mardi, 21 janvier 2025
Je suis toujours là
Cette phrase pourrait être prononcée par deux personnages de cette fiction à caractère documentaire. De prime abord, on pense au père de famille, ancien député brésilien (de gauche), ingénieur, qui disparaît au début des années 1970, suite à une arrestation à son domicile. Son absence se fait cruellement sentir, elle rend sa présence (en pensées et en photographies) plus cruciale que jamais.
Mais cette phrase pourrait tout aussi bien sortir de la bouche de son épouse, archétype de la grande bourgeoise qui, après des études universitaires (sans doute inachevées), s'est dévouée à l'éducation des (cinq) enfants et à la tenue de la maison familiale. Formidablement incarnée par Fernanda Torres (qui mériterait de recevoir une statuette en mars prochain), l'épouse un peu compassée doit prendre les rênes de la famille et sortir de sa zone de confort. On la croit dévastée (ce qu'elle est, dans un premier temps), mais elle va bigrement rebondir, de manière assez inattendue (pour qui ne connaît pas l'histoire de la personne qui inspiré ce rôle).
En attendant cette opiniâtre transformation, Walter Salles nous livre une première partie très enlevée. Avec une image d'aspect pelliculaire, des couleurs parfois un peu saturées et une entraînante musique d'époque (brésilienne, anglo-saxonne... et même française), le réalisateur ressuscite le début des années 1970, dans la classe moyenne progressiste de Rio. Les premières années de la dictature militaire semblent avoir peu frappé cette élite, qui s'estime (peut-être à tort...) intouchable. On gagne bien sa vie, on s'amuse et, parfois, on aide les mouvements armés qui s'opposent au régime. Tout cela est montré avec subtilité et une certaine fluidité dans la mise en scène. Les interprètes sont excellents.
Au bout d'un moment, cela se dégrade. Commence alors une sorte de thriller politique, là encore brillamment mis en scène, avec une étonnante économie de moyens. Salles parvient à camper des ambiances très différentes, sans effet tape-à-l’œil. On pense à certains films consacrés à la dictature argentine (comme Garage Olimpo, Buenos Aires 1977, Agnus Dei, Rojo, et, l'an dernier, They shot the piano player) ou à son équivalent chilien (Nostalgie de la lumière, Le Bouton de nacre ou, plus récemment, Chili 1976, dont l'héroïne est aussi une femme).
La fin a parfois désarçonné certains spectateurs. Elle nous fait faire un petit bond dans le temps, nous projetant à une étape de la vie où la mémoire du passé revêt une importance particulière. J'ai trouvé cette conclusion très émouvante et le film, globalement, remarquable. C'est mon premier coup de cœur de l'année 2025.
20:22 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
dimanche, 19 janvier 2025
Personne n'y comprend rien
Le titre est une citation de Nicolas Sarkozy, lors d'un entretien télévisé au cours duquel il se défend des accusations portées contre lui. Les journalistes de Mediapart le "prennent au mot". Devant la caméra de Yannick Kergoat, ils ont pour objectif de rendre intelligible l'ensemble de ce qu'on peut appeler "le dossier Kadhafi", auquel ils ont déjà consacré un livre. L'avertissement du début comme le texte qui s'affiche à la fin (qui évoquent la présomption d'innocence) sont à considérer avec recul. Je pense que ce sont des précautions pour éviter des poursuites, le film étant un brûlot à charge, qui sort à point nommé, quand débute un nouveau procès de l'ancien président de la République.
Pour que cette heure quarante consacrée à des magouilles politico-financières ne soit pas trop austère, un dispositif audiovisuel a été mis en place. Le cœur du documentaire est constitué d'entretiens face caméra, dans ce qui ressemble à un appartement bourgeois du centre de Paris. Ces séquences sont croisées avec des archives télévisuelles, des extraits d'articles... presque tous de Mediapart (exceptionnellement du Monde ou de Libération, où a jadis travaillé Laske). Sur les affaires Sarkozy, il manque notamment les enquêtes du Canard enchaîné... mais, étant donné les mauvaises relations qu'entretient Laske avec sa direction, cette absence n'est guère étonnante.
A ce matériau de base sont ajoutés des documents issus des dossiers judiciaires, notamment des écoutes téléphoniques et des relevés de textos.
Enfin, de manière très pédagogique, une frise chronologique se déroule au bas de l'écran, pour situer tel ou tel événement dans l'historique des affaires politico-judiciaires.
C'est donc assez passionnant à suivre et cela nous fait revivre un pan de l'histoire de la Ve République, de la deuxième cohabitation (1993-1995) au début des années 2020. Outre Nicolas Sarkozy, les principales cibles des auteurs sont Claude Guéant et Brice Hortefeux, auxquels il faut ajouter Thierry Gaubert, "Mimi" Marchand, ainsi que les (troubles) intermédiaires Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri.
C'est dans l'utilisation des déclarations de ces deux derniers que l'on sent le plus l'orientation du film. Les journalistes ont choisi de considérer comme fiables les propos qui vont dans le sens de la condamnation de N. Sarkozy et tentent plutôt de démonter les affirmations qui vont en sens contraire. C'est peut-être la partie la moins convaincante du film. Le reste est assez accablant, mais fondé sur très peu de preuves tangibles. Le propos s'appuie bien sur des recoupements (principalement de déclarations), mais on aboutit plutôt à un faisceau de présomptions.
Ainsi, la seule preuve matérielle d'un versement d'argent reliant la Libye à l'entourage de Nicolas Sarkozy est un virement (en deux temps) de 440 000 euros, destiné à Thierry Gaubert, par l'intermédiaire de Z. Takieddine (plus précisément d'une de ses sociétés). Mais rien dans le film ne permet d'affirmer que cette somme, reçue par ce familier de N. Sarkozy, a un lien avec sa campagne présidentielle. Comme le précisent les auteurs du documentaire, Gaubert était de lui-même devenu proche de Z. Takieddine, indépendamment de sa relation avec le futur président de la République. Le versement, incontestablement originaire de Libye, pourrait avoir servi à autre chose.
Du coup, celles et ceux qui n'aiment pas l'ancien président trouveront que le film démontre implacablement sa culpabilité. Celles et ceux qui l'apprécient trouveront que la démonstration repose sur des bases fragiles. Pour moi, le financement de la campagne présidentielle de 2007 demeure toutefois incontestablement entaché de malversations... mais, si les avocats de N. Sarkozy se débrouillent bien, cela pourrait ne déboucher que sur la condamnation des "fusibles", en particulier Claude Guéant.
Une zone grise demeure inexpliquée : pourquoi le camp sarkozyste, qui semblait jusqu'en 2010 si proche du dictateur libyen, a-t-il aussi brutalement retourné sa veste ? (C'était avant que ne sortent les enquêtes.)
10:22 Publié dans Cinéma, Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, politique, france, médias, presse, journalisme
Personne n'y comprend rien
Le titre est une citation de Nicolas Sarkozy, lors d'un entretien télévisé au cours duquel il se défend des accusations portées contre lui. Les journalistes de Mediapart le "prennent au mot". Devant la caméra de Yannick Kergoat, ils ont pour objectif de rendre intelligible l'ensemble de ce qu'on peut appeler "le dossier Kadhafi", auquel ils ont déjà consacré un livre. L'avertissement du début comme le texte qui s'affiche à la fin (qui évoquent la présomption d'innocence) sont à considérer avec recul. Je pense que ce sont des précautions pour éviter des poursuites, le film étant un brûlot à charge, qui sort à point nommé, quand débute un nouveau procès de l'ancien président de la République.
Pour que cette heure quarante consacrée à des magouilles politico-financières ne soit pas trop austère, un dispositif audiovisuel a été mis en place. Le cœur du documentaire est constitué d'entretiens face caméra, dans ce qui ressemble à un appartement bourgeois du centre de Paris. Ces séquences sont croisées avec des archives télévisuelles, des extraits d'articles... presque tous de Mediapart (exceptionnellement du Monde ou de Libération, où a jadis travaillé Laske). Sur les affaires Sarkozy, il manque notamment les enquêtes du Canard enchaîné... mais, étant donné les mauvaises relations qu'entretient Laske avec sa direction, cette absence n'est guère étonnante.
A ce matériau de base sont ajoutés des documents issus des dossiers judiciaires, notamment des écoutes téléphoniques et des relevés de textos.
Enfin, de manière très pédagogique, une frise chronologique se déroule au bas de l'écran, pour situer tel ou tel événement dans l'historique des affaires politico-judiciaires.
C'est donc assez passionnant à suivre et cela nous fait revivre un pan de l'histoire de la Ve République, de la deuxième cohabitation (1993-1995) au début des années 2020. Outre Nicolas Sarkozy, les principales cibles des auteurs sont Claude Guéant et Brice Hortefeux, auxquels il faut ajouter Thierry Gaubert, "Mimi" Marchand, ainsi que les (troubles) intermédiaires Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri.
C'est dans l'utilisation des déclarations de ces deux derniers que l'on sent le plus l'orientation du film. Les journalistes ont choisi de considérer comme fiables les propos qui vont dans le sens de la condamnation de N. Sarkozy et tentent plutôt de démonter les affirmations qui vont en sens contraire. C'est peut-être la partie la moins convaincante du film. Le reste est assez accablant, mais fondé sur très peu de preuves tangibles. Le propos s'appuie bien sur des recoupements (principalement de déclarations), mais on aboutit plutôt à un faisceau de présomptions.
Ainsi, la seule preuve matérielle d'un versement d'argent reliant la Libye à l'entourage de Nicolas Sarkozy est un virement (en deux temps) de 440 000 euros, destiné à Thierry Gaubert, par l'intermédiaire de Z. Takieddine (plus précisément d'une de ses sociétés). Mais rien dans le film ne permet d'affirmer que cette somme, reçue par ce familier de N. Sarkozy, a un lien avec sa campagne présidentielle. Comme le précisent les auteurs du documentaire, Gaubert était de lui-même devenu proche de Z. Takieddine, indépendamment de sa relation avec le futur président de la République. Le versement, incontestablement originaire de Libye, pourrait avoir servi à autre chose.
Du coup, celles et ceux qui n'aiment pas l'ancien président trouveront que le film démontre implacablement sa culpabilité. Celles et ceux qui l'apprécient trouveront que la démonstration repose sur des bases fragiles. Pour moi, le financement de la campagne présidentielle de 2007 demeure toutefois incontestablement entaché de malversations... mais, si les avocats de N. Sarkozy se débrouillent bien, cela pourrait ne déboucher que sur la condamnation des "fusibles", en particulier Claude Guéant.
Une zone grise demeure inexpliquée : pourquoi le camp sarkozyste, qui semblait jusqu'en 2010 si proche du dictateur libyen, a-t-il aussi brutalement retourné sa veste ? (C'était avant que ne sortent les enquêtes.)
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samedi, 18 janvier 2025
Hiver à Sokcho
Réalisée par un Franco-Japonais, cette adaptation d'un roman évoque la rencontre de l'Orient et de l'Occident, à travers un métissage franco-(sud-)coréen. L'action se déroule dans une petite ville de province, Sokcho, à proximité de la Corée du Nord.
Cette localisation est l'occasion, pour le réalisateur, de placer l'une de ses séquences aux alentours de la célèbre DMZ, zone démilitarisée qui sert de frontière entre les deux Corée... et qui se visite (sous certaines conditions).
Le début est assez emballant, avec des plans en panoramique ou en travelling, qui présentent le paysage (urbain comme rural) de manière inspirée. Le souci esthétique ne conduit cependant pas le réalisateur à nous livrer une carte postale de cette région : le dessinateur Yann Kerrand (Roschdy Zem, qu'on déjà vu bien meilleur ailleurs) semble débarquer dans une province reculée et loge dans l'une des plus mauvaises chambres d'un hôtel médiocre.
J'ai d'ailleurs été agacé par ce personnage. C'est un Français plutôt mal élevé, un peu mufle sur les bords (et peut-être aussi au milieu), avec un côté "artiste" qu'on a trop exagéré à mon goût. J'ai davantage apprécié la composition de Bella Kim en jeune femme entre deux mondes, trop française pour être considérée par certains de ses concitoyens comme une compatriote pur jus et trop coréenne pour pouvoir passer pour une authentique Française.
A travers son personnage, on nous fait aussi toucher du doigt la pression sociale qui pèse sur les jeunes femmes. Au-delà d'un certain âge, il faut être mariée et il convient de se plier aux canons modernes de la beauté. Le problème est que, quand on voit la comédienne (que je trouve ravissante), on se dit que certaines réflexions sont hors-sujet, ou bien révèlent la bêtise des personnes qui les profèrent, complètement bouffées par la banalisation du recours à la chirurgie esthétique dans ce pays. En revanche, rien ne nous est dit des difficultés qu'a pu rencontrer la mère à élever seule sa fille, de surcroît issue d'une union avec un étranger.
Pendant la majorité du film, le doute demeure sur le personnage de Yann Kerrand : est-il ou pas le père de Soo-Ha ? Qu'est-il réellement venu faire dans ce bled ? Et la jeune femme, que cherche-t-elle en se rapprochant de lui ?
La résolution de ces pseudo-énigmes n'est guère passionnante. En revanche, de nombreuses scènes font preuve d'un véritable sens de la mise en scène, avec une habile utilisation des grands espaces (une plage, un pont urbain) comme des ambiances confinées (une chambre d'hôtel, une minuscule salle de bains). Les scènes de repas sont de plus très alléchantes, faisant un peu penser à L'Odeur de la papaye verte, de Tran Anh Hung.
Du coup, je suis sorti de là mitigé. La forme est réussie, mais je trouve que le fond manque de substance ; il est de plus parfois abordé de manière maladroite.
19:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Hiver à Sokcho
Réalisée par un Franco-Japonais, cette adaptation d'un roman évoque la rencontre de l'Orient et de l'Occident, à travers un métissage franco-(sud-)coréen. L'action se déroule dans une petite ville de province, Sokcho, à proximité de la Corée du Nord.
Cette localisation est l'occasion, pour le réalisateur, de placer l'une de ses séquences aux alentours de la célèbre DMZ, zone démilitarisée qui sert de frontière entre les deux Corée... et qui se visite (sous certaines conditions).
Le début est assez emballant, avec des plans en panoramique ou en travelling, qui présentent le paysage (urbain comme rural) de manière inspirée. Le souci esthétique ne conduit cependant pas le réalisateur à nous livrer une carte postale de cette région : le dessinateur Yann Kerrand (Roschdy Zem, qu'on déjà vu bien meilleur ailleurs) semble débarquer dans une province reculée et loge dans l'une des plus mauvaises chambres d'un hôtel médiocre.
J'ai d'ailleurs été agacé par ce personnage. C'est un Français plutôt mal élevé, un peu mufle sur les bords (et peut-être aussi au milieu), avec un côté "artiste" qu'on a trop exagéré à mon goût. J'ai davantage apprécié la composition de Bella Kim en jeune femme entre deux mondes, trop française pour être considérée par certains de ses concitoyens comme une compatriote pur jus et trop coréenne pour pouvoir passer pour une authentique Française.
A travers son personnage, on nous fait aussi toucher du doigt la pression sociale qui pèse sur les jeunes femmes. Au-delà d'un certain âge, il faut être mariée et il convient de se plier aux canons modernes de la beauté. Le problème est que, quand on voit la comédienne (que je trouve ravissante), on se dit que certaines réflexions sont hors-sujet, ou bien révèlent la bêtise des personnes qui les profèrent, complètement bouffées par la banalisation du recours à la chirurgie esthétique dans ce pays. En revanche, rien ne nous est dit des difficultés qu'a pu rencontrer la mère à élever seule sa fille, de surcroît issue d'une union avec un étranger.
Pendant la majorité du film, le doute demeure sur le personnage de Yann Kerrand : est-il ou pas le père de Soo-Ha ? Qu'est-il réellement venu faire dans ce bled ? Et la jeune femme, que cherche-t-elle en se rapprochant de lui ?
La résolution de ces pseudo-énigmes n'est guère passionnante. En revanche, de nombreuses scènes font preuve d'un véritable sens de la mise en scène, avec une habile utilisation des grands espaces (une plage, un pont urbain) comme des ambiances confinées (une chambre d'hôtel, une minuscule salle de bains). Les scènes de repas sont de plus très alléchantes, faisant un peu penser à L'Odeur de la papaye verte, de Tran Anh Hung.
Du coup, je suis sorti de là mitigé. La forme est réussie, mais je trouve que le fond manque de substance ; il est de plus parfois abordé de manière maladroite.
19:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Conclave (le roman)
Quand j'ai évoqué le fait que Conclave, le récent film d'Edward Berger, était l'adaptation d'un roman éponyme, j'ai, presque toujours, provoqué la surprise chez mes interlocuteurs. Pourtant, le bouquin a connu le succès lors de sa sortie en France. Il a bénéficié d'une édition de poche en 2016 et il est ressorti depuis, avec une nouvelle couverture (liée au film). C'est la précédente édition que je me suis procurée, à la fin de l'année dernière :
L'auteur, Robert Harris, est un ancien journaliste, reconverti dans le roman historique, genre dans lequel il a connu le succès (un succès mérité selon moi). J'ai lu plusieurs de ses livres et je n'ai jamais été déçu. Parmi ceux-ci, je conseille notamment Fatherland, Enigma et Archange.
L'adaptation cinématographique est assez fidèle au roman. Parmi les différences, il en est une qui est d'importance : le personnage principal (le Doyen). Dans le film, il s'agit du cardinal Lawrence (un Britannique), interprété (avec talent) par Ralph Fiennes. Mais, dans le roman, ce personnage est italien et s'appelle Lomeli. Cela donne une sensibilité légèrement différente à certaines scènes, selon qu'on les a lues ou vues filmées.
La trame de l'intrigue est grosso modo la même. J'ai préféré le roman en raison des détails supplémentaires qu'il fournit (notamment sur les scrutins). Je trouve aussi qu'il est plus évocateur, sur le plan visuel, quand il est question des déplacements des cardinaux ou des tableaux présents au Vatican. (C'est peut-être dû aussi au talent de la traductrice, Natalie Zimmermann.)
Quand on a vu le film avant de lire le roman (ce qui est mon cas), on repère, à intervalle régulier, les indices disséminés par l'auteur pour annoncer l'ultime coup de théâtre, qui est le même dans les deux œuvres. Du coup, je trouve que la révélation finale est moins abrupte dans le roman que dans le film... et, donc, pour moi, moins grotesque.
(Il serait intéressant de connaître l'opinion de personnes qui ont lu le roman avant, pour savoir si leur ressenti est le même.)
10:52 Publié dans Cinéma, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, roman, littétarure, livre, livres
Conclave (le roman)
Quand j'ai évoqué le fait que Conclave, le récent film d'Edward Berger, était l'adaptation d'un roman éponyme, j'ai, presque toujours, provoqué la surprise chez mes interlocuteurs. Pourtant, le bouquin a connu le succès lors de sa sortie en France. Il a bénéficié d'une édition de poche en 2016 et il est ressorti depuis, avec une nouvelle couverture (liée au film). C'est la précédente édition que je me suis procurée, à la fin de l'année dernière :
L'auteur, Robert Harris, est un ancien journaliste, reconverti dans le roman historique, genre dans lequel il a connu le succès (un succès mérité selon moi). J'ai lu plusieurs de ses livres et je n'ai jamais été déçu. Parmi ceux-ci, je conseille notamment Fatherland, Enigma et Archange.
L'adaptation cinématographique est assez fidèle au roman. Parmi les différences, il en est une qui est d'importance : le personnage principal (le Doyen). Dans le film, il s'agit du cardinal Lawrence (un Britannique), interprété (avec talent) par Ralph Fiennes. Mais, dans le roman, ce personnage est italien et s'appelle Lomeli. Cela donne une sensibilité légèrement différente à certaines scènes, selon qu'on les a lues ou vues filmées.
La trame de l'intrigue est grosso modo la même. J'ai préféré le roman en raison des détails supplémentaires qu'il fournit (notamment sur les scrutins). Je trouve aussi qu'il est plus évocateur, sur le plan visuel, quand il est question des déplacements des cardinaux ou des tableaux présents au Vatican. (C'est peut-être dû aussi au talent de la traductrice, Natalie Zimmermann.)
Quand on a vu le film avant de lire le roman (ce qui est mon cas), on repère, à intervalle régulier, les indices disséminés par l'auteur pour annoncer l'ultime coup de théâtre, qui est le même dans les deux œuvres. Du coup, je trouve que la révélation finale est moins abrupte dans le roman que dans le film... et, donc, pour moi, moins grotesque.
(Il serait intéressant de connaître l'opinion de personnes qui ont lu le roman avant, pour savoir si leur ressenti est le même.)
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vendredi, 10 janvier 2025
Criminal Squad : Pantera
Pour profiter pleinement de ce film d'action moulé à la louche, roulé sous aisselles, il n'est pas nécessaire d'avoir vu le premier volet, sorti il y a sept ans.
En revanche, je conseille de choisir une séance en version originale sous-titrée, le plurilinguisme des dialogues contribuant au sel de l'intrigue. Pensez donc : les deux "héros" sont citoyens états-uniens (parlant donc l'anglo-américain, leurs tentatives dans d'autres langues se révélant en général pathétiques), ils vont s'associer avec de redoutables braqueurs originaires des Balkans (parlant le serbo-croate... et sans doute inspirés de la bande des Pink Panthers), se retrouver confrontés à une mafia italienne (pudiquement appelée Octopus...), le tout se déroulant d'abord à Anvers (avec quelques Flamands, pas roses du tout), puis à Nice (en fait aux Canaries, mais bon, on va pas chipoter...).
Du coup, on entend souvent causer dans la langue de Molière François Bayrou, par d'authentiques acteurs francophones... et par d'autres, s'exprimant dans ce qu'on appelle parfois "le français de Hollywood", qui peut passer pour du français pur jus aux oreilles d'un public anglo-saxon qui n'est jamais venu en vacances dans l'Hexagone.
Deux braquages sont au cœur de l'intrigue. Le premier n'est qu'un avant-goût, mais il est efficacement mis en scène. Toutefois, avant qu'on nous serve le plat de résistance de ce film (la séquence du second braquage, vraiment très réussie), il faut attendre un peu et supporter plusieurs scènes plus ou moins bien jouées/dirigées. On a ainsi droit à quelques idées reçues sur les Frenchies (en retard à leurs rendez-vous, bouffeurs de croissants, obnubilés par le football et pas très futés). Quelques traits d'humour font mouche, mais le bilan global est plus que mitigé.
C'est un peu à l'image de la distribution. Gerard Butler (qui coproduit le film, notamment avec le rappeur 50cent...) ne cesse de décliner physiquement. Resplendissant jadis dans 300, il avait encore de l'allant dans La Chute de Londres, beaucoup moins dans La Chute du président et Mayday. Il est désormais proche de la clochardisation. Le réalisateur Christian Gudegast filme avec putasserie gourmandise l'ancien héros qui a perdu de sa superbe... et qui doit désormais compter au moins autant sur son intellect que sur son physique. C'est pas gagné...
Fort heureusement, il est bien entouré. Plusieurs seconds rôles sont incarnés par des vedettes de MMA, musculeuses et teigneuses comme il faut... la plus redoutable étant pourtant Jovanna, une organisatrice aussi séduisante qu'intelligente et déterminée, interprétée par Evin Ahmad, peut-être la révélation de ce film, où elle fait chavirer le cœur de quelques gros bras (sans parler de ceux des spectateurs masculins de la salle).
Complot, faux-semblants, cascades, gadgets numériques et poursuite en voiture sont au programme. On ne s'ennuie pas... mais l'on se désole de l'ultime coup de théâtre, aussi invraisemblable qu'inutile.
22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Criminal Squad : Pantera
Pour profiter pleinement de ce film d'action moulé à la louche, roulé sous aisselles, il n'est pas nécessaire d'avoir vu le premier volet, sorti il y a sept ans.
En revanche, je conseille de choisir une séance en version originale sous-titrée, le plurilinguisme des dialogues contribuant au sel de l'intrigue. Pensez donc : les deux "héros" sont citoyens états-uniens (parlant donc l'anglo-américain, leurs tentatives dans d'autres langues se révélant en général pathétiques), ils vont s'associer avec de redoutables braqueurs originaires des Balkans (parlant le serbo-croate... et sans doute inspirés de la bande des Pink Panthers), se retrouver confrontés à une mafia italienne (pudiquement appelée Octopus...), le tout se déroulant d'abord à Anvers (avec quelques Flamands, pas roses du tout), puis à Nice (en fait aux Canaries, mais bon, on va pas chipoter...).
Du coup, on entend souvent causer dans la langue de Molière François Bayrou, par d'authentiques acteurs francophones... et par d'autres, s'exprimant dans ce qu'on appelle parfois "le français de Hollywood", qui peut passer pour du français pur jus aux oreilles d'un public anglo-saxon qui n'est jamais venu en vacances dans l'Hexagone.
Deux braquages sont au cœur de l'intrigue. Le premier n'est qu'un avant-goût, mais il est efficacement mis en scène. Toutefois, avant qu'on nous serve le plat de résistance de ce film (la séquence du second braquage, vraiment très réussie), il faut attendre un peu et supporter plusieurs scènes plus ou moins bien jouées/dirigées. On a ainsi droit à quelques idées reçues sur les Frenchies (en retard à leurs rendez-vous, bouffeurs de croissants, obnubilés par le football et pas très futés). Quelques traits d'humour font mouche, mais le bilan global est plus que mitigé.
C'est un peu à l'image de la distribution. Gerard Butler (qui coproduit le film, notamment avec le rappeur 50cent...) ne cesse de décliner physiquement. Resplendissant jadis dans 300, il avait encore de l'allant dans La Chute de Londres, beaucoup moins dans La Chute du président et Mayday. Il est désormais proche de la clochardisation. Le réalisateur Christian Gudegast filme avec putasserie gourmandise l'ancien héros qui a perdu de sa superbe... et qui doit désormais compter au moins autant sur son intellect que sur son physique. C'est pas gagné...
Fort heureusement, il est bien entouré. Plusieurs seconds rôles sont incarnés par des vedettes de MMA, musculeuses et teigneuses comme il faut... la plus redoutable étant pourtant Jovanna, une organisatrice aussi séduisante qu'intelligente et déterminée, interprétée par Evin Ahmad, peut-être la révélation de ce film, où elle fait chavirer le cœur de quelques gros bras (sans parler de ceux des spectateurs masculins de la salle).
Complot, faux-semblants, cascades, gadgets numériques et poursuite en voiture sont au programme. On ne s'ennuie pas... mais l'on se désole de l'ultime coup de théâtre, aussi invraisemblable qu'inutile.
22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 04 janvier 2025
Six jours
Au début de l'histoire, ces six jours sont ceux qu'il reste à la police pour boucler une enquête criminelle (ou, du moins, trouver de nouveaux éléments permettant d'obtenir le prolongement du délai) avant que la prescription ne soit atteinte. Aujourd'hui, le délai a été porté à trente ans mais, à l'époque, il ne courait que sur dix ans.
Une partie du film est donc constituée d'une course contre la montre, celle que mènent un commandant de police obstiné (Sami Bouajila, impeccable) et la mère d'une enfant (Julie Gayet, surprenante), une cadre sup' qui n'a pas coutume de renoncer. A cette trame principale se mêlent des événements s'étant déroulés dix ans auparavant... et d'autres, se produisant, à l'inverse, des mois plus tard. C'est l'occasion de souligner la qualité du montage, à deux niveaux. D'une part, il croise habilement les époques, celles-ci étant identifiables sans peine. D'autre part, à certains moments, une scène est volontairement coupée pour que nous n'en connaissions pas immédiatement la conclusion. Cela provoque un effet de suspens et nous oblige à nous poser des questions quand on voit une scène ultérieure, sans savoir exactement comment la précédente s'est achevée.
Vous me sentez emballé par ce film (et c'est le cas)... et pourtant, au début, j'ai eu très peur. La première séquence m'est apparue trop mélo, larmoyante, avec une grosse musique pour souligner le drame. De surcroît, j'avais du mal à comprendre précisément comment un personnage pouvait être décédé. Il convient toutefois d'être très attentif à ce qu'on nous montre, parce que nous allons revivre cette séquence à deux reprises. Du point de vue d'une femme, on passe à celui d'un homme (qui revit ce moment traumatique), puis à celui d'un troisième personnage, vers la fin.
C'est donc une histoire très bien conçue, bien filmée (par l'auteur d'Insensibles), même si l'on a parfois un peu abusé de la pluie (ce qui peut s'expliquer par le fait que l'intrigue est inspirée de celle d'un film sud-coréen). Les acteurs sont épatants. Bouajila et Gayet sont (efficacement) épaulés par des figures de la fiction télévisuelle : Marilyne Canto, Manon Azem (une ex de Section de recherches), Philippe Resimont, Dimitri Storoge, Yannick Choirat, Gilles Cohen.
Je ne vais pas trop en rajouter, mais sachez que l'intrigue comporte une sorte de twist et que celui-ci est porteur de sens. Comme dans le récent Juré n°2 d'Eastwood, à un moment, certains personnages se demandent si la morale est compatible avec le strict respect de la loi. Même si leurs histoires sont différentes, ces deux films mettent en scène de manière convaincante un dilemme moral. Cela permet à ce modeste polar d'attendre un niveau inattendu. C'est l'excellente surprise de ce début d'année 2025.
23:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Six jours
Au début de l'histoire, ces six jours sont ceux qu'il reste à la police pour boucler une enquête criminelle (ou, du moins, trouver de nouveaux éléments permettant d'obtenir le prolongement du délai) avant que la prescription ne soit atteinte. Aujourd'hui, le délai a été porté à trente ans mais, à l'époque, il ne courait que sur dix ans.
Une partie du film est donc constituée d'une course contre la montre, celle que mènent un commandant de police obstiné (Sami Bouajila, impeccable) et la mère d'une enfant (Julie Gayet, surprenante), une cadre sup' qui n'a pas coutume de renoncer. A cette trame principale se mêlent des événements s'étant déroulés dix ans auparavant... et d'autres, se produisant, à l'inverse, des mois plus tard. C'est l'occasion de souligner la qualité du montage, à deux niveaux. D'une part, il croise habilement les époques, celles-ci étant identifiables sans peine. D'autre part, à certains moments, une scène est volontairement coupée pour que nous n'en connaissions pas immédiatement la conclusion. Cela provoque un effet de suspens et nous oblige à nous poser des questions quand on voit une scène ultérieure, sans savoir exactement comment la précédente s'est achevée.
Vous me sentez emballé par ce film (et c'est le cas)... et pourtant, au début, j'ai eu très peur. La première séquence m'est apparue trop mélo, larmoyante, avec une grosse musique pour souligner le drame. De surcroît, j'avais du mal à comprendre précisément comment un personnage pouvait être décédé. Il convient toutefois d'être très attentif à ce qu'on nous montre, parce que nous allons revivre cette séquence à deux reprises. Du point de vue d'une femme, on passe à celui d'un homme (qui revit ce moment traumatique), puis à celui d'un troisième personnage, vers la fin.
C'est donc une histoire très bien conçue, bien filmée (par l'auteur d'Insensibles), même si l'on a parfois un peu abusé de la pluie (ce qui peut s'expliquer par le fait que l'intrigue est inspirée de celle d'un film sud-coréen). Les acteurs sont épatants. Bouajila et Gayet sont (efficacement) épaulés par des figures de la fiction télévisuelle : Marilyne Canto, Manon Azem (une ex de Section de recherches), Philippe Resimont, Dimitri Storoge, Yannick Choirat, Gilles Cohen.
Je ne vais pas trop en rajouter, mais sachez que l'intrigue comporte une sorte de twist et que celui-ci est porteur de sens. Comme dans le récent Juré n°2 d'Eastwood, à un moment, certains personnages se demandent si la morale est compatible avec le strict respect de la loi. Même si leurs histoires sont différentes, ces deux films mettent en scène de manière convaincante un dilemme moral. Cela permet à ce modeste polar d'attendre un niveau inattendu. C'est l'excellente surprise de ce début d'année 2025.
23:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Sarah Bernhardt, la Divine
Ce faux biopic entrelace plusieurs périodes marquantes de la vie de la célèbre comédienne, en particulier 1896 (avec la journée hommage organisée en son honneur) et les années 1914-1923, les dernières de son existence tumultueuse. Diverses allusions à d'autres époques (notamment les années 1870 et 1880) parsèment l'intrigue, afin de brosser un portrait sensé être fidèle d'une femme hors du commun.
Pour l'incarner, il fallait une actrice d'exception : Sandrine Kiberlain, entourée d'une fine équipe empruntée à la Comédie française, à laquelle l'héroïne a d'ailleurs appartenu.
Derrière la caméra se trouve Guillaume Nicloux, qui nous a ravis l'an dernier avec Dans la peau de Blanche Houellebecq. Hélas, la plupart du temps, son talent n'est guère perceptible... à part dans la scène du début, qui n'est pas ce qu'elle semble être de prime abord. La suite est beaucoup plus conventionnelle, comme un film de commande.
Je suis aussi partagé à propos des dialogues. On a certes ménagé de nombreuses saillies au personnage principal (qui n'avait pas la langue dans sa poche et faisait souvent preuve d'une déstabilisante franchise), mais, trop souvent, on place des répliques littéraires dans la bouche d'acteurs qui ont l'air engoncé dans leurs beaux habits. (Ces tenues, tout comme les décors, flamboyants, sont toutefois à porter au crédit du film.)
Concernant le fond, là encore je ne suis guère enthousiasmé. J'ai eu l'impression qu'on juxtaposait des épisodes, plus précisément des rencontres : Sarah Bernhardt et la Guerre de 14, Sarah Bernahrdt et l'Affaire Dreyfus, Sarah Bernhardt et Victor Hugo, Sarah Bernardt et Edmond Rostand, Sarah Bernhardt et Sacha Guitry, Sarah Bernhardt et Emile Zola (à propos duquel le film affirme -de manière erronée- que c'est la comédienne qui l'aurait poussé à écrire son J'Accuse !)... Je pense qu'on a aussi exagéré la place occupée par sa liaison avec Lucien Guitry (très bien incarné par Laurent Lafitte, ceci dit).
La volonté de faire l'éloge d'une femme libre, intellectuellement et sexuellement, est tout à fait respectable, mais le résultat, sans être déshonorant, est un peu "pompier".
16:03 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Sarah Bernhardt, la Divine
Ce faux biopic entrelace plusieurs périodes marquantes de la vie de la célèbre comédienne, en particulier 1896 (avec la journée hommage organisée en son honneur) et les années 1914-1923, les dernières de son existence tumultueuse. Diverses allusions à d'autres époques (notamment les années 1870 et 1880) parsèment l'intrigue, afin de brosser un portrait sensé être fidèle d'une femme hors du commun.
Pour l'incarner, il fallait une actrice d'exception : Sandrine Kiberlain, entourée d'une fine équipe empruntée à la Comédie française, à laquelle l'héroïne a d'ailleurs appartenu.
Derrière la caméra se trouve Guillaume Nicloux, qui nous a ravis l'an dernier avec Dans la peau de Blanche Houellebecq. Hélas, la plupart du temps, son talent n'est guère perceptible... à part dans la scène du début, qui n'est pas ce qu'elle semble être de prime abord. La suite est beaucoup plus conventionnelle, comme un film de commande.
Je suis aussi partagé à propos des dialogues. On a certes ménagé de nombreuses saillies au personnage principal (qui n'avait pas la langue dans sa poche et faisait souvent preuve d'une déstabilisante franchise), mais, trop souvent, on place des répliques littéraires dans la bouche d'acteurs qui ont l'air engoncé dans leurs beaux habits. (Ces tenues, tout comme les décors, flamboyants, sont toutefois à porter au crédit du film.)
Concernant le fond, là encore je ne suis guère enthousiasmé. J'ai eu l'impression qu'on juxtaposait des épisodes, plus précisément des rencontres : Sarah Bernhardt et la Guerre de 14, Sarah Bernahrdt et l'Affaire Dreyfus, Sarah Bernhardt et Victor Hugo, Sarah Bernardt et Edmond Rostand, Sarah Bernhardt et Sacha Guitry, Sarah Bernhardt et Emile Zola (à propos duquel le film affirme -de manière erronée- que c'est la comédienne qui l'aurait poussé à écrire son J'Accuse !)... Je pense qu'on a aussi exagéré la place occupée par sa liaison avec Lucien Guitry (très bien incarné par Laurent Lafitte, ceci dit).
La volonté de faire l'éloge d'une femme libre, intellectuellement et sexuellement, est tout à fait respectable, mais le résultat, sans être déshonorant, est un peu "pompier".
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vendredi, 03 janvier 2025
Un Ours dans le Jura
Comme le déclarent assez vite deux des protagonistes de cette histoire, il n'y a pas d'ours dans le Jura... ou plutôt il n'y en a plus, depuis le milieu du XIXe siècle. Et pourtant... la première séquence nous présente un plantigrade d'assez grande taille, ma foi... en tout cas assez grand pour foutre la trouille aux humains qu'il croise. L'effet domino provoqué par sa présence, croisée avec celle de trois groupes d'humains, est efficacement mis en scène et monté.
Cela m'a mis dans de bonnes dispositions... et heureusement, parce que la suite n'est pas sans défauts, ni invraisemblances. Ainsi, quand Michel, le père de famille (Dubosc, plus ou moins convaincant) raconte ce dont il est responsable, il ne veille pas à ce que son fils n'entende pas. Plus loin, d'un plan à l'autre, son épouse (Laure Camaly, excellente) porte ou ne porte pas de gants, à un moment où c'est particulièrement crucial. Je pourrais aussi parler d'un téléphone portable, qu'une personne montre à un gendarme et qu'elle semble oublier de reprendre quand elle quitte le poste...
Néanmoins, globalement, la mécanique du rire fonctionne. Une ambiance à la Fargo règne dans cette partie du Jura, dont les habitants ne sont pas particulièrement futés... et où l'on prend parfois quelques libertés avec le respect strict de la loi. Compte tenu de la place que prend le personnage de Cathy (qui a les couilles que semble avoir perdues son mari), j'ai aussi pensé à Bonne conduite, où Laure Calamy s'était déjà distinguée.
Les autre seconds rôles sont en général bien campés. Emmanuelle Devos nous gratifie d'une jolie prestation en tenancière du Cupidon, un établissement pour adultes consentants... et les truands sont particulièrement redoutables, interprétés par des acteurs qui ont des tronches patibulaires (mais presque). Poelvoorde incarne un major de gendarmerie à la fois dépressif et débonnaire... mais le personnage de sa fille est vraiment agaçant (même si sa petite aventure nocturne ne manque pas de saveur). De manière générale, je trouve qu'on nous représente des parents plutôt laxistes avec leurs enfants. Quant au curé, je l'ai trouvé joué de manière appuyée (à l'image de certaines scènes d'ailleurs). Dubosc vise le comique de base, il ne fait pas dans la dentelle... et cela fonctionne.
Le film se veut aussi rassembleur sur certains thèmes. Ainsi, le couple formé par Cathy et Michel bat de l'aile et cette aventure va le ressouder. Dans le même ordre d'idée, les gendarmes sont dépeints comme bienveillants, notamment avec les migrants clandestins, qui sont tous des gars gentils. Enfin, le "pognon de dingue" récupéré dans le sac de sport va susciter beaucoup de convoitises... et finir par "ruisseler" sur le village. (On notera toutefois que certains bénéficiaires se lancent dans des achats qui n'ont pas grand chose à voir avec la subsistance.)
Au final, j'ai passé un bon moment, mais cela ne restera pas dans les mémoires.
P.S.
Aux spectateurs qui restent jusqu'à la fin, on propose une scène supplémentaire, qui voit le retour d'un protagoniste du début (indice : il s'appelle Valentin)...
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Un Ours dans le Jura
Comme le déclarent assez vite deux des protagonistes de cette histoire, il n'y a pas d'ours dans le Jura... ou plutôt il n'y en a plus, depuis le milieu du XIXe siècle. Et pourtant... la première séquence nous présente un plantigrade d'assez grande taille, ma foi... en tout cas assez grand pour foutre la trouille aux humains qu'il croise. L'effet domino provoqué par sa présence, croisée avec celle de trois groupes d'humains, est efficacement mis en scène et monté.
Cela m'a mis dans de bonnes dispositions... et heureusement, parce que la suite n'est pas sans défauts, ni invraisemblances. Ainsi, quand Michel, le père de famille (Dubosc, plus ou moins convaincant) raconte ce dont il est responsable, il ne veille pas à ce que son fils n'entende pas. Plus loin, d'un plan à l'autre, son épouse (Laure Camaly, excellente) porte ou ne porte pas de gants, à un moment où c'est particulièrement crucial. Je pourrais aussi parler d'un téléphone portable, qu'une personne montre à un gendarme et qu'elle semble oublier de reprendre quand elle quitte le poste...
Néanmoins, globalement, la mécanique du rire fonctionne. Une ambiance à la Fargo règne dans cette partie du Jura, dont les habitants ne sont pas particulièrement futés... et où l'on prend parfois quelques libertés avec le respect strict de la loi. Compte tenu de la place que prend le personnage de Cathy (qui a les couilles que semble avoir perdues son mari), j'ai aussi pensé à Bonne conduite, où Laure Calamy s'était déjà distinguée.
Les autre seconds rôles sont en général bien campés. Emmanuelle Devos nous gratifie d'une jolie prestation en tenancière du Cupidon, un établissement pour adultes consentants... et les truands sont particulièrement redoutables, interprétés par des acteurs qui ont des tronches patibulaires (mais presque). Poelvoorde incarne un major de gendarmerie à la fois dépressif et débonnaire... mais le personnage de sa fille est vraiment agaçant (même si sa petite aventure nocturne ne manque pas de saveur). De manière générale, je trouve qu'on nous représente des parents plutôt laxistes avec leurs enfants. Quant au curé, je l'ai trouvé joué de manière appuyée (à l'image de certaines scènes d'ailleurs). Dubosc vise le comique de base, il ne fait pas dans la dentelle... et cela fonctionne.
Le film se veut aussi rassembleur sur certains thèmes. Ainsi, le couple formé par Cathy et Michel bat de l'aile et cette aventure va le ressouder. Dans le même ordre d'idée, les gendarmes sont dépeints comme bienveillants, notamment avec les migrants clandestins, qui sont tous des gars gentils. Enfin, le "pognon de dingue" récupéré dans le sac de sport va susciter beaucoup de convoitises... et finir par "ruisseler" sur le village. (On notera toutefois que certains bénéficiaires se lancent dans des achats qui n'ont pas grand chose à voir avec la subsistance.)
Au final, j'ai passé un bon moment, mais cela ne restera pas dans les mémoires.
P.S.
Aux spectateurs qui restent jusqu'à la fin, on propose une scène supplémentaire, qui voit le retour d'un protagoniste du début (indice : il s'appelle Valentin)...
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 31 décembre 2024
Les "Riton" 2024
Voici venu le temps des rires et des chants des palmarès en tout genre. Comme le veut la tradition inaugurée il y a 18 ans (comme le temps passe...) sur ce blog, je vais proposer mon palmarès cinématographique de l'année écoulée. Pas plus que pour les précédentes promotions, je n'ai pu effectuer un choix limité à un podium, ni même à dix films.
Cette année 2024 a été marquée, pour moi, par un retour gagnant de la comédie. C'est d'ailleurs l'une d'entre elles (que je n'inclus pas dans ce palmarès), qui arrive en tête des entrées, en France : Un p'tit truc en plus.
Riton de la comédie malpensante : Dans la peau de Blanche Houellebecq
Riton de la comédie misanthrope : Dîner à l'anglaise
Riton de la comédie incisive : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant (un des films de l'année)
Riton de la comédie mordante : Le Procès du chien
Riton de la comédie sépulcrale : Beetlejuice Beetlejuice (un des films de l'année)
Riton de la comédie qui tombe à l'eau : A toute allure
Riton de la comédie qui tombe à pic : The Fall Guy (un des films de l'année)
Riton de la comédie casse-gueule : Le Deuxième Acte
Riton de la comédie sans queue ni tête : Daaaaaali ! (un des films de l'année)
2024 fut aussi un bon cru pour les polars, plus ou moins déjantés.
Riton du polar (presque) sans queue : Drive-away Dolls
Riton du polar "burné" : LaRoy (un des films de l'année)
Riton du polar au masculin : A Man
Riton du polar maternel : Sons
Riton du polar de gonzesses : Santosh (un des films de l'année)
Riton du polar juridique : Le Fil
Riton du polar historique : Le Tableau volé
Cela m'amène tout naturellement aux films à caractère historique, peu nombreux dans ce florilège, mais marquants.
Riton du film antiraciste subtil : Chien blanc
Riton du film anti-communiste efficace : Rendez-vous avec Pol Pot
Riton du film archi-mémoriel : Une Vie
Riton du film extra-concentrationnaire : La Zone d'intérêt (un des films de l'année... peut-être même LE film de l'année, pour moi)
2024 a aussi vu la sortie en salles de plusieurs documentaires particulièrement bien conçus.
Riton du biopic féminin : Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres
Riton du biopic matriarcal : Bye bye Tibériade
Riton du biopic musical : They shot the piano player
Riton du biopic sociétal : Hospital (un des films de l'année, à classer avec Law and order et Juvenile Court)
Riton du biopic générationnel : La Ferme des Bertrand (un des films de l'année)
De nombreuses fictions, françaises comme étrangères, ont abordé des thèmes sociétaux, avec plus ou moins de talent et de subtilité. Voici celles qui m'ont marqué :
Riton de la famille déconstruite : En fanfare
Riton de la famille persécutée : Le Dernier des Juifs
Riton de la femme persécutée : La Jeune Fille et les paysans
Riton de l'oubli de la persécution : Memory
Riton des persécuteurs stupéfiants : Blink Twice
Riton des persécuteurs en uniforme : Heroico
Riton du coupable moral : Juré n°2 (un des films de l'année)
Certaines bonnes fictions ont l'apparence de documentaires :
Riton d'une société moyen-âgeuse : Chroniques de Téhéran (un des films de l'année)
Riton du juridisme européen : Une Affaire de principe
Riton d'une société injuste : Si seulement je pouvais hiberner
La catégorie des films d'animation demeure une valeur sûre, même si, pour moi, ce ne fut pas une année particulièrement enthousiasmante, certaines œuvres très attendues ayant déçu.
Riton de l'animation féérique : Krisha et le Maître de la forêt
Riton de l'animation maléfique : La plus précieuse des marchandises (un des films de l'année)
Riton de l'animation passéiste : Détective Conan : l'étoile à un million de dollar
Riton de l'animation futuriste : Mon Ami Robot
Riton de l'animation catastrophiste : Le Robot sauvage
Riton de l'animation survivaliste : Flow
Riton de la suite réussie : Kung Fu Panda IV
Je termine par une brochette de films inclassables, tous de grande qualité.
Riton du feuilleton à l'ancienne : Le Comte de Monte-Cristo (un des films de l'année)
Riton du petit nouveau de la galaxie : Kraven the Hunter
Riton du Marvel le plus jouissif : Deadpool & Wolverine (un des films de l'année)
Riton brillant et déjanté : Pauvres Créatures (un des films de l'année)
Si j'ai bien compté, cela fait 46 très bons films, parmi lesquels je distingue quinze œuvres particulièrement emballantes, seule peut-être La Zone d'intérêt se plaçant au-dessus du lot.
Archives "ritonnesques" :
- les "Riton" 2023
- les "Riton" 2022
- mes César pour 2021
- les "Riton" 2020
- les "Riton" 2019
- les "Riton" 2018
- les "Riton" 2017
- les "Riton" 2015 : non décernés
- les "Riton" 2014
- les "Riton" 2013
- les "Riton" 2012
- les "Riton" 2011
- les "Riton" 2010
- les "Riton" 2009
- les "Riton" 2008
- les "Riton" 2007
- les "Riton" 2006
18:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les "Riton" 2024
Voici venu le temps des rires et des chants des palmarès en tout genre. Comme le veut la tradition inaugurée il y a 18 ans (comme le temps passe...) sur ce blog, je vais proposer mon palmarès cinématographique de l'année écoulée. Pas plus que pour les précédentes promotions, je n'ai pu effectuer un choix limité à un podium, ni même à dix films.
Cette année 2024 a été marquée, pour moi, par un retour gagnant de la comédie. C'est d'ailleurs l'une d'entre elles (que je n'inclus pas dans ce palmarès), qui arrive en tête des entrées, en France : Un p'tit truc en plus.
Riton de la comédie malpensante : Dans la peau de Blanche Houellebecq
Riton de la comédie misanthrope : Dîner à l'anglaise
Riton de la comédie incisive : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant (un des films de l'année)
Riton de la comédie mordante : Le Procès du chien
Riton de la comédie sépulcrale : Beetlejuice Beetlejuice (un des films de l'année)
Riton de la comédie qui tombe à l'eau : A toute allure
Riton de la comédie qui tombe à pic : The Fall Guy (un des films de l'année)
Riton de la comédie casse-gueule : Le Deuxième Acte
Riton de la comédie sans queue ni tête : Daaaaaali ! (un des films de l'année)
2024 fut aussi un bon cru pour les polars, plus ou moins déjantés.
Riton du polar (presque) sans queue : Drive-away Dolls
Riton du polar "burné" : LaRoy (un des films de l'année)
Riton du polar au masculin : A Man
Riton du polar maternel : Sons
Riton du polar de gonzesses : Santosh (un des films de l'année)
Riton du polar juridique : Le Fil
Riton du polar historique : Le Tableau volé
Cela m'amène tout naturellement aux films à caractère historique, peu nombreux dans ce florilège, mais marquants.
Riton du film antiraciste subtil : Chien blanc
Riton du film anti-communiste efficace : Rendez-vous avec Pol Pot
Riton du film archi-mémoriel : Une Vie
Riton du film extra-concentrationnaire : La Zone d'intérêt (un des films de l'année... peut-être même LE film de l'année, pour moi)
2024 a aussi vu la sortie en salles de plusieurs documentaires particulièrement bien conçus.
Riton du biopic féminin : Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres
Riton du biopic matriarcal : Bye bye Tibériade
Riton du biopic musical : They shot the piano player
Riton du biopic sociétal : Hospital (un des films de l'année, à classer avec Law and order et Juvenile Court)
Riton du biopic générationnel : La Ferme des Bertrand (un des films de l'année)
De nombreuses fictions, françaises comme étrangères, ont abordé des thèmes sociétaux, avec plus ou moins de talent et de subtilité. Voici celles qui m'ont marqué :
Riton de la famille déconstruite : En fanfare
Riton de la famille persécutée : Le Dernier des Juifs
Riton de la femme persécutée : La Jeune Fille et les paysans
Riton de l'oubli de la persécution : Memory
Riton des persécuteurs stupéfiants : Blink Twice
Riton des persécuteurs en uniforme : Heroico
Riton du coupable moral : Juré n°2 (un des films de l'année)
Certaines bonnes fictions ont l'apparence de documentaires :
Riton d'une société moyen-âgeuse : Chroniques de Téhéran (un des films de l'année)
Riton du juridisme européen : Une Affaire de principe
Riton d'une société injuste : Si seulement je pouvais hiberner
La catégorie des films d'animation demeure une valeur sûre, même si, pour moi, ce ne fut pas une année particulièrement enthousiasmante, certaines œuvres très attendues ayant déçu.
Riton de l'animation féérique : Krisha et le Maître de la forêt
Riton de l'animation maléfique : La plus précieuse des marchandises (un des films de l'année)
Riton de l'animation passéiste : Détective Conan : l'étoile à un million de dollar
Riton de l'animation futuriste : Mon Ami Robot
Riton de l'animation catastrophiste : Le Robot sauvage
Riton de l'animation survivaliste : Flow
Riton de la suite réussie : Kung Fu Panda IV
Je termine par une brochette de films inclassables, tous de grande qualité.
Riton du feuilleton à l'ancienne : Le Comte de Monte-Cristo (un des films de l'année)
Riton du petit nouveau de la galaxie : Kraven the Hunter
Riton du Marvel le plus jouissif : Deadpool & Wolverine (un des films de l'année)
Riton brillant et déjanté : Pauvres Créatures (un des films de l'année)
Si j'ai bien compté, cela fait 46 très bons films, parmi lesquels je distingue quinze œuvres particulièrement emballantes, seule peut-être La Zone d'intérêt se plaçant au-dessus du lot.
Archives "ritonnesques" :
- les "Riton" 2023
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dimanche, 29 décembre 2024
Juvenile Court
Ce documentaire clôt la trilogie Il était une fois l'Amérique, de Frederick Wiseman. Après avoir passé une partie de l'année 1968 à Kansas City, pour Law and order et 1969 à New York, pour Hospital, le réalisateur s'est rendu (en 1972) dans l'ouest du Tennessee, à Memphis, pour y suivre l'activité du tribunal pour enfants. (J'ai le fol espoir de voir un jour en salles Welfare, sorti en 1975, qui complète les trois précédents.)
Le documentaire nous montre le travail de différentes catégories de personnes. Il n'a filmé qu'un seul juge des enfants, un type droit, un peu terne, soucieux à la fois de protéger la société et de préserver les intérêts des mineurs. Parfois, cela semble assez facile (quand les cas sont limpides). Parfois, c'est particulièrement complexe. Le magistrat travaille en étroite collaboration avec des policiers, des procureurs, des avocats, des assistantes sociales (dont une vraiment très très jolie... et douce avec ça), des médecins, des psychiatres, des membres d'associations. On assiste par exemple à un entretien préliminaire, au cours duquel trois des cinq personnes présentes dans le bureau s'expriment : le juge bien sûr, mais aussi le psychiatre et l'assistante sociale. Il s'agit de déterminer le profil du mineur dont il est question, ainsi que d'évaluer l'ambiance familiale dans laquelle il évolue.
Les mineurs dont il est question sont soit les victimes, soit les auteurs des méfaits... mais il arrive qu'un primo-délinquant soit aussi une victime. On ne nous le dit pas, mais on peut le déduire du montage des différents entretiens, y compris les interrogatoires par le juge, qui précèdent une éventuelle audience. Dans son bureau se succèdent Noirs comme Blancs, davantage de garçons que de filles. Celles-ci sont en général plutôt des fugueuses, ou des voleuses, voire des droguées, soupçonnées de se livrer à la prostitution. Cette question se pose notamment pour une gamine de onze ans (!!!), visiblement peu surveillée par ses parents, sa mère ne vivant officiellement que de l'aide sociale... mais, comme l'un des adultes s'enquiert d'éventuels rapports sexuels, on est amené à se poser diverses questions. (La gamine pourrait déjà ne plus être vierge -à onze ans...- et sa mère pourrait tirer l'essentiel de ses revenus d'une prostitution occasionnelle...) Plus tard, on voit aussi une petite fille accompagnée de sa mère, qui accuse un garçon, chargé de garder ses enfants, de s'être livré à des attouchements sur sa fille.
Les faits reprochés aux mecs sont en général plus graves : agression sexuelle, vol à main armée, consommation et vente de drogues... Tous les types de famille semblent touchés, puisque, lorsqu'on voit les parents, il apparaît que certains d'entre eux sont issus de la classe moyenne (voire aisée).
Ceci dit, dans les séquences qui nous sont proposées, tout le monde (ou presque) est bien habillé (les costumes des policiers semblant de moins bonne facture que ceux du juge et des avocats). Peut-être est-ce dû au fait que les acteurs de ces procédures ont été au préalable informés qu'il allaient être filmés. Sinon, c'est peut-être lié à la solennité des lieux. Presque toutes les scènes ont été tournées dans l'enceinte du tribunal, un bâtiment qui en impose.
Il n'est d'ailleurs pas composé que de l'accueil et de la salle d'audience. De multiples bureaux ont été installés (sans doute dans les étages). Je crois avoir remarqué la présence d'une infirmerie, d'un vestiaire (pour habiller les enfants en cas de besoin)... et même d'un salon de coiffure ! D'autres images nous montrent des chambres de ce qui ressemble à un internat.
Cela nous amène à ce que risquent les mis en cause. Ce peut être juste un rappel à la loi ou une mesure éducative. Le plus souvent, on parle d'un placement en famille d'accueil ou de l'envoi dans un centre de redressement. La prison n'est évoquée qu'exceptionnellement et les intervenants sont en général d'accord pour estimer qu'elle n'est pas la solution pour leurs "clients", sauf ceux qui semblent sur le point de devenir des criminels endurcis.
Contrairement aux eux précédents films, assez brefs (1h20-1h25), celui-ci s'inscrit dans la durée (2h25). S'il aborde une assez grande diversité de cas, Wiseman a suivi particulièrement certains d'entre eux, presque du début à la fin : la jeune fugueuse, le drogué récidiviste touché par la foi, le babysitteur pervers, le chauffeur du braqueur de commerces.
C'est passionnant. Je recommande vivement.
20:47 Publié dans Cinéma, Histoire, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Juvenile Court
Ce documentaire clôt la trilogie Il était une fois l'Amérique, de Frederick Wiseman. Après avoir passé une partie de l'année 1968 à Kansas City, pour Law and order et 1969 à New York, pour Hospital, le réalisateur s'est rendu (en 1972) dans l'ouest du Tennessee, à Memphis, pour y suivre l'activité du tribunal pour enfants. (J'ai le fol espoir de voir un jour en salles Welfare, sorti en 1975, qui complète les trois précédents.)
Le documentaire nous montre le travail de différentes catégories de personnes. Il n'a filmé qu'un seul juge des enfants, un type droit, un peu terne, soucieux à la fois de protéger la société et de préserver les intérêts des mineurs. Parfois, cela semble assez facile (quand les cas sont limpides). Parfois, c'est particulièrement complexe. Le magistrat travaille en étroite collaboration avec des policiers, des procureurs, des avocats, des assistantes sociales (dont une vraiment très très jolie... et douce avec ça), des médecins, des psychiatres, des membres d'associations. On assiste par exemple à un entretien préliminaire, au cours duquel trois des cinq personnes présentes dans le bureau s'expriment : le juge bien sûr, mais aussi le psychiatre et l'assistante sociale. Il s'agit de déterminer le profil du mineur dont il est question, ainsi que d'évaluer l'ambiance familiale dans laquelle il évolue.
Les mineurs dont il est question sont soit les victimes, soit les auteurs des méfaits... mais il arrive qu'un primo-délinquant soit aussi une victime. On ne nous le dit pas, mais on peut le déduire du montage des différents entretiens, y compris les interrogatoires par le juge, qui précèdent une éventuelle audience. Dans son bureau se succèdent Noirs comme Blancs, davantage de garçons que de filles. Celles-ci sont en général plutôt des fugueuses, ou des voleuses, voire des droguées, soupçonnées de se livrer à la prostitution. Cette question se pose notamment pour une gamine de onze ans (!!!), visiblement peu surveillée par ses parents, sa mère ne vivant officiellement que de l'aide sociale... mais, comme l'un des adultes s'enquiert d'éventuels rapports sexuels, on est amené à se poser diverses questions. (La gamine pourrait déjà ne plus être vierge -à onze ans...- et sa mère pourrait tirer l'essentiel de ses revenus d'une prostitution occasionnelle...) Plus tard, on voit aussi une petite fille accompagnée de sa mère, qui accuse un garçon, chargé de garder ses enfants, de s'être livré à des attouchements sur sa fille.
Les faits reprochés aux mecs sont en général plus graves : agression sexuelle, vol à main armée, consommation et vente de drogues... Tous les types de famille semblent touchés, puisque, lorsqu'on voit les parents, il apparaît que certains d'entre eux sont issus de la classe moyenne (voire aisée).
Ceci dit, dans les séquences qui nous sont proposées, tout le monde (ou presque) est bien habillé (les costumes des policiers semblant de moins bonne facture que ceux du juge et des avocats). Peut-être est-ce dû au fait que les acteurs de ces procédures ont été au préalable informés qu'il allaient être filmés. Sinon, c'est peut-être lié à la solennité des lieux. Presque toutes les scènes ont été tournées dans l'enceinte du tribunal, un bâtiment qui en impose.
Il n'est d'ailleurs pas composé que de l'accueil et de la salle d'audience. De multiples bureaux ont été installés (sans doute dans les étages). Je crois avoir remarqué la présence d'une infirmerie, d'un vestiaire (pour habiller les enfants en cas de besoin)... et même d'un salon de coiffure ! D'autres images nous montrent des chambres de ce qui ressemble à un internat.
Cela nous amène à ce que risquent les mis en cause. Ce peut être juste un rappel à la loi ou une mesure éducative. Le plus souvent, on parle d'un placement en famille d'accueil ou de l'envoi dans un centre de redressement. La prison n'est évoquée qu'exceptionnellement et les intervenants sont en général d'accord pour estimer qu'elle n'est pas la solution pour leurs "clients", sauf ceux qui semblent sur le point de devenir des criminels endurcis.
Contrairement aux eux précédents films, assez brefs (1h20-1h25), celui-ci s'inscrit dans la durée (2h25). S'il aborde une assez grande diversité de cas, Wiseman a suivi particulièrement certains d'entre eux, presque du début à la fin : la jeune fugueuse, le drogué récidiviste touché par la foi, le babysitteur pervers, le chauffeur du braqueur de commerces.
C'est passionnant. Je recommande vivement.
20:47 Publié dans Cinéma, Histoire, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Ernest Cole, photographe
Ce documentaire retrace la vie du photographe sud-africain, connu pour avoir été l'un des premiers à révéler, par ses images, le fonctionnement du régime raciste d'apartheid mis en place en Afrique du Sud, après la Seconde Guerre mondiale. Le commentaire du réalisateur Raoul Peck est dit à la première personne, comme si Cole racontait sa propre histoire.
La première partie est pour moi la plus intéressante. A l'aide d'images d'époque, on nous fait découvrir l'Afrique du Sud au sortir de la guerre, avec ses villes modernes où les Noirs et métis ne sont autorisés à circuler que s'ils ont un permis de travail... et avec ses bidonvilles, où sont concentrés les "indésirables", à commencer par la famille de Cole. Son quartier a d'ailleurs été détruit à l'occasion d'une opération immobilière.
Une partie des photographies qui nous sont proposées sont celles prises par le jeune homme. Elles sont complétées par d'autres et par des extraits de films, soit d'actualité (quand un dirigeant du Parti National est concerné), soit de reportage (je pense notamment à certaines vues urbaines). Je trouve que la profusion est trop grande. On n'a pas souvent l'occasion de s'arrêter aux détails de ce qui nous est montré, sauf à une ou deux occasions, quand telle photographie est décryptée. Si ce procédé avait été plus souvent reproduit, le film aurait été passionnant.
La deuxième partie évoque la vie de Cole après son départ d'Afrique du Sud, en Europe puis aux États-Unis. Il y publie le recueil de photographies qui va le rendre célèbre, House of Bondage... et qui rend tout retour impossible dans son pays d'origine, tant que l'apartheid y persistera.
Cette période nord-américaine voit Cole s'intéresser tout particulièrement à la cohabitation entre Blancs et Noirs, à une époque où le pays sort de la ségrégation. Il a beaucoup pris en photo les couples mixtes. Il a aussi voulu documenter les conditions de vie des Afro-Américains aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Là encore, la profusion d'images (la plupart non commentées) finit parfois par nuire au film. En général, quand les photographies ne sont pas de Cole, c'est précisé, tout comme leur source. C'est rarement le cas des extraits filmiques.
La dernière partie est consacrée à la déchéance de Cole, qui finit dans la misère, complètement démoralisé, ne prenant plus de photographie. Les causes de cette déchéance ne sont pas bien expliquées. Le réalisateur avance le mal du pays. Il réfute tout dépendance à une drogue. La fin de vie d'Ernest Cole conserve une part de mystère (il est mort d'un cancer à quarante-neuf ans)... tout comme le parcours de centaines de ses négatifs, que l'on croyait disparus, et qui ont été retrouvés dans le coffre d'une banque... suédoise.
Le documentaire mérite le détour, surtout pour sa première partie, mais, vu la manière dont le film a été encensé, je m'attendais à mieux.
11:02 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Ernest Cole, photographe
Ce documentaire retrace la vie du photographe sud-africain, connu pour avoir été l'un des premiers à révéler, par ses images, le fonctionnement du régime raciste d'apartheid mis en place en Afrique du Sud, après la Seconde Guerre mondiale. Le commentaire du réalisateur Raoul Peck est dit à la première personne, comme si Cole racontait sa propre histoire.
La première partie est pour moi la plus intéressante. A l'aide d'images d'époque, on nous fait découvrir l'Afrique du Sud au sortir de la guerre, avec ses villes modernes où les Noirs et métis ne sont autorisés à circuler que s'ils ont un permis de travail... et avec ses bidonvilles, où sont concentrés les "indésirables", à commencer par la famille de Cole. Son quartier a d'ailleurs été détruit à l'occasion d'une opération immobilière.
Une partie des photographies qui nous sont proposées sont celles prises par le jeune homme. Elles sont complétées par d'autres et par des extraits de films, soit d'actualité (quand un dirigeant du Parti National est concerné), soit de reportage (je pense notamment à certaines vues urbaines). Je trouve que la profusion est trop grande. On n'a pas souvent l'occasion de s'arrêter aux détails de ce qui nous est montré, sauf à une ou deux occasions, quand telle photographie est décryptée. Si ce procédé avait été plus souvent reproduit, le film aurait été passionnant.
La deuxième partie évoque la vie de Cole après son départ d'Afrique du Sud, en Europe puis aux États-Unis. Il y publie le recueil de photographies qui va le rendre célèbre, House of Bondage... et qui rend tout retour impossible dans son pays d'origine, tant que l'apartheid y persistera.
Cette période nord-américaine voit Cole s'intéresser tout particulièrement à la cohabitation entre Blancs et Noirs, à une époque où le pays sort de la ségrégation. Il a beaucoup pris en photo les couples mixtes. Il a aussi voulu documenter les conditions de vie des Afro-Américains aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Là encore, la profusion d'images (la plupart non commentées) finit parfois par nuire au film. En général, quand les photographies ne sont pas de Cole, c'est précisé, tout comme leur source. C'est rarement le cas des extraits filmiques.
La dernière partie est consacrée à la déchéance de Cole, qui finit dans la misère, complètement démoralisé, ne prenant plus de photographie. Les causes de cette déchéance ne sont pas bien expliquées. Le réalisateur avance le mal du pays. Il réfute tout dépendance à une drogue. La fin de vie d'Ernest Cole conserve une part de mystère (il est mort d'un cancer à quarante-neuf ans)... tout comme le parcours de centaines de ses négatifs, que l'on croyait disparus, et qui ont été retrouvés dans le coffre d'une banque... suédoise.
Le documentaire mérite le détour, surtout pour sa première partie, mais, vu la manière dont le film a été encensé, je m'attendais à mieux.
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samedi, 28 décembre 2024
Saint-Ex
J'ai fini par aller voir cet hommage à Antoine de Saint-Exupéry, réalisé par Pablo Agüero, auquel on doit, entre autres, Eva ne dort pas et Les Sorcières d'Akelarre. J'ai retrouvé dans ce film-ci les qualités techniques des précédents : un certain souffle dans la mise en scène et une photographie parfois bluffante, en particulier lorsqu'on nous propose des vues de la Cordillère des Andes.
Hélas, très vite, j'ai constaté des invraisemblances dans le déroulement des scènes. Ainsi, Guillaumet (Vincent Cassel, très bien) le mentor de Saint-Ex (Louis Garrel, tout droit sorti d'une publicité pour une marque de luxe), parvient à se poser sur une île minuscule... et à redécoller, en surcharge, avec deux hommes et... un phoque à bord !
Un autre problème se pose au niveau des gros plans tournés lorsque les pilotes sont en altitude. En général, ils se trouvent (au minimum) à 3-4000 mètres et volent à plusieurs centaines de kilomètres/heure. Leur casque de cuir devrait donc être solidement fixé à leur visage et celui-ci soigneusement recouvert... mais l'on aurait alors du mal à reconnaître les personnages. On a donc décidé de les "démasquer".
Je trouve aussi extrêmement caricaturale la caractérisation du duo d'aviateurs. Saint-Exupéry, alors âgé de trente ans, est présenté comme un adolescent attardé, irréfléchi et imprudent. Ne parlons pas non plus du soin avec lequel il traite son carnet de notes, dont des feuilles volantes s'échappent sans qu'il prenne la peine de les ramasser. Les spectateurs attentifs pourraient aussi s'amuser à relever quelques faux-raccords, notamment au niveau du port des gants.
Je ne vais pas (trop) m'acharner, parce que j'ai quand même pris du plaisir à voir ces vues aériennes, de jour comme de nuit, à suivre le condor, à observer les reflets dans la glace. C'est quand même un bel ouvrage, rabaissé par ses incohérences.
Les lecteurs de Saint-Exupéry peuvent aussi s'amuser à chercher les références à ses œuvres (presque toutes rééditées en collection de poche, chez Folio Gallimard). Le scénario s'appuie principalement sur Terre des hommes (qui relate, entre autres, le périple de Guillaumet), mais on y trouve aussi de la substance prélevée à Vol de nuit... et, bien entendu, quelques allusions au Petit Prince.
Conclusion : lisez Saint-Exupéry.
P.S.
L'histoire de l'épave du dernier avion piloté par Saint-Ex est elle-même très romanesque.
00:27 Publié dans Cinéma, Histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, livres, romans, histoire, littérature
Saint-Ex
J'ai fini par aller voir cet hommage à Antoine de Saint-Exupéry, réalisé par Pablo Agüero, auquel on doit, entre autres, Eva ne dort pas et Les Sorcières d'Akelarre. J'ai retrouvé dans ce film-ci les qualités techniques des précédents : un certain souffle dans la mise en scène et une photographie parfois bluffante, en particulier lorsqu'on nous propose des vues de la Cordillère des Andes.
Hélas, très vite, j'ai constaté des invraisemblances dans le déroulement des scènes. Ainsi, Guillaumet (Vincent Cassel, très bien) le mentor de Saint-Ex (Louis Garrel, tout droit sorti d'une publicité pour une marque de luxe), parvient à se poser sur une île minuscule... et à redécoller, en surcharge, avec deux hommes et... un phoque à bord !
Un autre problème se pose au niveau des gros plans tournés lorsque les pilotes sont en altitude. En général, ils se trouvent (au minimum) à 3-4000 mètres et volent à plusieurs centaines de kilomètres/heure. Leur casque de cuir devrait donc être solidement fixé à leur visage et celui-ci soigneusement recouvert... mais l'on aurait alors du mal à reconnaître les personnages. On a donc décidé de les "démasquer".
Je trouve aussi extrêmement caricaturale la caractérisation du duo d'aviateurs. Saint-Exupéry, alors âgé de trente ans, est présenté comme un adolescent attardé, irréfléchi et imprudent. Ne parlons pas non plus du soin avec lequel il traite son carnet de notes, dont des feuilles volantes s'échappent sans qu'il prenne la peine de les ramasser. Les spectateurs attentifs pourraient aussi s'amuser à relever quelques faux-raccords, notamment au niveau du port des gants.
Je ne vais pas (trop) m'acharner, parce que j'ai quand même pris du plaisir à voir ces vues aériennes, de jour comme de nuit, à suivre le condor, à observer les reflets dans la glace. C'est quand même un bel ouvrage, rabaissé par ses incohérences.
Les lecteurs de Saint-Exupéry peuvent aussi s'amuser à chercher les références à ses œuvres (presque toutes rééditées en collection de poche, chez Folio Gallimard). Le scénario s'appuie principalement sur Terre des hommes (qui relate, entre autres, le périple de Guillaumet), mais on y trouve aussi de la substance prélevée à Vol de nuit... et, bien entendu, quelques allusions au Petit Prince.
Conclusion : lisez Saint-Exupéry.
P.S.
L'histoire de l'épave du dernier avion piloté par Saint-Ex est elle-même très romanesque.
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jeudi, 26 décembre 2024
Planète B
Ce film militant est une dystopie, qui imagine, en 2039, une France (et une Europe) dictatoriale, ultra-policière, anti-immigrés... et sale (se limitant à ce qui ressemble à certains quartiers de Paris ou Marseille). Ce contrôle quasi total s'exerce à l'aide des technologies de pointe : identification oculaire, reconnaissance faciale, QR code, sandwich jambon-beurre, réalité virtuelle, drones de surveillance...
Ça, c'est la planète A, où de gentils black blocks organisent de sympathiques attentats contre les méchantes télécommunications et leur vilains cerbères policiers. Au cours d'une "opération", l'héroïne Julia (Adèle Exarchopoulos, très bien) est faite prisonnière et se retrouve sur ce qui est appelé la "planète B". Autant la première est marquée par le plastique et le métal (un choix sans doute destiné à camper une atmosphère futuriste), autant la seconde, baignant dans une ambiance méditerranéenne (ou tropicale), est constituée de bois. Cette dissonance matérielle, alliée à des jeux de lumière et à un bon travail sur les décors, suffit à nous plonger dans l'étrangeté... une étrangeté de surcroît rapidement menaçante.
Dans des conditions que je m'interdis de révéler, Julia va entrer en contact avec l'autre héroïne de l'histoire, Nour, femme de ménage dans une étrange base secrète... et surtout ancienne journaliste, qui a fui le Moyen-Orient. Souheila Yacoub campe efficacement ce personnage qui réussit à passer sous les radars... et pourrait avoir un rôle déterminant.
Sur le fond, l'intrigue s'inspire des idées qui circulent au sein de la gauche radicale, ce qui n'empêche pas la réalisatrice, de temps à autre, de faire preuve de nuance. Je pense notamment à tout ce qui touche à l'un des CRS (et à sa famille) et aux tensions qui émergent entre les rebelles emprisonnés, les convictions de chacun ayant leurs limites...
Aude Léa Rapin réussit à boucler son histoire en deux heures. L'un des ingrédients de la fin m'a toutefois paru invraisemblable (le choix opéré par l'une des protagonistes), mais je pense qu'il s'explique par un sous-entendu : alors que l'intrigue met en scène la naissance d'un lien de sororité (de plus en plus fort), du point de vue de l'une des deux femmes, il semble que cela devienne sentimental (mais, comme c'est très allusif, cela passe au-dessus de la tête d'une partie du public).
15:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Planète B
Ce film militant est une dystopie, qui imagine, en 2039, une France (et une Europe) dictatoriale, ultra-policière, anti-immigrés... et sale (se limitant à ce qui ressemble à certains quartiers de Paris ou Marseille). Ce contrôle quasi total s'exerce à l'aide des technologies de pointe : identification oculaire, reconnaissance faciale, QR code, sandwich jambon-beurre, réalité virtuelle, drones de surveillance...
Ça, c'est la planète A, où de gentils black blocks organisent de sympathiques attentats contre les méchantes télécommunications et leur vilains cerbères policiers. Au cours d'une "opération", l'héroïne Julia (Adèle Exarchopoulos, très bien) est faite prisonnière et se retrouve sur ce qui est appelé la "planète B". Autant la première est marquée par le plastique et le métal (un choix sans doute destiné à camper une atmosphère futuriste), autant la seconde, baignant dans une ambiance méditerranéenne (ou tropicale), est constituée de bois. Cette dissonance matérielle, alliée à des jeux de lumière et à un bon travail sur les décors, suffit à nous plonger dans l'étrangeté... une étrangeté de surcroît rapidement menaçante.
Dans des conditions que je m'interdis de révéler, Julia va entrer en contact avec l'autre héroïne de l'histoire, Nour, femme de ménage dans une étrange base secrète... et surtout ancienne journaliste, qui a fui le Moyen-Orient. Souheila Yacoub campe efficacement ce personnage qui réussit à passer sous les radars... et pourrait avoir un rôle déterminant.
Sur le fond, l'intrigue s'inspire des idées qui circulent au sein de la gauche radicale, ce qui n'empêche pas la réalisatrice, de temps à autre, de faire preuve de nuance. Je pense notamment à tout ce qui touche à l'un des CRS (et à sa famille) et aux tensions qui émergent entre les rebelles emprisonnés, les convictions de chacun ayant leurs limites...
Aude Léa Rapin réussit à boucler son histoire en deux heures. L'un des ingrédients de la fin m'a toutefois paru invraisemblable (le choix opéré par l'une des protagonistes), mais je pense qu'il s'explique par un sous-entendu : alors que l'intrigue met en scène la naissance d'un lien de sororité (de plus en plus fort), du point de vue de l'une des deux femmes, il semble que cela devienne sentimental (mais, comme c'est très allusif, cela passe au-dessus de la tête d'une partie du public).
15:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 25 décembre 2024
Jamais sans mon psy
A ma grande surprise, la salle était assez copieusement garnie pour cette comédie populaire descendue par la critique. Le public adolescent était peut-être là pour Baptiste Lecaplain et Rayane Bensetti, les personnes âgées pour Christian Clavier, alias Olivier Béranger.
Clairement, celui-ci porte le film. Il y enfile à nouveau le costume de grand bourgeois condescendant, déjà vu dans la série des Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu et, plus récemment, dans Cocorico. J'ai trouvé qu'il n'en faisait pas des caisses. Au passage, son personnage (et celui de ses meilleurs amis) permet d'égratigner une partie de la profession médicale : le psy prend tout de même 180 euros de l'heure !
Dans le rôle de Damien, le patient puis le (peut-être) futur gentil gendre, Lecaplain fait le job en jeune homme déconstruit. Sa relation avec Béranger fait un peu penser à Mon beau-père et moi.
Le début est marrant, avec les problèmes psychologiques de Damien puis sa rencontre avec le meilleur ami (sourd) de sa dulcinée. Un quiproquo va naître autour de la langue des signes et de l'activité de Damien, en prison, où il a fait travailler les détenus sur du George Michael ! (Les succès de celui-ci, en solo ou avec le groupe Wham!, constituent la bande sonore du film.)
C'est moins bien ensuite, dans la villa. J'ai certes été amusé par les procédés utilisés par le psy pour éloigner ce nouveau prétendant de sa fille unique chérie (tous les pères me comprendront), mais cela manque de tonus.
Pour relancer le rythme, le scénario fait intervenir les meilleurs amis d'Olivier, puis l'ex de la fille, interprété par Bensetti. Celui-ci est pleinement investi dans son rôle (assez antipathique) et la production lui a même réservé un petit moment de gloire, mais son interprétation d'une chanson en play-back est tellement visible que cela en est gênant.
Plus marrantes sont les interventions de Thomas VDB, une sorte de guérisseur montagnard, fan de fromages et d'alcool artisanal.
Bon, voilà, cela ne va pas plus loin. On sait d'où l'on part et où l'on va sans doute nous mener. Mais cette comédie modeste, parfois un peu bas-de-gamme, m'a détendu (et elle ne dure qu'1h30).
10:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Jamais sans mon psy
A ma grande surprise, la salle était assez copieusement garnie pour cette comédie populaire descendue par la critique. Le public adolescent était peut-être là pour Baptiste Lecaplain et Rayane Bensetti, les personnes âgées pour Christian Clavier, alias Olivier Béranger.
Clairement, celui-ci porte le film. Il y enfile à nouveau le costume de grand bourgeois condescendant, déjà vu dans la série des Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu et, plus récemment, dans Cocorico. J'ai trouvé qu'il n'en faisait pas des caisses. Au passage, son personnage (et celui de ses meilleurs amis) permet d'égratigner une partie de la profession médicale : le psy prend tout de même 180 euros de l'heure !
Dans le rôle de Damien, le patient puis le (peut-être) futur gentil gendre, Lecaplain fait le job en jeune homme déconstruit. Sa relation avec Béranger fait un peu penser à Mon beau-père et moi.
Le début est marrant, avec les problèmes psychologiques de Damien puis sa rencontre avec le meilleur ami (sourd) de sa dulcinée. Un quiproquo va naître autour de la langue des signes et de l'activité de Damien, en prison, où il a fait travailler les détenus sur du George Michael ! (Les succès de celui-ci, en solo ou avec le groupe Wham!, constituent la bande sonore du film.)
C'est moins bien ensuite, dans la villa. J'ai certes été amusé par les procédés utilisés par le psy pour éloigner ce nouveau prétendant de sa fille unique chérie (tous les pères me comprendront), mais cela manque de tonus.
Pour relancer le rythme, le scénario fait intervenir les meilleurs amis d'Olivier, puis l'ex de la fille, interprété par Bensetti. Celui-ci est pleinement investi dans son rôle (assez antipathique) et la production lui a même réservé un petit moment de gloire, mais son interprétation d'une chanson en play-back est tellement visible que cela en est gênant.
Plus marrantes sont les interventions de Thomas VDB, une sorte de guérisseur montagnard, fan de fromages et d'alcool artisanal.
Bon, voilà, cela ne va pas plus loin. On sait d'où l'on part et où l'on va sans doute nous mener. Mais cette comédie modeste, parfois un peu bas-de-gamme, m'a détendu (et elle ne dure qu'1h30).
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mardi, 24 décembre 2024
Kraven the Hunter
Ambiance masculiniste (grosses voix, gros muscles, gros guns...) pour ce film de super-héros, issu de la galaxie Marvel, mais adapté par la Columbia, pas par Disney (ce qui a son importance). Ici, pas (trop) de "politiquement correct", mais de l'action et des sentiments forts.
La première séquence nous montre le héros dans ses œuvres, en prison, en Russie. Il n'est pas tout à fait ce qu'il prétend être... mais je n'en dirai pas plus. Au niveau de l'ambiance, on pense un peu à Black Widow.
La suite est un long retour en arrière, pour comprendre d'où vient Kraven le chasseur, Sergeï Kravinov de son vrai nom. Son papounet est un chef mafieux sans foi ni loi, interprété par Russell Crowe. Sergeï a un frère, Dimitri, plus "artiste" que lui. Popov Crowe les élève à la dure, les éloignant de leur mère (qu'il a peut-être fait zigouiller), voulant en faire de véritables prédateurs, au sens propre comme au figuré. Il ne pouvait pas prévoir que la séance de chasse programmée en Tanzanie allait changer l'un de ses fils à jamais.
Cette séquence africaine est l'occasion de découvrir le principal personnage féminin de l'histoire, Calypso. Ravissante, courageuse et humaniste, elle est incarnée par la délicieuse Ariana DeBose, repérée notamment dans le West Side Story de Spielberg et le récent Argylle.
Des années plus tard, on retrouve l'adolescent mourant devenu un redoutable tueur. Comme il s'en prend à ces enflures de braconniers, aux connards de trafiquants et aux salopards de tueurs de la mafia, on ne peut que saluer son action de salubrité publique, même si elle s'éloigne quelque peu (par les méthodes) de celle d'une jeune et brillante avocate... qui ressemble bigrement à la jeune femme qui a jadis sauvé Sergeï.
Sur la forme, c'est une grande réussite. Dans certains plans subjectifs, on a réussi à intégrer la nouvelle vision des choses que possède le héros, grâce aux transformations qui se sont opérées en lui. Rapide, précis et impitoyable, il est comme une nouvelle version de Wolverine. C'est dire... et ce n'est donc pas destiné au jeune public, tant c'est violent.
Sur le chemin de Kraven vont se dresser deux redoutables adversaires, eux aussi dotés de super-pouvoirs. La manière dont il réussit à les vaincre, aidé par Calypso, est ma foi assez brillamment mise en scène. JC Chandor (repéré jadis avec Margin Call) ne s'embarrasse pas de subtilités et son principal interprète (Aaron Taylor-Johnson, vu récemment dans Bullet Train), musculeux à souhait, s'est parfaitement coulé dans le rôle.
J'ai passé un excellent moment, tout comme les dames qui m'accompagnaient, l’œil luisant devant la plastique d'Aaron. (Riri, va falloir que tu te remettes sérieusement au sport !)
21:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Kraven the Hunter
Ambiance masculiniste (grosses voix, gros muscles, gros guns...) pour ce film de super-héros, issu de la galaxie Marvel, mais adapté par la Columbia, pas par Disney (ce qui a son importance). Ici, pas (trop) de "politiquement correct", mais de l'action et des sentiments forts.
La première séquence nous montre le héros dans ses œuvres, en prison, en Russie. Il n'est pas tout à fait ce qu'il prétend être... mais je n'en dirai pas plus. Au niveau de l'ambiance, on pense un peu à Black Widow.
La suite est un long retour en arrière, pour comprendre d'où vient Kraven le chasseur, Sergeï Kravinov de son vrai nom. Son papounet est un chef mafieux sans foi ni loi, interprété par Russell Crowe. Sergeï a un frère, Dimitri, plus "artiste" que lui. Popov Crowe les élève à la dure, les éloignant de leur mère (qu'il a peut-être fait zigouiller), voulant en faire de véritables prédateurs, au sens propre comme au figuré. Il ne pouvait pas prévoir que la séance de chasse programmée en Tanzanie allait changer l'un de ses fils à jamais.
Cette séquence africaine est l'occasion de découvrir le principal personnage féminin de l'histoire, Calypso. Ravissante, courageuse et humaniste, elle est incarnée par la délicieuse Ariana DeBose, repérée notamment dans le West Side Story de Spielberg et le récent Argylle.
Des années plus tard, on retrouve l'adolescent mourant devenu un redoutable tueur. Comme il s'en prend à ces enflures de braconniers, aux connards de trafiquants et aux salopards de tueurs de la mafia, on ne peut que saluer son action de salubrité publique, même si elle s'éloigne quelque peu (par les méthodes) de celle d'une jeune et brillante avocate... qui ressemble bigrement à la jeune femme qui a jadis sauvé Sergeï.
Sur la forme, c'est une grande réussite. Dans certains plans subjectifs, on a réussi à intégrer la nouvelle vision des choses que possède le héros, grâce aux transformations qui se sont opérées en lui. Rapide, précis et impitoyable, il est comme une nouvelle version de Wolverine. C'est dire... et ce n'est donc pas destiné au jeune public, tant c'est violent.
Sur le chemin de Kraven vont se dresser deux redoutables adversaires, eux aussi dotés de super-pouvoirs. La manière dont il réussit à les vaincre, aidé par Calypso, est ma foi assez brillamment mise en scène. JC Chandor (repéré jadis avec Margin Call) ne s'embarrasse pas de subtilités et son principal interprète (Aaron Taylor-Johnson, vu récemment dans Bullet Train), musculeux à souhait, s'est parfaitement coulé dans le rôle.
J'ai passé un excellent moment, tout comme les dames qui m'accompagnaient, l’œil luisant devant la plastique d'Aaron. (Riri, va falloir que tu te remettes sérieusement au sport !)
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Harriette Potter à l'école des Barbie
J'ai failli commencer ce billet en écrivant que Wicked est le nouveau film de Noël de chez Disney. On y trouve du merveilleux (notamment des magiciennes), des paillettes, du rose, des animaux qui parlent (une ourse, un bouc...), une romance... et des chansons... à ceci près que ce film n'est pas une production Disney, mais Universal. Il n'en respecte pas moins les codes du genre, y compris au niveau de la "modernisation" des personnages : la foule d'étudiant(e)s comprend des Blancs, des Noirs, des Asiatiques, des gros, des sveltes et des maigres, des bien et mal coiffés, des hétéros et des homos.
C'est plutôt épatant au niveau des décors, des costumes et des effets spéciaux. Je dois aussi reconnaître que les chorégraphies sont très réussies, quand bien même elles illustrent des chansons horripilantes (entendues en version originale).
Outre ces chansons, plusieurs choses m'ont agacé, à commencer par deux des personnages principaux. La fée Galinda (incarnée par Ariana Grande, qui semble faite pour le rôle), est une insupportable pétasse, une caricature de blonde superficielle, qui ne pense qu'à devenir encore plus populaire. (C'est là que je me suis dit que l'absence de téléphone portable nuisait au caractère narcissique de nombreux personnages.) Le pire est qu'elle fait l'objet d'une admiration quasi unanime. Les autres étudiants (des moutons bouffés par le système) semblent encore plus crétins qu'elle...
... à l'exception notable d'Elpheba, l'un des rares personnages un peu consistants de cette histoire. Elle est interprétée par Cynthia Erivo, qui fait très bien le job (tout comme la gamine chargée de l'incarner jeune), mais qui est hélas trop âgée pour le rôle, ce qui, malgré les retouches numériques et les couches de maquillage, se voit assez souvent à l'écran.
Complète ce duo d'adversaires devenues copines un dernier arrivant, le beau gosse de la fac, un prince aussi creux qu'un coquillage moisi, qui chante son désir de ne rien foutre dans la vie, à part claquer le pognon de ses parents faire la fête. Ce programme hautement démagogique recueille un franc succès, jusque dans la bibliothèque de l'école de magie. Voilà donc les modèles que l'on propose à notre jeunesse...
On me rétorquera que Galinda comme le prince connaissent un début d'évolution, celui-ci se mettant curieusement à réfléchir, ce qui suscite la stupeur chez ses proches. (C'est l'un des rares gags du film). Galinda elle se veut plus gentille... à condition que cela la rende plus populaire.
Dans cette meringue fric et toc s'insinue toutefois un fil narratif à contre-courant de ce "meilleur des mondes". Un mouvement anti-animaux qui parlent grandit et ceux-ci petit à petit disparaissent. Seule Elpheba semble s'en soucier, jusqu'au moment où l'apprentie magicienne rencontre le maître du monde merveilleux : le Magicien d'Oz. Sans en dire trop, je peux dire que Jeff Goldblum, tout comme Michelle Yeaoh, apportent un peu de finesse dans un jeu des acteurs globalement caricatural. (Mais je pense que les personnages ont été écrits comme ça.)
Du coup, dans sa troisième partie, le film prend un tour plus intéressant et invite au final ses spectateurs à se méfier des apparences. Mais, avant cela, il faut se fader les deux heures du début... le tout (2h40) constituant la première partie d'un diptyque, la seconde devant sortir l'an prochain sur nos écrans.
12:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films