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vendredi, 18 août 2023

Blue Beetle

   Je ne connaissais pas ce super-héros de comic books, mais je me suis laissé tenté par un film d'action nourri d'humour et d'effets spéciaux.

   Cependant, le début est bourré de clichés, avec une famille de Latino-américains forcément haute en couleur... et limite cassos. On y est très croyant et les dialogues alternent l'anglais, l'espagnol voire un mélange des deux (le spanglish). Ça, c'est plutôt pas mal, mais les personnages sont caractérisés à la louche. La mère est assez autoritaire et protectrice, le père malade d'avoir travaillé comme un dingue toute sa vie, la grande-mère un peu zinzin va se révéler tenace... mais le pire vient du tonton blagueur et complotiste, agaçant et ridicule... et qui va prendre de plus en plus de place dans l'intrigue. J'ai finalement préféré les jeunes : le héros, Jaime, un garçon bien élevé, un chic type et sa sœur Milagros, un peu moins "politiquement correcte". Sans surprise, le héros va s'amouracher d'une bomba latina... qui, elle-même, n'est pas insensible à son charme. De ce point de vue-là, aucune surprise n'est à attendre.

   Le meilleur vient quand le fameux scarabée (d'origine extraterrestre) se réveille et choisit son nouvel "hôte"... et quand je dis « choisit », cela signifie « pénètre »... pas par les oreilles, ni les narines, ni la bouche... eh, oui ! Blue Beetle nous présente un cas unique, où le principal personnage masculin devient un super-héros par... sodomie ! Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce détail croquignolesque, même si, sur le plan de la vraisemblance, c'est nul. Après être entré dans le corps de son hôte, le scarabée remonte... le long de sa colonne vertébrale, et non du tube digestif... le tout, sans provoquer le moindre saignement (mais quelques douleurs chez ce pauvre Jaime, toutefois).

   On rigole aussi franchement quand le scarabée se déconnecte de son hôte (tout en restant présent physiquement). Celui-ci, jusqu'alors recouvert d'une carapace protectrice, se retrouve tout nu, la première fois devant les membres de sa famille, qui ironisent sur une partie de son anatomie :

- Range-moi tes noisettes ! (dixit la grand-mère)

- On dirait qu'il a cinq ans ! (la sœur, je crois)

- C'est parce qu'il a très froid ! (le papa, compatissant)

   Quelques détails scabreux supplémentaires ont été insérés dans la suite de l'histoire, comme un vaisseau péteur (redoutable) et le début d'une érection chez le jeune homme quand il flirte avec sa bomba latina. On a donc tenté de mélanger l'esprit de Spider-Man avec celui de Deadpool (ou des Gardiens de la galaxie), mais en plus sage : c'est un divertissement tout public.

   Cet aspect est accentué par l'insistance mise sur la famille et ses supposées valeurs. On s'en prend des tartines, surtout quand l'un des membres décède. On assiste à un déluge de larmes, avec ralenti et gros plans. Je ne vous parle même pas des scènes d'au-delà, kitschissimes.

   Supplice supplémentaire, il faut (surtout dans la première partie) se farcir de la musique latino de supermarché, ainsi que des reprises en espagnol de tubes anglo-saxons (dont un de Michael Jackson). Si j'ajoute que l'on voit le jeune héros déambuler en bermuda-chaussettes-claquettes, vous aurez compris que l'ambiance est des plus raffinées.

   La film a quand même pour lui des effets spéciaux très corrects et des scènes d'action plutôt bien fichues. Le problème vient du fond. Même si les lieux sont fictifs, on comprend bien que les méchants sont les capitalistes nord-américains, incarnés par une femme blanche qui semble avoir tous les défauts. (Dans le rôle, on sent que Susan Sarandon est là pour toucher de quoi maintenir un train de vie dispendieux.) Déjà, dans Black Panther 2, on s'était rendu compte qu'Hollywood misait sur l'anti-occidentalisme et le dénigrement de personnages blancs (notamment féminins) pour vendre sa soupe au plus grand nombre. Warner-DC semble avoir pris le même virage que Disney-Marvel.

15:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Blue Beetle

   Je ne connaissais pas ce super-héros de comic books, mais je me suis laissé tenté par un film d'action nourri d'humour et d'effets spéciaux.

   Cependant, le début est bourré de clichés, avec une famille de Latino-américains forcément haute en couleur... et limite cassos. On y est très croyant et les dialogues alternent l'anglais, l'espagnol voire un mélange des deux (le spanglish). Ça, c'est plutôt pas mal, mais les personnages sont caractérisés à la louche. La mère est assez autoritaire et protectrice, le père malade d'avoir travaillé comme un dingue toute sa vie, la grande-mère un peu zinzin va se révéler tenace... mais le pire vient du tonton blagueur et complotiste, agaçant et ridicule... et qui va prendre de plus en plus de place dans l'intrigue. J'ai finalement préféré les jeunes : le héros, Jaime, un garçon bien élevé, un chic type et sa sœur Milagros, un peu moins "politiquement correcte". Sans surprise, le héros va s'amouracher d'une bomba latina... qui, elle-même, n'est pas insensible à son charme. De ce point de vue-là, aucune surprise n'est à attendre.

   Le meilleur vient quand le fameux scarabée (d'origine extraterrestre) se réveille et choisit son nouvel "hôte"... et quand je dis « choisit », cela signifie « pénètre »... pas par les oreilles, ni les narines, ni la bouche... eh, oui ! Blue Beetle nous présente un cas unique, où le principal personnage masculin devient un super-héros par... sodomie ! Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce détail croquignolesque, même si, sur le plan de la vraisemblance, c'est nul. Après être entré dans le corps de son hôte, le scarabée remonte... le long de sa colonne vertébrale, et non du tube digestif... le tout, sans provoquer le moindre saignement (mais quelques douleurs chez ce pauvre Jaime, toutefois).

   On rigole aussi franchement quand le scarabée se déconnecte de son hôte (tout en restant présent physiquement). Celui-ci, jusqu'alors recouvert d'une carapace protectrice, se retrouve tout nu, la première fois devant les membres de sa famille, qui ironisent sur une partie de son anatomie :

- Range-moi tes noisettes ! (dixit la grand-mère)

- On dirait qu'il a cinq ans ! (la sœur, je crois)

- C'est parce qu'il a très froid ! (le papa, compatissant)

   Quelques détails scabreux supplémentaires ont été insérés dans la suite de l'histoire, comme un vaisseau péteur (redoutable) et le début d'une érection chez le jeune homme quand il flirte avec sa bomba latina. On a donc tenté de mélanger l'esprit de Spider-Man avec celui de Deadpool (ou des Gardiens de la galaxie), mais en plus sage : c'est un divertissement tout public.

   Cet aspect est accentué par l'insistance mise sur la famille et ses supposées valeurs. On s'en prend des tartines, surtout quand l'un des membres décède. On assiste à un déluge de larmes, avec ralenti et gros plans. Je ne vous parle même pas des scènes d'au-delà, kitschissimes.

   Supplice supplémentaire, il faut (surtout dans la première partie) se farcir de la musique latino de supermarché, ainsi que des reprises en espagnol de tubes anglo-saxons (dont un de Michael Jackson). Si j'ajoute que l'on voit le jeune héros déambuler en bermuda-chaussettes-claquettes, vous aurez compris que l'ambiance est des plus raffinées.

   La film a quand même pour lui des effets spéciaux très corrects et des scènes d'action plutôt bien fichues. Le problème vient du fond. Même si les lieux sont fictifs, on comprend bien que les méchants sont les capitalistes nord-américains, incarnés par une femme blanche qui semble avoir tous les défauts. (Dans le rôle, on sent que Susan Sarandon est là pour toucher de quoi maintenir un train de vie dispendieux.) Déjà, dans Black Panther 2, on s'était rendu compte qu'Hollywood misait sur l'anti-occidentalisme et le dénigrement de personnages blancs (notamment féminins) pour vendre sa soupe au plus grand nombre. Warner-DC semble avoir pris le même virage que Disney-Marvel.

15:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 17 août 2023

Reality

   Le titre de ce film est à double sens. C'est le prénom du personnage principal (une nouvelle occasion de constater que certains parents ont le cerveau dérangé), une quête (celle des agents du FBI)... et le projet de la réalisatrice. En effet, les dialogues du long-métrage sont issus du rapport du FBI, plus précisément de l'enregistrement de l'interpellation de Reality Winner, suivie de la perquisition de son domicile et du premier interrogatoire.

   La mise en scène est un peu plus subtile que ce que laisse penser cette présentation. Elle alterne les séquences jouées (les plus nombreuses), les extraits de l'authentique enregistrement et la reconstitution de fragments du rapport écrit. S'y ajoutent quelques rapides retours en arrière (censés se passer dans la tête de l'héroïne). A signaler aussi une coquetterie visuelle (mais qui a du sens) : de petits effets spéciaux remplaçant les passages censurés du rapport, évoquant les détails les plus délicats de l'affaire. Toutefois, les spectateurs attentifs comprendront sans peine ce que l'on a voulu éviter d'ébruiter.

   Je conseille d'aller voir ce court film (1h20 environ) en en sachant le moins possible. L'un de ses attraits est de deviner ce qu'il y a dans la tête de Reality (remarquablement interprétée par Sydney Sweeney). Pour quelle raison le FBI la considère-t-il comme une personne digne d'intérêt ? Cette membre des forces armées serait-elle une suprémaciste blanche (dont le domicile compte autant d'armes que celui d'un de ses interrogateurs) ? Au contraire, aurait-elle été contaminée par l'idéologie islamiste (un Coran de luxe, abondamment annoté, ayant été trouvé à son domicile) ? Ne serait-elle pas plutôt une lanceuse d'alerte... ou alors, est-elle tout simplement un peu cinglée ?

   Le suspens dure grâce à l'ambiguïté du jeu de la comédienne, vraiment excellente (et très bien dirigée). La manière de procéder des enquêteurs ne nous aide pas non plus. Ils avancent pas à pas, précautionneusement, méticuleusement, tentant visiblement de d'abord mettre en confiance Reality, avant de dévoiler leurs cartes.

   L'histoire se divise en trois parties : d'abord l'interpellation (dans le jardin du domicile de Reality), à laquelle succèdent un long interrogatoire puis la séquence finale, en extérieur. Le dialogue du début, plein de sous-entendus, crée une ambiance étrange, accentuée par la mise en scène, qui adopte des prises de vue anguleuses. Cela culmine dans la deuxième partie, un huis-clos impressionnant, avec un petit bout de femme confronté à deux grands costauds, dans une pièce quasiment sans décor. A certains moments, on n'est pas très loin de David Lynch, je trouve.

   On finit par tout comprendre, par petites touches... même si, pour moi, la personnalité de Reality conserve une part de mystère. C'est passionnant. Un peu conceptuel certes, mais le film vaut vraiment le détour.

Reality

   Le titre de ce film est à double sens. C'est le prénom du personnage principal (une nouvelle occasion de constater que certains parents ont le cerveau dérangé), une quête (celle des agents du FBI)... et le projet de la réalisatrice. En effet, les dialogues du long-métrage sont issus du rapport du FBI, plus précisément de l'enregistrement de l'interpellation de Reality Winner, suivie de la perquisition de son domicile et du premier interrogatoire.

   La mise en scène est un peu plus subtile que ce que laisse penser cette présentation. Elle alterne les séquences jouées (les plus nombreuses), les extraits de l'authentique enregistrement et la reconstitution de fragments du rapport écrit. S'y ajoutent quelques rapides retours en arrière (censés se passer dans la tête de l'héroïne). A signaler aussi une coquetterie visuelle (mais qui a du sens) : de petits effets spéciaux remplaçant les passages censurés du rapport, évoquant les détails les plus délicats de l'affaire. Toutefois, les spectateurs attentifs comprendront sans peine ce que l'on a voulu éviter d'ébruiter.

   Je conseille d'aller voir ce court film (1h20 environ) en en sachant le moins possible. L'un de ses attraits est de deviner ce qu'il y a dans la tête de Reality (remarquablement interprétée par Sydney Sweeney). Pour quelle raison le FBI la considère-t-il comme une personne digne d'intérêt ? Cette membre des forces armées serait-elle une suprémaciste blanche (dont le domicile compte autant d'armes que celui d'un de ses interrogateurs) ? Au contraire, aurait-elle été contaminée par l'idéologie islamiste (un Coran de luxe, abondamment annoté, ayant été trouvé à son domicile) ? Ne serait-elle pas plutôt une lanceuse d'alerte... ou alors, est-elle tout simplement un peu cinglée ?

   Le suspens dure grâce à l'ambiguïté du jeu de la comédienne, vraiment excellente (et très bien dirigée). La manière de procéder des enquêteurs ne nous aide pas non plus. Ils avancent pas à pas, précautionneusement, méticuleusement, tentant visiblement de d'abord mettre en confiance Reality, avant de dévoiler leurs cartes.

   L'histoire se divise en trois parties : d'abord l'interpellation (dans le jardin du domicile de Reality), à laquelle succèdent un long interrogatoire puis la séquence finale, en extérieur. Le dialogue du début, plein de sous-entendus, crée une ambiance étrange, accentuée par la mise en scène, qui adopte des prises de vue anguleuses. Cela culmine dans la deuxième partie, un huis-clos impressionnant, avec un petit bout de femme confronté à deux grands costauds, dans une pièce quasiment sans décor. A certains moments, on n'est pas très loin de David Lynch, je trouve.

   On finit par tout comprendre, par petites touches... même si, pour moi, la personnalité de Reality conserve une part de mystère. C'est passionnant. Un peu conceptuel certes, mais le film vaut vraiment le détour.

mardi, 15 août 2023

La Voie royale

   Il ne s'agit pas de l'adaptation d'un roman d'André Malraux, mais de la peinture de la "formation des élites". L'action ne se déroule pas au sein d'une de ces grandes écoles que le monde entier nous envie, mais, là où tout se joue en fait, dans une classe préparatoire scientifique, en province, dans l'un de ces lycées publics sélectifs qui ambitionnent de rivaliser avec certains établissements parisiens.

   Derrière la caméra se trouve Frédéric Mermoud, auquel on doit l'excellent Moka et, plus récemment la mini-série L'Île aux 30 cercueils. Sa mise en scène varie les plans, montrant aussi bien les groupes (qui jouent un rôle important dans le milieu décrit) que les duos, certains comédiens étant régulièrement filmés en gros plan.

   La brochette de jeunes acteurs constitue sans doute le principal atout de ce film. L'héroïne, Sophie, est incarnée par Suzanne Jouannet, qui confirme tout le bien que je pensais d'elle dans Des Choses humaines. C'est une fille de petits agriculteurs, douée en maths, sur le point de devenir "transfuge de classe". Boursière, elle se retrouve plongée dans un milieu (grand) bourgeois, celui de la classe prépa.

cinéma,cinema,film,films,société

   Une étrange amitié va se nouer avec la surdouée de la promo, Diane (assise à côté d'elle sur la seconde photographie d'illustration, ci-dessus), très bien interprétée par Marie Colomb. Du côté féminin, il faut aussi signaler la prestation de Maud Wyler (vue notamment Alice et le maire) en prof de physique pète-sec, dont l'apparente hyper-rigidité cache un humanisme que la comédienne parvient à faire passer, avec subtilité.

   Du côté des messieurs, plusieurs figures se détachent. Alexandre Desrousseaux incarne avec une pointe de jubilation le gosse de riche doué et sans complexe (un brin macronien sur les bords), tandis que Lorenzo Lefebvre (aperçu dans Délicieux) joue l'étudiant de seconde année (qui "cube"), plus sympa (mûr ?) que les autres, et qui tente de se rapprocher de Sophie. Je pourrais signaler aussi Cyril Metzger, qui incarne le frère de l'héroïne.

   La galerie de figurants est tout aussi convaincante. Cela, allié à une réelle qualité d'écriture, aide à camper une ambiance de prépa très réaliste, des séances de colle au travail en chambre, en passant par les discussions de couloir. Pour nuancer ce tableau très élogieux, je pourrais signaler quelques ajouts pas vraiment bien sentis, comme le coup des gilets jaunes (dont on comprend qu'il est mis là pour souligner le fossé qui sépare la vie de Sophie de celle de la plupart de ses camarades de promo).

   Bref, c'est bien conçu, bien interprété, prenant à suivre, avec quelques rebondissements. C'est l'une de ces bonnes surprises de l'été... et un bon film français sociétal, ce qui n'est pas si fréquent.

La Voie royale

   Il ne s'agit pas de l'adaptation d'un roman d'André Malraux, mais de la peinture de la "formation des élites". L'action ne se déroule pas au sein d'une de ces grandes écoles que le monde entier nous envie, mais, là où tout se joue en fait, dans une classe préparatoire scientifique, en province, dans l'un de ces lycées publics sélectifs qui ambitionnent de rivaliser avec certains établissements parisiens.

   Derrière la caméra se trouve Frédéric Mermoud, auquel on doit l'excellent Moka et, plus récemment la mini-série L'Île aux 30 cercueils. Sa mise en scène varie les plans, montrant aussi bien les groupes (qui jouent un rôle important dans le milieu décrit) que les duos, certains comédiens étant régulièrement filmés en gros plan.

   La brochette de jeunes acteurs constitue sans doute le principal atout de ce film. L'héroïne, Sophie, est incarnée par Suzanne Jouannet, qui confirme tout le bien que je pensais d'elle dans Des Choses humaines. C'est une fille de petits agriculteurs, douée en maths, sur le point de devenir "transfuge de classe". Boursière, elle se retrouve plongée dans un milieu (grand) bourgeois, celui de la classe prépa.

cinéma,cinema,film,films,société

   Une étrange amitié va se nouer avec la surdouée de la promo, Diane (assise à côté d'elle sur la seconde photographie d'illustration, ci-dessus), très bien interprétée par Marie Colomb. Du côté féminin, il faut aussi signaler la prestation de Maud Wyler (vue notamment Alice et le maire) en prof de physique pète-sec, dont l'apparente hyper-rigidité cache un humanisme que la comédienne parvient à faire passer, avec subtilité.

   Du côté des messieurs, plusieurs figures se détachent. Alexandre Desrousseaux incarne avec une pointe de jubilation le gosse de riche doué et sans complexe (un brin macronien sur les bords), tandis que Lorenzo Lefebvre (aperçu dans Délicieux) joue l'étudiant de seconde année (qui "cube"), plus sympa (mûr ?) que les autres, et qui tente de se rapprocher de Sophie. Je pourrais signaler aussi Cyril Metzger, qui incarne le frère de l'héroïne.

   La galerie de figurants est tout aussi convaincante. Cela, allié à une réelle qualité d'écriture, aide à camper une ambiance de prépa très réaliste, des séances de colle au travail en chambre, en passant par les discussions de couloir. Pour nuancer ce tableau très élogieux, je pourrais signaler quelques ajouts pas vraiment bien sentis, comme le coup des gilets jaunes (dont on comprend qu'il est mis là pour souligner le fossé qui sépare la vie de Sophie de celle de la plupart de ses camarades de promo).

   Bref, c'est bien conçu, bien interprété, prenant à suivre, avec quelques rebondissements. C'est l'une de ces bonnes surprises de l'été... et un bon film français sociétal, ce qui n'est pas si fréquent.

lundi, 14 août 2023

Yannick

   En ce quarantième anniversaire de la victoire de Noah à Roland-Garros, certains pourraient penser que Quentin Dupieux s'est soudain intéressé au tennis. Que nenni. C'est au théâtre (et, par mise en abyme, au cinéma) et à la "comédie sociale" que le cinéaste a consacré son dernier moyen/long-métrage.

   Alors que depuis Rubber (et jusqu'à Fumer fait tousser), je suis attentivement la carrière du réalisateur, j'ai un peu tardé à voir sa dernière œuvre, en raison notamment d'une bande-annonce pas du tout alléchante.

   Le début aurait eu tendance à confirmer mes craintes... à ceci prêt qu'il s'agit de la représentation d'une (mauvaise) pièce de boulevard, de surcroît pas très bien jouée. On se retrouve un peu dans la situation des spectateurs de Coupez ! Il faut commencer par supporter la première fiction, volontairement de mauvaise qualité, pour apprécier pleinement la suite du film.

   Ici, on ne revoit pas le début sous un autre angle... pour la bonne et simple raison que l'un des personnages (le spectateur intrusif) prend le contrôle de la salle et décide de réécrire la pièce ! Ce trublion est interprété (avec talent) par Raphaël Quenard, qui est un peu l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Ce prolétaire autodidacte (conscientisé) remet en question non seulement les cultureux qui s'échinent sur scène, mais aussi les spectateurs parisiens, de classe moyenne. Il est donc question de "mépris de classe" dans ce film pas aussi innocent qu'il en a l'air.

   L'intrigue tient la route parce qu'en face, on a aussi de bons acteurs : Pio Marmaï et Blanche Gardin sont censés incarner des comédiens médiocres, mais l'on se rend compte, au fur et à mesure du film, que leur jeu est bien plus subtil que cela. Dupieux a particulièrement travaillé le personnage de l'acteur principal (P. Marmaï), ancien comédien prometteur, qui végète comme tant d'autres dans le "théâtre de consommation courante" parisien. Les seconds rôles (ceux des spectateurs de la salle) sont bien campés. Alors que le début nous met mal à l'aise avec les revendications du trublion armé, la suite renverse un peu la situation... avant que l'on nous montre la nouvelle pièce à l’œuvre. Elle serait finalement plus drôle que celle que le public était venu voir... et l'acteur principal y est plus convaincant qu'au début.

   On s'amuse (un peu) ; on réfléchit aussi (un peu). On passe un agréable moment... mais sans plus. L'histoire s'arrête assez vite. Dommage.

15:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Yannick

   En ce quarantième anniversaire de la victoire de Noah à Roland-Garros, certains pourraient penser que Quentin Dupieux s'est soudain intéressé au tennis. Que nenni. C'est au théâtre (et, par mise en abyme, au cinéma) et à la "comédie sociale" que le cinéaste a consacré son dernier moyen/long-métrage.

   Alors que depuis Rubber (et jusqu'à Fumer fait tousser), je suis attentivement la carrière du réalisateur, j'ai un peu tardé à voir sa dernière œuvre, en raison notamment d'une bande-annonce pas du tout alléchante.

   Le début aurait eu tendance à confirmer mes craintes... à ceci prêt qu'il s'agit de la représentation d'une (mauvaise) pièce de boulevard, de surcroît pas très bien jouée. On se retrouve un peu dans la situation des spectateurs de Coupez ! Il faut commencer par supporter la première fiction, volontairement de mauvaise qualité, pour apprécier pleinement la suite du film.

   Ici, on ne revoit pas le début sous un autre angle... pour la bonne et simple raison que l'un des personnages (le spectateur intrusif) prend le contrôle de la salle et décide de réécrire la pièce ! Ce trublion est interprété (avec talent) par Raphaël Quenard, qui est un peu l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Ce prolétaire autodidacte (conscientisé) remet en question non seulement les cultureux qui s'échinent sur scène, mais aussi les spectateurs parisiens, de classe moyenne. Il est donc question de "mépris de classe" dans ce film pas aussi innocent qu'il en a l'air.

   L'intrigue tient la route parce qu'en face, on a aussi de bons acteurs : Pio Marmaï et Blanche Gardin sont censés incarner des comédiens médiocres, mais l'on se rend compte, au fur et à mesure du film, que leur jeu est bien plus subtil que cela. Dupieux a particulièrement travaillé le personnage de l'acteur principal (P. Marmaï), ancien comédien prometteur, qui végète comme tant d'autres dans le "théâtre de consommation courante" parisien. Les seconds rôles (ceux des spectateurs de la salle) sont bien campés. Alors que le début nous met mal à l'aise avec les revendications du trublion armé, la suite renverse un peu la situation... avant que l'on nous montre la nouvelle pièce à l’œuvre. Elle serait finalement plus drôle que celle que le public était venu voir... et l'acteur principal y est plus convaincant qu'au début.

   On s'amuse (un peu) ; on réfléchit aussi (un peu). On passe un agréable moment... mais sans plus. L'histoire s'arrête assez vite. Dommage.

15:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 11 août 2023

Un Coup de maître (France)

   De Rémi Bezançon, j'ai gardé un bon souvenir du Mystère Henri Pick (en 2019). Ici, la comédie douce-amère n'est pas mariée avec le polar, mais une plongée dans le monde artistique -plus précisément pictural- contemporain. (C'est l'adaptation française d'un film argentin sorti en 2019.)

   Presque toute l'histoire repose sur les épaules d'un duo d'acteurs : Bouli Lanners (en peintre doué, acariâtre et autodestructeur) et Vincent Macaigne (en galeriste cultivé, meilleur seul ami du peintre). La découverte progressive de l'intensité de leur relation amicale est l'un des plaisirs que réserve l'intrigue.

   La première partie dresse un portrait gentiment ironique du monde des arts, entre galeristes plus ou moins intègres, agents artistiques plus ou moins avisés, critiques plus ou moins honnêtes... et clients plus ou moins casse-couilles. J'ai lu des choses un peu sévères sur ce début (peut-être sous la plume de critiques qui n'ont pas apprécié la satire -légère- d'un milieu dont ils sont familiers... et qui n'est pas sans ressembler, parfois, à celui du cinéma). Je le trouve pourtant bien mis en scène et bien interprété, notamment par un Vincent Macaigne qui sort un peu de sa zone de confort. Sans surprise, Bouli Lanners est formidable en peintre has been (mais teigneux), ravagé par le décès de sa compagne.

   A partir du moment où commencent à se déployer les fils d'une arnaque, cela devient particulièrement savoureux... mais moins réaliste. Les péripéties s'enchaînent, montrant notamment le revirement des Importants, qui paraissent encore plus ridicules. On sent que les acteurs se sont pris au jeu. Les personnages secondaires sont eux aussi bien campés. Je craignais de m'ennuyer un peu. Ce ne fut pas le cas.

   Ce n'est certes pas le film de l'année, mais une comédie sympathique, qui tranche avec certaines bouses françaises sorties ces dernières semaines.

13:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Un Coup de maître (France)

   De Rémi Bezançon, j'ai gardé un bon souvenir du Mystère Henri Pick (en 2019). Ici, la comédie douce-amère n'est pas mariée avec le polar, mais une plongée dans le monde artistique -plus précisément pictural- contemporain. (C'est l'adaptation française d'un film argentin sorti en 2019.)

   Presque toute l'histoire repose sur les épaules d'un duo d'acteurs : Bouli Lanners (en peintre doué, acariâtre et autodestructeur) et Vincent Macaigne (en galeriste cultivé, meilleur seul ami du peintre). La découverte progressive de l'intensité de leur relation amicale est l'un des plaisirs que réserve l'intrigue.

   La première partie dresse un portrait gentiment ironique du monde des arts, entre galeristes plus ou moins intègres, agents artistiques plus ou moins avisés, critiques plus ou moins honnêtes... et clients plus ou moins casse-couilles. J'ai lu des choses un peu sévères sur ce début (peut-être sous la plume de critiques qui n'ont pas apprécié la satire -légère- d'un milieu dont ils sont familiers... et qui n'est pas sans ressembler, parfois, à celui du cinéma). Je le trouve pourtant bien mis en scène et bien interprété, notamment par un Vincent Macaigne qui sort un peu de sa zone de confort. Sans surprise, Bouli Lanners est formidable en peintre has been (mais teigneux), ravagé par le décès de sa compagne.

   A partir du moment où commencent à se déployer les fils d'une arnaque, cela devient particulièrement savoureux... mais moins réaliste. Les péripéties s'enchaînent, montrant notamment le revirement des Importants, qui paraissent encore plus ridicules. On sent que les acteurs se sont pris au jeu. Les personnages secondaires sont eux aussi bien campés. Je craignais de m'ennuyer un peu. Ce ne fut pas le cas.

   Ce n'est certes pas le film de l'année, mais une comédie sympathique, qui tranche avec certaines bouses françaises sorties ces dernières semaines.

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samedi, 05 août 2023

En eaux très troubles

   Cinq ans après la sortie du premier volet, Jason Statham et les mégalodons sont de retour (dans l'attente, sans doute, d'un troisième volet, qui ne manquera pas d'être intitulé "En eaux très très troubles"...).

   L'acteur britannique laconique se fait presque voler la vedette par un comédien chinois (Jing Wu). Ce n'est pas que celui-ci fasse preuve d'un talent étourdissant... mais le film est une coproduction sino-américaine, qui vise clairement le public du "pays du milieu" (aucun des méchants n'est de type est-asiatique). A signaler que, dans la version française, on entend souvent parler le mandarin, le bilinguisme étant de mise dans ce long-métrage. (Il joue même un rôle important dans certaines scènes.)

   Avant de plonger dans un feu d'artifice d'action et d'effets spéciaux, il convient toutefois de ranger son cerveau au vestiaire. C'est indispensable pour "avaler" l'histoire de la survie d'un mégalodon, hors du monde des humains, pendant plusieurs millions d'années... Je ne vous raconte pas quand il y en a plusieurs !

   Je pense aussi que les spectateurs dotés d'un minimum de culture scientifique (notamment les océanographes) risquent d'être consternés par l'utilisation du terme "thermocline" (censée être une barrière infranchissable pour les habitants des profondeurs).

   Le début est assez entraînant. On voit Statham dans ce qu'il sait faire, l'homme d'action défendant une cause, avec un poil d'humour. Je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir comment, surnageant seul en plein océan, il va être secouru, après avoir démasqué des trafiquants...

   La suite emprunte à pas mal de films de genre, d'Abyss à Alien, en passant par Jurassic World et, bien sûr, Les Dents de la mer. (J'ai repéré des allusions aux numéros 2 et 3). Ayant vu le premier film (En eaux troubles, rediffusé ce dimanche sur TF1), je me demandais comment les scénaristes et le metteur en scène avaient pu construire une intrigue sur près de deux heures. A ma grande surprise, cela tient parfaitement la route.

   Jonas/Jason va être confronté à des trafiquants, des conspirateurs, un ancien adversaire hargneux, des mégalodons (trois !!), une gigantesque pieuvre, des dinosaures amphibies (petits, mais teigneux)... et une adolescente peu obéissante (mais tellement attachante)...

   J'ai vu cela sur un très grand écran, avec du bon son. C'est prenant, même si cela sera vite oublié. (Je pense qu'il faut s'attendre à une suite. Soyez attentifs dès qu'il est question du comportement des gros requins.)

18:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

En eaux très troubles

   Cinq ans après la sortie du premier volet, Jason Statham et les mégalodons sont de retour (dans l'attente, sans doute, d'un troisième volet, qui ne manquera pas d'être intitulé "En eaux très très troubles"...).

   L'acteur britannique laconique se fait presque voler la vedette par un comédien chinois (Jing Wu). Ce n'est pas que celui-ci fasse preuve d'un talent étourdissant... mais le film est une coproduction sino-américaine, qui vise clairement le public du "pays du milieu" (aucun des méchants n'est de type est-asiatique). A signaler que, dans la version française, on entend souvent parler le mandarin, le bilinguisme étant de mise dans ce long-métrage. (Il joue même un rôle important dans certaines scènes.)

   Avant de plonger dans un feu d'artifice d'action et d'effets spéciaux, il convient toutefois de ranger son cerveau au vestiaire. C'est indispensable pour "avaler" l'histoire de la survie d'un mégalodon, hors du monde des humains, pendant plusieurs millions d'années... Je ne vous raconte pas quand il y en a plusieurs !

   Je pense aussi que les spectateurs dotés d'un minimum de culture scientifique (notamment les océanographes) risquent d'être consternés par l'utilisation du terme "thermocline" (censée être une barrière infranchissable pour les habitants des profondeurs).

   Le début est assez entraînant. On voit Statham dans ce qu'il sait faire, l'homme d'action défendant une cause, avec un poil d'humour. Je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir comment, surnageant seul en plein océan, il va être secouru, après avoir démasqué des trafiquants...

   La suite emprunte à pas mal de films de genre, d'Abyss à Alien, en passant par Jurassic World et, bien sûr, Les Dents de la mer. (J'ai repéré des allusions aux numéros 2 et 3). Ayant vu le premier film (En eaux troubles, rediffusé ce dimanche sur TF1), je me demandais comment les scénaristes et le metteur en scène avaient pu construire une intrigue sur près de deux heures. A ma grande surprise, cela tient parfaitement la route.

   Jonas/Jason va être confronté à des trafiquants, des conspirateurs, un ancien adversaire hargneux, des mégalodons (trois !!), une gigantesque pieuvre, des dinosaures amphibies (petits, mais teigneux)... et une adolescente peu obéissante (mais tellement attachante)...

   J'ai vu cela sur un très grand écran, avec du bon son. C'est prenant, même si cela sera vite oublié. (Je pense qu'il faut s'attendre à une suite. Soyez attentifs dès qu'il est question du comportement des gros requins.)

18:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 04 août 2023

Détective Conan : le sous-marin noir

   Un an (en gros) après La Fiancée de Shibuya, voici donc une nouvelle adaptation du manga qui débarque sur le grand écran. Même si l'intrigue se suit sans qu'il soit nécessaire de connaître l'ensemble des aventures précédentes (d'autant que des rappels sont effectués en début de film), il peut être utile de regarder The Scarlet Alibi, un montage d'extraits de la série, qui présente les principaux personnages. (C'est disponible gratuitement -avec coupures publicitaires- sur le site MyTF1.)

   Cette enquête "multipolicière" fait intervenir les forces de l'ordre japonaises, mais aussi Interpol, le FBI, la CIA, le MI6... C'est donc presque davantage un film d'espionnage qu'un polar, comprenant de nombreux rebondissements.

cinéma,cinema,film,films

   Ces deux personnages sont Ai Haibara et Conan Edogawa, les héros au corps d'enfant mais à l'esprit d'adulte... ce que la majorité des autres ignore. Préserver leur secret est un enjeu important (ils sont censés être morts)... tout en luttant contre le crime organisé. Il est incarné par les redoutables "hommes en noir", qui semblent si puissants et qui portent tous un nom de code inspiré d'un alcool fort. L'identité de leur chef(fe) demeure un mystère...

   Parmi eux sont infiltrés des agents gouvernementaux, qui doivent se comporter en délinquants tout en informant leurs alliés, pour tenter de faire échouer certaines manigances.

   Les polices du monde entier pensent être sur le point d'inaugurer l'arme ultime dans la lutte contre les criminels : la "bouée du Pacifique", un gigantesque bâtiment semi-immergé, de forme circulaire, bourré de technologies, en particulier un tout nouveau programme de reconnaissance faciale, capable même de repérer un adulte à partir d'une photographie de lui enfant.

   Bien évidemment, les "hommes en noir" (qui sont aussi des femmes, soit dit en passant) s'intéressent à la chose, pour la détruire... ou en prendre le contrôle. Dans leur manche, ils ont un atout majeur : un membre infiltré au cœur du système policier.

   Nous voilà partis pour près de deux heures de tromperies, d'enlèvements, de poursuites, de surveillances, le tout entre communications cryptées, intelligence artificielle, smartphones, lunettes connectées, scooters sous-marins... et enfantillages. Cela convient au public enfantin (pas trop jeune toutefois : nos amis japonais n'édulcorent pas comme Disney) et les adultes, qu'ils soient (anciens) lecteurs du manga ou tout simplement amateurs de bons films d'animation. La qualité est au rendez-vous (elle a bien progressé depuis les premiers épisodes de la série télévisée) et la musique est sympa. Les personnages forment une distribution internationale (pratique pour les ventes à l'étranger) et les femmes ne sont pas confinées dans des rôles de pleureuse ou d'héroïne badass. Informaticienne, biologiste, policière côtoient des personnages plus traditionnels.

   J'ai passé un très bon moment... et je conseille de rester jusqu'à la fin du générique.

   P.S.

   A signaler, de la part d'un film japonais, un bel éloge du monde aquatique, en particulier des baleines à bosse.

21:38 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Détective Conan : le sous-marin noir

   Un an (en gros) après La Fiancée de Shibuya, voici donc une nouvelle adaptation du manga qui débarque sur le grand écran. Même si l'intrigue se suit sans qu'il soit nécessaire de connaître l'ensemble des aventures précédentes (d'autant que des rappels sont effectués en début de film), il peut être utile de regarder The Scarlet Alibi, un montage d'extraits de la série, qui présente les principaux personnages. (C'est disponible gratuitement -avec coupures publicitaires- sur le site MyTF1.)

   Cette enquête "multipolicière" fait intervenir les forces de l'ordre japonaises, mais aussi Interpol, le FBI, la CIA, le MI6... C'est donc presque davantage un film d'espionnage qu'un polar, comprenant de nombreux rebondissements.

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   Ces deux personnages sont Ai Haibara et Conan Edogawa, les héros au corps d'enfant mais à l'esprit d'adulte... ce que la majorité des autres ignore. Préserver leur secret est un enjeu important (ils sont censés être morts)... tout en luttant contre le crime organisé. Il est incarné par les redoutables "hommes en noir", qui semblent si puissants et qui portent tous un nom de code inspiré d'un alcool fort. L'identité de leur chef(fe) demeure un mystère...

   Parmi eux sont infiltrés des agents gouvernementaux, qui doivent se comporter en délinquants tout en informant leurs alliés, pour tenter de faire échouer certaines manigances.

   Les polices du monde entier pensent être sur le point d'inaugurer l'arme ultime dans la lutte contre les criminels : la "bouée du Pacifique", un gigantesque bâtiment semi-immergé, de forme circulaire, bourré de technologies, en particulier un tout nouveau programme de reconnaissance faciale, capable même de repérer un adulte à partir d'une photographie de lui enfant.

   Bien évidemment, les "hommes en noir" (qui sont aussi des femmes, soit dit en passant) s'intéressent à la chose, pour la détruire... ou en prendre le contrôle. Dans leur manche, ils ont un atout majeur : un membre infiltré au cœur du système policier.

   Nous voilà partis pour près de deux heures de tromperies, d'enlèvements, de poursuites, de surveillances, le tout entre communications cryptées, intelligence artificielle, smartphones, lunettes connectées, scooters sous-marins... et enfantillages. Cela convient au public enfantin (pas trop jeune toutefois : nos amis japonais n'édulcorent pas comme Disney) et les adultes, qu'ils soient (anciens) lecteurs du manga ou tout simplement amateurs de bons films d'animation. La qualité est au rendez-vous (elle a bien progressé depuis les premiers épisodes de la série télévisée) et la musique est sympa. Les personnages forment une distribution internationale (pratique pour les ventes à l'étranger) et les femmes ne sont pas confinées dans des rôles de pleureuse ou d'héroïne badass. Informaticienne, biologiste, policière côtoient des personnages plus traditionnels.

   J'ai passé un très bon moment... et je conseille de rester jusqu'à la fin du générique.

   P.S.

   A signaler, de la part d'un film japonais, un bel éloge du monde aquatique, en particulier des baleines à bosse.

21:38 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 30 juillet 2023

Le Manoir hanté

   Disney a sorti le chéquier (160 millions d'euros tout de même) pour vanter l'une des attractions de ses parcs, à travers une fiction qui se veut à la fois horrifique et amusante.

   Une chose est sûre : on voit le pognon à l'écran, à travers les décors et les effets spéciaux, très tape-à-l’œil. On pense évidemment à La Nuit au musée (avec Ben Stiller), à ceci près que ce film-ci (et ses suites) sont beaucoup plus drôles.

   Les cinquante premières minutes se traînent. La découverte du manoir par une mère et son enfant accumule les clichés. La maman (Rosario Dawson, qui a sans doute des impôts à payer) est dynamique, mais l'on nous fait rapidement sentir le poids de l'absence du père (sur les épaules du fiston en particulier). La découverte des habitants non officiels de la demeure n'est même pas drôle... et guère effrayante.

   Le poids du deuil s'accentue avec l'autre personnage principal, un ancien physicien très doué devenu guide touristique. On comprend très vite quel drame a flingué sa vie... et risque de menacer celle de son entourage, au manoir. C'est vraiment surligné au feutre fluorescent.

   La distribution comprend aussi une voyante à moitié compétente (interprétée par une actrice qui fait regretter l'absence de Whoopi Goldberg), un vrai-faux pasteur (Owen Wilson, qui cabotine un max) et un chercheur un peu casse-couilles (Dany DeVito, sorti de l'EHPAD pour l'occasion). La seule bonne surprise est l'apparition (au propre comme au figuré) de Jamie Lee Curtis en médium victime d'une malédiction... un peu fofolle sur les bords.

cinéma,cinema,film,films

   Le film ne décolle vraiment qu'au cours d'une séance de spiritisme, qui voit l'un des personnages "sortir" de son corps. Il évolue dans le château, dans un état second, et voit tout ce qui échappe aux humains normaux, au quotidien.

   La suite est plus ou moins entraînante, correctement mise en scène, mais assez convenue, sur le fond. On a déjà vu mieux ailleurs... et l'on se demande si Disney n'aurait pas plutôt dû produire un film d'animation sur le sujet.

09:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Manoir hanté

   Disney a sorti le chéquier (160 millions d'euros tout de même) pour vanter l'une des attractions de ses parcs, à travers une fiction qui se veut à la fois horrifique et amusante.

   Une chose est sûre : on voit le pognon à l'écran, à travers les décors et les effets spéciaux, très tape-à-l’œil. On pense évidemment à La Nuit au musée (avec Ben Stiller), à ceci près que ce film-ci (et ses suites) sont beaucoup plus drôles.

   Les cinquante premières minutes se traînent. La découverte du manoir par une mère et son enfant accumule les clichés. La maman (Rosario Dawson, qui a sans doute des impôts à payer) est dynamique, mais l'on nous fait rapidement sentir le poids de l'absence du père (sur les épaules du fiston en particulier). La découverte des habitants non officiels de la demeure n'est même pas drôle... et guère effrayante.

   Le poids du deuil s'accentue avec l'autre personnage principal, un ancien physicien très doué devenu guide touristique. On comprend très vite quel drame a flingué sa vie... et risque de menacer celle de son entourage, au manoir. C'est vraiment surligné au feutre fluorescent.

   La distribution comprend aussi une voyante à moitié compétente (interprétée par une actrice qui fait regretter l'absence de Whoopi Goldberg), un vrai-faux pasteur (Owen Wilson, qui cabotine un max) et un chercheur un peu casse-couilles (Dany DeVito, sorti de l'EHPAD pour l'occasion). La seule bonne surprise est l'apparition (au propre comme au figuré) de Jamie Lee Curtis en médium victime d'une malédiction... un peu fofolle sur les bords.

cinéma,cinema,film,films

   Le film ne décolle vraiment qu'au cours d'une séance de spiritisme, qui voit l'un des personnages "sortir" de son corps. Il évolue dans le château, dans un état second, et voit tout ce qui échappe aux humains normaux, au quotidien.

   La suite est plus ou moins entraînante, correctement mise en scène, mais assez convenue, sur le fond. On a déjà vu mieux ailleurs... et l'on se demande si Disney n'aurait pas plutôt dû produire un film d'animation sur le sujet.

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vendredi, 28 juillet 2023

Parle à ma main...

   C'est le titre qu'aurait pu porter ce petit film d'épouvante australien, intitulé La Main dans la version française, mais Talk to me en version originale. Cette formule joue un rôle clé dans l'intrigue, puisque, pour entrer en contact avec un esprit, il faut serrer la fameuse main et lui demander de parler (puis d'entrer en soi).

cinéma,cinema,film,films

   Vous aurez remarqué qu'il s'agit d'une main gauche, la main déviante, pas celle de Dieu, plutôt celle des esprits malins... On n'en saura guère plus sur elle, ni sur la signification des inscriptions qui la recouvrent. (Peut-être dans un opus n°2 ?)

   Mais, avant d'en arriver là, on est saisi par une fort belle ouverture, sous la forme d'un plan-séquence de deux-trois minutes, qui se conclut de manière doublement frappante...

   Une ellipse nous transporte du côté d'une banlieue de classe moyenne, où des jeunes de 16-20 ans (un peu à l'image du public de la salle, moi excepté) se réunissent pour participer à des expériences "limites"... hors de portée du regard des parents, bien entendu. Ces derniers semblent peu présents dans la vie de leurs enfants. Ce sont globalement des emmerdeurs... et des pourvoyeurs d'argent, qui permettront à leur progéniture ingrate de se procurer smartphone, habits moches (et chers)... et de quoi se défoncer la gueule. Dans cette perspective, les expériences avec la main apparaissent comme un substitut à la consommation de drogue.

   Sans surprise, une grande partie de ces ados est assez antipathique. Tous les personnages (sauf un) sont taillés  la hache. On ressent rapidement l'envie qu'il leur arrive des choses tristes... ce qui ne va pas manquer, grâce à la main.

   Du côté des effets spéciaux, c'est réussi, sans esbroufe. J'y vois un peu de numérique mais, assez traditionnellement, beaucoup de maquillage et de prothèses. Le résultat est convaincant, sans que cela soit réellement effrayant. C'est plutôt gore... de plus en plus même au fur et à mesure que l'histoire progresse (à mon grand plaisir). Les djeunses qui peuplaient la salle où je me trouvais ont été scotchés sur leur siège. (Le film étant interdit aux moins de seize ans, j'ai aussi pu échapper aux hordes de collégiens mal élevés.)

cinéma,cinema,film,films

   Une comédienne sort du lot : Sophie Wilde, qui incarne Mia. Ce n'est pas le personnage principal au départ, mais elle va le devenir. Quand on fait le bilan de tous les états par lesquels passe ce personnage, on ne peut que saluer la performance d'actrice.

   L'intrigue allie l'hyper-classique et des efforts d'originalité (assez modestes toutefois). Du côté du classique, il y a la croyance en un au-delà dangereux, le conflit / l'incompréhension entre parents et enfants, le désir de transgression des jeunes. Ceux-ci vont bien évidemment faire de grosses bêtises et ne pas accomplir les gestes qu'il faut pour se sortir du pétrin.

   Dans ce collier de perles de pacotille, l'attitude d'une mère tranche agréablement. Elle a tendance à parler vertement, signalant à sa fille aînée qu'elle voit d'un mauvais œil qu'elle sorte le soir avec ce Daniel qui, rappelle-t-elle, « possède une queue ». Plus tard, quand elle trouve celui-ci dans la chambre de sa fille, elle lui signifie que le vagin de celle-ci lui est formellement interdit... J'ai aussi bien aimé son expression, quand elle entre dans une pièce où se trouvent son fils cadet, le meilleur ami de celui-ci et la chienne de la famille, une femelle bouledogue à l'hygiène approximative... la maman se demandant à voix haute si l'odeur pestilentielle dans laquelle baigne la pièce n'émanerait pas plutôt du copain de son fils ! (Je crois que je fus le seul spectateur de la séance à rire à ces moments croustillants...)

   Comme tout bon film d'épouvante, celui-ci contient un message moral. On peut y voir la condamnation d'une manière d'utiliser les réseaux sociaux et du manque d'empathie de certains jeunes envers les autres.

   Les vingt dernières minutes sont les plus rythmées. Au cours de celles-ci, on réalise (plus ou moins tôt selon son degré d'attention) qu'une supercherie est à l’œuvre, depuis un petit moment déjà. L'un des personnages ne le comprend que trop tard, mais parvient tout de même à déjouer l'une des manigances. Le film s'achève sur une très bonne séquence, décalée, qui perturbe celles et ceux qui n'ont pas encore saisi le fond de l'histoire, le dernier plan (joliment fait), sous forme de pied de nez, donnant l'explication.

   Cela ne dure qu'1h30 et c'est le genre de petit plaisir (à l'image de [Rec] ou d'Escape Game) qu'on peut s'offrir l'été.

14:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Parle à ma main...

   C'est le titre qu'aurait pu porter ce petit film d'épouvante australien, intitulé La Main dans la version française, mais Talk to me en version originale. Cette formule joue un rôle clé dans l'intrigue, puisque, pour entrer en contact avec un esprit, il faut serrer la fameuse main et lui demander de parler (puis d'entrer en soi).

cinéma,cinema,film,films

   Vous aurez remarqué qu'il s'agit d'une main gauche, la main déviante, pas celle de Dieu, plutôt celle des esprits malins... On n'en saura guère plus sur elle, ni sur la signification des inscriptions qui la recouvrent. (Peut-être dans un opus n°2 ?)

   Mais, avant d'en arriver là, on est saisi par une fort belle ouverture, sous la forme d'un plan-séquence de deux-trois minutes, qui se conclut de manière doublement frappante...

   Une ellipse nous transporte du côté d'une banlieue de classe moyenne, où des jeunes de 16-20 ans (un peu à l'image du public de la salle, moi excepté) se réunissent pour participer à des expériences "limites"... hors de portée du regard des parents, bien entendu. Ces derniers semblent peu présents dans la vie de leurs enfants. Ce sont globalement des emmerdeurs... et des pourvoyeurs d'argent, qui permettront à leur progéniture ingrate de se procurer smartphone, habits moches (et chers)... et de quoi se défoncer la gueule. Dans cette perspective, les expériences avec la main apparaissent comme un substitut à la consommation de drogue.

   Sans surprise, une grande partie de ces ados est assez antipathique. Tous les personnages (sauf un) sont taillés  la hache. On ressent rapidement l'envie qu'il leur arrive des choses tristes... ce qui ne va pas manquer, grâce à la main.

   Du côté des effets spéciaux, c'est réussi, sans esbroufe. J'y vois un peu de numérique mais, assez traditionnellement, beaucoup de maquillage et de prothèses. Le résultat est convaincant, sans que cela soit réellement effrayant. C'est plutôt gore... de plus en plus même au fur et à mesure que l'histoire progresse (à mon grand plaisir). Les djeunses qui peuplaient la salle où je me trouvais ont été scotchés sur leur siège. (Le film étant interdit aux moins de seize ans, j'ai aussi pu échapper aux hordes de collégiens mal élevés.)

cinéma,cinema,film,films

   Une comédienne sort du lot : Sophie Wilde, qui incarne Mia. Ce n'est pas le personnage principal au départ, mais elle va le devenir. Quand on fait le bilan de tous les états par lesquels passe ce personnage, on ne peut que saluer la performance d'actrice.

   L'intrigue allie l'hyper-classique et des efforts d'originalité (assez modestes toutefois). Du côté du classique, il y a la croyance en un au-delà dangereux, le conflit / l'incompréhension entre parents et enfants, le désir de transgression des jeunes. Ceux-ci vont bien évidemment faire de grosses bêtises et ne pas accomplir les gestes qu'il faut pour se sortir du pétrin.

   Dans ce collier de perles de pacotille, l'attitude d'une mère tranche agréablement. Elle a tendance à parler vertement, signalant à sa fille aînée qu'elle voit d'un mauvais œil qu'elle sorte le soir avec ce Daniel qui, rappelle-t-elle, « possède une queue ». Plus tard, quand elle trouve celui-ci dans la chambre de sa fille, elle lui signifie que le vagin de celle-ci lui est formellement interdit... J'ai aussi bien aimé son expression, quand elle entre dans une pièce où se trouvent son fils cadet, le meilleur ami de celui-ci et la chienne de la famille, une femelle bouledogue à l'hygiène approximative... la maman se demandant à voix haute si l'odeur pestilentielle dans laquelle baigne la pièce n'émanerait pas plutôt du copain de son fils ! (Je crois que je fus le seul spectateur de la séance à rire à ces moments croustillants...)

   Comme tout bon film d'épouvante, celui-ci contient un message moral. On peut y voir la condamnation d'une manière d'utiliser les réseaux sociaux et du manque d'empathie de certains jeunes envers les autres.

   Les vingt dernières minutes sont les plus rythmées. Au cours de celles-ci, on réalise (plus ou moins tôt selon son degré d'attention) qu'une supercherie est à l’œuvre, depuis un petit moment déjà. L'un des personnages ne le comprend que trop tard, mais parvient tout de même à déjouer l'une des manigances. Le film s'achève sur une très bonne séquence, décalée, qui perturbe celles et ceux qui n'ont pas encore saisi le fond de l'histoire, le dernier plan (joliment fait), sous forme de pied de nez, donnant l'explication.

   Cela ne dure qu'1h30 et c'est le genre de petit plaisir (à l'image de [Rec] ou d'Escape Game) qu'on peut s'offrir l'été.

14:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 25 juillet 2023

Oppenheimer

   Il y a trois ans, en pleine pandémie de covid, Christopher Nolan et ses producteurs avaient fait le choix de sortir Tenet en salles. Le risque avait été (relativement) payant puisqu'avec un peu plus de 2,3 millions d'entrées, le film avait fini en tête du box-office français de l'année (certes un peu sinistré).

   Tout cela pour dire que les œuvres de Nolan, aussi cérébrales soient-elles (parfois), sont faites pour être vues dans une salle obscure. Oppenheimer ne fait pas exception à la règle. C'est d'ailleurs l'une des grandes réussites du cinéaste que d'être parvenu à rendre passionnante une épopée au cœur de laquelle se trouvent les sciences physiques... et d'en avoir fait un polar de trois heures, qui tient amplement ses promesses. Bon d'accord, l'enjeu politique (la rivalité avec les nazis, eux aussi lancés dans la course à l'arme atomique) n'est pas sans pimenter l'intrigue. L'ambiance de pré-Guerre froide (les alliés bolcheviks étant déjà perçus comme les adversaires de demain) ajoute une touche d'espionnage pas déplaisante du tout.

   Deux catégories de scènes nous sont proposées. C'est paradoxalement en noir et blanc que l'on voit les plus récentes (celles qui se déroulent dans les années 1950, en plein maccarthysme), alors que la couleur est réservée aux années 1930-1940... mais c'est la partie la plus vivante, le cœur de l'histoire, avec le plus de chair (et de neurones).

   Les interprètes sont excellents. Cillian Murphy s'est parfaitement coulé dans le personnage, qu'il ne cherche pas à rendre plus sympathique qu'il n'était... et c'est tant mieux. Par moments (l'orientation sexuelle mise à part), j'ai pensé à Benedict Cumberbatch en Alan Turing, dans Imitation Game, film qui n'est pas sans rapport avec celui-ci. On pourrait aussi rapprocher Oppenheimer d'un autre héros américain,  Neil Armstrong, tel qu'il est dépeint dans First Man : lui aussi a pu s'appuyer sur une épouse brillante, qui avait suivi des études universitaires et qui a sacrifié ses aspirations professionnelles pour soutenir la carrière de son mari.

   Ici, c'est à Emily Blunt qu'échoit ce rôle ingrat, celui d'une intellectuelle libre dans sa jeunesse, qui finit par se cloîtrer à Los Alamos avec deux gosses dont elle a du mal à s'occuper. Dommage que le personnage ne soit pas plus creusé.

   Les autres seconds rôles (le film étant tout à la gloire d'Oppenheimer) sont incarnés par une pléiade de talents, de Jason Clarke (excellent dans la peau d'une enflure) à Matt Damon (crédible en ours mal léché), en passant par Florence Pugh (la plus belle communiste que j'aie jamais vue...), Rami Malek (important sur la fin), Josh Hartnett (curieusement bon en scientifique conformiste) et Robert Downey Jr (qui ne pouvait qu'incarner un type un peu magouilleur sur les bords)...

   La mise en scène s'est évertuée à représenter ce qui se passait (parfois) dans la tête du physicien... en liaison avec ce qui passe au niveau atomique, lors d'une réaction. Cela donne des plans très léchés, soutenus par une musique appropriée... mais je ne suis pas sûr que ce dispositif aura permis aux spectateurs lambdas de mieux comprendre le fonctionnement d'une bombe atomique.

   Mis à part ces aspects scientifiques ardus, le film est relativement limpide. On a visiblement voulu éviter de tomber dans les excès de Tenet... mais, du coup, je suis un peu déçu. Nolan nous livre une brillante fresque historique, engagée (à gauche), mais il y perd un petit peu son art de nous transporter dans des univers inédits.

 P.S.

   Pour en savoir plus sur l'histoire de la bombe atomique, je recommande à nouveau la lecture du roman graphique La Bombe, que j'avais chroniqué en août 2020.

Oppenheimer

   Il y a trois ans, en pleine pandémie de covid, Christopher Nolan et ses producteurs avaient fait le choix de sortir Tenet en salles. Le risque avait été (relativement) payant puisqu'avec un peu plus de 2,3 millions d'entrées, le film avait fini en tête du box-office français de l'année (certes un peu sinistré).

   Tout cela pour dire que les œuvres de Nolan, aussi cérébrales soient-elles (parfois), sont faites pour être vues dans une salle obscure. Oppenheimer ne fait pas exception à la règle. C'est d'ailleurs l'une des grandes réussites du cinéaste que d'être parvenu à rendre passionnante une épopée au cœur de laquelle se trouvent les sciences physiques... et d'en avoir fait un polar de trois heures, qui tient amplement ses promesses. Bon d'accord, l'enjeu politique (la rivalité avec les nazis, eux aussi lancés dans la course à l'arme atomique) n'est pas sans pimenter l'intrigue. L'ambiance de pré-Guerre froide (les alliés bolcheviks étant déjà perçus comme les adversaires de demain) ajoute une touche d'espionnage pas déplaisante du tout.

   Deux catégories de scènes nous sont proposées. C'est paradoxalement en noir et blanc que l'on voit les plus récentes (celles qui se déroulent dans les années 1950, en plein maccarthysme), alors que la couleur est réservée aux années 1930-1940... mais c'est la partie la plus vivante, le cœur de l'histoire, avec le plus de chair (et de neurones).

   Les interprètes sont excellents. Cillian Murphy s'est parfaitement coulé dans le personnage, qu'il ne cherche pas à rendre plus sympathique qu'il n'était... et c'est tant mieux. Par moments (l'orientation sexuelle mise à part), j'ai pensé à Benedict Cumberbatch en Alan Turing, dans Imitation Game, film qui n'est pas sans rapport avec celui-ci. On pourrait aussi rapprocher Oppenheimer d'un autre héros américain,  Neil Armstrong, tel qu'il est dépeint dans First Man : lui aussi a pu s'appuyer sur une épouse brillante, qui avait suivi des études universitaires et qui a sacrifié ses aspirations professionnelles pour soutenir la carrière de son mari.

   Ici, c'est à Emily Blunt qu'échoit ce rôle ingrat, celui d'une intellectuelle libre dans sa jeunesse, qui finit par se cloîtrer à Los Alamos avec deux gosses dont elle a du mal à s'occuper. Dommage que le personnage ne soit pas plus creusé.

   Les autres seconds rôles (le film étant tout à la gloire d'Oppenheimer) sont incarnés par une pléiade de talents, de Jason Clarke (excellent dans la peau d'une enflure) à Matt Damon (crédible en ours mal léché), en passant par Florence Pugh (la plus belle communiste que j'aie jamais vue...), Rami Malek (important sur la fin), Josh Hartnett (curieusement bon en scientifique conformiste) et Robert Downey Jr (qui ne pouvait qu'incarner un type un peu magouilleur sur les bords)...

   La mise en scène s'est évertuée à représenter ce qui se passait (parfois) dans la tête du physicien... en liaison avec ce qui passe au niveau atomique, lors d'une réaction. Cela donne des plans très léchés, soutenus par une musique appropriée... mais je ne suis pas sûr que ce dispositif aura permis aux spectateurs lambdas de mieux comprendre le fonctionnement d'une bombe atomique.

   Mis à part ces aspects scientifiques ardus, le film est relativement limpide. On a visiblement voulu éviter de tomber dans les excès de Tenet... mais, du coup, je suis un peu déçu. Nolan nous livre une brillante fresque historique, engagée (à gauche), mais il y perd un petit peu son art de nous transporter dans des univers inédits.

 P.S.

   Pour en savoir plus sur l'histoire de la bombe atomique, je recommande à nouveau la lecture du roman graphique La Bombe, que j'avais chroniqué en août 2020.

vendredi, 21 juillet 2023

Barbie

   C'est dans une salle copieusement garnie (malgré la V.O.) et composée presque exclusivement d'un public féminin (de tout âge) que j'ai vu cet étonnant film, mélange de comédie sirupeuse et de discours féministe.

   Le début est engageant, avec la parodie d'une scène de 2001, L'Odyssée de l'espace. (Je me demande toutefois quel pourcentage des spectateurs a compris l'allusion.) Sur le fond, c'est contestable : présenter l'invention de la poupée Barbie comme une conquête féministe me rappelle le slogan d'une entreprise française d'électroménager, qui prétendait que ses produits libéraient la femme.

   Après ce moment d'audace (limitée), on nous plonge dans le monde merveilleux (et rose, très rose) de Barbie Land, où tout est organisé pour faire de la vie des "poupées" (les jolies jeunes femmes) un rêve éternel. Au second degré, c'est assez savoureux, surtout quand on découvre le rôle attribué aux hommes. Voilà donc Ryan Gosling (après des heures passées sur le banc de muscu) relégué au rang d'objet sexuel (asexué) consentant.

   C'est drôle... et malin. Cela peut aussi bien convenir à celles (et ceux ?) qui trouvent cet univers réjouissant (et regardent donc cela au premier degré) qu'à ceux qui y voient une critique ironique.

   Hélas (ou plutôt heureusement), cette belle mécanique du bonheur factice va s'enrayer. Du coup, Barbie et Ken s'embarquent pour le monde réel, celui des propriétaires de poupées... et des concepteurs de Barbie.

   Le trajet est trop rose et sucré à mon goût... sans parler des chansons. Il y en a bien une ou deux avec des paroles intéressantes (dont une qui détourne celles de la chanson du début) mais, globalement, cela m'a plutôt cassé les tympans.

   L'intérêt remonte dans le monde réel, pour deux raisons. Tout d'abord, il y a la description du fonctionnement de la multinationale Mattel, évidemment exagéré (et laissant de côté certains aspects peu reluisants, ce qui permet à la firme de valider le film et de se donner, en passant, une bonne image)... et la découverte par Ken d'un monde dirigé par les mecs. Gosling excelle à nous faire ressentir à quel point le mâle frustré kiffe la life à ce moment-là. Il a la bonne mauvaise idée de rapporter les préceptes du patriarcat dans Barbie Land... avec des conséquences que je laisse à chacun(e) le plaisir l'horreur de découvrir.

   Ce retournement est une excellente idée scénaristique, puisqu'il va donner lieu à la peinture d'un nouvel univers patriarcal (complémentaire du premier, en fait)... et à l'éclatement d'une véritable guerre civile... mais du genre flashy. La manière dont les "poupées", tombées en servitude, vont redresser la situation, vaut son pesant de paillettes.

   Ce film contient aussi quelques beaux passages, un peu hors du temps, sans tout le tralala qui enrobe l'intrigue. L'un de ces moments voit l'héroïne discuter avec une dame âgée, à un arrêt de bus. Un autre voit l'intervention d'une autre mamie, qui a un lien avec l'univers de Barbie. Il y a aussi tout ce qui touche à la relation entre Barbie et sa véritable propriétaire, qui n'est pas celle que l'on croit. Mais le véritable morceau de bravoure est la diatribe féministe (propre à remobiliser les troupes), qui n'est pas déclamée par Barbie. (Margot Robbie laisse de l'espace à d'autres comédiennes dans ce film.)

   Du coup, je suis sorti de là plutôt content. C'est une bonne comédie et, en dépit de ses limites, le fait que le film serve un discours féministe (les femmes doivent pouvoir être maîtresses de leur destin) au grand public est une bonne chose. De surcroît, à la fin, les personnages ont évolué. Si le patriarcat est définitivement rejeté (dans Barbie Land), il n'est pas remplacé par un matriarcat strict. Le film ne fait pas l'apologie d'un féminisme séparatiste ou exclusif, mais plutôt d'une nouvelle forme de "vivre ensemble" pour les femmes et les hommes.

23:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinema, film, films, cinéma

Barbie

   C'est dans une salle copieusement garnie (malgré la V.O.) et composée presque exclusivement d'un public féminin (de tout âge) que j'ai vu cet étonnant film, mélange de comédie sirupeuse et de discours féministe.

   Le début est engageant, avec la parodie d'une scène de 2001, L'Odyssée de l'espace. (Je me demande toutefois quel pourcentage des spectateurs a compris l'allusion.) Sur le fond, c'est contestable : présenter l'invention de la poupée Barbie comme une conquête féministe me rappelle le slogan d'une entreprise française d'électroménager, qui prétendait que ses produits libéraient la femme.

   Après ce moment d'audace (limitée), on nous plonge dans le monde merveilleux (et rose, très rose) de Barbie Land, où tout est organisé pour faire de la vie des "poupées" (les jolies jeunes femmes) un rêve éternel. Au second degré, c'est assez savoureux, surtout quand on découvre le rôle attribué aux hommes. Voilà donc Ryan Gosling (après des heures passées sur le banc de muscu) relégué au rang d'objet sexuel (asexué) consentant.

   C'est drôle... et malin. Cela peut aussi bien convenir à celles (et ceux ?) qui trouvent cet univers réjouissant (et regardent donc cela au premier degré) qu'à ceux qui y voient une critique ironique.

   Hélas (ou plutôt heureusement), cette belle mécanique du bonheur factice va s'enrayer. Du coup, Barbie et Ken s'embarquent pour le monde réel, celui des propriétaires de poupées... et des concepteurs de Barbie.

   Le trajet est trop rose et sucré à mon goût... sans parler des chansons. Il y en a bien une ou deux avec des paroles intéressantes (dont une qui détourne celles de la chanson du début) mais, globalement, cela m'a plutôt cassé les tympans.

   L'intérêt remonte dans le monde réel, pour deux raisons. Tout d'abord, il y a la description du fonctionnement de la multinationale Mattel, évidemment exagéré (et laissant de côté certains aspects peu reluisants, ce qui permet à la firme de valider le film et de se donner, en passant, une bonne image)... et la découverte par Ken d'un monde dirigé par les mecs. Gosling excelle à nous faire ressentir à quel point le mâle frustré kiffe la life à ce moment-là. Il a la bonne mauvaise idée de rapporter les préceptes du patriarcat dans Barbie Land... avec des conséquences que je laisse à chacun(e) le plaisir l'horreur de découvrir.

   Ce retournement est une excellente idée scénaristique, puisqu'il va donner lieu à la peinture d'un nouvel univers patriarcal (complémentaire du premier, en fait)... et à l'éclatement d'une véritable guerre civile... mais du genre flashy. La manière dont les "poupées", tombées en servitude, vont redresser la situation, vaut son pesant de paillettes.

   Ce film contient aussi quelques beaux passages, un peu hors du temps, sans tout le tralala qui enrobe l'intrigue. L'un de ces moments voit l'héroïne discuter avec une dame âgée, à un arrêt de bus. Un autre voit l'intervention d'une autre mamie, qui a un lien avec l'univers de Barbie. Il y a aussi tout ce qui touche à la relation entre Barbie et sa véritable propriétaire, qui n'est pas celle que l'on croit. Mais le véritable morceau de bravoure est la diatribe féministe (propre à remobiliser les troupes), qui n'est pas déclamée par Barbie. (Margot Robbie laisse de l'espace à d'autres comédiennes dans ce film.)

   Du coup, je suis sorti de là plutôt content. C'est une bonne comédie et, en dépit de ses limites, le fait que le film serve un discours féministe (les femmes doivent pouvoir être maîtresses de leur destin) au grand public est une bonne chose. De surcroît, à la fin, les personnages ont évolué. Si le patriarcat est définitivement rejeté (dans Barbie Land), il n'est pas remplacé par un matriarcat strict. Le film ne fait pas l'apologie d'un féminisme séparatiste ou exclusif, mais plutôt d'une nouvelle forme de "vivre ensemble" pour les femmes et les hommes.

23:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinema, film, films, cinéma

jeudi, 20 juillet 2023

Les Meutes

   Récompensé cette année au Festival de Cannes, ce film marocain (coproduit par la France et le Qatar) est un nouveau prétendant au titre de « polar de l'été ». Il n'est d'ailleurs pas sans point commun avec son principal concurrent,  Dernière nuit à Milan, dont l'action elle aussi est concentrée entre le crépuscule et l'aube.

   Si le titre fait allusion à des chiens, que l'on voit brièvement impliqués dans des combats illégaux, c'est bien d'humains (et d'humanité) qu'il s'agit dans ce film. Les deux héros sont un père et son fils. Le premier est une petite frappe, récemment sortie de prison. A son visage et à son élocution difficile, on devine qu'il a dû consommer pas mal de substances bizarres dans sa vie. Son épouse semble l'avoir quitté et il vit chez sa mère. Le fils est déterminé à ne pas suivre les traces de son père. Il est honnête et droit, veut gagner sa vie légalement, même si le travail précaire qu'on lui propose est mal payé.

   Un soir, le père embarque le fils pour un « boulot facile », une mission bien payée, censée durer moins d'une heure... mais qui va s'éterniser. Un peu comme la jeune mère iranienne de Juste une nuit, les deux compères vont accumuler les emmerdes et les déconvenues, et ce dès le début de leur mission, qu'il vont accomplir dans une vieille guimbarde rouge vif (une couleur qui porte malheur, nous dit-on), dont le fonctionnement devient de plus en plus aléatoire.

   Nous voilà donc embarqués dans un véritable périple dans et autour de Casablanca... mais pas la ville de carte postale, celle prisée des touristes. Non. En suivant Hassan (le père) et Issam (le fils), on croise une ribambelle de personnages hauts en couleur : un chef de bande aux dents métalliques, un petit propriétaire terrien qui utilise un engrais particulier pour "soigner" ses figuiers, le mystérieux occupant d'une station-service désaffectée, un policier amateur de figues, un vieux pêcheur alcoolique... Toutes ces rencontres sont fort bien mises en scène. On ne sait jamais comment la séquence va se dérouler. C'est d'autant plus remarquable que la majorité des acteurs sont non-professionnels (à commencer par celui qui incarne le père).

   L'intrigue a aussi l'intelligence de faire évoluer les deux personnages principaux, ceux du père et du fils. Au départ, le premier mène la danse et entraîne le second dans ses embrouilles. A partir d'un moment, quand tout part en sucette, le fils prend les choses en mains... et c'est le moment que son choisit le père pour exprimer des réserves. Voilà qu'il aurait des scrupules ! Même si le ton n'est pas à la comédie, certaines situations sont assez savoureuses.

   L'atmosphère est très bien rendue, avec une belle photographie (pas aussi léchée par exemple que dans Limbo, mais elle convient parfaitement à l'intrigue). C'est filmé le plus souvent en plan serré et en gros plan, avec une caméra fixe ou à l'épaule (un peu à la façon des frères Dardenne, mais en moins "épileptique").

   Cela dure 1h30 et j'ai été pris du début à la fin, même si la première scène, autour du combat de chiens, n'est pas la mieux jouée ni la mieux montée. On y découvre le chef de bande (pas totalement convaincant) et, surtout, son rival, interprété par un type qui parle peu mais qui dégage vraiment quelque chose. De surcroît, l'ambiance est déjà très tendue, sans effet sonore ou visuel particulier. On a là un réalisateur et scénariste de talent, Kamal Lazraq, qu'il faudra suivre.

11:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Meutes

   Récompensé cette année au Festival de Cannes, ce film marocain (coproduit par la France et le Qatar) est un nouveau prétendant au titre de « polar de l'été ». Il n'est d'ailleurs pas sans point commun avec son principal concurrent,  Dernière nuit à Milan, dont l'action elle aussi est concentrée entre le crépuscule et l'aube.

   Si le titre fait allusion à des chiens, que l'on voit brièvement impliqués dans des combats illégaux, c'est bien d'humains (et d'humanité) qu'il s'agit dans ce film. Les deux héros sont un père et son fils. Le premier est une petite frappe, récemment sortie de prison. A son visage et à son élocution difficile, on devine qu'il a dû consommer pas mal de substances bizarres dans sa vie. Son épouse semble l'avoir quitté et il vit chez sa mère. Le fils est déterminé à ne pas suivre les traces de son père. Il est honnête et droit, veut gagner sa vie légalement, même si le travail précaire qu'on lui propose est mal payé.

   Un soir, le père embarque le fils pour un « boulot facile », une mission bien payée, censée durer moins d'une heure... mais qui va s'éterniser. Un peu comme la jeune mère iranienne de Juste une nuit, les deux compères vont accumuler les emmerdes et les déconvenues, et ce dès le début de leur mission, qu'il vont accomplir dans une vieille guimbarde rouge vif (une couleur qui porte malheur, nous dit-on), dont le fonctionnement devient de plus en plus aléatoire.

   Nous voilà donc embarqués dans un véritable périple dans et autour de Casablanca... mais pas la ville de carte postale, celle prisée des touristes. Non. En suivant Hassan (le père) et Issam (le fils), on croise une ribambelle de personnages hauts en couleur : un chef de bande aux dents métalliques, un petit propriétaire terrien qui utilise un engrais particulier pour "soigner" ses figuiers, le mystérieux occupant d'une station-service désaffectée, un policier amateur de figues, un vieux pêcheur alcoolique... Toutes ces rencontres sont fort bien mises en scène. On ne sait jamais comment la séquence va se dérouler. C'est d'autant plus remarquable que la majorité des acteurs sont non-professionnels (à commencer par celui qui incarne le père).

   L'intrigue a aussi l'intelligence de faire évoluer les deux personnages principaux, ceux du père et du fils. Au départ, le premier mène la danse et entraîne le second dans ses embrouilles. A partir d'un moment, quand tout part en sucette, le fils prend les choses en mains... et c'est le moment que son choisit le père pour exprimer des réserves. Voilà qu'il aurait des scrupules ! Même si le ton n'est pas à la comédie, certaines situations sont assez savoureuses.

   L'atmosphère est très bien rendue, avec une belle photographie (pas aussi léchée par exemple que dans Limbo, mais elle convient parfaitement à l'intrigue). C'est filmé le plus souvent en plan serré et en gros plan, avec une caméra fixe ou à l'épaule (un peu à la façon des frères Dardenne, mais en moins "épileptique").

   Cela dure 1h30 et j'ai été pris du début à la fin, même si la première scène, autour du combat de chiens, n'est pas la mieux jouée ni la mieux montée. On y découvre le chef de bande (pas totalement convaincant) et, surtout, son rival, interprété par un type qui parle peu mais qui dégage vraiment quelque chose. De surcroît, l'ambiance est déjà très tendue, sans effet sonore ou visuel particulier. On a là un réalisateur et scénariste de talent, Kamal Lazraq, qu'il faudra suivre.

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mercredi, 19 juillet 2023

Sisu - De l'or et du sang

   Sorti il y a un mois, ce film américano-finlandais avait été signalé par une autre blogueuse cinéphile (Pascale). Il a mis du temps à arriver en Aveyron. J'ai pu accéder à une séance en version originale sous-titrée... pour constater que tous les personnages, allemands comme finlandais, parlent anglais (avec divers accents)... sauf à la fin.

   Au départ, il s'agit d'un mélange de film de guerre et de western. Les paysages finlandais sont superbes, le chercheur d'or mutique, rugueux à souhait, entre son cheval et son chien docile.

   Les Finlandais partagent avec les Polonais et les Baltes (Estoniens, Lettons et Lituaniens) le triste privilège d'avoir été successivement envahis par les Soviétiques et les Allemands. En 1944, le héros a perdu toute sa famille, massacrée par les troupes de Staline, mais leurs successeurs nazis n'ont rien à leur envier en matière de cruauté. Pas de bol pour eux, ces SS Totenkopf (ou ce qu'il en reste, vu la troupe débraillée qui sillonne le nord de la Finlande) croisent la route d'un ancien commando, sans peur, sans reproche... et sans pitié.

   Quand on sait que le film va nous offrir de belles scènes d'explosion, d'éviscération et de démembrement, on se dit que cela commence doucement, dans ces terres de solitude, où le ciel semble si bas. Le héros a perdu femme et enfants, ne croit plus guère en la patrie... mais il trouve de l'or ! Un paquet d'or, qui va susciter bien des convoitises.

   J'ai aimé ce démarrage en douceur et la progressive montée en tension,  la première baston n'intervenant pas au moment que l'on pense... mais quand cela surgit, quel régal ! Il y a du Tarantino dans la manière dont ce guerrier dézingue une compagnie de SS : des fantassins, des motards, des aviateurs... jusqu'aux occupants d'un char.

   Au passage, il contribue à libérer une brochette de femmes, butin de guerre des ordures nazies. Les meufs prouvent rapidement qu'elles ont les ovaires solidement arrimés : elles vont participer au massacre.

   On se laisse gentiment porter par cette sauvagerie libératrice jusqu'à la séquence du lac, où, là, l'irrationnel commence à l'emporter. Le héros rebelle se mue en esprit vengeur quasi invulnérable, qui survit à toutes ses blessures et peut même se passer de respirer. La mise en scène est toujours aussi jouissive, mais le film perd en vraisemblance. C'est dommage.

   Du coup, j'ai été un peu déçu par la dernière partie, la séquence en avion cumulant les impossibilités (au niveau du scénario comme de la mise en scène). Cela reste spectaculaire, mais la saveur particulière du début a disparu.

15:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Sisu - De l'or et du sang

   Sorti il y a un mois, ce film américano-finlandais avait été signalé par une autre blogueuse cinéphile (Pascale). Il a mis du temps à arriver en Aveyron. J'ai pu accéder à une séance en version originale sous-titrée... pour constater que tous les personnages, allemands comme finlandais, parlent anglais (avec divers accents)... sauf à la fin.

   Au départ, il s'agit d'un mélange de film de guerre et de western. Les paysages finlandais sont superbes, le chercheur d'or mutique, rugueux à souhait, entre son cheval et son chien docile.

   Les Finlandais partagent avec les Polonais et les Baltes (Estoniens, Lettons et Lituaniens) le triste privilège d'avoir été successivement envahis par les Soviétiques et les Allemands. En 1944, le héros a perdu toute sa famille, massacrée par les troupes de Staline, mais leurs successeurs nazis n'ont rien à leur envier en matière de cruauté. Pas de bol pour eux, ces SS Totenkopf (ou ce qu'il en reste, vu la troupe débraillée qui sillonne le nord de la Finlande) croisent la route d'un ancien commando, sans peur, sans reproche... et sans pitié.

   Quand on sait que le film va nous offrir de belles scènes d'explosion, d'éviscération et de démembrement, on se dit que cela commence doucement, dans ces terres de solitude, où le ciel semble si bas. Le héros a perdu femme et enfants, ne croit plus guère en la patrie... mais il trouve de l'or ! Un paquet d'or, qui va susciter bien des convoitises.

   J'ai aimé ce démarrage en douceur et la progressive montée en tension,  la première baston n'intervenant pas au moment que l'on pense... mais quand cela surgit, quel régal ! Il y a du Tarantino dans la manière dont ce guerrier dézingue une compagnie de SS : des fantassins, des motards, des aviateurs... jusqu'aux occupants d'un char.

   Au passage, il contribue à libérer une brochette de femmes, butin de guerre des ordures nazies. Les meufs prouvent rapidement qu'elles ont les ovaires solidement arrimés : elles vont participer au massacre.

   On se laisse gentiment porter par cette sauvagerie libératrice jusqu'à la séquence du lac, où, là, l'irrationnel commence à l'emporter. Le héros rebelle se mue en esprit vengeur quasi invulnérable, qui survit à toutes ses blessures et peut même se passer de respirer. La mise en scène est toujours aussi jouissive, mais le film perd en vraisemblance. C'est dommage.

   Du coup, j'ai été un peu déçu par la dernière partie, la séquence en avion cumulant les impossibilités (au niveau du scénario comme de la mise en scène). Cela reste spectaculaire, mais la saveur particulière du début a disparu.

15:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 18 juillet 2023

Bron, saison 3

   Depuis la fin du mois de juin, l'intégralité de la troisième saison de cette série suédo-danoise (à moins que ce ne soit dano-suédoise) est disponible sur le site d'Arte. J'avais découvert les deux premières saisons au cours du troisième confinement (dont ce fut sans doute l'un des rares aspects positifs, me concernant).

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   C'est toujours un duo binational d'enquêteurs qui mène la danse. On retrouve l'atypique (et ravissante) Suédoise Saga Noren, épaulée cette fois-ci successivement par deux Danois. Son précédent partenaire, Martin, est en prison (en partie à cause d'elle). Lui succèdent une femme au caractère bien trempé puis, dans des circonstances que je me garderai de révéler, un homme, Henrik, qui semble aussi tourmenté que sa collègue.

   C'est l'un des intérêts de cette saison : confronter l'autiste de talent (qui a de plus en plus de mal à côtoyer les gens "normaux") à un autre policier désaxé (pour d'autres raisons). De tous ses partenaires, c'est sans doute celui dont elle va se sentir la plus proche... mais voilà que débarque sa mère, dont les intentions sont troubles...

   La complicité (affective et professionnelle) de Saga et Henrik va être mise à rude épreuve, au cours d'une enquête à rebondissements. Un mystérieux assassin (ou plusieurs assassins ?) s'inspire de tableaux pour mettre en scène ses crimes. Il va falloir beaucoup de temps aux policiers pour trouver les liens qui unissent (presque) toutes les victimes. L'aspect enquête est toujours aussi passionnant.

   Le scénario multiplie les arcs narratifs et brasse les sujets de société : famille d'accueil, abandon, guerre en Afghanistan, toxicomanie, réussite sociale, médias numériques, politique identitaire, PMA, GPA...

   C'est prenant, très bien joué (à voir de préférence en VO, mais la VF est potable) et c'est plutôt bien filmé. Je recommande vivement... et j'espère qu'Arte aura bientôt la bonne idée de mettre en ligne la quatrième et dernière saison. (Les deux premières sont aussi accessibles en ligne.)

samedi, 15 juillet 2023

Limbo

   Dans une métropole d'Asie orientale, des crimes horribles sont commis contre des jeunes femmes. La traque est menée par un duo de policiers mal assortis : un jeune, rigoureux, adepte de méthodes "à l'américaine" et un plus âgé, plus expérimenté, plus tourmenté... et moins scrupuleux vis-à-vis du règlement...

   ... Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr ! Memories of murder, de Joon-Ho Bong (récompensé par la suite pour Parasite). Ce petit bijou de polar en a déjà inspiré d'autres, coréens comme The Strangers, chinois comme Une Pluie sans fin.

   Là aussi on s'en mange, de la pluie. Au début, au milieu, à la fin, par dessus, par dessous, quand y a meurtre, quand y a pas meurtre... ce qui ne facilite pas la tâche des enquêteurs, qui ne pensent jamais à se munir de parapluie (ni à se servir d'un objet de substitution pour se préserver de l'eau). Ils en sont encore à présenter des photographies d'identification sur papier (alors que les spectateurs des scènes de crime filment tout sur smartphone)... Bref, on se fout un peu de notre gueule.

   Je reconnais toutefois que c'est plutôt bien filmé, très bien photographié... mais pas très bien joué/dirigé. Trop d'emphase, de clichés, de cris, de pleurnicheries. La crasse, la dégueulasserie, ça ne me dérange pas... même si personne en Chine, encore moins à Hongkong, n'imagine des quartiers de la ville aussi sales. (Cela a été exagéré pour le film.) Les acteurs ont tendance à en faire des caisses, avec cependant la prestation de Yase Liu à sauver. Vu ce qu'on lui demande de faire, la jeune actrice fournit de louables efforts et contribue à rendre l'intrigue intéressante à suivre.

   Mais, trop souvent, un problème de vraisemblance se pose. Cela commence par ces femmes sans-abri qui toutes ont une dentition exceptionnelle. Cela continue avec des coïncidences qui n'en sont pas (mais dont le réalisateur a besoin pour tenter de mener son histoire à son terme). Il y a surtout ce tueur insubmersible, capable de défoncer deux flics vigoureux, alors qu'il s'est déjà pris un tournevis dans le poumon gauche, un éclat de verre dans le bide et un autre dans le dos. Je ne vous parle même pas des coups qu'il a reçus...

   Cela donne un film pas indigne, pas désagréable à regarder, mais qui a été un poil survendu et finit par devenir agaçant.

21:20 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Limbo

   Dans une métropole d'Asie orientale, des crimes horribles sont commis contre des jeunes femmes. La traque est menée par un duo de policiers mal assortis : un jeune, rigoureux, adepte de méthodes "à l'américaine" et un plus âgé, plus expérimenté, plus tourmenté... et moins scrupuleux vis-à-vis du règlement...

   ... Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr ! Memories of murder, de Joon-Ho Bong (récompensé par la suite pour Parasite). Ce petit bijou de polar en a déjà inspiré d'autres, coréens comme The Strangers, chinois comme Une Pluie sans fin.

   Là aussi on s'en mange, de la pluie. Au début, au milieu, à la fin, par dessus, par dessous, quand y a meurtre, quand y a pas meurtre... ce qui ne facilite pas la tâche des enquêteurs, qui ne pensent jamais à se munir de parapluie (ni à se servir d'un objet de substitution pour se préserver de l'eau). Ils en sont encore à présenter des photographies d'identification sur papier (alors que les spectateurs des scènes de crime filment tout sur smartphone)... Bref, on se fout un peu de notre gueule.

   Je reconnais toutefois que c'est plutôt bien filmé, très bien photographié... mais pas très bien joué/dirigé. Trop d'emphase, de clichés, de cris, de pleurnicheries. La crasse, la dégueulasserie, ça ne me dérange pas... même si personne en Chine, encore moins à Hongkong, n'imagine des quartiers de la ville aussi sales. (Cela a été exagéré pour le film.) Les acteurs ont tendance à en faire des caisses, avec cependant la prestation de Yase Liu à sauver. Vu ce qu'on lui demande de faire, la jeune actrice fournit de louables efforts et contribue à rendre l'intrigue intéressante à suivre.

   Mais, trop souvent, un problème de vraisemblance se pose. Cela commence par ces femmes sans-abri qui toutes ont une dentition exceptionnelle. Cela continue avec des coïncidences qui n'en sont pas (mais dont le réalisateur a besoin pour tenter de mener son histoire à son terme). Il y a surtout ce tueur insubmersible, capable de défoncer deux flics vigoureux, alors qu'il s'est déjà pris un tournevis dans le poumon gauche, un éclat de verre dans le bide et un autre dans le dos. Je ne vous parle même pas des coups qu'il a reçus...

   Cela donne un film pas indigne, pas désagréable à regarder, mais qui a été un poil survendu et finit par devenir agaçant.

21:20 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 14 juillet 2023

King Kong (1933)

   C'est un débat de cinéphiles : quelle version du film King Kong est la meilleure ?... étant entendu que la dernière, le Skull Island de Jordan Vogt-Roberts, pour spectaculaire qu'elle soit, ne figure pas en haut du podium. La discussion oppose généralement les partisans (plus nombreux) de Peter Jackson (auteur de la version de 2005) à ceux de John Guillermin (auteur du film sorti en 1976, avec Jessica Lange). Mais certains puristes estiment que c'est la version d'origine, datant de 1933, qui est la plus belle.

   ... et ça tombe bien, parce que c'est celle que j'ai (re)vue récemment, à la Cinémathèque de Toulouse. La programmation estivale de ce temple de la cinéphilie propose des séances en plein air, à 22 heures, le même film étant rediffusé le lendemain, dans la grande salle, à 19 heures. (Hier soir, il y avait un monde fou pour le Manhattan de Woody, projeté évidement en version originale sous-titrée.)

   En caisse, on prévient le public de ne pas s'inquiéter du début, les premières minutes n'étant constituées que d'une musique de fond, sur un écran noir. (Cela correspond peut-être au générique, qui semble avoir été perdu, tout comme l'une des scènes du film, avec une araignée géante.)

   Le contexte de départ est intéressant. Le film a été tourné en 1932, alors que les États-Unis sont en pleine Dépression. La future héroïne vit seule, sans emploi, affamée. Un réalisateur ambitieux (réputé pour ses "films de jungle"), désirant faire un coup, l'embauche pour une mystérieuse expédition, devant donner naissance à un long-métrage.

   Les spectateurs du XXIe siècle seront peut-être un peu irrités par la caractérisation du principal personnage féminin. Fay Wray incarne une jolie blonde, qui s'amourache facilement d'un officier de marine (qui a un petit côté Harrison Ford) et passe l'essentiel de la seconde partie du film à crier. De surcroît, dans les dialogues, on entend certains personnages masculins dire tout le mal qu'ils pensent des femmes, dans la vie, sur un tournage ou sur un bateau. Au moins l'un d'entre eux va (un peu) changer d'opinion...

   Quand l'équipage débarque sur l'île mystérieuse, marquée par la présence de "la montagne du crâne", on ne s'étonnera pas de la manière dont sont représentés les "sauvages" à la peau sombre et aux cheveux crépus. C'est conforme aux mentalités occidentales de l'époque. Ceci dit, dans le film, l'équipage fait preuve d'un certain respect vis-à-vis des "indigènes". De plus, à un moment, alors que les hommes armés pourraient perpétrer un massacre, ils se contentent d'effrayer les habitants de l'île.

   Je pense que le scénario se veut progressiste. Dans les scènes se situant à New York, il montre notamment les écarts de richesse. Ainsi, quand "la bête" est ramenée aux États-Unis, le billet d'entrée pour le spectacle de son exposition coûte 20 dollars de l'époque, ce qui pourrait correspondre, en terme de pouvoir d'achat, à 350-400 euros d'aujourd'hui ! (Pendant ce temps-là, à deux rues de là, des gens sont au bord de la famine...)

   On peut même y voir une dénonciation indirecte du racisme : quand elle apprend qu'au lieu d'une séance de cinéma, elle va assister à la présentation d'un gigantesque gorille, l'une des spectatrices, en tenue de soirée chic, s'exclame : « Un gorille ! On en a déjà bien assez dans nos rues ! » Vu ce que devait représenter le prix d'une place de cinéma en cette période de crise, les auteurs du film ont pris le risque de prendre une partie de leur public à rebrousse-poil... tout en confortant les clichés sur les "indigènes" des îles. Voilà de quoi gagner sur les deux tableaux.

   Mais revenons à nos moutons monstres. Il n'y en a pas qu'un sur l'île. Une fois la belle et blonde actrice enlevée par le grand singe, les hommes partis à sa recherche vont croiser un stégosaure... et un petit cousin de Nessie. Pendant ce temps-là, King Kong doit défendre sa nouvelle dulcinée contre les appétits d'un tyrannosaure, puis d'un serpent géant, enfin d'un ptérodactyle.

   C'est le moment d'évoquer les effets spéciaux. Ceux du film sont à la pointe de ce qui se faisait à l'époque... même si cela fait sourire une partie du public. Les réalisateurs sont parvenus à insérer des personnages et des objets dans une image déjà tournée et ils ont aussi composé certaines scènes avec deux plans différents, qui ont été juxtaposés. Quant aux grosses bébêtes, ce sont des poupées filmées image par image. (Seuls la tête, une main et un pied de Kong ont été fabriqués en très grand format.) Cela a dû demander un travail de fou. Au début, on trouve évidemment cela maladroit. Mais, quand les scènes de combat surviennent, on se prend à apprécier le soin du détail... et quelques traits d'humour, comme lorsque le gorille, après une lutte acharnée, vérifie (de manière cocasse) que le tyrannosaure est bien mort !

   Plaisante aussi est la séance d'effeuillage pratiquée par Kong sur sa nouvelle "conquête" (passage qui fut jadis censuré, avant d'être réintroduit lors de la réédition du film). Les animateurs parviennent à nous faire comprendre le plaisir qu'éprouve le primate à renifler les vêtements de l'actrice... peut-être parce qu'ils exhalent un parfum délicieux... à moins que ce ne soit la transpiration de la jeune femme (qui s'est beaucoup démenée durant les heures qui ont précédé) qui excite le gorille. (J'ai toutefois préféré les interactions entre le Kong de 1976 et Jessica Lange, à mon avis meilleure actrice que Fay Wray.)

   L'une des meilleures séquences reste la mythique bagarre sur l'Empire State Building (parfois attribuée à tort au remake de 1976, qui s'achève lui au niveau des Twin Towers du World Trade Center, inaugurées trois ans auparavant). J'ai beau avoir vu cette fin sous différentes formes quinze à vingt fois, eh bien, j'ai encore été ému. Le grand singe de la forêt, transporté dans la jungle urbaine new-yorkaise, découvre que les armes des petits hommes peuvent lui faire très mal... et le priver de son amour.

   Ce film-ci, comme les autres, pose une question fondamentale : qui est le plus monstrueux ?

23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire