vendredi, 02 avril 2010
Le combat des magazines ruthénois III
La rivalité (feutrée) se poursuit cette semaine avec la parution du numéro 33 du quinzomadaire gratuit et du numéro 5 de l'hebdomadaire payant.
Commençons par ce dernier, Le Ruthénois, qui titre sur les Restos du coeur, les pages intérieures contenant un grand entretien avec le président départemental (Midi Libre a copié !) et un reportage page 5. Si l'on ne peut que se réjouir de l'action de cette association, il est cependant triste de constater qu'elle reste hélas nécessaire, tant la détresse sociale persiste (s'accroît même) dans notre pays. Pensez qu'elle sert presque autant de repas qu'il y a d'Aveyronnais ! (Un peu moins en fait : 260 000 repas pour plus de 270 000 habitants, selon la dernière mise à jour des populations légales. La relation entre les deux données chiffrées est tout de même très parlante.)
Page 4, Hugues Robert lève un coin du voile sur les relations entre journalistes et élus locaux, en particulier leurs "chargés de communication" ou "attachés de presse", quel que soit le nom qu'ils portent.
Juste à côté, un billet (un peu rapide, alors que Midi Libre comme La Dépêche du Midi ont déjà évoqué l'affaire) est consacré à Jean-Claude Luche et à son possible détachement de l'UMP... Je n'y crois qu'à moitié. Certes, au sein de la droite, le président du Conseil général incarne une voie plus modérée, héritière lointaine de la démocratie chrétienne, éclatée depuis entre ceux qui sont allés goûter à la soupe sarkozyenne et ceux qui se sont embarqués dans l'aventure bayrouïste. Jusqu'à preuve du contraire, Jean-Claude Luche a seulement retardé le renouvellement de son adhésion à l'UMP... le temps que les élections cantonales passent ?
On a droit à tout autre chose page 5 : un écho sur la Société des Lettres Sciences et Arts de l'Aveyron. Cette institution rouergate bat de l'aile. Il semblerait qu'à la "bonne bourgeoisie" (composée d'intellos conservateurs ayant le sens de l'intérêt général) ait succédé une "nouvelle bourgeoisie", dont l'action semble susciter moins d'enthousiasme... Point noir à signaler : l'article est émaillé d'incorrections (tout comme un encadré situé plus bas sur la page... attention aux mauvaises habitudes !) et, en première page, il est annoncé page 9, alors qu'il figure page 5.
Page 7 est abordée la polémique du moment : les conséquences de la fermeture du site du Burgas, situé à Sainte-Radegonde, commune de la périphérie de Rodez, autrefois essentiellement agricole devenue très résidentielle (pour les classes moyennes aisées, les pauvres étant priés d'aller crécher à Onet-le-Château). Il faudrait consacrer des pages et des pages à ce dossier, dont je trouve scandaleux le pourrissement. Personne n'ose remettre en question l'action du Sydom (syndicat départemental des ordures ménagères)... et pour cause : les décisions y sont préparées par le Bureau et prises par le Comité syndical... Regardez un peu qui y siège (dans l'onglet "Instances"), et vous comprendrez pourquoi les journalistes aveyronnais marchent sur des oeufs...
Page 8, une tribune fait la promotion du pays ruthénois, un type d'association intercommunale qui a eu le vent en poupe sous le gouvernement Jospin. Depuis 2005, les personnes engagées dans ce genre de démarche me semblent avoir du mal à maintenir la dynamique. Dans le cas aveyronnais, les difficultés qui ont surgi au moment de délimiter le territoire de chacun des pays ont pesé sur leur future efficacité. Prenons le cas du pays ruthénois :
La communauté d'agglomération du Grand Rodez, qui sert de base à la construction du territoire, est privée de son "bras droit" : le prolongement de la route nationale 88 vers l'autoroute A 75. Qui plus est, les communes qui coupent la commune de Sébazac-Concourès (à l'honneur cette semaine dans l'hebdomadaire) en deux (à savoir Rodelle et La Loubière) n'y ont pas adhéré ! Et que dire de la forme du territoire... incohérente au possible quand on en connaît un tant soit peu la géographie de la région... Trop de politique politicienne locale a nui aux pays.
Je sais bien qu'il faut saluer tous les efforts fournis pour développer les territoires et faire aboutir les projets mais là, franchement, ce niveau de compétence supplémentaire est superflu (ou alors il faudrait en supprimer un autre). Il aurait mieux valu travailler à perfectionner l'existant.
Bon, j'arrête de râler, pour parler du coup de coeur de la semaine : La Bulle de Valérie , consacrée à un ingénieur agronome aveyronnais, qui tente de concilier écologie et développement agricole au Mali. Une bien belle initiative.
On termine par l'inévitable Jean-Michel Cosson (dont le dernier livre bénéficie d'un copinage en fin de magazine), qui nous cause cette semaine de la commune de Sébazac-Concourès. Les anecdotes concernant le Tindoul de la Vayssière (un gouffre karstique) sont particulièrement intéressantes.
Tout cela nous amène au numéro 33 de A l'oeil, qui me semble compter plus de surface vraiment rédactionnelle que les numéros précédents. Plusieurs points m'invitent à penser qu'il existe un véritable "marquage à la culotte" entre les deux magazines du Grand Rodez. Ainsi, un important dossier est consacré à l'évolution de la commune de Rodez... thème évoqué la semaine passé par Jean-Michel Cosson dans Le Ruthénois. On remarquera d'ailleurs que les auteurs du (bon) dossier ont dû puiser dans les ouvrages de l'historien local, cité page 32 (son excellent Dictionnaire de l'Aveyron
... paraît avoir été une source majeure pour l'écriture des encadrés consacrés au tramway de Rodez et à son ancien maire Louis Lacombe).
Faut-il y voir une marque de confraternité ou tout simplement la reconnaissance (hors de toute opinion partisane) de la qualité du travail de l'historien local ? Quoi qu'il en soit, on est moins étonné de trouver un peu plus avant dans le quinzomadaire (page 15) une publicité pour son concurrent :
Cela fait partie de la politique commerciale du Ruthénois, je crois. Un important budget de lancement a dû être fixé, pour faire connaître l'hebdomadaire au maximum. Ainsi, une partie des habitants de la commune à l'honneur chaque semaine dans Le Ruthénois a eu le plaisir de recevoir une fois gratuitement la gazette dans sa boîte aux lettres. (J'espère qu'ils ont bien calculé leur coup, parce que cela me paraît tout de même assez aventureux.)
Retournons au gratuit A l'oeil. J'aime bien la caricature proposée en page 1 :
On remarquera que, contrairement à la dessinatrice du Ruthénois, Daf représente davantage de personnalités politiques de droite. On peut s"amuser à relever les absents et les présents. Elections régionales obligent, le Lotois de Toulouse Martin Malvy fait figure de parrain de la gauche, le maire de Rodez essayant de tirer la couverture à lui. En face, personne ne s'impose vraiment, l'ancien premier magistrat ruthénois Marc Censi semblant tout triste devant le gaspillage de l'héritage... mais son ancien ennemi du Conseil général Jean Puech est curieusement absent du portrait de famille, alors qu'il a été jusqu'à il y a peu l'homme le plus puissant du département. En bas, Yves Censi et Jean-Claude Luche ne bénéficient pas du même capital de sympathie chez le dessinateur : l'un fait la gueule et l'autre est un éternel souriant... qui pourrait toutefois passer pour un benêt (c'est pas gentil, ça !).
On notera la référence à Pierre Soulages (comme pour Stéphanie Gras dans Le Ruthénois de la semaine dernière), un billet évoquant même le projet de musée en page 2. Les contribuables locaux seront ravis qu'on leur rappelle (ou apprenne) qu'il existait une possibilité moins coûteuse que la création ex nihilo d'un machin pour cultureux : l'extension du musée Puech, refusée par l'artiste du noir...
Page 5, l'éditorial de Paul d'Orsini prend la forme d'une complainte de l'électeur de droite déçu (par Sarkozy). Quelques pages plus loin vient le grand entretien... consacré à Jean-Claude Luche (déjà interrogé dans le numéro 24) ! Celui-ci y revient sur les élections régionales (en focalisant trop sur le cas de Guilhem Serieys, à mon avis, même si j'ai déjà écrit ailleurs ce que je pensais du procédé)... et nous gratifie d'une langue de bois bien râpeuse. "Je ne fais pas de politique politicienne" affirme celui qui n'arrête pas de lancer des piques à Christian Teyssèdre... et, attendez la suite "il faut rester modeste"... Trop de modestie tue la modestie ! Autre perle : "la Majorité du conseil général s'est rassemblée derrière moi", "Ma majorité est unie"... quand on sait les difficultés rencontrées pour composer la liste aveyronnaise, les pressions qui ont été exercées sur J.-C. Luche pour qu'il y intègre untel ou unetelle et la "petite" campagne faite en faveur de cette liste par certains ténors de la droite locale... (Au fond, je le plains. Il est obligé de jouer la comédie de l'union en espérant garder son strapontin l'an prochain.) A la fin de l'entretien est quand même évoquée la question (du cumul) des mandats et de ceux auxquels Jean-Claude Luche renonce.
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samedi, 27 mars 2010
Le nouveau Conseil régional de Midi-Pyrénées
Je vais m'y intéresser sous l'angle aveyronnais, en m'appuyant sur deux articles parus dans la presse locale/régionale. C'est dans La Dépêche du Midi que l'on apprendra (si on ne le sait pas déjà) que, sur 91 conseillers régionaux (dont 69 pour la majorité socialo-radicalo-frond-de-gaucho-écologiste... que c'est érotique tout cela !), 15 vont devenir vice-présidents. D'après Midi Libre (un article signé "H.M.", sans doute Hugues Ménatory, une des plumes du quotidien), 52 siègeraient à la commission permanente.
Le contribuable de base aurait tort de se désintéresser de la chose. Ainsi qu'un autre Hugues (Robert) l'a écrit, dans le numéro 4 du Ruthénois, l'indemnité de base d'un conseiller régional est grossie dès lors qu'il siège à la commission permanente. En Midi-Pyrénées, elle passe de 2263 à 2489 euros... par mois. S'il devient vice-président, le conseiller touche 3 168 euros, somme que je ne gagnerai sans doute jamais, même en fin de carrière, même si j'ai bénéficié de promotions... Au passage, je plains encore plus les contribuables de Languedoc Roussillon, leur mégalo-président Frêche ayant proposé, dans un grand élan réconciliateur, que les 67 conseillers régionaux siègent à la commission permanente ! Se revendiquer de Jaurès tout en faisant du pied au Front national, à part Nicolas Sarkozy, il n'y a que Georges Frêche qui pouvait le faire ! Dans la foulée, il a fait l'éloge de Jacques Blanc (on ne signale aucun infarctus parmi les membres socialistes de sa liste)... mais ne va pas jusqu'à promettre à tous les groupes politiques (donc aussi au F.N.) d'avoir des représentants dans les conseils d'administration des lycées...
Mais revenons à Midi-Pyrénées, où l'atmosphère est tout de même moins pesante. Si La Dépêche du Midi signale que c'est un Lotois qui hérite de la vice-présidence en charge de l'agriculture, il faut lire Midi Libre pour apprendre qu'il succède à un Aveyronnais... et que la passation de pouvoir a un arrière-goût syndical : à Régis Cailhol, membre de la F.N.S.E.A. succède un adhérent de la Confédération paysanne, Vincent Labarthe... et non Barthe, contrairement à ce qu'écrit La Dépêche :
Le nouveau vice-président, dont l'édition aveyronnaise de Midi Libre ne cite pas le nom, était numéro 2 sur la liste P.S. du Lot, au premier comme au second tour. Il est maire de Sainte-Colombe et président de la communauté de communes de Lacapelle-Marival, au nord de Figeac. Va-t-il trouver le temps de tout faire ? Il va sans doute lever le pied sur son exploitation (si ce n'est déjà fait), où il est associé à quatre autres agriculteurs dans un GAEC.
Cependant, une lecture rapide de Midi Libre pourrait laisser croire que l'Aveyron sort perdant de la répartition des "fromages" de la nouvelle assemblée régionale. Le quotidien montpelliérain enfonce le clou en évoquant le cas du maire de Rodez, Christian Teyssèdre, qui n'a pas obtenu de poste. Mais il oublie de préciser que sa tête de liste officielle, Marie-Lou Marcel, a dégoté la vice-présidence en charge des finances, ce qui n'est pas rien. C'est à La Dépêche (très lue dans l'ouest aveyronnais, dont M.-L. Marcel est l'élue) que l'on doit cette précision.
On peut aussi deviner que, pour 2014, ce n'est pas l'élu aveyronnais qui tient la corde pour succéder à Martin Malvy : celui-ci a fait nommer la Toulousaine Nicole Belloubet première vice-présidente. Ce serait une erreur que d'attribuer à la seule parité la promotion de l'ancienne rectrice, devenue première adjointe du maire de Toulouse. Après l'Aveyron et le Lot, en 2014, ce sera peut-être le tour de la Haute-Garonne de briguer la présidence...
Enfin, les deux journaux évoquent (chacun apportant des détails différents) les divisions de la droite.
12:20 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, régionales, actualité, presse
vendredi, 26 mars 2010
"Le Ruthénois" numéro 4
On va commencer par une devinette. D'où a été prise la photographie du maire de Rodez illustrant la "Une" ?
C'est la question que je me suis posé. Au départ, comme on semble proche du centre-ville, avec vue sur la cathédrale côté clocher, je me suis dit qu'il était fort possible que Christian Teyssèdre se trouvât à la mairie même. Mais, en allant sur place, je me suis rendu compte que l'angle de prise de vue ne pouvait pas correspondre... et surtout, je ne voyais pas de balcon de ce type sur l'Hôtel de ville ! Je me suis donc un peu éloigné, pensant que le photographe s'était rendu au domicile du maire, peut-être sur le tour de ville. Mais, très vite, j'ai réalisé que j'étais trop loin. Je suis donc revenu sur la place de l'Hôtel de ville et j'ai fini par trouver... enfin je crois.
Sur la photographie que j'ai insérée, j'ai indiqué quelques indices qui permettent de déduire que, sans doute, le maire habite à deux pas de l'Hôtel de ville ! Je vous laisse deviner où précisément :
Cette vue date de vendredi 26 mars 2010... et donc l'environnement végétal ne semble pas tout à fait correspondre avec le peu que l'on voit sur la première page du Ruthénois. Cela me conduit à émettre une deuxième hypothèse : la photographie ne serait pas toute récente.
Le premier magistrat du Piton partage la vedette avec le président du Conseil général, dont vous pouvez distinguer le haut du visage sur la première photo. Comme l'élu socialiste semble être davantage mis en valeur sur la "Une", il a fallu rééquilibrer les choses en pages intérieures et donc, page 5, J.-C. Luche a droit à deux représentations, contre une à C. Teyssèdre :
J'ai enlevé les parties rédigées, que vous découvrirez si vous achetez l'hebdomadaire. Qui plus est, la comparaison de ces photographies est assez éclairante sur la stratégie de chacun d'eux.
Ainsi, Christian Teyssèdre veut donner l'image d'un professionnel rigoureux, respectueux des autres mais qui ne cherche pas à se rendre sympathique pour autant (il n'a pas ôté la veste et, dans l'entretien, vous verrez qu'il n'utilise pas la langue de bois). Il s'assimile à la commune de Rodez (regardez le cadre accroché derrière lui) et à sa figure emblématique, sa cathédrale (voir la couverture).
Jean-Claude Luche a tombé la veste et fait comme si le photographe le surprenait en plein boulot (non mais, quel cabotin !). Il est sans doute dans les bureaux du Conseil général, photo du viaduc de Millau dans le dos. Il arbore son éternel sourire carnassier qui, à l'image de sa poigne, est un peu sa signature comportementale.
Deux de ces images sont recadrées en page 3, pour illustrer l'article consacré à leurs réponses au questionnaire de personnalité. La même photographie de Christian Teyssèdre est réutilisée, plus petite mais dans un plan plus large, page 10. Nos deux compères sont aussi présents sur l'une des pages qui traite des élections régionales, Jean-Claude Luche étant un peu plus visible. L'équipe du Ruthénois s'est évertuée à rester dans la plus stricte neutralité, ce dont on ne peut que se réjouir.
Mais reprenons notre lecture. J'aime beaucoup le dessin de la semaine, en page 3 :
Les teintes gris-noir sont là pour souligner l'allusion à Pierre Soulages, un croquis de ce qui est sans doute la maquette du futur musée figurant à l'arrière-plan. Pâques approchant (tout comme le premier avril), je vous laisse réfléchir aux différentes significations de l'oeuf, la présence du symbole de l'euro à proximité n'étant pas innocente. Décidément, cette Stéphanie Gras est douée !
J'ai eu aussi le temps me creuser les méninges à propos du chien. Quand j'avais parlé de la sortie du premier numéro du Ruthénois, j'avais émis l'hypothèse que c'était peut-être une allusion à la formule (malheureuse) employée par François Mitterrand à l'occasion des obsèques de Pierre Bérégovoy.
Réflexion faite, je suis d'avis que c'est une sorte d'animal-totem de la dessinatrice, à l'image de la souris de Plantu (dont le site internet mérite le détour) :
Le Monde, 3 février 2006
On peut aussi établir un lien avec la coccinelle de Marcel Gotlib (dont le comportement est beaucoup plus fantaisiste) :
Rubrique-à-brac, taume 2, édition Dargaud, 1974
Page 2, une erreur s'est glissée dans l'annonce du changement d'heure : elle n'est pas prévue pour "la nuit du samedi 29 au dimanche 30 mars" (2010), mais la nuit du samedi 27 au dimanche 28, celui des Rameaux, comme indiqué dans un encadré voisin.
Page 4, Hugues Robert (qui nous gratifie d'un drôle de "malgré que") revient sur les élections régionales et les tripatouillages d'entre-deux-tours. Les non-initiés (et les autres) en apprendront de belles. La fin de l'article est particulièrement intéressante, consacrée aux indemnités des élus régionaux. Elle fait écho au travail du député de l'Aisne, René Dosière, dont le blog est une mine d'informations. Si vous consultez le billet en date du mercredi 24 février 2010, intitulé "Au sujet de la rémunération des élus locaux", vous pourrez télécharger des documents sur la question. Je vous en propose un : la carte (modifiée par mes soins, grâce à Paint, à partir d'un fond de carte téléchargé sur un site professionnel) de la rémunération des conseillers régionaux :
En noir sont coloriées les régions dont les élus touchent plus de 34 000 euros par an, en gris foncé les régions dont les élus touchent entre 28 000 et 34 000 euros (il faut y ajouter la Réunion), en gris clair les régions dont les élus touchent entre 24 000 et 28 000 euros (il faut y ajouter la Guadeloupe) et enfin en blanc la région (la Corse, à laquelle il faut ajouter la Guyane et la Martinique) dont les élus touchent moins de 24 000 euros par an. En gros, dans les régions les plus pauvres, les élus touchent moins. Par contre, à l'autre bout de l'échelle, on ne trouve pas forcément les régions les plus riches...
Les résultats en Midi-Pyrénées et dans l'Aveyron font l'objet d'articles spécifiques, page 6 du Ruthénois. L'auteur souligne à juste titre la performance de Martin Malvy, peu évoquée par les media nationaux, plus occupés à pérorer sur Ségolène Royal, Georges Frêche ou la région Alsace que sur le cas du président sortant le mieux réélu au second tour (Victorin Lurel ayant réalisé cette performance dès le premier). On pourrait toutefois chipoter sur les pourcentages affichés en guise de résultats : on en trouve de légèrement différents sur le site du ministère de l'Intérieur.
Après toutes ces cogitations, on avait bien besoin de détente et c'est ce que nous offre, page 7, un billet intitulé "On nous brouille l'écoute". Les lecteurs assidus de l'"Album de la Comtesse", du Canard enchaîné, ne seront pas dépaysés.
Page 8, on a droit à un article passionnant sur une initiative entrepreneuriale citoyenne, qui allie insertion professionnelle et développement durable, à travers une activité de maraîchage bio. A suivre donc. Je note tout de même que l'initiatrice s'appelle Béatrice Laur. Je vois peut-être le mal partout, mais ne serait-elle pas une parente de Maïté Laur, une figure du Modem local (et sans doute une connaissance d'Hugues Robert) ? A la vision de la photographie, je distingue comme une ressemblance physique avec l'éternelle candidate divers droite aveyronnaise.
Page 10 est évoqué un gros chantier local : la (re)construction de deux écoles, dans des quartiers excentrés de la commune de Rodez. J'aurais bien aimé que l'article aborde la polémique à propos de l'envolée des coûts.
Ce numéro n'est pas tout à fait comme les précédents, parce qu'il abrite un mini-cahier de 4 pages commun au Progrès Saint-Affricain (la maison-mère du Ruthénois). Cet encart est consacré au jardinage. Côté culture, la critique cinéma de la semaine porte sur le nouveau film de Tim Burton Alice au pays des merveilles. Je ne l'ai pas encore vu mais, à la lecture de l'article, je me suis demandé si son auteur, Quentin Moreau, n'était pas dans la même situation...
Allez, on termine par le papier de Jean-Michel Cosson, consacré à l'histoire de Rodez. C'est bien fichu, comme d'habitude. Cela foumille d'anecdotes, comme celle concernant le père de Fernandel. J'ai aussi appris qu'il existe un fromage "Rodez"... mais qui n'est pas commercialisé en Aveyron ! Lisez donc l'article pour en savoir plus !
Ah, mais j'ai failli oublier le plus important : mon quart d'heure de célébrité, ou plutôt la douzaine de lignes qui est consacrée à ce blog, en fin de colonne, page 2 du Ruthénois :
A-t-on voulu tester ma vigilance (ou mon intégrité) ? Toujours est-il que je me dois de faire remarquer qu'une coquille s'est glissée dans cette présentation élogieuse !
22:37 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, presse, régionales, politique
samedi, 20 mars 2010
Le combat des magazines ruthénois II
On peut s'amuser à comparer le numéro 32 du quinzomadaire gratuit A l'oeil au numéro 3 de l'hebdomadaire payant Le Ruthénois. Ce dernier a poursuivi ses progrès en matière de correction des coquilles. Elles sont désormais marginales. Je ne vais quand même pas me priver de signaler quelques erreurs.
Ainsi, en page 4, dans l'article qui évoque l'entre-deux-tours des élections régionales, on retrouve l'évocation de la mini-polémique qui agite la gauche locale, concernant la délocalisation de certains élus du Front de Gauche. Benoît Garret se trompe sur le positionnement de Martine Perez, qui a été basculée sur la liste de Haute-Garonne, non pas quatorzième comme il est écrit dans l'article, mais douzième, comme cette capture d'écran le prouve :
Plus bas, dans l'article consacré au bilan du premier tour, Alice Tulle s'emmêle un peu les pinceaux quand elle parle des "déçus du sarkozysme qui n'ont pas été tentés par la solution de centre-gauche représentée par François Bayrou". Vite, une aspirine ! Le principal rédacteur, Hugues Robert lui-même, se prend les pieds dans le tapis quand il évoque une victoire à la Pyrrhus (devenu "Pirus") de la gauche. La consultation d'un dictionnaire lui aurait évité commettre cette bourde :
Bon, je râle mais, dans l'ensemble, il me plaît bien ce journal. Page 3, le portrait de la semaine est consacré à une figure attachante de la presse aveyronnaise, Roger Lajoie-Mazenc, dont les ouvrages sont toujours passionnants à lire.
Page 4, l'éditorial d'Hugues Robert, intitulé "Miroir mon beau miroir", s'il fait allusion au comportement du personnel politique, est peut-être aussi une réponse ironique à une caricature parue dans un récent numéro de A l'oeil. Le coeur de l'édito est consacré à un sondage bidon publié fin 2009 dans le quotidien Centre Presse. Dans le petit monde journalistique, cela fit du bruit, mais je peux vous garantir que le commun des mortels n'en a rien su...
La suite des articles est plus "anecdotique". On apprend que l'opération Rodez-plage va être reconduite, du 14 juillet au 15 août...
Cette semaine, c'est la commune de Luc-La Primaube qui est à l'honneur : page 13 pour une présentation générale, page 14 pour des informations culturelles, pages 22 et 24 pour l'historique (toujours passionnant) signé Jean-Michel Cosson.
Notons aussi (à ma grande surprise) le poids de la télé-réalité, à travers le cas de ce jeune agriculteur aveyronnais, Nicolas Vacquier, devenu une véritable vedette locale en raison de sa participation à l'émission L'Amour est dans le pré. Ce garçon a déjà eu les honneurs de La Dépêche du Midi et de A l'oeil :
Cela nous amène tout naturellement à traiter du numéro 32 du gratuit grand-ruthénois. La caricature d'entrée est consacrée aux déboires du club de football local (qui a connu des heures de gloire en coupe de France l'an dernier). Elle est complétée par un entretien avec l'entraîneur, page 6. Eh bien, figurez-vous que ces déboires sont évoqués en détail page 18 du Ruthénois !
En page 2 du quinzomadaire, on peut dénicher un petit encadré qui égratigne sans trop le vouloir le député de la première circonscription aveyronnaise, Yves Censi :
Ce style est assez représentatif de l'attitude de la droite aveyronnaise vis-à-vis du fils de l'ancien maire de Rodez (qui, à la différence de son père, semble privilégier une carrière nationale) : on se félicite de sa résistance à la poussée de la gauche, on le redoute (il est tout de même président du Comité départemental de l'UMP)... en fait on ne l'apprécie guère. Certains de ses "amis politiques" ont d'ailleurs tenté de lui piquer son siège de député en 2007... sans succès. A mon avis, si un jour il en est déboulonné, ce sera par un-e candidat-e de centre-gauche, certainement pas par un dissident de droite.
Mais passons au plat de résistance : "la grande interview", consacré à Jean-Philippe Murat, conseiller municipal d'opposition... qui n'est autre que le directeur de la publication de A l'oeil :
On n'est jamais si bien servi que par soi-même !... et ce n'est pas la première fois ! Bon là, c'est l'artillerie lourde, avec 4 pages, incluant une méga photo du bonhomme. L'entretien est tout à la gloire du directeur, qui tente de se dessiner un profil centriste qui ne résiste pas à l'examen : ses positions économiques et fiscales sont plus droitières que celles du président Sarkozy ! Ceci dit, je partage son souhait d'attendre pour se prononcer sur la gestion de l'actuelle équipe municipale de Rodez. De surcroît, certaines de ses réflexions à propos du Grand Rodez ne me paraissent pas dénuées de bon sens.
Cependant, à l'image de toute l'élite snobinarde de Rodez, droite et gauche confondues, il soutient le projet de musée Soulages (tout comme son rival Le Ruthénois d'ailleurs), alors qu'il est mal ficelé et vicié à la base. On n'est pas sorti de l'auberge...
00:56 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse
samedi, 13 mars 2010
"Le Ruthénois" numéro 2
Voici donc la "une" du nouveau numéro de l'hebdomadaire grand-ruthénois :
En page 2 se trouve une petite photographie montrant l'équipe devant la vitrine du local du journal, à Rodez. Au-dessus, la rubrique "En quelques mots" présente les principaux articles et n'hésite pas à évoquer le gros reproche fait au premier numéro (celui de la semaine dernière) : les coquilles et les fautes de français. La rédaction s'engage à s'améliorer. A mon avis, c'est la relecture qu'il faut perfectionner. Les erreurs sont inévitables, mais la ou les personnes payées pour relire devraient être plus vigilantes. De ce point de vue, il y a effectivement du progrès (saint-affricain ?...), puisque j'aurais bien du mal à effectuer un relevé des erreurs aussi fourni que la semaine dernière. Cependant, les coquilles et erreurs qui restent sont très voyantes. On en remarque une dès la première page :
La première soulignée phrase comporte une coquille. La seconde est mal construite et donne une estimation approximative de la date d'obtention du droit de vote pour les femmes en France : 2010 - 60 = 1950, alors que c'est l'ordonnance du 21 avril 1944 (bravo les résistants) qui a permis aux Françaises de pouvoir, le 29 avril 1945, exercer pour la première fois ce droit fondamental. Il aurait donc fallu écrire (en redressant la grammaire tout de même) que "les femmes l'exercent depuis seulement 65 ans".
On retrouve des erreurs page suivante, où le proviseur du lycée agricole du coin (oui, celui qui a mis en place un distributeur de lait cru !) est mis en vedette. Heureusement qu'on nous a mis une photographie et que l'on connaît son prénom (Bernard), parce que la lecture de l'un des encadrés pourrait nous induire en erreur :
"Je suis née le 12 juin 1950 [...]"
"Situation familiale : Mariée, trois enfants"
Dans le même encadré, on note une certaine difficulté avec le pluriel et l'usage des majuscules :
"Signe Astrologique : Gémeau_"
"Objet à emporter sur une île déserte : Une paire de jumelle "
Cependant, globalement, c'est mieux que dans le premier numéro.
Ah, oui : il est de nouveau question de ce lycée agricole un peu plus loin dans le journal : son gymnase a été victime de jeunes indélicats... eh oui, l'Aveyron a son lot de "racailles"...
Le "dessin de la semaine" évoque le cumul des mandats, à travers le cas des deux têtes d'affiches aveyronnaises des élections régionales : Jean-Claude Luche (curieusement placé à gauche) et Christian Teyssèdre (curieusement placé à droite). (Tout le monde sait que, même si la députée de l'ouest Aveyron Marie-Lou Marcel est officiellement numéro 1 de la liste socialiste, c'est un choix tactique, le vrai "leader" étant le numéro 2)
Page 4, l'éditorial de Hugues Robert traite de la concurrence du groupe Midi Libre (en position dominante à Rodez, avec les deux quotidiens les plus vendus), à travers deux anecdotes. L'une d'entre elle est piquante : des employés du groupe sont allés disposer des fanions en certains lieux stratégiques (par exemple le bureau de tabac de la rue Béteille), avec les formules suivantes :
"L'actualité n'attend pas 8 jours..."
"A Rodez, l'info est meilleure au quotidien !"
Voici l'un des deux fanions qui ont été disposés en hauteur, de part et d'autre de l'entrée du tabac-presse situé en face de l'évêché, à proximité immédiate de la cathédrale :
Très classe ! Mais le pire est dans ce qui est écrit au coeur de l'article, une pratique pas très sympathique qui a déjà été évoquée par le blog aveyronnais Aligorchie. Je vous laisse découvrir la chose...
Toujours page 4, un article est consacré au nouveau logo aveyronnais (dont il a été question la semaine passée... et dont je reparlerai un de ces quatre) :
Il me semble que le journal a voulu se faire pardonner la véhémence avec laquelle il a dénoncé, dans le numéro de la semaine dernière, la manière dont ce logo a été choisi...
Page 9, nous avons droit à un copinage assumé : un article fait l'éloge du nouvel équipement dont s'est dotée l'imprimerie du Progrès Saint-Affricain, la maison-mère du Ruthénois. Au passage, un petit coup de griffe est donné (indirectement) aux concurrents. En effet, on insiste, non sans justesse, sur le fait que l'hebdomadaire est imprimé dans l'Aveyron, alors qu'une bonne partie de la presse dite locale a subi des délocalisations. Du côté des quotidiens, Centre Presse comme Midi Libre sont imprimés à proximité de Montpellier (tout comme l'hebdomadaire Le Journal de Millau), La Dépêche du Midi nous vient de Toulouse.
Page 11, un article évoque une école primaire (située à deux pas du local du journal), qui tombe en ruine, à la grande fureur de certains parents d'élèves. Leur colère est exclusivement dirigée contre le maire de Rodez (qui est certes responsable de la gestion), alors que les locaux appartiennent... au Conseil général de l'Aveyron. Faut-il préciser que cette école est située en plein centre-ville, dans un quartier assez "bourgeois", pas très loin du lycée privé le plus "classieux" du département ? N'y voyez surtout pas malice...
Page 20, un entretien avec le directeur des cinémas de Rodez est l'occasion de parler de la sortie du film La Rafle.
Enfin, pages 22 et 24, Jean-Michel Cosson signe un article toujours aussi intéressant, cette semaine sur l'histoire de la commune d'Onet-le-Château.
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lundi, 08 mars 2010
Le combat des magazines à Rodez
C'est fou des fois ce à côté de quoi on peut passer ! A l'été 2008, peu de temps après les élections municipales qui virent la gauche l'emporter (un peu à la surprise générale) dès le premier tour, apparut un nouveau magazine gratuit, sur le Grand Rodez : A l'oeil. Ce quinzomadaire farci de publicité locale proposait, outre les programmes télévisés, quelques articles consacrés à la vie politique ruthénoise.
De mauvaises langues ne tardèrent pas à affirmer que, sous couvert de neutralité, c'était là une machine de guerre anti-Teyssèdre (le nouveau maire P.S. du chef-lieu aveyronnais). Le rédacteur principal (la dénomination de sa fonction peut varier selon le numéro consulté) est Jean-Philippe Murat. En cherchant un peu, je me suis aperçu qu'il avait été candidat aux dernières municipales : c'était le numéro 3 de la liste (de centre-droit et d'ouverture) conduite par Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social Régional :
La liste sur laquelle il figurait, arrivée deuxième, ayant recueilli plus de 19 % des suffrages exprimés, trois sièges lui ont été attribués ; il est donc devenu conseiller municipal (d'opposition).
On retrouve son orientation politique dans la liste des personnalités dont il publie un entretien, à chaque numéro. Certaines ne sont pas ostensiblement marquées politiquement. Quelques-unes sont de gauche, pour faire bien. Mais on remarque tout de même une prédominance de l'opposition municipale, avec Maïté Laur (ex-colistière de J.-P. Murat) dans le numéro 18, Jean-François Théron (ancien adjoint de Marc Censi qui a figuré en antépénultième position sur la liste de Frédéric Soulié... dans le même numéro, une page est dédiée à un autre vétéran de l'équipe Censi, Dominique Costes, qui figurait en treizième position sur la liste Chauzy, oui, celle du rédacteur de A l'oeil !), Jean-Louis Chauzy himself dans le numéro 23, Jean-Claude Luche (le patron U.M.P. du département) dans le numéro 24, Bernard Saules (élu en deuxième position sur la liste U.M.P. conduite par Régine Taussat en 2008) et enfin Frédéric Soulié (ex-tête de liste soutenue par Marc Censi, auquel des articles font souvent allusion) dans le numéro 30. Ce dernier, qui tente d'apparaître comme le "premier opposant" à Christian Teyssèdre (essayant ainsi d'unifier le centre et la droite ruthénois... ambition que semble aussi caresser J.-P. Murat), a balancé des propos qui ont nécessité la parution d'un droit de réponse du maire de Rodez dans le numéro 31 où, curieusement, le grand entretien se fait avec sa première adjointe... manière de tenter d'apaiser le courroux du premier magistrat ruthénois ?
Tout cela m'amène donc au dernier numéro de A l'oeil, le 31, qui n'est pas sans perfidie. Les rédacteurs laissent transparaître une certaine inquiétude quant à la parution du premier numéro d'un nouvel hebdomadaire local, Le Ruthénois. Ainsi, comme celui-ci propose, en début de journal, une caricature, pour la première fois depuis sa création en 2008, A l'oeil en publie une (et annonce la naissance de cette nouvelle rubrique) :
C'est évidemment la caricature de l'un des promoteurs du nouvel hebdomadaire, qui vient marcher sur les plates-bandes de A l'oeil... et risque de lui chiper quelques ressources publicitaires. Le magazine gratuit saisit cette occasion pour faire le point sur son credo. L'éditorial, signé Paul d'Orsini (inconnu au bataillon), précise que le quinzomadaire a été fondé par J.-P. Murat et Roselyne Trochessec (qui a déjà une petite expérience dans la gestion des médias locaux). Rien n'est dit malheureusement à propos du "groupe d'actionnaires locaux" qui a financé l'opération. Histoire de couper aussi un peu l'herbe sous le pied du Ruthénois (qui détaille l'affaire dans un article autrement plus fouillé), en page 2, un écho fait état du mini-scandale qui secoue le microcosme à propos du choix du logo de promotion des produits aveyronnais.
A suivre...
20:35 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : actualité, presse, actualités, médias
dimanche, 07 mars 2010
Un nouvel hebdomadaire aveyronnais
Bien que relativement peu peuplé (avec un peu plus de 274 000 habitants en 2007 selon l' I.N.S.E.E. ) - surtout au regard de son étendue (supérieure à 8 700 km²), l'Aveyron est un département où la presse est encore assez diversifiée. Certes, depuis quelques années, cette diversité va en s'amenuisant. Le quotidien local, Centre Presse, est passé dans le giron de Midi Libre et plusieurs périodiques ont disparu des kiosques : le trimestriel Aveyron Magazine (dont, à mon avis, une partie de l'intérêt qu'il pouvait susciter a disparu avec le développement de blogs "pittoresques" tenus par des Aveyronnais) ainsi que les hebdomadaires Le Rouergat (qui a souffert de la forte diminution du lectorat catholique militant) et L'Aveyronnais (une compilation de Centre Presse, autrefois courue dans les communautés exilées, à Paris ou ailleurs, mais qui n'avait plus lieu d'être à une époque ou, d'un clic, il est possible, même à l'autre bout du monde, d'accéder aux articles de la rubrique aveyronnaise ou ruthénoise des quotidiens régionaux, La Dépêche du Midi et Midi Libre).
Vendredi 5 mars est donc paru le premier numéro d'un nouvel hebdomadaire local (il n'est pas disponible dans tout l'Aveyron), Le Ruthénois, dont voici la "une" :
Il est un peu à l'image de ce qui existe dans d'autres villes du département, avec Le Journal de Millau (qui fait partie du groupe des Journaux du Midi), Le Villefranchois (qui lui dépend du groupe La Dépêche), Le Bulletin d'Espalion et surtout Le Progrès Saint-Affricain, qui a soutenu le projet. Je tire une partie de ces informations du bon article (situé aux pages 22 et 24) signé Jean-Michel Cosson, un ancien prof (dans un bahut privé), historien local... et conseiller municipal de Rodez, élu sur la liste de Christian Teyssèdre (où il figurait en quinzième place).
Est-ce à dire que le nouvel organe de presse penche à gauche ? Je n'en sais trop rien. Il est vrai que, sur le piton, c'est Centre Presse qui tient la corde... et, comme son lectorat non ruthénois est en grande partie composé de ruraux (plutôt âgés) du Nord Aveyron, les mauvaises langues disent qu'il est très proche de la majorité départementale, avec à sa tête Jean-Claude Luche, membre de l'UMP. Et puis, il y a ce magazine gratuit, A l'oeil, qui, fait étrange, a commencé à paraître juste après la défaite de la droite aux municipales de 2008. Sous une apparence de neutralité (des personnalités diverses sont interrogées), on peut distinguer une évidente sympathie pour l'opposition à l'actuel maire de Rodez, notamment pour Frédéric Soulié, qui fait l'objet d'un nouvel entretien dans le numéro paru fin février.
En tout cas, page 4, le rédacteur en chef du Ruthénois, Hugues Robert (qui, jadis, fonda Aveyron Magazine... et fut candidat du Modem aux législatives de 2007... où il termina troisième, avec un peu plus de 6 % des suffrages exprimés), n'hésite pas à s'en prendre au directeur de cabinet du président du Conseil général, à propos du label "fabriqué en Aveyron", plus particulièrement de son logo. L'hebdomadaire relève une curieuse "coïncidence" : le vainqueur de l'appel d'offre lancé par le Conseil général est une entreprise basée dans le Val-d'Oise, dont le représentant connaît très bien le directeur de cabinet puisqu'il a déjà passé ses vacances avec lui et que son entreprise a eu pour client la municipalité où travaillait auparavant le directeur de cabinet (Saint-Gratien... dans le Val-d'Oise !). Dans l'histoire, ce sont les concurrents aveyronnais qui repartent la queue basse. Mais la suite de l'article est tout aussi intéressante. Je vous laisse le soin de la découvrir dans Le Ruthénois.
Toujours dans ce numéro 1, deux élues locales sont interrogées, façon questionnaire de Proust. Ah ben tiens, je vais vous donner mes réponses :
Titanic ou Star Wars ? Star Wars (en vo sous-titrée)
Roquefort ou Laguiole ? Roquefort (bio)
Christian Teyssèdre ou Jean-Claude Luche ? Je me garderai bien de juger de leur bilan alors qu'ils n'exercent de vraies responsabilités que depuis peu de temps (Luche est un peu à Puech ce que Larcher est à Poncelet au Sénat. Attendons pour voir.)
Beatles ou Mozart ? Dur, dur. Les deux, mon général !
Semaine de 4 jours ou de cinq jours ? De cinq jours, bien sûr ! La semaine de quatre jours est une aberration destinée à contenter les parents qui partent en week-end et les enseignants feignants.
Tour de France ou coupe du monde de foot ? Ni l'un ni l'autre.
Vacances sport ou détente ? Détente.
Réforme de la carte judiciaire ou réforme des collectivités locales ? Réforme des collectivités locales, dont on a dit injustement beaucoup de mal, alors que les conséquences de la première sont uniquement négatives.
Musée Soulages ou Fenaille ? Fenaille sans hésiter (Moi qui n'aime pas les musées, en plus.) Halte au gouffre à pognon que va être Soulages, le Cap Découverte du Grand Rodez !
L'amour est dans le pré ou La ferme célébrités en Afrique ? Ni l'un ni l'autre, dans les deux cas, c'est de la merde !
Atlantique ou Méditerranée ? Montagne (moyenne).
Les Parapluies de Cherbourg ou Le Gendarme de Saint-Tropez ? Le Gendarme de Saint-Tropez.
Internet ou médiathèque ? Internet (mais la médiathèque de Rodez est très bien).
Vache Aubrac ou brebis Lacaune ? Vache Aubrac.
Les bonnes choses de la vie sont illégales, immorales ou font grossir ? Elles font plutôt grossir, hélas !
Ensuite, nous avons droit au dessin de la semaine. Le premier est très politique, placé, à mon avis, sous le patronage d'Honoré Daumier. Il s'agit de caricature politique, avec deux anciens souverains (Napoléon III plus réussi que Louis-Philippe) placés au-dessus des "grosses têtes" ruthénoises :
On peut donc reconnaître le président du Conseil général, Jean-Claude Luche, celui de la communauté d'agglomération du Grand Rodez Ludovic Mouly, le maire d'Onet-le-Château Fabrice Geniez et celui de Rodez Christian Teyssèdre. Le piton étant passé à gauche, on voit donc que les cibles sont plutôt P.S., ce qui a peut-être pour objectif d'équilibrer l'article situé page suivante : l'hebdomadaire ne va pas "rouler" pour un camp plus que pour l'autre. Le chien est peut-être une allusion à une formule malheureuse (et injuste) de François Mitterrand après la mort de Pierre Bérégovoy. En tout cas, la dessinatrice, Stéphanie Gras, a du talent !
On passe ensuite à quelques considérations sur les élections régionales, parmi lesquelles je note la complexité du mode de scrutin, pas fait pour rapprocher l'électeur lambda de la politique. Bien vu.
Le Ruthénois semble aussi orienter l'organisation de certaines rubriques vers une version participative, faisant de certains lecteurs des rédacteurs. Pour quoi pas ? Mais on semble avoir trouvé bien vite cette "Lou", en cinquième au collège Fabre... la fille de l'un des collaborateurs du journal peut-être ?
Suivent des articles qui sont dans la lignée de ce qui se fait dans le reste de la presse locale. J'aurais aimé que celui consacré à l'aide à l'apprentissage du français soit davantage développé. C'est l'un des fondements de l'intégration des étrangers et il a été négligé par tous les gouvernements. Dernier élément : un supplément télévisuel est fourni avec le journal. Un bilan globalement positif, donc, pour ce premier numéro, avec un bémol : les coquilles. Je me suis amusé à en relever quelques-unes :
- page 2 : la première fois que la fréquence de Radio Temps est notée, elle est fausse : "105 FM". Elle est juste dans la suite de l'article : "107 FM".
- page 4, dans l'article expliquant le fonctionnement des élections régionales, à la fin du groupe de paragraphes intitulé "Une nouvelle donne avec la réforme des collectivités", il y a une erreur de date : "l'inverse sera possible en 2004"... en 2014 en fait.
- page 7 : il aurait fallu écrire "tous les Ruthénois".
- page 8 : dans l'encadré "Paroles d'expert", l'adjectif "aveyronnais" est écrit à plusieurs reprises avec une majuscule. Voyons ! Le patriotisme local (ou du moins son affirmation quelque peu exacerbée) ne doit pas conduire à mépriser les règles d'orthographe.
- page 10 : dans l'article consacré à Severine (sans accent ?) Peyssi, on trouve "le conseil de quartier du Nord s'est autosaisit".
- page 10 : juste à côté, l'article sur les "teyssèdrettes" (je ne mettrais pas de majuscule, perso), évoquant la chapelle Paraire, dit qu'elle est "immaculée de déjections de la gent canine". Voilà une drôle de conception !
Je ne vais pas toutes les relever, mais sachez qu'on en trouve une en moyenne par grand article : j'en ai vu deux page 11, une page 12 (une coquille dans l'article annonçant une animation culinaire citoyenne au lycée La Roque), une page 13 (dans la blague sur Jeanne d'Arc). Cela se calme dans les pages suivantes... ouf !
J'ai décidé d'acheter le numéro 2.
16:48 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, presse, actualités
samedi, 21 novembre 2009
Hitler, les R.G. et "Le Monde"
Je ne sais pas si les collaborateurs du "quotidien de référence" s'inspirent de ce qu'ils trouvent sur la Toile pour leurs articles. Toujours est-il qu'un récent article du Monde (signé Thomas Wieder, a priori un mec sérieux), qui donne un coup de projecteur sur une fiche consacrée par les R.G. à Adolf Hitler, m'a semblé avoir tiré profit d'une note que j'avais consacrée à la chose.
En février dernier, j'ai signalé la parution d'un numéro du mensuel Sciences et avenir, dont un article évoquant les "trésors de l'armoire de fer" des Archives nationales. Thomas Wieder semble en avoir tenu compte dans l'article publié dans l'édition papier du vendredi 20 novembre 2009. Il a approfondi le sujet (alors que dans le magazine scientifique, la place de la fiche d'Hitler n'était qu'anecdotique), pour en tirer une petite étude de l'attitude de la police française vis-à-vis de l'Allemagne des années 1920.
Le photographie qui illustre l'article de la version papier est plus intéressante que celle de la version électronique (et bien plus grande que celle qui a été publiée dans Sciences et avenir) :
Comme ça, Thomas Wieder nous montre qu'il a effectué un vrai travail de recherche... et qu'il ne s'est pas contenté de recopier un magazine de vulgarisation, par exemple. Ceci dit, il aurait été honnête de sa part de signaler que le sujet avait déjà été abordé (certes moins en détail que dans son article) quelques mois auparavant.
En voguant sur le site commun au Nouvel Observateur et à Sciences et avenir, je suis tombé sur quelques perles concernant le dictateur nazi, qui ne cesse visiblement de faire l'actualité. Tantôt il est question de son crâne supposé, tantôt d'une campagne publicitaire (une de plus) utilisant son image. On s'est même naguère encore intéressé à ses burnes...
14:49 Publié dans Histoire, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, allemagne, presse
samedi, 21 février 2009
La crise guadeloupéenne vue par "Le Monde"
Depuis une quinzaine de jours, les articles se multiplient sur le sujet. Nombre de ceux publiés par Le Monde sont fort intéressants. Parmi ceux qui sont accessibles en ligne, un, très récent, donne de la profondeur historique :
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2009/02/19/quatre-...
Dans la version papier du journal du même jour, la page de droite était consacrée à l'économie des Antilles. Plusieurs encadrés accompagnent le texte. ceux sur le chômage et les prix dans les D.O.M. (comparés à ceux de la métropole) sont fort instructifs. Mais l'une des vignettes de présentation des territoires comporte une erreur (cliquez sur l'image pour l'agrandir) :
Peut-être y a-t-il d'autres approximations, en tout cas, je n'ai relevé qu'une erreur de calcul. Regardez bien :
C'est en comparant les deux premières vignettes que l'incohérence m'a sauté aux yeux. Alors que la Guadeloupe compte moins de jeunes que la Martinique, sur un territoire pourtant un peu plus vaste, le pourcentage de ceux-ci serait plus élevé ? Non, bien sûr ! J'ai refait le calcul pour la Martinique. 36 % de la population est âgée de moins de 20 ans, si l'on se fie aux statistiques données par le quotidien.
Sur la population martiniquaise, j'ai trouvé les résultats des enquêtes de recensement de l'I.N.S.E.E.
Pour revenir au Monde, un autre article intéressant est en accès libre :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/02/13/antille...
Toujours sur le même sujet, il peut être utile de lire l'entretien accordé il y a peu par Christiane Taubira (députée de Guyane) au Journal du dimanche :
Sur l'économie de la banane, le site de R.F.O. propose un article détaillé.
17:06 Publié dans Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien
jeudi, 01 mai 2008
Petit dérapage antisémite au "Monde"
Abonné à la version papier du "quotidien de référence", je n'en épluche qu'une partie chaque jour. C'est plus tard que j'achève la lecture de chaque numéro. Ce n'est donc qu'hier que j'ai terminé celui du vendredi 25 avril. J'y ai trouvé un article consacré au centenaire de la naissance d'Herbert von Karajan, considéré (à juste titre, à mon humble avis) comme l'un des plus grands chefs d'orchestre de tous les temps.
Karajan a adhéré au parti nazi après l'arrivée de celui-ci au pouvoir. (Et même plus tôt qu'on ne l'a longtemps cru : dès avril 1933, comme l'a révélé un article du Monde du 25 février 2008.) Cela lui a été longtemps reproché... à raison. Les spécialistes tendent à penser qu'il a procédé ainsi davantage par opportunisme (et même carriérisme) que par adhésion idéologique. S'il apparaît ne pas avoir été un fanatique antisémite, il est par contre incontestable qu'il était, à cette époque (les années 1930-1940), un jeune con talentueux et arriviste, qui a profité de l'exclusion des juifs pour lancer sa carrière. Sous la plume de Renaud Machart (du Monde), cela donne : "Le jeune Salzbourgeois apprendra le métier méthodiquement, à l'ancienne, dans de petites structures provinciales, prendra sa carte au parti nazi pour ne pas se fermer les portes qu'il souhaitait franchir [...]". Admirez la litote ! Ce journaliste a du mal à admettre qu'on puisse être un grand chef d'orchestre et un sale type. Du coup, il atténue le carriérisme et l'insensibilité du personnage.
Mais le pire est à venir. Croyant bien faire (toujours pour défendre Karajan), R. Machart ajoute une parenthèse à la phrase précédente :
"(mais sa seconde femme, épousée en 1942, avait du sang juif)". Il faut d'abord préciser au journaliste qu'Anita Gütermann, épousée en 1942, ne fut pas la seconde mais la deuxième épouse du chef d'orchestre, puisque, après leur divorce en 1958, il s'est de nouveau marié, avec un mannequin français, Eliette Mouret, une jeunette de 19 ans.
Mais le problème n'est pas là. Ce journaliste utilise le vocabulaire des antisémites pour exprimer la judéité de la deuxième épouse de Karajan. Qu'est-ce qu'un "sang juif" ? Est-il moins rouge qu'un "sang non-juif" ? Est-il d'une autre couleur ? On nage en plein délire ! De surcroît, quand on apprend que ladite épouse n'avait qu'un seul de ses quatre grands-parents juif, on se demande ce que ce journaliste a dans la tête.
14:13 Publié dans Histoire, Musique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
jeudi, 19 avril 2007
Entre "Le Monde" et moâ, ça s'arrange !
Quand je ne suis pas content, je l'écris. Il n'y a pas de raison que je ne signale pas un relatif bon fonctionnement de mon abonnement au "quotidien de référence".
En février dernier, j'ai rédigé une note sur un exemplaire défectueux qui m'avait été expédié. J'avais aussi envoyé un courriel au service qui gère les abonnements. Quelques semaines plus tard, j'ai reçu une demande d'informations complémentaires. Finalement, le fameux exemplaire, complet, m'est parvenu cette semaine ! J'ai lu depuis longtemps (en médiathèque) les pages qui me manquaient, mais j'apprécie quand même.
Deuxième anecdote. En prévision d'un déplacement d'une semaine, j'ai fait suspendre mon abonnement papier. Je m'y étais pris suffisamment à l'avance, en me rendant sur le site internet du journal. Pendant mon déplacement, j'ai acheté, chaque jour, les numéros que je ne devais pas recevoir. De retour à mon logement, je me suis aperçu que certains m'avaient quand même été envoyés. J'ai donc écrit un courriel de réclamation, précisant qu'un mail de confirmation de la suspension de l'abonnement m'était parvenu (je l'avais gardé en mémoire). Eh bien, le mois suivant, mon prélèvement automatique est passé de 25 euros à 19,20 euros ! Honnête.
J'ajoute, pour terminer, qu'en dépit de l'augmentation du prix du Monde vendu au numéro, le tarif d'abonnement n'a pas varié.
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vendredi, 02 mars 2007
"Le Monde" et môa
Je suis abonné à la version papier du "quotidien de référence" (de la bourgeoisie libérale cultivée). Vendredi dernier (le 23 février), voici ce que j'ai reçu :
Bon, jusque là, rien d'étrange... à part le téléscopage (involontairement ?) comique de la "une" : en face du nom "Nicolas Sarkozy" écrit en gros caractères figure une photographie (de grande taille elle aussi) de Romano Prodi. Je commence donc ma lecture...
... et, soudain , la catastrophe apparaît : la page 11 n'est pas imprimée ! Je tourne, je tourne et, ô malheur, cela se poursuit... jusqu'à la page 22 incluse !
Fort heureusement, la fin du journal est préservée... mais pas le supplément consacré aux livres ! (Je vous rappelle qu'il s'agit de l'édition datée du vendredi.)
Les pages 3 à 10 ont souffert de cette gabégie !
Je me dépêche de contacter les services du Monde. Je commence par essayer le numéro de téléphone (surtaxé), bien évidemment toujours injoignable... Je me rends donc sur le site internet et j'envoie un courriel relatant mon problème. Eh bien, une semaine après, je n'ai reçu aucune réponse, pas la moindre excuse et évidemment pas le contenu des articles non présents dans l'édition du 23.
Elle est pas belle, la vie ?
16:40 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*
jeudi, 08 décembre 2005
"Le Monde" et la banlieue
Dans le numéro daté de jeudi 8 décembre (comme je suis un abonné provincial, je ne l'ai en main que jeudi soir, de retour du boulot, alors qu'à ce moment-là, les Franciliens et les habitants de grandes villes comme Toulouse ou Nancy ont déjà pu acheter en kiosque -et même lire !- le numéro daté de vendredi 9), Ariane Chemin retrace le dernier jour de la vie des deux adolescents morts électrocutés à Clichy-sous-Bois. Ariane Chemin doit travailler à la rubrique "France". Je me souviens plutôt d'articles qu'elle a signés sur des sujets politiques au sens strict (ça a pu évoluer récemment). Il y a plusieurs mois, elle avait publié un livre sur une promotion de Sciences Po Paris, me semble-t-il. Elle a dû passer par là (comme pas mal de personnes qui "comptent" comme on dit... relations trop incestueuses entre les médias, les "managers" et les politiques...). J'ai bien aimé quand "Le Monde" a pris à rebrousse-poil l'opinion toute faite (émise par la direction de la police et le ministre responsable de celle-ci) qui veut que les personnes interpellées à la suite des émeutes seraient très majoritairement déjà fichées par les services de police et de justice. Chiffres à l'appui, l'article du "Monde" montrait qu'au contraire, parmi les incendiaires et caillasseurs arrêtés (d'accord, les plus habiles ont filé entre les doigts de la police... ceux-là étaient fichés sans doute), les néophytes sont majoritaires.
Je suis moins satisfait de l'article d'Ariane C. . Suivons son fil. Le père de la première victime est éboueur à la Ville de Paris. (Le père de l'autre aussi.) On ne signale pas la profession de la mère, sans doute au foyer. Comme le père d'un autre ado, il semble assez strict. (Très bien ! En plus, cela casse un peu l'image des "parents démissionnaires".) Mais le gamin me semble bien gâté pour un fils d'éboueur. Il possède une playstation, un survêtement qu'il repasse (un bon gars, mais cela veut aussi dire que, s'il en prend soin, il a dû coûter cher... un produit de marque ?) et une paire de Nike (autour de 100 euros sur un site internet de vente à prix cassé). La famille possède visiblement un abonnement à un bouquet de chaînes satellites et un lecteur de dvd récent, puisqu'il lit les DivX (que le jeune s'est fait graver). On est quand même assez à l'aise, ce qui nous éloigne de la vision misérabiliste de la banlieue. Les copains de la deuxième victime l'ont filmé avec une caméra. Là aussi, pas de misère en vue. Je pense que la journaliste n'a cité ces détails que pour rendre compte du vécu de ces jeunes (ça fait vrai). Elle aurait pu prendre un peu plus de recul... y compris sur d'autres éléments.
Ainsi la deuxième victime voulait rentrer au plus vite chez ses parents et surtout éviter une interpellation par la police de peur d'être envoyé en Tunisie (au "bled" qui plus est), d'où est originaire son père et où il est sans doute né. On ne vit donc pas si mal que cela en France, dans la banlieue. De surcroît, on pourrait s'attendre à ce qu'une femme journaliste s'attarde un peu sur le sexisme à l'oeuvre. Elle écrit bien "Il fait beau. Tout le monde traîne dehors, c'est-à-dire tous les garçons." Quid des filles ? Pourquoi les mecs seraient-ils autorisés à davantage faire de conneries ? A. Chemin reste en surface. Par contre, quand il s'agit d'établir les responsabilités des policiers, l'article est très fouillé. On s'oriente visiblement vers de la "non assistance à personne en danger". J'apprécie ce travail d'enquête (et d'interprétation), mais il est unilatéral. Ce n'est pas ce que l'on attend d'un(e) journaliste impartial(e).
19:10 Publié dans Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société