vendredi, 18 décembre 2009
Max et les maximonstres
Ce n'est pas un dessin animé, mais un "vrai" film, dans lequel un petit garçon va se retrouver au beau milieu d'un groupe de grosses bébêtes pelucheuses.
La première partie nous présente l'environnement du gamin, solitaire par nécessité. On veut clairement nous faire comprendre qu'il vit mal la situation familiale, qu'il y a incompréhension entre lui et sa mère mais aussi entre lui et sa sœur plus âgée.
Le cœur du film est occupé par les aventures dans le monde imaginaire dans lequel Max se réfugie. Il y rencontre donc ces fameux monstres, effrayants mais plutôt gentils... quoique... Avec eux, il se constitue une bande de copains. Certaines scènes sont donc une réplique de ce que l'on peut voir dans une cour de récréation... à ceci près que les protagonistes (sauf un) sont de grosses boules de poils à cornes. C'est souvent amusant.
L'animation est d'une grande qualité. Pour les plus anciens (et les jeunes cinéphiles), il n'est pas anodin de préciser que les studios fondés par Jim Henson, créateur de Dark Crystal et du Muppet show, ont apporté leur savoir-faire à ce film tourné dans le sud de l'Australie.
Cependant, ce n'est pas une réussite complète. Le scénario est parfois un peu léger et l'intrigue connaît quelques moments de vide. A cela s'ajoute une volonté évidente de bâtir un conte moral, très utile certes pour les parents soucieux d'éduquer au mieux leur progéniture, mais cela gâche un peu l'intérêt du film.
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mardi, 15 décembre 2009
Le Vilain
Il m'a fallu un peu de temps pour me décider à aller voir le film de Dupontel, lui qu'on a pourtant surtout vu comme acteur ces dernières années, que ce soit dans Président, Jacquou le Croquant (trop brièvement), L'ennemi intime, Chrysalis (à côté duquel la critique est passée... c'est pourtant un très bon film), Cortex (un polar à recommander) et, anecdotiquement, dans Louise Michel... Ce mardi soir, à Rodez, c'était la dernière séance. Il y avait quand même du monde dans la petite salle.
Le scénario n'est pas d'une inventivité folle : une vieille maman va essayer de ramener son garnement de fils dans le droit chemin. A ce propos, la séquence qui voit Catherine Frot (excellente) découvrir la véritable nature du fiston adoré qu'elle n'avait pas revu depuis vingt ans vaut son pesant de cacahuètes. Par contre, avant, le film peine à démarrer. Comme le ton est volontairement décalé, il faut une dizaine de minutes environ pour s'y acclimater.
Tous les acteurs sont épatants. Aux deux protagonistes j'ajouterais Nicolas Marié, impayable en docteur alcoolique sur le retour (il était aussi très bien dans Micmacs à tire-larigot), et Bouli Lanners (déjà remarqué dans Louise Michel), génial en promoteur immobilier véreux (pléonasme ?).
Certains moments sont de petits bijoux d'humour sardonique, comme ceux qui voient le "fils prodigue" faire soigner ses blessures, ou encore la tentative d'assassinat de la mère (qui se termine de manière très surprenante, flingue à la clé !). La tortue est aussi un des ressorts du comique, en forme de fil rouge, jamais décevante.
On passe un bon moment, d'environ 1h25. C'est une comédie doucement déjantée et pas vulgaire.
Pour en savoir plus sur Albert Dupontel, on peut se rendre sur son site et consulter notamment son blog, où il répond aux questions des internautes.
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 14 décembre 2009
Stéphane Guillon a-t-il son bac S ?
C'est juste une question en passant... parce qu'il nous a gratifiés d'une belle bourde historico-cinématographique, ce matin. Muriel Cousin, sa compagne, qui relit ses sketches, paraît-il (et qui serait passée par hypokhâgne et Sciences Po, tout de même) n'y peut-être aussi vu que du feu. Mais de quoi s'agit-il ?
Dans sa chronique consacrée à la santé de Johnny Hallyday, Guillon fait référence à l'excellent film de Robert Altman, Mash... sauf qu'il en situe l'action pendant la guerre du Vietnam (1964-1973)... au lieu de la guerre de Corée (1950-1953). Vous me direz, l'erreur est compréhensible, puisque le film, sorti en 1970, a été tourné avec d'évidentes arrière-pensées.
Même si l'humoriste a un passé de cancre (qu'il sait habilement mettre en valeur, comme par exemple chez Mireille Dumas), cette bourde, commise par quelqu'un qui, quelques jours auparavant, défendait le maintien de l'histoire-géographie en Terminale S, fait un peu tache.
19:19 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, film, humour, histoire
vendredi, 04 décembre 2009
Hôtel Woodstock
C'est bizarre mais, quand j'ai entendu le titre de ce film pour la première fois, j'ai pensé à la chanson des Eagles, Hotel California. Si vous en écoutez attentivement les paroles, vous entendrez une référence à l'année 1969... mais le titre original du film d'Ang Lee est Taking Woodstock. Le plus étonnant est qu'il s'agit de l'adaptation d'une autobiographie d'Elliot Tiber (le héros du film). C'est là que je me suis rendu compte que les distributeurs du film en France ont tout simplement repris le titre du livre traduit et non son titre original, qui est aussi Taking Woodstock.
Cela démarre lentement. On a droit à une description de la vie provinciale d'une bourgade de gagne-petit, avec une forte communauté juive, très pittoresque. Je recommande tout particulièrement l'actrice qui incarne la mère du héros, l'énergique Imelda Staunton (mais si... Dolores Ombrage dans Harry Potter, voyons !) et l'inénarrable Eugene Levy (oui, l'inoubliable père du héros de American Pie !), en paysan détaché de tout (sauf quand même du pognon).
Le grand intérêt du film est de nous montrer l'élaboration et la gestion de la "périphérie" du concert. Ang Lee a fort pertinemment laissé de côté les paillettes et les "performances" scéniques. (Les amateurs de pipoles en seront pour leurs frais.) Cela donne au film un côté "pieds-nickelés" pas déplaisant. On voit aussi que l'argent a joué un grand rôle dans la chose. Au-delà de l'affirmation de la contre-culture (enfin, d'une certaine contre-culture), c'est d'abord une histoire très américaine de gars débrouillards qui vont réussir à créer l'événement.
C'est surtout très drôle. Certains passages très attendus, évoquant l'usage des drogues (avec une séquence sous acide, psychédélique, fort réussie) ou la libération sexuelle, méritent à eux seuls le détour. Et puis il y a cet improbable ange-gardien, ancien marine passé travelo, joué avec un plaisir évident par Liev Schreiber. (C'est sûr que ça le change de ses rôles dans Les Insurgés ou Wolferine !)
Je crois que je devais être le plus jeune spectateur, dans la salle... et pourtant, il y a un paquet d'années que ma puberté s'est envolée ! Le film attire donc les nostalgiques... mais, pour un profane, il dégage une énergie positive... et on regrette de le voir se terminer.
00:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mercredi, 18 novembre 2009
This is it
Michael Jackson est un peu comme le père Noël : il a l'air sympathique, semble entouré d'une aura lumineuse et plait beaucoup aux enfants. Par la suite, on grandit. Mon exemplaire du 33 tours Thriller est donc aujourd'hui quelque part dans le grenier parental. C'est porté par le bouche-à-oreille et un brin de nostalgie que j'ai choisi d'aller voir ce documentaire.
Ce n'est pas d'une grande qualité filmique. Ne vous attendez pas à des images bien léchées, avec des effets très sophistiqués. Mais, paradoxalement, cela donne plus de force au film, qui a un côté "docu réalité" pas déplaisant. Si M. Jackson ne nous est pas présenté au quotidien (le dieu reste sur son nuage), son "humanité" n'est pas cachée. Il faisait donc très attention à sa voix, avait des idées artistiques bien arrêtées et quelques convictions politiques (au premier rang desquelles l'écologisme new age). Même s'ils sont rares, les moments où l'on voit la vedette baisser la garde sont attachants. (Et il avait besoin d'un public, le bougre, même en répétition.) Par contre, les séquences bien lèche-bottes, avec les futurs membres de l'équipe, si admiratifs et louangeurs, sont saoulantes. Et quand, en plus, on nous montre la vedette balancer des "I love you", "God bless you", on a parfois un peu les boules.
L'intérêt principal réside dans les séquences de répétition : Michael Jackson dansait encore très bien et sa voix, si elle n'avait plus la force de ses vingt ans, était quand même très au-dessus de ce que l'on entend régulièrement sur la bande FM... et en concert : je pense que le "son" du spectacle promettait d'être de bonne qualité.
On en apprend aussi pas mal sur la conception du spectacle. On entraperçoit la sélection des danseurs. On en voit davantage sur le tournage de mini-films, pour Smooth criminal et Thriller notamment. A propos de ce morceau, je pense que la chorégraphie des zombies, réinventée, aurait "donné" sur scène !
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samedi, 14 novembre 2009
Rien de personnel
Voilà un film français "social" (et "sociétal"), qui n'a pas bénéficié d'un lancement médiatique ébouriffant. On dit parfois des choses inexactes à son propos. La construction est une succession de séquences selon le point de vue d'un personnage (ou de plusieurs personnages). Attention toutefois, la caméra n'est pas subjective, on voit donc le personnage qui sert de clé pour la séquence à l'écran. De plus, des coupes ont été effectuées. Donc, lors d'une séquence suivante, on ne voit pas uniquement ce que la focalisation précédente avait laissé de côté, on voit aussi ce que le réalisateur avait voulu nous cacher, dans un premier temps.
La mise en scène est vraiment brillante. En fait, elle s'appuie sur un excellent scénario et un montage judicieux. Du coup, c'est une véritable leçon de cinéma sur l'art de "faire croire". Les acteurs, tous épatants, y contribuent fortement. Qui est quoi exactement ? Il faut être très attentif à la séquence inaugurale, du point de vue du "nouveau" (Jean-Pierre Darroussin, darroussinissime !), puisque la suite se charge de déconstruire ce que nous avons vu au prime abord.
C'est aussi une fable sociale, une satire du monde de l'entreprise, en particulier des cadres, de l'univers dans lequel ils évoluent. C'est parfois drôle mais le propos général est sérieux, très contestataire au-delà de l'apparence lisse de la réalisation. Tout est bien léché en surface. C'est joli, ça brille, ça pétille. La musique classique résonne douillettement dans ce musée des Beaux-Arts (à Chartres) où se tient cette petite sauterie... qui n'en est pas une, en fait.
Je trouve le film particulièrement habile dans la description des ricochets (ou des réactions en chaîne) provoqués par certaines interventions. De chuchotements en sous-entendus, la tension s'installe, faisant déraper un processus que certains participants auraient voulu plus linéaire. On peut remarquer que les scénaristes ont choisi les personnages les plus fragiles (ceux interprétés par Mélanie Doutey, Bouli Lanners et Frédéric Bonpart) pour dynamiter l'histoire.
17:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mardi, 10 novembre 2009
Micmacs à tire-larigot
Imaginez... imaginez qu'Amélie Poulain ait rencontré Louise Michel et que de cette rencontre soit né le désir de faire le bien... tout en punissant les méchants ! Eh oui, comme pour Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (et avec des clins d'oeil à Delicatessen), Jean-Pierre Jeunet a décidé de mettre en scène son idéalisme et, sous une apparence d'innocente gentillesse, il dit plein de choses.
Le film a quand même du mal à démarrer. J'ai eu très peur au moment où l'on voit Bazil (Dany Boon, dans son rôle... mais il est à mon avis l'un des moins bons acteurs du film, qui regorge de talents) devenir clochard. Le passage du bord de Seine est franchement lourd. De plus, la musique est trop présente, souvent inutile. (Ton film n'a pas besoin de ça, Jean-Pierre !)
L'histoire démarre vraiment quand le héros (ici c'est un homme qui mène l'action, mais le spectateur attentif aura perçu très tôt l'évidente parenté qui lie Bazil à Amélie) se fait justicier et met en oeuvre une foule de stratagèmes plus ingénieux les uns que les autres.
Le film fait plaisir à voir par la construction des plans (parfois un peu surchargés ceci dit), les "bricoles" que Jeunet ne cesse de vouloir intégrer au scénario et l'entrain des acteurs, vraiment excellents. J'ai retrouvé avec plaisir Dominique Pinon, Jean-Pierre Marielle et André Dussolier. Nicolas Marié, Omar Sy (au personnage duquel le titre du film fait allusion) et Marie-Julie Baup (délicieuse en calculette humaine) ont été des découvertes. Enfin, mon coup de coeur : la contorsionniste incarnée par Julie Ferrer, é-pa-tan-te. Alors, évidemment, les personnes représentées à l'écran sont des "types", presque des caricatures. Les critiques qui ne jurent que par le psychologisme ont bien entendu été déroutés.
Je soupçonne d'ailleurs Jeunet d'avoir organisé le début de son film comme une réponse à la critique intello qui, en général, méprise son travail. Son crédo est le cinéma populaire, qui raconte des histoires. Il se reconnaît donc davantage dans les films de genre américains de l'après-guerre que dans la nouvelle vague et ses épigones. Le clin d'oeil à la Warner (qui produit Micmacs et dont le nom apparaît au générique du film que regarde Bazil dans le magasin où il travaille) est aussi une réponse à la polémique qui avait entouré le financement de Un long dimanche de fiançailles. Pour bien enfoncer le clou, Jeunet fait défiler le générique de Micmacs au début, en anglais. Coquin, va !
Heureusement, les spectateurs peuvent profiter du film sans que leur attention ne soit détournée par ces petits règlements de compte. On prend plaisir à voir de puissants et arrogants individus traqués, gentiment mais avec détermination. Plusieurs séquences sont de véritables moments d'anthologie : celle du chien à l'aéroport, celle du veilleur de nuit dont l'attention est odieusement détournée (avec à la clé une véritable performance d'Urbain Cancelier) celle du tir au canon et celle de l'explosion de l'usine d'armement.
La fin est originale, à la fois dans l'esprit de Jeunet... et dans l'air du temps. Je n'en dis pas plus.
23:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 02 novembre 2009
District 9
J'ai mis du temps avant de voir ce film... mais, au moins, je l'ai vu en version originale (sous-titrée). Vous me direz : quel est l'intérêt ? Il est double : on peut profiter de l'accent afrikaner de certains acteurs (surtout celui qui incarne le "héros"... ça peut décomplexer le Français de base vis-à-vis de sa prononciation de la langue de Gordon Brown !) et l'on se rend compte de la diversité des idiomes parlés en Afrique du Sud. On entend ainsi du bon anglais ainsi que différents dialectes (dont un du Nigeria, sans doute).
Évidemment, ce n'est pas un hasard si le scénario fait arriver ces extra-terrestres (de grandes crevettes anthropomorphes) au-dessus de l'Afrique du Sud, plus précisément de Johannesburg. Ils vont subir ce qui est arrivé jadis aux Noirs : parqués dans un gigantesque township (nommé "District 9") où tous les trafics illicites se développent, ils vont voir leurs conditions de vie se dégrader... et les humains veulent en plus les déplacer. Il s'agit donc d'une allégorie de l'apartheid. Mais c'est aussi une manière de montrer que le racisme est un sentiment bien partagé... et que les Noirs n'en sont pas exempts.
La réalisation est brillante. Les scènes de township sont criantes de vérité. Le dédale de ruelles du bidonville est formidablement rendu. Les scènes d'action sont étourdissantes... vraiment impressionnantes de maîtrise... et sanguinolentes... Avis aux âmes sensibles ! Les effets numériques (tout comme la musique, au diapason) ont été utilisés pour rendre plus spectaculaires les bastons. On est peut-être parfois allé trop loin... et l'une des dernières séquences, qui voit intervenir le "robot", m'a un peu trop fait penser à certains mangas. Mais, comme c'est bien joué, une fois qu'on est pris par l'histoire, tout passe.
Les scènes violentes sont heureusement contrebalancées par d'autres, plus intimes. Si celles qui présentent le héros et son épouse m'ont paru gnan-gnan, celles qui permettent aux spectateurs de découvrir de l'intérieur les relations entre les extra-terrestres sont très réussies. On se réjouira aussi de la dénonciation de l'appétit de puissance de certains hommes de pouvoir.
Sans dévoiler la fin, je peux dire que ceux qui ont aimé seront ravis : il y a aura une suite... peut-être appelée District 10.
14:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
dimanche, 01 novembre 2009
Pierre et le loup
Il s'agit d'une nouvelle adaptation du conte musical créé par Sergeï Prokofiev. Les studios Disney ont sorti une version (un brin surréaliste) il y a plus de 60 ans de cela. On peut en visionner les parties 1 et 2 sur youtube. (La narration est d'origine, en anglais. On peut accéder à la version intégrale en français sur Dailymotion.) La nouvelle version a obtenu un oscar en 2008 (meilleur court-métrage d'animation, je crois).
Dans les deux films, des modifications ont été apportées. Dans celui de Suzie Templeton, l'action semble se passer en Russie. (Jusque là, tout est normal.) La mare (gelée) est située à l'extérieur d'une habitation protégée par une palissade. On retrouve bien évidemment la grille musicale : chaque instrument correspond à l'un des personnages. Le film ne comporte donc ni dialogues... ni narrateur (contrairement à la version Disney). Cela passe sans problème.
Les modifications sont surtout visibles au début et à la fin : on nous présente Pierre comme un garçon persécuté par de jeunes cons (qui sont en fait... des chasseurs) et son attitude, à la fin du film, est en phase avec une certaine mentalité citadine de notre époque (je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer ce rare élement de divergence avec l'histoire originale). On notera aussi la transformation du personnage de l'oiseau.
L'animation des marionnettes est de qualité. Cela donne une forme de réalisme poétique, pas très éloigné de ce que peuvent faire notamment des spécialistes lettons. Le site des films du préau propose un dossier de presse et un document pédagogique très intéressants pour comprendre la conception et la fabrication des images et personnages.
Ce court-moyen-métrage est précédé d'un autre, moins réussi formellement, mais dans le même esprit : Le Loup blanc. (L'histoire est toutefois un peu plus dure, plus crue.)
Et c'est là qu'on se rend compte que tout est déjà disponible sur la Toile ! Oui, même Pierre et le loup (en quatre parties) ! Franchement, allez le voir sur grand écran. Les cinémas qui le projettent proposent un tarif spécial (3-4 euros) et, dans une belle salle, c'est beaucoup plus joli à voir... et à entendre !
P.S.
Cette histoire a inspiré des professeurs des écoles qui ont fait travailler leurs minots là-dessus : on peut voir le résultat. C'est une interprétation très personnelle... collector !
15:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
samedi, 31 octobre 2009
Mary et Max
C'est un film d'animation "pour adultes". Les personnages (deux principaux, une dizaine d'entourage et une foule de figurants) ont été fabriqués à partir de matières diverses : pâte à modeler, plastique, métal, crottes de nez (ah non, pas celui-là).
C'est d'abord l'histoire de la correspondance qui va naître par le plus grand des hasards (et à l'initiative de la petite fille) entre une gamine australienne pas jolie jolie, complexée, élevée par une mère alcoolique et un New-yorkais obèse atteint du syndrome d'Asperger.
Nos deux héros asociaux ont des manies qui sont des ressorts comiques du film, notamment l'amour démesuré du chocolat (et de certaines friandises) et une passion pour le même programme télévisé. Mary a pour animal domestique un poulet. Max a pour uniques compagnons une perruche, un chien galeux et un poisson rouge, qu'il est obligé de remplacer régulièrement (et qu'il prénomme Henry I, II, III, IV... XXVI !). Mary est un peu amoureuse d'un garçon de son âge. Max n'a jamais eu de relations sexuelles (même pas avec sa main, apparemment !) et a pour seule connaissance régulière une mamie quasi aveugle de son immeuble. Mary aime donner un coup de main au vétéran de guerre agoraphobe qui vit près de chez elle.
Si le comique naît de l'inadaptation des héros au monde qui les entoure, le film ne les méprise pas pour autant. C'est ce monde qui est montré comme étrange, voire hostile. C'est en cela que c'est un film à réserver à un public déjà mature : il est vraiment noir et, sur bien des points, prend le contrepied du cinéma d'animation commercial.
Sur le site de Gaumont (qui distribue le film en France), on peut accéder à plein de bonus sympatoches.
En France, le syndrome est mal connu. Plusieurs associations s'en préoccupent, dont une "marrainée" par l'épouse de l'actuel Premier ministre François Fillon.
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vendredi, 30 octobre 2009
Rachel
La réalisatrice franco-israélienne Simone Bitton s'est attachée au cas de Rachel Corrie, cette jeune Américaine membre de l'I.S.M. (International Solidarity Movement) tuée par un engin de chantier israélien à Gaza, en 2003.
C'est donc un long documentaire, d'une durée de 1h30, en forme d'enquête... et d'hommage aussi. Si la réalisatrice donne la parole à tout le monde et si elle utilise des documents extrêmement variés, on sent tout de même qu'elle penche pour la version colportée par l'I.S.M.
Il ne fait aucun doute que la jeune femme est morte tuée par l'engin de chantier. Mais était-ce intentionnel ? Franchement, en sortant du film, je suis bien incapable de répondre à cette question... sauf si je me fie à la majorité des témoignages et opinions rapportés par la réalisatrice. Pour acquérir une certitude à ce sujet, il aurait fallu pouvoir filmer de l'intérieur du bulldozer-char, histoire de vérifier si ce qu'affirment les conducteurs à propos de leur champ de vision est plausible. Les schémas et dessins montrés (et issus des deux "camps") ne sont pas assez précis.
Il n'en reste pas moins que, dans cette tragédie, l'armée israélienne a, une fois de plus, fait preuve d'une certaine négligence dans le respect des droits fondamentaux de ses adversaires. Je recommande tout particulièrement les entretiens avec le chef de la police, qui n'a pas trop cherché à creuser... d'autant plus que la procédure d'enquête est vraiment particulière ! (Les militaires ne risquent pas grand chose, quoi qu'il arrive...)
Le film est donc très intéressant parce qu'il est une sorte de "tranche de vie" du conflit du Proche-Orient, que l'on découvre par le biais de la destruction des habitations palestiniennes sous prétexte de sécurité. A ce sujet, on peut noter que des sites pro-israéliens soutiennent que les militants d'I.S.M. s'opposaient, dans ce cas précis, non pas à la destruction d'une maison mais à celle d'un tunnel de communication entre la bande de Gaza et l’Égypte. (Si vous cliquez sur le lien, et même si vous allez jusqu'à la source anglophone, vous vous apercevrez que les vidéos censées démonter la thèse des activistes ont été retirées par le contributeur...) A la limite, on s'en fiche : rien ne justifiait l'emploi disproportionné de la force.
Le film mérite le déplacement aussi par le portrait qu'il trace de cette jeune femme qui, contrairement à nombre de crétins de son âge, ne passait pas son temps à regarder la télévision, faire du lèche-vitrines ou papoter à propos de la dernière niaiserie à la mode. C'est l'histoire d'un engagement, restitué par l'intermédiaire des textes écrits par Rachel Corrie, mais lus par ses camarades.
On peut en savoir plus sur elle en consultant le site de la fondation qui lui est consacrée.
18:09 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mardi, 27 octobre 2009
The September Issue
A priori, je ne fais pas partie du public-cible de ce genre de film... parce que la mode, j'évite de marcher dedans, même du pied gauche. Ceci dit, le bouche-à-oreille étant bon, je me suis laissé tenter. Et puis, au-delà du côté "paillettes", le film semblait aborder d'autres aspects du sujet, notamment la personnalité de celle qui dirige Vogue d'une poigne de fer (dans un gant de soie ?), Anna Wintour.
C'est d'ailleurs l'un des intérêts du film, qui croise les entretiens avec les scènes tournées au siège du magazine et d'autres, filmées en extérieur, notamment en Europe. On finit par se rendre compte que cette Britannique fait un complexe vis-à-vis des membres de sa famille qui ont "réussi"... et pas dans la futilité (il faut bien la regarder quand elle dit que son travail fait sourire ses frères et soeurs) : un est chroniqueur politique au Guardian (quotidien britannique de centre-gauche), un autre contribue à développer le programme de logements collectifs bon marché pour les classes populaires.
Par contre, j'ai été moins intéressé par le côté "fanfreluches". Franchement, ces dames (et quelques messieurs) se donnent bien du mal pour un sujet qui n'en vaut pas la peine. Et puis que dire de leurs présupposés esthétiques... Plus d'une fois j'ai souri en voyant ce qui était considéré comme "beau". La plupart du temps, les mannequins portent des trucs immettables... et surtout moches ! Quant aux rédactrices et autres directrices artistiques, force est de constater qu'elles s'habillent avec un goût douteux, y compris la patronne.
Ah si, il y a quelque chose de vraiment beau dans le film : les photographies. Comme c'est un magazine qui contient peu de texte, un grand soin est apporté aux choix iconographiques. Et là, il faut le dire, nombre d'oeuvres sont absolument fabuleuses. Je pense en particulier aux photographies illustrant le style "garçonne", mais aussi celles prises au château de Versailles. Sur grand écran, c'est magnifique... et cela donnerait presque envie d'acheter le magazine.
Fort heureusement, quelques traits d'humour émaillent ce long reportage. J'ai particulièrement ri lorsqu'il est question de la forme physique de l'un des assistants (obèse) de la rédac' chef : il se met au tennis... accompagné d'un attirail très fashion ! Je recommande aussi la séquence (vers la fin) où il est question du ventre du réalisateur... Si vous avez mauvais esprit, vous ricanerez aussi aux scènes dans lesquelles apparaît une vedette du moment, qui va servir de support à la couverture du numéro de septembre en préparation. Avec son joli minois, cette Sienna Miller (inconnue au bataillon) n'est qu'un objet modelable entre les mains des créateurs de Vogue. On se pose donc de grandes questions sur sa coiffure et ses dents, où un regard avisé distingue, derrière la blancheur immaculée apparente, des traces de plombage...
Je termine par deux bémols. Tout d'abord, on ne nous montre quasiment pas le travail des rédacteurs (ben oui, y a quand même du texte dans ce magazine), alors que beaucoup de temps est consacré à celui des directeurs artistiques et des photographes. Seule la conception des titres est évoquée, rapidement. Enfin, quand on n'est pas parfaitement bilingue, on a besoin de s'accrocher aux sous-titres. Or, il faut souvent (surtout au début) jongler entre ceux-ci et les incrustations, qui donnent la fonction de tel ou tel intervenant. C'est un peu fatiguant.
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lundi, 26 octobre 2009
7 minutes au paradis
Attention : sujet casse-gueule. L'héroïne est une Israélienne de base, rescapée d'un attentat-suicide dans un bus. Sans que je puisse en dire plus, sachez qu'elle n'en est pas complètement sortie. Elle va chercher à retrouver le secouriste qui lui a sauvé la vie.
Le film est une sorte de puzzle mental. Se croisent des moments du passé (la vie d'avant l'attentat, l'attentat lui-même), des moments fantasmés, où semblent revivre les morts... et d'autres moments, mal définis. Derrière une apparence de limpidité se cache une relative complexité narrative. Faites bien attention aux personnages croisés au début : on les retrouve dans d'autres circonstances, à la fin.
Le film repose entièrement sur les épaules de l'actrice principale, Reymonde Amsellem, vraiment épatante et disposant d'une palette de jeu très variée : elle alterne les phases les plus contrastées et paraît tour à tour femme forte, amoureuse qui doute et blessée en plein désespoir.
Le réalisateur a beaucoup misé sur les gros plans. Cela véhicule bien l'émotion et nous rend attentifs à des détails en apparence anodins, comme les éléments de la combinaison qu'est obligée de porter l'héroïne, qui a été gravement brûlée au dos. Une des scènes les plus réussies est d'ailleurs celle qui la voit se gratter furieusement par tous les moyens possibles (de la cuillère en bois à la paroi de son appartement).
Si on comprend assez vite quelle est l'identité de la personne recherchée par l'héroïne, le retournement final est assez inattendu. Je m'attendais à quelque chose d'autre mais, après tout, c'est dans la ligne du titre du film.
22:15 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
samedi, 24 octobre 2009
Démineurs
... vu en version française. Et voilà la guerre en Irak qui repointe le bout de son nez. Ici, elle est abordée par un côté anecdotique : l'action d'une équipe de démineurs, certains d'entre eux particulièrement "allumés". Il faut dire qu'ils sont quotidiennement confrontés à l'horreur humaine. C'est donc un film à déconseiller aux âmes sensibles (ainsi qu'aux enfants, bien qu'aucune interdiction ne soit spécifiée... on voit là un trait caractéristique de notre époque violente, qui censure dès qu'un poil de cul ou un bout d'étron dépasse, mais qui laisse les yeux les plus innocents accéder aux pires images sanguinaires).
Question mise en scène, on ne nous donne rien de nouveau, mais Kathryn Bigelow semble avoir puisé dans le "lourd" : Voyage au bout de l'enfer et Full metal jacket pour le Vietnam, Battle for Haditha et Redacted pour la guerre en Irak. L'image est soignée, la caméra à l'épaule n'est pas utilisée à tort et à travers... et le rendu est finalement assez agréable pour le spectateur. On peut aussi trouver une parenté avec le bon film israélien Beaufort, dans lequel le déminage n'occupait qu'une partie de l'intrigue.
Ici, la place est centrale. Le film s'articule autour de ces moments de tension, au cours desquels les héros risquent leur vie. Jeremy Renner est particulièrement bon en sergent franc-tireur, intrépide et bricoleur (particulièrement à l'aise quand il s'agit d'étriper une bagnole !), dans un rôle qui aurait parfaitement convenu jadis à Bruce Willis. Entre ces moments fort, le film ménage des séquences plus humoristiques ou tendres, dans lesquelles les vaillants soldats apparaissent le plus souvent comme de pauvres types.
Dans la séquence à mon avis la plus forte du film le déminage n'occupe pourtant qu'un rôle secondaire : il s'agit d'un guet-apens tendu en plein désert, où les combats durent toute la journée. Tout y est réussi : la mise en scène, les effets spéciaux, les dialogues et l'interprétation.
Par souci de réalisme (et peut-être aussi histoire de ne pas paraître trop unilatéral), le scénario fait intervenir ponctuellement des personnages irakiens (sans doute interprétés par des Jordaniens ou des Palestiniens de Jordanie). On perçoit l'une des limites de ce film : trop centré sur ce groupe de jeunes Américains, il évacue le contexte géopolitique de l'intervention en Irak et pourrait passer, parfois, pour une apologie de la guerre, en dépit de toutes les horreurs qu'il montre, souvent de manière assez crue.
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dimanche, 27 septembre 2009
L'Affaire Farewell
"Farewell" est un nom de code, attribué à un officier du K.G.B. idéaliste, qui a décidé de trahir le régime soviétique pour mieux servir son pays. Comme il a été en poste en France, qu'il parle français et qu'il admire la culture française, c'est aux services secrets français qu'il s'adresse pour dévoiler les secrets de son organisation.
L'un des ressorts comiques (pas inventé) est que son "agent traitant" n'est pas un professionnel (c'est un ingénieur travaillant chez Thomson)... et c'est d'ailleurs pour cela qu'il n'a pas été repéré ! Guillaume Canet joue donc les candides au pays des Soviets, face à un Emir Kusturica impressionnant, tout de granite. L'autre fil rouge comique, en quelque sorte, est l'ampleur de la pénétration soviétique en Occident. Grâce à Sergeï Grigoriev (alias Farewell), Français puis Américains vont comprendre d'abord à quel point ils ont été bernés pendant des années, puis à quel point leur adversaire est finalement affaibli.
Les seconds rôles sont excellents. On a bien choisi les acteurs qui campent Mitterrand et Reagan. David Soul (oui, Hutch !) et William Dafoe sont parfaits en membres de l'administration américaine. Les femmes sont très bien aussi, même si l'on doit noter qu'elles sont au second plan. Cette histoire d'espionnage est d'abord une affaire de burnes !
Christian Carion, bien que né à Cambrai, n'a pas tourné que des bêtises ! J'avais préféré son Une Hirondelle a fait le printemps à Joyeux Noël, film tout à fait honorable mais plus inégal que le précédent. J'ai retrouvé dans L'Affaire Farewell des qualités entrevues dans ces deux derniers. Carion nous propose quelques très belles scènes "en pleine nature", notamment sous la neige. En intérieur, il manie avec dextérité les contrastes, jouant sur les visages des protagonistes pour accentuer une atmosphère particulière. C'est d'abord un film à suspense, même si les initiés connaissent déjà la fin. C'est aussi un film d'espionnage : on n'apprendra cependant rien d'étourdissant sur les techniques mises en oeuvre, les deux héros étant finalement assez basiques dans leur relation clandestine... et, pour tout dire, maladroits.
Il faut, pour terminer, évoquer la musique d'accompagnement. Elle est formidable et signée Clint Mansell, illustre inconnu pour moi, mais qui a une bonne cote dans le métier apparemment.
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samedi, 26 septembre 2009
L'armée du crime
C'est le nouveau film de Robert Guédiguian, consacré aux résistants du "groupe Manouchian", du nom du meneur, d'origine arménienne. On peut penser que l'histoire personnelle du réalisateur, né à Marseille d'une mère allemande et d'un père arménien, a pesé sur le choix du sujet. L'engagement politique des protagonistes a sans doute contribué à lui rendre leur cause sympathique : ils sont tous communistes, militants ou sympathisants... parfois peu orthodoxes (l'un des propos du film est de montrer que les dirigeants communistes clandestins n'ont pas ménagé les membres du groupe, dont la réussite s'est parfois construite contre les ordres venus d'en haut).
C'est aussi une histoire de familles, celles que l'on perd (exterminée par les Turcs pour Manouchian, par les nazis pour les membres juifs de son commando), celle que l'on se crée. On retrouve là le style Guédiguian, appuyé sur des séquences de repas qui mettent en scène cette fraternité basée sur la proximité idéologique et la convivialité. Ces scènes d'intérieur font partie des mieux jouées. Je pense notamment à celle au cours de laquelle interviennent deux policiers français (qui se demandent un peu où ils débarquent)... qui finissent par porter un toast à Philippe Pétain !
On appréciera aussi le soin apporté à la description de certains aspects matériels de la lutte clandestine, comme l'impression de tracts, les changements de "planque" ou la difficulté de se procurer armes et munitions. Les scènes violentes sont très réalistes, sans que l'on en rajoute inutilement (on a ainsi une vision concrète des traitements indignes infligés par les flics collabos... mais on aurait pu montrer bien plus horrible).
On pourra aussi penser que le style est un peu appuyé et que, un peu trop souvent, le film baigne dans un sentimentalisme gauchisant déplacé. Ceci dit, j'ai apprécié le souci d'éviter l'héroïsation de la violence. Simon Abkarian (découvert dans Chacun cherche son chat, très bon dans Le Chant des mariées, mais dont le talent a surtout éclaté dans J'ai vu tuer Ben Barka ; en tendant l'oreille, on reconnaît sa voix dans celle du père de l'héroïne de Persepolis) excelle à rendre les contradictions du personnage, poète de tempérament, mais victime de l'histoire qui va se transformer en justicier (et apprendre à bien tirer au pistolet... sur une affiche représentant Pétain !... moment croquignolesque). La séquence montrée comme celle du premier attentat est vraiment bien pensée de ce point de vue-là (avec retour sur les lieux et vision des victimes).
Le reste de la distribution est irréprochable. J'ai retrouvé avec plaisir Virginie Ledoyen dans un vrai rôle... même si j'estime que le personnage féminin le plus réussi du film est Monique, brillamment interprétée par Lola Naymark (à mon avis, on reparlera de cette pulpeuse rouquine). Côté masculin, c'est Robinson Stévenin (découvert dans Mauvaises fréquentations) qui rayonne, même si les autres ne déméritent pas.
En dépit de toutes ces qualités, le film est un peu poussif. Il peine à démarrer et l'on sent bien que Guédiguian n'est pas aussi à l'aise dans la réalisation des scènes d'extérieur. Quelque chose pourra aussi étonner certains spectateurs : plus qu'une monographie de ce groupe de résistants communistes, ce long-métrage est une dénonciation implacable de la collaboration sous toutes ses formes. Les comédiens incarnant les policiers et hauts fonctionnaires français sont remarquables, des plus âgés (comme Darroussin) aux plus jeunes (comme Yann Tregouët). Aux images de fiction se superposent parfois les extraits (authentiques) de Radio Paris, notamment les éructations du sinistre Philippe Henriot.
Guédiguian nous offre un panorama assez noir des Parisiens sous l'occupation, nombre d'entre eux (par antisémitisme, anticommunisme primaire, cupidité, ambition, petitesse...) se faisant les auxiliaires zélés de la bête immonde.
Le film s'achève sur cette célèbre "affiche rouge" qui, curieusement, n'a pas été utilisée pour le promouvoir :
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vendredi, 11 septembre 2009
Brüno
Sacha Baron Cohen est de retour. Cette fois-ci, au lieu d'incarner un Kazakh machiste et antisémite (le délicieux Borat), il s'est mis dans la peau d'un homosexuel à paillettes, prétendûment autrichien (d'où les références délicates à ses deux concitoyens les plus célèbres au monde... l'un est encore en vie, l'autre, bien que décédé, fait encore beaucoup parler de lui...).
C'est très laborieux au début. Déjà que je n'ai eu aucune envie d'aller voir des daubes genre People ou Jet set, ce n'est pas pour qu'on me refourgue la même camelote en douce ! C'est peut-être l'une des limites du film : au-delà de la gaudriole et de la dénonciation des travers de ses contemporains, Cohen semble tout de même éprouver de la fascination pour son personnage.
Cela démarre vraiment quand on nous montre par le menu détail le contenu des relations qu'entretient Brüno avec son "mignon"... jubilatoire ! Mais notre héros se fait larguer et il débarque aux Etats-Unis, suivi de l'assistant de son ancien assistant, fou amoureux de lui... et, accessoirement, caricature de l'homo admiratif moche. La séquence qui voit Paula Abdul (ancienne danseuse, ancienne chanteuse qui a connu son heure de gloire -assez brève) se faire interroger sur son action caritative, assise sur un ouvrier mexicain, est du plus bel effet !
Cohen excelle à dénoncer la course au vedettariat et les faux-semblants du show-biz. Cela se poursuit à Milan, lors d'un défilé (bien réel, comme on peut l'apprendre sur le site Allociné, riche en anecdotes de tournage), puisqu'il interroge un mannequin sur les difficultés du métier... surtout le demi-tour en bout de piste ! La séquence se termine façon éléphant dans un magasin de porcelaine...
Notons toutefois que Sacha Baron Cohen a fortement tendance à recycler les ficelles de Borat. Sa participation (visible en fin de film) à un spectacle de catch, au cours duquel, déguisé en beauf à rouflaquettes, il étale son homophobie supposée, n'est pas sans rappeler la séquence du rodéo dans le précédent film. Dans les deux cas, le héros, dans un premier temps, flatte les bas instincts de la foule, avant de s'en faire rejeter. La bagarre qui l'oppose à son ancien acolyte a aussi un petit côté "déjà vu". Comment ne pas penser à la baston de l'hôtel, dans Borat, qui voit le personnage principal s'étriper avec son manager (qui finit par le laisser tomber, comme l'assistant de Brüno l'a fait). On pourrait continuer longtemps comme cela, en citant par exemple le cas des photos "de famille", complètement détournées dans les deux films (et à fortes connotations sexuelles).
Reste le propos politique, la dénonciation de l'homophobie. Parfois, il tape à côté, comme avec ce prof de karaté qui, bien qu'interloqué par la tournure que prend sa leçon d'autodéfense, fait son job sans faire montre d'aucun préjugé. C'est par contre bien vu au niveau des échangistes, groupe qui pourrait passer pour très "ouvert" sur le plan sexuel... mais uniquement d'un point de vue hétéro. (Cela se termine par une scène "coup de fouet", en compagnie d'une bimbo siliconée... bon ça, c'est du scénarisé.) Les religieux qu'il consulte (quand il fait mine de devenir hétéro... tout un programme !) sont à l'écoute... dans une certaine mesure (le plus jeune des deux a eu du mal à tenir la route, visiblement). On voit aussi Brüno en Israël se faire courser par des ultra-orthodoxes (alors que les intervenants israéliens et palestiniens qu'il essaie de concilier m'ont paru faire preuve d'une étonnante mansuétude à son égard... pas terrible cette séquence, en plus), ou encore l'ex candidat aux présidentielles Ron Paul le fuir en éructant des imprécations. (Ceci dit, je me demande comment j'aurais réagi à sa place.) Le passage qui montre sa participation à une émission de télé-réalité américaine, au public quasi exclusivement noir... et conservateur, vaut son pesant de strass. La séquence qui confronte l'apprentie vedette au panel de téléspectateurs moyens américains est par contre en partie ratée, tout comme celle qui se passe dans le centre d'entraînement de la garde nationale, pourtant riche en potentialités.
La toute fin du film voit Brüno concrétiser ses rêves : devenir célèbre et enregistrer un disque (la chanson est une merde innommable), en compagnie des grandes vedettes dont le film a pu paraître se gausser auparavant : Bono (qui se demande ce qu'il fait là), Sting (qui tire aussi la tronche), Elton John (étonnant de professionnalisme... et pas décontenancé le moins du monde par la nature de son "siège" !), un mec que je n'arrive pas à identifier... qui se donne à fond (un certain Chris Martin... ah, si : c'est le mec de Coldplay !) et un rappeur noir en qui j'ai fini par reconnaître (à la voix) Snoop Dogg, qui a l'air très détaché de tout cela.
Entre les séquences chocs, cela bande un peu mou (pour rester dans le ton du film)... mais celles-là méritent le détour, tant le rire qu'elles suscitent est "héneaurme". On sourit à l'audition de la bande originale de Titanic, évidemment détournée. On ne boude pas son plaisir quand la scène qui montre le héros se faire prendre (par les services sociaux) l'enfant qu'il a acheté en Afrique (contre un I-Pod haut de gamme, tout de même !) est filmée au ralenti, façon attention-séquence-émotion-oh-mon-dieu-que-c-est-horrible-mais-regardez-le-bien-ne-va-t-il-pas-pleurer ?
P.S.
Le sous-titrage n'est pas terrible. Il m'a semblé laisser des parties entières de dialogues de côté et l'interprétation (nécessaire dans toute traduction) ne m'est pas apparue toujours appropriée.
16:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
vendredi, 04 septembre 2009
Numéro 9
C'est produit par Tim Burton, dont on retrouve la "patte" dans le côté noir de l'intrigue et, formellement, au niveau de l'animation des personnages.
C'est d'abord une bonne histoire, qui puise dans les classiques de la science-fiction (La Guerre des mondes, E.T., Star wars, L'Armée des douze singes...). La réalisation elle-même se veut un décalque de ce qui se pratique dans le cinéma : panoramiques, travellings, zooms, champs/contrechamps sont peut-être familiers aux spectateurs, mais leur utilisation avec une telle maîtrise dans un film d'animation est à signaler.
On n'a pas cherché à compliquer inutilement l'intrigue. Cela tourne autour de manipulations robotiques, de dictature, avec l'action d'un héros, plutôt ordinaire à la base (si l'on excepte sa "constitution"). C'est assez linéaire, basique dirais-je, sans être simpliste. Cela se suit donc facilement.
C'est aussi très joli à regarder. On a visiblement été très attentif aux effets de transparence et de miroir (merci le numérique !). Mais le reste du "dessin" est tout aussi somptueux, avec ces petits personnages fabriqués à partir de morceaux de sacs de toile, de fils et de circuits basiques. (La parenté avec Coraline m'est apparue évidente.) C'est tellement réussi que j'ai eu l'impression de pouvoir palper ces bonhommes comme je pouvais le faire jadis avec les sacs à patates de mes grands-parents !
P.S.
De retour du cinéma, en voiture, j'ai failli percuter un ravissant petit chat crème et blanc, un peu à l'image de celui-ci :
J'arrivais à proximité d'une agglomération. J'étais donc en train de décélérer et sur le point de passer en feux de croisement (j'étais en feux de route). Fort heureusement, je n'ai pas procédé à la manipulation. Cela a permis au chat qui commençait à traverser, sur ma gauche, de me voir arriver. Il s'est cabré en plein milieu de la route et a esquissé un demi-tour. De mon côté, j'ai collé à droite (ça va, pas de fossé à signaler). Je l'ai évité ! Heureusement, sinon cela aurait gâché ma fin de soirée.
23:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 10 août 2009
Whatever works
Le héros est un vieux Newyorkais juif, causeur comme on en fait peu, aimant polémiquer, faisant moult gestes devant ses interlocuteurs, sachant envoyer des flèches empoisonnées à qui l'énerve... mais ce n'est pas Woody Allen ! Évidemment, Larry David, qui incarne le professeur Boris Yelnikoff (à la retraite), génie raté, largué par son épouse, est un double du réalisateur, dont il s'est évertué à copier la gestuelle. Il y parvient assez bien... mais le vrai Woody était quand même mieux.
Notre jazzman obsédé sexuel quitte donc le cinéma feutré londonien pour revenir à ses premières amours : la comédie de mœurs. On nous sert donc une rafale de dialogues piquants (à savourer en version originale sous-titrée, of course), des situations cocasses où s'entrechoquent des personnages hauts en couleur. Souvent, on n'est pas loin du théâtre de boulevard.
C'est bien joué, filmé avec une bonne maîtrise du panoramique et du champ / contrechamp. Par contre, je n'ai pas aimé les phases durant lesquelles le héros s'adresse à la caméra.
La première partie du film voit notre "presque-Woody" s'amouracher d'une belle ingénue. Le trait est un peu appuyé, mais cela fonctionne. Au bout de trois quarts d'heure, alors que l'action semble s'essouffler, voilà que débarque la mère de la jeune mariée. La catho coincée va vivre une véritable révolution culturelle, qui nous vaut les moments les plus réussis du film. Le pompon est atteint quand le père débarque à son tour... avec des conséquences évidemment burlesques, le principal changement n'étant pas une réelle surprise pour les spectateurs qui sont entrés dans la logique du film.
Bref, sans que ce soit un chef-d’œuvre, on passe un bon moment, on rit, même si le professeur Allen est un peu casse-couilles avec son anti-leçon de morale.
17:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
samedi, 01 août 2009
Là-haut
C'est la dernière production de chez Pixar (après Cars, Ratatouille et Wall-E)... la prochaine étant déjà annoncée, avant le court-métrage qui précède le film : il s'agit de Toy story 3. Quant au court-métrage, il est tout mignon de sa race : il nous conte l'histoire de la naissance des bébés de toutes espèces, façonnés dans le ciel par de gros nuages débonnaires, enveloppés dans un linge puis transportés à leurs parents par de dévouées cigognes... l'une d'entre elles ayant une tâche particulièrement ardue, vu la "production" que lui confie le vieux nuage grisonnant maladroit !
Vient ensuite la première partie de Là-haut. Elle narre une histoire d'un amour fou, celui qui naît entre le petit Carl Fredricksen et une sympathique gamine exploratrice édentée qui devient par la suite son épouse. On les suit jusqu'à la vieillesse et le décès de celle-ci. Commence alors l'histoire telle qu'elle a été présentée au grand public : il ne fallait pas alarmer les petits avec ce côté tristounet, pourtant très réussi, émouvant et drôle.
Le reste du film est donc consacré aux pérégrinations du duo formé par le veuf aigri (auquel Charles Aznavour prêtre sa voix -avec talent- dans la version française) et le scout maladroit mais plein de bonne volonté. Ils rencontrent un drôle d'oiseau... et une tripotée de clébards qui causent ! Cela nous vaut d'excellents gags, tant visuels que dialogués.
L'animation est très réussie (cela va devenir banal de le dire, mais bon, c'est tout de même le minimum syndical concernant un dessin animé), les péripéties nombreuses (le pépé a tout de même une sacrée santé, moi je vous le dis !). Le fond est aussi très intéressant, avec une dénonciation de la folie immobilière qui a saisi les grandes villes et une vision pas forcément louangeuse du monde des explorateurs (pourtant idéalisé dans la première partie). Se nouent aussi des liens qui vont contribuer à la formation d'une nouvelle famille.
15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
vendredi, 17 juillet 2009
Departures
A la base, ce film contient plusieurs éléments susceptibles de me rebuter :
- les héros sont, au départ, d'horribles bobos tokyoïtes (c'est pas sexuel, voyons, ça veut juste dire qu'ils vivent dans la capitale nippone !), lui violoncelliste dans un orchestre en perte de vitesse, elle informaticienne-graphiste très cool
- les relations à l'intérieur des couples, même jeunes, sont marquées par une répartition des tâches et une hiérarchie dans la prise de décision assez archaïques
- le rythme est lent, le film est peut-être trop long (2h10)
Et pourtant... et pourtant, j'ai beaucoup aimé.
C'est d'abord un film très stylisé. Le cérémonial, sous toutes ses formes (toilette mortuaire, funérailles, consommation du thé, repas traditionnels...), occupe une grande place dans ce film, qui regarde un peu du côté d'Ozu.
Comme il est question du deuil (les héros sont croque-mort) et que c'est filmé avec dignité (avec une prédisposition pour les décès de femmes), c'est souvent émouvant, le réalisateur voulant montrer que ces Japonais, souvent méprisés parce qu'ils exercent une activité "impure" (ce sont des burakumin), jouent en fait un rôle important dans le travail de deuil et dans l'exorcisation des tensions familiales.
C'est aussi une aventure individuelle, celle de ce violoncelliste à qui sa méticulosité va être d'un grand secours pour pratiquer son nouveau métier. Cela nous vaut quelques séquences cocasses, comme la séquence de pose pour le film publicitaire (ne vous laissez jamais filmer dans une position inconvenante, vous risqueriez de le regretter plus tard !), son "dépucelage" mortuaire (une vieille femme morte depuis deux semaines... je ne vous raconte pas l'état du corps et de l'appartement, où elle vivait seule) et, plus tard (mais c'est montré en premier dans le film), sa première toilette mortuaire officielle (on ne sait jamais ce sur quoi on peut tomber quand on tripote un cadavre...).
C'est aussi une tranche de vie du Japon de l'envers, plutôt rural et traditionnel, quasi bloqué par la neige l'hiver, où l'on trouve encore des bains publics à l'ancienne (très belles séquences) et où habite au moins un habitant écoutant de la musique classique européenne sur un vieux tourne-disques !
Le héros navigue tranquillement entre l'amour de la musique (toutefois trop présente : elle accentue inutilement le côté mélo du film) et la quête longtemps inavouée d'une figure paternelle, entre son géniteur qui l'a abandonné jadis (et dont il est sans nouvelle) et son nouveau patron, avec lequel il finit par entretenir des liens quasi filiaux.
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mercredi, 15 juillet 2009
Bancs publics (Versailles, rive droite)
Des frères Podalydès j'ai bien aimé Liberté-Oléron et Le mystère de la chambre jaune. Ici se clôt un triptyque commencé avec Versailles, rive gauche (un moyen métrage hilarant) et Dieu seul me voit (Versailles chantiers), lui aussi amusant. L'histoire se déroule en trois lieux : l'entreprise où travaillent les secrétaires-comptables, le jardin public et le magasin Brico-Dream.
C'est l'apparition d'une banderole sinistre "UN HOMME SEUL", accrochée au balcon d'une fenêtre de l'immeuble d'en-face, qui suscite la curiosité du personnel de l'entreprise... et réveille quelques douleurs. (La solitude moderne est au coeur du sujet.) Toute cette première partie est délicieuse, même si parfois cela manque de rythme. Ce n'est qu'à la fin du film que l'on saura qui habite cet appartement.
La deuxième partie se déroule dans un jardin public, toujours à Versailles bien sûr, plus précisément pendant la pause de midi. Si le réalisateur fait preuve d'un incontestable brio dans l'entrecroisement des petites situations du parc, force est de constater que le résultat est artificiel : cette bulle de petits bobos gaulois (le seul "non blanc" est l'employé communal qui vient effeuiller les allées, à l'image de ce qui se passe dans l'entreprise, où l'on décrouvre à la fin qu'elle emploie un technicien de surface "de couleur"... dont l'apparition risque de dénouer bien des langues !), où même le clodo est hyper culturé, est un peu agaçante. On a aussi un peu l'impression qu'il s'agit d'une accumulation de sketches, le plus drôle étant sans conteste celui de la drague avec Elie Seymoun (une sorte de parodie de ses propres productions).
La troisième partie, la plus intéressante, se passe dans le magasin, dirigé par un patron charismatique (Bruno Podalydès en personne) plein de bagout. Les clients sont souvent de vraies taches, des casses-pieds de première, tel celui interprété par Benoît Poelvoorde (excellent !). Le retour dans les bureaux, pour le pot de départ à la retraite d'une secrétaire, n'est pas très bon : Arditi surjoue et l'ensemble est mal fagoté. Il me semble que le metteur en scène a été paralysé par le prestige des invités et qu'il n'a pas osé leur demander de refaire certaines scènes (comme celles avec Catherine Deneuve), d'où l'impression d'inabouti.
Bref, un film inégal, souvent drôle, mais qui aurait gagné à un peu plus de rigueur.
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vendredi, 10 juillet 2009
L'âge de glace 3 - le temps des dinosaures
En deuxième semaine, chaque soir, la grande salle est pleine. On y trouve beaucoup de petits, toujours accompagnés d'au moins un parent (quand ce ne sont pas les deux). Les "grands" ne sont pas absents... mais les personnes âgées sont très rares. C'est donc un film fédérateur, mais plutôt dans la tranche d'âge 5-50 ans.
Au passage, qu'est-ce qu'ils peuvent bouffer comme cochonneries, ces jeunes ! A 21 h ! Ou alors ils n'ont rien dîné... Ceci dit, comme ils ont été très nombreux à assaillir la vendeuse de confiseries, après les bandes-annonces, on a surtout entendu les crissements des paquets pendant les publicités et au tout début du film. Cela s'est vite calmé...
... parce que c'est super bien foutu ! Il me semble que la qualité de l'animation a encore progressé ! Désormais, le dessin fait jeu égal avec le cinéma, auquel il rend hommage d'ailleurs. On peut d'amuser à relever les références (mais cela finit par devenir fastidieux... mieux vaut jouir du spectacle et rester concentré : certains gags, plus subtils que les autres, ont visiblement été concoctés pour un public adulte) : au choix, piochez dans les films avec poursuite automobile, les films de science-fiction, les comédies sentimentales et surtout Star wars. Une des répliques verse dans le littéraire : elle cite la Divine comédie de Dante !
Plusieurs personnages subissent une évolution notable dans ce troisième volet : Scratch rencontre une Scratchette... et tombe amoureux. Les étapes de cette love story à queue touffue font partie des meilleurs moments du film. De son côté, dame mammouth est enceinte des oeuvres de Manny (la voix de Gérard Lanvin m'est apparue étrange dans cet épisode, comme changée). Diego le battant n'est plus aussi fringant que par le passé... mais on aura l'occasion de s'apercevoir qu'il a de beaux restes.
Sid le paresseux commence à m'énerver sérieusement. Ce n'est plus seulement un gaffeur, c'est vraiment un con... gentil certes, mais un con quand même. Va falloir renouveler le personnage dans l'épisode suivant.
On remarquera que les couples formés donnent deux visions des rapports masculin-féminin. Chez les écureuils, la femme est montrée comme quelqu'un d'assez superficiel, dans un vision assez conservatrice de la relation. Chez les mammouths, c'est la femelle qui a le plus de bon sens et de courage.
Si les parents ont sans doute apprécié, en ce qui me concerne, toutes les considérations sur l'enfantement, le statut de parent m'ont laissé froid... pour ne pas dire franchement barbé. Par contre, j'ai trouvé les bébés dinosaures très marrants.
Quelques séquences sont particulièrement hilarantes, comme celle mettant en scène la plante carnivore, ou encore la première rencontre de Sid avec la maman dinosaure (quel morveux ce paresseux !).
La plus spectaculaire est celle qui montre la poursuite en dinosaure volant, digne des combats spatiaux de la Guerre des étoiles. Et puis il arrive si fréquemment aux scénaristes de glisser un "détail qui tue", tellement drôle...
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lundi, 06 juillet 2009
Jeux de pouvoir
Voilà un polar dont on a soigné le casting. Les mecs, au choix, peuvent s'identifier au politique vertueux, mince, beau gosse dans son costard à plusieurs milliers de dollars (Ben Affleck, très bon... et toujours aussi bien doublé) ou au reporter pointilleux, un peu à l'arrache, bedonnant et amateur d'alcool (Russelt Crowe, très convaincant... tout comme sa voix française). Aux femmes, on propose la jeune journaliste bloggueuse ambitieuse, au départ plutôt intéressée par les ragots (Rachel McAdams, déjà remarquée dans Serial noceurs), la directrice du journal, pugnace et hantée par le chiffre des ventes de sa feuille de chou (Helen Mirren, ex-cel-lente... mais on le sait depuis longtemps... cherchez à voir The Queen si vous en doutez) ou encore l'épouse (jadis infidèle) trompée, impeccablement interprétée par Robin Wright Penn. Les héros masculins sont donc un peu mieux valorisés, à mon avis.
Le réalisateur Kevin Macdonald (remarqué pour Mon meilleur ennemi et surtout Le dernier roi d'Ecosse) excelle à restituter l'atmosphère d'une salle de rédaction (ce n'est pas le premier, ceci dit) et réussit à introduire dans son film plusieurs éléments illustrant les difficultés de la presse aujourd'hui : la baisse des ventes, la concurrence de la télévision, d'internet, la tentation du sensationnalisme... Comme dans tout bon polar, la vie intime des personnages s'entremêle avec l'histoire principale. L'action se déroule principalement la nuit, dont l'atmosphère est agréablement rendue par la photographie, soignée. Quelques moments d'action, bien mis en scène, relancent efficacement l'intérêt de cette longue (presque deux heures) fiction. Il s'agit évidemment de dévoiler la face sombre de la vie politique états-unienne au temps de George W. Bush. C'est l'emprise croissante des sociétés de sécurité (et de combat) privées qui est dénoncée ici (on pense à la célèbre Blackwater, qui a fait du dégât en Irak).
Je mettrai un bémol : le retournement final, que je ne révèlerai pas. Selon moi, il complique inutilement l'histoire et introduit l'idée que la manigance peut s'infiltrer partout. Cela donne au film un tour plus cynique (plus réaliste ?), moins classiquement hollywoodien.
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vendredi, 03 juillet 2009
The chaser
Fête du cinéma, acte V.
Et pourquoi pas un polar sud-coréen en version originale sous-titrée ? Le suspense ne porte pas sur l'identité du tueur sadique, puisqu'il est arrêté au bout d'une demi-heure environ. Il se retrouve en garde à vue et avoue tout... sauf l'identité du propriétaire du véhicule qu'il conduisait et sa nouvelle adresse à Séoul. Du coup, la police n'a aucune preuve contre lui. Il lui faut donc retrouver les corps... d'autant plus que la dernière prostituée à laquelle il s'est attaqué n'est peut-être pas encore morte.
C'est le mac de celle-ci, un ancien policier (sans doute aussi son ancien amant... et peut-être le père de son enfant, qu'elle cache à tout le monde), qui mène la "chasse". Ce n'est pas un type sympathique : il est violent, narcissique... et pas très futé au fond (on en a de multiples preuves dans le film).
Les thèmes s'entremêlent : c'est une chronique à la fois sociale (sur le vécu des prostituées), policière (les forces de l'ordre n'en sortent pas grandies...), politique (idem pour le maire de Séoul) et amoureuse. C'est dynamique, enlevé. Tout est bien filmé, des scènes d'intimité aux poursuites en passant par les bastons, souvent de nuit. C'est aussi très violent, sanglant même, avec une évidente surenchère, tant au niveau de l'imagerie meurtrière (ah ces coups de marteau qui n'en finissent pas) que du scénario, finalement assez peu hollywoodien (si un jour il prend l'envie à producteur de Los Angeles de faire un remake, je peux vous prédire quelles sont les scènes qu'il va modifier). Le dernier quart d'heure m'apparaît plutôt raté.
C'est dommage parce que le film est plein de qualités... mais il est assez putassier... un comble pour un long métrage centré sur le devenir de prostituées !
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jeudi, 02 juillet 2009
Let's make money !
Ouaiiiis, t'as raison, faisons-nous un max de thunes ! Erwin Wagenhofer, remarqué pour son pertinent We feed the world (Le marché de la faim), remet le couvert et, cette fois-ci, il s'attaque au noeud du problème : le pognon, sa concentration et sa circulation.
Dès le début, il montre et fait parler un de ces requins de la finance, pour qui les questions d'éthique n'entrent absolument pas en ligne de compte dans le travail effectué. Ce portrait est très intéressant par ce qui est montré à l'écran : un homme assez âgé s'informant tout en courant sur un tapis roulant, puis soulevant de la fonte, ensuite dans son véhicule, enfin au bureau. Comme à son habitude, le réalisateur n'ajoute pas de commentaire ; il laisse ce type, intelligent, livrer le fond de sa pensée (comme avec le patron de Nestlé dans son précédent film). La suite du documentaire va se charger d'apporter la contradiction.
Une séquence, dont on a beaucoup parlé, fait particulièrement sens : il s'agit du "parcours de l'or", de l'extraction au stockage des lingots, en passant par leur fabrication. L'objectif de Wagenhofer est de montrer l'inégalité à l'oeuvre : les entreprises et les banques occidentales s'enrichissent sur le dos du travail des habitants du "tiers monde", dont ils exploitent les richesses. Le propos peut sembler manichéen mais, si le film est clairement orienté, il ne ment pas. Il se contente de mettre l'accent sur un aspect de la réalité. (Je suis néanmoins très dubitatif quant à l'explication qui est donnée de la cause de la seconde guerre d'irak.)
Côté spéculateurs, on a ceux qui planquent leur pognon à Jersey, en toute légalité, ceux qui étranglent les pays en développement à coup de crédits et ceux qui "investissent" dans l'immobilier, en Espagne par exemple, en Andalousie, où la gestion de l'eau n'obéit plus qu'à une seule règle : le profit des dominants. La crise qui secoue ce pays depuis plus d'un an désormais a frappé tout spécialement le secteur immobilier, le paradoxe étant que la plupart des propriétaires de ces appartements surgis du désert ne comptent pas les habiter, mais les revendre avec profit (ou, à la rigueur, vivre sur les loyers versés). Le pire est que nombre d'épargnants ont, souvent sans le savoir, souscrit à des placements orientés vers ce type de spéculation.
Côté exploités, on a les Indiens, qui ont la chance d'habiter un pays qui ne cesse de se développer, un pays où, lorsqu'on est un digne entrepreneur allemand par exemple, on peut développer sa boîte comme on veut, grâce notamment à une main-d'oeuvre docile (même si, dans certains secteurs, elle "coûte" de plus en plus cher). Je rapprocherais cet intervenant de l'ingénieur agronome de We feed the world, qui prétend comme lui à l'impartialité et sait mettre en valeur quelques points positifs à propos d'un sujet sur lequel on sent que l'auteur du film a un point de vue très différent.
L'expert politique qui tient le rôle de Jean Ziegler dans l'autre film est ici un député allemand. Ses propos, sans être inintéressants, marquent moins que les images des séquences qu'ils accompagnent.
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mardi, 30 juin 2009
Toute l'histoire de mes échecs sexuels
Fête du cinéma, acte III. C'est un documentaire autobiographique, réalisé par le Britannique Chris Waitt. Celui-ci, plutôt beau garçon, assez "cool", qui, de l'avis général, embrasse bien et qui nous fait comprendre que son anatomie pénienne est plus que satisfaisante, se demande pourquoi il s'est tant fait plaquer par les filles. Ce film est donc une sorte d'auto-enquête.
C'est très drôle parce que l'auteur ne cache pas ses défauts : il est feignant, plutôt sale, répugne à toute sorte d'engagement et arrive systématiquement en retard à ses rendez-vous... quand il ne les a pas purement oubliés. Techniquement, c'est essentiellement du champ / contrechamp, les scènes étant filmées tantôt par le caméraman qui accompagne Waitt, tantôt par lui-même.
Le projet cinématographique met du temps à prendre forme parce que ses ex refusent tout simplement de le revoir. Et, quand par bonheur l'une d'entre elles accepte, c'est l'occasion de découvrir combien il a pu être naze ! Non seulement ces moments dégradants n'ont pas été coupés au montage, mais le film résulte plutôt de leur assemblage. On finit même par apprendre que notre héros est un mauvais coup au pieu... et que, depuis plusieurs années, il souffre d'impuissance !
Pour tenter de résoudre ses problèmes, il recourt aux services de sa maman (excellentes séquences qui voient celle-ci lui dire -gentiment- ses quatre vérités ou remettre un peu d'ordre dans ses affaires)... et se met en quête d'une nouvelle petite amie. Je vous rassure : il finit par en dégoter une, un peu barge d'ailleurs, mais après avoir récolté des dizaines de rateaux !
Avant cela, il a fini par essayer le viagra... un peu trop même, puisqu'à la suite de l'absorption d'une dizaine de cachets bleus, il se retrouve avec une méga érection douloureuse ! Il faut dire que notre héros souffre beaucoup : entre les réflexions acides de ses ex et son incapacité à bander, il est perdu et même la petite séance sado-maso au cours de laquelle il se fait fouetter les parties génitales n'est pas parvenue à lui remettre les idées en place !
00:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 29 juin 2009
Dans la brume électrique
Fête du cinéma, acte II. Cette manifestation est l'occasion de voir des films que l'on a ratés à leur sortie... de préférence en version originale sous-titrée, comme c'est le cas ici. Faut pas oublier que l'action se passe dans la Louisiane d'après l'ouragan Katrina, même si aux meurtres contemporains se superpose une affaire vieille de 40 ans...
Il s'agit donc d'un polar. Si l'histoire est américaine, le réalisateur est français, puisqu'il s'agit de Bertrand Tavernier. Eh bien, je vous assure, si on ne le sait pas avant de voir le film, on est persuadé que le réalisateur est un authentique yankee. Tavernier s'est parfaitement coulé dans le style (qu'il affectionne) des metteurs en scène des films de ce genre.
Comme c'est un bon polar, l'histoire marie le suspense à la chronique sociale. Honnêtement, si vous êtes amateur-trice de films ou romans policiers, vous découvrirez le fin mot de l'énigme assez rapidement. Cela permet de se concentrer sur le contexte, les relations interraciales comme on dit là-bas et le décor des bayous... le tout agrémenté par la présence d'une équipe hollywoodienne vraiment insupportable.
Bien entendu, Tommy Lee Jones (déjà excellent dans No country for old men et Dans la vallée d'Elah) incarne un flic bourru, franc-tireur, pas très respectueux du règlement. Les méchants sont très méchants. C'est plein de pourris qu'il faudrait zigouiller à coup de carabine !
L'originalité du film tient dans son onirisme, le côté surnaturel, avec l'intervention d'un général sudiste (dont il faut prendre la peine d'écouter les paroles, parfois à double sens). Les tons bleutés ou bruns donnés à l'image renforcent le sentiment d'étrangeté : dans cette Louisiane crépusculaire, voire lunaire, les comportements déviants se développent... mais l'important est de rester fidèle à ses "valeurs"...
00:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
dimanche, 28 juin 2009
Coraline
Fête du cinéma, acte I. Voilà un événement qui, à l'origine, visait plutôt un public d'ados lycéens, d'étudiants et/ou de vacanciers. Pas facile de voir beaucoup de films quand, sur les trois jours que durait cette manifestation auparavant, on en travaillait deux. La décision d'étaler la "fête" sur une semaine complète, démarrant un samedi, est donc une bonne nouvelle pour tous les actifs passionnés de cinéma.
En route donc pour cette animation très particulière, très "tim-burtonienne", qui mêle le conte féérique et l'épouvante macabre (cela fiche quand même un peu les jetons). On retrouve l'esprit des Noces funèbres, à ceci près que les héros sont des enfants. Les adultes montrés de manière positive sont des marginaux, des foldingues sympathiques. Mais que dire des parents de l'héroïne, caricatures de bobos, rivés à l'écran de leur ordinateur, le père très djeunse attardé, à côté de ses pompes, la mère dominatrice qui se refuse à faire la cuisine. On sent une critique assez forte de la "nouvelle bourgeoisie" américaine progressiste. Par contraste, les parents de substitution, assez emballants au premier abord, sont très "tradi" : ils prient avant le repas, consacrent du temps à leur fille, font du jardinage... et c'est la mère qui cuisine.
Mais cette façade lumineuse cache de noirs desseins. Ce film joue donc bien le rôle des contes de fées : il donne des leçons de vie à ses spectateurs, les met en garde contre les travers humains et invite à regarder au-delà des apparences.
La forme est absolument splendide. Les décors sont somptueux et l'animation d'une qualité exemplaire, avec plein de trouvailles visuelles (on a évidemment ajouté des effets numériques aux mouvements des poupées) : cela va du piano à mains aux souris qui forment un mot en passant par le jardin visager, le cadre photo animé ou encore les canons à barbe à papa. Le scénario ménage de multiples rebondissements, certains dus au deus ex machina de cette histoire... un chat ! Miaouuuu !
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
samedi, 27 juin 2009
Lascars
Ouahh, sur la vie d'ma mère, ta race que c'est un film qui cause de la lieu-ban ! Ouais, avec la tchatche et tout ! Tain les filles, que des bombasses ! Et les keums comme ils se la jouent, les mythos, grave !
On risquait fort de tomber dans les clichés... l'important étant de s'en relever ! Alors oui les dialogues de djeunses dominent ce film, oui les jeunes femmes sont "kiffantes" et ressemblent davantage à des fantasmes de mecs qu'aux femmes de la vraie vie, oui la fascination pour la célébrité et le pognon anime les personnages.
Mais c'est plus que cela. Le graphisme tout d'abord est original. C'est le résultat d'un mélange entre "l'art de rue", les tags et le dessin animé commercial japonais. C'est détonnant, expressionniste à souhaits, parfois même surréaliste (je pense notamment à une poursuite en bagnole). Je recommande aussi toutes les scènes où apparaissent des policiers... qui, à un moment, nous gratifient d'une "danse des canards" (revue et corrigée par les "Schmitts") pas piquée des hannetons...
C'est surtout très drôle. Les mecs sont des losers patentés... qui se démènent comme de beaux diables pour s'en sortir : le film, s'il ne cache pas certaines des difficultés qui touchent les "quartiers sensibles", a une tonalité globalement positive, même s'il frôle parfois le drame. C'est son grand talent.
Côté voix, les acteurs et actrices s'en sont donnés à cœur joie. On sent chez eux une véritable jubilation à incarner ces personnages tranchés, à la langue bien pendue.
Attention toutefois : c'est un peu cru, c'est un vrai film d'ados et d'adultes. Dans la salle où je l'ai vu, une maman et son fils de 6-8 ans sont partis au bout d'un quart d'heure.
00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema