vendredi, 05 juillet 2024
Love Lies Bleeding
Bienvenue chez les red necks du sud-ouest des États-Unis (entre Nevada et Nouveau-Mexique), dans les années 1980 ! Les coupes de cheveux improbables croisent une mode vestimentaire contestable, celles des adeptes (masculins comme féminins) d'un club de muscu... et des clients d'un stand de tir "familial".
La cinéaste Rose Glass nous plonge dans une ambiance qui, par certains côtés, n'est pas sans rappeler celle des frères Coen. Leur influence était récemment perceptible dans l'excellent LaRoy, auquel, évidemment, il faut ajouter Drive-away Dolls. Ici, une femme est aux manettes et elle a choisi de donner à son portrait social une forte coloration lesbienne : les deux héroïnes (Lou et Jackie) le sont... même si l'une d'entre elles (Jackie) est en fait plutôt bisexuelle, tout comme l'amoureuse transie de Lou qui fréquente le club. Le quatrième personnage féminin marquant est celui de la sœur de celle-ci, archétype de la poupée soumise au patriarcat... le film nous faisant découvrir jusqu'à quel point.
Les comédiennes qui incarnent ces personnages forts sont toutes formidables. Pareil pour les messieurs : Dave Franco en gros beauf à moustache... et surtout Ed Harris, un chef de clan dont on a du mal à savoir s'il est surtout un d'homme d'affaires (illégales) ou un psychopathe qui a trouvé un bon moyen de s'enrichir.
La photographie comme la mise en scène magnifient les corps fermes, plus ou moins musclés, avec une prédilection pour celui de Jackie, interprétée par Katy O'Brian. Je préfère prévenir celles et ceux que les scènes d'amour entre deux femmes ne branchent pas : ce film n'est pas fait pour vous.
La bluette entre Lou et Jackie prend assez vite le ton d'un polar, de plus en plus macabre au fur et à mesure que se déroule le fil de l'intrigue. Dans la salle où j'ai vu le film, ce fut un peu trop pour l'un des spectateurs, qui est parti avant la fin... et il n'a peut-être pas eu tort, parce que les dix-quinze dernière minutes sont (pour moi comme pour d'autres cinéphiles) plutôt ratées, pour deux raisons : l'aspect fantasmagorique de la scène de règlement de compte, chez le père, et le dernier meurtre (un "re-meurtre" pour être précis), qui n'apporte rien à l'intrigue. Cela laisse un arrière-goût amer, avec l'idée que la réalisatrice a adopté un point de vue à la fois égoïste et nihiliste : on peut tout se permettre, même les pires horreurs, pour vivre ce qu'on croit être une histoire d'amour.
C'est dommage, parce que sinon le film aurait été excellent.
13:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 03 juillet 2024
Sans un bruit : jour 1
Ce film est une préquelle des deux longs métrages (très lucratifs), sortis en 2018 et en 2021. Soit Emily Blunt n'avait pas envie de rempiler pour un volume 3, soit les producteurs ont jugé intéressant de répondre à une demande du public, qui cherchait à savoir comment les États-Unis la Terre était devenue ce qu'en montraient les films.
L'interprétation repose principalement sur deux acteurs, le Britannique Joseph Quinn (inconnu au bataillon) et la Mexicaine Lupita Nyong'o (une habituée des productions Disney-Marvel). J'ai trouvé la seconde très bien, incarnant avec sobriété un personnage très bien construit, celui d'une malade du cancer (en phase terminale) faisant partie des rescapés de l'invasion extraterrestre. Le binôme formé avec le jeune cadre dynamique, improbable au départ, finit par fonctionner. On sent la volonté de créer du lien entre deux personnages que presque tout sépare (à part le désir impérieux de ne pas servir de casse-croûte aux arachnoïdes anthropophages).
... eh bien (pour moi) ça marche. Le rapprochement se fait par petites touches, lors de scènes de transition, autour d'un cahier d'écriture, d'un bouquin, d'un piano, d'une pizza... le tout dans un silence presque total. De ce point de vue-là, le film prolonge, en qualité, les précédents.
... et voilà que je réalise que j'ai oublié de vous parler du troisième personnage principal, celui qui figure dans presque autant de plans que les deux premiers :
Ce chat de compagnie, dressé pour soulager la peine des personnes gravement malades, ne va quasiment pas s'exprimer durant tout le film (à part de rares petits miaulement, au début). Il est donc quasi silencieux, très discret dans ses déplacements... et, surtout, d'une placidité et d'une docilité extraordinaires. Là, on dépasse les limites du vraisemblable. (Dans les secrets de tournage d'Allociné, on apprend d'ailleurs qu'il y avait deux matous sur le plateau... et que ce ne fut pas tous les jours facile !)
Cela m'amène au principal défaut de ce film : la présence d'invraisemblances, en particulier dès que des extraterrestres sont dans les parages. Ils sont en général très bruyants (et accompagnés d'une musique inquiétante). Mais, quand cela arrange le réalisateur, on ne les entend pas arriver (en dépit de l'absence de bruit liée à la discrétion dont font preuve les personnages qui parviennent à ne pas figurer au menu des bestioles), ou alors on ne sait pas quand ils sont vraiment partis, sauf quand ils se déplacent en troupe. Il y a aussi clairement des moments à l'issue desquels certains personnages n'auraient pas dû survivre. L'intensité dramatique (réelle) est donc parfois créée de manière artificielle.
On s'achemine vers une fin sans surprise, mais très bien amenée, je trouve. Je suis sorti de là plutôt satisfait. Cela ne dure qu'1h30.
P.S.
Le principal lien qui est établi avec les autres films est la présence, dans un refuge puis sur un bateau, d'un personnage présent dans Sans un bruit 2. Je pense que les producteurs ont quelques idées en tête pour continuer à exploiter le filon.
14:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Sans un bruit : jour 1
Ce film est une préquelle des deux longs métrages (très lucratifs), sortis en 2018 et en 2021. Soit Emily Blunt n'avait pas envie de rempiler pour un volume 3, soit les producteurs ont jugé intéressant de répondre à une demande du public, qui cherchait à savoir comment les États-Unis la Terre était devenue ce qu'en montraient les films.
L'interprétation repose principalement sur deux acteurs, le Britannique Joseph Quinn (inconnu au bataillon) et la Mexicaine Lupita Nyong'o (une habituée des productions Disney-Marvel). J'ai trouvé la seconde très bien, incarnant avec sobriété un personnage très bien construit, celui d'une malade du cancer (en phase terminale) faisant partie des rescapés de l'invasion extraterrestre. Le binôme formé avec le jeune cadre dynamique, improbable au départ, finit par fonctionner. On sent la volonté de créer du lien entre deux personnages que presque tout sépare (à part le désir impérieux de ne pas servir de casse-croûte aux arachnoïdes anthropophages).
... eh bien (pour moi) ça marche. Le rapprochement se fait par petites touches, lors de scènes de transition, autour d'un cahier d'écriture, d'un bouquin, d'un piano, d'une pizza... le tout dans un silence presque total. De ce point de vue-là, le film prolonge, en qualité, les précédents.
... et voilà que je réalise que j'ai oublié de vous parler du troisième personnage principal, celui qui figure dans presque autant de plans que les deux premiers :
Ce chat de compagnie, dressé pour soulager la peine des personnes gravement malades, ne va quasiment pas s'exprimer durant tout le film (à part de rares petits miaulement, au début). Il est donc quasi silencieux, très discret dans ses déplacements... et, surtout, d'une placidité et d'une docilité extraordinaires. Là, on dépasse les limites du vraisemblable. (Dans les secrets de tournage d'Allociné, on apprend d'ailleurs qu'il y avait deux matous sur le plateau... et que ce ne fut pas tous les jours facile !)
Cela m'amène au principal défaut de ce film : la présence d'invraisemblances, en particulier dès que des extraterrestres sont dans les parages. Ils sont en général très bruyants (et accompagnés d'une musique inquiétante). Mais, quand cela arrange le réalisateur, on ne les entend pas arriver (en dépit de l'absence de bruit liée à la discrétion dont font preuve les personnages qui parviennent à ne pas figurer au menu des bestioles), ou alors on ne sait pas quand ils sont vraiment partis, sauf quand ils se déplacent en troupe. Il y a aussi clairement des moments à l'issue desquels certains personnages n'auraient pas dû survivre. L'intensité dramatique (réelle) est donc parfois créée de manière artificielle.
On s'achemine vers une fin sans surprise, mais très bien amenée, je trouve. Je suis sorti de là plutôt satisfait. Cela ne dure qu'1h30.
P.S.
Le principal lien qui est établi avec les autres films est la présence, dans un refuge puis sur un bateau, d'un personnage présent dans Sans un bruit 2. Je pense que les producteurs ont quelques idées en tête pour continuer à exploiter le filon.
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dimanche, 30 juin 2024
Kinds of kindness
Même pas six mois après l'emballant Pauvres Créatures, revoilà une œuvre de Yorgos Lanthimos sur nos écrans. On y retrouve d'ailleurs Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley, accompagnés de petits nouveaux (dans l'univers lanthimosien) : Jesse Plemons, Hong Chau, Mamoudou Athie et Hunter Schafer.
Trois histoires en apparence indépendantes les unes des autres nous sont proposées... sauf que ce sont les mêmes acteurs que l'on voit dans chacune d'elles, dans des rôles différents. Le seul qui ne change pas vraiment est ce "RMF", dont le nom figure dans les trois titres d'historiettes : il y meurt, s'envoie en l'air (en tant que... pilote d'hélicoptère), puis mange un hamburger (une fois ressuscité !)... mais c'est un personnage secondaire, un figurant, autour duquel gravitent cependant les personnages principaux.
C'est donc un film assez conceptuel... et un plaisir d'acteurs, qui jouent des rôles parfois très différents d'une histoire à l'autre (en particulier Jesse Plemons, dont le prix d'interprétation reçu à Cannes est amplement mérité).
Dans la première, il est question d'un homme qui rémunère des personnes pour qu'elles agissent à sa guise. Dans la deuxième histoire, une femme disparue en mer réapparaît au domicile conjugal... mais son mari, policier, la trouve terriblement changée. Le triptyque se conclut sur la vision intérieure du fonctionnement d'une secte.
Je pense que ce qui relie les trois est l'aliénation (voulue ou pas, subie ou désirée). Il est donc question de domination et de manipulation dans les trois histoires. Il me semble que leur assemblage suit une construction logique. Dans la première partie, le dominant a besoin de payer les dominés pour qu'ils exécutent ses volontés... sans pouvoir empêcher que, parfois, ils échappent à son contrôle. Dans la deuxième partie, Lanthimos met en scène une auto-aliénation, quasiment sans intervention extérieure. La troisième partie est une synthèse des deux. On y retrouve un mâle dominant, mais qui n'a plus besoin de payer pour se faire obéir, certains dominés reproduisant à leur tour, de leur propre chef, le schéma aliénant du maître.
Outre le plaisir de voir des acteurs se plier à un exercice de style (un peu comme dans Le Deuxième Acte, de Dupieux), j'ai aimé me confronter à cette énigme scénaristique, sans scène d'exposition, le sens se déduisant des relations entre les personnages et de la manière dont ceux-ci sont filmés.
On serait proche d'un grand film si j'avais pas quelques bémols à émettre. Le premier est l'aspect un peu artificiel de l'assemblage. En dépit de l'existence d'un projet de fond, le film ne transmet guère de message tranché. D'un côté, on peut penser qu'il dénonce la servilité aveugle, le complotisme, la masculinité toxique et le fanatisme sectaire. De l'autre, on pourrait l'estimer un peu complaisant avec ce qu'il dénonce, avec toujours chez Lanthimos, cette fascination ambiguë pour les corps nus de jeunes femmes très minces.
C'est aussi un peu trop sérieux à mon goût. On n'en apprécie que davantage les rares moments d'humour, comme cette énorme surprise quand un mari dépressif demande à ses meilleurs amis de rester avec lui pour regarder une vidéo lui réchauffant le cœur... éclats de rire garantis ! Cocasse aussi est l'accoutrement des membres de la secte... et la posture langoureuse adoptée par le gourou incarné par Willem Dafoe, sur le lit où il attend l'arrivée de sa nouvelle proie consentante...
L'histoire se conclut de manière ironique, les efforts d'une adepte étant bien mal récompensés !
Je recommande globalement, parce que, pour moi, Lanthimos est l'un des grands cinéastes actuellement en exercice et que ce qu'il crée a vraiment du style.
23:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Kinds of kindness
Même pas six mois après l'emballant Pauvres Créatures, revoilà une œuvre de Yorgos Lanthimos sur nos écrans. On y retrouve d'ailleurs Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley, accompagnés de petits nouveaux (dans l'univers lanthimosien) : Jesse Plemons, Hong Chau, Mamoudou Athie et Hunter Schafer.
Trois histoires en apparence indépendantes les unes des autres nous sont proposées... sauf que ce sont les mêmes acteurs que l'on voit dans chacune d'elles, dans des rôles différents. Le seul qui ne change pas vraiment est ce "RMF", dont le nom figure dans les trois titres d'historiettes : il y meurt, s'envoie en l'air (en tant que... pilote d'hélicoptère), puis mange un hamburger (une fois ressuscité !)... mais c'est un personnage secondaire, un figurant, autour duquel gravitent cependant les personnages principaux.
C'est donc un film assez conceptuel... et un plaisir d'acteurs, qui jouent des rôles parfois très différents d'une histoire à l'autre (en particulier Jesse Plemons, dont le prix d'interprétation reçu à Cannes est amplement mérité).
Dans la première, il est question d'un homme qui rémunère des personnes pour qu'elles agissent à sa guise. Dans la deuxième histoire, une femme disparue en mer réapparaît au domicile conjugal... mais son mari, policier, la trouve terriblement changée. Le triptyque se conclut sur la vision intérieure du fonctionnement d'une secte.
Je pense que ce qui relie les trois est l'aliénation (voulue ou pas, subie ou désirée). Il est donc question de domination et de manipulation dans les trois histoires. Il me semble que leur assemblage suit une construction logique. Dans la première partie, le dominant a besoin de payer les dominés pour qu'ils exécutent ses volontés... sans pouvoir empêcher que, parfois, ils échappent à son contrôle. Dans la deuxième partie, Lanthimos met en scène une auto-aliénation, quasiment sans intervention extérieure. La troisième partie est une synthèse des deux. On y retrouve un mâle dominant, mais qui n'a plus besoin de payer pour se faire obéir, certains dominés reproduisant à leur tour, de leur propre chef, le schéma aliénant du maître.
Outre le plaisir de voir des acteurs se plier à un exercice de style (un peu comme dans Le Deuxième Acte, de Dupieux), j'ai aimé me confronter à cette énigme scénaristique, sans scène d'exposition, le sens se déduisant des relations entre les personnages et de la manière dont ceux-ci sont filmés.
On serait proche d'un grand film si j'avais pas quelques bémols à émettre. Le premier est l'aspect un peu artificiel de l'assemblage. En dépit de l'existence d'un projet de fond, le film ne transmet guère de message tranché. D'un côté, on peut penser qu'il dénonce la servilité aveugle, le complotisme, la masculinité toxique et le fanatisme sectaire. De l'autre, on pourrait l'estimer un peu complaisant avec ce qu'il dénonce, avec toujours chez Lanthimos, cette fascination ambiguë pour les corps nus de jeunes femmes très minces.
C'est aussi un peu trop sérieux à mon goût. On n'en apprécie que davantage les rares moments d'humour, comme cette énorme surprise quand un mari dépressif demande à ses meilleurs amis de rester avec lui pour regarder une vidéo lui réchauffant le cœur... éclats de rire garantis ! Cocasse aussi est l'accoutrement des membres de la secte... et la posture langoureuse adoptée par le gourou incarné par Willem Dafoe, sur le lit où il attend l'arrivée de sa nouvelle proie consentante...
L'histoire se conclut de manière ironique, les efforts d'une adepte étant bien mal récompensés !
Je recommande globalement, parce que, pour moi, Lanthimos est l'un des grands cinéastes actuellement en exercice et que ce qu'il crée a vraiment du style.
23:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 29 juin 2024
L'Ombre du feu
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Japon panse ses plaies, jusque dans les provinces les plus reculées. Ce film de fiction nous fait suivre le destin de trois personnages : un jeune orphelin, une veuve et un ancien soldat. Le tableau qui est fait du Japon de l'époque n'est pas sans rappeler ce qu'on a récemment vu dans Godzilla Minus One... en moins bien.
Je trouve que, dès le début, tout est trop appuyé. La mise en scène insiste sur la saleté, la précarité, la chaleur (on est à la fin de l'été 1945, en zone quasi tropicale)... et puis cette jeune veuve est un peu trop jolie. Elle est interprétée par une comédienne (Shuri Mizutani) qui doit être une vedette dans son pays. Mais, ici, son visage est un peu trop lisse... et ses jambes un peu trop belles... Néanmoins, la présence de ce personnage, à l'écran, est l'occasion d'évoquer la précarité de la condition des femmes, surtout quand elles étaient les épouses de soldats, dont elles n'avaient plus de nouvelles.
Le surgissement du gamin est plutôt bien vu... mais l'on sent très vite que le réalisateur nous guide vers la formation d'un nouveau noyau familial, auquel pourrait s'adjoindre un ex-militaire en quête de travail... mais un peu perturbé dans sa tête.
C'est l'arrivée d'un autre ancien soldat qui redonne du tonus à l'intrigue. Il semble prendre le gamin sous son aile... peut-être pas uniquement par philanthropie. Cette partie-là de l'intrigue m'a davantage intéressé.
Pour des raisons que je ne révèlerai pas, le gamin va être séparé de son nouveau protecteur. On le suit désormais seul, en ville, où chacun tente de survivre, sans guère de considération pour le sort d'autrui. La dernière scène remet en relation le gosse avec la femme du début, mais de manière très particulière.
La photographie et les décors sont bien foutus, mais, c'est souvent un peu trop léché à mon goût. Pour paraphraser Coluche, je dirais que j'ai parfois eu l'impression d'être face à de "la crasse propre".
Sur le sujet (et, globalement, l'histoire du Japon des années 1930 aux années 1950), je conseille plutôt la lecture d'un célèbre manga, Gen d'Hiroshima.
17:03 Publié dans Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
L'Ombre du feu
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Japon panse ses plaies, jusque dans les provinces les plus reculées. Ce film de fiction nous fait suivre le destin de trois personnages : un jeune orphelin, une veuve et un ancien soldat. Le tableau qui est fait du Japon de l'époque n'est pas sans rappeler ce qu'on a récemment vu dans Godzilla Minus One... en moins bien.
Je trouve que, dès le début, tout est trop appuyé. La mise en scène insiste sur la saleté, la précarité, la chaleur (on est à la fin de l'été 1945, en zone quasi tropicale)... et puis cette jeune veuve est un peu trop jolie. Elle est interprétée par une comédienne (Shuri Mizutani) qui doit être une vedette dans son pays. Mais, ici, son visage est un peu trop lisse... et ses jambes un peu trop belles... Néanmoins, la présence de ce personnage, à l'écran, est l'occasion d'évoquer la précarité de la condition des femmes, surtout quand elles étaient les épouses de soldats, dont elles n'avaient plus de nouvelles.
Le surgissement du gamin est plutôt bien vu... mais l'on sent très vite que le réalisateur nous guide vers la formation d'un nouveau noyau familial, auquel pourrait s'adjoindre un ex-militaire en quête de travail... mais un peu perturbé dans sa tête.
C'est l'arrivée d'un autre ancien soldat qui redonne du tonus à l'intrigue. Il semble prendre le gamin sous son aile... peut-être pas uniquement par philanthropie. Cette partie-là de l'intrigue m'a davantage intéressé.
Pour des raisons que je ne révèlerai pas, le gamin va être séparé de son nouveau protecteur. On le suit désormais seul, en ville, où chacun tente de survivre, sans guère de considération pour le sort d'autrui. La dernière scène remet en relation le gosse avec la femme du début, mais de manière très particulière.
La photographie et les décors sont bien foutus, mais, c'est souvent un peu trop léché à mon goût. Pour paraphraser Coluche, je dirais que j'ai parfois eu l'impression d'être face à de "la crasse propre".
Sur le sujet (et, globalement, l'histoire du Japon des années 1930 aux années 1950), je conseille plutôt la lecture d'un célèbre manga, Gen d'Hiroshima.
17:03 Publié dans Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
mercredi, 26 juin 2024
39-45 Elles n'ont rien oublié
Tourné il y a environ deux ans, ce documentaire a déjà été diffusé, dans une version écourtée (d'environ 50 minutes), sur France Télévisions. Gonflé d'une quarantaine de minutes, il est sorti fin mai, sans doute en rapport avec la Journée nationale de la Résistance.
Quatre octo-nonagénaires ont été interrogées : Marie-Claire Aguesse (en haut à gauche), Lili Rosenberg (en haut à droite), Geneviève Pouille (en bas à gauche) et Frédérique Hébrard, en bas à droite.
La première n'est autre que la grand-mère des réalisateurs (Robin et Germain Aguesse). Elle a connu la Débâcle de 1940, la séparation de la famille, l'occupation et la Libération. Elle n'a pas été résistante, mais son vécu n'en est pas moins intéressant, puisqu'il nous transmet plutôt le point de vue d'une "Française moyenne". A cette dame très âgée, on pardonnera quelques erreurs, comme celle portant sur la qualité des chars français (bien meilleure que ce qu'elle en dit). Elle s'emmêle aussi les pinceaux quand elle évoque la popularité de Philippe Pétain, l'estimant (à juste titre) fondée sur une bataille de la Première Guerre mondiale... mais celle de la Marne au lieu de celle de Verdun. Enfin, quand elle parle du camp d'internement de Beaune-la-Rolande, elle a tendance à le présenter comme géré par les Allemands, alors que les détenus étaient gardés par des gendarmes français.
(Cette photographie, incluse à l'origine dans le film Nuit et brouillard, d'Alain Resnais, avait été censurée par le gouvernement français.)
Le parcours de Lili Rosenberg a été plus chaotique. Sa famille a été arrêtée le jour... de l'anniversaire de sa mère. La jeune fille est passée par plusieurs camps, jusqu'à celui de Bergen Belsen (ou est morte la petite Anne Frank). Son témoignage est souvent éprouvant, tant les horreurs qu'elles a vues ou subies sont grandes.
Tout comme ses parents, la jeune Geneviève Pouille (hélas décédée avant la sortie du film) s'est engagée dans la Résistance. Elle aussi a beaucoup souffert pendant la guerre, mais son témoignage est rempli d'espoir... et nourri d'anecdotes sur l'action d'une "petite main" de la lutte contre l'occupant.
Quant à Frédérique Hébrard (plus connue comme actrice et romancière), elle a indirectement participé (avec ses parents) au sauvetage des collections du Louvre, notamment de La Joconde, dont je me dois de rappeler qu'à l'époque, elle a effectué un court séjour dans l'Aveyron, à l'abbaye de Loc-Dieu.
En dépit de quelques erreurs/imprécisions, je trouve que l'ensemble constitue une belle leçon d'histoire et d'humanité.
16:26 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
39-45 Elles n'ont rien oublié
Tourné il y a environ deux ans, ce documentaire a déjà été diffusé, dans une version écourtée (d'environ 50 minutes), sur France Télévisions. Gonflé d'une quarantaine de minutes, il est sorti fin mai, sans doute en rapport avec la Journée nationale de la Résistance.
Quatre octo-nonagénaires ont été interrogées : Marie-Claire Aguesse (en haut à gauche), Lili Rosenberg (en haut à droite), Geneviève Pouille (en bas à gauche) et Frédérique Hébrard, en bas à droite.
La première n'est autre que la grand-mère des réalisateurs (Robin et Germain Aguesse). Elle a connu la Débâcle de 1940, la séparation de la famille, l'occupation et la Libération. Elle n'a pas été résistante, mais son vécu n'en est pas moins intéressant, puisqu'il nous transmet plutôt le point de vue d'une "Française moyenne". A cette dame très âgée, on pardonnera quelques erreurs, comme celle portant sur la qualité des chars français (bien meilleure que ce qu'elle en dit). Elle s'emmêle aussi les pinceaux quand elle évoque la popularité de Philippe Pétain, l'estimant (à juste titre) fondée sur une bataille de la Première Guerre mondiale... mais celle de la Marne au lieu de celle de Verdun. Enfin, quand elle parle du camp d'internement de Beaune-la-Rolande, elle a tendance à le présenter comme géré par les Allemands, alors que les détenus étaient gardés par des gendarmes français.
(Cette photographie, incluse à l'origine dans le film Nuit et brouillard, d'Alain Resnais, avait été censurée par le gouvernement français.)
Le parcours de Lili Rosenberg a été plus chaotique. Sa famille a été arrêtée le jour... de l'anniversaire de sa mère. La jeune fille est passée par plusieurs camps, jusqu'à celui de Bergen Belsen (ou est morte la petite Anne Frank). Son témoignage est souvent éprouvant, tant les horreurs qu'elles a vues ou subies sont grandes.
Tout comme ses parents, la jeune Geneviève Pouille (hélas décédée avant la sortie du film) s'est engagée dans la Résistance. Elle aussi a beaucoup souffert pendant la guerre, mais son témoignage est rempli d'espoir... et nourri d'anecdotes sur l'action d'une "petite main" de la lutte contre l'occupant.
Quant à Frédérique Hébrard (plus connue comme actrice et romancière), elle a indirectement participé (avec ses parents) au sauvetage des collections du Louvre, notamment de La Joconde, dont je me dois de rappeler qu'à l'époque, elle a effectué un court séjour dans l'Aveyron, à l'abbaye de Loc-Dieu.
En dépit de quelques erreurs/imprécisions, je trouve que l'ensemble constitue une belle leçon d'histoire et d'humanité.
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samedi, 22 juin 2024
Survivre
Le scénario de ce film mi-survivaliste mi-catastrophe s'appuie sur une hypothèse scientifique réaliste : la survenue prochaine d'une nouvelle inversion des pôles magnétiques... à ceci près qu'elle ne se produirait pas en une ou deux journées, mais étalée sur des centaines voire des milliers d'années.
Du côté des invraisemblances, cela ne s'arrête pas là, puisque ce n'est pas une mais deux inversions dont les protagonistes vont subir les conséquences, et ce en quelques jours ! Cerise sur le gâteau, quand on les voit explorer ce qui était moins de 24 heures plus tôt les fonds océaniques, c'est un univers presque totalement sec qui nous est proposé. (... et pour cause, puisque cela a été tourné au Maroc.)
Je m'étais risqué à une séance pour Émilie Dequenne et le thème, a priori assez original. Mais, dès le début, j'ai été gêné par le doublage en français (cette coproduction internationale ayant été tournée en anglais) et des approximations dans l'écriture des scènes et la direction des acteurs. Le pompon est un scénario particulièrement faiblard, ainsi que je vais vous le démontrer.
1) A l'issue de la nuit de tempête, le bateau de la famille de héros se retrouve échoué en zone désertique, où finit par débarquer un être humain. Seul le père, sorti du bateau, remarque son approche. A votre avis, comment réagit-il ?
a) Il réveille tous les membres de la famille et verrouille les accès du bateau.
b) Il réveille toute la famille et ressort pour s'approcher prudemment de l'inconnu armé.
c) Il ne réveille pas le reste de la famille mais ferme quand même l'accès au bateau avant de se diriger prudemment vers l'inconnu armé.
d) Il ne réveille personne, ne ferme rien et s'approche imprudemment de l'inconnu armé.
2) Comment l'inconnu se comporte-t-il ?
a) Il prend peur en remarquant la présence d'autres humains vivants et contourne le bateau.
b) Il s'approche mais, méfiant, il refuse l'eau offerte et repart aussi sec.
c) Il remercie le père pour l'eau qu'il lui a offerte et propose d'aider la famille à s'en sortir.
d) Il boit l'eau offerte, ne remercie pas le père et le tue sauvagement.
3) Quand la mère comprend qu'elle doit affronter l'inconnu, elle cache ses deux enfants, laissant à la fille aînée un pistolet d'alarme à utiliser en cas de menace. La situation se produit lorsque, juste devant la cachette des enfants, l'inconnu se met à frapper la mère. Comment réagissent les enfants ?
a) Tétanisés, ils ne font rien et laissent leur mère se faire tabasser puis violer.
b) La fille aînée finit par sortir de sa cachette, tire sur l'agresseur, mais le rate et du coup se fait elle aussi frapper puis violer à la place de sa mère.
c) Le fils cadet récupère l'arme des mains de sa sœur tétanisée, sort de sa cachette, tire sur l'agresseur, mais le rate et du coup se fait frapper puis violer à la place de sa mère.
c) Le fils cadet récupère l'arme des mains de sa sœur tétanisée, sort de sa cachette, affronte l'agresseur, le tue, réanime sa mère, remet en marche la radio, trouve des steaks hachés dans le frigo et prépare à manger pour toute la famille.
d) La fille finit par sortir de sa cachette, tire sur l'agresseur, le blesse et sauve sa mère.
4) Quand le trio familial rencontre des rescapés installés dans un ancien conteneur maritime, alors qu'ils sont poursuivis par d'horribles bêtes affamées...
a) Les humains font cause commune, tuent toutes les méchantes bêtes et se font un repas d'enfer, arrosé au champagne.
b) Les rescapés font entrer le trio familial dans leur refuge, mais ensuite se battent avec eux pour le contrôle du conteneur.
c) Les rescapés empêchent le trio d'entrer dans le conteneur, puis regardent avec délectation la mère et les enfants se faire boulotter par les méchantes bêtes.
d) Les rescapés empêchent le trio d'entrer dans le conteneur, mais il parvient à se réfugier au-dessus, tandis que les méchantes bêtes trouvent une ouverture et s'offrent un festin d'humains en boîte.
5) Quand les enfants rejoignent les rescapés d'une mission scientifique, il ne reste qu'un seul membre, blessé, capable de leur ouvrir la capsule de secours alors que le niveau de l'océan remonte et que d'horribles bestioles approchent. Que se passe-t-il ?
a) Les enfants tuent le scientifique, montent dans la capsule et regardent les bestioles bouffer son cadavre.
b) Le scientifique repousse les enfants, remonte seul dans la capsule et regarde les bestioles se régaler avec de la chair fraîche.
c) Les enfants et le scientifique montent ensemble dans la capsule mais, au dernier moment, se souviennent qu'ils ont oublié la mère, qui s'approche en courant. Trop tard : ils la voient servir de déjeuner aux horribles bestioles.
d) Les enfants sont montés dans la capsule avec leur mère, tandis que le scientifique, mourant, est resté au-dehors. Ils le voient se faire dévorer par les bestioles, elles-mêmes ensuite noyées par le retour de l'océan.
ALORS ? ON A ENVIE DE CONNAÎTRE LES BONNES RÉPONSES ?
1.d (scénario évidemment bâclé, paresseux)
2.d (l'humanité est à chier)
3.d (c'est un film familial, post-MeToo, censé montrer l'évolution positive des enfants du couple, qu'on nous présente au départ comme une paire de petits cons)
4.d (la méchanceté doit être punie)
5.d (on sauve les personnages auquel le public est censé s'être attaché durant le film)
P.S.
Aux cinéphiles en quête d'un bon film survivaliste contemporain, je conseille plutôt Soudain seuls, avec Mélanie Thierry et Gilles Lellouche.
23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Survivre
Le scénario de ce film mi-survivaliste mi-catastrophe s'appuie sur une hypothèse scientifique réaliste : la survenue prochaine d'une nouvelle inversion des pôles magnétiques... à ceci près qu'elle ne se produirait pas en une ou deux journées, mais étalée sur des centaines voire des milliers d'années.
Du côté des invraisemblances, cela ne s'arrête pas là, puisque ce n'est pas une mais deux inversions dont les protagonistes vont subir les conséquences, et ce en quelques jours ! Cerise sur le gâteau, quand on les voit explorer ce qui était moins de 24 heures plus tôt les fonds océaniques, c'est un univers presque totalement sec qui nous est proposé. (... et pour cause, puisque cela a été tourné au Maroc.)
Je m'étais risqué à une séance pour Émilie Dequenne et le thème, a priori assez original. Mais, dès le début, j'ai été gêné par le doublage en français (cette coproduction internationale ayant été tournée en anglais) et des approximations dans l'écriture des scènes et la direction des acteurs. Le pompon est un scénario particulièrement faiblard, ainsi que je vais vous le démontrer.
1) A l'issue de la nuit de tempête, le bateau de la famille de héros se retrouve échoué en zone désertique, où finit par débarquer un être humain. Seul le père, sorti du bateau, remarque son approche. A votre avis, comment réagit-il ?
a) Il réveille tous les membres de la famille et verrouille les accès du bateau.
b) Il réveille toute la famille et ressort pour s'approcher prudemment de l'inconnu armé.
c) Il ne réveille pas le reste de la famille mais ferme quand même l'accès au bateau avant de se diriger prudemment vers l'inconnu armé.
d) Il ne réveille personne, ne ferme rien et s'approche imprudemment de l'inconnu armé.
2) Comment l'inconnu se comporte-t-il ?
a) Il prend peur en remarquant la présence d'autres humains vivants et contourne le bateau.
b) Il s'approche mais, méfiant, il refuse l'eau offerte et repart aussi sec.
c) Il remercie le père pour l'eau qu'il lui a offerte et propose d'aider la famille à s'en sortir.
d) Il boit l'eau offerte, ne remercie pas le père et le tue sauvagement.
3) Quand la mère comprend qu'elle doit affronter l'inconnu, elle cache ses deux enfants, laissant à la fille aînée un pistolet d'alarme à utiliser en cas de menace. La situation se produit lorsque, juste devant la cachette des enfants, l'inconnu se met à frapper la mère. Comment réagissent les enfants ?
a) Tétanisés, ils ne font rien et laissent leur mère se faire tabasser puis violer.
b) La fille aînée finit par sortir de sa cachette, tire sur l'agresseur, mais le rate et du coup se fait elle aussi frapper puis violer à la place de sa mère.
c) Le fils cadet récupère l'arme des mains de sa sœur tétanisée, sort de sa cachette, tire sur l'agresseur, mais le rate et du coup se fait frapper puis violer à la place de sa mère.
c) Le fils cadet récupère l'arme des mains de sa sœur tétanisée, sort de sa cachette, affronte l'agresseur, le tue, réanime sa mère, remet en marche la radio, trouve des steaks hachés dans le frigo et prépare à manger pour toute la famille.
d) La fille finit par sortir de sa cachette, tire sur l'agresseur, le blesse et sauve sa mère.
4) Quand le trio familial rencontre des rescapés installés dans un ancien conteneur maritime, alors qu'ils sont poursuivis par d'horribles bêtes affamées...
a) Les humains font cause commune, tuent toutes les méchantes bêtes et se font un repas d'enfer, arrosé au champagne.
b) Les rescapés font entrer le trio familial dans leur refuge, mais ensuite se battent avec eux pour le contrôle du conteneur.
c) Les rescapés empêchent le trio d'entrer dans le conteneur, puis regardent avec délectation la mère et les enfants se faire boulotter par les méchantes bêtes.
d) Les rescapés empêchent le trio d'entrer dans le conteneur, mais il parvient à se réfugier au-dessus, tandis que les méchantes bêtes trouvent une ouverture et s'offrent un festin d'humains en boîte.
5) Quand les enfants rejoignent les rescapés d'une mission scientifique, il ne reste qu'un seul membre, blessé, capable de leur ouvrir la capsule de secours alors que le niveau de l'océan remonte et que d'horribles bestioles approchent. Que se passe-t-il ?
a) Les enfants tuent le scientifique, montent dans la capsule et regardent les bestioles bouffer son cadavre.
b) Le scientifique repousse les enfants, remonte seul dans la capsule et regarde les bestioles se régaler avec de la chair fraîche.
c) Les enfants et le scientifique montent ensemble dans la capsule mais, au dernier moment, se souviennent qu'ils ont oublié la mère, qui s'approche en courant. Trop tard : ils la voient servir de déjeuner aux horribles bestioles.
d) Les enfants sont montés dans la capsule avec leur mère, tandis que le scientifique, mourant, est resté au-dehors. Ils le voient se faire dévorer par les bestioles, elles-mêmes ensuite noyées par le retour de l'océan.
ALORS ? ON A ENVIE DE CONNAÎTRE LES BONNES RÉPONSES ?
1.d (scénario évidemment bâclé, paresseux)
2.d (l'humanité est à chier)
3.d (c'est un film familial, post-MeToo, censé montrer l'évolution positive des enfants du couple, qu'on nous présente au départ comme une paire de petits cons)
4.d (la méchanceté doit être punie)
5.d (on sauve les personnages auquel le public est censé s'être attaché durant le film)
P.S.
Aux cinéphiles en quête d'un bon film survivaliste contemporain, je conseille plutôt Soudain seuls, avec Mélanie Thierry et Gilles Lellouche.
23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Détective Conan : l'étoile à un million de dollars
C'est la troisième adaptation en long-métrage du célèbre manga que je vois en salle obscure (après La Fiancée de Shibuya en 2022 et Le Sous-Marin noir l'an dernier). Cette fois-ci, la réalisation a été confiée à une femme, Chika Nagaoka, qui avait déjà pris en charge The Scarlett Bullet (en 2021).
J'ai retrouvé dans ce film-ci les qualités présentes dans les précédents : une animation maîtrisée, parfois brillante, un scénario feuilletonnesque à souhait et des scènes d'action pas franchement vraisemblables, mais bien mises en scène (et à voir sur grand écran).
Cette fois, il est question d'une chasse au trésor : un amas de lingots d'or, ou une arme redoutable, cachée depuis des décennies. Conan (notre mini-Sherlock faussement enfantin) et sa petite bande sont en concurrence avec une vieille famille japonaise (amoureuse des sabres), un homme d'affaires nippo-américain peu scrupuleux, un cambrioleur roi du déguisement (sorte d'Arsène Lupin)... et un mystérieux ninja, capable de mettre en échec les meilleurs sabreurs.
La culture japonaise est donc au cœur de ce volet, avec une présentation de la région d'Hakodate, située sur l'île (nordique) d'Hokkaido. Un tournoi de sabre y est organisé, auquel certains protagonistes se rendent en empruntant le célèbre train à grande vitesse japonais (le Shinkansen). Il est aussi fait référence à des haïkus. Le film est donc clairement d'abord conçu pour un public nippon... et des Occidentaux cultivés (ou tout simplement fan du manga d'origine).
On ne s'ennuie pas un instant, sauf peut-être quand il est question des émois amoureux de certains personnages, jeunes adultes assez gauches. Mais, bon, comme c'est noyé dans l'ensemble des péripéties, cela se supporte sans peine.
La conclusion de l'histoire nous amène à un secret hérité de la Seconde Guerre mondiale. Le film s'achève sur des vues touristiques (réelles) de la région (qui permettent de voir en vrai certains lieux dessinés dans le film)... et quelques bonus. Ne partez donc pas trop vite !
P.S.
Il est déjà prévu de sortir un nouvel opus en 2025.
17:55 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Détective Conan : l'étoile à un million de dollars
C'est la troisième adaptation en long-métrage du célèbre manga que je vois en salle obscure (après La Fiancée de Shibuya en 2022 et Le Sous-Marin noir l'an dernier). Cette fois-ci, la réalisation a été confiée à une femme, Chika Nagaoka, qui avait déjà pris en charge The Scarlett Bullet (en 2021).
J'ai retrouvé dans ce film-ci les qualités présentes dans les précédents : une animation maîtrisée, parfois brillante, un scénario feuilletonnesque à souhait et des scènes d'action pas franchement vraisemblables, mais bien mises en scène (et à voir sur grand écran).
Cette fois, il est question d'une chasse au trésor : un amas de lingots d'or, ou une arme redoutable, cachée depuis des décennies. Conan (notre mini-Sherlock faussement enfantin) et sa petite bande sont en concurrence avec une vieille famille japonaise (amoureuse des sabres), un homme d'affaires nippo-américain peu scrupuleux, un cambrioleur roi du déguisement (sorte d'Arsène Lupin)... et un mystérieux ninja, capable de mettre en échec les meilleurs sabreurs.
La culture japonaise est donc au cœur de ce volet, avec une présentation de la région d'Hakodate, située sur l'île (nordique) d'Hokkaido. Un tournoi de sabre y est organisé, auquel certains protagonistes se rendent en empruntant le célèbre train à grande vitesse japonais (le Shinkansen). Il est aussi fait référence à des haïkus. Le film est donc clairement d'abord conçu pour un public nippon... et des Occidentaux cultivés (ou tout simplement fan du manga d'origine).
On ne s'ennuie pas un instant, sauf peut-être quand il est question des émois amoureux de certains personnages, jeunes adultes assez gauches. Mais, bon, comme c'est noyé dans l'ensemble des péripéties, cela se supporte sans peine.
La conclusion de l'histoire nous amène à un secret hérité de la Seconde Guerre mondiale. Le film s'achève sur des vues touristiques (réelles) de la région (qui permettent de voir en vrai certains lieux dessinés dans le film)... et quelques bonus. Ne partez donc pas trop vite !
P.S.
Il est déjà prévu de sortir un nouvel opus en 2025.
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Tehachapi
Jusqu'à il y a peu, "JR", pour moi, c'était le gros méchant de la série Dallas (excellemment interprété par le regretté Larry Hagman). Je me suis laissé tenter par ce film en raison de son sujet : l'intervention d'un "artiste de rue" dans une prison de haute sécurité, aux États-Unis... et ses suites.
Tehachapi est l'autre nom de la California Correctional Institution, située dans la ville du même nom (en Californie donc). Ce centre de détention est réputé être l'un des plus durs du pays. Y sont incarcérés des criminels jugés particulièrement dangereux, dans un complexe organisé en quatre niveaux, du 1 (le moins rude, pour les détenus plutôt calmes) au 4 (pour les détenus les plus turbulents). Jusqu'à il y a peu, ce niveau comportait des cellules-cages, installées dans une cour. Certains des personnages interrogés dans le documentaire y ont été enfermés.
Au départ, le projet de JR était de contribuer à la réhabilitation de certains condamnés réputés incurables, volontaires, en les faisant participer à la création d'une fresque photographique temporaire, complétée par un site internet. Cette première demi-heure est passionnante, de la rencontre entre l'artiste et les détenus au collage des énormes bandes de papier (dans l'une des cours de la prison), en passant par la prise de photographies et les premiers entretiens.
Petit à petit, on découvre cette étrange "faune", composée principalement de membres de gangs (soit dès avant la prison, soit depuis leur incarcération, pour se bâtir une protection) latinos, afro-américains ou néo-nazis.
Sans trop de surprise, on apprend que ces criminels endurcis ont tous une vie (plus ou moins) fracassée. Leur cas particulier est d'avoir été condamnés très jeunes, à des peines de prison très longues (voire à la perpétuité réelle, l’État de Californie ne pratiquant plus la peine de mort depuis 2019, année de début du tournage). On les découvre tous alors qu'ils ont déjà purgé dix à quinze ans de taule. Ce ne sont donc plus les adolescents ou jeunes adultes prédateurs qu'ils furent naguère, d'autant qu'ils ont voulu participer au projet, sans doute avec l'idée d'alléger leur peine. Et donc, si, d'une certaine manière, JR utilise ce matériau humain pour se faire valoir, ses cobayes eux-mêmes utilisent son projet pour tenter d'améliorer leur sort.
Il n'en est pas moins vrai que la démarche est louable et les séquences montrées à l'écran souvent fortes. Elles ont été tournées avec un smartphone, un drone ou une caméra embarquée. Elles sont généralement d'une bonne qualité technique.
Mais JR n'en est pas resté là. Par la suite, il est entré en contact avec certains des proches, qui ont parfois découvert le devenir du détenu grâce à son travail mis en ligne. Le film gagne en profondeur avec ces nouveaux témoignages.
JR est retourné sur place un an et demi plus tard, pour lancer une seconde fresque photographique : une copie du paysage de montagne extérieur à la prison... mais sur l'un des murs internes, avec un bel effet de trompe-l’œil. On découvre que plusieurs détenus sont passés au niveau 3, certains pouvant même envisager une libération prochaine. En raison de la pandémie de Covid (et sans doute de la réticence de l'administration pénitentiaire au regard du profil de quelques-uns de ces condamnés), l'étape suivante est un peu reportée. Elle fait l'objet de la dernière demi-heure du film. Elle est assez émouvante, même s'il faut rester conscient que les cas qui nous sont présentés sont plutôt l'exception que la règle.
Malgré un certain angélisme (et la volonté d'en dire le moins possible sur les crimes commis par ces détenus), j'ai apprécié la démarche, qui associe création artistique et action civique. C'est un film pétri d'humanisme et qui, en ces temps d'aigreurs et de haine, fait beaucoup de bien.
Tehachapi
Jusqu'à il y a peu, "JR", pour moi, c'était le gros méchant de la série Dallas (excellemment interprété par le regretté Larry Hagman). Je me suis laissé tenter par ce film en raison de son sujet : l'intervention d'un "artiste de rue" dans une prison de haute sécurité, aux États-Unis... et ses suites.
Tehachapi est l'autre nom de la California Correctional Institution, située dans la ville du même nom (en Californie donc). Ce centre de détention est réputé être l'un des plus durs du pays. Y sont incarcérés des criminels jugés particulièrement dangereux, dans un complexe organisé en quatre niveaux, du 1 (le moins rude, pour les détenus plutôt calmes) au 4 (pour les détenus les plus turbulents). Jusqu'à il y a peu, ce niveau comportait des cellules-cages, installées dans une cour. Certains des personnages interrogés dans le documentaire y ont été enfermés.
Au départ, le projet de JR était de contribuer à la réhabilitation de certains condamnés réputés incurables, volontaires, en les faisant participer à la création d'une fresque photographique temporaire, complétée par un site internet. Cette première demi-heure est passionnante, de la rencontre entre l'artiste et les détenus au collage des énormes bandes de papier (dans l'une des cours de la prison), en passant par la prise de photographies et les premiers entretiens.
Petit à petit, on découvre cette étrange "faune", composée principalement de membres de gangs (soit dès avant la prison, soit depuis leur incarcération, pour se bâtir une protection) latinos, afro-américains ou néo-nazis.
Sans trop de surprise, on apprend que ces criminels endurcis ont tous une vie (plus ou moins) fracassée. Leur cas particulier est d'avoir été condamnés très jeunes, à des peines de prison très longues (voire à la perpétuité réelle, l’État de Californie ne pratiquant plus la peine de mort depuis 2019, année de début du tournage). On les découvre tous alors qu'ils ont déjà purgé dix à quinze ans de taule. Ce ne sont donc plus les adolescents ou jeunes adultes prédateurs qu'ils furent naguère, d'autant qu'ils ont voulu participer au projet, sans doute avec l'idée d'alléger leur peine. Et donc, si, d'une certaine manière, JR utilise ce matériau humain pour se faire valoir, ses cobayes eux-mêmes utilisent son projet pour tenter d'améliorer leur sort.
Il n'en est pas moins vrai que la démarche est louable et les séquences montrées à l'écran souvent fortes. Elles ont été tournées avec un smartphone, un drone ou une caméra embarquée. Elles sont généralement d'une bonne qualité technique.
Mais JR n'en est pas resté là. Par la suite, il est entré en contact avec certains des proches, qui ont parfois découvert le devenir du détenu grâce à son travail mis en ligne. Le film gagne en profondeur avec ces nouveaux témoignages.
JR est retourné sur place un an et demi plus tard, pour lancer une seconde fresque photographique : une copie du paysage de montagne extérieur à la prison... mais sur l'un des murs internes, avec un bel effet de trompe-l’œil. On découvre que plusieurs détenus sont passés au niveau 3, certains pouvant même envisager une libération prochaine. En raison de la pandémie de Covid (et sans doute de la réticence de l'administration pénitentiaire au regard du profil de quelques-uns de ces condamnés), l'étape suivante est un peu reportée. Elle fait l'objet de la dernière demi-heure du film. Elle est assez émouvante, même s'il faut rester conscient que les cas qui nous sont présentés sont plutôt l'exception que la règle.
Malgré un certain angélisme (et la volonté d'en dire le moins possible sur les crimes commis par ces détenus), j'ai apprécié la démarche, qui associe création artistique et action civique. C'est un film pétri d'humanisme et qui, en ces temps d'aigreurs et de haine, fait beaucoup de bien.
jeudi, 20 juin 2024
Chien blanc
J'ai raté ce film à sa sortie en salles, d'autant qu'il n'est pas resté longtemps à l'affiche dans mon cinéma habituel. Un déplacement professionnel m'a donné l'occasion de combler ce manque.
Six ans et demi après La Promesse de l'aube, voilà une nouvelle œuvre (autobiographique) de Romain Gary adaptée au cinéma. Cette fois-ci, c'est aux États-Unis, en 1968, que se déroule l'action, juste après l'assassinat de Martin Luther King.
Trois trames scénaristiques s'entrecroisent. L'histoire du couple intello-médiatique formé par Gary et l'actrice Jean Seberg en est une. Dès le début, on sent qu'entre eux ce n'est plus la passion des débuts. Les deux comédiens nous font sentir la progressive prise de distance entre l'écrivain vieillissant, prudent, modéré, et l'étoile filante du Septième Art, devenue activiste. Cela nous mène à la trame politique, celle de la lutte des Afro-américains pour obtenir la pleine égalité des droits (trois ans après l'abolition officielle de la ségrégation, que le film ne rappelle pas). Outre le racisme de nombre d'Américains blancs, le film dénonce les violences policières... sans négliger pour autant de représenter celles de certains Noirs.
Le sort du chien, un très joli berger allemand, se place dans ce contexte. Il débarque un jour dans le quartier très WASP de Los Angeles où vit le couple Gary-Seberg. (Vous n'auriez tout de même pas voulu qu'ils habitent dans le ghetto, avec leurs compagnons de lutte ?) Le canidé se signale par une agressivité sélective, qui ne vise que les "personnes de couleur". Un dresseur le qualifie de « white dog » (chien blanc), sous-entendu raciste. (On appréciera la finesse de la désignation, l'adjectif blanc étant, dans ce cas précis, synonyme de raciste.) Pendant la période esclavagiste, ce genre de chien était dressé pour pourchasser les esclaves en fuite. Pendant la période de ségrégation, il assistait les "klanistes" pratiquant le lynchage des Noirs. A l'époque du film, il est utilisé par les policiers intervenant lors des manifestations pour les droits civiques.
La question est : ce chien, dont le comportement est d'ordinaire parfaitement normal, peut-il être "redressé" ? La solution de l'euthanasier, outre sa cruauté, ne serait-elle pas (de la part de personnes engagées) un aveu de faiblesse, voire d'échec ? (La question se pose pour le chien, mais les spectateurs sont évidemment censés comprendre qu'il est aussi question des humains...) C'est, pour moi, la partie la plus intéressante du film.
La crise du couple Gary-Seberg, aussi bien interprété soit celui-ci, ne m'a pas passionné... et, même si j'ai apprécié la reconstitution (engagée à gauche) de la période des droits civiques, je trouve que l'intensité dramatique (et émotionnelle) porte davantage sur le personnage du chien. Je ne peux pas trop en dire, mais ce qui lui arrive (et la manière dont la réalisatrice a choisi de le montrer) est très signifiant... et dérangeant. Je pense que cela a gêné certains spectateurs (deux ayant quitté la salle avant la fin, dans le cinéma où je l'ai vu). Ils s'attendaient sans doute à une œuvre plus manichéenne. Mais, pour ce que je sais de Romain Gary (et ce que j'en ai lu), ce serait mal le connaître. Je pense qu'Anaïs Barbeau-Lavalette (auteure, il y a une dizaine d'années, d'Inch'Allah) a été assez fidèle au roman d'origine.
Du coup, j'ai trouvé ce film assez fort, très bien joué, subtilement dérangeant.
21:46 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Chien blanc
J'ai raté ce film à sa sortie en salles, d'autant qu'il n'est pas resté longtemps à l'affiche dans mon cinéma habituel. Un déplacement professionnel m'a donné l'occasion de combler ce manque.
Six ans et demi après La Promesse de l'aube, voilà une nouvelle œuvre (autobiographique) de Romain Gary adaptée au cinéma. Cette fois-ci, c'est aux États-Unis, en 1968, que se déroule l'action, juste après l'assassinat de Martin Luther King.
Trois trames scénaristiques s'entrecroisent. L'histoire du couple intello-médiatique formé par Gary et l'actrice Jean Seberg en est une. Dès le début, on sent qu'entre eux ce n'est plus la passion des débuts. Les deux comédiens nous font sentir la progressive prise de distance entre l'écrivain vieillissant, prudent, modéré, et l'étoile filante du Septième Art, devenue activiste. Cela nous mène à la trame politique, celle de la lutte des Afro-américains pour obtenir la pleine égalité des droits (trois ans après l'abolition officielle de la ségrégation, que le film ne rappelle pas). Outre le racisme de nombre d'Américains blancs, le film dénonce les violences policières... sans négliger pour autant de représenter celles de certains Noirs.
Le sort du chien, un très joli berger allemand, se place dans ce contexte. Il débarque un jour dans le quartier très WASP de Los Angeles où vit le couple Gary-Seberg. (Vous n'auriez tout de même pas voulu qu'ils habitent dans le ghetto, avec leurs compagnons de lutte ?) Le canidé se signale par une agressivité sélective, qui ne vise que les "personnes de couleur". Un dresseur le qualifie de « white dog » (chien blanc), sous-entendu raciste. (On appréciera la finesse de la désignation, l'adjectif blanc étant, dans ce cas précis, synonyme de raciste.) Pendant la période esclavagiste, ce genre de chien était dressé pour pourchasser les esclaves en fuite. Pendant la période de ségrégation, il assistait les "klanistes" pratiquant le lynchage des Noirs. A l'époque du film, il est utilisé par les policiers intervenant lors des manifestations pour les droits civiques.
La question est : ce chien, dont le comportement est d'ordinaire parfaitement normal, peut-il être "redressé" ? La solution de l'euthanasier, outre sa cruauté, ne serait-elle pas (de la part de personnes engagées) un aveu de faiblesse, voire d'échec ? (La question se pose pour le chien, mais les spectateurs sont évidemment censés comprendre qu'il est aussi question des humains...) C'est, pour moi, la partie la plus intéressante du film.
La crise du couple Gary-Seberg, aussi bien interprété soit celui-ci, ne m'a pas passionné... et, même si j'ai apprécié la reconstitution (engagée à gauche) de la période des droits civiques, je trouve que l'intensité dramatique (et émotionnelle) porte davantage sur le personnage du chien. Je ne peux pas trop en dire, mais ce qui lui arrive (et la manière dont la réalisatrice a choisi de le montrer) est très signifiant... et dérangeant. Je pense que cela a gêné certains spectateurs (deux ayant quitté la salle avant la fin, dans le cinéma où je l'ai vu). Ils s'attendaient sans doute à une œuvre plus manichéenne. Mais, pour ce que je sais de Romain Gary (et ce que j'en ai lu), ce serait mal le connaître. Je pense qu'Anaïs Barbeau-Lavalette (auteure, il y a une dizaine d'années, d'Inch'Allah) a été assez fidèle au roman d'origine.
Du coup, j'ai trouvé ce film assez fort, très bien joué, subtilement dérangeant.
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Vice Versa 2
Neuf ans après la sortie de Vice Versa, nous avons droit aux nouvelles aventures de la jeune Riley. A la fin du premier épisode (brièvement ressorti dans les cinémas CGR pour l'occasion), on sentait qu'une suite était envisagée. Joie se félicitait que tout soit revenu à la normale, en affirmant que rien de pire ne pouvait plus arriver...
C'était sans compter avec l'appât du gain des dirigeants de Disney l'imagination fertile d'un groupe de scénaristes l'arrivée de la puberté et donc le début de l'adolescence. Riley change, physiquement et mentalement. Débarquent donc dans son esprit de nouvelles émotions : Anxiété, Envie, Ennui et Embarras. C'est surtout Anxiété qui va prendre de l'importance, au point de devenir une rivale de Joie.
Les changements psychologiques de l'adolescente sont assez bien mis en scène. En revanche, sans doute par pudibonderie, on a été "léger" sur les changements physiques : Riley a grandi, a de nouvelles dents et dégage une odeur corporelle plus forte. Sont passés sous silence (visuellement comme oralement) les règles, les seins qui émergent et les poils qui poussent...
Contrairement à ce qu'on nous proposait dans le premier film, on n'attend pas très longtemps avant d'avoir un aperçu de ce qui se passe dans la tête d'autres personnages que Riley. On découvre assez vite (même si c'est brièvement) la psyché des deux meilleures amies de l'héroïne et l'on retrouve celle des parents, moins drôle que dans le premier épisode, selon moi.
C'est d'ailleurs une remarque que l'on peut faire globalement : cet épisode est moins drôle, moins délirant. De plus, il reprend une trame très semblable : l'une des émotions prend de l'importance et, ne pouvant s'empêcher d'intervenir, menace la psyché de Riley. Joie se retrouve écartée du poste de commandement et est confrontée à de multiples épreuves, placées en parallèle avec la vie de Riley, dont l'état mental se dégrade. Les héroïnes sont au bord du gouffre (voire au fond du trou), avant que tout finisse par s'arranger.
C'est de surcroît très "politiquement correct". il semblerait qu'aux États-Unis, les équipes de hockeyeuses soient un reflet quasi exact de la diversité ethno-culturelle du pays, mise en avant notamment à travers une joueuse voilée (un accoutrement très commode pour pratiquer ce genre de sport).
Même si l'animation est de grande qualité, même si certaines péripéties sont virevoltantes, émaillées d'humour (trop peu présent à mon goût), je suis sorti de là un peu déçu. Ou alors c'est parce que ce genre de divertissement n'est plus de mon âge.
12:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Vice Versa 2
Neuf ans après la sortie de Vice Versa, nous avons droit aux nouvelles aventures de la jeune Riley. A la fin du premier épisode (brièvement ressorti dans les cinémas CGR pour l'occasion), on sentait qu'une suite était envisagée. Joie se félicitait que tout soit revenu à la normale, en affirmant que rien de pire ne pouvait plus arriver...
C'était sans compter avec l'appât du gain des dirigeants de Disney l'imagination fertile d'un groupe de scénaristes l'arrivée de la puberté et donc le début de l'adolescence. Riley change, physiquement et mentalement. Débarquent donc dans son esprit de nouvelles émotions : Anxiété, Envie, Ennui et Embarras. C'est surtout Anxiété qui va prendre de l'importance, au point de devenir une rivale de Joie.
Les changements psychologiques de l'adolescente sont assez bien mis en scène. En revanche, sans doute par pudibonderie, on a été "léger" sur les changements physiques : Riley a grandi, a de nouvelles dents et dégage une odeur corporelle plus forte. Sont passés sous silence (visuellement comme oralement) les règles, les seins qui émergent et les poils qui poussent...
Contrairement à ce qu'on nous proposait dans le premier film, on n'attend pas très longtemps avant d'avoir un aperçu de ce qui se passe dans la tête d'autres personnages que Riley. On découvre assez vite (même si c'est brièvement) la psyché des deux meilleures amies de l'héroïne et l'on retrouve celle des parents, moins drôle que dans le premier épisode, selon moi.
C'est d'ailleurs une remarque que l'on peut faire globalement : cet épisode est moins drôle, moins délirant. De plus, il reprend une trame très semblable : l'une des émotions prend de l'importance et, ne pouvant s'empêcher d'intervenir, menace la psyché de Riley. Joie se retrouve écartée du poste de commandement et est confrontée à de multiples épreuves, placées en parallèle avec la vie de Riley, dont l'état mental se dégrade. Les héroïnes sont au bord du gouffre (voire au fond du trou), avant que tout finisse par s'arranger.
C'est de surcroît très "politiquement correct". il semblerait qu'aux États-Unis, les équipes de hockeyeuses soient un reflet quasi exact de la diversité ethno-culturelle du pays, mise en avant notamment à travers une joueuse voilée (un accoutrement très commode pour pratiquer ce genre de sport).
Même si l'animation est de grande qualité, même si certaines péripéties sont virevoltantes, émaillées d'humour (trop peu présent à mon goût), je suis sorti de là un peu déçu. Ou alors c'est parce que ce genre de divertissement n'est plus de mon âge.
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mercredi, 19 juin 2024
Heroico
Au Mexique, le pouvoir s'appuie fortement sur l'armée pour lutter contre la délinquance en général, les cartels de la drogue en particulier. Les polices semblant soit trop sensibles à la corruption, soit trop vulnérables face aux organisations criminelles, l'institution militaire a vu son rôle s'accroître, au point d'être soupçonnée de constituer désormais un État dans l’État, avec ses dérives.
Voilà pourquoi le cinéaste David Zonana s'est penché sur la formation des recrues (surnommées "poulains"), dans un complexe militaire coupé du reste du pays. On suit les premiers pas de plusieurs jeunes hommes, souvent d'origine modeste, l'un d'entre eux issu d'une famille indigène : certains dialogues (intra-familiaux, mais aussi entre un officier et l'une de ces recrues) ne sont pas en espagnol (peut-être en nahuatl, encore parlé par plusieurs millions de personnes).
Pour beaucoup de ces recrues, l'admission dans l'armée représente une promotion sociale, une source de prestige (associé au port de l'uniforme), de respect... et un moyen d'améliorer le quotidien de leur famille : dès la période de formation, ils bénéficient d'une solde et de la mutuelle de l'armée. L'un des personnages en profite pour faire soigner correctement le diabète de sa mère.
La contrepartie est de supporter la période extrêmement dure de formation : la vie en dortoir, l'entraînement physique, l'autoritarisme des supérieurs hiérarchiques... et les humiliations, imposées par certains sous-officiers, eux-mêmes passés par là auparavant. Un groupe se montre particulièrement cruel... et semble s'affranchir des règles en vigueur en dehors de la caserne. Poids du regard des autres, harcèlement et même sadisme sont au programme.
C'est suffisamment bien mis en scène pour rappeler, par certains moments, la première partie de Full Metal Jacket (de Kubrick). C'est dire si c'est prenant. Mais il y a autre chose dans ce film. Aux scènes quasi documentaires s'ajoutent d'autres, fantasmagoriques. Je me demande si, dans une certaine mesure, le style pictural n'est pas sous l'influence de ce qu'on a appelé, notamment en littérature, le réalisme magique.
Au départ, Luis Nuñez (le héros) est un agneau, mais un agneau tenace. Il est pris sous son aile par l'un des sous-officiers, pour des raisons que l'on met longtemps à comprendre (une partie est explicitée, l'autre demeure implicite... mais la scène de piscine, placée vers la fin, ne laisse guère de doute).
Le titre, Heroico (« Héroïque »), est à double sens. D'un côté, il s'agit peut-être d'une antiphrase. L'héroïsme républicain, dont les apprentis soldats sont censés devenir les défenseurs, est une valeur affichée, mais bafouée par certains cadres de cette armée (où l'on a tendance à cacher sous le tapis la poussière gênante). D'un autre côté, le véritable héroïsme est celui dont Luis va devoir faire preuve, pour se sortir d'une situation difficile, avec dignité. Son personnage est confronté à plusieurs choix cornéliens.
On se demande comment le cinéaste va conclure son histoire... et il le fait de fort belle manière. Je recommande vivement ce film coup de poing, 1h30 de tension sur un fond politique et social.
12:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Heroico
Au Mexique, le pouvoir s'appuie fortement sur l'armée pour lutter contre la délinquance en général, les cartels de la drogue en particulier. Les polices semblant soit trop sensibles à la corruption, soit trop vulnérables face aux organisations criminelles, l'institution militaire a vu son rôle s'accroître, au point d'être soupçonnée de constituer désormais un État dans l’État, avec ses dérives.
Voilà pourquoi le cinéaste David Zonana s'est penché sur la formation des recrues (surnommées "poulains"), dans un complexe militaire coupé du reste du pays. On suit les premiers pas de plusieurs jeunes hommes, souvent d'origine modeste, l'un d'entre eux issu d'une famille indigène : certains dialogues (intra-familiaux, mais aussi entre un officier et l'une de ces recrues) ne sont pas en espagnol (peut-être en nahuatl, encore parlé par plusieurs millions de personnes).
Pour beaucoup de ces recrues, l'admission dans l'armée représente une promotion sociale, une source de prestige (associé au port de l'uniforme), de respect... et un moyen d'améliorer le quotidien de leur famille : dès la période de formation, ils bénéficient d'une solde et de la mutuelle de l'armée. L'un des personnages en profite pour faire soigner correctement le diabète de sa mère.
La contrepartie est de supporter la période extrêmement dure de formation : la vie en dortoir, l'entraînement physique, l'autoritarisme des supérieurs hiérarchiques... et les humiliations, imposées par certains sous-officiers, eux-mêmes passés par là auparavant. Un groupe se montre particulièrement cruel... et semble s'affranchir des règles en vigueur en dehors de la caserne. Poids du regard des autres, harcèlement et même sadisme sont au programme.
C'est suffisamment bien mis en scène pour rappeler, par certains moments, la première partie de Full Metal Jacket (de Kubrick). C'est dire si c'est prenant. Mais il y a autre chose dans ce film. Aux scènes quasi documentaires s'ajoutent d'autres, fantasmagoriques. Je me demande si, dans une certaine mesure, le style pictural n'est pas sous l'influence de ce qu'on a appelé, notamment en littérature, le réalisme magique.
Au départ, Luis Nuñez (le héros) est un agneau, mais un agneau tenace. Il est pris sous son aile par l'un des sous-officiers, pour des raisons que l'on met longtemps à comprendre (une partie est explicitée, l'autre demeure implicite... mais la scène de piscine, placée vers la fin, ne laisse guère de doute).
Le titre, Heroico (« Héroïque »), est à double sens. D'un côté, il s'agit peut-être d'une antiphrase. L'héroïsme républicain, dont les apprentis soldats sont censés devenir les défenseurs, est une valeur affichée, mais bafouée par certains cadres de cette armée (où l'on a tendance à cacher sous le tapis la poussière gênante). D'un autre côté, le véritable héroïsme est celui dont Luis va devoir faire preuve, pour se sortir d'une situation difficile, avec dignité. Son personnage est confronté à plusieurs choix cornéliens.
On se demande comment le cinéaste va conclure son histoire... et il le fait de fort belle manière. Je recommande vivement ce film coup de poing, 1h30 de tension sur un fond politique et social.
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mardi, 18 juin 2024
Rendez-vous avec Pol Pot
Cette fiction à caractère historique nous replonge dans le thème de prédilection du cinéaste Rithy Panh, à savoir le Cambodge communiste totalitaire, celui des années 1975-1979... avec près de deux millions de morts à la clé (un authentique génocide, celui-là).
Si la justice internationale a (tardivement) fait son travail, sur le plan de la transmission historique, notamment en France, c'est léger... et c'est aussi le sujet du film, qui met en scène un trio de journalistes français (un rubricard, un photographe et une "preneuse d'images"), dont le degré d'aveuglement (ou de complaisance) quant à la nature du régime des Khmers rouges varie fortement.
Grégoire Colin incarne avec talent l'intellectuel marxiste, visiblement d'origine bourgeoise, qui a côtoyé certains futurs dirigeants communistes lors de ses études (durant lesquelles il a pu recevoir l'enseignement ô combien objectif d'universitaires eux-mêmes marxistes convaincus). C'est "l'idiot utile" typique, l'Occidental qui se berce d'illusions et que les agents du totalitarisme pensent pouvoir manipuler aisément. Toutefois, au bout d'un moment, le comédien réussit à nous faire sentir l'évolution du personnage, qui, parfois, semble jouer l'aveugle ou l'imbécile pour sauver ses collègues.
Cyril Gueï interprète avec conviction le reporter de guerre baroudeur, pas du tout sensible aux sirènes communistes... et du genre à s'affranchir des règles.
Complète le trio Irène Jacob (que je n'avais pas vue au cinéma depuis des lustres). Elle est absolument formidable en journaliste affûtée, prudente... et femme indépendante. Dans un rôle approchant, je l'ai trouvée meilleure que Kirsten Dunst dans le récent Civil War.
Ce trio de reporters a bel et bien existé, même s'il n'était pas français. L'intrigue s'inspire d'un livre d'Elizabeth Becker, la journaliste américaine qui a fait partie de l'expédition d'origine.
Entre deux scènes de fiction, Rithy Panh (auteur, rappelons-le, de l'excellent S-21, la machine de mort khmère rouge) a inséré des extraits de films documentaires, quand il ne pouvait pas faire jouer l'innommable. Cela passe par l'un des journalistes, qui sort des sentiers battus de la visite guidée, pour découvrir l'envers du décor.
S'ajoutent à cela des scènes tournées avec des maquettes et des figurines, à l'image du procédé déjà mis en œuvre dans L'Image manquante.
L'ensemble est prenant, bien qu'un peu long. C'est une belle leçon d'histoire, sur un sujet qui n'est guère enseigné en France.
11:51 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Rendez-vous avec Pol Pot
Cette fiction à caractère historique nous replonge dans le thème de prédilection du cinéaste Rithy Panh, à savoir le Cambodge communiste totalitaire, celui des années 1975-1979... avec près de deux millions de morts à la clé (un authentique génocide, celui-là).
Si la justice internationale a (tardivement) fait son travail, sur le plan de la transmission historique, notamment en France, c'est léger... et c'est aussi le sujet du film, qui met en scène un trio de journalistes français (un rubricard, un photographe et une "preneuse d'images"), dont le degré d'aveuglement (ou de complaisance) quant à la nature du régime des Khmers rouges varie fortement.
Grégoire Colin incarne avec talent l'intellectuel marxiste, visiblement d'origine bourgeoise, qui a côtoyé certains futurs dirigeants communistes lors de ses études (durant lesquelles il a pu recevoir l'enseignement ô combien objectif d'universitaires eux-mêmes marxistes convaincus). C'est "l'idiot utile" typique, l'Occidental qui se berce d'illusions et que les agents du totalitarisme pensent pouvoir manipuler aisément. Toutefois, au bout d'un moment, le comédien réussit à nous faire sentir l'évolution du personnage, qui, parfois, semble jouer l'aveugle ou l'imbécile pour sauver ses collègues.
Cyril Gueï interprète avec conviction le reporter de guerre baroudeur, pas du tout sensible aux sirènes communistes... et du genre à s'affranchir des règles.
Complète le trio Irène Jacob (que je n'avais pas vue au cinéma depuis des lustres). Elle est absolument formidable en journaliste affûtée, prudente... et femme indépendante. Dans un rôle approchant, je l'ai trouvée meilleure que Kirsten Dunst dans le récent Civil War.
Ce trio de reporters a bel et bien existé, même s'il n'était pas français. L'intrigue s'inspire d'un livre d'Elizabeth Becker, la journaliste américaine qui a fait partie de l'expédition d'origine.
Entre deux scènes de fiction, Rithy Panh (auteur, rappelons-le, de l'excellent S-21, la machine de mort khmère rouge) a inséré des extraits de films documentaires, quand il ne pouvait pas faire jouer l'innommable. Cela passe par l'un des journalistes, qui sort des sentiers battus de la visite guidée, pour découvrir l'envers du décor.
S'ajoutent à cela des scènes tournées avec des maquettes et des figurines, à l'image du procédé déjà mis en œuvre dans L'Image manquante.
L'ensemble est prenant, bien qu'un peu long. C'est une belle leçon d'histoire, sur un sujet qui n'est guère enseigné en France.
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samedi, 15 juin 2024
Bad Boys - Ride or Die
Quatre ans après Bad Boys for Life, Will Smith et Martin Lawrence remettent le couvert, sous la houlette d'Adil El Arbi et de Billal Fallah. Le début nous replonge dans l'ambiance de ce Miami Vice version afro-américaine : images léchées ("clipesques" même), grosses bagnoles, flingues rutilants, bombasses en maillots de bain... et musique rap clinquante. Clairement, on ne vise pas la subtilité. Mais, comme la première séquence (qui contient une scène de braquage) n'est pas mal fichue, avec son mélange d'action brute et d'humour potache, on se dit qu'on pourrait passer un agréable moment.
Hélas, en dépit du caméo de Michael Bay (le créateur de la franchise, qui fait un petit coucou au volant d'une Porsche), on se rend vite compte que ce film-ci recycle tous les clichés du genre, sans y apporter de valeur ajoutée. Le premier problème réside dans le jeu des acteurs principaux. Soit on les a laissés en roue libre, soit on leur a demandé d'en faire des tonnes. Martin Lawrence, doté d'un réel potentiel comique, s'en sort peut-être moins mal que Will Smith, mais son énergie ne suffit pas à sauver le film.
Celui-ci se rattrape un peu avec les scènes d'action. Là, oui, il y a du savoir-faire, notamment dans la séquence d'avion (avec une cage), assez emballante. J'ai aussi aimé l'assaut mené par une bande de para-militaires sur le domicile de l'un des protagonistes, assaut qui, évidemment, ne va pas se dérouler comme ils le prévoyaient. Enfin, toute la partie se déroulant dans l'ancien parc d'attractions mérite le détour, même si elle est entachée d'une énorme maladresse, à propos des crises de panique de Mike Lowrey (Will Smith), vraiment mal mises en scène. (Les détracteurs de ce comédien un peu sanguin se réjouiront de le voir se prendre une série de gifles... peut-être un clin d’œil à son esclandre lors des Oscars 2022.)
Au niveau du scénario, il ne faut pas s'attendre à des miracles. C'est cousu de fil blanc... et n'importe quel spectateur doté d'un tant soit peu de jugeote devinera très vite qui se trouve derrière le complot.
Dans une grande salle, avec du bon son, c'est un divertissement digestif, à condition de faire preuve d'indulgence.
12:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Bad Boys - Ride or Die
Quatre ans après Bad Boys for Life, Will Smith et Martin Lawrence remettent le couvert, sous la houlette d'Adil El Arbi et de Billal Fallah. Le début nous replonge dans l'ambiance de ce Miami Vice version afro-américaine : images léchées ("clipesques" même), grosses bagnoles, flingues rutilants, bombasses en maillots de bain... et musique rap clinquante. Clairement, on ne vise pas la subtilité. Mais, comme la première séquence (qui contient une scène de braquage) n'est pas mal fichue, avec son mélange d'action brute et d'humour potache, on se dit qu'on pourrait passer un agréable moment.
Hélas, en dépit du caméo de Michael Bay (le créateur de la franchise, qui fait un petit coucou au volant d'une Porsche), on se rend vite compte que ce film-ci recycle tous les clichés du genre, sans y apporter de valeur ajoutée. Le premier problème réside dans le jeu des acteurs principaux. Soit on les a laissés en roue libre, soit on leur a demandé d'en faire des tonnes. Martin Lawrence, doté d'un réel potentiel comique, s'en sort peut-être moins mal que Will Smith, mais son énergie ne suffit pas à sauver le film.
Celui-ci se rattrape un peu avec les scènes d'action. Là, oui, il y a du savoir-faire, notamment dans la séquence d'avion (avec une cage), assez emballante. J'ai aussi aimé l'assaut mené par une bande de para-militaires sur le domicile de l'un des protagonistes, assaut qui, évidemment, ne va pas se dérouler comme ils le prévoyaient. Enfin, toute la partie se déroulant dans l'ancien parc d'attractions mérite le détour, même si elle est entachée d'une énorme maladresse, à propos des crises de panique de Mike Lowrey (Will Smith), vraiment mal mises en scène. (Les détracteurs de ce comédien un peu sanguin se réjouiront de le voir se prendre une série de gifles... peut-être un clin d’œil à son esclandre lors des Oscars 2022.)
Au niveau du scénario, il ne faut pas s'attendre à des miracles. C'est cousu de fil blanc... et n'importe quel spectateur doté d'un tant soit peu de jugeote devinera très vite qui se trouve derrière le complot.
Dans une grande salle, avec du bon son, c'est un divertissement digestif, à condition de faire preuve d'indulgence.
12:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 08 juin 2024
Memory
Je crois que c'est le premier film de Michel Franco que je vois dans une salle obscure. (Ou alors, c'est que ma mémoire me joue des tours...) J'y suis donc allé sans les a priori qu'éprouvent certains critiques professionnels à son égard.
Le personnage principal est celui de Sylvia, une femme entre deux âges, aux revenus modestes, qui travaille dans un centre pour adultes handicapés. Mais ce n'est pas l'endroit où on la découvre. La première séquence, composée essentiellement de gros plans, nous plonge dans une réunion des alcooliques anonymes. Il nous faudra un peu de temps pour comprendre pourquoi cette ex-alcoolo se barricade chez elle, évite les rendez-vous et, dans les lieux publics, met tout le monde à distance... en particulier les hommes.
Le thème de la mémoire est introduit en même temps que le personnage de Saul, qui souffre de démence précoce, à un stade encore peu avancé. Pourquoi, un soir, se met-il à suivre Sylvia ? Mystère...
Ce n'est pas par les dialogues, mais par la mise en scène que le réalisateur nous plonge dans la psychologie des personnages. Il est bien aidé par des acteurs formidables, premiers comme seconds rôles, même si je placerais Jessica Chastain au-dessus du lot. Une fois de plus, elle est épatante. Je suis étonné de la facilité avec laquelle celle qui peut incarner une héroïne glamour se glisse dans la peau d'une travailleuse sociale.
Une étrange relation s'ébauche entre Sylvia et Saul, relation qui, au fur et à mesure qu'on en apprend plus sur le passé de l'héroïne, peut paraître glauque. Mais l'homme souffrant de démence n'est pas le seul personnage à connaître des problèmes de mémoire. Franco nous laisse volontairement dans l'incertitude, aussi bien au niveau des dialogues que de certains gestes de ses personnages... jusqu'à ce que, dans la dernière partie, survienne le coup de théâtre.
C'est brillant, très bien joué. De surcroît, le cinéaste a su conclure son film de manière touchante. C'est pour moi l'excellente surprise de ce début du mois de juin.
23:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Memory
Je crois que c'est le premier film de Michel Franco que je vois dans une salle obscure. (Ou alors, c'est que ma mémoire me joue des tours...) J'y suis donc allé sans les a priori qu'éprouvent certains critiques professionnels à son égard.
Le personnage principal est celui de Sylvia, une femme entre deux âges, aux revenus modestes, qui travaille dans un centre pour adultes handicapés. Mais ce n'est pas l'endroit où on la découvre. La première séquence, composée essentiellement de gros plans, nous plonge dans une réunion des alcooliques anonymes. Il nous faudra un peu de temps pour comprendre pourquoi cette ex-alcoolo se barricade chez elle, évite les rendez-vous et, dans les lieux publics, met tout le monde à distance... en particulier les hommes.
Le thème de la mémoire est introduit en même temps que le personnage de Saul, qui souffre de démence précoce, à un stade encore peu avancé. Pourquoi, un soir, se met-il à suivre Sylvia ? Mystère...
Ce n'est pas par les dialogues, mais par la mise en scène que le réalisateur nous plonge dans la psychologie des personnages. Il est bien aidé par des acteurs formidables, premiers comme seconds rôles, même si je placerais Jessica Chastain au-dessus du lot. Une fois de plus, elle est épatante. Je suis étonné de la facilité avec laquelle celle qui peut incarner une héroïne glamour se glisse dans la peau d'une travailleuse sociale.
Une étrange relation s'ébauche entre Sylvia et Saul, relation qui, au fur et à mesure qu'on en apprend plus sur le passé de l'héroïne, peut paraître glauque. Mais l'homme souffrant de démence n'est pas le seul personnage à connaître des problèmes de mémoire. Franco nous laisse volontairement dans l'incertitude, aussi bien au niveau des dialogues que de certains gestes de ses personnages... jusqu'à ce que, dans la dernière partie, survienne le coup de théâtre.
C'est brillant, très bien joué. De surcroît, le cinéaste a su conclure son film de manière touchante. C'est pour moi l'excellente surprise de ce début du mois de juin.
23:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Comme un lundi
Inspiré d'Un Jour sans fin, le scénario de cette comédie sociétale japonaise nous fait découvrir le travail des employés de ce qui est sans doute une entreprise de sous-traitance dans la communication. Chacun lundi matin, ils ont l'impression que c'est la même semaine qui recommence. C'est une évidente allusion à la routine d'un travail qui semble parfois aliénant. Mais, dans leur cas, c'est la vérité !
Au titre français je préfère la version internationale, le pluriel, associé à la mise en abyme au niveau de la lettre O, me semblant plus révélateurs du contenu du film.
Dans celui-ci, plusieurs personnages prennent conscience de l'éternel recommencement de cette semaine fatidique : leur boîte doit terminer dans l'urgence une commande importante. Dans le même temps, l'héroïne cherche à se faire embaucher par une grosse entreprise, l'un de ses supérieurs à acheter un billet pour un concert de K-pop, un autre tente d'organiser ses vacances... sans parler de celui qui rêve d'être reconnu comme auteur de mangas !
On suit l'histoire du point de vue de l'héroïne Akemi. On découvre assez rapidement qu'au bureau, elle n'est pas la première à se rendre compte du caractère exceptionnel de la situation. Certains de ses collègues ont déjà expérimenté des dizaines de tentatives pour briser le cercle vicieux. Ils sont arrivés à la conclusion que la solution passe par la prise de conscience progressive de chaque membre de la hiérarchie, celui-ci convaincu par son(sa) subordonné(e) immédiat(e). Voilà qui est très japonais...
La première partie contient quelques moments cocasses, comme quand certains salariés agissent vis-à-vis de leurs collègues en montrant leur connaissance de ce qui va se produire. J'ai aussi en mémoire la scène du chargeur de téléphone, vraiment réussie et une autre, sur le toit de l'immeuble, avec des lunettes de protection.
Mais, attention, ce n'est pas la comédie délirante qu'on nous a parfois vendue. L'essentiel de l'intrigue est une réflexion sur l'addiction au travail, l'ambition et les choix de vie. Peut-on sacrifier ses rêves à sa réussite personnelle ? A l'inverse, à quoi est-on prêt(e) à renoncer pour réaliser ses rêves ? Les réponses à ces questions, qui diffèrent d'un personnage à l'autre, ne m'ont pas forcément convaincu. Mais j'ai passé 80 minutes divertissantes... en restant jusqu'à la fin du générique, qui contient un petit bonus.
17:08 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Comme un lundi
Inspiré d'Un Jour sans fin, le scénario de cette comédie sociétale japonaise nous fait découvrir le travail des employés de ce qui est sans doute une entreprise de sous-traitance dans la communication. Chacun lundi matin, ils ont l'impression que c'est la même semaine qui recommence. C'est une évidente allusion à la routine d'un travail qui semble parfois aliénant. Mais, dans leur cas, c'est la vérité !
Au titre français je préfère la version internationale, le pluriel, associé à la mise en abyme au niveau de la lettre O, me semblant plus révélateurs du contenu du film.
Dans celui-ci, plusieurs personnages prennent conscience de l'éternel recommencement de cette semaine fatidique : leur boîte doit terminer dans l'urgence une commande importante. Dans le même temps, l'héroïne cherche à se faire embaucher par une grosse entreprise, l'un de ses supérieurs à acheter un billet pour un concert de K-pop, un autre tente d'organiser ses vacances... sans parler de celui qui rêve d'être reconnu comme auteur de mangas !
On suit l'histoire du point de vue de l'héroïne Akemi. On découvre assez rapidement qu'au bureau, elle n'est pas la première à se rendre compte du caractère exceptionnel de la situation. Certains de ses collègues ont déjà expérimenté des dizaines de tentatives pour briser le cercle vicieux. Ils sont arrivés à la conclusion que la solution passe par la prise de conscience progressive de chaque membre de la hiérarchie, celui-ci convaincu par son(sa) subordonné(e) immédiat(e). Voilà qui est très japonais...
La première partie contient quelques moments cocasses, comme quand certains salariés agissent vis-à-vis de leurs collègues en montrant leur connaissance de ce qui va se produire. J'ai aussi en mémoire la scène du chargeur de téléphone, vraiment réussie et une autre, sur le toit de l'immeuble, avec des lunettes de protection.
Mais, attention, ce n'est pas la comédie délirante qu'on nous a parfois vendue. L'essentiel de l'intrigue est une réflexion sur l'addiction au travail, l'ambition et les choix de vie. Peut-on sacrifier ses rêves à sa réussite personnelle ? A l'inverse, à quoi est-on prêt(e) à renoncer pour réaliser ses rêves ? Les réponses à ces questions, qui diffèrent d'un personnage à l'autre, ne m'ont pas forcément convaincu. Mais j'ai passé 80 minutes divertissantes... en restant jusqu'à la fin du générique, qui contient un petit bonus.
17:08 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 01 juin 2024
Le Deuxième Acte
C'est le nouveau Dupieux, le deuxième (et peut-être pas second) de l'année 2024, après l'enthousiasmant Daaaaaali ! On y retrouve le goût du réalisateur pour la mise en abyme (déjà visible dans Réalité) et la confusion entre fiction et réalité.
Le titre est polysémique. On peut le comprendre comme une annonce du déroulement du film : la séquence initiale (le premier acte) n'est pas incluse dans le dispositif qui s'enclenche avec la seconde (donc le deuxième acte). C'est aussi une manière d'exposer la construction de la majorité des séquences, qui sont constituées de deux trames scénaristiques différentes (et successives), l'une prenant place dans une fiction dirigée par... une intelligence artificielle, l'autre trame évoquant la vie personnelle des acteurs. (Il y a même trois trames, puisque le scénario conçu par l'IA « David » contient déjà une mise en abyme, à laquelle Dupieux ajoute la sienne...)
En plus de la découverte de la construction intellectuelle, le plaisir vient de l'interprétation à multiples facettes des comédiens, quatre pointures qui se sont prêtées au jeu de Dupieux. Les deux qui m'ont le plus impressionné sont Léa Seydoux et Vincent Lindon. On ne s'étonnera pas que la première incarne une comédienne ambitieuse, mais je trouve qu'elle interprète son personnage avec une fraîcheur inédite, peut-être parce que ce rôle-ci lui parle plus que ceux, glamours, auxquels on a tendance à la confiner. Et puis, quel plaisir que de l'entendre affirmer, dans les toilettes d'un restaurant miteux de Dordogne, qu'elle est « une voyante du cul » !
Le film contient d'autres petits morceaux de bravoure, comme lorsque deux hommes sont filmés en travelling arrière, en train de discourir des choses de la vie et que l'un d'entre eux finit par s'exclamer que « Les nouilles, elles sont bien dures, là ! »
A sa manière, Dupieux philosophe sur le monde contemporain (occidental), ses manies, ses modes, ses angoisses... et il adresse quelques piques au monde du cinéma. (Je pense que les gens de ce milieu ont dû comprendre mieux que moi à qui en particulier s'adresse telle ou telle critique formulée à travers le comportement d'un des personnages.)
En vedette vieillissante du Septième Art, Vincent Lindon nous livre une fort belle composition, réussissant, dans la même prise (un de ces plans séquences qu'affectionne Dupieux) à interpréter successivement deux personnages aux tempéraments différents. (Léa Seydoux y parvient de manière tout aussi convaincante, alors que Louis Garrel et Raphaël Quenard ont plus de mal à passer rapidement d'un registre à l'autre.)
Même si certains plans semblent avoir été tournés avec les pieds, l'énergie qui se dégage de l'ensemble m'a conquis... et j'ai souvent ri !
23:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films