samedi, 16 février 2008
Lust, caution
Ang Lee a dû visionner un paquet de films français et ricains des années 1940-1960. Il en restitue ici l'ambiance, adaptée aux moeurs chinoises. C'est une sorte de calque des films consacrés à la Résistance française ou à l'espionnage durant la "guerre froide". Ici, il est question de la résistance chinoise (non communiste) à l'envahisseur japonais et à ses collabos.
On a soigné l'emballage : l'image est léchée. C'est très chic, trop parfois. On n'a pas résisté à la tentation du glamour.
L'interprétation est excellente, ce qui fait qu'on y croit, qu'on se laisse porter par cette intrigue, pas si longue que cela finalement. Les scènes qui ont tant choqué les pudibonds chinois ne cassent pas trois pattes à un unijambiste... encore que... il faudra attendre la sortie du dévédé et pratiquer quelques arrêts sur image pour bien vérifier si, entre deux scènes "classiques", qui montrent deux corps nus collés l'un à l'autre (parfois dans des positions acrobatiques... tout cela est d'un fatigant !), ne se serait pas glissée une brève image un peu plus osée...
Ceci dit, au-delà de la provocation facile, ces scènes se justifient parfaitement. Elles sont là pour faire toucher du doigt (ne me demandez pas lequel) le trouble qui gagne l'héroïne qui, découvrant le plaisir physique, sent tressaillir la flamme de la mission qui l'habite. De la même manière, le très maîtrisé M. Yee (Tony Leung excellent), toujours dominateur, perd toutefois un peu le contrôle de la situation. De ce point de vue, la représentation du sexe reste à la limite du misogyne. Cela semble d'ailleurs avoir déplu à deux spectatrices (des étudiantes sans doute, une exception dans le public clairsemé essentiellement constitué de personnes âgées) de la salle où je me trouvais : elles ont quitté les lieux après la première scène de nu (la plus "dure").
Sur le fond, Le film est un peu nauséabond. Si'il est fait clairement allusion à la domination japonaise, rien n'est montré de son inhumanité, ni de celle des collaborateurs. Les tortures pratiquées sur les résistants sont mentionnés mais, comme nous sommes au cinéma, c'est de qui passe à l'écran qui compte. Or ces collaborateurs sont à peine égratignés, en particulier M. Yee. Ce sont plutôt les résistants "tchang kai-shekistes" qui sont dépeints comme des imbéciles, des lâches voire des salauds. Est-ce pour complaire à la censure chinoise qu'Ang Lee les a chargés ? Cela expliquerait l'absence totale d'allusion à l'autre résistance anti-japonaise, celle des communistes de Mao. Cela évite bien des questionnements, en particulier celui-ci : la poursuite de la guerre civile chinoise pendant la première partie de l'invasion japonaise. Le film procède à trop de simplifications, sauf au niveau du mah-jong (illustré par une savoureuse brochette d'actrices), qu'un pauvre Occidental comme moi doit s'efforcer de comprendre sans y être vraiment aidé par la mise en scène.
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dimanche, 10 février 2008
Litvinenko
Sous-titré : "empoisonnement d'un ex-agent du KGB", ce film d'Andreï Nekrassov vise plus large. Il s'agit de montrer comment les service secrets noyautent le pouvoir (au profit d'un clan). C'est aussi une charge contre Vladimir Poutine. Le documentaire revient sur plusieurs événements de l'histoire russe récente, en particulier les fameux attentats de Moscou, attribués bien vite aux idépendantistes tchétchènes (ce qui a servi de prétexte au redéclenchement de la guerre, qui a assis le pouvoir de Poutine), sans doute organisés par des agents du FSB (l'ex-KGB).
Une fois ceci dit, que reste-t-il ? Ben un film un peu long (j'ai piqué du nez plus d'une fois), composé en grande partie d'images d'archives et où le réalisateur a fortement tendance à se mettre en valeur : c'est une sorte de BHL russe... Les séquences avec Alexandre Litvinenko (rencontré par l'auteur alors qu'il était en parfaite santé) sont intéressantes sur le fond, mais très plates sur la forme. On a aussi le plaisir de croiser Anna Politkovskaïa (qui alliait l'intelligence et la ténacité à un charme certain).
Le problème est que Nekrassov n'est pas à la hauteur des personnes auxquelles il rend hommage. Il est plus dans la dénonciation que dans la démonstration, alors que ces combattants de la démocratie étaient bien plus rigoureux dans leur démarche. C'est un peu dommage.
16:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, russie
samedi, 09 février 2008
Useless
C'est un documentaire chinois, consacré à différents aspects du secteur textile. Le réalisateur est Jia Zhang-Ke, l'auteur de Still life, une fiction qui a pour cadre la région du barrage des Trois-Gorges. Cela m'a l'air d'avoir été filmé en vidéo numérique... mais haut de gamme : ce n'est pas dégueu à regarder. L'effet de réalisme est grand.
On commence dans le Sud, à Canton plus précisément. On est cueilli par une brochette de travellings (que le réalisateur semble vraiment affectionner... trop parfois) dans une usine textile. Il n'y a pas de commentaire. Evidemment, il s'agit d'une production à bon marché destinée en partie à l'exportation. Les gestes sont précis, rapides. Le travail n'est pas bâclé pour autant. On sent la volonté de montrer les maillons d'une chaîne. La vie des ces ouvriers n'est pas délirante, mais ils ont du travail.
On fait un grand saut, direction Paris et ses défilés de "haute" couture. Il est question d'une styliste chinoise, qui travaille d'une manière totalement différente. On perçoit chez le réalisateur un peu de fierté à retourner l'image traditionnelle accolée à son pays : cette styliste privilégie le travail manuel (même si des machines sont utilisées dans une partie du processus) et sa dernière collection est constituée de vêtements qui ont été enfouis sous terre... On a droit aux préparatifs du "happening" (plus qu'un défilé : les modèles vont être statiques), côté créatrice, côté techniciens, côté mannequins.
On retourne en Chine, cette fois-ci dans le Nord, dans une région située au sud-ouest de Pékin. C'est le travail des repriseurs et autres couturiers à domicile qui est mis en valeur. Le cinéaste est entré dans l'intimité de certains couples. Les querelles familiales s'entremêlent à l'évolution économique : un tailleur a préféré devenir mineur avant d'être ruiné par la concurrence industrielle. On termine donc par une très jolie séquence dans la mine de charbon, avec décrassage (méticuleux) des mineurs à la clé.
17:25 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 08 février 2008
Le roi et le bouffon
C'est un film coréen, une sorte de fresque à tonalité sentimentale. L'action se déroule au XVIème siècle. Ce roi aurait existé. La première partie du film est consacrée à ce que nous appellerions aujourd'hui les "arts de rue", aux activités liées au cirque (la partie acrobatique). C'est vivant, bien joué, parfois drôle, toujours coloré.
A partir du moment où la troupe (le duo de héros en particulier) se retrouve à la Cour du roi, j'aime moins. L'intrigue amoureuse prend le dessus et c'est plus ennuyeux, sauf quand les rivalités politiques entrent en jeu.
15:25 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 07 février 2008
Les Faussaires
Dans une guerre, tous les coups sont permis pour faire chuter l'ennemi... y compris la fabrication de fausse monnaie. Je connaissais les manœuvres des nazis entre 1940 et 1945, mais j'ignorais qu'ils avaient utilisé des déportés juifs dans cette "entreprise".
Le film, construit à partir d'une histoire vraie, tourne autour d'un faux-monnayeur juif (brillamment interprété par Karl Markovics), qui nous est d'abord présenté dans son contexte berlinois de 1936. La séquence du bar est très enlevée... et riche de sens : elle offre une vision contrastée de la société allemande en général et des juifs en particulier. Il finit par être arrêté. Déporté à Mauthausen, il est recruté par un officier SS qui n'est autre que le policier qui l'a naguère interpellé.
La déportation est montrée à travers le regard de ces relatifs privilégiés : imprimeurs, photograveurs, graphistes... par la bande, on est donc informé de ce qui se passe dehors... y compris dans la partie du camp où sont détenus les autres, qui ne bénéficient pas d'un lit douillet. L'une des forces du film est de nous faire percevoir les contrastes dans la situation des déportés ainsi que leurs divergences d'opinion : faut-il saboter ou pas ? jusqu'où s'abaisser pour survivre ?
L'image joue elle aussi sur les contrastes, avec des scènes situées à Monaco (ach, on aime pien fotre pognon, t'où qu'il fienne !), à Berlin et dans le camp de Sachsenhausen (à l'intérieur de l'imprimerie ou à l'extérieur). Les auteurs semblent avoir été particulièrement sensibles aux salles de bains et cabinets de toilettes (et il y a une scène de douche...). On a aussi travaillé le son, lorsque le héros est concerné : sa perception des choses est transmise au spectateur. Tour à tour, les scènes peuvent donc être joyeuses, angoissantes, troubles. Pas mal du tout.
A noter que ce Salomon Sorowitsch n'était pas que faussaire : doué pour le dessin, féru d'innovation picturale, il aurait pu mener une carrière artistique.
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mercredi, 06 février 2008
It's a free world
08:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 05 février 2008
Smiley face
08:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 04 février 2008
Cortex
Le nouveau film de Nicolas Boukhrief fonctionne selon des principes proches du précédent, l'excellent Le Convoyeur : l'action se déroule dans un milieu très spécifique (ici une clinique pour personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, là une entreprise de transport de fonds), un acteur connu incarne un héros à faille (ici André Dussolier, ancien flic qui perd la mémoire, là Albert Dupontel, ex cadre sup qui a tout perdu), enfin les seconds rôles sont tenus par des pointures (ici Marthe Keller, Claire Nebout, Pascal Elbé, Aurore Clément... là Jean Dujardin, François Berléand). Claude Perron et Julien Boisselier font le lien entre les deux films au niveau de la distribution.
C'est un polar très bien ficelé. Il est d'abord réussi au niveau de l'intrigue : un mystère s'installe autour de ces décès subits, mystère auquel plusieurs possibilités d'éclaircissement sont proposées au fil du déroulement du film (j'ai même cru à un moment qu'on s'orientait vers Soleil vert !). C'est aussi une description fidèle de la petite vie d'une unité médicale, avec ses dévouements, ses trahisons, ses jalousies. C'est surtout une plongée parfois humoristique, jamais dégradante, dans la vie de ces personnes de plus en plus nombreuses à "perdre la tête", l'âge venant.
Le cinéaste semble avoir, comme à son habitude, travaillé l'ambiance sonore (et il a inclus une scène "festive" d'entreprise, comme dans Le convoyeur) et les tons de l'image : il se passe toujours quelque chose quand cela devient bleuté...
Le paradoxe est que, même si des morts surviennent, il n'y a aucune scène de violence physique (sauf, à la rigueur, à la fin). C'est donc un polar d'un style radicalement différent de celui des frères Coen, par exemple, mais tout aussi plaisant.
19:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 03 février 2008
No Country for old men
Non, cela ne veut pas dire que les hommes âgés n'ont pas accès à la musique country ! On se trouve néanmoins dans le Sud rural des États-Unis, au Texas, pas très loin de la frontière mexicaine. Les paysages sont jolis mais, de ce point de vue-là, les frères Coen ne réinventent rien. Ils sont bien plus habiles dans les scènes d'intérieur, en particulier quand ils jouent sur les ombres et les reflets : c'est vraiment chouette ! J'ai retrouvé le talent des réalisateurs de Barton Fink et Fargo notamment.
On a beaucoup parlé de la violence de certaines scènes. Certes. Mais les critiques auraient pu davantage souligner qu'une partie des meurtres ne sont pas montrés : c'est le résultat qui nous est offert, voire seulement suggéré (y a des ellipses, oui !). La même "économie" a été mise en pratique au niveau des dialogues : ce n'est pas un film bavard... et c'est tant mieux ! Tout cela baigne dans l'humour noir ; on aime ou on n'aime pas. J'aime.
Côté acteurs, on a fait la promo du film sur le nom de Tommy Lee Jones, alors qu'il n'est qu'au second plan. De surcroît, il nous la rejoue vieux-baroudeur-à-qui-on-ne-la-fait-pas : cela commence à lasser. Il était nettement meilleur dans Dans la vallée d'Elah. Le véritable personnage principal du film est le tueur méthodique et givré, incarné par Javier Bardem (dont le regard hante l'affiche du film). Celui qui fut l'un des acteurs fétiches de la movida espagnole a pris de la bouteille (et un accent anglais irréprochable). Il est inquiétant d'assurance tranquille. A noter sa coupe de cheveux old fashioned, qui fait de lui une sorte d'archange maléfique, qui dispense la mort sur son passage... sauf quand une pièce de monnaie se met de la partie.
L'autre grand personnage du film est celui du "cowboy (presque) solitaire" qui trouve le fric, interprété avec brio (mais tout seul !) par l'excellent Josh Brolin (vu récemment dans Planète terreur de Rodriguez et Dans la vallée d'Elah... décidément). C'est celui auquel le spectateur masculin de base est censé s'identifier.
En dépit des jérémiades de deux flics ronchons (dont Tommy Lee Jones) sur le temps qui passe et les valeurs qui se perdent, il ne faut pas voir dans le film une quelconque morale. Comme souvent chez les Coen, chacun est invité à se faire la sienne. Cela peut désarçonner mais cela pousse aussi à ne considérer le film que comme ce qu'il est : un pur moment de plaisir.
PS
J'ai toutefois trouvé le dernier quart-d'heure décevant.
17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 02 février 2008
La visite de la fanfare
C'est une fiction... hélas. On aimerait que l'atmosphère dans laquelle baigne ce film s'étende à la réalité du Proche-Orient... C'est un sujet casse-gueule : ma principale crainte était que des hectolitres de bons sentiments ne viennent nuire à la qualité du film.
Heureusement, ce n'est pas le cas. A la base, les musiciens égyptiens viennent d'Alexandrie : ils sont donc une incarnation du top de la culture méditerranénnne... et ils se retrouvent dans le trou du cul d'Israël (et donc dans la merde). L'esprit de Tati (le cinéaste, pas le commerçant) souffle sur les premières séquences, où tout est dit par la caméra. De manière générale, le réalisateur a soigné le cadrage. Pas d'effets spéciaux donc dans ce long-métrage, mais du savoir-faire.
Cela rend les scènes de groupe (en particulier celles qui voient se rencontrer Égyptiens et Israéliens) vraiment très intéressantes, parfois hilarantes, un peu comme dans les comédies italiennes des années 1950-1970. Côté acteurs, on a choisi des "gueules". Les visages, à l'image des personnages, ont un vécu.
L'un des ressorts du comique est le principe du retournement : ce sont les Égyptiens, issus d'un pays en développement, qui, à bien des égards, apparaissent "évolués", face aux Israéliens de "province" (on est loin de Tel Aviv et des films branchouilles), un peu "ratés". L'une des plus belles scènes est celle qui, dans la boîte de nuit, voit le beau gosse égyptien montrer à l'Israélien coinços comment draguer la cousine de la copine de son pote, gestes à l'appui !
21:55 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 01 février 2008
Survivre avec les loups
Attention : bien que le personnage principal soit un enfant, bien que les plus belles séquences mettent en scène des chiens ou des loups (vraiment magnifiques et bien dressés), ce n'est pas un film que je recommanderais au plus jeune public : la réalisatrice a choisi (à raison) de ne pas atténuer le crudité de certains moments, ce qui peut choquer.
C'est donc une histoire vraie, celle de cette petite Belge juive qui va traverser l'Europe à la recherche de ses parents. L'actrice est plutôt convaincante, mais, à mon avis, pas toujours bien dirigée : on la fait notamment trop parler. Certains dialogues sonnent faux, comme si on lui mettait des paroles d'adulte dans la bouche. Elle est néanmoins très bonne en enfant têtue, acharnée à survivre. Elle est drôle aussi quand elle fait la sale gosse.
Restent les adultes. On a voulu faire reluire le casting. Le couple formé par Guy Bedos et Michèle Bernier est à moitié convaincant (et la scène qui voit le vieux fermier virer son neveu vraiment mal jouée). Les bourgeois cathos qui hébergent (contre espèces sonnantes et trébuchantes) la petite après l'arrestation de ses parents sont plus réussis, en particulier l'épouse (interprétée par Anne-Marie Philipe je crois). Les parents sont très bien. (J'ai un faible pour Yaël Abecassis... qui m'en blâmera ?)
Les éléments du contexte sont tantôt très réussis (la séquence avec les orphelins juifs, la rencontre des partisans soviétiques), tantôt plutôt ratés (en particulier la scène qui voit des gamins polonais ou ukrainiens, chrétiens, lancer des pierres sur les juifs embarqués mollement par les nazis : c'est mal joué).
J'en sors donc mitigé : agacé par les maladresses, ému par le parcours de cette fille, enchanté par la présence des animaux.
23:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma
dimanche, 27 janvier 2008
La nuit nous appartient
Je n'avais pas vu le film à sa sortie immédiate... et il est parti. J'ai récemment eu l'occasion de le voir en version originale sous-titrée. J'ai tenté l'expérience, alors que le sujet, à la base, ne me botte pas.
La première partie du film n'a fait que confirmer mes craintes : c'est clinquant et truffé de clichés. Les policiers sont dévoués, à cheval sur les valeurs ; les mafieux sont très bien organisés, avec une apparence de respectabilité ; les filles sont jolies, s'habillent comme des péripatétitiennes friquées et le héros se la pète dans cet univers de paillettes.
A partir du moment où le frère se fait tirer dessus, les clichés commencent à se retourner. Le frangin superficiel se révèle courageux et intègre, la femme amoureuse et fidèle devient distante, le flic modèle ne tient plus la route, le père si fort n'a plus la maîtrise de la situation et les mafieux propres sur eux se révèlent être des ordures.
C'est de surcroît habilement filmé. Le réalisateur James Gray exprime son talent dans une palette assez large de situations : en intérieur (hangar, boîte de nuit, commissariat, appartement familial, chambres d'hôtel) comme en extérieur (dans la rue, sur le trottoir ou sur la route -avec une bonne séquence de poursuite, à la campagne... magnifique séquence dans les blés à la clé).
Au niveau de l'interprétation, je relève tout particulièrement la performance de Robert Duvall, criant de vérité en patriarche polono-américain, et Mark Wahlberg, surprenant. Les méchants sont aussi très bien joués. Par contre, Joaquin Phoenix m'est apparu être le point faible, ce qui est gênant vu que c'est le "héros". Une limite qui n'empêche pas le film d'être très prenant, tendu, sur le fil du rasoir.
16:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 26 janvier 2008
La guerre selon Charlie Wilson
Attention, grosse distribution pour ce film historico-politique. Vu les moyens déployés, il n'aurait sans doute pas pu se faire sans la présence de Tom Hanks (coproducteur), Julia Roberts et Philip Seymour Hoffman au générique. Il faut le placer dans la même catégorie que Syriana (avec Clooney dans le rôle de l'acteur connu friqué engagé).
Le nœud de l'intrigue est la genèse de l'intervention (plus ou moins discrète) des États-Unis aux côtés des moudjahidin afghans combattant les méchants envahisseurs soviétiques. C'est une vision assez unilatérale de la chose : la complexité du contexte afghano-pakistanais n'est absolument pas rendue. Par contre, le film nous fait pénétrer dans les arcanes de la vie politique états-unienne, du Congrès de Washington aux lobbyistes du Texas. C'est drôle, fortement teinté d'antiparlementarisme. Julia Roberts (qui pourrait intenter un procès aux spécialistes de chirurgie faciale qui l'ont "travaillée") est géniale en pétasse friquée fondamentaliste. En face, on trouve un duo de grands acteurs : Philip Seymour Hoffman, méconnaissable sauf par le talent, et Tom Hanks, qui est actuellement sans doute un des rares à pouvoir tenir la route dans une scène de face à face avec le précédent. Au niveau des seconds rôles, le directeur du casting a dû vivre des moments particulièrement éprouvants quand il s'est agi de recruter la ribambelle d'assistantes voluptueuses qui entourent le député. On retrouve avec plaisir la petite Amy Adams, qui confirme le talent entraperçu dans Il était une fois.
Il y a un côté "Pieds Nickelés" dans la description de l'action de ce petit groupe de francs-tireurs américains (des marginaux doués présentés systématiquement sous un jour favorable) qui a changé l'Histoire. On retrouve ainsi une thématique très souvent mise en scène outre-Atlantique : le bon sens de ceux qui sont proches du peuple, opposé à l'aveuglement d'une élite arrogante, fût elle du "bon côté" de la barre.
Au niveau de la réalisation, il ne faut pas s'attendre à des prouesses. C'est corseté, pas dégueu, mais pas génial. J'ai parfois eu l'impression d'assister à une scénarisation de jeu vidéo (quand les Soviétiques dézinguent les civils afghans et quand, plus tard, des moudjahidin descendent les appareils des Rouges).
Les gros sabots sont particulièrement visibles à la fin, quand le personnage incarné par P. Seymour Hoffman conjure celui interprété par T. Hanks (Charlie Wilson, qui a vraiment existé) de ne pas arrêter l'effort après le retrait soviétique : il fait allusion au fanatisme d'une grande partie de ceux que les États-Unis ont financés, armés et entraînés. En fond sonore, on entend des avions passer à basse altitude... Pas idiot, mais un peu rapide comme raccourci.
19:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 25 janvier 2008
Sweeney Todd
Quand on n'a pas fréquenté de salle obscure depuis un petit moment, l'idéal est d'y replonger pour une valeur sûre. C'est donc parti pour le dernier film de Tim Burton, sur lequel je n'avais auparavant quasiment rien lu : je ne savais même pas que c'était chanté !
Commençons donc par les chansons, qui occupent une telle place dans l'intrigue qu'il a été jugé pertinent de les laisser telles quelles (avec un sous-titrage) dans la version française. Riche idée ! Comme les autres "dialogues" ne sont pas très abondants, j'ai donc eu droit à une semi-version-originale. Il m'a fallu presque un quart d'heure pour m'habituer au procédé... d'autant plus que c'est au début que l'on entend, à mon avis, les moins bonnes chansons : celle de la fille du héros coincée dans sa chambre et celle de son prétendant, toutes deux d'une niaiserie assez confondante. Heureusement, la suite n'est pas du même aloi. J'ai particulièrement aimé la séquence de joute entre les deux barbiers, sur la place publique.
Les décors sont d'une grande beauté, qu'ils soient "naturels" ou numériques. L'équipe de Burton a réussi à ressusciter un Londres victorien sale et fascinant. De surcroît, il manie toujours aussi bien la caméra (je pense en particulier à un travelling avant zigzagué de toute beauté), même s'il a parfois tendance à se regarder tourner. On le lui pardonne sans problème : lui, au moins, il est bon. Le numérique semble avoir été particulièrement utilisé pour les effets "saignants". C'est impressionnant... et d'une violence inhabituelle chez l'auteur de Edward aux mains d'argent. Je pense qu'il aurait fallu restreindre le public aux 16 ans et plus.
Les acteurs sont remarquables. Johnny Depp est parfait en beau ténébreux, doté d'un pouvoir quasi maléfique. Helena Bonham Carter est étincelante (c'est le deus ex machina du film, en fait), tour à tour amoureuse, glauque, triviale, inquiétante... et quelle bonne cuisinière ! Sacha Baron Cohen, frisettes et moule-poutre ostensibles, cachetonne avec talent. Alan Rickman ne laisse pas sa part au chien, même si j'ai eu du mal à oublier Severus Rogue. Il forme un duo percutant avec Timothy Spall (qui a récemment incarné une autre enflure dans Il était une fois).
Au final, c'est un film brillant, virevoltant même, souvent drôle mais assez triste sur le fond. Burton y malaxe la pâte humaine et les sentiments qui la meuvent : amour, désir, rancune, appât du gain. Toutefois, l'ouvrage me paraît incomplet : il lui manque une séquence d'introduction (avec l'évasion du barbier) et une scène de conclusion, avec deux des personnages (je ne vous dirai pas lesquels)... en bonus sur le DVD ?
PS
Ma petite Little, tu peux te précipiter à cet excellent cours de cuisine...
14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 02 janvier 2008
Et ton Palm, Arès ?
Comme ça, au débotté, je vais vous jeter à la figure mes fulgurances cinématographiques de 2007.
Meilleure apologie du sado-masochisme chez les minorités opprimées : Apocalypto
Oscar du film le plus économe en dialogues inutiles (merci !) : Le Grand Silence
Meilleur film des années 1950 sorti en 2007 : The Good German
Meilleur documentaire sur ceux qui n'ont aucune envie de se faire "buter jusque dans les chiottes" : Itchkéri Kenti
Meilleur oscar mérité : La Vie des autres
Meilleur film de beauf moderne : Hypertension
Meilleur film fascisant : 300
Meilleure réflexion sur la condition de l'homme contemporain : Norway of life
Meilleur conte : 10 canoës, 150 lances et 3 épouses
Meilleur film aquatique : Agua
Meilleur film d'un membre de la famille Miyazaki : Les Contes de Terremer
Plus belle mise en scène d'une histoire d'amour entre deux adultes pas crétins : Le Vieux Jardin
Meilleur film de branleur : Irina Palm
Meilleur film tarantinesque : Boulevard de la mort
Meilleur film d'animation : Persepolis
Meilleur film-vérité : Le Scaphandre et le papillon
Meilleure apologie de la philanthropie au cinéma : La Colline a des yeux 2
Meilleur "biopic" : L'Avocat de la terreur
Meilleur film d'action : Die hard 4
Meilleur vaudeville : 2 Days in Paris
Meilleur film culinaire : Ratatouille
Meilleur film de propagande cubaine : Sicko
Meilleure comédie dramatique : Ceux qui restent
Meilleur film judiciaire : Le Dernier Voyage du juge Feng
Meilleure comédie britannique : Joyeuses funérailles
Meilleur film social britannique : This is England
Nanard pour puceaux de l'année : SuperGrave
Putain de film d'action politique : Le Royaume
Meilleur film médical : Saw IV
Meilleur Disney : Il était une fois...
Prix spécial de la meilleure utilisation des logiciels de traitement de l'image : Ce que mes yeux ont vu
20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Le prince Ahmed
C'est un film d'animation un peu particulier. Tout d'abord parce qu'il date de 1923. (C'est l'époque phare de l'expressionnisme.) C'est de plus un film allemand, réalisé par une femme, Lotte Reiniger. De surcroît, les images sont constituées d'ombres chinoises (avec des personnages découpés dans du papier et articulés).
Vous allez me dire, c'est bien beau tout cela, mais que dire du résultat ? Eh bien, c'est un charmant conte de fées (de sorciers plutôt), inspiré des Mille et une nuits (on y croise Aladin). Les petits apprécieront le merveilleux, la fin heureuse (les héros parviennent quand même à surmonter les difficultés rencontrées). Les moins jeunes goûteront l'accompagnement musical (d'époque), le soin apporté aux découpages.
Hanna Schygulla est la narratrice (discrète). Le film dure 1h05.
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lundi, 31 décembre 2007
Je suis un cyborg
... Naaan, pas moi, voyons ! Une ravissante Sud-Coréenne, qui s'imagine, dans le dernier film de Park Chan-wook, qu'en mettant la partie supérieure du dentier de sa mémé dans la bouche, elle peut communiquer avec les équipements électriques. Elle parle aux néons, au distributeur de boissons et qu'est-ce qu'elle suce !... des piles, menfin ! Bande d'obsédés !
Il ne faut surtout pas rater le début de cet ovni, vraiment emballant. Après, on est parti pour 40 minutes de gentil délire : l'héroïne se retrouve chez les dingues, croise sur sa route un garçon un peu fêlé lui aussi, mais avide d'aider son prochain. Le tout est de savoir s'il va parvenir à la guérir... et à nouer avec elle une relation amoureuse.
Vers la moitié du film, cela commence à tourner un peu à vide. Malgré la grande inventivité visuelle (c'est le réalisateur de Old boy, tout de même ! On le retrouve bien avec ces séquences qui voient l'héroïne flinguer avidement le personnel d'encadrement de l'établissement), on s'ennuie un peu, avant que la dernière demi-heure ne relance l'intérêt.
Derrière ce qui semble n'être que l'étude d'une historiette médicale se profile un traumatisme juvénile. Le réalisateur a voulu traiter de ces vies brisées, qui finissent parfois en institution. Chaque "grand malade" a droit à son petit moment de gloire dans le film. Ils ne sont pas vus comme des bêtes de cirque. De ce point de vue, le début du film est faussement trompeur.
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dimanche, 30 décembre 2007
Ce que mes yeux ont vu
La peinture vous intéresse, mais vous trouvez que, trop souvent, elle est la chasse gardée d'une caste de snobs ? Alors ce film est pour vous ! Il s'agit d'un polar pictural, sur le fond et sur la forme (avec de très jolis plans de détails et des scènes de "scanner" passionnantes... il m'a semblé percevoir l'influence du Blow up d'Antonioni, pour tout dire).
L’œuvre du peintre Watteau est au cœur de l'intrigue. La distribution déchire : Sylvie Testud incarne avec grand talent (on a l'habitude, mais ça ne fait pas de mal de le répéter) une étudiante opiniâtre, face à un universitaire reconnu, interprété avec classe par Jean-Pierre Marielle. Là-dessus se greffe une histoire d'amour peu commune avec un sourd-muet (James Thiérrée excellent) qui voit ce que cache la surface des choses...
C'est plastiquement très réussi (avec un bon accompagnement musical), prenant, surprenant même !
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samedi, 29 décembre 2007
Paysages manufacturés
Ce film est consacré au travail d'un photographe canadien anglophone, Edward Burtynsky, et à ses voyages. Le concept est le suivant : une séquence filmée sert à introduire une photographie. A l'exception d'une incursion au Bangladesh, toutes les séquences ont été tournées en Chine, même si le propos du film vise à l'universel : en artificialisant son territoire à l'extrême, l'être humain perd la substance de son existence.
Ca a l'air quasi kantien, dit comme cela, mais en fait c'est un fantastique voyage dans la Chine contemporaine. Cela commence par un magnifique travelling dans une usine de confection. On découvre un peu plus tard qu'on y fabrique notamment des fers à repasser. Tout est dit sur la géométrisation de l'espace, la soumission des employés à une organisation économique rartionnelle, la hiérarchisation des rapports humains. Au détour d'un plan, on découvre la dextérité dont nombre de ces ouvriers(ères) font preuve, pour un salaire modique. Par la suite, on aura un aperçu de la récupération des déchets industriels, d'un chantier naval de destruction (au Bangladesh), de la transformation de la région du barrage des Trois-Gorges (avec ce moment extraordinaire qui voit les habitants détruire leur propre ville ou village condamnée par la future montée des eaux du lac de retenue... ils sont payés à la brique récupérée !).
Le film, tout en reconnaissant les apports positifs de la "modernisation" de la Chine, pointe l'augmentation des inégalités, qui frappent par exemple les personnes âgées, en particulier à travers la frénésie immobilière qui saisit les grandes villes comme Shanghai.
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vendredi, 28 décembre 2007
La clef
Casting d'enfer pour ce polar de Guillaume Nicloux. On y trouve Guillaume Canet (très bien), Marie Gillain (très bien aussi... pis craquante en plus... bon d'accord, chuis pas objectif), Jean Rochefort (très bien en vieux renard sur le retour), Vanessa Paradis (le point faible de la distribution, à mon avis), Josiane Balasko (avec laquelle le réalisateur nous refait le coup de Cette femme-là), Thierry Lhermitte (à voir absolument pour ceux qui ne le croient pas capable d'interpréter d'autres personnages que comiques)... je vous passe les seconds rôles, tous excellents.
Les dialogues sont bons (sauf peut-être dans les scènes Paradis-Canet), l'intrigue prenante. Le montage renforce cette impression : deux histoires (liées, bien entendu, tout l'intérêt étant de découvrir, au fur et à mesure, les éléments qui les rattachent) se déroulent alternativement, sous nos yeux, à 30 ans d'intervalle dans la "réalité".
On a reproché à G. Nicloux son goût pour le "glauque". Il n'est que le reflet d'une certaine réalité sociale (et délinquante), sur laquelle s'appuie tout bon film policier. A la différence de bien de ses prédécesseurs, le réalisateur n'atténue en rien la violence du Milieu, sans faire preuve de complaisance. Le tout est certes bien "enrobé" : la photographie est soignée, la musique au diapason de l'ambiance.
On a aussi reproché la fin, supposée bâclée... N'importe quoi.
Qu'est-ce que c'est que ces cons qui font la fine bouche ! Le pire est que le mauvais accueil critique (dont pourtant je me méfie) a failli me détourner de ce film ! Croyez-moi, si vous aimez les polars, vous passerez un bon moment.
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mercredi, 26 décembre 2007
Les animaux amoureux
J'aime les documentaires animaliers, à condition qu'ils ne soient pas très scénarisés, non pas dans leur montage (il faut bien donner un minimum de cohérence aux prises de vue), mais dans le déroulement de ce qui est filmé : l'être humain ne doit pas influer sur la vie des animaux qui sont filmés. C'est pour cela que je préfère aller voir Les animaux amoureux plutôt que Le renard et l'enfant (ou encore bientôt Mèche blanche), même si ce dernier n'est sans doute pas sans qualité.
L'introduction est poussive : on nous impose un commentaire lénifiant dit par Cécile de France. Il est question de "magie de l'amour" alors que les animaux sont mus essentiellement par les pulsions du rut. Vouloir à tout prix en faire des cousins des êtres humains est à mon avis une erreur... sauf dans le cas des singes, qui nous ressemblent vraiment : ils se font des bisous comme nous, ils pratiquent le "missionnaire" (je ne sais pas s'il faut s'en réjouir...), s'occupent de leur progéniture à la manière d'humains (responsables... y a des parents indignes chez nous). Cela m'amène à un autre défaut du film : la systématisation de la procréation. Pour dire les choses plus clairement, le coït semble n'être que l'introduction (!) à la maternité...
Les parades amoureuses sont variées, souvent très jolies, pittoresques (ah les grenouilles, les dindons) voire hilarantes. Les oiseaux sont privilégiés, même si l'on nous propose des mammifères et des insectes. J'ai adoré la scène de ménage entre le lion et la lionne : les deux sont en train de se dorer la pilule au soleil ; visiblement le mâle, les burnes à l'air, ressent comme un picotement au niveau du bas-ventre ; il essaie de se faire comprendre de sa compagne, qui rechigne à se faire culbuter comme ça sans façon. Je vous laisse découvrir la fin... Il y a bien sûr compétition entre les mâles. On s'attend à un combat de cervidés, qui finit par arriver, impressionnant. On rira aussi aux prises de bec, aux coups de papattes des lièvres, aux folles courses des oiseaux sur l'eau. On s'esclaffera aux grands coups de tête dans les fesses administrés par les girafes (si, si !).
Les images (sur grand écran svp) sont souvent magnifiques, la musique d'accompagnement est bien dosée, à l'unisson des images, pas envahissante.
Tout ça pour dire : MERDE AUX CHASSEURS !
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mardi, 25 décembre 2007
Tous à l'ouest
C'est l'adaptation d'un épisode des aventures de Lucky Luke, La Caravane (époque Goscinny-Morris). L'esprit de René Goscinny souffle donc sur ce film d'animation. (Au générique, la mention de l' "aimable collaboration" d'Anne Goscinny, la fille, est là pour rassurer les puristes.)
En effet, c'est drôle. Les dialogues sont parsemés de jeux de mots, de blagues parfois anachroniques. (On peut s'amuser à relever les références...) Des effets visuels viennent conforter cette impression. On a aussi choisi un mode surréaliste pour traiter des aventures du cowboy solitaire : les explosions ne tuent pas, les lois de la gravité ne s'appliquent pas tout à fait et les animaux parlent. C'est ce qu'il fallait faire. Il y a parfois un petit côté Tex Avery dans certaines scènes.
Au niveau des voix, le choix de Clovis Cornillac pour Joe Dalton (un peu inspiré par Louis de Funès, à mon avis) est excellent. J'ai aussi beaucoup aimé l'interprétation de Michael Lonsdale, parfait en notaire rondouillard et véreux. Marie Vincent (dont on entend souvent la voix dans les films d'animation doublés en français) vient apporter une touche gouailleuse, à la Arletty, dans un rôle chevalin assez piquant !
Ceci dit, si l'on rit, c'est rarement aux éclats. On sourit souvent. Ce n'est déjà pas si mal.
17:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 23 décembre 2007
I'm not there
C'est un biopic (biographic picture) un peu barge (censément être à l'image du personnage), six acteurs incarnant Bob Dylan à un moment différent de sa vie, ou dans un état différent. J'ai été attiré par le procédé... et par la présence de Cate Blanchett au générique. (On y voit aussi Charlotte Gainsbourg, qui interprète celle qui fut la compagne frenchie de la vedette.)
Je ne suis pas fan de Dylan, à la base. Pour moi, c'est une icône gauchiste des mouvements protestataires des années 1960-1970. Je n'ai donc sans doute pas saisi toutes les allusions glissées dans le film.
En tout cas, force est de constater que ce long-métrage déconstruit le mythe : Dylan y apparaît mystificateur, faux jeton, alcoolo, drogué, habile musicos ceci dit... et finalement creux. Je ne sais pas si tel était le but du réalisateur, en tout cas, c'est comme cela que je l'ai ressenti. C'est globalement bien joué. Cate Blanchett notamment confirme son grand talent : androgyne, elle est parfaite dans le rôle de la star volontairement obscure. Les plus belles séquences sont celles qui montrent l'Amérique "d'en bas", celle supposée évoquée dans des chansons de Dylan. La photographie est belle dans ces moments-là. De manière plus générale, le noir et blanc sied parfaitement à cette histoire. Todd Haynes s'essaie à l'inventivité visuelle, avec succès ma foi.
Par contre, qu'est-ce que les dialogues sont chiants !!! Le vide intersidéral du personnage principal déteint sur le film, beaucoup trop long de surcroît. (Je vous assure que j'ai bien senti les 2h15... et encore, je ne fais pas partie de ceux qui se sont endormis pendant le film !) Reste la musique, agréable.
21:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 21 décembre 2007
Bee movie
Attention, c'est un "dessin animé" plutôt destiné à un public adolescent et adulte. Beaucoup de choses (en particulier les sous-entendus et quelques gags) peuvent passer au-dessus de la tête des bambins. Ils apprécieront néanmoins le rythme de l'action (avec une séquence de poursuite automobile époustouflante... scène de dialogues sur un pare-brise à la clé !), les rebondissements (parfois assénés un peu trop rapidement... le montage n'est pas optimal) et l'humour, en particulier le décalage entre le monde des humains et celui des abeilles (et tous les gags liés à la différence de tailles).
Mais le film est surtout intéressant pour ce qu'il nous dit du monde des humains, non pas à travers les hommes et femmes représentés, mais à travers la vie des abeilles, symbolisant l'organisation des sociétés humaines, centrées sur le travail. Il est question des inégalités, du sens de la vie, de l'importance du travail : c'est de ce point de vue l'anti "An 01" (on arrête tout et on réfléchit), puisque tout s'effondre dès que les abeilles, après avoir gagné leur procès, cessent leur activité.
Mais on y décrit aussi les turpitudes d'une catégorie très prospère aux Etats-Unis : les avocats. J'ai bien aimé la remarque du moustique, à la fin : de suceur de sang à avocat, la marche n'est pas grande, puisque l'acquisition d'un attaché-case suffit ! J. Seinfeld est sensible au juridisme états-unien... et à l'écologie. Ce film est un plaidoyer en faveur de ces insectes, menacés ici par l'enfumage industriel... en réalité par les fabricants de pesticides, qu'on n'a pas osé attaquer de front... sans doute par crainte de suites judiciaires... Décidément, on ne sort pas des manuels de Droit !
J'ai un regret : j'ai vu le film en version française, ce qui m'a privé de la voix de Renée Zellweger, qui incarne (dans la version originale) la charmante fleuriste Vanessa, quintessence de la New-Yorkaise aisée, féministe, écolo et soignée (un pendant outre-atlantique de la Parisienne).
22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 20 décembre 2007
Il était une fois...
Cela commence comme un conte de fées... puis ça dérape, mais pas trop. Un Indien débarqué chez nous y verrait comme une adaptation locale du style "Bollywood" : c'est hyper sucré, limite nunuche et parcouru de séquences chantées et/ou dansées. C'est d'ailleurs le point faible du film en version française : on a voulu doubler les chansons (Disney a des moyens, que voulez-vous), au lieu de laisser les voix d'origine, accompagnées d'un sous-titrage. Mauvais choix.
Cela n'empêche pas le film d'être bourré de qualités. La première est la réussite de l'animation, au niveau des animaux qui entourent la princesse dans la "vie réelle". C'est parfois magnifique et j'ai adoré toutes les séquences avec l'écureuil (un petit clone du héros de Ratatouille ?), en particulier celles où il mime un méchant et la princesse. Les acteurs sont bons. Le prince charmant (James Madsen... oui, "cyclope"... excellent !) est un crétin, mais un gentil crétin d'une franchise désarmante. Le vrai charmant est une sorte de Guillaume Canet états-unien. Susan Sarandon prête ses traits à la méchante, de manière très convaincante. La petite Amy Adams s'en sort bien : pas facile d'incarner de manière plausible une ingénue aux pouvoirs surnaturels qui évolue vers plus de maturité.
La première partie est un dessin animé "classique", qui mélange des références à Blanche Neige et les sept nains, Cendrillon, La Belle au bois dormant et Bambi (entre autres). Disney a mis le paquet de guimauve et les grosses caisses : c'est qu'on se livre à de l'autoparodie ! Au passage, on en profite pour se payer la tête de ces enfoirés de Dreamworks : un ogre vert (façon Shrek) est ridiculisé... au besoin avec de l'humour glauque ("morval" dirais-je)... ça vous apprendra à vous fiche de nos beaux films dans les vôtres, non mais !
Après, ça déchire. On a le choc des cultures entre les personnages issus des contes et les "vraies gens". Je recommande la découverte de la télévision (et d'une télénovela particulièrement puissante) par le prince charmant et l'acolyte fourbe.
Au bout de 20 minutes, on sait ce qu'il va se passer, mais ce n'est pas grave. On a droit à un peu plus de 1h30 de détente, parfumée de romantisme.
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mercredi, 28 novembre 2007
Lions et agneaux
Trois histoires s'entrecroisent : une entrevue entre un sénateur républicain (excellent Tom Cruise) va-t-en-guerre et une journaliste "libérale", c'est-à-dire de gôche, au sens ricain (Meryl Streep, caricature de l'intello juive, affublée de fringues moches et chères) ; une intervention de troupes spéciales en Afghanistan (les scènes les plus convaincantes) et un dialogue entre un prof de fac (Redford, plutôt mauvais) et un étudiant doué mais pusillanime (interprété par mec à qui on a envie de filer des taloches). C'est globalement verbeux : trop de dialogues, pas très bien écrits.
Je vois à peu près ce que Redford a voulu faire. La "gauche" américaine se mord les doigts d'avoir été roulée dans la farine par l'équipe Bush après le 11 septembre 2001. Au second degré, ce film d'un progressiste est une sorte d'exorcisme. C'est aussi la dénonciation de l'égoïsme d'une grande partie des Zaméricains, qui préfèrent passer leurs loisirs à regarder des programmes télévisés daubiques et le reste du temps à essayer de palper un max de thunes (et se complaire dans une sorte de poujadisme intellectuel) plutôt que de jouer leur rôle de citoyens. C'est aussi une vision critique de la stratégie gouvernementale : le sénateur est un illuminé et ses décisions envoient des soldats au casse-pipe.
Le film est réussi quand il montre ces jeunes, issus des minorités, de quartiers "difficiles", réfléchir sur leur engagement et finir par intégrer l'armée... et je ne vous dis pas dans quel merdier ils se retrouvent ! On sent chez Redford la volonté de ne pas stigmatiser les soldats tout en contestant les modalités de l'intervention militaire... et ses motivations politiques réelles.
Le résultat est donc un peu décevant.
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mardi, 27 novembre 2007
Saw IV
Celui-là est interdit aux moins de 16 ans... donc la salle ne comporte pas de djeunse boutonneux, juste des adulescents plus ou moins dégourdis (la majorité du public avait entre 18 et 25 ans)... plus quelques "vrais" adultes !
Ça commence fort, par une séquence très chirurgicale (le générique de fin nous précise d'ailleurs qu'un "physician" a collaboré au film), très réussie, très ambiguë (on se demande sur quoi elle va déboucher). La suite est beaucoup plus attendue.
Visiblement, ils ont du mal à fournir, au niveau du scénar. On sent que cela s'épuise un peu. Alors, on tire sur toutes les ficelles. Ici, pendant un moment, on ne voit pas le lien entre les personnages et les épisodes précédents. Les anciens décors sont rentabilisés : on y fait évoluer (en partie) les protagonistes du numéro IV. On finit par comprendre que les événements ne se déroulent pas après, mais pendant l'épisode III. (Je mets les retours en arrière à part.) Cela donne un peu de sel à l'intrigue.
Reste une grosse invraisemblance : le film commence avec l'autopsie du tueur... et se termine dans la pièce où il s'est éteint, à la fin de l'opération réalisée par le médecin qu'il avait fait enlever. C'est incohérent. A moins que... (suspense pour la suite)
On remarque aussi que certains points de l'histoire ne sont pas complètement exploités (comme le cas du type dont la fille avait été enlevée dans le III. On attendra Saw V...
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samedi, 24 novembre 2007
American gangster
Le film compte non pas un mais deux héros, deux anti-héros (c'est à la mode). La première partie du film met leurs destins en parallèle, montrant à la fois leur ascension (chacune dans son genre) et leurs côtés "obscurs"... Tous deux sont issus d'une minorité : noire pour le trafiquant, juive pour le flic. Tous deux ont commencé en bas de l'échelle : dans le ghetto noir pour le premier, dans le quartier italo-américain pour le second (dont les potes de collège sont devenus des mafieux). Dans cette partie, on retrouve la virtuosité de Ridley Scott, qui, mine de rien, nous livre une véritable étude sociologique. Le tout, comme ça, dans le flux de l'intrigue, dans un film commercial bien charpenté.
Mais là s'arrêtent les ressemblances entre les personnages. "Frank" (Denzel Washington excellllent) est plutôt puritain, radical quand il s'agit de prendre des décisions, attaché aux valeurs familiales... et plus encore au pognon, alors que Richie (Russell Crowe formidable) est un voluptueux, plutôt asocial et louvoyeur, méprisant le culte de l'argent. Leurs ascensions prennent des chemins différents : le Blanc suit une forme de méritocratie, passe des concours, intègre un "service public", le Noir reprend une "entreprise", innove, conquiert des marchés, affronte ses concurrents.
Toutetois, les deux bonshommes partagent le goût de la rigueur dans le travail, ce qui va les rapprocher à la fin.
Par comparaison, les autres personnages, certes bien interprétés, apparaissent en retrait. Deux mots sur les femmes : à part la mère (incarnée par Ruby Dee, l'inoubliable maman de Wesley Snipes et Samuel L. Jackson dans Jungle fever), ce sont soit des putes soit des profiteuses de mecs. La vision est donc assez misogyne... et reste fidèle aux "canons" de la mythologie du film de gangsters : les fréquentations des caïds ne peuvent être que des canons sans cervelle avides de fric et de sexe...
Reste la question de la scène manquante.
Ben oui, il en manque une. Ceux qui ont vu la bande-annonce ne peuvent que s'étonner d'avoir "raté" la scène qui montre Frank Lucas s'approcher, dans l'obscurité, de la caméra (qui le filme en contre-plongée) et tirer (bel effet avec l'éclair provoqué par la détonation, illuminant brièvement son visage fermé), avant de quitter les lieux, abandonnant l'arme sur place.
Le film durant déjà près de 2h30 (on ne les sent pas, je vous assure), je suis d'avis que des coupes ont été pratiquées (et c'est parti pour l'édition collector du D.V.D. !). Je pense que cette scène devait suivre l'algarade survenue dans un bar tenu par un revendeur, qui a "manqué de respect" à Frank quand celui-ci lui a ordonné de ne plus couper sa came ou bien de changer le nom de la daube qu'il vend. (Décidément, ces entrepreneurs sont prêts à tout pour conserver un marché !) Ce personnage a pu être assassiné par Frank après qu'on a tenté de tuer sa femme sous ses yeux : de retour chez lui, il entend ses frères lui proposer de faire la peau à cette petite frappe (sans qu'ils aient la preuve qu'il soit responsable de la tentative de meurtre), ce que le patron refuse. Après cela, on a une ellipse : Denzel Washington retourne en Asie du Sud-Est (au passage, Ridley Scott égratigne tout ce qui pourrait donner ne serait-ce qu'une once de respectabilité au conflit vietnamien) sans avoir apparemment tiré vengeance du forfait, ce qui ne cadre pas avec le personnage qu'on s'est évertué à nous présenter jusque-là. Peut-être a-t-on jugé que cela alourdissait inutilement l'intrigue, alors que la phase de déclin s'amorçait.
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jeudi, 22 novembre 2007
Mon meilleur ennemi
C'est un documentaire sur la vie de Klaus Barbie, après la Seconde guerre mondiale. Donc, même s'il est souvent question de son rôle à la tête de la Gestapo de Lyon, le film est essentiellement consacré à la manière dont il a échappé à la justice à la fin de la guerre (merci les services secrets américains) et à son action en Amérique latine (en Bolivie principalement), avant que son passé ne rattrape celui qui se fait appeler Klaus Altmann.
Le film m'a laissé mitigé. Il est très intéressant pour qui veut apprendre à quel point, durant la "guerre froide", les Etats-Unis se sont assis sur les grands principes démocratiques qu'ils prétendaient défendre, en particulier en Amérique latine. La situation de l'Allemagne de l'immédiat après-guerre est un autre point fort du film. Toutefois, certaines affirmations auraient méritées d'être étayées. Je pense en particulier à ces propos péremptoires sur le rôle occulte d'anciens "groupes francs" nazis, de 1945 aux années 1970...
La fin est plus connue : il s'agit de l'arrestation puis du procès de Klaus Barbie. Cela nous donne l'occasion de revoir l'habile et égocentrique Jacques Vergès. A travers les quelques extraits qui nous sont proposés, on s'aperçoit que, s'il a été un formidable polémiste (et un utilisateur roué des médias), Vergès n'est pas un très bon avocat. (Sur ce sujet, le documentaire de Barbet Schroeder, L'avocat de la terreur, est bien plus solide.)
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mardi, 20 novembre 2007
Le premier cri
Ouiiiiiiiiiiiiiiin !!! Oui, cela donne ça, en gros... multiplié par autant de gamin-e-s qui voient le jour (sauf un) dans ce documentaire-hymne à la maternité.
Bien entendu, l'intérêt réside dans la diversité des situations et des cultures. Il est à noter que, lorsque le couple filmé habite un pays développé, il s'agit tout le temps de gens friqués... à croire que les pauvres n'accouchent pas dans ces pays... ou qu'il n'existe pas de pauvres dans les pays développés ????
J'ai beaucoup aimé les séquences avec les dauphins (parfois facétieux)... toutes les scènes dans lesquelles des animaux apparaissent (des chats notamment). La partie vietnamienne est vertigineuse : l'accouchement est un travail d'usine, contrastant fortement avec la préparation rituelle que mettent en place les beatniks québéco-états-uniens, par exemple. Ce couple m'a particulièrement agacé, non pas à cause de ses convictions, mais par son exhibitionnisme. Ceci dit, leur exemple méritait d'être développé, en raison des complications qui surviennent. Par contre, tout le discours new age sur le retour à la nature, qui rejette aveuglément le progrès technologique, me débecte. On retrouve un peu de cette attitude chez les Japonaises, mais d'un autre point de vue : la démarche m'est apparue moins farfelue, pas revendicative.
Dans les pays dits "en développement", un rien complique la situation. La Touareg accouche d'un mort ; l'Indienne, à son grand regret, donne naissance à une nouvelle fille, alors que les Massaïs en espèrent une. C'est la principale richesse du film : la juxtaposition (après un gros travail de montage) de scènes révélant des mentalités parfois proches, parfois très éloignées.
Ma préférée : la jeune (et belle) Sibérienne, obligée de se taper seule un long trajet en avion, pour finalement subir une césarienne... et le gamin se retrouve emmitouflé comme c'est pas permis !
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