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mercredi, 21 décembre 2022

Le Voyage en Charabie

   Dix ans plus tard, revoilà Ernest et Célestine dans les salles obscures. Entre temps, l'ours musicien grincheux et la petite souris débrouillarde ont eu les honneurs du petit écran.

   L'histoire commence un peu avant le début du printemps. Le réveil est laborieux pour Ernest, qui aimerait bien continuer à hiberner... et qui a diablement faim. De son côté, Célestine fait de son mieux, mais elle commet des maladresses : le violon d'Ernest tombe et se brise. C'est un « stradivariours », un must en matière de violon d'ours. Seul un célèbre luthier, résidant en Charabie (le pays d'origine d'Ernest), pourrait le réparer.

   Je ne raconterai pas comment les deux compères finissent par se rendre (séparément, puis ensemble) dans ce mystérieux pays d'Orient, où l'on écrit en caractères cyrilliques... qui se prononcent "à la française". C'est savoureux, à condition de laisser un peu sa rationalité au vestiaire.

   Le contexte musical semble être celui de l'Europe centrale et orientale, la musique au violon évoquant les folklores yiddish et tsigane. La Charabie (que Célestine prononce "Sarabie") pourrait être un décalque (par aphérèse) de la Bessarabie. Mais le nom (Charabie) ainsi que l'interdit portant sur la musique font aussi immanquablement penser à un régime totalitaire islamiste, tel celui qui sévit (bien que l'écrasante majorité de la population des pays suivants ne soit pas arabe) en Afghanistan ou celui que les gardiens de la Révolution aimeraient bien restaurer en Iran. "Charabie" mène aussi bien à "charabia" qu'à "charia"... De surcroît, la position dominante de certains juges, coiffés d'un grand fez, n'est pas sans rappeler le rôle des religieux de haut rang, dans certains pays musulmans.

   C'est la grande habileté du scénario de ce film d'animation d'apparence modeste, mais vachement bien foutu en réalité. Les héros luttent pour le droit à la musique, à la diversité... et celui de choisir le métier qui leur plaît. Cela parle aux enfants, touchés par cette histoire de conflit père-fils et père-fille.

   L'animation est de la même qualité que dans le précédent film. C'est du cousu main, moulé à la louche, roulé sous les aisselles. Les expressions des visages ont été particulièrement travaillées. Cela donne une animation à la fois lisse et expressive, assez jolie à voir. Dans la salle où je me trouvais, en tout début de séance, un petit garçon pleurait (parce qu'il n'avait pas pu aller voir Le Chat Potté 2). Eh bien, dès que le film a commencé, il s'est tu, jusqu'à la fin.

   Je recommande vivement ce film, pour ses qualités graphiques, pour sa musique entraînante, son intrigue rocambolesque et son arrière-plan politique.

   P.S.

   En complément (même si je m'éloigne un peu du sujet), je recommande la lecture du supplément magazine du Monde paru samedi dernier, un numéro spécial consacré à l'Iran, qui contient des contributions de grande qualité :

cinéma,cinema,film,films

19:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Voyage en Charabie

   Dix ans plus tard, revoilà Ernest et Célestine dans les salles obscures. Entre temps, l'ours musicien grincheux et la petite souris débrouillarde ont eu les honneurs du petit écran.

   L'histoire commence un peu avant le début du printemps. Le réveil est laborieux pour Ernest, qui aimerait bien continuer à hiberner... et qui a diablement faim. De son côté, Célestine fait de son mieux, mais elle commet des maladresses : le violon d'Ernest tombe et se brise. C'est un « stradivariours », un must en matière de violon d'ours. Seul un célèbre luthier, résidant en Charabie (le pays d'origine d'Ernest), pourrait le réparer.

   Je ne raconterai pas comment les deux compères finissent par se rendre (séparément, puis ensemble) dans ce mystérieux pays d'Orient, où l'on écrit en caractères cyrilliques... qui se prononcent "à la française". C'est savoureux, à condition de laisser un peu sa rationalité au vestiaire.

   Le contexte musical semble être celui de l'Europe centrale et orientale, la musique au violon évoquant les folklores yiddish et tsigane. La Charabie (que Célestine prononce "Sarabie") pourrait être un décalque (par aphérèse) de la Bessarabie. Mais le nom (Charabie) ainsi que l'interdit portant sur la musique font aussi immanquablement penser à un régime totalitaire islamiste, tel celui qui sévit (bien que l'écrasante majorité de la population des pays suivants ne soit pas arabe) en Afghanistan ou celui que les gardiens de la Révolution aimeraient bien restaurer en Iran. "Charabie" mène aussi bien à "charabia" qu'à "charia"... De surcroît, la position dominante de certains juges, coiffés d'un grand fez, n'est pas sans rappeler le rôle des religieux de haut rang, dans certains pays musulmans.

   C'est la grande habileté du scénario de ce film d'animation d'apparence modeste, mais vachement bien foutu en réalité. Les héros luttent pour le droit à la musique, à la diversité... et celui de choisir le métier qui leur plaît. Cela parle aux enfants, touchés par cette histoire de conflit père-fils et père-fille.

   L'animation est de la même qualité que dans le précédent film. C'est du cousu main, moulé à la louche, roulé sous les aisselles. Les expressions des visages ont été particulièrement travaillées. Cela donne une animation à la fois lisse et expressive, assez jolie à voir. Dans la salle où je me trouvais, en tout début de séance, un petit garçon pleurait (parce qu'il n'avait pas pu aller voir Le Chat Potté 2). Eh bien, dès que le film a commencé, il s'est tu, jusqu'à la fin.

   Je recommande vivement ce film, pour ses qualités graphiques, pour sa musique entraînante, son intrigue rocambolesque et son arrière-plan politique.

   P.S.

   En complément (même si je m'éloigne un peu du sujet), je recommande la lecture du supplément magazine du Monde paru samedi dernier, un numéro spécial consacré à l'Iran, qui contient des contributions de grande qualité :

cinéma,cinema,film,films

19:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 18 décembre 2022

Avatar 2 (en 2D)

   Le film "cartonne" en salle, plusieurs séances affichant régulièrement « complet ». Je me suis dirigé vers une en version originale sous-titrée, en plein match de coupe du monde. Au moins là, quand je voyais du bleu, il n'était question ni de Français ni d'Argentin !

   La première heure est presque un replay du premier film, ressorti dans les salles en septembre dernier. On revoit les mêmes paysages, une partie des personnages, avec quelques nouveaux... et quelques retouches. Les scénaristes (et les responsables de l'animation) ont réussi le tour de force de ressusciter Grace Augustine (Sigourney Weaver)... en deux versions ! J'ai aussi pris plaisir à retrouver le super-méchant d'il y a treize ans, un peu « transplanté » certes, mais toujours avec le talent de Stephen Lang.

   C'est le (très) grand point fort de ce film, que de réussir à nous faire ava(tar)ler un peu tout et n'importe quoi grâce à la technologie numérique. On y trouve aussi diverses références aux précédentes œuvres de James Cameron : des vaisseaux futuristes et de grosses bêtes aux dents pointues (Aliens le retour), une machine à tuer qui s'humanise un peu (Terminator), de splendides fonds marins (Abyss)... et un vaisseau qui coule (coucou Titanic !). On sent que, sur la forme comme sur le fond, Avatar et ses suites constituent le testament artistique et politique du cinéaste.

   La deuxième partie voit la jeune garde passer au premier plan. Le peuple des forêts, inspiré d'Africains et d'Amérindiens, entre en contact avec un autre, semi-aquatique, sans doute calqué sur des Mélanésiens. Sans surprise, les jeunes vont faire des conneries. On se compare les queues, on se moque, on rivalise d'inconscience d'intrépidité, on tombe parfois amoureux. Dans ce florilège convenu destiné à accrocher le public adolescent, je distingue le personnage de Kiri... qui n'est pas un fromage, mais une « mini-Sigourney », dont le rapport à la nature va jouer un rôle clé dans l'intrigue... et qui bénéficie d'effets spéciaux étourdissants.

cinéma,cinema,film,films

   Cette partie met en scène d'impressionnantes baleines mystiques, les Tulkuns. Au niveau de l'image comme du son, c'est fabuleux. Sur le fond, si la vision de la séquence de traque peut définitivement dégoûter les spectateurs de la chasse à la baleine, eh bien cela suffira à justifier la sortie de ce film. En revanche, la manière dont les bipèdes dialoguent avec les cétacés est limite ridicule (y compris l'insertion de vues subjectives des baleines). C'est l'une des faiblesses de ce film, qui baigne dans une ambiance un peu new age, avec cette histoire de Terre-Mère et un panthéisme à la mode.

   On attend évidemment la troisième partie, celle de la baston, qui ne déçoit pas. C'est spectaculaire, bourré de rebondissements, surprenant parfois. Cela se conclut d'ailleurs par une séquence inattendue (mais bienvenue), celle de la recherche de disparus, dans une épave. La nouvelle génération vient en aide à l'ancienne.

   J'ai gardé pour la fin mes principales réserves. D'abord c'est long (3h10), mais, comme c'est un excellent spectacle, ça passe. Le problème vient plutôt d'une partie du scénario. Il est inenvisageable qu'à partir du moment où la famille de héros quitte la forêt pour se réfugier dans les îles, il ne se passe apparemment plus rien dans leur pays d'origine. Certes, la nouvelle version du colonel est mue par un ardent désir de revanche, mais ses employeurs veulent surtout achever la conquête de la planète. (On nous a peut-être gardé ces éléments pour le troisième film.) De plus, je trouve un peu facile l'embrigadement du jeune Spider par son nouveau "papa". La suite permet au gamin de bien se rattraper, mais le début est un peu gros. Je suis aussi lassé que les films de science-fiction, de super-héros ou d'heroic fantasy anglo-saxons ne mettent en scène que des monarchies, avec une élite (plutôt de naissance) gouvernant -sans recourir à des élections- un bas-peuple bien conciliant. (C'est également le cas dans le récent Black Panther 2.) Enfin, je suis de nouveau irrité que la quasi-totalité des personnages négatifs soient des Blancs occidentaux. Je reconnais que la transposition de certains personnages en "indigènes" de couleur bleue brouille un peu les pistes, mais c'est tout de même très caricatural.

   Dommage pour un film qui affiche de si grandes ambitions.

22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Avatar 2 (en 2D)

   Le film "cartonne" en salle, plusieurs séances affichant régulièrement « complet ». Je me suis dirigé vers une en version originale sous-titrée, en plein match de coupe du monde. Au moins là, quand je voyais du bleu, il n'était question ni de Français ni d'Argentin !

   La première heure est presque un replay du premier film, ressorti dans les salles en septembre dernier. On revoit les mêmes paysages, une partie des personnages, avec quelques nouveaux... et quelques retouches. Les scénaristes (et les responsables de l'animation) ont réussi le tour de force de ressusciter Grace Augustine (Sigourney Weaver)... en deux versions ! J'ai aussi pris plaisir à retrouver le super-méchant d'il y a treize ans, un peu « transplanté » certes, mais toujours avec le talent de Stephen Lang.

   C'est le (très) grand point fort de ce film, que de réussir à nous faire ava(tar)ler un peu tout et n'importe quoi grâce à la technologie numérique. On y trouve aussi diverses références aux précédentes œuvres de James Cameron : des vaisseaux futuristes et de grosses bêtes aux dents pointues (Aliens le retour), une machine à tuer qui s'humanise un peu (Terminator), de splendides fonds marins (Abyss)... et un vaisseau qui coule (coucou Titanic !). On sent que, sur la forme comme sur le fond, Avatar et ses suites constituent le testament artistique et politique du cinéaste.

   La deuxième partie voit la jeune garde passer au premier plan. Le peuple des forêts, inspiré d'Africains et d'Amérindiens, entre en contact avec un autre, semi-aquatique, sans doute calqué sur des Mélanésiens. Sans surprise, les jeunes vont faire des conneries. On se compare les queues, on se moque, on rivalise d'inconscience d'intrépidité, on tombe parfois amoureux. Dans ce florilège convenu destiné à accrocher le public adolescent, je distingue le personnage de Kiri... qui n'est pas un fromage, mais une « mini-Sigourney », dont le rapport à la nature va jouer un rôle clé dans l'intrigue... et qui bénéficie d'effets spéciaux étourdissants.

cinéma,cinema,film,films

   Cette partie met en scène d'impressionnantes baleines mystiques, les Tulkuns. Au niveau de l'image comme du son, c'est fabuleux. Sur le fond, si la vision de la séquence de traque peut définitivement dégoûter les spectateurs de la chasse à la baleine, eh bien cela suffira à justifier la sortie de ce film. En revanche, la manière dont les bipèdes dialoguent avec les cétacés est limite ridicule (y compris l'insertion de vues subjectives des baleines). C'est l'une des faiblesses de ce film, qui baigne dans une ambiance un peu new age, avec cette histoire de Terre-Mère et un panthéisme à la mode.

   On attend évidemment la troisième partie, celle de la baston, qui ne déçoit pas. C'est spectaculaire, bourré de rebondissements, surprenant parfois. Cela se conclut d'ailleurs par une séquence inattendue (mais bienvenue), celle de la recherche de disparus, dans une épave. La nouvelle génération vient en aide à l'ancienne.

   J'ai gardé pour la fin mes principales réserves. D'abord c'est long (3h10), mais, comme c'est un excellent spectacle, ça passe. Le problème vient plutôt d'une partie du scénario. Il est inenvisageable qu'à partir du moment où la famille de héros quitte la forêt pour se réfugier dans les îles, il ne se passe apparemment plus rien dans leur pays d'origine. Certes, la nouvelle version du colonel est mue par un ardent désir de revanche, mais ses employeurs veulent surtout achever la conquête de la planète. (On nous a peut-être gardé ces éléments pour le troisième film.) De plus, je trouve un peu facile l'embrigadement du jeune Spider par son nouveau "papa". La suite permet au gamin de bien se rattraper, mais le début est un peu gros. Je suis aussi lassé que les films de science-fiction, de super-héros ou d'heroic fantasy anglo-saxons ne mettent en scène que des monarchies, avec une élite (plutôt de naissance) gouvernant -sans recourir à des élections- un bas-peuple bien conciliant. (C'est également le cas dans le récent Black Panther 2.) Enfin, je suis de nouveau irrité que la quasi-totalité des personnages négatifs soient des Blancs occidentaux. Je reconnais que la transposition de certains personnages en "indigènes" de couleur bleue brouille un peu les pistes, mais c'est tout de même très caricatural.

   Dommage pour un film qui affiche de si grandes ambitions.

22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Juste une nuit

   Ce que raconte ce film iranien (franco-iranien en fait) est d'une brûlante actualité, puisqu'il décrit les difficultés d'une jeune mère célibataire à Téhéran. La jeune Fereshteh élève seule, dans un petit appartement situé dans un bâtiment HLM, un enfant qu'elle vient d'avoir avec le fils d'un commerçant, curieusement absent. Elle a caché son état à ses parents, des provinciaux conservateurs (surtout le père), qui sont sur le point de débarquer dans la capitale. Le temps d'une nuit, elle doit trouver quelqu'un pour garder son enfant et dissimuler toutes les affaires présentes dans son appartement et qui témoignent de sa maternité.

   La première partie montre les tentatives de l'héroïne pour s'appuyer sur son réseau de connaissances. Elle semble avoir trouvé assez vite la personne prête à s'occuper de son bébé pendant la soirée, mais elle doit déployer de considérables efforts pour trouver où cacher ses affaires (au moins trois sacs et trois valises !). C'est l'occasion pour le cinéaste de montrer le statut inférieur des femmes, l'une de ses voisines devant demander l'autorisation de son mari avant d'accepter de garder l'un de ses sacs ne serait-ce qu'une nuit, tandis qu'on apprend qu'en certains endroits, une femme seule avec un enfant sera non seulement mal vue, mais aussi rejetée.

   Dans sa quête, Fereshteh rencontre quelques bons samaritains (une avocate impliquée politiquement, sa meilleure amie, étudiante, un conducteur d'ambulance, une habitante de son bloc) mais aussi une brochette d'hypocrites, certains pouvant représenter une menace (une de ses voisines, la compagne d'un ami, sans doute jalouse de sa grossesse réussie, le chef de service d'un hôpital...).

   La comédienne, Sadaf Asgari, est très bien. Elle réussit à nous faire sentir les tourments du personnage sans beaucoup s'exprimer. Elle est souvent filmée de près, par une caméra mobile. Notons que la jeune femme n'est pas si sympathique que cela : elle ment à presque tout le monde (l'exception étant sa meilleure amie... et encore) et l'on finit par apprendre qu'elle aurait pu vivre dans d'autres conditions, si elle s'était mieux entendue avec le père de l'enfant.

   Compte tenu de mon âge et de mon vécu, je pense avoir un point de vue biaisé sur l'histoire, celle d'une jeune femme, arrivée de province à Téhéran pour y poursuivre ses études, et qui lâche tout à cause d'une histoire d'amour et de sa volonté de garder l'enfant à tout prix. C'est un cauchemar que nombre de parents espèrent ne jamais avoir à vivre. Mais le film mérite d'être vu.

   P.S.

   Cela n'enlève rien à la force de l'histoire, mais deux éléments entachent un peu la crédibilité du film. Toutes les femmes que l'on y voit sont voilées, dans l'espace public comme dans l'espace privé. Or, par exemple, quand le réalisateur filme une mère seule avec son enfant dans son appartement, il devrait la montrer tête nue, alors que ce n'est jamais le cas. Il a fallu sans doute composer avec la censure islamique...

   D'autre part, cette jeune femme, employée dans une imprimerie, semble disposer de revenus assez importants, compte tenu de ce que l'on peut voir à l'écran. Certes, on nous la montre comme débrouillarde, mais entre le logement, le smartphone, les dépenses pour l'enfant et les fréquents déplacements en taxi (visiblement bon marché à Téhéran), on se demande comment elle fait pour s'en sortir. Sans doute faut-il admettre qu'elle reçoit une aide de ses parents, d'où son acharnement à leur cacher sa situation réelle.

  

Juste une nuit

   Ce que raconte ce film iranien (franco-iranien en fait) est d'une brûlante actualité, puisqu'il décrit les difficultés d'une jeune mère célibataire à Téhéran. La jeune Fereshteh élève seule, dans un petit appartement situé dans un bâtiment HLM, un enfant qu'elle vient d'avoir avec le fils d'un commerçant, curieusement absent. Elle a caché son état à ses parents, des provinciaux conservateurs (surtout le père), qui sont sur le point de débarquer dans la capitale. Le temps d'une nuit, elle doit trouver quelqu'un pour garder son enfant et dissimuler toutes les affaires présentes dans son appartement et qui témoignent de sa maternité.

   La première partie montre les tentatives de l'héroïne pour s'appuyer sur son réseau de connaissances. Elle semble avoir trouvé assez vite la personne prête à s'occuper de son bébé pendant la soirée, mais elle doit déployer de considérables efforts pour trouver où cacher ses affaires (au moins trois sacs et trois valises !). C'est l'occasion pour le cinéaste de montrer le statut inférieur des femmes, l'une de ses voisines devant demander l'autorisation de son mari avant d'accepter de garder l'un de ses sacs ne serait-ce qu'une nuit, tandis qu'on apprend qu'en certains endroits, une femme seule avec un enfant sera non seulement mal vue, mais aussi rejetée.

   Dans sa quête, Fereshteh rencontre quelques bons samaritains (une avocate impliquée politiquement, sa meilleure amie, étudiante, un conducteur d'ambulance, une habitante de son bloc) mais aussi une brochette d'hypocrites, certains pouvant représenter une menace (une de ses voisines, la compagne d'un ami, sans doute jalouse de sa grossesse réussie, le chef de service d'un hôpital...).

   La comédienne, Sadaf Asgari, est très bien. Elle réussit à nous faire sentir les tourments du personnage sans beaucoup s'exprimer. Elle est souvent filmée de près, par une caméra mobile. Notons que la jeune femme n'est pas si sympathique que cela : elle ment à presque tout le monde (l'exception étant sa meilleure amie... et encore) et l'on finit par apprendre qu'elle aurait pu vivre dans d'autres conditions, si elle s'était mieux entendue avec le père de l'enfant.

   Compte tenu de mon âge et de mon vécu, je pense avoir un point de vue biaisé sur l'histoire, celle d'une jeune femme, arrivée de province à Téhéran pour y poursuivre ses études, et qui lâche tout à cause d'une histoire d'amour et de sa volonté de garder l'enfant à tout prix. C'est un cauchemar que nombre de parents espèrent ne jamais avoir à vivre. Mais le film mérite d'être vu.

   P.S.

   Cela n'enlève rien à la force de l'histoire, mais deux éléments entachent un peu la crédibilité du film. Toutes les femmes que l'on y voit sont voilées, dans l'espace public comme dans l'espace privé. Or, par exemple, quand le réalisateur filme une mère seule avec son enfant dans son appartement, il devrait la montrer tête nue, alors que ce n'est jamais le cas. Il a fallu sans doute composer avec la censure islamique...

   D'autre part, cette jeune femme, employée dans une imprimerie, semble disposer de revenus assez importants, compte tenu de ce que l'on peut voir à l'écran. Certes, on nous la montre comme débrouillarde, mais entre le logement, le smartphone, les dépenses pour l'enfant et les fréquents déplacements en taxi (visiblement bon marché à Téhéran), on se demande comment elle fait pour s'en sortir. Sans doute faut-il admettre qu'elle reçoit une aide de ses parents, d'où son acharnement à leur cacher sa situation réelle.

  

samedi, 17 décembre 2022

Le Chat Potté 2

   Il a donc fallu attendre onze ans pour voir sortir la suite des aventures du Chat Potté. La faute aux péripéties financières du groupe DreamWorks, qui a plusieurs fois changé de mains.

   Comme c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, les auteurs de ce volet-ci (qui se sont fait la main sur Les Croods 2) ont repris de nombreux ingrédients du premier film : l'hispanité débordante, le monde des chats et les clins d’œil cinéphiliques.

   Cela commence d'ailleurs de manière virevoltante, à l'époque de la huitième vie du matou, qui semble toujours aussi surprenant, caustique, cascadeur, increvable... C'est très bien réalisé, avec de vrais effets cinématographiques.

   Ce n'est qu'un peu plus tard que démarre la partie originale de l'intrigue : le Maître Chat n'est plus immortel... et il découvre la peur, celle d'un redoutable loup (très bien doublé, dans la version française, par Doudou Masta). Ses pérégrinations lui font recroiser la délicieuse Patte de Velours... et il s'attache (plus ou moins volontairement) à un gentil clébard... déguisé en minet, rencontré dans un refuge tenu par une surprenante mémère à chats. On assiste ainsi à la formation d'une famille avec, au cœur de l'intrigue, les sentiments de solitude et d'abandon.

   Fort heureusement, le film ne s'attarde pas trop sur l'aspect sentimental. Boucle d'Or débarque en fanfare avec son trio d'ours patibulaires (mais presque). Cela redonne du tonus à l'histoire, d'autant qu'un autre méchant menace de coiffer tout le monde au poteau. L'enjeu est la découverte du lieu de l'étoile, où la personne qui détient une carte magique peut faire réaliser son vœu de plus cher.

   C'est rythmé, joli à voir et l'on ne s'ennuie pas un instant. J'aurais juste deux petites réserves à émettre : l'inintérêt des chansons en français (peu nombreuses et vite négligées tant il y a de belles choses à regarder) et un petit défaut technique dans quelques scènes où se déroulent des mouvements extrêmement rapides : ce n'est pas bien rendu à l'écran, comme s'il y a avait un défaut dans l'animation. C'est dommage parce que le reste est vraiment remarquable.

   P.S.

   Il semble qu'une suite soit prévue... avec le retour de Shrek !

22:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Chat Potté 2

   Il a donc fallu attendre onze ans pour voir sortir la suite des aventures du Chat Potté. La faute aux péripéties financières du groupe DreamWorks, qui a plusieurs fois changé de mains.

   Comme c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, les auteurs de ce volet-ci (qui se sont fait la main sur Les Croods 2) ont repris de nombreux ingrédients du premier film : l'hispanité débordante, le monde des chats et les clins d’œil cinéphiliques.

   Cela commence d'ailleurs de manière virevoltante, à l'époque de la huitième vie du matou, qui semble toujours aussi surprenant, caustique, cascadeur, increvable... C'est très bien réalisé, avec de vrais effets cinématographiques.

   Ce n'est qu'un peu plus tard que démarre la partie originale de l'intrigue : le Maître Chat n'est plus immortel... et il découvre la peur, celle d'un redoutable loup (très bien doublé, dans la version française, par Doudou Masta). Ses pérégrinations lui font recroiser la délicieuse Patte de Velours... et il s'attache (plus ou moins volontairement) à un gentil clébard... déguisé en minet, rencontré dans un refuge tenu par une surprenante mémère à chats. On assiste ainsi à la formation d'une famille avec, au cœur de l'intrigue, les sentiments de solitude et d'abandon.

   Fort heureusement, le film ne s'attarde pas trop sur l'aspect sentimental. Boucle d'Or débarque en fanfare avec son trio d'ours patibulaires (mais presque). Cela redonne du tonus à l'histoire, d'autant qu'un autre méchant menace de coiffer tout le monde au poteau. L'enjeu est la découverte du lieu de l'étoile, où la personne qui détient une carte magique peut faire réaliser son vœu de plus cher.

   C'est rythmé, joli à voir et l'on ne s'ennuie pas un instant. J'aurais juste deux petites réserves à émettre : l'inintérêt des chansons en français (peu nombreuses et vite négligées tant il y a de belles choses à regarder) et un petit défaut technique dans quelques scènes où se déroulent des mouvements extrêmement rapides : ce n'est pas bien rendu à l'écran, comme s'il y a avait un défaut dans l'animation. C'est dommage parce que le reste est vraiment remarquable.

   P.S.

   Il semble qu'une suite soit prévue... avec le retour de Shrek !

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jeudi, 15 décembre 2022

Mon Héroïne

   Inspirée d'une histoire vraie, cette autofiction est nourrie d'une cinéphilie particulière : l'adulation de Julia Roberts, à la fois icône glamour et actrice engagée. (En France, son succès est aussi dû à la qualité du doublage et donc au talent de Céline Montsarrat.)

   Alex (Chloé Jouannet), bachelière cinéphile, qui manie la caméra, veut se lancer dans des études de cinéma... aux États-Unis. Elle n'en a pas parlé à sa mère, infirmière divorcée (Pascale Arbillot, formidable) qu'elle adore, mais dont elle trouve la vie un peu tristounette. La jeune fille a pour confidente sa tante, Juliette, une cadre commerciale un peu déjantée, interprétée avec talent par Louise Coldefy (déjà remarquée cette année dans Menteur).

   Le meilleur dans cette histoire est que, bien que fan de la comédienne, Alex n'ambitionne pas d'exhiber une plastique anorexique sous les feux des projecteurs... Non, la jeune femme veut devenir... réalisatrice.

   Mais, avant d'en arriver à ces développements passionnants, il faut supporter le début du film, qui contient plusieurs scènes pas très bien foutues, comme celle du spectacle de fin d'année, à l'école (pourtant capitale pour le démarrage de l'intrigue). J'ai trouvé aussi très clichée la mise en scène du conflit mère-fille, ainsi que le recours au "juste à temps" pour certains moments clés (notamment dans les aéroports).

   Cela devient vraiment bon à partir des scènes d'avion. Alex et Juliette vont voyager en compagnie d'un... Hugues Grand (je n'en dis pas plus), tandis que la mère, partie à leur poursuite en vol charter, se retrouve au milieu de Suédois... et finit par se lier à une passagère qui connaît la carrière de Julia Roberts sur le bout des doigts !

   Dès qu'on est à New York, le film prend une pêche formidable. Entre les scènes d'hôtel, celles de rue et les tentatives pour atteindre la vedette, on ne s'ennuie pas un instant, les héroïnes ayant un certain talent pour se fourrer dans des situations cocasses... et pour s'en dépêtrer. L'un des meilleurs moments est constitué par un tour en bus, en compagnie d'une drag-queen...

   Les actrices sont très bien. Leurs interactions dégagent une énergie folle. Je suis sorti de là d'excellente humeur.

22:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Mon Héroïne

   Inspirée d'une histoire vraie, cette autofiction est nourrie d'une cinéphilie particulière : l'adulation de Julia Roberts, à la fois icône glamour et actrice engagée. (En France, son succès est aussi dû à la qualité du doublage et donc au talent de Céline Montsarrat.)

   Alex (Chloé Jouannet), bachelière cinéphile, qui manie la caméra, veut se lancer dans des études de cinéma... aux États-Unis. Elle n'en a pas parlé à sa mère, infirmière divorcée (Pascale Arbillot, formidable) qu'elle adore, mais dont elle trouve la vie un peu tristounette. La jeune fille a pour confidente sa tante, Juliette, une cadre commerciale un peu déjantée, interprétée avec talent par Louise Coldefy (déjà remarquée cette année dans Menteur).

   Le meilleur dans cette histoire est que, bien que fan de la comédienne, Alex n'ambitionne pas d'exhiber une plastique anorexique sous les feux des projecteurs... Non, la jeune femme veut devenir... réalisatrice.

   Mais, avant d'en arriver à ces développements passionnants, il faut supporter le début du film, qui contient plusieurs scènes pas très bien foutues, comme celle du spectacle de fin d'année, à l'école (pourtant capitale pour le démarrage de l'intrigue). J'ai trouvé aussi très clichée la mise en scène du conflit mère-fille, ainsi que le recours au "juste à temps" pour certains moments clés (notamment dans les aéroports).

   Cela devient vraiment bon à partir des scènes d'avion. Alex et Juliette vont voyager en compagnie d'un... Hugues Grand (je n'en dis pas plus), tandis que la mère, partie à leur poursuite en vol charter, se retrouve au milieu de Suédois... et finit par se lier à une passagère qui connaît la carrière de Julia Roberts sur le bout des doigts !

   Dès qu'on est à New York, le film prend une pêche formidable. Entre les scènes d'hôtel, celles de rue et les tentatives pour atteindre la vedette, on ne s'ennuie pas un instant, les héroïnes ayant un certain talent pour se fourrer dans des situations cocasses... et pour s'en dépêtrer. L'un des meilleurs moments est constitué par un tour en bus, en compagnie d'une drag-queen...

   Les actrices sont très bien. Leurs interactions dégagent une énergie folle. Je suis sorti de là d'excellente humeur.

22:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 14 décembre 2022

Violent Night

   Un soir, dans un bar, plusieurs Pères Noël tentent de noyer leur chagrin dans l'alcool bon marché... sauf que l'un d'entre eux n'est pas employé par une mairie ou une grande surface : c'est le VRAI Père Noël. Et il n'a pas le moral. Dès le début, le ton est donné : ce sera politiquement incorrect, grossier... et parfois scabreux (très belle scène de vomi « aérien »).

   Dans le rôle de papa Noël, on retrouve David Harbour, une grosse brute sympathique, capable d'assommer un renne d'un revers de la main. (Les cinéphiles ont croisé sa dégaine atypique dans le récent Black Widow.)

   La séquence suivante est chargée de nous présenter une famille de millionnaires, dirigée d'une main de fer par Gertrude, la matriarche au langage de charretier. Beverly d'Angelo a visiblement aimé interpréter cette grand-mère indigne, qui insulte un sénateur au téléphone, le traitant de « gros enculé » et lui demandant d'arrêter de lui « chier dans la bouche en prétendant que c'est du chocolat »... On sent qu'à l'écriture des dialogues, on a employé une armée de poètes.

   Le reste de la famille ne vaut guère mieux. La fille déteste son frère, qu'elle appelle «couille molle ». Pour accueillir sa belle-sœur, elle ne trouve rien de mieux à dire qu'elle trouve qu'elle a grossi... Précisons que la frangine (qui a hérité d'une partie du tempérament de la matriarche) est maquée à un type plus jeune, bien de sa personne physiquement, mais très con... Le fiston est encore pire : habillé comme un jeune du ghetto, il se prend pour une vedette des réseaux sociaux...

   On est presque content d'apprendre que cette bande d'enfoirés va être prise en otages par des braqueurs très très méchants... voire un peu cinglés. Le problème pour eux est qu'ils n'ont pas envisagé la présence d'une personne dans la maison, ce 24 décembre : notre Père Noël. Celui-ci, attendri par la petite fille de la famille (fille de « couille molle »), qui persiste à croire en lui, interrompt sa tournée pour lui venir en aide. Il commence à dézinguer les braqueurs un par un... de façon « artisanale ». C'est dans ces scènes que le savoir-faire de Tommy Wirkola (auquel on doit Dead Snow et Seven Sisters) est le plus éclatant.

   Une autre réussite de ce film est le mélange de tons différents : la satire familiale, le film d'action et l'esprit de Noël... un peu corsé, toutefois. La petite-fille se révèle une alliée précieuse pour le Père Noël. Elle le renseigne, l'encourage à fourrer un morceau de charbon dans l'anus des méchants... et fabrique ses propres pièges. C'est absolument délicieux à voir, la violence salvatrice culminant dans la séquence de la cabane à outils, véritable réservoir d'armes par destination, dont papy Noël va faire un usage judicieux.

   J'ai passé un excellent moment.

17:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Violent Night

   Un soir, dans un bar, plusieurs Pères Noël tentent de noyer leur chagrin dans l'alcool bon marché... sauf que l'un d'entre eux n'est pas employé par une mairie ou une grande surface : c'est le VRAI Père Noël. Et il n'a pas le moral. Dès le début, le ton est donné : ce sera politiquement incorrect, grossier... et parfois scabreux (très belle scène de vomi « aérien »).

   Dans le rôle de papa Noël, on retrouve David Harbour, une grosse brute sympathique, capable d'assommer un renne d'un revers de la main. (Les cinéphiles ont croisé sa dégaine atypique dans le récent Black Widow.)

   La séquence suivante est chargée de nous présenter une famille de millionnaires, dirigée d'une main de fer par Gertrude, la matriarche au langage de charretier. Beverly d'Angelo a visiblement aimé interpréter cette grand-mère indigne, qui insulte un sénateur au téléphone, le traitant de « gros enculé » et lui demandant d'arrêter de lui « chier dans la bouche en prétendant que c'est du chocolat »... On sent qu'à l'écriture des dialogues, on a employé une armée de poètes.

   Le reste de la famille ne vaut guère mieux. La fille déteste son frère, qu'elle appelle «couille molle ». Pour accueillir sa belle-sœur, elle ne trouve rien de mieux à dire qu'elle trouve qu'elle a grossi... Précisons que la frangine (qui a hérité d'une partie du tempérament de la matriarche) est maquée à un type plus jeune, bien de sa personne physiquement, mais très con... Le fiston est encore pire : habillé comme un jeune du ghetto, il se prend pour une vedette des réseaux sociaux...

   On est presque content d'apprendre que cette bande d'enfoirés va être prise en otages par des braqueurs très très méchants... voire un peu cinglés. Le problème pour eux est qu'ils n'ont pas envisagé la présence d'une personne dans la maison, ce 24 décembre : notre Père Noël. Celui-ci, attendri par la petite fille de la famille (fille de « couille molle »), qui persiste à croire en lui, interrompt sa tournée pour lui venir en aide. Il commence à dézinguer les braqueurs un par un... de façon « artisanale ». C'est dans ces scènes que le savoir-faire de Tommy Wirkola (auquel on doit Dead Snow et Seven Sisters) est le plus éclatant.

   Une autre réussite de ce film est le mélange de tons différents : la satire familiale, le film d'action et l'esprit de Noël... un peu corsé, toutefois. La petite-fille se révèle une alliée précieuse pour le Père Noël. Elle le renseigne, l'encourage à fourrer un morceau de charbon dans l'anus des méchants... et fabrique ses propres pièges. C'est absolument délicieux à voir, la violence salvatrice culminant dans la séquence de la cabane à outils, véritable réservoir d'armes par destination, dont papy Noël va faire un usage judicieux.

   J'ai passé un excellent moment.

17:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 décembre 2022

Enzo le Croco

   Enzo (Lyle, dans la version originale, qui le fait rimer avec crocodail-leux) est un crocodile d'un genre très spécial : il chante... mais ne parle pas. Toutefois, il comprend les humains et se montre capable d'apprendre plein de trucs. On le découvre tout petit, tout mignon, chez un marchand d'animaux exotiques, où un magicien en perte de vitesse vient chercher l'inspiration. Celui-ci est incarné par un Javier Bardem en pleine forme. Cette première partie est néanmoins marquée par une certaine tristesse, autour de l'échec professionnel et de l'abandon.

   L'intrigue rebondit avec l'arrivée de nouveaux habitants dans la maison dont le grenier est occupé par Enzo (qui a grandi). Le père est prof de maths dans un lycée de jeunes filles (privé donc), tandis que la mère connaît le succès grâce à ses livres consacrés à la cuisine. Le couple s'installe avec son fils en plein Manhattan, dans un quartier sans doute populaire à l'origine, mais qui subit une sorte de gentrification. Quand j'aurai ajouté que les parents (qui forment un couple multiculturel) ont inscrit leur fils dans un collège public et que la mère semble adepte du végétarisme (elle va jusqu'à servir du tofu au petit-déjeuner...), vous aurez compris qu'on n'est pas très loin de "boboland". C'est cependant filmé avec une pointe d'ironie et une incontestable tendresse.

cinéma,cinema,film,films

   Dans un premier temps, chaque membre de la famille va faire la rencontre d'Enzo. A la peur succèdent l'étonnement, la curiosité, puis l'affection. Ces rencontres vont être bénéfiques à tous : le garçon complexé prend de l'assurance et de l'indépendance, les parents s'ouvrent davantage et pensent un peu plus à s'éclater. (Cela rappelle un peu Paddington.) De son côté, Enzo recherche une famille, puisque son magicien de maître semble l'avoir abandonné... pas tout à fait en réalité. Mais je laisse aux spectateurs le plaisir de découvrir le pourquoi du comment.

   Dans le voisinage, il y a surtout un vieux célibataire, genre mauvais coucheur, accro à sa chatte Trudy (une persane qui souffre d'un colon irrité... mais qui semble partante pour toutes les aventures).

   Cela vous donne une idée du ton, parfois un peu triste, le plus souvent joyeux, cocasse (dès qu'il est question de nourriture), voire un peu scabreux (on y fouille les poubelles, la nuit). L'animation est réussie. Le personnage du crocodile est clairement une créature numérique, mais ses interactions avec les acteurs humains sont très bien mises en scène. C'est un peu moins voyant du côté de la chatte, mais c'est tout aussi réussi.

   J'en viens à la partie qui avait suscité quelques appréhensions chez moi : le chant. Vu la caractérisation du personnage principal, on ne peut pas échapper aux vocalises. Quand c'est en anglais, c'est que le héros (ou un autre personnage) reprend un classique populaire anglo-saxon (notamment du Stevie Wonder et le Crocodile Rock d'Elton John). Cela se gâte quand il s'agit des titres écrits et composés pour le film, de surcroît doublés en français. Les paroles ne sont pas très intéressantes et certaines voix manquent d'épaisseur, je trouve.

   Je rassure les parents : tout cela se termine très bien, à l'issue d'une séquence un peu invraisemblable, pour laquelle on (nous, les adultes) est prié de faire preuve d'indulgence. J'ai globalement passé un bon moment.

   P.S. I

   Aux individus sensibles, je me dois de signaler la présence de scènes au cours desquelles sont émis divers gaz digestifs. Ce sont tout d'abord une mère et son fils, qui découvrent les joies d'une alimentation (pour une fois) riche en graisses. C'est ensuite un reptile qui, lors d'une scène carcérale très réussie, émet des flatulences au nez de ses congénères... Succès garanti chez les petits et (quelques) grands !

   P.S. II

   Les scénaristes ont choisi de faire de la mère une Américaine d'origine taïwanaise (ce qu'est d'ailleurs la comédienne qui l'incarne, Constance Wu). Vu que le film est produit par le japonais Sony (à travers sa filiale Columbia), je ne peux m'empêcher de penser que c'est un petit clin d’œil géopolitique, histoire que le public adulte n'oublie pas qu'il existe une Chine démocratique, celle qui n'est pas gouvernée depuis Pékin.

15:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Enzo le Croco

   Enzo (Lyle, dans la version originale, qui le fait rimer avec crocodail-leux) est un crocodile d'un genre très spécial : il chante... mais ne parle pas. Toutefois, il comprend les humains et se montre capable d'apprendre plein de trucs. On le découvre tout petit, tout mignon, chez un marchand d'animaux exotiques, où un magicien en perte de vitesse vient chercher l'inspiration. Celui-ci est incarné par un Javier Bardem en pleine forme. Cette première partie est néanmoins marquée par une certaine tristesse, autour de l'échec professionnel et de l'abandon.

   L'intrigue rebondit avec l'arrivée de nouveaux habitants dans la maison dont le grenier est occupé par Enzo (qui a grandi). Le père est prof de maths dans un lycée de jeunes filles (privé donc), tandis que la mère connaît le succès grâce à ses livres consacrés à la cuisine. Le couple s'installe avec son fils en plein Manhattan, dans un quartier sans doute populaire à l'origine, mais qui subit une sorte de gentrification. Quand j'aurai ajouté que les parents (qui forment un couple multiculturel) ont inscrit leur fils dans un collège public et que la mère semble adepte du végétarisme (elle va jusqu'à servir du tofu au petit-déjeuner...), vous aurez compris qu'on n'est pas très loin de "boboland". C'est cependant filmé avec une pointe d'ironie et une incontestable tendresse.

cinéma,cinema,film,films

   Dans un premier temps, chaque membre de la famille va faire la rencontre d'Enzo. A la peur succèdent l'étonnement, la curiosité, puis l'affection. Ces rencontres vont être bénéfiques à tous : le garçon complexé prend de l'assurance et de l'indépendance, les parents s'ouvrent davantage et pensent un peu plus à s'éclater. (Cela rappelle un peu Paddington.) De son côté, Enzo recherche une famille, puisque son magicien de maître semble l'avoir abandonné... pas tout à fait en réalité. Mais je laisse aux spectateurs le plaisir de découvrir le pourquoi du comment.

   Dans le voisinage, il y a surtout un vieux célibataire, genre mauvais coucheur, accro à sa chatte Trudy (une persane qui souffre d'un colon irrité... mais qui semble partante pour toutes les aventures).

   Cela vous donne une idée du ton, parfois un peu triste, le plus souvent joyeux, cocasse (dès qu'il est question de nourriture), voire un peu scabreux (on y fouille les poubelles, la nuit). L'animation est réussie. Le personnage du crocodile est clairement une créature numérique, mais ses interactions avec les acteurs humains sont très bien mises en scène. C'est un peu moins voyant du côté de la chatte, mais c'est tout aussi réussi.

   J'en viens à la partie qui avait suscité quelques appréhensions chez moi : le chant. Vu la caractérisation du personnage principal, on ne peut pas échapper aux vocalises. Quand c'est en anglais, c'est que le héros (ou un autre personnage) reprend un classique populaire anglo-saxon (notamment du Stevie Wonder et le Crocodile Rock d'Elton John). Cela se gâte quand il s'agit des titres écrits et composés pour le film, de surcroît doublés en français. Les paroles ne sont pas très intéressantes et certaines voix manquent d'épaisseur, je trouve.

   Je rassure les parents : tout cela se termine très bien, à l'issue d'une séquence un peu invraisemblable, pour laquelle on (nous, les adultes) est prié de faire preuve d'indulgence. J'ai globalement passé un bon moment.

   P.S. I

   Aux individus sensibles, je me dois de signaler la présence de scènes au cours desquelles sont émis divers gaz digestifs. Ce sont tout d'abord une mère et son fils, qui découvrent les joies d'une alimentation (pour une fois) riche en graisses. C'est ensuite un reptile qui, lors d'une scène carcérale très réussie, émet des flatulences au nez de ses congénères... Succès garanti chez les petits et (quelques) grands !

   P.S. II

   Les scénaristes ont choisi de faire de la mère une Américaine d'origine taïwanaise (ce qu'est d'ailleurs la comédienne qui l'incarne, Constance Wu). Vu que le film est produit par le japonais Sony (à travers sa filiale Columbia), je ne peux m'empêcher de penser que c'est un petit clin d’œil géopolitique, histoire que le public adulte n'oublie pas qu'il existe une Chine démocratique, celle qui n'est pas gouvernée depuis Pékin.

15:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 09 décembre 2022

Inu-Oh

   Ce film d'animation japonais est un OVNI cinématographique. Je pense que, contrairement à nombre de productions nippones qui arrivent sur nos écrans, il n'est pas formaté pour le public international. Son intrigue médiévale mêle le conte et le fantastique, avec un poil de modernité musicale (sur laquelle je reviendrai).

   Il convient de bien s'accrocher pour suivre l'intrigue. Celle-ci entremêle les destins de deux jeunes hommes qui ont, à des degrés divers, subi des drames. Le premier, fils de pêcheur, a vu mourir son père sous ses yeux, d'une manière quasi surnaturelle. Devenu aveugle, il se fait artiste ambulant et finit par se bâtir une petite réputation.

   Le second jeune homme est né difforme, dans des circonstances qui ne seront éclaircies que bien plus tard dans l'histoire. Fils renié d'une sorte de troubadour japonais très réputé, il va petit à petit se révéler le plus doué des enfants de la famille... mais il choisit de créer son propre style de spectacle ambulant, au cours duquel il se transforme, son succès contribuant à rendre son corps de plus en plus "normal".

   Les deux garçons vont se rencontrer et s'associer. On se demande si leur amitié et leur intimité artistique vont plus loin que ce qui est montré à l'écran, l'un des deux prenant l'habitude de se maquiller et de s'habiller en femme...

   A l'arrière-plan se trouve la politique japonaise de l'époque : deux principautés se partagent l'île de Honshu. Des clans se sont violemment opposés par le passé, l'un d'entre eux ayant subi une cuisante défaite. Mais personne n'ayant pu accomplir les rites funéraires pour les défunts, leurs esprits errent parmi les vivants. Les spectacles musicaux ambulants semblent les attirer... mais pourquoi ?

   De son côté, le chef d'une des deux principautés veut unifier le territoire sous sa direction. Pour cela, il pense avoir besoin de trois trésors, trois armes magiques qui ont déjà fait beaucoup de dégâts par le passé. Il est prêt à tout pour se les procurer. Dans le même temps, il voit d'un mauvais œil le succès grandissant du nouveau troubadour, qui associe images flamboyantes et musique rock dans ses spectacles peu conventionnels. Le chef veut que la transmission des légendes reste dans un cadre prédéfini, contrôlable et que rien ne vienne supplanter le théâtre traditionnel japonais, quand bien même la nouvelle forme de spectacle conquerrait les cœurs, dans le peuple comme dans l'aristocratie.

   Comme vous pouvez le constater, l'intrigue est foisonnante, complexe, passionnante. Elle est illustrée de manière virtuose, dans des styles très différents, à chaque fois avec talent. A l'écran, on assiste à un véritable feu d'artifice de couleurs et d'animations. J'ai beaucoup aimé... y compris la musique rock, dont l'insertion pourrait paraître anachronique de prime abord, mais qui sert parfaitement l'histoire.

   C'est l'un des meilleurs films que j'ai vus cette année, pas loin d'un chef-d’œuvre.

21:04 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Inu-Oh

   Ce film d'animation japonais est un OVNI cinématographique. Je pense que, contrairement à nombre de productions nippones qui arrivent sur nos écrans, il n'est pas formaté pour le public international. Son intrigue médiévale mêle le conte et le fantastique, avec un poil de modernité musicale (sur laquelle je reviendrai).

   Il convient de bien s'accrocher pour suivre l'intrigue. Celle-ci entremêle les destins de deux jeunes hommes qui ont, à des degrés divers, subi des drames. Le premier, fils de pêcheur, a vu mourir son père sous ses yeux, d'une manière quasi surnaturelle. Devenu aveugle, il se fait artiste ambulant et finit par se bâtir une petite réputation.

   Le second jeune homme est né difforme, dans des circonstances qui ne seront éclaircies que bien plus tard dans l'histoire. Fils renié d'une sorte de troubadour japonais très réputé, il va petit à petit se révéler le plus doué des enfants de la famille... mais il choisit de créer son propre style de spectacle ambulant, au cours duquel il se transforme, son succès contribuant à rendre son corps de plus en plus "normal".

   Les deux garçons vont se rencontrer et s'associer. On se demande si leur amitié et leur intimité artistique vont plus loin que ce qui est montré à l'écran, l'un des deux prenant l'habitude de se maquiller et de s'habiller en femme...

   A l'arrière-plan se trouve la politique japonaise de l'époque : deux principautés se partagent l'île de Honshu. Des clans se sont violemment opposés par le passé, l'un d'entre eux ayant subi une cuisante défaite. Mais personne n'ayant pu accomplir les rites funéraires pour les défunts, leurs esprits errent parmi les vivants. Les spectacles musicaux ambulants semblent les attirer... mais pourquoi ?

   De son côté, le chef d'une des deux principautés veut unifier le territoire sous sa direction. Pour cela, il pense avoir besoin de trois trésors, trois armes magiques qui ont déjà fait beaucoup de dégâts par le passé. Il est prêt à tout pour se les procurer. Dans le même temps, il voit d'un mauvais œil le succès grandissant du nouveau troubadour, qui associe images flamboyantes et musique rock dans ses spectacles peu conventionnels. Le chef veut que la transmission des légendes reste dans un cadre prédéfini, contrôlable et que rien ne vienne supplanter le théâtre traditionnel japonais, quand bien même la nouvelle forme de spectacle conquerrait les cœurs, dans le peuple comme dans l'aristocratie.

   Comme vous pouvez le constater, l'intrigue est foisonnante, complexe, passionnante. Elle est illustrée de manière virtuose, dans des styles très différents, à chaque fois avec talent. A l'écran, on assiste à un véritable feu d'artifice de couleurs et d'animations. J'ai beaucoup aimé... y compris la musique rock, dont l'insertion pourrait paraître anachronique de prime abord, mais qui sert parfaitement l'histoire.

   C'est l'un des meilleurs films que j'ai vus cette année, pas loin d'un chef-d’œuvre.

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samedi, 03 décembre 2022

Wakanda Forever

   Cette fausse suite est en fait plutôt un reboot, une remise à plat de l'univers "wakandesque" tout en tenant compte de la mort de T'Challa / Chadwick Boseman, dont la première partie de ce (très) long-métrage met en scène le deuil, avec un certain brio.

   Pour relancer la machine à cash, Disney-Marvel a choisi d'exploiter le filon intersectionnel, misant sur l'afroféminisme, l'anticolonialisme, l'anti-impérialisme... et un poil de LGBT (entre femmes... le temps du super-héros ouvertement sodomite ne semblant pas encore venu).

   Cela fonctionne parce que la distribution féminine est de qualité. De la vétérante Angela Basset à la jeune Dominique Thorne (qui incarne le nouveau petit génie de la bande), on nous gâte. J'ai un faible pour Danai Gurira, qui interprète la générale Okoye, une tête de mule fidèle jusqu'à la mort :

cinéma,cinema,film,films

   Son personnage est un décalque de celui des baroudeurs masculins, brillants seconds au verbe haut, fidèles compagnons du héros de l'histoire.

   Ici, il s'agit d'une héroïne, la sœur de T'Challa, Shuri, qui a les traits de l'anorexique Letitia Wright, dont le sourire paraît si fabriqué. C'est pour moi l'un des points faibles de ce film... et pas l'un des moindres, puisqu'elle est appelée à exercer d'importantes fonctions...

   Cela démarre portant bien, avec des funérailles grandioses et ce royaume africain futuriste fort bien mis en images. On retrouve la volonté de déconstruire les clichés racistes et misogynes, les Noirs, en particulier les femmes, étant montré(e)s capables de prouesses intellectuelles et physiques. Cela commence à se gâter quand débarquent à l'écran les habitants de Tolakan, au premier rang desquels leur dieu-roi, un garçon de plage en caleçon de bain, doté de petites ailes aux chevilles. Franchement, ses évolutions dans l'air sont ridicules... et ce n'est guère mieux dans l'eau. On voit trop les effets spéciaux... et c'est beaucoup moins réussi que dans Aquaman qui, de surcroît, était plus drôle. (Ici, la meilleure scène comique se déroule au MIT, à Boston, quand trois jeunes femmes s'engueulent dans une chambre d'étudiante.)

   C'est le moment de revenir sur l'arrière-plan de l'histoire. On a fait du nouveau peuple un descendant des Mayas, alors que dans les comics, il s'agit d'Atlantes. Derrière ce choix, il y a la volonté, au scénario, de prôner l'union des peuples opprimés contre les méchants Zoccidentaux, incarnés ici par les Américains... mais surtout les Français. La séquence à l'ONU est caricaturale au possible (et factuellement inexacte, les assemblées se réunissant à New York, pas à Genève). Le coup de pied de l'âne intervient dans la scène qui interrompt le générique de fin. On y découvre un garçon promis à un grand avenir, mais vivant loin du Wakanda, à Haïti. Sa mère l'a prénommé Toussaint...

   Ceci dit, la rencontre entre Africains et Mésoaméricains ne manque pas de souffle. Au premier combat urbain succède l'attaque de la capitale du Wakanda. C'est très spectaculaire, avec une bonne tension dramatique. Je suis moins emballé par l'affrontement final, sur un improbable bateau dont le metteur en scène n'a pas su tirer profit. Il reste que la réflexion sur la vengeance, son intensité et ses limites est plutôt bienvenue.

   Je suis sorti de là partagé. C'est incontestablement un bon spectacle, mais le scénario comme la caractérisation de certains personnages révèlent les aprioris des auteurs.

00:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Wakanda Forever

   Cette fausse suite est en fait plutôt un reboot, une remise à plat de l'univers "wakandesque" tout en tenant compte de la mort de T'Challa / Chadwick Boseman, dont la première partie de ce (très) long-métrage met en scène le deuil, avec un certain brio.

   Pour relancer la machine à cash, Disney-Marvel a choisi d'exploiter le filon intersectionnel, misant sur l'afroféminisme, l'anticolonialisme, l'anti-impérialisme... et un poil de LGBT (entre femmes... le temps du super-héros ouvertement sodomite ne semblant pas encore venu).

   Cela fonctionne parce que la distribution féminine est de qualité. De la vétérante Angela Basset à la jeune Dominique Thorne (qui incarne le nouveau petit génie de la bande), on nous gâte. J'ai un faible pour Danai Gurira, qui interprète la générale Okoye, une tête de mule fidèle jusqu'à la mort :

cinéma,cinema,film,films

   Son personnage est un décalque de celui des baroudeurs masculins, brillants seconds au verbe haut, fidèles compagnons du héros de l'histoire.

   Ici, il s'agit d'une héroïne, la sœur de T'Challa, Shuri, qui a les traits de l'anorexique Letitia Wright, dont le sourire paraît si fabriqué. C'est pour moi l'un des points faibles de ce film... et pas l'un des moindres, puisqu'elle est appelée à exercer d'importantes fonctions...

   Cela démarre portant bien, avec des funérailles grandioses et ce royaume africain futuriste fort bien mis en images. On retrouve la volonté de déconstruire les clichés racistes et misogynes, les Noirs, en particulier les femmes, étant montré(e)s capables de prouesses intellectuelles et physiques. Cela commence à se gâter quand débarquent à l'écran les habitants de Tolakan, au premier rang desquels leur dieu-roi, un garçon de plage en caleçon de bain, doté de petites ailes aux chevilles. Franchement, ses évolutions dans l'air sont ridicules... et ce n'est guère mieux dans l'eau. On voit trop les effets spéciaux... et c'est beaucoup moins réussi que dans Aquaman qui, de surcroît, était plus drôle. (Ici, la meilleure scène comique se déroule au MIT, à Boston, quand trois jeunes femmes s'engueulent dans une chambre d'étudiante.)

   C'est le moment de revenir sur l'arrière-plan de l'histoire. On a fait du nouveau peuple un descendant des Mayas, alors que dans les comics, il s'agit d'Atlantes. Derrière ce choix, il y a la volonté, au scénario, de prôner l'union des peuples opprimés contre les méchants Zoccidentaux, incarnés ici par les Américains... mais surtout les Français. La séquence à l'ONU est caricaturale au possible (et factuellement inexacte, les assemblées se réunissant à New York, pas à Genève). Le coup de pied de l'âne intervient dans la scène qui interrompt le générique de fin. On y découvre un garçon promis à un grand avenir, mais vivant loin du Wakanda, à Haïti. Sa mère l'a prénommé Toussaint...

   Ceci dit, la rencontre entre Africains et Mésoaméricains ne manque pas de souffle. Au premier combat urbain succède l'attaque de la capitale du Wakanda. C'est très spectaculaire, avec une bonne tension dramatique. Je suis moins emballé par l'affrontement final, sur un improbable bateau dont le metteur en scène n'a pas su tirer profit. Il reste que la réflexion sur la vengeance, son intensité et ses limites est plutôt bienvenue.

   Je suis sorti de là partagé. C'est incontestablement un bon spectacle, mais le scénario comme la caractérisation de certains personnages révèlent les aprioris des auteurs.

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mercredi, 30 novembre 2022

Fumer fait tousser...

   ... donne mauvaise haleine et nuit aussi à la libido. Mais, pour titrer son dernier film, Quentin Dupieux s'est contenté d'extraire et de condenser l'une de ses répliques : « Fumer, c'est nul, ça fait tousser », dixit Benzène, l'un des membres de la Tabac Force, interprété par Gilles Lellouche, tout boudiné dans son costume archéo-futuriste.

   Le réalisateur de Rubber et du récent Incroyable mais vrai s'est donc plongé dans la science-fiction, pour bâtir un long-métrage qui parle évidemment de notre époque.

   Quand j'écris « notre époque », c'est au sens large, puisque Dupieux a nourri son film de références aux œuvres cinématographiques et télévisuelles de son enfance et de son adolescence... et ça tombe bien, puisque c'est aussi un peu la mienne (même si je suis d'un âge un peu plus respectable que le metteur en scène).

   Cela commence par une séquence de combat, entre les super-héros de pacotille et Tortus, une tortue-ninja géante maléfique. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la célèbre parodie des Inconnus. Toutefois, Dupieux ne s'est pas limité à la dérision. Il y a clairement du second (troisième ?) degré, mais c'est mis en scène de manière sérieuse. Il a une histoire à nous raconter... et même plusieurs.

   Les membres de la Tabac Force sont mis au vert par leur charismatique leader, un gigantesque rat (qui bave), appelé Didier... et qui a la voix d'Alain Chabat (clin d’œil cinéphilique évident).

   Autour d'un feu de camp, on commence à se raconter des histoires sordides, que le réalisateur prend un malin plaisir à mettre en images.

   La première fait intervenir deux couples, l'une des femmes s'entichant d'une sorte de casque de soudeur, qui lui fait voir la vie de manière radicalement différente. Cela va vite dégénérer, pour le plus grand plaisir de la poignée de spectateurs présents dans la salle (visiblement, des connaisseurs).

   La deuxième histoire a pour cadre une scierie, dirigée par... Blanche Gardin. On se dit qu'on va passer un moment délicieux... et ça se confirme, quelques coupures plus tard. C'est à la fois gore et nonsense, un pur moment de bonheur !

   Paradoxalement, l'histoire la plus terrible est celle contée par une petite fille. C'est la plus courte, la plus simple, la plus réaliste des trois...et c'est celle qui fout le seum à toute la troupe.

   Derrière cela, on perçoit de temps à autre un propos sociétal. Dupieux est un pessimiste, qui pense que nous vivons entourés de cons, pollueurs, machistes, prétentieux, incultes. A travers le combat des super-héros du début, il souligne malicieusement la composition vénéneuse des cigarettes (soyez attentifs aux noms des personnages).

   Comme d'habitude, c'est filmé avec une relative économie de moyens et, assez souvent, une dose d'inventivité. Les interprètes sont en général bons, Anaïs Demoustier étant particulièrement surprenante en bimbo futuriste.

   Même si le film n'est pas totalement abouti, je recommande vivement. Cela nous change du tout-venant de la production française.

21:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Fumer fait tousser...

   ... donne mauvaise haleine et nuit aussi à la libido. Mais, pour titrer son dernier film, Quentin Dupieux s'est contenté d'extraire et de condenser l'une de ses répliques : « Fumer, c'est nul, ça fait tousser », dixit Benzène, l'un des membres de la Tabac Force, interprété par Gilles Lellouche, tout boudiné dans son costume archéo-futuriste.

   Le réalisateur de Rubber et du récent Incroyable mais vrai s'est donc plongé dans la science-fiction, pour bâtir un long-métrage qui parle évidemment de notre époque.

   Quand j'écris « notre époque », c'est au sens large, puisque Dupieux a nourri son film de références aux œuvres cinématographiques et télévisuelles de son enfance et de son adolescence... et ça tombe bien, puisque c'est aussi un peu la mienne (même si je suis d'un âge un peu plus respectable que le metteur en scène).

   Cela commence par une séquence de combat, entre les super-héros de pacotille et Tortus, une tortue-ninja géante maléfique. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la célèbre parodie des Inconnus. Toutefois, Dupieux ne s'est pas limité à la dérision. Il y a clairement du second (troisième ?) degré, mais c'est mis en scène de manière sérieuse. Il a une histoire à nous raconter... et même plusieurs.

   Les membres de la Tabac Force sont mis au vert par leur charismatique leader, un gigantesque rat (qui bave), appelé Didier... et qui a la voix d'Alain Chabat (clin d’œil cinéphilique évident).

   Autour d'un feu de camp, on commence à se raconter des histoires sordides, que le réalisateur prend un malin plaisir à mettre en images.

   La première fait intervenir deux couples, l'une des femmes s'entichant d'une sorte de casque de soudeur, qui lui fait voir la vie de manière radicalement différente. Cela va vite dégénérer, pour le plus grand plaisir de la poignée de spectateurs présents dans la salle (visiblement, des connaisseurs).

   La deuxième histoire a pour cadre une scierie, dirigée par... Blanche Gardin. On se dit qu'on va passer un moment délicieux... et ça se confirme, quelques coupures plus tard. C'est à la fois gore et nonsense, un pur moment de bonheur !

   Paradoxalement, l'histoire la plus terrible est celle contée par une petite fille. C'est la plus courte, la plus simple, la plus réaliste des trois...et c'est celle qui fout le seum à toute la troupe.

   Derrière cela, on perçoit de temps à autre un propos sociétal. Dupieux est un pessimiste, qui pense que nous vivons entourés de cons, pollueurs, machistes, prétentieux, incultes. A travers le combat des super-héros du début, il souligne malicieusement la composition vénéneuse des cigarettes (soyez attentifs aux noms des personnages).

   Comme d'habitude, c'est filmé avec une relative économie de moyens et, assez souvent, une dose d'inventivité. Les interprètes sont en général bons, Anaïs Demoustier étant particulièrement surprenante en bimbo futuriste.

   Même si le film n'est pas totalement abouti, je recommande vivement. Cela nous change du tout-venant de la production française.

21:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 26 novembre 2022

She Said

   Elle a dit... mais on ne l'a pas écoutée. Ou alors, elle n'a pas osé dire... et personne ne lui a demandé. L'affaire Weinstein et la dénonciation du harcèlement sexuel (ainsi que du viol) à Hollywood sont au cœur de ce film militant, qui démarre par un détour... en 2016, avec Donald Trump. La misogynie du personnage est connue (et, soit dit en passant, ne semble pas déranger ses électrices). Son rappel, juste avant les mid-terms de 2022 (le film a commencé à être projeté en octobre dernier aux États-Unis) n'était évidemment pas anodin.

   Mais avant cela, on nous projette en Irlande, en 1992. On sent que quelque chose de très désagréable est arrivé à une ado. Il faut attendre plus d'une heure pour comprendre les dessous de cette histoire (et son importance dans le déroulement de l'affaire), lorsqu'une journaliste du New York Times retrouve la jeune femme, devenue mère de famille, loin du monde du cinéma.

   C'est un film-dossier et un hommage au travail des journalistes, symboles de ce « quatrième pouvoir » qui est bien utile quand les autres baissent les bras ou ferment les yeux. On pense à Dark Waters et aux Hommes du président, surtout dans les scènes filmées au sein de la rédaction du Times. C'est classique, mais efficace, avec Maria Shrader (I'm your man) derrière la caméra

   Même si (comme moi), on a suivi l'évolution de l'affaire, le film conserve l'attrait d'un polar haletant. Pour les journalistes, il s'agit d'identifier les victimes, d'arriver à les faire parler, de trouver des témoins et de s'appuyer sur les documents qui permettraient de corroborer leurs affirmations. Le scénario et le montage ont pour objectif de montrer l'ampleur (et la difficulté) de ce travail, les scènes professionnelles alternant avec la vie privée des héroïnes. Toutes deux sont heureuses en ménage, avec un compagnon compréhensif. Toutes deux sont mères... et, parfois (souvent ?) la vie professionnelle empiète sur la vie privée.

   Les actrices (Zoe Kazan et Carey Mulligan) sont épatantes. Elles peuvent s'appuyer sur des personnages secondaires bien campés... ainsi que sur certaines des protagonistes de l'affaire, qui jouent leur propre rôle.

   Je ne suis pas un inconditionnel du mouvement MeeToo, qui a donné lieu à des dérives (au nom du « name and shame »), mais je trouve passionnante la démarche des journalistes, qui ont mené une enquête serrée pour dénoncer un prédateur sexuel et mettre fin à ses agissements.

She Said

   Elle a dit... mais on ne l'a pas écoutée. Ou alors, elle n'a pas osé dire... et personne ne lui a demandé. L'affaire Weinstein et la dénonciation du harcèlement sexuel (ainsi que du viol) à Hollywood sont au cœur de ce film militant, qui démarre par un détour... en 2016, avec Donald Trump. La misogynie du personnage est connue (et, soit dit en passant, ne semble pas déranger ses électrices). Son rappel, juste avant les mid-terms de 2022 (le film a commencé à être projeté en octobre dernier aux États-Unis) n'était évidemment pas anodin.

   Mais avant cela, on nous projette en Irlande, en 1992. On sent que quelque chose de très désagréable est arrivé à une ado. Il faut attendre plus d'une heure pour comprendre les dessous de cette histoire (et son importance dans le déroulement de l'affaire), lorsqu'une journaliste du New York Times retrouve la jeune femme, devenue mère de famille, loin du monde du cinéma.

   C'est un film-dossier et un hommage au travail des journalistes, symboles de ce « quatrième pouvoir » qui est bien utile quand les autres baissent les bras ou ferment les yeux. On pense à Dark Waters et aux Hommes du président, surtout dans les scènes filmées au sein de la rédaction du Times. C'est classique, mais efficace, avec Maria Shrader (I'm your man) derrière la caméra

   Même si (comme moi), on a suivi l'évolution de l'affaire, le film conserve l'attrait d'un polar haletant. Pour les journalistes, il s'agit d'identifier les victimes, d'arriver à les faire parler, de trouver des témoins et de s'appuyer sur les documents qui permettraient de corroborer leurs affirmations. Le scénario et le montage ont pour objectif de montrer l'ampleur (et la difficulté) de ce travail, les scènes professionnelles alternant avec la vie privée des héroïnes. Toutes deux sont heureuses en ménage, avec un compagnon compréhensif. Toutes deux sont mères... et, parfois (souvent ?) la vie professionnelle empiète sur la vie privée.

   Les actrices (Zoe Kazan et Carey Mulligan) sont épatantes. Elles peuvent s'appuyer sur des personnages secondaires bien campés... ainsi que sur certaines des protagonistes de l'affaire, qui jouent leur propre rôle.

   Je ne suis pas un inconditionnel du mouvement MeeToo, qui a donné lieu à des dérives (au nom du « name and shame »), mais je trouve passionnante la démarche des journalistes, qui ont mené une enquête serrée pour dénoncer un prédateur sexuel et mettre fin à ses agissements.

Charlotte

   Ce film d'animation retrace la vie de Charlotte Salomon, une Allemande juive qui s'est jadis réfugiée en France pour fuir le nazisme. Elle est connue pour avoir en quelque sorte inventé le roman graphique (Vie ? ou théâtre ?), à l'aide de ses peintures.

cinéma,cinema,film,films,histoire,arts,culture,peinture,femme,femmes

   Le déroulement est chronologique, commençant par la vie en Allemagne, se poursuivant par la période française (autour de Nice). On découvre l'héroïne adolescente, dans une famille bourgeoise. Elle s'intéresse aux arts, mais on tente plutôt de la persuader de travailler dans la couture.

   Charlotte a du caractère et, semble-t-il, du talent. Elle réussit à entrer aux Beaux-Arts, en dépit de sa judéité. C'est l'époque où elle rencontre son premier amour. Elle commence à prendre un peu de distance vis-à-vis de ses parents. C'est un autre intérêt du film : montrer l'entrée dans l'âge adulte d'une jeune femme indépendante. Cela donne un ton très moderne à cette histoire.

   Le contexte familial est plus complexe que ce qu'il paraît de prime abord. On le découvre petit à petit. La femme que Charlotte appelle Paula (et pas maman) n'est pas sa mère biologique. Il y a aussi cette grande sœur disparue, dont on n'ose pas parler. Il y a enfin les grands-parents maternels, la grand-mère malade et le grand-père autoritaire, très traditionaliste, que Charlotte supporte de moins en moins.

   Elle est pourtant contrainte de le côtoyer de plus en plus, puisqu'à l'initiative de son père et de sa belle-mère, elle rejoint ses grands-parents sur la côté d'Azur, en sécurité pensent-ils. C'est l'époque où, hébergée chez une riche Américaine, Charlotte s'épanouit artistiquement. Elle est touchée par une frénésie de peindre, en même temps qu'elle retrouve l'amour.

   Graphiquement, le film n'est pas d'une grande virtuosité. L'animation est assez classique. On a toutefois fait des efforts pour tenter de nous faire percevoir ce qu'était le "coup de pinceau" de l'artiste. Ce n'est sans doute pas aussi joli que les gouaches et aquarelles de Charlotte, mais c'est tout de même très parlant. (L'intégralité de son œuvre est visible sur un site néerlandais.)

   Cette histoire, bien que tragique (elle s'interrompt en 1943...) est visible par tous. Dans les scènes les plus dures (la mort du grand-père, l'arrestation par la Gestapo...), les auteurs Tahir Rana et Eric Warin (à qui l'on doit Ballerina) pratiquent le hors-champ, évitant les images les plus choquantes. Le film se conclut par l'extrait d'un documentaire, où l'on voit les parents de Charlotte, qui ont survécu à la guerre.

Charlotte

   Ce film d'animation retrace la vie de Charlotte Salomon, une Allemande juive qui s'est jadis réfugiée en France pour fuir le nazisme. Elle est connue pour avoir en quelque sorte inventé le roman graphique (Vie ? ou théâtre ?), à l'aide de ses peintures.

cinéma,cinema,film,films,histoire,arts,culture,peinture,femme,femmes

   Le déroulement est chronologique, commençant par la vie en Allemagne, se poursuivant par la période française (autour de Nice). On découvre l'héroïne adolescente, dans une famille bourgeoise. Elle s'intéresse aux arts, mais on tente plutôt de la persuader de travailler dans la couture.

   Charlotte a du caractère et, semble-t-il, du talent. Elle réussit à entrer aux Beaux-Arts, en dépit de sa judéité. C'est l'époque où elle rencontre son premier amour. Elle commence à prendre un peu de distance vis-à-vis de ses parents. C'est un autre intérêt du film : montrer l'entrée dans l'âge adulte d'une jeune femme indépendante. Cela donne un ton très moderne à cette histoire.

   Le contexte familial est plus complexe que ce qu'il paraît de prime abord. On le découvre petit à petit. La femme que Charlotte appelle Paula (et pas maman) n'est pas sa mère biologique. Il y a aussi cette grande sœur disparue, dont on n'ose pas parler. Il y a enfin les grands-parents maternels, la grand-mère malade et le grand-père autoritaire, très traditionaliste, que Charlotte supporte de moins en moins.

   Elle est pourtant contrainte de le côtoyer de plus en plus, puisqu'à l'initiative de son père et de sa belle-mère, elle rejoint ses grands-parents sur la côté d'Azur, en sécurité pensent-ils. C'est l'époque où, hébergée chez une riche Américaine, Charlotte s'épanouit artistiquement. Elle est touchée par une frénésie de peindre, en même temps qu'elle retrouve l'amour.

   Graphiquement, le film n'est pas d'une grande virtuosité. L'animation est assez classique. On a toutefois fait des efforts pour tenter de nous faire percevoir ce qu'était le "coup de pinceau" de l'artiste. Ce n'est sans doute pas aussi joli que les gouaches et aquarelles de Charlotte, mais c'est tout de même très parlant. (L'intégralité de son œuvre est visible sur un site néerlandais.)

   Cette histoire, bien que tragique (elle s'interrompt en 1943...) est visible par tous. Dans les scènes les plus dures (la mort du grand-père, l'arrestation par la Gestapo...), les auteurs Tahir Rana et Eric Warin (à qui l'on doit Ballerina) pratiquent le hors-champ, évitant les images les plus choquantes. Le film se conclut par l'extrait d'un documentaire, où l'on voit les parents de Charlotte, qui ont survécu à la guerre.

vendredi, 25 novembre 2022

Le Menu

   Cela commence comme une énigme gastronomique, dans une ambiance à la Agatha Christie. Une douzaine de happy few, triés sur le volet, ont obtenu (contre 1250 dollars...) le droit de vivre la nouvelle « expérience culinaire » proposée par un grand chef étoilé, dans son emblématique restaurant, situé sur une île reculée. Assez vite, on comprend que quelque chose cloche. Le film d'épouvante commence à poindre le bout de son nez.

   Avant que les choses ne deviennent vraiment intéressantes, il faut se fader les quarante premières minutes. Oh, elles ne sont pas inutiles à l'intrigue, puisqu'elles nous présentent les antipathiques clients du restaurant, qui seront bientôt pris au piège. Sans surprise, il y a une critique gastronomique (sorte de pendant du personnage interprété par Meryl Streep dans Le Diable s'habille en Prada), accompagnée d'un veule sous-fifre. Tous deux sont amenés à croiser trois mafieux, un acteur dont la carrière patine, deux membres de l'élite bon teint (très "Côte Est"), un fan absolu du chef... et une invitée surprise, pas prévue au programme.

   La dénonciation du snobisme, mariée à un éloge visuel de la haute cuisine, constitue le hors-d’œuvre de cette intrigue, construite comme un banquet s'étalant sur plusieurs heures. Les convives finissent pas comprendre qu'ils sont tous là pour une "bonne" raison. Cela devient vraiment réjouissant à partir du moment où l'on sert des galettes mexicaines. Il y a une incontestable gradation dans la tension et l'action au sein du restaurant... et à ses environs : à deux reprises, on nous fait prendre un bon bol d'air... histoire de rendre l'atmosphère encore plus irrespirable.

   C'est très bien joué, de Ralph Fiennes à Janet McTeer, en passant par Anya Taylor-Joy (qu'on peut voir aussi actuellement dans Amsterdam) et Nicholas Hoult (qui prouve qu'il peut jouer autre chose que le Fauve des X-Men).

   Je ne suis toutefois pas totalement emballé, d'abord parce que trouve que le ton est un peu trop sentencieux. De plus, on aurait pu resserrer l'intrigue en 1h30... et peut-être tisser encore plus de liens entre les clients et le restaurateur (par leur passé). Enfin, j'aurais aimé que ce soit un peu plus saignant. Le film est globalement brutal, mais un peu trop sage à mon goût. Il n'en constitue pas moins un agréable divertissement.

22:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Menu

   Cela commence comme une énigme gastronomique, dans une ambiance à la Agatha Christie. Une douzaine de happy few, triés sur le volet, ont obtenu (contre 1250 dollars...) le droit de vivre la nouvelle « expérience culinaire » proposée par un grand chef étoilé, dans son emblématique restaurant, situé sur une île reculée. Assez vite, on comprend que quelque chose cloche. Le film d'épouvante commence à poindre le bout de son nez.

   Avant que les choses ne deviennent vraiment intéressantes, il faut se fader les quarante premières minutes. Oh, elles ne sont pas inutiles à l'intrigue, puisqu'elles nous présentent les antipathiques clients du restaurant, qui seront bientôt pris au piège. Sans surprise, il y a une critique gastronomique (sorte de pendant du personnage interprété par Meryl Streep dans Le Diable s'habille en Prada), accompagnée d'un veule sous-fifre. Tous deux sont amenés à croiser trois mafieux, un acteur dont la carrière patine, deux membres de l'élite bon teint (très "Côte Est"), un fan absolu du chef... et une invitée surprise, pas prévue au programme.

   La dénonciation du snobisme, mariée à un éloge visuel de la haute cuisine, constitue le hors-d’œuvre de cette intrigue, construite comme un banquet s'étalant sur plusieurs heures. Les convives finissent pas comprendre qu'ils sont tous là pour une "bonne" raison. Cela devient vraiment réjouissant à partir du moment où l'on sert des galettes mexicaines. Il y a une incontestable gradation dans la tension et l'action au sein du restaurant... et à ses environs : à deux reprises, on nous fait prendre un bon bol d'air... histoire de rendre l'atmosphère encore plus irrespirable.

   C'est très bien joué, de Ralph Fiennes à Janet McTeer, en passant par Anya Taylor-Joy (qu'on peut voir aussi actuellement dans Amsterdam) et Nicholas Hoult (qui prouve qu'il peut jouer autre chose que le Fauve des X-Men).

   Je ne suis toutefois pas totalement emballé, d'abord parce que trouve que le ton est un peu trop sentencieux. De plus, on aurait pu resserrer l'intrigue en 1h30... et peut-être tisser encore plus de liens entre les clients et le restaurateur (par leur passé). Enfin, j'aurais aimé que ce soit un peu plus saignant. Le film est globalement brutal, mais un peu trop sage à mon goût. Il n'en constitue pas moins un agréable divertissement.

22:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 24 novembre 2022

Rimini

   Dans cette station balnéaire italienne, située sur la côte adriatique, s'est installé un "chanteur de charme" autrichien vieillissant, qui vivote entre un petit gala pour personnes âgées et une combine plus ou moins reluisante.

cinéma,cinema,film,films

   Ce Richie Bravo, très bien incarné par Michael Thomas, est un mélange d'Hervé Villard, de Claude Barzotti... et de Patrick Sébastien.

cinéma,cinema,film,films

   Le premier tiers de l'histoire nous fait découvrir la vie besogneuse de cette ancienne vedette, qui vit dans le souvenir de sa gloire passée et compte sur ses vieilles fans pour gagner sa croûte... dans tous les sens du terme.

   Le bonhomme est à la fois pathétique et touchant. Il fait consciencieusement son travail, a encore une belle et forte voix. Il en impose, dans ses costumes à paillettes sous lesquels une ceinture abdominale tente de masquer un ventre de plus en plus proéminent.

   Le film bascule une première fois quand débarque la fille du héros, qu'il a abandonnée avec sa mère il y a des années de cela. La progéniture est rebelle, revancharde même. Le père ne sait pas trop comment la prendre. Dix ans auparavant, il l'aurait sans doute envoyée bouler. Mais, l'âge et la solitude venant, il laisse ses remords prendre sur lui. Tout l'intérêt de cette deuxième partie est de voir dans quelle mesure la présence de cette fille influe sur la vie bien réglée du chanteur de ces dames. La troisième partie (plus courte, à peine plus d'un quart d'heure) voit l'intrigue à nouveau basculer, de manière assez cocasse.

   Au-delà du portrait d'un vieil égocentrique qui s'évertue à maintenir la petite flamme en vie, ce film est aussi une évocation du troisième âge. Il y a bien sûr le chanteur et ses fans, qu'on se plaît à nous montrer dans leurs œuvres (le monsieur n'hésitant pas à mettre la bite main à la pâte). Il y a aussi les pensionnaires des maisons de retraite, parmi lesquels se trouve le père du héros, qui a tendance à perdre les pédales. Notons qu'il est incarné par un comédien célèbre en Autriche, Hans-Michael Rehberg, qui se fit connaître internationalement par son interprétation du commandant d'Auschwitz dans La Liste de Schindler. Je pense d'ailleurs que ce choix d'acteur n'est pas anodin. Le vieillard doit avoir près de 90 ans et, à au moins une reprise, on sent qu'il a des souvenirs assez précis de sa jeunesse...

   Pour être juste, je dois signaler qu'il y a quelques longueurs. Mais j'ai été pris par cette histoire, ne sachant trop quoi penser du "héros"... et j'ai bien aimé la représentation des "aînés". Elle n'est pas méprisante. Le réalisateur se pose la question de leurs envies : voir leurs proches, sortir se promener, chanter, rire, picoler... voire baiser.

21:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Rimini

   Dans cette station balnéaire italienne, située sur la côte adriatique, s'est installé un "chanteur de charme" autrichien vieillissant, qui vivote entre un petit gala pour personnes âgées et une combine plus ou moins reluisante.

cinéma,cinema,film,films

   Ce Richie Bravo, très bien incarné par Michael Thomas, est un mélange d'Hervé Villard, de Claude Barzotti... et de Patrick Sébastien.

cinéma,cinema,film,films

   Le premier tiers de l'histoire nous fait découvrir la vie besogneuse de cette ancienne vedette, qui vit dans le souvenir de sa gloire passée et compte sur ses vieilles fans pour gagner sa croûte... dans tous les sens du terme.

   Le bonhomme est à la fois pathétique et touchant. Il fait consciencieusement son travail, a encore une belle et forte voix. Il en impose, dans ses costumes à paillettes sous lesquels une ceinture abdominale tente de masquer un ventre de plus en plus proéminent.

   Le film bascule une première fois quand débarque la fille du héros, qu'il a abandonnée avec sa mère il y a des années de cela. La progéniture est rebelle, revancharde même. Le père ne sait pas trop comment la prendre. Dix ans auparavant, il l'aurait sans doute envoyée bouler. Mais, l'âge et la solitude venant, il laisse ses remords prendre sur lui. Tout l'intérêt de cette deuxième partie est de voir dans quelle mesure la présence de cette fille influe sur la vie bien réglée du chanteur de ces dames. La troisième partie (plus courte, à peine plus d'un quart d'heure) voit l'intrigue à nouveau basculer, de manière assez cocasse.

   Au-delà du portrait d'un vieil égocentrique qui s'évertue à maintenir la petite flamme en vie, ce film est aussi une évocation du troisième âge. Il y a bien sûr le chanteur et ses fans, qu'on se plaît à nous montrer dans leurs œuvres (le monsieur n'hésitant pas à mettre la bite main à la pâte). Il y a aussi les pensionnaires des maisons de retraite, parmi lesquels se trouve le père du héros, qui a tendance à perdre les pédales. Notons qu'il est incarné par un comédien célèbre en Autriche, Hans-Michael Rehberg, qui se fit connaître internationalement par son interprétation du commandant d'Auschwitz dans La Liste de Schindler. Je pense d'ailleurs que ce choix d'acteur n'est pas anodin. Le vieillard doit avoir près de 90 ans et, à au moins une reprise, on sent qu'il a des souvenirs assez précis de sa jeunesse...

   Pour être juste, je dois signaler qu'il y a quelques longueurs. Mais j'ai été pris par cette histoire, ne sachant trop quoi penser du "héros"... et j'ai bien aimé la représentation des "aînés". Elle n'est pas méprisante. Le réalisateur se pose la question de leurs envies : voir leurs proches, sortir se promener, chanter, rire, picoler... voire baiser.

21:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 23 novembre 2022

C'est arrivé près de chez vous

   Amis cinéphiles, vous ne rêvez pas : le film qui a jadis (1992...) révélé Benoît Poelvoorde est ressorti dans les salles (notamment CGR). Je me suis plongé dans ce bain de jouvence avec délectation. Pensez donc : à l'époque, j'étais étudiant et je m'étais lié à un groupe de cinéphiles, une sympathique bande d'atypiques fréquentant (aussi assidûment que leurs moyens le leur permettaient) les salles art et essai d'une métropole de province.

   Il y a toujours un risque à vouloir revoir un film que l'on a considéré comme culte. Je n'ai pas été déçu. J'ai retrouvé la verve satirique, la beauté rude des images en noir et blanc et le culot monstre d'un acteur formidable, qui incarne sans la moindre espèce de retenue un tueur en série qui se veut esthète et philosophe.

   Je ne connaissais pas l'émission à l'époque, mais, après coup, j'ai compris qu'il s'agissait d'un détournement de Strip-tease (dont on peut avoir un aperçu du style dans le passionnant Poulet frites, sorti il y a deux mois). J'avais apprécié la dénonciation (indirecte) de la complaisance d'un certain type de journalistes, dans des programmes qui s'apparentaient à de la télé-réalité.

   J'attendais de revoir certaines scènes, dont la force comique m'avait à l'époque fait abondamment rire. A la volée, on peut citer : "le facteur du mois", "les os poreux", "la mort du collègue", "la retraitée cardiaque", "le petit Grégory", le "allez, reviens, c'était pour rire", "le retour de l'hôpital"... Pour moi, le film prend la forme d'une compilation de séquences d'humour noir.

   Cela fonctionne encore aujourd'hui parce que cette œuvre en apparence faite de bric et de broc a été mûrement pensée, soigneusement écrite et brillamment interprétée.

   Qu'est-ce qui change à notre époque  ? Le regard sur les personnages féminins, en particulier lors d'une séquence, celle du viol (et de ce qui lui succède). Pour bien comprendre le sens de cette séquence, il faut se dire qu'elle arrive plutôt en fin d'histoire. A ce stade, l'équipe de journalistes n'est plus composée de témoins plus ou moins bienveillants, mais de complices, voire de potes, du tueur. Son bagout et son culot ont vaincu les réticences des journalistes... mais il reste, au fond, un salaud, un psychopathe de la pire espèce, ce que cette séquence est chargée de rappeler aux spectateurs qui auraient suivi la même pente que les journalistes. Ceci dit, la frontière est ténue dans cette séquence, au cours de laquelle une actrice a accepté d'incarner une femme qui se fait violenter, humilier. En dépit de tout ce que j'ai écrit plus haut, il est possible qu'une partie du public masculin continue à ressentir une profonde empathie pour le prédateur.

   Cette réserve émise, le film reste pour moi un monument d'humour et l'occasion de (re)voir Benoît Poelvoorde dans l'un de ses meilleurs rôles.

21:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

C'est arrivé près de chez vous

   Amis cinéphiles, vous ne rêvez pas : le film qui a jadis (1992...) révélé Benoît Poelvoorde est ressorti dans les salles (notamment CGR). Je me suis plongé dans ce bain de jouvence avec délectation. Pensez donc : à l'époque, j'étais étudiant et je m'étais lié à un groupe de cinéphiles, une sympathique bande d'atypiques fréquentant (aussi assidûment que leurs moyens le leur permettaient) les salles art et essai d'une métropole de province.

   Il y a toujours un risque à vouloir revoir un film que l'on a considéré comme culte. Je n'ai pas été déçu. J'ai retrouvé la verve satirique, la beauté rude des images en noir et blanc et le culot monstre d'un acteur formidable, qui incarne sans la moindre espèce de retenue un tueur en série qui se veut esthète et philosophe.

   Je ne connaissais pas l'émission à l'époque, mais, après coup, j'ai compris qu'il s'agissait d'un détournement de Strip-tease (dont on peut avoir un aperçu du style dans le passionnant Poulet frites, sorti il y a deux mois). J'avais apprécié la dénonciation (indirecte) de la complaisance d'un certain type de journalistes, dans des programmes qui s'apparentaient à de la télé-réalité.

   J'attendais de revoir certaines scènes, dont la force comique m'avait à l'époque fait abondamment rire. A la volée, on peut citer : "le facteur du mois", "les os poreux", "la mort du collègue", "la retraitée cardiaque", "le petit Grégory", le "allez, reviens, c'était pour rire", "le retour de l'hôpital"... Pour moi, le film prend la forme d'une compilation de séquences d'humour noir.

   Cela fonctionne encore aujourd'hui parce que cette œuvre en apparence faite de bric et de broc a été mûrement pensée, soigneusement écrite et brillamment interprétée.

   Qu'est-ce qui change à notre époque  ? Le regard sur les personnages féminins, en particulier lors d'une séquence, celle du viol (et de ce qui lui succède). Pour bien comprendre le sens de cette séquence, il faut se dire qu'elle arrive plutôt en fin d'histoire. A ce stade, l'équipe de journalistes n'est plus composée de témoins plus ou moins bienveillants, mais de complices, voire de potes, du tueur. Son bagout et son culot ont vaincu les réticences des journalistes... mais il reste, au fond, un salaud, un psychopathe de la pire espèce, ce que cette séquence est chargée de rappeler aux spectateurs qui auraient suivi la même pente que les journalistes. Ceci dit, la frontière est ténue dans cette séquence, au cours de laquelle une actrice a accepté d'incarner une femme qui se fait violenter, humilier. En dépit de tout ce que j'ai écrit plus haut, il est possible qu'une partie du public masculin continue à ressentir une profonde empathie pour le prédateur.

   Cette réserve émise, le film reste pour moi un monument d'humour et l'occasion de (re)voir Benoît Poelvoorde dans l'un de ses meilleurs rôles.

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