samedi, 07 février 2009
L'Etrange Histoire de Benjamin Button
Ce soir, j'ai hésité en entrant dans le cinéma. Walkyrie et Slumdog millionaire me tentaient aussi. Mais, en faisant la queue, j'ai repéré un groupe de djeunses assez bruyants. Ils allaient voir le film avec Tom Cruise. Va donc pour Benjamin Button. Les scénaristes ont transposé l'histoire de Baltimore à La Nouvelle-Orléans. Cela nous vaut quelques séquences plutôt jazzy (avec, peut-être, des références à Ragtime et Malcolm X - la première partie)... et une ou deux allusions à la ségrégation (notamment à travers la scène de bus). L'histoire se prolongeant jusqu'en 2005, l'ouragan Katrina se trouve en toile de fond. C'est fou comme un hôpital public états-unien peut ressembler à un hôpital public français désormais...
Ce sont trois histoires mises bout à bout, en fait. La première est la "vieille jeunesse" de l'enfant abandonné, dans cette maison de retraite où les papys et les mamys sont traités avec dignité. Il y a beaucoup d'humour dans cette partie, sans que cela se fasse au détriment des personnages (j'ai bien aimé le gag récurrent de celui qui a été frappé sept fois par la foudre). Dans cet univers d'adultes âgés, la rencontre avec la petite fille rousse détonne.
La deuxième partie raconte à la fois la "formation" de Benjamin (comme marin et comme amant en particulier... belles séquences avec Tilda Swinton) et le développement, en parallèle, de son amour pour Daisy (Cate Blanchett, excellente), les personnages se rencontrant fugacement à plusieurs reprises. Les scènes d'hôtel sont particulièrement réussies. Les rencontres nocturnes entre Benjamin et l'épouse du diplomate baignent dans un climat de sensuelle quiétude, où l'on retrouve un peu l'atmosphère de la maison de retraite. Cela va peut-être faire sourire certains, mais j'y ai perçu un peu de l'ambiance du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (et comme j'ai adoré ce film, vous pouvez deviner ce que je pense de celui dont je suis en train de parler). En extérieur, le réalisateur montre son savoir-faire dans la séquence de guerre (avec le sous-marin), impressionnante de maîtrise.
La troisième partie est la plus émouvante. Il y est question, plus souvent que dans les autres, de la mort, de la séparation, consentie ou subie. C'est vraiment prenant, très fort, très beau. Je n'en dis pas plus, pour ceux qui n'ont pas encore vu le film.
A ces qualités s'ajoute le plaisir des yeux : la photographie est superbe, un soin particulier ayant été apporté aux "vieilles" images. Les 2h45 passent avec une rapidité qui m'a étonné. Détail supplémentaire : le doublage est de qualité (j'ai vu le film en version française), même si je regrette la voix originale de Cate Blanchett (celui qui double Brad Pitt est toujours aussi bon).
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mercredi, 04 février 2009
Che 1 l'Argentin
Pour voir ce film, j'ai attendu qu'il soit programmé en vo sous-titrée à proximité de chez moi. Cela a pris du temps... C'est l'occasion de revenir sur les choix des directeurs de cinémas. De nombreuses copies (en version originale comme en version française) ont été mises en circulation (je pense qu'on comptait sur le prix obtenu par Benicio del Toro à Cannes pour lancer le film). L'aura du Che aidant, les exploitants ont espéré attirer le public ados - jeunes adultes en plus des cinéphiles. Le problème est que ce film est long (2 heures, que l'on sent bien), de surcroît incomplet (puisque l'oeuvre est divisée en deux parties) et qu'il n'est pas une véritable biographie, plutôt un ensemble de coups de projecteurs, ce qui a pu dérouter. Le résultat est, qu'une fois la première semaine passée, le bouche à oreille n'étant pas très bon, la carrière du film s'en est ressenti. Le deuxième volet a d'ailleurs mal démarré. Ben, mes gaillards, il aurait été plus intelligent de ne le sortir qu'en version originale sous-titrée... et de pratiquer quelques coupures... parce que, comme je l'ai entendu dire par un critique, à la radio, heureusement qu'il n'a vécu que 30 ans... parce que, sur cette base-là, un film consacré à Fidel Castro pourrait durer la journée entière !
Ceci dit, j'ai apprécié ce film. Etant donné ce que j'en avais entendu dire, je m'attendais à pire (tiens, ça rime). Ce n'est pas ennuyeux, juste un peu long, d'une lenteur paresseuse par instants. On sent del Toro très appliqué, très investi dans son personnage. C'est dans les scènes en noir et blanc (se déroulant en dehors du cadre chronologique du film, qui se limite -en théorie- à la conquête cubaine) qu'il est le meilleur. Dans le reste du film, il réussit à faire passer le Guevara militant, le médecin, l'apôtre de l'éducation, le rigoriste (très sourcilleux du respect de la propriété privée, dès lors qu'elle ne concerne pas les latifundistes), mais il manque quelque chose : le charisme. On voit le respect, la crainte voire l'admiration qui entourent Guevara, mais ni la réalisation ni l'interprétation ne font comprendre ce qui a inspiré de tels sentiments.
Je suis plus enthousiaste pour celui qui joue Fidel Castro. Il est criant de vérité (pour le peu que j'en sache) ! Autre point positif : les séquences urbaines, visiblement préparées avec soin : des voitures aux intérieurs des maisons, il semble que le souci du détail ait été poussé assez loin. On sent Soderbergh plus à l'aise que dans la forêt. Je pense aussi que la manière dont le film a été post-produit joue : le doublage du son se sent davantage dans les séquences "junglesques"... et certaines scènes de liesse m'ont paru assez maladroites.
Malgré tout cela, c'est un film qui se regarde, qui s'apprécie pour peu qu'on s'intéresse à l'Amérique latine en général et à Cuba en particulier.
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jeudi, 29 janvier 2009
Johnny mad dog
Voilà une production française, tournée principalement en anglais (ou dans un salmingondis qui mêle l'anglais aux dialectes locaux) au Liberia. Il est bien entendu question des enfants-soldats. Si ce n'est pas le premier film à traiter le sujet, c'est par contre celui qui en donne sans doute la vision, de l'intérieur, la plus fidèle à la réalité. (De surcroît, il s'inspire d'un bouquin.) Celle-ci nous est d'ailleurs directement balancée à la fin, sous formes de photographies prises au Liberia, des années 1980 à 2003.
Il y a donc un souci documentaire dans ce film, où d'anciens enfants-soldats jouent leur propre rôle, ou un rôle s'approchant de ce qu'ils ont connu. Ils sont excellents. C'est criant (hurlant même) de vérité. La violence prend souvent un tour comique, ou plutôt grotesque : on manque de s'entretuer pour la possession d'une truie, on se déguise (l'usage des robes et des perruques complétant parfois de manière surprenante le choix d'un "nom de guerre" à vocation virile), on accuse les autres de ce dont on se rend soi-même coupable. Le film suscite un malaise profond, tant il est choquant de voir ces pré-ados et ces ados perpétrer une foule de crimes, en toute impunité. Ils sont bien évidemment manipulés par ceux qui tirent les ficelles, les chefs de guerre qui leur font faire le sale boulot. Certaines des plus belles scènes voient les chefs préparer mentalement leurs troupes, usant de leur charisme, de l'effet de groupe, des drogues et, au besoin, de pratiques rituelles.
Le scénario fait se croiser deux destins, celui du chef de la petite brigade et celui d'une jeune fille qui va tour à tour tenter de sauver son petit frère, son père et une orpheline. Son mutisme et sa ténacité contrastent avec l'exubérance et la versatilité de la plupart des apprentis mercenaires. Le face à face final des deux héros, auquel on s'attend un peu, est mis en scène avec brio.
De manière générale, c'est brillamment filmé. Le début m'a fait un peu peur, avec ce montage haché, puis cela s'arrange. Le réalisateur est très soucieux des corps. Je le sens fasciné par la musculature de ces adolescents, comme par les formes des jeunes femmes. C'est filmé près des corps, on distingue bien les grains de peau. C'est joli, un peu esthétisant parfois... mais, heureusement, pas complaisant : de la scène "d'amour" se dégage plus de beauté que de celle du viol, alors qu'au départ on pouvait nourrir quelques craintes.
Au passage, le film égratigne l'O.N.U., dont l'action humanitaire a montré ses limites. Les leçons n'en ont hélas pas été retenues, si l'on regarde (par exemple) ce qui se passe depuis des années en République Démocratique du Congo...
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jeudi, 15 janvier 2009
Les Bureaux de Dieu
... En direct du paradis ? Non, du planning familial ! C'est une fiction documentaire de Claire Denis : le scénario et les dialogues sont inspirés de l'expérience de plusieurs centres du planning familial, alors que les situations montrées par le film ont été jouées par de vraies actrices, connu-e-s pour les conseillers-ères, peu connues pour les "patientes".
Il y a une volonté forte de "donner chair" (et rendre hommage) à ces conseillères du planning familial, à travers des comédiennes charismatiques comme Nathalie Baye, Nicole Garcia, Béatrice Dalle, Marie Laforêt, Isabelle Carré, qui, ici, donnent leur nom et leur talent sans trop occuper le devant de la scène, puisqu'elle doivent incarner des personnages dont la principale qualité est l'écoute. On appréciera aussi la participation de Michel Boujenah en médecin paternaliste et d'Emmanuel Mouret en conseiller conjugal stagiaire fougueux et maladroit. (Perso, si le charme de Nathalie Baye ne me laisse pas indifférent, je kiffe à donf Rachida Brakni.)
Vous aller me dire, rien de neuf sous le soleil. En fait, si : face à ces grosses pointures, les acteurs peu connus font en général excellente impression. Bon, il est vrai que parfois, le film se voulant aussi didactique (il véhicule de manière claire des messages sur la contraception, l'avortement ou tout simplement la biologie féminine), des répliques peuvent ressembler un peu trop à des extraits de plaquettes d'information. Mais, au-delà de cette (légère) maladresse, l'interprétation des "patientes" est très bonne.
La première heure passe comme un rêve : on découvre chaque "conseiller", en général face à des cas plutôt classiques : un retard de règles, un conflit mère-fille, la prise de la première pilule pour une mineure, le souci de la virginité dans un couple. On remarque la forte présence de populations à l'ascendance maghrébine, le film posant, avec délicatesse, la question de l'adaptation de moeurs patriarcales à une société permissive (ben la nôtre, quoi).
Vers la fin de la première heure, j'ai senti comme un coup de mou (à moins que ce ne soit ma propre fatigue). Puis ça redémarre, avec une série de cas plus lourds. Il est notamment question d'I.V.G. tardives, voire très tardives, voyage en Espagne à la clé. Il y a celle qui sort d'un asile, qui ne croyait pas pouvoir tomber enceinte, la mineure d'origine portugaise, dont personne ne soupçonnait la grossesse, la femme mariée infidèle prise dans un double piège et la Bulgare très digne, à l'accent fascinant.
La force du film est de faire passer le non-dit : chaque cas recèle des complications qui n'apparaissent qu'avec le dialogue, lui-même porteur de solutions. Nos conseillères en avortement jouent ici un peu le rôle d'accoucheuses socratiques. La mise en scène nous fait davantage toucher du doigt l'intériorité des personnages, la pièce la plus intime étant paradoxalement le balcon (ça, c'est du Claire Denis), où l'on s'isole (ou se réunit) pour fumer. La musique jazzy accompagne le grouillement humain comme les tourments intérieurs. Un chouette film, quoi !
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mercredi, 31 décembre 2008
Arès sort ses palmes 2008
Vous ne trouverez pas de classement ici, pas plus qu'une liste de mes détestations. J'estime plus intéressant de vous proposer un florilège savamment désordonné des films qui m'ont fait passer de bons moments dans les salles obscures durant cette année 2008.
- Meilleur film culinaire : Sweeney Todd
- Meilleure supercherie : Survivre avec les loups
- Meilleur film non musical : La Visite de la fanfare
- Film plébiscité par la corporation des coiffeurs et autres capilliculteurs : No country for old men
- Meilleure réflexion théorique sur l'érotisme du néo-libéralisme : It's a free world
- Dans la catégorie (régulièrement représentée) du "meilleur film qui illustre un aspect plus ou moins dramatique de la Seconde Guerre mondiale" : Les Faussaires
- Meilleure apologie de la fraternitude : There will be blood
- Meilleur putain de film sur la guerre en Irak : Battle for Haditha
- Meilleure critique de la misogynie en pays musulman : Le Cahier
- Grand prix des effets spéciaux (et du foutage de gueule) : Be kind rewind
- Meilleur film expérimental : Redacted
- Meilleure illustration des illusions engendrées par la confiance aveugle en la religion et/ou l'économie de marché non régulée : Les Toilettes du pape
- Meilleure superproduction à caractère historique : Mongol
- Révélation frissonnante de l'année : [Rec]
- Meilleure film avec/sur Jean-Claude Vandamme de tous les temps : J.C.V.D.
- Meilleur film dérangeant (et dérangé) : Teeth
- Meilleur film d'animation : Valse avec Bachir
- Meilleur film d'arts martiaux : Kung fu Panda
- Meilleur film de science-fiction : Wall-E
- Meilleur polar : Jar city
- Meilleur film sociétal : Dernier maquis
- Meilleur docu-fiction : L'Apprenti
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mardi, 30 décembre 2008
Australia
Attention, attention ! Voici une méga super production. C'est du cinéma hollywoodien à la sauce kangourou, une sorte de Autant en emporte le vent au pays du bush (non, pas le président). La distribution est à l'avenant. Nicole Kidman interprète une aristocrate coincée mais déterminée qui, évidemment, va se décoincer. Visiblement, on lui a demandé de surjouer. Elle en fait beaucoup. Elle n'en reste pas moins charmante et, parfois, drôle dans son ridicule assumé.
La salle était pleine de dames, venues là pour la plastique avantageuse d'Hugh Jackman, à qui les heures passées dans les salles de sport ont été très profitables. Ajoutez à cela le bronzage impeccable et la barbe de trois-quatre (cinq...) jours, et vous faites se pâmer une assistance féminine à l'avance conquise.
Les seconds rôles sont bien plantés. Les méchants sont très méchants... et endurants, notamment David Wehman (présent dans 300 et Le Seigneur des anneaux), qui parvient à pourrir la vie des héros durant près de 2h40 (et encore, des scènes ont sans doute été coupées). Les Aborigènes sont mis en valeur, en particulier le vieux sorcier, interprété par David Gulpilil, un acteur qu'on avait vu dans Le Chemin de la liberté, (ainsi que dans 10 canoës, 150 lances et 3 épouses) un très beau film sur les "enfants volés", sujet dont il est question dans le film, mais qu'il n'est pas le premier à aborder en détail, contrairement à ce que la promotion a pu laisser entendre.
Les décors sont magnifiques, même si, quand on voit cela dans une grande salle, on perçoit, dans certaines scènes, les trucages numériques. On appréciera quand même la séquence qui montre les bestiaux fuyant vers un précipice. Les parties traitant de la guerre et de l'attaque japonaise sont bien fichues. Il y a du savoir-faire derrière toute cette machinerie.
Mais c'est vraiment téléphoné. Dès le début, on sait comment tout cela va se terminer. Les péripéties, plus ou moins remuantes il faut le dire, sont là pour faire patienter les spectateurs dans l'attente de la conclusion, inévitable. Je crois qu'il faut prendre cela comme une grosse sucrerie, plutôt agréable à regarder (en plus, la version française n'est pas dégueu, c'est à souligner), très "politiquement correcte" sur le multiculturalisme, mais ce n'est pas un chef-d'oeuvre.
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dimanche, 28 décembre 2008
La Légende de la forêt
Il s'agit d'un ensemble de 5 films, 4 courts-métrages et un moyen (le dernier), réalisés par Osamu Tezuka, un des maîtres du manga japonais (mort en 1989). Il s'est notamment fait connaître par la série Astroboy. Ici, il est moins corseté par les exigences des studios et laisse libre court à sa fantaisie.
"La Sirène" est inspiré du conte d'Andersen. Le dessin n'est pas très élaboré. Le propos est politique. A travers le destin de ce jeune homme amoureux de ce que tout le monde croit être un simple poisson, l'auteur dénonce les sociétés formatées et répressives... comme le fut le Japon dans la jeunesse de Tezuka. On notera les influences occidentales diverses dans la conception du dessin animé. (De manière générale, il semble que le mouvement expressionniste, en peinture comme au cinéma -on pense à Eisenstein- ait inspiré l'auteur.)
"La Goutte" est, dans le style, assez proche de La Panthère rose et de certains films de Tex Avery. Il est question des affres d'un naufragé, qui mène une quête désespérée d'eau potable. L'histoire, très classique à la base, prend vite un tour surréaliste.
"Le film cassé" est un hommage à Hollywood, aux premiers films d'animation, à leur côté "bricoleur génial". Cela fourmille d'inventions visuelles (attention, cela peut dérouter les petits, comme l'ensemble des films d'ailleurs). C'est l'histoire d'un cowboy qui sauve sa belle d'une mort certaine. Mais c'est bien plus que cela !
"Le Saut" est une expérience originale : un film entièrement perçu de manière subjective par les spectateurs, qui sont mis dans la peau de l'être bondissant qui fait le tour du monde. Ses sauts (d'amplitude variée) lui font découvrir une foultitude de pays et de paysages... et le mettent souvent dans des situations délicates. C'est à la fois drôle et touchant.
"La Légende de la forêt" a donné son nom à l'ensemble. C'est le plus long des cinq. C'est un pamphlet écologiste d'une virulence étonnante pour l'époque. Les bûcherons et l'entreprise de construction sont dépeints comme des monstres. On notera en particulier la volonté du concepteur de donner les traits d'Adolf Hitler au patron du B.T.P.. A travers ce détour européen, Tezuka stigmatise la "modernisation" forcée à laquelle le Japon s'est livré après la Seconde Guerre mondiale. En ce sens, il est un précurseur de Hayao Miyazaki, dont le superbe Princesse Mononoke doit beaucoup à ce film. Ici, le graphisme est très élaboré, tout en restant varié. Le tour de force est d'avoir parfaitement réussi à faire coïncider des pans entiers de la symphonie n°4 de Tchaikovsky avec les éléments de l'intrigue. Cela m'a rappelé un des Bugs Bunny, où l'image est mariée à l'ouverture du Barbier de Séville (l'action se passant évidemment dans un opéra ; pour un court extrait http://www.starzik.com/mp3/titres/The_Rabbit_of_Seville_L...).
Bah tiens, on peut écouter l' Ouverture à cette adresse :
http://franckmusic.blog4ever.com/blog/lirarticle-267362-1...
En plus, je termine par un échantillon de Kulture. Elle est pas belle la vie ?
09:30 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Le Chant des mariées
L'action se passe à Tunis, au coeur de la Seconde Guerre mondiale. Les deux héroïnes sont deux amies, une "européenne" juive, l'autre arabe et musulmane. Toutes deux rêvent du prince charmant. Les événements vont confronter leurs aspirations à la réalité. Les dialogues ont été écrits principalement en arabe dialectal et en français (on entend aussi de l'allemand et de l'hébreu).
L'histoire tourne autour des discriminations. Il y a l'antisémitisme des vichyssois, des Allemands et le racisme colonial. Il y a aussi le fossé des richesses entre communautés, ainsi qu'à l'intérieur de chaque communauté. Mais ce sont les femmes qui sont, dans tous les cas, des victimes : elles ne choisissent par leur mari et doivent suivre, au quotidien, les prescriptions édictées pour elles par les hommes. Néanmoins, le propos n'est pas si tranché que cela : la musulmane comme la juive vont découvrir qu'au-delà de leur soumission juridique, elles ont la possibilité d'agir.
La caméra s'attache beaucoup aux corps, dans des plans qui risquent fort d'indisposer les culs-bénits d'Afrique du Nord. Cela commence par une belle scène de hammam, où l'on peut voir presque tout de l'anatomie (gracieuse) de ces actrices. De nombreux gros plans s'attardent sur le grain de peau, dans cette scène comme dans les autres. La séquence la plus marquante est sans conteste celle qui voit l'épilation totale (non simulée), avec les moyens de l'époque, de l'une des futures mariées... zoom sur la foufoune à la clé. Ce n'est en rien dégradant ni voyeur. Cela se justifie pleinement, même si je sens chez la réalisatrice la volonté d'aller jusqu'au bout, quitte à choquer.
A l'opposé de ces parties dénudées, on trouve des scènes d'extérieur (autre qualité : les espaces sont bien maîtrisés), dans lesquelles les musulmanes sont drapées de blanc. C'est là qu'on voit l'habileté de la réalisation : ces voiles intégraux peuvent être tour à tour perçus comme des prisons, des protections... voire des objets quasi sensuels.
La scénariste a aussi créé deux beaux personnages d'adultes : le père de Nour, musulman pieux mais pas intégriste et la mère de Myriam (incarnée par la réalisatrice Karin Albou), femme-courage qui fait ce qu'elle peut en ces moments difficiles. Tous deux sont très bien interprétés.
Bon, il y a bien quelques maladresses (souvent relevées par la critique professionnelle), mais, vraiment, ce long-métrage vaut le détour. Il donne une vision nuancée d'un aspect méconnu de cette période de l'histoire. (Comment a-t-on vécu la guerre et l'occupation dans cette portion de l'empire colonial français où préexistaient de nombreuses tensions ?) Il est de surcroît filmé avec rigueur et inventivité : les plans sont pleins de sens, comme celui qui voit l'une des filles sortir de sous le lit où sa mère l'avait cachée ; elle émerge entre les jambes de celle-ci, comme dans une deuxième naissance. La scène au cours de laquelle le père pieux se rend compte que sa fille, supposée anabalphabète, profite chaque jour de sa sieste pour lire le Coran, est elle aussi magnifique, avec ce jeu sur la focale, en interaction avec les dialogues. Il y a des tas d'autres moments de ce genre.
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mercredi, 24 décembre 2008
Burn after reading
Curieusement, le titre anglais a été maintenu pour la sortie en France. Je m'en réjouis, mais je pense toutefois à ceux qui maîtrisent mal la langue de Barack Hussein Obama. Peut-être aurait-il été souhaitable d'ajouter un sous-titre en français (cela ne coûte pas cher, y compris sur les affiches), d'autant plus que le film n'est pas sorti qu'en version originale sous-titrée. C'est pourtant celle-ci que j'ai vue.
J'ai pris plaisir à "écouter" ces acteurs, aux voix caractéristiques (visiblement, certains ont été choisis autant pour leur "gueule" que pour leur accent). C'est que cela cabotine à fond ! On rit assez souvent, pour deux raisons. La première est la loufoquerie de l'histoire : comment deux événements sans importance (la mutation d'un agent de la C.I.A. et la volonté de l'épouse de divorcer) vont déboucher sur une suite d'imbroglios. Attention, faut bien suivre.
L'autre source de comique est la désillusion sentimentale, alliée aux ravages de la quarantaine. C'est un film très noir en fait, limite désespéré, où les femmes se battent pour rester jeunes et veulent encore croire à la vie, tandis que les hommes semblent ne plus croire en grand chose. Bien entendu, la cupidité se greffe là-dessus.
Le résultat est néanmoins décevant. Cela manque de tonus. Le film s'étire en longueur. Peut-être n'a-t-on pas osé trop couper au montage (ou alors on a au contraire beaucoup trop sabré). Plaisant mais pas marquant, Burn after reading restera, à mon avis, comme un film mineur des frères Coen.
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mardi, 23 décembre 2008
Les Ailes pourpres
Cette jolie métaphore évoque les flamants roses. Dans le documentaire, une analogie est faite avec le phénix. Cela tombe bien : l'animal fabuleux porte un nom dont l'étymologie renvoie à la couleur pourpre... C'est du Disney, donc la vie familiale est à l'honneur. De la musique a été ajoutée pour souligner les moments importants. En général, cela passe, mais j'en ai été parfois agacé (je préfère entendre les vrais sons de la nature). Le commentaire dit par Zabou est pertinent, accessible, et peu envahissant.
La principale qualité du film est bien entendu l'ensemble des prises de vue qu'il propose. Qu'elles soient aériennes ou terrestres, c'est ravissant, avec notamment ces oiseaux en vol dont l'image se reflète dans le lac situé juste au-dessous d'eux. Les gros voire très gros plans, sont d'une grande qualité. On a l'impression de pouvoir toucher du doigt ce magnifique plumage ou cette coquille que l'on peine à percer de l'intérieur.
On apprend aussi des tas de trucs : l'origine du nom des oiseaux, leur espérance de vie, l'explication de la couleur du plumage (étonnante), la description des phénomènes très particuliers liés au lac Natron.
De surcroît, la nature n'est pas décrite comme un univers de pureté toute faite. Sa cruauté est montrée sans détour, en particulier à travers l'action des prédateurs des flamants : les marabouts (le sort qu'ils font subir aux bébés paraît ignoble, mais c'est la "loi de la jungle"), les mangoustes et les hyènes (impressionnantes scènes de chasse à la clé).
On a heureusement droit à quelques moments de comédie, autour des premiers pas des bébés et des parades amoureuses des mâles. Un régal d' 1h15 ! (Ouf, ce n'est pas trop long !)
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lundi, 22 décembre 2008
L'Apprenti
Le monde agricole, auquel le cinéma français s'est si peu consacré jadis, suscite depuis plusieurs années un regain d'intérêt. Depardon a développé sa série (trop passéiste à mon avis) Profils paysans (dont le troisième volet est sorti récemment). Quelques fictions ont abordé, plus ou moins maladroitement, la vie rurale (on peut citer Une Hirondelle a fait le printemps). Mais, en gros, depuis les films de Georges Rouquier (Farrebique et Biquefarre... faudra bien que j'en cause un jour), le niveau est plus faible.
Ici, on se trouve à la croisée du documentaire et de la fiction. La manière dont le film a été construit est très bien expliquée dans les "secrets de tournage" d' Allociné. En gros, le réalisateur a choisi un vrai paysan et un vrai apprenti, qu'il a fait se rencontrer, et qu'il filme aussi avec leurs proches. Cela permet de comprendre comment certains moments ont pu être filmés : dans la réalité, cela aurait été particulièrement voyeur, mais comme c'est une demi-fiction, certains propos et certaines actions peuvent être portées à l'écran... sinon, les personnages n'auraient sans doute pas accepté.
Avis aux oreilles un peu bouchées : il faut être attentif à certains dialogues qui, prononcés avec l'accent franc-comtois (pas très éloigné de l'accent vosgien), sont parfois difficilement compréhensibles.
Bon, 1h25, c'est un peu long, mais c'est globalement remarquable. C'est d'abord une tranche de vie, celle d'un adolescent de 17-18 ans, "hors cadre familial" comme on dit dans le métier (ça veut dire qu'il n'est pas fils d'agriculteur), pour qui l'élevage semble être une voie toute tracée. Vous remarquerez que, dans le film, il n'est pas montré à son avantage dans l'exercice de son futur métier (il est particulièrement maladroit avec les bovins). Le côté docu ressort à travers les travaux réguliers (notamment le soin des bêtes) mais aussi des événements extraordinaires (comme la mise à mort d'une truie ou la mise bas d'une vache... un peu comme dans Une Hirondelle a fait le printemps... sauf que là c'étaient des chèvres).
Le paysan est une fort belle figure : plutôt solitaire, débrouillard, un peu paternel (son apprenti voit très peu son géniteur, qui s'est séparé de sa mère), cultivé aussi. On apprend vers la fin que la vie ne l'a pas épargné non plus.
Le héros est un "rebelle" mal dans sa peau. Il vit mal la séparation de ses parents et méprise un peu son père. Il roule à mobylette sans casque, se saoule la gueule avec ses potes, pense aux gonzesses, peu à son travail à l'école (une maison familiale rurale). Ah, j'oubliais : c'est un fan de Johnny Hallyday. Mais qu'est-ce qu'il chante mal !
On notera aussi que le montage a parfois un sens moral : l'apprenti s'amuse-t-il a projeter des cailloux (avec un lance-pierres) sur les poules qu'il finit par se vautrer lamentablement dans la boue ; fait-il le fier avec ses bouteilles de bière que, quelques heures plus tard, on le retrouve à vomir dans la rue ; se la joue-t-il James Dean du Doubs avec sa mobylette que celle-ci ne tarde pas à tomber en panne. Vous aurez donc compris que l'on rit souvent grâce à ce film, qui réussit à instruire en distrayant.
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vendredi, 19 décembre 2008
Caos calmo
Nanni Moretti est de retour avec une histoire a priori casse-gueule et une distribution très internationale : une foultitude d'Italiens certes (au premier rang desquels Alessandro Gassman, le fils de Vittorio), mais aussi une belle brochette de Frenchies (Hippolyte Girardot, Denis Podalydès et Charles Berling, les deux premiers s'exprimant à l'occasion dans la langue de Marco Materazzi) et quelques "guests" anglo-saxons (Roman Polanski, à la fin, mais surtout la délicieuse Valéria Golino, la plus américaine des Ritales).
J'aime bien aller voir les films de Moretti pour trois raisons :
1) Comme il ne sont distribués (sauf exception) qu'en version originale sous-titrée, c'est l'occasion d'écouter parler dans cette langue si musicale que je ne maîtrise pas.
2) C'est bourré d'humour, mais par petites salves, souvent inattendues.
3) On y voit plein de jolies femmes, ici âgées de 20 à 50 ans (je ne compte pas les gamines, tout de même).
J'ai "marché" dans cette histoire de cadre sup' que la mort de sa femme (qu'il n'aimait guère finalement) rapproche de sa fille. C'est qu'il s'en passe des choses dans ce petit parc qui jouxte l'école primaire ! Le héros réfléchit sur sa vie, sur le monde comme il va, sans pesanteur, et le monde finit par venir à lui.
L'humour est là dès la première séquence, avec une tranche de comédie à l'italienne (la partie de raquettes entre les deux frangins... les scènes présentant les deux personnages sont en général particulièrement réussies). La fille est vraiment très bien interprétée, attachante avec son côté "plus mûre que son âge", et qui, une fois le choc du décès de la mère passé, semble étrangement ne plus se soucier d'elle.
Un des ressorts de la comédie est l'attraction qu'exerce Pietro-Moretti : son comportement étrange suscite l'intérêt, l'épreuve qu'il traverse suscite la compassion et l'expansion de sa "fibre paternelle" donne à des tas de jolies femmes l'envie de lui mettre le grappin dessus. Le fil rouge comique est un acte d'humanité : au passage d'un jeune handicapé qu'accompagne, chaque matin, sa mère, le héros actionne à distance la condamnation centralisée des portes, à la grande joie du garçon, qui salue amicalement la voiture (de marque allemande, faut pas déconner).
Le principal bémol que je mettrais est sociologique : Moretti l'ancien cinéaste engagé signe ici une oeuvre de "bobo" (contrairement à ce qu'une présentation d'avant-séance tentait de faire accroire, il ne s'agit nullement d'un brûlot anticapitaliste) ; faute de pouvoir changer le monde, les intellos de gauche se replient sur la vie familiale et/ou sentimentale (ça tombe bien, ils ont du pognon et du charme). On peut aussi trouver invraisemblable la facilité avec laquelle le héros parvient chaque jour à se garer à proximité immédiate de la charmante école, où sa fille ne risque pas de croiser des enfants d'ouvriers...
Bon, à part ça, vous attendez peut-être que je cause de LA scène ? Ben, y a pas grand chose à en dire. Ce n'est pas du sexe explicite et ce n'est guère joli à voir. De surcroît, le personnage féminin n'y est pas traité avec respect, par le héros comme par le metteur... en scène.
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mercredi, 17 décembre 2008
Pour elle
Voici un polar sentimental, qui s'appuie sur deux piliers principaux : l'interprétation et le scénario. Commençons par ce que le film n'est pas.
Le personnage joué par Diane Kruger étant arrêté puis condamné pour meurtre, plusieurs possibilités s'offraient aux scénaristes. Ils auraient pu choisir de faire de l'héroïne une coupable. L'intérêt du film aurait constitué en la progressive découverte de la supposée double vie de l'épouse habile par le mari berné. Cela aurait eu l'avantage de fournir un rôle de délicieuse salope à Diane Kruger, un peu lassante à force d'incarner des nunuches.
Les scénaristes ont choisi de faire de l'héroïne une innocente. Elle n'est pas victime d'un complot (j'aurais bien vu un truc franchement tarabiscoté, mais bon... chacun son trip). L'histoire ne consiste pas non plus en la recherche de la vraie coupable, que l'héroïne a croisée le soir du meurtre. Les auteurs ont opté pour une intrigue plus romanesque (qui n'a pas forcément plu aux critiques).
Le récit est cassé, débutant par une séquence intervenant en fait vers le milieu de l'histoire. C'est par le son que l'on découvre d'abord ce passage, qui nous est narré dans le détail plus tard dans le film. Le principe du retour en arrière est bien maîtrisé.
Le film s'articule autour de quelques moments forts ; la quête de l'argent et la fuite sont les deux plus marquants, en dépit de quelques invraisemblances. Si vous êtes indulgents, cela passera. On peut noter que l'interprétation est bonne, les seconds rôles excellents.
On a beaucoup glosé sur la manie du héros (joué, tout en nerfs, par Vincent Lindon) de transformer le mur d'une des pièces de son appartement en tableau de bord, sur lequel il dessine ou agrafe. Même si c'est une resucée, j'ai trouvé cela assez bien vu (et mis en scène) : cela donne une bonne idée de la monomanie qui s'empare de ce personnage... et cela débouche aussi sur un des gags du film. Un soir, Vincent Lindon s'aperçoit que son fils s'est mis à griffonner sur l'un des murs de sa chambre : "Je fais comme toi, papa !" dit-il. Ledit papa finit par le coucher en lui disant "Au lit, Picasso !".
14:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture
lundi, 15 décembre 2008
Mesrine, l'ennemi public numéro 1
Le paradoxe est que c'est dans le premier volet du diptyque que Mesrine apparaissait comme une sorte de danger public et que c'est dans le second qu'il semble fleureter dangereusement avec la mort. Le point de vue est néanmoins plus politique ici. Mesrine symbolise la rébellion et s'acoquine avec des gauchistes. Cependant, contrairement à ce que l'on pouvait voir dans Mesrine, l'instinct de mort, la dureté des conditions pénitentiaires n'est pas apparente ici. Chacun a sa chambre bien à soi... voire la télévision (un fort bel écran pour le héros d'ailleurs !). De nombreux gardiens semblent aux petits soins pour le braqueur de banques.
C'est toujours aussi bien réalisé. Richet est particulièrement habile dès qu'il est question de voitures (les nostalgiques retrouveront avec émotion les bagnoles de l'ancien temps... que les moins de vingt ans...). La dernière séquence, qui correspond au début du premier film (elle s'achève par l'exécution de Mesrine) nous propose, par un montage alterné (les flics / le couple), une vision autre que celle fournie par la technique d'écran partagé utilisée dans le 1. Les références aux années 1970 sont toujours aussi présentes.
Les acteurs sont excellents. On sent que Vincent Cassel jubile dans le rôle du brigand, tandis que Ludivine Sagnier minaude et s'exhibe avec entrain. Même Mathieu Amalric est crédible en François Besse. Pour Gérard Lanvin, c'est selon. Tout le monde n'appréciera pas sa composition de gauchiste du Sud-Ouest.
Le film ne fait pas de Mesrine un saint. Sa violence, son mépris des règles, sont apparents. A ce propos, je trouve la séquence de torture du journaliste de Minute un peu complaisante. On sent la volonté de mettre en scène la "punition" du raciste. Cela frôle le "politiquement correct", ce qui, vu le sujet, est plutôt malvenu.
Autre bémol : si on utilise beaucoup les flingues dans ce film, presque personne ne meurt. Mesrine et ses acolytes sont régulièrement blessés mais, curieusement, leurs tirs ne semblent que rarement atteindre leurs cibles. D'autre part, j'aurais aimé que l'on nous montre davantage la traque mise en place par le commissaire Broussard (Olivier Gourmet, en bon pro, mais sous-utilisé). A deux reprises, il arrive à localiser précisément le fugitif. Le film ne nous explique pas comment, pas plus qu'il ne revient sur l'organisation du piège final.
15:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 09 décembre 2008
Madagascar 2
La vie de Barack Obama a-t-elle inspiré les scénaristes ? Toujours est-il que, dans ce film d'animation, il est question d'un "roi américain" aux origines africaines qui se retrouve sur la terre de ses ancêtres. Ici s'arrête la ressemblance : le héros est un bringueur bling bling, très éloigné de l'avocat devenu président des États-Unis.
J'ai retrouvé avec plaisir les pingouins, délicieux de cynisme, de culot et d'ingéniosité. (... et actifs dès le générique de début ! N'arrivez donc pas en retard, sous peine de manquer ce charmant trait d'autodérision signé DreamWorks.) C'est fou ce qu'une animation numérique peut faire dire au visage d'un pseudo-animal ! L'increvable mamie est le pendant humain du quatuor bicolore. L'un des meilleurs moments du film est sans conteste leur confrontation, à l'occasion d'une excursion touristique dans la savane. Les amateurs goûteront aussi les flambées de violence garanties 100 % retraitée, qui voient plusieurs personnages masculins très "virils" perdre de leur superbe face à l'énergique porteuse de sac à main... (Pas touche, non mais !)
Pour rendre le film plus digeste pour le jeune public, on a meublé entre les séquences détonantes. On n'a pas lésiné sur les bons sentiments, l'amour parental, filial, le désir de reconnaissance... Si vous ajoutez à cela le tropisme "boîte de nuit" (c'est qu'on fait vibrer son corps, gracieux ou pas, sur les rythmes de la night !), le film peut s'avérer parfois ennuyeux, mais cela reste une agréable distraction.
20:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 08 décembre 2008
L'Echange
Au départ, cela ne me "branchait" pas trop d'aller voir ce film. Oui, malgré Clint Eastwood, malgré les échos favorables, cette "histoire vraie", très mélo sur le fond, avec vedette oscarisable en bonus, me rebutait. Et puis, j'ai eu l'occasion de voir le film en version originale sous-titrée, alors, je me suis laissé tenter.
Eastwood est un nostalgique. Cela transparaît dans le tableau qu'il brosse de la Californie de la fin des années 1920 (juste avant la Dépression). L'image a été soignée : on est à la limite du noir et blanc. C'est bleuté ou pastel. Parfois une couleur ressort, tel le rouge qui garnit les lèvres légendaires d'Angelina Jolie. Celle-ci est au demeurant impeccable, même si, à mon avis, elle en fait un peu trop dans la première partie du film (et elle a été dirigée de manière caricaturale à la fin : voyez ce regard qui émerge à peine de l'ombre du chapeau).
Les années 1920 furent une période de prospérité aux États-Unis. Le film met en scène plusieurs représentants de la classe moyenne émergente (responsables de standard, officiers de police, avocats, journalistes...), dans une ville (Los Angeles) où les automobiles circulent harmonieusement entre les lignes de tramway. Tout cela est "beau, propre et riche"... et blanc (pas de minorités en vue). Mais, derrière cette façade de propreté se cachent pas mal de turpitudes, que l'affaire Collins (l'enlèvement du gamin) va révéler.
Le grand talent d'Eastwood est d'avoir réussi à mêler l'intrigue familiale et personnelle à la peinture d'une société. Il est très américain quand, après avoir montré la pourriture qui la gangrène, il met en valeur les personnes qui "rachètent" ces errements et qui vont permettre au bon droit de triompher... dans une certaine mesure. (Et vive la liberté d'expression, vive la défense des droits civils, vive la mobilisation citoyenne !)
Si le film est un peu long (2h20... Notre bon vieux Clint prend son temps), c'est parce que le réalisateur veut dérouler toute la pelote et mettre à jour tous les ressorts. Il est vrai qu'une troisième histoire se greffe sur celles de la disparition de l'enfant et de la corruption de la police locale. Franchement, je ne m'y attendais pas... Cela donne encore plus de force au film.
Certains en France n'ont pas apprécié le rôle positif joué par un pasteur très interventionniste (incarné assez sobrement par John Malkovich), pas plus que la manière positive dont la peine de mort est présentée dans le film. A chacun de juger.
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema
dimanche, 09 novembre 2008
La fièvre de l'or
Voilà un documentaire a priori alléchant : il est question de la forêt amazonienne (sorte d'or vert de la zone intertropicale), des chercheurs d'or, de pollution, de déforestation, de violence, de prostitution... Bon, ça fait beaucoup, mais il faut dire que les lieux sur lesquels le réalisateur s'est rendu sont riches en rencontres.
La séquence qui m'a le plus impressionné est celle qui voit les orpailleurs au travail. Leur action est décrite assez méthodiquement, entre le déboisement, le lessivage et le tri. J'ai aussi été marqué par le passage où l'on voit les commerces et leurs prix affichés en grammes d'or pur ! (Une autre scène nous permet de voir de fort belles caillasses jaunes !) Par contre, les scènes avec les prostituées sont très inégales. L'une d'entre elles, tournées le soir, est assez réussie : elle nous fait sentir à la fois la détresse de ces femmes (quelque chose qu'elles n'ont pas forcément envie d'avouer), l'appât du gain et l'atmosphère de far west qui règne quelque part entre le Brésil, la Guyane française et le Surinam.
Le pire dans cette histoire est que, de toute part, on ne rencontre quasiment que des marginaux, qui peuvent être amenés à s'affronter dans une lutte impitoyable pour la survie. Dans ce contexte, les tribus amérindiennes dégustent.
Malgré tout l'intérêt qu'on puisse porter aux questions soulevées par le film, il m'a laissé une impression mitigée. Ce n'est pas très bien filmée et le réalisateur n'est pas forcément un bon interviouveur. C'est un film utile, mais pas un grand film.
Le site officiel : http://www.lafievredelor.com/site-officiel.htm
Sur l'orpaillage en Guyane française : http://www.wwf.fr/pdf/orpaillage.pdf
18:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
samedi, 08 novembre 2008
Mensonges d'Etat
Attention, le titre est trompeur ! Ce film n'est absolument pas une dénonciation des magouilles diplomatico-militaires concoctées entre le Pentagone et la Maison Blanche. Si le pouvoir politique fait une courte apparition (sous les traits d'un président vieillissant pas très fut-fut et d'une conseillère "afro-américaine" très pincée... toute ressemblance... et patati.. et patata...), il est quasi exclusivement question des services secrets.
L'intrigue tourne autour de quatre personnages : un "cheikh" islamiste, qui sert de faire-valoir, deux agents états-uniens et le chef des services de renseignement jordaniens. Pour alléger la sauce, on a introduit une romance entre le héros et une Jordanienne d'origine iranienne (qui, de surcroît, fait du bénévolat dans les camps de réfugiés palestiniens). Elle cumule, la petite !
Di Caprio fait preuve d'un bel abattage, mais j'ai du mal à trouver crédible sa situation d'infiltré. Quoi, ce blondinet à l'activité mal définie pourrait évoluer en totale aisance dans les quartiers populaires de plusieurs villes arabes sans susciter ne serait-ce que l'étonnement ? Admettons... La meilleure performance est à mettre au crédit de Russel Crowe. Et pourtant, il n'a pas la tâche facile. Son personnage est une caricature de haut-fonctionnaire de l'espionnage. Il lui donne de la faconde, de la bonhommie, de l'ironie. On rit de temps en temps dans cette histoire après tout très triste.
Cela commence par un attentat au Royaume-Uni, vraiment spectaculaire... tout comme la poursuite dans le désert qui intervient dans le premier tiers du film. (C'est fou comme le Maroc peut ressembler à l'Irak, la Syrie ou la Jordanie !) Les morts sont filmées de manière hyper-réaliste, tout comme les scènes de torture. (J'ai retrouvé un peu du souffle présent dans une production du même genre : Le Royaume.) Le film n'est pas sans colporter quelques clichés : sur la domination technologique des services américains, sur la mouvance terroriste. Il fait preuve toutefois d'un certain esprit d'ouverture : le quatrième personnage principal, le "patron" du renseignement jordanien, moitié esthète, moitié fripouille, joue un rôle assez important (et même décisif, mais je n'en dirai pas plus) et la torture pratiquée par les Américains est mise en parallèle, par l'image, avec la torture pratiquée par les islamistes.
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jeudi, 06 novembre 2008
La vie moderne
Raymond Depardon poursuit (et achève ?) son périple agricole entamé il y a une dizaine d'années avec Profils paysans. Il nous embarque sur les routes de moyenne montagne, à la recherche d'exploitants isolés en Ardèche, Haute-Saône, Haute-Loire et Lozère. Il privilégie les plus âgés, même s'il a diversifié son panel d'agriculteurs.
Le monde rural agricole est si rarement filmé sans condescendance que c'est toujours avec intérêt que je considère ce genre de film. Les personnes sont traitées avec empathie, une dose d'humour (eh oui : on rit durant la projection d'un documentaire de Depardon !).
Conformément à ce que le titre suggère, la "modernité" envahit jusqu'aux fermes reculées du Massif Central. Elle prend la forme du tracteur... ou de la rencontre amoureuse par correspondance... et surtout, de la désertification rurale, avec disparition progressive des agriculteurs. Il est vrai qu'il faut avoir l'âme chevillée au corps (et peut-être être doté d'un soupçon de misanthropie) pour choisir de vivre en ces lieux. Alors, quand un conflit de générations se greffe là-dessus, la guerre picrocholine n'est pas loin !
Je reprocherais à Depardon, au-delà du respect évident qu'il éprouve pour ceux qu'il filme, de nous proposer un choix de passages qui visent un peu trop au "pittoresque"... ce en quoi il fait bien, puisque cela attire un certain public, avide de "curiosités rurales"... Il laisse ainsi de côté (par choix, à mon avis) tout un pan de la jeune agriculture contemporaine, moderne sans sombrer dans la morosité. On sent qu'il a vieilli. Le ton se fait encore plus plaintif qu'à l'habitude et celui qui fut une référence en matière de documentaire peine à extirper quelques mots de la bouche de la majorité de ses interlocuteurs. N'est pas expert en maïeutique qui veut...
20:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 03 novembre 2008
Entre les murs
J'ai longtemps hésité avant d'aller voir ce film. D'un côté, il y a le réalisateur, Laurent Cantet (Ressources humaines, L'Emploi du temps... que des films qui déchirent). De l'autre, il y a la palme d'or obtenue à Cannes, très consensuelle, très "politiquement correcte", avec soutien d'une partie de la critique "de gôche". J'ai eu peur du résultat.
Je me suis retrouvé dans une salle comble, malgré l'ancienneté de la sortie du film. En écoutant les conversations (avant le début de la projection, bien sûr), je me suis vite aperçu que j'étais cerné par les profs !
Les adolescents (peut-être un peu vieux pour le rôle parfois) sont excellents. On sent une direction d'acteurs pointue derrière leur jeu très "nature". Bégaudeau, dans son propre rôle, est bon : Cantet n'a pas cherché à en faire un saint laïc ; il en trace donc un portrait tout en nuances, plutôt positif certes (l'ensemble des profs est filmé avec empathie, dans sa diversité), mais avec, derrière la caméra, un jugement : le prof manque d'autorité... ou plutôt, il rechigne à l'utiliser, recourant trop souvent au dialogue. Cela nous donne des scènes parfois limite surréalistes, avec des jeunes qui s'érigent quasiment en procureurs des profs...
Je trouve le film très subtil dans sa manière de traiter de l'immigration (de nombreux élèves de la classe en sont issus), légale comme illégale. Il arrive aussi à nous faire sentir les différentes formes de racisme qui travaillent ces jeunes. Par contre, sans doute pour éviter de charger le tableau, Cantet nous épargne le type du prédélinquant : le plus violent de la classe, un élève qui finit par se faire exclure, (on a trop tardé à mon avis... ou alors il aurait fallu mettre en place un suivi particulier pour ce cas-là, visiblement hors-norme), n'appartient pas à cette catégorie. Les scènes avec les parents montrent la grande diversité de situations et d'opinions. Du coup, les profs doivent jongler entre leur demande d'exigence et le souhait que les enfants soient le plus soutenus possible.
Le film est centré sur ce collège parisien, essentiellement la salle de classe, celle des profs et la cour. Ni les élèves ni les enseignants ne sont montrés dans leur "milieu naturel" (leur domicile, la vie quotidienne hors les murs). Il est donc plus question des relations profs-élèves que d'éducation en général.
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dimanche, 02 novembre 2008
Les chimpanzés de l'espace
Ce matin, la salle était pleine... à moitié d'adultes, d'ailleurs ! Voilà un film qui attire des spectateurs âgés de 5 à 75 ans ! Ben évidemment, les références cinématographiques fourmillent, qu'il s'agisse de La Planète des singes, de 2001, L'Odyssée de l'espace ou surtout de L'Etoffe des héros. On goûtera tout particulièrement les séquences où l'on voit les singes-spationautes marcher au ralenti, bruitage adapté en plus !
Comme nombre de "dessins animés", c'est une histoire de formation : le jeune dilettante égocentrique va mûrir, devenir un véritable héros... et de surcroît rencontrer l'amouuuur ! Les personnages ne sont pas trop coulés dans un moule, même si on reconnaît ici ou là quelques archétypes : le vieux sage avec la voix française de Morgan Freeman, la jeune cadre dynamique, le scientifique asiatique, le sénateur-technocrate hyper ambitieux et sans scrupule...
Graphiquement parlant, c'est très réussi. On a l'impression que cela a été tourné avec de vraies caméras ! Certaines scènes sont d'une grande beauté visuelle, comme celle qui montre l'entraînement intellectuel des futurs "chimpanzionautes"... La version française est parvenue à restituer les jeux de mots, assez nombreux (notamment dans la bouche du commandant de l'expédition, un grand costaud pas toujours rapide à la comprenette).
La représentation du monde extraterrestre est une autre satisfaction. On a su faire preuve d'imagination, avec ce lac de liquide pétrifiant (issu d'un volcan), ces animaux volants projecteurs de piques redoutables... et le petit gentil, véritable ampoule sur pattes, fort utile au demeurant.
Les grands et les petits ont été captivés pendant 1h30... et ont souvent ri.
16:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 01 novembre 2008
Dernier maquis
Non, ce n'est pas un documentaire consacré à un groupe de résistants français de la Seconde Guerre mondiale. C'est d'abord une fiction, même si elle a un caractère documentaire. L'action se déroule de nos jours, dans le "neuf-trois", pas très très loin de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, peut-être à proximité de la Marne. Les personnages sont tous issus des "minorités visibles". L'intérêt du film n'est pas d'avoir tourné une histoire victimaire, mais d'avoir choisi une tranche de vie de ces mécaniciens et caristes, confrontés à un patron (interprété avec brio par le réalisateur, Rabah Ameur-Zaimeche) qui oscille entre paternalisme et manipulation.
C'est filmé au cordeau, sans fioritures, avec quelques morceaux de bravoure. Les scènes d'introduction et de conclusion sont notamment marquantes, avec ces piles de palettes rouges, qui sont comme des blocs HLM implantés sur ce lieu où travaillent des manœuvres qu'on imagine résidant en "banlieue". J'ai aussi beaucoup aimé la séquence avec le gros rat (une allusion au patron un peu grippe-sou ?), à la fois incongrue et révélatrice de beaucoup de choses.
Le nœud du problème semble d'abord être l'identité religieuse (et la pratique). La désignation de celui qui doit être l'imam du nouveau lieu de culte fait surgir d'autres problèmes, à commencer par celui des salaires. Le réalisateur excelle à montrer que revendication identitaire et aspirations sociales ne fonctionnent pas forcément de conserve... l'une pouvant même être utilisée pour brider les autres.
C'est 'achment bien joué et, comme dans un autre film sorti récemment, Chop shop, on constate une grande application dans la mise en scène du travail manuel... Eh oui : filmer des manœuvres peut être d'un grand intérêt cinématographique !
20:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 31 octobre 2008
Jar city
Ah, l'Islande, ses geysers, ses côtes battues par les vents, sa campagne à la fois belle et revêche, ses banques en faillite nationalisées... Voilà le cadre idéal pour un polar génétique. En toile de fond se trouve la collation des données relatives aux génomes de la population islandaise (autour de 300 000 habitants... sur environ 100 000 km²... on ne se bouscule pas, sur l'île), une politique décidée par le gouvernement et mise en pratique par une entreprise de biotechnologie. Comme les Islandais descendent d'un même petit nombre de familles (scandinaves et un peu britanniques... je ne vous raconte pas les noms à coucher dehors qu'ils portent), leurs A.D.N. sont proches, les variations peu nombreuses, ce qui favorise l'étude des causes des maladies génétiques.
Ce n'est que peu à peu que l'on voit se nouer les liens entre un meurtre, un viol (peut-être plusieurs), un jeune père de famille qui effectue des recherches étranges, des femmes assez âgées et un flic véreux retiré des voitures. Un passé nauséabond remonte à la surface... tout comme un cadavre et des odeurs qu'on croit d'abord être d'origine marécageuse. Vous mélangez ça avec une étude sociale (on vit plutôt replié sur soi dans le coin) et vous obtenez ce film, à l'humour parfois macabre. (Mais comment demander à plus de cent femmes si elles ont été violées 30 ans auparavant ?... Que faire quand l'assassin que vous pourchassez décide soudainement d'inverser les rôles et de se mettre à votre poursuite ?)
L'enquête est menée lentement et sûrement. Ce trio de flics nordiques m'a un peu rappelé les policiers du Fargo des frères Coen. Un style à découvrir !
21:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 30 octobre 2008
W, l'improbable président
Encore une biographie ! Celle-ci est consacrée à un personnage encore vivant... enfin pas politiquement parlant. Pour ceux qui n'ont pas suivi l'actualité internationale ces huit dernières années, ce film a une certaine utilité : il offre une vision de la vie de jeune adulte de l'actuel (et futur ex) président des Etats-Unis d'Amérique et lève un coin du voile sur le processus de prise de décision (au sein du pouvoir exécutif), en matière de politique étrangère en tout cas.
On comprend mieux comment George W. Bush a pu devenir populaire : c'est un (ancien) beauf, pas méchant au fond, dont la carrière politique doit beaucoup aux relations de papa (qui pourtant le méprise à la base... pauvre, pauvre Boubouche) et à sa renaissance protestante. Beaucoup ont oublié son côté "gosse de riche" pour ne retenir que le symbole de l'Américain mâle moyen : pas futé, alcoolo sur les bords, cul-bénit franchement au milieu et simpliste dans sa vision du monde.
Le problème est que le film n'émet pratiquement jamais une critique sur la carrière du fiston Bush. Oh, il y a bien quelques piques ici ou là(quand même, Oliver Stone doit défendre ce qu'il reste de sa réputation usurpée de réalisateur contestaire), parce que, sinon, l'aspect thuriféraire du film serait trop voyant. La musique est particulièrement agaçante. Elle contribue à présenter les défauts du président comme de pendables déviations, bien pardonnables après tout. A cela s'ajoute une interprétation de Josh Brolin assez faible. D'abord il n'est pas crédible en Bush vieux. Ensuite, il ne nous fait pas du tout sentir la nature de la foi qui anime le personnage. Cela apparaît comme extérieur à l'individu.
De surcroît, la volonté affichée de faire uniquement une étude de caractère évite au réalisateur d'aborder les questions gênantes. On a davantage insisté sur la prétendue naïveté de W que sur son machiavélisme, à peine suggéré lorsqu'il est question de la première campagne présidentielle de son père. Il n'est absolument pas question de l'action de Bush comme gouverneur (uniquement de la campagne), pas plus que de sa politique intérieure une fois qu'il est devenu président. La fraude électorale de novembre 2000 est très très rapidement évoquée. Quant à la préparation de la guerre contre l'Irak, elle est emblématique du film : les propos tenus par certains personnages sont accablants mais, vu la manière dont c'est filmé et monté, le spectateur est tenté d'excuser tout ce joli monde de magouilleurs. On notera la vision exccessivement positive de l'action de Colin Powell, Condoleezza Rice étant présentée comme la "fayote" du président.
C'est filmé plan-plan, O. Stone ayant cru subtil de faire jouer l'ombre et la lumière sur le visage de son personnage, en particulier quand il est censé prier. C'est vraiment un biopic bas-de-gamme.
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mercredi, 29 octobre 2008
La Famille Suricate
J'avais déjà vu ces bestioles, mais j'avais complètement oublié leur nom. J'ignorais aussi qu'une série télévisée leur était consacrée. Comme, à la base, j'aime bien les documentaires au ciné et que c'est la B.B.C. qui a produit la chose, je me suis laissé tenter, malgré des critiques peu encourageantes.
C'est qu'ils sont trognons ces suricates ! On se sent proche de ces animaux intermédiaires entre la mangouste et le chat (les Britanniques les appellent meerkats, mot qui viendrait de l'afrikaans et signifierait "chat du lac" ou plutôt "chat des lacs"), qui ont quelques éléments de gestuelle similaires à ceux des humains, en particulier quand ils se dressent sur leurs pattes de derrière (et leur longue queue). Les trois premiers quarts d'heure passent donc comme un charme, surtout que l'armée de marmots emmenée là par des parents soucieux de divertissement éducatif n'est pas bruyante. Le commentaire de Guillaume Canet, qui donne souvent l'impression de lire un passage de la Critique de la raison pure (sans bien le comprendre), gâche toutefois un peu l'atmosphère.
Plusieurs détails m'ont fait tiquer. Même si c'est précisé (en anglais) à la fin du film, au début du générique, la reconstitution opérée à propos de plusieurs séquences est gênante. Il apparaît parfois évident que ce qui est montré à l'écran ne correspond pas tout à fait (même s'il y a un rapport) au moment de l'histoire. Les personnages ne sont peut-être pas toujours ce qu'on nous dit qu'ils sont, ou en train de faire ce qu'on nous affirme qu'ils sont en train de faire. J'ai même perçu des éléments de scénarisation : je pense que toutes les séquences faisant intervenir le serpent ne sont pas fortuites (c'est-à-dire le produit de la pure observation, la seule méthode recommandable pour un documentaire digne de ce nom), même si, ici ou là, pour éviter de mettre nos héros en danger, on a sans doute pratiqué la superposition d'images (lorsque certains prédateurs sont mis en scène notamment).
Au final, c'est un peu long, mais agréable à regarder : entre deux scènes de suricates s'intercalent des plans parfois magnifiques de paysages africains.
Un site sympa (en anglais...) :
15:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 28 octobre 2008
Mesrine, l'instinct de mort
Le premier problème à résoudre, concernant ce film, est celui de la prononciation du nom du "héros". Dans ma jeunesse, j'ai toujours entendu dire "Messe-rine", alors que, dans ce film, il est le plus souvent prononcé "Mérine". Voilà une énigme supplémentaire. Deuxième problème à résoudre : le caractère "tout public" du film. A mon avis, vu la violence qui émaille de nombreuses scènes, il faut que Thomas Langmann (ou son papa) ait de bonnes relations pour avoir évité un classement "interdit aux moins de 13 ans, même accompagnés, même armés d'un gros flingue".
Cassel est excellent. Voilà un deuxième postulant sérieux (après Demaison pour l'interprétation de Coluche) aux César. Il arrive à faire croire en l'évolution de son personnage, de l'appelé du contingent à l'évadé du Canada, en passant par le porte-flingue et le braqueur invétéré. Les séquences où il incarne une sorte de "loveur" un brin maladroit sont aussi très réussies. En face, y a de grosses pointures aussi : Cécile de France est troublante en égérie hors-la-loi, tout comme Gérard Depardieu en truand raciste.
La réalisation est très efficace. C'est trépidant, passionnant même parfois (même si on connaît un peu l'histoire... et surtout sa conclusion, rappelée en introduction). La technique du "split screen" (écran partagé) se justifie pleinement : elle instille l'angoisse et nous plonge dans l'époque (les années 1970, riches en polars à la française).
Je pense que Richet a pris un malin plaisir à faire démarrer son film durant la guerre d'Algérie, façon pour lui de démontrer que la barbarie mise en œuvre là-bas a eu des conséquences profondes ici (en métropole). C'est aussi là que s'installe l'ambiguïté : le portrait du voyou, qui ne cache aucun de ses défauts, reste, au fond, l'éloge d'un anticonformiste qui s'est élevé à la force du poignet, la véritable coupable étant, pour le réalisateur et son scénariste, la société (à travers la guerre coloniale, la lâcheté des parents, la brutalité du milieu, la mentalité quasi nazie d'une partie du personnel pénitentiaire...). On peut goûter le film sans partager tous ses apriori.
19:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 27 octobre 2008
Le bal des lucioles
A part le fait qu'il s'agisse d'animations et (en partie) des lucioles, il n'y a guère de rapports entre cet ensemble de courts-métrages et Le Tombeau des lucioles (sublime drame poétique). On nous propose ici quatre courts-métrages lettons, réalisés à la main (moulés à la louche et roulés sous les aisselles), image par image, par une équipe spécialiste des marionnettes. Ils ont été produits entre 2001 et 2007.
Les petits écoliers est une fable éducative, dont les personnages principaux sont des insectes. Je recommande tout particulièrement les pétomanes (je kiffe à donf !). J'adore aussi la manière dont la "cloche" est sonnée... Bon, les ch'tites nenfants n'aiment pas forcément aller à l'école, où on leur apprend pourtant des tas de choses utiles. Certains d'entre eux vont en faire l'expérience. Au cours de leur périple, ils vont quasiment provoquer un accident de la circulation (les bolides concernés étant des escargots !)... et surtout risquer leur vie.
Le bal des lucioles (qui donne son nom à l'ensemble) est une historiette romantique, un tantinet humoristique, sur les amours de ces jolis insectes lumineux. Le jeune mâle, qui désespère de son arrière-train (terne), a recours à des moyens extrêmes pour parvenir à séduire sa dulcinée (il a si peu de temps !)...
La Nouvelle espèce fait intervenir un entomologiste, collectionneur de papillons (ça doit porter un nom, ce truc). Ses proies sont donc des insectes, en particulier une femelle très coquette. La famille-insecte sort pique-niquer. L'escargot-taxi s'engageant dans la mauvaise voie, de folles péripéties surviennent...
Dans Le Magicien, il est question de la crédulité des gens (ici les animaux de la forêt), qui perdent leurs biens pour ne s'être pas suffisamment méfiés d'un loup prestidigidateur... qui ne va toutefois pas l'emporter au paradis ! La Fontaine aurait beaucoup aimé ces petits bijoux, qui allient l'inventivité visuelle à la perspicacité psychologique.
15:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 26 octobre 2008
Chop shop
C'est du "cinéma-vérité", ça se passe dans un coin pas très fréquentable de l'agglomération de New York (entre ghetto et zone industrielle en semi-décomposition), les personnages principaux appartiennent aux minorités. Ce sont plutôt des Hispaniques. On suit plus particulièrement Alejandro et sa grande soeur Izzie, d'origine dominicaine.
Les parents n'existent pas et nos deux loustics ont fui les foyers. C'est le système D total. On découvre de mini-solidarités chez les pas nantis. On découvre aussi les "coups de pute" : pas facile de se décrouiller quand on ne sait pas lire et mal compter ! Du coup, la loi et la Morale (avec un grand m, comme dans "Magouille") ont des acceptions parfois éloignées de ce que connaissent "les gens normaux" (que l'on aperçoit brièvement vers la fin du film).
C'est filmé comme un documentaire, une partie caméra à l'épaule... et bonjour le mal de mer, parfois ! Le réalisateur n'a visiblement pas eu de gros moyens pour tourner le film, mais les acteurs sont excellents. On apprécie la minutie avec laquelle le travail manuel (celui des réparateurs de voitures comme celui de démontage des véhicules volés) est filmé. On ne sombre heureusement pas dans le manichéisme : ce à quoi on s'attend (que le logeur veuille se taper la frangine de son employé, par exemple) n'arrive pas forcément.
C'est souvent drôle et dur à la fois. Bienvenue dans le monde réel ! New York, ton univers impitoya-a-bleuuu !
15:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Tokyo !
Il s'agit d'un film à trois regards : ceux de Michel Gondry, Leos Carax et Joon-ho Bong (un Coréen bourré de talent, dont on a pu déjà voir en France Memories of murder et The Host). Ils ont la particularité d'avoir été tous très majoritairement tournés en japonais, avec des acteurs du cru. Ne ratez pas le début : la courte animation qui sert de générique est joliment troussée.
On commence par Interior design de notre Michel Gondry, de retour après son piquant Soyez sympas, rembobinez. Son moyen-métrage est centré sur la crise d'un couple. Lui est une sorte de double japonais de Gondry jeune : fana de cinéma, un peu en dehors des réalités. Elle est la petite amie dévouée, qui a tendance à faire passer la réussite de son chéri avant sa vie personnelle. Dès le début, on sent que ça cloche. Heureusement qu'une copine peut héberger le duo de fauchés ! Cela nous vaut quelques séquences cocasses sur l'exiguïté des appartements tokyoïtes (ouais, c'est comme ça qu'on dit) ou encore sur l'homérique recherche d'un logement convenable dans le Grand Tokyo. On a droit aussi à une jolie scène dans une fourrière : petit à petit, les objets prennent le dessus sur les humains. Cela conduit tout naturellement le cinéaste à faire subir à l'héroïne une transformation quasi-kafkaïenne. Le film, qui commençait à s'essouffler, rebondit joyeusement...
... pour ressurgir par une bouche d'égout, part l'intermédiaire de Denis Lavant (pas lavé). Merde ! est le plus corrosif des trois. Carax va chercher dans les bas-fonds de la capitale quelques déchets soigneusement enfouis : un char de la Seconde guerre mondiale, une affiche félicitant les soldats vainqueurs de Nankin en 1937 et une ribambelle de grenades dont le héros va faire un usage récréatif. Le personnage joué par Denis Lavant est une sorte d'antithèse du Tokyoïte bien élevé : il pue, ne se fond pas dans la masse, et commet des actes fort répréhensibles (mais parfois réjouissants). Son périple est commenté par des journalistes empotés au possible. Le film baisse en intensité (à mon avis) dès que l'avocat (Jean-François Balmer, pas toujours convaincant) entre en scène. Ce qui était volontairement (et transgressivement) outré devient excessif sans raison et il y a une indéniable ambiguïté dans le comportement raciste du héros (qu'on finit par appeler "M. Merde") : dans quelle mesure le réalisateur est-il complice du personnage ?
Fort opportunément, le film suivant débute par une séquence dans les toilettes. L'occupant de l'appartement est un hikikomori, une personne qui vit repliée sur elle-même, sans entretenir de réels contacts avec l'extérieur. La découverte du mode de vie de cet ours des cavernes des temps modernes nous offre cinq minutes très divertissantes. Arrive la livreuse de pizzas (qui porte des porte-jarretelles en cuir, excusez du peu !) et le séisme, qui change tout. Je ne vous raconterai pas la suite, mais sachez que c'est une fable romantique très réussie et filmée avec un zeste d'imagination.
14:46 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 24 octobre 2008
Le Crime est notre affaire
C'est marrant, mais cela commence comme La Momie 3 : un couple un peu excentrique, retiré des affaires, s'ennuie. Dans les deux cas, la femme est celle qui regrette le plus la vie passée... et c'est elle qui joue le plus grand rôle dans la suite des aventures. Là s'arrête la ressemblance. Le Frenchie Pascal Thomas nous livre une intrigue policière à la sauce British fine en bouche (on notera la qualité de l'image dès qu'il est question de nourriture), qui gravite autour d'une Catherine Frot qui est... comment dire... sublime ? divine ?
Elle incarne Prudence Beresford, dont le prénom est, bien entendu, une antiphrase. Cette femme distinguée devient la bonne à tout faire d'une famille de "chacals" comme elle le dit, le moins pire de la bande étant peut-être le patriarche, un vieux dégueulasse acariâtre interprété avec une délectation évidente par Claude Rich.
L'enquête que mène notre héroïne prend sa source dans une observation faite par sa tante, jouée par une Annie Cordy impeccable en collectionneuse de papillons farfelue (elle est particulièrement bonne dans l'une des dernières scènes, durant laquelle elle communique sa passion à plusieurs membres de la famille qui croit employer sa nièce).
Le film vaut par les cabotinages, dans lesquels excelle le couple formé par André Dussolier et Catherine Frot, le premier un peu en dessous toutefois de sa partenaire, qui tient une forme (physique et mentale) olympique. C'est délicieux, sans prétention, saugrenu parfois (ah les séquences où l'un des époux dialogue avec une vision hallucinatoire de sa moitié !). J'ai passé un bon moment, souvent ri.
22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma