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lundi, 22 novembre 2010

Le musée Soulages ne fait toujours pas l'unanimité...

   ... loin s'en faut ! Le problème est que la vox populi ne transperce pas le rideau médiatique, qui, en général, ne délivre que la version des partisans du projet. Cependant, de temps à autre, une voix discordante parvient à se faire entendre.

   Tel est le cas de Jean-Louis Chauzy, qui s'est publiquement interrogé sur le financement de la construction et surtout du fonctionnement du futur musée. Pour avoir accès à l'intégralité de l'argumentation du président du C.E.S.E.R. de Midi-Pyrénées, il fallait se tourner vers la presse non officielle, à savoir Le Nouvel Hebdo (numéro 147) :

Nouvel Hebdo 147.JPG

   L'hebdomadaire satirique revient d'ailleurs régulièrement sur le sujet, parfois de manière très détaillée et argumentée, comme Jean-Louis Chauzy. On ne peut pas en dire autant de leurs détracteurs.

   Ainsi, le quinzomadaire gratuit A l'oeil du 18 novembre dernier s'est ému des prises de position de M. Chauzy :

Chauzy A l'oeil 18 11 2010.JPG

   Une grande déception perce dans cet entrefilet, peut-être rédigé par le maître-d'oeuvre du journal, Jean-Philippe Murat, élu conseiller municipal de Rodez en 2008, troisième sur la liste conduite par... Jean-Louis Chauzy. Peut-être conviendrait-il plutôt de s'interroger sur le bien-fondé de sa prise de position. Pourquoi M. Chauzy devrait-il forcément avoir tort ?

   Celui-ci a aussi suscité l'ire de l'auteur d'un site d'information politique engagé, RodezNews. Le ton fut d'abord acrimonieux, l'auteur s'en prenant à "une poignée de grincheux qui ne connaissent probablement pas grand chose à l'art et à l'économie en général" (sympa pour Gérard Galtier et Jean-Louis Chauzy). Contestant le point de vue de ceux qui estiment que d'autres projets étaient bien plus porteurs et urgents à réaliser (comme le grand contournement de Rodez), le rédacteur se lâche : "Voilà une vision bien aveyronnaise qui ignore la réalité du monde d'aujourd'hui." C'est dingue mais cela m'a rappelé les propos outranciers du nouveau directeur de l'Office du tourisme de Rodez, publiés dans Le Ruthénois numéro 26.

   Le billet écrit une semaine plus tard est plus mesuré, même si les opposants au projet y sont qualifiés de "frileux". (Il est néanmoins vrai que les températures ont brusquement chuté au début du mois de novembre.) Ce texte est plus argumenté que le précédent et l'on sent sous la plume (le clavier ?) de l'auteur un véritable intérêt pour l'oeuvre de Pierre Soulages. Il témoigne cependant du même optimisme béat qui dégouline des médias, fantasmant sur le nombre de visiteurs, censé rapidement atteindre et dépasser les 100 000 par an. Il table sur la renommée mondiale du peintre qui, si elle est incontestable à l'heure actuelle, peut rapidement s'étioler après sa mort. L'histoire mondiale de la peinture est remplie de cas d'artistes "officiels", couverts d'éloges de leur vivant et dont les oeuvres sommeillent aujourd'hui paisiblement dans les remises des musées, tandis que des génies ignorés (ou méconnus) de leur vivant ont obtenu la gloire posthume. Gardons-nous des enthousiasmes fabriqués...

   De la même manière, il ne faut pas surestimer l'aura du site de Conques qui, soit dit en passant, est bien davantage due à la préservation de l'achitecture médiévale qu'à l'apport de Pierre Soulages. La "proximité" est toute relative : 45 kilomètres (et trois quarts d'heure de route en voiture par temps sec, une heure pour un bus... s''il n'a pas choisi de partir plutôt sur Albi ou Millau...) sépareront les cartons du musée des vitraux de l'église abbatiale. (Plus que Rodez, c'est Conques qui a tout à gagner à la construction du musée. Son maire en attend l'inauguration avec une impatience non dissimulée.)

   Alors, pourquoi tant d'hostilité envers Jean-Louis Chauzy ? Après tout, il n'a fait qu'exprimer de manière mesurée et argumentée une opinion dissidente, acte salutaire dans une démocratie digne de ce nom. Je vois peut-être le mal partout, mais je me suis demandé s'il n'y avait pas là résurgence d'une opposition plus ancienne. Le site RodezNews est tenu par Joseph Donore, qui fut lui aussi candidat aux municipales de 2008 à Rodez. (Décidément, on n'y échappe pas ! A toutes fins utiles, je précise que je ne figurais sur aucune des quatre listes en course...) Il était numéro 7 sur la liste menée par Frédéric Soulié (divers droite... UMP dissidente disaient les mauvaises langues), rivale donc de celle conduite par Jean-Louis Chauzy. Sauf erreur de ma part, le virus de la politique l'avait saisi aux cantonales de 2004, quand il avait essayé (vainement) de déboulonner le conseiller général sortant de Mur-de-Barrez Francis Issanchou. Et, en consultant l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille , je suis tombé sur une notice consacrée à Joseph Donore : il avait déjà tenté de se faire élire conseiller général en 1998 (il avait terminé cinquième du premier tour) et avait envisagé de présenter une liste aux municipales de 2001, à Mur-de-Barrez. (Et c'est là que je réalise que le bouquin de Lajoie-Mazenc a été préfacé par... Jean-Louis Chauzy ! C'est un complot !)

   Bon, tout ça pour dire que j'ai déniché un article intéressant dans le Centre Presse de samedi :

CPresse 20 11 2010.jpg

   J'ai trouvé réjouissant qu'un chaud partisan du musée prenne la plume pour demander à ce qu'on écoute les arguments de Jean-Louis Chauzy. Preuve que tout n'est pas perdu dans notre bon vieil Aveyron...

mardi, 09 novembre 2010

Du nouveau sur la cathédrale de Rodez

   C'est un article de La Dépêche du Midi de vendredi 5 novembre qui a donné un coup de projecteur sur une conséquence inattendue des travaux (perpétuels...) d'entretien de la merveille du centre-ville ruthénois : la redécouverte d'inscriptions anciennes, sur une tour située au coin sud-ouest de l'édifice :

photo,art,christianisme,histoire,culture

   La photographie (ci-dessus) illustrant l'article montre l'inscription ornant le côté sud de la tour (donnant sur la rue Gambetta). Voici ce qu'on peut voir sur le côté ouest, face à la place d'Armes (d'où sont prises en général les photographies d'ensemble) :

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   La traduction de ces inscriptions donne lieu à des variantes. La première, qui figure sur la photographie du haut, dit ceci : FACESSANT AEGYPTIORUM INSANE PYRAMIDUM MOLES * VALEANT ORBIS MIRACULA. (Il pourrait y avoir une "faute de gravure", INSANE ayant été malencontreusement écrit à la place de INSANAE.)

   La Dépêche cite une prof du collège Jean Moulin, qui traduit ainsi : "Que se tiennent loin les travaux des insensées pyramides des égyptiens. Que se perpétuent les miracles du monde." Dans un article publié dans Les Cahiers de Framespa, j'ai trouvé deux autres versions, l'une ancienne ("Eclipsez-vous, masses insensées des Pyramides d'Egypte, palissez, merveilles du monde."), l'autre, récente, de Jacques Bousquet ("Que s'effacent les masses absurdes des pyramides des Egyptiens. Salut aux vraies merveilles du monde.") Allez, comme je suis en forme, je me lance. Voici ma proposition : "Que s'éloignent les masses monstrueuses des pyramides égyptiennes. Longue vie aux merveilles du monde."

   Explications : FACESSANT vient du verbe "Facesso", qui signifie s'éloigner, se retirer. Il est ici conjugé à la troisième personne du pluriel. Il s'applique donc au mot MOLES, les masses, accompagné de la double forme génitive AEGYPTIORUM PIRAMIDUM (de pyramis, la pyramide). Il serait peut-être plus correct de traduire par "des Egyptiens". D'autre part, si INSANE est mis pour INSANAE, traduire par "les masses des monstrueuses (folles, insensées) pyramides" serait plus juste grammaticalement, mais je trouve que ma version rend mieux le sens. Quant au verbe "Valeo", il signifie régner, être fort, bien se porter.

   Sur la face ouest (voir photo du bas), on trouve la deuxième inscription : NOS AUGUSTI SANCTAE QUAE CONSACRAT LOCI SPECIEM MIREMUR.

   La prof de collège traduit par "Admirons l'aspect de ce lieu auguste qui est consacré à une sainte." L'ancienne version était : "Admirons la beauté de ce lieu auguste et consacré à la sainte Vierge." Jacques Bousquet propose : "Nous autres, admirons la beauté du lieu auguste consacré par la sainte (Vierge)." Je propose ceci : "Nous, admirons l'éclat du lieu majestueux qui est consacré à la Sainte." (N'oublions pas qu'il s'agit de la cathédrale Notre-Dame de Rodez.)

   Explications : il est difficile de traduire MIREMUR autrement que par "admirons". Par contre, je pense qu'il faut maintenir la présence du "nous". On ne s'est pas échiné à graver NOS pour des prunes ! AUGUSTI ("majestueux" plus qu' "auguste"... c'est dans le ton du très monarchique "Longue vie..." de l'autre inscription) et LOCI sont manifestement liés (deux formes génitives, qui complètent SPECIEM). "Species" peut signifier l'apparence, la beauté. Je trouve qu' "éclat" rend bien l'idée.

  D'après Fernand de Mély, dans un compte-rendu des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de 1919, c'est en 1831 que ces inscriptions auraient été masquées :

Effacement 1831.jpg

dimanche, 24 octobre 2010

Musée Soulages : des comparaisons parlantes ?

   La pose de la première pierre du futur musée n'a pas forcément poussé les médias dominants à fouiller le sujet. L'heure était à la célébration, à l'autosatisfaction. Néanmoins, quelques organes de presse ont fait leur travail.

   La Dépêche du Midi est allée creuser du côté de la Haute-Vienne, plus précisément à Eymoutiers. Dans cette commune a été créé un musée d'art contemporain, dédié à la célébrité locale, Paul Rebeyrolle, décédé en 2005. Le financement s'est beaucoup plus appuyé sur l'Etat et les Conseils (régional et général) que dans le cas du projet Soulages, qui repose quand même essentiellement sur le Grand Rodez. Il est vrai que la commune d'Eymoutiers ne compte, d'après l'INSEE, qu'un peu plus de 2 000 habitants et qu'il ne semble pas exister une organisation intercommunale de poids. (Cet exemple n'est pas sans évoquer le cas du centre d'art de Kerguéhennec, dont j'ai déjà parlé, tout comme Le Nouvel Hebdo, dans son numéro 137.)

   Le budget de fonctionnement est évidemment moins élevé en Haute-Vienne. Au passage, on remarquera que l'estimation de celui de Rodez ne cesse d'augmenter, de 900 000 euros à l'origine à 1,2 million aujourd'hui. C'est un peu à l'image du coût de construction : rappelons qu'on est passé de 10 à 25 millions (officiellement en 2010), sans doute au moins 30 en 2012...

   Enfin, le nombre de visiteurs n'est que de 15 000 à Eymoutiers. Tous ne sont pas payants, puisqu'il est précisé que de "nombreux scolaires" sont inclus dans le total. Les autres sont des amateurs d'art. Viennent-ils de loin ? Il serait intéressant de le savoir, parce que c'est l'un des arguments utilisés par les promoteurs du musée Soulages, censé attirer les foules du monde entier. A cet égard, l'analyse de la zone d'attraction du Centre Pompidou (consultable dans le numéro 144 du Nouvel Hebdo) est éclairante : le public est celui de la grande région.

   L'hebdomadaire satirique aveyronnais persiste dans le numéro 146. On peut y lire une passionnante analyse comparative du projet Soulages et de celui du Louvre-Lens. (On notera qu'en dépit de la nomination précoce d'un conservateur, le futur musée ruthénois n'est toujours pas présenté au public par un site internet digne de ce nom...) Ceci dit, il faut relativiser. Il n'est pas plus pertinent de comparer le projet Soulages à celui de Lens qu'au Centre Pompidou de Metz. Dans ces deux derniers cas, on est face à des antennes des plus grands musées parisiens, installées dans des villes assez importantes (la commune de Lens compte plus de 35 000 habitants, la communauté d'Agglomération environ 250 000), bien reliées à la capitale. Autant d'avantages qui, soit dit en passant, font défaut à Rodez...

13:08 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture

mercredi, 20 octobre 2010

Du Soulages, en veux-tu, en voilà !

   Il y a quelques mois, j'avais jugé bon de parler d'une "offensive Soulages", tant le tir groupé politico-médiatique m'était apparu flagrant. Cette semaine, on est passé à la phase supérieure.

   Cela a commencé mardi 19, en fin d'après-midi, par une conférence, au cinéma Le Royal, sur l'oeuvre du Maître de l'outre-daube. J'ai ouï dire qu'en ce lieu solennel s'était rassemblé tout le gratin grand-ruthénois, aussi bien politique (Fabrice Teyssèdre et Christian Geniez se seraient côtoyés en cette journée mémorable !) que culturel. Les mauvaises langues disent que si, dans l'après-midi, les rues ont été occupées par des salariés en grève, en début de soirée, la salle de cinéma fut remplie d'individus dont l'esprit critique a oublié de se manifester...

   Le lendemain, mercredi, a eu lieu la pose de la première pierre du "machin" sur le foirail. (O surprise ! Midi Libre a pompé une dépêche de l'AFP !... sur un sujet local d'importance, c'est la deuxième fois en quelques mois). Les médias ont abondamment couvert l'événement, annoncé le matin même sur Totem (entretien -réalisé la veille- avec le peintre à la clé). Le soir, le journal local de France 3 fut largement consacré à la chose.

   Je dois néanmoins reconnaître que le quotidien Centre Presse s'est distingué de ses confrères : le numéro de mercredi présente une surcouverture (liée à l'événement) d'un style recherché :

CentrePresse 20 10 2010.JPG

   Seule note discordante dans ce concert de louanges et d'optimisme béat, une intervention de Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social de Midi-Pyrénées, frappée au coin du bon sens. Bravo à La Dépêche du Midi pour avoir porté à la connaissance de ses lecteurs cette information discordante.

jeudi, 07 octobre 2010

De nouvelles statues-menhirs

   Certaines d'entre elles sont visibles jusqu'à la fin du mois d'octobre au musée Fenaille. D'autres, plus anciennes (dont la célèbre "Dame de Saint-Sernin"), restent exposées au dernier étage du musée.

   On apprend que si en 1912, on en connaissait 31, environ 50 avaient été découvertes dans les années 1970. (On en a trouvé notamment dans les années 1920.) Aujourd'hui, on en est à 145, rien que pour les monts de Lacaune. Toutes sont présentes dans le livre (imposant) de Michel Maillé :

Maillé livre.jpg

   Une dizaine des nouvelles découvertes sont exposées temporairement dans le sous-sol du musée Fenaille. (D'autres sont visibles au musée de Montrozier.) Elles ont été trouvées dans les communes aveyronnaises de Balaguier-sur-Rance, Durenque, La Serre, Laval-Roquecézière, Martrin, Mounès-Prohencoux et Vabres-l'Abbaye :

Communer statues 2010 bis.jpg

 

   Certaines sont masculines, d'autres féminines... et quelques-unes mixtes (ou retouchées).

   La grande interrogation porte sur le sens à donner à ces sculptures. Sont-elles des représentations divines ? Des figures de protection pour les chasseurs ? Des symboles d'autorité ? Des marques de territoire ? Des allusions à des dignitaires charismatiques ou des ancêtres mythiques ? Les interprétations sont diverses.

   Signalons, pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, l'excellent dossier de presse réalisé par le musée.

vendredi, 01 octobre 2010

Deux-trois trucs sympas à faire au musée Denys-Puech

   Ce musée est, à l'heure actuelle, le principal lieu d'exposition des oeuvres d'art contemporain (des XIXe, XXe et XXe siècles) à Rodez (et dans l'Aveyron). Au passage, on peut noter que sa construction a été en partie financée par l'artiste qui lui a donné, en plus de ses oeuvres, son nom (Soulages, gros radin !), ainsi que par une contribution de la cantatrice Emma Calvé.

   Au rez-de-chaussée se trouvent des oeuvres du sculpteur, d'un peintre local et du photographe et dessinateur Eugène Viala. Ceux qui aiment à se divertir s'intéresseront aux deux sculptures évoquant la ville de Paris, la plus spectaculaire se trouvant au fond, à gauche. Regardez bien les monuments représentés. Ne trouvez-vous pas qu'il en manque un, disons, emblématique ?

   A l'étage sont placées les expositions temporaires, d'un intérêt inégal.

   La perle se trouve au sous-sol. Non, je ne parle pas des toilettes ! Il s'agit d'une petite salle de projection, où l'on s'assoit (se vautre) dans l'un des deux grands et voluptueux coussins. Si l'on a pris soin de fermer les rideaux derrière soi, on se retrouve enveloppé par les ténèbres... Il faut alors saisir la manette wii (ouiiii !), pour déplacer sur l'écran les photographies qui apparaissent... et se révèlent être de courtes séquences vidéo, qui ne sont pas sans lien les unes avec les autres.

   Les changements s'effectuent au fur et à mesure que l'on fait s'entrechoquer, s'entrecroiser, s'éloigner les vignettes vidéo. Voilà pour l'activité physique. Mais le cerveau ne reste pas inactif, puisque le jeu consiste à trouver les liens qui unissent les deux, trois ou quatre séquences proposées à l'écran. 

   Au bout d'un moment, si l'on fatigue, on peut se contenter de végéter sur le coussin : la musique d'accompagnement est douce, reposante et, l'obscurité aidant, on peut même piquer un roupillon !

   Bref, j'étais venu un peu en traînant les pieds et je suis reparti enchanté !

mercredi, 15 septembre 2010

Un tableau d'affichage"soulagien" ?

   La scène s'est passée ce lundi. C'était l'heure de la pause café. Dans un hall, je croise un collègue, posté devant un tableau d'affichage. Oui, vous savez, ces machins sur lesquels des mains malveillantes viennent fixer des tas de trucs inintéressants, dans ce genre :

Tableau blanc.jpg

   Sauf que là, ce lundi matin, il n'y avait rien. Nous sommes tous deux restés muets quelques secondes devant cette chose immaculée. Soudain, mon collègue, très caustique, me déclare :

- C'est une sorte d'anti-Soulages.

- Oui, de l'outre-blanc, lui répondis-je, plein d'à propos... Mais c'est moins pratique, plus salissant.

   Du coup, nous nous sommes demandés s'il ne serait pas plus hygiénique de remplacer ces horribles tableaux par les oeuvres du chantre de l'outre-noir...

samedi, 28 août 2010

La grenouille ruthénoise qui veut se faire aussi grosse que le boeuf albigeois

Une grenouille ruthénoise vit en Albigeois un boeuf

Qui lui sembla disposer d'un musée de belle taille.

Elle, qui n'en avait que deux gros comme un oeuf,

Envieuse elle dépense, et s'endette, et travaille,

S'appuyant sur les professionnels de la plume

Pour marteler sa propagande, légère comme une enclume...

Tout ça pour égaler le rival tarnais en grosseur,

Disant : "Regardez bien, ma soeur ;

Est-ce assez pour lui clouer le bec ?

- Que nenni ; vous n'atteignez pas Toulouse-Lautrec.

- Et maintenant que j'ai tout misé sur Soulages ?

- Vous n'en approchez point avec ce personnage.

La chétive pécore s'entêta et par le musée le déficit se creusa,

Si bien que sur les rustres du village davantage de contributions on préleva.

Henri Cool de Source

"Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :

Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,

Tout prince a des ambassadeurs

Tout marquis veut avoir des pages."

 

 

lundi, 23 août 2010

"Le Nouvel Hebdo" numéro 137

   Je recommande la lecture du numéro paru vendredi 20 août ne serait-ce que pour la narration des bagarres qui se sont déroulées dans l'agglomération le 17 juillet dernier. Je dois avouer que j'étais passé complètement à côté de ce fait divers, raconté dans le détail par l'hebdomadaire satirique, qui en profite pour égratigner les forces de police ruthénoises, dont l'inaction semble avoir été patente ce jour-là.

   Le journal revient aussi sur deux événements qui ont marqué l'actualité du Piton : le licenciement d'Hugues Robert du Ruthénois et l'arrivée d'une nouvelle directrice de la communication à la communauté d'Agglomération du Grand Rodez. (Il en a aussi été question dans Le Ruthénois n°24 et n°25.)

   L'éditorial de Gérard Galtier est consacré à la réforme des collectivités territoriales. Il se paie certains élus de gauche, qui s'y opposent pour de mauvaises raisons. Je suis en partie d'accord. Mais je persiste à penser qu'un Conseil régional à 255 membres sera moins efficace et plus coûteux.

   Page 2, la prose de "Jean Peupluz" (pas mal, le pseudo !) m'a fait tiquer. L'auteur évacue complètement le contexte sociologique pour expliquer les performances des athlètes de différentes couleurs. Du coup, sa contribution est vraiment très ambiguë, pour ne pas dire plus.

   L'hebdomadaire serait incomplet sans la traditionnelle charge contre Fabrice Geniez. Elle s'appuie sur l'entretien qu'il a accordé au quotidien Midi Libre, plus précisément à la première partie, qui évoque sa vie privée.

   Page 4, j'ai trouvé un petit article qui fait le parallèle entre le futur musée Soulages et celui de Kerguéhennec. L'auteur s'appuie sur Ouest France et Le Mensuel du Golfe du Morbihan... ainsi que, peut-être, sur un billet que j'ai écrit au début du mois d'août. Les Bretons expérimentent actuellement la reprise en main d'un "machin" culturel qui a été visiblement surdimensionné. Comme le dit fort justement le titre du Nouvel Hebdo, "Toute ressemblance avec une situation actuelle..."

   Du côté des élus locaux, on sent peut-être que le projet Soulages ne soulève décidément pas l'enthousiasme des Grands Ruthénois. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a été appelé à la rescousse. J'ai été fort surpris de retrouver dans Midi Libre, sous la plume d'Hugues Ménatory, un article d'une flagornerie rare. Le même jour, dans Centre Presse, Rui Dos Santos était chargé de rassurer le populo en évoquant l'augmentation de la participation de l'Etat dans le financement de la construction du musée. (La Dépêche, de son côté, faisait preuve de plus de circonspection.) Le problème est qu'en lisant entre les lignes, on comprend que le ministre n'a pas promis grand chose :

FMitterrand MLibre 20 08 2010.jpg

    Comme dit le proverbe : "il n'est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir."

samedi, 21 août 2010

La France y perd son latin

   ... ainsi que son grec ! C'est le lot des langues anciennes, dont les enseignants ont vocation à disparaître des collèges et des lycées, ainsi que le regrettent des pétitionnaires publiés par Le Monde. Dans le texte qu'ils ont signé, ils déplorent les mesures discriminatoires dont ces langues sont déjà victimes dans le secondaire.

   Cela ne date pas d'aujourd'hui. Je suis assez âgé pour avoir connu, au collège, en classe de 5e, une initiation à ces deux langues. Je me souviens très bien que la prof de français avait démarré l'année avec le grec, avant de consacrer la majeure partie de l'horaire d'initiation au latin, où elle se sentait plus à l'aise. Cela m'a plu. Du coup, en 4e, j'ai choisi l'option latin.

   J'étais dans la 5e 6 (dont on pourrait compter sur les doigts d'une main les élèves qui ont fini par obtenir un bac). Dans les 5es 1 et 2, les classes "bourgeoises" (celles où se retrouvaient, comme par hasard, les enfants de médecins, avocats, notaires, dentistes, ingénieurs, enseignants...), dont les élèves (ou plutôt leurs parents) avaient choisi l'allemand en première langue, on avait mis les "meilleurs" profs de français. Ils avaient donc suivi une véritable initiation au grec. Les élèves de ces classes se sont tout naturellement trouvés dans les 4es 1 et 2 et les 3es 1 et 2, avec allemand en première langue et latin-grec ou grec en option. (Je précise que tout ceci se passait dans un établissement public...)

   Quelques années plus tard, me voilà au lycée, dans une Seconde plutôt composée d'élèves à profil scientifique. Je fais partie de ceux qui ont gardé l'option latin, même si cela nous a été déconseillé. Même chose en 1ère S. Là, on était encore moins nombreux (une douzaine, dans mon souvenir). Une partie des cours avait été programmée entre midi et 14h... En Terminale, ce fut encore pire : on a tenté de nous empêcher de suivre l'option latin : elle n'était pas inscrite à l'emploi du temps et une seule classe avait été formée sur tout le lycée. A force de râler, les parents finissent par obtenir une amélioration... mais les élèves de ma classe n'ont jamais pu suivre l'intégralité des cours. Nous avons quand même présenté l'examen et été notés avec indulgence (à mon avis).

   Pour les élèves des séries scientifiques qui voulaient garder le grec, ce fut impossible. Je crois que, sur tout l'établissement, il devait y avoir 5-6 élèves, pour lesquels venait un prof d'un autre lycée (le seul prof de grec du département, je crois).

   Et pourtant... quand on veut écrire correctement le français (et comprendre ce que l'on écrit), acquérir quelques notions de latin et de grec est particulièrement judicieux. Et que dire de la culture gréco-latine ? Elle est très riche et pourrait être très utile encore aujourd'hui.

   Tout ça pour dire que le mépris avec lequel les ronds-de-cuir de l'Education Nationale traitent les langues anciennes n'est pas récent : j'ai passé mon bac à l'époque où Michel Rocard était Premier ministre... (Nom de Diou !)

   Aujourd'hui, ce sont les langues anciennes qui trinquent, mais, dans un avenir proche, c'est l'histoire-géographie qui va y passer, d'après ce que j'ai compris de la réforme des lycées. Sûr qu'avec des jeunes plus incultes et analphabètes, les démagogues de tout poil ont un bel avenir politique dans notre pays.

 

 

  

  

vendredi, 13 août 2010

Des cousines des statues-menhirs aveyronnaises ?

   Il s'agit de "stèles anthropomorphes", dont les photographies ont été publiées dans Le Monde des 11-12 juillet derniers :

Routes d'Arabie 11 07 2010.JPG

   Le "quotidien de référence" traitait là de l'inauguration d'une exposition, "Routes d'Arabie", au musée du Louvre, le 14 juillet. (Elle est visible jusque fin septembre.)

   On peut les voir aussi dans le dossier de presse, pages 4, 27 et 48. On peut y lire qu'elles datent du IVe millémaire avant JC, ce qui en fait des contemporaines des statues aveyronnaises, qu'on estime âgées de 4 000 à 5 000 ans.

   A la différence des productions rouergates, celles-ci sont exclusivement masculines (même si l'une porte un collier, attribut féminin dans les sculptures aveyronnaises). Toutefois, la présence d'un baudrier, d'une ceinture et le dessin du visage de la seconde sont assez troublants à des milliers de kilomètres de notre belle région.

lundi, 02 août 2010

Une préfiguration du destin du musée Soulages ?

   La lecture de la presse quotidienne réserve parfois de drôles de surprises. Voici ce que j'ai trouvé dans un "vieux" numéro du quotidien Le Monde, daté du 12 juin 2010 :

Musée breton LeMonde 12 06 2010.JPG

   Comme à Rodez, il est question d'un musée d'art contemporain, ici celui de Kerguéhennec, déjà existant. Il se trouve dans la petite commune de Bignan, dans le Morbihan.

   Même si les deux communes ne sont pas de même importance, plusieurs éléments rapprochent les deux cas. Tout d'abord, le budget de fonctionnement, estimé à 900 000 euros pour le futur "machin" aveyronnais (je ne pense pas être excessivement pessimiste en arrondissant à 1 million d'euros), contre plus de 600 000 euros pour Kerguéhennec (en additionnant ce que versent les collectivités publiques, commune et communauté de communes exclues).

   Notons que, dans le cas breton, le conseil général a diminué sa subvention. A Rodez, on craint plutôt de voir l'Etat abaisser sa part dans la construction.

   Autre différence : Kerguéhennec est géré par une association alors qu'à ma connaissance, ce n'est pas le fonctionnement retenu pour le futur musée Soulages.

   Je suis toutefois inquiet parce que dans les deux cas, il est question de promouvoir l'art contemporain, de s'appuyer sur des artistes et des oeuvres reconnues (par l'élite...), dans un territoire relativement enclavé... et que cela ne mord pas sur le grand public.

lundi, 26 juillet 2010

Une "vieille" mention des statues-menhirs aveyronnaises

   Je l'ai trouvée dans un numéro du magazine L'Illustration du 26 décembre 1925. Ce périodique grand public a longtemps fait la joie d'un public avide à la fois d'informations sur les grands de ce monde et d'ouverture culturelle. C'est une sorte d'ancêtre de Paris-Match, en plus haut de gamme.

   C'est dans les brocantes que l'on peut tomber sur les anciens numéros. Au risque de décevoir ceux qui pensent que "c'était mieux avant", ils sont farcis de publicité, celle-ci étant placée au début et à la fin. L'une de celles présentes dans le numéro que je me suis procuré fait l'apologie d'OVOMALTINE, "aliment naturel tonique" (que l'on peut se procurer notamment en pharmacie...). Une autre vante les stylos "JIF Waterman" etc.

   Parmi les articles, on trouve une analyse de la situation en Chine, sous-titrée "L'action nécessaire de la race blanche dans l'évolution de l'Asie". L'auteur, un certain "Dr Legendre", se désole de l'anarchie qui règne dans le pays et voit dans celui-ci de grandes possibilités de croissance économique... fondée sur l'exportation de matières premières !

   Un autre article est consacré au premier croiseur français de plus de 10 000 tonnes. La rubrique nécrologie évoque la mort de Jules Méline, qui a laissé de très bons souvenirs dans les campagnes françaises.

   En littérature, on se réjouit de l'attribution du prix Goncourt à Raboliot, de Maurice Genevoix.

   On trouve donc aussi une demi-colonne "aveyronnaise" :

 

Illustration 26 12 1925.JPG

   Depuis, d'autres stèles ont été découvertes. On peut en admirer un bel échantillon au Musée Fenaille.

 

jeudi, 08 juillet 2010

Les cultureux aiment Pierre Soulages

   C'est en tout cas ce qui ressort d'un sondage publié dans la revue Art absolument, il y a plus de deux mois. L'écho m'en est parvenu par le quotidien Le Monde du 15 avril 2010 :

LeMonde 15 04 2010.JPG

   Il s'agit du résultat d'un sondage réalisé auprès des adhérents de la Maison des artistes. Mais, d'après Le Point, sur 13 500 membres, seuls 2 881 ont répondu au questionnaire en ligne. Cela relativise un peu les résultats, puisque la participation se monte à 21 %... à comparer toutefois aux bases des sondages trop souvent utilisés par nos media : 700 à 1 000 personnes sont en général interrogées.

   Un autre défaut de cette consultation est de nous proposer l'avis de spécialistes (parfois concurrents), dont l'opinion n'est pas forcément annonciatrice de ce que retiendra la postérité.

   Mais le principal reproche que je fais à cette consultation est d'être orientée. En effet, les artistes ont été consultés en février 2010, alors que la rétrospective Soulages battait son plein au Centre Beaubourg. Difficile d'évacuer l'idée que l'actualité a pu influer sur le choix des votants. C'est, encore et toujours, un aspect de l'offensive Soulages...

lundi, 28 juin 2010

L'offensive Soulages

   Je ne sais pas si l'on peut parler de "matraquage" (je pense qu'il faut réserver le terme ; il sera très utile d'ici deux à trois ans), mais c'est fou ce que l'on parle du futur musée.

   En fait, je dois le révéler, le musée Soulages existe, je l'ai rencontré ! Il se trouve à Olemps, sur deux sites, l'hôtel de ville et la médiathèque. Y sont exposés (jusqu'au 30 juin 2010) les travaux que les élèves de la commune ont réalisés, sous l'experte direction de leurs professeures (que des femmes apparemment... au passage, si l'on ne peut que déplorer la sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité dans notre pays, il serait bon aussi de se poser des questions sur la féminisation excessive de certains métiers). Cette exposition a bénéficié d'une ample couverture médiatique (il en a ainsi été question deux fois dans Le Ruthénois ; de son côté, La Dépêche du Midi s'est fait l'écho de la réalisation en cours puis de l'inauguration de l'expo).

   Les "toiles" sont présentées accompagnées d'un petit carton explicatif. Cela ressemble à du Soulages, c'est (en général) aussi laid que du Soulages, mais ce n'est pas du Soulages. Encore que... je serais bien incapable de distinguer, dans la plupart des cas, l'oeuvre du Maître de la copie des jeunes apprentis.

   Quelques productions ont néanmoins retenu mon attention, notamment celles qui, à l'aide d'un pliage discret, donnent une impression de relief. J'ai aussi bien aimé l'exercice de style sur le bleu et le noir, en couches superposées, en partie raclées :

 
Olemps (6).JPG

   Dans chaque salle, en plus des toiles, on peut consulter un cahier de photographies, où l'on voit les bouts d'chou en action. Ils portent en général un vieux T-shirt de leurs parents (on reconnaît des marques : Le Technicien du sport, Centre Presse - Midi Libre, Nasdaq...). Peut-être a-t-on soigneusement sélectionné les images (encore que... il y en a un paquet !), toujours est-il que les bambins sont très appliqués et "déconnent" rarement ! Franchement, à leur place, j'aurais transformé la salle de classe en toile de Soulages !

   Dans la partie située dans la médiathèque, en plus des productions "soulagiennes", on peut voir un documentaire consacré au Maître (intéressant, ma foi). Je pense qu'il doit s'agit du même film que celui qui a été projeté lors du vernissage de la place de la cité. Dans une autre salle, on trouve aussi des acrostiches construits autour des lettres du nom de l'artiste. Je vous en propose un de mon cru (y a pas de raison que seuls les enfants s'amusent, hein !) :

Saoûlant

Onnycomprendpagranchoze

Ubuesque

Lénifiant

Assommant

Gargarismes

Elitisme

Savacoûterbonbon

   Pour terminer sur Olemps, je signale la plus belle oeuvre (à mon goût) présente sur les lieux : une fresque située dans la cour :

Olemps (5).JPG

   La deuxième couche est apportée par l'exposition de maquettes dans une salle située dans le bâtiment naguère dévolu à la Chambre de Commerce et d'Industrie. (C'est je crois la même que celle qui a été présentée à la Cité de l'architecture et du patrimoine.) Le vernissage a eu lieu vendredi 25 juin, pratiquement en même temps que la conférence de Serge Klarsfeld à Conques et qu'un autre vernissage, celui d'une exposition de photographies datant de l'époque d'Eugène Viala. Notons ce manque de coordination dans l'offre culturelle "haut de gamme", assez désolant.

   Je conseille à tous les contribuables du Grand Rodez d'aller voir ces maquettes. On peut demander des explications à la charmante jeune femme qui assure la permanence. On peut aussi repartir avec de la documentation :

- une vue virtuelle de l'arrière du site, une fois le musée construit (ça, c'est uniquement si vous kiffez à donf')

Musée vue théorique.JPG

- un texte présentant les architectes lauréats du concours

- une plaquette du Grand Rodez (sur papier glacé) détaillant le projet

- un exemplaire du Figaroscope du 16 décembre 2009 (édité, je pense, à l'occasion de l'exposition du centre Beaubourg) : Un musée pour Soulages

   Vous voulez encore de la lecture sur le sujet ? Hé bien, précipitez vous sur le numéro 6 du magazine Rodez, notre ville : deux doubles-pages sont consacrées au réaménagement de la zone du Foirail.

   Si l'oeuvre de Pierre Soulages est votre tasse de thé (noir), vous pouvez aussi aller faire un tour sur son site internet.

   Cela ne vous suffit toujours pas ? Alors peut-être l'audiovisuel va-t-il combler votre attente. Le Grand Rodez a financé le tournage d'un film (dont il existe une version courte, une version longue... et une version pirate). Je trouve la version longue assez bien fichue (pour un film publicitaire). On voit toutefois qu'on s'adresse prioritairement aux classes moyennes. Et Soulages, là-dedans ? Il occupe les dix secondes qui précèdent le générique de fin de la version courte. Dix secondes sur soixante-treize, pas mal pour un musée qui n'existe pas et dont la première pierre n'est même pas posée !

   Même quand on se rend sur le blog économique du Grand Rodez, on n'échappe pas à Soulages. Si vous regardez la courte vidéo de présentation de Ludovic Mouly, vous distinguerez sans peine, à l'arrière-plan, un "brou de noix" du génie de l'outre-noir. Pour l'anecdote, on peut trouver une autre version de cette présentation, un peu plus courte, sur Dailymotion. Ludovic Mouly y est cadré plus serré, micro apparent (le son, d'intensité plus faible, est toutefois de meilleure qualité), il gigote moins (mais on voit plus nettement l'inclinaison de sa tête) et il n'y a pas de coupure.

   Une fois ces couches posées, à la manière de Soulages, il faut gratter un peu. Creusons la partie "coûts". Cela va donner un peu de relief à mon billet ! Commençons par comparer les estimations. Le magazine Rodez, notre ville évoque 23 millions d'euros (toutes taxes comprises) pour l'ensemble formé par le multiplexe de cinéma, le parking et la salle des fêtes. Pour le musée, selon aveyron.com, il est question de 22 millions d'euros... TTC ? Non, en fait. La plaquette que l'on trouve sur le site de l'exposition des maquettes parle de "21 millions 460 000 euros ht, hors restaurant et parc de statonnement" !!!! (Notez le "ht" mis pudiquement pour "hors taxes" : si l'on a coutume d'écrite TTC, il est par contre assez fréquent d'écrire l'autre expression en toutes lettres.)

   C'est là qu'intervient mon voisin de palier, qui demande "Et avec les taxes, ça fait combien, d'après vous ?" Plus de 25 millions d'euros selon Le Parisien... ça fait réfléchir ! On se demande évidemment si les taxes vont être équitablement réparties entre les collectivités qui financent le projet : le Grand Rodez (9,5 millions), le département de l'Aveyron (4 millions), la région Midi-Pyrénées (4 millions) et le ministère de la Culture et de la Communication (4 millions). Pensez aussi aux surcoûts imprévus, aux aléas climatiques etc.

   Voilà de quoi nourrir bien des inquiétudes, peu relayées par la presse, ou alors pour les rabaisser. (Du côté de la blogosphère, j'aime bien l'analyse de KaG.) A ma connaissance, seul Le Nouvel Hebdo se fait régulièrement l'écho du risque financier. Chaque semaine ou presque, un entrefilet ou une incise vient rappeler que tout n'est pas parfaitement ficelé. Le journal satirique fait cependant porter la critique surtout sur le coût de la construction (ainsi que sur l'entretien, jugé prématuré, d'un conservateur), constatant qu'en période de crise, les crédits nationaux diminuent. La crainte est que la participation du ministère ne fonde... les foyers du Grand Rodez étant mis à contribution pour sauver le projet.

   Mais c'est la partie coût de fonctionnement qui m'inquiète le plus. Le site aveyron.com évoque 900 000 euros par an. (Tout compris ? On aimerait avoir le détail.) Quand on lit ici ou là que les promoteurs du musée comparent son impact à celui consacré à Toulouse-Lautrec, à Albi, on se dit que les perspectives de fréquentation sont peut-être excessivement optimistes.

   Enfin, les mauvaises langues disent que Soulages a déjà le musée Fabre, à Montpellier, où deux salles lui sont consacrées. Ces mauvaises langues (toujours elles, les vilaines !) susurrent que les toiles les plus susceptibles d'attirer le public snob et friqué ont été données (par les époux Soulages) au musée héraultais. Ceci dit, on peut penser que des oeuvres seront prêtées et c'est à Rodez que les cartons des vitraux de Conques seront exposés.

dimanche, 04 octobre 2009

Un nouveau label pour les librairies

   Entre les Français qui sont moins nombreux à acheter des livres, les "gros lecteurs" qui se font plus rares, la concurrence d'internet (grâce auquel on peut avoir accès à des textes tombés dans le domaine public... mais aussi grâce auquel on peut "faire ses courses", certains libraires en ligne étant particulièrement dynamiques) et la crise économique, les "petites" librairies sont menacées. Par exemple, le site des éditions Luigi Castelli recense celles qui ont fermé dans la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur.

   En 2007, Antoine Gallimard a rendu un rapport sur les librairies indépendantes, à l'issue d'une mission que lui avait confiée la ministre de la Culture Christine Albanel. Le constat qu'il dressait était inquiétant.

   Ses propositions ont été suivies d'effet puisqu'un label L.I.R. (Librairie Indépendante de Référence) vient d'être créé. Son obtention est soumise au respect de critères très précis. 406 établissements l'ont décroché. En consultant la liste, je me suis rendu compte que seuls quatre établissements aveyronnais figurent dans la liste, dont les trois vraies librairies de Rodez, une spécialisée dans la B.D. (elle dispose d'un bon fonds), l'autre plus tournée vers le périscolaire et enfin la principale, la Maison du Livre, dont le directeur préside le Syndicat de la Librairie Française. Evidemment, l'Espace culturel Leclerc de Rodez n'est pas sur la liste. En Midi-Pyrénées, dans chaque département, on trouve au moins un établissement labellisé.

   A titre de comparaison, j'ai regardé quelle est la situation dans une autre région... au hasard la Lorraine. On peut noter qu'en Meuse, aucun établissement n'est labellisé. On en trouve deux dans les Vosges, trois en Meurthe-et-Moselle et autant en Moselle. La principale librairie de Nancy, le Hall du Livre (qui a été rachetée par Privat et a rejoint le groupe propriétaire du site chapitre.com), ne figure pas dans la liste. Elle n'est plus considérée comme indépendante. (D'ailleurs, quand on recherche son site internet, on tombe sur ça.) On peut s'amuser à chercher longtemps dans la liste, à voir qui en est absent. Une seule librairie corse est mentionnée, deux en Guyane, une en Martinique, aucune en Guadeloupe... mais six à la Réunion ! Cela peut être aussi un outil de référence pour ceux qui, lorsqu'ils se rendent dans une ville inconnue, veulent "acheter intelligent".

14:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, culture

jeudi, 10 septembre 2009

Enregistrer la radio sur internet

   Bon, je débarque sans doute et je vais peut-être passer pour un dinosaure, en retard d'une révolution, mais, jusqu'à il y a pas longtemps, je me contentais d'enregistrer en analogique, à partir de ma mini-chaîne (elle commence à avoir des rhumatismes, la mémé), sur des cassettes.

   J'ai fini par découvrir un moyen simple, utilisable par des non spécialistes, d'enregistrer les radios diffusées sur la Toile. Le logiciel s'appelle Screamer Radio... et il est gratuit ! Les manipulations de début sont décrites sur le site de Science et Vie Micro (SVM pour les intimes). Honnêtement, c'est assez facile. Il faut juste faire attention au moment d'enregistrer tous ces machins (savoir où qu'c'est qu'on a fourré tout l'truc notamment), donner un nom repérable au fichier principal, créer un raccourci etc.

   Après... ben après, on teste ! On cherche à savoir quelles sont les radios référencées (y en a du "mon dentier" !). On tente de les écouter... et on découvre, quand même, que toutes ne sont pas accessibles. (J'ai été limite interloqué par une radio algérienne où il m'a semblé qu'une femme donnait des conseils de vie quotidienne aux auditeurs qui l'appelaient.) On enregistre ses préférées, de manière à ne plus avoir à se fair iech les autres fois.

   On passe ensuite à la phase enregistrement. Au début, j'ai eu un peu de mal à distinguer la phase "écoute" de la phase "enregistrement". J'ai très vite fini par comprendre quand cette touche indiquait que l'enregistrement était en marche !

   Gros avantage du système : dans le fichier choisi au préalable, les plages enregistrées sont classées par radio (dans de petits dossiers). Cool !

   J'ai failli oublier : c'est au format MP3.

   Comme il y en a qui ne sont jamais contents, SVM a pensé à ceux qui veulent enregistrer chanson par chanson, sans se fouler pour autant. (Faut quand même fournir quelques efforts, dans ce cas bien précis.)

   Bonne écoute !...

16:55 Publié dans Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, internet, culture

dimanche, 06 septembre 2009

Groland mag'zine

   C'est le retour de la fine équipe de Canal +. Pendant juillet-août, les adeptes de drogue dure ont pu revisionner en accéléré les émissions de l'année écoulée.

   La première de l'année 2009-2010 est dans le ton des précédentes, avec humour "héneaurme", recours à des acteurs non professionnels... et parfois pro (un célébrissime acteur français joue les guest). Cette fois-ci, on nous a épargné les éructations de Siné. Il est malade ou ils se sont fâchés ?

   Au programme : grippe A et antisarkozysme secondaire, puisque cela passe par l'intermédiaire de cet Etat fictif, le Groland (dont certains véhicules circulent sur nos belles routes de France, cela ne vous aura pas échappé), dont le président a un comportement qui n'est pas sans évoquer celui de l'ancien maire d'une commune peu désargentée de la banlieue parisienne.

   J'ai aussi particulièrement apprécié la séquence sur la fiscalité, qui doit parodier une émission de TF 1, mais où, surtout, Francis Kuntz fait preuve de sa goujaterie habituelle !

   Un bémol toutefois : la scène avec la souris, non simulée m'a-t-il semblé.

http://player.canalplus.fr/#/273371

samedi, 22 août 2009

Conférence sur les volcans

   Ce soir, c'était sortie culturelle ! J'ai donc quitté la capitale aveyronnaise pour gagner Bozouls, charmant bourg d'un peu moins de 3000 habitants. Il est traversé par une rivière, le Dourdou, dont le méandre est LA curiosité de la région, le fameux "trou". Comme c'est ombragé, l'été, c'est une balade des plus agréables. Vu du ciel, cela donne ceci :

   Le site attire les géologues. Récemment, un musée consacré à leur discipline a été ouvert : il s'agit de Terra Memoria. De plus, chaque année, au mois d'août, se tient un festival des sciences de la Terre, qui associe excursions, animations et conférences. J'ai assisté à l'une d'entre elles, consacrée aux volcans. L''intervenant était Henry Gaudru. Il a notamment publié un dico très pratique sur la question :

Gaudru dico.jpg

   Dans la salle, pour faire patienter le public, un  diaporama était projeté, portant notamment sur l'Aveyron vu du ciel. Ensuite a démarré la conférence (à 21h, au lieu des 20h30 annoncés... encore une manifestation du tristement célèbre "quart d'heure aveyronnais"...)

   Gaudru est un type jovial, qui connaît son sujet. S'il maîtrise très bien les termes techniques, il s'exprime de manière assez familière à l'oral (avec des fautes d'expression). Cela rend peut-être son exposé plus accessible aux profanes mais, comme le public (très attentif... et un peu tétanisé par la chaleur, pourtant atténuée par deux climatiseurs et un ventilateur... fallait bien choisir sa place, les gars !) était visiblement majoritairement constitué d'adultes déjà murs et ayant suivi des études universitaires, j'ai parfois senti un peu de flottement. Cela restait toutefois très intéressant, en particulier lorsque Gaudru abordait des cas particuliers. Comme il a pas mal roulé sa bosse, il avait toujours des anecdotes piquantes à raconter sur tel ou tel volcan.

   A la fin de son intervention, certains des bénévoles qui font tourner le festival sont passés dans les rangs du public pour nous proposer de l'eau fraîche. Grâce leur soit rendue !

dimanche, 05 juillet 2009

La crise iranienne en B.D.

   Le procédé n'est pas nouveau : il s'agit du détournement d'une oeuvre artistique. La "victime" en est Marjane Satrapi, auteure de l'excellent Persépolis, dont l'adaptation animée a remporté le prix du Jury, en 2007, au festival de Cannes.

   D'après le site du quotidien gratuit 20minutes, ce sont deux Irano-américains qui ont eu cette idée.

   Le résultat est visible, sous forme de diaporama, sur le site flickr.

   On peut aussi accéder aux vignettes individuellement... et même les enregistrer ! 

mercredi, 17 décembre 2008

Pour elle

   Voici un polar sentimental, qui s'appuie sur deux piliers principaux : l'interprétation et le scénario. Commençons par ce que le film n'est pas.

   Le personnage joué par Diane Kruger étant arrêté puis condamné pour meurtre, plusieurs possibilités s'offraient aux scénaristes. Ils auraient pu choisir de faire de l'héroïne une coupable. L'intérêt du film aurait constitué en la progressive découverte de la supposée double vie de l'épouse habile par le mari berné. Cela aurait eu l'avantage de fournir un rôle de délicieuse salope à Diane Kruger, un peu lassante à force d'incarner des nunuches.

   Les scénaristes ont choisi de faire de l'héroïne une innocente. Elle n'est pas victime d'un complot (j'aurais bien vu un truc franchement tarabiscoté, mais bon... chacun son trip). L'histoire ne consiste pas non plus en la recherche de la vraie coupable, que l'héroïne a croisée le soir du meurtre. Les auteurs ont opté pour une intrigue plus romanesque (qui n'a pas forcément plu aux critiques).

   Le récit est cassé, débutant par une séquence intervenant en fait vers le milieu de l'histoire. C'est par le son que l'on découvre d'abord ce passage, qui nous est narré dans le détail plus tard dans le film. Le principe du retour en arrière est bien maîtrisé.

   Le film s'articule autour de quelques moments forts ; la quête de l'argent et la fuite sont les deux plus marquants, en dépit de quelques invraisemblances. Si vous êtes indulgents, cela passera. On peut noter que l'interprétation est bonne, les seconds rôles excellents.

   On a beaucoup glosé sur la manie du héros (joué, tout en nerfs, par Vincent Lindon) de transformer le mur d'une des pièces de son appartement en tableau de bord, sur lequel il dessine ou agrafe. Même si c'est une resucée, j'ai trouvé cela assez bien vu (et mis en scène) : cela donne une bonne idée de la monomanie qui s'empare de ce personnage... et cela débouche aussi sur un des gags du film. Un soir, Vincent Lindon s'aperçoit que son fils s'est mis à griffonner sur l'un des murs de sa chambre : "Je fais comme toi, papa !" dit-il. Ledit papa finit par le coucher en lui disant "Au lit, Picasso !".

14:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture