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samedi, 22 février 2025

Un Jour en septembre (DVD)

   C'est le titre d'un "vieux" documentaire de Kevin Macdonald (qui, à l'époque, n'avait pas encore réalisé Le Dernier Roi d’Écosse), sorti en 1999 et lauréat de l'Oscar, dans sa catégorie, en 2000 (devant le Buena Vista Social Club de Wim Wenders).

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   C'était l'année où avaient été distingués Sam Mendes et Kevin Spacey (pour American Beauty), mais aussi (en tant que second rôle) Michael Caine et Angelina Jolie, Pedro Almodovar (pour Tout sur ma mère), les décors de Sleepy Hollow (de Tim Burton), les effets spéciaux du premier Matrix... sans oublier You'll be in my heart, la chanson composée par Phil Collins pour le film d'animation Tarzan (un Disney, bien entendu). Étaient repartis bredouilles les œuvres suivantes : Le Talentueux Mr Ripley (avec Matt Damon), Révélations (de Michael Mann), Sixième Sens (le meilleur Shyamalan ?), La Ligne verte (avec Tom Hanks), Magnolia (de Paul Thomas Anderson) et Dans la peau de John Malkovich (de Spike Jonze)... Quelle année !

   Le documentaire de Macdonald m'est revenu en tête en raison de la sortie récente de 5 septembre, consacré lui aussi au massacre de Munich, pendant les Jeux Olympiques d'été de 1972.

   Voir les deux films à peu de distance l'un de l'autre fait surgir leurs ressemblances. Ils contiennent tous deux des images d'actualité de l'époque... mais la fiction sortie ce mois-ci comporte des scènes, jouées par des acteurs, d'une troublante vérité, proche du mimétisme quand on a les originaux sous les yeux.

   L'avantage du documentaire de Macdonald est de ne pas se limiter à la vision de l'équipe d'ABC. Il a croisé les archives avec les déclarations de témoins américains, allemands et israéliens, s'appuyant notamment sur les interventions du chef de Mossad (à l'époque Zvi Zamir) et de la veuve d'un des membres de l'équipe olympique. Du côté allemand, même 27 ans après, on sent souvent la gêne, parce qu'il est évident que les services de sécurité, qu'ils soient bavarois au fédéraux (dépendant de Berlin) n'ont pas été à la hauteur. Sur les lieux du carnage final, certains se sont même fait tirer dessus par leurs compatriotes, qui les ont pris pour des membres du commando terroriste.

   Celui-ci a aussi droit à la parole, à travers le dernier survivant du groupe, Jamal Al-Gashey, fier de ce qu'il a "accompli"... mais se terrant pour échapper aux tueurs du Mossad.

   Sur le fond, quelques nuances distinguent le documentaire de la fiction. Ainsi, aujourd'hui, on sait que les sportifs en goguette, qui ont fait entrer par mégarde les terroristes dans le village olympique, n'étaient pas états-uniens mais canadiens.

   Le documentaire a marqué les esprits pour plusieurs raisons. Il est le résultat d'un travail fouillé, pas unilatéral dans le traitement des informations. Il a été tourné avec un réel souci pédagogique, pour faire comprendre les tenants et les aboutissants au plus grand nombre, avec notamment quelques animations pour expliquer le dénouement. Il a choqué certains à cause des plans des deux premières victimes (aux visages floutés). Il contient enfin une révélation, celle que l'échange des trois terroristes rescapés (réalisé deux mois plus tard) entre la RFA et les Palestiniens qui avaient pris en otage un avion reliant Beyrouth à Francfort... était en réalité une opération d'enfumage, les autorités ouest-allemandes étant peu désireuses de se coltiner l'organisation d'un procès, surtout au regard des menaces que les mouvements terroristes faisaient planer sur le pays.

   P.S. I

   Un site allemand a réalisé une sorte de mémorial virtuel dédié aux onze victimes du massacre, chacune ayant droit à une page souvenir (fort bien documentée), en allemand et en anglais :

David Berger (né en 1944)

Zeev Friedman (né en 1944)

Yossef Gutfreund (né en 1931)

Eliezer Halfin (né en 1948)

Yossef Romano (né en 1940)

Kehat Schor (né en 1919)

Amitzur Shapira (né en 1932)

Mark Slavin (né en 1954)

Andrei Spitzer (né en 1945)

Yakov Springer (né en 1921)

Moshe Weinberg (né en 1939)

   Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette affaire : aucune des victimes n'est née dans l’État israélien (recréé en 1948). Les deux plus jeunes du groupe (Slavin et Halfin) ont vu le jour en URSS, tout comme Friedman. Quatre autres sont nés en Europe de l'Est : Springer (en Pologne), Gutfreund, Schor et Spitzer (dans la Grande Roumanie). Berger et Romano sont plus atypiques : le premier est né aux États-Unis (à Cleveland), le second dans la Libye italienne (à Benghazi). Restent Weinberg et Shapira, qui ont vu le jour dans la Palestine mandataire (sous autorité du Royaume-Uni), à Haïfa et Tev Aviv.

   Le plus terrible est que ceux qui sont nés en URSS, Pologne et Roumanie sont très souvent des rescapés de la Shoah. Ils ont échappé aux nazis (et à leurs collaborateurs polonais, roumains...), pour tomber, des années plus tard, sous les balles de Palestiniens.

   P.S. II

   Le DVD ne contient aucun supplément (à part la bande-annonce).

   P.S. III

   Un certain Raymond Depardon figure au générique : il était en charge de la photographie.

jeudi, 20 février 2025

Un parfait inconnu

   Ah, qu'elle était belle l'époque durant laquelle on pouvait rouler à moto sans casque, fumer dans les lieux publics, baiser à tire-larigot sans capote... et gagner plein de sous avec des chansons contestataires ! En se focalisant sur la période qui vit Robert Zimmerman devenir vraiment Bob Dylan, James Mangold (auquel on doit, entre autres, Logan, Le Mans 66 et le dernier Indiana Jones), né en 1963, nous livre ce que certains djeunses pourraient appeler (de manière réductrice) "un film de boomer".

   Du coup, c'est au moins autant une œuvre de cœur qu'un mini-biopic, centré sur les années 1961-1965, avant donc la mort de Woody Guthrie (l'un des modèles de Dylan)... mais juste après la sortie de l'un de ses "tubes", Like a Rolling Stone, qui a marqué un tournant dans sa carrière... et dont les paroles ont inspiré le titre du film (en anglais).

   Ce n'est toutefois pas une hagiographie. Mangold dépeint certes un jeune musicien tenaillé par son art... mais aussi soucieux de richesse, de célébrité... et de conquêtes féminines. Sur la plan politique, il est montré comme ambigu, ce que fait bien sentir (parfois de manière implicite) le jeu de Timothée Chalamet (pour une fois très bon). Mais il n'est pas le seul à se distinguer. Toute la distribution est brillante, d'Edward Norton (en vétéran de la folk traditionnelle, militante, qui voit un petit jeune décrocher la célébrité après laquelle il semble avoir couru) à Monica Barbaro (surprenante Joan Baez), en passant par Elle Fanning, Boyd Holbrook (excellent Johnny Cash)... et tant d'autres.

   Les événements historiques ne constituent qu'un arrière-plan, jamais réellement creusé. Cela commence avec un petit goût de Guerre froide et des relents de maccarthysme. Cela continue avec le mouvement des Droits civiques et la Guerre du Vietnam. Celles et ceux qui sont allés voir ce film en pensant y trouver un brûlot politique ont dû être déçus. C'est plutôt une nouvelle illustration de la marche vers le sommet d'un p'tit gars venu de la base, une histoire très américaine en fait. (C'est le moment de préciser qu'en réalité, Robert Zimmerman est issu de la classe moyenne.)

   Je me dois de signaler que, si l'on n'aime pas la musique folk, il vaut mieux s'abstenir, parce qu'elle occupe une place considérable, peut-être la moitié des 2h20. Moi qui ne suis pas un fan du genre (sans y être allergique), j'ai été séduit.

   En dépit de sa longueur et de quelques scènes intimes moins réussies que le reste, le film mérite incontestablement le détour.

Un parfait inconnu

   Ah, qu'elle était belle l'époque durant laquelle on pouvait rouler à moto sans casque, fumer dans les lieux publics, baiser à tire-larigot sans capote... et gagner plein de sous avec des chansons contestataires ! En se focalisant sur la période qui vit Robert Zimmerman devenir vraiment Bob Dylan, James Mangold (auquel on doit, entre autres, Logan, Le Mans 66 et le dernier Indiana Jones), né en 1963, nous livre ce que certains djeunses pourraient appeler (de manière réductrice) "un film de boomer".

   Du coup, c'est au moins autant une œuvre de cœur qu'un mini-biopic, centré sur les années 1961-1965, avant donc la mort de Woody Guthrie (l'un des modèles de Dylan)... mais juste après la sortie de l'un de ses "tubes", Like a Rolling Stone, qui a marqué un tournant dans sa carrière... et dont les paroles ont inspiré le titre du film (en anglais).

   Ce n'est toutefois pas une hagiographie. Mangold dépeint certes un jeune musicien tenaillé par son art... mais aussi soucieux de richesse, de célébrité... et de conquêtes féminines. Sur la plan politique, il est montré comme ambigu, ce que fait bien sentir (parfois de manière implicite) le jeu de Timothée Chalamet (pour une fois très bon). Mais il n'est pas le seul à se distinguer. Toute la distribution est brillante, d'Edward Norton (en vétéran de la folk traditionnelle, militante, qui voit un petit jeune décrocher la célébrité après laquelle il semble avoir couru) à Monica Barbaro (surprenante Joan Baez), en passant par Elle Fanning, Boyd Holbrook (excellent Johnny Cash)... et tant d'autres.

   Les événements historiques ne constituent qu'un arrière-plan, jamais réellement creusé. Cela commence avec un petit goût de Guerre froide et des relents de maccarthysme. Cela continue avec le mouvement des Droits civiques et la Guerre du Vietnam. Celles et ceux qui sont allés voir ce film en pensant y trouver un brûlot politique ont dû être déçus. C'est plutôt une nouvelle illustration de la marche vers le sommet d'un p'tit gars venu de la base, une histoire très américaine en fait. (C'est le moment de préciser qu'en réalité, Robert Zimmerman est issu de la classe moyenne.)

   Je me dois de signaler que, si l'on n'aime pas la musique folk, il vaut mieux s'abstenir, parce qu'elle occupe une place considérable, peut-être la moitié des 2h20. Moi qui ne suis pas un fan du genre (sans y être allergique), j'ai été séduit.

   En dépit de sa longueur et de quelques scènes intimes moins réussies que le reste, le film mérite incontestablement le détour.

mercredi, 19 février 2025

Daffy et Porky sauvent le monde

   Petit bain de jouvence pour moi, à l'occasion de la sortie en salles de ces nouvelles aventures de deux personnages des Looney Tunes (ou Merry Melodies), à savoir Daffy Duck et Porky Pig. J'ai pu constater que, dans la salle, ceux qui ont connu les courts-métrages déjantés de jadis accompagnaient ceux qui, peut-être, découvraient cet univers.

   L'intrigue comique est mâtinée d'horreur et de science-fiction. Les spectateurs avisés reconnaîtront les références à Deep Impact, La Nuit des morts-vivants... ainsi qu'au style des courts-métrages anciens. C'est souvent surréaliste, sans être effrayant... mais ce n'est pas super-bien fait. J'ai vite arrêté de compter les faux-raccords et autres erreurs de mise en image. Il faut être indulgent pour supporter cela... et surtout le personnage de Daffy Duck, à qui j'ai souvent eu envie de coller des gifles. L'intrigue met en scène son amitié tumultueuse avec Porky, qui finit par se fâcher avec lui... mais, je vous rassure, la fin est consensuelle, Daffy ayant lui-même (un peu) mûri.

   D'autres messages sont délivrés à nos chères têtes blondes/brunes/rousses/châtain/chauves. Ainsi, Porky refuse la facilité (suggérée par Daffy) qui consisterait à attendre que tombe un chèque du gouvernement (une aide sociale) pour régler leurs problèmes. Les deux acolytes se lancent dans le monde du travail, avec un succès que je laisse à chacun le plaisir de découvrir. Ils finissent par trouver leur bonheur dans un emploi peu gratifiant, sans doute mal payé, mais qui leur convient.

   ... et c'est là que vous vous dites : mais c'est un film de droite ! Oooooooooooooooooh, ouiiiiiii ! (C'est si rare dans le secteur de l'animation, où fourmillent les gauchistes de diverses obédiences.) Je pense que le sous-texte est en partie trumpien (ou muskien). En effet, Daffy, en plus de se comporter comme un crétin, adopte les théories les plus farfelues. A un moment, il est clairement présenté comme un complotiste... et c'est lui qui, d'une certaine manière, a raison ! Quand j'aurai ajouté que le grand méchant est certes un personnage en apparence hostile, mais qui veut en réalité sauver la planète (grâce à la technologie), vous vous demanderez s'il est bien nécessaire d'emmener votre progéniture ingurgiter une telle propagande insidieuse.

   Le film n'est pourtant pas sans qualités. A un court instant, on voit Daffy jouer à l'influenceuse (et c'est hilarant). Un peu plus loin, l'entrée en lice du principal personnage féminin (la charmante Petunia Pig, qui donne très envie de goûter à ses jambons) est délicieusement parodique. Malheureusement, la suite n'est que rarement aussi emballante. Je signale toutefois le procédé utilisé par les héros pour combattre le méchant : une substance à base d’œuf pourri, qui fait vomir les humains zombifiés... Kiffant.

   Le public, adulte comme jeune, a au final assez peu ri. J'ai trouvé que le film nous avait été un peu survendu, peut-être en raison de la nostalgie de nombreux adultes. Jadis, les courts-métrages étaient d'esprit contestataire, un peu anars (de gauche). Aujourd'hui, au moins de l'autre côté de l'Atlantique, la disruptivité semble avoir été récupérée par le camp adverse.

19:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Daffy et Porky sauvent le monde

   Petit bain de jouvence pour moi, à l'occasion de la sortie en salles de ces nouvelles aventures de deux personnages des Looney Tunes (ou Merry Melodies), à savoir Daffy Duck et Porky Pig. J'ai pu constater que, dans la salle, ceux qui ont connu les courts-métrages déjantés de jadis accompagnaient ceux qui, peut-être, découvraient cet univers.

   L'intrigue comique est mâtinée d'horreur et de science-fiction. Les spectateurs avisés reconnaîtront les références à Deep Impact, La Nuit des morts-vivants... ainsi qu'au style des courts-métrages anciens. C'est souvent surréaliste, sans être effrayant... mais ce n'est pas super-bien fait. J'ai vite arrêté de compter les faux-raccords et autres erreurs de mise en image. Il faut être indulgent pour supporter cela... et surtout le personnage de Daffy Duck, à qui j'ai souvent eu envie de coller des gifles. L'intrigue met en scène son amitié tumultueuse avec Porky, qui finit par se fâcher avec lui... mais, je vous rassure, la fin est consensuelle, Daffy ayant lui-même (un peu) mûri.

   D'autres messages sont délivrés à nos chères têtes blondes/brunes/rousses/châtain/chauves. Ainsi, Porky refuse la facilité (suggérée par Daffy) qui consisterait à attendre que tombe un chèque du gouvernement (une aide sociale) pour régler leurs problèmes. Les deux acolytes se lancent dans le monde du travail, avec un succès que je laisse à chacun le plaisir de découvrir. Ils finissent par trouver leur bonheur dans un emploi peu gratifiant, sans doute mal payé, mais qui leur convient.

   ... et c'est là que vous vous dites : mais c'est un film de droite ! Oooooooooooooooooh, ouiiiiiii ! (C'est si rare dans le secteur de l'animation, où fourmillent les gauchistes de diverses obédiences.) Je pense que le sous-texte est en partie trumpien (ou muskien). En effet, Daffy, en plus de se comporter comme un crétin, adopte les théories les plus farfelues. A un moment, il est clairement présenté comme un complotiste... et c'est lui qui, d'une certaine manière, a raison ! Quand j'aurai ajouté que le grand méchant est certes un personnage en apparence hostile, mais qui veut en réalité sauver la planète (grâce à la technologie), vous vous demanderez s'il est bien nécessaire d'emmener votre progéniture ingurgiter une telle propagande insidieuse.

   Le film n'est pourtant pas sans qualités. A un court instant, on voit Daffy jouer à l'influenceuse (et c'est hilarant). Un peu plus loin, l'entrée en lice du principal personnage féminin (la charmante Petunia Pig, qui donne très envie de goûter à ses jambons) est délicieusement parodique. Malheureusement, la suite n'est que rarement aussi emballante. Je signale toutefois le procédé utilisé par les héros pour combattre le méchant : une substance à base d’œuf pourri, qui fait vomir les humains zombifiés... Kiffant.

   Le public, adulte comme jeune, a au final assez peu ri. J'ai trouvé que le film nous avait été un peu survendu, peut-être en raison de la nostalgie de nombreux adultes. Jadis, les courts-métrages étaient d'esprit contestataire, un peu anars (de gauche). Aujourd'hui, au moins de l'autre côté de l'Atlantique, la disruptivité semble avoir été récupérée par le camp adverse.

19:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 18 février 2025

Haut les mains

   Comme l'intrigue fait intervenir un cambrioleur (sur le retour), on est tenté de penser, de prime abord, que le titre fait allusion à un braquage au sens littéral, alors que je pense qu'il faut le prendre au sens symbolique : certaines personnalités ont réalisé un véritable hold-up sur l'écologie et tentent de se faire passer pour ce qu'elles ne sont pas. Le propos est radical, souvent caricatural, mais c'est assumé.

   Au centre de l'histoire se trouve Bernard, un cambrioleur quinquagénaire, un peu has been sur les bords... mais qui a gardé un doigté incomparable, qui lui permet de faire monter au septième ciel ses partenaires sexuelles d'ouvrir n'importe quel type de coffre. Il est tombé sous la coupe d'un flic véreux et misogyne, un gros porc dans tous les sens du terme, incarné avec une certaine gourmandise par Stéphane Debac.

   Dans des circonstances que je me garderai de détailler, Bernard se retrouve mêlé aux actions d'un groupuscule écolo-féministe, "piloté" (de manière presque démocratique) par une femme forte, Olympe, formidablement interprétée par Émilie Caen. Elle est épaulée par deux djeunses qui sont des caricatures de citadins engagés pseudo-révolutionnaires : un garçon déconstruit (un geek non masculiniste, ce qui mérite d'être souligné) et une amazone qui n'a que les mots "patriarcat" et "boomer" à la bouche. Aussi agaçant ce personnage soit-il, je dois reconnaître qu'il est très bien incarné par Tracy Gotoas et qu'il évolue positivement en cours de route.

   C'est d'ailleurs le cas de tous les protagonistes. Bernard le maladroit, le lâche (très bonne prestation de Vincent Elbaz), finit par se laisser pousser des couilles, Olympe fend l'armure, Simon sort de ses écrans et Zora s'ouvre davantage aux autres.

   Le début contient quelques répliques grinçantes, quand les djeunses et leur mentor raillent le quinqua qu'ils présument pétri de préjugés... dont ils ne sont eux-mêmes pas dépourvus.

   J'ai failli oublier un personnage important : Flamby, un... lapin, qui joue un rôle non négligeable dans l'intrigue.

   Voilà pourquoi ce film m'a globalement plu. D'abord, parce que j'y ai ri, à plusieurs reprises. Ensuite, parce que la cause est belle : le plan global consiste à révéler la véritable nature d'un présentateur télé présumé écolo, futur ministre, à la tête d'une fondation renommée (toute ressemblance avec Nicolas H. étant évidemment fortuite). Enfin parce que la réalisatrice Julie Manoukian (dont j'avais plutôt bien aimé Les Vétos) égratigne (avec humour) le camp qu'elle apprécie.

   La manière dont les activistes arrivent à leurs fins n'est évidemment pas réaliste, mais l'on passe un bon moment.

Haut les mains

   Comme l'intrigue fait intervenir un cambrioleur (sur le retour), on est tenté de penser, de prime abord, que le titre fait allusion à un braquage au sens littéral, alors que je pense qu'il faut le prendre au sens symbolique : certaines personnalités ont réalisé un véritable hold-up sur l'écologie et tentent de se faire passer pour ce qu'elles ne sont pas. Le propos est radical, souvent caricatural, mais c'est assumé.

   Au centre de l'histoire se trouve Bernard, un cambrioleur quinquagénaire, un peu has been sur les bords... mais qui a gardé un doigté incomparable, qui lui permet de faire monter au septième ciel ses partenaires sexuelles d'ouvrir n'importe quel type de coffre. Il est tombé sous la coupe d'un flic véreux et misogyne, un gros porc dans tous les sens du terme, incarné avec une certaine gourmandise par Stéphane Debac.

   Dans des circonstances que je me garderai de détailler, Bernard se retrouve mêlé aux actions d'un groupuscule écolo-féministe, "piloté" (de manière presque démocratique) par une femme forte, Olympe, formidablement interprétée par Émilie Caen. Elle est épaulée par deux djeunses qui sont des caricatures de citadins engagés pseudo-révolutionnaires : un garçon déconstruit (un geek non masculiniste, ce qui mérite d'être souligné) et une amazone qui n'a que les mots "patriarcat" et "boomer" à la bouche. Aussi agaçant ce personnage soit-il, je dois reconnaître qu'il est très bien incarné par Tracy Gotoas et qu'il évolue positivement en cours de route.

   C'est d'ailleurs le cas de tous les protagonistes. Bernard le maladroit, le lâche (très bonne prestation de Vincent Elbaz), finit par se laisser pousser des couilles, Olympe fend l'armure, Simon sort de ses écrans et Zora s'ouvre davantage aux autres.

   Le début contient quelques répliques grinçantes, quand les djeunses et leur mentor raillent le quinqua qu'ils présument pétri de préjugés... dont ils ne sont eux-mêmes pas dépourvus.

   J'ai failli oublier un personnage important : Flamby, un... lapin, qui joue un rôle non négligeable dans l'intrigue.

   Voilà pourquoi ce film m'a globalement plu. D'abord, parce que j'y ai ri, à plusieurs reprises. Ensuite, parce que la cause est belle : le plan global consiste à révéler la véritable nature d'un présentateur télé présumé écolo, futur ministre, à la tête d'une fondation renommée (toute ressemblance avec Nicolas H. étant évidemment fortuite). Enfin parce que la réalisatrice Julie Manoukian (dont j'avais plutôt bien aimé Les Vétos) égratigne (avec humour) le camp qu'elle apprécie.

   La manière dont les activistes arrivent à leurs fins n'est évidemment pas réaliste, mais l'on passe un bon moment.

lundi, 17 février 2025

Captain America - Brave New World

   Le sous-titre de ce trente-cinquième (!) long-métrage de l'univers Marvel fait allusion au célèbre roman d'Aldous Huxley, connu en France sous le titre Le Meilleur des mondes. Toutefois, même s'il est question d'eugénisme dans les deux histoires, la ressemblance s'arrête là.

  L'intrigue est construite autour de complots, plus précisément d'un complot principal, à double emboîtement. Désormais (depuis Endgame), Sam Wilson (ex-Faucon) a succédé à Steve Rogers dans le costume de Captain America. L'un des sous-textes aborde la question de la légitimité de Wilson à cette place... c'est-à-dire, au second degré, la légitimité d'un acteur noir à incarner ce symbole de l'Amérique (blanche). C'est notamment sensible dans un dialogue entre Wilson et le président Ross (Harrison Ford, presque aussi mal coiffé que Donald Trump) et, beaucoup plus tard, à la fin, dans une scène entre deux compagnons d'armes (Wilson et son acolyte), sortes de nouveaux Batman et Robin.

   Le nouveau Captain America va donc tenter de sauver l'Amérique le monde du délire d'un génie psychopathe, qui a préparé son coup de longue main. Cela nous vaut une brochette de coups de théâtre et de scènes spectaculaires. (J'ai vu le film dans une salle dotée du son dolby atmos et, franchement, ça dépote.)

   A part cela, un esprit pointilleux pourra remarquer quelques faux-raccords et de menues invraisemblances, qui permettent notamment à nos héros de réchapper à (presque ?) toutes les tentatives de meurtre dont ils sont la cible.

   Je trouve aussi que cela manque de femmes. A part la cheffe de la sécurité du président (une -charmante- brindille qui peut mettre une raclée à une demi-douzaine de soldats surentraînés), elles n'occupent que des rôles secondaires. L'humour est aussi peu présent. On est loin du brio d'anciens films Marvel. Mais cela constitue quand même un honnête spectacle... prélude à une suite. L'unique scène post-générique (placée à la toute fin) annonce la reformation des Avengers... et l'intrusion du Multivers dans l'intrigue d'un prochain film.

23:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Captain America - Brave New World

   Le sous-titre de ce trente-cinquième (!) long-métrage de l'univers Marvel fait allusion au célèbre roman d'Aldous Huxley, connu en France sous le titre Le Meilleur des mondes. Toutefois, même s'il est question d'eugénisme dans les deux histoires, la ressemblance s'arrête là.

  L'intrigue est construite autour de complots, plus précisément d'un complot principal, à double emboîtement. Désormais (depuis Endgame), Sam Wilson (ex-Faucon) a succédé à Steve Rogers dans le costume de Captain America. L'un des sous-textes aborde la question de la légitimité de Wilson à cette place... c'est-à-dire, au second degré, la légitimité d'un acteur noir à incarner ce symbole de l'Amérique (blanche). C'est notamment sensible dans un dialogue entre Wilson et le président Ross (Harrison Ford, presque aussi mal coiffé que Donald Trump) et, beaucoup plus tard, à la fin, dans une scène entre deux compagnons d'armes (Wilson et son acolyte), sortes de nouveaux Batman et Robin.

   Le nouveau Captain America va donc tenter de sauver l'Amérique le monde du délire d'un génie psychopathe, qui a préparé son coup de longue main. Cela nous vaut une brochette de coups de théâtre et de scènes spectaculaires. (J'ai vu le film dans une salle dotée du son dolby atmos et, franchement, ça dépote.)

   A part cela, un esprit pointilleux pourra remarquer quelques faux-raccords et de menues invraisemblances, qui permettent notamment à nos héros de réchapper à (presque ?) toutes les tentatives de meurtre dont ils sont la cible.

   Je trouve aussi que cela manque de femmes. A part la cheffe de la sécurité du président (une -charmante- brindille qui peut mettre une raclée à une demi-douzaine de soldats surentraînés), elles n'occupent que des rôles secondaires. L'humour est aussi peu présent. On est loin du brio d'anciens films Marvel. Mais cela constitue quand même un honnête spectacle... prélude à une suite. L'unique scène post-générique (placée à la toute fin) annonce la reformation des Avengers... et l'intrusion du Multivers dans l'intrigue d'un prochain film.

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samedi, 15 février 2025

L'Espion de Dieu

   Cette production américaine, tournée en Europe, rend hommage à un opposant méconnu du nazisme (en dehors des cercles religieux), Dietrich Bonhoeffer, un jeune théologien protestant. Il est incarné (à l'âge adulte) par Jonas Dassler, remarqué il y a quelques années dans La Révolution silencieuse. Le problème est qu'on a affublé le personnage soit d'une horrible perruque, soit d'une coiffure plombée à la laque, qui lui donne un air limite ridicule. (On lui a aussi excessivement maquillé les yeux.)

cinéma,cinema,film,films,histoire

   C'est un peu à l'image du film. Les intentions généreuses (rendre hommage à des hommes et femmes courageux, qui ont souvent connu un destin tragique) sont plombées par les maladresses... et les erreurs historiques.

   Ainsi, dans la première partie, lorsque le frère aîné du héros part pour la guerre (la Première Guerre mondiale), on ne nous épargne pas le plan éculé, excessivement mélo, du gamin courant derrière la voiture qui emmène son frère... Même les scènes de cache-cache entre les frangins sont mal filmées.

   Cela s'améliore par la suite. Le jeune pasteur est envoyé un an aux États-Unis. Il se retrouve à New York, plus précisément à Harlem. Cela nous vaut de belles scènes de culte chanté (au temple)... et de sorties, le soir, en club de jazz (au public majoritairement afro-américain). Pour que le tableau ne soit pas trop idyllique, on a inclus une séquence sur la ségrégation : on a beau être dans un État progressiste, et dans la ville peut-être la plus métissée du monde, les Noirs n'y ont pas tous les droits. Il manque cependant les conséquences de la crise de 1929. Les protagonistes sont de surcroît tous un peu trop bien habillés...

   Cela se gâte avec le retour en Allemagne. C'est pourtant l'époque clé, celle qui voit le jeune théologien refuser les compromissions avec le nouveau pouvoir nazi, entraînant d'ailleurs avec lui le pasteur Martin Niemöller (l'auteur du célèbre Quand ils sont venus chercher...), qui fut dans un premier temps assez sensible aux sirènes d'extrême-droite. La division des protestants (entre partisans du IIIe Reich et opposants à ce néo-paganisme déshumanisant) est correcte, mais mise en scène de manière maladroite.

   Ce n'est cependant pas le pire. Je ne sais pas si c'est dû au scénario ou à des erreurs de montage, mais c'est rempli d'anachronismes. Ainsi, dès 1934, on nous montre des Juifs embarqués de force par la Gestapo, comme si leur déportation avait commencé. A deux reprises dans des dialogues se tenant entre 1934 et 1938, des personnages évoquent la guerre et la possibilité d'être envoyé sur le front de l'est... alors que le conflit n'a pas été déclenché ! La liste n'est (hélas) pas exhaustive...

   C'est vraiment dommage, parce que ces Allemands chrétiens antinazis méritaient mieux que ce traitement approximatif. On sent que les promoteurs de ce film ont surtout voulu faire l'éloge des "vraies valeurs", quitte à tordre un peu l'Histoire.

L'Espion de Dieu

   Cette production américaine, tournée en Europe, rend hommage à un opposant méconnu du nazisme (en dehors des cercles religieux), Dietrich Bonhoeffer, un jeune théologien protestant. Il est incarné (à l'âge adulte) par Jonas Dassler, remarqué il y a quelques années dans La Révolution silencieuse. Le problème est qu'on a affublé le personnage soit d'une horrible perruque, soit d'une coiffure plombée à la laque, qui lui donne un air limite ridicule. (On lui a aussi excessivement maquillé les yeux.)

cinéma,cinema,film,films,histoire

   C'est un peu à l'image du film. Les intentions généreuses (rendre hommage à des hommes et femmes courageux, qui ont souvent connu un destin tragique) sont plombées par les maladresses... et les erreurs historiques.

   Ainsi, dans la première partie, lorsque le frère aîné du héros part pour la guerre (la Première Guerre mondiale), on ne nous épargne pas le plan éculé, excessivement mélo, du gamin courant derrière la voiture qui emmène son frère... Même les scènes de cache-cache entre les frangins sont mal filmées.

   Cela s'améliore par la suite. Le jeune pasteur est envoyé un an aux États-Unis. Il se retrouve à New York, plus précisément à Harlem. Cela nous vaut de belles scènes de culte chanté (au temple)... et de sorties, le soir, en club de jazz (au public majoritairement afro-américain). Pour que le tableau ne soit pas trop idyllique, on a inclus une séquence sur la ségrégation : on a beau être dans un État progressiste, et dans la ville peut-être la plus métissée du monde, les Noirs n'y ont pas tous les droits. Il manque cependant les conséquences de la crise de 1929. Les protagonistes sont de surcroît tous un peu trop bien habillés...

   Cela se gâte avec le retour en Allemagne. C'est pourtant l'époque clé, celle qui voit le jeune théologien refuser les compromissions avec le nouveau pouvoir nazi, entraînant d'ailleurs avec lui le pasteur Martin Niemöller (l'auteur du célèbre Quand ils sont venus chercher...), qui fut dans un premier temps assez sensible aux sirènes d'extrême-droite. La division des protestants (entre partisans du IIIe Reich et opposants à ce néo-paganisme déshumanisant) est correcte, mais mise en scène de manière maladroite.

   Ce n'est cependant pas le pire. Je ne sais pas si c'est dû au scénario ou à des erreurs de montage, mais c'est rempli d'anachronismes. Ainsi, dès 1934, on nous montre des Juifs embarqués de force par la Gestapo, comme si leur déportation avait commencé. A deux reprises dans des dialogues se tenant entre 1934 et 1938, des personnages évoquent la guerre et la possibilité d'être envoyé sur le front de l'est... alors que le conflit n'a pas été déclenché ! La liste n'est (hélas) pas exhaustive...

   C'est vraiment dommage, parce que ces Allemands chrétiens antinazis méritaient mieux que ce traitement approximatif. On sent que les promoteurs de ce film ont surtout voulu faire l'éloge des "vraies valeurs", quitte à tordre un peu l'Histoire.

vendredi, 14 février 2025

Maria (Callas)

   Je ne suis pas fan d'opéra mais, tout petit déjà, il m'est arrivé d'être fasciné en entendant un air, soit un instrumental, soit un chant de femme. La Callas avait ce pouvoir, associant une voix exceptionnelle à un incontestable charisme (ou une aura), ce que l'on peut en partie constater grâce aux images d'archives placées en fin de film. C'est d'autant plus cruel pour Angelina Jolie, dont les efforts méritoires ne parviennent pas à redonner entièrement vie à la Diva grecque.

   Elle n'est pas aidée par la mise en scène, trop sage, trop plan-plan.  Pablo Larrain, qui m'avait laissé plutôt de bons souvenirs (avec Tony Manero, Santiago 73, No ou encore Neruda), retombe dans les travers de son Jackie. C'est empesé, limite poussiéreux parfois, alors que la soprano a vécu intensément, en particulier sa vie d'artiste. Pourtant, le choix de cette comédienne n'est pas incongru. Sa minceur extrême, son profil anguleux ne sont pas sans évoquer son illustre modèle, quand bien même l'actrice est d'une beauté plus classique que la cantatrice.

   L'implication d'Angelina Jolie se constate dans les parties chantées qu'elle interprète, où sa voix a été mixée avec celle de La Callas. Le résultat est un peu étrange : le son est superbe, mais la comédienne donne l'impression de mimer... sauf dans son chant du cygne, à la toute fin.

   Les plus beaux moments du film sont donc les parties musicales, chantées ou non. Je dois reconnaître qu'à ces instants précis, comme je n'étais pas emballé par ce que je voyais, j'ai eu tendance à fermer les yeux, pour juste profiter du son.

   Ce (très) long-métrage propose quelques moments de grâce, notamment dans les retours en arrière, qui montrent la soprano au sommet de son art... ou même bien avant, pendant l'occupation allemande de la Grèce, quand elle chantait pour l'occupant. A cette occasion, je crois que c'est une jeune cantatrice grecque qu'on entend interpréter un passage de Carmen (une rareté dans le film, qui propose surtout des extraits d’œuvres italiennes, d'après ce que j'ai pu reconnaître).

   Au niveau des dialogues (entendus en version originale), je suis mitigé. Certains sont trop littéraires, mais il y a régulièrement quelques bons mots, comme lorsque le pianiste qui fait répéter l'héroïne affirme qu'elle a réussi un exploit, celui de pousser un technicien de l'opéra parisien (sans doute syndiqué) à interrompre sa pause déjeuner pour régler un projecteur... Auparavant, à la soprano qui s'excusait pour son retard, il avait répondu : « Non, vous n'êtes pas en retard. Vous êtes La Callas. Ce sont les autres qui sont en avance. » Tout aussi piquante (mais moins élégante) est la réplique d'Onassis, lors de l'anniversaire hyper-médiatisé du président Kennedy. A sa compagne qui s'étonne que l'on porte aux nues une chanteuse somme toute médiocre (Marilyn Monroe), il répond que peu importe comment elle chante, puisqu'on ne regarde que son corps... alors qu'on se désintéresse de celui de La Callas, tant on est captivé par sa voix...

   Attention toutefois : ce biopic (partiel) édulcore selon moi certains aspects de la vie de l'héroïne. Le passage sur la période de l'occupation de la Grèce me paraît très déformé et il y a de gros manques, en particulier sur la période post-Onassis. Ceci dit, j'ai trouvé intéressants les personnages de la cuisinière et de l'homme à tout faire. Ils permettent de pointer le côté capricieux de l'artiste lyrique, qui n'avait pas que des qualités. Ce n'est donc une hagiographie qu'on nous livre, mais un film tout de même imparfait.

Maria (Callas)

   Je ne suis pas fan d'opéra mais, tout petit déjà, il m'est arrivé d'être fasciné en entendant un air, soit un instrumental, soit un chant de femme. La Callas avait ce pouvoir, associant une voix exceptionnelle à un incontestable charisme (ou une aura), ce que l'on peut en partie constater grâce aux images d'archives placées en fin de film. C'est d'autant plus cruel pour Angelina Jolie, dont les efforts méritoires ne parviennent pas à redonner entièrement vie à la Diva grecque.

   Elle n'est pas aidée par la mise en scène, trop sage, trop plan-plan.  Pablo Larrain, qui m'avait laissé plutôt de bons souvenirs (avec Tony Manero, Santiago 73, No ou encore Neruda), retombe dans les travers de son Jackie. C'est empesé, limite poussiéreux parfois, alors que la soprano a vécu intensément, en particulier sa vie d'artiste. Pourtant, le choix de cette comédienne n'est pas incongru. Sa minceur extrême, son profil anguleux ne sont pas sans évoquer son illustre modèle, quand bien même l'actrice est d'une beauté plus classique que la cantatrice.

   L'implication d'Angelina Jolie se constate dans les parties chantées qu'elle interprète, où sa voix a été mixée avec celle de La Callas. Le résultat est un peu étrange : le son est superbe, mais la comédienne donne l'impression de mimer... sauf dans son chant du cygne, à la toute fin.

   Les plus beaux moments du film sont donc les parties musicales, chantées ou non. Je dois reconnaître qu'à ces instants précis, comme je n'étais pas emballé par ce que je voyais, j'ai eu tendance à fermer les yeux, pour juste profiter du son.

   Ce (très) long-métrage propose quelques moments de grâce, notamment dans les retours en arrière, qui montrent la soprano au sommet de son art... ou même bien avant, pendant l'occupation allemande de la Grèce, quand elle chantait pour l'occupant. A cette occasion, je crois que c'est une jeune cantatrice grecque qu'on entend interpréter un passage de Carmen (une rareté dans le film, qui propose surtout des extraits d’œuvres italiennes, d'après ce que j'ai pu reconnaître).

   Au niveau des dialogues (entendus en version originale), je suis mitigé. Certains sont trop littéraires, mais il y a régulièrement quelques bons mots, comme lorsque le pianiste qui fait répéter l'héroïne affirme qu'elle a réussi un exploit, celui de pousser un technicien de l'opéra parisien (sans doute syndiqué) à interrompre sa pause déjeuner pour régler un projecteur... Auparavant, à la soprano qui s'excusait pour son retard, il avait répondu : « Non, vous n'êtes pas en retard. Vous êtes La Callas. Ce sont les autres qui sont en avance. » Tout aussi piquante (mais moins élégante) est la réplique d'Onassis, lors de l'anniversaire hyper-médiatisé du président Kennedy. A sa compagne qui s'étonne que l'on porte aux nues une chanteuse somme toute médiocre (Marilyn Monroe), il répond que peu importe comment elle chante, puisqu'on ne regarde que son corps... alors qu'on se désintéresse de celui de La Callas, tant on est captivé par sa voix...

   Attention toutefois : ce biopic (partiel) édulcore selon moi certains aspects de la vie de l'héroïne. Le passage sur la période de l'occupation de la Grèce me paraît très déformé et il y a de gros manques, en particulier sur la période post-Onassis. Ceci dit, j'ai trouvé intéressants les personnages de la cuisinière et de l'homme à tout faire. Ils permettent de pointer le côté capricieux de l'artiste lyrique, qui n'avait pas que des qualités. Ce n'est donc une hagiographie qu'on nous livre, mais un film tout de même imparfait.

mercredi, 12 février 2025

5 septembre

   Été 1972. Pour la première fois depuis 1936, l'Allemagne (en l'occurrence celle de l'Ouest, la RFA) accueille les Jeux olympiques. L'ambiance est au beau fixe : l'Europe vit encore au rythme des « Trente Glorieuses », la guerre du Vietnam s'achève et l'Allemagne (version RFA) est redevenue une grande puissance économique... et sportive, puisque la Mannschaft a remporté la Coupe du monde de football en 1954 (et se prépare à récidiver en 1974).

   Ces jeux sont restés célèbres pour la prise d'otages (israéliens) organisée par un commando palestinien, qui a été très mal gérée par les autorités allemandes. Les conséquences de ce drame ont été traitées par Steven Spielberg, dans Munich, il y a vingt ans. L'originalité de ce film-ci est de nous présenter les événements du point de vue de l'équipe de journalistes sportifs envoyée par la chaîne américaine ABC pour couvrir les épreuves olympiques.

   C'est donc à travers le vécu du rédac' chef, du réalisateur, du présentateur, des reporters, caméramans, techniciens, preneurs de son, interprètes que l'on suit l'évolution de la situation... et c'est un excellent choix. Cela transforme ce semi-documentaire en thriller palpitant, même quand on en connaît la fin.

   C'est remarquablement interprété, par Peter Sarsgaard, Ben Chaplin, John Magaro, Leonie Benesch (et le Frenchie Zinedine Soualem, dans un rôle secondaire). Dans la VF, on a eu l'intelligence de ne doubler que les dialogues en anglais, laissant certains passages en allemand sous-titré.

   C'est surtout très bien filmé, avec un soin minutieux pour reconstituer le grain et la forme des images de l'époque. (Des extraits d'archives entrecoupent parfois les plans de la fiction.) C'est criant de vérité, les décors comme les costumes ressuscitant de manière crédible le début des années 1970.

   Sur le fond, cela dit des choses sur les relations homme-femme au travail, le voyeurisme, la course au scoop. (L'imprudence des journalistes a peut-être empêché la police allemande de libérer une partie des otages.) On apprend aussi deux-trois choses sur la manière dont on réalisait une émission de télévision à l'époque. Ces aspects techniques, bien qu'intervenant au second plan, sont parfois captivants.

   C'est pour moi l'un des meilleurs films sortis en ce début d'année 2025.

5 septembre

   Été 1972. Pour la première fois depuis 1936, l'Allemagne (en l'occurrence celle de l'Ouest, la RFA) accueille les Jeux olympiques. L'ambiance est au beau fixe : l'Europe vit encore au rythme des « Trente Glorieuses », la guerre du Vietnam s'achève et l'Allemagne (version RFA) est redevenue une grande puissance économique... et sportive, puisque la Mannschaft a remporté la Coupe du monde de football en 1954 (et se prépare à récidiver en 1974).

   Ces jeux sont restés célèbres pour la prise d'otages (israéliens) organisée par un commando palestinien, qui a été très mal gérée par les autorités allemandes. Les conséquences de ce drame ont été traitées par Steven Spielberg, dans Munich, il y a vingt ans. L'originalité de ce film-ci est de nous présenter les événements du point de vue de l'équipe de journalistes sportifs envoyée par la chaîne américaine ABC pour couvrir les épreuves olympiques.

   C'est donc à travers le vécu du rédac' chef, du réalisateur, du présentateur, des reporters, caméramans, techniciens, preneurs de son, interprètes que l'on suit l'évolution de la situation... et c'est un excellent choix. Cela transforme ce semi-documentaire en thriller palpitant, même quand on en connaît la fin.

   C'est remarquablement interprété, par Peter Sarsgaard, Ben Chaplin, John Magaro, Leonie Benesch (et le Frenchie Zinedine Soualem, dans un rôle secondaire). Dans la VF, on a eu l'intelligence de ne doubler que les dialogues en anglais, laissant certains passages en allemand sous-titré.

   C'est surtout très bien filmé, avec un soin minutieux pour reconstituer le grain et la forme des images de l'époque. (Des extraits d'archives entrecoupent parfois les plans de la fiction.) C'est criant de vérité, les décors comme les costumes ressuscitant de manière crédible le début des années 1970.

   Sur le fond, cela dit des choses sur les relations homme-femme au travail, le voyeurisme, la course au scoop. (L'imprudence des journalistes a peut-être empêché la police allemande de libérer une partie des otages.) On apprend aussi deux-trois choses sur la manière dont on réalisait une émission de télévision à l'époque. Ces aspects techniques, bien qu'intervenant au second plan, sont parfois captivants.

   C'est pour moi l'un des meilleurs films sortis en ce début d'année 2025.

dimanche, 09 février 2025

Paddington au Pérou

   Ce troisième (et dernier ?) volet des aventures de l'ourson humanisé sort un peu plus de sept ans après Paddington 2. La distribution compte à nouveau Hugh Bonneville, Madeleine Harris, Samuel Joslin et Jim Broadbent (avec la participation fugace de Sanjeev Bhaskar et Ben Miller). Cependant, un important changement est survenu au niveau de la famille Brown : la mère n'est plus incarnée par Sally Hawkins (qu'on a entre temps remarquée dans The Lost King), mais par Emily Mortimer, que l'on voit plutôt à la télévision (au cinéma, pour moi, pas depuis Hugo Cabret). L'actrice s'en sort correctement, même si je préférais voir Sally Hawkins dans le rôle.

   Parmi les nouveaux arrivants figurent Antonio Banderas et Olivia Coleman. Le premier interprète un baroudeur un peu dérangé, la seconde une nonne au tempérament fantasque, qui rappellera immanquablement aux spectateurs français la sœur Clotilde du Gendarme de Saint-Tropez (inoubliable France Rumilly). C'est peu de dire que ce personnage nous réserve quelques surprises...

   Quant aux ours, jeunes comme adultes (et vieillards), ils sont remarquablement animés. La qualité du pelage (vu en gros plan sur très grand écran) est exceptionnelle et le travail sur les expressions du visage de grande qualité.

   J'ai aussi noté des efforts de mise en scène, perceptibles dès la première scène, que l'on revoit bien plus tard, sous un autre angle, une fois un mystère éclairci. Paddington, retourné chez les Brown, qu'il voit grandir/vieillir, est inquiet à propos de sa tante, qui a disparu. Voilà toute la famille embarquée pour le Pérou, où les (més)aventures vont se succéder. C'est souvent drôle, clairement fantasque, irréaliste, mais plein de douceur et de bonne humeur. Y contribue sans doute le doublage de Guillaume Gallienne (Paddington, dans la VF).

   Dans la salle, petits et grands rient, pas toujours aux mêmes moments (certains clins d’œil étant destinés aux adultes). On finit par découvrir le véritable secret de l'Eldorado... et, si l'on est patient (jusqu'à la scène qui interrompt le générique puis, tout à la fin), on assiste au retour d'un personnage vu dans un épisode précédent.

   Peut-être qu'après tout la production envisage une suite. C'est tout le mal qu'on souhaite à cette sympathique franchise.

21:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Paddington au Pérou

   Ce troisième (et dernier ?) volet des aventures de l'ourson humanisé sort un peu plus de sept ans après Paddington 2. La distribution compte à nouveau Hugh Bonneville, Madeleine Harris, Samuel Joslin et Jim Broadbent (avec la participation fugace de Sanjeev Bhaskar et Ben Miller). Cependant, un important changement est survenu au niveau de la famille Brown : la mère n'est plus incarnée par Sally Hawkins (qu'on a entre temps remarquée dans The Lost King), mais par Emily Mortimer, que l'on voit plutôt à la télévision (au cinéma, pour moi, pas depuis Hugo Cabret). L'actrice s'en sort correctement, même si je préférais voir Sally Hawkins dans le rôle.

   Parmi les nouveaux arrivants figurent Antonio Banderas et Olivia Coleman. Le premier interprète un baroudeur un peu dérangé, la seconde une nonne au tempérament fantasque, qui rappellera immanquablement aux spectateurs français la sœur Clotilde du Gendarme de Saint-Tropez (inoubliable France Rumilly). C'est peu de dire que ce personnage nous réserve quelques surprises...

   Quant aux ours, jeunes comme adultes (et vieillards), ils sont remarquablement animés. La qualité du pelage (vu en gros plan sur très grand écran) est exceptionnelle et le travail sur les expressions du visage de grande qualité.

   J'ai aussi noté des efforts de mise en scène, perceptibles dès la première scène, que l'on revoit bien plus tard, sous un autre angle, une fois un mystère éclairci. Paddington, retourné chez les Brown, qu'il voit grandir/vieillir, est inquiet à propos de sa tante, qui a disparu. Voilà toute la famille embarquée pour le Pérou, où les (més)aventures vont se succéder. C'est souvent drôle, clairement fantasque, irréaliste, mais plein de douceur et de bonne humeur. Y contribue sans doute le doublage de Guillaume Gallienne (Paddington, dans la VF).

   Dans la salle, petits et grands rient, pas toujours aux mêmes moments (certains clins d’œil étant destinés aux adultes). On finit par découvrir le véritable secret de l'Eldorado... et, si l'on est patient (jusqu'à la scène qui interrompt le générique puis, tout à la fin), on assiste au retour d'un personnage vu dans un épisode précédent.

   Peut-être qu'après tout la production envisage une suite. C'est tout le mal qu'on souhaite à cette sympathique franchise.

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vendredi, 07 février 2025

Companion

   Cela commence de manière anodine. Trois couples vont passer le week-end ensemble, dans la superbe villa de l'un d'entre eux, perdue en forêt... mais dotée de tout le confort moderne. (Faut pas déconner, non plus !) On se déplace en véhicule électrique autonome, on boit de grands crus, on mange des mets exquis, entouré d’œuvres d'art contemporain. Bref, on nage en pleine boboïtude à l'américaine.

   ... sauf que, très vite, une sorte de malaise s'installe. Iris est la nouvelle venue, la compagne que Josh vient présenter à ses meilleurs amis. Elle appréhende un peu, d'autant que certains d'entre eux la regardent ou lui parlent bizarrement. Assez subtilement, le réalisateur Drew Hancock nous fait comprendre que les personnages n'attendent pas tous la même chose de ce week-end entre potes... et que certains ignorent le projet des autres. Je pense ne pas trop divulgâcher en annonçant que cela va rapidement dégénérer.

   On tombe donc dans ce que j'appellerais un revenge gore, un peu à l'image de Blink Twice, sorti l'an dernier. Certains aspects de l'intrigue font aussi penser à Robot and Frank, ou encore Ex Machina.

   Bref, cette fausse histoire d'amour est d'abord un film sociétal, qui traite de la place des femmes dans les couples modernes (pas si modernes que cela, en fait, certains jeunes hommes, d'apparence cool, étant ce que la délicieuse Ally McBeal appelait des « chauvinist pigs »). Pour traiter cette histoire MeeToo, on l'a mâtinée de science-fiction, avec l'irruption de l'intelligence artificielle. C'est habilement fait, à tel point qu'on en vient à se demander ce qui constitue réellement l'humanité de certains personnages. Le côté gore fait monter la sauce, de manière fort réjouissante, ma foi, avec une belle série de rebondissements... et, comme l'actrice principale, Sophie Thatcher, n'est pas désagréable à regarder, je dois dire que j'ai passé un excellent moment.

Companion

   Cela commence de manière anodine. Trois couples vont passer le week-end ensemble, dans la superbe villa de l'un d'entre eux, perdue en forêt... mais dotée de tout le confort moderne. (Faut pas déconner, non plus !) On se déplace en véhicule électrique autonome, on boit de grands crus, on mange des mets exquis, entouré d’œuvres d'art contemporain. Bref, on nage en pleine boboïtude à l'américaine.

   ... sauf que, très vite, une sorte de malaise s'installe. Iris est la nouvelle venue, la compagne que Josh vient présenter à ses meilleurs amis. Elle appréhende un peu, d'autant que certains d'entre eux la regardent ou lui parlent bizarrement. Assez subtilement, le réalisateur Drew Hancock nous fait comprendre que les personnages n'attendent pas tous la même chose de ce week-end entre potes... et que certains ignorent le projet des autres. Je pense ne pas trop divulgâcher en annonçant que cela va rapidement dégénérer.

   On tombe donc dans ce que j'appellerais un revenge gore, un peu à l'image de Blink Twice, sorti l'an dernier. Certains aspects de l'intrigue font aussi penser à Robot and Frank, ou encore Ex Machina.

   Bref, cette fausse histoire d'amour est d'abord un film sociétal, qui traite de la place des femmes dans les couples modernes (pas si modernes que cela, en fait, certains jeunes hommes, d'apparence cool, étant ce que la délicieuse Ally McBeal appelait des « chauvinist pigs »). Pour traiter cette histoire MeeToo, on l'a mâtinée de science-fiction, avec l'irruption de l'intelligence artificielle. C'est habilement fait, à tel point qu'on en vient à se demander ce qui constitue réellement l'humanité de certains personnages. Le côté gore fait monter la sauce, de manière fort réjouissante, ma foi, avec une belle série de rebondissements... et, comme l'actrice principale, Sophie Thatcher, n'est pas désagréable à regarder, je dois dire que j'ai passé un excellent moment.

lundi, 03 février 2025

Le Choix du pianiste

   Sans doute inspirée d'une histoire vraie (celle d'un musicien français qui a continué à exercer son art sous l'occupation allemande), l'intrigue de ce film nous est présentée sous la forme d'une alternance de deux époques, celle allant de 1925 à la Seconde Guerre mondiale d'une part, celle se déroulant à la Libération d'autre part.

   Le point commun entre les deux époques est le personnage de François Touraine (Oscar Lesage, pas terrible), jeune pianiste virtuose qui tombe amoureux de sa prof de musique, Rachel, qui est juive.

   Cette communion de deux êtres, autour de la musique classique, est peut-être ce qu'il y a de mieux dans le film. C'est en partie dû au talent de Pia Lagrange, qui interprète Rachel. Je trouve aussi que les scènes des années 1925, 1930, 1935 sont les plus réussies (les moins ratées ?), notamment lorsqu'un morceau de musique est intégré au déroulement de l'intrigue (alors que la musique d'accompagnement est plutôt pénible, soulignant ostensiblement certaines événements). Les deux comédiens principaux ont bénéficié de bonnes doublures piano (l'une d'entre elles s'appelant Lecocq, je crois).

   Cette histoire, belle de prime abord, est d'abord gâchée par des dialogues approximatifs et une mauvaise direction d'acteurs. A part Pia Lagrange, il n'y a pas grand monde à sauver... peut-être Philippe Torreton (en industriel patriarcal) et Andréa Ferréol, hélas trop brièvement vue en (grand)maman juive. Le reste de la distribution ne fait pas d'étincelle, du côté français comme du côté allemand. Je crois pouvoir affirmer qu'aucune des scènes se déroulant après la guerre n'est vraiment réussie. Il y a toujours quelque chose de maladroit, d'inabouti, qui me gêne.

   Bref, c'est un beau gâchis.

Le Choix du pianiste

   Sans doute inspirée d'une histoire vraie (celle d'un musicien français qui a continué à exercer son art sous l'occupation allemande), l'intrigue de ce film nous est présentée sous la forme d'une alternance de deux époques, celle allant de 1925 à la Seconde Guerre mondiale d'une part, celle se déroulant à la Libération d'autre part.

   Le point commun entre les deux époques est le personnage de François Touraine (Oscar Lesage, pas terrible), jeune pianiste virtuose qui tombe amoureux de sa prof de musique, Rachel, qui est juive.

   Cette communion de deux êtres, autour de la musique classique, est peut-être ce qu'il y a de mieux dans le film. C'est en partie dû au talent de Pia Lagrange, qui interprète Rachel. Je trouve aussi que les scènes des années 1925, 1930, 1935 sont les plus réussies (les moins ratées ?), notamment lorsqu'un morceau de musique est intégré au déroulement de l'intrigue (alors que la musique d'accompagnement est plutôt pénible, soulignant ostensiblement certaines événements). Les deux comédiens principaux ont bénéficié de bonnes doublures piano (l'une d'entre elles s'appelant Lecocq, je crois).

   Cette histoire, belle de prime abord, est d'abord gâchée par des dialogues approximatifs et une mauvaise direction d'acteurs. A part Pia Lagrange, il n'y a pas grand monde à sauver... peut-être Philippe Torreton (en industriel patriarcal) et Andréa Ferréol, hélas trop brièvement vue en (grand)maman juive. Le reste de la distribution ne fait pas d'étincelle, du côté français comme du côté allemand. Je crois pouvoir affirmer qu'aucune des scènes se déroulant après la guerre n'est vraiment réussie. Il y a toujours quelque chose de maladroit, d'inabouti, qui me gêne.

   Bref, c'est un beau gâchis.

samedi, 01 février 2025

Une Nuit au zoo

   Le titre de cette animation franco-belgo-canadienne fait immanquablement penser à La Nuit au musée. Il n'y est pourtant pas question de statues de cire qui prennent vie, à la fin du jour. Mais les pensionnaires du zoo vont connaître un destin comparable puisque, une nuit, après la fermeture de l'établissement, une irruption extra-terrestre va sortir tout ce petit monde de son endormissement... mais pour progressivement les transformer en zombies.

   C'est bourré de clins d’œil aux films d'épouvante, de La Nuit des morts-vivants à Alien, en passant par Les Dents de la mer, le méconnu Critters... et même Madagascar (sans les à-côtés nauséabonds) : les héros de l'histoire forment une troupe hétéroclite d'animaux, qui vont devoir apprendre à collaborer pour s'en sortir. Ici, la girafe est remplacée par une autruche, le lion par un puma... et l'on a même un lémurien et une hippopotame, mais naine !

Nuit 2.jpg

    L'action est menée par le puma et une jeune louve au grand cœur, qui finit par rallier le grand costaud à son projet : sauver les animaux infectés, grâce à un procédé totalement abracadabrantesque (mais que je laisse à chacun le plaisir de découvrir).

   Sur le fond, le film propose donc un double niveau de lecture, entre l'aventure d'une troupe qui doit (apprendre à) se serrer les coudes (pour les enfants) et les nombreux clins d’œil cinéphiles (destinés aux adultes). On a même droit, en cours de route, aux commentaires de Xavier (le lémurien), qui provoquent un effet de mise en abyme.

   L'attelage m'a toutefois semblé bancal. Le côté un peu enfantin des relations entre les personnages empêche les adultes de s'y retrouver pleinement et l'aspect film d'horreur, bien qu'atténué par l'apparence des animaux zombifiés, risque de ne pas convenir au plus jeune public.

   C'est dommage, parce que, sinon, cela constitue un honnête divertissement, avec une belle morale.

10:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Une Nuit au zoo

   Le titre de cette animation franco-belgo-canadienne fait immanquablement penser à La Nuit au musée. Il n'y est pourtant pas question de statues de cire qui prennent vie, à la fin du jour. Mais les pensionnaires du zoo vont connaître un destin comparable puisque, une nuit, après la fermeture de l'établissement, une irruption extra-terrestre va sortir tout ce petit monde de son endormissement... mais pour progressivement les transformer en zombies.

   C'est bourré de clins d’œil aux films d'épouvante, de La Nuit des morts-vivants à Alien, en passant par Les Dents de la mer, le méconnu Critters... et même Madagascar (sans les à-côtés nauséabonds) : les héros de l'histoire forment une troupe hétéroclite d'animaux, qui vont devoir apprendre à collaborer pour s'en sortir. Ici, la girafe est remplacée par une autruche, le lion par un puma... et l'on a même un lémurien et une hippopotame, mais naine !

Nuit 2.jpg

    L'action est menée par le puma et une jeune louve au grand cœur, qui finit par rallier le grand costaud à son projet : sauver les animaux infectés, grâce à un procédé totalement abracadabrantesque (mais que je laisse à chacun le plaisir de découvrir).

   Sur le fond, le film propose donc un double niveau de lecture, entre l'aventure d'une troupe qui doit (apprendre à) se serrer les coudes (pour les enfants) et les nombreux clins d’œil cinéphiles (destinés aux adultes). On a même droit, en cours de route, aux commentaires de Xavier (le lémurien), qui provoquent un effet de mise en abyme.

   L'attelage m'a toutefois semblé bancal. Le côté un peu enfantin des relations entre les personnages empêche les adultes de s'y retrouver pleinement et l'aspect film d'horreur, bien qu'atténué par l'apparence des animaux zombifiés, risque de ne pas convenir au plus jeune public.

   C'est dommage, parce que, sinon, cela constitue un honnête divertissement, avec une belle morale.

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jeudi, 30 janvier 2025

Mufasa

   A l'ère du développement durable et de la collecte sélective des déchets, les géants d'Hollywood se mettent au diapason et pratiquent un recyclage éhonté de leurs anciens succès. Et donc, cinq ans et demi après la nouvelle version du Roi lion, en voici la préquelle, elle aussi en animation numérique.

   Pour être vraiment honnête, je dois dire que, dans une grande salle, sur l'écran, c'est souvent superbe. Paysages et animaux sont soignés (plus que les dialogues et les chansons en tout cas...), en particulier les félins... et donc je craque.

cinéma,cinema,film,films

   Derrière cette représentation de gros chats au comportement souvent anthropomorphe, il ne faut pas chercher trop de réalisme, même si, au niveau de l'animation, on a parfois l'impression que les auteurs ont regardé des documentaires animaliers.

   Mufasa, le papa de Simba, a connu un destin semblable à celui de son fils. Il a été séparé de sa famille, victime de trahison, a rencontré l'amour en exil, au fur et à mesure qu'il se bâtissait une stature de roi de la jungle. Bref, rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est que les personnages féminins (principalement les lionnes) sont très présents dans l'histoire.

   Cela dure quasiment deux heures, mais l'on ne s'ennuie pas, tant les péripéties sont nombreuses. Je trouve même que cela va un peu trop vite au début. J'aurais aimé qu'on nous laisse savourer davantage certaines scènes, avec ces magnifiques félins en mouvement.

   Sur le fond, il question de famille, d'amitié, d'amour et de solidarité inter-espèces, avec des messages généreux, bien que parfois un peu cucul-la-praline. La beauté des images aide à supporter ces points faibles... ainsi que la médiocrité des chansons (entendues en version française).

   P.S.

   J'ai comme l'impression qu'on nous prépare une suite, centrée sur le personnage d'une jeune lionne...

20:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Mufasa

   A l'ère du développement durable et de la collecte sélective des déchets, les géants d'Hollywood se mettent au diapason et pratiquent un recyclage éhonté de leurs anciens succès. Et donc, cinq ans et demi après la nouvelle version du Roi lion, en voici la préquelle, elle aussi en animation numérique.

   Pour être vraiment honnête, je dois dire que, dans une grande salle, sur l'écran, c'est souvent superbe. Paysages et animaux sont soignés (plus que les dialogues et les chansons en tout cas...), en particulier les félins... et donc je craque.

cinéma,cinema,film,films

   Derrière cette représentation de gros chats au comportement souvent anthropomorphe, il ne faut pas chercher trop de réalisme, même si, au niveau de l'animation, on a parfois l'impression que les auteurs ont regardé des documentaires animaliers.

   Mufasa, le papa de Simba, a connu un destin semblable à celui de son fils. Il a été séparé de sa famille, victime de trahison, a rencontré l'amour en exil, au fur et à mesure qu'il se bâtissait une stature de roi de la jungle. Bref, rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est que les personnages féminins (principalement les lionnes) sont très présents dans l'histoire.

   Cela dure quasiment deux heures, mais l'on ne s'ennuie pas, tant les péripéties sont nombreuses. Je trouve même que cela va un peu trop vite au début. J'aurais aimé qu'on nous laisse savourer davantage certaines scènes, avec ces magnifiques félins en mouvement.

   Sur le fond, il question de famille, d'amitié, d'amour et de solidarité inter-espèces, avec des messages généreux, bien que parfois un peu cucul-la-praline. La beauté des images aide à supporter ces points faibles... ainsi que la médiocrité des chansons (entendues en version française).

   P.S.

   J'ai comme l'impression qu'on nous prépare une suite, centrée sur le personnage d'une jeune lionne...

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lundi, 27 janvier 2025

Vol à haut risque

   Cela commence comme Ma Cabane au Canada en Alaska et cela continue sur un air de Y a-t-il un pilote pour sauver le témoin ?... Le nouveau film de Mel Gibson oscille donc entre thriller et comédie. On ne sait pas toujours s'il s'agir de premier ou de second degré... et cela vaut peut-être mieux.

   Les trois quarts de l'histoire se déroulent dans un avion, un vieux Cessna dont on se demande s'il a vraiment besoin des péripéties qui se déroulent à l'intérieur pour risquer de s'écraser. J'ai trouvé ce huis-clos assez réussi, entre un pilote psychopathe, une US Marshall autoritaire et un témoin casse-couilles.

   Cependant, Mark Wahlberg en fait trop dans le genre tueur impitoyable, dingo... et à moitié chauve ! (Mais qui est responsable de cette caractérisation ridicule ?) Même chose pour Topher Grace, l'horripilant comptable repenti d'un gang mafieux. En revanche, Michelle Dockery (déjà très emballante dans Downton Abbey II) est absolument délicieuse en policière autoritaire, tenace, mais tout de même un peu tenaillée par son passé. J'ai pris beaucoup de plaisir à la voir menotter... et frapper ces messieurs. Ils ont bien de la chance !

   L'agent Madelyn Harris a donc fort à faire, entre un assassin complètement barré, un témoin au mental d'un gamin de dix ans, une patronne un peu à l'ouest (et suspecte), le patron de sa patronne lui-même aussi suspect... et un contrôleur aérien dragueur... mais dont elle a bigrement besoin pour tenter de mener l'avion à bon port.

   L'intrigue est cousue de fil blanc, mais contient quelques moments spectaculaires et/ou cocasses. L'écrin alaskien de ce périple aérien est très joli... mais totalement virtuel : ça a été tourné à Las Vegas, dans un machin ultra-moderne.

   Cela fait agréablement digérer un repas, en soirée, mais cela sera assez vite oublié.

23:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Vol à haut risque

   Cela commence comme Ma Cabane au Canada en Alaska et cela continue sur un air de Y a-t-il un pilote pour sauver le témoin ?... Le nouveau film de Mel Gibson oscille donc entre thriller et comédie. On ne sait pas toujours s'il s'agir de premier ou de second degré... et cela vaut peut-être mieux.

   Les trois quarts de l'histoire se déroulent dans un avion, un vieux Cessna dont on se demande s'il a vraiment besoin des péripéties qui se déroulent à l'intérieur pour risquer de s'écraser. J'ai trouvé ce huis-clos assez réussi, entre un pilote psychopathe, une US Marshall autoritaire et un témoin casse-couilles.

   Cependant, Mark Wahlberg en fait trop dans le genre tueur impitoyable, dingo... et à moitié chauve ! (Mais qui est responsable de cette caractérisation ridicule ?) Même chose pour Topher Grace, l'horripilant comptable repenti d'un gang mafieux. En revanche, Michelle Dockery (déjà très emballante dans Downton Abbey II) est absolument délicieuse en policière autoritaire, tenace, mais tout de même un peu tenaillée par son passé. J'ai pris beaucoup de plaisir à la voir menotter... et frapper ces messieurs. Ils ont bien de la chance !

   L'agent Madelyn Harris a donc fort à faire, entre un assassin complètement barré, un témoin au mental d'un gamin de dix ans, une patronne un peu à l'ouest (et suspecte), le patron de sa patronne lui-même aussi suspect... et un contrôleur aérien dragueur... mais dont elle a bigrement besoin pour tenter de mener l'avion à bon port.

   L'intrigue est cousue de fil blanc, mais contient quelques moments spectaculaires et/ou cocasses. L'écrin alaskien de ce périple aérien est très joli... mais totalement virtuel : ça a été tourné à Las Vegas, dans un machin ultra-moderne.

   Cela fait agréablement digérer un repas, en soirée, mais cela sera assez vite oublié.

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Jouer avec le feu

   C'est dans une salle remplie de mamans et de grands-mamans que je me suis retrouvé pour voir ce film consacré à un papa formidable. Vincent Lindon a la cote auprès de ces dames et il est vrai qu'on lui  a taillé un costume des plus séduisants : veuf inconsolable, papa poule pour ses fils déjà grands, cheminot caténairiste pointilleux, ancien militant syndical (sans doute CGT) et toujours militant de gauche, de la vraie, celle qui n'aime ni les racistes ni les patrons.

   ... et cela tombe bien (ou mal), puisque l'un de ses fils va se faire entraîner par une bande de crânes rasés aux idées courtes. Ce fils est incarné par un autre acteur formidable, Benjamin Voisin (qu'on a pu voir notamment dans Illusions perdues).

   J'ai aimé ce début, où le réalisateur met en valeur le travail des ouvriers du train ainsi que la passion du football, capable de réunir dans les stades ouvriers et cadres, gauchos et fachos, noirs et blancs....

   Le père se retrouve dans une situation que nombre de (grands)parents progressistes doivent connaître : voir une partie de sa progéniture contaminée par les idées haineuses, jusqu'à la violence extrême. Dans cette situation, le père est placé devant un dilemme : soit il essaie à tout prix de ramener son fils dans "le camp du bien", quitte à le perdre définitivement, soit il accepte sa dérive, l'espérant temporaire et se positionnant comme un refuge possible pour le jeune homme égaré.

   La deuxième heure embarque le film dans une direction inattendue. Deux coups de théâtre font sortir l'intrigue des chemins balisés. Même si je trouve le trait un peu trop appuyé, je reconnais que cette histoire est forte, interprétée par des comédiens de premier plan.

Jouer avec le feu

   C'est dans une salle remplie de mamans et de grands-mamans que je me suis retrouvé pour voir ce film consacré à un papa formidable. Vincent Lindon a la cote auprès de ces dames et il est vrai qu'on lui  a taillé un costume des plus séduisants : veuf inconsolable, papa poule pour ses fils déjà grands, cheminot caténairiste pointilleux, ancien militant syndical (sans doute CGT) et toujours militant de gauche, de la vraie, celle qui n'aime ni les racistes ni les patrons.

   ... et cela tombe bien (ou mal), puisque l'un de ses fils va se faire entraîner par une bande de crânes rasés aux idées courtes. Ce fils est incarné par un autre acteur formidable, Benjamin Voisin (qu'on a pu voir notamment dans Illusions perdues).

   J'ai aimé ce début, où le réalisateur met en valeur le travail des ouvriers du train ainsi que la passion du football, capable de réunir dans les stades ouvriers et cadres, gauchos et fachos, noirs et blancs....

   Le père se retrouve dans une situation que nombre de (grands)parents progressistes doivent connaître : voir une partie de sa progéniture contaminée par les idées haineuses, jusqu'à la violence extrême. Dans cette situation, le père est placé devant un dilemme : soit il essaie à tout prix de ramener son fils dans "le camp du bien", quitte à le perdre définitivement, soit il accepte sa dérive, l'espérant temporaire et se positionnant comme un refuge possible pour le jeune homme égaré.

   La deuxième heure embarque le film dans une direction inattendue. Deux coups de théâtre font sortir l'intrigue des chemins balisés. Même si je trouve le trait un peu trop appuyé, je reconnais que cette histoire est forte, interprétée par des comédiens de premier plan.

mardi, 21 janvier 2025

Je suis toujours là

   Cette phrase pourrait être prononcée par deux personnages de cette fiction à caractère documentaire. De prime abord, on pense au père de famille, ancien député brésilien (de gauche), ingénieur, qui disparaît au début des années 1970, suite à une arrestation à son domicile. Son absence se fait cruellement sentir, elle rend sa présence (en pensées et en photographies) plus cruciale que jamais.

   Mais cette phrase pourrait tout aussi bien sortir de la bouche de son épouse, archétype de la grande bourgeoise qui, après des études universitaires (sans doute inachevées), s'est dévouée à l'éducation des (cinq) enfants et à la tenue de la maison familiale. Formidablement incarnée par Fernanda Torres (qui mériterait de recevoir une statuette en mars prochain), l'épouse un peu compassée doit prendre les rênes de la famille et sortir de sa zone de confort. On la croit dévastée (ce qu'elle est, dans un premier temps), mais elle va bigrement rebondir, de manière assez inattendue (pour qui ne connaît pas l'histoire de la personne qui inspiré ce rôle).

   En attendant cette opiniâtre transformation, Walter Salles nous livre une première partie très enlevée. Avec une image d'aspect pelliculaire, des couleurs parfois un peu saturées et une entraînante musique d'époque (brésilienne, anglo-saxonne... et même française), le réalisateur ressuscite le début des années 1970, dans la classe moyenne progressiste de Rio. Les premières années de la dictature militaire semblent avoir peu frappé cette élite, qui s'estime (peut-être à tort...) intouchable. On gagne bien sa vie, on s'amuse et, parfois, on aide les mouvements armés qui s'opposent au régime. Tout cela est montré avec subtilité et une certaine fluidité dans la mise en scène. Les interprètes sont excellents.

   Au bout d'un moment, cela se dégrade. Commence alors une sorte de thriller politique, là encore brillamment mis en scène, avec une étonnante économie de moyens. Salles parvient à camper des ambiances très différentes, sans effet tape-à-l’œil. On pense à certains films consacrés à la dictature argentine (comme Garage Olimpo, Buenos Aires 1977, Agnus Dei, Rojo, et, l'an dernier, They shot the piano player) ou à son équivalent chilien (Nostalgie de la lumière, Le Bouton de nacre ou, plus récemment, Chili 1976, dont l'héroïne est aussi une femme).

   La fin a parfois désarçonné certains spectateurs. Elle nous fait faire un petit bond dans le temps, nous projetant à une étape de la vie où la mémoire du passé revêt une importance particulière. J'ai trouvé cette conclusion très émouvante et le film, globalement, remarquable. C'est mon premier coup de cœur de l'année 2025.