jeudi, 11 juin 2015
L'IGP du couteau de Laguiole en bonne voie ?
Traditionnellement, les articles de la dernière page du Canard enchaîné sont encadrés de "brèves". Dans le numéro de mercredi 10 juin, voici ce qu'on peut lire sur la colonne de gauche :
L'entrefilet évoque un article du Parisien. Si vous lisez attentivement ce qui se trouve au bout du lien précédent, vous pourrez constater que le rédacteur de la "brève" a commis une erreur de datation. La dépêche AFP est du 6 juin. Il aurait donc fallu écrire "6/6" (à la rigueur "7/6", si la version papier est parue le lendemain) et non pas "8/7" (8 juillet). (Notons que ce n'est pas la première fois que le Palmipède évoque le couteau aveyronnais. Ainsi, en 2011, le dessinateur Escaro s'en était servi pour mettre en scène les tensions entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.)
Le décret dont il est question a été publié au JO du 3 juin dernier. Le début du texte semble conçu pour éviter qu'une commune (ou une autre collectivité territoriale) puisse connaître les mêmes désagréments que Laguiole actuellement. La suite précise comment faire enregistrer une indication géographique dans le domaine artisanal ou industriel.
Le ciel va-t-il se dégager pour le couteau aveyronnais, victime de la contrefaçon en provenance notamment de Chine et du Pakistan ? Il y a quelques mois, on s'est bruyamment réjoui d'une décision du tribunal de première instance de la Cour de Justice de l'Union européenne.
L'autorité communautaire avait été saisie non pas par la Forge de Laguiole, mais par Gilbert Szajner, qui contestait l'annulation de sa marque "Laguiole" par l'OHMI (l'Office de l'Harmonisation pour le Marché Intérieur). En 2011, celui-ci avait donné raison à la Forge, qui contestait le droit de G. Szajner à déposer une marque sous laquelle il vend des produits qui n'ont rien à voir avec le village de Laguiole.
Le verdict du tribunal européen est un jugement de Salomon. Il annule en grande partie la décision de l'OHMI. Cela veut dire que G. Szajner pourra continuer à vendre quantité de produits made in China sous la marque Laguiole... mais pas les couteaux, ni tous les autres "outils et instruments à main entraînés manuellement" (la liste complète figure dans le jugement). Sur le fond, le tribunal ne s'est pas appuyé sur le lieu de production, mais sur les dates de déposition des marques. La Forge a réussi à prouver qu'elle vend des couteaux (ainsi que d'autres menus objets) depuis 1987, soit avant le dépôt de la marque "Laguiole" par G. Szajner, en 1993 :
"À cet égard, la chambre de recours a considéré que l’intervenante avait démontré avoir exercé une activité commerciale, dès avant le dépôt de la marque LAGUIOLE, pour le commerce des produits relevant des « arts de la table », des « arts de la maison », de l’univers du vin, de la cisellerie et des articles pour fumeurs, pour le golfeur, pour le chasseur et pour les loisirs, ainsi que d’autres accessoires."
Le Tribunal s'est aussi appuyé sur la notion d'image de marque. Il a estimé que les deux marques étaient trop proches à l'oreille des clients et que la proximité, dans les mêmes commerces, des deux types de produits (ceux fabriqués par la Forge et ceux importés par Szajner) était préjudiciable à la Forge, surtout si l'on se mettait à vendre tout et n'importe quoi sous le nom de "Laguiole" :
"[...] il existait un risque de confusion pour les consommateurs français, si la marque LAGUIOLE était utilisée pour des produits ou des services identiques ou similaires, destinés à la même clientèle et vendus dans les mêmes négoces que la « coutellerie, cisellerie, objets de cadeau ou destinés aux arts de la table » qui relèvent des secteurs d’activités de l’intervenante. D’autre part, elle a considéré que les activités de l’intervenante seraient affectées si ladite marque était utilisée pour des produits complémentaires, indissociablement liés à ces activités, voire relevant de secteurs d’activités connexes [...]"
L'affaire n'en est pas terminée pour autant. Figurez-vous qu'un pourvoi (un appel) a été formé devant la CJUE... par l'OHMI ! Il semble que les juristes de l'Office n'aient pas apprécié de s'être fait taper sur les doigts par le Tribunal (qui, je le rappelle, a annulé une grande partie de sa décision).
Il restera aux couteliers à rédiger le cahier des charges. Thierry Moysset (le gérant de la Forge de Laguiole) semble aujourd'hui partisan d'une définition restreinte de l'aire géographique (contrairement à ce qu'il s'était avancé à déclarer dans un reportage, en 2011). De leur côté, les couteliers de Thiers font le forcing pour pouvoir bénéficier de l'IG. Le quotidien La Montagne s'est aujourd'hui encore fait l'écho de leurs préoccupations...
A suivre...
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samedi, 30 mai 2015
Collisions journalistiques
Le numéro de La Dépêche du Midi de ce samedi (comprenant le cahier aveyronnais) était particulièrement intéressant à lire. Je l'avais acheté en partie pour les articles portant sur les récents faits divers (dont je parlerai plus loin). Mais, dès la page 3, un sourire sarcastique a dû s'afficher sur mon visage angélique, à la lecture d'un papier consacré aux réactions de militants midi-pyrénéens de l'UMP (à l'approche du congrès de leur parti) :
Curieusement, à la différence des autres militants, dont le pédigrée nous est sommairement présenté, Bernard Saules est simplement désigné comme "retraité". Oublié le conseiller départemental (réélu cette année), tout comme le conseiller municipal d'opposition de 2008 à 2014. (Cela m'a un peu rappelé un sondage bidon de Midi Libre, avec, dans le panel consulté, une adjointe au maire de Rodez.) Il est possible que l'auteur de l'article, sans doute basé à Toulouse, ne soit pas au fait de la vie politique aveyronnaise. Au passage, les propos de l'élu ne sont pas dénués d'intelligence.
Restons dans la politique locale avec un début de mini-polémique à propos du musée Soulages. Hier, le quotidien toulousain a publié un entretien avec le parisiano-aveyronnais Philippe Meyer, dans le cadre du premier anniversaire de l'ouverture des désormais célèbres boîtes à chaussures rouillées. L'animateur-historien-journaliste y formule des critiques contre l'action d'élus locaux qui ne sont pas nommés :
"Encore faut-il lui donner les moyens et encore faut-il que les politiques ne se prennent pas pour des conservateurs ! L'arrogance de certains de prendre des décisions pourrait être catastrophique. On peut s'interroger sur la suite, un musée a un coût de fonctionnement très cher et il est embêtant que la communauté d'agglomération coupe d'autres subventions et assèche ainsi le terrain."
Il semble que Philippe Meyer désigne la gestion de Christian Teyssèdre, dont il conteste deux aspects (après avoir toutefois fait l'éloge du reste). Il semble affirmer que le maire de Rodez et président de la communauté d'agglomération tente d'influer sur la gestion artistique du musée. De plus, il regrette les coupes budgétaires dans le secteur culturel. Benoît Decron s'est "dépêché" de répondre dans le numéro de ce samedi :
Cette mise au point dément toute intervention de l'élu. En lisant le début du texte, on sent aussi que le conservateur a tenu à faire savoir qu'il ne pouvait pas se trouver à la source des déclarations de Philippe Meyer. Il omet toutefois de répondre à la seconde partie des critiques. En effet, si l'on peut se réjouir de la bonne fortune des musées ruthénois depuis l'ouverture de Soulages, avec la politique du billet unique, on ne peut en revanche que regretter que les véritables expositions temporaires soient désormais réservées au Foirail. Je suis notamment particulièrement nostalgique des expositions de Fenaille, sur la chevalerie, les objets rapportés par les explorateurs aveyronnais, les dernières découvertes sur les statues-menhirs...
La deuxième "collision" est celle de deux faits divers assez semblables, qui se sont tous deux déroulés dans l'Aveyron. L'attaque de l'agence bancaire de Laissac a fait les gros titres. A la lecture de l'article, on comprend que quelqu'un a dû appeler les gendarmes, qui ont raté les cambrioleurs de peu. Vu le bruit que l'attaque a dû provoquer, à quatre heures du matin, je pense que pas mal de monde avait été réveillé.
Ce ne semble pas avoir été le cas à Rieupeyroux, où c'est un tabac-presse qui a été victime des malfaiteurs. Et pourtant, les cambrioleurs ont dû détruire un mur en béton, couper des barreaux métalliques et défoncer une porte blindée. Le tout en pleine nuit, dans le centre du bourg ! Et personne n'a rien entendu ? Ou alors, les gendarmes venant de Villefranche-de-Rouergue, bien qu'avertis, ne se sont pas montrés particulièrement diligents...
On ne quitte pas totalement le fait divers avec la "collision" suivante. Un article est consacré à une association d'Arvieu, qui a créé jadis le "Mac d'Oc", en réaction au succès de la chaîne de restauration rapide. Quelques pages plus loin, un encadré évoque les travaux en cours à Decazeville : un établissement McDonald's devrait y ouvrir en septembre... avec des emplois à la clé.
Mais les sujets de "collision" ne sont pas présents que dans le contenu éditorial. Je pense que quelques fidèles lecteurs de La Dépêche hostiles aux éoliennes ont dû être interloqués à la lecture d'une page publicitaire consacrée à la semaine du développement durable. En voici un échantillon :
L'encadré évoque une entreprise montpelliéraine, qui n'a pas encore eu de contrat dans l'Aveyron.
La dernière "collision" n'est pas la plus réjouissante. Pourtant, elle concerne une manifestation culturelle censée encourager l'amitié entre les peuples. Cette année, le Forom des langues, qui se tient place du Capitole, à Toulouse, ne comprendra pas de stand dédié à l'hébreu, pour la première fois en 23 ans.
Par une étrange coïncidence, à quelques pages de là, un communiqué de Simon Massbaum annonce le décès de Janine Blum, jadis élève du lycée Fabre (à Rodez), qui avait été déportée avec sa soeur en 1944 :
Elle était revenue à Rodez en 2009, à l'occasion de la pose d'une plaque commémorative sur la façade de l'établissement scolaire (devenu collège).
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samedi, 23 mai 2015
"L'Hebdo" numéro 385
Il y a à boire et à manger dans l'hebdomadaire satirique aveyronnais paru ce vendredi. L'éditorial de Gérard Galtier évoque l'ébauche de civisme qui semble toucher les sénateurs français, qui ont voté une série de mesures pour "moderniser" le fonctionnement de l'institution... et notamment limiter l'absentéisme des parlementaires.
Sur le site du Sénat, on peut lire le compte-rendu intégral de la séance du mercredi 13 mai 2015. Dès le début, le rapporteur de la commission des lois, Jean-Jacques Hyest (élu UMP francilien), tient à préciser cette initiative des sénateurs "répond non pas à des exigences extérieures au Sénat, bien que nous sachions écouter ce qui se dit hors de nos murs, mais à une réflexion conduite au sein de notre assemblée". Les membres de la Haute Assemblée n'ont pas envie de reconnaître qu'ils se sont fait un peu forcer la main... et que leur fonction (comme d'autres) souffre d'un grand discrédit auprès de la population, ce que reconnaît explicitement une élue écologiste du Maine-et-Loire, Corinne Bouchoux. (Plus loin dans le compte-rendu, la sénatrice révèle que nombre de ses collègues passent leur temps sur Twitter ou Facebook... alors qu'ils sont en réunion de commission !)
Dans la foulée Jacques Mézard (élu du Cantal) s'en est pris au président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone et à tous ceux qui souhaitent plus ou moins ouvertement la suppression du Sénat. Il n'en soutient pas moins l'introduction des sanctions pour absentéisme.
Aux déclarations liminaires ont succédé les débats sur le contenu. Une première proposition d'amendement (du groupe communiste, républicain et citoyen, très actif dans le débat), attribuant une vice-présidence (ou un poste de questeur) à chaque groupe parlementaire, a été rejetée. A une plus grande visibilité des groupes minoritaires, les sénateurs ont préféré éviter l'inflation de bâtons de maréchal...
On passe ensuite dans "le dur", l'organisation du travail des sénateurs et la sanction de l'absentéisme. Notons que la gestion de l'emploi du temps des élus pose problème, puisque certaines commissions du Sénat ont coutume de se réunir en même temps, voire pendant que se déroulent les séances plénières ! Les élus ont refusé la transparence totale, puisque la majorité a voté contre la publication du "tableau des activités", un document certes informel, mais qui permet de savoir qui fait quoi dans la journée. La majorité a aussi rejeté un amendement rendant publiques les délibérations du Bureau du Sénat (où il est question de la "cuisine interne", par exemple de la levée d'une immunité parlementaire...).
La discussion s'est prolongée sur les exceptions, c'est-à-dire les motifs d'absence reconnus comme valables et ne devant donc pas être retenus contre les sénateurs. Des facilités ont été accordées aux élus d'outre-mer (à cause de l'éloignement de leur circonscription)... et aux femmes enceintes, les conséquences d'une grossesse ne devant évidemment pas être considérées comme une absence injustifiée ! Il est symptomatique que cette mesure (pas prévue dans le texte de la commission) soit prise en 2015, alors que les assemblées se féminisent de plus en plus.
Quand on lit entre les lignes, on comprend que certains élus ont tenté d'introduire le maximum d'exceptions à la règle, histoire de continuer à mener leurs petites affaires en dehors du travail parlementaire... A l'inverse, certaines des propositions faites pour limiter le nombre d'absences autorisées (comme l'appartenance à plus d'une instance parlementaire internationale) ont été retoquées par la majorité, décidément très timorée.
La discussion a aussi longuement porté sur la séance des questions au gouvernement, un moment-clé de la vie sénatoriale... retransmis à la télévision. L'accord fut quasi-général pour donner au sénateur questionneur un droit de réplique après la réponse du membre du gouvernement. Cela peut contribuer à rendre un peu plus vivant ce passage obligé de la vie parlementaire, aujourd'hui très convenu. Dans ce domaine, les démocraties anglo-saxonnes ont de l'avance sur nous.
Et les Aveyronnais, là-dedans ? Novices dans la Haute Assemblée, ils n'ont pas participé aux débats, qui ont été limités aux interventions de quelques "figures" du Sénat. On peut en revanche s'intéresser à leur assiduité. Le site nossenateurs permet de s'en faire une idée.
J'ai comparé les participations des deux anciens et des deux nouveaux sénateurs de l'Aveyron. On remarque qu'en 2013-2014, Mme Escoffier n'a été réellement active qu'à la fin du printemps et durant l'été, juste avant les élections. Mais cela s'explique par sa participation au gouvernement Ayrault, jusqu'en mars 2013.
Bien que cumulard, Alain Fauconnier n'en a pas moins été assidu aux séances du Sénat. A l'inverse de sa collègue de gauche, il a été plus présent au tournant de 2013 et 2014 qu'à l'été suivant, durant lequel il a davantage passé de temps dans sa circonscription, en prévision d'élections qui s'annonçaient difficiles. Il y a une autre raison à cet écart : en mars 2014 a été votée une loi sur la consommation, dont certains articles traitent des IGP non agricoles, en particulier de la future IGP Laguiole. Le maire de Saint-Affrique était co-rapporteur du texte.
A droite, depuis l'automne dernier, c'est Alain Marc qui est le plus présent. Jean-Claude Luche était visiblement plus occupé par la gestion du Conseil général et la préparation des élections départementales... En 2017, MM Luche et Marc n'auront plus ce genre de souci, une fois que la loi sur le non-cumul des mandats s'appliquera pleinement.
A titre de comparaison, voici, sur la même période, le profil d'une sénatrice très active (qui est d'ailleurs beaucoup intervenue dans le récent débat évoqué plus haut), Eliane Assassi (élue de Seine-Saint-Denis) :
Mais revenons à L'Hebdo, qui s'est longuement penché sur l'entrée en campagne de Dominique Reynié, désigné tête de liste UMP pour les prochaines régionales en Midi-Languedoc. L'émission Le Supplément, diffusée sur Canal+, lui a consacré un reportage intitulé Le bizut de l'UMP. Bien qu'étant né à Rodez, le politologue peut difficilement s'y affirmer enraciné, vu que, depuis ses études, il a mené toute sa carrière professionnelle en dehors de l'Aveyron. Notons que le brillant élève du lycée Foch semble avoir laissé de bons souvenirs derrière lui, nomment à l'un de ses anciens camarades, devenu vice-président du Conseil départemental de l'Aveyron :
Dans la rue, ce n'est pas le Ruthénois que les gens reconnaissent, mais l'homme de télévision. Ceci dit, j'ai trouvé sa relative maladresse plutôt rafraîchissante.
Dans le petit monde médiatique, on a surtout retenu son altercation avec Christiane Taubira, qui m'est apparue un peu fabriquée. C'était l'occasion pour celui qui est présenté comme un quasi-centriste de se positionner auprès de l'électorat le plus à droite, dont l'obsession anti-Taubira est pathologique.
Si l'on cherche à mieux connaître le bonhomme, on peut consulter son CV, accessible sur le site de Sciences Po. On ne s'étonnera pas d'apprendre que l'étudiant a travaillé sur la pensée de Friedrich von Hayek, un économiste considéré comme l'un des pères du néo-libéralisme. Il s'est aussi intéressé à une célèbre affaire politico-judiciaire de la IVe République, qui a débouché sur le procès Kravchenko.
L'hebdomadaire aveyronnais s'étend moins que la semaine dernière sur la chronique judiciaire locale. Est notamment évoquée la condamnation (amplement méritée) d'Alexandre Larionov pour ses propos antisémites. Sa défense n'était vraiment pas bonne : il a argué d'une soirée trop alcoolisée pour tenter d'expliquer la rédaction de ses propos inadmissibles. Curieusement, une fois dessaoulé, il n'avait jamais songé à les supprimer de sa page Facebook...
Pour se détendre, après ces considérations de haute politique, on peut lire certains des entrefilets de L'Hebdo. L'un d'entre eux est consacré au "dépucelage" de Louis XIV, une histoire cependant déjà bien connue, puisqu'elle a été jadis mise en scène dans le très bon film de Roger Planchon, Louis enfant-roi, en 1993. La déniaiseuse du roi, une femme de chambre d'Anne d'Autriche connue plus tard sous le nom de madame de Beauvais, n'a pas été gâtée par l'histoire, qui la dépeint en général comme une femme âgée et borgne (sous-entendu : laide). Pourtant, dans le film de Roger Planchon, elle a les traits ravissants d'Isabelle Renauld :
Peut-être qu'il s'agit là d'un choix "esthétique" typique de notre époque, qui répugne à laisser d'autres rôles que négatifs aux acteurs moins bien dotés par la nature. Néanmoins, peut-être R. Planchon est-il plus fidèle à la réalité. Selon les sources, "Cateau-la-Borgnesse" était âgée de 38 à 40 ans lorsqu'elle a initié Louis XIV aux plaisirs de la chair. A l'époque, une femme de cet âge était réputée horriblement vieille, mais cela ne signifie pas forcément qu'elle fût laide, surtout si l'absence d'un oeil était son seul défaut physique.
En tout cas, le jeune roi n'a pas été mécontent de ses "services", puisqu'il l'a aidée jusqu'à sa mort. Ce coureur de jupons égocentrique n'a pas oublié sa première fois.
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samedi, 16 mai 2015
BD reportages
Ils ont été publiés dans le numéro de Courrier international paru le 13 mai, dont la Une est consacrée à l'un d'entre eux :
On se précipite donc sur la rubrique-phare, pour lire la biographie imagée de l'un des assassins du 7 janvier dernier. Ceux qui ont suivi de près l'affaire des massacres de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher n'apprendront rien. Les autres découvriront quelques détails. Le style est assez épuré. C'est tout de même intéressant de voir comment un dessinateur italien a choisi de représenter l'histoire du délinquant devenu intégriste.
Les autres récits graphiques sont consacrés à un ancien centre minier serbe, à une mère habitant Chicago (dont la fille est morte dans une fusillade) et à un ouvrier "nettoyeur" du site de Fukushima... en fait un auteur de mangas qui s'est infiltré. Son ouvrage, déjà publié au Japon (et dont la version intégrale sortira en France en 2016), a suscité la polémique. Il est jugé trop complaisant, alors qu'un autre manga, lui aussi consacré aux conséquences de la catastrophe, est beaucoup plus critique.
L'un des intérêts de l'hebdomadaire est aussi le foisonnement d'articles divers qu'il propose, sur à peu près tous les sujets et tous les pays du monde. Parmi ceux-ci, je signale un reportage sur la culture de maïs et de manioc dans différents quartiers d'Abidjan (en Côte d'Ivoire), un dossier sur le don d'organes dans le monde, une étude sur la gestion de l'eau en Californie et le récit de l'introduction des automates au Moyen Age en Occident.
En bonus, sur le site internet, on peut lire un passionnant article à propos de l'enquête menée par un journaliste d'investigation sur la mort d'Oussama ben Laden. Le papier est complété par une animation, intitulée The Shooter, construite à partir d'entretiens réalisés avec le membre des Navy Seals qui aurait abattu le dirigeant terroriste. La version donnée est un peu différente de ce que l'on peut voir dans le film Zero Dark Thirty.
PS
Les affirmations du journaliste Seymour Hersh sont contestées, notamment dans un article du Monde.
17:27 Publié dans Japon, Politique étrangère, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, médias, presse, journalisme, bande-dessinée, bd
vendredi, 08 mai 2015
Inculture historique
Ce matin, en me rendant sur le site de La Dépêche du Midi, j'ai été quelque peu interloqué par le titre d'un article traitant de l'événement-phare de ce vendredi :
La même erreur grossière se retrouve dans le corps de l'article :
Bien évidemment, le 8 mai, on ne célèbre pas un armistice, mais la capitulation allemande... qui, rappelons-le, n'a pas totalement mis fin à la Seconde guerre mondiale, les combats s'étant prolongés en Asie jusqu'en septembre 1945.
La différence entre les deux termes n'est pas que de nuance. Un armistice est une trêve (pas un arrêt définitif des combats), impliquant des négociations, souvent entre gouvernements civils. Une capitulation est une reddition (militaire) sans condition, une exigence des Alliés qui voulaient que la fin de la guerre coïncide avec la chute du régime nazi.
La version papier témoigne de la même négligence au niveau du titre. Toutefois, la carte située sous l'article est correctement présentée, puisqu'on y trouve le mot "capitulation" :
D'où vient l'erreur ? Peut-être pas du journaliste qui a rédigé le papier. A priori, je pencherais pour la personne qui a choisi le titre et/ou la photographie d'illustration. Celle-ci n'est pas adéquate, puisqu'elle fait référence à la commémoration de la Première guerre mondiale, à travers le pupitre du président Hollande et la légende.
21:15 Publié dans Histoire, Presse, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, france, médias, actualité, histoire, presse, journalisme
jeudi, 23 avril 2015
Une si discrète décision de justice
C'est ce que j'aime dans Le Canard enchaîné : on le lit pour y trouver certaines informations (sur les turpitudes de nos dirigeants ou des entreprises qui tentent de dicter notre existence) et, parfois, on tombe sur ce à quoi on ne s'attendait pas... et c'est très bien aussi.
Ainsi, le numéro du 22 avril 2015 contient, en pages intérieures, un article sur la contestation de l'implantation des éoliennes... et sa traduction judiciaire. Voici ce qu'on peut y lire :
Les lecteurs aveyronnais auront la surprise d'apprendre qu'en 2014, une élue de notre département a été condamnée par le tribunal correctionnel de Rodez pour prise illégale d'intérêt. Je n'en avais pas du tout entendu parler et j'ai bien l'impression que la presse locale (quotidienne comme hebdomadaire) n'a pas évoqué la chose. Pensez donc, une maire privée de ses droits civiques ! Déjà qu'elles n'étaient pas nombreuses à l'époque...
Pour en savoir plus, il faut se rendre sur un site militant. On y apprend que, contrairement à ce qui est écrit dans Le Canard, ce n'est pas une maire, mais une conseillère municipale aveyronnaise qui a été condamnée. On peut y lire le détail des faits reprochés. Au passage, si l'amende est modique au regard du délit (1 000 euros pour un gain potentiel de presque 50 000 euros par an !), la sanction administrative (la privation temporaire des droits civils, civiques et familiaux) est sévère. Le tribunal a donc estimé qu'une faute grave avait été commise.
Mais on ne connaît ni l'identité de l'élue en cause, ni le nom de la commune où se sont produits les faits. Pour cela, il faut consulter un site juridique. Grâce à lui, on découvre que la personne condamnée (en 2014) est une ancienne conseillère municipale de Mélagues, une commune située à l'extrémité sud de l'Aveyron, à la frontière de l'Hérault (juste à côté d'une commune nommée Arnac-sur-Dourdou... ça ne s'invente pas !) :
Mais on n'a toujours pas l'identité de la personne condamnée. C'est fou, ça ! Régulièrement, dans la presse, on peut lire les noms des voleurs de sacs à main, des automobilistes alcoolisés, des instituteurs et curés pédophiles et même ceux des élus pris les doigts dans le pot de confiture. Et là, non !
A ceux qui souhaiteraient connaître l'identité de la personne condamnée, je conseille une petite gymnastique intellectuelle : la comparaison de la liste des élus au conseil municipal de Mélagues en 2014 avec celle des élus de 2008. Dans les deux cas, vous remarquerez qu'il n'y a que trois femmes. Deux ont été élues en 2008 et 2014. Ce ne sont donc pas d'anciennes conseillères. Cherchez celle qui figurait au conseil en 2008 et qui ne s'y trouve plus en 2014. Je pense que c'est une parente (par alliance) d'un ancien maire de la commune.
A l'origine du délit, il y a un projet d'implantation d'éoliennes sur le territoire de la commune de Mélagues, ardemment soutenu par le maire, Jean Milési. En février 2011, la présentation générale avait tout pour rassurer les esprits inquiets (en particulier sur les conséquences environnementales). En matière économique aussi, il semblait n'y avoir que des points positifs :
L'argent devait atterrir dans les poches d'institutions publiques et ainsi servir l'intérêt général. Sauf que... dans le projet, il était question de 14 éoliennes, alors que seuls les loyers de neuf d'entre elles (5 + 4) étaient destinés aux caisses d'institutions publiques. Qu'en était-il des cinq autres ? Mystère. La première réunion du comité de pilotage (à laquelle ont participé quatre des membres du conseil municipal), en mars 2011, donnait une (vague) information :
Le dossier d'étude d'impact de 2012, pourtant très détaillé, n'apportait pas davantage de précision sur ce point. En allant sur le site internet créé par Raz-Energie, on n'obtient que la confirmation de ce qui a été dit auparavant, sans plus :
En regardant bien les documents du dossier, on pouvait imaginer à qui appartenait au moins une partie des terrains concernés par l'implantation des éoliennes :
Le centre d'une exploitation agricole se trouve (à vol d'oiseau) à moins de deux kilomètres. Or, cette exploitation est gérée par un couple dont l'épouse était membre du conseil municipal de Mélagues (avant 2014). Si elle est bien la personne condamnée en 2014, elle n'aurait même pas dû participer aux débats préparatoires au projet... et encore moins aux votes.
Qu'en est-il du projet d'implantation des éoliennes aujourd'hui ? Je ne sais pas trop. Il me semble qu'il a pris du retard. En 2013, le préfet de région avait donné son accord, suivi quelques mois plus tard par les conclusions du commissaire-enquêteur, qui soulignait l'adhésion massive des gens du cru (la population des communes voisines étant plus partagée). Peut-être que le verdict de 2014 a rafraîchi les ardeurs des promoteurs. De son côté, Jean Milési a été reconduit à la tête de la commune de Mélagues (en 2014), mais il a échoué aux récentes élections départementales, ne parvenant pas à se faire élire dans le vaste canton Causse-Rougiers, signe de la perte d'influence de l'ancien vice-président du conseil général de l'Aveyron.
20:20 Publié dans Economie, Politique, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : société, politique, médias, actualité, presse, environnement, écologie
jeudi, 16 avril 2015
Soulages pétrole
Après réflexion, l'association des deux mots paraît logique, même si ce n'est pas l'aspect de "l'huile de roche" qui a inspiré le maître de l'outrenoir. Ils sont associés dans le dernier numéro de l'hebdomadaire Le 1, qui se consacre entièrement chaque semaine à un sujet différent :
L'exemplaire paru mercredi 15 avril a pour thématique l'or noir. En pages intérieures, on peut trouver un texte philosophique... qui m'a à peu près autant passionné que l'oeuvre de Pierre Soulages. D'ailleurs, l'une d'entre elles illustre l'article. C'est la Lithographie n°23, qui se trouve au Centre Pompidou :
Fort heureusement, le magazine contient d'autres papiers, bien plus intéressants. La couverture propose un extrait d'un ouvrage datant du XIXe siècle, à l'époque où l'extraction du pétrole débute aux Etats-Unis. Je recommande aussi la "Petite histoire du pétrole" en bandes dessinées, de la sédimentation à 2015. A côté, on lira avec profit un entretien avec l'économiste Giacomo Luciani.
Une fois qu'il est complètement déplié, le magazine propose, sur une grande et unique feuille, deux planisphères, l'un présentant les réserves de pétrole (et leur accessibilité), l'autre consacré au gaz et au pétrole de schiste. A gauche des cartes, plusieurs textes expliquent les récentes évolutions. A droite se trouve notamment l'article d'Hélène Thiollet, sur l'Aramco, le pétrole saoudien... et l'organisation ségrégationniste de la société.
Pour 2,80 euros, ça vaut le coup.
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lundi, 13 avril 2015
Connerie au volant... mort au tournant
C'est le fait divers qui enflamme actuellement l'Aveyron : la mort d'un policier, à Aubin (au nord-ouest de Rodez, à proximité de Decazeville), renversé par un chauffard qui tentait d'échapper à un contrôle routier. Comme la victime est un membre des forces de l'ordre, de surcroît jeune papa, l'émotion est grande. Mais, sans que des incidents aussi graves surviennent tous les jours, c'est très fréquemment que, sur les routes d'Aveyron (et d'ailleurs), des abrutis qui se croient plus forts que tout le monde mettent leur vie et surtout celles des autres en danger. Voyons ce qu'il en est ici.
Le meurtre s'est produit en pleine agglomération, pas très loin d'un lycée (un vendredi après-midi...), dans une zone où la vitesse est limitée à 50 km/h. L'automobile circulait dans le sens Aubin-Viviez :
Le véhicule du conducteur a été chronométré à 94 km/h. L'excès de vitesse est donc de plus de 40 et de moins de 50 km/h (94-50 = 44). Le conducteur risquait une amende de 135 euros, au minimum un retrait de 4 points sur le permis, au maximum la suspension de celui-ci pour trois ans et la confiscation du véhicule.
Au passage, on comprend qu'un vendredi de début de vacances scolaires, entre 15h et 16h, les forces de l'ordre soient sur le qui-vive, à un moment où nombre d'adolescents sortent des établissements. Au vu de la prise de risques inconsidérée du conducteur, il est heureux qu'aucun accident grave ne se soit produit. L'intervention des policiers l'a peut-être évité.
L'infraction ayant été constatée, l'interpellation fut décidée. Mais le conducteur tenta d'y échapper en faisant demi-tour. Pourquoi ? On le sait aujourd'hui : il était sous l'emprise de stupéfiant. C'est un délit pour lequel il a déjà été condamné. Au passage, il serait bon de savoir ce qu'il en était du passager, à qui la voiture appartient. Etait-il alcoolisé ? Sous l'emprise du cannabis ? Pourquoi a-t-il laissé un drogué prendre le volant ?
Cela nous amène à nous intéresser aux pneus (lisses) et au freinage. C'est le passager du véhicule (son propriétaire) qui est responsable de leur état. Cela rendait l'automobile extrêmement dangereuse... et devrait valoir à son propriétaire une amende comprise entre 90 et 750 euros. Voilà un second motif pour vouloir échapper au contrôle policier. Ne serait-ce pas le passager qui aurait incité le conducteur à rebrousser chemin ?
La voiture a donc dû bien freiner au moins une fois (et assez brutalement). Pas pour éviter le policier : dans l'état actuel de l'enquête, aucune trace de freinage n'a été relevée sur la route (alors que le policier avait signifié l'ordre de s'arrêter)... et il semble que, contrairement à ce qu'affirme le conducteur, le véhicule, loin de tenter d'éviter le policier, lui a foncé droit dessus. (Et puis, quelle crédibilité accorder aux déclarations d'un individu qui était sous l'emprise du cannabis ?) C'est en amont du lieu du meurtre, à l'endroit où le véhicule a fait demi-tour, qu'on devrait pouvoir trouver des traces.
Tout le monde l'a dit ou écrit : le choc entre la voiture et le policier fut d'une grande violence. D'après Centre Presse, le corps de Benoît Vautrin a été projeté à plus de 60 mètres ! Le véhicule lui ne s'est arrêté qu'au bout de 102 mètres... sur une chaussée sèche. Pour avoir une idée de la force de l'impact, il suffit de regarder l'état de la voiture, après :
(Source : Centre Presse, 13 avril 2015)
S'il est bien établi que le conducteur n'a pas freiné devant le policier, cela veut dire que le véhicule n'a perdu de la vitesse qu'à partir du choc. Des experts vont devoir étudier la chose, mais je pense que la voiture roulait à plus de 90 km/h au moment de l'impact. Je rappelle que quelques centaines de mètres auparavant, elle avait fait demi-tour pour échapper à l'interpellation. C'est dire l'accélération démesurée qui a été imprimée au véhicule par son conducteur... et ce, en pleine agglomération, en milieu d'après-midi.
A certains, il ne reste que les yeux pour pleurer. Benoît Vautrin laisse une veuve et un enfant en bas âge. Il était originaire d'un village du Sud du Tarn, Lempaut (pas très loin de Castres), qui compte environ 800 habitants :
Un bel article de La Dépêche du Midi permet de réaliser à quel point il va manquer à ceux qui l'aimaient.
Il est une autre famille qui ne doit pas se sentir bien (même si c'est à un degré moindre) : celle du chauffard. Celui-ci, s'il a un peu "dérapé" ces dernières années, n'est cependant pas une "racaille", du moins si l'on se fie au portrait publié dimanche dans Centre Presse :
C'est une leçon de plus pour les jeunes et les moins jeunes qui prennent le volant : le champignon le plus mortel de la planète est celui qui se trouve dans une voiture. Toute personne qui conduit peut devenir un danger pour elle-même et pour autrui. Il est regrettable qu'il faille attendre qu'un drame se produise pour que les paroles sensées deviennent audibles par toute la population.
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mercredi, 01 avril 2015
Jean-Pierre Luche, Aveyronnais méconnu
En faisant le tri des journaux achetés ces dernières semaines, je suis tombé sur La Dépêche du Midi du lundi 23 mars 2015, parue le lendemain du premier tour des élections départementales. A l'époque, je ne l'avais pas lue intégralement. Ce soir, un passage a attiré mon attention :
Dans cet article titré "Midi-Pyrénées : la gauche résiste", à deux reprises, Philippe Bernard s'est trompé dans le prénom du président sortant du conseil général de l'Aveyron. Ce n'est évidemment pas de Jean-Pierre mais de Jean-Claude Luche qu'il s'agit. La même erreur figure dans la version numérique de l'article, qui porte un titre légèrement différent :
Le journaliste n'est pourtant pas un stagiaire, ni un débutant : il est secrétaire général de la rédaction. A sa décharge, on peut signaler que, parmi les conseillers départementaux (et leurs prédécesseurs conseillers généraux), les Jean-Kekchose sont légion :
Jean-Luc Calmelly (sur Causse-Comtal)
Jean-Michel Lalle (naguère sur Bozouls)
Jean-Claude Fontanier (naguère sur Saint-Chély-d'Aubrac)
Jean-Claude Anglars (sur Lot-et-Truyère)
Jean-Paul Peyrac (naguère sur Laissac, bientôt sans doute à la place de Jean-Claude Luche sur Lot-et-Palanges)
Jean-François Albespy (naguère sur Entraygues-sur-Truyère)
Jean-François Galliard (sur Millau-2)
Jean-Philippe Sadoul (sur Nord-Lévézou)
Jean-Louis Grimal (naguère sur Salles-Curan)
Jean-François Théron (battu sur Rodez-1)
Jean-Philippe Abinal (sur Rodez-Onet)
Jean-Pierre Masbou (sur Villeneuvois-et-Villefranchois)
Jean-Dominique Gonzales (sur Millau-1) est le seul conseiller portant ce type de prénom à être de gauche. C'est l'exception qui confirme la règle, même s'il a eu jusqu'à il y a peu trois collègues de sa sensibilité politique au prénom composé : Jean-Claude Gineste (sur Saint-Beauzély), Jean-Luc Malet (sur Saint-Affrique) et Jean-Pierre Mazars (sur Naucelle)
P.S. (!)
La même mésaventure qu'à J-C Luche était arrivée à Christian Teyssèdre (maire de Rodez), dont le prénom avait été transformé par Le Journal toulousain.
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lundi, 30 mars 2015
Bilan du second tour des élections départementales dans l'Aveyron
Les surprises étaient quasi absentes du premier tour. Elles se sont produites à l'occasion du second... dans les deux sens. On commence d'ailleurs (en suivant l'ordre des cantons) par Ceor-Ségala, qui a vu le nouveau maire de Baraqueville Jacques Barbezange mordre la poussière (de plus de 200 voix) face à une candidate de centre-gauche, la maire de Naucelle Anne Blanc. Certains pensaient celle-ci affaiblie par sa victoire étriquée aux municipales de 2014. De son côté, J. Barbezange, soutenu par la majorité départementale, avait profité des craintes suscitées par l'adhésion de sa commune au Grand Rodez pour remporter les municipales en 2014. Le canton, dont le territoire ressemble bigrement au Grand Ségala qu'il tente de promouvoir (y compris auprès des ruraux qui n'en veulent pas), semblait lui tendre les bras.
Un an plus tard, une partie des Baraquevillois commence à déchanter (et ils n'ont pas encore tout vu). Dans sa propre commune, Jacques Barbezange subit un quasi-désaveu : son binôme finit avec à peine 12 voix d'avance sur celui de sa rivale, contre environ 90 à l'issue du premier tour. Entre temps, la participation a augmenté, le nombre de bulletins blancs et nuls a diminué. Dans les communes voisines, c'est parfois plus cinglant. A Camboulazet, il a 9 points de retard sur sa rivale. A Manhac, plus de 25 points. Or, il y a un an, ces deux communes avaient été emportées par le mouvement (sans doute téléguidé par le conseil général) qui les avait conduites, dans la foulée de Baraqueville, à quitter le Grand Rodez. Sur Totem, lorsqu'il a été interrogé, Jacques Barbezange l'avait mauvaise, mais il ne peut s'en prendre qu'à lui et à ceux qui l'ont conseillé.
Enne-et-Alzou a vu logiquement la victoire du binôme de gauche. Les électeurs des anciens cantons d'Aubin et de Rignac ont joué la continuité. Les reports de voix à gauche semblent avoir été bons. Les candidats divers-droite semblent n'avoir récupéré qu'une partie des voix qui s'étaient portées sur le FN au premier tour.
Pas très loin de là, dans le canton de Lot-et-Dourdou, une autre surprise s'est produite, au bénéfice de la droite, cette fois-ci. Christian Tieulié, ancien conseiller général de Decazeville de 2001 à 2008, battu ensuite de justesse par le socialiste Pierre Delagnes (qui ne se représentait pas), va pouvoir se lancer à la conquête de la présidence du conseil départemental, lui en qui l'on avait pu voir naguère un successeur potentiel de Jean Puech. Pour la droite aveyronnaise, le gain de ce canton est une bonne nouvelle, mais elle n'en avait pas besoin pour diriger le département. Par contre, la cohésion de la majorité risque d'être mise à rude épreuve, peut-être pas tant en 2015 qu'en 2017, quand Jean-Claude Luche se retirera pour cause de cumul des mandats...
Dans le détail, on notera que Christian Tieulié est nettement voire très nettement devancé dans les communes de tradition ouvrière (Decazeville, Boisse-Penchot, Livinhac-le-Haut et Firmi). Il est par contre largement en tête dans toutes autres communes (rurales), ce qui a fait la décision. Le canton est donc fortement divisé.
De manière moins surprenante, Lot-et-Montbazinois, dont le centre urbain est Capdenac-Gare, a reconduit le socialiste Bertrand Cavalerie. Son binôme est en tête dans presque toutes les communes, même les plus rurales, où il n'est pas censé être aussi bien implanté. On a peut-être là une future tête de l'opposition départementale.
L'un des cantons les plus disputés fut sans conteste celui de Millau-1, où s'est tenue la seule triangulaire du département. Le sortant Jean-Dominique Gonzales parvient à conserver son siège. L'ordre des candidats n'a pas changé par rapport au premier tour. Cela signifie peut-être que les électeurs du Front National n'ont pas privilégié l'un des trois binômes, ou que le surcroît de participation a équilibré les reports de voix frontistes.
Ici comme à Baraqueville, les premières désillusions municipales ont pesé sur le scrutin. L'an dernier, la liste de droite soutenue par la majorité départementale était arrivée en tête à Millau, devant la liste de gauche et celle conduite par Philippe Ramondenc. Le second tour avait amplifié les écarts. Les débuts de l'équipe Saint-Pierre n'ont cependant pas fait que des heureux dans la cité du gant, ce qui explique l'ordre différent dans lequel sont arrivés les binômes qui ont pris la suite des listes en concurrence aux municipales.
A gauche, Jean-Dominique Gonzales a tiré les leçons de l'échec de 2014 et il s'est allié au Front de Gauche. Sans cela, il n'aurait peut-être même pas été présent au second tour. A droite, on a commis une grosse erreur en négligeant Philippe Ramondenc. Il avait pourtant été investi par l'UDI (le parti de Jean-Claude Luche) et, en 2011, il avait failli battre Jean-Dominique Gonzales, un peu à la surprise générale. Je me demande si sa mise à l'écart n'est pas une exigence de la municipalité de Millau au président du conseil général. Les séquelles des tensions des municipales de 2014 étaient encore présentes en juillet dernier, lors de l'élection du président du PNR des Grands Causses. Les couteaux ne sont visiblement toujours pas rentrés.
On notera que le binôme Niel-Orcel, constitué de deux adjoints au maire de Millau (les 4e et 7e), n'arrive en tête dans aucune commune. Il finit le plus souvent troisième, sauf à Millau (où il est deuxième, devancé par le duo Gonzales-Compan).
Ce fut moins agité à Millau-2, bien que le résultat soit plus serré qu'attendu. Une autre adjointe au maire était alliée à un poids lourd de la majorité départementale, le sortant Jean-François Galliard. La participation n'ayant guère évolué entre les deux tours, on peut estimer que les reports de voix de l'autre candidat divers-droite... et du Front National ont profité au binôme soutenu par Jean-Claude Luche. A titre anecdotique, on notera que l'adjointe au maire de Millau subit un petit désaveu sur la partie de la circonscription située sur sa commune, où la gauche arrive en tête (de justesse).
Les Monts-du-Réquistanais ont vu la reconduite (difficile) du sortant de gauche Régis Cailhol. Dans ce canton, les reports de voix semblent avoir été bien meilleurs à droite qu'à gauche : les résultats du premier tour laissaient entrevoir une plus large victoire du conseiller général sortant.
A Rodez-1, on a failli assister à une grosse surprise : les candidats soutenus par le maire de Rodez ne l'ont emporté que d'une centaine de bulletins. La division de la gauche s'est traduite par de très mauvais reports de voix, une hausse de l'abstention et du nombre de bulletins blancs ou nuls, passés de 287 à 425. De leur côté, les candidats UMP-UDI ont sans doute bénéficié d'apports substantiels en provenance du FN et des divers-droite.
A Rodez-2, Bernard Saules a finalement été réélu dans un fauteuil. En face, on n'y croyait pas trop et le report des voix de gauche ne s'annonçait pas bon. Là aussi, l'abstention a progressé, tout comme le nombre de bulletins blancs ou nuls. Mais c'est moins spectaculaire que sur Rodez-1, où je ne serais pas étonné d'apprendre que certains adversaires acharnés (de gauche) de l'équipe Teyssèdre aient voté UMP-UDI.
L'un des coups de tonnerre de ces élections départementales est venu de Rodez-Onet, où la gauche était pourtant majoritaire en voix. Mais, comme certains de ses camarades socialistes, le Front de Gauche Jean-Louis Roussel n'a pas bénéficié de bons reports. Entre les deux tours, l'abstention a progressé. Par contre, le nombre de bulletins blancs ou nuls a diminué, passant de 524 à 409. La candidature de Jean-Louis Roussel est peut-être apparue comme trop clivante. Une partie de l'électorat de gauche modérée a visiblement préféré donner sa chance à des proches de la nouvelle municipalité d'Onet. Et puis... ce fut peut-être, pour certains électeurs socialistes, une réponse du berger à la bergère. Quoi qu'il en soit, ces bisbilles ont eu pour principale conséquence de renforcer la majorité départementale.
L'autre coup de tonnerre est venu du Sud, de Saint-Affrique, le seul canton n'avoir pas été transformé par la réforme territoriale. Cela n'a pas suffi pour que la gauche le conserve en son sein. Bien que le résultat soit assez serré, elle n'arrive en tête que dans trois des onze communes. A Saint-Affrique même, suprême outrage, le binôme soutenu par le maire Alain Fauconnier est devancé par ses concurrents de droite (d'une trentaine de voix).
Derrière cet échec, il y a le désaveu national, mais aussi des causes locales. Ce canton fut conquis en 1998 par Alain Fauconnier, pour le compte de la gauche. Quand il arriva à la tête de la mairie de Saint-Affrique (en 2001), il l'abandonna à Jean-Luc Malet, qui fut élu en 2004 et réélu en 2011. Celui-ci put un temps se rêver en successeur du maire de Saint-Affrique, mais une affaire de travail dissimulé (sanctionnée par la justice) a mis fin à ces projets. Il ne fut sans doute pas facile de constituer un binôme pour ces élections. On a pu dire que, face à un opposant aussi chevronné que Sébastien David, les candidats PS étaient un peu "tendres". Il y avait pourtant le maire de Versols-et-Lapeyre, récemment devenu président des maires ruraux de l'Aveyron.
Il faut peut-être plutôt (encore et toujours) chercher du côté des divisions de la gauche. Ces dernières années, les relations ont été plutôt tendues entre la mairie socialiste et la gauche de la gauche. En 2014, le "carnaval des enfants sauvages" a donné lieu à des débordements, jusque dans la salle du conseil municipal, qui a subi des dégradations dont les traces n'ont totalement disparu que très récemment. Enfin, il ne faut pas exclure que certains électeurs aient modérément apprécié la présence du fils du maire (qui fut son attaché parlementaire) en position de suppléant.
Dans le canton de Tarn-et-Causses, la situation était déjà très claire au premier tour. Le second n'a été qu'une formalité pour le binôme soutenu par la majorité départementale. Ce soir, sur Totem, la sortante battue, Catherine Laur, avait du mal à encaisser. Les municipales de l'an dernier auraient pourtant dû l'alerter : à Sévérac-le-Château, sa liste fut très lourdement battue par celle menée par l'un de ses adversaires du jour, Camille Galibert. Rappelons qu'en 2008, elle n'avait gagné la cantonale qu'au bénéfice d'une triangulaire. De ce qui remonte de cette partie de l'Aveyron, il ressort que, même dans l'électorat de gauche, elle ne fait pas l'unanimité. S'ajoute à cela la poussée du FN, dans une zone qui a souffert des conséquences de différents plans sociaux. Gauche nationale comme droite locale ne paraissent d'aucune utilité à une part croissante des électeurs.
Je vais passer plus vite sur le canton de Vallon, où la victoire du binôme de gauche était prévisible dès la semaine dernière. On remarque que, si la participation a baissé, le binôme de droite semble avoir bénéficié d'un bon report des voix du FN.
A Villefranche-de-Rouergue, ce fut encore plus serré qu'à Rodez-1. Le PRG Eric Cantournet est bien réélu, mais avec une soixante de voix d'avance sur le binôme de droite, soutenu par la mairie de Villefranche. La gauche étant majoritaire sur le canton, le radical, arrivé deuxième dimanche dernier, pouvait espérer combler son retard. Mais il s'en est fallu de peu. Les reports ont été nettement moins bons qu'en 2011, en particulier sur la commune de Villefranche. Est-ce le résultat de la mauvaise volonté de certains membres du PS local ? Pourtant, son candidat (et rival d'Eric Cantournet depuis pas mal d'années) Jean-Michel Bouyssié a appelé à voter à gauche au second tour. Alors, hypocrisie ? Il faudrait aussi analyser dans le détail le report des voix FN. Dans ce canton comme dans d'autres, on remarque une assez grande porosité entre la droite et l'extrême-droite (au niveau d'une partie de l'électorat).
On termine avec le canton de Villeneuvois-et-Villefranchois. Le duel des sortants a tourné à l'avantage de la droite. C'était perceptible dès le premier tour, surtout si l'on tenait compte (là encore) d'un possible report massif des voix FN.
Au total, si j'ai bien compté, cela donne 16 conseillers départementaux pour la gauche (contre 20 dans la précédente assemblée) et 30 pour la droite (contre 26 précédemment). La présidence va donc rester dans le camp UMP-UDI-divers-droite. Jean-Claude Luche, qui a mené la campagne victorieuse, est le favori. La surprise ne peut venir que de son camp, mais je n'y crois pas trop... à moins que M. Luche ne soit prêt à lâcher les rênes dès aujourd'hui (au lieu d'attendre 2017).
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vendredi, 27 mars 2015
Alain Marc et les interprètes afghans
On en apprend de belles dans l'éditorial de Gérard Galtier dans L'Hebdo de cette semaine. Sur son site internet (inaccessible au moment où j'écris ces lignes), l'ancien député et nouveau sénateur Alain Marc aurait annoncé s'atteler à une tâche importante : le devenir des contractants civils de l'armée française en Afghanistan et plus particulièrement le cas des interprètes.
L'édito est ambigu. L'élu s'est-il contenté d'annoncer son intervention dans la séance des questions au gouvernement, ou bien a-t-il prétendu être le (futur) rapporteur du rapport d'une commission sénatoriale ?
Sur la Toile, on ne trouve trace que de sa question au ministre de la Défense, soit sous la forme écrite, soit sous la forme vidéo. Au passage, on remarque que ladite question, posée le 21 janvier dernier, a reçu une réponse... le 10 mars.
En fait, tout cela n'est que du cinéma, une manière de mettre en valeur le nouveau sénateur, alors qu'il sait très bien ce que va déclarer le ministre : la réponse à sa question figure dans un rapport d'une commission de l'Assemblée nationale, datant du 26 février 2012.
A l'époque, Alain Marc était encore député de l'Aveyron. Peut-être faisait-il partie de ladite commission ? Regardons-en la composition :
Ah ben non (alors qu'on y remarque la présence du Tarnais Philippe Folliot)... mais, comme il devait déjà s'intéresser à la question du devenir des anciens employés afghans de l'armée française, il y a des chances qu'il ait poussé sa lecture jusqu'à la page 30 : "La France et ses responsabilités : la question particulière des personnels civils de recrutement local". Tout y est.
Enfin, le comble de l'hypocrisie est atteint lorsque le sénateur réagit à la réponse du ministre. Il fait mine de s'enquérir du sort de ceux qui n'ont pas été accueillis en France... sous-entendu à cause du gouvernement actuel. En réalité, les critères ont été mis en place avant 2012, sous le tandem Sarkozy-Fillon, dont Alain Marc fut un indéfectible soutien.
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jeudi, 26 mars 2015
L'Aveyron dans "Le Canard enchaîné"
Les lecteurs aveyronnais du journal satirique auront eu la surprise de découvrir, en page 2 du numéro sorti le 25 mars, un entrefilet ironisant sur le résultat du premier tour des élections départementales dans le canton de Raspes-et-Lévézou :
L'hebdomadaire parfois surnommé "le Palmipède", qui fait son beurre des prises de bec entre politiques qui se volent dans les plumes, a dû trouver piquante l'association des noms de ces deux candidats divers gauche (sans doute PS en réalité).
Le hasard a voulu qu'il tombe sur un canton un peu particulier. C'est d'abord celui où le sénateur ex-député, vice-président du Conseil général sortant et premier adjoint au maire d'Ayssènes se présentait et où il a été facilement réélu... avec, en sus, un petit coup de pouce à la limite de la légalité.
C'est aussi le canton où un binôme du Front National a obtenu son meilleur score de l'Aveyron. D'après les résultats, Alice Chauvet et Jean Azais ont recueilli 20,69 % des suffrages exprimés, pas très loin derrière le binôme de volatiles sur lequel le Canard a ironisé.
Il convient toutefois de préciser qu'en terme de pourcentage des inscrits, le binôme constitué par Martine Brunerie et Bernard Baisson a fait un peu mieux sur Tarn-et-Causses : 11,86 contre 11,82 pour le duo Chauvet-Azais. Mais les candidats de l'Est Aveyron n'ont recueilli que 20,58 % des suffrages exprimés.
Si l'on s'intéresse aux résultats détaillés, on constate que, dans le canton de Raspes-et-Lévézou, le binôme FN est arrivé deuxième dans 13 des 22 communes (soit la majorité). Il obtient son meilleur score à Saint-Laurent-de-Lévézou : 32,74 % des suffrages exprimés ! Au final, il passe troisième parce que le binôme divers gauche obtient de très bons résultats dans les communes de Broquiès et Saint-Victor-et-Melvieu, d'où sont originaires les deux candidats.
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dimanche, 22 mars 2015
Equité électorale
J'ai un peu tiqué aujourd'hui en lisant le quotidien Centre Presse. Dans le second cahier, page 20, se trouve un petit article intitulé "Les écoliers rencontrent le sénateur". La scène se déroule à Flavin, une commune de la banlieue de Rodez (mais qui a veillé à ne pas appartenir à la communauté d'agglomération). Le texte précise que c'est l'école Saint-Charles (privée) qui accueille Alain Marc.
On va me dire qu'il n'y a rien là que de très normal. Les professeurs des écoles ont dû vouloir donner un peu de corps à une leçon d'instruction civique... en faisant venir quelqu'un qui n'est, à l'heure où j'écris ces lignes, que sénateur à titre provisoire, tant que le recours déposé par Alain Fauconnier n'a pas été traité par le Conseil constitutionnel. (Au vu de l'évolution du travail de l'institution, la décision ne devrait toutefois pas tarder.)
Précisons aux professeurs des écoles qui l'ignoreraient que le site du Sénat est riche en contenus, y compris mutimédia, et que son utilisation serait sans doute plus enrichissante que la conférence d'un élu en costume-cravate... qui a d'ailleurs l'air de copieusement barber certaines des têtes blondes !
Mais là n'est pas le coeur du problème. Cette rencontre a eu lieu le 16 mars 2015, en pleine campagne des élections départementales. Il n'a échappé à personne que le sénateur à titre provisoire, ex-député, est aussi conseiller général sortant et candidat dans le nouveau super-canton Raspes-et-Lévézou. (Il vient d'ailleurs d'être réélu, en compagnie de Christel Sigaud-Laury.)
Les observateurs vigilants (qui ont en tête la carte des nouveaux cantons aveyronnais) vont me dire que Flavin ne fait pas partie de ce canton, mais de celui de Nord-Lévézou. C'est juste, mais on n'est vraiment pas loin :
Qu'à moins d'une semaine du vote, une telle rencontre soit organisée, médiatisée et que le compte-rendu en soit publié le jour même de l'élection me paraît très contestable. La venue du sénateur-candidat aurait dû être programmée avant le début de la campagne des départementales ou bien après le second tour. Alain Marc n'avait de plus sans doute pas besoin de ce petit coup de pub obligeamment fourni par une école de la République, censée être politiquement neutre.
P.S.
Les liens entre Alain Marc et l'école Saint-Charles ne datent pas d'aujourd'hui. Quand il siégeait à l'Assemblée nationale, il a accompli la même démarche à au moins deux reprises, en 2011 et en 2013... et, en 2010, c'étaient les élèves qui étaient venus à lui, dans le cadre d'un voyage parisien. Cette belle fidélité pourrait faire accroire qu'il n'existe qu'un seul parlementaire dans l'Aveyron.
Curieusement, en 2012 (année électorale), on ne trouve pas trace d'une rencontre entre Alain Marc et les bambins de son école préférée. Le fait que la commune de Flavin se trouve dans la troisième circonscription législative de l'Aveyron (celle de l'ancien député) n'y est sans doute pas étranger.
21:08 Publié dans Politique aveyronnaise, Politique étrangère, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, médias, france, actualité
samedi, 07 mars 2015
Des nouvelles de Cauval
Le groupe d'ameublement français (dont les produits sont visibles notamment dans les magasins But et Conforama), fait de nouveau l'actualité, en raison de ses difficultés. D'après Le Monde, un accord semble avoir été trouvé avec But... grâce (une fois encore) à l'intervention des pouvoirs publics.
Quant à savoir qui est en faute... Il est possible que le patron de Cauval soit dans le vrai, quand il affirme que certains dirigeants de But (qui appartient à des fonds d'investissement anglo-saxons) souhaitent que son groupe se casse la figure, pour en récupérer les meilleurs morceaux. Il est tout aussi possible que Frank Maassen (PDG de But depuis 2013) ait raison quand il déclare que Cauval n'est pas un fournisseur très fiable.
Tout cela rappelle bien des choses en Aveyron, où les déboires des entreprises détenues par Cauval ont donné naissance à une véritable saga économico-judiciaire, qui s'est achevée en 2013 par la fermeture d'ITA-Valmont, à Sévérac-le-Château. A l'époque, l'usine de Bar-sur-Aube, aujourd'hui de nouveau sur la sellette, avait pu se réjouir de récupérer les machines du site aveyronnais.
Du côté du Rouergue, deux anciens cadres de l'entreprise défunte ont relancé le site, avec une activité certes réduite, mais en apparence rentable. La nouvelle boîte, ITA Moulding Process, emploie une trentaine de personnes. Elle a notamment contribué à la fabrication des (confortables) sièges du multiplexe Cap Cinéma de Rodez.
De son côté, Cauval a tenté de poursuivre son développement. En 2013, il s'est allié à l'italien Sapsa. Quelques mois auparavant, il avait inauguré (en Ardèche) une usine d'un nouveau genre, consacrée au recyclage des matelas. A cette occasion, le partenariat avec But avait été renforcé, comme on pouvait le constater dans un communiqué de presse du groupe de distribution.
Cauval a aussi su s'attacher le soutien des collectivités locales (voire de l'Etat). En 2012, ce sont un million d'euros de financements publics qui lui ont été attribués, la moitié provenant de l'Etat, le reste principalement des collectivités liées à Bar-sur-Aube (commune, communauté de communes, département, région), le site finalement préféré à celui de Sévérac-le-Château.
Dès 2013, la commune de Bar et la communauté de communes remettaient la main au pot, pour acquérir les actifs des quatre sociétés du groupe Cauval (dont l'organigramme n'est pas marqué par la plus élémentaire des simplicités...) : 47 500 euros pour la commune (qui compte environ 5 000 habitants) et 100 000 euros pour la communauté (peuplée d'environ 12 000 habitants) ! A ce tarif, on peut se réjouir que les élus aveyronnais ne soient à l'époque pas entrés dans le jeu du patron de Cauval.
Mais, pour les Baralbins, l'enjeu était peut-être plus important. D'après le site internet de la commune, les établissements Cauval pèsent presque 800 emplois directs.
On ne s'étonnera pas d'apprendre que les péripéties économiques aient eu des conséquences électorales. En 2014, la liste du maire sortant, le PRG René Gaudot, a été battue de seulement quinze voix. On peut penser que la manière dont l'affaire Cauval a été gérée a pesé dans la balance, même s'il semble que d'autres conflits émaillent la chronique locale.
P.S.
La commune de Bar-sur-Aube n'est pas la seule à s'inquiéter de l'avenir financier du groupe Cauval. A Flaviac (en Ardèche), où se trouve l'usine de recyclage de matelas, on en ressent aussi les soubresauts.
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dimanche, 22 février 2015
Peste brune en Aveyron
L'information a commencé à circuler vendredi matin, après la mise en ligne d'un article de Centre Presse évoquant les propos antisémites tenus sur sa page Facebook (aujourd'hui supprimée) par un candidat du Front national aux élections départementales.
Mais, rendons à César ce qui appartient à César : c'est sans doute Benjamin Laumaillé qui, dans Le Ruthénois, a levé le lièvre. Le quinzomadaire paraissant le vendredi, il doit être imprimé le mercredi ou le jeudi... et les articles doivent avoir été rendus au plus tard un ou deux jours auparavant. Cela fait donc maintenant au moins une semaine que le journaliste (peut-être rencardé par un de ses camarades des "Roquets Rouges") s'est aperçu qu'Alexandre Larionov a tenu des propos particulièrement odieux.
On pouvait les trouver dans trois billets éructations du 3 août 2014 (visibles presque en entier sur la capture d'écran publiée dans Centre Presse). Y sont attaqués les Francs-maçons (le terme n'étant jamais correctement orthographié...) et les juifs, "qui merritent que la mort cruelle"... en français dans le texte. Ce jeune homme semble visiblement influencé par les vieilles théories du complot judéo-maçonnique, très à la mode à la fin du XIXe siècle et au XXe. Dans ce domaine, le faux le plus célèbre est le Protocole des sages de Sion, élaboré au début du XXe siècle par des Russes (et s'inspirant d'un pamphlet hostile... à Napoléon III !).
Un siècle plus tard, on en retrouve encore l'influence dans les "écrits" d'un jeune Franco-russe... ou plutôt Russo-français, pour ce que j'ai pu en juger d'après sa page Facebook, que j'ai consultée juste avant qu'elle ne soit supprimée. De nombreux messages étaient rédigés en russe et la plupart des "amis" (virtuels) d'Alexandre Larionov étaient visiblement eux aussi russes. La plupart... mais pas tous. L'un d'entre eux est incontestablement français :
Il serait intéressant de savoir à quand remonte l'amitié (virtuelle) entre ce membre du FN et A. Larionov. Si elle est ancienne (par exemple si elle remonte à l'adhésion du jeune homme, il y a six mois), on peut s'étonner que L. Bourrillon (par ailleurs candidat FN sur le canton Lot et Palanges) n'ait pas été choqué par ce qui figurait sur la page de son "ami". (Il a eu au moins la prudence de ne pas "liker" les messages les plus odieux, contrairement me semble-t-il à un membre du Judo Rodez Aveyron...) Cette page n'était pourtant pas alimentée régulièrement. En quelques minutes à peine, on pouvait lire l'essentiel de ce qui était (approximativement) écrit en français. Peut-être aussi cette amitié virtuelle était-elle toute récente, datant de la désignation du jeune homme comme candidat FN.
A ce sujet, il me semble que la position du parti de Marine Le Pen est un peu hypocrite. Dès le vendredi de la parution des articles, Alexandre Larionov a été exclu... et on ne peut que s'en réjouir. Mais, si l'information n'avait pas été publiée ? Est-ce que personne n'avait vraiment rien remarqué à propos de ce candidat ? En tout cas, jusqu'à très récemment (au moins jusqu'au 12 février), il était publiquement associé au FN, comme on a pu le voir dans les articles traitant de la présentation des candidats aux élections départementales. On peut l'entrevoir sur les photographies d'illustration, au fond de la salle, un peu plus clairement dans Centre Presse que dans La Dépêche du Midi. C'est plus net sur l'une des photos publiée sur la page Facebook du FNJ :
Le garçon a l'air un peu isolé, pas très bien intégré au groupe. Il est peut-être intimidé. A l'occasion de cette affaire, on a pu lire ici ou là que, cherchant désespérément des candidats (sûr que les électeurs étaient prêts à voter pour un-e inconnu-e, du moment que l'étiquette du parti était apposée), le FN avait parfois investi n'importe qui.
Quand même... le rédacteur du communiqué du FN nous prend un peu pour des imbéciles. Il affirme que le jeune homme n'était adhérent que depuis six mois, alors que les propos qui lui sont reprochés sont plus anciens. Faisons le calcul. Si, à partir du 20 février 2015, on remonte six mois dans le temps, on arrive au 20 août 2014. Or, les propos antisémites ont été publiés le... 3 août 2014. Comme c'est pratique ! Au passage, quand on reçoit l'adhésion d'un nouveau membre, la moindre des choses, quand on est un parti responsable, est d'effectuer quelques recherches basiques sur internet. A cette époque, les propos antisémites de Larionov devaient apparaître en tête de sa page Facebook.
On y trouvait d'autres choses, comme cette curieuse photographie, à moitié floue :
Elle semble avoir été prise face au tableau de bord (donc par le conducteur), alors que le compteur affiche plus de 190 km/h... Le texte semble dire "Je suis faible - je suis rapide"... Si le conducteur était bien A. Larionov, cela nous révèle qu'il aime la vitesse excessive et qu'il n'hésite pas à conduire d'une main pendant que de l'autre (sans doute avec un téléphone portable) il prend un cliché du compteur.
En tout cas, sa récente mise en examen n'est pas liée à un délit routier, mais bien à ses propos antisémites d'un autre âge.
P.S.
Ce garçon a aussi sévi sur Youtube... (Les ajouts de couleur brune sont de ma création.)
15:16 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, france, médias, journalisme, front national
mercredi, 18 février 2015
Des fraudeurs (partiellement) démasqués
Cela fait maintenant une dizaine de jours que le quotidien Le Monde s'est lancé dans la publication de révélations sur l'évasion fiscale organisée par la banque HSBC, dans le cadre de l'affaire SwissLeaks. Dans un premier temps, les gros titres (en France) ont pointé les célébrités qui ont bénéficié du système.
Depuis, d'autres articles ont été consacrés à divers aspects de cette affaire. On a par exemple appris que certains contributeurs d'Al Qaïda (en particulier de riches Saoudiens) avaient un compte secret chez HSBC.
Et du côté français ? On sait qu'environ 3 000 personnes ont utilisé les services très spéciaux de la banque. L'adresse hexagonale d'un millier d'entre eux a été retrouvée. Le Monde en propose la répartition départementale, dans un article paru hier sur son site internet.
On ne s'étonnera pas que Paris et les Hauts-de-Seine abritent le plus grand nombre de fraudeurs connus. Ce sont les deux départements où le revenu fiscal de référence (moyen) est le plus élevé... et les deuxième et cinquième plus peuplés du pays. Vu l'écart qui les sépare en terme de nombre de fraudeurs connus, on peut se demander si les riches Parisiens sont plus malhonnêtes que les riches Altoséquanais... ou moins habiles pour dissimuler leurs actes... ou davantage clients d'HSBC.
Les autres départements où le nombre de fraudeurs est important sont tous peuplés de plus d'un million d'habitants, à l'exception de l'Ain (qui en compte environ 600 000), frontalier de la Suisse...
A l'inverse, on constate la sous-représentation du département du Nord, le plus peuplé de France (avec 2,6 millions d'habitants), où les journalistes n'ont répertorié que deux fraudeurs. Certes, la population y est moins riche qu'à Paris ou dans les Hauts-de-Seine, mais il est fort possible que, dans cette autre zone frontalière, la stratégie d'évitement fiscal soit passée prioritairement par la Belgique.
Cela nous mène à l'Aveyron, département enclavé, où les journalistes ont relevé les adresses de trois fraudeurs... un de plus que dans le Nord, pourtant presque dix fois plus peuplé ! J'aimerais bien savoir qui sont ces Aveyronnais inciviques...
P.S.
Ces révélations n'auraient pas vu le jour sans le courage d'un lanceur d'alerte, Hervé Falciani, qui n'est sans doute pas un ange, mais qui a accompli une oeuvre de salut public.
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lundi, 16 février 2015
Du Bou(r)din pas casher
Tout le monde se pose la question : pourquoi a-t-il évoqué une éventuelle "influence juive" qui s'exercerait sur le Premier ministre Manuel Valls ? Qu'est-ce qui a pris à Roland Dumas Jean-Jacques Bourdin ?... car c'est bien l'animateur qui a prononcé ces mots, comme on peut le constater en (re)voyant l'intégralité de l'entretien avec l'ancien ministre des Affaires étrangères.
Les mauvaises langues diront que l'animateur de RMC et BFM TV a voulu "faire le buzz"... et c'est réussi. D'autres insinueront qu'il s'est peut-être montré complaisant avec ce qu'il pense être l'opinion de nombre de ses auditeurs/téléspectateurs : comme la radio et la télévision sont réputées très suivies à la fois par un public sensible aux thèses du Front national et par un public que l'on peut qualifier de "franco-maghrébin", une allusion antisémite ne peut que les conforter dans leurs préjugés.
Ce n'est pas du tout ainsi que l'animateur présente la chose. Il déclare être une sorte d'accoucheur, qui fait dire à ses invités ce qu'ils pensent, même quand ils n'ont pas l'intention d'être aussi francs à l'antenne. Cela signifierait-il qu'il aurait perçu, dans les écrits de Roland Dumas, un poil d'antisémitisme ? Reprenons l'entretien depuis le début.
L'ancien ministre est venu promouvoir son nouveau livre, où il se targue d'être "politiquement incorrect". Il déclare d'ailleurs d'emblée à Jean-Jacques Bourdin : "Vous ne serez pas déçu." En clair, vous voulez de la provoc' ? Eh bien, vous allez être servi !
Le journaliste commence avec la tuerie de Copenhague. Au cours de la conversation, en quelque cinq minutes, il va principalement être question de Bernard-Henri Lévy, de Laurent Fabius (actuel ministre des affaires étrangères) et de Benjamin Netanyahu (Premier ministre d'Israël)... tous trois juifs. Certes, la discussion porte sur la politique étrangère française (et le seul qui est victime de la vindicte de Dumas est BHL) mais, tout de même, cette coïncidence est troublante, à la fois dans les choix opérés par J-J Bourdin et dans les réponses de R. Dumas.
Sur le fond, ce que dit l'ancien ministre n'est pas inintéressant. Il essaie de contextualiser les événements et invite à ne pas tout dramatiser. Mais, entre les éléments d'analyse qui prouvent qu'il a gardé des capacités de réflexion malgré son grand âge (92 ans, quand même) se sont glissés des raccourcis voire des approximations. Il déclare ainsi qu'après le massacre de Charlie Hebdo "Aujourd'hui, les Arabes ont eu satisfaction". Je pense qu'il pensait "les musulmans". (Il commet cette confusion une nouvelle fois quelques minutes plus loin.) Par contre, on aurait aimé quelques éclaircissements sur sa formule, ce que Jean-Jacques Bourdin n'a pas pensé à demander.
Concernant BHL (pour lequel je n'ai pas une grande estime), il prétend citer le défunt François Mitterrand, qui aurait évoqué son "entregent" (son influence). C'est encore une formulation riche en sous-entendus, qui ne fait l'objet d'aucune explication précise. Du coup, lorsque Roland Dumas prétend dénoncer "les gens qui jettent de l'huile sur le feu" (avec BHL comme principal exemple), on se retrouve un peu en face d'un pompier pyromane... un pompier qui, de surcroît, minimise constamment le poids de l'intégrisme musulman.
On ne peut qu'être d'accord avec Dumas quand il regrette le chaos dans lequel sont plongées la Libye et la Syrie. Il estime qu'il aurait fallu réfléchir et négocier davantage avant de lancer les troupes contre les armées de Kadhafi et Bachar el-Assad. Il oublie les massacres de civils qui avaient déjà eu lieu et ceux qui risquaient de survenir. Mais, quand on voit le résultat aujourd'hui, on se dit qu'il n'a pas complètement tort. Par contre, il s'embrouille un peu entre les gouvernements français. Il semble attribuer à Laurent Fabius (et donc à François Hollande) le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'O.T.A.N. et la décision d'attaquer la Libye. Or, c'est pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy que ces événements se sont produits.
Arrive enfin le passage sur Manuel Valls. C'est le retour des allusions déplaisantes et des imprécisions. Roland Dumas tente d'opposer le parcours du Premier ministre à celui de son père Xavier, qui fut un peintre renommé. C'est là qu'il se plante royalement, présentant le papa comme un républicain ardent, qui a fui l'Espagne franquiste pour ne plus y revenir du vivant du dictateur sanguinaire. Or, qu'apprend-on en lisant la biographie de Xavier Valls ? Qu'il a quitté l'Espagne dès la guerre civile... en 1949, après avoir obtenu une bourse à Paris. Il a ensuite effectué plusieurs allers-retours entre les deux pays, puisqu'il a été régulièrement exposé à Barcelone et à Madrid. La vraie rupture intervient en 1959, peu de temps après son mariage avec Luisangela Galfetti.
Il dit de Manuel (par rapport à son père Xavier) : "lui, il a pris le point de vue contraire". C'est doublement faux, d'abord parce qu'il part du principe que le père était un révolutionnaire, ensuite parce que Manuel Valls n'est pas un héritier du franquisme (le "contraire" du républicain espagnol de l'époque). Jean-Jacques Bourdin semble s'être rendu compte de l'énormité de l'affirmation, puisqu'il relance son invité sur le "socialisme" du Premier ministre. En quelques minutes, Roland Dumas se contredit à nouveau, déclarant d'abord que M. Valls n'est pas socialiste avant de dire qu'il l'est, à sa manière (celle des dirigeants de la S.F.I.O. pendant la guerre d'Algérie)...
Enfin, il va dans le sens de l'animateur quand celui-ci évoque "l'influence juive" à laquelle le Premier ministre serait soumis. Au passage, on se garde bien de nous dire quelles seraient les preuves de cette supposée influence. En clair, Manuel Valls serait influencé par sa femme... mais dans quels domaines, mystère. Est-ce pour le choix de ses cravates ? celui de ses ministres ? celui des sorties du couple ? Nous voilà devant deux mâles dominants (l'interviouvé et l'interviouveur), qui ont eu de nombreuses conquêtes féminines (on en reparlera plus loin) et discutent d'un autre homme, qui serait soumis à l'influence d'une femme. Figurez-vous qu'en plus elle est juive ! Sans que rien d'autre ne soit dit sur l'action supposée d'Anne Gravoin. On en conclut que Roland Dumas lui attribue les prises de position de Manuel Valls sur le conflit israélo-palestinien (ou sur le militant politique extrémiste Dieudonné). On est donc parti d'une épouse juive pour arriver au soutien de la politique d'Israël. Bel amalgame, le tout, je le rappelle, sans aucun élément pour étayer l'affirmation.
Je pense que Roland Dumas, comme beaucoup de ceux qui critiquent l'action de Manuel Valls, a en tête son intervention devant des membres de la communauté juive de Strasbourg, en 2011. (Précisons que, contrairement à ce qu'affirme une kyrielle d'imbéciles qui se défoulent sur la Toile, ce n'est pas Manuel Valls qui essaie de faire retirer la vidéo du réseau, mais la station de radio qui avait organisé la rencontre.) Intéressons-nous donc à cet extrait, en gardant à l'esprit qu'à cette date, le 17 juin, il vient de se déclarer candidat à la primaire socialiste.
La très grande majorité de son intervention (qui est la réponse à une question du public) est une défense de la politique du PS (mais pas de Roland Dumas, qu'il égratigne au passage... eh oui, il y a presque quatre ans). Il lance une pique contre le soutien à Nicolas Sarkozy et rappelle, incidemment, que beaucoup d'électeurs musulmans sont prêts à voter pour un ami des juifs. Comme il est en campagne, il se présente comme le meilleur rempart contre l'antisémitisme. La référence à son épouse vient dans ce contexte-là : "Par ma femme je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël... quand même ! Donc je viens pas ici pour recevoir des leçons de brevet... euh... euh... de lutte contre l'antisémitisme."
Ceux qui citent le début de ce passage comme la preuve de l'inféodation de Manuel Valls à Israël et de l'influence qu'exercerait son épouse sur lui sont donc à côté de la plaque. Alors en campagne, le maire d'Evry vient rassurer des Français juifs (inquiets de la remontée de l'antisémitisme dans notre pays), polir son image de présidentiable... et remettre les pendules à l'heure concernant l'action politique du Parti socialiste. On peut considérer qu'il y va peut-être un peu fort dans la démonstration affective, mais c'est celle d'un homme politique indépendant d'esprit.
Terminons sur quelques notes d'humour. Pour cela, Roland Dumas et Jean-Jacques Bourdin vont nous être utiles. Durant l'entretien, le premier n'hésite pas à taquiner le journaliste. Au début, quand il est question des slogans hâtivement lancés à l'occasion des récents faits divers, il dénonce la course à l'audience (qui grossit exagérément des événements auxquels on finit, selon lui, par accorder trop d'importance) et, s'adressant à Bourdin, lui dit : "Vous savez ce que c'est, l'audimat !"
Vers la fin, il est question des relations entre élus (hommes) et journalistes politiques (femmes)... des relations qui ne sont pas que professionnelles. Un ange passe dans le studio, Jean-Jacques Bourdin ayant lui-même épousé une journaliste qu'il avait d'abord invitée dans son émission. Roland Dumas y fait subtilement allusion : "La relation avec les FEMMES journalistes est difficile. Ce n'est pas à vous que je vous le dirai [sic]" Bourdin fait semblant de ne pas avoir compris et déclare n'avoir aucune relation (privée) avec un homme ou une femme politique. Bien vite, il relance son interlocuteur et le flatte, le qualifiant de "séducteur". Roland Dumas répond en disant que tout cela est "éculé"... et Bourdin s'écroule de rire, d'autant plus que Dumas en remet une couche : "J'ai dit éculé".
Et voilà ces grands-pères qui se comportent comme deux adolescents. Ils sont bien sympathiques, mais la manière dont ils ont parlé de la supposée "influence juive" me reste en travers de la gorge.
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samedi, 07 février 2015
Pourquoi C. Teyssèdre ne pouvait pas gagner
Dans la course à l'investiture du Parti socialiste pour les élections régionales de décembre prochain, le maire de Rodez a fini par "jeter l'éponge", comme on dit en général dans ces cas-là. Bref, il a renoncé avant le vote des militants, parce qu'il a compris qu'il ne pouvait pas l'emporter.
Mais la première question qui vient à l'esprit de l'observateur avisé est plutôt celle-ci : pourquoi diable s'était-il lancé dans cette aventure, avec si peu de chances de succès ? De prime abord, on serait tenté de penser qu'il estimait (à tort ou à raison) avoir accompli l'essentiel de son oeuvre à la tête de la commune de Rodez. Il lui fallait donc un nouveau défi.
Pourquoi pas la députation ? Il avait (vainement) tenté sa chance en 2007, mais il me semble que Christian Teyssèdre soit plus intéressé par la gestion d'une collectivité territoriale que par le travail parlementaire. Ceci dit, je fais partie de ceux qui pensent qu'en 2012, il aurait pu enlever la première circonscription au député sortant Yves Censi, réélu de justesse face à Monique Bultel-Herment.
Une autre possibilité était la conquête du conseil général de l'Aveyron. Mais, en 2011, c'est Guy Durand (à l'époque maire de Millau) qui avait mené ce combat. En 2015 comme en 2011, en dépit de la réforme territoriale, la gauche risque fort de mordre à nouveau la poussière. Dans le passé, C. Teyssèdre a pu réaliser ce que c'est que d'être conseiller général dans l'opposition. Il ne semble pas qu'il souhaite vivre à nouveau cette situation.
Il restait donc la succession de Martin Malvy à la présidence du conseil régional de Midi-Pyrénées. Ce n'est que tardivement que l'on a appris officiellement le renoncement du sortant (un secret de Polichinelle, pour ceux qui savaient lire entre les lignes). Depuis deux-trois ans, on s'agite beaucoup dans le dos du président. Voilà sans doute pourquoi le maire de Rodez n'avait pas démissionné de son poste de vice-président, contrairement à l'un de ses engagements de campagne. Il a peut-être été conforté dans sa démarche par l'éviction successive de plusieurs des prétendants au trône : Kader Arif (rattrapé par la justice), Philippe Martin (plus préoccupé par le conseil général du Gers... et dont le passage au gouvernement n'a pas laissé une trace indélébile) et surtout Nicole Belloubet, opportunément nommée au Conseil constitutionnel en 2013.
Comptant profiter de la disparition de ses principaux concurrents et s'appuyant sur l'inauguration réussie du musée Soulages, Christian Teyssèdre n'a pas compris que, début 2015, la situation avait changé. Cette élection est d'abord celle de la fusion de deux régions. Or, le maire de Rodez s'est présenté en solitaire, sans penser à former un tandem (voire une équipe) avec une élue languedocienne. En face, l'idée du duo Delga-Alary est une bonne trouvaille : on associe deux élus de grosses fédérations du PS, des deux régions d'origine ; on maintient (en cas de victoire) la présidence midi-pyrénéenne, tout en attribuant un beau lot de consolation à celui qui ne voulait pas de la fusion. Pour que sa candidature soit plus crédible, Christian Teyssèdre aurait dû rechercher l'alliance d'au moins une collègue socialiste de Languedoc-Roussillon... pas forcément montpelliéraine d'ailleurs.
Le contexte de janvier 2015 a aussi été défavorable à la candidature du maire de Rodez. L'attitude de François Hollande suite aux meurtres commis par des terroristes islamistes a renforcé sa stature de président... et sa crédibilité aux yeux des militants socialistes. La solution imposée par les dirigeants du PS (qui a dû obtenir l'aval de l'Elysée) n'aurait sans doute pas été aussi bien acceptée quelques semaines auparavant. De ce point de vue, les attaques de Christian Teyssèdre contre l'appareil du PS sont arrivées à contre-temps. Les militants socialistes l'ont sans doute plus perçu comme un diviseur que comme un rassembleur... impression renforcée par ses bisbilles avec le PRG local. Ils ont choisi la sécurité de la solution proposée par Paris.
Ce n'est pas tant dans les médias qu'auprès des militants de base qu'il aurait fallu intervenir, en utilisant ses réseaux. S'il avait vraiment déjà en tête sa candidature il y a trois-quatre ans, le maire de Rodez aurait dû mettre à profit sa vice-présidence de Midi-Pyrénées pour étoffer son carnet d'adresses. Il s'est peut-être un peu trompé de campagne... ou alors, faute d'un réseau suffisamment développé au sein de l'appareil, il a dû tenter de passer au-dessus, en utilisant principalement la presse... dont l'impact est aujourd'hui beaucoup plus faible qu'il y a vingt ans.
Il y a pourtant bien eu une campagne interne au PS. Les non-initiés en ont eu des échos dans les journaux. Le maire de Rodez s'est rendu jusqu'à Tarbes pour tenter de convaincre les militants et on a pu voir Mme Delga à Albi où, d'après Le Tarn libre, elle a été bien accueillie par la fédération PS (sans doute déjà acquise à sa cause) :
Quatre débats ont même été organisés (d'après ce qu'on pouvait lire dans le cahier régional de Midi Libre de vendredi), le dernier semble-t-il à Toulouse :
Cette mini-campagne n'en a pas moins eu un certain retentissement. Outre les médias locaux et régionaux, quelques médias nationaux en ont rendu compte, comme Le Parisien et 20minutes. Quant à Christian Teyssèdre, il va désormais pouvoir pleinement se consacrer à Rodez et à sa communauté d'agglomération. D'autres tâches l'attendent, peut-être moins clinquantes que celles auxquelles il espérait se consacrer à l'Hôtel de région, mais tout aussi importantes pour l'avenir de cette partie de l'Aveyron.
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samedi, 24 janvier 2015
"Tout est pardonné"
J'ai enfin réussi à me procurer le numéro de Charlie Hebdo publié le 14 janvier. C'est d'ailleurs un signe qui ne trompe pas : même en Aveyron, à Rodez, les lecteurs se sont rués chez les marchands de journaux. Cela confirme l'impression ressentie au cours de la marche du dimanche 11 janvier : un grand nombre de mes concitoyens a voulu manifester sa condamnation des assassinats et son attachement à la liberté d'expression, ainsi sans doute qu'à la laïcité.
J'ai quand même failli tomber de ma chaise quand j'ai appris que ma mère avait elle aussi acheté un exemplaire de l'hebdomadaire satirique ! Elle qui n'en a jamais été lectrice, elle qui trouve les caricatures vulgaires, elle qui fréquente assidûment les églises et n'apprécie pas que l'on dénigre les religions (pas que la catholique, d'ailleurs) ! Pas très intéressée par la lecture, elle a rapidement donné l'exemplaire à un membre de la famille...
Commençons par la Une, qui a fait polémique, pour plusieurs raisons :
Le premier motif de mécontentement de certains musulmans est la représentation de Mahomet. Selon ces personnes, il est interdit (Par qui ? Mystère...) de représenter le prophète de l'islam. C'est l'une des idées reçues qui circulent à propos de cette religion, idée reçue qui a été démontée dans un article des "Décodeurs" du Monde. Ainsi, les musulmans qui réclament que l'on ne représente pas Mahomet ne sont les vecteurs que d'une interprétation de l'islam.
Ceci dit, ils pourraient aussi s'appuyer sur la Bible (dont s'est inspiré le Coran), notamment les Dix Commandements. Il y est clairement question du rejet de toute représentation imagée. Cela explique que, dans les synagogues, on ne trouve pas de représentation humaine, encore moins de Yahvé. Mais on ignore souvent que le christianisme (qui est né du judaïsme) a lui aussi été agité de violents débats au sujet des images. Ce sont d'abord les orthodoxes de l'Empire byzantin qui ont connu la querelle de l'iconoclasme. Plus tard, à la Renaissance, l'Europe occidentale a été le théâtre d'affrontements sanglants entre catholiques et protestants, ces derniers s'en prenant aux représentations imagées.
Il reste que, pour nombre de musulmans, Mahomet n'est pas qu'un fondateur, un homme exceptionnel. Il a le statut d'un quasi-dieu, ce qui rapproche l'islam du christianisme (qui a tenté de résoudre la quadrature du cercle monothéiste avec l'invention de la Trinité, sorte de "trois dieux en un").
L'autre erreur des intégristes est de (faire semblant de) croire que des préceptes religieux peuvent s'imposer à la loi française. Fort heureusement, nous vivons dans une république (imparfaitement) laïque. Elle n'est pas pour autant athée, ni islamophobe. Ici, nous rencontrons deux problèmes. Le premier est l'instrumentalisation de cette affaire par des dirigeants (politiques et/ou religieux) musulmans qui savent pertinemment que l'islam n'est pas mis en danger par ces caricatures, mais qui profitent de l'occasion pour asseoir leur pouvoir ou prendre la main sur des adversaires plus timorés. Le second problème est l'inculture des masses sous-éduquées, auxquelles on tente de faire croire tout et n'importe quoi.
Le deuxième motif de mécontentement est la manière dont Mahomet est dessiné. Pourtant, elle n'est pas nouvelle. Le turban et la barbe sont des attributs classiques du prophète des musulmans, y compris dans les représentations islamiques. Des discussions sont nées de la présence supposée du sexe masculin sur la caricature. Voici ce que cela donne lorsqu'on la retourne :
En y regardant bien (et avec un peu d'imagination), on peut reconnaître un premier pénis, formé par les yeux et le nez de ce Mahomet d'opérette. Un deuxième membre masculin (plus imposant) serait composé du turban et du visage du Prophète. On pourrait en distinguer un troisième, formé par ce même turban, avec la bandelette qui dépasse de la tête du personnage.
Même si je reconnais que la remarque ne manque pas de fondement, il faut rappeler que le dessinateur Luz a coutume de représenter Mahomet ainsi. On a déjà pu le voir notamment en couverture du numéro intitulé Charia Hebdo, qui avait valu à l'hebdomadaire satirique les foudres de certains agités du bocal.
Il est même plutôt sympathique, au regard de la version de Cabu, qui avait fait la Une d'un autre numéro désormais collector, C'est dur d'être aimé par des cons. Celle-ci avait d'ailleurs fait l'objet de la même polémique que celle qui touche le journal paru le 14 janvier. On avait accusé Cabu d'insulter tous les musulmans, alors qu'il ne visait explicitement que les intégristes. Mais pour cela, encore fallait-il avoir lu le titre qui accompagnait le dessin :
Ici, je me suis contenté de procéder à un petit truquage maladroit, mais je me souviens qu'à l'époque, j'avais vu des reproductions de la Une, sans le texte d'accompagnement.
Concernant la représentation "sexuée" de Mahomet, certains mauvais esprits pourraient être tentés d'affirmer que Luz sous-entend que le prophète des musulmans est une "tête de noeud"... D'autres esprits ont cru reconnaître un sexe féminin (non épilé) dans le dessin du bas du visage... (Cabu l'avait fait jadis avec un portrait de Yasser Arafat... qui n'avait pas suscité de telles réactions.) C'est surtout révélateur des obsessions qui habitent (en un seul mot, hein !) l'esprit de certains croyants, musulmans ici, catholiques là, quand il a été question de l'enseignement de l'égalité des sexes à l'école.
Enfin, je me dois de rappeler qu'il n'est pas rare que des caricaturistes "introduisent" un élément sexuel dans la représentation d'un personnage. En France, ce fut notamment le cas de Plantu, dans Le Monde, à propos de Dominique Strauss-Kahn. Il n'y a vraiment pas de quoi en faire un drame.
Le troisième motif de mécontentement (à propos de la couverture) est le texte d'accompagnement. Cette fois-ci, ce sont plutôt les amis de Charlie qui n'ont pas apprécié (ou compris) le message. Luz n'a pas voulu trop en dire, mais l'on sent qu'il y a une intention conciliatrice derrière (du genre "on représente votre prophète, certes, mais sans intention de nuire"). Cela n'a pas forcément été perçu ainsi par les musulmans extrémistes. A contrario, les amis de Charlie ne voient pas ce que l'hebdomadaire aurait à se faire pardonner. La liberté d'expression ne se mendie pas. Le dessin, avec la pancarte "Je suis Charlie", se suffisait à lui-même.
Passons au contenu du journal, à présent. La tentation des lecteurs est de passer directement de la première à la dernière page. D'abord, parce que c'est une manipulation très facile à réaliser. Ensuite, parce que c'est à cet endroit que se trouvent "les couvertures auxquelles vous avez échappé", parfois meilleures que celle qui a été retenue pour faire la Une. J'ai particulièrement aimé celles de Catherine Meurisse :
La seconde fait allusion à l'action de margoulins, qui ont voulu se faire de l'argent facile avec le slogan (contestable) créé par Joachim Roncin. Plus d'une centaine de tentatives de dépôt de marque (dont deux pour des armes...) ont été refusées par l'INPI.
Les pages 2 et 3 sont remplies de dessins des défunts caricaturistes, qui encadrent l'éditorial de Gérard Biard. Celui-ci a bien senti que le drame qui a frappé l'hebdomadaire satirique allait faire l'objet de récupérations. C'est l'occasion de réaffirmer la défense de la laïcité. Il profite de l'occasion pour rappeler que les collègues aujourd'hui quasi unanimes à les soutenir ont été plus réticents les années passées, notamment en 2012, lorsque l'affaire des caricatures avait rebondi.
Les textes occupent ensuite davantage de place. On trouve notamment un papier de Jean-Yves Camus sur les thèses complotistes nées dans certains esprits dérangés. Très instructif. Les pages suivantes m'ont moins intéressé. L'intérêt est remonté à la lecture de la double-page centrale, consacrée à la manifestation parisienne du 11 janvier. Sur la partie gauche, une double-bande verticale (signée Luz) fait le bilan des changements positifs et négatifs survenus depuis les assassinats.
Le suite est un mélange d'inédits des caricaturistes décédés, de dessins de ceux qui sont encore vivants et de textes plus ou moins intéressants. Je retiens un épisode des aventures des inénarrables Maurice et Patapon, sans doute la meilleure création de Charb :
La suite (début février) nous dira si Charlie Hebdo sait rebondir. Son assise financière sera (provisoirement) plus solide. Le talent suivra-t-il ?
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mercredi, 21 janvier 2015
Festival Télérama 2015
Du 21 au 27 janvier, les cinémas qui ont noué un partenariat avec l'hebdomadaire culturel "de référence" permettent de (re)voir (à tarif réduit) quelques bons et moins bons films d'art et essai de l'année écoulée. (Ce sont les seize préférés des critiques maison.)
Le numéro sorti ce mercredi contient la liste des cinémas partenaires. En Aveyron, il s'agit uniquement de La Strada, à Decazeville, et du Cap Cinéma de Rodez. Et encore, seule une partie des films est proposée aux spectateurs rouergats. Ainsi, il faut sortir du département pour trouver une salle (re)programmant le superbe Ida (un concurrent sérieux de Timbuktu dans la course à l'Oscar du film en langue étrangère).
Heureusement, à Rodez comme à Decazeville, The Grand Budapest Hotel est disponible, en version originale sous-titrée. Il vient de décrocher neuf nominations aux Oscar 2015. A cette occasion, j'ai découvert avec étonnement que l'entraînante musique qui accompagne le film est l'oeuvre du Français Alexandre Desplat, qui "a la cote" à Hollywood.
Il avait d'ailleurs déjà travaillé sur les précédents longs-métrages de Wes Anderson (Fantastic Mr Fox et Moonrise Kingdom). En consultant sa filmographie, j'ai pu constater qu'il avait contribué à l'habillage de nombre de films que j'ai beaucoup appréciés.
Aux spectateurs de The Grand Budapest Hotel, je conseille donc de ne pas quitter la salle trop vite. Le générique de fin est un festival de balalaïkas et, dans sa seconde partie, il est agrémenté d'un personnage animé, dont je me garderai bien de décrire les évolutions à l'écran.
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lundi, 19 janvier 2015
Poker menteur à Villefranche-de-Rouergue
On le sentait venir gros comme une maison en décembre dernier : la vieille gué-guerre entre socialistes et radicaux villefranchois (qui a contribué à asseoir confortablement la carrière politique de Serge Roques) est sur le point de se rallumer à l'occasion de la campagne des élections départementales.
Les récentes manifestations en hommage aux victimes de l'islamo-fascisme ont été l'occasion pour nombre de dirigeants politiques (locaux comme nationaux) d'afficher leur indéfectible soutien à la liberté de la presse ainsi qu'à la défense de la veuve et de l'orphelin. Si, à cette occasion, leur bobine s'est retrouvée à la une des journaux, c'est pure coïncidence. Voici donc la photographie qui a été publiée dans Le Villefranchois du 15 janvier dernier :
Toute la crème politique villefranchoise était réunie derrière la banderole de soutien à Charlie Hebdo. En numéro 1 se trouve Patrice Couronne, naguère encore maire de Morlhon-le-Haut, mais toujours solidement accroché à la présidence de la communauté de communes du Villefranchois. Il côtoie Serge Roques, le maire de Villefranche-de-Rouergue (numéro 2) et son principal opposant, le radical de gauche Eric Cantournet, toutefois un peu placé à l'écart (numéro 3).
Mais voilà que, ô surprise, au deuxième rang, un petit malin a réussi à glisser sa tête (surmontée du chapeau si reconnaissable) entre le maire et l'actuel conseiller général. Il s'agit de Jean-Michel Bouyssié (numéro 4). Plus loin, en page 9 de l'hebdomadaire, on apprend qu'il sera candidat aux prochaines élections départementales, avec pour suppléant André Valentin (un ancien socialiste passé au Front de Gauche)... mais sans que l'on connaisse sa partenaire de binôme, au contraire d'Eric Cantournet, annoncé en compagnie d'Odette Taïocchi, qui a déjà mené plusieurs campagnes à ses côtés.
La cerise sur le gâteau est venue de l'article paru ce lundi dans Centre Presse. On ne sait toujours pas qui sera la colistière de Jean-Michel Bouyssié, mais celui-ci fait porter la responsabilité de la désunion sur les épaules d'Eric Cantournet. Pourtant, quand on analyse la chose en détail, il y a comme une embrouille. Certes, chaque nouveau canton doit désigner deux conseillers... mais un homme et une femme. Comme Eric Cantournet est le sortant, il paraît logique qu'il occupe la place éligible. Son éventuel allié socialiste ne pouvait donc au mieux envisager que celle de suppléant. Mais cela ne lui suffisait peut-être pas... et, en face, E. Cantournet a sans doute encore sur le coeur les séquelles de la campagne des municipales, durant laquelle on ne peut pas dire que le soutien des socialistes ait été des plus ardents...
En mars prochain, il y a fort à parier que le premier tour de l'élection départementale servira de primaire à gauche... à condition qu'il y ait un second tour. A droite, Serge Roques a lancé son jeune poulain (et potentiel successeur à la mairie) Laurent Tranier, accompagné de Colette Lefevre. C'est un duo de choc, composé des deux premiers adjoints de Villefranche, qui pourrait faire regretter leurs querelles d'égos aux candidats de gauche.
P.S.
A ceux qui s'étonneraient que le débat d'idées et les programmes soient absents de ce billet, je répondrais qu'il n'est que le reflet de la situation actuelle. On attend de voir ce que la gauche aveyronnaise (éventuellement unie) a à proposer pour renverser la majorité départementale actuelle.
21:06 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, ps, parti socialiste, presse
dimanche, 18 janvier 2015
Le Centre Pompidou de Metz à la peine
Vu de l'Aveyron, on se demande si ce qui arrive à ce musée d'art contemporain n'est pas une préfiguration de l'avenir du musée Soulages. L'un comme l'autre ont commencé tambour battant, avec une première année couronnée de succès. Un récent article du Monde évoque les difficultés de l'établissement messin. En croisant les informations qu'il fournit avec celles que l'on peut trouver dans les rapports d'activité, on arrive à la conclusion que la fréquentation n'a cessé de baisser :
Pour être juste, il convient d'apporter deux précisions. Comme le musée n'a ouvert ses portes qu'en mai 2010, le nombre d'entrées de la première année est sous-estimé. Sur les douze premiers mois, on se rapproche plutôt de 800 000 visiteurs. Si le succès initial n'en est que plus éclatant, la baisse qui a suivi n'en est que plus incontestable. Toutefois, il semblerait qu'en 2014, il y ait eu un léger rebond, avec 350 000 entrées. On attendra cependant la confirmation. Ainsi, en janvier 2014, lors d'une réunion du conseil municipal de Metz, il avait déjà été affirmé que la fréquentation avait atteint 350 000 visiteurs l'année écoulée, chiffre qui avait ensuite été "corrigé" en 335 000 dans le rapport publié en juin 2014 (page 32).
En théorie, cette baisse, qui n'est pas illogique, ne menace pas (encore) l'existence du musée, parce qu'il avait été conçu sur la base de 250 000 visiteurs annuels. Pourtant, une violente polémique est née autour du budget 2015 du Centre Pompidou, à cause de la baisse -déjà annoncée l'an dernier- de la participation du conseil régional de Lorraine (de 4 à 3 millions d'euros). Cela donnait la répartition préfigurée suivante :
D'après l'article du Monde, les recettes issues des entrées payantes et du mécénat sont moins importantes que prévu. En 2014, on dépasse à peine les deux millions d'euros. On ne peut donc que s'étonner des nouvelles prévisions, publiées il y a deux jours dans La Croix. Il y est question de 3,5 millions d'euros en 2015. Pour cela, il faudrait que le nombre d'entrées payantes augmente et/ou que les mécènes se montrent bien plus généreux. Si l'on ajoute à ces éléments l'augmentation de la participation de la communauté d'agglomération Metz Métropole (+ 550 000), du conseil général de la Moselle (+ 300 000) et de la commune de Metz (+ 150 000), cela donne la ventilation suivante :
Cela me paraît quelque peu optimiste. En cherchant dans les rapports d'activité, j'ai trouvé l'origine de ce chiffre (3,5 millions d'euros) : il s'agit de l'ensemble des recettes annexes de 2013, comprenant (outre le mécénat et le produit de la billetterie) les recettes d'édition, la privatisation d'espaces, la participation de l'Association des Amis du musée ainsi que les redevances d'occupation et d'exploitation de la librairie-boutique, du restaurant et du café.
Peut-être que le succès des expositions programmées cette année viendra démentir mes appréhensions. Cela me conduit à évoquer le musée Soulages qui, à la différence de l'établissement lorrain, bénéficie de collections permanentes. Il a aussi été moins coûteux à la construction (30 millions d'euros contre 70), mais il a été promu par des collectivités moins riches que leurs homologues lorraines.
Commençons par le nombre d'entrées. A Rodez, on s'est félicité (à juste titre) du succès du démarrage : 200 000 visiteurs sont venus au musée Soulages en 2014. Si la fréquentation connaît la même évolution qu'à Metz, dans quatre ans, elle pourrait se situer entre 100 000 et 110 000 visiteurs. Cela concorderait avec les prévisions données dans la presse : entre 100 000 et 150 000 pour Midi Libre en mai dernier, lors de l'inauguration. Quelques mois plus tôt, on se montrait plus prudent dans Centre Presse, qui évoquait 80 000 à 100 000 visiteurs. (Je ne le lui souhaite pas mais, vu son grand âge, je ne peux m'empêcher d'envisager le décès de Pierre Soulages, qui contribuerait sans doute, dans un premier temps, à soutenir voire relancer la fréquentation.)
Le contribuable que je suis espère que les faits ne viendront pas démentir ces prévisions, parce qu'à Rodez, contrairement à Metz, la communauté d'agglomération est seule à financer le fonctionnement du musée.
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dimanche, 11 janvier 2015
C'est pas gagné pour les régionales
Tout part d'un entrefilet paru dans Le Monde daté du 7 janvier 2015, page 16. Il y est question de l'annonce, par Martin Malvy, de sa non-candidature aux élections régionales de décembre prochain. A bientôt 79 ans, le patron de la gauche midi-pyrénéenne (déjà diminué physiquement ces derniers temps) évite de se lancer dans la campagne de trop.
Quelques noms de candidats à la candidature sont proposés... mais pas celui de Christian Teyssèdre. Pourtant, L'Hebdo paru vendredi 9 janvier évoque clairement les ambitions du maire de Rodez sous le titre : "Teyssèdre candidat à la primaire socialiste".
L'entrefilet du Monde a donné naissance à un article, signé Stéphane Thépot. La liste des postulants socialistes (midi-pyrénéens comme languedociens) est bien plus longue... mais ne comporte toujours pas le nom du maire de Rodez. C'est grosso modo la même liste qui est citée par France 3. Seule La Tribune mentionne Christian Teyssèdre parmi les candidats. Tous les médias s'accordent toutefois pour dire qu'une élue haut-garonnaise tiendrait la corde.
Le déficit de notoriété du maire de Rodez ne date pas d'aujourd'hui. Certes, en 2011, L'Express avait consacré un "décrochage local" au chef-lieu aveyronnais et au bilan de son maire. Mais, lorsque, en 2012, Le Journal toulousain a évoqué la succession de Martin Malvy, le premier édile ruthénois n'a pas été mentionné. Des progrès ont été réalisés depuis, puisqu'en novembre 2014, la candidature du maire de Rodez commence à être prise au sérieux... mais il lui faut encore se faire un prénom !
00:49 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, ps, 2015, parti socialiste
mercredi, 31 décembre 2014
Prédictions
En cette fin 2014, divers astrologues et autres gourous pour décérébrés y vont de leurs prédictions pour l'année à venir. Il est parfois bon de se retourner sur le passé récent pour prendre un peu de recul. Il y a quelques jours, je suis retombé par hasard sur un article du Monde datant du début de la coupe du monde de football : Et à la fin, c'est... l'Espagne qui gagne.
Il y est question de plusieurs prédictions quant au déroulement et au résultat final de la compétition. Le journaliste commence par évoquer le cas des animaux : en 2010, Paul le poulpe avait fait des merveilles. Les pandas n'ont pas pu lui succéder et, quand on analyse les résultats des bébêtes qu'on a présentées comme des successeurs fiables, il y a de quoi rire.
Faute de pouvoir se fier aux animaux, on s'est tourné vers des humains dotés de pouvoirs spéciaux. Chamans comme sorciers se sont lamentablement plantés, tous prédisant la victoire du Brésil. Précisons qu'on n'a interrogé que des Sud-Américains, dont les "perceptions" ont pu subir quelques influences...
Mais revenons à l'article du Monde. Il évoque des prédictions (censées être) plus rationnelles, s'appuyant sur des chiffres et des modèles d'analyse... du lourd, quoi !
On commence par les économistes de Goldman Sachs. Ils se sont aventurés à proposer des scores pour tous les matchs du premier tour. On remarque que, très souvent, ils prédisent un match nul 1-1. Ils ont désigné le bon vainqueur ou trouvé le bon match nul dans à peine plus d'un tiers des cas. Quand ils ont désigné le bon vainqueur, c'est presque toujours une "grande équipe". Pour la suite, ils voyaient bien le Brésil et l'Allemagne se rencontrer en demi-finale, et l'Argentine se qualifier dans l'autre match. Mais, pour eux, c'est le Brésil qui devait sortir vainqueur... et l'Espagne était le quatrième participant. De surcroît, aucun huitième de finale n'était juste. Par contre, en quarts, les économistes anglo-saxons voyaient bien l'Allemagne l'emporter sur la France.
L'article du Monde s'étend davantage sur les prédictions du CIES (Centre International d'Etude du Sport), qui s'est appuyé sur l'analyse de l'état de forme des joueurs. Globalement, ces spécialistes ont sous-estimé les performances de plusieurs "petites" équipes (le Mexique, le Chili, le Costa Rica, l'Algérie et les Etats-Unis) et ils ont surestimé celles de quelques "cadors" (l'Espagne, l'Angleterre, l'Italie et le Portugal). Ils ont trouvé la composition exacte d'un seul huitième de finale (France - Nigeria). Fort logiquement, aucun quart n'est juste... mais deux des quatre participants des demies ont été trouvés : le Brésil et l'Argentine, qu'il était prévu de voir finir respectivement 2e et 3e, l'Espagne remportant le trophée (d'où le titre de l'article).
Signalons que l'illustration n'est pas la même dans la version numérique et la version papier de l'article. La première est accompagnée d'une photographie de l'équipe espagnole, fournie par l'agence Reuters. La seconde est illustrée d'un schéma des matchs à élimination directe qui s'inspire de celui proposé par le CIES, qui a été traduit en français. Quoique... Voici le schéma publié dans la version papier :
Déjà que le choix des couleurs n'est pas très heureux (le vert gênant la lecture des noms des pays), mais, par dessus le marché, une erreur de débutant a été commise à propos de l'Angleterre, dont l'équipe est improprement désignée comme étant celle du Royaume-Uni. Voilà qui a dû ravir les lecteurs écossais du journal (s'il y en a)...
Dans la version d'origine, il n'y a pas d'erreur :
Ah les stagiaires !
L'article fait quand même état de "prévisionnistes" qui ne se sont pas plantés, ceux de l'éditeur de jeux Electronic Arts, qui ont bien prédit une victoire finale de l'Allemagne... mais contre le Brésil. Leur réussite est toute relative : ils voyaient l'Allemagne terminer derrière le Portugal en phase de groupe, ce pays allant jusqu'en demi-finale, tout comme l'Espagne !
13:06 Publié dans Presse, Société, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, médias, presse, sport, football, coupe du monde
mardi, 23 décembre 2014
Diviser pour régner
C'est une tactique vieille comme la politique, appliquée tant au niveau national qu'au niveau local, comme on vient d'en avoir récemment la confirmation, dans l'ouest de l'Aveyron, du côté de Villefranche-de-Rouergue.
C'est d'abord à l'occasion de la réunion du conseil de la communauté de communes du Villefranchois qu'une petite manoeuvre a été tentée. D'après ce qu'on peut lire dans La Dépêche du Midi, lorsqu'il s'est agi de désigner les membres de la commission des impôts directs, des noms ont été proposés. Surprise dans le camp de l'opposition villefranchoise (représentée à la communauté de communes) : aucun membre de leur liste ne figure parmi les candidats soumis, alors qu'on y trouve un ancien élu socialiste, Jean-Michel Bouyssié. Celui-ci ne détient à ma connaissance plus aucun mandat. (Il peut donc se consacrer pleinement à son activité professionnelle : il est fonctionnaire au Conseil général du... Tarn.) Or, il a été proposé par le maire de Villefranche-de-Rouergue (UMP) Serge Roques. Curieux, non ?
Ceux qui ont un peu de mémoire se souviennent qu'aux dernières municipales, Jean-Michel Bouyssié ne figurait pas sur la liste d'union de la gauche conduite par le radical Eric Cantournet et, qu'à l'issue du vote, il avait félicité Serge Roques et balancé le coup-de-pied de l'âne à son rival du PRG.
Que la manoeuvre réussît ou pas, je pense que le but de l'UMP villefranchoise était d'attiser les tensions entre le PS et le PRG. Serge Roques s'est excusé et a modifié la liste de candidats à la commission. Viré par la porte, Jean-Michel Bouyssié est revenu par la fenêtre, comme on a pu le vérifier dans le numéro de Centre Presse paru samedi 20 décembre :
C'est encore la municipalité de Villefranche qui est à l'origine de sa promotion. Elle est intervenue dans le cadre de la mise en place d'un ersatz de démocratie de proximité, avec la création d'un "conseil citoyen". Une partie de ses membres est censée représenter les associations et les acteurs locaux. Si tout un chacun a pu se porter volontaire, c'est le maire qui a pris la décision finale... et donc qui a choisi Jean-Michel Bouyssié. (A quel titre ? Mystère...)
2015 et les élections départementales approchent. Le canton de Villefranche-de-Rouergue perd quelques communes (au nord), pour devenir encore plus urbain qu'auparavant. Le sortant est Eric Cantournet (PRG), qui, en 2011, avait (assez largement) battu Serge Roques au second tour, après avoir pris le dessus sur le sortant socialiste Claude Penel. La municipalité UMP ne serait sans doute pas attristée qu'une candidature PS ou divers gauche (au hasard, celle de Jean-Michel Bouyssié) vienne perturber la campagne du chef de l'opposition villefranchoise...
23:20 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, médias
dimanche, 21 décembre 2014
Mais qu'a-t-il donc fait ?
C'est la question que se pose le commun des mortels, qui a appris par voie de presse que l'un des adjoints du maire de Rodez s'est vu retirer sa délégation et l'indemnité afférente. A l'heure où j'écris ces lignes, c'est d'ailleurs le seul moyen d'avoir des informations sur le sujet, puisque le compte-rendu de la dernière réunion du Conseil municipal n'est toujours pas disponible sur le site de la commune de Rodez. C'est l'occasion de signaler qu'il y a du relâchement dans la mise en ligne de ces fameux comptes-rendus. Déjà que d'habitude, il faut attendre plusieurs semaines, en 2014, on a l'impression qu'aucune réunion ne s'est tenue entre le 18 avril et le 14 novembre. Alors, paresse ? Mauvaise volonté ?
Je penche pour un brin de fainéantise vu que, sur le trombinoscope du Conseil municipal, Daniel Rozoy (l'élu récemment sanctionné) figure toujours en tant que dixième adjoint :
Plus comique encore est la fin du document, où sont présentés les simples conseillers municipaux. Il manque la photographie d'un seul d'entre eux et, curieuse coïncidence, il s'agit du chef de l'opposition :
Mais revenons à Daniel Rozoy. D'après les "personnes autorisées" qui s'expriment sur le sujet, les relations entre l'élu PRG et une partie des dirigeants PS de la mairie de Rodez sont tendues depuis plusieurs années. Apparemment, pas pour des raisons idéologiques.
Et pourtant, il semble que l'adjoint radical de gauche (en sixième place lors de la première mandature de Christian Teyssèdre) n'a pas ménagé sa peine pour se faire bien voir du maire de Rodez. En septembre 2012, il s'était un peu trop précipité pour le féliciter de son accession à la vice-présidence du Conseil régional de Midi-Pyrénées. En mars 2013, quand la promotion devint officielle, il fut le premier à s'en réjouir. Cette obséquiosité n'était sans doute pas désintéressée : à la même époque, le départ de Ludovic Mouly du Conseil d'agglomération du Grand Rodez était connu, libérant une place de vice-président (Christian Teyssèdre abandonnant la sienne pour assumer la présidence de l'intercommunalité). Hélas, trois fois hélas ! Le maire de Rodez ayant visiblement décidé de ne soutenir aucune candidature, Daniel Rozoy se fit souffler la treizième vice-présidence par un socialiste ruthénois, Gilbert Gladin (un militant de longue date), pourtant placé derrière lui dans l'ordre protocolaire ruthénois. Depuis, la révolte gronde, un peu entretenue par des rivaux du maire de Rodez, ravis de voir sa majorité se déliter.
On s'est quand même rabiboché pour les municipales de 2014. Mais il semblerait que la cause de la rupture soit la proximité des élections départementales. Certains membres du PS semblent vouloir faire cavalier seul et certains de leurs alliés semblent avoir très envie de les faire chier leur créer quelques soucis. Christian Teyssèdre ne faisant pas dans la dentelle, il a choisi de trancher, sans donner de véritables raisons : "Nous avons besoin de cohésion municipale améliorée" a-t-il déclaré. C'est peut-être aussi un avertissement adressé à Stéphane Mazars (lui aussi PRG), au cas où il envisagerait de se présenter contre un-e sortant-e PS, l'an prochain.
La méthode Teyssèdre est abrupte. Pour des questions de personnes, il risque de se fâcher avec des alliés qui seraient précieux dans la conquête du Conseil régional, fin 2015. Martin Malvy avait lui bien compris qu'il devait construire une majorité large et plurielle, s'il voulait l'emporter. A moins que... Christian Teyssèdre ne soit plus intéressé par la présidence de la nouvelle grande région. Il est pourtant toujours vice-président de l'actuel Conseil régional, alors qu'il avait promis de démissionner. A-t-il négligé de respecter son engagement pour mieux préparer les régionales de 2015 (auquel cas il a mal géré la situation aveyronnaise) ou bien ne démissionne-t-il pas à la demande de Martin Malvy, qui estime trop compliqué de redistribuer à nouveau les vice-présidences en tenant compte des sensibilités politiques comme des origines géographiques ? A suivre...
22:10 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, actualité, ps, presse, médias
jeudi, 20 novembre 2014
La gaffeuse du tribunal
C'est l'un des sujets de conversation du moment, sur le Piton. Comment diable une magistrate expérimentée a-t-elle pu se laisser aller à transporter jusqu'au tribunal où ils sont jugés deux des accusés dans l'affaire Jean-Ronald... d'autant plus qu'elle est assesseur suppléant dans le même procès ?
Tout d'abord, on peut noter que les médias locaux ont fait preuve de plus ou moins de discrétion quant à l'identité de la magistrate. Pour les lecteurs de Centre Presse, elle demeure totalement inconnue, seule sa fonction étant mentionnée. L'article de Midi Libre auquel il renvoie ne donne guère plus de détails... à ceci près qu'il est illustré d'une capture d'écran réalisée (par le journaliste) sur le site de covoiturage qui est au coeur de cette histoire. On peut y lire sans problème le prénom et l'initiale du nom de la juge.
La fiche de renseignements de la conductrice indique qu'elle s'est inscrite à la fin du mois d'août dernier. C'est à ce moment qu'elle a dû apprendre qu'elle serait assesseur au procès de Rodez. Or, elle est affectée à Montpellier (voir plus loin). La perspective d'effectuer quinze à vingt trajets entre les deux villes (en deux mois) n'a pas dû l'enchanter. Les icônes révèlent qu'elle "discute selon l'envie", que la cigarette la dérange et qu'elle est susceptible d'accepter le compagnon animal d'une personne transportée.
Comme c'est d'usage sur ce genre de site, les participants font l'objet d'une évaluation. Sa note n'est pas significative, puisqu'elle résulte de seulement deux avis. (Les conducteurs populaires sont évalués entre 4,5 et 5 sur 5.) Une question se pose : les deux accusés du procès de Rodez (qu'elle a transportés) vont-ils évaluer leur expérience en sa compagnie ?
Si vous avez lu les articles auxquels mènent les liens du début, vous vous êtes rendu compte que la magistrate a, comme c'est la règle, monnayé le covoiturage. Cela m'a toutefois laissé perplexe. N'est-elle pas indemnisée par le ministère de la Justice pour les frais de déplacement occasionnés par sa participation au procès de Rodez ? (D'après RTL, oui.) Mais peut-être a-t-elle tout simplement renoncé à cette indemnisation.
Dans cette affaire, les deux accusés ne sont pas tout nets non plus. Alors que, lorsqu'on effectue une rapide recherche, on peut trouver plusieurs propositions de covoiturage sur le même trajet (et des moins coûteuses), pourquoi les deux jeunes hommes ont-ils choisi celle de Magali J ? Serait-ce parce que, sur sa fiche de renseignements, elle a précisé sa profession ? De là à ce que cette histoire soit une "occasion" saisie par l'un des avocats de la défense pour tenter d'obtenir l'arrêt du procès (qui tourne plutôt mal pour la bande d'abrutis qui s'en est pris à Jean-Ronald en 2010), il y a un pas que je me garderai bien de franchir... mais ça discute, sur le Piton !
De tous les organes d'information que j'ai consultés, un seul a révélé l'identité complète de la magistrate : La Dépêche du Midi. Cela m'a donné l'envie d'en savoir un peu plus sur elle (en faisant attention aux homonymies). Au vu de son âge, je pense qu'elle est la Magali J. qui a été déclarée admissible au premier concours d'entrée (l'externe) de l'Ecole Nationale de la Magistrature, en novembre 1992. En janvier 1993, elle a été nommée auditeur de justice (magistrat stagiaire). Elle a donc été reçue au concours. Vu que la formation dure un peu moins de trois ans, elle a dû faire partie (d'après Wikipedia) de la promotion "Alfred Dreyfus".
Quelques années plus tard, en 2000, on la retrouve nommée au tribunal d'instance de Montpellier. Elle a poursuivi sa carrière sur place, au tribunal de grande instance puis à la cour d'appel, où elle a été promue récemment, en juillet 2013. Voilà qui explique sa présence en 2014 à Rodez, en cour d'assises.
A ceux qui seraient curieux de connaître son apparence, je conseille de regarder les images prises de la Cour depuis l'ouverture du procès. Elle apparaît aux côtés des autres magistrats. (Ils sont quatre, trois titulaires -le président plus deux assesseurs- et la suppléante, semble-t-il.). Mais, la dernière semaine, elle a été remplacée (par une autre femme brune).
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mardi, 11 novembre 2014
Journaux de guerre n°13
Le numéro paru le 7 novembre (pas un jeudi, contrairement à l'habitude) est principalement consacré au torpillage du paquebot Lusitania, déjà évoqué dans l'un des journaux fournis avec le numéro 10, il y a quelques semaines.
L'affiche de la semaine est britannique. Elle s'adresse aux Irlandais et tente de convaincre ceux qui sont à l'époque des sujets de George V de s'engager dans l'armée de Sa Majesté :
La présentation des journaux ne fait pas qu'analyser les causes et les conséquences de cet acte de piraterie. Elle s'attarde de manière plus générale sur la rivalité navale entre le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Le premier des quotidiens reproduits est La Petite Gironde du 25 mars 1915. En première page, de nombreuses photographies représentent des soldats britanniques. On peut aussi y trouver un article sur les retraits de naturalisations au XVIe siècle. Page 2, un entrefilet évoque l'exécution d'une femme (sans doute allemande) pour espionnage, à Nancy. Un peu plus loin, il est toujours question du "deuxième sexe" :
Un peu plus loin, un article évoque les bagarres entre dockers français et espagnols à Bordeaux. Les employeurs locaux ont choisi de faire venir sur place une main-d'oeuvre... marocaine, qui semble donner entière satisfaction.
Le Sud-Ouest est décidément bien représenté dans ce numéro de Journaux de guerre, puisque le second quotidien de province est La Dépêche, du 11 mai 1915. On s'y intéresse notamment à l'attitude des dirigeants italiens et états-uniens, en particulier du président Wilson.
Page 2, il est question de l'interdiction de la vente d'alcool dans la zone des armées. Cela rejoint les préoccupations qui perçaient, chez les civils, dans les journaux fournis avec le numéro 11. On s'inquiète aussi du sort de l'aviateur Roland-Garros, prisonnier en Allemagne. (Rappelons qu'il est décédé en octobre 1918.)
Les Aveyronnais découvriront peut-être avec surprise que des prisonniers allemands s'étaient évadés de Millau. Enfin, les amateurs de numérologie seront ravis par un article qui spécule sur la date de la fin du conflit :
On termine avec un exemplaire de l'un des quotidiens les plus lus de l'époque, Le Journal, du 8 mai 1915. La première page est largement consacrée au torpillage du Lusitania. L'identité de quelques victimes célèbres est mentionnée. Sous le titre "Juste châtiment", on trouve un peu plus loin un encadré qui se réjouit qu'une attaque au gaz allemande se soit retournée contre ses instigateurs. Ce n'est pas le seul journal à se réjouir de ce genre de péripétie. C'est un moyen d'atténuer le choc qu'a constitué l'emploi de cette nouvelle arme, qui a finalement fait beaucoup moins de dégâts que les obus.
Page 2, un long article évoque la situation financière du pays et les emprunts à contracter. Il est donc question des Etats-Unis, dont il est dit qu'ils n'ont pas encore l'habitude de prêter de l'argent aux Européens...
En bas de page, on retrouve une figure familière, utilisée ici non pas de manière hostile, contre l'Allemagne, mais pour symboliser la bonne entente entre la France et l'Angleterre :
En Extrême-Orient, on commence à réaliser que le Japon, allié de la Triple Entente, mène une politique étrangère très "personnelle" et profite de la guerre pour s'implanter en Chine.
En dernière page, on peut savourer deux caricatures nord-américaines qui se moquent de l'empereur Guillaume II. L'une d'entre elles (issue d'un quotidien québécois) est très "datée" :
13:35 Publié dans Histoire, Jeanne d'Arc, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, états-unis, presse, médias, journalisme
samedi, 08 novembre 2014
"Le trublion Eric Teyssedre"
J'ai trouvé cette formule dans Le Journal toulousain du 6 novembre. Après bien des déboires, cet hebdomadaire "indépendant de droite" reparaît depuis septembre dernier. On peut notamment y lire la rubrique "Les petits bruits du Landernau", sous la plume de Thomas Simonian, le directeur de la publication (qui est aussi l'un des associés de la SCOP formée pour relancer le titre). Voici celle qui a été publiée jeudi :
A ceux qui ne connaissent pas en détail la (passionnante) vie politique aveyronnaise, signalons que le maire de Rodez (et président de la communauté d'agglomération du Grand Rodez) se nomme Christian Teyssèdre. Vice-président (toujours pas démissionnaire) du Conseil régional de Midi-Pyrénées, on sait qu'il pense succéder à Martin Malvy, le matin en se rasant. L'article semble accorder de meilleures chances aux deux autres personnalités de gauche mentionnées... même si, en 2015, il est fort possible que la droite récupère, au niveau régional, les bénéfices des erreurs de la gauche au plan national.
Notre bon maire de Rodez n'a décidément pas de chance avec l'hebdomadaire toulousain. Il y a deux ans déjà, lorsqu'il avait été question de la succession de Martin Malvy, il n'avait même pas été cité parmi les candidats potentiels. (Les vedettes de l'époque sont aujourd'hui soit grillées, soit occupées à d'autres tâches.) Notons toutefois le progrès : d'inconnu, il passe à méconnu. Le succès du réaménagement du Foirail et la renommée du musée Soulages pourraient lui servir de tremplin pour 2015... mais il reste visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir... (Et puis, il est peut-être plus urgent de construire un Grand Rodez élargi, bien accepté par le voisinage.)
P.S.
Plus intéressant que l'encadré sur la course à l'échalote midi-pyrénéenne, le long article intitulé "Les médias toulousains en crise" mérite la lecture, ne serait-ce que pour comprendre les difficultés à faire vivre un journal hors de l'influence du patron de La Dépêche du Midi... et des principaux annonceurs.
21:48 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, ps, actualité, presse, médias, journalisme
samedi, 01 novembre 2014
Petite vacherie en passant
Le diable se niche décidément dans les détails. Vendredi soir, parmi les épisodes de la série NCIS rediffusés par la chaîne M6, deux, assez anciens (faisant partie de la quatrième saison), mettaient en scène un trafiquant d'armes très très vilain, surnommé "la Grenouille" (en français dans le texte). Le personnage (René Benoit) est d'ailleurs français, jusqu'à la caricature.
La première partie de l'épisode 23 nous le montre dans son jet privé, en compagnie de sa charmante assistante. Il est en train de lire un journal... mais pas n'importe lequel :
Aux Etats-Unis, l'épisode a été diffusé en mai 2007. Le personnage de ce Français louche, à la fois raffiné et antipathique, a été créé l'année précédente. A l'époque, les relations franco-américaines ne se sont pas encore totalement remises de l'opposition des Froggies à l'intervention militaire yankee en Irak.
Mais ce n'est pas le gouvernement français qui est visé ici. Ce sont les intellectuels de gauche, dont Le Monde diplomatique constitue le mensuel de référence. Quand on sait que les auteurs de NCIS sont plutôt d'obédience républicaine, on comprend qu'il ne s'agit pas ici d'un hommage. C'est de plus un moyen de caractériser le personnage du "méchant" : un type intelligent, cultivé... et plutôt progressiste.
Il restait à savoir si c'était un exemplaire réel du mensuel tiers-mondiste qui avait été utilisé. En observant attentivement l'image, on arrive à lire le titre de deux articles : "Pologne parano" (à gauche, au-dessus de la photographie) et "Travailler plus pour gagner moins", à droite (!).
Si vous avez suivi les liens ci-dessus, vous avez pu constater que les deux articles existent bel et bien et qu'ils datent d'avril 2007. Or, l'épisode 23 de la saison 4 de NCIS a été diffusé pour la première fois aux Etats-Unis le 8 mai 2007 (d'après Allociné). Il a sans doute été tourné quelques semaines auparavant, au mois d'avril... juste après la sortie du numéro du "Diplo". Voilà qui témoigne d'une belle réactivité !
P.S.
A ceux qui auraient l'exemplaire entre les mains, il reste à vérifier si les propos mis dans la bouche du trafiquant sont bien en rapport avec le contenu de l'un des articles du Monde diplomatique d'avril 2007, ou si c'est une manière d'appuyer le trait concernant le personnage, qui semble très intéressé par l'opéra et les ballets classiques.
P.S. II
Je me suis aperçu que je ne suis pas le premier à m'être intéressé à ce détail piquant... ce qui est fort logique, puisque l'épisode a été diffusé pour la première fois en France il y a plus de six ans :
http://l-esprit-de-l-escalier.hautetfort.com/archive/2008/08/24/la-grenouille-l-opera-de-paris-et-le-monde-diplomatique-fabl.html
15:41 Publié dans Politique étrangère, Presse, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, médias, france, états-unis, presse, journalisme