectuer des recherches pour ensuite pouvoir transposer l'histoire à l'écran en la trahissant le moins possible. Parfois, les scènes des centres de contrôles sont un peu saoulantes. Elles sont un peu trop nombreuses... mais elles donnent envie de savoir ce qu'il se passe au même moment dans l'avion. Le film suit la chronologie et donc il nous retrace la crise du 11 septembre 2001. Une autre de ses qualités est le soin apporté aux personnages des pirates de l'air : on voit bien leur fanatisme religieux (sans que l'organisation des attentats soit expliquée) et aussi leur humanité relative ; ces attentats, qui ont nécessité une préparation longue, minutieuse, ont réussi presque par miracle ; il aurait fallu peu de choses pour les contrecarrer (et encore le film ne parle pas de ce que savaient les services états-uniens).
15:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
mercredi, 12 juillet 2006
Nos voisins les hommes
Une comédie sympathique, avec une qualité d'animation plus qu'acceptable, un scénario qui tient la route et des personnages qui "tranchent" : ce sont des archétypes. Un écureuil hyperactif roteur, une moufette flatuleuse, une tortue qui réfléchit vite (et court !) etc. On a droit à une critique très gentillette de la "banlieue" au sens états-unien du terme : cet entassement de baraques de bourges qui s'empiffrent à longueur de journée.
Le film fait l'éloge de la "famille", au sens génétique comme au sens figuré (le groupe d'amis), contre l'individualisme destructeur. Il est au fond assez convenu. Deux seuls humains sont dépeints négativement : le "dératiseur" (un pauvre gars qui fait son boulot) et surtout la gérante du lotissement, une femme "moderne", forcément rivée à son portable, forcément brune (les blonds sont les gentils, voyons !), forcément célibataire ... et donc forcément acariâtre ! Bonjour les clichés ! Derrière la pseudo-critique du mode de vie ultra-consumériste se cache en fait son apologie : les bebêtes ne pensent qu'à se goinfrer des mêmes cochonneries que les humains... même le méchant ours qu'il est vilain le pas gentil !
Restent les gags, réussis, comme cette scène qui voit l'écureuil -rendu supersonique- échapper à tous les pièges et sauver la situation ou la romance entre la moufette et un personnage qui a perdu son odorat... Le doublage français est moyen... c'est-à-dire pas aussi réussi que pour d'autres films d'animation : Gerra en tortue ça va, mais Cornillac en raton-laveur, ça passe moins. Par contre, la femme qui double la moufette est très bien !
15:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma
Echo Park L.A.
L'histoire tourne autour d'un quartier latino de Los Angeles, plutôt modeste (mais regardez les téléphones portables qui circulent !) à l'origine, mais où des bobos commencent à s'installer. Deuxième élément important : l'attachement aux traditions. Toutes les péripéties ont un rapport avec cette idée : dans quelle mesure doit-on rester "fidèle" à ce que les parents (en particulier un père flic et pasteur) ont inculqué ? Là-dessus se greffent des histoires d'amour, de sexe, une grossesse, un grand-oncle jardinier accueillant. Entre pesanteur morale et appétit de jouissance, les ados ont du mal à gérer.
Parfois, il y a un petit esprit "Larry Clark" dans ce film, mais pas tout le temps, loin de là. Clark est plus subversif, plus contestataire, à la fois dans la forme et dans le fond. Ici, c'est gentillet, mais sympathique, bien joué, bien mené. On ne conteste pas la société (il n'est jamais question d'avortement, les filles considèrent cette cérémonie des 15 ans comme vitale et manifestent un attachement aux apparences, aux paillettes, quasi maladif) mais on veut qu'elle accepte les différences (l'homosexualité, la grossesse précoce).
12:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma
mardi, 11 juillet 2006
Takeshis'
Les fans de Kitano y trouveront des allusions à plusieurs de ses films précédents... notamment à Zaitochi pour le numéro de claquettes. C'est une sorte de manteau d'Arlequin, un puzzle égocentrique dans le lequel Kitano incarne Kitano jouant un sosie de Kitano... à moins que parfois Kitano n'incarne un sosie de Kitano jouant à Kitano... On peut se triturer le cerveau sans qu'aucune réponse claire n'apparaisse, et à la limite on s'en fiche. Il faut profiter des scènes, des moments. Le problème est que tous ces moments ne sont pas bons. Le film est très inégal, trop long (j'ai regardé plusieurs fois ma montre...). Les défauts de Kitano sont dans ce film. Il se la joue toujours "Jean Gabin d'Asie orientale" et l'image des femmes n'est pas des plus valorisante. Ceci dit, il introduit une once d'autocritique et présente le monde de la télévision de manière assez comique.
13:55 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 10 juillet 2006
Leçons d'amour à l'italienne
C'est la bonne surprise de ce début juillet. Une comédie romantique transalpine qui joue sur les clichés sans (selon moi) tomber dedans. C'est divisé en chapitres, à l'image de la série de livres dont il est question dans le film. C'est aussi une référence au film à sketchs italien et aux comédies qui ont fait la réputation de ce cinéma. On a droit successivement à la rencontre, la crise, la trahison, l'abandon... et au renouveau. L'intérêt du film est que chaque chapitre est centré sur un couple différent, même si on rencontre de-ci de-là les personnages des autres histoires. A la fin, on peut dire que la boucle est bouclée.
J'ai beaucoup ri, en particulier au premier volet, où les voix off se superposent aux dialogues pour nous révéler les pensées intimes des personnages, principalement Tommaso et Giulia. Genre :
- (Je sens que je vais dire quelque chose d'idiot) Et si on restait amis ?
- (Ouah, le râteau !)
Le meilleur ami de Tommaso nous sert de guide, gratifiant le spectateur de ses commentaires, dont la principale utilité est de nous montrer que son ami ne l'écoute pas et que lui est prêt à tout lui céder !
La mise en scène du "couple en crise" est suffisamment habile pour qu'on puisse s'identifier successivement aux deux personnages. Je recommande tout particulièrement la scène où ils sont couchés sur le sol dans une sorte de club pour couples en détresse... Bonjour les dessins !
La "trahison" est parfois jubilatoire, avec cette policière implacable. Ex-cel-lent !!
Une anecdote perso pour terminer. J'ai vu ce film à Toulouse hier dimanche, avant de prendre le train pour regagner mon Aveyron chéri. Le train est parti à 19h32, plein. L'employé de la SNCF avait l'air un peu surpris qu'autant de monde puisse décider de voyager à un horaire qui ne permettait pas de suivre les exploits footballistiques de nos gladiateurs contemporains. Le train était bondé... parce qu'une seule voiture avait été préparée. Mais, bon, c'était climatisé. Vers 20h05, le train s'est arrêté en pleine voie. Sur l'écran électronique, un message s'afficha, pour nous informer de l'arrêt et nous prévenir de ne pas nous diriger vers les portes. Par contre, rien sur le motif de l'arrêt. Je ne tardai pas à comprendre : le chauffeur écoutait la radio. Il a voulu suivre le pénalty de Zidane... et nous a d'ailleurs vite annoncé que la France menait 1 à 0. Plus de la moitié de la voiture s'en fichait éperdument... Plus tard, il n' a que ralenti pour l'égalisation italienne. Du coup, il a un peu accéléré pour rattraper le retard. Comme il n'a plus rien annoncé après le 1-1, je me suis dit qu'on devait se diriger vers une prolongation. Le train est arrivé à Rodez avec (fait exceptionnel) 1 ou 2 minutes d'avance.
J'ai regagné mon domicile à pieds. Il faisait bon. Pas un chat dans les rues. Ah, si : un randonneur qui se dirigeait vers la gare. Arrivé chez moi, j'ai commencé par prendre une douche. Ensuite, j'ai mis la radio : j'avais complètement coupé avec l'actualité depuis vendredi soir. Pour tout dire, je ne connaissais ni le score du match "Allemagne-Portugal", ni le nom des vainqueurs du tournoi de Wimbledon ! On s'approchait de la fin de la prolongation. Mais ça m'a vite saoulé. J'ai rangé diverses affaires et grignoté un peu. Puis, saisi d'une soudaine envie de déféquer, je me suis dirigé vers les toilettes, où je me suis adonné à la sculpture post-digestive. (C'est là que je me rends compte qu'au lieu de dire que le commentaire du match me saoulait, j'aurais pu écrire qu'il me faisait chier !) Le match devait être terminé et je n'entendais rien venant des rues de Rodez. Une fois mon affaire faite, je suis retourné à la radio, pour entendre la confirmation de ce que je pressentais...
14:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Dans la peau de Jacques Chirac
C'est mieux que ce à quoi je m'attendais. C'est d'abord un vrai film de fiction, puisque les images d'archives sont commentées par Didier Gustin imitant la voix du président de la République. C'est drôle... et finalement pas très méchant. Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart du temps, le film survole les "affaires", ne décortique pas les turpitudes de M. Chirac, se contentant souvent (pas tout le temps, heureusement, sinon le film serait insupportable) de survoler. (Exemple : l'ambiguïté vis-à-vis de l'extrême-droite. Le film a le mérite de citer intégralement les propos se rapportant au "bruit" et à l' "odeur" -ils sont tronqués dans la chanson de Zebda- mais aucune analyse des rapports entre le RPR et le FN n'est menée. Chirac aurait dérapé... Tu parles !) Peut-être Karl Zéro part-il du principe que ceux qui vont voir ce film savent déjà. Dans ce cas, il a construit un simple divertissement. Il aurait été plus audacieux d'adresser ce film à ceux qui ont encore des illusions sur l'action passée du président. Il ne fut pas (que) le grand nerveux à la tête vide (avec des côtés sympathiques) que l'on se plaît à dépeindre. Le film rappelle bien son côté "flingueur", mais sur un ton plutôt louangeur (il a "niqué" Chaban-Delmas, Giscard-d'Estaing, Fabius, Barre, les "rénovateurs", Balladur et Jospin). Il aurait été plus intéressant de montrer en quoi cet individu a profité des institutions de la Ve république pour assouvir sa soif de pouvoir tout en les dévoyant à son profit... et à celui des petits copains. Par exemple, le passage sur l'affaire Méry manque d'approfondissement.
Ceci dit, si vous voulez passer un moment agréable (le commentaire est écrit avec talent et se marie bien avec les images)...
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique