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mercredi, 11 janvier 2023

Les "Riton" 2022

   L'an dernier, je n'ai pas eu le courage d'établir un palmarès. Le précédent remonte donc à 2020. Je vais distinguer une cinquantaine d’œuvres, celles qui m'ont le plus marqué, pour différentes raisons. Aucune ne sort du lot, mais une dizaine me semble incontournable.

 

   Certains films à effets spéciaux m'ont redonné goût au cinéma.

- Riton du film de super-héros : The Batman

- Riton du film de magiciens : Les Animaux fantastiques 3

- Riton du film transgenre : Matrix IV

- Riton du film post-apocalyptique : Vesper Chronicles

- Riton du film n'importe nawak : Everything Everywhere All at Once (un de mes films de l'année)

 

   J'ai aussi particulièrement apprécié des "films de genre" (action, polar et thriller).

- Riton du film ferroviaire : Bullet train (un de mes films de l'année)

- Riton du film médical : Ambulance

- Riton du film musical : Petite fleur

- Riton du film de Noël : Violent Night (un de mes films de l'année)

- Riton du film de l'Avent  : Novembre (un de mes films de l'année)

- Riton du film de l'après : Les Cinq Diables

- Riton du vrai film iranien : Marché noir

- Riton du faux film néerlandais : Amsterdam

- Riton de l'enquête inaboutie : Decision to leave (un de mes films de l'année)

- Riton de l'enquête truquée : La Conspiration du Caire (un de mes films de l'année)

 

   Dans ce monde hostile, empli de violence et d'imbécillité, j'ai pu compter sur quelques bonnes comédies pour me remonter le moral.

- Riton du film de chambre à air : Fumer fait tousser

- Riton du film de chambre mal aérée : Maison de retraite

- Riton du film de sport en chambre : Sans filtre (un de mes films de l'année)

- Riton du film de fantasme : Super-héros malgré lui

- Riton du film de justicier : The Duke

- Riton du film de justiciable : El buen patron

- Riton du film de rebelles : Choeur de rockers

 

   Les comédies abordent souvent des sujets de société, certains d'entre eux ayant été traités par des films "sérieux".

- Riton du film d'enseignant : L’École du bout du monde

- Riton du film journalistique : She Said

- Riton du film d'employée précaire : Ouistreham

- Riton du film de patron : Un autre monde

- Riton du film de classe moyenne : Don't worry darling

- Riton du film de gros bourges : Downton Abbey II (un de mes films de l'année)

- Riton du film de gros pas bourge : Wild Men

 

   Parfois, la fiction est inutile ; un (bon) documentaire suffit.

- Riton du film de piqûre : H6

- Riton du film de griffure : Lynx (un de mes films de l'année)

- Riton du film mordant : Poulet frites

- Riton du film accablant : Babi Yar. Contexte

 

   Cela m'amène tout naturellement aux films à caractère historique, un genre que d'habitude j'affectionne, mais qui m'a souvent déçu l'année passée, la plupart des œuvres vues n'étant qu'à moitié réussies.

- Riton du film de procès : L'Affaire Collini

- Riton du film familial : Les Secrets de mon père

- Riton du film pictural : Charlotte

 

   Je termine sans surprise par la catégorie la plus fournie, celle des films d'animation. Quand bien même Disney snoberait de plus en plus les salles françaises, la diversité et la qualité de la production sont telles qu'on y survit sans peine.

- Riton de l'animation historique : My Favourite War

- Riton de l'animation géopolitique : Le Voyage en Charabie

- Riton de l'animation féérique : Le Pharaon, le sauvage et la princesse

- Riton de l'animation héroïque : Buzz l'éclair

- Riton de l'animation pompière : Vaillante

- Riton de l'animation forestière : Le Roi cerf

- Riton de l'animation zoologique : Les Bad Guys

- Riton de l'animation féline : Samouraï Academy

- Riton de l'animation délinquante : Les Minions 2 (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation policière : Détective Conan - La Fiancée de Shibuya

- Riton de l'animation japonaise : Inu-Oh (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation inclassable : Junk Head (un de mes films de l'année)

 

    Malgré mes préventions envers les films français, une douzaine de films hexagonaux figurent dans ce palmarès, preuve que notre abondante production recèle quelques trésors. Le meilleur de 2022 vient toutefois (pour moi) en grande majorité de l'étranger.

 

16:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les "Riton" 2022

   L'an dernier, je n'ai pas eu le courage d'établir un palmarès. Le précédent remonte donc à 2020. Je vais distinguer une cinquantaine d’œuvres, celles qui m'ont le plus marqué, pour différentes raisons. Aucune ne sort du lot, mais une dizaine me semble incontournable.

 

   Certains films à effets spéciaux m'ont redonné goût au cinéma.

- Riton du film de super-héros : The Batman

- Riton du film de magiciens : Les Animaux fantastiques 3

- Riton du film transgenre : Matrix IV

- Riton du film post-apocalyptique : Vesper Chronicles

- Riton du film n'importe nawak : Everything Everywhere All at Once (un de mes films de l'année)

 

   J'ai aussi particulièrement apprécié des "films de genre" (action, polar et thriller).

- Riton du film ferroviaire : Bullet train (un de mes films de l'année)

- Riton du film médical : Ambulance

- Riton du film musical : Petite fleur

- Riton du film de Noël : Violent Night (un de mes films de l'année)

- Riton du film de l'Avent  : Novembre (un de mes films de l'année)

- Riton du film de l'après : Les Cinq Diables

- Riton du vrai film iranien : Marché noir

- Riton du faux film néerlandais : Amsterdam

- Riton de l'enquête inaboutie : Decision to leave (un de mes films de l'année)

- Riton de l'enquête truquée : La Conspiration du Caire (un de mes films de l'année)

 

   Dans ce monde hostile, empli de violence et d'imbécillité, j'ai pu compter sur quelques bonnes comédies pour me remonter le moral.

- Riton du film de chambre à air : Fumer fait tousser

- Riton du film de chambre mal aérée : Maison de retraite

- Riton du film de sport en chambre : Sans filtre (un de mes films de l'année)

- Riton du film de fantasme : Super-héros malgré lui

- Riton du film de justicier : The Duke

- Riton du film de justiciable : El buen patron

- Riton du film de rebelles : Choeur de rockers

 

   Les comédies abordent souvent des sujets de société, certains d'entre eux ayant été traités par des films "sérieux".

- Riton du film d'enseignant : L’École du bout du monde

- Riton du film journalistique : She Said

- Riton du film d'employée précaire : Ouistreham

- Riton du film de patron : Un autre monde

- Riton du film de classe moyenne : Don't worry darling

- Riton du film de gros bourges : Downton Abbey II (un de mes films de l'année)

- Riton du film de gros pas bourge : Wild Men

 

   Parfois, la fiction est inutile ; un (bon) documentaire suffit.

- Riton du film de piqûre : H6

- Riton du film de griffure : Lynx (un de mes films de l'année)

- Riton du film mordant : Poulet frites

- Riton du film accablant : Babi Yar. Contexte

 

   Cela m'amène tout naturellement aux films à caractère historique, un genre que d'habitude j'affectionne, mais qui m'a souvent déçu l'année passée, la plupart des œuvres vues n'étant qu'à moitié réussies.

- Riton du film de procès : L'Affaire Collini

- Riton du film familial : Les Secrets de mon père

- Riton du film pictural : Charlotte

 

   Je termine sans surprise par la catégorie la plus fournie, celle des films d'animation. Quand bien même Disney snoberait de plus en plus les salles françaises, la diversité et la qualité de la production sont telles qu'on y survit sans peine.

- Riton de l'animation historique : My Favourite War

- Riton de l'animation géopolitique : Le Voyage en Charabie

- Riton de l'animation féérique : Le Pharaon, le sauvage et la princesse

- Riton de l'animation héroïque : Buzz l'éclair

- Riton de l'animation pompière : Vaillante

- Riton de l'animation forestière : Le Roi cerf

- Riton de l'animation zoologique : Les Bad Guys

- Riton de l'animation féline : Samouraï Academy

- Riton de l'animation délinquante : Les Minions 2 (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation policière : Détective Conan - La Fiancée de Shibuya

- Riton de l'animation japonaise : Inu-Oh (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation inclassable : Junk Head (un de mes films de l'année)

 

    Malgré mes préventions envers les films français, une douzaine de films hexagonaux figurent dans ce palmarès, preuve que notre abondante production recèle quelques trésors. Le meilleur de 2022 vient toutefois (pour moi) en grande majorité de l'étranger.

 

16:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 05 janvier 2023

Tirailleurs

   Omar Sy a coproduit le film dans lequel il interprète le rôle principal, celui d'un éleveur peul, qui s'engage dans l'armée française, en 1917, pour tenter de sauver la vie de son fils enrôlé de force dans les tirailleurs sénégalais.

   Trois thématiques s'entrecroisent : le drame familial, la reconstitution historique (de la guerre) et l'exploitation coloniale. La relation père-fils constitue peut-être ce qu'il y a de plus réussi dans le film. Ce père qui ne parle quasiment pas un mot de français est touchant dans son obstination à préserver la vie de son fils aîné, que celui-ci apparaisse faible (au début) ou bien plus fort (quand il monte en grade). Néanmoins, la mise en scène de la relation conflictuelle manque un peu de finesse... et j'ai noté au moins deux maladresses. Ainsi, rien ne nous permet de comprendre comment le lieutenant a deviné que Thierno est le fils de Bakary, alors que leur secret, bien gardé, n'a pas été éventé par les autres Africains de la troupe. Le montage lui aurait mérité d'être plus soigné : lors d'une dispute père-fils, le mouvement est haché par une coupure qui ne se justifie nullement.

   La reconstitution historique a de la gueule. Les scènes de tranchées sont très honnêtement filmées et l'image m'est apparue assez soignée. Mais l'on a déjà vu aussi bien (voire mieux) ailleurs... et, là encore, il y a quelques maladresses. Ainsi, il n'est pas plausible que lors d'une annonce faite à la troupe (au garde-à-vous), aucun gradé ne fasse remarquer au soldat Bakary qu'il n'a pas son équipement au complet (notamment son casque). Dans la foulée, son unité est dirigée vers une zone de combat. Un de ses camarades lui apporte son "barda", casque inclus. Le problème est que, lorsque Bakary rejoint son unité, il ne porte tout d'abord pas son casque sur la tête... mais, au plan suivant (se déroulant dans la foulée, à la seconde près), il est montré totalement équipé, sans qu'on l'ait vu esquisser le moindre geste pour mettre son casque ! Le pire est atteint une nuit, lorsque le père s'extrait de sa tranchée pour partir à la rescousse du fils : là encore, il n'a pas pris son casque, alors que, pas très loin de là, des coups de feu sont échangés. Le réalisateur aurait dû faire rejouer ces scènes à sa vedette, pour qu'elles gagnent en crédibilité.

   D'autres invraisemblances émaillent le scénario. Il n'est pas possible qu'un double meurtre, commis en plein camp de transit des tirailleurs, ne donne lieu à aucune enquête. Cette séquence a pour seul but de montrer comment les soldats se procurent l'argent nécessaire au financement de leur fuite, mais elle est totalement déconnectée de l'ambiance de guerre. De la même façon, plus tard, quand l'un des fuyards revient au camp, on le laisse entrer comme ça, après deux vagues mots d'explication. On est en 1917 et, à l'époque, on ne plaisante pas avec la désertion. Le soldat ne pouvait qu'être arrêté... mais cela l'aurait empêché de rejoindre la tranchée où était partie son unité.

   Enfin, l'hypothèse (séduisante en théorie) du soldat inconnu tirailleur sénégalais est hautement improbable. Quand, en 1920, les militaires chargés de recueillir les restes des neuf (puis huit) soldats sur les différents champs de bataille ont procédé à des exhumations, ils se sont d'abord assurés qu'il s'agissait de soldats français (et pas d'Allemands) et qu'ils ne soient pas identifiables individuellement (auquel cas leur dépouille aurait dû être remise à leur famille). D'après l'historien Jean-François Jagielski (qui cite l'écrivain Roland Dorgelès), à au moins deux reprises, sur le champ de bataille de Verdun, on a écarté du choix les dépouilles de soldats qui semblaient être issus des colonies.

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   De surcroît, la scène d'exhumation montrée dans le film (en deux parties, au tout début et à la fin) fait apparaître des os bien blancs, dégagés de tout muscle, chair ou graisse. Or, le soldat décédé a été enterré sur place, totalement habillé, seulement trois ans auparavant. Il me semble qu'atteindre un tel état de squelettisation nécessite plus de temps, au moins cinq ans.

   Il nous reste à aborder la thématique coloniale. Les relations entre les Français métropolitains et les Africains colonisés sont mises en scène sans trop de manichéisme. Il y a bien domination des Blancs sur les Noirs, mais aussi des Noirs sur d'autres Noirs... et la majorité des Blancs représentés ne sont pas des figures négatives. L'armée est même montrée comme un facteur de promotion sociale pour les colonisés. Le propos général n'est pas une dénonciation hargneuse, revendicative, excessive, mais le souhait de préserver un certain "vivre ensemble" tout en reconnaissant le passif de l'histoire. Du film émanent paradoxalement de la douceur et de la dignité, même si, là encore, maladresse et approximation ne sont pas absentes. Je me contenterai de citer l'exemple des comportements alimentaires. Musulmans pieux, le père et le fils sénégalais s'interdisent de consommer du porc (et de l'alcool). Or, il semble qu'on en leur serve, dans le camp de transit. Aux vertueuses âmes promptes à s'indigner de l'ignoble comportement de la République colonialiste, il faut révéler que, durant le conflit, l'armée française s'est montrée très soucieuse du respect des convictions et traditions de ses soldats issus des colonies : les Indochinois ont été destinataires de rations supplémentaires de riz (et même d'assaisonnement traditionnel), tandis que les musulmans ont pu, la plupart du temps, bénéficier de repas sans porc (et remplacer le vin par du café ou du thé). De la même manière, ils ont été autorisés à suivre le jeûne du ramadan et des salles de prière ont été aménagées à leur intention, à l'arrière des combats, les aumôniers catholiques des armées étant priés de ne pas tenter de convertir. Au niveau de l'équipement, plusieurs unités ont été autorisées à personnaliser leur coiffe ou à diversifier leur armement (avec la présence autorisée de couteaux traditionnels).

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   Bref, ce n'est pas un film déshonorant, ni puant sur le fond. Mais il contient pas mal d'approximations, alors qu'il risque d'être pris par une partie de son public comme une irréprochable œuvre d'histoire.

Tirailleurs

   Omar Sy a coproduit le film dans lequel il interprète le rôle principal, celui d'un éleveur peul, qui s'engage dans l'armée française, en 1917, pour tenter de sauver la vie de son fils enrôlé de force dans les tirailleurs sénégalais.

   Trois thématiques s'entrecroisent : le drame familial, la reconstitution historique (de la guerre) et l'exploitation coloniale. La relation père-fils constitue peut-être ce qu'il y a de plus réussi dans le film. Ce père qui ne parle quasiment pas un mot de français est touchant dans son obstination à préserver la vie de son fils aîné, que celui-ci apparaisse faible (au début) ou bien plus fort (quand il monte en grade). Néanmoins, la mise en scène de la relation conflictuelle manque un peu de finesse... et j'ai noté au moins deux maladresses. Ainsi, rien ne nous permet de comprendre comment le lieutenant a deviné que Thierno est le fils de Bakary, alors que leur secret, bien gardé, n'a pas été éventé par les autres Africains de la troupe. Le montage lui aurait mérité d'être plus soigné : lors d'une dispute père-fils, le mouvement est haché par une coupure qui ne se justifie nullement.

   La reconstitution historique a de la gueule. Les scènes de tranchées sont très honnêtement filmées et l'image m'est apparue assez soignée. Mais l'on a déjà vu aussi bien (voire mieux) ailleurs... et, là encore, il y a quelques maladresses. Ainsi, il n'est pas plausible que lors d'une annonce faite à la troupe (au garde-à-vous), aucun gradé ne fasse remarquer au soldat Bakary qu'il n'a pas son équipement au complet (notamment son casque). Dans la foulée, son unité est dirigée vers une zone de combat. Un de ses camarades lui apporte son "barda", casque inclus. Le problème est que, lorsque Bakary rejoint son unité, il ne porte tout d'abord pas son casque sur la tête... mais, au plan suivant (se déroulant dans la foulée, à la seconde près), il est montré totalement équipé, sans qu'on l'ait vu esquisser le moindre geste pour mettre son casque ! Le pire est atteint une nuit, lorsque le père s'extrait de sa tranchée pour partir à la rescousse du fils : là encore, il n'a pas pris son casque, alors que, pas très loin de là, des coups de feu sont échangés. Le réalisateur aurait dû faire rejouer ces scènes à sa vedette, pour qu'elles gagnent en crédibilité.

   D'autres invraisemblances émaillent le scénario. Il n'est pas possible qu'un double meurtre, commis en plein camp de transit des tirailleurs, ne donne lieu à aucune enquête. Cette séquence a pour seul but de montrer comment les soldats se procurent l'argent nécessaire au financement de leur fuite, mais elle est totalement déconnectée de l'ambiance de guerre. De la même façon, plus tard, quand l'un des fuyards revient au camp, on le laisse entrer comme ça, après deux vagues mots d'explication. On est en 1917 et, à l'époque, on ne plaisante pas avec la désertion. Le soldat ne pouvait qu'être arrêté... mais cela l'aurait empêché de rejoindre la tranchée où était partie son unité.

   Enfin, l'hypothèse (séduisante en théorie) du soldat inconnu tirailleur sénégalais est hautement improbable. Quand, en 1920, les militaires chargés de recueillir les restes des neuf (puis huit) soldats sur les différents champs de bataille ont procédé à des exhumations, ils se sont d'abord assurés qu'il s'agissait de soldats français (et pas d'Allemands) et qu'ils ne soient pas identifiables individuellement (auquel cas leur dépouille aurait dû être remise à leur famille). D'après l'historien Jean-François Jagielski (qui cite l'écrivain Roland Dorgelès), à au moins deux reprises, sur le champ de bataille de Verdun, on a écarté du choix les dépouilles de soldats qui semblaient être issus des colonies.

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   De surcroît, la scène d'exhumation montrée dans le film (en deux parties, au tout début et à la fin) fait apparaître des os bien blancs, dégagés de tout muscle, chair ou graisse. Or, le soldat décédé a été enterré sur place, totalement habillé, seulement trois ans auparavant. Il me semble qu'atteindre un tel état de squelettisation nécessite plus de temps, au moins cinq ans.

   Il nous reste à aborder la thématique coloniale. Les relations entre les Français métropolitains et les Africains colonisés sont mises en scène sans trop de manichéisme. Il y a bien domination des Blancs sur les Noirs, mais aussi des Noirs sur d'autres Noirs... et la majorité des Blancs représentés ne sont pas des figures négatives. L'armée est même montrée comme un facteur de promotion sociale pour les colonisés. Le propos général n'est pas une dénonciation hargneuse, revendicative, excessive, mais le souhait de préserver un certain "vivre ensemble" tout en reconnaissant le passif de l'histoire. Du film émanent paradoxalement de la douceur et de la dignité, même si, là encore, maladresse et approximation ne sont pas absentes. Je me contenterai de citer l'exemple des comportements alimentaires. Musulmans pieux, le père et le fils sénégalais s'interdisent de consommer du porc (et de l'alcool). Or, il semble qu'on en leur serve, dans le camp de transit. Aux vertueuses âmes promptes à s'indigner de l'ignoble comportement de la République colonialiste, il faut révéler que, durant le conflit, l'armée française s'est montrée très soucieuse du respect des convictions et traditions de ses soldats issus des colonies : les Indochinois ont été destinataires de rations supplémentaires de riz (et même d'assaisonnement traditionnel), tandis que les musulmans ont pu, la plupart du temps, bénéficier de repas sans porc (et remplacer le vin par du café ou du thé). De la même manière, ils ont été autorisés à suivre le jeûne du ramadan et des salles de prière ont été aménagées à leur intention, à l'arrière des combats, les aumôniers catholiques des armées étant priés de ne pas tenter de convertir. Au niveau de l'équipement, plusieurs unités ont été autorisées à personnaliser leur coiffe ou à diversifier leur armement (avec la présence autorisée de couteaux traditionnels).

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   Bref, ce n'est pas un film déshonorant, ni puant sur le fond. Mais il contient pas mal d'approximations, alors qu'il risque d'être pris par une partie de son public comme une irréprochable œuvre d'histoire.

dimanche, 01 janvier 2023

Le Tourbillon de la vie

   Julia, fille de facteurs-réparateurs de pianos, est une adolescente virtuose, peut-être sur le point d'embrasser une brillante carrière internationale. Mais nous sommes en novembre 1989 et l'adolescente sage a envie de connaître l'aventure, notamment à Berlin. Le fait qu'elle concrétise ou pas ce séjour allemand (clandestin) aura de considérables conséquences sur sa vie personnelle et sa carrière. La chute d'un simple passeport peut tout faire basculer.

   Vous avez sans doute reconnu le principe de « l'effet papillon », popularisé il y a une vingtaine d'années par une fiction sentimentale portant ce titre. On peut actuellement le voir à l’œuvre dans la mini-série Vortex... et, surtout, les (vieux) cinéphiles se rappellent du diptyque Smoking / No Smoking d'Alain Resnais, avec Pierre Arditi et Sabine Azéma.

   Cette fois-ci, le rapport masculin / féminin est déséquilibré, puisque c'est le personnage de Julia qui occupe le devant de la scène. Ce sont ses actes qui déterminent l'apparition de futurs alternatifs. Va-t-elle percuter ou non le petit chariot, dans la librairie ? Une fois arrivée en caisse, va-t-elle laisser tomber l'un de ses achats, provoquant la rencontre avec le potentiel homme de sa vie ? Sera-t-elle suffisamment sûre d'elle le jour du concours Clara Schumann, au point de le remporter... ou pas ? Sera-t-elle victime d'un accident de scooter, ou pas ?

   C'est un couple, Camille et Olivier Treiner, qui a tissé les mailles de ce scénario foisonnant, dont le résultat est bien maîtrisé, grâce à un montage judicieux. Cela nécessite un minimum d'attention, mais on ne perd pas le fil. Il convient d'être vigilant à plusieurs détails : la coupe de cheveux de Julia, ses habits, la présence (ou non) d'une cicatrice sur la main droite... On passe d'une vie à l'autre, où tout n'est toutefois pas différent. Quels que soient les choix de l'héroïne, elle finit par croiser ou recroiser certains personnages de sa vie et certains événements semblent incontournables. C'est dire le tour de force qu'il a fallu pour relier d'une manière ou d'une autre tous les fils narratifs.

   Notons que l'intrigue ménage plusieurs possibilités de bonheur et de réussite professionnelle à Julia.  Dans chacune de ses vies, elle connaît au moins un échec. Elle s'en relève plus ou moins bien. C'est touchant et parfois très émouvant, comme lorsqu'une mère alitée entend, grâce à la radio, le lointain récital donné par une fille qu'elle voit peu ou quand, à la toute fin, une ancienne prof de chant est invitée à un concert privé.

   L'interprétation est très bonne. Dans le rôle des parents de Julia, on retrouve Isabelle Carré et Grégory Gadebois (qu'on a déjà vus en couple dans Délicieux). Je me dois de mettre l'accent sur un nom : Lou de Laâge qui, selon moi, réalise une performance exceptionnelle (qui mériterait un César). On l'avait remarquée dans Les Innocentes et Boîte noire mais là, franchement, elle éclabousse le film de sa beauté et (surtout) de son talent.

22:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Tourbillon de la vie

   Julia, fille de facteurs-réparateurs de pianos, est une adolescente virtuose, peut-être sur le point d'embrasser une brillante carrière internationale. Mais nous sommes en novembre 1989 et l'adolescente sage a envie de connaître l'aventure, notamment à Berlin. Le fait qu'elle concrétise ou pas ce séjour allemand (clandestin) aura de considérables conséquences sur sa vie personnelle et sa carrière. La chute d'un simple passeport peut tout faire basculer.

   Vous avez sans doute reconnu le principe de « l'effet papillon », popularisé il y a une vingtaine d'années par une fiction sentimentale portant ce titre. On peut actuellement le voir à l’œuvre dans la mini-série Vortex... et, surtout, les (vieux) cinéphiles se rappellent du diptyque Smoking / No Smoking d'Alain Resnais, avec Pierre Arditi et Sabine Azéma.

   Cette fois-ci, le rapport masculin / féminin est déséquilibré, puisque c'est le personnage de Julia qui occupe le devant de la scène. Ce sont ses actes qui déterminent l'apparition de futurs alternatifs. Va-t-elle percuter ou non le petit chariot, dans la librairie ? Une fois arrivée en caisse, va-t-elle laisser tomber l'un de ses achats, provoquant la rencontre avec le potentiel homme de sa vie ? Sera-t-elle suffisamment sûre d'elle le jour du concours Clara Schumann, au point de le remporter... ou pas ? Sera-t-elle victime d'un accident de scooter, ou pas ?

   C'est un couple, Camille et Olivier Treiner, qui a tissé les mailles de ce scénario foisonnant, dont le résultat est bien maîtrisé, grâce à un montage judicieux. Cela nécessite un minimum d'attention, mais on ne perd pas le fil. Il convient d'être vigilant à plusieurs détails : la coupe de cheveux de Julia, ses habits, la présence (ou non) d'une cicatrice sur la main droite... On passe d'une vie à l'autre, où tout n'est toutefois pas différent. Quels que soient les choix de l'héroïne, elle finit par croiser ou recroiser certains personnages de sa vie et certains événements semblent incontournables. C'est dire le tour de force qu'il a fallu pour relier d'une manière ou d'une autre tous les fils narratifs.

   Notons que l'intrigue ménage plusieurs possibilités de bonheur et de réussite professionnelle à Julia.  Dans chacune de ses vies, elle connaît au moins un échec. Elle s'en relève plus ou moins bien. C'est touchant et parfois très émouvant, comme lorsqu'une mère alitée entend, grâce à la radio, le lointain récital donné par une fille qu'elle voit peu ou quand, à la toute fin, une ancienne prof de chant est invitée à un concert privé.

   L'interprétation est très bonne. Dans le rôle des parents de Julia, on retrouve Isabelle Carré et Grégory Gadebois (qu'on a déjà vus en couple dans Délicieux). Je me dois de mettre l'accent sur un nom : Lou de Laâge qui, selon moi, réalise une performance exceptionnelle (qui mériterait un César). On l'avait remarquée dans Les Innocentes et Boîte noire mais là, franchement, elle éclabousse le film de sa beauté et (surtout) de son talent.

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Vivre

   Sorti sous le titre originel Living, ce film est le remake britannique de l'une des œuvres du maître japonais Akira Kurosawa (auquel on doit, entre autres, Rashōmon, Les Sept Samouraïs, Les Bas-Fonds, Kagemusha, Ran...). L'action se déroule au début des années 1950, dans un Londres en pleine croissance, mais où subsistent des traces de la Seconde Guerre mondiale.

   Le film repose en grande partie sur le talent de Bill Nighy, qui incarne Mr Williams, chef de service dans l'administration londonienne. Ce gentleman, comme il aime s'appeler, est un symbole de la modération conservatrice. Il s'habille toujours de la même manière (foncée), est réglé comme une horloge, se montre courtois mais un peu froid. On ne l'entend jamais prononcer un mot plus haut que l'autre et, afin d'éviter tout conflit ou esclandre, il use de la litote à la perfection.

   La première partie du film nous présente une Angleterre vintage, avec des cols blancs habitant en banlieue proche de la capitale (ici, dans le Surrey), où ils se rendent quotidiennement en train. On découvre un monde fait d'apparences et de rituels, dont nous sommes informés en suivant les débuts d'un nouvel employé du service des Travaux publics. C'est aussi, indirectement, une satire de la fonction publique municipale, où beaucoup de monde fait semblant de travailler et se défausse à la première occasion sur un autre service. Les pérégrinations d'un trio de femmes cherchant à accélérer l'aménagement d'une aire de jeux ne sont pas sans rappeler celles d'un duo de célèbres Gaulois dans Les 12 travaux d'Astérix...

   La routine ennuyeuse du héros est perturbée par un rendez-vous médical, qui l'oblige -fait exceptionnel- à quitter son travail plus tôt que prévu. Mais, surtout, il apprend à cette occasion qu'il est atteint d'une maladie incurable. Cela remet en question toutes ses certitudes. La mise en scène suggère qu'il a d'abord songé au suicide... avant de se raviser. Il choisit de goûter un peu plus aux plaisirs de la vie, ce à quoi il avait renoncé après le décès précoce de son épouse, se consacrant pleinement à son travail et à l'éducation de son fils unique.

   Deux personnes vont aider Mr Williams à mieux profiter de la vie : un ancien fêtard, qui lui fait découvrir le Londres underground et une jeune employée de la mairie, si fraîche et colorée à côté du terne fonctionnaire. Mais cela ne va pas suffire à celui-ci. Une nouvelle rupture intervient, que je ne vais pas raconter.

   Comme son devancier japonais, le film britannique ne s'achève pas à la mort du héros. Le dernier tiers de l'histoire se déroule après celle-ci. Certains retours en arrière permettent de combler les ellipses de la deuxième partie. C'est aussi à ce moment-là que le questionnement personnel se fait le plus fort : qu'as-tu fait de ta vie et que comptes-tu en faire à présent ? C'est très fort et Bill Nighy est particulièrement émouvant dans le rôle principal.

   Ce n'est clairement pas le film le plus gai du moment, mais c'est pour moi l'un des plus beaux.

17:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Vivre

   Sorti sous le titre originel Living, ce film est le remake britannique de l'une des œuvres du maître japonais Akira Kurosawa (auquel on doit, entre autres, Rashōmon, Les Sept Samouraïs, Les Bas-Fonds, Kagemusha, Ran...). L'action se déroule au début des années 1950, dans un Londres en pleine croissance, mais où subsistent des traces de la Seconde Guerre mondiale.

   Le film repose en grande partie sur le talent de Bill Nighy, qui incarne Mr Williams, chef de service dans l'administration londonienne. Ce gentleman, comme il aime s'appeler, est un symbole de la modération conservatrice. Il s'habille toujours de la même manière (foncée), est réglé comme une horloge, se montre courtois mais un peu froid. On ne l'entend jamais prononcer un mot plus haut que l'autre et, afin d'éviter tout conflit ou esclandre, il use de la litote à la perfection.

   La première partie du film nous présente une Angleterre vintage, avec des cols blancs habitant en banlieue proche de la capitale (ici, dans le Surrey), où ils se rendent quotidiennement en train. On découvre un monde fait d'apparences et de rituels, dont nous sommes informés en suivant les débuts d'un nouvel employé du service des Travaux publics. C'est aussi, indirectement, une satire de la fonction publique municipale, où beaucoup de monde fait semblant de travailler et se défausse à la première occasion sur un autre service. Les pérégrinations d'un trio de femmes cherchant à accélérer l'aménagement d'une aire de jeux ne sont pas sans rappeler celles d'un duo de célèbres Gaulois dans Les 12 travaux d'Astérix...

   La routine ennuyeuse du héros est perturbée par un rendez-vous médical, qui l'oblige -fait exceptionnel- à quitter son travail plus tôt que prévu. Mais, surtout, il apprend à cette occasion qu'il est atteint d'une maladie incurable. Cela remet en question toutes ses certitudes. La mise en scène suggère qu'il a d'abord songé au suicide... avant de se raviser. Il choisit de goûter un peu plus aux plaisirs de la vie, ce à quoi il avait renoncé après le décès précoce de son épouse, se consacrant pleinement à son travail et à l'éducation de son fils unique.

   Deux personnes vont aider Mr Williams à mieux profiter de la vie : un ancien fêtard, qui lui fait découvrir le Londres underground et une jeune employée de la mairie, si fraîche et colorée à côté du terne fonctionnaire. Mais cela ne va pas suffire à celui-ci. Une nouvelle rupture intervient, que je ne vais pas raconter.

   Comme son devancier japonais, le film britannique ne s'achève pas à la mort du héros. Le dernier tiers de l'histoire se déroule après celle-ci. Certains retours en arrière permettent de combler les ellipses de la deuxième partie. C'est aussi à ce moment-là que le questionnement personnel se fait le plus fort : qu'as-tu fait de ta vie et que comptes-tu en faire à présent ? C'est très fort et Bill Nighy est particulièrement émouvant dans le rôle principal.

   Ce n'est clairement pas le film le plus gai du moment, mais c'est pour moi l'un des plus beaux.

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Unicorn Wars

   Cette coproduction franco-espagnole est un film d'animation destiné aux adultes. On peut y voir de charmants oursons mener une guerre sanguinaire contre des licornes, au sein d'une forêt magique où vit un monstre, tapi dans l'ombre.

   Le début montre la formation des oursons guerriers. Ces sortes d'enfants / d'adolescents en peluche subissent un entraînement qui n'est pas sans rappeler celui mis en scène dans Full Metal Jacket, avec un instructeur odieux, éructant des insanités. La suite de l'histoire contient d'autres références à des films de guerre (sur le Vietnam), comme Platoon, Apocalypse now et peut-être Voyage au bout de l'enfer.

   Le propos est clairement antimilitariste et anti-guerre, mélangeant la fausse innocence des oursons à la violence physique et morale de leur entraînement. Certains des personnages en sortent traumatisés et l'un d'entre eux se révèle psychopathe.

   Au départ, le procédé est intéressant, mais le mélange de situations quasi enfantines et de la violence guerrière finit par lasser. En face on nous dépeint le monde des licornes comme magnifique et enchanté... sauf quand elles doivent affronter les oursons. Là, cela devient franchement gore.

   Cela donne le ton de la suite, avec une guerre qui commence comme une escarmouche, pour s'achever en génocide, le tout accompagné de l'exaltation factice de l'héroïsme guerrier et d'un habillage religieux fanatisant.

   La morale de l'histoire ? Ce monde mi-enchanteur mi-cauchemardesque est l'ancêtre du nôtre, puisque les humains sont issus du mélange des oursons et des licornes.

11:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Unicorn Wars

   Cette coproduction franco-espagnole est un film d'animation destiné aux adultes. On peut y voir de charmants oursons mener une guerre sanguinaire contre des licornes, au sein d'une forêt magique où vit un monstre, tapi dans l'ombre.

   Le début montre la formation des oursons guerriers. Ces sortes d'enfants / d'adolescents en peluche subissent un entraînement qui n'est pas sans rappeler celui mis en scène dans Full Metal Jacket, avec un instructeur odieux, éructant des insanités. La suite de l'histoire contient d'autres références à des films de guerre (sur le Vietnam), comme Platoon, Apocalypse now et peut-être Voyage au bout de l'enfer.

   Le propos est clairement antimilitariste et anti-guerre, mélangeant la fausse innocence des oursons à la violence physique et morale de leur entraînement. Certains des personnages en sortent traumatisés et l'un d'entre eux se révèle psychopathe.

   Au départ, le procédé est intéressant, mais le mélange de situations quasi enfantines et de la violence guerrière finit par lasser. En face on nous dépeint le monde des licornes comme magnifique et enchanté... sauf quand elles doivent affronter les oursons. Là, cela devient franchement gore.

   Cela donne le ton de la suite, avec une guerre qui commence comme une escarmouche, pour s'achever en génocide, le tout accompagné de l'exaltation factice de l'héroïsme guerrier et d'un habillage religieux fanatisant.

   La morale de l'histoire ? Ce monde mi-enchanteur mi-cauchemardesque est l'ancêtre du nôtre, puisque les humains sont issus du mélange des oursons et des licornes.

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samedi, 31 décembre 2022

Choeur de rockers

   Composé d'un jeu de mots, le titre fait penser à une célèbre chanson de Julien Clerc... qu'on n'entend pas dans le film. Elle n'est sans doute pas assez rock'n'roll pour les membres de cette chorale atypique, qui préfèrent la musique qui déménage aux mélodies sirupeuses.

   Cette histoire de réprouvés, malheureux dans la vie, qui vont s'épanouir dans une activité où personne ne pensait qu'ils pourraient exceller, en rappelle d'autres, de The Full Monty au Grand Bain. On l'aura compris : il s'agit d'un feel good movie, avec un arrière-plan sociétal... et c'est une histoire vraie !

   Cela commence par le portrait d'une intermittente du spectacle dans la dèche (Mathilde Seigner, efficace), de concerts minables en fins de mois difficiles, sans parler d'une vie familiale éclatée, divorce à la clé. Dit comme cela, cela paraît assez manichéen, mais c'est mis en scène avec un minimum de subtilité. Aux manettes se trouve un duo : l'actrice Ida Techer et Luc Bricault qui, comme assistant-réalisateur, a contribué à des réussites comme Pauline détective, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, Les Cowboys et Le Secret des banquises.

   Une fois le groupe formé, avec un objectif défini (mais tenu secret), cela marche comme sur des roulettes, avec une pléiade d'acteurs connus du public français : Andréa Ferréol (formidable), Bernard Le Coq (touchant), Anne Benoit (épatante), Patrick Rocca (tonitruant)... On se régale.

   L'arrière-plan est un peu moins rutilant. Presque tous les "choristes", âgés de 65 à 85 ans environ, sont veufs ou divorcés. Le lien avec les enfants (quand il y en a) est souvent coupé. Ce sont les petits-enfants qui sont, dans de (trop) rares cas, les accompagnants du quotidien. J'ai bien aimé ces intermèdes familiaux, qui permettent de comprendre pourquoi ces retraités prennent autant de plaisir à chanter ensemble.

    Notons que l'histoire a été écrite de manière à ce que la trajectoire du groupe ne paraisse pas trop linéaire. Deux « incidents » vont perturber l'harmonie du groupe, qui s'est finalement reconstitué, regonflé à bloc grâce à un petit coup d'éclat sur lequel se conclut le film.

   Je recommande vivement. La musique est chouette et l'on sort de là le sourire aux lèvres.

 

BONNE ANNÉE !

20:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Choeur de rockers

   Composé d'un jeu de mots, le titre fait penser à une célèbre chanson de Julien Clerc... qu'on n'entend pas dans le film. Elle n'est sans doute pas assez rock'n'roll pour les membres de cette chorale atypique, qui préfèrent la musique qui déménage aux mélodies sirupeuses.

   Cette histoire de réprouvés, malheureux dans la vie, qui vont s'épanouir dans une activité où personne ne pensait qu'ils pourraient exceller, en rappelle d'autres, de The Full Monty au Grand Bain. On l'aura compris : il s'agit d'un feel good movie, avec un arrière-plan sociétal... et c'est une histoire vraie !

   Cela commence par le portrait d'une intermittente du spectacle dans la dèche (Mathilde Seigner, efficace), de concerts minables en fins de mois difficiles, sans parler d'une vie familiale éclatée, divorce à la clé. Dit comme cela, cela paraît assez manichéen, mais c'est mis en scène avec un minimum de subtilité. Aux manettes se trouve un duo : l'actrice Ida Techer et Luc Bricault qui, comme assistant-réalisateur, a contribué à des réussites comme Pauline détective, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, Les Cowboys et Le Secret des banquises.

   Une fois le groupe formé, avec un objectif défini (mais tenu secret), cela marche comme sur des roulettes, avec une pléiade d'acteurs connus du public français : Andréa Ferréol (formidable), Bernard Le Coq (touchant), Anne Benoit (épatante), Patrick Rocca (tonitruant)... On se régale.

   L'arrière-plan est un peu moins rutilant. Presque tous les "choristes", âgés de 65 à 85 ans environ, sont veufs ou divorcés. Le lien avec les enfants (quand il y en a) est souvent coupé. Ce sont les petits-enfants qui sont, dans de (trop) rares cas, les accompagnants du quotidien. J'ai bien aimé ces intermèdes familiaux, qui permettent de comprendre pourquoi ces retraités prennent autant de plaisir à chanter ensemble.

    Notons que l'histoire a été écrite de manière à ce que la trajectoire du groupe ne paraisse pas trop linéaire. Deux « incidents » vont perturber l'harmonie du groupe, qui s'est finalement reconstitué, regonflé à bloc grâce à un petit coup d'éclat sur lequel se conclut le film.

   Je recommande vivement. La musique est chouette et l'on sort de là le sourire aux lèvres.

 

BONNE ANNÉE !

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vendredi, 30 décembre 2022

Caravage

   Ce film ambitieux, engagé, n'est pas un biopic, puisqu'il ne s'intéresse qu'aux dernières années de la vie du peintre italien Michelangelo Merisi, surnommé en France Le Caravage (du nom de la petite ville d'où est originaire sa famille). L'action se déroule entre la toute fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, principalement entre Rome et Naples, où habitent les puissantes familles qui soutiennent ou détestent le peintre anticonformiste. Un envoyé du Pape dirige une enquête de moralité sur Le Caravage. Au fur et à mesure des entretiens qu'il mène, on découvre le passé récent du peintre, par l'entremise de retours en arrière.

   Plus que sa technique ou ses choix de couleurs, le réalisateur s'étend sur sa vie et ses opinions, qui ont choqué l’Église catholique (où il a cependant trouvé quelques soutiens) et les bien-pensants de l'époque. Avec gourmandise, Michele Placido filme un peintre bien membré, jouisseur, bisexuel et partouzeur. Ses amours, masculines comme féminines, sont multiples. Dans le lot, il est d'ailleurs difficile de distinguer ce qui ressort de l'inclination naturelle ou du calcul.

   La force du film tient dans la mise en scène des choix de l'artiste, qui ose prendre des gueux et des prostituées comme modèles, pour peindre des scènes de la Bible ! Cependant, on ne le voit pas à l’œuvre. Quelques plans ont été insérés pour nous montrer son matériel et des ébauches dans un atelier, mais il manque la technique picturale, les retouches, l'art de créer. On sent que ce n'est pas ce qui intéresse le réalisateur, qui fait un film politique. Au passage, il évoque le statut des femmes, priées de choisir entre le statut de quasi-sainte et celui de prostituée. Celles qui, comme la jeune Artemisia Gentileschi, voudraient tracer leur propre chemin, sont mal vues.

   Au niveau de la forme, je pense que Placido a conçu son film lui-même comme un hommage aux peintures. Un gros travail semble avoir été fait sur la lumière et les décors. Il y règne une ambiance souvent sombre, en clair-obscur, avec des illuminations. Saleté, sueur, pisse et sperme côtoient la grâce et le génie.

   L'interprétation est correcte, mais un peu scolaire, ou parfois outrancière (théâtrale ?). Riccardo Scamarcio (vu dans John Wick 2 et Les Traducteurs) tient la route dans la peau du peintre. Son principal antagoniste est un inquisiteur appelé "L'Ombre", interprété par Louis Garrel. Il est très bon dans le registre sombre, inquiétant. Son jeu atteint ses limites quand il est question de faire sentir que son personnage, bien que moralement outré par la vie du peintre, est conquis par son œuvre.

   La fin est un peu trop rocambolesque à mon goût... et sans doute pas conforme à la réalité historique. Mais le réalisateur avait besoin de conclure sur un moment fort.

Caravage

   Ce film ambitieux, engagé, n'est pas un biopic, puisqu'il ne s'intéresse qu'aux dernières années de la vie du peintre italien Michelangelo Merisi, surnommé en France Le Caravage (du nom de la petite ville d'où est originaire sa famille). L'action se déroule entre la toute fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, principalement entre Rome et Naples, où habitent les puissantes familles qui soutiennent ou détestent le peintre anticonformiste. Un envoyé du Pape dirige une enquête de moralité sur Le Caravage. Au fur et à mesure des entretiens qu'il mène, on découvre le passé récent du peintre, par l'entremise de retours en arrière.

   Plus que sa technique ou ses choix de couleurs, le réalisateur s'étend sur sa vie et ses opinions, qui ont choqué l’Église catholique (où il a cependant trouvé quelques soutiens) et les bien-pensants de l'époque. Avec gourmandise, Michele Placido filme un peintre bien membré, jouisseur, bisexuel et partouzeur. Ses amours, masculines comme féminines, sont multiples. Dans le lot, il est d'ailleurs difficile de distinguer ce qui ressort de l'inclination naturelle ou du calcul.

   La force du film tient dans la mise en scène des choix de l'artiste, qui ose prendre des gueux et des prostituées comme modèles, pour peindre des scènes de la Bible ! Cependant, on ne le voit pas à l’œuvre. Quelques plans ont été insérés pour nous montrer son matériel et des ébauches dans un atelier, mais il manque la technique picturale, les retouches, l'art de créer. On sent que ce n'est pas ce qui intéresse le réalisateur, qui fait un film politique. Au passage, il évoque le statut des femmes, priées de choisir entre le statut de quasi-sainte et celui de prostituée. Celles qui, comme la jeune Artemisia Gentileschi, voudraient tracer leur propre chemin, sont mal vues.

   Au niveau de la forme, je pense que Placido a conçu son film lui-même comme un hommage aux peintures. Un gros travail semble avoir été fait sur la lumière et les décors. Il y règne une ambiance souvent sombre, en clair-obscur, avec des illuminations. Saleté, sueur, pisse et sperme côtoient la grâce et le génie.

   L'interprétation est correcte, mais un peu scolaire, ou parfois outrancière (théâtrale ?). Riccardo Scamarcio (vu dans John Wick 2 et Les Traducteurs) tient la route dans la peau du peintre. Son principal antagoniste est un inquisiteur appelé "L'Ombre", interprété par Louis Garrel. Il est très bon dans le registre sombre, inquiétant. Son jeu atteint ses limites quand il est question de faire sentir que son personnage, bien que moralement outré par la vie du peintre, est conquis par son œuvre.

   La fin est un peu trop rocambolesque à mon goût... et sans doute pas conforme à la réalité historique. Mais le réalisateur avait besoin de conclure sur un moment fort.

mercredi, 28 décembre 2022

Vortex

   C'est le titre d'une mini-série inédite, que la chaîne France 2 est sur le point de diffuser, en janvier 2023, et dont les six épisodes sont déjà disponibles sur le site FranceTV.

   2025. Ludovic Béguin, commandant de police, démarre une enquête sur un meurtre maquillé en suicide. Le cadavre de la victime était sur une plage, la même que celle sur laquelle avait été retrouvé le corps de son épouse Mélanie, 27 ans plus tôt. A l'époque, on avait conclu à un accident.

   Plusieurs détails mettent la puce à l'oreille du policier, en particulier quand il commence à exploiter l'analyse de la scène de crime à partir du programme de réalité virtuelle dont son service vient de se doter. Au cours d'une immersion dans la version numérique de la plage, un bug se produit... et une faille temporelle le met en contact avec sa compagne telle qu'elle était, 27 ans auparavant, quelques semaines avant sa mort. Si l'on accepte cet aspect (hautement invraisemblable) de l'intrigue, la suite devient passionnante.

   Le Ludovic de 2025 et la Mélanie de 1998 vont se lancer dans une incroyable enquête, en veillant à ne pas alerter leur entourage... et à faire attention aux conséquences de leurs actes. Plusieurs épisodes mettent en scène ce qu'on appelle l'effet papillon, où comment une légère modification du passé a des conséquences démesurées sur le "présent".

télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,cinéma,cinema,film,films

   Cela fonctionne parce que le duo d'acteurs principaux (Tomer Sisley et Camille Claris) est très convaincant. Ils sont bien épaulés par une pléiade de seconds rôles chevronnés. La musique accompagne parfaitement une histoire servie par de bons effets spéciaux.

   Même si parfois il y a quelques longueurs, j'ai apprécié les arborescences de l'intrigue. Le policier a refait sa vie et a eu un deuxième enfant avec sa nouvelle compagne, tandis que la fille de Mélanie connaît des destins variés en fonction de la version du futur qui découle de l'intervention de ses deux parents, à distance. La partie polar est elle aussi plutôt réussie, les scénaristes nous proposant plusieurs coupables possibles.

   L'écriture est assez maline pour suggérer la possible existence d'une boucle temporelle : la mort de Mélanie en 1998 pourrait être la conséquence de l'intervention du Ludovic de 2025, provoquée par la découverte de l'existence d'un tueur en série... à la naissance duquel son enquête va peut-être contribuer.

   A cet égard, le dernier épisode m'a agréablement surpris. On semblait s'acheminer vers une fin convenue, un peu trop larmoyante. Le dernier "effet papillon" est le plus surprenant et il permet de conclure l'histoire de manière assez originale.

   P.S.

   Les téléspectateurs soucieux de la bonne expression française risquent d'être irrités par la manière dont le héros rédige l'un de ses rapports, au cours du premier épisode de la série :

télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,cinéma,cinema,film,films

   Je ne sais pas si cela fait partie du scénario ou si c'est dû à l'approximative maîtrise du français de Tomer Sisley ou d'un(e) employé(e) de la production, mais ce rapport est, dans sa seconde partie, truffé de fautes.

Vortex

   C'est le titre d'une mini-série inédite, que la chaîne France 2 est sur le point de diffuser, en janvier 2023, et dont les six épisodes sont déjà disponibles sur le site FranceTV.

   2025. Ludovic Béguin, commandant de police, démarre une enquête sur un meurtre maquillé en suicide. Le cadavre de la victime était sur une plage, la même que celle sur laquelle avait été retrouvé le corps de son épouse Mélanie, 27 ans plus tôt. A l'époque, on avait conclu à un accident.

   Plusieurs détails mettent la puce à l'oreille du policier, en particulier quand il commence à exploiter l'analyse de la scène de crime à partir du programme de réalité virtuelle dont son service vient de se doter. Au cours d'une immersion dans la version numérique de la plage, un bug se produit... et une faille temporelle le met en contact avec sa compagne telle qu'elle était, 27 ans auparavant, quelques semaines avant sa mort. Si l'on accepte cet aspect (hautement invraisemblable) de l'intrigue, la suite devient passionnante.

   Le Ludovic de 2025 et la Mélanie de 1998 vont se lancer dans une incroyable enquête, en veillant à ne pas alerter leur entourage... et à faire attention aux conséquences de leurs actes. Plusieurs épisodes mettent en scène ce qu'on appelle l'effet papillon, où comment une légère modification du passé a des conséquences démesurées sur le "présent".

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   Cela fonctionne parce que le duo d'acteurs principaux (Tomer Sisley et Camille Claris) est très convaincant. Ils sont bien épaulés par une pléiade de seconds rôles chevronnés. La musique accompagne parfaitement une histoire servie par de bons effets spéciaux.

   Même si parfois il y a quelques longueurs, j'ai apprécié les arborescences de l'intrigue. Le policier a refait sa vie et a eu un deuxième enfant avec sa nouvelle compagne, tandis que la fille de Mélanie connaît des destins variés en fonction de la version du futur qui découle de l'intervention de ses deux parents, à distance. La partie polar est elle aussi plutôt réussie, les scénaristes nous proposant plusieurs coupables possibles.

   L'écriture est assez maline pour suggérer la possible existence d'une boucle temporelle : la mort de Mélanie en 1998 pourrait être la conséquence de l'intervention du Ludovic de 2025, provoquée par la découverte de l'existence d'un tueur en série... à la naissance duquel son enquête va peut-être contribuer.

   A cet égard, le dernier épisode m'a agréablement surpris. On semblait s'acheminer vers une fin convenue, un peu trop larmoyante. Le dernier "effet papillon" est le plus surprenant et il permet de conclure l'histoire de manière assez originale.

   P.S.

   Les téléspectateurs soucieux de la bonne expression française risquent d'être irrités par la manière dont le héros rédige l'un de ses rapports, au cours du premier épisode de la série :

télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,cinéma,cinema,film,films

   Je ne sais pas si cela fait partie du scénario ou si c'est dû à l'approximative maîtrise du français de Tomer Sisley ou d'un(e) employé(e) de la production, mais ce rapport est, dans sa seconde partie, truffé de fautes.

vendredi, 23 décembre 2022

Le Torrent

   Ce torrent n'est pas que le cours d'eau qui emporte le corps (sans vie ?) de l'épouse d'un chef d'entreprise, il est aussi le flux d'émotions qui traverse les personnages, les faisant évoluer et faisant évoluer le regard que les spectateurs portent sur eux.

   Cela commence par la vision d'une famille (presque idyllique) : le père chef d'entreprise (Alexandre) vient de réaliser une grosse vente à l'export, la fille vient d'avoir le permis de conduire. Le soir, ils se retrouvent dans le chalet familial, à proximité de Gérardmer (dans les Vosges), où ils retrouvent la ravissante épouse d'Alexandre et le petit dernier de la famille, Darius.

   On comprend toutefois assez vite que ce tableau est un peu mensonger. Le père, qui semble adorer sa fille, ne la reçoit qu'un week-end sur deux. Il est divorcé de sa mère et a visiblement choisi de refaire sa vie avec une personne plus jeune, plus mince, plus "glamour", avec laquelle il a eu un fils. Mais cette nouvelle relation bat un peu de l'aile.

   La disparition (puis la réapparition, dans des circonstances que je ne révèlerai pas) de la seconde épouse sème le trouble, mais sert aussi de révélateur. Le patron dynamique, plutôt sympathique et joyeux du début (très bon José Garcia) laisse place à un individu calculateur, assez égocentrique. Au cœur de l'intrigue se trouve la relation qu'il entretient avec sa fille... ainsi que celle qu'entretient son beau-père avec sa propre fille, la seconde épouse d'Alexandre. Ce beau-père de plus en plus soupçonneux est incarné par André Dussolier.

   Une ambiance de polar flotte sur ce drame familial, même si ce n'est pas tant la résolution de l'énigme qui importe que les relations entre les protagonistes. Anne Le Ny (dont j'avais bien aimé le premier film, Ceux qui restent) a choisi d'incarner la capitaine de gendarmerie qui enquête sur la disparition de la seconde épouse. Derrière la caméra, elle interroge les motivations profondes de ses personnages, s'appuyant sur une bonne distribution. Aux comédiens déjà cités on peut ajouter Capucine Valmary, Ophelia Kolb et Victor Pontecorvo.

   Ce n'est pas un chef-d’œuvre, mais un bon film de genre, qui joue sur les nuances. Une bonne surprise, pour moi.

10:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Torrent

   Ce torrent n'est pas que le cours d'eau qui emporte le corps (sans vie ?) de l'épouse d'un chef d'entreprise, il est aussi le flux d'émotions qui traverse les personnages, les faisant évoluer et faisant évoluer le regard que les spectateurs portent sur eux.

   Cela commence par la vision d'une famille (presque idyllique) : le père chef d'entreprise (Alexandre) vient de réaliser une grosse vente à l'export, la fille vient d'avoir le permis de conduire. Le soir, ils se retrouvent dans le chalet familial, à proximité de Gérardmer (dans les Vosges), où ils retrouvent la ravissante épouse d'Alexandre et le petit dernier de la famille, Darius.

   On comprend toutefois assez vite que ce tableau est un peu mensonger. Le père, qui semble adorer sa fille, ne la reçoit qu'un week-end sur deux. Il est divorcé de sa mère et a visiblement choisi de refaire sa vie avec une personne plus jeune, plus mince, plus "glamour", avec laquelle il a eu un fils. Mais cette nouvelle relation bat un peu de l'aile.

   La disparition (puis la réapparition, dans des circonstances que je ne révèlerai pas) de la seconde épouse sème le trouble, mais sert aussi de révélateur. Le patron dynamique, plutôt sympathique et joyeux du début (très bon José Garcia) laisse place à un individu calculateur, assez égocentrique. Au cœur de l'intrigue se trouve la relation qu'il entretient avec sa fille... ainsi que celle qu'entretient son beau-père avec sa propre fille, la seconde épouse d'Alexandre. Ce beau-père de plus en plus soupçonneux est incarné par André Dussolier.

   Une ambiance de polar flotte sur ce drame familial, même si ce n'est pas tant la résolution de l'énigme qui importe que les relations entre les protagonistes. Anne Le Ny (dont j'avais bien aimé le premier film, Ceux qui restent) a choisi d'incarner la capitaine de gendarmerie qui enquête sur la disparition de la seconde épouse. Derrière la caméra, elle interroge les motivations profondes de ses personnages, s'appuyant sur une bonne distribution. Aux comédiens déjà cités on peut ajouter Capucine Valmary, Ophelia Kolb et Victor Pontecorvo.

   Ce n'est pas un chef-d’œuvre, mais un bon film de genre, qui joue sur les nuances. Une bonne surprise, pour moi.

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mercredi, 21 décembre 2022

Le Voyage en Charabie

   Dix ans plus tard, revoilà Ernest et Célestine dans les salles obscures. Entre temps, l'ours musicien grincheux et la petite souris débrouillarde ont eu les honneurs du petit écran.

   L'histoire commence un peu avant le début du printemps. Le réveil est laborieux pour Ernest, qui aimerait bien continuer à hiberner... et qui a diablement faim. De son côté, Célestine fait de son mieux, mais elle commet des maladresses : le violon d'Ernest tombe et se brise. C'est un « stradivariours », un must en matière de violon d'ours. Seul un célèbre luthier, résidant en Charabie (le pays d'origine d'Ernest), pourrait le réparer.

   Je ne raconterai pas comment les deux compères finissent par se rendre (séparément, puis ensemble) dans ce mystérieux pays d'Orient, où l'on écrit en caractères cyrilliques... qui se prononcent "à la française". C'est savoureux, à condition de laisser un peu sa rationalité au vestiaire.

   Le contexte musical semble être celui de l'Europe centrale et orientale, la musique au violon évoquant les folklores yiddish et tsigane. La Charabie (que Célestine prononce "Sarabie") pourrait être un décalque (par aphérèse) de la Bessarabie. Mais le nom (Charabie) ainsi que l'interdit portant sur la musique font aussi immanquablement penser à un régime totalitaire islamiste, tel celui qui sévit (bien que l'écrasante majorité de la population des pays suivants ne soit pas arabe) en Afghanistan ou celui que les gardiens de la Révolution aimeraient bien restaurer en Iran. "Charabie" mène aussi bien à "charabia" qu'à "charia"... De surcroît, la position dominante de certains juges, coiffés d'un grand fez, n'est pas sans rappeler le rôle des religieux de haut rang, dans certains pays musulmans.

   C'est la grande habileté du scénario de ce film d'animation d'apparence modeste, mais vachement bien foutu en réalité. Les héros luttent pour le droit à la musique, à la diversité... et celui de choisir le métier qui leur plaît. Cela parle aux enfants, touchés par cette histoire de conflit père-fils et père-fille.

   L'animation est de la même qualité que dans le précédent film. C'est du cousu main, moulé à la louche, roulé sous les aisselles. Les expressions des visages ont été particulièrement travaillées. Cela donne une animation à la fois lisse et expressive, assez jolie à voir. Dans la salle où je me trouvais, en tout début de séance, un petit garçon pleurait (parce qu'il n'avait pas pu aller voir Le Chat Potté 2). Eh bien, dès que le film a commencé, il s'est tu, jusqu'à la fin.

   Je recommande vivement ce film, pour ses qualités graphiques, pour sa musique entraînante, son intrigue rocambolesque et son arrière-plan politique.

   P.S.

   En complément (même si je m'éloigne un peu du sujet), je recommande la lecture du supplément magazine du Monde paru samedi dernier, un numéro spécial consacré à l'Iran, qui contient des contributions de grande qualité :

cinéma,cinema,film,films

19:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Voyage en Charabie

   Dix ans plus tard, revoilà Ernest et Célestine dans les salles obscures. Entre temps, l'ours musicien grincheux et la petite souris débrouillarde ont eu les honneurs du petit écran.

   L'histoire commence un peu avant le début du printemps. Le réveil est laborieux pour Ernest, qui aimerait bien continuer à hiberner... et qui a diablement faim. De son côté, Célestine fait de son mieux, mais elle commet des maladresses : le violon d'Ernest tombe et se brise. C'est un « stradivariours », un must en matière de violon d'ours. Seul un célèbre luthier, résidant en Charabie (le pays d'origine d'Ernest), pourrait le réparer.

   Je ne raconterai pas comment les deux compères finissent par se rendre (séparément, puis ensemble) dans ce mystérieux pays d'Orient, où l'on écrit en caractères cyrilliques... qui se prononcent "à la française". C'est savoureux, à condition de laisser un peu sa rationalité au vestiaire.

   Le contexte musical semble être celui de l'Europe centrale et orientale, la musique au violon évoquant les folklores yiddish et tsigane. La Charabie (que Célestine prononce "Sarabie") pourrait être un décalque (par aphérèse) de la Bessarabie. Mais le nom (Charabie) ainsi que l'interdit portant sur la musique font aussi immanquablement penser à un régime totalitaire islamiste, tel celui qui sévit (bien que l'écrasante majorité de la population des pays suivants ne soit pas arabe) en Afghanistan ou celui que les gardiens de la Révolution aimeraient bien restaurer en Iran. "Charabie" mène aussi bien à "charabia" qu'à "charia"... De surcroît, la position dominante de certains juges, coiffés d'un grand fez, n'est pas sans rappeler le rôle des religieux de haut rang, dans certains pays musulmans.

   C'est la grande habileté du scénario de ce film d'animation d'apparence modeste, mais vachement bien foutu en réalité. Les héros luttent pour le droit à la musique, à la diversité... et celui de choisir le métier qui leur plaît. Cela parle aux enfants, touchés par cette histoire de conflit père-fils et père-fille.

   L'animation est de la même qualité que dans le précédent film. C'est du cousu main, moulé à la louche, roulé sous les aisselles. Les expressions des visages ont été particulièrement travaillées. Cela donne une animation à la fois lisse et expressive, assez jolie à voir. Dans la salle où je me trouvais, en tout début de séance, un petit garçon pleurait (parce qu'il n'avait pas pu aller voir Le Chat Potté 2). Eh bien, dès que le film a commencé, il s'est tu, jusqu'à la fin.

   Je recommande vivement ce film, pour ses qualités graphiques, pour sa musique entraînante, son intrigue rocambolesque et son arrière-plan politique.

   P.S.

   En complément (même si je m'éloigne un peu du sujet), je recommande la lecture du supplément magazine du Monde paru samedi dernier, un numéro spécial consacré à l'Iran, qui contient des contributions de grande qualité :

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19:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 18 décembre 2022

Avatar 2 (en 2D)

   Le film "cartonne" en salle, plusieurs séances affichant régulièrement « complet ». Je me suis dirigé vers une en version originale sous-titrée, en plein match de coupe du monde. Au moins là, quand je voyais du bleu, il n'était question ni de Français ni d'Argentin !

   La première heure est presque un replay du premier film, ressorti dans les salles en septembre dernier. On revoit les mêmes paysages, une partie des personnages, avec quelques nouveaux... et quelques retouches. Les scénaristes (et les responsables de l'animation) ont réussi le tour de force de ressusciter Grace Augustine (Sigourney Weaver)... en deux versions ! J'ai aussi pris plaisir à retrouver le super-méchant d'il y a treize ans, un peu « transplanté » certes, mais toujours avec le talent de Stephen Lang.

   C'est le (très) grand point fort de ce film, que de réussir à nous faire ava(tar)ler un peu tout et n'importe quoi grâce à la technologie numérique. On y trouve aussi diverses références aux précédentes œuvres de James Cameron : des vaisseaux futuristes et de grosses bêtes aux dents pointues (Aliens le retour), une machine à tuer qui s'humanise un peu (Terminator), de splendides fonds marins (Abyss)... et un vaisseau qui coule (coucou Titanic !). On sent que, sur la forme comme sur le fond, Avatar et ses suites constituent le testament artistique et politique du cinéaste.

   La deuxième partie voit la jeune garde passer au premier plan. Le peuple des forêts, inspiré d'Africains et d'Amérindiens, entre en contact avec un autre, semi-aquatique, sans doute calqué sur des Mélanésiens. Sans surprise, les jeunes vont faire des conneries. On se compare les queues, on se moque, on rivalise d'inconscience d'intrépidité, on tombe parfois amoureux. Dans ce florilège convenu destiné à accrocher le public adolescent, je distingue le personnage de Kiri... qui n'est pas un fromage, mais une « mini-Sigourney », dont le rapport à la nature va jouer un rôle clé dans l'intrigue... et qui bénéficie d'effets spéciaux étourdissants.

cinéma,cinema,film,films

   Cette partie met en scène d'impressionnantes baleines mystiques, les Tulkuns. Au niveau de l'image comme du son, c'est fabuleux. Sur le fond, si la vision de la séquence de traque peut définitivement dégoûter les spectateurs de la chasse à la baleine, eh bien cela suffira à justifier la sortie de ce film. En revanche, la manière dont les bipèdes dialoguent avec les cétacés est limite ridicule (y compris l'insertion de vues subjectives des baleines). C'est l'une des faiblesses de ce film, qui baigne dans une ambiance un peu new age, avec cette histoire de Terre-Mère et un panthéisme à la mode.

   On attend évidemment la troisième partie, celle de la baston, qui ne déçoit pas. C'est spectaculaire, bourré de rebondissements, surprenant parfois. Cela se conclut d'ailleurs par une séquence inattendue (mais bienvenue), celle de la recherche de disparus, dans une épave. La nouvelle génération vient en aide à l'ancienne.

   J'ai gardé pour la fin mes principales réserves. D'abord c'est long (3h10), mais, comme c'est un excellent spectacle, ça passe. Le problème vient plutôt d'une partie du scénario. Il est inenvisageable qu'à partir du moment où la famille de héros quitte la forêt pour se réfugier dans les îles, il ne se passe apparemment plus rien dans leur pays d'origine. Certes, la nouvelle version du colonel est mue par un ardent désir de revanche, mais ses employeurs veulent surtout achever la conquête de la planète. (On nous a peut-être gardé ces éléments pour le troisième film.) De plus, je trouve un peu facile l'embrigadement du jeune Spider par son nouveau "papa". La suite permet au gamin de bien se rattraper, mais le début est un peu gros. Je suis aussi lassé que les films de science-fiction, de super-héros ou d'heroic fantasy anglo-saxons ne mettent en scène que des monarchies, avec une élite (plutôt de naissance) gouvernant -sans recourir à des élections- un bas-peuple bien conciliant. (C'est également le cas dans le récent Black Panther 2.) Enfin, je suis de nouveau irrité que la quasi-totalité des personnages négatifs soient des Blancs occidentaux. Je reconnais que la transposition de certains personnages en "indigènes" de couleur bleue brouille un peu les pistes, mais c'est tout de même très caricatural.

   Dommage pour un film qui affiche de si grandes ambitions.

22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Avatar 2 (en 2D)

   Le film "cartonne" en salle, plusieurs séances affichant régulièrement « complet ». Je me suis dirigé vers une en version originale sous-titrée, en plein match de coupe du monde. Au moins là, quand je voyais du bleu, il n'était question ni de Français ni d'Argentin !

   La première heure est presque un replay du premier film, ressorti dans les salles en septembre dernier. On revoit les mêmes paysages, une partie des personnages, avec quelques nouveaux... et quelques retouches. Les scénaristes (et les responsables de l'animation) ont réussi le tour de force de ressusciter Grace Augustine (Sigourney Weaver)... en deux versions ! J'ai aussi pris plaisir à retrouver le super-méchant d'il y a treize ans, un peu « transplanté » certes, mais toujours avec le talent de Stephen Lang.

   C'est le (très) grand point fort de ce film, que de réussir à nous faire ava(tar)ler un peu tout et n'importe quoi grâce à la technologie numérique. On y trouve aussi diverses références aux précédentes œuvres de James Cameron : des vaisseaux futuristes et de grosses bêtes aux dents pointues (Aliens le retour), une machine à tuer qui s'humanise un peu (Terminator), de splendides fonds marins (Abyss)... et un vaisseau qui coule (coucou Titanic !). On sent que, sur la forme comme sur le fond, Avatar et ses suites constituent le testament artistique et politique du cinéaste.

   La deuxième partie voit la jeune garde passer au premier plan. Le peuple des forêts, inspiré d'Africains et d'Amérindiens, entre en contact avec un autre, semi-aquatique, sans doute calqué sur des Mélanésiens. Sans surprise, les jeunes vont faire des conneries. On se compare les queues, on se moque, on rivalise d'inconscience d'intrépidité, on tombe parfois amoureux. Dans ce florilège convenu destiné à accrocher le public adolescent, je distingue le personnage de Kiri... qui n'est pas un fromage, mais une « mini-Sigourney », dont le rapport à la nature va jouer un rôle clé dans l'intrigue... et qui bénéficie d'effets spéciaux étourdissants.

cinéma,cinema,film,films

   Cette partie met en scène d'impressionnantes baleines mystiques, les Tulkuns. Au niveau de l'image comme du son, c'est fabuleux. Sur le fond, si la vision de la séquence de traque peut définitivement dégoûter les spectateurs de la chasse à la baleine, eh bien cela suffira à justifier la sortie de ce film. En revanche, la manière dont les bipèdes dialoguent avec les cétacés est limite ridicule (y compris l'insertion de vues subjectives des baleines). C'est l'une des faiblesses de ce film, qui baigne dans une ambiance un peu new age, avec cette histoire de Terre-Mère et un panthéisme à la mode.

   On attend évidemment la troisième partie, celle de la baston, qui ne déçoit pas. C'est spectaculaire, bourré de rebondissements, surprenant parfois. Cela se conclut d'ailleurs par une séquence inattendue (mais bienvenue), celle de la recherche de disparus, dans une épave. La nouvelle génération vient en aide à l'ancienne.

   J'ai gardé pour la fin mes principales réserves. D'abord c'est long (3h10), mais, comme c'est un excellent spectacle, ça passe. Le problème vient plutôt d'une partie du scénario. Il est inenvisageable qu'à partir du moment où la famille de héros quitte la forêt pour se réfugier dans les îles, il ne se passe apparemment plus rien dans leur pays d'origine. Certes, la nouvelle version du colonel est mue par un ardent désir de revanche, mais ses employeurs veulent surtout achever la conquête de la planète. (On nous a peut-être gardé ces éléments pour le troisième film.) De plus, je trouve un peu facile l'embrigadement du jeune Spider par son nouveau "papa". La suite permet au gamin de bien se rattraper, mais le début est un peu gros. Je suis aussi lassé que les films de science-fiction, de super-héros ou d'heroic fantasy anglo-saxons ne mettent en scène que des monarchies, avec une élite (plutôt de naissance) gouvernant -sans recourir à des élections- un bas-peuple bien conciliant. (C'est également le cas dans le récent Black Panther 2.) Enfin, je suis de nouveau irrité que la quasi-totalité des personnages négatifs soient des Blancs occidentaux. Je reconnais que la transposition de certains personnages en "indigènes" de couleur bleue brouille un peu les pistes, mais c'est tout de même très caricatural.

   Dommage pour un film qui affiche de si grandes ambitions.

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Juste une nuit

   Ce que raconte ce film iranien (franco-iranien en fait) est d'une brûlante actualité, puisqu'il décrit les difficultés d'une jeune mère célibataire à Téhéran. La jeune Fereshteh élève seule, dans un petit appartement situé dans un bâtiment HLM, un enfant qu'elle vient d'avoir avec le fils d'un commerçant, curieusement absent. Elle a caché son état à ses parents, des provinciaux conservateurs (surtout le père), qui sont sur le point de débarquer dans la capitale. Le temps d'une nuit, elle doit trouver quelqu'un pour garder son enfant et dissimuler toutes les affaires présentes dans son appartement et qui témoignent de sa maternité.

   La première partie montre les tentatives de l'héroïne pour s'appuyer sur son réseau de connaissances. Elle semble avoir trouvé assez vite la personne prête à s'occuper de son bébé pendant la soirée, mais elle doit déployer de considérables efforts pour trouver où cacher ses affaires (au moins trois sacs et trois valises !). C'est l'occasion pour le cinéaste de montrer le statut inférieur des femmes, l'une de ses voisines devant demander l'autorisation de son mari avant d'accepter de garder l'un de ses sacs ne serait-ce qu'une nuit, tandis qu'on apprend qu'en certains endroits, une femme seule avec un enfant sera non seulement mal vue, mais aussi rejetée.

   Dans sa quête, Fereshteh rencontre quelques bons samaritains (une avocate impliquée politiquement, sa meilleure amie, étudiante, un conducteur d'ambulance, une habitante de son bloc) mais aussi une brochette d'hypocrites, certains pouvant représenter une menace (une de ses voisines, la compagne d'un ami, sans doute jalouse de sa grossesse réussie, le chef de service d'un hôpital...).

   La comédienne, Sadaf Asgari, est très bien. Elle réussit à nous faire sentir les tourments du personnage sans beaucoup s'exprimer. Elle est souvent filmée de près, par une caméra mobile. Notons que la jeune femme n'est pas si sympathique que cela : elle ment à presque tout le monde (l'exception étant sa meilleure amie... et encore) et l'on finit par apprendre qu'elle aurait pu vivre dans d'autres conditions, si elle s'était mieux entendue avec le père de l'enfant.

   Compte tenu de mon âge et de mon vécu, je pense avoir un point de vue biaisé sur l'histoire, celle d'une jeune femme, arrivée de province à Téhéran pour y poursuivre ses études, et qui lâche tout à cause d'une histoire d'amour et de sa volonté de garder l'enfant à tout prix. C'est un cauchemar que nombre de parents espèrent ne jamais avoir à vivre. Mais le film mérite d'être vu.

   P.S.

   Cela n'enlève rien à la force de l'histoire, mais deux éléments entachent un peu la crédibilité du film. Toutes les femmes que l'on y voit sont voilées, dans l'espace public comme dans l'espace privé. Or, par exemple, quand le réalisateur filme une mère seule avec son enfant dans son appartement, il devrait la montrer tête nue, alors que ce n'est jamais le cas. Il a fallu sans doute composer avec la censure islamique...

   D'autre part, cette jeune femme, employée dans une imprimerie, semble disposer de revenus assez importants, compte tenu de ce que l'on peut voir à l'écran. Certes, on nous la montre comme débrouillarde, mais entre le logement, le smartphone, les dépenses pour l'enfant et les fréquents déplacements en taxi (visiblement bon marché à Téhéran), on se demande comment elle fait pour s'en sortir. Sans doute faut-il admettre qu'elle reçoit une aide de ses parents, d'où son acharnement à leur cacher sa situation réelle.

  

Juste une nuit

   Ce que raconte ce film iranien (franco-iranien en fait) est d'une brûlante actualité, puisqu'il décrit les difficultés d'une jeune mère célibataire à Téhéran. La jeune Fereshteh élève seule, dans un petit appartement situé dans un bâtiment HLM, un enfant qu'elle vient d'avoir avec le fils d'un commerçant, curieusement absent. Elle a caché son état à ses parents, des provinciaux conservateurs (surtout le père), qui sont sur le point de débarquer dans la capitale. Le temps d'une nuit, elle doit trouver quelqu'un pour garder son enfant et dissimuler toutes les affaires présentes dans son appartement et qui témoignent de sa maternité.

   La première partie montre les tentatives de l'héroïne pour s'appuyer sur son réseau de connaissances. Elle semble avoir trouvé assez vite la personne prête à s'occuper de son bébé pendant la soirée, mais elle doit déployer de considérables efforts pour trouver où cacher ses affaires (au moins trois sacs et trois valises !). C'est l'occasion pour le cinéaste de montrer le statut inférieur des femmes, l'une de ses voisines devant demander l'autorisation de son mari avant d'accepter de garder l'un de ses sacs ne serait-ce qu'une nuit, tandis qu'on apprend qu'en certains endroits, une femme seule avec un enfant sera non seulement mal vue, mais aussi rejetée.

   Dans sa quête, Fereshteh rencontre quelques bons samaritains (une avocate impliquée politiquement, sa meilleure amie, étudiante, un conducteur d'ambulance, une habitante de son bloc) mais aussi une brochette d'hypocrites, certains pouvant représenter une menace (une de ses voisines, la compagne d'un ami, sans doute jalouse de sa grossesse réussie, le chef de service d'un hôpital...).

   La comédienne, Sadaf Asgari, est très bien. Elle réussit à nous faire sentir les tourments du personnage sans beaucoup s'exprimer. Elle est souvent filmée de près, par une caméra mobile. Notons que la jeune femme n'est pas si sympathique que cela : elle ment à presque tout le monde (l'exception étant sa meilleure amie... et encore) et l'on finit par apprendre qu'elle aurait pu vivre dans d'autres conditions, si elle s'était mieux entendue avec le père de l'enfant.

   Compte tenu de mon âge et de mon vécu, je pense avoir un point de vue biaisé sur l'histoire, celle d'une jeune femme, arrivée de province à Téhéran pour y poursuivre ses études, et qui lâche tout à cause d'une histoire d'amour et de sa volonté de garder l'enfant à tout prix. C'est un cauchemar que nombre de parents espèrent ne jamais avoir à vivre. Mais le film mérite d'être vu.

   P.S.

   Cela n'enlève rien à la force de l'histoire, mais deux éléments entachent un peu la crédibilité du film. Toutes les femmes que l'on y voit sont voilées, dans l'espace public comme dans l'espace privé. Or, par exemple, quand le réalisateur filme une mère seule avec son enfant dans son appartement, il devrait la montrer tête nue, alors que ce n'est jamais le cas. Il a fallu sans doute composer avec la censure islamique...

   D'autre part, cette jeune femme, employée dans une imprimerie, semble disposer de revenus assez importants, compte tenu de ce que l'on peut voir à l'écran. Certes, on nous la montre comme débrouillarde, mais entre le logement, le smartphone, les dépenses pour l'enfant et les fréquents déplacements en taxi (visiblement bon marché à Téhéran), on se demande comment elle fait pour s'en sortir. Sans doute faut-il admettre qu'elle reçoit une aide de ses parents, d'où son acharnement à leur cacher sa situation réelle.

  

samedi, 17 décembre 2022

Le Chat Potté 2

   Il a donc fallu attendre onze ans pour voir sortir la suite des aventures du Chat Potté. La faute aux péripéties financières du groupe DreamWorks, qui a plusieurs fois changé de mains.

   Comme c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, les auteurs de ce volet-ci (qui se sont fait la main sur Les Croods 2) ont repris de nombreux ingrédients du premier film : l'hispanité débordante, le monde des chats et les clins d’œil cinéphiliques.

   Cela commence d'ailleurs de manière virevoltante, à l'époque de la huitième vie du matou, qui semble toujours aussi surprenant, caustique, cascadeur, increvable... C'est très bien réalisé, avec de vrais effets cinématographiques.

   Ce n'est qu'un peu plus tard que démarre la partie originale de l'intrigue : le Maître Chat n'est plus immortel... et il découvre la peur, celle d'un redoutable loup (très bien doublé, dans la version française, par Doudou Masta). Ses pérégrinations lui font recroiser la délicieuse Patte de Velours... et il s'attache (plus ou moins volontairement) à un gentil clébard... déguisé en minet, rencontré dans un refuge tenu par une surprenante mémère à chats. On assiste ainsi à la formation d'une famille avec, au cœur de l'intrigue, les sentiments de solitude et d'abandon.

   Fort heureusement, le film ne s'attarde pas trop sur l'aspect sentimental. Boucle d'Or débarque en fanfare avec son trio d'ours patibulaires (mais presque). Cela redonne du tonus à l'histoire, d'autant qu'un autre méchant menace de coiffer tout le monde au poteau. L'enjeu est la découverte du lieu de l'étoile, où la personne qui détient une carte magique peut faire réaliser son vœu de plus cher.

   C'est rythmé, joli à voir et l'on ne s'ennuie pas un instant. J'aurais juste deux petites réserves à émettre : l'inintérêt des chansons en français (peu nombreuses et vite négligées tant il y a de belles choses à regarder) et un petit défaut technique dans quelques scènes où se déroulent des mouvements extrêmement rapides : ce n'est pas bien rendu à l'écran, comme s'il y a avait un défaut dans l'animation. C'est dommage parce que le reste est vraiment remarquable.

   P.S.

   Il semble qu'une suite soit prévue... avec le retour de Shrek !

22:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Chat Potté 2

   Il a donc fallu attendre onze ans pour voir sortir la suite des aventures du Chat Potté. La faute aux péripéties financières du groupe DreamWorks, qui a plusieurs fois changé de mains.

   Comme c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, les auteurs de ce volet-ci (qui se sont fait la main sur Les Croods 2) ont repris de nombreux ingrédients du premier film : l'hispanité débordante, le monde des chats et les clins d’œil cinéphiliques.

   Cela commence d'ailleurs de manière virevoltante, à l'époque de la huitième vie du matou, qui semble toujours aussi surprenant, caustique, cascadeur, increvable... C'est très bien réalisé, avec de vrais effets cinématographiques.

   Ce n'est qu'un peu plus tard que démarre la partie originale de l'intrigue : le Maître Chat n'est plus immortel... et il découvre la peur, celle d'un redoutable loup (très bien doublé, dans la version française, par Doudou Masta). Ses pérégrinations lui font recroiser la délicieuse Patte de Velours... et il s'attache (plus ou moins volontairement) à un gentil clébard... déguisé en minet, rencontré dans un refuge tenu par une surprenante mémère à chats. On assiste ainsi à la formation d'une famille avec, au cœur de l'intrigue, les sentiments de solitude et d'abandon.

   Fort heureusement, le film ne s'attarde pas trop sur l'aspect sentimental. Boucle d'Or débarque en fanfare avec son trio d'ours patibulaires (mais presque). Cela redonne du tonus à l'histoire, d'autant qu'un autre méchant menace de coiffer tout le monde au poteau. L'enjeu est la découverte du lieu de l'étoile, où la personne qui détient une carte magique peut faire réaliser son vœu de plus cher.

   C'est rythmé, joli à voir et l'on ne s'ennuie pas un instant. J'aurais juste deux petites réserves à émettre : l'inintérêt des chansons en français (peu nombreuses et vite négligées tant il y a de belles choses à regarder) et un petit défaut technique dans quelques scènes où se déroulent des mouvements extrêmement rapides : ce n'est pas bien rendu à l'écran, comme s'il y a avait un défaut dans l'animation. C'est dommage parce que le reste est vraiment remarquable.

   P.S.

   Il semble qu'une suite soit prévue... avec le retour de Shrek !

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jeudi, 15 décembre 2022

Mon Héroïne

   Inspirée d'une histoire vraie, cette autofiction est nourrie d'une cinéphilie particulière : l'adulation de Julia Roberts, à la fois icône glamour et actrice engagée. (En France, son succès est aussi dû à la qualité du doublage et donc au talent de Céline Montsarrat.)

   Alex (Chloé Jouannet), bachelière cinéphile, qui manie la caméra, veut se lancer dans des études de cinéma... aux États-Unis. Elle n'en a pas parlé à sa mère, infirmière divorcée (Pascale Arbillot, formidable) qu'elle adore, mais dont elle trouve la vie un peu tristounette. La jeune fille a pour confidente sa tante, Juliette, une cadre commerciale un peu déjantée, interprétée avec talent par Louise Coldefy (déjà remarquée cette année dans Menteur).

   Le meilleur dans cette histoire est que, bien que fan de la comédienne, Alex n'ambitionne pas d'exhiber une plastique anorexique sous les feux des projecteurs... Non, la jeune femme veut devenir... réalisatrice.

   Mais, avant d'en arriver à ces développements passionnants, il faut supporter le début du film, qui contient plusieurs scènes pas très bien foutues, comme celle du spectacle de fin d'année, à l'école (pourtant capitale pour le démarrage de l'intrigue). J'ai trouvé aussi très clichée la mise en scène du conflit mère-fille, ainsi que le recours au "juste à temps" pour certains moments clés (notamment dans les aéroports).

   Cela devient vraiment bon à partir des scènes d'avion. Alex et Juliette vont voyager en compagnie d'un... Hugues Grand (je n'en dis pas plus), tandis que la mère, partie à leur poursuite en vol charter, se retrouve au milieu de Suédois... et finit par se lier à une passagère qui connaît la carrière de Julia Roberts sur le bout des doigts !

   Dès qu'on est à New York, le film prend une pêche formidable. Entre les scènes d'hôtel, celles de rue et les tentatives pour atteindre la vedette, on ne s'ennuie pas un instant, les héroïnes ayant un certain talent pour se fourrer dans des situations cocasses... et pour s'en dépêtrer. L'un des meilleurs moments est constitué par un tour en bus, en compagnie d'une drag-queen...

   Les actrices sont très bien. Leurs interactions dégagent une énergie folle. Je suis sorti de là d'excellente humeur.

22:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Mon Héroïne

   Inspirée d'une histoire vraie, cette autofiction est nourrie d'une cinéphilie particulière : l'adulation de Julia Roberts, à la fois icône glamour et actrice engagée. (En France, son succès est aussi dû à la qualité du doublage et donc au talent de Céline Montsarrat.)

   Alex (Chloé Jouannet), bachelière cinéphile, qui manie la caméra, veut se lancer dans des études de cinéma... aux États-Unis. Elle n'en a pas parlé à sa mère, infirmière divorcée (Pascale Arbillot, formidable) qu'elle adore, mais dont elle trouve la vie un peu tristounette. La jeune fille a pour confidente sa tante, Juliette, une cadre commerciale un peu déjantée, interprétée avec talent par Louise Coldefy (déjà remarquée cette année dans Menteur).

   Le meilleur dans cette histoire est que, bien que fan de la comédienne, Alex n'ambitionne pas d'exhiber une plastique anorexique sous les feux des projecteurs... Non, la jeune femme veut devenir... réalisatrice.

   Mais, avant d'en arriver à ces développements passionnants, il faut supporter le début du film, qui contient plusieurs scènes pas très bien foutues, comme celle du spectacle de fin d'année, à l'école (pourtant capitale pour le démarrage de l'intrigue). J'ai trouvé aussi très clichée la mise en scène du conflit mère-fille, ainsi que le recours au "juste à temps" pour certains moments clés (notamment dans les aéroports).

   Cela devient vraiment bon à partir des scènes d'avion. Alex et Juliette vont voyager en compagnie d'un... Hugues Grand (je n'en dis pas plus), tandis que la mère, partie à leur poursuite en vol charter, se retrouve au milieu de Suédois... et finit par se lier à une passagère qui connaît la carrière de Julia Roberts sur le bout des doigts !

   Dès qu'on est à New York, le film prend une pêche formidable. Entre les scènes d'hôtel, celles de rue et les tentatives pour atteindre la vedette, on ne s'ennuie pas un instant, les héroïnes ayant un certain talent pour se fourrer dans des situations cocasses... et pour s'en dépêtrer. L'un des meilleurs moments est constitué par un tour en bus, en compagnie d'une drag-queen...

   Les actrices sont très bien. Leurs interactions dégagent une énergie folle. Je suis sorti de là d'excellente humeur.

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mercredi, 14 décembre 2022

Violent Night

   Un soir, dans un bar, plusieurs Pères Noël tentent de noyer leur chagrin dans l'alcool bon marché... sauf que l'un d'entre eux n'est pas employé par une mairie ou une grande surface : c'est le VRAI Père Noël. Et il n'a pas le moral. Dès le début, le ton est donné : ce sera politiquement incorrect, grossier... et parfois scabreux (très belle scène de vomi « aérien »).

   Dans le rôle de papa Noël, on retrouve David Harbour, une grosse brute sympathique, capable d'assommer un renne d'un revers de la main. (Les cinéphiles ont croisé sa dégaine atypique dans le récent Black Widow.)

   La séquence suivante est chargée de nous présenter une famille de millionnaires, dirigée d'une main de fer par Gertrude, la matriarche au langage de charretier. Beverly d'Angelo a visiblement aimé interpréter cette grand-mère indigne, qui insulte un sénateur au téléphone, le traitant de « gros enculé » et lui demandant d'arrêter de lui « chier dans la bouche en prétendant que c'est du chocolat »... On sent qu'à l'écriture des dialogues, on a employé une armée de poètes.

   Le reste de la famille ne vaut guère mieux. La fille déteste son frère, qu'elle appelle «couille molle ». Pour accueillir sa belle-sœur, elle ne trouve rien de mieux à dire qu'elle trouve qu'elle a grossi... Précisons que la frangine (qui a hérité d'une partie du tempérament de la matriarche) est maquée à un type plus jeune, bien de sa personne physiquement, mais très con... Le fiston est encore pire : habillé comme un jeune du ghetto, il se prend pour une vedette des réseaux sociaux...

   On est presque content d'apprendre que cette bande d'enfoirés va être prise en otages par des braqueurs très très méchants... voire un peu cinglés. Le problème pour eux est qu'ils n'ont pas envisagé la présence d'une personne dans la maison, ce 24 décembre : notre Père Noël. Celui-ci, attendri par la petite fille de la famille (fille de « couille molle »), qui persiste à croire en lui, interrompt sa tournée pour lui venir en aide. Il commence à dézinguer les braqueurs un par un... de façon « artisanale ». C'est dans ces scènes que le savoir-faire de Tommy Wirkola (auquel on doit Dead Snow et Seven Sisters) est le plus éclatant.

   Une autre réussite de ce film est le mélange de tons différents : la satire familiale, le film d'action et l'esprit de Noël... un peu corsé, toutefois. La petite-fille se révèle une alliée précieuse pour le Père Noël. Elle le renseigne, l'encourage à fourrer un morceau de charbon dans l'anus des méchants... et fabrique ses propres pièges. C'est absolument délicieux à voir, la violence salvatrice culminant dans la séquence de la cabane à outils, véritable réservoir d'armes par destination, dont papy Noël va faire un usage judicieux.

   J'ai passé un excellent moment.

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Violent Night

   Un soir, dans un bar, plusieurs Pères Noël tentent de noyer leur chagrin dans l'alcool bon marché... sauf que l'un d'entre eux n'est pas employé par une mairie ou une grande surface : c'est le VRAI Père Noël. Et il n'a pas le moral. Dès le début, le ton est donné : ce sera politiquement incorrect, grossier... et parfois scabreux (très belle scène de vomi « aérien »).

   Dans le rôle de papa Noël, on retrouve David Harbour, une grosse brute sympathique, capable d'assommer un renne d'un revers de la main. (Les cinéphiles ont croisé sa dégaine atypique dans le récent Black Widow.)

   La séquence suivante est chargée de nous présenter une famille de millionnaires, dirigée d'une main de fer par Gertrude, la matriarche au langage de charretier. Beverly d'Angelo a visiblement aimé interpréter cette grand-mère indigne, qui insulte un sénateur au téléphone, le traitant de « gros enculé » et lui demandant d'arrêter de lui « chier dans la bouche en prétendant que c'est du chocolat »... On sent qu'à l'écriture des dialogues, on a employé une armée de poètes.

   Le reste de la famille ne vaut guère mieux. La fille déteste son frère, qu'elle appelle «couille molle ». Pour accueillir sa belle-sœur, elle ne trouve rien de mieux à dire qu'elle trouve qu'elle a grossi... Précisons que la frangine (qui a hérité d'une partie du tempérament de la matriarche) est maquée à un type plus jeune, bien de sa personne physiquement, mais très con... Le fiston est encore pire : habillé comme un jeune du ghetto, il se prend pour une vedette des réseaux sociaux...

   On est presque content d'apprendre que cette bande d'enfoirés va être prise en otages par des braqueurs très très méchants... voire un peu cinglés. Le problème pour eux est qu'ils n'ont pas envisagé la présence d'une personne dans la maison, ce 24 décembre : notre Père Noël. Celui-ci, attendri par la petite fille de la famille (fille de « couille molle »), qui persiste à croire en lui, interrompt sa tournée pour lui venir en aide. Il commence à dézinguer les braqueurs un par un... de façon « artisanale ». C'est dans ces scènes que le savoir-faire de Tommy Wirkola (auquel on doit Dead Snow et Seven Sisters) est le plus éclatant.

   Une autre réussite de ce film est le mélange de tons différents : la satire familiale, le film d'action et l'esprit de Noël... un peu corsé, toutefois. La petite-fille se révèle une alliée précieuse pour le Père Noël. Elle le renseigne, l'encourage à fourrer un morceau de charbon dans l'anus des méchants... et fabrique ses propres pièges. C'est absolument délicieux à voir, la violence salvatrice culminant dans la séquence de la cabane à outils, véritable réservoir d'armes par destination, dont papy Noël va faire un usage judicieux.

   J'ai passé un excellent moment.

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