samedi, 22 septembre 2018
Peppermint
Cette menthe est le goût de la glace commandée par la fille de l'héroïne le soir de son anniversaire, quand ses parents l'ont emmenée à la fête foraine. Ce fut sa dernière glace. Sa mère Riley North (Jennifer Garner, pour une fois très bien) va vouloir venger sa mort ainsi que celle de son mari.
C'est ce que l'on apprend au cours du retour en arrière qui succède à la première (brève) séquence, qui se déroule dans une voiture garée dans un coin isolé. J'ai bien aimé cette mise en train qui joue sur l'ambiguïté : la caméra filmant d'abord de l'extérieur, on se demande vraiment ce qui se passe dans le véhicule...
La suite nous plonge dans un maelstrom de vengeance. La douce Riley va muer en redoutable Némésis... après avoir acquis les bases de la box thaï, du maniement des armes et de l'art de la filature. On la retrouve cinq ans plus tard affûtée comme jamais (mais le visage marqué -semble-t-il- par quelques traces de recours à la chirurgie esthétique...).
Pierre Morel (réalisateur du premier Taken) connaît son boulot. Il nous livre un film d'action maîtrisé, quasiment sans temps mort, où l'on sent la volonté de proposer une oeuvre réaliste (le vengeur n'étant pas une nouvelle incarnation du super-héros). C'est quand même un peu putassier sur le fond (les méchants sont délicieusement caricaturaux), néanmoins assez habile sur le plan scénaristique : il n'est pas facile de deviner qui est la taupe des trafiquants au sein de la police. Quelques mois après Death Wish, voici donc un second très bon film de justicier, pour amateurs du genre.
P.S.
Angelina Jolie et Demi Moore furent sans doute les premières actrices à porter un film d'action sur leurs épaules (avec, je pense, l'aide de cascadeuses). Ces dernières années, on remarque que les comédiennes sont plus nombreuses à incarner des héroïnes "burnées" à l'écran : Blake Lively dans Instinct de survie, Charlize Theron dans Atomic Blonde et Alicia Vikander dans Tomb Raider. Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre.
22:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 21 septembre 2018
Burning
Ce feu autour duquel tourne l'intrigue du film de Lee Chang-Dong est à prendre à la fois au sens littéral et au sens figuré. Au sens littéral, il s'agit des incendies provoqués (ceux de serres, celui d'une voiture). Au sens figuré, cela désigne le feu intérieur qui consume les trois personnages principaux. Haemi la travailleuse précaire voudrait donner un sens à sa vie, mais ne sait pas trop comment. Jongsoo le fils de paysan croit que la chance est enfin en train de lui sourire, quand l'amour frappe à sa porte.. mais il a du mal à exprimer ses sentiments. Ben le jeune millionnaire est en quête de sensations, pour continuer à prendre goût à la vie.
Si ces personnages parlent (beaucoup dans la première moitié de l'histoire), ils ne se dévoilent guère. C'est peut-être le résultat d'une pudeur naturelle (ou inculquée dès le plus jeune âge)... ou un calcul, chacun ayant visiblement des choses à cacher. Ainsi Haemi prétend être tombée jadis dans un puits, à côté de chez elle... sauf que, lorsque l'on se rend sur place, il semble que ce puits n'ait jamais existé. Jongsoo revient chez son père tenir la ferme... où il ne reste qu'une génisse, bien mal en point. Quant à Ben, rien ne semble l'atteindre ; il oscille entre un ennui à peine dissimulé et un regard narquois posé sur ses contemporains.
Les deux premières parties (la première sans Ben), assez bavardes, auraient dû me rebuter. Il y a comme un hommage à la Nouvelle Vague française dans ces scènes de dialogues qui ne nous apprennent rien, mais qui sont très bien jouées... et mises en scène avec talent. Le cadre, la photographie, les mouvements (discrets) de caméra concourent (avec la musique jazzy très chouette) à créer une atmosphère où la recherche esthétique voisine avec une tension grandissante.
Le problème est que je suis parvenu à dénouer assez rapidement les fils. L'un des personnages parle par métaphore. Dès qu'on a saisi le truc, on comprend ce qui va suivre. On est aussi guidé par une scène clé, un soir, quand l'un des trois principaux protagonistes invite les deux autres chez lui. Ce que l'on voit dans la salle de bains est sans équivoque. Bref, au bout d'1h30, j'avais tout compris.
Il restait à se "fader" encore presque une heure. Le réalisateur, soucieux de ménager le public mal-comprenant qui aurait (par mégarde) choisi de venir voir son film, utilise l'artifice du chat pour révéler la clé du mystère. A partir de là, on se dirige vers une fin prévisible, de manière languissante, trop soulignée. Au niveau de la mise en scène, c'est toujours aussi brillant, mais, franchement, j'ai plusieurs fois regardé ma montre.
Pour tuer le temps, je me suis davantage concentré sur le propos politique qui sous-tend l'intrigue. Le creusement des inégalités sociales est visible à plusieurs reprises, à travers notamment le contraste entre le mode de vie luxueux de Ben (et de ses amis) et la dèche que connaissent Haemi et Jongsoo. C'est encore plus flagrant à travers le fonctionnement de la justice... mais là, il ne faut pas que j'en dise trop.
ATTENTION ! LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE
Outre Faulkner et Murakumi, les auteurs ont peut-être lu La Fontaine (Les animaux malades de la peste)... voire écouté Michel Sardou ! Le film met en scène une évidente discrépance judiciaire entre le traitement administré au père du héros (sanctionné par de la prison ferme pour outrage et rébellion) et la vie du personnage meurtrier, qui passe sans peine entre les mailles du filet.
Le propos marxisant (on est en pleine lutte des classes) s'applique jusqu'au langage, puisque l'assassin, pour qui veut le comprendre, dit ce qu'il a fait et ce qu'il va faire... Encore faut-il savoir ce qu'est une métaphore.
P.S.
Toutes ces considérations sont peut-être superfétatoires, vu que ce qui nous est montré à l'écran pourrait n'être que... le produit de l'imagination de Jongsoo, qui tente d'écrire son roman, Haemi étant une incarnation de la femme idéale (pour lui), Ben étant son double narcissique décoincé.
Fiction ou réalité ? A vous de choisir !
22:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Burning
Ce feu autour duquel tourne l'intrigue du film de Lee Chang-Dong est à prendre à la fois au sens littéral et au sens figuré. Au sens littéral, il s'agit des incendies provoqués (ceux de serres, celui d'une voiture). Au sens figuré, cela désigne le feu intérieur qui consume les trois personnages principaux. Haemi la travailleuse précaire voudrait donner un sens à sa vie, mais ne sait pas trop comment. Jongsoo le fils de paysan croit que la chance est enfin en train de lui sourire, quand l'amour frappe à sa porte.. mais il a du mal à exprimer ses sentiments. Ben le jeune millionnaire est en quête de sensations, pour continuer à prendre goût à la vie.
Si ces personnages parlent (beaucoup dans la première moitié de l'histoire), ils ne se dévoilent guère. C'est peut-être le résultat d'une pudeur naturelle (ou inculquée dès le plus jeune âge)... ou un calcul, chacun ayant visiblement des choses à cacher. Ainsi Haemi prétend être tombée jadis dans un puits, à côté de chez elle... sauf que, lorsque l'on se rend sur place, il semble que ce puits n'ait jamais existé. Jongsoo revient chez son père tenir la ferme... où il ne reste qu'une génisse, bien mal en point. Quant à Ben, rien ne semble l'atteindre ; il oscille entre un ennui à peine dissimulé et un regard narquois posé sur ses contemporains.
Les deux premières parties (la première sans Ben), assez bavardes, auraient dû me rebuter. Il y a comme un hommage à la Nouvelle Vague française dans ces scènes de dialogues qui ne nous apprennent rien, mais qui sont très bien jouées... et mises en scène avec talent. Le cadre, la photographie, les mouvements (discrets) de caméra concourent (avec la musique jazzy très chouette) à créer une atmosphère où la recherche esthétique voisine avec une tension grandissante.
Le problème est que je suis parvenu à dénouer assez rapidement les fils. L'un des personnages parle par métaphore. Dès qu'on a saisi le truc, on comprend ce qui va suivre. On est aussi guidé par une scène clé, un soir, quand l'un des trois principaux protagonistes invite les deux autres chez lui. Ce que l'on voit dans la salle de bains est sans équivoque. Bref, au bout d'1h30, j'avais tout compris.
Il restait à se "fader" encore presque une heure. Le réalisateur, soucieux de ménager le public mal-comprenant qui aurait (par mégarde) choisi de venir voir son film, utilise l'artifice du chat pour révéler la clé du mystère. A partir de là, on se dirige vers une fin prévisible, de manière languissante, trop soulignée. Au niveau de la mise en scène, c'est toujours aussi brillant, mais, franchement, j'ai plusieurs fois regardé ma montre.
Pour tuer le temps, je me suis davantage concentré sur le propos politique qui sous-tend l'intrigue. Le creusement des inégalités sociales est visible à plusieurs reprises, à travers notamment le contraste entre le mode de vie luxueux de Ben (et de ses amis) et la dèche que connaissent Haemi et Jongsoo. C'est encore plus flagrant à travers le fonctionnement de la justice... mais là, il ne faut pas que j'en dise trop.
ATTENTION ! LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE
Outre Faulkner et Murakumi, les auteurs ont peut-être lu La Fontaine (Les animaux malades de la peste)... voire écouté Michel Sardou ! Le film met en scène une évidente discrépance judiciaire entre le traitement administré au père du héros (sanctionné par de la prison ferme pour outrage et rébellion) et la vie du personnage meurtrier, qui passe sans peine entre les mailles du filet.
Le propos marxisant (on est en pleine lutte des classes) s'applique jusqu'au langage, puisque l'assassin, pour qui veut le comprendre, dit ce qu'il a fait et ce qu'il va faire... Encore faut-il savoir ce qu'est une métaphore.
P.S.
Toutes ces considérations sont peut-être superfétatoires, vu que ce qui nous est montré à l'écran pourrait n'être que... le produit de l'imagination de Jongsoo, qui tente d'écrire son roman, Haemi étant une incarnation de la femme idéale (pour lui), Ben étant son double narcissique décoincé.
Fiction ou réalité ? A vous de choisir !
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mercredi, 19 septembre 2018
Une île britannique dans la zone euro
Ce titre est volontairement paradoxal, à l'heure où l'entrée en vigueur du Brexit se rapproche. Elle m'est venue à l'esprit en regardant les derniers épisodes de le septième saison de la série Meurtres au paradis, diffusés sur France 2.
Les spectateurs amateurs de cette comédie policière (produite par la BBC) savent que les épisodes sont tournés en grande partie en... Guadeloupe. L'île de la fiction (censée se trouver entre ce département-région d'outremer français et la Dominique) est une possession de la Couronne, qui aurait appartenu à la France, d'où les télescopages entre les références culturelles... et une distribution franco-britannique.
Même si les producteurs ont le souci du détail, ayant construit un arrière-plan anglo-caribéen aux intrigues, on remarque ici et là des détails qui révèlent l'implantation du tournage. Ce sont tout d'abord les plaques minéralogiques des véhicules, très souvent floutées dans les épisodes les plus récents, davantage visibles dans les plus anciens. Par exemple, voici ce qu'un œil exercé pouvait remarquer dans l'épisode 7 de la saison 7 :
En dépit du floutage, on réalise qu'à gauche de la plaque figure un F. A l'extrémité opposée, on doit pouvoir déchiffrer un 971, le code minéralogique de la Guadeloupe. A l'arrière-plan, l'ambulance est un véhicule Renault, sur lequel des inscriptions sont en langue française.
Et voici une image plus ancienne, tirée de l'un des premiers épisodes (de la saison 1), dans lesquels l'enquêteur britannique Richard Poole était incarné par Ben Miller :
Mieux encore : dans l'épisode 8 (le dernier de la saison), un rapide plan de l'étal d'un vendeur de fruits et légumes ne laisse rien ignorer du contexte monétaire de l'île :
Les prix sont en euros, alors que, lorsqu'il est question d'argent dans les intrigues, c'est en dollars des Caraïbes (monnaie en vigueur -notamment- en Dominique et à Sainte-Lucie) que les sommes sont exprimées. On peut entrapercevoir le même type d'image, souvent, dans le générique de fin, par exemple dans celui de l'épisode 8 de la saison 6 :
01:05 Publié dans Politique, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, médias, actualité
Une île britannique dans la zone euro
Ce titre est volontairement paradoxal, à l'heure où l'entrée en vigueur du Brexit se rapproche. Elle m'est venue à l'esprit en regardant les derniers épisodes de le septième saison de la série Meurtres au paradis, diffusés sur France 2.
Les spectateurs amateurs de cette comédie policière (produite par la BBC) savent que les épisodes sont tournés en grande partie en... Guadeloupe. L'île de la fiction (censée se trouver entre ce département-région d'outremer français et la Dominique) est une possession de la Couronne, qui aurait appartenu à la France, d'où les télescopages entre les références culturelles... et une distribution franco-britannique.
Même si les producteurs ont le souci du détail, ayant construit un arrière-plan anglo-caribéen aux intrigues, on remarque ici et là des détails qui révèlent l'implantation du tournage. Ce sont tout d'abord les plaques minéralogiques des véhicules, très souvent floutées dans les épisodes les plus récents, davantage visibles dans les plus anciens. Par exemple, voici ce qu'un œil exercé pouvait remarquer dans l'épisode 7 de la saison 7 :
En dépit du floutage, on réalise qu'à gauche de la plaque figure un F. A l'extrémité opposée, on doit pouvoir déchiffrer un 971, le code minéralogique de la Guadeloupe. A l'arrière-plan, l'ambulance est un véhicule Renault, sur lequel des inscriptions sont en langue française.
Et voici une image plus ancienne, tirée de l'un des premiers épisodes (de la saison 1), dans lesquels l'enquêteur britannique Richard Poole était incarné par Ben Miller :
Mieux encore : dans l'épisode 8 (le dernier de la saison), un rapide plan de l'étal d'un vendeur de fruits et légumes ne laisse rien ignorer du contexte monétaire de l'île :
Les prix sont en euros, alors que, lorsqu'il est question d'argent dans les intrigues, c'est en dollars des Caraïbes (monnaie en vigueur -notamment- en Dominique et à Sainte-Lucie) que les sommes sont exprimées. On peut entrapercevoir le même type d'image, souvent, dans le générique de fin, par exemple dans celui de l'épisode 8 de la saison 6 :
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dimanche, 16 septembre 2018
Une nonne pas très catholique
Depuis quelques semaines, France 3 diffuse la onzième saison d'une série policière que j'affectionne : Les Enquêtes de Murdoch. Pour faire patienter les téléspectateurs entre deux saisons, la chaîne publique avait mis en ligne, il y a plusieurs mois, une mini-série (toujours accessible sur la Toile au moment où j'écris ces lignes) au ton particulièrement décalé.
Le neuvième épisode de la onzième saison, diffusé ce dimanche 16 septembre, n'a pas dû décevoir les fans. Les policiers (épaulés par le docteur Julia Ogden, désormais mariée à Murdoch) doivent déjouer les projets d'un tueur machiavélique, qui a fait publier dans la presse les avis de décès de personnes parfaitement en vie... mais qu'il a l'intention d'assassiner.
L'une des victimes potentielles, amenée au poste de police, est une nonne, appelée Anna-Maria. Outre le fait qu'elle n'inspire guère de sympathie, elle se remarque par un détail saugrenu qui a visiblement échappé à la production de la série canadienne :
L'annulaire gauche de la moniale porte une alliance, ce qui est contradictoire avec le voeu de chasteté qu'elle est censée avoir prononcé. Ou alors cette religieuse a d'abord été mariée, avant de rejoindre les ordres. Mais elle aurait dû quand même ôter son alliance. Il est étonnant que, vu le souci du détail qui anime les auteurs de la série, personne n'ait "tiqué" devant cette incohérence. Cela rappelle certains vieux péplums, dans lesquels des acteurs ont oublié d'ôter leur montre... ou d'en masquer la trace révélée par l'absence de bronzage...
23:59 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, actualité, télévision, médias
Une nonne pas très catholique
Depuis quelques semaines, France 3 diffuse la onzième saison d'une série policière que j'affectionne : Les Enquêtes de Murdoch. Pour faire patienter les téléspectateurs entre deux saisons, la chaîne publique avait mis en ligne, il y a plusieurs mois, une mini-série (toujours accessible sur la Toile au moment où j'écris ces lignes) au ton particulièrement décalé.
Le neuvième épisode de la onzième saison, diffusé ce dimanche 16 septembre, n'a pas dû décevoir les fans. Les policiers (épaulés par le docteur Julia Ogden, désormais mariée à Murdoch) doivent déjouer les projets d'un tueur machiavélique, qui a fait publier dans la presse les avis de décès de personnes parfaitement en vie... mais qu'il a l'intention d'assassiner.
L'une des victimes potentielles, amenée au poste de police, est une nonne, appelée Anna-Maria. Outre le fait qu'elle n'inspire guère de sympathie, elle se remarque par un détail saugrenu qui a visiblement échappé à la production de la série canadienne :
L'annulaire gauche de la moniale porte une alliance, ce qui est contradictoire avec le voeu de chasteté qu'elle est censée avoir prononcé. Ou alors cette religieuse a d'abord été mariée, avant de rejoindre les ordres. Mais elle aurait dû quand même ôter son alliance. Il est étonnant que, vu le souci du détail qui anime les auteurs de la série, personne n'ait "tiqué" devant cette incohérence. Cela rappelle certains vieux péplums, dans lesquels des acteurs ont oublié d'ôter leur montre... ou d'en masquer la trace révélée par l'absence de bronzage...
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De chaque instant
La sortie de ce documentaire est l'occasion de (re)découvrir les oeuvres précédentes de Nicolas Philibert, comme le célèbre Etre et avoir, mais aussi Nénette et Retour en Normandie (moins La Maison de la radio). Il y a une vingtaine d'années, le réalisateur s'était intéressé à la vie d'une clinique psychiatrique (dans La moindre des choses). Ici, il s'est plongé dans la formation des infirmières.
Le film est découpé en trois parties. La première montre le début de la formation des apprenti-e-s (car il y a quelques hommes dans le groupe). Si l'on excepte la surreprésentation des femmes, la plus jeune promotion présente un portrait saisissant de la population française dans toute sa diversité : les Blancs métropolitains côtoient quelques ultramarins (moins nombreux qu'il y a vingt ou trente ans) et des enfants de l'immigration africaine et asiatique. Ces derniers sont sans doute un peu surreprésentés (mais le film a été tourné dans un établissement de Montreuil). C'est souvent drôle, parfois en raison de la maladresse des apprenti-e-s, parfois en raison de la cocasserie des situations (un futur infirmier joue une parturiente... en étant doté d'un vagin artificiel). La première demi-heure passe comme un charme. Je note que les jeunes femmes sont très souvent jolies, un aspect qui ne va pas contribuer à faire disparaître les fantasmes masculins portant sur les infirmières...
La deuxième partie montre les jeunes sur le terrain, dans différentes situations. Il me semble que c'est à partir de ce moment que l'auteur a choisi de mélanger les promotions : on voit des étudiant-e-s en première, deuxième ou troisième année. Les patients sont majoritairement des personnes âgées ou des enfants. On voit très peu d'adultes de 20 à 60 ans. Comme les soignants, ils sont issus de différentes catégories de population. C'est filmé avec tact et précision. A quelques reprises, j'ai compati avec un-e patient-e. On apprécie quand la prise de sang est pratiquée par une professionnelle expérimentée ! On nous a toutefois évité les cas les plus sordides.
La troisième partie est centrée sur les retours d'expériences et sur la future affectation des étudiant-e-s en troisième année. Ces dialogues entre formateurs et apprenants sont riches d'anecdotes, dont on comprend souvent qu'elles n'étaient pas montrables à l'écran. La dureté du métier apparaît davantage qu'auparavant, tout comme la motivation des jeunes. Leurs formateurs sont aussi bien mis en valeur, à travers l'expérience et le recul qu'ils apportent aux futures infirmières.
Même s'il y a quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé ce film, qu'il faudrait faire voir à tous les décideurs politiques qui trouvent que l'hôpital coûte trop cher.
15:48 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
De chaque instant
La sortie de ce documentaire est l'occasion de (re)découvrir les oeuvres précédentes de Nicolas Philibert, comme le célèbre Etre et avoir, mais aussi Nénette et Retour en Normandie (moins La Maison de la radio). Il y a une vingtaine d'années, le réalisateur s'était intéressé à la vie d'une clinique psychiatrique (dans La moindre des choses). Ici, il s'est plongé dans la formation des infirmières.
Le film est découpé en trois parties. La première montre le début de la formation des apprenti-e-s (car il y a quelques hommes dans le groupe). Si l'on excepte la surreprésentation des femmes, la plus jeune promotion présente un portrait saisissant de la population française dans toute sa diversité : les Blancs métropolitains côtoient quelques ultramarins (moins nombreux qu'il y a vingt ou trente ans) et des enfants de l'immigration africaine et asiatique. Ces derniers sont sans doute un peu surreprésentés (mais le film a été tourné dans un établissement de Montreuil). C'est souvent drôle, parfois en raison de la maladresse des apprenti-e-s, parfois en raison de la cocasserie des situations (un futur infirmier joue une parturiente... en étant doté d'un vagin artificiel). La première demi-heure passe comme un charme. Je note que les jeunes femmes sont très souvent jolies, un aspect qui ne va pas contribuer à faire disparaître les fantasmes masculins portant sur les infirmières...
La deuxième partie montre les jeunes sur le terrain, dans différentes situations. Il me semble que c'est à partir de ce moment que l'auteur a choisi de mélanger les promotions : on voit des étudiant-e-s en première, deuxième ou troisième année. Les patients sont majoritairement des personnes âgées ou des enfants. On voit très peu d'adultes de 20 à 60 ans. Comme les soignants, ils sont issus de différentes catégories de population. C'est filmé avec tact et précision. A quelques reprises, j'ai compati avec un-e patient-e. On apprécie quand la prise de sang est pratiquée par une professionnelle expérimentée ! On nous a toutefois évité les cas les plus sordides.
La troisième partie est centrée sur les retours d'expériences et sur la future affectation des étudiant-e-s en troisième année. Ces dialogues entre formateurs et apprenants sont riches d'anecdotes, dont on comprend souvent qu'elles n'étaient pas montrables à l'écran. La dureté du métier apparaît davantage qu'auparavant, tout comme la motivation des jeunes. Leurs formateurs sont aussi bien mis en valeur, à travers l'expérience et le recul qu'ils apportent aux futures infirmières.
Même s'il y a quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé ce film, qu'il faudrait faire voir à tous les décideurs politiques qui trouvent que l'hôpital coûte trop cher.
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mercredi, 12 septembre 2018
Searching - Portée disparue
Ce suspens numérique démarre par une séquence qui ne manque pas d'originalité. On découvre l'histoire de la famille Kim (le père, la mère et la fille) à travers leur utilisation des outils technologiques, depuis l'enfance de la gamine (Margot) jusqu'au soir de sa disparition. C'est aussi une outrageuse publicité pour un tas d'entreprises (plus ou moins) connues. Dans la version française, l'habillage numérique a été entièrement adapté à notre langue, de manière encore plus rigoureuse que dans Unfriended.
Le premier constat que l'on peut faire est que les membres de cette famille moderne vivent beaucoup à travers les outils technologiques. Presque toute leur vie est stockée soit sur l'ordinateur, soit sur des réseaux sociaux. Pour moi, c'est un peu effrayant... mais cela permet à l'intrigue du film de tenir la route, nous ménageant pas mal de rebondissements !
La qualité de l'image m'a agréablement surpris, compte tenu du fait que l'on ne voit les personnages qu'à travers des écrans d'ordinateurs, des webcams ou des vidéos numériques. Les auteurs ont visiblement tenu à exploiter le maximum de sources. Je fais partie des spectateurs qui, sans être ignorants sur le plan des TIC, ont découvert pas mal de choses dans ce film.
Un premier deuil frappe la famille des héros. C'est finalement assez pudiquement mis en scène. J'ai été touché par ce mari qui ne sait comment gérer sa douleur et se coupe, sans s'en rendre compte, de sa fille adorée. La disparition de celle-ci lui fait comprendre qu'il ne la connaissait pas aussi bien qu'il le pensait... mais, en bon papa poule, il est parfois emporté par son imagination inquiète.
L'enquête qui est lancée pour retrouver la fille (en espérant qu'elle soit encore en vie) est fort bien menée, avec quelques fausses pistes habilement distillées. Soyez bien attentifs aux premières scènes qui suivent la découverte de la disparition de Margot : quelques indices y ont été dissimulés.
Même si la dernière partie est un peu mélo, même si la version française (au niveau des dialogues) n'est pas transcendante, j'ai été pris dans le mouvement, guettant le retournement scénaristique (forcément !), craignant/espérant un ultime rebondissement.
C'est un bon film de genre.
22:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Searching - Portée disparue
Ce suspens numérique démarre par une séquence qui ne manque pas d'originalité. On découvre l'histoire de la famille Kim (le père, la mère et la fille) à travers leur utilisation des outils technologiques, depuis l'enfance de la gamine (Margot) jusqu'au soir de sa disparition. C'est aussi une outrageuse publicité pour un tas d'entreprises (plus ou moins) connues. Dans la version française, l'habillage numérique a été entièrement adapté à notre langue, de manière encore plus rigoureuse que dans Unfriended.
Le premier constat que l'on peut faire est que les membres de cette famille moderne vivent beaucoup à travers les outils technologiques. Presque toute leur vie est stockée soit sur l'ordinateur, soit sur des réseaux sociaux. Pour moi, c'est un peu effrayant... mais cela permet à l'intrigue du film de tenir la route, nous ménageant pas mal de rebondissements !
La qualité de l'image m'a agréablement surpris, compte tenu du fait que l'on ne voit les personnages qu'à travers des écrans d'ordinateurs, des webcams ou des vidéos numériques. Les auteurs ont visiblement tenu à exploiter le maximum de sources. Je fais partie des spectateurs qui, sans être ignorants sur le plan des TIC, ont découvert pas mal de choses dans ce film.
Un premier deuil frappe la famille des héros. C'est finalement assez pudiquement mis en scène. J'ai été touché par ce mari qui ne sait comment gérer sa douleur et se coupe, sans s'en rendre compte, de sa fille adorée. La disparition de celle-ci lui fait comprendre qu'il ne la connaissait pas aussi bien qu'il le pensait... mais, en bon papa poule, il est parfois emporté par son imagination inquiète.
L'enquête qui est lancée pour retrouver la fille (en espérant qu'elle soit encore en vie) est fort bien menée, avec quelques fausses pistes habilement distillées. Soyez bien attentifs aux premières scènes qui suivent la découverte de la disparition de Margot : quelques indices y ont été dissimulés.
Même si la dernière partie est un peu mélo, même si la version française (au niveau des dialogues) n'est pas transcendante, j'ai été pris dans le mouvement, guettant le retournement scénaristique (forcément !), craignant/espérant un ultime rebondissement.
C'est un bon film de genre.
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samedi, 08 septembre 2018
22 Miles
C'est la distance à parcourir (environ 35 kilomètres) entre l'ambassade des Etats-Unis d'un pays asiatique (sans doute l'Indonésie) et la piste d'envol d'où doit partir un avion de secours, qui entrera illégalement dans l'espace aérien. La mission de l'équipe menée par James Silva (Mark Wahlberg, bien dans le rôle) est d'exfiltrer un policier local, détenteur d'informations cruciales.
Avant cela, Peter Berg (auquel on doit notamment Le Royaume) nous propose l'assaut d'une mystérieuse maison, aux Etats-Unis, qui ne se déroule pas exactement comme prévu. La séquence est importante parce qu'elle témoigne d'un certain brio et parce qu'elle va avoir des répercussions insoupçonnées.
Présentée ainsi, l'intrigue donne l'eau à la bouche, pour peu qu'on affectionne les films d'espionnage avec bastons. Les combats sont bien filmés, en particulier quand ils intègrent l'informateur policier, incarné par Iko Uwais, un spécialiste des arts martiaux. Autant le dire : c'est violent, voire gore.
Cela ne suffit pas à faire de ce film une réussite. La première partie est excessivement bavarde (et encore, je pense que la production a dû imposer quelques coupes), en particulier à cause des scènes montrant le héros en train de raconter les événements devant une commission. Les spectateurs les moins stupides en déduisent immédiatement que la dernière mission de l'équipe de paramilitaires ne s'est pas bien passée (sans quoi il n'y aurait d'ailleurs pas de film...) et que le chef s'en est tiré (ce qui n'est pas une énorme surprise, vu qu'il est le plus doué et le plus pugnace de la bande).
Bref, on ne croit qu'à moitié à cette équipe de soldats privés faisant le sale boulot pour le gouvernement des Etats-Unis. La caractérisation des personnages est assez faible, même si les dialogues à distance entre "Maman" (John Malkovich) et ses "enfants" sont parfois piquants. Par contre, le coup de la guerrière qui pète les plombs à cause de ses problèmes conjugaux est très maladroit.
Si l'on aime les bagarres sanglantes et les complots, on peut, à condition de ne pas trop réfléchir, se laisser tenter.
P.S.
Ce "machin" a une morale : à trop vouloir intervenir à sa guise partout dans le monde, au besoin en utilisant des méthodes de barbouzes, Oncle Sam s'expose à de terribles représailles.
21:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
22 Miles
C'est la distance à parcourir (environ 35 kilomètres) entre l'ambassade des Etats-Unis d'un pays asiatique (sans doute l'Indonésie) et la piste d'envol d'où doit partir un avion de secours, qui entrera illégalement dans l'espace aérien. La mission de l'équipe menée par James Silva (Mark Wahlberg, bien dans le rôle) est d'exfiltrer un policier local, détenteur d'informations cruciales.
Avant cela, Peter Berg (auquel on doit notamment Le Royaume) nous propose l'assaut d'une mystérieuse maison, aux Etats-Unis, qui ne se déroule pas exactement comme prévu. La séquence est importante parce qu'elle témoigne d'un certain brio et parce qu'elle va avoir des répercussions insoupçonnées.
Présentée ainsi, l'intrigue donne l'eau à la bouche, pour peu qu'on affectionne les films d'espionnage avec bastons. Les combats sont bien filmés, en particulier quand ils intègrent l'informateur policier, incarné par Iko Uwais, un spécialiste des arts martiaux. Autant le dire : c'est violent, voire gore.
Cela ne suffit pas à faire de ce film une réussite. La première partie est excessivement bavarde (et encore, je pense que la production a dû imposer quelques coupes), en particulier à cause des scènes montrant le héros en train de raconter les événements devant une commission. Les spectateurs les moins stupides en déduisent immédiatement que la dernière mission de l'équipe de paramilitaires ne s'est pas bien passée (sans quoi il n'y aurait d'ailleurs pas de film...) et que le chef s'en est tiré (ce qui n'est pas une énorme surprise, vu qu'il est le plus doué et le plus pugnace de la bande).
Bref, on ne croit qu'à moitié à cette équipe de soldats privés faisant le sale boulot pour le gouvernement des Etats-Unis. La caractérisation des personnages est assez faible, même si les dialogues à distance entre "Maman" (John Malkovich) et ses "enfants" sont parfois piquants. Par contre, le coup de la guerrière qui pète les plombs à cause de ses problèmes conjugaux est très maladroit.
Si l'on aime les bagarres sanglantes et les complots, on peut, à condition de ne pas trop réfléchir, se laisser tenter.
P.S.
Ce "machin" a une morale : à trop vouloir intervenir à sa guise partout dans le monde, au besoin en utilisant des méthodes de barbouzes, Oncle Sam s'expose à de terribles représailles.
21:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 05 septembre 2018
Des infiltrés au Ku Klux Klan
Après avoir vu BlacKkKlansman, le film de Spike Lee, je me suis procuré le livre qui l'a inspiré, Le Noir qui infiltra le Ku Klux Klan, de Ron Stallworth, qui fut le premier enquêteur afro-américain du Colorado.
Le bouquin permet de mieux comprendre certains aspects de l'intrigue du film. Ainsi, les policiers infiltrés bénéficient d'une ligne téléphonique intraçable et de plusieurs identités fictives. On apprend aussi que la police de Colorado Springs (aidée finalement par celle de Denver) a réussi à infiltrer non pas un, non pas deux, mais trois agents dans le Ku Klux Klan, à l'époque.
A la surprise sans doute de certains spectateurs du film, le livre confirme certains éléments jugés invraisemblables, comme le fait que les interlocuteurs téléphoniques de Stallworth n'aient jamais suspecté quoi que ce soit... et pourtant, le policier a parfois poussé le bouchon très très loin. Les scènes montrant ses collègues pouffant de rire derrière lui, alors qu'il converse avec un membre du Klan, n'ont pas été inventées par Spike Lee.
Le réalisateur a cependant créé le personnage de Patrice, tout comme l'intrigue sentimentale avec Stallworth et l'attentat qui la vise. Mais surtout, Spike Lee a totalement laissé de côté une magnifique anecdote du bouquin, qui montre à quel point le policier noir était opposé à tout communautarisme. Stallworth a refusé de soutenir un mouvement en faveur d'un ado noir qui avait descendu un type, sans raison. Il a même incité un proche de feu Martin Luther King, invité par les militants locaux, à ne pas se dévoyer dans ce combat. C'est un très beau passage, que, dans le film, Spike Lee a remplacé par le récit de Jerome Turner (Harry Belafonte, très émouvant), qui fait référence à une époque plus ancienne, quand le Klan était bien plus violent.
On peut découvrir cette époque grâce au récit d'un autre infiltré, Stetson Kennedy, un journaliste blanc, neveu d'un authentique membre du Klan, qui a publié en 1959 J'ai appartenu au Ku Klux Klan.
Le Blanc floridien antiraciste a commencé à s'intéresser au Klan avant la Seconde Guerre mondiale. L'essentiel de son livre décrit son infiltration entre 1946 et 1952, d'abord en Géorgie, puis en Alabama et en Floride, où il est revenu sous sa véritable identité.
La durée de cette infiltration explique l'importante quantité d'informations recueillies et la précision des descriptions de l'intérieur. C'est accablant, tant la violence est présente dans les Etats du Sud à cette époque. L'auteur a même assisté à l'assassinat d'un Noir qui avait eu la malchance de croiser la route de deux voitures bourrées d'abrutis suprémacistes. L'inaction voire la complaisance des forces de police et de la justice (d'Etat comme fédérale) sont consternantes. L'auteur, d'une audace folle, a réellement risqué sa vie à plusieurs reprises pour obtenir des informations susceptibles de mettre fin aux agissements du Klan. On constate que, dans cette entreprise, la presse peut être une authentique alliée et que, tout comme contre Al Capone, l'enquête fiscale est un bon moyen de faire condamner d'habiles criminels endurcis.
C'est un document coup-de-poing, qui est ressorti en poche aux éditions de l'aube.
16:48 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, cannes, société
Des infiltrés au Ku Klux Klan
Après avoir vu BlacKkKlansman, le film de Spike Lee, je me suis procuré le livre qui l'a inspiré, Le Noir qui infiltra le Ku Klux Klan, de Ron Stallworth, qui fut le premier enquêteur afro-américain du Colorado.
Le bouquin permet de mieux comprendre certains aspects de l'intrigue du film. Ainsi, les policiers infiltrés bénéficient d'une ligne téléphonique intraçable et de plusieurs identités fictives. On apprend aussi que la police de Colorado Springs (aidée finalement par celle de Denver) a réussi à infiltrer non pas un, non pas deux, mais trois agents dans le Ku Klux Klan, à l'époque.
A la surprise sans doute de certains spectateurs du film, le livre confirme certains éléments jugés invraisemblables, comme le fait que les interlocuteurs téléphoniques de Stallworth n'aient jamais suspecté quoi que ce soit... et pourtant, le policier a parfois poussé le bouchon très très loin. Les scènes montrant ses collègues pouffant de rire derrière lui, alors qu'il converse avec un membre du Klan, n'ont pas été inventées par Spike Lee.
Le réalisateur a cependant créé le personnage de Patrice, tout comme l'intrigue sentimentale avec Stallworth et l'attentat qui la vise. Mais surtout, Spike Lee a totalement laissé de côté une magnifique anecdote du bouquin, qui montre à quel point le policier noir était opposé à tout communautarisme. Stallworth a refusé de soutenir un mouvement en faveur d'un ado noir qui avait descendu un type, sans raison. Il a même incité un proche de feu Martin Luther King, invité par les militants locaux, à ne pas se dévoyer dans ce combat. C'est un très beau passage, que, dans le film, Spike Lee a remplacé par le récit de Jerome Turner (Harry Belafonte, très émouvant), qui fait référence à une époque plus ancienne, quand le Klan était bien plus violent.
On peut découvrir cette époque grâce au récit d'un autre infiltré, Stetson Kennedy, un journaliste blanc, neveu d'un authentique membre du Klan, qui a publié en 1959 J'ai appartenu au Ku Klux Klan.
Le Blanc floridien antiraciste a commencé à s'intéresser au Klan avant la Seconde Guerre mondiale. L'essentiel de son livre décrit son infiltration entre 1946 et 1952, d'abord en Géorgie, puis en Alabama et en Floride, où il est revenu sous sa véritable identité.
La durée de cette infiltration explique l'importante quantité d'informations recueillies et la précision des descriptions de l'intérieur. C'est accablant, tant la violence est présente dans les Etats du Sud à cette époque. L'auteur a même assisté à l'assassinat d'un Noir qui avait eu la malchance de croiser la route de deux voitures bourrées d'abrutis suprémacistes. L'inaction voire la complaisance des forces de police et de la justice (d'Etat comme fédérale) sont consternantes. L'auteur, d'une audace folle, a réellement risqué sa vie à plusieurs reprises pour obtenir des informations susceptibles de mettre fin aux agissements du Klan. On constate que, dans cette entreprise, la presse peut être une authentique alliée et que, tout comme contre Al Capone, l'enquête fiscale est un bon moyen de faire condamner d'habiles criminels endurcis.
C'est un document coup-de-poing, qui est ressorti en poche aux éditions de l'aube.
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dimanche, 02 septembre 2018
Silent Voice
C'est l'adaptation d'un manga (créé par une femme, Yoshitoki Oima), sortie il y a près de deux ans au Japon. L'intrigue se déroule principalement dans un contexte scolaire, d'abord en fin d'école primaire, puis en fin de lycée. Shoko Nishimiya est une enfant sourde, qui débarque dans une classe "normale", sans doute un CM2. Chez ses camarades valides, elle suscite l'étonnement ou la moquerie. Elle devient la cible de plaisanteries vexantes, notamment de la part du boute-en-train de la classe, Shoya Ishida.
On retrouve celui-ci quelques années plus tard. Il a changé, physiquement comme moralement. Son évolution a d'ailleurs commencé dès que l'affaire de harcèlement a été rendue publique. A son tour, il est devenu l'objet des sarcasmes et d'une forme d'évitement. Il va tenter de retrouver Nishimiya, pour se faire pardonner. Dans le même temps, on nous montre ce que sont devenus ses anciens camarades. Le passé ressurgit. Il peut permettre de ressouder un groupe... ou de le dissoudre définitivement.
L'histoire est très forte. Elle traite de thèmes contemporains : le harcèlement, le handicap, l'amitié, l'amour, la tentation du suicide. Les personnages ont l'apparence d'Européens blancs, mais ils ont plutôt un comportement de Japonais. Cela explique cette politesse que certains jugent excessive. On est aussi dans les codes du manga : les filles sont toutes minces, avec de longues jambes dévoilées par des jupes courtes, une chevelure en général pleine de volume(s)... et des yeux immenses. Deux personnages sortent de ce cadre : le "protecteur" de Nishimiya (que l'on découvre dans la seconde partie) et le futur meilleur ami d'Ishida, un petit gros sympathique, souvent de bon conseil. J'ai apprécié que l'on valorise des personnages au physique ordinaire voire ingrat, tandis que les harceleurs ont plutôt une belle apparence physique.
Même si l'animation s'inspire (en partie) des classiques télévisés, ce n'est pas une oeuvre bas-de-gamme. Les décors sont superbes ; les effets de lumière et de transparence témoignent de la virtuosité de la mise en forme. Toutes les scènes qui font intervenir une vitre, un miroir, un écran ou de l'eau sont d'une grande beauté.
Mon principal regret est l'accentuation de certains comportements. On pleure beaucoup dans cette histoire et, si les auteurs n'ont pas trop appuyé les scènes de harcèlement, ils se sont bien étalés sur la phase de repentance. Cela apparaîtra donc un peu exagéré à des adultes, et peut-être compliqué à de jeunes enfants. Mais cela peut donner l'occasion de discuter de sujets sensibles avec des (pré)adolescents.
23:03 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Silent Voice
C'est l'adaptation d'un manga (créé par une femme, Yoshitoki Oima), sortie il y a près de deux ans au Japon. L'intrigue se déroule principalement dans un contexte scolaire, d'abord en fin d'école primaire, puis en fin de lycée. Shoko Nishimiya est une enfant sourde, qui débarque dans une classe "normale", sans doute un CM2. Chez ses camarades valides, elle suscite l'étonnement ou la moquerie. Elle devient la cible de plaisanteries vexantes, notamment de la part du boute-en-train de la classe, Shoya Ishida.
On retrouve celui-ci quelques années plus tard. Il a changé, physiquement comme moralement. Son évolution a d'ailleurs commencé dès que l'affaire de harcèlement a été rendue publique. A son tour, il est devenu l'objet des sarcasmes et d'une forme d'évitement. Il va tenter de retrouver Nishimiya, pour se faire pardonner. Dans le même temps, on nous montre ce que sont devenus ses anciens camarades. Le passé ressurgit. Il peut permettre de ressouder un groupe... ou de le dissoudre définitivement.
L'histoire est très forte. Elle traite de thèmes contemporains : le harcèlement, le handicap, l'amitié, l'amour, la tentation du suicide. Les personnages ont l'apparence d'Européens blancs, mais ils ont plutôt un comportement de Japonais. Cela explique cette politesse que certains jugent excessive. On est aussi dans les codes du manga : les filles sont toutes minces, avec de longues jambes dévoilées par des jupes courtes, une chevelure en général pleine de volume(s)... et des yeux immenses. Deux personnages sortent de ce cadre : le "protecteur" de Nishimiya (que l'on découvre dans la seconde partie) et le futur meilleur ami d'Ishida, un petit gros sympathique, souvent de bon conseil. J'ai apprécié que l'on valorise des personnages au physique ordinaire voire ingrat, tandis que les harceleurs ont plutôt une belle apparence physique.
Même si l'animation s'inspire (en partie) des classiques télévisés, ce n'est pas une oeuvre bas-de-gamme. Les décors sont superbes ; les effets de lumière et de transparence témoignent de la virtuosité de la mise en forme. Toutes les scènes qui font intervenir une vitre, un miroir, un écran ou de l'eau sont d'une grande beauté.
Mon principal regret est l'accentuation de certains comportements. On pleure beaucoup dans cette histoire et, si les auteurs n'ont pas trop appuyé les scènes de harcèlement, ils se sont bien étalés sur la phase de repentance. Cela apparaîtra donc un peu exagéré à des adultes, et peut-être compliqué à de jeunes enfants. Mais cela peut donner l'occasion de discuter de sujets sensibles avec des (pré)adolescents.
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lundi, 27 août 2018
Alpha
Sorti dans une relative confidentialité, ce film préhistorique a l'ambition de nous conter la façon dont l'homme a domestiqué le loup. Alpha est le surnom donné à un chef de meute. C'est aussi celui que se donne le père du héros, qui est le chef de son clan et qui voudrait voir un jour son fils lui succéder.
La première partie de l'histoire a donc une vocation documentaire, puisqu'elle nous fait découvrir les us et coutumes des chasseurs-cueilleurs d'il y a 20 000 ans... des homo sapiens donc, même si, au cours de son périple quasi solitaire, le héros va croiser un autre type d'humain (un Néandertalien, ce qui, vu l'époque concernée, est impossible).
On comprend que, dans l'intrigue, c'est la fiction qui va l'emporter. Keda, l'adolescent fils du chef, va subir un apprentissage assez rude, d'abord au sein de la tribu, puis seul... enfin pas tout à fait : il va devenir de plus en plus proche d'un loup, abandonné par sa meute après une attaque qui a échoué.
Le message est un peu lourd : les deux esseulés, naguère ennemis, vont cohabiter, collaborer et même s'apprécier. Cela marche parce que les loups sont superbes et bien dressés (à garder toutefois loin des brebis qui pâturent...). Je pense que ce sont peut-être les seuls animaux réels (avec les insectes et les vautours) qui peuplent le film. Les bisons préhistoriques, le tigre à dents de sabre, le lion des cavernes, les rhinocéros laineux et les hyènes sont sans doute de synthèse... mais très jolis à voir, sur grand écran. J'ajoute que les paysages (essentiellement ceux de l'Alberta canadien) sont magnifiques.
Même si je suis conscient qu'il y a des facilités, j'ai marché à fond, sauf peut-être quand le héros s'est lancé dans le "porter de loup" sur plusieurs dizaines de kilomètres. Vers la fin, j'ai quand même eu les yeux qui piquent (un peu comme dans Croc-Blanc). C'est nettement mieux que le 10 000 de Roland Emmerich !
P.S.
Attention, je vais un peu "divulgâcher".
Tout au long de l'histoire, on s'émerveille du comportement de ce canis lupus, excellent chasseur, gardien vigilant et compagnon (finalement) affectueux. La mentalité patriarcale dont je suis sans doute (un peu) imprégné m'a incité à penser qu'il s'agissait forcément d'un mâle. (Et pourtant, la scène qui voit Alpha retrouver l'un de ses congénères aurait dû me mettre la puce à l'oreille.) Or, à la toute fin, on découvre (dans des circonstances que je ne vais pas dévoiler) qu'Alpha est... une louve, une touche bienvenue... et qui permet au scénario de s'achever par un rebondissement.
21:42 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Alpha
Sorti dans une relative confidentialité, ce film préhistorique a l'ambition de nous conter la façon dont l'homme a domestiqué le loup. Alpha est le surnom donné à un chef de meute. C'est aussi celui que se donne le père du héros, qui est le chef de son clan et qui voudrait voir un jour son fils lui succéder.
La première partie de l'histoire a donc une vocation documentaire, puisqu'elle nous fait découvrir les us et coutumes des chasseurs-cueilleurs d'il y a 20 000 ans... des homo sapiens donc, même si, au cours de son périple quasi solitaire, le héros va croiser un autre type d'humain (un Néandertalien, ce qui, vu l'époque concernée, est impossible).
On comprend que, dans l'intrigue, c'est la fiction qui va l'emporter. Keda, l'adolescent fils du chef, va subir un apprentissage assez rude, d'abord au sein de la tribu, puis seul... enfin pas tout à fait : il va devenir de plus en plus proche d'un loup, abandonné par sa meute après une attaque qui a échoué.
Le message est un peu lourd : les deux esseulés, naguère ennemis, vont cohabiter, collaborer et même s'apprécier. Cela marche parce que les loups sont superbes et bien dressés (à garder toutefois loin des brebis qui pâturent...). Je pense que ce sont peut-être les seuls animaux réels (avec les insectes et les vautours) qui peuplent le film. Les bisons préhistoriques, le tigre à dents de sabre, le lion des cavernes, les rhinocéros laineux et les hyènes sont sans doute de synthèse... mais très jolis à voir, sur grand écran. J'ajoute que les paysages (essentiellement ceux de l'Alberta canadien) sont magnifiques.
Même si je suis conscient qu'il y a des facilités, j'ai marché à fond, sauf peut-être quand le héros s'est lancé dans le "porter de loup" sur plusieurs dizaines de kilomètres. Vers la fin, j'ai quand même eu les yeux qui piquent (un peu comme dans Croc-Blanc). C'est nettement mieux que le 10 000 de Roland Emmerich !
P.S.
Attention, je vais un peu "divulgâcher".
Tout au long de l'histoire, on s'émerveille du comportement de ce canis lupus, excellent chasseur, gardien vigilant et compagnon (finalement) affectueux. La mentalité patriarcale dont je suis sans doute (un peu) imprégné m'a incité à penser qu'il s'agissait forcément d'un mâle. (Et pourtant, la scène qui voit Alpha retrouver l'un de ses congénères aurait dû me mettre la puce à l'oreille.) Or, à la toute fin, on découvre (dans des circonstances que je ne vais pas dévoiler) qu'Alpha est... une louve, une touche bienvenue... et qui permet au scénario de s'achever par un rebondissement.
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dimanche, 26 août 2018
En eaux troubles
Dans la catégorie "film de requin", on trouve pas mal de films médiocres ou bâclés et quelques très bonnes productions. Ici, on sent évidemment l'influence de l’œuvre de Spielberg, mais aussi de James Cameron (pour Abyss). On est aussi tenté de faire le rapprochement avec le troisième opus des Dents de la mer (pas le meilleur de la série...). Signalons enfin qu'en 2004, le mégalodon était au cœur de l'intrigue d'un téléfilm qui voyait des employés d'une plate-forme pétrolière ultramoderne découvrir des espèces inconnues après avoir perforé le plancher océanique dans l'Atlantique Nord.
La tâche a été confiée à John Turtletaub (parfois -injustement ?- surnommé "Turtledaube"), auquel on doit, rappelez-vous, Rasta Rockett et les Benjamin Gates... Il s'est entouré d'un casting multiculturel, logique quand on sait que cette coproduction américano-chinoise a été principalement tournée en... Nouvelle-Zélande.
On ne s'étonnera donc pas rencontrer un Noir américain qui a la tchatche, un gros lard barbu et débrouillard, un chercheur âgé et très calme, deux scientifiques femmes très mignonnes (une Américaine et une Chinoise, la balle au centre), un plongeur casse-cou aux abdos plaque de chocolat (Jason Statham, sympa mais monolithique) et un milliardaire américain à la fois cool et très âpre au gain (tout comme les producteurs du film, qui ont succombé à la tentation du placement de produits).
On est prévenu : on ne s'est pas refusé les clichés, ni le juste-à-temps. Mais c'est bien filmé. La séquence introductive plante le sujet, avec le plongeur-sauveteur-casse-cou qui doit prendre une décision draconienne et un sous-marin qui subit une attaque mystérieuse.
Cinq ans plus tard, on met un peu de temps à découvrir la grosse bête aux dents pointues. Elle fait un peu peur (surtout à la gamine chinoise et aux vacanciers sur la plage, en fait). Le problème est qu'elle est trop grande. L'un des arguments des précédents films d'horreur de ce genre était de montrer le requin déchiquetant ses proies. Ici, elle a tendance à les gober (y compris la grande cage qu'elle ne parvient pas à briser). Il faut lui proposer une baleine ou l'un de ses congénères pour qu'on puisse la voir croquer !
Bon, voilà. Je ne me suis pas ennuyé, mais j'ai trouvé cela un peu convenu. Il faut passer outre les incohérences scénaristiques (sur la présence du/des requin/s et leur cheminement notamment), pour apprécier les plans sous-marins, sans doute la plus belle réussite de ce film.
P.S.
Je crois qu'il vaut mieux (re)voir Instinct de survie (qui est de surcroît beaucoup plus sexy...).
23:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
En eaux troubles
Dans la catégorie "film de requin", on trouve pas mal de films médiocres ou bâclés et quelques très bonnes productions. Ici, on sent évidemment l'influence de l’œuvre de Spielberg, mais aussi de James Cameron (pour Abyss). On est aussi tenté de faire le rapprochement avec le troisième opus des Dents de la mer (pas le meilleur de la série...). Signalons enfin qu'en 2004, le mégalodon était au cœur de l'intrigue d'un téléfilm qui voyait des employés d'une plate-forme pétrolière ultramoderne découvrir des espèces inconnues après avoir perforé le plancher océanique dans l'Atlantique Nord.
La tâche a été confiée à John Turtletaub (parfois -injustement ?- surnommé "Turtledaube"), auquel on doit, rappelez-vous, Rasta Rockett et les Benjamin Gates... Il s'est entouré d'un casting multiculturel, logique quand on sait que cette coproduction américano-chinoise a été principalement tournée en... Nouvelle-Zélande.
On ne s'étonnera donc pas rencontrer un Noir américain qui a la tchatche, un gros lard barbu et débrouillard, un chercheur âgé et très calme, deux scientifiques femmes très mignonnes (une Américaine et une Chinoise, la balle au centre), un plongeur casse-cou aux abdos plaque de chocolat (Jason Statham, sympa mais monolithique) et un milliardaire américain à la fois cool et très âpre au gain (tout comme les producteurs du film, qui ont succombé à la tentation du placement de produits).
On est prévenu : on ne s'est pas refusé les clichés, ni le juste-à-temps. Mais c'est bien filmé. La séquence introductive plante le sujet, avec le plongeur-sauveteur-casse-cou qui doit prendre une décision draconienne et un sous-marin qui subit une attaque mystérieuse.
Cinq ans plus tard, on met un peu de temps à découvrir la grosse bête aux dents pointues. Elle fait un peu peur (surtout à la gamine chinoise et aux vacanciers sur la plage, en fait). Le problème est qu'elle est trop grande. L'un des arguments des précédents films d'horreur de ce genre était de montrer le requin déchiquetant ses proies. Ici, elle a tendance à les gober (y compris la grande cage qu'elle ne parvient pas à briser). Il faut lui proposer une baleine ou l'un de ses congénères pour qu'on puisse la voir croquer !
Bon, voilà. Je ne me suis pas ennuyé, mais j'ai trouvé cela un peu convenu. Il faut passer outre les incohérences scénaristiques (sur la présence du/des requin/s et leur cheminement notamment), pour apprécier les plans sous-marins, sans doute la plus belle réussite de ce film.
P.S.
Je crois qu'il vaut mieux (re)voir Instinct de survie (qui est de surcroît beaucoup plus sexy...).
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vendredi, 24 août 2018
Under The Silver Lake
Ce film "indépendant" du jeune réalisateur David Robert Mitchell suscite des réactions très contrastées. L'intrigue n'est qu'un prétexte à l'insertion de références cinéphiliques et à une réflexion sur la machine à rêves hollywoodienne.
Le héros n'est pas un type très sympathique. Sam (Andrew Garfield... bof) est un branleur adepte de la "cool attitude", qui, visiblement, essaie de se faire une place dans la faune hollywoodienne, en évitant le plus possible de travailler. Un jour, dans la résidence où il habite, il repère une ravissante blonde, avec laquelle il prend contact... juste avant qu'elle ne disparaisse.
La suite est l'histoire de son errance californienne, à la recherche de la femme et, métaphoriquement, de ses rêves de gloire et d'accomplissement personnel. Le réalisateur comme le héros (sans doute son double) affectionnent les énigmes et les théories du complot. Nous voilà embarqués dans une enquête improbable, mystérieuse, dont l'aboutissement, s'il est pris au premier degré, ne peut que décevoir. (Le choix de sa dulcinée s'apparente peut-être à l'attitude de certaines actrices qui, pour percer, acceptent de passer sous le bureau les fourches caudines de gros porcs pleins aux as.)
Les scènes sont nourries de références à de grands prédécesseurs. Je n'ai pas une culture cinématographique assez importante pour pouvoir tout déchiffrer et, à la limite, peu importe. On peut suivre l'intrigue sans essayer de décrypter les allusions. On sent que le réalisateur a dû, pendant des années, prendre des notes sur un petit carnet, attendant l'occasion de mettre en pratique ses idées.
Au second degré, le film est une réflexion métaphorique sur le monde du cinéma... du point de vue masculin. Le héros reluque sans complexe toutes les jolies jeunes femmes qui croisent son parcours, essayant d'en mettre un maximum dans son lit (sans trop de difficultés). Tel un phare, Hollywood attire les papillons espérant s'approprier une parcelle de lumière... en comptant visiblement essentiellement sur leur physique. Le problème est que la mise en scène n'est pas sur le mode dénonciation (sauf à de très rares moments). On sent que DR Mitchell adore cela, ces femmes prêtes à tout (surtout à coucher) pour réussir.
La fin est plus mélancolique. A l'image de son héros, le réalisateur ne sait pas trop comment se situer. On comprend qu'il n'adhère pas au consumérisme effréné (un peu quand même : on aime son petit confort et les gadgets technologiques) et qu'il est revenu du mirage hollywoodien, perçu comme une gigantesque illusion. Ce n'est pas inintéressant, mais Dieu que c'est alambiqué !
17:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Under The Silver Lake
Ce film "indépendant" du jeune réalisateur David Robert Mitchell suscite des réactions très contrastées. L'intrigue n'est qu'un prétexte à l'insertion de références cinéphiliques et à une réflexion sur la machine à rêves hollywoodienne.
Le héros n'est pas un type très sympathique. Sam (Andrew Garfield... bof) est un branleur adepte de la "cool attitude", qui, visiblement, essaie de se faire une place dans la faune hollywoodienne, en évitant le plus possible de travailler. Un jour, dans la résidence où il habite, il repère une ravissante blonde, avec laquelle il prend contact... juste avant qu'elle ne disparaisse.
La suite est l'histoire de son errance californienne, à la recherche de la femme et, métaphoriquement, de ses rêves de gloire et d'accomplissement personnel. Le réalisateur comme le héros (sans doute son double) affectionnent les énigmes et les théories du complot. Nous voilà embarqués dans une enquête improbable, mystérieuse, dont l'aboutissement, s'il est pris au premier degré, ne peut que décevoir. (Le choix de sa dulcinée s'apparente peut-être à l'attitude de certaines actrices qui, pour percer, acceptent de passer sous le bureau les fourches caudines de gros porcs pleins aux as.)
Les scènes sont nourries de références à de grands prédécesseurs. Je n'ai pas une culture cinématographique assez importante pour pouvoir tout déchiffrer et, à la limite, peu importe. On peut suivre l'intrigue sans essayer de décrypter les allusions. On sent que le réalisateur a dû, pendant des années, prendre des notes sur un petit carnet, attendant l'occasion de mettre en pratique ses idées.
Au second degré, le film est une réflexion métaphorique sur le monde du cinéma... du point de vue masculin. Le héros reluque sans complexe toutes les jolies jeunes femmes qui croisent son parcours, essayant d'en mettre un maximum dans son lit (sans trop de difficultés). Tel un phare, Hollywood attire les papillons espérant s'approprier une parcelle de lumière... en comptant visiblement essentiellement sur leur physique. Le problème est que la mise en scène n'est pas sur le mode dénonciation (sauf à de très rares moments). On sent que DR Mitchell adore cela, ces femmes prêtes à tout (surtout à coucher) pour réussir.
La fin est plus mélancolique. A l'image de son héros, le réalisateur ne sait pas trop comment se situer. On comprend qu'il n'adhère pas au consumérisme effréné (un peu quand même : on aime son petit confort et les gadgets technologiques) et qu'il est revenu du mirage hollywoodien, perçu comme une gigantesque illusion. Ce n'est pas inintéressant, mais Dieu que c'est alambiqué !
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jeudi, 23 août 2018
BlacKkKlansman
C'est le premier film de Spike Lee que je vois depuis Inside Man (en 2006)... et c'est le premier que je vais chroniquer sur ce blog. Pourtant, de Nola Darling n'en fait qu'à sa tête à Malcolm X, en passant par Jungle Fever et Mo' better blues, c'est l'un des cinéastes qui m'a donné furieusement envie de me rendre dans les salles obscures, quand j'étais plus jeune.
Les premières séquences rappellent à ceux qui l'auraient oublié qu'on a affaire à un très bon metteur en scène. Alec Baldwin nous fait un joli numéro en speaker raciste qui oublie un peu son texte. Cela donne le ton du film, qui veut montrer la noirceur (!) des militants du KKK, tout en les ridiculisant, voire en les humiliant.
Ce n'est qu'ensuite qu'on découvre le héros, Ron Stallworth, le premier policier noir de sa brigade. Il est (très bien) interprété par John David Washington, auquel Spike Lee met le pied à l'étrier pendant que papa Denzel cachetonne dans Equalizer 2. L'ambiance dans le commissariat est très bien rendue, avec une pointe d'humour. Les acteurs qui incarnent les policiers sont criants de vérité. J'ai aussi eu le plaisir de retrouver Adam Driver dans un véritable rôle (le collègue juif plutôt discret).
Très vite, c'est un autre comédien qui marque les esprits : Corey Hawkins, qui interprète Stokely Carmichael, ancien militant des Black Panthers, particulièrement éloquent. La séquence de la soirée militante fait montre du savoir-faire de Spike Lee. Il ressuscite l'ambiance des années 1970 et filme avec une empathie évidente le discours enflammé de l'orateur, qui captive son auditoire.
C'est ici que l'on sent poindre le risque de partialité dans la narration de cette histoire vraie d'infiltration. Spike Lee a été parfois accusé de propager une vision communautariste des événements. Dans ce film, on notera que seuls des Blancs commettent des actes de violence (si l'on excepte la brique que le héros jette dans une fenêtre pour sauver la mise de son collègue juif). Plus finement, les spectateurs attentifs remarqueront que le réalisateur semble avoir mis en pratique une partie du discours de Carmichael, celle dans laquelle il affirme que "Black is beautiful". Force est de constater que presque tous les personnages noirs sont séduisants (sur le plan physique), alors que presque tous les personnages blancs sont assez laids.
Spike Lee se rattrape en mettant en valeur ceux qui défendent des valeurs universelles. Stallworth n'adhère pas au discours communautariste du groupe qu'il a dans un premier temps infiltré, au risque de se fâcher avec la ravissante présidente de l'association des étudiants noirs. Il se lie avec Zimmerman, son collègue juif et, petit à petit, va se faire accepter des autres Blancs de sa brigade, à l'exception de quelques incurables racistes.
L'intrigue bascule quand l'Afro-américain Stallworth réussit à se faire passer, au téléphone, pour un sympathisant du Ku Klux Klan. Sur le terrain, Zimmerman est chargé de l'incarner (ce qui lui fait découvrir l'indécrottable antisémitisme de ces abrutis). Le plus incroyable est que la supercherie ait fonctionné. Spike Lee a même dû ajouter des éléments pour la rendre plus vraisemblable aux yeux des spectateurs, tellement c'est énorme. Il ne faut pas oublier que l'action se situe dans les années 1970, avant le développement d'internet et des téléphones portables.
Les acteurs, noirs comme blancs, sont excellents. (Dans la foule des seconds rôles, on reconnaît des visages aperçus ailleurs, par exemple dans les séries Blue Bloods et The Blacklist.) Le film est prenant, agréable à regarder... et à entendre. La bande-son accompagne une image léchée, avec des personnages à l'allure très seventies, certains dotés d'impressionnantes coupes de cheveux "afro" !
Mais ce n'est pas qu'un film hommage. C'est aussi un brûlot politique qui tente d'établir une filiation entre le KKK et Donald Trump. Dans le discours de Carmichael du début, il est évident que les références aux violences policières font écho au début du XXIe siècle et au mouvement Black Lives Matter. Plus loin, l'un des officiers de police déclare au héros que les dirigeants du Klan rejettent (officiellement) les actes de violence parce qu'ils ont changé de stratégie, leur but étant de peser politiquement, voire de faire élire l'un des leurs à la présidence (chose que le héros juge inimaginable...). La toute fin du film évoque les violences de ces dernières années : le Klan n'est pas mort et, même s'il n'est plus une organisation de masse, ses idées irriguent encore fortement une partie de la société américaine.
P.S. 1
Je crois que Spike Lee a conçu son film comme l'anti Naissance d'une nation, de David Wark Griffith (qui a eu aussi pour titre... The Clansman). Cet énorme succès du cinéma muet, sorti au début du XXe siècle, a propagé une vision raciste de l'histoire des États-Unis. Plusieurs extraits en sont proposés dans BlacKkKlansman, notamment dans la dernière partie de l'histoire, dans la séquence d'intronisation des nouveaux membres du Klan, montée en parallèle avec la visite d'un vieux militant des droits civiques (incarné par Harry Bellafonte) à l'association des étudiants.
P.S. 2
Pour approfondir le sujet, on peut se plonger dans un livre, Le Ku Klux Klan, de Farid Ameur. L'auteur est un universitaire spécialiste des États-Unis, mais son ouvrage est destiné au grand public (il est dépourvu de notes). On y découvre l'origine du KKK, de son nom et de la pratique des croix brûlées. On y suit ses successives disparitions puis renaissances. Plusieurs chapitres son consacrés à son organisation. C'est bien écrit et cela se lit comme un roman.
11:28 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
BlacKkKlansman
C'est le premier film de Spike Lee que je vois depuis Inside Man (en 2006)... et c'est le premier que je vais chroniquer sur ce blog. Pourtant, de Nola Darling n'en fait qu'à sa tête à Malcolm X, en passant par Jungle Fever et Mo' better blues, c'est l'un des cinéastes qui m'a donné furieusement envie de me rendre dans les salles obscures, quand j'étais plus jeune.
Les premières séquences rappellent à ceux qui l'auraient oublié qu'on a affaire à un très bon metteur en scène. Alec Baldwin nous fait un joli numéro en speaker raciste qui oublie un peu son texte. Cela donne le ton du film, qui veut montrer la noirceur (!) des militants du KKK, tout en les ridiculisant, voire en les humiliant.
Ce n'est qu'ensuite qu'on découvre le héros, Ron Stallworth, le premier policier noir de sa brigade. Il est (très bien) interprété par John David Washington, auquel Spike Lee met le pied à l'étrier pendant que papa Denzel cachetonne dans Equalizer 2. L'ambiance dans le commissariat est très bien rendue, avec une pointe d'humour. Les acteurs qui incarnent les policiers sont criants de vérité. J'ai aussi eu le plaisir de retrouver Adam Driver dans un véritable rôle (le collègue juif plutôt discret).
Très vite, c'est un autre comédien qui marque les esprits : Corey Hawkins, qui interprète Stokely Carmichael, ancien militant des Black Panthers, particulièrement éloquent. La séquence de la soirée militante fait montre du savoir-faire de Spike Lee. Il ressuscite l'ambiance des années 1970 et filme avec une empathie évidente le discours enflammé de l'orateur, qui captive son auditoire.
C'est ici que l'on sent poindre le risque de partialité dans la narration de cette histoire vraie d'infiltration. Spike Lee a été parfois accusé de propager une vision communautariste des événements. Dans ce film, on notera que seuls des Blancs commettent des actes de violence (si l'on excepte la brique que le héros jette dans une fenêtre pour sauver la mise de son collègue juif). Plus finement, les spectateurs attentifs remarqueront que le réalisateur semble avoir mis en pratique une partie du discours de Carmichael, celle dans laquelle il affirme que "Black is beautiful". Force est de constater que presque tous les personnages noirs sont séduisants (sur le plan physique), alors que presque tous les personnages blancs sont assez laids.
Spike Lee se rattrape en mettant en valeur ceux qui défendent des valeurs universelles. Stallworth n'adhère pas au discours communautariste du groupe qu'il a dans un premier temps infiltré, au risque de se fâcher avec la ravissante présidente de l'association des étudiants noirs. Il se lie avec Zimmerman, son collègue juif et, petit à petit, va se faire accepter des autres Blancs de sa brigade, à l'exception de quelques incurables racistes.
L'intrigue bascule quand l'Afro-américain Stallworth réussit à se faire passer, au téléphone, pour un sympathisant du Ku Klux Klan. Sur le terrain, Zimmerman est chargé de l'incarner (ce qui lui fait découvrir l'indécrottable antisémitisme de ces abrutis). Le plus incroyable est que la supercherie ait fonctionné. Spike Lee a même dû ajouter des éléments pour la rendre plus vraisemblable aux yeux des spectateurs, tellement c'est énorme. Il ne faut pas oublier que l'action se situe dans les années 1970, avant le développement d'internet et des téléphones portables.
Les acteurs, noirs comme blancs, sont excellents. (Dans la foule des seconds rôles, on reconnaît des visages aperçus ailleurs, par exemple dans les séries Blue Bloods et The Blacklist.) Le film est prenant, agréable à regarder... et à entendre. La bande-son accompagne une image léchée, avec des personnages à l'allure très seventies, certains dotés d'impressionnantes coupes de cheveux "afro" !
Mais ce n'est pas qu'un film hommage. C'est aussi un brûlot politique qui tente d'établir une filiation entre le KKK et Donald Trump. Dans le discours de Carmichael du début, il est évident que les références aux violences policières font écho au début du XXIe siècle et au mouvement Black Lives Matter. Plus loin, l'un des officiers de police déclare au héros que les dirigeants du Klan rejettent (officiellement) les actes de violence parce qu'ils ont changé de stratégie, leur but étant de peser politiquement, voire de faire élire l'un des leurs à la présidence (chose que le héros juge inimaginable...). La toute fin du film évoque les violences de ces dernières années : le Klan n'est pas mort et, même s'il n'est plus une organisation de masse, ses idées irriguent encore fortement une partie de la société américaine.
P.S. 1
Je crois que Spike Lee a conçu son film comme l'anti Naissance d'une nation, de David Wark Griffith (qui a eu aussi pour titre... The Clansman). Cet énorme succès du cinéma muet, sorti au début du XXe siècle, a propagé une vision raciste de l'histoire des États-Unis. Plusieurs extraits en sont proposés dans BlacKkKlansman, notamment dans la dernière partie de l'histoire, dans la séquence d'intronisation des nouveaux membres du Klan, montée en parallèle avec la visite d'un vieux militant des droits civiques (incarné par Harry Bellafonte) à l'association des étudiants.
P.S. 2
Pour approfondir le sujet, on peut se plonger dans un livre, Le Ku Klux Klan, de Farid Ameur. L'auteur est un universitaire spécialiste des États-Unis, mais son ouvrage est destiné au grand public (il est dépourvu de notes). On y découvre l'origine du KKK, de son nom et de la pratique des croix brûlées. On y suit ses successives disparitions puis renaissances. Plusieurs chapitres son consacrés à son organisation. C'est bien écrit et cela se lit comme un roman.
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mercredi, 22 août 2018
Les Vieux Fourneaux
Cela aurait pu s'appeler "Les Vieux Débris" ou "Les Vieux Schnocks", mais la production a voulu conserver le titre de la bande dessinée d'origine. Je me suis laissé tenter, parce que j'aime les personnages de vieillards indignes et que la distribution m'a paru alléchante.
A gauche se trouve Emile, ancien rugbyman et baroudeur du Pacifique, qui se teint les cheveux et n'a pas renoncé à séduire. Eddy Mitchell fait le job, comme on dit. Au centre se trouve Pierrot (Pierre Richard, le meilleur de la bande), anarchiste clope au bec, qui n'a pas renoncé à la lutte contre l'ignoble capitalisme. A droite se trouve Antoine (Roland Giraud... ça faisait un bail !), ancien syndicaliste (à la CGT, présume-t-on), très atteint par le décès de son épouse adorée.
C'est la découverte d'une infidélité ancienne de celle-ci qui met le feu aux poudres. Auparavant, on a droit à plus d'un quart d'heure de présentation réussie, entre une attaque de banque ratée, un séjour en maison de retraite et un périple en voiture sans rétroviseur. On fait aussi la connaissance de la petite-fille d'Antoine, Sophie (Alice Pol, mieux servie que dans Raid dingue), qui ressemble étrangement à sa grand-mère défunte.
Antoine a plein de raisons de vouloir faire la peau à son ancien patron. Leur rencontre sort des sentiers battus : il est devenu impotent et souffre de la maladie d'Alzheimer. Dans le rôle, Henry Guybet est une excellente surprise : on dirait Didier Benureau !
La première partie est une sorte de comédie pour beauf de gauche, avec discours altermondialiste à la clé. Cela fonctionne plus ou moins bien. Ainsi, il aurait fallu faire rejouer sa diatribe à Alice Pol, qui s'est trompée en dénonçant l'agriculture extensive (alors que c'est l'agriculture intensive qui aurait dû être associée aux autres calamités libérales présentes dans sa péroraison). Plus loin, c'est le mot "entrave" qui est mal utilisé dans un dialogue. Enfin, certains spectateurs tiqueront à l'évocation caricaturale de la Seconde guerre mondiale (et de la zone prétendûment "libre").
Cependant, la deuxième partie maintient l'intérêt parce qu'elle est plus tournée vers l'émotion. Les secrets du passé (parfois très éloigné) remontent, au détriment des trois héros qu'on voit sous un jour moins glorieux. Cela culmine dans la séquence des marionnettes (numériques). Les vraies (marionnettes) jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue, mais celles qui sont représentées en images de synthèse nous content une histoire poignante, dans laquelle le personnage de Berthe (Myriam Boyer, très bien) prend du relief.
Ce n'est donc ni un film indigne ni un chef-d'oeuvre de comédie, mais on passe un bon moment, avec, en bonus, deux-trois scènes transgressives.
00:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Vieux Fourneaux
Cela aurait pu s'appeler "Les Vieux Débris" ou "Les Vieux Schnocks", mais la production a voulu conserver le titre de la bande dessinée d'origine. Je me suis laissé tenter, parce que j'aime les personnages de vieillards indignes et que la distribution m'a paru alléchante.
A gauche se trouve Emile, ancien rugbyman et baroudeur du Pacifique, qui se teint les cheveux et n'a pas renoncé à séduire. Eddy Mitchell fait le job, comme on dit. Au centre se trouve Pierrot (Pierre Richard, le meilleur de la bande), anarchiste clope au bec, qui n'a pas renoncé à la lutte contre l'ignoble capitalisme. A droite se trouve Antoine (Roland Giraud... ça faisait un bail !), ancien syndicaliste (à la CGT, présume-t-on), très atteint par le décès de son épouse adorée.
C'est la découverte d'une infidélité ancienne de celle-ci qui met le feu aux poudres. Auparavant, on a droit à plus d'un quart d'heure de présentation réussie, entre une attaque de banque ratée, un séjour en maison de retraite et un périple en voiture sans rétroviseur. On fait aussi la connaissance de la petite-fille d'Antoine, Sophie (Alice Pol, mieux servie que dans Raid dingue), qui ressemble étrangement à sa grand-mère défunte.
Antoine a plein de raisons de vouloir faire la peau à son ancien patron. Leur rencontre sort des sentiers battus : il est devenu impotent et souffre de la maladie d'Alzheimer. Dans le rôle, Henry Guybet est une excellente surprise : on dirait Didier Benureau !
La première partie est une sorte de comédie pour beauf de gauche, avec discours altermondialiste à la clé. Cela fonctionne plus ou moins bien. Ainsi, il aurait fallu faire rejouer sa diatribe à Alice Pol, qui s'est trompée en dénonçant l'agriculture extensive (alors que c'est l'agriculture intensive qui aurait dû être associée aux autres calamités libérales présentes dans sa péroraison). Plus loin, c'est le mot "entrave" qui est mal utilisé dans un dialogue. Enfin, certains spectateurs tiqueront à l'évocation caricaturale de la Seconde guerre mondiale (et de la zone prétendûment "libre").
Cependant, la deuxième partie maintient l'intérêt parce qu'elle est plus tournée vers l'émotion. Les secrets du passé (parfois très éloigné) remontent, au détriment des trois héros qu'on voit sous un jour moins glorieux. Cela culmine dans la séquence des marionnettes (numériques). Les vraies (marionnettes) jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue, mais celles qui sont représentées en images de synthèse nous content une histoire poignante, dans laquelle le personnage de Berthe (Myriam Boyer, très bien) prend du relief.
Ce n'est donc ni un film indigne ni un chef-d'oeuvre de comédie, mais on passe un bon moment, avec, en bonus, deux-trois scènes transgressives.
00:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 21 août 2018
The Intruder
Diffusé aussi sous le titre I Hate Your Guts, ce film de Roger Corman, datant de 1962, a été restauré. Il est de nouveau proposé dans certaines salles, alors que The BlacKkKlansman de Spike Lee est sur le point de sortir, ce qui n'est évidemment pas une coïncidence.
Le contexte est celui des débuts de la déségrégation, dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, où des adolescents noirs ambitionnent de suivre les cours du lycée des Blancs. Ceux-ci sont majoritairement hostiles au changement mais, par légalisme, semblent vouloir laisser les choses se dérouler dans le calme. Tourné dans le Missouri, le film propose une belle galerie de personnages de l'Amérique profonde, des gens modestes, pas mauvais sur le fond, mais susceptibles de déraper.
La mèche va être allumée par un "intrus", Adam Cramer, qui affirme venir tantôt de Californie, tantôt de Washington. Il se réclame d'une association politique, la Patrick Henry Society, opposée à la fin de la ségrégation. Il a l'allure avenante de William Shatner, qui, à l'époque, n'avait pas encore endossé le costume du capitaine Kirk dans Star Trek.
La première partie de l'histoire nous le présente comme un beau parleur, séduisant, entreprenant avec les femmes. La caractérisation est intéressante, parce qu'un cinéaste du camp opposé pourrait tout à fait créer un personnage miroir, un militant de la déségrégation envoyé par les élites de Washington pour "éclairer" la population locale.
Petit à petit, Cramer dévoile son jeu et enflamme les foules par des discours où percent un anticommunisme sans nuance... ainsi qu'un indéniable antisémitisme. C'est un peu trop théâtral à mon goût, mais assez efficace. Le réalisateur réussit mieux à mettre en scène la montée de tension et les risques de dérapage : la population locale, chauffée à blanc (!) par l'activiste raciste, ne suit pas tout à fait la feuille de route établie par lui. La fin est évidemment morale.
P.S.
L'an dernier, un autre film de la même sensibilité, Du Silence et des ombres (To Kill a Mockingbird dans la version originale), était ressorti sur les écrans français. L'action se déroule dans les années 1930, avec un beau portrait social d'une petite ville du Sud, où un avocat (incarné par Gregory Peck) va tenter de vaincre les préjugés racistes pour faire triompher la justice.
The Intruder
Diffusé aussi sous le titre I Hate Your Guts, ce film de Roger Corman, datant de 1962, a été restauré. Il est de nouveau proposé dans certaines salles, alors que The BlacKkKlansman de Spike Lee est sur le point de sortir, ce qui n'est évidemment pas une coïncidence.
Le contexte est celui des débuts de la déségrégation, dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, où des adolescents noirs ambitionnent de suivre les cours du lycée des Blancs. Ceux-ci sont majoritairement hostiles au changement mais, par légalisme, semblent vouloir laisser les choses se dérouler dans le calme. Tourné dans le Missouri, le film propose une belle galerie de personnages de l'Amérique profonde, des gens modestes, pas mauvais sur le fond, mais susceptibles de déraper.
La mèche va être allumée par un "intrus", Adam Cramer, qui affirme venir tantôt de Californie, tantôt de Washington. Il se réclame d'une association politique, la Patrick Henry Society, opposée à la fin de la ségrégation. Il a l'allure avenante de William Shatner, qui, à l'époque, n'avait pas encore endossé le costume du capitaine Kirk dans Star Trek.
La première partie de l'histoire nous le présente comme un beau parleur, séduisant, entreprenant avec les femmes. La caractérisation est intéressante, parce qu'un cinéaste du camp opposé pourrait tout à fait créer un personnage miroir, un militant de la déségrégation envoyé par les élites de Washington pour "éclairer" la population locale.
Petit à petit, Cramer dévoile son jeu et enflamme les foules par des discours où percent un anticommunisme sans nuance... ainsi qu'un indéniable antisémitisme. C'est un peu trop théâtral à mon goût, mais assez efficace. Le réalisateur réussit mieux à mettre en scène la montée de tension et les risques de dérapage : la population locale, chauffée à blanc (!) par l'activiste raciste, ne suit pas tout à fait la feuille de route établie par lui. La fin est évidemment morale.
P.S.
L'an dernier, un autre film de la même sensibilité, Du Silence et des ombres (To Kill a Mockingbird dans la version originale), était ressorti sur les écrans français. L'action se déroule dans les années 1930, avec un beau portrait social d'une petite ville du Sud, où un avocat (incarné par Gregory Peck) va tenter de vaincre les préjugés racistes pour faire triompher la justice.
vendredi, 17 août 2018
Equalizer 2
Presque quatre ans après ses premières aventures (cinématographiques), Robert McCall revient sur les écrans, pour lutter encore et toujours contre les méchants... et aider les gentils.
Il ne faut donc pas s'attendre à beaucoup de surprises dans ce film d'action bien ficelé, qui commence toutefois par une séquence qui a interpellé certains des spectateurs présents dans la salle. On y voit Denzel Washington barbu, portant la calotte musulmane, dans un train roulant en Turquie. McCall se serait-il converti ? Maiiiiiiis nooon, voyons ! C'est un subterfuge, pour arriver à ses fins. (Quelque chose me dit que cette séquence ne va pas contribuer à réchauffer les relations entre les États-Unis et la Turquie...) La bagarre qui suit est parfaitement mise en scène... et s'achève par une ellipse : on n'a pas voulu mettre le paquet dès le début, histoire de bien nous faire savourer la suite.
On retrouve McCall à Boston, en chauffeur VTC. Le bon Samaritain va de nouveau frapper, cette fois-ci contre des golden boys vicieux, auxquels il va donner une magnifique leçon. Tout ça pour dire que le héros ne s'attaque pas qu'aux méchants musulmans. On prend même la peine de nous montrer qu'il entretient de très bonnes relations avec l'une de ses voisines, voilée, qui s'occupe d'un petit jardin. Sur son temps libre, le héros accompagne aussi un petit vieux sans doute juif, rescapé des camps. Enfin entre deux lectures, McCall veille sur un jeune Black de son quartier, doué pour le dessin, mais qui a de mauvaises fréquentations. Le héros aime donc tous les gentils... et il a un emploi du temps hyper chargé !
Il trouve quand même un moment pour dîner avec une ancienne collègue et vieille amie, à qui il va arriver quelques bricoles. L'emploi du temps de McCall devient alors encore plus chargé. Cette fois-ci, il va peut-être combattre les adversaires les plus redoutables qu'il ait jamais rencontrés. Le règlement de comptes se conclut dans une petite ville côtière du Massachusetts, en pleine tempête, dans un affrontement auquel le héros s'est minutieusement préparé. (Formidable séquence, au passage.)
Voilà. C'est un poil manichéen, mais c'est du bon cinéma d'action, avec une morale, un héros qui lit des bouquins... et incite son protégé à faire de même. Alleluia !
22:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films