mercredi, 12 septembre 2007
Cartouches gauloises
Voilà un film qui ne fait pas un tabac. Ne serait-il pas un peu fumeux ? me suis-je demandé dans un grand moment d'effervescence intellectuelle. Il faut d'abord savoir qu'en dépit de son titre et de son sujet (la fin de la domination française sur l'Algérie), et même s'il est en partie tourné en français, coproduit par des Français, c'est un film algérien. On ne sera donc qu'à moitié étonné de lire, en tête des remerciements, une vibrante formule en hommage à A. Bouteflika, un homme dont les convictions démocratiques pourraient faire rougir bien des populistes européens...
Pourtant, le film essaie de ne pas (trop) verser dans le manichéisme. La plus belle réussite est la peinture du monde pied-noir, qui n'est toutefois qu'à moitié convaincante. Le problème est que les dialogues français sont assez pauvres et sonnent souvent faux. Il y a peut-être une faiblesse concernant la direction d'acteurs, voire des erreurs de casting (il me semble qu'on a dû recruter des non professionnels, une pratique qui a déjà porté ses fruits... quand le metteur en scène savait mener son équipe). Les dialogues en arabe m'ont semblé plus vrais... même si je ne peux juger que sur l'intonation (et la traduction sous-titrée).
Il y a donc des gentils pieds-noirs et des moins gentils. On nous les montre quand même souvent plutôt riches, ce qui est une erreur (mais, comparativement aux Algériens, il est vrai que la position des pieds-noirs, même modestes, a pu paraître aisée). Les soldats français sont quasi systématiquement dépeints comme des brutes sanguinaires. On ne distingue pas les appelés des professionnels. C'est dommage... même s'il est faux de penser que les uns se sont toujours mieux conduits que les autres. Le cas des harkis est mis sur le devant de la scène : un personnage donne le ton global du film, qui dénonce "les traîtres" souvent jugés pires que les Français ; même si l'un d'eux est un montré positivement, globalement, le point de vue est très négatif (le jeune héros finit d'ailleurs par dénoncer leur chef -qui se planque- aux types du F.L.N.). Le réalisateur a néanmoins l'honnêteté de souligner l'abandon dont les harkis ont été victimes.
Question objectivité, on appréciera aussi le fait que le film aborde les atrocités commises par les indépendantistes. A cet égard, la séquence la plus marquante est celle qui voit les enfants entrer dans la maison pied-noir, dans laquelle résonne Bambino (non, pas chantée par Dujardin !) et où ils finissent par découvrir les cadavres des adultes. Par contre, le résultat de l'attentat à la bombe n'est que suggéré. (A ce sujet, je me pose une question : n'y a-t-il pas un anachronisme dans cette séquence ? En effet, il s'agit d'un attentat suicide ; or, il me semble que si les indépendantistes algériens ont eu très souvent recours aux attentats, il ne s'agissait que de poseurs-euses de bombes, pas de "kamikazes".)
Le cas des prostituées est différent. Bien qu'elles vendent leurs charmes aux Français (civils comme militaires), elles ne sont pas condamnées par le film : le jeune héros sauve la vie de l'une d'entre elles. De plus, un plan suggère qu'elles profitent de l'inattention des clients pour leur piquer leur fric (quelles bonnes patriotes !). On retrouve ici la fascination de nombre de cultureux pour la prostitution. Peut-être faut-il aussi y voir une réminiscence personnelle : la part autobiographique étant grande dans ce film, peut-être l'auteur a-t-il placé là des souvenirs personnels.
Une touche d'humour, pour terminer. Le chef de gare, ami du jeune héros, apprend qu'il va être muté à Sarcelles (on est en 1962, ayez bien cela en tête). Il déclare que là-bas au moins, il ne risque pas de retrouver des Arabes et des juifs !
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vendredi, 07 septembre 2007
Ceux qui restent
Cela a été souvent dit : le sujet est hyper casse-gueule et c'est le premier film d'Anne Le Ny en tant que réalisatrice. De surcroît, elle a confié à Vincent Lindon un rôle que l'on a l'impression de l'avoir déjà vu interpréter une dizaine de fois. Le tout début m'a fait peur : le plan du dessus est très bon, mais le jeu de Lindon sonne faux (jusqu'à son départ, clopin-clopant, vers la station de R.E.R. ; soyez attentifs, par exemple, aux pommes dauphines). Heureusement, il est nettement meilleur dans le reste du film.
Emmanuelle Devos est excellente. Pas facile de jouer une "pétasse sympathique" sans sombrer dans la caricature. Elle y parvient et son personnage "dégage" plein de choses. Cela nous donne une série de moments tantôt émouvants, tantôt drôles (le paradoxe est que l'on rit souvent, par petites touches, dans ce film très sombre sur le fond), sans que le montage ne ménage de transition entre deux émotions (par exemple entre le moment où Devos chambre Lindon, avant d'entrer dans un café, et celui où elle n'est pas loin de s'effondrer, assise en face de lui). A signaler aussi le personnage de la fille : Yeelem Jappain incarne avec beaucoup de talent cette adolescente sur le gril, pas facile à gérer pour son entourage.
La réalisation est inventive, dès le début, avec ce plan du dessus. On sent le soin apporté au cadrage, comme dans cette scène où Lindon est assis, filmé de dos, la tête de Devos reposant sur celui-ci. On aurait pu s'attendre à une mise en scène convenue, mais, au contraire, Anne Le Ny nous surprend. Par exemple au tout début, quand on voit les préparatifs de Lindon, comme on s'est informé avant d'aller voir le film, on se dit qu'il fait cela dans un but précis ; on va découvrir que la personne concernée par ces préparatifs n'est pas celle à laquelle on avait d'abord pensé. Même chose quand Lindon est filmé au lit, chez lui, vers 5h30 du matin, lorsque le téléphone sonne. La personne qui est au bout du fil n'est pas celle que l'attendait si l'on s'est laissé guider par la scène qui a précédé celle-ci.
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Sicko
Le nouveau film de Michael Moore sort sans le tapage qui a entouré la diffusion des précédents... peut-être parce que le polémiste se fait plus patelin, sans que l'humour frondeur et le goût de la provoc' bien organisée aient disparu.
Du coup, ceux qui n'aiment pas M. Moore ne changeront sans doute pas d'avis à l'issue de ce film et ses admirateurs ne seront pas déçus. On retrouve donc les défauts de Moore : des approximations (sur les systèmes de santé européens), un manque de recul critique sur Cuba (la séquence qu'il y tourne, fort intéressante au demeurant, est quasiment de la propagande pour le régime castriste... mais, devant un public yankee, Moore a une sacrée pente à remonter pour faire émerger un peu de sérénité dans l'appréciation qu'ont ses compatriotes du pays de Fidel) et une surutilisation de la musique (en général bien choisie, pleine d'ironie dans la séquence française) qui, d'un point de vue esthétique, ravale parfois le film au niveau de la télé-réalité étasunienne.
Mais le film abonde aussi en qualités. C'est d'abord, pour le public non-américain, une grande claque dans la figure : voici ce qui nous attend peut-être, nous les Frenchies, une fois que, sous la pression de certains lobbys médico-pharmaceutiques, nos gouvernements libéraux bon teint auront achevé le démantèlement de la protection sociale. Par moments, dans Sicko, on se dit que ce n'est pas possible, que la situation est trop ubuesque. Quand l'aspect financier prend le dessus sur le souci des malades, regardez ce que cela peut donner...
Certaines des séquences les plus drôles voient Moore jouer au Candide et poser aux assurés sociaux et aux personnels médicaux européens des questions qui suscitent des réactions amusées voire ironiques de leur part. Mais la meilleure séquence est, à mon avis, celle qui concerne Guantanamo, du constat de l'abandon des sauveteurs du 9/11 jusqu'à l'arrivée (clandestine ?) à Cuba. A proximité de la base US, Moore apostrophe les gardes, leur demandant l'autorisation d'entrer (ce qui, bien entendu, ne lui sera pas accordé, ce qu'il savait par avance) pour faire soigner les courageux héros (pompiers notamment) aussi bien que ces salauds de terroristes : ceux-ci, contrairement aux citoyens libres des Etats-Unis d'Amérique, bénéficient d'une efficace couverture médicale universelle... et gratuite !
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vendredi, 31 août 2007
Mr Brooks
Kevin Costner casse un peu son image pour interpréter ici un méchant assez gentil, au lieu d'un gentil très gentil comme il le fait d'habitude. William Hurt l'aide un peu. En face, on trouve notamment la délicieuse Demi Moore.
J'ai eu du mal à adhérer au principe du "mauvais conseiller" (William Hurt), qui oblige le scénariste à prévoir un contrepoids (la foi chrétienne du héros en l'occurence). C'est pesant, surtout au début mais si on adhère à l'intrigue, les acteurs étant bons, cela finit par passer. C'est même une source d'humour, l'une des qualités de ce film, qui essaie d'innover un peu dans le genre du polar. Bon, cela ne casse pas des briques, mais c'est efficace et assez bien foutu.
Pour profiter à fond du film, il faut écouter très attentivement les paroles de la mauvaise conscience (qui sait plein de trucs qu'on ne découvre que par la suite)... et se demander qui est vraiment à l'origine de telle action (comme un déménagement). L'un des grands plaisirs du film réside dans le jeu du chat et de la souris entre l'enquêteuse (Demi... C'est quand tu veux pour me poursuivre !) et l'assassin, qui en pince un peu pour la fliquette... Tu parles, elle le fait bander un max, oui ! Mais, ici comme ailleurs, la morale hollywoodienne est sauve : l'homme bien marié, bon père, ne fautera pas, même s'il va donner un coup de papatte à sa dulcinée policière.
La fin ménage suffisamment d'incertitudes et de coups de théâtre pour qu'on sorte du film pas mécontent, sans être ravi pour autant.
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dimanche, 26 août 2007
Mariage à l'iranienne
Si vous avez déjà vu des films iraniens d'art et d'essai, vous allez être déçus ! La subtilité n'est pas le fort de cette comédie de moeurs politiquement correcte à sa façon.
D'abord, c'est assez mal joué, ou plutôt c'est surjoué. Visiblement, on a demandé aux acteurs d'en faire des tonnes. C'est dire l'opinion qu'ont les producteurs du spectateur moyen... Les maladresses sont aussi techniques : la postsynchronisation est déficiente ; on voit bien, dans une scène, que ce ne sont pas les femmes qui chantent (on aurait quand même pu s'assurer qu'elles remuent convenablement les lèvres !) ; on remarque, dans une autre, que les musiciens simulent avec une incompétence digne d'un ministre français du développement durable.
Passons au "politiquement correct". Le papa ultra-conservateur (mais qui a bon fond et se rend généralement aux arguments de sa chère et tendre épouse, un modèle de soumission voilée qui sait mener son homme par le bout de son...) et antiaméricain de base va finalement laisser sa fifille adorée (mais un peu trop indépendante quand même...) épouser un norrible Yankee (celui-ci, interprété avec une niaiserie remarquable par un rouquin barbu, se prénommant David... Rassurez-vous, il n'est quand même pas juif ! C'est dommage, cela aurait pu donner un peu de piquant au film...), un Yankee très comme il faut : il est passionné par la culture persane, cherche à apprendre le farsi, est visiblement contre la politique menée par son gouvernement... et accepte de se faire circoncir et de se convertir à l'islam ! (Une approximation en passant : de nombreux Zétasuniens, quoique chrétiens, sont circoncis, notamment pour des raisons médicales.)
Le tout est noyé dans des hectolitres d'eau de rose, à faire passer les films Bollywood pour des modèles de jansénisme ! La cinématographie indienne semble avoir influencé ce film, mais, hélas, on y retrouve plutôt les défauts que les qualités. Je vais quand même terminer par un bon point : la dénonciation, à travers le personnage du marchand de tapis hypocrite, des tartufes magouilleurs.
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mercredi, 22 août 2007
Planète terreur
... un film Grindhouse... le deuxième volet du diptyque comprenant Boulevard de la mort de Tarantino, d'ailleurs présent dans le film, dans un petit rôle croquignolesque.
On sent la bande de potes qui veut s'éclater. C'est quand même cool, le cinéma ! On fait jouer les copines du moment et quelques autres (certaines femmes sont prêtes à tout pour que l'on voit leur joli minois sur grand écran). Cela donne un casting d'enfer, avec la famille Rodriguez, Bruce Willis et une tripotée de bombasses qui ne s'en laissent pas compter. Le film est malin : il joue sur le plaisir qu'éprouvent nombre de spectateurs masculins à voir ces corps charmants à demi dénudés, mais en même temps, sous le prétexte d'une bobine manquante (ouais c'est un film "cheap", ne l'oubliez pas ! ... Tu parles ! Le paquet de pognon qu'ils ont dû mettre dans les trucages numériques !), on nous coupe la scène de sexe et on nous retransporte en pleine action, avec une ellipse que le spectateur de base n'a aucun mal à combler. Le sang gicle abondamment, sans économie... et de manière fort réjouissante, ma foi ! Merveilleuse scène que celle qui voit les véhicules renverser, défoncer, éclater les zombies sur la route.
L'histoire ? Euh, ben, on s'en fout un peu. On sent l'hommage à La nuit des morts-vivants, on retrouve un peu de Une nuit en enfer (c'est la "Rodriguez touch"... je trouve Tarantino plus imaginatif). Résultat ? On n'a pas peur une seconde, mais on rigole. C'est toujours mieux que la ribambelle de bouses qu'on nous sert depuis bientôt deux mois.
Tiens, en passant. Ce film, comme l'autre volet, témoigne d'une attitude ambiguë vis-à-vis de la gent féminine. D'un côté, les femmes sont des héroïnes à part entière et leurs personnages sont dotés de fortes personnalités. D'un autre, elles subissent pas mal d'avanies (dans un moment très comique, une blonde, victime de son mari jaloux -et cocu, voit l'une de ses mains se retourner... mmm ; la brune en chef perd une jambe), mais pas de viol (juste une tentative, dont je ne vous dirai pas comment elle s'achève). Tarantino s'offre même le luxe d'insulter copieusement l'un des personnages féminins... vous me direz, c'est dans le rôle, ouais, mais, vu la codification des relations entre les deux sexes outre-Atlantique, je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a là comme un exutoire. Je suis sûr que, dans cette scène, Tarantino a pris son pied !
P.S.
A un moment, il est question de la poursuite de Ben Laden, cause de tous les maux représentés dans le film. Cela fait un peu "rebelle" (et ça peut aider à vendre le film en Europe) voire "underground"... et ça ne mange pas de pain. Pas la peine de chercher une signification politique au film pour autant.
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mardi, 07 août 2007
Ratatouille
La salle était "familiale" : l'essentiel des spectateurs consistait en groupes composés d'un parent (la maman la plupart du temps) avec des enfants. Je pense toutefois que le film n'est pas indiqué pour les tout petits : l'intrigue risque de les dépasser.
D'un point de vue formel, c'est une oeuvre de virtuoses. Je recommande expressément la première séquence dans laquelle le rat s'infiltre dans le restaurant. C'est une succession de panoramiques et de travellings, agrémentée de gros plans. Re-mar-quable ! Dans le même genre, on trouve une des dernières séquences, le soir du "fameux repas", avec une équipe de cuistots du tonnerre ! Les mouvements des rats (à quatre pattes) sont très bien rendus et le pelage soigné. C'est particulièrement visible dans la séquence qui voit le héros piégé dans une cage discuter avec l'esprit de Gusteau (LE chef cuisinier) : en très gros plan, sur un écran géant, c'est saisissant (et très joli).
J'ai aussi beaucoup aimé la scène de "dialogue" entre le rat et l'apprenti-cuistot. Elle est réalisée du point de vue des humains. Donc, le rat ne parle pas, mais il s'exprime par gestes et attitudes. Peut-être, pour cette partie, les auteurs se sont-ils inspirés des chats. (A ce propos, on ne voit aucun matou dans ce film, c'est proprement scandaleux !)
A noter aussi un beau personnage féminin (avec du caractère, comme je les aime). La relative misogynie du milieu de la "grande cuisine" n'en est pas moins relevée. Une autre profession est égratignée : les critiques. Soyez attentifs à la scène d'entrée dans l'appartement du critique gastronomique : c'est très sombre, mais en plus, la vue du dessus met en valeur un plan qui fait ressembler la pièce à un cercueil ! La fin du film nuance l'alacrité qui est réservée à ce personnage. En fait, il faut sans doute y voir la métaphore du monde du cinéma. Les auteurs en profitent pour régler quelques comptes avec des "spécialistes" qui n'ont longtemps vu dans les images de synthèse qu'un médiocre divertissement pour attardés mentaux. A leurs débuts, ils ont dû éprouver des difficultés à trouver des financements. L'immédiat avant-film, qui présente un entretien avec des membres de l'équipe, va dans ce sens. Au fait, n'arrivez surtout pas en retard : on nous offre un délicieux court-métrage en hors-d'œuvre !
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mardi, 31 juillet 2007
Les Simpson
A la base, je ne fais pas partie des inconditionnels de la série. J'ai regardé quelques épisodes, j'ai parfois ri. Mais j'ai un problème avec deux des personnages principaux : le père (Homer) m'insupporte, gros beauf infantile et abruti satisfait de lui-même ; la mère (Marge) est une cruche dont il est impossible de comprendre l'attachement pour son mari. J'ai hélas retrouvé ces défauts dans le film. Il paraît que les Américains aiment le personnage du père, parce qu'ils se rassurent en le voyant : "je ne serai jamais aussi con", pensent-ils. Quant aux non-Américains, ils se complairaient à reconnaître dans Homer l'incarnation (mais non, si peu caricaturale) du Yankee moyen.
Au niveau de l'histoire, je perçois comme une influence "foxienne" dans l'identité des "méchants" : les membres de l'Agence de Protection de l'Environnement (APE... EPA pour les Anglo-Saxons). Les scénaristes leur attribuent un bien grand pouvoir (bien plus grand que celui des pollueurs... c'est pas crédible, ça, les gars !) et un mépris de la vie humaine qui siérait mieux aux cadres de certaines firmes chimiques. On retrouve ici la dénonciation classique de l'Etat (fédéral) supposé tentaculaire, thème récurrent dans la propagande républicaine (et souvent associé à celui du complot).
Heureusement, le déroulement du film ménage de petits moments de bonheur, autour du président Schwarzenegger (bien plus intelligent dans la réalité que l'image qui est colportée de lui), des habitants de la petite ville, si prompts au lynchage et à la guerre civile. Il faut être attentif à l'image, car elle renferme parfois une allusion comique (voire satirique), comme l'inscription qui figure au fronton du tribunal (que je vous laisse découvrir... d'autant plus que je ne me la rappelle pas mot pour mot !). Les enfants sont très bien, Bart (attachant pré-ado écartelé entre le désir d'être "paterné" et la joie qu'il éprouve à déconner avec son crétin de géniteur) comme les deux filles (la plus âgée, Lisa, énamourée et engagée... et qui découvre que l'on peut concilier les deux !... la plus jeune déjà futée... plus que ses parents !).
Le dessin n'est pas de mauvaise qualité : les contours des personnages sont plutôt sommaires (c'est attendu), mais certains éléments du "contexte" sont travaillés, comme le dôme, l'écran qui s'affiche sur sa face intérieure ou certaines scènes avec des prises de vues audacieuses (on est au cinéma quand même !).
Soyez attentifs à la fin : le film est annoncé avec une durée de 1h30, alors que cela semble s'achever entre 1h15 et 1h20. On nous réserve évidemment quelques pépites. Je relève particulièrement les allusions au cinéma (déjà présentes au début : les auteurs n'hésitent pas à se moquer -gentiment- d'une partie de leur public) et, bien sûr, l'hymne local, dont l'air ressemble furieusement à un champ révolutionnaire européen...
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mardi, 17 juillet 2007
Harry Potter et l'ordre du phénix
Je tiens d'abord à signaler que je n'ai lu aucun des livres. (Par contre, j'ai vu tous les films.) Je ne suis pas intéressé par le débat sur la qualité de l'adaptation cinématographique et les choix qui ont été opérés. Je vais voir cela comme un divertissement. A la base, je suis attiré par l'ambiance autour de la magie. J'ai réussi à le voir en version originale sous-titrée : l'accent britannique de certains acteurs vaut le détour.
Un bon point pour commencer : les effets spéciaux sont réussis. Mais ils prennent beaucoup d'importance, réduisant le jeu des acteurs au minimum... à tel point qu'à certains moments, je me suis pris à imaginer le tournage, avec ces pantins s'agitant ou brandissant leur baguette magique devant un fond bleu (ou un truc dans le genre). Quand on y réfléchit deux secondes, certaines scènes sont limite débiles.
L'intérêt de cet opus est la place prise par le professeur Ombrage, véritable poison sucré rose. L'actrice qui l'incarne est excellente. Elle apporte un peu d'épaisseur à l'histoire : on peut faire beaucoup de mal avec de bonnes intentions. C'est aussi un moyen de ridiculiser l'éducation à l'ancienne. C'est d'autant plus paradoxal que le "background" de la série est celui d'écoles élitistes, formatées. Un moyen de ménager la chèvre et le chou : l'auteure des romans s'adressant en priorité à des djeunses, un peu de démagogie n'est pas de refus.
Je trouve toujours que de nombreux personnages sont trop d'une pièce : c'est trop caricatural. Le cas de Severus Rogue est à cet égard intéressant (on nous prépare au numéro 6...) : la séquence qui voit Harry s'introduire dans son esprit apporte de la complexité (Harry peut-il accepter que son père se soit jadis parfois comporté comme un enfoiré ?). Je regrette qu'Hermione soit sous-utilisée. (Il paraît qu'on nous la réserve davantage pour le 6.) Comme il est question des premiers émois amoureux, on a droit au baiser d'Harry et de sa petite copine... ainsi qu'aux débuts d'une nouvelle, un peu excentrique (personnage très réussi, ma foi).
En regardant ces sixièmes aventures, j'ai eu parfois une impression de "déjà vu". Il m'est apparu évident que Rowling s'est inspirée de La guerre des étoiles (voire du Seigneur des anneaux) : le combat entre le Bien et le Mal, le choix à faire pour l' "élu", la tentation du Mal etc. Je ne connais pas les péripéties en détail, mais, compte tenu de ce que j'ai vu, je trouve qu'il serait logique de faire d'Harry Potter (sorte de nouveau Luke Skywalker) le fils de Voldemort (nouvel Anakin Skywalker ou, pour les non initiés, avatar de Dark Vador). Je ne pense pas que ce soit le cas, mais cela donnerait de la cohérence au lien qui semble unir ces deux personnages.
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lundi, 16 juillet 2007
Half moon
Les héros de ce film sont des Kurdes, des Kurdes d'Iran plus précisément. Le problème est que ce peuple sans Etat est éclaté entre plusieurs pays : Iran, Irak, Turquie et (un peu) Syrie. Rien que des modèles de démocratie, comme vous pouvez le constater. A la chute de Saddam Hussein, un patriarche décide de tout faire pour retourner dans le Kurdistan irakien. Il est le personnage principal, charismatique. C'est un musicien, un chanteur... et il a eu une ribambelle de gosses. On voit les fils, qui l'accompagnent dans son expédition.
L'autre personnage principal est le chauffeur du bus qui transporte cette fine équipe avec les outils nécessaires. Il espère se faire de la thune en filmant le périple. C'est sur les épaules de ce personnage que repose le comique de situation, un peu à l'image de ce que l'on trouve chez Kusturica.
Au-delà du voyage quasi initiatique, le film nous présente la vie d'un morceau de l'Iran (et de l'Irak), où les déplacements des femmes sont très sévèrement contrôlés, surtout s'il s'agit de chanteuses (sacrilège ! satanisme ! pas bô !). Les images tournées au creux des montagnes, avec ces villages perchés, dont les maisons font corps avec la roche, sont saisissantes. Les parties chantées, dont les paroles m'étaient incompréhensibles, m'ont touché par leur beauté.
J'aurais un bémol, à propos de la représentation du fonctionnement des "nouvelles technologies". Le réalisateur a voulu mettre en scène le mariage entre tradition et modernité, mais il a un peu surestimé la capacité de fonctionnement des équipements (connexion internet à partir d'un ordinateur portable, réseau téléphonique sans fil). C'est marginal dans le film, mais, lors de certaines scènes, cela diminue un peu la vraisemblance de l'action.
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dimanche, 15 juillet 2007
2 days in Paris
A priori, cette histoire de bobos qui ont du vague à l'âme, dans Paris, n'est pas pour me plaire. On part avec une valise de clichés : Julie Delpy incarne une "Parisienne" trentenaire, belle femme, spirituelle, féministe, cultivée, à la sexualité libre. Ajoutez à cela des parents anciens soixante-huitards, artistes sur les bords et vous aurez un tableau assez fidèle du contexte "socioculturel". Ah oui, j'oubliais : elle, photographe, et son "Nounours", décorateur d'intérieur, vivent en général à New York.
Et pourtant... c'est irrésistible de drôlerie. Julie Delpy est géniale, alternativement (voire simultanément) amoureuse, révoltée, angoissée, colérique, attentionnée, boudeuse... Elle semble avoir mis beaucoup d'elle-même dans ce personnage : on le voit en particulier dans une séquence au restaurant, au cours de laquelle elle se prend le chou avec un ex petit ami limite pédophile (ça sent le vécu). De manière générale, l'intrusion des ex de l'héroïne est source de comique, d'autant plus que le "nouveau" (en place depuis deux ans, tout de même !) est joué à la perfection par Adam Goldberg. Je ne vous raconte pas les parents (les VRAIS parents de Julie !)... impayables !
Dans la réalité, une telle accumulation de personnes fantasques et de situations quasi abracadabrantesques (quelle belle collection de chauffeurs de taxis... bon y en a quand même un pour rattraper -un peu- les autres) doit être invivable ! C'est un monde allénien (oui, oui, l'esprit de Woody souffle sur ce film), avec une héroïne narcissique, faible et forte à la fois, autour de laquelle tout tourne. Les personnages sont servis par des dialogues truculents, souvent crus.
Bon, bref, je crois que vous avez compris : si vous cherchez la comédie (presque) légère de l'été, faites un détour par ce film.
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samedi, 14 juillet 2007
Buenos Aires 1977
Et un film argentin de plus ! Celui-ci traite de la dictature militaire qui a sévi de 1976 à 1983. Il y a quelques années de cela, Garage Olimpo abordait le même thème. A noter qu'ici l'histoire est tirée du livre écrit par l'un des rescapés (Claudio) et qu'un autre des survivants (Guillermo, qui a participé à l'écriture du scénario) joue dans le film... pas son propre rôle, bien sûr, puisqu'il a 30 ans de plus. (Pour les curieux : il s'agit de celui qui se présente comme "juge" dans une courte scène de la deuxième moitié du film.)
La critique n'a pas trop aimé... moi, si ! C'est très fort, très prenant. C'est un huis clos dans lequel les conséquences des tortures morales et physiques sont montrées sans détour et soulignées par une musique peut-être parfois un peu envahissante. Mais c'est très bien joué. On a droit à deux portraits de groupes : celui des tortionnaires et celui des torturés. L'habileté du film consiste à partir de l'idée que le spectateur voit ces groupes comme monolithiques, alors qu'en réalité... je n'en dirai pas plus.
A une demi-heure de la fin, le film aurait pu s'arrêter rapidement. Le réalisateur a choisi de développer la séquence de la fuite. Palpitant !
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mercredi, 11 juillet 2007
Die hard 4
Je n'ai pas vu toute la "série" : je m'étais arrêté à Piège de cristal. Le problème est qu'actuellement, les quelques films que j'aimerais vraiment voir ne me sont pas accessibles. Faute de grives... Je me suis dis : un film d'action, s'il est réussi, s'il est vu dans une belle salle, fait passer agréablement le temps. Comme il dure plus de 2 heures, j'ai pris la précaution de passer par les toilettes avant d'entrer dans la salle.
Heureusement ! Au bout d'une heure, j'avais déjà envie de me vider la vessie ! Après une chtite intro "familiale" (papa poule dans toute sa splendeur... face à fifille teigneuse... faut bien que les adolescentes viennent voir ce film, me direz-vous), on est parti pour 50 minutes de barouf. C'est très efficace. Au passage, on croise quelques "geeks" (l'équivalent des "informaticiens boutonneux" des années 1980 de par chez nous) : l'un d'entre eux joue un rôle important, ce qui a l'immense avantage d'élargir le public, sinon limité aux fans de Bruce Willis, un peu vieillissants.
D'un autre côté, on sent bien que c'est la Fox (ah, que j'aime ce générique !) qui a produit la chose, parce que c'est le "vieux" flingueur qui est placé sur un piédestal, les neuneus de l'informatique passant pour des apprentis-sorciers, doués certes, parfois même utiles, mais surtout naïfs et dangereux.
Après une petite pause, on reprend pour environ 50 autres minutes de poursuites, fusillades, bagarres, le tout agrémenté de dialogues qui ne sombrent pas dans la finesse (Bruce Willis a dû réviser son catalogue d'insultes). Tout cela se règle dans la violence, bien sûr : on ne négocie pas avec les "terroristes" (mêmes blancs... le chef est beau gosse (dont la copine asiatique est du tonnerre !), un suppôt de Satan qui cite Lénine... shocking !... et pan dans les dents des bolchéviko-altermondialistes, se disent les crânes d'œuf de la Fox qui n'oublient jamais d'instiller un peu d'idéologie dans un kilo de fiction... Faudrait leur dire quand même que, côté terroristes blancs, l'Amérique est pourvue d'une brochette de fanatiques chrétiens tout à fait présentables). Fifille se montre à cette occasion digne de son père... Qui sait si dans l'esprit de certains scénaristes n'a pas germé l'idée que, plus tard, quand pépé Willis aura raccroché les gants, il ne sera pas possible de perpétuer la série avec son rejeton à nichons !
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mardi, 10 juillet 2007
Raisons d'Etat
Il est question des prémices, de la naissance et des premières gaffes de la C.I.A., entre 1939 et 1961 (jusqu'aux débuts de la présidence de John F. Kennedy). Le film, bien que long (plus de 2h30), ne s'est pas embourbé dans la narration de toutes les crises qui ont jalonné ces années-là. L'accent est mis sur la seconde guerre mondiale (notamment sa conclusion, qui voit De Niro marcher dans les pas de The Good German, qui était plus réussi, à mon avis) et "les affaires cubaines" (en particulier le débarquement raté de la Baie des cochons).
Le film est passionnant et se suit comme un polar, pour peu que l'on ne se perde pas dans les dédales de l'Histoire. Par contre, il manque d'âme. A l'image du personnage principal, la réalisation est léchée mais plate, ce qui est une tendance chez nombre d'acteurs qui passent à la mise en scène. Tout cela est très froid et contrôlé. Cela sert néanmoins le propos du film, qui veut montrer qu'à trop vouloir servir son pays, le héros a bousillé sa vie personnelle... et qu'il s'est lui-même créé des ennuis.
On ne s'ennuie pas toutefois parce que la description de cette petite élite blanche anglo-saxonne est très réussie et parce qu'aussi les effets de billard à trois (quatre, cinq... qui dit mieux ?) bandes s'insèrent bien dans l'intrigue. Un suspense est maintenu très longtemps autour du film pirate du début. Des fausses pistes (deux principales) sont lancées. Les acteurs sont bons. Certains, comme Baldwin, ont tendance à "cachetonner" (mais bien !). Angelina Jolie est surprenante. Pas démente au niveau de l'interprétation (très classique au fond), mais dans un rôle inhabituel.
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dimanche, 01 juillet 2007
El Camino de San Diego
Carlos Sorin, l'auteur de Historias minimas et Bombon el Perro (dont le personnage principal fait ici une courte apparition en vendeur d'appareils photos), revient avec un film dont les héros sont, contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, des "Argentins d'en-bas", ceux qui vouent un véritable culte à Diego Armando Maradona, et ceux qu'ils côtoient. Bien évidemment, l'ancienne vedette de football ne joue pas dans ce film, mais elle apparaît à travers les images télévisées.
Le périple du jeune bûcheron n'est qu'un prétexte pour nous faire découvrir successivement l'Argentine rurale du Nord, les commerçants illégaux, le métier de routier (à travers le cas d'un Brésilien à l'apparence rugueuse, mais au coeur d'or) et le contraste avec la vie de millionnaire du footballeur.
Ces vignettes sociales montrent surtout que, pour bien des gens aux revenus modestes, l'idolâtrie (de Maradona ou d'une autre figure supposée apporter le bonheur) est une béquille qui permet de croire en quelque chose de meilleur.
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samedi, 30 juin 2007
Persepolis (le film)
Première chose : pour voir ce film en sortie nationale, il faut faire preuve de ténacité, puisqu'aucun cinéma aveyronnais n'en a eu une copie. Pareil dans le Tarn et le Lot voisins. Par contre, à Toulouse, 3 copies sont disponibles en centre-ville (à l'Utopia, au Gaumont Wilson et à l'U.G.C.), 3 autres en périphérie (à Tournefeuille, Labège et Blagnac). Merci pour les ploucs de la campagne ! Ceci dit, c'est l'occasion d'aller faire les soldes dans la métropole airbussienne, dont les élus locaux U.M.P. se sont pris une belle trempe aux dernières législatives ...
Passons au film à présent. Ayant beaucoup aimé la bande dessinée, je redoutais l'adaptation. J'avais tort. C'est visuellement très réussi, le style de Satrapi est préservé avec une vraie recherche formelle, comme par exemple dans cette scène du début, pendant les manifestations contre le Shah : un des opposants se fait tuer par la police dans les rues de Téhéran, le corps noir est au sol, il s'en échappe, tout doucement, une mare de sang (noir) et les mains des autres manifestants, choqués, se rapprochent tout doucement du cadavre jusqu'à masquer complètement la vision du spectateur : le plan suivant nous les montre portant le corps. Le film est rempli de trouvailles visuelles qui en font un véritable objet cinématographique.
Ce n'est donc pas un simple décalque de la B.D.. Certains éléments ne sont pas repris, ou de manière allusive (par exemple la série télévisée japonaise), dans le film, pour ne pas surcharger le récit. D'autres sont ajoutés : l'auteure a sans doute ainsi pu, de temps à autre, développer certains aspects sur lesquels elle s'était moins attardée à l'écrit. Mais c'est globalement quand même très fidèle à l'histoire de base. Quant à la musique, elle accompagne parfaitement les scènes. Seul bémol : le choix de Catherine Deneuve pour la voix de la mère. Le talent de l'actrice n'est pas en cause et j'ai bien conscience que sa présence au générique n'est pas étrangère à l'accueil bienveillant dont a bénéficié Persepolis. Seulement, elle n'a pas l'âge du rôle (qui s'étale de 30 à 45 ans environ). C'est juste gênant. Elle est néanmoins impeccable en femme moderne, cultivée et mère vigilante.
Les dialogues sont parfois crus, par souci de réalisme. Cette fille puis femme indépendante n'hésite pas (comme sa mère et sa grand-mère, personnage solaire de son univers) à jurer ("Ta gueule !"), à traiter de "connard" le macho de base. C'est savoureux. On rit très souvent (mention spéciale à la séquence qui suit la découverte de son cocufiage). C'est une oeuvre intensément féministe, inventive, où l'on sent un profond attachement à l'Iran, qui n'est pas réduit à la clique de frustrés barbus et voilées qui le contrôle.
22:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
mercredi, 27 juin 2007
Shinobi
Il s'agit d'une sorte de Roméo et Juliette à la sauce japonaise, c'est-à-dire avec des espèces de samouraïs, qui possèdent de surcroît des pouvoirs spéciaux, ce qui permet, ô modernité, d'introduire des personnages féminins combattants.
A la base, cela se passe au XVIIème siècle, à l'époque où a vécu Tokugawa Ieyasu, une sorte de Richelieu nippon (ni mauvais !... désolé, je n'ai pas pu résister). Le Japon semble unifié, mais deux clans de combattants rivaux paraissent menaçants aux yeux des dirigeants. Là dessus se greffe une romance entre deux rejetons des deux clans. De plus, les amoureux s'avèrent être les plus vaillants guerriers... ça risque de chier grave !
Cela se regarde sans déplaisir, si l'on supporte un poil de guimauve et la débauche d'effets spéciaux. On observera non sans intérêt à quel point un code de l'honneur développé à l'extrême est nuisible à l'épanouissement personnel. Au second degré, l'esprit curieux pourra lire une métaphore de l'histoire du Japon au XXème siècle. (Une séquence de "bombardement" est particulièrement claire à cet égard.) Je vous laisse deviner qui incarne les Américains.
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mardi, 26 juin 2007
Fragiles
Il est question de gens qui se croisent, se frôlent, se percutent parfois, le tout dans une ambiance de crises intérieures : les couples ne tiennent pas trop la route apparemment et ceux qui sont seuls cachent des failles douloureuses. Séparés, ils finissent par se rencontrer. Cela se conclut parfois à l'hôpital... Cela ne vous dit rien ? Ben vi, il s'agit d'un décalque de Short cuts, l'excellent film de Robert Altman.
Le problème est que ce long métrage est nettement moins talentueux. Les acteurs sont pourtant bons : Darroussin, bien sûr, mais aussi Marie Gillain, Jacques Gamblin (vraiment très bien), François Berléand... d'autres encore. Mais les situations sonnent parfois faux. La direction d'acteurs manque de rythme. Surtout, le film ne possède pas cette distance ironique voire sarcastique qui fait le charme des films d'Altman. Ici, le ton est plaintif. On est sans cesse dans l'empathie avec les personnages. Cela donne un film plutôt couineur.
C'est dommage, parce qu'il y avait matière à grand film. Le résultat est anecdotique, en dépit de quelques moments réussis.
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lundi, 25 juin 2007
I don't want to sleep alone
Dans chacun de ses films, Tsai Ming-liang met l'accent sur des thèmes semblables. Ici, il fait tourner son histoire autour de la chaleur, de l'eau et des corps. Le cinéaste semble particulièrement fasciné par les corps masculins. Cela nous donne de très beaux tableaux, à commencer par la première scène où l'on voit un homme dans un lit, dans le coin d'une pièce éclairée par une fenêtre ouverte.
L'eau est omniprésente. Il est souvent question de laver quelqu'un (le paralysé, le vagabond blessé) ou quelque chose (le matelas, des vêtements), alors que les personnages boivent autre chose. De plus, l'un des personnages principaux travaille dans une bâtisse éventrée, dont le fond est occupé par une masse d'eau stagnante. Les principaux personnages finissent par s'y retrouver. C'est donc sans doute une métaphore sexuelle.
Dans ce film, le sexe est suggéré, soit par quelques actes non explicites, soit par des associations d'idées.
Remarque : les dialogues sont peu nombreux et cela se supporte sans difficulté. Les rapports entre les personnages, les tensions qui les animent, les rivalités qui les opposent, apparaissent petit à petit. Le film se termine toutefois en eau de boudin.
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dimanche, 24 juin 2007
L'avocat de la terreur
C'est un documentaire consacré à Jacques Vergès. C'est aussi une manière de revivre la deuxième moitié du XXème siècle, le personnage ayant été mêlé de près ou de loin à bien des événements qui se sont déroulés entre 1945 et 1995. Jacques Vergès est doublement fils de la colonisation, puisque sa mère était vietnamienne et son père réunionnais. Cela a façonné l'enfant puis l'homme. On s'en rend bien compte dans le film, mais il était à mon avis indispensable de creuser ce passé familial, ce qui n'a pas été fait. C'est une des faiblesses du film, fort intéressant au demeurant.
Il est composé d'un montage d'images d'archives et d'entretiens, réalisés à des époques différentes. En gros, quand il est question de la guerre d'Algérie, j'adhère aux propos de Vergès et je lui reconnais un grand courage, une ténacité dans l'engagement que peu de ses adversaires ont eue. C'est aussi un sentimental, ce que l'une de ses amies affirme dans le film. Ce qu'il a éprouvé pour Djamila Bouhired puis Magdalena Kopp a renforcé son engagement. Dans le deuxième cas, je pense que l'affection qu'il portait à l'ancienne égérie de la Fraction Armée Rouge explique qu'il ait fini par trahir (rouler dans la farine ?) le terroriste Carlos.
Son mariage avec D. Bouhired (et sa conversion à l'islam) ne l'empêchent pas de tout plaquer dans les années 1970. Le film essaie d'élucider le mystère : où était-il pendant ce temps-là? L'hypothèse la plus fréquemment avancée est un séjour auprès des Khmers rouges. Le film ne s'engage pas dans cette voie : les témoignages produits infirment cette thèse... peut-être aussi parce que les auteurs du génocide (que Vergès persiste à minimiser, contre toute évidence... mais, on va le voir, il y a de la cohérence dans le personnage) survivants sont sur le point d'être jugés. On n'est jamais trop prudent.
Le film développe le thèse d'un Vergès au Proche-Orient, peut-être au Liban (et/ou en Syrie)... peut-être ailleurs. En tout cas, il y aurait joué un rôle plus militant encore que ce qu'il avait accompli auparavant. Financièrement, il s'en est toujours sorti... grâce notamment au soutien du banquier nazi (reconverti en apôtre du terrorisme international, singulièrement islamiste) François Genoud. Je ne suis pas loin de penser que c'est cet individu sulfureux qui détenait la clé de la "parenthèse" dans la vie de Vergès. Ces deux lascars étaient des amis proches. Cela explique le choix de défendre Klaus Barbie... d'autant plus que notre "héros" a séjourné en Syrie, qu'il y a gardé de solides amitiés. (Le régime d'Hafez el-Assad s'est montré très accueillant envers d'anciens porteurs de la croix gammée...) A un moment du film d'ailleurs, on se rend compte du malaise que cette proximité a suscité chez les gauchistes allemands, que l'antisionisme primaire finit par rapprocher d'anciens nazis... Il ressort de ce kaléidoscope idéologique que Jacques Vergès semble d'abord motivé par une forme de haine de l'Occident. Il a donc éprouvé une sorte de sympathie coupable pour tous les mouvements qui ont manifesté le rejet de cet Occident... pour le meilleur comme pour le pire.
Tout cela a l'air bien sérieux, mais les 2 h 15 passent assez facilement parce que c'est truffé d'anecdotes, parfois savoureuses (Vergès possède un vrai talent de conteur... et un culot monstre). A l'écran s'affichent régulièrement des informations complémentaires, qui rendent le film plus compréhensible à ceux qui ne sont pas familiers de l'histoire contemporaine. Par contre, la musique est souvent de trop. Elle dramatise inutilement.
17:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 23 juin 2007
La colline a des yeux 2
L'an dernier, le premier volet avait fait son petit effet... gore. Depuis quelques années, les films d'épouvante connaissent un regain d'intérêt. Tant mieux ! Le succès de Saw n'y est peut être pas étranger. Le risque est qu'une série s'épuise.
On retrouve donc de sympathiques dégénérés cloîtrés dans le trou du cul de l'Amérique. Tous sauf un ne sont mus que par des sentiments primaires. La première partie du film nous les fait entrevoir. (Cela file parfois un peu les jetons.) On voit nettement mieux le résultat de leurs actes. C'est l'un des atouts du film : les supplices et méthodes de dézingage sont très diversifiés (décapitation, étranglement, éviscération, trépanation violente sans anesthésie, fusillade, grignotage, amputation, viol...)... cool !
Bien évidemment, les futures victimes sont présentées en début de film comme des personnes assez méprisables. Ce sont des recrues en formation avant d'être envoyées en Afghanistan (clin d'oeil à l'actualité). Elles vont bien sûr commettre beaucoup d'imprudences (des soldats en plus ! Quelle bande de blaireaux !). Bon, il faut quand même que certains s'en sortent. J'avais fait un petit pari sur le résultat, au début. J'ai gaaagnééééé !!! Pour trouver, pensez que ce film pratique le retournement.
A ce titre la deuxième partie, qui se passe dans l'ancienne mine, est la plus intéressante, ne serait-ce que parce que ça tue des deux côtés. Les dialogues y paraissent moins faibles que dans la première partie, parfois très maladroite. J'ai aussi ri à certaines scènes.
Sans tout dévoiler, je peux quand même dire qu'on nous prépare un numéro 3. Il y a matière !
21:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Kings of the world
C'est un documentaire tourné par des Frenchies au pays de l'Oncle Sam lors de l'élection présidentielle de 2004. C'est en vidéo numérique et ma foi, le résultat à l'écran n'est pas dégueu : l'image est en général très nette voire jolie. Par contre, les interviouveurs ne sont pas de grande qualité.
Le film vaut surtout par la parole qu'il donne à des habitants de la classe moyenne (plutôt la petite classe moyenne), électeurs de Bush ou de Kerry. Le film nous fait voyager du Texas au Nevada en passant notamment par la Californie.
J'ai été marqué par deux choses :
- les anathèmes lancés par les deux camps, l'un accusant l'autre d'être quasiment communiste, l'autre son adversaire d'être quasiment fasciste ; globalement toutefois, les gens s'expriment calmement, aussi extrêmes leurs propos soient-ils.
- la ressemblance avec la France de 2007 ; si l'on met les armes feu et la prégnance de la religion de côté, Français et Américains d'aujourd'hui me semblent de plus en plus proches, avec des citadins plutôt du centre et de gauche et des ruraux plutôt de droite, avec aussi un conflit majeur autour de la fiscalité (qui est au coeur du projet de société, hyper-individualiste ou solidariste)
De ce point de vue, c'est un film utile, qui fait réfléchir... et que la gauche française ferait bien de méditer, si elle ne veut pas passer 15 ans de plus dans l'opposition.
17:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 22 juin 2007
Ocean's 13
J'avoue ne pas avoir compté si les gugusses étaient treize. En tout cas, ça manque de femmes ! La seule à jouer un rôle un tant soit peu important est un clone de Cameron Diaz en executive woman siliconée (très efficace au demeurant). C'est globalement un hommage aux films de genre des années 1960-1970. Les scènes qui se situent à l'intérieur du casino sont soignées.
Mon principal regret est le faible "interventionnisme" des personnages incarnés par Clooney et Pitt. On cause beaucoup dans ce film (trop)... et j'ai l'impression que nos deux lascars se sont contentés du service minimum. La vedette revient aux "seconds rôles", étoffés, et au méchant, interprété avec brio par Al Pacino.
Deux éléments sauvent le film :
- la drôlerie de certaines situations (et parfois des dialogues), en particulier celles qui voient intervenir Matt Damon, en jeune loup qui veut s'affirmer (ah, le coup du parfum "piège à gonzesses" !) ; j'ai été aussi très sensible aux scènes "mexicaines", parfois irrésistibles
- l'habileté du scénario, digne d'un film d'espionnage, avec du billard à trois bandes et des coups de théâtre.
Au final, un agréable divertissement, pour digérer sans heurt un dîner copieux. Mais rien d'enthousiasmant.
14:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 21 juin 2007
Le scaphandre et le papillon
Je ne connaissais pas l'histoire (vraie) qui avait inspiré le livre puis le film : celle de ce rédacteur en chef du magazine Elle, victime d'un accident cardio-vasculaire, presque totalement paralysé, ne pouvant communiquer qu'avec des clignements d'yeux.
Il est incarné par Mathieu Amalric, acteur que j'apprécie peu en général (trop intello chiant). Eh bien, dans ce film, il est excellent, tant au niveau de la voix off que de l'interprétation statique. Tous les autres personnages sont interprétés avec beaucoup de talent, les femmes en particulier. J'ai une préférence pour Marie-Josée Croze, craquante en orthophoniste... Je veux la même !!!!
Toutes les scènes où il est question de la méthode de communication instaurée par l'orthophoniste (et utilisée ensuite par l'ex-copine du héros, puis surtout par sa "secrétaire") sont fortes, tantôt drôles, tantôt tendues (je pense en particulier au moment où l'ex-copine doit traduire les propos du malade pour la maîtresse qui appelle au téléphone). On assiste à la naissance d'un livre, entre ingéniosité et dévouement (le héros y raconte son expérience).
Le réalisateur réussit le tour de force de plonger le spectateur dans l'univers mental du malade. Dès le début, les effets visuels ont pour but de nous montrer ce que voyait et ressentait Jean-Dominique Bauby (le journaliste). C'est donc très souvent filmé en "caméra subjective", comme on dit dans le milieu. Pour éviter que ce ne soit trop lourd pour le spectateur (le film dure tout de même 1h50), on passe de temps à autre en caméra objective (surtout dans la deuxième moitié du film). Sont ajoutées des séquences de rêve ou de souvenirs très réussies.
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samedi, 16 juin 2007
Shrek ve feurde
Dans la version française, c'est Alain Chabat qui prête sa voix à l'ogre vert. Le fait d'avoir vu (et entendu) la version doublée m'a épargné les piaulements de Justin Timberlake en prince Arthur... comme quoi, tout n'est pas noir dans la vie !
Les gags sont moins nombreux que dans les précédents, mais ils sont mieux répartis tout au long du film. On a le temps de les savourer, alors que dans les deux précédents, on nous assénait (plutôt au début) une série de clins d'œil dans lesquels on pouvait se perdre (ouais, je sais, tout ça c'est pour faire acheter le dvd). Ceci dit, si j'ai ri souvent, je n'ai pas hurlé de rire. C'est plaisant, sans plus... mais c'est déjà bien, d'autant plus que l'animation est toujours soignée.
On retrouve avec plaisir la parodie (gentille) du monde Disney (en fait, c'est une pub déguisée, ne nous aveuglons pas), avec le cas des "princesses" (Cendrillon, la Belle au bois dormant et Blanche Neige), une bande de pétasses, au début, qui évolue agréablement... de manière frappante même ! J'ai particulièrement apprécié les interventions du chat et de l'âne (toujours très bien doublés en français), avec cette nouveauté : l'interversion des personnalités (et de la queue...), source de scènes croquignolesques !
Le fond de l'histoire me plaît toujours, avec cette volonté de mettre en avant des personnages au physique ingrat et de faire jouer les rôles de "méchants" à de beaux gosses. L'introduction du jeune Arthur ne m'a pas emballé. Tout ça, c'est pour attirer le public djeunse, supposé s'identifier à ce petit crétin. On reconnaît là le souci des auteurs de renouveler la série, qui risque de s'essouffler sinon. L'arrivée de la progéniture "shrekienne" est plus drôle (en rêve comme en réalité) et l'une des plus belles scènes voit cette marmaille prendre dignement la suite de papa dans l'expulsion des gaz corporels...
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vendredi, 15 juin 2007
Le dernier roi d'Ecosse
C'est à la fois un portrait du dictateur Amin Dada (non, pas à cheval sur son bidet... même si on le voit parfois en cavalier et si une scène mettant en scène des flatulences particulièrement douloureuses pourrait être perçue comme une délicate référence à cette chanson enfantine) et une réflexion sur le rôle de l'Occident.
Le portrait du dictateur est saisissant, en grande partie grâce à l'interprétation de Forest Withaker et au cadrage qui l'accompagne : les gros plans sont choisis avec soin, ils alternent de manière efficace avec des plans moins resserrés. Withaker réussit à faire passer beaucoup de choses : le côté paranoïaque du personnage, son désir de revanche sociale et son exubérance. Je pense toutefois que le film, qui suggère plus qu'il ne montre, est en-dessous de la réalité.
L'autre "héros" est le médecin écossais, un jeune bourge fringant et bringueur, qui arrive en Ouganda par hasard, en quête de sensations. Tout le film pose la question suivante : qu'est-ce qui a pu bien pousser un parfait produit de la démocratie britannique à lier son sort à l'un des potentats les plus sanguinaires que l'Afrique ait connu ? La réponse est nuancée, pleine de complexité. Le rôle, en sous-main, des services britanniques, en pleine "guerre froide", n'est pas oublié. Cela nous donne un film vraiment très très fort.
13:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 12 juin 2007
We feed the world
C'est un documentaire à rapprocher de Notre pain quotidien, dont j'ai parlé dans un billet du 31 mars 2007. A la grande différence de ce dernier, We feed the world fait parler les personnes filmées (et, accessoirement, leur permet parfois de défendre leur position).
Le film est divisé en six séquences. La première, qui aurait pu servir d'introduction à Notre pain quotidien, traite du gaspillage en Autriche (pays d'origine du réalisateur), à travers l'exemple du pain. Dans le genre, on aurait pu aborder le cas de denrées plus périssables, les fruits et légumes par exemple. A travers le témoignage d'un paysan du coin, on touche aussi du doigt la difficulté, aujourd'hui, pour un agriculteur, de gagner autant que ses parents vu l'évolution de la société en général et de l'agriculture en particulier.
Puis vient une séquence consacrée à la pêche, tournée en Bretagne. C'est une dénonciation de l'industrialisation de cette activité, à travers ses conséquences sur l'emploi et sur la qualité de la marchandise proposée aux consommateurs. Cela nous permet d'entendre un Breton parler allemand !
On se rend ensuite en Espagne, en Andalousie. Cette séquence est très proche de celle montrée dans Notre pain quotidien. Elle ajoute un aspect sur la vie des migrants africains... et un peu de musique ! Vient le tour de la Roumanie, où l'influence de l'Union européenne se fait sentir. Là aussi il est question de la perte du goût.
La séquence tournée autour de l'élevage de volailles autrichien ne va pas changer la donne. On peut trouver ici encore des points communs avec l'autre docu. Tout ce passage pose de façon aiguë la question du bien-être animal, en rapport avec notre mode alimentaire et notre organisation économique. Quant aux travailleurs manuels (éleveurs, ouvriers de l'agroalimentaire), ils n'ont pas une position enviable.
L'entretien avec le PDG de Nestlé n'apporte pas grand chose, sinon le point de vue d'un dirigeant "moderne" mais sans concession.
Le tout est entrecoupé d'interventions (en allemand) de Jean Ziegler.
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lundi, 11 juin 2007
Boulevard de la mort
Tarantino est de retour, avec un film tarantinesque : ça cause beaucoup (et ça cause cru), le sang finit tôt ou tard par gicler (yeahhhh) et les femmes sont très présentes, et pas dans des rôles de figuration. On a un personnage masculin principal, interprété par un Kurt Russel sur le retour excellent. (Côté filles, à noter la présence de la délicieuse Rosario Dawson, présente aussi dans Clerks.)
Tarantino joue sur tous les tableaux. Il flatte les "rednecks" (les beaufs, les ploucs, les bouseux... c'est assez large comme expression) avec cet anti-héros barge, crade, fan de bagnoles et de cascades. Il met aussi en valeur les femmes : la première partie du film les présente comme des objets sexuels (les jambes et les culs sont très sollicités par la caméra... tout au long du film d'ailleurs), mais aussi des femmes libérées qui s'éclatent, se bourrent la gueule, fument, se droguent, parlent grossièrement (pas de scène vraiment suggestive, à part la pseudo "danse du ventre"... une danse du cul en fait !). C'est limite une bande de poufiasses quand on y réfléchit.
Le sexe est fortement présent, de manière symbolique : la bagnole est un subsitut pénien (phallique même). Je vous laisse découvrir ce que Tarantino en fait. C'est spectaculaire, même pour un gugusse dans mon genre qui n'éprouve pas de fascination pour les tas de tôles (de plastique de plus en plus) sur 4 roues.
La première partie du film est une longue attente. Dès le début, on comprend que ça va mal finir... ET ON ESPERE QUE CA VA VENIR. Le film est un peu trop verbeux... à entendre en version originale sous-titrée, toutefois, pour profiter de tous les "nigger", "fuck", "bitch" et autres joyeusetés. Par contre, je n'ai pas été gêné par l'esthétique "cheap" de certaines scènes : c'est voulu, c'est dans l'hommage.
La deuxième partie voit intervenir une autre bande de filles. On assiste à un beau retournement, avec une séquence finale de toute beauté, que je recommande tout particulièrement aux dames.
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vendredi, 08 juin 2007
88 minutes
Les scénaristes sont fascinés par les tueurs en série, auxquels ils prêtent leur propre talent. Cela nous donne des criminels très très très manipulateurs, adeptes du billard à trois bandes, bien plus intéressants que les ordures de la vraie vie.
Al Pacino se trouve donc confronté à un méchant très méchant. Mais ce méchant très méchant est en prison (lieu dont il s'évertue à sortir, de manière légale... saletés de droits de l'Homme !). Du coup, il a monté une manigance. L'intérêt du film est de démêler cet écheveau... et de trouver la complice, car il s'agit d'une femme. Cela tombe bien, parce que Pacino-le-psychiatre-médiatique-engagé-dans-la-lutte-contre-le-mal est entouré de femmes, en général ravissantes, surtout ses étudiantes. (Comment ? Je ne vous avais pas dit qu'il enseignait en fac ? Ben voilà, c'est fait !)
Les scénaristes ont embrouillé à loisir l'intrigue, lançant le spectateur sur une foule de fausses pistes. Du coup, les révélations de la fin paraissent un peu artificielles. Ce n'est pas aussi bien foutu que d'autres polars ou films à suspense. Mais cela se regarde sans déplaisir.
A noter l'importance des téléphones portables (de genres très différents) dans l'histoire. Du coup, je sens que les acteurs, Pacino en tête, ont particulièrement travaillé la gestuelle téléphonique.
Pour les curieux : cela se passe à Seattle, sur la côte Ouest donc, mais au Nord, pas en Californie. Du coup, il fait un temps de merde !
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mercredi, 06 juin 2007
Zodiac
C'est un polar sans en être un : l'histoire est inspirée de faits réels. Cela donne un film haletant (c'est le côté polar), et le réalisateur a voulu ménager des effets de surprise comme dans tout polar qui se respecte, mais il est corseté par les faits. Ne pas s'attendre donc à des retournements aussi spectaculaires que ce que l'on a pu voir dans nombre de bons polars anglo-saxons de ces dernières années.
C'est bien joué. J'ai retrouvé avec plaisir Robert Downey Junior, très bien en journaliste "allumé". Mark Ruffalo confirme son grand talent (déjà remarqué dans 30 ans sinon rien, Windtalkers... et surtout In the cut et Eternal sunshine of the spotless mind). Jake Gyllenhaal explose dans ce film. Le côté nounours maladroit asocial obstiné de son personnage est rendu avec grand talent. Il confirme ce qu'il avait laissé entrevoir dans Donnie Darko, Le jour d'après et surtout l'excellent Jarhead.
A part cela, le film ne m'a pas particulièrement enthousiasmé. Cela se suit sans déplaisir, mais sans plus. C'est long. On peut passer le temps avec les très belles vues de San Francisco. Fincher ne fait preuve d'aucune virtuosité, mais il prolonge habilement la lignée des cinéastes urbains.
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