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dimanche, 28 avril 2024

Back to Black

   Le biopic est un genre cinématographique florissant, en particulier quand il est consacré à un chanteur ou une chanteuse. Voici donc venu le tour d'Amy Winehouse, sous le titre de son album iconique... que j'avais, à l'époque, acheté... à la grande surprise de mon entourage, d'ailleurs ! (Je viens d'en achever la réécoute, pour me remettre dans le bain.)

   Signalons tout de même que ce film-ci n'évoque que les neuf-dix dernières années d'Amy, à partir du moment où elle se lance dans la musique. Ce n'était pas qu'une voix, quand bien même celle-ci était incomparable.

   Restait à trouver la perle rare, une (bonne) comédienne qui ressemblerait un peu à la défunte diva, de préférence avec des qualités vocales. Pari tenu avec Marisa Abela, une quasi-inconnue, qui a fait de la figuration dans le récent Barbie.

cinéma,cinema,film,films,musique

   L'impression de ressemblance a été renforcée par un bon maquillage, de l'entraînement, un coach vocal, un coach comportemental (pour acquérir la gestuelle et la démarche d'Amy)... et un même un coach "dialectal" (pour le parler cockney londonien). Je recommande donc de voir le film en version originale sous-titrée, d'autant que ce que j'ai entendu de la VF ne m'a pas du tout emballé.

   La première fois que j'ai entendu une chanson d'elle, je ne savais pas du tout qui elle était... et j'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'une chanteuse afro-américaine. Je n'étais finalement pas si loin de la réalité, puisque les influences jazz, blues et soul, venues de l'autre rive de l'océan Atlantique, ont été déterminantes dans la formation musicale d'Amy.

   Deux autres personnes ont joué un rôle clé dans son existence : son père, chauffeur de taxi et crooner à ses heures perdues (Eddie Marsan, très bien), et sa grand-père paternelle, véritable figure tutélaire, excellemment incarnée par Lesley Manville.

cinéma,cinema,film,films,musique

   L'enfance de la future vedette est peu creusée. On comprend qu'elle a beaucoup souffert du divorce de ses parents. La biopic évite aussi de représenter l'autre membre de la famille proche : le frère aîné.

   En revanche, il nous narre en détail les débuts de carrière... et la naissance d'un amour fou, toxique, pour le jeune Blake, un beau gosse drogué, avec du bagout, dont Amy s'est entichée, pour le meilleur (des moments de pur bonheur et l'inspiration de certains de ses succès) et le pire (l'alcool, la drogue... et la violence). Sur ce point, je trouve qu'à l'image de ce qu'on a pu voir concernant Freddie Mercury (dans Bohemian Rhapsody), le film atténue le comportement autodestructeur de l'artiste. Concernant Amy, on évite de nous la montrer incapable de chanter, dans ses derniers concerts. Les sifflets qui l'ont parfois accompagnée ne visaient pas tant son attachement pour son (ex-)compagnon que son attitude vis-à-vis du public.

   Sans être très profond, le film permet tout de même de toucher du doigt les causes du succès : une voix peu commune, l'aspect vécu des textes de ses chansons, un caractère bien trempé, un accoutrement singulier, des tatouages... et un joli minois. (Si la demoiselle avait pesé trente kilos de plus et avait souffert d'un strabisme, elle n'aurait sans doute pas suscité le même enthousiasme...)

   Les "passages obligés" (alcool, drogue, relation amoureuse en dents de scie, harcèlement par les paparazzi) sont correctement traités, sans plus.

   Il reste le parcours d'une étoile filante, une jeune femme qui avait ce petit quelque chose en plus qui ne s'apprend pas dans les écoles de chant ou de danse, le tout bien rendu par une excellente interprète.

Back to Black

   Le biopic est un genre cinématographique florissant, en particulier quand il est consacré à un chanteur ou une chanteuse. Voici donc venu le tour d'Amy Winehouse, sous le titre de son album iconique... que j'avais, à l'époque, acheté... à la grande surprise de mon entourage, d'ailleurs ! (Je viens d'en achever la réécoute, pour me remettre dans le bain.)

   Signalons tout de même que ce film-ci n'évoque que les neuf-dix dernières années d'Amy, à partir du moment où elle se lance dans la musique. Ce n'était pas qu'une voix, quand bien même celle-ci était incomparable.

   Restait à trouver la perle rare, une (bonne) comédienne qui ressemblerait un peu à la défunte diva, de préférence avec des qualités vocales. Pari tenu avec Marisa Abela, une quasi-inconnue, qui a fait de la figuration dans le récent Barbie.

cinéma,cinema,film,films,musique

   L'impression de ressemblance a été renforcée par un bon maquillage, de l'entraînement, un coach vocal, un coach comportemental (pour acquérir la gestuelle et la démarche d'Amy)... et un même un coach "dialectal" (pour le parler cockney londonien). Je recommande donc de voir le film en version originale sous-titrée, d'autant que ce que j'ai entendu de la VF ne m'a pas du tout emballé.

   La première fois que j'ai entendu une chanson d'elle, je ne savais pas du tout qui elle était... et j'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'une chanteuse afro-américaine. Je n'étais finalement pas si loin de la réalité, puisque les influences jazz, blues et soul, venues de l'autre rive de l'océan Atlantique, ont été déterminantes dans la formation musicale d'Amy.

   Deux autres personnes ont joué un rôle clé dans son existence : son père, chauffeur de taxi et crooner à ses heures perdues (Eddie Marsan, très bien), et sa grand-père paternelle, véritable figure tutélaire, excellemment incarnée par Lesley Manville.

cinéma,cinema,film,films,musique

   L'enfance de la future vedette est peu creusée. On comprend qu'elle a beaucoup souffert du divorce de ses parents. La biopic évite aussi de représenter l'autre membre de la famille proche : le frère aîné.

   En revanche, il nous narre en détail les débuts de carrière... et la naissance d'un amour fou, toxique, pour le jeune Blake, un beau gosse drogué, avec du bagout, dont Amy s'est entichée, pour le meilleur (des moments de pur bonheur et l'inspiration de certains de ses succès) et le pire (l'alcool, la drogue... et la violence). Sur ce point, je trouve qu'à l'image de ce qu'on a pu voir concernant Freddie Mercury (dans Bohemian Rhapsody), le film atténue le comportement autodestructeur de l'artiste. Concernant Amy, on évite de nous la montrer incapable de chanter, dans ses derniers concerts. Les sifflets qui l'ont parfois accompagnée ne visaient pas tant son attachement pour son (ex-)compagnon que son attitude vis-à-vis du public.

   Sans être très profond, le film permet tout de même de toucher du doigt les causes du succès : une voix peu commune, l'aspect vécu des textes de ses chansons, un caractère bien trempé, un accoutrement singulier, des tatouages... et un joli minois. (Si la demoiselle avait pesé trente kilos de plus et avait souffert d'un strabisme, elle n'aurait sans doute pas suscité le même enthousiasme...)

   Les "passages obligés" (alcool, drogue, relation amoureuse en dents de scie, harcèlement par les paparazzi) sont correctement traités, sans plus.

   Il reste le parcours d'une étoile filante, une jeune femme qui avait ce petit quelque chose en plus qui ne s'apprend pas dans les écoles de chant ou de danse, le tout bien rendu par une excellente interprète.

Le Déserteur

   Tourné avant le pogrom du 7 octobre dernier, ce film israélien entre étrangement en résonance avec l'actualité proche-orientale, même si l'intrigue se situe dans le contexte de 2014, celui d'une (autre) intervention militaire de Tsahal dans la bande de Gaza, à une époque où Benyamin Netanyahou était déjà Premier ministre.

   Le premier quart d'heure est emballant. On n'y entend pas le héros parler et les rares dialogues que l'on perçoit peuvent être qualifiés d'atmosphère. Avec les sons du bruitage, ils produisent une ambiance dont on comprend qu'elle met mal à l'aise Shlomi.

   Très vite, la caméra se met à suivre le jeune homme en mouvement. Le réalisateur a notamment recours au travelling (avant, arrière et latéral) pour montrer la fuite du soldat, sans que ses motivations soient claires. Est-ce de la lâcheté, est-ce le résultat d'une réflexion politique ou de l'envie de revoir sa petite amie, pour tenter de la convaincre de ne pas partir pour le Canada ?

   Le premier être vivant auquel Shlomi s'adresse est... le chien de la famille. C'est à ce moment-là que les choses se gâtent, le trait devenant appuyé, accompagné d'invraisemblances.

   Si l'acteur principal, Ido Tako, ne manque pas de charisme, la manière dont il est dirigé (ou dont on le laisse improviser) pose problème. Le premier élément qui m'a gêné est la manière dont on le voit manger. Cela commence avec une écolo-marxiste pastèque, sauvagement éventrée et malaxée. Cela continue au restaurant, où l'on voit le héros se goinfrer maladroitement et s'enfiler plusieurs grands verres d'eau sans que l'on comprenne pourquoi. Cela revient dans l'appartement de luxe (à Tel Aviv, je crois), autour d'un plat de pâtes dans lequel Shlomi finit par puiser avec ses doigts tout en maniant la télécommande de la télévision et en touchant sa copine (que ça n'a pas l'air de déranger) ! il est possible qu'à travers ce comportement exacerbé le réalisateur ait voulu montrer l'appétit de vivre du personnage, mais, franchement, c'est mal fichu.

   Un autre aspect de l'intrigue pose plus problème : la présence de touristes français (qu'on présume juifs). Dans un premier temps, ils sont dépeints comme des soutiens imbéciles d'Israël, faciles à pigeonner. On les recroise par la suite. A l'une de ces occasions, là encore, c'est mal mis en scène : le jeune homme en voiture avait la possibilité de s'échapper sans sortir de son véhicule... mais cela aurait empêché le réalisateur de filmer une mise à nu. C'est totalement artificiel. Le pire est que, lorsqu'on entend les touristes lui faire des reproches, l'une des voix s'exclame « avec tout ce qu'on vous donne ! » (sous-entendu : quelle ingratitude alors que la France soutient financièrement votre pays !). C'est factuellement inexact. Cela aurait été plus approprié si les touristes avaient été états-uniens (à ceci près que l'essentiel de l'aide est d'ordre militaire). Concernant la France, c'est plutôt le côté palestinien qui est soutenu financièrement, à travers notamment les engagements de l'UE. Comme quoi, pour faire de la bonne propagande, il convient au préalable de correctement s'informer...

   Mais revenons au film, qui regagne en intérêt dans les vingt dernières minutes. A ce moment-là, le scénario se fait malin. En voulant échapper à l'engagement militaire, Shlomi provoque un mini-drame national : on le croit mort ou pris en otage par le Hamas. Dans un premier temps, le quiproquo provoque des tensions familiales (pas très bien mises en scène, même si le personnage de la mère est bien campé). C'est quand le héros doit faire un choix crucial que cela gagne en qualité, avec notamment une scène inattendue, qui n'est pas ce qu'elle paraît être de prime abord.

   J'ai de surcroît bien aimé la conclusion de l'histoire. Le film n'est pas sans intérêt, faisant preuve parfois d'une réalisation inspirée, mais ce n'est pas toujours maîtrisé, loin de là.

Le Déserteur

   Tourné avant le pogrom du 7 octobre dernier, ce film israélien entre étrangement en résonance avec l'actualité proche-orientale, même si l'intrigue se situe dans le contexte de 2014, celui d'une (autre) intervention militaire de Tsahal dans la bande de Gaza, à une époque où Benyamin Netanyahou était déjà Premier ministre.

   Le premier quart d'heure est emballant. On n'y entend pas le héros parler et les rares dialogues que l'on perçoit peuvent être qualifiés d'atmosphère. Avec les sons du bruitage, ils produisent une ambiance dont on comprend qu'elle met mal à l'aise Shlomi.

   Très vite, la caméra se met à suivre le jeune homme en mouvement. Le réalisateur a notamment recours au travelling (avant, arrière et latéral) pour montrer la fuite du soldat, sans que ses motivations soient claires. Est-ce de la lâcheté, est-ce le résultat d'une réflexion politique ou de l'envie de revoir sa petite amie, pour tenter de la convaincre de ne pas partir pour le Canada ?

   Le premier être vivant auquel Shlomi s'adresse est... le chien de la famille. C'est à ce moment-là que les choses se gâtent, le trait devenant appuyé, accompagné d'invraisemblances.

   Si l'acteur principal, Ido Tako, ne manque pas de charisme, la manière dont il est dirigé (ou dont on le laisse improviser) pose problème. Le premier élément qui m'a gêné est la manière dont on le voit manger. Cela commence avec une écolo-marxiste pastèque, sauvagement éventrée et malaxée. Cela continue au restaurant, où l'on voit le héros se goinfrer maladroitement et s'enfiler plusieurs grands verres d'eau sans que l'on comprenne pourquoi. Cela revient dans l'appartement de luxe (à Tel Aviv, je crois), autour d'un plat de pâtes dans lequel Shlomi finit par puiser avec ses doigts tout en maniant la télécommande de la télévision et en touchant sa copine (que ça n'a pas l'air de déranger) ! il est possible qu'à travers ce comportement exacerbé le réalisateur ait voulu montrer l'appétit de vivre du personnage, mais, franchement, c'est mal fichu.

   Un autre aspect de l'intrigue pose plus problème : la présence de touristes français (qu'on présume juifs). Dans un premier temps, ils sont dépeints comme des soutiens imbéciles d'Israël, faciles à pigeonner. On les recroise par la suite. A l'une de ces occasions, là encore, c'est mal mis en scène : le jeune homme en voiture avait la possibilité de s'échapper sans sortir de son véhicule... mais cela aurait empêché le réalisateur de filmer une mise à nu. C'est totalement artificiel. Le pire est que, lorsqu'on entend les touristes lui faire des reproches, l'une des voix s'exclame « avec tout ce qu'on vous donne ! » (sous-entendu : quelle ingratitude alors que la France soutient financièrement votre pays !). C'est factuellement inexact. Cela aurait été plus approprié si les touristes avaient été états-uniens (à ceci près que l'essentiel de l'aide est d'ordre militaire). Concernant la France, c'est plutôt le côté palestinien qui est soutenu financièrement, à travers notamment les engagements de l'UE. Comme quoi, pour faire de la bonne propagande, il convient au préalable de correctement s'informer...

   Mais revenons au film, qui regagne en intérêt dans les vingt dernières minutes. A ce moment-là, le scénario se fait malin. En voulant échapper à l'engagement militaire, Shlomi provoque un mini-drame national : on le croit mort ou pris en otage par le Hamas. Dans un premier temps, le quiproquo provoque des tensions familiales (pas très bien mises en scène, même si le personnage de la mère est bien campé). C'est quand le héros doit faire un choix crucial que cela gagne en qualité, avec notamment une scène inattendue, qui n'est pas ce qu'elle paraît être de prime abord.

   J'ai de surcroît bien aimé la conclusion de l'histoire. Le film n'est pas sans intérêt, faisant preuve parfois d'une réalisation inspirée, mais ce n'est pas toujours maîtrisé, loin de là.

samedi, 27 avril 2024

LaRoy

   La première question à se poser n'est pas Qui est LaRoy ?... mais est LaRoy ? On comprend assez vite qu'il s'agit d'une petite ville, située dans le nord du Texas.

   Les deux premières séquences semblent n'avoir aucun lien entre elles... et pourtant, elles disent l'essentiel. La première montre un automobiliste déjà âgé accepter de prendre en stop un gars dont la camionnette vient de tomber en panne. Les deux acteurs sont excellents, suscitant chacun à son tour le trouble quant à ses intentions. La séquence suivante nous fait découvrir l'anti-héros de cette histoire, Ray, une sorte de loser : trompé par sa femme, grugé par son frère, méprisé par ses collègues, il est sur le point de commettre un geste irréparable...

   C'est là que le Destin s'empare de lui. Il lui suffit de se garer, un soir, sur un parking (presque) désert, pour se retrouver embarqué dans l'une des plus incroyables histoires que j'ai pu voir récemment sur grand écran.

   Un "meurtre par inadvertance" est le déclencheur, mais derrière tout cela se trouve une masse de pognon qui suscite la convoitise de presque tous les protagonistes : un concessionnaire automobile infidèle, un avocat véreux, une maître-chanteuse, son nouveau petit ami, l'épouse du concessionnaire, Ray lui-même, mais aussi son épouse, son frère, le pseudo-détective Skip... sans oublier l'impitoyable tueur à gages croisé au début de l'histoire. Cela nous vaut de savoureux entrecroisements, des rencontres fortuites, des quiproquos... et des meurtres. L'esprit des frères Coen (notamment Fargo) souffle sur ce film, assaisonné d'une pincée de Tarantino.

   C'est souvent drôle, mais aussi mélancolique (puisqu'il est souvent question d'amours déçues)... et parfois très joli à l'écran, le tout rehaussé par une musique folk/country parfaitement adaptée, que l'on doit (entre autres) à la Frenchie Delphine Malausséna.

   Je me suis régalé.

21:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

LaRoy

   La première question à se poser n'est pas Qui est LaRoy ?... mais est LaRoy ? On comprend assez vite qu'il s'agit d'une petite ville, située dans le nord du Texas.

   Les deux premières séquences semblent n'avoir aucun lien entre elles... et pourtant, elles disent l'essentiel. La première montre un automobiliste déjà âgé accepter de prendre en stop un gars dont la camionnette vient de tomber en panne. Les deux acteurs sont excellents, suscitant chacun à son tour le trouble quant à ses intentions. La séquence suivante nous fait découvrir l'anti-héros de cette histoire, Ray, une sorte de loser : trompé par sa femme, grugé par son frère, méprisé par ses collègues, il est sur le point de commettre un geste irréparable...

   C'est là que le Destin s'empare de lui. Il lui suffit de se garer, un soir, sur un parking (presque) désert, pour se retrouver embarqué dans l'une des plus incroyables histoires que j'ai pu voir récemment sur grand écran.

   Un "meurtre par inadvertance" est le déclencheur, mais derrière tout cela se trouve une masse de pognon qui suscite la convoitise de presque tous les protagonistes : un concessionnaire automobile infidèle, un avocat véreux, une maître-chanteuse, son nouveau petit ami, l'épouse du concessionnaire, Ray lui-même, mais aussi son épouse, son frère, le pseudo-détective Skip... sans oublier l'impitoyable tueur à gages croisé au début de l'histoire. Cela nous vaut de savoureux entrecroisements, des rencontres fortuites, des quiproquos... et des meurtres. L'esprit des frères Coen (notamment Fargo) souffle sur ce film, assaisonné d'une pincée de Tarantino.

   C'est souvent drôle, mais aussi mélancolique (puisqu'il est souvent question d'amours déçues)... et parfois très joli à l'écran, le tout rehaussé par une musique folk/country parfaitement adaptée, que l'on doit (entre autres) à la Frenchie Delphine Malausséna.

   Je me suis régalé.

21:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 20 avril 2024

Spy x Family - Code : White

   Je ne connaissais pas le manga d'origine, pas plus que les premières adaptations animées. J'ai tenté l'aventure de ce film en raison du bouche-à-oreille positif et des extraits que j'ai vus.

cinéma,cinema,film,films

   Au cœur de l'intrigue se trouve une famille recomposée... eh oui, une de plus. Mais celle-ci est très décalée, franchement marrante. Le jeune papa est Loid (nom de code : Twilight), un espion de l'Ouest (Westalis) infiltré à l'Est (Ostania)... Nous sommes en pleine Guerre froide, d'un genre nouveau. C'est un as du déguisement, un pro du cambriolage, un expert en combat rapproché. Comme, en plus, il est beau gosse, il plaît à quantité de femmes... mais il pense avant tout à sa mission. Voilà pourquoi il a adopté une étrange orpheline, Anya, qui semble très mûre pour son âge... et pour cause : elle peut lire dans les pensées d'autrui. Elle seule est au courant que son papounet psychiatre est en réalité un agent secret... et elle trouve ça trop cool !

   Pour valider l'adoption et l'inscription de la gamine dans une école friquée pour jeunes prodiges, Loid se doit d'être en couple. Il a donc contracté un mariage blanc avec une charmante fonctionnaire, Yor, dont il ignore qu'elle est en fait une redoutable (et ravissante) tueuse à gages. Elle-même a choisi ce jeune et charmant psychiatre, au comportement anodin, comme couverture pour ses activités illicites... mais elle ne se doute pas de ce qu'il fait en dehors de sa clinique...

   Seule Anya sait tout, ainsi que son compagnon à poils, un bon gros gentil chien télépathe (portant nœud papillon), capable d'entrevoir le futur et appelé... Bond !

   Tout ça pour dire qu'on nage en pleine ambiance de film d'espionnage... 007 bien sûr, mais aussi Mission : impossible, dont le générique iconique sert à plusieurs reprises de musique d'ambiance, avec différentes orchestrations.

   J'ai beaucoup aimé les décors, qui mélangent un peu de futurisme à une architecture XIXe siècle, avec aussi de superbes intérieurs en bois. Un côté "nid douillet" se dégage de plusieurs scènes, tandis que d'autres sont marquées par une animation virtuose, quand il y a de l'action.

   ... et ça ne manque pas. Le plus cocasse est que l'intrigue va tourner, directement ou indirectement, autour d'un dessert particulier, un peu passé de mode, appelé "meremere". La capacité d'Anya à reproduire ce gâteau pour le concours organisé dans son école pourrait influer sur le sort de sa famille. La quête des ingrédients va embarquer ce petit monde dans une conspiration militaire, dont l'enjeu est la possession d'un mystérieux microfilm (plutôt une micro-carte SD), dont tout le monde finit par comprendre qu'il a sans doute été avalé par... cette gloutonne d'Anya ! En découlent de savoureuses péripéties, autour de la rapidité avec laquelle la jeune fille va "évacuer" la chose. Cela nous vaut notamment une extraordinaire séquence psychédélique, au cours de laquelle l'héroïne rencontre... "le dieu du caca" ! Celui-ci (un sympathique vieillard barbu qui pète en vert...) lui fait découvrir le "Paradis des toilettes". J'ai adoré !!

   Aux spectateurs moins portés sur le scabreux, je signale la présence de superbes scènes de combat, la maman tueuse se retrouvant confrontée à une sorte d'agent-prototype, contre lequel elle va devoir faire preuve d'agilité, de courage... et d'imagination.

   Il y a bien quelques défauts dans cette histoire un peu déglinguée : le côté enfantin de certaines scènes d'école et le manque de maturité des adultes dans l'expression de leurs sentiments. (La pudeur japonaise est ici exacerbée, à tel point que les jeunes adultes peuvent parfois passer pour des adolescents.)

   A part cela, j'ai passé un très bon moment, un peu comme avec Detective Conan (qui est toutefois meilleur, selon moi).

23:23 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Spy x Family - Code : White

   Je ne connaissais pas le manga d'origine, pas plus que les premières adaptations animées. J'ai tenté l'aventure de ce film en raison du bouche-à-oreille positif et des extraits que j'ai vus.

cinéma,cinema,film,films

   Au cœur de l'intrigue se trouve une famille recomposée... eh oui, une de plus. Mais celle-ci est très décalée, franchement marrante. Le jeune papa est Loid (nom de code : Twilight), un espion de l'Ouest (Westalis) infiltré à l'Est (Ostania)... Nous sommes en pleine Guerre froide, d'un genre nouveau. C'est un as du déguisement, un pro du cambriolage, un expert en combat rapproché. Comme, en plus, il est beau gosse, il plaît à quantité de femmes... mais il pense avant tout à sa mission. Voilà pourquoi il a adopté une étrange orpheline, Anya, qui semble très mûre pour son âge... et pour cause : elle peut lire dans les pensées d'autrui. Elle seule est au courant que son papounet psychiatre est en réalité un agent secret... et elle trouve ça trop cool !

   Pour valider l'adoption et l'inscription de la gamine dans une école friquée pour jeunes prodiges, Loid se doit d'être en couple. Il a donc contracté un mariage blanc avec une charmante fonctionnaire, Yor, dont il ignore qu'elle est en fait une redoutable (et ravissante) tueuse à gages. Elle-même a choisi ce jeune et charmant psychiatre, au comportement anodin, comme couverture pour ses activités illicites... mais elle ne se doute pas de ce qu'il fait en dehors de sa clinique...

   Seule Anya sait tout, ainsi que son compagnon à poils, un bon gros gentil chien télépathe (portant nœud papillon), capable d'entrevoir le futur et appelé... Bond !

   Tout ça pour dire qu'on nage en pleine ambiance de film d'espionnage... 007 bien sûr, mais aussi Mission : impossible, dont le générique iconique sert à plusieurs reprises de musique d'ambiance, avec différentes orchestrations.

   J'ai beaucoup aimé les décors, qui mélangent un peu de futurisme à une architecture XIXe siècle, avec aussi de superbes intérieurs en bois. Un côté "nid douillet" se dégage de plusieurs scènes, tandis que d'autres sont marquées par une animation virtuose, quand il y a de l'action.

   ... et ça ne manque pas. Le plus cocasse est que l'intrigue va tourner, directement ou indirectement, autour d'un dessert particulier, un peu passé de mode, appelé "meremere". La capacité d'Anya à reproduire ce gâteau pour le concours organisé dans son école pourrait influer sur le sort de sa famille. La quête des ingrédients va embarquer ce petit monde dans une conspiration militaire, dont l'enjeu est la possession d'un mystérieux microfilm (plutôt une micro-carte SD), dont tout le monde finit par comprendre qu'il a sans doute été avalé par... cette gloutonne d'Anya ! En découlent de savoureuses péripéties, autour de la rapidité avec laquelle la jeune fille va "évacuer" la chose. Cela nous vaut notamment une extraordinaire séquence psychédélique, au cours de laquelle l'héroïne rencontre... "le dieu du caca" ! Celui-ci (un sympathique vieillard barbu qui pète en vert...) lui fait découvrir le "Paradis des toilettes". J'ai adoré !!

   Aux spectateurs moins portés sur le scabreux, je signale la présence de superbes scènes de combat, la maman tueuse se retrouvant confrontée à une sorte d'agent-prototype, contre lequel elle va devoir faire preuve d'agilité, de courage... et d'imagination.

   Il y a bien quelques défauts dans cette histoire un peu déglinguée : le côté enfantin de certaines scènes d'école et le manque de maturité des adultes dans l'expression de leurs sentiments. (La pudeur japonaise est ici exacerbée, à tel point que les jeunes adultes peuvent parfois passer pour des adolescents.)

   A part cela, j'ai passé un très bon moment, un peu comme avec Detective Conan (qui est toutefois meilleur, selon moi).

23:23 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 18 avril 2024

Civil War

   Le distributeur français ne s'est pas foulé. Il aurait pu traduire le titre d'origine en "Guerre civile" ou, plus judicieusement, le renommer "Sécession", puisque, dans l'histoire états-unienne, "Civil War" est le nom donné au conflit qui, entre 1861 et 1865, opposa grosso modo le Nord et le Sud du pays.

   Ici, on retrouve cet antagonisme géographique, puisque le gouvernement "officiel" semble contrôler notamment New York et Washington DC, tandis que les sécessionnistes de "l'Armée de Ouest" sont au départ la Californie et le Texas, auxquels s'est jointe la Floride. Beaucoup d’États intermédiaires semblent s'être déclarés neutres.

   En écrivant son scénar, Garland (auquel on doit, entre autres, l'excellent Ex Machina) a un peu brouillé les pistes, notamment en associant dans la coalition rebelle des États qui ont des traditions opposées (démocrate pour la Californie, républicaine pour les autres)... mais les évolutions tant démographiques que socio-économiques tendent petit à petit à faire basculer la majorité du Sud dans le camp démocrate. De surcroît, quand on regarde la composition des troupes, on voit nettement plus de minorités ethniques du côté de l'Armée de l'Ouest. En face, le président des États-Unis croupions, s'il n'est pas un décalque de Donald Trump, semble avoir un profil républicain... et mener le pays d'une manière un tantinet dictatoriale. (C'est peut-être plus évident pour le public états-unien.) Les spectateurs attentifs auront aussi remarqué que certains personnages évoquent la détestation dont les journalistes sont l'objet, entre New York et Washington DC.

   Au départ, l'incertitude pesant sur la nature de chaque camp nous oblige à être attentifs aux détails et à réfléchir. Mais, à la longue, ce flou artistique devient irritant et mène à une grosse déception. Garland n'a pas l'intention de traiter des déviances de l'Amérique actuelle (la complotisme et la mentalité réac d'une partie de la droite, la cancel culture et les délires sur le genre d'une partie de la gauche). Je crois qu'au fond il s'en fiche (du moins, dans ce film-ci).

   C'est d'abord une œuvre sur les reporters de guerre... et une histoire de passation de témoin, entre deux femmes. Kirsten Dunst incarne Lee, la photographe chevronnée, une dure à cuire dont on comprend qu'elle en a vu des vertes et des pas mûres au Moyen-Orient, en Afrique comme dans les Caraïbes. Cailee Spaeny interprète Jessie, la relève, une jeune présomptueuse ignorante du danger, admiratrice de Lee.

   La première partie n'est guère emballante. C'est trop verbeux, avec des situations souvent déjà vues ailleurs. Parfois, certains personnages se comportent comme des protagonistes des films d'horreur bas-de-gamme : ils font ce qu'aucune personne sensée ne ferait dans la vraie vie... ce qui permet à un scénariste en panne d'inspiration d'épicer son intrigue.

   Le moment clé est pour moi l'épisode de la fosse commune, avec l'intervention d'un personnage vu dans la bande-annonce, un inquiétant militaire incarné par Jesse Plemons (qui, dans le civil, est le compagnon de... Kirsten Dunst !).

   A partir de là, on reste scotché à son siège, jusqu'à l'emballante séquence de l'assaut de Washington DC, très bien mise en scène.

   Du coup, je devrais être plus enthousiaste que cela... mais j'ai été gêné par quelques grosses ficelles, en particulier tout ce qui touche à la relation entre les deux femmes photographes. Son évolution est tellement prévisible ! Au début, Lee joue un peu le rôle de mentor de Jessie, même si c'est à son corps défendant. La jeune apprentie commet des erreurs, s'expose imprudemment... mais, petit à petit, affine son style. Arrive, de manière particulièrement abrupte, le moment de bascule : lors de l'assaut de Washington, Lee, qui a pourtant derrière elle 20 à 25 ans de couverture de conflits sanglants, perd tout à coup ses moyens tandis que Jessie se montre meilleure que jamais... et je ne parlerai pas de la péripétie qu'on sent venir à des (centaines de) kilomètres, qui entache une fin d'histoire pourtant plutôt bien menée.

   Je suis sorti de là un peu déçu, en dépit de la force de certaines scènes.

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Civil War

   Le distributeur français ne s'est pas foulé. Il aurait pu traduire le titre d'origine en "Guerre civile" ou, plus judicieusement, le renommer "Sécession", puisque, dans l'histoire états-unienne, "Civil War" est le nom donné au conflit qui, entre 1861 et 1865, opposa grosso modo le Nord et le Sud du pays.

   Ici, on retrouve cet antagonisme géographique, puisque le gouvernement "officiel" semble contrôler notamment New York et Washington DC, tandis que les sécessionnistes de "l'Armée de Ouest" sont au départ la Californie et le Texas, auxquels s'est jointe la Floride. Beaucoup d’États intermédiaires semblent s'être déclarés neutres.

   En écrivant son scénar, Garland (auquel on doit, entre autres, l'excellent Ex Machina) a un peu brouillé les pistes, notamment en associant dans la coalition rebelle des États qui ont des traditions opposées (démocrate pour la Californie, républicaine pour les autres)... mais les évolutions tant démographiques que socio-économiques tendent petit à petit à faire basculer la majorité du Sud dans le camp démocrate. De surcroît, quand on regarde la composition des troupes, on voit nettement plus de minorités ethniques du côté de l'Armée de l'Ouest. En face, le président des États-Unis croupions, s'il n'est pas un décalque de Donald Trump, semble avoir un profil républicain... et mener le pays d'une manière un tantinet dictatoriale. (C'est peut-être plus évident pour le public états-unien.) Les spectateurs attentifs auront aussi remarqué que certains personnages évoquent la détestation dont les journalistes sont l'objet, entre New York et Washington DC.

   Au départ, l'incertitude pesant sur la nature de chaque camp nous oblige à être attentifs aux détails et à réfléchir. Mais, à la longue, ce flou artistique devient irritant et mène à une grosse déception. Garland n'a pas l'intention de traiter des déviances de l'Amérique actuelle (la complotisme et la mentalité réac d'une partie de la droite, la cancel culture et les délires sur le genre d'une partie de la gauche). Je crois qu'au fond il s'en fiche (du moins, dans ce film-ci).

   C'est d'abord une œuvre sur les reporters de guerre... et une histoire de passation de témoin, entre deux femmes. Kirsten Dunst incarne Lee, la photographe chevronnée, une dure à cuire dont on comprend qu'elle en a vu des vertes et des pas mûres au Moyen-Orient, en Afrique comme dans les Caraïbes. Cailee Spaeny interprète Jessie, la relève, une jeune présomptueuse ignorante du danger, admiratrice de Lee.

   La première partie n'est guère emballante. C'est trop verbeux, avec des situations souvent déjà vues ailleurs. Parfois, certains personnages se comportent comme des protagonistes des films d'horreur bas-de-gamme : ils font ce qu'aucune personne sensée ne ferait dans la vraie vie... ce qui permet à un scénariste en panne d'inspiration d'épicer son intrigue.

   Le moment clé est pour moi l'épisode de la fosse commune, avec l'intervention d'un personnage vu dans la bande-annonce, un inquiétant militaire incarné par Jesse Plemons (qui, dans le civil, est le compagnon de... Kirsten Dunst !).

   A partir de là, on reste scotché à son siège, jusqu'à l'emballante séquence de l'assaut de Washington DC, très bien mise en scène.

   Du coup, je devrais être plus enthousiaste que cela... mais j'ai été gêné par quelques grosses ficelles, en particulier tout ce qui touche à la relation entre les deux femmes photographes. Son évolution est tellement prévisible ! Au début, Lee joue un peu le rôle de mentor de Jessie, même si c'est à son corps défendant. La jeune apprentie commet des erreurs, s'expose imprudemment... mais, petit à petit, affine son style. Arrive, de manière particulièrement abrupte, le moment de bascule : lors de l'assaut de Washington, Lee, qui a pourtant derrière elle 20 à 25 ans de couverture de conflits sanglants, perd tout à coup ses moyens tandis que Jessie se montre meilleure que jamais... et je ne parlerai pas de la péripétie qu'on sent venir à des (centaines de) kilomètres, qui entache une fin d'histoire pourtant plutôt bien menée.

   Je suis sorti de là un peu déçu, en dépit de la force de certaines scènes.

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mardi, 16 avril 2024

Nous, les Leroy

   On sait, au moins depuis les Rita Mitsuko, que les histoires d'amour finissent mal... en général. Une nouvelle déclinaison nous est proposée à travers l'évolution du couple formé par Sandrine (épatante Charlotte Gainsbourg) et Christophe (José Garcia, en clown triste et attachant).

   J'ai été pris par le début, qui nous présente le passé du couple à travers un montage de messages laissés sur des répondeurs téléphoniques ou des boîtes vocales. On sent bien qu'au départ, ce fut passionnel, rock'n'roll même. Cet amour s'est densifié, ramifié... et semble ensuite se rabougrir : Sandrine a envie d'autre chose.

   Les deux interprètes principaux sont excellents. José Garcia n'en fait pas trop dans le rôle du père qui en fait trop pour tenter de sauver son couple. Charlotte Gainsbourg prouve à nouveau qu'elle dispose d'une palette de jeu étendue. Je signale aussi la bonne composition de Lily Aubry et Hadrien Heaulmé, qui ont la charge d'interpréter les enfants du couple, âgés de 16-18 ans. C'est suffisamment rare pour être signalé : je n'ai pas eu envie d'en prendre un pour frapper l'autre. Ce ne sont pas des ados caricaturaux. Les personnages sont sans doute bien écrits, mais je pense que le talent des comédiens y est aussi pour quelque chose.

   Le scénario se nourrit évidemment d'anecdotes vécues, dans lesquelles peuvent se retrouver des parents comme des enfants. Devant certaines situations, j'ai eu comme une impression de déjà-vu...

   La première partie mise principalement sur le ressort comique. Le désamour, le risque de séparation et les tentatives pathétiques de Christophe pour ressouder le couple suscitent souvent les rires. Il y a bien évidemment la séquence de l'ancien appartement, en zone HLM, avec la participation marquante de Jérôme Niel. Il y a aussi la séquence inattendue du square, drôle et touchante, qui ne se déroule pas du tout comme on le pressent... avec, en bonus, une référence très surprenante à Michel Sardou (d'autant qu'il ne fait partie de l'univers musical d'aucun des protagonistes). La voix du chanteur populaire surgit à l'occasion d'une autre séquence, celle du caricaturiste, bien plus subtile que ce qui est montré dans la bande-annonce. Sébastien Chassage y est excellent en dessinateur sûr de son art... et pas du tout flatteur avec ses clients !

   Le film évite de tomber dans le travers de la comédie hyper-balisée. Ce n'est pas une re-love story, mais quelque chose de différent, entre tendresse, nostalgie et ressentiment. On va finir par se dire ses quatre vérités (et même plus que cela). Mais, une fois l'abcès crevé, que va-t-il rester ?

   Le film se conclut sur une fin qui est à la fois heureuse et triste (selon le point de vue que l'on adopte). Cela donne une sorte de comédie de la maturité, pas exempte de (petits) défauts, mais visible par tous.

Nous, les Leroy

   On sait, au moins depuis les Rita Mitsuko, que les histoires d'amour finissent mal... en général. Une nouvelle déclinaison nous est proposée à travers l'évolution du couple formé par Sandrine (épatante Charlotte Gainsbourg) et Christophe (José Garcia, en clown triste et attachant).

   J'ai été pris par le début, qui nous présente le passé du couple à travers un montage de messages laissés sur des répondeurs téléphoniques ou des boîtes vocales. On sent bien qu'au départ, ce fut passionnel, rock'n'roll même. Cet amour s'est densifié, ramifié... et semble ensuite se rabougrir : Sandrine a envie d'autre chose.

   Les deux interprètes principaux sont excellents. José Garcia n'en fait pas trop dans le rôle du père qui en fait trop pour tenter de sauver son couple. Charlotte Gainsbourg prouve à nouveau qu'elle dispose d'une palette de jeu étendue. Je signale aussi la bonne composition de Lily Aubry et Hadrien Heaulmé, qui ont la charge d'interpréter les enfants du couple, âgés de 16-18 ans. C'est suffisamment rare pour être signalé : je n'ai pas eu envie d'en prendre un pour frapper l'autre. Ce ne sont pas des ados caricaturaux. Les personnages sont sans doute bien écrits, mais je pense que le talent des comédiens y est aussi pour quelque chose.

   Le scénario se nourrit évidemment d'anecdotes vécues, dans lesquelles peuvent se retrouver des parents comme des enfants. Devant certaines situations, j'ai eu comme une impression de déjà-vu...

   La première partie mise principalement sur le ressort comique. Le désamour, le risque de séparation et les tentatives pathétiques de Christophe pour ressouder le couple suscitent souvent les rires. Il y a bien évidemment la séquence de l'ancien appartement, en zone HLM, avec la participation marquante de Jérôme Niel. Il y a aussi la séquence inattendue du square, drôle et touchante, qui ne se déroule pas du tout comme on le pressent... avec, en bonus, une référence très surprenante à Michel Sardou (d'autant qu'il ne fait partie de l'univers musical d'aucun des protagonistes). La voix du chanteur populaire surgit à l'occasion d'une autre séquence, celle du caricaturiste, bien plus subtile que ce qui est montré dans la bande-annonce. Sébastien Chassage y est excellent en dessinateur sûr de son art... et pas du tout flatteur avec ses clients !

   Le film évite de tomber dans le travers de la comédie hyper-balisée. Ce n'est pas une re-love story, mais quelque chose de différent, entre tendresse, nostalgie et ressentiment. On va finir par se dire ses quatre vérités (et même plus que cela). Mais, une fois l'abcès crevé, que va-t-il rester ?

   Le film se conclut sur une fin qui est à la fois heureuse et triste (selon le point de vue que l'on adopte). Cela donne une sorte de comédie de la maturité, pas exempte de (petits) défauts, mais visible par tous.

lundi, 15 avril 2024

S.O.S. Fantômes - La Menace de glace

   Pour fêter ses cent ans, la Columbia a décidé de financer une nouvelle suite aux aventures des chasseurs de fantômes. Cela en fait le cinquième film de la franchise, en incluant la tentative de reboot au féminin (qui n'a pas donné les résultats escomptés).

   Que les amateurs de "politiquement correct" se rassurent. Comme dans toute grosse production hollywoodienne qui se respecte, on a veillé à valoriser le plus grand nombre possible de "communautés", catégories diverses de la population. Ceci dit, comme l'action se déroule à New York, c'est parfaitement plausible, bien qu'amené avec de gros sabots.

   Cela commence de manière intéressante, plus de cent ans avant notre époque, quand l'immeuble des ghostbusters était encore une caserne de pompiers. Comme dans beaucoup de productions de ce genre, c'est l'occasion de présenter la grande menace qui va peser sur les héros. Cela n'a pas grand chose d'innovant, mais c'est bien fichu. De manière générale, c'est du beau boulot, avec aussi un scénario suffisamment fouillé pour retenir l'attention.

   Suit une entraînante poursuite dans les rues de Big Apple, de nos jours. C'est bien filmé, efficacement monté (même si les esprits vétilleux repèreront quelques faux-raccords), avec de bons effets spéciaux. On retrouve la (jeune) famille recomposée de l'épisode précédent, avec ses tensions éculées et ses manifestations aussi maladroites que guimauvesques d'affection. Le retour à l'écran de fantômes anodins, comme le glouton et les mini-bibendums, est sympatoche.

   Petit à petit, certains anciens viennent faire un petit coucou : Annie Potts (l'ex-secrétaire, qui, désormais, met la main à la pâte quand il s'agit de dézinguer les fantômes), Ernie Hudson (l'ancien sous-fifre afro-américain devenu le boss d'une entreprise de pointe), William Atherton (jadis bureaucrate environnemental sourcilleux, devenu... maire) et, bien sûr, Dan Aykroyd (au charisme chaleureux) et Bill Murray (très peu présent, uniquement sans doute pour "cachetonner").

   Des nouveautés je retiens une amourette homosexuelle transdimensionnelle, assez finement mise en scène... et de nouveaux locaux pour nos chasseurs de fantômes, mais pas créés par eux. Ils sont bien utilisés dans l'intrigue et donnent lieu à d'intéressantes péripéties.

   Cela se regarde comme un film d'aventures, qui vont ressouder les liens familiaux, le tout essayant de ne choquer personne... au risque de manquer de relief. Le film d'origine (que j'ai revu il y a deux ans) était une comédie un peu déjantée, parfois transgressive, avec des dialogues piquants. Ici, c'est plan-plan, voire cucul-la-praline.

   Les enfants apprécieront sans doute. Les (grands-)parents, moins.

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S.O.S. Fantômes - La Menace de glace

   Pour fêter ses cent ans, la Columbia a décidé de financer une nouvelle suite aux aventures des chasseurs de fantômes. Cela en fait le cinquième film de la franchise, en incluant la tentative de reboot au féminin (qui n'a pas donné les résultats escomptés).

   Que les amateurs de "politiquement correct" se rassurent. Comme dans toute grosse production hollywoodienne qui se respecte, on a veillé à valoriser le plus grand nombre possible de "communautés", catégories diverses de la population. Ceci dit, comme l'action se déroule à New York, c'est parfaitement plausible, bien qu'amené avec de gros sabots.

   Cela commence de manière intéressante, plus de cent ans avant notre époque, quand l'immeuble des ghostbusters était encore une caserne de pompiers. Comme dans beaucoup de productions de ce genre, c'est l'occasion de présenter la grande menace qui va peser sur les héros. Cela n'a pas grand chose d'innovant, mais c'est bien fichu. De manière générale, c'est du beau boulot, avec aussi un scénario suffisamment fouillé pour retenir l'attention.

   Suit une entraînante poursuite dans les rues de Big Apple, de nos jours. C'est bien filmé, efficacement monté (même si les esprits vétilleux repèreront quelques faux-raccords), avec de bons effets spéciaux. On retrouve la (jeune) famille recomposée de l'épisode précédent, avec ses tensions éculées et ses manifestations aussi maladroites que guimauvesques d'affection. Le retour à l'écran de fantômes anodins, comme le glouton et les mini-bibendums, est sympatoche.

   Petit à petit, certains anciens viennent faire un petit coucou : Annie Potts (l'ex-secrétaire, qui, désormais, met la main à la pâte quand il s'agit de dézinguer les fantômes), Ernie Hudson (l'ancien sous-fifre afro-américain devenu le boss d'une entreprise de pointe), William Atherton (jadis bureaucrate environnemental sourcilleux, devenu... maire) et, bien sûr, Dan Aykroyd (au charisme chaleureux) et Bill Murray (très peu présent, uniquement sans doute pour "cachetonner").

   Des nouveautés je retiens une amourette homosexuelle transdimensionnelle, assez finement mise en scène... et de nouveaux locaux pour nos chasseurs de fantômes, mais pas créés par eux. Ils sont bien utilisés dans l'intrigue et donnent lieu à d'intéressantes péripéties.

   Cela se regarde comme un film d'aventures, qui vont ressouder les liens familiaux, le tout essayant de ne choquer personne... au risque de manquer de relief. Le film d'origine (que j'ai revu il y a deux ans) était une comédie un peu déjantée, parfois transgressive, avec des dialogues piquants. Ici, c'est plan-plan, voire cucul-la-praline.

   Les enfants apprécieront sans doute. Les (grands-)parents, moins.

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dimanche, 14 avril 2024

Le Jeu de la reine

   Séance en costumes pour cette reconstitution de l'Angleterre du XVIe siècle, au crépuscule du règne du très autoritaire Henri VIII, connu pour avoir rompu avec l'obédience papale... et pour avoir épousé successivement six femmes (et en avoir fait décapiter deux).

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Dans le rôle du vieux porc barbu, Jude Law est stupéfiant de vérité... lui qu'en France on a plutôt l'habitude voir incarner des gentlemen (ou, du moins, des types propres sur eux) ! Il me semble qu'il a même pris du poids pour le rôle.

   A ses côtés rayonne, irradie, illumine, scintille la délicieuse, la ravissante, la subtile Alicia Vikander qui, depuis Royal Affair, ne m'a jamais déçu, même si le dernier film dans lequel je l'avais vue (Tomb Raider) na cassait pas des briques.

   Le comédienne interprète Cartherine Parr, la sixième et dernière épouse d'Henri VIII. Elle parvient à faire ressortir les différentes facettes de son personnage : un côté séducteur (le film sous-entend qu'elle tenait le roi par le bout de la bite savait comment satisfaire le roi, à défaut d'en jouir), un côté infirmière voire mère-poule et un aspect intellectuel. La dame se piquait de philosophie et de religion. Elle s'est aussi en partie occupée de l'éducation des enfants des précédents mariages du roi, tous destinés à régner (ce dont ils n'étaient pas certains, à l'époque) : le futur Edouard VI (fils de Jeanne Seymour), la future Marie Tudor (fille de Catherine d'Aragon) et (surtout) la future Elizabeth Ière (fille d'Anne Boleyn), que la structure du film présente comme une sorte d'héritière spirituelle de Catherine, la véritable fondatrice de l'anglicanisme, que le règne d'Henri VIII n'avait fait qu'esquisser.

   Le début du film montre une femme de pouvoir et d'idées, dont la fragilité de la position apparaît dès que son seigneur et époux revient de la campagne de France, en mauvaise santé. La mise en scène comme le jeu des acteurs nous font comprendre quelles étaient les marges de manœuvre (plus ou moins grandes) d'une épouse royale, dont le principal atout pouvait être de donner naissance à un héritier (mâle). On finit par sentir que, derrière le tableau historique, perce un discours féministe contemporain, au point de tordre un peu le cours des événements.

   J'ai été emballé par les décors, les costumes, l'éclairage de certaines scènes à la bougie et le jeu des acteurs (Erin Doherty, Junia Rees, Eddie Marsan...). Parfois, cela m'a rappelé La Favorite, de Lanthimos.

   J'ai deux réserves scénaristiques à émettre. Elles sont sans doute liées au fait que le film adapte un roman. Ce n'est donc pas une œuvre historique au sens strict.

   Ainsi, il me semble que l'épisode du collier est inventé... et inspiré d'une péripétie des Trois Mousquetaires. La mise en danger de Catherine Parr fut réelle, en raison de ses convictions religieuses. Si Henri VIII avait bien rompu avec le Pape, il souhaitait mettre en place (en Angleterre) une sorte de catholicisme d’État, rénové, mais pas un protestantisme façon Luther, encore moins le calvinisme que prêchaient les réformés qui ont fini par triompher en Écosse. Durant la seconde partie de son règne, le souverain a joué de l'équilibre qu'il souhaitait préserver entre les poussées réformistes, incarnées par le clan Seymour (dont Catherine était proche), et le clergé traditionaliste, encore marqué par le catholicisme (à l'image de l'évêque de Winchester Étienne Gardiner, très bien interprété par Simon Russell Beale, déjà excellent en Béria dans La Mort de Staline).

   Mon autre réserve porte sur la fin, totalement inventée (et un peu ridicule dans sa mise en scène). Je comprends qu'elle ait suscitée des applaudissements, à Cannes, mais, franchement, le film n'avait pas besoin de cela.

Le Jeu de la reine

   Séance en costumes pour cette reconstitution de l'Angleterre du XVIe siècle, au crépuscule du règne du très autoritaire Henri VIII, connu pour avoir rompu avec l'obédience papale... et pour avoir épousé successivement six femmes (et en avoir fait décapiter deux).

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Dans le rôle du vieux porc barbu, Jude Law est stupéfiant de vérité... lui qu'en France on a plutôt l'habitude voir incarner des gentlemen (ou, du moins, des types propres sur eux) ! Il me semble qu'il a même pris du poids pour le rôle.

   A ses côtés rayonne, irradie, illumine, scintille la délicieuse, la ravissante, la subtile Alicia Vikander qui, depuis Royal Affair, ne m'a jamais déçu, même si le dernier film dans lequel je l'avais vue (Tomb Raider) na cassait pas des briques.

   Le comédienne interprète Cartherine Parr, la sixième et dernière épouse d'Henri VIII. Elle parvient à faire ressortir les différentes facettes de son personnage : un côté séducteur (le film sous-entend qu'elle tenait le roi par le bout de la bite savait comment satisfaire le roi, à défaut d'en jouir), un côté infirmière voire mère-poule et un aspect intellectuel. La dame se piquait de philosophie et de religion. Elle s'est aussi en partie occupée de l'éducation des enfants des précédents mariages du roi, tous destinés à régner (ce dont ils n'étaient pas certains, à l'époque) : le futur Edouard VI (fils de Jeanne Seymour), la future Marie Tudor (fille de Catherine d'Aragon) et (surtout) la future Elizabeth Ière (fille d'Anne Boleyn), que la structure du film présente comme une sorte d'héritière spirituelle de Catherine, la véritable fondatrice de l'anglicanisme, que le règne d'Henri VIII n'avait fait qu'esquisser.

   Le début du film montre une femme de pouvoir et d'idées, dont la fragilité de la position apparaît dès que son seigneur et époux revient de la campagne de France, en mauvaise santé. La mise en scène comme le jeu des acteurs nous font comprendre quelles étaient les marges de manœuvre (plus ou moins grandes) d'une épouse royale, dont le principal atout pouvait être de donner naissance à un héritier (mâle). On finit par sentir que, derrière le tableau historique, perce un discours féministe contemporain, au point de tordre un peu le cours des événements.

   J'ai été emballé par les décors, les costumes, l'éclairage de certaines scènes à la bougie et le jeu des acteurs (Erin Doherty, Junia Rees, Eddie Marsan...). Parfois, cela m'a rappelé La Favorite, de Lanthimos.

   J'ai deux réserves scénaristiques à émettre. Elles sont sans doute liées au fait que le film adapte un roman. Ce n'est donc pas une œuvre historique au sens strict.

   Ainsi, il me semble que l'épisode du collier est inventé... et inspiré d'une péripétie des Trois Mousquetaires. La mise en danger de Catherine Parr fut réelle, en raison de ses convictions religieuses. Si Henri VIII avait bien rompu avec le Pape, il souhaitait mettre en place (en Angleterre) une sorte de catholicisme d’État, rénové, mais pas un protestantisme façon Luther, encore moins le calvinisme que prêchaient les réformés qui ont fini par triompher en Écosse. Durant la seconde partie de son règne, le souverain a joué de l'équilibre qu'il souhaitait préserver entre les poussées réformistes, incarnées par le clan Seymour (dont Catherine était proche), et le clergé traditionaliste, encore marqué par le catholicisme (à l'image de l'évêque de Winchester Étienne Gardiner, très bien interprété par Simon Russell Beale, déjà excellent en Béria dans La Mort de Staline).

   Mon autre réserve porte sur la fin, totalement inventée (et un peu ridicule dans sa mise en scène). Je comprends qu'elle ait suscitée des applaudissements, à Cannes, mais, franchement, le film n'avait pas besoin de cela.

samedi, 13 avril 2024

Bye bye Tibériade

  Environ trois ans après Leur Algérie, Lina Soualem continue d'explorer son histoire familiale, qui a croisé l'Histoire à plusieurs reprises. Cette fois-ci, elle explore le côté maternel, celui de sa mère Hiam Abbass, actrice et réalisatrice (Héritage) palestinienne (arabe israélienne).

   Ce documentaire est clairement un film de femmes. Les hommes de la famille sont au second plan. La cinéaste explore la vie et les liens entre quatre générations, de son arrière-grand-mère à elle-même, en passant (surtout) par sa mère.

   L'arrière-grand-mère a connu la période du mandat britannique et le déplacement forcé de Tibériade vers le village de Deir Hanna, lors du grand Exil (en 1948-1949), que la réalisatrice prend soin de ne pas appeler Nakba, le terme, engagé, orienté même, utilisé dans des textes militants. Elle n'a d'ailleurs pas besoin de recourir à l'exagération linguistique. La simple évocation du vécu familial suffit.

   Um Ali (l'arrière-grand-mère) a dû s'occuper d'une dizaine d'enfants tout en exerçant le métier de couturière. L'une de ses filles, Neemat, la grand-mère de la réalisatrice (et donc mère d'Hiam Abbas), fut institutrice et connut une ébauche d'émancipation, à une époque où, d'après les images d'archives, très peu de femmes musulmanes portaient le voile.

   Cela nous mène, par petites touches, au parcours plus chaotique d'Hiam. Cette belle jeune femme, qui avait entamé des études universitaires (au sein d'un État israélien qui n'était donc pas aussi ignoble qu'une certaine propagande tente de le faire croire) tout en suivant des cours de théâtre. Elle étouffait dans une société qu'on n'ose pas qualifier de patriarcale. Comme beaucoup de femmes de l'après-Seconde Guerre mondiale, elle s'est mariée en partie pour fuir le milieu familial, même si elle était très attachée à ses sœurs et à ses parents. Beaucoup de choses sont dites en filigrane, avec délicatesse, avec même une forme de douceur, alors que parfois les situations sont tristes.

   Je recommande ce documentaire, à la fois pour la tendresse des liens familiaux qu'il expose et pour son intérêt historique, même si c'est par le petit bout de la lorgnette.

Bye bye Tibériade

  Environ trois ans après Leur Algérie, Lina Soualem continue d'explorer son histoire familiale, qui a croisé l'Histoire à plusieurs reprises. Cette fois-ci, elle explore le côté maternel, celui de sa mère Hiam Abbass, actrice et réalisatrice (Héritage) palestinienne (arabe israélienne).

   Ce documentaire est clairement un film de femmes. Les hommes de la famille sont au second plan. La cinéaste explore la vie et les liens entre quatre générations, de son arrière-grand-mère à elle-même, en passant (surtout) par sa mère.

   L'arrière-grand-mère a connu la période du mandat britannique et le déplacement forcé de Tibériade vers le village de Deir Hanna, lors du grand Exil (en 1948-1949), que la réalisatrice prend soin de ne pas appeler Nakba, le terme, engagé, orienté même, utilisé dans des textes militants. Elle n'a d'ailleurs pas besoin de recourir à l'exagération linguistique. La simple évocation du vécu familial suffit.

   Um Ali (l'arrière-grand-mère) a dû s'occuper d'une dizaine d'enfants tout en exerçant le métier de couturière. L'une de ses filles, Neemat, la grand-mère de la réalisatrice (et donc mère d'Hiam Abbas), fut institutrice et connut une ébauche d'émancipation, à une époque où, d'après les images d'archives, très peu de femmes musulmanes portaient le voile.

   Cela nous mène, par petites touches, au parcours plus chaotique d'Hiam. Cette belle jeune femme, qui avait entamé des études universitaires (au sein d'un État israélien qui n'était donc pas aussi ignoble qu'une certaine propagande tente de le faire croire) tout en suivant des cours de théâtre. Elle étouffait dans une société qu'on n'ose pas qualifier de patriarcale. Comme beaucoup de femmes de l'après-Seconde Guerre mondiale, elle s'est mariée en partie pour fuir le milieu familial, même si elle était très attachée à ses sœurs et à ses parents. Beaucoup de choses sont dites en filigrane, avec délicatesse, avec même une forme de douceur, alors que parfois les situations sont tristes.

   Je recommande ce documentaire, à la fois pour la tendresse des liens familiaux qu'il expose et pour son intérêt historique, même si c'est par le petit bout de la lorgnette.

mardi, 09 avril 2024

Godzilla x Kong : le nouvel empire

   Pour la deuxième fois en quatre ans, la Warner réunit ses deux plus célèbres monstres à l'écran. Mais, cette fois-ci, ils ne vont pas (beaucoup) se bastonner ; ils vont plutôt devoir unir leurs forces contre une terrible menace, capable de prendre le contrôle de la planète entière.

  Toutefois, avant de voir les deux grosses bébêtes se faire des câlins, il va falloir patienter... plus d'une heure. En guise de mise en bouche, on nous propose chaque méga-héros séparément, dans son environnement quotidien. Konguy participe à une partie de chasse, durant laquelle on se demande qui est le gibier... puis il prend une bonne douche. De son côté, Godzy fait (brièvement) étalage de sa puissance contre une horrible bestiole, sans trop se préoccuper des dégâts collatéraux... mais qui oserait lui ordonner de ranger sa chambre, après s'être amusé ?

   Les scénaristes ne se sont pas trop foulés. On sent qu'ils ont pompé Jurassic World (en particulier le deuxième volet), Indiana Jones, Les Mystérieuses Cités d'or, Voyage au centre de la Terre (de Jules Verne), Le Monde perdu (de Conan Doyle)... De plus, comme si une "Terre creuse" ne suffisait pas, voilà qu'ils nous en proposent une deuxième, située sous la première, elle-même se trouvant à des kilomètres de la surface terrestre. Dans les deux cas, on est prié de croire qu'une végétation chlorophyllienne peut se développer sans lumière solaire. C'est le moment de conseiller aux biologistes, géologues et physiciens de laisser leur cerveau au vestiaire... ou tout simplement d'éviter ce film. (Je me demande dans quelle mesure il ne va pas propager des idées farfelues dans la tête de certains spectateurs.)

   Les personnages humains sont taillés à la hache, sans la moindre subtilité. Certains de leurs comportements sont invraisemblables (provoquant la mise en danger d'autrui), d'autres extrêmement prévisibles. Je pense notamment à la fille adoptive de la scientifique, qu'on voit constamment dans la première heure en train de tirer la même tronche de dépressive, avant qu'elle ne se mue en quasi-sauveuse de l'humanité...

   Heureusement qu'il y a les grosses bébêtes numériques. King Kong est touchant, en vieux loup solitaire qui se cherche une famille... et croit la trouver en la personne d'un jeune singe abandonné... mais fourbe... un vrai petit kong ! il y a aussi de l'humour dans cet épisode, notamment quand il est question de la dent cassée du King... et de son haleine de chacal !

   La découverte de la nature exacte de la menace est un poil surprenante. Les gros balèzes comprennent qu'il leur faut travailler en équipe pour venir à bout de la bande de méchants... et je ne crois rien révéler d'incroyable en affirmant que la conclusion de l'histoire est positive. Les effets spéciaux sont bons mais, franchement, on pourrait se passer des personnages humains.

   Je note quand même que, des deux "monstres gentils", c'est Kong qui semble le plus réussi. La représentation de Godzilla (réapparu sur nos écrans en 2014) a pris un petit coup de vieux depuis la sortie cette année du film japonais, tourné avec beaucoup moins de moyens, mais plus d'inspiration.

   Quant à King Kong, dont la franchise a été relancée par Hollywood en 2017, il devrait être bientôt de retour, puisque je me suis laissé dire que la production avait dans les tuyaux un nouvel opus, centré sur le personnage de "mini-Kong".

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Godzilla x Kong : le nouvel empire

   Pour la deuxième fois en quatre ans, la Warner réunit ses deux plus célèbres monstres à l'écran. Mais, cette fois-ci, ils ne vont pas (beaucoup) se bastonner ; ils vont plutôt devoir unir leurs forces contre une terrible menace, capable de prendre le contrôle de la planète entière.

  Toutefois, avant de voir les deux grosses bébêtes se faire des câlins, il va falloir patienter... plus d'une heure. En guise de mise en bouche, on nous propose chaque méga-héros séparément, dans son environnement quotidien. Konguy participe à une partie de chasse, durant laquelle on se demande qui est le gibier... puis il prend une bonne douche. De son côté, Godzy fait (brièvement) étalage de sa puissance contre une horrible bestiole, sans trop se préoccuper des dégâts collatéraux... mais qui oserait lui ordonner de ranger sa chambre, après s'être amusé ?

   Les scénaristes ne se sont pas trop foulés. On sent qu'ils ont pompé Jurassic World (en particulier le deuxième volet), Indiana Jones, Les Mystérieuses Cités d'or, Voyage au centre de la Terre (de Jules Verne), Le Monde perdu (de Conan Doyle)... De plus, comme si une "Terre creuse" ne suffisait pas, voilà qu'ils nous en proposent une deuxième, située sous la première, elle-même se trouvant à des kilomètres de la surface terrestre. Dans les deux cas, on est prié de croire qu'une végétation chlorophyllienne peut se développer sans lumière solaire. C'est le moment de conseiller aux biologistes, géologues et physiciens de laisser leur cerveau au vestiaire... ou tout simplement d'éviter ce film. (Je me demande dans quelle mesure il ne va pas propager des idées farfelues dans la tête de certains spectateurs.)

   Les personnages humains sont taillés à la hache, sans la moindre subtilité. Certains de leurs comportements sont invraisemblables (provoquant la mise en danger d'autrui), d'autres extrêmement prévisibles. Je pense notamment à la fille adoptive de la scientifique, qu'on voit constamment dans la première heure en train de tirer la même tronche de dépressive, avant qu'elle ne se mue en quasi-sauveuse de l'humanité...

   Heureusement qu'il y a les grosses bébêtes numériques. King Kong est touchant, en vieux loup solitaire qui se cherche une famille... et croit la trouver en la personne d'un jeune singe abandonné... mais fourbe... un vrai petit kong ! il y a aussi de l'humour dans cet épisode, notamment quand il est question de la dent cassée du King... et de son haleine de chacal !

   La découverte de la nature exacte de la menace est un poil surprenante. Les gros balèzes comprennent qu'il leur faut travailler en équipe pour venir à bout de la bande de méchants... et je ne crois rien révéler d'incroyable en affirmant que la conclusion de l'histoire est positive. Les effets spéciaux sont bons mais, franchement, on pourrait se passer des personnages humains.

   Je note quand même que, des deux "monstres gentils", c'est Kong qui semble le plus réussi. La représentation de Godzilla (réapparu sur nos écrans en 2014) a pris un petit coup de vieux depuis la sortie cette année du film japonais, tourné avec beaucoup moins de moyens, mais plus d'inspiration.

   Quant à King Kong, dont la franchise a été relancée par Hollywood en 2017, il devrait être bientôt de retour, puisque je me suis laissé dire que la production avait dans les tuyaux un nouvel opus, centré sur le personnage de "mini-Kong".

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 06 avril 2024

Black Flies

   Ces "mouches noires" sont celles qui volent autour des cadavres en décomposition. Elles perçoivent l'odeur de la mort avant les humains. Les héros de cette histoire (des urgentistes new-yorkais, de nuit) tentent d'éviter celle-ci, en se portant au secours de leurs concitoyens.

   Tye Sheridan (moins insignifiant que dans d'autres films) incarne un jeune homme altruiste, né dans le Colorado, inspiré par Saint-Michel, engagé dans le service de secours en attendant de pouvoir intégrer Médecine. Il va faire équipe avec trois "tauliers" : Verdis, plutôt empathique, Lafontaine, fan de death metal... et Rutkovsky, un vétéran du 11-Septembre, multi-divorcé, auquel Sean Penn prête sa force tranquille et son physique malmené.

   Pendant presque deux heures, à l'image des protagonistes, on va s'en prendre plein la gueule. Blessés par balles, drogués, sans-abri, mère célibataire, suicidaires, cadavres en décomposition... rien ne nous leur est épargné, le tout porté par une mise en scène nerveuse, qui allie plans-séquences et montage haché. On ne s'ennuie par une minute, même si les scènes de transition (notamment les nus pseudo-artistiques entre Ollie et sa copine) ne m'ont pas vraiment emballé.

   Le "Bleu" (Rookie dans la version originale) du Colorado va d'abord faire ses classes, commettre des erreurs avant de progressivement prendre de l'assurance, sous la houlette de l'expérimenté (mais imprévisible) Rut. Petit à petit, leur relation évolue. L'élève va s'émanciper du maître... jusqu'à une conclusion que je ne révèlerai pas.

   Un autre intérêt du film est sa représentation sans fard de l'Amérique d'en-bas, la face peu glorieuse de la ville-monde. Les secouristes sont très souvent confrontés à des "cas sociaux", rarement reconnaissants... et parfois même menaçants. Face à cela, les vieux briscards se blindent... ou deviennent cyniques.

   C'est un film à voir, si l'on supporte le côté brut de décoffrage de la peinture de Big Apple et de ses habitants.

23:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Black Flies

   Ces "mouches noires" sont celles qui volent autour des cadavres en décomposition. Elles perçoivent l'odeur de la mort avant les humains. Les héros de cette histoire (des urgentistes new-yorkais, de nuit) tentent d'éviter celle-ci, en se portant au secours de leurs concitoyens.

   Tye Sheridan (moins insignifiant que dans d'autres films) incarne un jeune homme altruiste, né dans le Colorado, inspiré par Saint-Michel, engagé dans le service de secours en attendant de pouvoir intégrer Médecine. Il va faire équipe avec trois "tauliers" : Verdis, plutôt empathique, Lafontaine, fan de death metal... et Rutkovsky, un vétéran du 11-Septembre, multi-divorcé, auquel Sean Penn prête sa force tranquille et son physique malmené.

   Pendant presque deux heures, à l'image des protagonistes, on va s'en prendre plein la gueule. Blessés par balles, drogués, sans-abri, mère célibataire, suicidaires, cadavres en décomposition... rien ne nous leur est épargné, le tout porté par une mise en scène nerveuse, qui allie plans-séquences et montage haché. On ne s'ennuie par une minute, même si les scènes de transition (notamment les nus pseudo-artistiques entre Ollie et sa copine) ne m'ont pas vraiment emballé.

   Le "Bleu" (Rookie dans la version originale) du Colorado va d'abord faire ses classes, commettre des erreurs avant de progressivement prendre de l'assurance, sous la houlette de l'expérimenté (mais imprévisible) Rut. Petit à petit, leur relation évolue. L'élève va s'émanciper du maître... jusqu'à une conclusion que je ne révèlerai pas.

   Un autre intérêt du film est sa représentation sans fard de l'Amérique d'en-bas, la face peu glorieuse de la ville-monde. Les secouristes sont très souvent confrontés à des "cas sociaux", rarement reconnaissants... et parfois même menaçants. Face à cela, les vieux briscards se blindent... ou deviennent cyniques.

   C'est un film à voir, si l'on supporte le côté brut de décoffrage de la peinture de Big Apple et de ses habitants.

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dimanche, 31 mars 2024

Blue Giant

   Ce film d'animation japonais adapte un manga consacré au jazz. (C'est peut-être le premier volet d'une trilogie.) C'est une histoire de quête de soi, de quête de succès et d'amitié.

   On suit les pérégrinations de trois jeunes hommes, trois provinciaux "montés" à Tokyo. Dai est le saxophoniste, pour qui jouer est vital. Mais il ne maîtrise pas encore parfaitement la technique. Yukinori est le pianiste, issu d'une famille privilégiée. Il s'est déjà fait un petit nom dans le milieu, mais il veut plus, beaucoup plus. Shunji semble être d'origine plus populaire. C'est l'ami d'enfance de Dai. Il est le batteur (quasi débutant) du groupe... et un fan de football.

   Le trio à peine formé va répéter dans les locaux d'un petit bar à concerts, tenu par une ancienne artiste, elle-même fan de jazz, mais un peu mélancolique. Chaque personnage va évoluer : le saxo doit améliorer sa technique et affiner son style, le pianiste faire preuve de plus d'originalité, le batteur se montrer digne d'accompagner les deux autres. A la japonaise, dirais-je, leurs efforts sont filmés comme le serait un entraînement sportif en vue de réaliser un exploit physique. La musique est belle, quand bien même, dans un premier temps, elle est jouée avec un peu d'approximation. Ce sont des compositions originales, de Hiromi Uehara, une musicienne reconnue au Japon, qui de surcroît double le jeu au piano de Yukinori.

   Arrivent les scènes de concert, les plus virtuoses. Elles mélangent différents types d'animation. Le résultat est assez sidérant. Le réalisateur a tenté de rendre visuellement la frénésie musicale. La diversité des effets, des angles de prise de vue, associée à un montage particulier, débouchent sur une incarnation colorée du jazz, qui mérite d'être vue. Précisons que le réalisateur n'est autre que Yuzuru Tachikawa, auquel on doit certaines des adaptations cinématographiques de Détective Conan.

   L'aventure des trois garçons connaît quelques soubresauts, chacun ayant évolué différemment à la fin de l'histoire.

Blue Giant

   Ce film d'animation japonais adapte un manga consacré au jazz. (C'est peut-être le premier volet d'une trilogie.) C'est une histoire de quête de soi, de quête de succès et d'amitié.

   On suit les pérégrinations de trois jeunes hommes, trois provinciaux "montés" à Tokyo. Dai est le saxophoniste, pour qui jouer est vital. Mais il ne maîtrise pas encore parfaitement la technique. Yukinori est le pianiste, issu d'une famille privilégiée. Il s'est déjà fait un petit nom dans le milieu, mais il veut plus, beaucoup plus. Shunji semble être d'origine plus populaire. C'est l'ami d'enfance de Dai. Il est le batteur (quasi débutant) du groupe... et un fan de football.

   Le trio à peine formé va répéter dans les locaux d'un petit bar à concerts, tenu par une ancienne artiste, elle-même fan de jazz, mais un peu mélancolique. Chaque personnage va évoluer : le saxo doit améliorer sa technique et affiner son style, le pianiste faire preuve de plus d'originalité, le batteur se montrer digne d'accompagner les deux autres. A la japonaise, dirais-je, leurs efforts sont filmés comme le serait un entraînement sportif en vue de réaliser un exploit physique. La musique est belle, quand bien même, dans un premier temps, elle est jouée avec un peu d'approximation. Ce sont des compositions originales, de Hiromi Uehara, une musicienne reconnue au Japon, qui de surcroît double le jeu au piano de Yukinori.

   Arrivent les scènes de concert, les plus virtuoses. Elles mélangent différents types d'animation. Le résultat est assez sidérant. Le réalisateur a tenté de rendre visuellement la frénésie musicale. La diversité des effets, des angles de prise de vue, associée à un montage particulier, débouchent sur une incarnation colorée du jazz, qui mérite d'être vue. Précisons que le réalisateur n'est autre que Yuzuru Tachikawa, auquel on doit certaines des adaptations cinématographiques de Détective Conan.

   L'aventure des trois garçons connaît quelques soubresauts, chacun ayant évolué différemment à la fin de l'histoire.

samedi, 30 mars 2024

Kung Fu Panda IV

   Il aura fallu huit ans pour que DreamWorks sorte la suite des aventures de Po (que, pour ma part, j'avais abandonnées après le premier volet, sans que je me souvienne pourquoi, puisque j'avais plutôt apprécié).

   Graphiquement, c'est réussi. On sent qu'entre 2008 et 2024 la technologie a progressé. Les mouvements des personnages sont spectaculaires, les couleurs chatoyantes et la texture des pelages très bien rendue.

   Durant la grosse heure et demi que durent les aventures de Po, on ne s'ennuie pas. On rit souvent même, et ce, dès le début, grâce à l'insertion visuelle des voix intérieures du "guerrier dragon". La très bonne idée des auteurs de ce volet est l'introduction du personnage de Zhen, une renarde à la queue très touffue... assez virtuose dans son genre. (Dans la VF, elle est doublée par Olivia Dalric.) Sa rencontre avec le héros ne manque pas de piquant.

   La suite est tout aussi savoureuse, avec le passage par un restaurant particulièrement louche (inspiré sans doute des tavernes de pirates des films de jadis)... et un bateau piloté par un Pélican (sorte de vieux loup de mer). J'ai aussi beaucoup apprécié l'arrivée du duo à Hong Kong Junivers City, avec une trépidante poursuite "taurine" à la clé. Mais le meilleur moment est sans doute quand les personnages débarquent dans le monde souterrain, cette ville sous la ville où tout semble exacerbé.

   Le scénario est suffisamment élaboré pour retenir l'attention des adultes, assez facile à suivre pour des enfants pas trop petits. (Dans la salle où je me trouvais, les 5-6 ans ont ri aux gags du début, avant de lâcher prise... parfois à côté de parents hors du coup... ou peut-être simplement captivés par ce qu'ils voyaient à l'écran.) Le personnage de la méchante Caméléone est bien choisi, vraiment diabolique. De surcroît, l'intrigue véhicule des valeurs positives : l'amitié, l'entraide, l'altruisme... et la gourmandise !

   Mon principal regret est la quasi-absence des acolytes de Po, les Cinq Cyclones, dont la fin du film sous-entend qu'ils seront sans doute de retour dans le prochain épisode.

20:27 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Kung Fu Panda IV

   Il aura fallu huit ans pour que DreamWorks sorte la suite des aventures de Po (que, pour ma part, j'avais abandonnées après le premier volet, sans que je me souvienne pourquoi, puisque j'avais plutôt apprécié).

   Graphiquement, c'est réussi. On sent qu'entre 2008 et 2024 la technologie a progressé. Les mouvements des personnages sont spectaculaires, les couleurs chatoyantes et la texture des pelages très bien rendue.

   Durant la grosse heure et demi que durent les aventures de Po, on ne s'ennuie pas. On rit souvent même, et ce, dès le début, grâce à l'insertion visuelle des voix intérieures du "guerrier dragon". La très bonne idée des auteurs de ce volet est l'introduction du personnage de Zhen, une renarde à la queue très touffue... assez virtuose dans son genre. (Dans la VF, elle est doublée par Olivia Dalric.) Sa rencontre avec le héros ne manque pas de piquant.

   La suite est tout aussi savoureuse, avec le passage par un restaurant particulièrement louche (inspiré sans doute des tavernes de pirates des films de jadis)... et un bateau piloté par un Pélican (sorte de vieux loup de mer). J'ai aussi beaucoup apprécié l'arrivée du duo à Hong Kong Junivers City, avec une trépidante poursuite "taurine" à la clé. Mais le meilleur moment est sans doute quand les personnages débarquent dans le monde souterrain, cette ville sous la ville où tout semble exacerbé.

   Le scénario est suffisamment élaboré pour retenir l'attention des adultes, assez facile à suivre pour des enfants pas trop petits. (Dans la salle où je me trouvais, les 5-6 ans ont ri aux gags du début, avant de lâcher prise... parfois à côté de parents hors du coup... ou peut-être simplement captivés par ce qu'ils voyaient à l'écran.) Le personnage de la méchante Caméléone est bien choisi, vraiment diabolique. De surcroît, l'intrigue véhicule des valeurs positives : l'amitié, l'entraide, l'altruisme... et la gourmandise !

   Mon principal regret est la quasi-absence des acolytes de Po, les Cinq Cyclones, dont la fin du film sous-entend qu'ils seront sans doute de retour dans le prochain épisode.

20:27 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 29 mars 2024

Scandaleusement vôtre

   Inspirée d'une histoire vraie, cette comédie sociétale britannique a pour cadre une petite ville de province des années 1920, dans une Angleterre très patriarcale. Le début nous plante le cadre de manière caustique, avec notamment cette rue ouvrière où se côtoient des ménages certes aux revenus modestes, mais aux modes de vie parfois diamétralement opposés.

   C'est le cas de deux familles voisines. La première est composée de protestants puritains, la dernière fille de la maison, restée célibataire, s'occupant de ses parents. Olivia Colman prête son ingénue fourberie à ce personnage plus complexe qu'il n'en a l'air. A ses côtés, Timothy Spall s'est coulé avec une évidente jubilation dans le rôle du vieux patriotard réactionnaire.

   La maison d'à côté (dont on perçoit à peu près tous les bruits un tant soit peu prononcés) est occupée par un couple de prolos, l'homme noir et la femme d'origine irlandaise, une petite souillon libre comme l'air et au langage particulièrement grossier.

   L'arrivée au courrier de plusieurs familles du quartier de lettres odieuses, insultantes et diffamatoires sème l'émoi et va mettre le feu aux poudres. C'est l'occasion pour les spectateurs de découvrir un poste de police peu dynamique, dirigé par des hommes pas particulièrement futés. Se distingue une jeune enquêtrice (d'origine indienne, sans doute), reléguée aux tâches subalternes, mais capable de faire preuve d'initiative. Dans le rôle, Anjana Vasan rappelle un peu Rebecca Liddiard dans Les Mystères de Londres ou Frankie Drake Mysteries. (On pense aussi à l'agent Trewlove de la série Morse.)

   Cependant, après une entame assez entraînante, souvent drôle et porteuse de sens, je trouve que la suite patine. Quand l'enquête pointe du doigt l'Irlandaise fantasque et qu'on se dirige vers le procès, cela devient plan-plan, peut-être parce que le propos militant prend le dessus sur l'ironie sociale.

   Fort heureusement, l'enquêtrice Gladys Moss, qui ne croit pas à la culpabilité de la jeune femme, va réunir une petite équipe de bras cassés pour éclaircir le mystère... dans le dos de ses supérieurs. L'intérêt remonte dans cette grosse dernière demi-heure. L'intrigue gagne même en épaisseur quand on comprend les motivations de la personne qui a écrit ces lettres : elle aussi est une victime et elle a vécu la rédaction des missives ordurières comme une sorte d'épreuve cathartique.

   P.S.

   Ne quittez pas la salle trop vite : le début du générique de fin expose en plein écran certains extraits des lettres, parmi les plus croustillants...

Scandaleusement vôtre

   Inspirée d'une histoire vraie, cette comédie sociétale britannique a pour cadre une petite ville de province des années 1920, dans une Angleterre très patriarcale. Le début nous plante le cadre de manière caustique, avec notamment cette rue ouvrière où se côtoient des ménages certes aux revenus modestes, mais aux modes de vie parfois diamétralement opposés.

   C'est le cas de deux familles voisines. La première est composée de protestants puritains, la dernière fille de la maison, restée célibataire, s'occupant de ses parents. Olivia Colman prête son ingénue fourberie à ce personnage plus complexe qu'il n'en a l'air. A ses côtés, Timothy Spall s'est coulé avec une évidente jubilation dans le rôle du vieux patriotard réactionnaire.

   La maison d'à côté (dont on perçoit à peu près tous les bruits un tant soit peu prononcés) est occupée par un couple de prolos, l'homme noir et la femme d'origine irlandaise, une petite souillon libre comme l'air et au langage particulièrement grossier.

   L'arrivée au courrier de plusieurs familles du quartier de lettres odieuses, insultantes et diffamatoires sème l'émoi et va mettre le feu aux poudres. C'est l'occasion pour les spectateurs de découvrir un poste de police peu dynamique, dirigé par des hommes pas particulièrement futés. Se distingue une jeune enquêtrice (d'origine indienne, sans doute), reléguée aux tâches subalternes, mais capable de faire preuve d'initiative. Dans le rôle, Anjana Vasan rappelle un peu Rebecca Liddiard dans Les Mystères de Londres ou Frankie Drake Mysteries. (On pense aussi à l'agent Trewlove de la série Morse.)

   Cependant, après une entame assez entraînante, souvent drôle et porteuse de sens, je trouve que la suite patine. Quand l'enquête pointe du doigt l'Irlandaise fantasque et qu'on se dirige vers le procès, cela devient plan-plan, peut-être parce que le propos militant prend le dessus sur l'ironie sociale.

   Fort heureusement, l'enquêtrice Gladys Moss, qui ne croit pas à la culpabilité de la jeune femme, va réunir une petite équipe de bras cassés pour éclaircir le mystère... dans le dos de ses supérieurs. L'intérêt remonte dans cette grosse dernière demi-heure. L'intrigue gagne même en épaisseur quand on comprend les motivations de la personne qui a écrit ces lettres : elle aussi est une victime et elle a vécu la rédaction des missives ordurières comme une sorte d'épreuve cathartique.

   P.S.

   Ne quittez pas la salle trop vite : le début du générique de fin expose en plein écran certains extraits des lettres, parmi les plus croustillants...

samedi, 23 mars 2024

La Jeune fille et les paysans

   Ce long-métrage est l'adaptation d'un roman culte en Pologne, Les Paysans. L'action se déroule au XIXe siècle, en pleine campagne, dans un village où les inégalités sont grandes et où la possession de la terre est est perçue comme la véritable source de richesses.

cinéma,cinema,film,films,femme,femmes,filles

   L'héroïne est Jagna (Kamila Urzedowska, formidable), fille de paysans modestes... mais d'une beauté à couper le souffle. Elle approche de l'âge adulte, toujours célibataire... et pas très ardente aux travaux de la ferme. Dans le village, elle a beaucoup de prétendants : le charpentier, le forgeron, le fils du plus gros propriétaire de la région (pourtant déjà marié)... et l'on sent que le délicat fils de l'organiste n'est lui non plus pas insensible à son charme. Jagna sait qu'elle est l'objet de tous les regards. Elle croit qu'elle pourra choisir et donc qu'elle peut se laisser conter fleurette à sa guise. Le problème est que, dans le village, les langues de pute vipère se déchaînent et lui font une réputation de petite traînée. (Signalons que l'ensemble des comédiennes mérite l'éloge. Toutes sont convaincantes, dans la jalousie comme dans la cruauté.)

   L'image est de même texture que dans le précédent film du couple Welchman, La Passion Van Gogh. Les prises de vue réelles ont été passées à la moulinette de la rotoscopie et retravaillées, pour donner un résultat hybride, proche d'un film d'animation. (Quelques aspects du travail réalisé sur les images sont montrés au début du générique de fin.) Par rapport à La Passion, l'impression BD est moins prononcée. On se croirait plus dans des tableaux de Jean-François Millet. C'est donc assez joli à voir, avec quelques effets de mise en scène. J'ajoute que la musique et les chants sont beaux (sauf quand une jeune paysanne fait des vocalises en plein champ).

   L'intrigue est organisée en suivant le rythme des saisons, bien que l'action semble se dérouler sur plusieurs années. On commence avec l'automne, qui nous fait découvrir la vie du village et les questionnements de l'héroïne. Les saisons suivantes nous guident vers un mariage et l'exacerbation des conflits, à la fois au sein du village et entre les paysans et le seigneur du coin. L'été clôt l'histoire, de manière à la fois violente et épiphanique.

   En sous-texte, on sent la volonté de dénoncer une forme de patriarcat. Les pères de famille (âgés) dominent la vie rurale. Au-dessous d'eux se trouvent les hommes jeunes, avides de prendre leur place et n'hésitant pas à se défouler sur les femmes. Parmi celles-ci, les matrones, mariées ou veuves, jouissent d'une certaine influence, surtout si elles sont financièrement à l'abri du besoin. Les femmes les plus jeunes sont des proies, soit pour les veufs âgés, soit pour les fils qui veulent s'installer. Le fait qu'elles disposent d'une dot plus ou moins fournie contribue (ou pas) à les rendre plus précieuses...

   C'est assez captivant. En 1h50, il se passe beaucoup de choses et les comédiens sont vraiment bons. Je suis toutefois un peu dubitatif devant le côté reconstitution. La majorité des habitants du village est visiblement pauvre, mais les auteurs semblent avoir cédé au désir de faire un beau tableau d'époque (peut-être parce qu'ils ont été influencés par des œuvres picturales). Ainsi, un village aussi modeste peut-il permettre à un petit orchestre local de vivre de son art ? Ceci dit, la mise en scène des fêtes ne manque pas de souffle.

   Et puis, il y a cette séquence finale, au cours de laquelle une bande de gilets jaunes d'aigris, de jaloux et de ratés se déchaîne contre un personnage au comportement jugé scandaleux. Rien que pour la dénonciation de cette "émotion populaire", le fil mérite le détour.

La Jeune fille et les paysans

   Ce long-métrage est l'adaptation d'un roman culte en Pologne, Les Paysans. L'action se déroule au XIXe siècle, en pleine campagne, dans un village où les inégalités sont grandes et où la possession de la terre est est perçue comme la véritable source de richesses.

cinéma,cinema,film,films,femme,femmes,filles

   L'héroïne est Jagna (Kamila Urzedowska, formidable), fille de paysans modestes... mais d'une beauté à couper le souffle. Elle approche de l'âge adulte, toujours célibataire... et pas très ardente aux travaux de la ferme. Dans le village, elle a beaucoup de prétendants : le charpentier, le forgeron, le fils du plus gros propriétaire de la région (pourtant déjà marié)... et l'on sent que le délicat fils de l'organiste n'est lui non plus pas insensible à son charme. Jagna sait qu'elle est l'objet de tous les regards. Elle croit qu'elle pourra choisir et donc qu'elle peut se laisser conter fleurette à sa guise. Le problème est que, dans le village, les langues de pute vipère se déchaînent et lui font une réputation de petite traînée. (Signalons que l'ensemble des comédiennes mérite l'éloge. Toutes sont convaincantes, dans la jalousie comme dans la cruauté.)

   L'image est de même texture que dans le précédent film du couple Welchman, La Passion Van Gogh. Les prises de vue réelles ont été passées à la moulinette de la rotoscopie et retravaillées, pour donner un résultat hybride, proche d'un film d'animation. (Quelques aspects du travail réalisé sur les images sont montrés au début du générique de fin.) Par rapport à La Passion, l'impression BD est moins prononcée. On se croirait plus dans des tableaux de Jean-François Millet. C'est donc assez joli à voir, avec quelques effets de mise en scène. J'ajoute que la musique et les chants sont beaux (sauf quand une jeune paysanne fait des vocalises en plein champ).

   L'intrigue est organisée en suivant le rythme des saisons, bien que l'action semble se dérouler sur plusieurs années. On commence avec l'automne, qui nous fait découvrir la vie du village et les questionnements de l'héroïne. Les saisons suivantes nous guident vers un mariage et l'exacerbation des conflits, à la fois au sein du village et entre les paysans et le seigneur du coin. L'été clôt l'histoire, de manière à la fois violente et épiphanique.

   En sous-texte, on sent la volonté de dénoncer une forme de patriarcat. Les pères de famille (âgés) dominent la vie rurale. Au-dessous d'eux se trouvent les hommes jeunes, avides de prendre leur place et n'hésitant pas à se défouler sur les femmes. Parmi celles-ci, les matrones, mariées ou veuves, jouissent d'une certaine influence, surtout si elles sont financièrement à l'abri du besoin. Les femmes les plus jeunes sont des proies, soit pour les veufs âgés, soit pour les fils qui veulent s'installer. Le fait qu'elles disposent d'une dot plus ou moins fournie contribue (ou pas) à les rendre plus précieuses...

   C'est assez captivant. En 1h50, il se passe beaucoup de choses et les comédiens sont vraiment bons. Je suis toutefois un peu dubitatif devant le côté reconstitution. La majorité des habitants du village est visiblement pauvre, mais les auteurs semblent avoir cédé au désir de faire un beau tableau d'époque (peut-être parce qu'ils ont été influencés par des œuvres picturales). Ainsi, un village aussi modeste peut-il permettre à un petit orchestre local de vivre de son art ? Ceci dit, la mise en scène des fêtes ne manque pas de souffle.

   Et puis, il y a cette séquence finale, au cours de laquelle une bande de gilets jaunes d'aigris, de jaloux et de ratés se déchaîne contre un personnage au comportement jugé scandaleux. Rien que pour la dénonciation de cette "émotion populaire", le fil mérite le détour.