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dimanche, 31 mai 2015

Contrefaçon mon amour

   L'excellente émission Interception, diffusée le dimanche matin sur France Inter, était aujourd'hui consacrée à la contrefaçon. Les reporters ont suivi deux types d'acteurs de la lutte contre ce fléau économique : des douaniers et un représentant de l'entreprise Maped, bien connue de tous ceux qui achètent des fournitures scolaires ou de bureau.

   On découvre que ce dernier se rend régulièrement à la Foire de Canton, qui se déroule désormais deux fois par an. Les autorités chinoises sont globalement assez coopératives, à condition de connaître les us et coutumes locales.

   La mondialisation aidant, l'enquête s'étend de Canton à Aubervilliers, en passant par Le Havre, Rouen et Saint-Ouen. Une des tendances récentes est l'arrivée massive de nouveaux "investisseurs" : les réseaux de trafiquants de drogue, qui voient dans la contrefaçon un moyen moins risqué de faire des profits.

   D'ailleurs, à la fin de l'émission, la déléguée générale du Comité Colbert a rappelé que les frères Kouachi ont sans doute financé l'achat des armes qui leur ont permis de perpétrer leur massacre à l'aide de la revente de vêtements de contrefaçon.

   Symptomatique est aussi la réaction des acteurs connexes à ce genre de trafic : les sociétés postales jouent désormais le jeu mais, curieusement, les banques continuent à freiner des quatre fers. Et pourtant, la majorité des achats de produits contrefaits passent par l'utilisation d'une carte de paiement...

samedi, 30 mai 2015

Collisions journalistiques

   Le numéro de La Dépêche du Midi de ce samedi (comprenant le cahier aveyronnais) était particulièrement intéressant à lire. Je l'avais acheté en partie pour les articles portant sur les récents faits divers (dont je parlerai plus loin). Mais, dès la page 3, un sourire sarcastique a dû s'afficher sur mon visage angélique, à la lecture d'un papier consacré aux réactions de militants midi-pyrénéens de l'UMP (à l'approche du congrès de leur parti) :

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   Curieusement, à la différence des autres militants, dont le pédigrée nous est sommairement présenté, Bernard Saules est simplement désigné comme "retraité". Oublié le conseiller départemental (réélu cette année), tout comme le conseiller municipal d'opposition de 2008 à 2014. (Cela m'a un peu rappelé un sondage bidon de Midi Libre, avec, dans le panel consulté, une adjointe au maire de Rodez.) Il est possible que l'auteur de l'article, sans doute basé à Toulouse, ne soit pas au fait de la vie politique aveyronnaise. Au passage, les propos de l'élu ne sont pas dénués d'intelligence.

   Restons dans la politique locale avec un début de mini-polémique à propos du musée Soulages. Hier, le quotidien toulousain a publié un entretien avec le parisiano-aveyronnais Philippe Meyer, dans le cadre du premier anniversaire de l'ouverture des désormais célèbres boîtes à chaussures rouillées. L'animateur-historien-journaliste y formule des critiques contre l'action d'élus locaux qui ne sont pas nommés :

   "Encore faut-il lui donner les moyens et encore faut-il que les politiques ne se prennent pas pour des conservateurs ! L'arrogance de certains de prendre des décisions pourrait être catastrophique. On peut s'interroger sur la suite, un musée a un coût de fonctionnement très cher et il est embêtant que la communauté d'agglomération coupe d'autres subventions et assèche ainsi le terrain."

   Il semble que Philippe Meyer désigne la gestion de Christian Teyssèdre, dont il conteste deux aspects (après avoir toutefois fait l'éloge du reste). Il semble affirmer que le maire de Rodez et président de la communauté d'agglomération tente d'influer sur la gestion artistique du musée. De plus, il regrette les coupes budgétaires dans le secteur culturel. Benoît Decron s'est "dépêché" de répondre dans le numéro de ce samedi :

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   Cette mise au point dément toute intervention de l'élu. En lisant le début du texte, on sent aussi que le conservateur a tenu à faire savoir qu'il ne pouvait pas se trouver à la source des déclarations de Philippe Meyer. Il omet toutefois de répondre à la seconde partie des critiques. En effet, si l'on peut se réjouir de la bonne fortune des musées ruthénois depuis l'ouverture de Soulages, avec la politique du billet unique, on ne peut en revanche que regretter que les véritables expositions temporaires soient désormais réservées au Foirail. Je suis notamment particulièrement nostalgique des expositions de Fenaille, sur la chevalerie, les objets rapportés par les explorateurs aveyronnais, les dernières découvertes sur les statues-menhirs...

   La deuxième "collision" est celle de deux faits divers assez semblables, qui se sont tous deux déroulés dans l'Aveyron. L'attaque de l'agence bancaire de Laissac a fait les gros titres. A la lecture de l'article, on comprend que quelqu'un a dû appeler les gendarmes, qui ont raté les cambrioleurs de peu. Vu le bruit que l'attaque a dû provoquer, à quatre heures du matin, je pense que pas mal de monde avait été réveillé.

   Ce ne semble pas avoir été le cas à Rieupeyroux, où c'est un tabac-presse qui a été victime des malfaiteurs. Et pourtant, les cambrioleurs ont dû détruire un mur en béton, couper des barreaux métalliques et défoncer une porte blindée. Le tout en pleine nuit, dans le centre du bourg ! Et personne n'a rien entendu ? Ou alors, les gendarmes venant de Villefranche-de-Rouergue, bien qu'avertis, ne se sont pas montrés particulièrement diligents...

   On ne quitte pas totalement le fait divers avec la "collision" suivante. Un article est consacré à une association d'Arvieu, qui a créé jadis le "Mac d'Oc", en réaction au succès de la chaîne de restauration rapide. Quelques pages plus loin, un encadré évoque les travaux en cours à Decazeville : un établissement McDonald's devrait y ouvrir en septembre... avec des emplois à la clé.

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   Mais les sujets de "collision" ne sont pas présents que dans le contenu éditorial. Je pense que quelques fidèles lecteurs de La Dépêche hostiles aux éoliennes ont dû être interloqués à la lecture d'une page publicitaire consacrée à la semaine du développement durable. En voici un échantillon :

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   L'encadré évoque une entreprise montpelliéraine, qui n'a pas encore eu de contrat dans l'Aveyron.

   La dernière "collision" n'est pas la plus réjouissante. Pourtant, elle concerne une manifestation culturelle censée encourager l'amitié entre les peuples. Cette année, le Forom des langues, qui se tient place du Capitole, à Toulouse, ne comprendra pas de stand dédié à l'hébreu, pour la première fois en 23 ans.

   Par une étrange coïncidence, à quelques pages de là, un communiqué de Simon Massbaum annonce le décès de Janine Blum, jadis élève du lycée Fabre (à Rodez), qui avait été déportée avec sa soeur en 1944 :

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   Elle était revenue à Rodez en 2009, à l'occasion de la pose d'une plaque commémorative sur la façade de l'établissement scolaire (devenu collège).

samedi, 23 mai 2015

"L'Hebdo" numéro 385

   Il y a à boire et à manger dans l'hebdomadaire satirique aveyronnais paru ce vendredi. L'éditorial de Gérard Galtier évoque l'ébauche de civisme qui semble toucher les sénateurs français, qui ont voté une série de mesures pour "moderniser" le fonctionnement de l'institution... et notamment limiter l'absentéisme des parlementaires.

   Sur le site du Sénat, on peut lire le compte-rendu intégral de la séance du mercredi 13 mai 2015. Dès le début, le rapporteur de la commission des lois, Jean-Jacques Hyest (élu UMP francilien), tient à préciser cette initiative des sénateurs "répond non pas à des exigences extérieures au Sénat, bien que nous sachions écouter ce qui se dit hors de nos murs, mais à une réflexion conduite au sein de notre assemblée". Les membres de la Haute Assemblée n'ont pas envie de reconnaître qu'ils se sont fait un peu forcer la main... et que leur fonction (comme d'autres) souffre d'un grand discrédit auprès de la population, ce que reconnaît explicitement une élue écologiste du Maine-et-Loire, Corinne Bouchoux. (Plus loin dans le compte-rendu, la sénatrice révèle que nombre de ses collègues passent leur temps sur Twitter ou Facebook... alors qu'ils sont en réunion de commission !)

   Dans la foulée Jacques Mézard (élu du Cantal) s'en est pris au président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone et à tous ceux qui souhaitent plus ou moins ouvertement la suppression du Sénat. Il n'en soutient pas moins l'introduction des sanctions pour absentéisme.

   Aux déclarations liminaires ont succédé les débats sur le contenu. Une première proposition d'amendement (du groupe communiste, républicain et citoyen, très actif dans le débat), attribuant une vice-présidence (ou un poste de questeur) à chaque groupe parlementaire, a été rejetée. A une plus grande visibilité des groupes minoritaires, les sénateurs ont préféré éviter l'inflation de bâtons de maréchal...

   On passe ensuite dans "le dur", l'organisation du travail des sénateurs et la sanction de l'absentéisme. Notons que la gestion de l'emploi du temps des élus pose problème, puisque certaines commissions du Sénat ont coutume de se réunir en même temps, voire pendant que se déroulent les séances plénières ! Les élus ont refusé la transparence totale, puisque la majorité a voté contre la publication du "tableau des activités", un document certes informel, mais qui permet de savoir qui fait quoi dans la journée. La majorité a aussi rejeté un amendement rendant publiques les délibérations du Bureau du Sénat (où il est question de la "cuisine interne", par exemple de la levée d'une immunité parlementaire...).

   La discussion s'est prolongée sur les exceptions, c'est-à-dire les motifs d'absence reconnus comme valables et ne devant donc pas être retenus contre les sénateurs. Des facilités ont été accordées aux élus d'outre-mer (à cause de l'éloignement de leur circonscription)... et aux femmes enceintes, les conséquences d'une grossesse ne devant évidemment pas être considérées comme une absence injustifiée ! Il est symptomatique que cette mesure (pas prévue dans le texte de la commission) soit prise en 2015, alors que les assemblées se féminisent de plus en plus.

   Quand on lit entre les lignes, on comprend que certains élus ont tenté d'introduire le maximum d'exceptions à la règle, histoire de continuer à mener leurs petites affaires en dehors du travail parlementaire... A l'inverse, certaines des propositions faites pour limiter le nombre d'absences autorisées (comme l'appartenance à plus d'une instance parlementaire internationale) ont été retoquées par la majorité, décidément très timorée.

   La discussion a aussi longuement porté sur la séance des questions au gouvernement, un moment-clé de la vie sénatoriale... retransmis à la télévision. L'accord fut quasi-général pour donner au sénateur questionneur un droit de réplique après la réponse du membre du gouvernement. Cela peut contribuer à rendre un peu plus vivant ce passage obligé de la vie parlementaire, aujourd'hui très convenu. Dans ce domaine, les démocraties anglo-saxonnes ont de l'avance sur nous.

   Et les Aveyronnais, là-dedans ? Novices dans la Haute Assemblée, ils n'ont pas participé aux débats, qui ont été limités aux interventions de quelques "figures" du Sénat. On peut en revanche s'intéresser à leur assiduité. Le site nossenateurs permet de s'en faire une idée.

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   J'ai comparé les participations des deux anciens et des deux nouveaux sénateurs de l'Aveyron. On remarque qu'en 2013-2014, Mme Escoffier n'a été réellement active qu'à la fin du printemps et durant l'été, juste avant les élections. Mais cela s'explique par sa participation au gouvernement Ayrault, jusqu'en mars 2013.

   Bien que cumulard, Alain Fauconnier n'en a pas moins été assidu aux séances du Sénat. A l'inverse de sa collègue de gauche, il a été plus présent au tournant de 2013 et 2014 qu'à l'été suivant, durant lequel il a davantage passé de temps dans sa circonscription, en prévision d'élections qui s'annonçaient difficiles. Il y a une autre raison à cet écart : en mars 2014 a été votée une loi sur la consommation, dont certains articles traitent des IGP non agricoles, en particulier de la future IGP Laguiole. Le maire de Saint-Affrique était co-rapporteur du texte.

   A droite, depuis l'automne dernier, c'est Alain Marc qui est le plus présent. Jean-Claude Luche était visiblement plus occupé par la gestion du Conseil général et la préparation des élections départementales... En 2017, MM Luche et Marc n'auront plus ce genre de souci, une fois que la loi sur le non-cumul des mandats s'appliquera pleinement.

   A titre de comparaison, voici, sur la même période, le profil d'une sénatrice très active (qui est d'ailleurs beaucoup intervenue dans le récent débat évoqué plus haut), Eliane Assassi (élue de Seine-Saint-Denis) :

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   Mais revenons à L'Hebdo, qui s'est longuement penché sur l'entrée en campagne de Dominique Reynié, désigné tête de liste UMP pour les prochaines régionales en Midi-Languedoc. L'émission Le Supplément, diffusée sur Canal+, lui a consacré un reportage intitulé Le bizut de l'UMP. Bien qu'étant né à Rodez, le politologue peut difficilement s'y affirmer enraciné, vu que, depuis ses études, il a mené toute sa carrière professionnelle en dehors de l'Aveyron. Notons que le brillant élève du lycée Foch semble avoir laissé de bons souvenirs derrière lui, nomment à l'un de ses anciens camarades, devenu vice-président du Conseil départemental de l'Aveyron :

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    Dans la rue, ce n'est pas le Ruthénois que les gens reconnaissent, mais l'homme de télévision. Ceci dit, j'ai trouvé sa relative maladresse plutôt rafraîchissante.

   Dans le petit monde médiatique, on a surtout retenu son altercation avec Christiane Taubira, qui m'est apparue un peu fabriquée. C'était l'occasion pour celui qui est présenté comme un quasi-centriste de se positionner auprès de l'électorat le plus à droite, dont l'obsession anti-Taubira est pathologique.

   Si l'on cherche à mieux connaître le bonhomme, on peut consulter son CV, accessible sur le site de Sciences Po. On ne s'étonnera pas d'apprendre que l'étudiant a travaillé sur la pensée de Friedrich von Hayek, un économiste considéré comme l'un des pères du néo-libéralisme. Il s'est aussi intéressé à une célèbre affaire politico-judiciaire de la IVe République, qui a débouché sur le procès Kravchenko.

   L'hebdomadaire aveyronnais s'étend moins que la semaine dernière sur la chronique judiciaire locale. Est notamment évoquée la condamnation (amplement méritée) d'Alexandre Larionov pour ses propos antisémites. Sa défense n'était vraiment pas bonne : il a argué d'une soirée trop alcoolisée pour tenter d'expliquer la rédaction de ses propos inadmissibles. Curieusement, une fois dessaoulé, il n'avait jamais songé à les supprimer de sa page Facebook...

   Pour se détendre, après ces considérations de haute politique, on peut lire certains des entrefilets de L'Hebdo. L'un d'entre eux est consacré au "dépucelage" de Louis XIV, une histoire cependant déjà bien connue, puisqu'elle a été jadis mise en scène dans le très bon film de Roger Planchon, Louis enfant-roi, en 1993. La déniaiseuse du roi, une femme de chambre d'Anne d'Autriche connue plus tard sous le nom de madame de Beauvais, n'a pas été gâtée par l'histoire, qui la dépeint en général comme une femme âgée et borgne (sous-entendu : laide). Pourtant, dans le film de Roger Planchon, elle a les traits ravissants d'Isabelle Renauld :

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   Peut-être qu'il s'agit là d'un choix "esthétique" typique de notre époque, qui répugne à laisser d'autres rôles que négatifs aux acteurs moins bien dotés par la nature. Néanmoins, peut-être R. Planchon est-il plus fidèle à la réalité. Selon les sources, "Cateau-la-Borgnesse" était âgée de 38 à 40 ans lorsqu'elle a initié Louis XIV aux plaisirs de la chair. A l'époque, une femme de cet âge était réputée horriblement vieille, mais cela ne signifie pas forcément qu'elle t laide, surtout si l'absence d'un oeil était son seul défaut physique.

   En tout cas, le jeune roi n'a pas été mécontent de ses "services", puisqu'il l'a aidée jusqu'à sa mort. Ce coureur de jupons égocentrique n'a pas oublié sa première fois.

samedi, 16 mai 2015

BD reportages

   Ils ont été publiés dans le numéro de Courrier international paru le 13 mai, dont la Une est consacrée à l'un d'entre eux :

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   On se précipite donc sur la rubrique-phare, pour lire la biographie imagée de l'un des assassins du 7 janvier dernier. Ceux qui ont suivi de près l'affaire des massacres de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher n'apprendront rien. Les autres découvriront quelques détails. Le style est assez épuré. C'est tout de même intéressant de voir comment un dessinateur italien a choisi de représenter l'histoire du délinquant devenu intégriste.

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   Les autres récits graphiques sont consacrés à un ancien centre minier serbe, à une mère habitant Chicago (dont la fille est morte dans une fusillade) et à un ouvrier "nettoyeur" du site de Fukushima... en fait un auteur de mangas qui s'est infiltré. Son ouvrage, déjà publié au Japon (et dont la version intégrale sortira en France en 2016), a suscité la polémique. Il est jugé trop complaisant, alors qu'un autre manga, lui aussi consacré aux conséquences de la catastrophe, est beaucoup plus critique.

   L'un des intérêts de l'hebdomadaire est aussi le foisonnement d'articles divers qu'il propose, sur à peu près tous les sujets et tous les pays du monde. Parmi ceux-ci, je signale un reportage sur la culture de maïs et de manioc dans différents quartiers d'Abidjan (en Côte d'Ivoire), un dossier sur le don d'organes dans le monde, une étude sur la gestion de l'eau en Californie et le récit de l'introduction des automates au Moyen Age en Occident.

   En bonus, sur le site internet, on peut lire un passionnant article à propos de l'enquête menée par un journaliste d'investigation sur la mort d'Oussama ben Laden. Le papier est complété par une animation, intitulée The Shooter, construite à partir d'entretiens réalisés avec le membre des Navy Seals qui aurait abattu le dirigeant terroriste. La version donnée est un peu différente de ce que l'on peut voir dans le film Zero Dark Thirty.

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   PS

   Les affirmations du journaliste Seymour Hersh sont contestées, notamment dans un article du Monde.

vendredi, 08 mai 2015

Inculture historique

   Ce matin, en me rendant sur le site de La Dépêche du Midi, j'ai été quelque peu interloqué par le titre d'un article traitant de l'événement-phare de ce vendredi :

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   La même erreur grossière se retrouve dans le corps de l'article :

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   Bien évidemment, le 8 mai, on ne célèbre pas un armistice, mais la capitulation allemande... qui, rappelons-le, n'a pas totalement mis fin à la Seconde guerre mondiale, les combats s'étant prolongés en Asie jusqu'en septembre 1945.

   La différence entre les deux termes n'est pas que de nuance. Un armistice est une trêve (pas un arrêt définitif des combats), impliquant des négociations, souvent entre gouvernements civils. Une capitulation est une reddition (militaire) sans condition, une exigence des Alliés qui voulaient que la fin de la guerre coïncide avec la chute du régime nazi.

   La version papier témoigne de la même négligence au niveau du titre. Toutefois, la carte située sous l'article est correctement présentée, puisqu'on y trouve le mot "capitulation" :

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   D'où vient l'erreur ? Peut-être pas du journaliste qui a rédigé le papier. A priori, je pencherais pour la personne qui a choisi le titre et/ou la photographie d'illustration. Celle-ci n'est pas adéquate, puisqu'elle fait référence à la commémoration de la Première guerre mondiale, à travers le pupitre du président Hollande et la légende.

jeudi, 16 avril 2015

Soulages pétrole

   Après réflexion, l'association des deux mots paraît logique, même si ce n'est pas l'aspect de "l'huile de roche" qui a inspiré le maître de l'outrenoir. Ils sont associés dans le dernier numéro de l'hebdomadaire Le 1, qui se consacre entièrement chaque semaine à un sujet différent :

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   L'exemplaire paru mercredi 15 avril a pour thématique l'or noir. En pages intérieures, on peut trouver un texte philosophique... qui m'a à peu près autant passionné que l'oeuvre de Pierre Soulages. D'ailleurs, l'une d'entre elles illustre l'article. C'est la Lithographie n°23, qui se trouve au Centre Pompidou :

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   Fort heureusement, le magazine contient d'autres papiers, bien plus intéressants. La couverture propose un extrait d'un ouvrage datant du XIXe siècle, à l'époque où l'extraction du pétrole débute aux Etats-Unis. Je recommande aussi la "Petite histoire du pétrole" en bandes dessinées, de la sédimentation à 2015. A côté, on lira avec profit un entretien avec l'économiste Giacomo Luciani.

   Une fois qu'il est complètement déplié, le magazine propose, sur une grande et unique feuille, deux planisphères, l'un présentant les réserves de pétrole (et leur accessibilité), l'autre consacré au gaz et au pétrole de schiste. A gauche des cartes, plusieurs textes expliquent les récentes évolutions. A droite se trouve notamment l'article d'Hélène Thiollet, sur l'Aramco, le pétrole saoudien... et l'organisation ségrégationniste de la société.

   Pour 2,80 euros, ça vaut le coup.

lundi, 13 avril 2015

Connerie au volant... mort au tournant

   C'est le fait divers qui enflamme actuellement l'Aveyron : la mort d'un policier, à Aubin (au nord-ouest de Rodez, à proximité de Decazeville), renversé par un chauffard qui tentait d'échapper à un contrôle routier. Comme la victime est un membre des forces de l'ordre, de surcroît jeune papa, l'émotion est grande. Mais, sans que des incidents aussi graves surviennent tous les jours, c'est très fréquemment que, sur les routes d'Aveyron (et d'ailleurs), des abrutis qui se croient plus forts que tout le monde mettent leur vie et surtout celles des autres en danger. Voyons ce qu'il en est ici.

   Le meurtre s'est produit en pleine agglomération, pas très loin d'un lycée (un vendredi après-midi...), dans une zone où la vitesse est limitée à 50 km/h. L'automobile circulait dans le sens Aubin-Viviez :

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   Le véhicule du conducteur a été chronométré à 94 km/h. L'excès de vitesse est donc de plus de 40 et de moins de 50 km/h (94-50 = 44). Le conducteur risquait une amende de 135 euros, au minimum un retrait de 4 points sur le permis, au maximum la suspension de celui-ci pour trois ans et la confiscation du véhicule.

   Au passage, on comprend qu'un vendredi de début de vacances scolaires, entre 15h et 16h, les forces de l'ordre soient sur le qui-vive, à un moment où nombre d'adolescents sortent des établissements. Au vu de la prise de risques inconsidérée du conducteur, il est heureux qu'aucun accident grave ne se soit produit. L'intervention des policiers l'a peut-être évité.

   L'infraction ayant été constatée, l'interpellation fut décidée. Mais le conducteur tenta d'y échapper en faisant demi-tour. Pourquoi ? On le sait aujourd'hui : il était sous l'emprise de stupéfiant. C'est un délit pour lequel il a déjà été condamné. Au passage, il serait bon de savoir ce qu'il en était du passager, à qui la voiture appartient. Etait-il alcoolisé ? Sous l'emprise du cannabis ? Pourquoi a-t-il laissé un drogué prendre le volant ?

   Cela nous amène à nous intéresser aux pneus (lisses) et au freinage. C'est le passager du véhicule (son propriétaire) qui est responsable de leur état. Cela rendait l'automobile extrêmement dangereuse... et devrait valoir à son propriétaire une amende comprise entre 90 et 750 euros. Voilà un second motif pour vouloir échapper au contrôle policier. Ne serait-ce pas le passager qui aurait incité le conducteur à rebrousser chemin ?

   La voiture a donc dû bien freiner au moins une fois (et assez brutalement). Pas pour éviter le policier : dans l'état actuel de l'enquête, aucune trace de freinage n'a été relevée sur la route (alors que le policier avait signifié l'ordre de s'arrêter)... et il semble que, contrairement à ce qu'affirme le conducteur, le véhicule, loin de tenter d'éviter le policier, lui a foncé droit dessus. (Et puis, quelle crédibilité accorder aux déclarations d'un individu qui était sous l'emprise du cannabis ?) C'est en amont du lieu du meurtre, à l'endroit où le véhicule a fait demi-tour, qu'on devrait pouvoir trouver des traces.

   Tout le monde l'a dit ou écrit : le choc entre la voiture et le policier fut d'une grande violence. D'après Centre Presse, le corps de Benoît Vautrin a été projeté à plus de 60 mètres ! Le véhicule lui ne s'est arrêté qu'au bout de 102 mètres... sur une chaussée sèche. Pour avoir une idée de la force de l'impact, il suffit de regarder l'état de la voiture, après :

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(Source : Centre Presse, 13 avril 2015)

   S'il est bien établi que le conducteur n'a pas freiné devant le policier, cela veut dire que le véhicule n'a perdu de la vitesse qu'à partir du choc. Des experts vont devoir étudier la chose, mais je pense que la voiture roulait à plus de 90 km/h au moment de l'impact. Je rappelle que quelques centaines de mètres auparavant, elle avait fait demi-tour pour échapper à l'interpellation. C'est dire l'accélération démesurée qui a été imprimée au véhicule par son conducteur... et ce, en pleine agglomération, en milieu d'après-midi.

   A certains, il ne reste que les yeux pour pleurer. Benoît Vautrin laisse une veuve et un enfant en bas âge. Il était originaire d'un village du Sud du Tarn, Lempaut (pas très loin de Castres), qui compte environ 800 habitants :

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   Un bel article de La Dépêche du Midi permet de réaliser à quel point il va manquer à ceux qui l'aimaient.

   Il est une autre famille qui ne doit pas se sentir bien (même si c'est à un degré moindre) : celle du chauffard. Celui-ci, s'il a un peu "dérapé" ces dernières années, n'est cependant pas une "racaille", du moins si l'on se fie au portrait publié dimanche dans Centre Presse :

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   C'est une leçon de plus pour les jeunes et les moins jeunes qui prennent le volant : le champignon le plus mortel de la planète est celui qui se trouve dans une voiture. Toute personne qui conduit peut devenir un danger pour elle-même et pour autrui. Il est regrettable qu'il faille attendre qu'un drame se produise pour que les paroles sensées deviennent audibles par toute la population.

mercredi, 01 avril 2015

Jean-Pierre Luche, Aveyronnais méconnu

   En faisant le tri des journaux achetés ces dernières semaines, je suis tombé sur La Dépêche du Midi du lundi 23 mars 2015, parue le lendemain du premier tour des élections départementales. A l'époque, je ne l'avais pas lue intégralement. Ce soir, un passage a attiré mon attention :

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   Dans cet article titré "Midi-Pyrénées : la gauche résiste", à deux reprises, Philippe Bernard s'est trompé dans le prénom du président sortant du conseil général de l'Aveyron. Ce n'est évidemment pas de Jean-Pierre mais de Jean-Claude Luche qu'il s'agit. La même erreur figure dans la version numérique de l'article, qui porte un titre légèrement différent :

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   Le journaliste n'est pourtant pas un stagiaire, ni un débutant : il est secrétaire général de la rédaction. A sa décharge, on peut signaler que, parmi les conseillers départementaux (et leurs prédécesseurs conseillers généraux), les Jean-Kekchose sont légion :

Jean-Luc Calmelly (sur Causse-Comtal)

Jean-Michel Lalle (naguère sur Bozouls)

Jean-Claude Fontanier (naguère sur Saint-Chély-d'Aubrac)

Jean-Claude Anglars (sur Lot-et-Truyère)

Jean-Paul Peyrac (naguère sur Laissac, bientôt sans doute à la place de Jean-Claude Luche sur Lot-et-Palanges)

Jean-François Albespy (naguère sur Entraygues-sur-Truyère)

Jean-François Galliard (sur Millau-2)

Jean-Philippe Sadoul (sur Nord-Lévézou)

Jean-Louis Grimal (naguère sur Salles-Curan)

Jean-François Théron (battu sur Rodez-1)

Jean-Philippe Abinal (sur Rodez-Onet)

Jean-Pierre Masbou (sur Villeneuvois-et-Villefranchois)

   Jean-Dominique Gonzales (sur Millau-1) est le seul conseiller portant ce type de prénom à être de gauche. C'est l'exception qui confirme la règle, même s'il a eu jusqu'à il y a peu trois collègues de sa sensibilité politique au prénom composé : Jean-Claude Gineste (sur Saint-Beauzély), Jean-Luc Malet (sur Saint-Affrique) et Jean-Pierre Mazars (sur Naucelle)

    P.S. (!)

   La même mésaventure qu'à J-C Luche était arrivée à Christian Teyssèdre (maire de Rodez), dont le prénom avait été transformé par Le Journal toulousain.

vendredi, 27 mars 2015

Alain Marc et les interprètes afghans

   On en apprend de belles dans l'éditorial de Gérard Galtier dans L'Hebdo de cette semaine. Sur son site internet (inaccessible au moment où j'écris ces lignes), l'ancien député et nouveau sénateur Alain Marc aurait annoncé s'atteler à une tâche importante : le devenir des contractants civils de l'armée française en Afghanistan et plus particulièrement le cas des interprètes.

   L'édito est ambigu. L'élu s'est-il contenté d'annoncer son intervention dans la séance des questions au gouvernement, ou bien a-t-il prétendu être le (futur) rapporteur du rapport d'une commission sénatoriale ?

   Sur la Toile, on ne trouve trace que de sa question au ministre de la Défense, soit sous la forme écrite, soit sous la forme vidéo. Au passage, on remarque que ladite question, posée le 21 janvier dernier, a reçu une réponse... le 10 mars.

   En fait, tout cela n'est que du cinéma, une manière de mettre en valeur le nouveau sénateur, alors qu'il sait très bien ce que va déclarer le ministre : la réponse à sa question figure dans un rapport d'une commission de l'Assemblée nationale, datant du 26 février 2012.

   A l'époque, Alain Marc était encore député de l'Aveyron. Peut-être faisait-il partie de ladite commission ? Regardons-en la composition :

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   Ah ben non (alors qu'on y remarque la présence du Tarnais Philippe Folliot)... mais, comme il devait déjà s'intéresser à la question du devenir des anciens employés afghans de l'armée française, il y a des chances qu'il ait poussé sa lecture jusqu'à la page 30 : "La France et ses responsabilités : la question particulière des personnels civils de recrutement local". Tout y est.

   Enfin, le comble de l'hypocrisie est atteint lorsque le sénateur réagit à la réponse du ministre. Il fait mine de s'enquérir du sort de ceux qui n'ont pas été accueillis en France... sous-entendu à cause du gouvernement actuel. En réalité, les critères ont été mis en place avant 2012, sous le tandem Sarkozy-Fillon, dont Alain Marc fut un indéfectible soutien.

jeudi, 26 mars 2015

L'Aveyron dans "Le Canard enchaîné"

   Les lecteurs aveyronnais du journal satirique auront eu la surprise de découvrir, en page 2 du numéro sorti le 25 mars, un entrefilet ironisant sur le résultat du premier tour des élections départementales dans le canton de Raspes-et-Lévézou :

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   L'hebdomadaire parfois surnommé "le Palmipède", qui fait son beurre des prises de bec entre politiques qui se volent dans les plumes, a dû trouver piquante l'association des noms de ces deux candidats divers gauche (sans doute PS en réalité).

   Le hasard a voulu qu'il tombe sur un canton un peu particulier. C'est d'abord celui où le sénateur ex-député, vice-président du Conseil général sortant et premier adjoint au maire d'Ayssènes se présentait et où il a été facilement réélu... avec, en sus, un petit coup de pouce à la limite de la légalité.

   C'est aussi le canton où un binôme du Front National a obtenu son meilleur score de l'Aveyron. D'après les résultats, Alice Chauvet et Jean Azais ont recueilli 20,69 % des suffrages exprimés, pas très loin derrière le binôme de volatiles sur lequel le Canard a ironisé.

   Il convient toutefois de préciser qu'en terme de pourcentage des inscrits, le binôme constitué par Martine Brunerie et Bernard Baisson a fait un peu mieux sur Tarn-et-Causses : 11,86 contre 11,82 pour le duo Chauvet-Azais. Mais les candidats de l'Est Aveyron n'ont recueilli que 20,58 % des suffrages exprimés.

   Si l'on s'intéresse aux résultats détaillés, on constate que, dans le canton de Raspes-et-Lévézou, le binôme FN est arrivé deuxième dans 13 des 22 communes (soit la majorité). Il obtient son meilleur score à Saint-Laurent-de-Lévézou : 32,74 % des suffrages exprimés ! Au final, il passe troisième parce que le binôme divers gauche obtient de très bons résultats dans les communes de Broquiès et Saint-Victor-et-Melvieu, d'où sont originaires les deux candidats.

 

dimanche, 22 février 2015

Peste brune en Aveyron

   L'information a commencé à circuler vendredi matin, après la mise en ligne d'un article de Centre Presse évoquant les propos antisémites tenus sur sa page Facebook (aujourd'hui supprimée) par un candidat du Front national aux élections départementales.

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   Mais, rendons à César ce qui appartient à César : c'est sans doute Benjamin Laumaillé qui, dans Le Ruthénois, a levé le lièvre. Le quinzomadaire paraissant le vendredi, il doit être imprimé le mercredi ou le jeudi... et les articles doivent avoir été rendus au plus tard un ou deux jours auparavant. Cela fait donc maintenant au moins une semaine que le journaliste (peut-être rencardé par un de ses camarades des "Roquets Rouges") s'est aperçu qu'Alexandre Larionov a tenu des propos particulièrement odieux.

   On pouvait les trouver dans trois billets éructations du 3 août 2014 (visibles presque en entier sur la capture d'écran publiée dans Centre Presse). Y sont attaqués les Francs-maçons (le terme n'étant jamais correctement orthographié...) et les juifs, "qui merritent que la mort cruelle"... en français dans le texte. Ce jeune homme semble visiblement influencé par les vieilles théories du complot judéo-maçonnique, très à la mode à la fin du XIXe siècle et au XXe. Dans ce domaine, le faux le plus célèbre est le Protocole des sages de Sion, élaboré au début du XXe siècle par des Russes (et s'inspirant d'un pamphlet hostile... à Napoléon III !).

   Un siècle plus tard, on en retrouve encore l'influence dans les "écrits" d'un jeune Franco-russe... ou plutôt Russo-français, pour ce que j'ai pu en juger d'après sa page Facebook, que j'ai consultée juste avant qu'elle ne soit supprimée. De nombreux messages étaient rédigés en russe et la plupart des "amis" (virtuels) d'Alexandre Larionov étaient visiblement eux aussi russes. La plupart... mais pas tous. L'un d'entre eux est incontestablement français :

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    Il serait intéressant de savoir à quand remonte l'amitié (virtuelle) entre ce membre du FN et A. Larionov. Si elle est ancienne (par exemple si elle remonte à l'adhésion du jeune homme, il y a six mois), on peut s'étonner que L. Bourrillon (par ailleurs candidat FN sur le canton Lot et Palanges) n'ait pas été choqué par ce qui figurait sur la page de son "ami". (Il a eu au moins la prudence de ne pas "liker" les messages les plus odieux, contrairement me semble-t-il à un membre du Judo Rodez Aveyron...) Cette page n'était pourtant pas alimentée régulièrement. En quelques minutes à peine, on pouvait lire l'essentiel de ce qui était (approximativement) écrit en français. Peut-être aussi cette amitié virtuelle était-elle toute récente, datant de la désignation du jeune homme comme candidat FN.

   A ce sujet, il me semble que la position du parti de Marine Le Pen est un peu hypocrite. Dès le vendredi de la parution des articles, Alexandre Larionov a été exclu... et on ne peut que s'en réjouir. Mais, si l'information n'avait pas été publiée ? Est-ce que personne n'avait vraiment rien remarqué à propos de ce candidat ? En tout cas, jusqu'à très récemment (au moins jusqu'au 12 février), il était publiquement associé au FN, comme on a pu le voir dans les articles traitant de la présentation des candidats aux élections départementales. On peut l'entrevoir sur les photographies d'illustration, au fond de la salle, un peu plus clairement dans Centre Presse que dans La Dépêche du Midi. C'est plus net sur l'une des photos publiée sur la page Facebook du FNJ :

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   Le garçon a l'air un peu isolé, pas très bien intégré au groupe. Il est peut-être intimidé. A l'occasion de cette affaire, on a pu lire ici ou là que, cherchant désespérément des candidats (sûr que les électeurs étaient prêts à voter pour un-e inconnu-e, du moment que l'étiquette du parti était apposée), le FN avait parfois investi n'importe qui.

   Quand même... le rédacteur du communiqué du FN nous prend un peu pour des imbéciles. Il affirme que le jeune homme n'était adhérent que depuis six mois, alors que les propos qui lui sont reprochés sont plus anciens. Faisons le calcul. Si, à partir du 20 février 2015, on remonte six mois dans le temps, on arrive au 20 août 2014. Or, les propos antisémites ont été publiés le... 3 août 2014. Comme c'est pratique ! Au passage, quand on reçoit l'adhésion d'un nouveau membre, la moindre des choses, quand on est un parti responsable, est d'effectuer quelques recherches basiques sur internet. A cette époque, les propos antisémites de Larionov devaient apparaître en tête de sa page Facebook.

   On y trouvait d'autres choses, comme cette curieuse photographie, à moitié floue :

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   Elle semble avoir été prise face au tableau de bord (donc par le conducteur), alors que le compteur affiche plus de 190 km/h... Le texte semble dire "Je suis faible - je suis rapide"... Si le conducteur était bien A. Larionov, cela nous révèle qu'il aime la vitesse excessive et qu'il n'hésite pas à conduire d'une main pendant que de l'autre (sans doute avec un téléphone portable) il prend un cliché du compteur.

   En tout cas, sa récente mise en examen n'est pas liée à un délit routier, mais bien à ses propos antisémites d'un autre âge.

   P.S.

   Ce garçon a aussi sévi sur Youtube... (Les ajouts de couleur brune sont de ma création.)

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mercredi, 18 février 2015

Des fraudeurs (partiellement) démasqués

   Cela fait maintenant une dizaine de jours que le quotidien Le Monde s'est lancé dans la publication de révélations sur l'évasion fiscale organisée par la banque HSBC, dans le cadre de l'affaire SwissLeaks. Dans un premier temps, les gros titres (en France) ont pointé les célébrités qui ont bénéficié du système.

   Depuis, d'autres articles ont été consacrés à divers aspects de cette affaire. On a par exemple appris que certains contributeurs d'Al Qaïda (en particulier de riches Saoudiens) avaient un compte secret chez HSBC.

   Et du côté français ? On sait qu'environ 3 000 personnes ont utilisé les services très spéciaux de la banque. L'adresse hexagonale d'un millier d'entre eux a été retrouvée. Le Monde en propose la répartition départementale, dans un article paru hier sur son site internet.

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   On ne s'étonnera pas que Paris et les Hauts-de-Seine abritent le plus grand nombre de fraudeurs connus. Ce sont les deux départements où le revenu fiscal de référence (moyen) est le plus élevé... et les deuxième et cinquième plus peuplés du pays. Vu l'écart qui les sépare en terme de nombre de fraudeurs connus, on peut se demander si les riches Parisiens sont plus malhonnêtes que les riches Altoséquanais... ou moins habiles pour dissimuler leurs actes... ou davantage clients d'HSBC.

   Les autres départements où le nombre de fraudeurs est important sont tous peuplés de plus d'un million d'habitants, à l'exception de l'Ain (qui en compte environ 600 000), frontalier de la Suisse...

   A l'inverse, on constate la sous-représentation du département du Nord, le plus peuplé de France (avec 2,6 millions d'habitants), où les journalistes n'ont répertorié que deux fraudeurs. Certes, la population y est moins riche qu'à Paris ou dans les Hauts-de-Seine, mais il est fort possible que, dans cette autre zone frontalière, la stratégie d'évitement fiscal soit passée prioritairement par la Belgique.

   Cela nous mène à l'Aveyron, département enclavé, où les journalistes ont relevé les adresses de trois fraudeurs... un de plus que dans le Nord, pourtant presque dix fois plus peuplé ! J'aimerais bien savoir qui sont ces Aveyronnais inciviques...

   P.S.

   Ces révélations n'auraient pas vu le jour sans le courage d'un lanceur d'alerte, Hervé Falciani, qui n'est sans doute pas un ange, mais qui a accompli une oeuvre de salut public.

lundi, 16 février 2015

Du Bou(r)din pas casher

   Tout le monde se pose la question : pourquoi a-t-il évoqué une éventuelle "influence juive" qui s'exercerait sur le Premier ministre Manuel Valls ? Qu'est-ce qui a pris à Roland Dumas Jean-Jacques Bourdin ?... car c'est bien l'animateur qui a prononcé ces mots, comme on peut le constater en (re)voyant l'intégralité de l'entretien avec l'ancien ministre des Affaires étrangères.

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   Les mauvaises langues diront que l'animateur de RMC et BFM TV a voulu "faire le buzz"... et c'est réussi. D'autres insinueront qu'il s'est peut-être montré complaisant avec ce qu'il pense être l'opinion de nombre de ses auditeurs/téléspectateurs : comme la radio et la télévision sont réputées très suivies à la fois par un public sensible aux thèses du Front national et par un public que l'on peut qualifier de "franco-maghrébin", une allusion antisémite ne peut que les conforter dans leurs préjugés.

   Ce n'est pas du tout ainsi que l'animateur présente la chose. Il déclare être une sorte d'accoucheur, qui fait dire à ses invités ce qu'ils pensent, même quand ils n'ont pas l'intention d'être aussi francs à l'antenne. Cela signifierait-il qu'il aurait perçu, dans les écrits de Roland Dumas, un poil d'antisémitisme ? Reprenons l'entretien depuis le début.

   L'ancien ministre est venu promouvoir son nouveau livre, où il se targue d'être "politiquement incorrect". Il déclare d'ailleurs d'emblée à Jean-Jacques Bourdin : "Vous ne serez pas déçu." En clair, vous voulez de la provoc' ? Eh bien, vous allez être servi !

   Le journaliste commence avec la tuerie de Copenhague. Au cours de la conversation, en quelque cinq minutes, il va principalement être question de Bernard-Henri Lévy, de Laurent Fabius (actuel ministre des affaires étrangères) et de Benjamin Netanyahu (Premier ministre d'Israël)... tous trois juifs. Certes, la discussion porte sur la politique étrangère française (et le seul qui est victime de la vindicte de Dumas est BHL) mais, tout de même, cette coïncidence est troublante, à la fois dans les choix opérés par J-J Bourdin et dans les réponses de R. Dumas.

   Sur le fond, ce que dit l'ancien ministre n'est pas inintéressant. Il essaie de contextualiser les événements et invite à ne pas tout dramatiser. Mais, entre les éléments d'analyse qui prouvent qu'il a gardé des capacités de réflexion malgré son grand âge (92 ans, quand même) se sont glissés des raccourcis voire des approximations. Il déclare ainsi qu'après le massacre de Charlie Hebdo "Aujourd'hui, les Arabes ont eu satisfaction". Je pense qu'il pensait "les musulmans". (Il commet cette confusion une nouvelle fois quelques minutes plus loin.) Par contre, on aurait aimé quelques éclaircissements sur sa formule, ce que Jean-Jacques Bourdin n'a pas pensé à demander.

   Concernant BHL (pour lequel je n'ai pas une grande estime), il prétend citer le défunt François Mitterrand, qui aurait évoqué son "entregent" (son influence). C'est encore une formulation riche en sous-entendus, qui ne fait l'objet d'aucune explication précise. Du coup, lorsque Roland Dumas prétend dénoncer "les gens qui jettent de l'huile sur le feu" (avec BHL comme principal exemple), on se retrouve un peu en face d'un pompier pyromane... un pompier qui, de surcroît, minimise constamment le poids de l'intégrisme musulman.

   On ne peut qu'être d'accord avec Dumas quand il regrette le chaos dans lequel sont plongées la Libye et la Syrie. Il estime qu'il aurait fallu réfléchir et négocier davantage avant de lancer les troupes contre les armées de Kadhafi et Bachar el-Assad. Il oublie les massacres de civils qui avaient déjà eu lieu et ceux qui risquaient de survenir. Mais, quand on voit le résultat aujourd'hui, on se dit qu'il n'a pas complètement tort. Par contre, il s'embrouille un peu entre les gouvernements français. Il semble attribuer à Laurent Fabius (et donc à François Hollande) le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'O.T.A.N. et la décision d'attaquer la Libye. Or, c'est pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy que ces événements se sont produits.

   Arrive enfin le passage sur Manuel Valls. C'est le retour des allusions déplaisantes et des imprécisions. Roland Dumas tente d'opposer le parcours du Premier ministre à celui de son père Xavier, qui fut un peintre renommé. C'est là qu'il se plante royalement, présentant le papa comme un républicain ardent, qui a fui l'Espagne franquiste pour ne plus y revenir du vivant du dictateur sanguinaire. Or, qu'apprend-on en lisant la biographie de Xavier Valls ? Qu'il a quitté l'Espagne dès la guerre civile... en 1949, après avoir obtenu une bourse à Paris. Il a ensuite effectué plusieurs allers-retours entre les deux pays, puisqu'il a été régulièrement exposé à Barcelone et à Madrid. La vraie rupture intervient en 1959, peu de temps après son mariage avec Luisangela Galfetti.

   Il dit de Manuel (par rapport à son père Xavier) : "lui, il a pris le point de vue contraire". C'est doublement faux, d'abord parce qu'il part du principe que le père était un révolutionnaire, ensuite parce que Manuel Valls n'est pas un héritier du franquisme (le "contraire" du républicain espagnol de l'époque). Jean-Jacques Bourdin semble s'être rendu compte de l'énormité de l'affirmation, puisqu'il relance son invité sur le "socialisme" du Premier ministre. En quelques minutes, Roland Dumas se contredit à nouveau, déclarant d'abord que M. Valls n'est pas socialiste avant de dire qu'il l'est, à sa manière (celle des dirigeants de la S.F.I.O. pendant la guerre d'Algérie)...

   Enfin, il va dans le sens de l'animateur quand celui-ci évoque "l'influence juive" à laquelle le Premier ministre serait soumis. Au passage, on se garde bien de nous dire quelles seraient les preuves de cette supposée influence. En clair, Manuel Valls serait influencé par sa femme... mais dans quels domaines, mystère. Est-ce pour le choix de ses cravates ? celui de ses ministres ? celui des sorties du couple ? Nous voilà devant deux mâles dominants (l'interviouvé et l'interviouveur), qui ont eu de nombreuses conquêtes féminines (on en reparlera plus loin) et discutent d'un autre homme, qui serait soumis à l'influence d'une femme. Figurez-vous qu'en plus elle est juive ! Sans que rien d'autre ne soit dit sur l'action supposée d'Anne Gravoin. On en conclut que Roland Dumas lui attribue les prises de position de Manuel Valls sur le conflit israélo-palestinien (ou sur le militant politique extrémiste Dieudonné). On est donc parti d'une épouse juive pour arriver au soutien de la politique d'Israël. Bel amalgame, le tout, je le rappelle, sans aucun élément pour étayer l'affirmation.

   Je pense que Roland Dumas, comme beaucoup de ceux qui critiquent l'action de Manuel Valls, a en tête son intervention devant des membres de la communauté juive de Strasbourg, en 2011. (Précisons que, contrairement à ce qu'affirme une kyrielle d'imbéciles qui se défoulent sur la Toile, ce n'est pas Manuel Valls qui essaie de faire retirer la vidéo du réseau, mais la station de radio qui avait organisé la rencontre.) Intéressons-nous donc à cet extrait, en gardant à l'esprit qu'à cette date, le 17 juin, il vient de se déclarer candidat à la primaire socialiste.

   La très grande majorité de son intervention (qui est la réponse à une question du public) est une défense de la politique du PS (mais pas de Roland Dumas, qu'il égratigne au passage... eh oui, il y a presque quatre ans). Il lance une pique contre le soutien à Nicolas Sarkozy et rappelle, incidemment, que beaucoup d'électeurs musulmans sont prêts à voter pour un ami des juifs. Comme il est en campagne, il se présente comme le meilleur rempart contre l'antisémitisme. La référence à son épouse vient dans ce contexte-là : "Par ma femme je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël... quand même ! Donc je viens pas ici pour recevoir des leçons de brevet... euh... euh... de lutte contre l'antisémitisme."

   Ceux qui citent le début de ce passage comme la preuve de l'inféodation de Manuel Valls à Israël et de l'influence qu'exercerait son épouse sur lui sont donc à côté de la plaque. Alors en campagne, le maire d'Evry vient rassurer des Français juifs (inquiets de la remontée de l'antisémitisme dans notre pays), polir son image de présidentiable... et remettre les pendules à l'heure concernant l'action politique du Parti socialiste. On peut considérer qu'il y va peut-être un peu fort dans la démonstration affective, mais c'est celle d'un homme politique indépendant d'esprit.

   Terminons sur quelques notes d'humour. Pour cela, Roland Dumas et Jean-Jacques Bourdin vont nous être utiles. Durant l'entretien, le premier n'hésite pas à taquiner le journaliste. Au début, quand il est question des slogans hâtivement lancés à l'occasion des récents faits divers, il dénonce la course à l'audience (qui grossit exagérément des événements auxquels on finit, selon lui, par accorder trop d'importance) et, s'adressant à Bourdin, lui dit : "Vous savez ce que c'est, l'audimat !"

   Vers la fin, il est question des relations entre élus (hommes) et journalistes politiques (femmes)... des relations qui ne sont pas que professionnelles. Un ange passe dans le studio, Jean-Jacques Bourdin ayant lui-même épousé une journaliste qu'il avait d'abord invitée dans son émission. Roland Dumas y fait subtilement allusion : "La relation avec les FEMMES journalistes est difficile. Ce n'est pas à vous que je vous le dirai [sic]" Bourdin fait semblant de ne pas avoir compris et déclare n'avoir aucune relation (privée) avec un homme ou une femme politique. Bien vite, il relance son interlocuteur et le flatte, le qualifiant de "séducteur". Roland Dumas répond en disant que tout cela est "éculé"... et Bourdin s'écroule de rire, d'autant plus que Dumas en remet une couche : "J'ai dit éculé".

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   Et voilà ces grands-pères qui se comportent comme deux adolescents. Ils sont bien sympathiques, mais la manière dont ils ont parlé de la supposée "influence juive" me reste en travers de la gorge.

dimanche, 18 janvier 2015

Le Centre Pompidou de Metz à la peine

   Vu de l'Aveyron, on se demande si ce qui arrive à ce musée d'art contemporain n'est pas une préfiguration de l'avenir du musée Soulages. L'un comme l'autre ont commencé tambour battant, avec une première année couronnée de succès. Un récent article du Monde évoque les difficultés de l'établissement messin. En croisant les informations qu'il fournit avec celles que l'on peut trouver dans les rapports d'activité, on arrive à la conclusion que la fréquentation n'a cessé de baisser :

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   Pour être juste, il convient d'apporter deux précisions. Comme le musée n'a ouvert ses portes qu'en mai 2010, le nombre d'entrées de la première année est sous-estimé. Sur les douze premiers mois, on se rapproche plutôt de 800 000 visiteurs. Si le succès initial n'en est que plus éclatant, la baisse qui a suivi n'en est que plus incontestable. Toutefois, il semblerait qu'en 2014, il y ait eu un léger rebond, avec 350 000 entrées. On attendra cependant la confirmation. Ainsi, en janvier 2014, lors d'une réunion du conseil municipal de Metz, il avait déjà été affirmé que la fréquentation avait atteint 350 000 visiteurs l'année écoulée, chiffre qui avait ensuite été "corrigé" en 335 000 dans le rapport publié en juin 2014 (page 32).

   En théorie, cette baisse, qui n'est pas illogique, ne menace pas (encore) l'existence du musée, parce qu'il avait été conçu sur la base de 250 000 visiteurs annuels. Pourtant, une violente polémique est née autour du budget 2015 du Centre Pompidou, à cause de la baisse -déjà annoncée l'an dernier- de la participation du conseil régional de Lorraine (de 4 à 3 millions d'euros). Cela donnait la répartition préfigurée suivante :

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   D'après l'article du Monde, les recettes issues des entrées payantes et du mécénat sont moins importantes que prévu. En 2014, on dépasse à peine les deux millions d'euros. On ne peut donc que s'étonner des nouvelles prévisions, publiées il y a deux jours dans La Croix. Il y est question de 3,5 millions d'euros en 2015. Pour cela, il faudrait que le nombre d'entrées payantes augmente et/ou que les mécènes se montrent bien plus généreux. Si l'on ajoute à ces éléments l'augmentation de la participation de la communauté d'agglomération Metz Métropole (+ 550 000), du conseil général de la Moselle (+ 300 000) et de la commune de Metz (+ 150 000), cela donne la ventilation suivante :

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   Cela me paraît quelque peu optimiste. En cherchant dans les rapports d'activité, j'ai trouvé l'origine de ce chiffre (3,5 millions d'euros) : il s'agit de l'ensemble des recettes annexes de 2013, comprenant (outre le mécénat et le produit de la billetterie) les recettes d'édition, la privatisation d'espaces, la participation de l'Association des Amis du musée ainsi que les redevances d'occupation et d'exploitation de la librairie-boutique, du restaurant et du café.

   Peut-être que le succès des expositions programmées cette année viendra démentir mes appréhensions. Cela me conduit à évoquer le musée Soulages qui, à la différence de l'établissement lorrain, bénéficie de collections permanentes. Il a aussi été moins coûteux à la construction (30 millions d'euros contre 70), mais il a été promu par des collectivités moins riches que leurs homologues lorraines.

   Commençons par le nombre d'entrées. A Rodez, on s'est félicité (à juste titre) du succès du démarrage : 200 000 visiteurs sont venus au musée Soulages en 2014. Si la fréquentation connaît la même évolution qu'à Metz, dans quatre ans, elle pourrait se situer entre 100 000 et 110 000 visiteurs. Cela concorderait avec les prévisions données dans la presse : entre 100 000 et 150 000 pour Midi Libre en mai dernier, lors de l'inauguration. Quelques mois plus tôt, on se montrait plus prudent dans Centre Presse, qui évoquait 80 000 à 100 000 visiteurs. (Je ne le lui souhaite pas mais, vu son grand âge, je ne peux m'empêcher d'envisager le décès de Pierre Soulages, qui contribuerait sans doute, dans un premier temps, à soutenir voire relancer la fréquentation.)

   Le contribuable que je suis espère que les faits ne viendront pas démentir ces prévisions, parce qu'à Rodez, contrairement à Metz, la communauté d'agglomération est seule à financer le fonctionnement du musée.

jeudi, 20 novembre 2014

La gaffeuse du tribunal

   C'est l'un des sujets de conversation du moment, sur le Piton. Comment diable une magistrate expérimentée a-t-elle pu se laisser aller à transporter jusqu'au tribunal où ils sont jugés deux des accusés dans l'affaire Jean-Ronald... d'autant plus qu'elle est assesseur suppléant dans le même procès ?

   Tout d'abord, on peut noter que les médias locaux ont fait preuve de plus ou moins de discrétion quant à l'identité de la magistrate. Pour les lecteurs de Centre Presse, elle demeure totalement inconnue, seule sa fonction étant mentionnée. L'article de Midi Libre auquel il renvoie ne donne guère plus de détails... à ceci près qu'il est illustré d'une capture d'écran réalisée (par le journaliste) sur le site de covoiturage qui est au coeur de cette histoire. On peut y lire sans problème le prénom et l'initiale du nom de la juge.

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   La fiche de renseignements de la conductrice indique qu'elle s'est inscrite à la fin du mois d'août dernier. C'est à ce moment qu'elle a dû apprendre qu'elle serait assesseur au procès de Rodez. Or, elle est affectée à Montpellier (voir plus loin). La perspective d'effectuer quinze à vingt trajets entre les deux villes (en deux mois) n'a pas dû l'enchanter. Les icônes révèlent qu'elle "discute selon l'envie", que la cigarette la dérange et qu'elle est susceptible d'accepter le compagnon animal d'une personne transportée.

   Comme c'est d'usage sur ce genre de site, les participants font l'objet d'une évaluation. Sa note n'est pas significative, puisqu'elle résulte de seulement deux avis. (Les conducteurs populaires sont évalués entre 4,5 et 5 sur 5.) Une question se pose : les deux accusés du procès de Rodez (qu'elle a transportés) vont-ils évaluer leur expérience en sa compagnie ?

   Si vous avez lu les articles auxquels mènent les liens du début, vous vous êtes rendu compte que la magistrate a, comme c'est la règle, monnayé le covoiturage. Cela m'a toutefois laissé perplexe. N'est-elle pas indemnisée par le ministère de la Justice pour les frais de déplacement occasionnés par sa participation au procès de Rodez ? (D'après RTL, oui.) Mais peut-être a-t-elle tout simplement renoncé à cette indemnisation.

   Dans cette affaire, les deux accusés ne sont pas tout nets non plus. Alors que, lorsqu'on effectue une rapide recherche, on peut trouver plusieurs propositions de covoiturage sur le même trajet (et des moins coûteuses), pourquoi les deux jeunes hommes ont-ils choisi celle de Magali J ? Serait-ce parce que, sur sa fiche de renseignements, elle a précisé sa profession ? De là à ce que cette histoire soit une "occasion" saisie par l'un des avocats de la défense pour tenter d'obtenir l'arrêt du procès (qui tourne plutôt mal pour la bande d'abrutis qui s'en est pris à Jean-Ronald en 2010), il y a un pas que je me garderai bien de franchir... mais ça discute, sur le Piton !

   De tous les organes d'information que j'ai consultés, un seul a révélé l'identité complète de la magistrate : La Dépêche du Midi. Cela m'a donné l'envie d'en savoir un peu plus sur elle (en faisant attention aux homonymies). Au vu de son âge, je pense qu'elle est la Magali J. qui a été déclarée admissible au premier concours d'entrée (l'externe) de l'Ecole Nationale de la Magistrature, en novembre 1992. En janvier 1993, elle a été nommée auditeur de justice (magistrat stagiaire). Elle a donc été reçue au concours. Vu que la formation dure un peu moins de trois ans, elle a dû faire partie (d'après Wikipedia) de la promotion "Alfred Dreyfus".

   Quelques années plus tard, en 2000, on la retrouve nommée au tribunal d'instance de Montpellier. Elle a poursuivi sa carrière sur place, au tribunal de grande instance puis à la cour d'appel, où elle a été promue récemment, en juillet 2013. Voilà qui explique sa présence en 2014 à Rodez, en cour d'assises.

   A ceux qui seraient curieux de connaître son apparence, je conseille de regarder les images prises de la Cour depuis l'ouverture du procès. Elle apparaît aux côtés des autres magistrats. (Ils sont quatre, trois titulaires -le président plus deux assesseurs- et la suppléante, semble-t-il.). Mais, la dernière semaine, elle a été remplacée (par une autre femme brune).

mardi, 11 novembre 2014

Journaux de guerre n°13

   Le numéro paru le 7 novembre (pas un jeudi, contrairement à l'habitude) est principalement consacré au torpillage du paquebot Lusitania, déjà évoqué dans l'un des journaux fournis avec le numéro 10, il y a quelques semaines.

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   L'affiche de la semaine est britannique. Elle s'adresse aux Irlandais et tente de convaincre ceux qui sont à l'époque des sujets de George V de s'engager dans l'armée de Sa Majesté :

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   La présentation des journaux ne fait pas qu'analyser les causes et les conséquences de cet acte de piraterie. Elle s'attarde de manière plus générale sur la rivalité navale entre le Royaume-Uni et l'Allemagne.

   Le premier des quotidiens reproduits est La Petite Gironde du 25 mars 1915. En première page, de nombreuses photographies représentent des soldats britanniques. On peut aussi y trouver un article sur les retraits de naturalisations au XVIe siècle. Page 2, un entrefilet évoque l'exécution d'une femme (sans doute allemande) pour espionnage, à Nancy. Un peu plus loin, il est toujours question du "deuxième sexe" :

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   Un peu plus loin, un article évoque les bagarres entre dockers français et espagnols à Bordeaux. Les employeurs locaux ont choisi de faire venir sur place une main-d'oeuvre... marocaine, qui semble donner entière satisfaction.

   Le Sud-Ouest est décidément bien représenté dans ce numéro de Journaux de guerre, puisque le second quotidien de province est La Dépêche, du 11 mai 1915. On s'y intéresse notamment à l'attitude des dirigeants italiens et états-uniens, en particulier du président Wilson.

   Page 2, il est question de l'interdiction de la vente d'alcool dans la zone des armées. Cela rejoint les préoccupations qui perçaient, chez les civils, dans les journaux fournis avec le numéro 11. On s'inquiète aussi du sort de l'aviateur Roland-Garros, prisonnier en Allemagne. (Rappelons qu'il est décédé en octobre 1918.)

   Les Aveyronnais découvriront peut-être avec surprise que des prisonniers allemands s'étaient évadés de Millau. Enfin, les amateurs de numérologie seront ravis par un article qui spécule sur la date de la fin du conflit :

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   On termine avec un exemplaire de l'un des quotidiens les plus lus de l'époque, Le Journal, du 8 mai 1915. La première page est largement consacrée au torpillage du Lusitania. L'identité de quelques victimes célèbres est mentionnée. Sous le titre "Juste châtiment", on trouve un peu plus loin un encadré qui se réjouit qu'une attaque au gaz allemande se soit retournée contre ses instigateurs. Ce n'est pas le seul journal à se réjouir de ce genre de péripétie. C'est un moyen d'atténuer le choc qu'a constitué l'emploi de cette nouvelle arme, qui a finalement fait beaucoup moins de dégâts que les obus.

   Page 2, un long article évoque la situation financière du pays et les emprunts à contracter. Il est donc question des Etats-Unis, dont il est dit qu'ils n'ont pas encore l'habitude de prêter de l'argent aux Européens...

   En bas de page, on retrouve une figure familière, utilisée ici non pas de manière hostile, contre l'Allemagne, mais pour symboliser la bonne entente entre la France et l'Angleterre :

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   En Extrême-Orient, on commence à réaliser que le Japon, allié de la Triple Entente, mène une politique étrangère très "personnelle" et profite de la guerre pour s'implanter en Chine.

   En dernière page, on peut savourer deux caricatures nord-américaines qui se moquent de l'empereur Guillaume II. L'une d'entre elles (issue d'un quotidien québécois) est très "datée" :

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samedi, 08 novembre 2014

"Le trublion Eric Teyssedre"

   J'ai trouvé cette formule dans Le Journal toulousain du 6 novembre. Après bien des déboires, cet hebdomadaire "indépendant de droite" reparaît depuis septembre dernier. On peut notamment y lire la rubrique "Les petits bruits du Landernau", sous la plume de Thomas Simonian, le directeur de la publication (qui est aussi l'un des associés de la SCOP formée pour relancer le titre). Voici celle qui a été publiée jeudi :

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   A ceux qui ne connaissent pas en détail la (passionnante) vie politique aveyronnaise, signalons que le maire de Rodez (et président de la communauté d'agglomération du Grand Rodez) se nomme Christian Teyssèdre. Vice-président (toujours pas démissionnaire) du Conseil régional de Midi-Pyrénées, on sait qu'il pense succéder à Martin Malvy, le matin en se rasant. L'article semble accorder de meilleures chances aux deux autres personnalités de gauche mentionnées... même si, en 2015, il est fort possible que la droite récupère, au niveau régional, les bénéfices des erreurs de la gauche au plan national.

   Notre bon maire de Rodez n'a décidément pas de chance avec l'hebdomadaire toulousain. Il y a deux ans déjà, lorsqu'il avait été question de la succession de Martin Malvy, il n'avait même pas été cité parmi les candidats potentiels. (Les vedettes de l'époque sont aujourd'hui soit grillées, soit occupées à d'autres tâches.) Notons toutefois le progrès : d'inconnu, il passe à méconnu. Le succès du réaménagement du Foirail et la renommée du musée Soulages pourraient lui servir de tremplin pour 2015... mais il reste visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir... (Et puis, il est peut-être plus urgent de construire un Grand Rodez élargi, bien accepté par le voisinage.)

    P.S.

   Plus intéressant que l'encadré sur la course à l'échalote midi-pyrénéenne, le long article intitulé "Les médias toulousains en crise" mérite la lecture, ne serait-ce que pour comprendre les difficultés à faire vivre un journal hors de l'influence du patron de La Dépêche du Midi... et des principaux annonceurs.

samedi, 01 novembre 2014

Petite vacherie en passant

   Le diable se niche décidément dans les détails. Vendredi soir, parmi les épisodes de la série NCIS rediffusés par la chaîne M6, deux, assez anciens (faisant partie de la quatrième saison), mettaient en scène un trafiquant d'armes très très vilain, surnommé "la Grenouille" (en français dans le texte). Le personnage (René Benoit) est d'ailleurs français, jusqu'à la caricature.

   La première partie de l'épisode 23 nous le montre dans son jet privé, en compagnie de sa charmante assistante. Il est en train de lire un journal... mais pas n'importe lequel :

Grenouille 4-23.jpg

   Aux Etats-Unis, l'épisode a été diffusé en mai 2007. Le personnage de ce Français louche, à la fois raffiné et antipathique, a été créé l'année précédente. A l'époque, les relations franco-américaines ne se sont pas encore totalement remises de l'opposition des Froggies à l'intervention militaire yankee en Irak.

   Mais ce n'est pas le gouvernement français qui est visé ici. Ce sont les intellectuels de gauche, dont Le Monde diplomatique constitue le mensuel de référence. Quand on sait que les auteurs de NCIS sont plutôt d'obédience républicaine, on comprend qu'il ne s'agit pas ici d'un hommage. C'est de plus un moyen de caractériser le personnage du "méchant" : un type intelligent, cultivé... et plutôt progressiste.

   Il restait à savoir si c'était un exemplaire réel du mensuel tiers-mondiste qui avait été utilisé. En observant attentivement l'image, on arrive à lire le titre de deux articles : "Pologne parano" (à gauche, au-dessus de la photographie) et "Travailler plus pour gagner moins", à droite (!).

   Si vous avez suivi les liens ci-dessus, vous avez pu constater que les deux articles existent bel et bien et qu'ils datent d'avril 2007. Or, l'épisode 23 de la saison 4 de NCIS a été diffusé pour la première fois aux Etats-Unis le 8 mai 2007 (d'après Allociné). Il a sans doute été tourné quelques semaines auparavant, au mois d'avril... juste après la sortie du numéro du "Diplo". Voilà qui témoigne d'une belle réactivité !

   P.S.

   A ceux qui auraient l'exemplaire entre les mains, il reste à vérifier si les propos mis dans la bouche du trafiquant sont bien en rapport avec le contenu de l'un des articles du Monde diplomatique d'avril 2007, ou si c'est une manière d'appuyer le trait concernant le personnage, qui semble très intéressé par l'opéra et les ballets classiques.



    P.S. II

   Je me suis aperçu que je ne suis pas le premier à m'être intéressé à ce détail piquant... ce qui est fort logique, puisque l'épisode a été diffusé pour la première fois en France il y a plus de six ans :

http://l-esprit-de-l-escalier.hautetfort.com/archive/2008/08/24/la-grenouille-l-opera-de-paris-et-le-monde-diplomatique-fabl.html

La maison du Grand Luc

   Sous cette appellation mystérieuse se cache un bâtiment à la triste réputation : le siège de la Gestapo (en réalité le SIPO-SD), à Rodez, pendant une partie de la Seconde Guerre mondiale. Il en a été question dans le quotidien Centre Presse du lundi 27 octobre, dans une double-page consacrée à Arthur Fienemann. Dans l'article, l'historien aveyronnais Jean-Michel Cosson évoque la double vie de cet individu peu recommandable, d'abord adversaire implacable de la Résistance française, avant de se reconvertir dans les arts, où il s'est construit une situation. Il est mort en 1982, libre.

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   Pour mieux connaître le contexte local de l'action d'Arthur Fienemann durant le second conflit mondial, on peut lire un passionnant ouvrage, cosigné par Jean-Michel Cosson (encore lui !) et Stéphane Monnet, publié il y a un peu moins de dix ans aux éditions De Borée, et qu'on peut depuis peu se procurer à nouveau, chez les marchands de journaux, pour moins de quinze euros :

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   Arrivé à Rodez en 1943, Fienemann (qui se fait rapidement appeler "le Grand Luc") est officiellement interprète. Dans la réalité, il mène les interrogatoires sans ménagement, en compagnie du chef du SIPO-SD et il semble avoir joué un rôle décisif dans le massacre de Sainte-Radegonde du 17 août 1944.

   Le service de répression nazie, d'abord installé rue Saint-Cyrice (dans la "maison des Illustres", située à l'emplacement de l'actuelle MJC), a ensuite emménagé dans une villa se trouvant rue Grandet (pas très loin du siège actuel de la CAF, à quelques centaines de mètres du musée Denys-Puech). L'article de Centre Presse contient une photographie d'époque du bâtiment :

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   Je pense qu'il s'agit de la même que celle qui a été publiée dans le livre dont j'ai parlé plus haut, sauf qu'elle a été recadrée :

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   Sachez que la maison existe toujours. En voici une vue récente, prise avec un angle assez proche de celui de la photographie ancienne :

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   Le poteau électrique visible à gauche n'a pas changé. Par contre, le bâtiment du fond a été complété par des garages et un nouveau poteau (sur lequel la plaque de la rue est fixée) masque la vue, au premier plan.

   Il reste une incertitude, portant sur le numéro de l'immeuble. Dans le livre qu'il a coécrit, Jean-Michel Cosson parle du 15, rue Grandet (à trois reprises). Dans l'article de Centre Presse, l'emplacement exact n'est pas donné. Or, aujourd'hui, l'immeuble se trouve au numéro 23 :

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   Alors ? Y a-t-il eu une erreur dans la rédaction du livre paru en 2006, ou bien la numérotation de la rue Grandet a-t-elle changé entre 1943 et aujourd'hui ?

mardi, 28 octobre 2014

Journaux de guerre n°11

   La livraison de jeudi 23 octobre met l'accent sur le génocide des Arméniens par les Turcs (de l'Empire ottoman) :

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   Fort logiquement, l'affiche en couleurs de grand format qui accompagne ce numéro fait allusion au drame qui se joue, à l'époque, au Proche-Orient. Elle a été créée par le Comité de secours américain aux Arméniens et aux Syriens :

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   Le paradoxe est que les massacres qui se déroulent en Méditerranée orientale occupent une place relativement réduite dans les journaux français de l'époque... ou alors, leur portée n'est pas totalement perçue.

   On commence avec Le Petit Journal du 20 mars 1915. Il s'intéresse surtout aux opérations militaires qui se déroulent du côté du détroit des Dardanelles. On se pose aussi des questions à propos de l'attitude de deux pays neutres (la Grèce et la Bulgarie) voisins de ce nouvel allié de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie :

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   Parmi les articles anecdotiques dont la lecture peut s'avérer plaisante, je conseille celui qui est intitulé "Femme d'espion". Le plus cocasse se trouve page 4. Il s'agit d'un encart publicitaire dont j'ai parlé vendredi dernier.

   Passons à présent au Phare de la Loire, de Bretagne et de Vendée du 7 juin 1915. On peut y lire ce qui est présenté comme une lettre d'un instituteur (parti au Front) à ses élèves. Il y est notamment question des qualités et des défauts des soldats français. Le passage suivant m'a paru d'une singulière lucidité :

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   Page 2, on trouvera une foultitude d'informations intéressantes. Cela va de la nouvelle constitution danoise (qui octroie le droit de vote aux hommes et femmes âgés de plus de 25 ans) au commerce germano-argentin, en passant par le pavillon français de l'exposition de San Francisco et une affaire de faux-monnayage.

   Un autre quotidien régional nous est proposé cette semaine. Il s'agit de La Dépêche de Lyon du 30 septembre 1915. L'éditorial condamne "l'ignoble crime" commis contre les Arméniens. Comme dans Le Petit Journal, on s'interroge sur la position de la Grèce et de la Bulgarie. A ce sujet, je note un fort contraste entre ce que l'on peut lire page 1 et page 2 :

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   A plusieurs reprises, on perçoit les interrogations de la presse française, qui croit (à tort) que la germanophilie bulgare se limite aux cercles dirigeants (le roi étant issu de la noblesse allemande) et qui sous-estime le poids des tensions (et des ambitions) balkaniques.

   Le florilège se termine avec l'un des principaux quotidiens du pays, Le Matin, daté du 10 novembre 1915. Le premier article aborde la question de l'autorité religieuse du sultan ottoman, de nombreux musulmans habitant des territoires soumis aux pays de la Triple Entente. Le papier se veut rassurant. Plus exotique est la correspondance de l'envoyé spécial au Japon (pays qui a rejoint l'Entente), consacrée au statut de l'empereur-dieu Yoshihito (père de Hirohito) :

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   Plus loin, c'est d'alcool qu'il est question. Le ministre de l'Intérieur Louis Malvy (grand-père de l'actuel président du Conseil régional de Midi-Pyrénées) s'évertue à limiter la vente et la consommation d'alcool :

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   Précisons que pour les femmes (!) et les mineurs de moins de 18 ans (la majorité est à 21), l'interdiction est totale. Dans la prose du ministre, on sent l'envie sincère de protéger la santé publique, les forces vives de la Nation... et l'intégrité des foyers. Lui fait écho un entrefilet publié en dernière page, qui évoque les conséquences de la consommation chronique d'alcool :

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   Il y a encore bien d'autres petits trésors dissimulés dans ces journaux d'époque, qu'on lit toujours avec un grand plaisir.

 

vendredi, 24 octobre 2014

Une pincée de Valls pour une bonne purge

   Il est des coïncidences parfois troublantes. Aujourd'hui, en lisant Le Petit Journal du 20 mars 1915 (disponible dans la dernière livraison de Journaux de guerre, centrée sur le génocide des Arméniens), je suis tombé, page 4, sur une publicité ma foi assez déroutante :

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mercredi, 22 octobre 2014

Journaux de guerre n°10

   Il est paru jeudi 16 octobre, mais on pourra encore le trouver une semaine chez certains marchands de journaux... et, après cela, le commander sur le site officiel.

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   Le document iconographique est la reproduction d'une affiche de propagande britannique de 1915 :

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   La présentation de ce numéro met l'accent sur les gaz asphyxiants et le rôle nouveau des engins aériens, en particulier les dirigeables allemands. Si l'introduction de ces nouveautés a pu, dans un premier temps, donner l'impression qu'elles pourraient faire pencher la balance de manière décisive dans le conflit, très vite, les dirigeants ont réalisé que le profit à en attendre était davantage psychologique que tactique.

   Le florilège de journaux démarre avec L'Action française (du 22 mars 1915), l'organe de l'extrême droite bourgeoise. L'essentiel du numéro est occupé par le passage des fameux "Zeppelins" dans le ciel français. Si le ton est agressivement patriotique, je dois reconnaître que dans son éditorial, Léon Daudet analyse la chose avec clarté. Plus loin dans le journal, Charles Maurras s'en prend à ses têtes de Turc habituelles : les républicains, qu'ils soient libéraux, radicaux ou socialistes. En lisant entre les lignes, page suivante, on comprend que les cibles du journal sont aussi (surtout ?) les juifs, les protestants et les francs-maçons. Mais, le contexte étant ce qu'il est, il est contraint à un peu de retenue.

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   Précisons que le député Joseph Reinach était l'un des ténors de la mouvance républicaine modérée, qu'il fut un ardent défenseur d'Alfred Dreyfus (et le premier grand historien de l'Affaire)... et qu'il était juif.

   En contrepoint de L'Action française nous est proposé un exemplaire de La Dépêche (de Toulouse) datée du même jour. Ici aussi l'action des dirigeables allemands fait la Une. La première page contient aussi un article intéressant sur les Tchèques en Autriche-Hongrie. (Du côté de l'Entente, on compte sur leur insoumission.)

   La page 2 comporte un hommage à un conseiller d'Etat, mort au Front au milieu des soldats. On y trouve aussi une évocation de l'attitude des députés socialistes allemands (tout comme dans L'Action française, d'ailleurs). Si la rébellion d'une minorité est soulignée, on rappelle le vote des crédits de guerre par la majorité. Plus loin, dans ce qui semble être une sorte de courrier des lecteurs, on peut lire des conseils pratiques appliqués à la guerre, comme celui-ci :

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   Encore plus riche est l'exemplaire de La Croix du 27 avril 1915. En page 1, on y dénonce la propagande allemande véhiculée par La Gazette des Ardennes, que l'on a déjà eu l'occasion de feuilleter il y a quelques semaines.

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   En page 2, on trouvera un hommage aux troupes coloniales... hommage un peu ambigu, puisque l'auteur insiste sur la férocité des soldats engagés :

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   (Au passage, je me demande s'il est légitime de parler de "troupes noires" s'il n'y avait que des Zouaves. Ces troupes étaient composées de soldats d'origine européenne, qu'ils soient métropolitains ou "pieds noirs". Durant la Grande Guerre, on a certes créé des unités mélangées, avec des tirailleurs nord-africains. Difficile toutefois de parler de "troupes noires".)

   Dans ce numéro, les Aveyronnais seraient bien avisés de lire les avis de décès, deux d'entre eux concernant directement notre département :

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   On ne sera pas non plus étonné de retrouver (comme dans l'exemplaire fourni avec le numéro 6 de Journaux de guerre) une allusion à Jeanne d'Arc, dans un article consacré à sainte Odile.

   On termine avec Le Radical (de Marseille) du 11 mai 1915. Ce quotidien républicain laïc s'intéresse tout particulièrement à la diplomatie du Vatican, au moment où l'Italie rejoint la Triple Entente. Il se fait aussi un malin plaisir à citer la bonne opinion que le gouvernement allemand a de la presse vaticane... Cela ne l'empêche pas de dénoncer l'attitude de l'évêque de Metz, qui a ordonné d'enlever les statues de Jeanne d'Arc des églises de son diocèse. On n'oubliera pas non plus de lire, page 2, le long article consacré au torpillage du Lusitania par un sous-marin allemand. On s'attend, à plus ou moins longue échéance, à l'entrée en guerre des Etats-Unis.

samedi, 18 octobre 2014

Journaux de guerre n° 7 et 8

   Le numéro 7 de cette passionnante collection traite du premier hiver dans les tranchées. Les "poilus" découvrent la guerre de position, dans des conditions climatiques difficiles :

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   On commence doucement avec L'Intransigeant du 1er janvier 1915. On n'y lira pas grand chose d'intéressant, le quotidien reproduisant pour l'essentiel le discours officiel sur la guerre.

   Beaucoup plus enrichissante est la lecture du Petit Parisien du 6 janvier 1915. En première page, un article évoque une Alsace-Lorraine redevenue française. On remarque aussi un papier consacré aux revendications territoriales roumaines, au premier rang desquelles la Transylvanie. Neutre à l'époque, le pays a fini par rejoindre l'Entente en août 1916. Dès 1915, dans la presse française, on peut percevoir l'écho de l'activité diplomatique menée en direction de la Roumanie.

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   Page 2, celui qui est l'un des quotidiens les plus lus de l'époque revient sur les "atrocités allemandes" et ajoute plusieurs considérations sur le traitement des prisonniers de guerre français. Un peu plus loin, il est question du sportif Jean Bouin, décédé lors de la bataille de la Marne, et qui a été (provisoirement) enterré au château de Bouconville, dans la Meuse. Encore plus sinistre est l'article qui se réjouit de la condamnation d'une avorteuse :

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   Le feu d'artifice continue page 3, où le journal évoque les champs pétrolifères austro-hongrois, la neutralité états-unienne, l'activité des Allemands autour de Metz... et les obsèques de Bruno Garibaldi, petit-fils du célèbre combattant italo-français. C'est le seul des six frères (tous engagés dans la Légion étrangère, l'Italie étant encore officiellement neutre) à porter un prénom français. L'action des combattants "garibaldiens" de 1914 est fréquemment citée dans la presse hexagonale. Le décès de Bruno a même fait l'objet d'une illustration héroïque :

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   Le florilège de journaux contient un représentant de la presse régionale, Le Progrès de l'Allier, du 21 janvier 1915. On peut y glaner quelques informations, au travers de petits articles en apparence anodins. On comprend que l'interdiction de la vente de l'absinthe est proche. (La situation a changé... en 2011.) Plus grave est la situation des juifs palestiniens, qui, depuis l'entrée en guerre de l'Empire ottoman (aux côtés de l'Allemagne), voient leur situation se dégrader :

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   Page 3, on lira avec stupéfaction l'histoire du médecin-major Dercle, qui aurait été blessé... quatre-vingt-dix-sept fois !

   On termine par une curiosité, un journal des tranchées (composé par des soldats du Quercy), L'Echo des gourbis du 15 mars 1915. Je recommande tout particulièrement la lecture, page 4, des lettres au Front (et non pas du Front), preuve que certains poilus avaient conservé leur sens de l'humour...

   Passons à présent au numéro 8 de ces Journaux de guerre. Il est consacré à la "guerre d'usure", notamment aux illusions entretenues en France à propos d'un possible rapidement effondrement de l'Allemagne :

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   Il contient une affiche de propagande française (de grand format) en faveur de la "journée du poilu" :

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   L'Humanité du 5 janvier 1915 commence par un éditorial de Marcel Cachin, l'un des rares à prendre le contrepied de l'opinion dominante : l'Allemagne n'est pas (encore) à genoux. La guerre est loin d'être finie. La suite du journal s'intéresse au sort de différents groupes de population. Celui des prisonniers en Allemagne semble correct, contrairement à ce qui est véhiculé dans d'autres journaux. Un peu plus loin, le quotidien a le courage de publier la lettre d'une internée civile (née de père allemand), qui "en a bavé".

   Les Aveyronnais seront particulièrement attentifs à la page 2, où il est question de Paul Ramadier, déjà membre de la SFIO mais pas encore député.

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   L'article fait allusion à un début de mutinerie qui s'était produit à Rodez, en 1913, très bien raconté par Jean-Michel Cosson dans le numéro de Centre Presse paru lundi 17 février dernier :

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   A noter aussi, page 2, une rubrique qui hélas ne cesse de s'enrichir depuis le début du XXe siècle, dans les villes : les accidents de la circulation. Ici, ce sont des enfants qui ont été écrasés par divers véhicules.

   Le Phare de la Loire, de la Bretagne et de la Vendée  (du 20 janvier 1915) m'est apparu beaucoup moins riche. On peut signaler, en première page, un article assez approfondi sur le cinéma en Allemagne. Page 3, il est question des exploits d'un aviateur français, Eugène Gilbert.

   L'Ouest-Eclair (du 27 février 1915) est encore moins intéressant. J'y ai quand même trouvé une publicité en faveur de ce qui n'était pas encore un monstre de l'agroalimentaire :

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   L'une des pépites de ce numéro de Journaux de guerre est sans contexte l'exemplaire du Bonnet rouge, qui se présente comme "le seul grand journal républicain du soir". A la Une, on peut lire le texte d'une chanson (Le Boche et le Turco), à la fois hommage aux troupes coloniales et miroir du paternalisme européen (un peu comme Pan pan l'Arbi, dont il a été question l'été dernier sur France Info) :

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   Plus loin, le quotidien de gauche évoque un meeting socialiste (en soutien à Karl Liebknecht) interdit à Stuttgart. Enfin, si vous avez envie de ricaner à bon compte, vous lirez le papier prophétiquement titré (en mars 1915, rappelons-le) "La guerre se terminera cette année" !

   Après cette avalanche de gauchisme, il serait malséant de terminer sans un passage par la droite de la droite. Voici donc le numéro du 29 avril 1915 de La Libre Parole, le torche-cul d'Edouard Drumont. On ne sera pas étonné d'y trouver une virulente attaque contre les Rothschild autrichiens. Rebelote page 2, en bas, lorsque le "journal" cite les biens allemands et austro-hongrois mis sous séquestre en France : il prend visiblement un malin plaisir à citer ceux de fourreurs sans doute juifs...

   De manière générale, on s'amusera à repérer, dans chacun des quotidiens, les passages laissés en blanc, sur lesquels la censure a visiblement porté son attention.

lundi, 06 octobre 2014

Chaud(es Aigues) devant !

   L'information est parue dans le Bulletin d'Espalion de cette semaine, en page 31, sous le titre "Une webcam pour le touriste" :

Chaudes-Aigues webcam.jpg

   Je suis donc allé vérifier, en me rendant sur le site de la commune de Chaudes-Aigues (située dans le Cantal, mais dans la partie Sud du département, qui fait partie de l'Aubrac). Voici ce que la caméra a capturé à 6h19, au moment où j'écrivais ces lignes :

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   Le site permet de consulter les prises de vue précédentes. Voilà une initiative originale... et guère attentatoire à la vie privée, puisque seuls les environs immédiats de la célèbre source du Par (la plus chaude d'Europe) est filmée. C'est l'occasion d'aller visiter la commune et ses alentours. Il n'y a pas que les thermes et le casino !

samedi, 04 octobre 2014

Qui a payé ?

   C'est une question à laquelle on aurait aimé avoir la réponse en lisant la presse locale. Dimanche 28 septembre 2014, le président du Conseil général Jean-Claude Luche a été facilement élu sénateur de l'Aveyron. Il a entraîné avec lui le député Alain Marc (accessoirement premier vice-président du Conseil général), à qui il a cependant fallu un second tour, une centaine de grands électeurs (sans doute ruraux), pourtant proches de la Majorité départementale, ne jugeant pas sa candidature légitime (et osant l'exprimer dans les urnes).

   Après le stress du dépouillement, à la salle des fêtes de Rodez, est venu le temps des réjouissances, dans le nouvel espace culturel de Saint-Geniez-d'Olt, dans le fief de Jean-Claude Luche. Cela nous a valu un bel article dans Centre Presse, jeudi 2 octobre (le temps pour le journaliste de se remettre de cette soirée mémorable, sans doute) :

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   Plus de cinq cents personnes ont assisté à ce qui est qualifié d' "apéritif dînatoire", en clair un mini-gueuleton que l'on savoure plutôt debout. Mais, s'il y avait des invités, c'est donc qu'il y avait un hôte. Qui cela pouvait-il bien être ?

   La logique voudrait que ce soit Jean-Claude Luche, sur ses deniers personnels (ne vous emballez pas : ce sont les indemnités de ses différents mandats, qui sortent de notre poche), qui ait réglé la note. Est-ce le cas ? On ne nous le dit pas.

   La petite sauterie s'est passée à Saint-Geniez-d'Olt, dans une salle qui a été rénovée notamment grâce à 100 000 euros issus de la partie ministérielle de la réserve parlementaire, en 2011. L'ancienne salle polyvalente étant un équipement intercommunal, l'invitant était-il la Communauté de communes des pays d'Olt et d'Aubrac ? Si oui, à quel titre ? Précisons que celle-ci est présidée (depuis 2014) par le maire de Sainte-Eulalie-d'Olt (depuis 2008), Christian Naudan.

   On pourrait aussi s'intéresser au montant. Offrir un "apéritif dînatoire" à plus de 500 personnes n'est pas donné à tout le monde. Mettons qu'à tout casser il y ait eu 600 pique-assiette convives à régaler ce soir-là. Une collation modeste peut revenir à cinq euros par personne. Si les petits-fours sont de grande qualité et qu'on a sorti quelques bonnes bouteilles, cela peut monter facilement à quinze euros, soit un total compris entre 3 000 et 9 000 euros... sans prendre en compte la location (mise à disposition ?) de la salle, l'éclairage, l'utilisation des sanitaires...

   L'addition pourrait être encore plus salée si les coûts de personnels sont inclus. Certains membres du fan club de Jean-Claude Luche se sont-ils crus obligés de procéder (bénévolement) à la mise en place et au service, ou bien a-t-on rémunéré deux ou trois personnes pour officier ce jour-là ? Il y aurait bien une troisième solution, mais j'ai peine à croire qu'on ait pu demander à des employés municipaux (ou intercommunaux) de venir servir le gratin de la droite aveyronnaise un soir d'élection.

   Je termine par quelques mots sur la photographie d'illustration. Yves Censi (de nouveau très pote avec Luluche... mais qui a sérieusement cru qu'ils ne se parlaient plus ?) a tombé la cravate, tout comme Alain Marc. Seul J-C Luche, en boss qui garde la tête froide, conserve toute sa dignité vestimentaire. Les suppléantes sont là pour éviter les accusations de phallocratie... mais il manque une personne, pour laquelle le résultat de ces élections constitue une petite revanche (par procuration) : Jean Puech, dont le successeur au Conseil général a repris certaines méthodes.

   Jean-Claude Luche est donc bien le "patron" du département (le seul pouvant lui faire ombrage étant visiblement surtout attiré par le Conseil régional), mais, il a quand même cru nécessaire de faire attribuer un volant de subventions du Conseil général à quelques mois du vote...

mercredi, 24 septembre 2014

Journaux de guerre n°6

   Le numéro paru jeudi 18 septembre est consacré à la manière dont l'Arrière a perçu le début de la Première guerre mondiale. La double-page de présentation évoque le cas des enfants, les relations familiales en période de conflit, la communication de guerre ainsi que le rôle du cinéma. Trois journaux d'époque sont reproduits.

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   Le Sud-Ouest est représenté par La Petite Gironde du 1er décembre 1914. Fait rare dans la presse régionale de ces temps troublés, la première des quatre (grandes) pages est illustrée de quatre photographies (en noir et blanc), l'une montrant un village construit par les soldats hexagonaux, une autre un convoi de ravitaillement en eau, la troisième une voiture (hippomobile) régimentaire russe et la quatrième des mortiers pris aux Allemands :

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   L'éditorial, de ton revanchard, est suivi d'un article sur la guerre marine puis d'une chronique de la vie bordelaise. Une partie de la page 2 est occupée par la recension d'un Livre jaune sur la guerre européenne, qui rejette l'entière responsabilité du conflit sur les épaules allemandes.

   Plus loin, un entrefilet intitulé "LE DEVOIR DES ETATS-UNIS" sous-entend que ce pays ne devrait pas tarder à s'engager en faveur de la Triple Entente. Dans le même ordre d'idée, on trouve la mention d'un hommage brésilien aux soldats français.

   Un lecteur attentif finit par tomber, quelque part page 3, sur un entrefilet qui fait écho à ce dont il a été question dans l'exemplaire de La Lanterne fourni avec le numéro 4 de Journaux de guerre :

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   Page 4, il est (brièvement) question de l'Aveyron quand le journal évoque la possibilité d'employer des réfugiés français ou belges là où le manque de main-d'oeuvre se fait sentir, dans plusieurs départements du Massif Central.

   Le deuxième quotidien régional nous fait faire un joli bond, puisqu'il s'agit de L'Est Républicain, publié à Nancy (le 20 décembre 1914), donc tout près du Front. La première page est presque uniquement occupée par l'actualité internationale liée à la guerre, les nouvelles étant quasi exclusivement favorables à l'Entente.

   L'autre grand sujet auquel sont consacrés plusieurs articles est la vie dans les régions sous occupation allemande. Cela commence par la ville de Metz, annexée en 1871, mais où le patriotisme français reste vivace. En Alsace, c'est à travers l'action d'un instituteur que l'amour de la Mère Patrie est évoqué. Dans le Pays Haut, à Longwy, la population découvre la vie sous la férule allemande.

   Dans le département voisin de la Meuse, directement soumis au feu ennemi, ce n'est pas n'importe quel citoyen qui se réjouit des pertes allemandes, mais l'évêque de Verdun, qui n'est autre que Charles Ginisty (originaire de Saint-Saturnin-de-Lenne, dans l'est de l'Aveyron). Ses propos sont extraits d'une lettre qui a été adressée à un abbé ruthénois :

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   On termine par un quotidien national, La Croix, daté du 27 décembre 1914. Il est bien entendu question du premier Noël de guerre. Curieusement, ce sont des extraits de lettres écrites par des enfants de 6 à 9 ans au Père Noël ou au "petit Jésus" qui occupent la plus grande place. Truffées de fautes (ce qui n'est pas étonnant au vu de l'âge de leurs auteurs, qui débutent leur apprentissage), ces messages regorgent d'altruisme juvénile, à tel point que la présentation de Journaux de guerre met en doute leur authenticité.

   Page 3 est retranscrit le discours d'un évêque, construit autour de l'action de la Vierge Marie, réputée avoir déjà sauvé la France à plusieurs reprises. La cinquième partie évoque un "ange, une femme, une libératrice"... Jeanne d'Arc (à l'époque bienheureuse, pas encore sainte). On retrouve la Pucelle page 5, au coeur d'un long article consacré à ce qui se passe en Alsace-Lorraine :

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      Page 7, c'est la lucidité qui l'emporte, puisque le directeur de l'édition de Limoges y affirme que la guerre sera longue... et victorieuse, les Français s'étant progressivement endurcis au combat.

   Les journaux sont complétés par la reproduction d'une affiche de propagande (de 1916) faisant appel au civisme des enfants : "Nous saurons nous en priver".

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   P.S.

   Ma navigation sur la Toile m'a conduit au site (officiel) france.fr, qui dit deux-trois choses de Jeanne d'Arc. Mon regard a plutôt été attiré par ce qui figure dans une colonne, à droite, sous le titre "personnages historiques". Cherchez l'erreur...

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samedi, 13 septembre 2014

Journaux de guerre n°4 et 5

   Paru jeudi dernier, le numéro 4 tente de démêler le vrai du faux dans ce que l'on a appelé "les atrocités allemandes", un thème qui a été largement développé à l'époque, avant de devenir plus anecdotique (la Seconde guerre mondiale et ses horreurs étant passées par là)... pour finalement être redécouvert au début du XXIe siècle :

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   Les rumeurs ont commencé à circuler dès le tout début de la guerre. Les exemplaires de la presse française fournis avec le numéro 2 de Journaux de guerre contenaient déjà des allusions aux crimes de l'armée allemande. Ici, cela commence avec L'Echo d'Alger du 13 août 1914, dans lequel il faut faire le tri :

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   Sous le titre "Atrocités !!!", le quotidien évoque les incendies de villages (belges et français, une réalité de la guerre), et l'histoire des bonbons empoisonnés (notamment dans le Lot), qui serait une légende. Ici le fantasme meurtrier rejoint la crainte de la présence d'agents allemands à l'intérieur du pays. Dans le cas qui nous concerne, on a même parfois avancé que ce seraient des hommes déguisés en femmes qui auraient distribué les bonbons. La présence d'agents infiltrés n'en est pas moins réelle, mais plutôt dans des lieux stratégiques. Le journal cite plusieurs cas, à Paris, Versailles et Bruxelles.

   Parmi les curiosités lisibles dans le quotidien d'Algérie, je signale la mention d'une "prophétie", une prédiction d'un général japonais (qui s'est suicidé en 1912). Dès 1904 (au cours de la guerre russo-japonaise), il aurait annoncé le déclenchement de deux grands conflits au XXe siècle. Le premier prenait sa source dans les antagonismes franco-allemand et anglo-allemand (qu'il voyait s'achever par une défaite de l'Allemagne, après que celle-ci eût violé la neutralité belge). Le second conflit devait naître de la rivalité entre les Etats-Unis et le Japon. Ici s'arrêtait le don de prescience du général Nogi, qui voyait son pays sortir vainqueur de la guerre pour le Pacifique.

   Dernière pépite : les encouragements prodigués aux soldats français par un voisin inattendu... le prince de Monaco (Albert Ier, lointain ancêtre d'Albert II). Celui-ci a profité de l'occasion pour rappeler qu'il avait combattu pour la France, en 1870 (dans la Marine).

   Le deuxième journal reproduit dans ce numéro de Journaux de guerre est Le Rappel du 19 août 1914 (2 Fructidor an 122, comme il est précisé en haut à gauche de l'exemplaire). Un grand titre barre la première page : "Ils avouent leurs Crimes". Les "atrocités allemandes" sont dénoncées à partir d'un rapport du préfet de Meurthe-et-Moselle et de lettres de soldats allemands, qui ont été interceptées. L'éditorial est consacré au même thème, avec, entre autres, l'évocation de l'affaire de "l'enfant au fusil". La page 2 est occupée par une gigantesque carte du Front.

  L'Humanité du 17 septembre 1914 apporte une note discordante. L'éditorial de Jean Longuet (dont un paragraphe semble avoir été victime de la censure) appelle au bon sens... et à ne se fier qu'aux témoignages corroborés. Pour les socialistes français, le véritable ennemi n'est pas le soldat allemand, mais le militarisme prussien. Un peu plus loin dans le journal, on peut trouver un tableau comparatif des forces maritimes des cinq principaux belligérants :

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   Si la supériorité franco-britannique paraît évidente au niveau des torpilleurs, l'importante flotte allemande de contre-torpilleurs a de quoi inquiéter...

   Au niveau des alliés, le positionnement de l'Empire ottoman suscite beaucoup d'interrogations. Au fur et à mesure qu'on lit l'ensemble des journaux, on comprend à demi-mots qu'Istanbul devrait, à terme, rejoindre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. L'Humanité nous apprend que c'est un amiral allemand qui va commander la flotte ottomane.

   Enfin, je vous laisse découvrir pour quels motifs le Conseil de Guerre a condamné diverses personnes à la réclusion ou aux travaux forcés.

   Le quatrième quotidien français est La Lanterne du 14 octobre 1914. L'éditorial de Félix Hautfort s'en prend assez violemment à l'Appel aux Nations civilisées, signé par 93 intellectuel allemands, qui rejettent les accusations portées contre l'armée de leur pays. Le journal s'intéresse aussi au positionnement du gouvernement roumain, qui louche sur la Transylvanie hongroise. En page 2, on lira avec plaisir le récit de l'affrontement entre deux biplans, un français, l'autre allemand, la victoire revenant bien évidemment... au français !

   Mais la perle de ce numéro de Journaux de guerre est l'exemplaire de La Gazette des Ardennes (du 27 décembre 1914), organe de propagande allemand publié en zone occupée pendant presque quatre ans. Pour gagner les faveurs de la population française, la tactique est de dénigrer les Belges et les Anglais...

   Complète ce florilège la reproduction d'une affiche (française) dénonçant le bombardement de Reims.

   Passons à présent au numéro 5, sorti ce jeudi 11 septembre. Il est principalement consacré à la bataille de la Marne, qui permit à la France de poursuivre la guerre :

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   Le premier quotidien reproduit est La Guerre Sociale (du 31 août 1914), dirigé par Gustave Hervé, qui, à l'époque, était une sorte de "gauchiste"... mais un gauchiste que la guerre a converti aux vertus du patriotisme et qui, des années plus tard, s'est vautré dans le "social-nationalisme" et le pétainisme... avant de recouvrer ses esprits, peu avant sa mort.

   Dans ce numéro, La Guerre Sociale se préoccupe de la défense de Paris, rien ne semblant, jusqu'à présent, arrêter l'avancée allemande. Le journal, comme ses confrères tout aussi mal informés, se console avec de supposés succès russes sur le front Est. Je signale aussi un article de l'aveyronnais Emile Pouget, consacré aux faits divers, en particulier à la baisse de la délinquance à Paris, depuis le début de la guerre.

   Il est aussi question du passage d'un avion allemand au-dessus de Paris et du largage de deux bombes, pas très dangereuses. (C'était une action de guerre psychologique.) En page 2 se trouve une carte du Front Ouest, ainsi qu'une tribune du comte Tarnowski, qui développe l'idée que les Polonais sont bien mieux traités dans la Galicie austro-hongroise que dans l'empire russe.

   L'Intransigeant du 4 septembre 1914 aborde des thèmes semblables. Il s'attarde beaucoup sur le survol de Paris par l'avion allemand et prodigue des conseils aux civils. Un paragraphe attirera plus particulièrement l'attention des Aveyronnais :

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   Cette semaine, la presse de province est à l'honneur à travers Le Petit Marseillais du 12 septembre. On y célèbre amplement la victoire de la Marne, sans tomber dans un optimisme excessif. L'un des premiers articles spécule sur la durée de la guerre. L'auteur s'appuie sur des propos tenus à l'étranger pour sous-entendre qu'un conflit de trois ans est tout à fait envisageable.

   Il faut attendre la page deux pour trouver un entrefilet faisant allusion aux récentes défaites russes (à Tannenberg et aux lacs Mazures)... et félicitant surtout nos alliés pour leur honnêteté :

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   Le journal publie aussi des extraits de lettres de soldats (riches d'anecdotes), ainsi qu'un communiqué des réfugiés lorrains, qui remercient la population marseillaise pour son accueil.

   On termine par L'Echo de Paris du 14 septembre 1914, dont les colonnes sont elles aussi largement occupées par la récente victoire des troupes françaises. Un article fort intéressant est consacré aux mines sous-marines. Il complète un paragraphe qui évoque le parcours du Lutetia, un croiseur en provenance d'Amérique du Sud, qui a réussi à échapper aux navires de guerre allemands.

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   Complète ce florilège une reproduction d'une affriche française, ironisant sur l'échec des Allemands sur la Marne.

samedi, 30 août 2014

A l'ombre des 100 000 visiteurs

   La presse a abondamment relayé l'information concernant le grand nombre de visiteurs du musée Soulages, dépassant les prévisions de ses promoteurs. Mais les auteurs des articles n'ont pas trop cherché à en savoir plus. Ainsi, à l'exception notable du Nouvel Hebdo, aucun périodique n'a précisé le nombre d'entrées payantes.

   Du côté des quotidiens locaux, on a fait surtout de la communication. Centre Presse y va fort en qualifiant le musée de "phare culturel de la ville" et insiste sur l'impact touristique de Soulages, évoquant aussi l'augmentation du nombre de visiteurs des autres musées ruthénois. Midi Libre souligne aussi cet aspect, mais se consacre davantage à l'hôtellerie-restauration. Au passage, l'auteure de l'article lance une pique aux "soulageophobes" locaux, oubliant que c'est sur le long terme qu'il faudra juger du succès de l'établissement.

   La Dépêche du Midi cite les propos du maire de Rodez (Christian Teyssèdre) et donne des chiffres précis... mais pas tous ceux que l'on attendait, hélas. On apprend toutefois que les 100 000 entrées n'ont rapporté que 417 000 euros... alors que le billet (commun aux trois musées, ce qui est une bonne idée) coûte 7 euros (4 euros pour les comités d'entreprises et les - environ 11 000 - titulaires de la carte XXL du Grand Rodez). Cela signifie qu'une part importante des visiteurs n'a pas payé. On ne sait pas quelle proportion ils représentent, faute de connaître le nombre de billets à 7 et 4 euros.

   On apprend aussi que la boutique du musée connaît un grand succès, ce dont tout visiteur du début avait pu se rendre compte. Déjà, le 16 juin dernier, Centre Presse parlait de la ruée sur le petit espace commercial du musée... sous-entendant que tous ceux qui repartaient avec un ou deux ouvrages n'avaient pas forcément payé. Et pourtant, au début du projet, cette boutique n'avait pas d'existence assurée. On réalise aujourd'hui qu'on a bien fait de l'étoffer et que c'est même devenu un atout de l'établissement, qui deviendrait ainsi, le siège de la librairie de référence sur Soulages.

   Sans surprise, le quotidien économique Les Echos s'appuie lui aussi sur ces données pour évoquer la réussite du musée. Il est même plus précis sur le chiffre d'affaires de la boutique (329 575 euros, contre 329 000 selon La Dépêche).

   Le Figaro rentre moins dans le détail des recettes, mais il précise le nombre d'entrées par mois. Il relaie aussi les critiques émises à propos des horaires d'ouverture. On peut en effet légitimement penser qu'avec une offre plus étendue, le musée aurait accueilli encore plus de visiteurs. La journaliste a peut-être copié ce qu'elle a lu dans l'article de Centre Presse (paru une semaine plus tôt), auquel elle a aussi emprunté la formule "phare culturel".

   On termine avec La Croix et un article assez long. On y retrouve et le détail des recettes et les entrées par mois. Manquent juste la proportion d'entrées payantes et l'origine des visiteurs.

   Tournons-nous donc vers Le Nouvel Hebdo et le "Grain de sel" de Gérard Galtier. On y découvre que la part d'entrées payantes n'atteint même pas 60 % du total. En effet, aux visiteurs de l'inauguration (portes ouvertes), il faut ajouter ceux du premier dimanche de chaque mois, où l'entrée est gratuite. Affluence garantie... signe aussi (peut-être) que les locaux, s'ils viennent jeter un oeil au musée qui a fait la "une" des médias, ne sont pas prêts à payer pour cela. A l'avenir, il est un autre public qui contribuera à accroître le nombre d'entrées sans participer financièrement : les scolaires... mais cela fait partie des missions de tout établissement de ce type.

   Ceci dit, on ne va pas faire la fine bouche. En tant que contribuable du Grand Rodez, je me réjouis que les recettes du musée soient plus importantes que prévu. C'est autant que nous n'aurons pas à remettre au pot. Notons toutefois qu'il s'agit (concernant les entrées payantes) des recettes des musées, le billet étant commun.

   Je termine par une information que, là encore, je n'ai lue que dans Le Nouvel Hebdo. Figurez-vous que le directeur du musée, tout comme son adjointe, ont choisi le mois d'août pour partir en vacances et ce, alors que la tension était à son comble en matière de gestion du personnel. En effet, le succès du nouvel établissement a contraint de revoir les emplois du temps... et il me semble que l'on a un peu déshabillé Fenaille (et Denys-Puech) pour habiller Soulages. Visiblement, pendant que l'élite partait se dorer la pilule, la valetaille était priée d'assurer le service...

samedi, 23 août 2014

Le jeu des sept erreurs

   Dans son cahier "Région", le quotidien Midi Libre a pris l'habitude de recommander une visite touristique, en avant-dernière page. Ce sont d'abord des lieux emblématiques du Grand Sud qui sont mis à l'honneur. Hier vendredi, c'est la cathédrale de Rodez qui a bénéficié d'un coup de projecteur, illustré par une prise de vue du photographe maison, Yves Estival :

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   Le problème est que tout Ruthénois qui se respecte (et tout individu récemment passé par le centre-ville de Rodez) ne peut que tiquer devant cette image qui représente la place d'Armes telle qu'elle n'existe plus. En voici une photographie récente :

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   Alors, on se lance dans le jeu ?

   Je vous laisse un peu de temps pour réfléchir...

   Je sens que vous avez déjà repéré quelques différences flagrantes :

   - la place d'Armes n'est plus défigurée par ces horribles bacs à fleurs

   - on y a planté de jeunes arbres

   - on y a ajouté de petits poteaux métalliques et des boules au sol (pour décourager les automobilistes indélicats)

   C'est tout ? Allons, regardez le sol d'un peu plus près :

   - les espèces d'escaliers ont été remplacés par un sol uni, en légère déclivité

   - les petites piles, à gauche, ont disparu (les arbres se trouvent à leur place)

   - un feu tricolore a été installé

   Maintenant, soyez attentifs aux édifices :

   - les échafaudages ont disparu de l'immeuble voisin de la cathédrale (à droite sur l'image)

   ... et ? (Une huitième, pour la route !)

   Indice : il faut lever la tête et avoir une excellente vue.

   Je vous aide : regardez la tour Sud (à droite sur l'image).

   Les inscriptions, découvertes en 2010 à l'occasion de travaux de rénovation, n'apparaissent pas sur la photographie de Midi Libre. Cette image a donc plus de trois ans et demi ! Pourtant, les locaux communs au quotidien montpelliérain et à Centre Presse sont situés avenue Victor Hugo, à moins de cent mètres de là ! Trop dure, la life !

vendredi, 25 juillet 2014

Millau, la série noire

   ... aurait pu continuer. Depuis au moins 2010, la "Cité du gant" est le théâtre, chaque année, d'un fait divers sanglant. La récente agression des rugbymen de Clermont-Ferrand a failli très mal se terminer.

   Mais remontons un peu le temps. En mai 2010, la ville a été bouleversée par le meurtre du jeune Jean-Ronald, à la fois par l'injustice du sort qui frappait ce garçon sans histoire (venu à Millau pour vivre sa passion du rugby) et à cause de la violence de la mise à mort, au cours d'une expédition punitive à laquelle plus de vingt personnes ont participé, trois personnes ayant été blessées à coups de couteaux. Accessoirement, cet assassinat révélait les tensions existant entre les communautés antillaises et maghrébines, la victime ayant vécu à Haïti et Saint-Martin, ses agresseurs étant d'origine nord-africaine. A l'époque, une équipe de l'émission Sept à Huit est même venue enquêter sur place. Ce n'est qu'en septembre prochain que le procès va débuter !

   Un peu plus d'un an plus tard, en plein mois d'août, c'est dans le village voisin d'Aguessac qu'une adolescente de 17 ans a été victime d'un viol collectif, au cours d'une fête. Elle était originaire d'une commune proche, Saint-Georges-de-Luzençon, ses bourreaux venaient de l'Hérault. 

   En juin 2012, ce fut au tour d'un jeune homme d'origine maghrébine de décéder dans la sous-préfecture aveyronnaise, abattu par un policier de la BAC alors qu'il tentait de forcer un barrage, après une course-poursuite. Notons que ce jeune homme jusque-là sans histoire avait une grande quantité de drogue dans son véhicule. (Il a peut-être servi de "mule" à des trafiquants locaux.) Cette mort idiote a suscité beaucoup d'émotion. Paradoxalement, on n'a remis en cause que l'action des policiers. On a évité de se poser des questions sur le comportement du jeune. Il reste à espérer que l'enquête a permis de lever les derniers doutes.

   Nous voilà arrivés en décembre 2013. Une nouvelle fois, la Cité du gant a été frappée par l'horreur : une adolescente de 14 ans a été mortellement poignardée par un déséquilibré (qui semblait fasciné par le destin tragique de Jean-Ronald). Les médias nationaux se sont de nouveau intéressés à Millau pour de mauvaises raisons.

   En juillet 2014, si le sang a coulé à Millau, personne n'est décédé (fort heureusement). Mais cela aurait pu se terminer de manière plus tragique, si les victimes des agresseurs avaient été moins costaudes que les rugbymen, ou si d'autres personnes n'étaient intervenues pour les aider. Le pire dans cette histoire est que les quelque dix agresseurs sont issus de la petite communauté antillaise de Millau. Certains sont connus des services de police. Il n'est pas impossible que, parmi les complices, on trouve des personnes qui ont connu naguère Jean-Ronald. De surcroît, le mode opératoire de l'agression des rugbymen (une expédition de groupe) et les armes utilisées ne sont pas sans rappeler l'agression du jeune Haïtien en 2010. La haine et la violence semblent s'être propagées d'un groupe à l'autre. Voilà qui n'est guère encourageant.