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dimanche, 16 juin 2019

Stubby

   Ce film d'animation est sorti le mois dernier dans une relative confidentialité. Pourtant, le sujet qu'il traite est porteur : les aventures d'un chien des rues américain, devenu la mascotte d'un régiment d'infanterie de l'armée d'Oncle Sam, à la fin de la Première Guerre mondiale. Si l'intrigue comporte des éléments fictionnels, l'histoire du chien est vraie : à sa mort, il a eu droit à une nécrologie dans The New York Times ! Sa dépouille a même été "naturalisée" :

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Il s'agit d'une coproduction franco-canado-états-unienne. Signalons qu'aussi bien dans la version originale (en anglais) qu'en français, le "poilu" costaud (cuisinier dans le civil) qui devient ami avec le maître de Stubby a la voix de Gérard Depardieu, qui fait bien le job.

   Mais le principal atout de ce film est son personnage éponyme. Il est très bien animé (contrairement aux personnages humains, dessinés de manière un peu schématique) et, surtout, il est adorable. Non, mais, quel cabot !

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   Le scénario s'appuie sur des données historiques : l'entraînement des soldats, la vie dans les tranchées, la menace du gaz, la médiocrité de la nourriture, la découverte du vin par les Américains, l'arrivée de la grippe espagnole... Il y a aussi pas mal de clichés sur la France et les Français (le film est d'abord destiné aux spectateurs d'outre-Atlantique), mais cela reste bon enfant. Comme on vise aussi le jeune public, on a évité ce qui pourrait trop le choquer : on ne voit donc pas de corps éclater ni de sang gicler. C'est un peu aseptisé de ce point de vue, même si l'on ne nous cache pas que la guerre fait des ravages.

   J'ai beaucoup aimé ce film, enlevé et assez joyeux, qui tourne autour d'une belle histoire d'amitié entre un chien et des humains.

   P.S.

   Nombre de Français savent que Stubby n'est pas le plus célèbre chien de la Première Guerre mondiale. C'est Rintintin, né en France et sans doute sauvé d'une mort certaine par des soldats américains. Ramené aux Etats-Unis par le caporal Lee Duncan, il est devenu une vedette de cinéma. (Il serait néanmoins enterré en France, au cimetière d'Asnières.) C'est l'un de ses descendants qui aurait été utilisé dans la série télévisée qui porte son nom.

 

Stubby

   Ce film d'animation est sorti le mois dernier dans une relative confidentialité. Pourtant, le sujet qu'il traite est porteur : les aventures d'un chien des rues américain, devenu la mascotte d'un régiment d'infanterie de l'armée d'Oncle Sam, à la fin de la Première Guerre mondiale. Si l'intrigue comporte des éléments fictionnels, l'histoire du chien est vraie : à sa mort, il a eu droit à une nécrologie dans The New York Times ! Sa dépouille a même été "naturalisée" :

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   Il s'agit d'une coproduction franco-canado-états-unienne. Signalons qu'aussi bien dans la version originale (en anglais) qu'en français, le "poilu" costaud (cuisinier dans le civil) qui devient ami avec le maître de Stubby a la voix de Gérard Depardieu, qui fait bien le job.

   Mais le principal atout de ce film est son personnage éponyme. Il est très bien animé (contrairement aux personnages humains, dessinés de manière un peu schématique) et, surtout, il est adorable. Non, mais, quel cabot !

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   Le scénario s'appuie sur des données historiques : l'entraînement des soldats, la vie dans les tranchées, la menace du gaz, la médiocrité de la nourriture, la découverte du vin par les Américains, l'arrivée de la grippe espagnole... Il y a aussi pas mal de clichés sur la France et les Français (le film est d'abord destiné aux spectateurs d'outre-Atlantique), mais cela reste bon enfant. Comme on vise aussi le jeune public, on a évité ce qui pourrait trop le choquer : on ne voit donc pas de corps éclater ni de sang gicler. C'est un peu aseptisé de ce point de vue, même si l'on ne nous cache pas que la guerre fait des ravages.

   J'ai beaucoup aimé ce film, enlevé et assez joyeux, qui tourne autour d'une belle histoire d'amitié entre un chien et des humains.

   P.S.

   Nombre de Français savent que Stubby n'est pas le plus célèbre chien de la Première Guerre mondiale. C'est Rintintin, né en France et sans doute sauvé d'une mort certaine par des soldats américains. Ramené aux Etats-Unis par le caporal Lee Duncan, il est devenu une vedette de cinéma. (Il serait néanmoins enterré en France, au cimetière d'Asnières.) C'est l'un de ses descendants qui aurait été utilisé dans la série télévisée qui porte son nom.

 

samedi, 15 juin 2019

L'Homme qui venait de la mer

   Quinzaine japonaise, acte III. L'homme dont il est question semble assez jeune (âgé de 25-30 ans). Il émerge un jour sur une plage indonésienne, dans la province d'Aceh, sur l'île de Sumatra. Son identité est inconnue (d'autant qu'au début il ne parle quasiment pas), mais il porte des vêtements qui ressemblent à ceux d'un touriste japonais qui a récemment disparu, mais dont personne ne sait à quoi il ressemble.

   Pour éclairer ce mystère, les habitants de la région comptent sur une Japonaise installée là depuis des années. Elle vit avec son fils, issu d'un mariage mixte. Elle est sur le point d'accueillir sa nièce, en provenance du Japon. Dans le même temps, on suit une jeune Indonésienne musulmane qui, en compagnie d'un ami d'enfance, interroge les habitants de l'île, notamment ceux qui ont connu le terrible tsunami de 2004.

   L'intrigue entremêle donc deux propos. D'un côté, il est question des relations entre Indonésiens et Japonais. Pour les plus jeunes habitants de l'île, ceux-ci sont d'abord des touristes issus d'un pays riche. Pour les plus âgés, ce sont des ressortissants d'un ancien envahisseur, dont la "sphère de coprospérité orientale" n'a pas laissé de très bons souvenirs dans la région.

   L'autre versant de l'intrigue est d'ordre surnaturel. L'arrivée de "l'homme de la mer" suscite d'abord la curiosité, puis le trouble. Des phénomènes inexpliqués se produisent. Le voilà qui se met à parler (même si c'est de manière laconique et souvent sibylline), en japonais et en indonésien. De plus, il semble pouvoir se déplacer très rapidement, voire se trouver à deux endroits en même temps, il peut même marcher sur l'eau et... réalise ce qui ressemble à des miracles ! Dans une province très conservatrice, où s'applique la charia et où le principal personnage féminin indonésien déclare sans la moindre gêne qu'il n'est pas question qu'elle épouse un non-musulman, il y a de quoi perturber !

   Mais qu'on imagine pas un propos sociologisant lourdingue. La plupart des choses sont suggérées. Le réalisateur est d'évidence un formaliste, qui construit ses plans dans un objectif d'abord contemplatif. C'est perceptible dès le début, avec la vision de l'homme qui sort progressivement de l'eau, puis nous est montré vu du ciel, étendu sur la plage, à côté des vagues qui viennent lécher le sable.

   Le film ne dure qu'1h25. Il constitue une belle expérience esthétique... et (à mon avis) un acte militant en faveur du "vivre ensemble".

11:15 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

L'Homme qui venait de la mer

   Quinzaine japonaise, acte III. L'homme dont il est question semble assez jeune (âgé de 25-30 ans). Il émerge un jour sur une plage indonésienne, dans la province d'Aceh, sur l'île de Sumatra. Son identité est inconnue (d'autant qu'au début il ne parle quasiment pas), mais il porte des vêtements qui ressemblent à ceux d'un touriste japonais qui a récemment disparu, mais dont personne ne sait à quoi il ressemble.

   Pour éclairer ce mystère, les habitants de la région comptent sur une Japonaise installée là depuis des années. Elle vit avec son fils, issu d'un mariage mixte. Elle est sur le point d'accueillir sa nièce, en provenance du Japon. Dans le même temps, on suit une jeune Indonésienne musulmane qui, en compagnie d'un ami d'enfance, interroge les habitants de l'île, notamment ceux qui ont connu le terrible tsunami de 2004.

   L'intrigue entremêle donc deux propos. D'un côté, il est question des relations entre Indonésiens et Japonais. Pour les plus jeunes habitants de l'île, ceux-ci sont d'abord des touristes issus d'un pays riche. Pour les plus âgés, ce sont des ressortissants d'un ancien envahisseur, dont la "sphère de coprospérité orientale" n'a pas laissé de très bons souvenirs dans la région.

   L'autre versant de l'intrigue est d'ordre surnaturel. L'arrivée de "l'homme de la mer" suscite d'abord la curiosité, puis le trouble. Des phénomènes inexpliqués se produisent. Le voilà qui se met à parler (même si c'est de manière laconique et souvent sibylline), en japonais et en indonésien. De plus, il semble pouvoir se déplacer très rapidement, voire se trouver à deux endroits en même temps, il peut même marcher sur l'eau et... réalise ce qui ressemble à des miracles ! Dans une province très conservatrice, où s'applique la charia et où le principal personnage féminin indonésien déclare sans la moindre gêne qu'il n'est pas question qu'elle épouse un non-musulman, il y a de quoi perturber !

   Mais qu'on imagine pas un propos sociologisant lourdingue. La plupart des choses sont suggérées. Le réalisateur est d'évidence un formaliste, qui construit ses plans dans un objectif d'abord contemplatif. C'est perceptible dès le début, avec la vision de l'homme qui sort progressivement de l'eau, puis nous est montré vu du ciel, étendu sur la plage, à côté des vagues qui viennent lécher le sable.

   Le film ne dure qu'1h25. Il constitue une belle expérience esthétique... et (à mon avis) un acte militant en faveur du "vivre ensemble".

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vendredi, 14 juin 2019

Ne coupez pas !

   Quinzaine japonaise, acte II. Cette fois-ci, j'ai vu un film avec de vrais acteurs. Cette petite production nipponne, sortie en France en avril dernier, fait beaucoup parler d'elle. Son titre est à double sens : il s'agit bien entendu d'une expression propre au domaine cinématographique (et l'un des personnages la prononce au cours du film)... et c'est une allusion à certaines péripéties, qui font intervenir des morts-vivants... et une hache.

   Nous voilà plongés dans le tournage d'un film d'horreur bon marché. Le site est une ancienne station d'épuration, dont on finit par apprendre que, des années auparavant, elle a été un centre d'expérimentations de l'armée japonaise. Très vite, cela dérape : d'authentiques zombies débarquent et s'attaquent à l'équipe de tournage.

   Je ne peux pas en dire trop, mais sachez qu'à cette première mise en abyme succède une autre, puis encore une autre. La première partie prend la forme d'un unique plan séquence de trente minutes environ... et ce que l'on voit à l'écran est très mauvais. C'est une caricature de tout ce que l'on peut rassembler comme clichés sur un film d'horreur. Cela m'a d'ailleurs inquiété. La suite serait-elle du même tonneau ?

   Heureusement non. La deuxième partie de l'histoire est un retour en arrière, qui nous raconte la genèse du film, de l'écriture du scénario aux répétitions du plan-séquence, en passant par le choix des comédiens, parfois dû au hasard. C'est une vision ironique du monde du cinéma, avec ses coquetteries et ses jalousies.

   Mais le meilleur vient avec la troisième partie. On revoit le navet du début, mais du point de vue des coulisses. On découvre comment le plan-séquence a été tourné et, là, cela devient franchement drôle. Tout ce qui paraissait bizarre, mal fagoté voire incompréhensible au début s'éclaire sous un jour nouveau, en général comique. C'est un joli tour de force, qui incite les spectateurs à la patience et à la modestie : ce qui de prime abord ressemblait à un épouvantable nanard se révèle une œuvre expérimentale plutôt ingénieuse.

14:18 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Ne coupez pas !

   Quinzaine japonaise, acte II. Cette fois-ci, j'ai vu un film avec de vrais acteurs. Cette petite production nipponne, sortie en France en avril dernier, fait beaucoup parler d'elle. Son titre est à double sens : il s'agit bien entendu d'une expression propre au domaine cinématographique (et l'un des personnages la prononce au cours du film)... et c'est une allusion à certaines péripéties, qui font intervenir des morts-vivants... et une hache.

   Nous voilà plongés dans le tournage d'un film d'horreur bon marché. Le site est une ancienne station d'épuration, dont on finit par apprendre que, des années auparavant, elle a été un centre d'expérimentations de l'armée japonaise. Très vite, cela dérape : d'authentiques zombies débarquent et s'attaquent à l'équipe de tournage.

   Je ne peux pas en dire trop, mais sachez qu'à cette première mise en abyme succède une autre, puis encore une autre. La première partie prend la forme d'un unique plan séquence de trente minutes environ... et ce que l'on voit à l'écran est très mauvais. C'est une caricature de tout ce que l'on peut rassembler comme clichés sur un film d'horreur. Cela m'a d'ailleurs inquiété. La suite serait-elle du même tonneau ?

   Heureusement non. La deuxième partie de l'histoire est un retour en arrière, qui nous raconte la genèse du film, de l'écriture du scénario aux répétitions du plan-séquence, en passant par le choix des comédiens, parfois dû au hasard. C'est une vision ironique du monde du cinéma, avec ses coquetteries et ses jalousies.

   Mais le meilleur vient avec la troisième partie. On revoit le navet du début, mais du point de vue des coulisses. On découvre comment le plan-séquence a été tourné et, là, cela devient franchement drôle. Tout ce qui paraissait bizarre, mal fagoté voire incompréhensible au début s'éclaire sous un jour nouveau, en général comique. C'est un joli tour de force, qui incite les spectateurs à la patience et à la modestie : ce qui de prime abord ressemblait à un épouvantable nanard se révèle une œuvre expérimentale plutôt ingénieuse.

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jeudi, 13 juin 2019

Maquia - When the promised flower blooms

   Dans le cadre de la quinzaine japonaise des cinémas CGR (les Saisons Hanabi), j'ai découvert ce film d'animation, dont l'intrigue s'inscrit dans un univers d'heroic fantasy, où l'on perçoit l'influence de l'œuvre de Tolkien. L'action se déroule dans un Moyen Age fantasmé, urbain et rural, avec des châteaux-forts, des chevaliers, des auberges, des marchands et des paysans.

   On y croise des êtres fabuleux, comme les Renatos, sortes de dragons ailés, et le peuple Iolph, à l'extraordinaire longévité : quand les humains vieillissent de 10 ans, eux gagnent l'équivalent d'un ou deux ans. Maquia est l'une d'entre eux. Comme la plupart des femmes de son peuple, elle vit isolée du reste du monde et consacre ses journées à tisser d'impressionnantes étoffes, qui racontent les destins des êtres.

   Cette quiétude est chamboulée par l'intrusion des soldats du royaume voisin, qui massacrent la population pour ne garder que quelques femmes. La meilleure amie de Maquia est dans ce cas, tandis que l'héroïne réchappe par miracle à la tuerie... et s'entiche d'un bébé dont les parents ont été tués.

   A partir de ce moment, l'intrigue se dédouble. On suit Leilia retenue prisonnière au royaume, mariée de force à l'héritier de la couronne, tandis que meurent peu à peu les derniers Renatos, pour une raison mystérieuse. Dans le même temps, Maquia mène sa petite vie de mère célibataire, d'abord à la campagne, où elle se fait des amis, puis en ville. Au bout de quelques années, elle se force à migrer, pour éviter que les humains qu'elle côtoie ne se demandent comment il se peut qu'elle ne vieillisse pas, alors que son bébé devient un enfant, un adolescent, puis un jeune adulte.

   Le fond de l'histoire est donc riche. La jeune Iolph va comprendre pourquoi on leur interdisait de vivre parmi les humains : ceux-ci peuvent se montrer agressifs avec ce qu'ils ne comprennent pas et tout Iolph est destiné à voir rapidement vieillir et mourir les personnes qu'il/elle aime. C'est aussi une réflexion sur la maternité et l'éducation des enfants. Signalons que l'auteur, Mari Okada, est une femme, scénariste de formation.

   Le graphisme n'en est pas moins très élaboré. Certains plans sont une véritable splendeur, comparables à ce qu'on peut voir dans les meilleures œuvres d'Hayao Miyazaki.

   J'ai donc beaucoup apprécié ce film, en dépit de ses longueurs et de l'aspect un peu trop mélo de la seconde partie. Celle-ci est aussi parfois trépidante, avec l'assaut du château principal par des rivaux des kidnappeurs du début.

   Je recommande vivement cette œuvre originale, parfois captivante.

17:43 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Maquia - When the promised flower blooms

   Dans le cadre de la quinzaine japonaise des cinémas CGR (les Saisons Hanabi), j'ai découvert ce film d'animation, dont l'intrigue s'inscrit dans un univers d'heroic fantasy, où l'on perçoit l'influence de l'œuvre de Tolkien. L'action se déroule dans un Moyen Age fantasmé, urbain et rural, avec des châteaux-forts, des chevaliers, des auberges, des marchands et des paysans.

   On y croise des êtres fabuleux, comme les Renatos, sortes de dragons ailés, et le peuple Iolph, à l'extraordinaire longévité : quand les humains vieillissent de 10 ans, eux gagnent l'équivalent d'un ou deux ans. Maquia est l'une d'entre eux. Comme la plupart des femmes de son peuple, elle vit isolée du reste du monde et consacre ses journées à tisser d'impressionnantes étoffes, qui racontent les destins des êtres.

   Cette quiétude est chamboulée par l'intrusion des soldats du royaume voisin, qui massacrent la population pour ne garder que quelques femmes. La meilleure amie de Maquia est dans ce cas, tandis que l'héroïne réchappe par miracle à la tuerie... et s'entiche d'un bébé dont les parents ont été tués.

   A partir de ce moment, l'intrigue se dédouble. On suit Leilia retenue prisonnière au royaume, mariée de force à l'héritier de la couronne, tandis que meurent peu à peu les derniers Renatos, pour une raison mystérieuse. Dans le même temps, Maquia mène sa petite vie de mère célibataire, d'abord à la campagne, où elle se fait des amis, puis en ville. Au bout de quelques années, elle se force à migrer, pour éviter que les humains qu'elle côtoie ne se demandent comment il se peut qu'elle ne vieillisse pas, alors que son bébé devient un enfant, un adolescent, puis un jeune adulte.

   Le fond de l'histoire est donc riche. La jeune Iolph va comprendre pourquoi on leur interdisait de vivre parmi les humains : ceux-ci peuvent se montrer agressifs avec ce qu'ils ne comprennent pas et tout Iolph est destiné à voir rapidement vieillir et mourir les personnes qu'il/elle aime. C'est aussi une réflexion sur la maternité et l'éducation des enfants. Signalons que l'auteur, Mari Okada, est une femme, scénariste de formation.

   Le graphisme n'en est pas moins très élaboré. Certains plans sont une véritable splendeur, comparables à ce qu'on peut voir dans les meilleures œuvres d'Hayao Miyazaki.

   J'ai donc beaucoup apprécié ce film, en dépit de ses longueurs et de l'aspect un peu trop mélo de la seconde partie. Celle-ci est aussi parfois trépidante, avec l'assaut du château principal par des rivaux des kidnappeurs du début.

   Je recommande vivement cette œuvre originale, parfois captivante.

17:43 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 12 juin 2019

X-Men : Dark Phoenix

   Ce film vient mettre un point final à la deuxième vague d'adaptations de la meilleure série BD de Marvel... avant sans doute un nouveau reboot, la Fox ayant été rachetée par Disney, dont les crânes d'œuf  veulent intégrer les aventures des mutants à l'univers cinématographique Marvel (le MCU, dans la langue de Donald Trump).

   Exit Bryan Singer (sans doute pour des raisons non artistiques...), l'un des plus brillants metteurs en scène de sa génération, qui avait donné vie aux X-Men (en 2000) et qui avait repris en mains la série de films jusqu'à X-Men Apocalypse. C'est l'un de ses scénaristes, Simon Kinberg, qui a été chargé de parachever l'œuvre relancée en 2011 avec X-Men - Le Commencement.

   Au niveau des effets spéciaux, on a visiblement mis le paquet. C'est assez impressionnant, mais pas toujours bien inséré dans l'intrigue. J'ai eu l'impression qu'on cherchait à m'épater pour masquer les faiblesses du film. La réalisation est quelconque, le scénario poussif et l'interprétation moyenne. Seule la séquence d'attaque du train en marche sort de l'ordinaire.

   Je suis particulièrement déçu par le scénario. On a visiblement voulu éviter les redites avec la première trilogie... mais on a aussi presque totalement négligé le matériau d'origine, une série d'épisodes de la bande dessinée, datant de 1982-1983, publiés en France par les éditions LUG dans la revue Spécial Strange :

cinéma,cinema,film,films

   Dans l'histoire originelle, le phénix noir est responsable d'un génocide interplanétaire et sa vie est l'enjeu d'un combat de héros, l'équipe des X-Men étant opposée aux champions des autres galaxies, qui veulent les vaincre pour venger la mort des habitants victimes de la démesure du Phénix. Ça a une autre gueule que les chicayas terrestres de ce film. On a beau avoir épicé l'affaire avec la mort d'un des membres de l'équipe, l'ensemble témoigne d'une faible inventivité.

   De plus, c'est trop verbeux. On se mange des tunnels de dialogues sans intérêt (et j'ai vu le film en version originale sous-titrée...). De surcroît, le déroulement de l'intrigue ne charrie aucune émotion. C'est bien trop prévisible. Et nombre de scènes semblent factices.

   C'est peut-être parce qu'une partie des interprètes n'est pas au niveau. Je persiste à penser que James McAvoy est un mauvais choix pour incarner le professeur Xavier. Quant au jeu de Tye Sheridan (Cyclope), il a autant de saveur qu'une escalope non cuite. Je lui décerne la palme de l'insignifiance avec Sophie Turner, d'une affligeante platitude dans le rôle-titre. (Rendez-nous Famke Janssen !) Un conseil aux directeurs de casting : arrêtez de penser que, parce qu'un bogosse ou une midinette a figuré dans Game of Thrones, c'est un.e comédien.ne de génie !

   Aux amateurs de comics, je conseille plutôt de se replonger dans la BD, ou d'attendre la Fête du cinéma, afin que cette séance médiocre ne pèse pas trop sur leur budget sorties.

19:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

X-Men : Dark Phoenix

   Ce film vient mettre un point final à la deuxième vague d'adaptations de la meilleure série BD de Marvel... avant sans doute un nouveau reboot, la Fox ayant été rachetée par Disney, dont les crânes d'œuf  veulent intégrer les aventures des mutants à l'univers cinématographique Marvel (le MCU, dans la langue de Donald Trump).

   Exit Bryan Singer (sans doute pour des raisons non artistiques...), l'un des plus brillants metteurs en scène de sa génération, qui avait donné vie aux X-Men (en 2000) et qui avait repris en mains la série de films jusqu'à X-Men Apocalypse. C'est l'un de ses scénaristes, Simon Kinberg, qui a été chargé de parachever l'œuvre relancée en 2011 avec X-Men - Le Commencement.

   Au niveau des effets spéciaux, on a visiblement mis le paquet. C'est assez impressionnant, mais pas toujours bien inséré dans l'intrigue. J'ai eu l'impression qu'on cherchait à m'épater pour masquer les faiblesses du film. La réalisation est quelconque, le scénario poussif et l'interprétation moyenne. Seule la séquence d'attaque du train en marche sort de l'ordinaire.

   Je suis particulièrement déçu par le scénario. On a visiblement voulu éviter les redites avec la première trilogie... mais on a aussi presque totalement négligé le matériau d'origine, une série d'épisodes de la bande dessinée, datant de 1982-1983, publiés en France par les éditions LUG dans la revue Spécial Strange :

cinéma,cinema,film,films

   Dans l'histoire originelle, le phénix noir est responsable d'un génocide interplanétaire et sa vie est l'enjeu d'un combat de héros, l'équipe des X-Men étant opposée aux champions des autres galaxies, qui veulent les vaincre pour venger la mort des habitants victimes de la démesure du Phénix. Ça a une autre gueule que les chicayas terrestres de ce film. On a beau avoir épicé l'affaire avec la mort d'un des membres de l'équipe, l'ensemble témoigne d'une faible inventivité.

   De plus, c'est trop verbeux. On se mange des tunnels de dialogues sans intérêt (et j'ai vu le film en version originale sous-titrée...). De surcroît, le déroulement de l'intrigue ne charrie aucune émotion. C'est bien trop prévisible. Et nombre de scènes semblent factices.

   C'est peut-être parce qu'une partie des interprètes n'est pas au niveau. Je persiste à penser que James McAvoy est un mauvais choix pour incarner le professeur Xavier. Quant au jeu de Tye Sheridan (Cyclope), il a autant de saveur qu'une escalope non cuite. Je lui décerne la palme de l'insignifiance avec Sophie Turner, d'une affligeante platitude dans le rôle-titre. (Rendez-nous Famke Janssen !) Un conseil aux directeurs de casting : arrêtez de penser que, parce qu'un bogosse ou une midinette a figuré dans Game of Thrones, c'est un.e comédien.ne de génie !

   Aux amateurs de comics, je conseille plutôt de se replonger dans la BD, ou d'attendre la Fête du cinéma, afin que cette séance médiocre ne pèse pas trop sur leur budget sorties.

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mardi, 11 juin 2019

Ma

   C'est le surnom de Sue Ann, une quadragénaire afro-américaine qui vit apparemment seule dans une maison isolée, dans une petite ville d'un coin perdu des Etats-Unis (dans l'Ohio). Son métier (assistante vétérinaire) lui a fait connaître un peu tout le monde. Elle n'hésite pas à rendre service à son prochain, à l'occasion.

   L'histoire commence avec l'emménagement d'une mère (Erica) et de sa fille (Maggie), en provenance de Californie. On apprend bientôt que, pour la mère, c'est un retour aux sources : elle a vécu dans cette petite ville, où sont restés la plupart de ses camarades de lycée. Sa propre fille se met d'ailleurs à fréquenter les enfants de certains d'entre eux.

   Le problème pour ces jeunes est de trouver à quoi occuper leurs loisirs. Il n'y a pas de véritable attraction dans les parages, à part des ruines où certains se réunissent pour picoler. Le but est de se procurer de l'alcool, dont la vente est interdite aux moins de 21 ans.

   C'est là que Ma intervient. Elle accepte de jouer les intermédiaires, puis propose que les soirées alcoolisées se déroulent dans la grande cave de sa maison. Les jeunes ne doivent par contre sous aucun prétexte monter dans les étages.

   Elle a beau être sympa, cette Sue Ann est parfois un peu flippante. Il lui arrive de surgir de nulle part. De plus, elle commence à s'incruster dans la vie d'un de ces groupes d'ados, par l'intermédiaire des smartphones et des réseaux sociaux. Et puis il y a cette coupe de cheveux démodée, qui lui donne parfois un aspect inquiétant, surtout quand elle a des sautes d'humeur.

   La première heure est une lente montée en tension. Petit à petit, des indices ténus éveillent l'inquiétude de Maggie, plus méfiante que ses camarades de beuverie. Pour les spectateurs, on a ajouté des retours en arrière. On comprend que, vingt ans plus tôt, au lycée, il s'est passé quelque chose qui lie certains des habitants de la ville. Les quarante dernières minutes font basculer le film dans quelque chose de plus conventionnel, d'une violence nette et sans bavure.

   C'est très bien réalisé, avec beaucoup d'ambiguïté dans la première partie, de manière plus frontale dans la seconde. On connaît le réalisateur Tate Taylor pour La Couleur des sentiments (film qui a véritablement lancé Octavia Spencer, formidable ici en Ma), Get on up et La Fille du train. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais un très bon film de genre, avec de surcroît un arrière-plan sociétal.

ATTENTION !

LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE.

   Dans tout bon film d'épouvante nord-américain s'exerce une sorte de justice immanente. Soit le groupe de personnages qui se fait trucider a commis des "fautes" au début de l'histoire, soit il s'agit d'un passé honteux qui ressurgit.

   Ici, c'est l'ancienne lycéenne afro-américaine complexée qui va se venger des Blancs dominants. C'est donc la revanche d'un membre des "minorités visibles" et d'une jeune femme opprimée, que l'introversion et l'obésité ont contribué à éloigner des "gens normaux". Au sens symbolique, l'intrigue voit la revanche du second rôle sur les (anciennes) vedettes. Avant que sa carrière ne décolle, ces 8-10 dernières années, Octavia Spencer était cantonnée dans des personnages annexes, parfois caricaturaux. Ici, c'est elle qui mène la danse, face à une ancienne gloire comme Juliette Lewis et un mâle dominant comme Luke Evans.

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Ma

   C'est le surnom de Sue Ann, une quadragénaire afro-américaine qui vit apparemment seule dans une maison isolée, dans une petite ville d'un coin perdu des Etats-Unis (dans l'Ohio). Son métier (assistante vétérinaire) lui a fait connaître un peu tout le monde. Elle n'hésite pas à rendre service à son prochain, à l'occasion.

   L'histoire commence avec l'emménagement d'une mère (Erica) et de sa fille (Maggie), en provenance de Californie. On apprend bientôt que, pour la mère, c'est un retour aux sources : elle a vécu dans cette petite ville, où sont restés la plupart de ses camarades de lycée. Sa propre fille se met d'ailleurs à fréquenter les enfants de certains d'entre eux.

   Le problème pour ces jeunes est de trouver à quoi occuper leurs loisirs. Il n'y a pas de véritable attraction dans les parages, à part des ruines où certains se réunissent pour picoler. Le but est de se procurer de l'alcool, dont la vente est interdite aux moins de 21 ans.

   C'est là que Ma intervient. Elle accepte de jouer les intermédiaires, puis propose que les soirées alcoolisées se déroulent dans la grande cave de sa maison. Les jeunes ne doivent par contre sous aucun prétexte monter dans les étages.

   Elle a beau être sympa, cette Sue Ann est parfois un peu flippante. Il lui arrive de surgir de nulle part. De plus, elle commence à s'incruster dans la vie d'un de ces groupes d'ados, par l'intermédiaire des smartphones et des réseaux sociaux. Et puis il y a cette coupe de cheveux démodée, qui lui donne parfois un aspect inquiétant, surtout quand elle a des sautes d'humeur.

   La première heure est une lente montée en tension. Petit à petit, des indices ténus éveillent l'inquiétude de Maggie, plus méfiante que ses camarades de beuverie. Pour les spectateurs, on a ajouté des retours en arrière. On comprend que, vingt ans plus tôt, au lycée, il s'est passé quelque chose qui lie certains des habitants de la ville. Les quarante dernières minutes font basculer le film dans quelque chose de plus conventionnel, d'une violence nette et sans bavure.

   C'est très bien réalisé, avec beaucoup d'ambiguïté dans la première partie, de manière plus frontale dans la seconde. On connaît le réalisateur Tate Taylor pour La Couleur des sentiments (film qui a véritablement lancé Octavia Spencer, formidable ici en Ma), Get on up et La Fille du train. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais un très bon film de genre, avec de surcroît un arrière-plan sociétal.

ATTENTION !

LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE.

   Dans tout bon film d'épouvante nord-américain s'exerce une sorte de justice immanente. Soit le groupe de personnages qui se fait trucider a commis des "fautes" au début de l'histoire, soit il s'agit d'un passé honteux qui ressurgit.

   Ici, c'est l'ancienne lycéenne afro-américaine complexée qui va se venger des Blancs dominants. C'est donc la revanche d'un membre des "minorités visibles" et d'une jeune femme opprimée, que l'introversion et l'obésité ont contribué à éloigner des "gens normaux". Au sens symbolique, l'intrigue voit la revanche du second rôle sur les (anciennes) vedettes. Avant que sa carrière ne décolle, ces 8-10 dernières années, Octavia Spencer était cantonnée dans des personnages annexes, parfois caricaturaux. Ici, c'est elle qui mène la danse, face à une ancienne gloire comme Juliette Lewis et un mâle dominant comme Luke Evans.

11:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, flms

lundi, 10 juin 2019

La Cité de la peur

   Vingt-cinq ans après sa sortie officielle, le "film de Les Nuls", réalisé par leur comparse Alain Berbérian, est de nouveau sur les écrans français, dans une version restaurée. A Rodez, le cinéma CGR a organisé une séance spéciale, dimanche soir, à 19h45. Le film a eu les honneurs de la salle 1, la plus grande, la seule dotée d'un projecteur 4K, ainsi que l'a précisé dans sa présentation Yann Marie, le directeur de l'établissement. (Au cas -improbable- où certains pontes de CGR liraient ce billet, je me permets de leur suggérer d'équiper d'autres salles ruthénoises de cette technologie.)

   Le public allait-il répondre présent à ce "plan culte" un peu spécial ? Compte tenu de ma dernière expérience de séance particulière (c'était pour le documentaire Lourdes, qui a fait salle comble), je suis arrivé un peu en avance... et j'ai bien fait : je n'ai pas eu à jouer des coudes parmi la centaine de milliers quinzaine de spectateurs présents.

   En guise de hors-d’œuvre, nous avons eu droit à un petit questionnaire sur le film. Une bonne réponse donnait droit à l'affiche de celui-ci, accompagnée d'un magnifique... sac à vomi (référence au personnage de Simon Jérémi, interprété par Dominique Farrugia) :

cinéma,cinema,film,films

cinéma,cinema,film,films

   En réalité, il s'agit plutôt d'un sac à pop-corn, mais qui n'est pas utilisé dans ce cinéma, où les portions sont vendues dans d'énormes gobelets.

   Quoi qu'il en soit, même si le public a semble-t-il apprécié la séance, aucun des spectateurs n'a été a priori victime du même syndrome que celui qui frappe Simon Jérémi... Les sièges et la moquette leur en sont infiniment reconnaissants !

   Dans ce sac se trouvaient un stylo à l'effigie d'un film à grand spectacle (dont je parlerai bientôt) et un drôle de petit paquet, sur lequel je vais laisser planer le mystère :

cinéma,cinema,film,films

   J'ai donc réussi à répondre juste à l'une des quatorze questions posées. Pour être franc, je dois reconnaître que je n'aurais pas fait un sans-faute. J'avais notamment oublié le record olympique battu par Serge Karamazov au cours d'une mémorable poursuite. (Honte à moi !)

   Notons que le directeur du cinéma de Rodez a fait les choses en grand. Il avait recruté une (très) jeune mannequin, prénommée Capucine, qui, durant un bon quart d'heure, a cavalé de haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite et de droite à gauche de l'amphithéâtre de la salle 1 pour distribuer les prix des vainqueurs. Nul ne peut douter que, d'ici quelques années, cette jeune athlète s'illustrera dans une compétition sportive et que, peut-être, elle redorera le blason du tennis national, dont les représentants franco-suisses ont une fois de plus sombré à Roland-Garros cette année.

   A ces réjouissances a succédé la projection du film, que plusieurs (jeunes) personnes présentes dans la salle n'avaient encore jamais vu. Je n'ai pas boudé mon plaisir à redécouvrir la Carioca sur grand écran (mieux exécutée qu'à Cannes cette année), ainsi que les répliques cultes d'Odile Deray, Serge Karamazov ou encore du commissaire Bialès. J'ai aussi senti un petit pincement au cœur lorsqu'est arrivé le passage rendant hommage au quatrième larron de la bande, Bruno Carette. Précocement décédé en 1989, celui qui participa dès le début à l'aventure des Nuls incarna entre autres l'incommensurable Misou-Mizou.

   Si l'on prend un peu de recul cinéphilique, on se rend compte que la bande d'humoristes a réalisé un film authentiquement français... nourri principalement de références au cinéma anglo-saxon, des Griffes de la nuit à Terminator, en passant par Vendredi 13, Basic Instinct (mais aussi Le Cuirassé Potemkine et Les 400 Coups).

   P.S.

   Aux amateurs de quiz, je signale qu'il en existe plusieurs sur La Cité de la peur, notamment celui-ci.

22:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Cité de la peur

   Vingt-cinq ans après sa sortie officielle, le "film de Les Nuls", réalisé par leur comparse Alain Berbérian, est de nouveau sur les écrans français, dans une version restaurée. A Rodez, le cinéma CGR a organisé une séance spéciale, dimanche soir, à 19h45. Le film a eu les honneurs de la salle 1, la plus grande, la seule dotée d'un projecteur 4K, ainsi que l'a précisé dans sa présentation Yann Marie, le directeur de l'établissement. (Au cas -improbable- où certains pontes de CGR liraient ce billet, je me permets de leur suggérer d'équiper d'autres salles ruthénoises de cette technologie.)

   Le public allait-il répondre présent à ce "plan culte" un peu spécial ? Compte tenu de ma dernière expérience de séance particulière (c'était pour le documentaire Lourdes, qui a fait salle comble), je suis arrivé un peu en avance... et j'ai bien fait : je n'ai pas eu à jouer des coudes parmi la centaine de milliers quinzaine de spectateurs présents.

   En guise de hors-d’œuvre, nous avons eu droit à un petit questionnaire sur le film. Une bonne réponse donnait droit à l'affiche de celui-ci, accompagnée d'un magnifique... sac à vomi (référence au personnage de Simon Jérémi, interprété par Dominique Farrugia) :

cinéma,cinema,film,films

cinéma,cinema,film,films

   En réalité, il s'agit plutôt d'un sac à pop-corn, mais qui n'est pas utilisé dans ce cinéma, où les portions sont vendues dans d'énormes gobelets.

   Quoi qu'il en soit, même si le public a semble-t-il apprécié la séance, aucun des spectateurs n'a été a priori victime du même syndrome que celui qui frappe Simon Jérémi... Les sièges et la moquette leur en sont infiniment reconnaissants !

   Dans ce sac se trouvaient un stylo à l'effigie d'un film à grand spectacle (dont je parlerai bientôt) et un drôle de petit paquet, sur lequel je vais laisser planer le mystère :

cinéma,cinema,film,films

   J'ai donc réussi à répondre juste à l'une des quatorze questions posées. Pour être franc, je dois reconnaître que je n'aurais pas fait un sans-faute. J'avais notamment oublié le record olympique battu par Serge Karamazov au cours d'une mémorable poursuite. (Honte à moi !)

   Notons que le directeur du cinéma de Rodez a fait les choses en grand. Il avait recruté une (très) jeune mannequin, prénommée Capucine, qui, durant un bon quart d'heure, a cavalé de haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite et de droite à gauche de l'amphithéâtre de la salle 1 pour distribuer les prix des vainqueurs. Nul ne peut douter que, d'ici quelques années, cette jeune athlète s'illustrera dans une compétition sportive et que, peut-être, elle redorera le blason du tennis national, dont les représentants franco-suisses ont une fois de plus sombré à Roland-Garros cette année.

   A ces réjouissances a succédé la projection du film, que plusieurs (jeunes) personnes présentes dans la salle n'avaient encore jamais vu. Je n'ai pas boudé mon plaisir à redécouvrir la Carioca sur grand écran (mieux exécutée qu'à Cannes cette année), ainsi que les répliques cultes d'Odile Deray, Serge Karamazov ou encore du commissaire Bialès. J'ai aussi senti un petit pincement au cœur lorsqu'est arrivé le passage rendant hommage au quatrième larron de la bande, Bruno Carette. Précocement décédé en 1989, celui qui participa dès le début à l'aventure des Nuls incarna entre autres l'incommensurable Misou-Mizou.

   Si l'on prend un peu de recul cinéphilique, on se rend compte que la bande d'humoristes a réalisé un film authentiquement français... nourri principalement de références au cinéma anglo-saxon, des Griffes de la nuit à Terminator, en passant par Vendredi 13, Basic Instinct (mais aussi Le Cuirassé Potemkine et Les 400 Coups).

   P.S.

   Aux amateurs de quiz, je signale qu'il en existe plusieurs sur La Cité de la peur, notamment celui-ci.

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dimanche, 09 juin 2019

Rocketman

   Je suis britannique, d'origine modeste (sans être pauvre). Très tôt, on m'a découvert des dons artistiques. J'ai rapidement voulu changer d'identité pour faire carrière et j'ai longtemps été un homosexuel honteux. Je suis... eh, non ! Pas Freddy Mercury ! Pourtant, les ressemblances entre les deux parcours sont frappantes. Il est d'autant plus étonnant que moins de sept mois après la sortie de Bohemian Rhapsody, cet autre demi-biopic nous soit proposé.

   C'est un demi-biopic parce que l'histoire s'arrête au moment où Elton John devient sobre. Les 25-30 dernières années en sont donc exclues. La forme prise par le film est aussi déroutante : c'est une "comédie" musicale, dont le passage le plus entraînant se trouve dans la première partie, lorsqu'il est question de la soirée de folie que passe le jeune adulte. La musique claque, les chorégraphies sont au poil et c'est filmé avec une touche d'inventivité.

   Le problème est que, si l'on excepte la séquence au Troubadour, c'est, pour moi, le seul moment du film où l'aspect comédie musicale tient la route. Il est vrai qu'à la base, je n'aime pas trop le genre. Mais, franchement, dans le reste du film, ça "bande mou". Les chansons d'Elton sont réinterprétées par l'acteur principal (Taron Egerton, très bon dans le rôle) ou d'autres personnages. Déjà, dans la bouche d'Elton, la plupart de ses titres ne me branchaient pas, alors dans la bouche d'autres, moins doués... De surcroît, les chansons ne sont pas insérées dans l'ordre chronologique de leur composition, ce qui enlève une partie de sa force au caractère biographique du film.

   J'ai quand même bien aimé les scènes de création artistique, au piano. Le jeune Reginald semble doté de l'oreille absolue, si bien qu'il aurait pu envisager une carrière classique. Il est fort bien interprété par deux garçons (à deux âges différents), le premier se révélant (si l'on se fie aux photographies montrées à la fin du film) le quasi-sosie du jeune artiste.

   Il n'y a non plus rien à reprocher à l'interprétation. De Taron Egerton à Richard Madden (doté d'un curieux accent dans la version originale... parce que son personnage est d'origine écossaise !), en passant par Bryce Dallas Howard (méconnaissable dans le rôle de la mère indigne), on peut dire que le boulot est bien fait. Mais l'ensemble manque souvent de rythme et, paradoxalement, de folie. Le film souffre de la comparaison avec Bohemian Rhapsody, réalisé il est vrai par Bryan Singer.

Rocketman

   Je suis britannique, d'origine modeste (sans être pauvre). Très tôt, on m'a découvert des dons artistiques. J'ai rapidement voulu changer d'identité pour faire carrière et j'ai longtemps été un homosexuel honteux. Je suis... eh, non ! Pas Freddy Mercury ! Pourtant, les ressemblances entre les deux parcours sont frappantes. Il est d'autant plus étonnant que moins de sept mois après la sortie de Bohemian Rhapsody, cet autre demi-biopic nous soit proposé.

   C'est un demi-biopic parce que l'histoire s'arrête au moment où Elton John devient sobre. Les 25-30 dernières années en sont donc exclues. La forme prise par le film est aussi déroutante : c'est une "comédie" musicale, dont le passage le plus entraînant se trouve dans la première partie, lorsqu'il est question de la soirée de folie que passe le jeune adulte. La musique claque, les chorégraphies sont au poil et c'est filmé avec une touche d'inventivité.

   Le problème est que, si l'on excepte la séquence au Troubadour, c'est, pour moi, le seul moment du film où l'aspect comédie musicale tient la route. Il est vrai qu'à la base, je n'aime pas trop le genre. Mais, franchement, dans le reste du film, ça "bande mou". Les chansons d'Elton sont réinterprétées par l'acteur principal (Taron Egerton, très bon dans le rôle) ou d'autres personnages. Déjà, dans la bouche d'Elton, la plupart de ses titres ne me branchaient pas, alors dans la bouche d'autres, moins doués... De surcroît, les chansons ne sont pas insérées dans l'ordre chronologique de leur composition, ce qui enlève une partie de sa force au caractère biographique du film.

   J'ai quand même bien aimé les scènes de création artistique, au piano. Le jeune Reginald semble doté de l'oreille absolue, si bien qu'il aurait pu envisager une carrière classique. Il est fort bien interprété par deux garçons (à deux âges différents), le premier se révélant (si l'on se fie aux photographies montrées à la fin du film) le quasi-sosie du jeune artiste.

   Il n'y a non plus rien à reprocher à l'interprétation. De Taron Egerton à Richard Madden (doté d'un curieux accent dans la version originale... parce que son personnage est d'origine écossaise !), en passant par Bryce Dallas Howard (méconnaissable dans le rôle de la mère indigne), on peut dire que le boulot est bien fait. Mais l'ensemble manque souvent de rythme et, paradoxalement, de folie. Le film souffre de la comparaison avec Bohemian Rhapsody, réalisé il est vrai par Bryan Singer.

samedi, 08 juin 2019

Amazing Grace

   Ce documentaire réalisé par le jeune Sydney Pollack n'avait jamais pu sortir en salles, faute de montage adéquat. Tourné en 1972 dans une église baptiste de Los Angeles, il montre les préparatifs, les à-côtés et le déroulement de deux mini-concerts de gospel donnés par Aretha Franklin.

   Jusque dans les années 1980 je ne savais pas grand chose de celle-ci. J'avais quelques "tubes" en tête, comme Respect et Think. J'ai découvert la personne à l'occasion de duos, l'un avec Eurythmics (Sisters are doin' it for themselves), l'autre avec George Michael (I knew you were waiting). 

   Le titre du film est à double sens. Cette "grâce exceptionnelle" est, de prime abord, le talent d'Aretha Franklin, au timbre de voix unique. Mais c'est aussi un célèbre cantique (chez les Anglo-Saxons). Comme les concerts sont filmés dans une église, on doit tenir compte de la signification religieuse : cette grâce est divine, c'est un don qui distingue la chanteuse de la masse... et qu'elle utilise ici pour faire la promotion de l'église tenue par un pasteur qu'elle connaît depuis l'enfance. Dans le même temps, elle enregistre un disque de gospel, qui s'est d'ailleurs très bien vendu... Ou comment concilier le spirituel et le temporel.

   Le réalisateur met en valeur l'interprète, dont la qualité du chant est stupéfiante. (Rappelons que le son est en prise directe, sur bandes magnétiques !) On voit que la jeune femme se donne à fond. Rapidement, des gouttes de transpiration apparaissent sur son visage (alors qu'elle ne fait que chanter et -parfois- jouer du piano, sans danser). Plusieurs gros plans bénéficient d'un effet quasi miraculeux : le visage d'Aretha est baigné de gouttes de sueur et du reflet des lumières sur les petits éclats de verre dont est piquetée sa robe blanche (le premier soir).

   Mais le spectacle est aussi dans la salle. Lors du premier concert, elle est à moitié remplie, presque exclusivement garnie de spectateurs noirs (avec des coupes "afro" à la pelle). Ce sont des fidèles de l'église, parmi lesquels ont dû se glisser quelques incroyants amateurs de musique soul. Ils savent qu'ils sont filmés et enregistrés. Du coup, beaucoup sont venus sur leur trente-et-un et certains n'ont pas un comportement très naturel devant la caméra. Mais il ne faut pas croire que l'agitation que le concert provoque soit factice. C'est ainsi que le culte se passait et nombre de fidèles vivent à travers la musique religieuse une véritable expérience spirituelle.

   Le second soir, la salle est pleine à craquer... et plus multi-ethnique. Dans l'assistance, on remarque la présence de Mick Jagger (14 ans avant la reprise de Jumpin' Jack Flash), d'abord tout au fond, puis beaucoup plus près de la scène. Le discours prononcé par le père d'Aretha (un pasteur, comme son hôte) est émouvant.

   Au-delà de la musique, au-delà de la voix, au-delà de la religion, ce documentaire présente un intérêt historique. Il nous replonge au début des années 1970, peu de temps après la fin officielle de la ségrégation (à laquelle il est plusieurs fois fait allusion), quelques années aussi après les violentes émeutes de Watts, quartier dans lequel est situé le bâtiment qui sert de salle de concert. On réalise que les églises protestantes ont constitué un moyen d'ascension sociale pour certaines familles afro-américaines et le cadre idéal pour l'émergence de talents vocaux (Aretha annonçant nombre de "divas" contemporaines, comme Whitney Houston). Plus prosaïquement, on se dit aussi que la mode vestimentaire a (heureusement) beaucoup changé...

   L'ensemble, hétéroclite, forme, pour moi, un beau documentaire musical, de surcroît pas très long (1h25).

Amazing Grace

   Ce documentaire réalisé par le jeune Sydney Pollack n'avait jamais pu sortir en salles, faute de montage adéquat. Tourné en 1972 dans une église baptiste de Los Angeles, il montre les préparatifs, les à-côtés et le déroulement de deux mini-concerts de gospel donnés par Aretha Franklin.

   Jusque dans les années 1980 je ne savais pas grand chose de celle-ci. J'avais quelques "tubes" en tête, comme Respect et Think. J'ai découvert la personne à l'occasion de duos, l'un avec Eurythmics (Sisters are doin' it for themselves), l'autre avec George Michael (I knew you were waiting). 

   Le titre du film est à double sens. Cette "grâce exceptionnelle" est, de prime abord, le talent d'Aretha Franklin, au timbre de voix unique. Mais c'est aussi un célèbre cantique (chez les Anglo-Saxons). Comme les concerts sont filmés dans une église, on doit tenir compte de la signification religieuse : cette grâce est divine, c'est un don qui distingue la chanteuse de la masse... et qu'elle utilise ici pour faire la promotion de l'église tenue par un pasteur qu'elle connaît depuis l'enfance. Dans le même temps, elle enregistre un disque de gospel, qui s'est d'ailleurs très bien vendu... Ou comment concilier le spirituel et le temporel.

   Le réalisateur met en valeur l'interprète, dont la qualité du chant est stupéfiante. (Rappelons que le son est en prise directe, sur bandes magnétiques !) On voit que la jeune femme se donne à fond. Rapidement, des gouttes de transpiration apparaissent sur son visage (alors qu'elle ne fait que chanter et -parfois- jouer du piano, sans danser). Plusieurs gros plans bénéficient d'un effet quasi miraculeux : le visage d'Aretha est baigné de gouttes de sueur et du reflet des lumières sur les petits éclats de verre dont est piquetée sa robe blanche (le premier soir).

   Mais le spectacle est aussi dans la salle. Lors du premier concert, elle est à moitié remplie, presque exclusivement garnie de spectateurs noirs (avec des coupes "afro" à la pelle). Ce sont des fidèles de l'église, parmi lesquels ont dû se glisser quelques incroyants amateurs de musique soul. Ils savent qu'ils sont filmés et enregistrés. Du coup, beaucoup sont venus sur leur trente-et-un et certains n'ont pas un comportement très naturel devant la caméra. Mais il ne faut pas croire que l'agitation que le concert provoque soit factice. C'est ainsi que le culte se passait et nombre de fidèles vivent à travers la musique religieuse une véritable expérience spirituelle.

   Le second soir, la salle est pleine à craquer... et plus multi-ethnique. Dans l'assistance, on remarque la présence de Mick Jagger (14 ans avant la reprise de Jumpin' Jack Flash), d'abord tout au fond, puis beaucoup plus près de la scène. Le discours prononcé par le père d'Aretha (un pasteur, comme son hôte) est émouvant.

   Au-delà de la musique, au-delà de la voix, au-delà de la religion, ce documentaire présente un intérêt historique. Il nous replonge au début des années 1970, peu de temps après la fin officielle de la ségrégation (à laquelle il est plusieurs fois fait allusion), quelques années aussi après les violentes émeutes de Watts, quartier dans lequel est situé le bâtiment qui sert de salle de concert. On réalise que les églises protestantes ont constitué un moyen d'ascension sociale pour certaines familles afro-américaines et le cadre idéal pour l'émergence de talents vocaux (Aretha annonçant nombre de "divas" contemporaines, comme Whitney Houston). Plus prosaïquement, on se dit aussi que la mode vestimentaire a (heureusement) beaucoup changé...

   L'ensemble, hétéroclite, forme, pour moi, un beau documentaire musical, de surcroît pas très long (1h25).

vendredi, 07 juin 2019

Aladdin

   Disney continue sur sa lancée de mise à jour de sa collection de films d'animation, avec cette fois des acteurs en chair, en os... et en pixels. Beaucoup de pixels. Le précédent opus du même genre n'est autre que le Dumbo  de Tim Burton.

   La trame traditionnelle est respectée, dans les grandes lignes. C'est une histoire d'amour contrarié entre une princesse et un voleur de basse extraction. C'est aussi une lutte pour le pouvoir, avec un vizir qui aspire à devenir sultan à la place du sultan. C'est enfin un conte moral, sur l'amitié, l'honnêteté et l'ambition.

   La distribution est de qualité inégale. Naomi Scott fait une princesse Jasmine très convaincante... sauf quand elle beugle l'une de ces insupportables chansonnettes dont on a parsemé le film. C'est un personnage "moderne" : au fur et à mesure qu'elle prend de l'assurance (et gagne en indépendance), cette musulmane "oublie" de porter le voile... et elle songe à mettre fin à la règle archaïque qui veut que seuls les fils accèdent au trône. (Good point for you, Guy Ritchie !)

   Face à elle, Mena Massoud fait pâle figure en Aladdin. Quand on pense que les noms de Riz Ahmed (remarqué dans Les Frères Sisters) et de Dev Patel (rappelez-vous : Slumdog Millionaire) ont circulé pour l'attribution du rôle, on est sidéré que ce gars l'ait décroché. Il m'a donné l'impression d'avoir été recruté sur la base d'une publicité pour dentifrice...

   Fort heureusement, il y a un méchant très convaincant (Marwan Kenzari)... et un génie qui dépote : Will Smith, en forme, de surcroît très bien doublé par Anthony Kavanagh dans la version française, qu'il contribue à sauver du naufrage. 

   La plus belle séquence du film est d'ailleurs sans doute celle de la caverne, qui voit le héros découvrir la fameuse lampe magique... et son génie, qui nous gratifie d'une chorégraphie entraînante, nourrie d'effets spéciaux, bien dans l'esprit surréaliste des classiques de chez Disney. Hélas, par la suite, cela se gâte. L'une des séquences les plus ridicules est celle du banquet, qui tourne au battle dance, Aladdin évoluant sur la piste tel un pantin entre les mains du génie.

   C'en est au point que j'attendais avec impatience l'apparition à l'écran des personnages secondaires : le singe, le tigre... et le tapis volant, une excellente trouvaille, animée avec talent. C'est l'occasion de signaler que les effets spéciaux sont de qualité. Ils sont hélas surchargés et donnent à l'ensemble l'aspect d'une grosse meringue, que l'assaisonnement de chansons mièvres contribue à rendre limite écoeurante.

22:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Aladdin

   Disney continue sur sa lancée de mise à jour de sa collection de films d'animation, avec cette fois des acteurs en chair, en os... et en pixels. Beaucoup de pixels. Le précédent opus du même genre n'est autre que le Dumbo  de Tim Burton.

   La trame traditionnelle est respectée, dans les grandes lignes. C'est une histoire d'amour contrarié entre une princesse et un voleur de basse extraction. C'est aussi une lutte pour le pouvoir, avec un vizir qui aspire à devenir sultan à la place du sultan. C'est enfin un conte moral, sur l'amitié, l'honnêteté et l'ambition.

   La distribution est de qualité inégale. Naomi Scott fait une princesse Jasmine très convaincante... sauf quand elle beugle l'une de ces insupportables chansonnettes dont on a parsemé le film. C'est un personnage "moderne" : au fur et à mesure qu'elle prend de l'assurance (et gagne en indépendance), cette musulmane "oublie" de porter le voile... et elle songe à mettre fin à la règle archaïque qui veut que seuls les fils accèdent au trône. (Good point for you, Guy Ritchie !)

   Face à elle, Mena Massoud fait pâle figure en Aladdin. Quand on pense que les noms de Riz Ahmed (remarqué dans Les Frères Sisters) et de Dev Patel (rappelez-vous : Slumdog Millionaire) ont circulé pour l'attribution du rôle, on est sidéré que ce gars l'ait décroché. Il m'a donné l'impression d'avoir été recruté sur la base d'une publicité pour dentifrice...

   Fort heureusement, il y a un méchant très convaincant (Marwan Kenzari)... et un génie qui dépote : Will Smith, en forme, de surcroît très bien doublé par Anthony Kavanagh dans la version française, qu'il contribue à sauver du naufrage. 

   La plus belle séquence du film est d'ailleurs sans doute celle de la caverne, qui voit le héros découvrir la fameuse lampe magique... et son génie, qui nous gratifie d'une chorégraphie entraînante, nourrie d'effets spéciaux, bien dans l'esprit surréaliste des classiques de chez Disney. Hélas, par la suite, cela se gâte. L'une des séquences les plus ridicules est celle du banquet, qui tourne au battle dance, Aladdin évoluant sur la piste tel un pantin entre les mains du génie.

   C'en est au point que j'attendais avec impatience l'apparition à l'écran des personnages secondaires : le singe, le tigre... et le tapis volant, une excellente trouvaille, animée avec talent. C'est l'occasion de signaler que les effets spéciaux sont de qualité. Ils sont hélas surchargés et donnent à l'ensemble l'aspect d'une grosse meringue, que l'assaisonnement de chansons mièvres contribue à rendre limite écoeurante.

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jeudi, 06 juin 2019

Venise n'est pas en Italie

   C'est le premier film d'Ivan Calbérac que je vois. C'est le duo Poelvoorde-Bonneton qui m'a attiré dans la salle, ainsi qu'une histoire qui s'annonçait un brin déjantée.

   C'est d'ailleurs le ton de la comédie qui l'emporte dans la première moitié du film. On commence par découvrir les parents, Annie et Bernard. La mère livre des paniers-repas bio dans sa petite fourgonnette. Bernard est VRP en systèmes de serrurerie. Chacun est très investi dans son domaine : Bernard a un bagout d'enfer (le rôle semble avoir été écrit pour Poelvoorde) et Annie est une militante écolo qui fait ingurgiter à son fils de la nourriture macrobiotique dès le petit-déjeuner. C'est aussi une adversaire résolue du téléphone portable... ce qui la rend éminemment sympathique à mes yeux.

   L'autre versant de l'intrigue porte sur les émois adolescents d'Emile, le second fils du couple, dont les parents s'évertuent à teindre les cheveux en blond. C'est un garçon introverti, plutôt bon élève. Il ne semble pas avoir beaucoup d'amis, le principal étant un rockeur glandeur (personnage très caricatural, soit dit en passant). Un jour, au lycée, il croise la route de Pauline... et cela change sa vie.

   Les vacances venues, la famille Chamodot s'embarque pour l'Italie du Nord, dans un vieux break Volvo qui peine à tracter leur caravane. Le but officiel du voyage est de permettre à Emile de répondre à l'invitation de Pauline. Le but officieux est de permettre à Bernard de regagner les faveurs d'Annie, qui, des années plus tard, se rappelle encore de ce voyage de noces qui n'a jamais eu lieu.

   La deuxième partie de l'histoire voit donc le quatuor embarqué pour un périple routier riche en péripéties. Dès le départ, rien ne se passe comme prévu, puisque le fils aîné débarque à l'improviste et s'incruste dans le convoi. Il est remarquablement interprété par Eugène Marcuse, qui crève l'écran dans le rôle de ce jeune adulte à fleur de peau, à la fois charmeur et brut de décoffrage.

   D'autres invités vont marquer le voyage, comme le covoitureur franco-indien, le motard imprudent et Natacha, une Française de passage en Italie, sorte de routarde altermondialiste qui va s'intégrer à notre famille dysfonctionnelle.

   A partir du moment où le groupe s'installe dans le camping vénitien, l'humour cède la place plutôt à l'émotion. Emile se retrouve au centre de l'action, qui va culminer dans un repas suivi d'une soirée dansante.

   Autant ne pas se mentir : c'est une comédie plutôt anodine. J'ai ri (mais pas aux éclats) surtout dans la première partie. Un spectateur attentif décèlera quelques fautes de raccord, comme dans ces plans de l'intérieur de la voiture (lors du départ) : à deux secondes d'intervalle, on voit Poelvoorde, quasiment dans la même position, sans puis avec la ceinture de sécurité. Plus loin, c'est quand les deux frères se retrouvent sur une moto qu'on se demande d'où sort le second casque, qui n'est jamais apparu à l'écran auparavant. Si l'on est moins chicaneur, on peut se contenter d'admirer les paysages italiens, superbes.

   On sort de là de bonne humeur.

22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Venise n'est pas en Italie

   C'est le premier film d'Ivan Calbérac que je vois. C'est le duo Poelvoorde-Bonneton qui m'a attiré dans la salle, ainsi qu'une histoire qui s'annonçait un brin déjantée.

   C'est d'ailleurs le ton de la comédie qui l'emporte dans la première moitié du film. On commence par découvrir les parents, Annie et Bernard. La mère livre des paniers-repas bio dans sa petite fourgonnette. Bernard est VRP en systèmes de serrurerie. Chacun est très investi dans son domaine : Bernard a un bagout d'enfer (le rôle semble avoir été écrit pour Poelvoorde) et Annie est une militante écolo qui fait ingurgiter à son fils de la nourriture macrobiotique dès le petit-déjeuner. C'est aussi une adversaire résolue du téléphone portable... ce qui la rend éminemment sympathique à mes yeux.

   L'autre versant de l'intrigue porte sur les émois adolescents d'Emile, le second fils du couple, dont les parents s'évertuent à teindre les cheveux en blond. C'est un garçon introverti, plutôt bon élève. Il ne semble pas avoir beaucoup d'amis, le principal étant un rockeur glandeur (personnage très caricatural, soit dit en passant). Un jour, au lycée, il croise la route de Pauline... et cela change sa vie.

   Les vacances venues, la famille Chamodot s'embarque pour l'Italie du Nord, dans un vieux break Volvo qui peine à tracter leur caravane. Le but officiel du voyage est de permettre à Emile de répondre à l'invitation de Pauline. Le but officieux est de permettre à Bernard de regagner les faveurs d'Annie, qui, des années plus tard, se rappelle encore de ce voyage de noces qui n'a jamais eu lieu.

   La deuxième partie de l'histoire voit donc le quatuor embarqué pour un périple routier riche en péripéties. Dès le départ, rien ne se passe comme prévu, puisque le fils aîné débarque à l'improviste et s'incruste dans le convoi. Il est remarquablement interprété par Eugène Marcuse, qui crève l'écran dans le rôle de ce jeune adulte à fleur de peau, à la fois charmeur et brut de décoffrage.

   D'autres invités vont marquer le voyage, comme le covoitureur franco-indien, le motard imprudent et Natacha, une Française de passage en Italie, sorte de routarde altermondialiste qui va s'intégrer à notre famille dysfonctionnelle.

   A partir du moment où le groupe s'installe dans le camping vénitien, l'humour cède la place plutôt à l'émotion. Emile se retrouve au centre de l'action, qui va culminer dans un repas suivi d'une soirée dansante.

   Autant ne pas se mentir : c'est une comédie plutôt anodine. J'ai ri (mais pas aux éclats) surtout dans la première partie. Un spectateur attentif décèlera quelques fautes de raccord, comme dans ces plans de l'intérieur de la voiture (lors du départ) : à deux secondes d'intervalle, on voit Poelvoorde, quasiment dans la même position, sans puis avec la ceinture de sécurité. Plus loin, c'est quand les deux frères se retrouvent sur une moto qu'on se demande d'où sort le second casque, qui n'est jamais apparu à l'écran auparavant. Si l'on est moins chicaneur, on peut se contenter d'admirer les paysages italiens, superbes.

   On sort de là de bonne humeur.

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vendredi, 31 mai 2019

Mystery Road

   Cette mini-série australienne nous est proposée par Arte. Les trois premiers épisodes ont été diffusés jeudi 30 mai. Les trois derniers suivront jeudi 6 juin. L'intrigue met en scène un enquêteur aborigène, Jay Swan (Aaron Pedersen, formidable), envoyé de la ville dans l'outback du Nord pour y résoudre une affaire de meurtre. Ce personnage est déjà apparu dans deux longs-métrages, Goldstone et Mystery Road, à ma connaissance jamais sortis en France.

   Le premier épisode débute par de superbes plans d'un 4x4 abandonné en plein désert, moteur allumé. Bientôt, les phares s'éteignent et la nuit l'enveloppe. Il n'est découvert que plusieurs jours plus tard. Ses deux passagers (deux jeunes hommes, un Blanc et un Aborigène) ont disparu. On pense d'abord à un enlèvement, mais on redoute le pire.

cinéma,cinema,film,films,télévision,actualité,actualités,actu,actualite,actualites,médias

   Un duo d'enquêteurs se forme pour dénouer les fils de l'intrigue. A ma gauche se trouve Jay, le citadin aborigène, qui vient de démanteler un gang de motards. Il est du genre mutique et franc-tireur, un peu asocial sur les bords. Les Blancs se méfient de lui et les Aborigènes ont tendance à le voir comme un traître. Au cours des épisodes, on découvre que sa vie familiale est plutôt chaotique.

   A ma droite se trouve Emma James, cheffe du poste de police local, femme, blanche, issue d'une riche famille locale... et progressiste. Elle n'en est pas moins très attentive à faire respecter son autorité. Elle a appris à concilier respect de la loi et coutumes aborigènes. Elle est incarnée par Judy Davis, qui s'est illustrée notamment chez Woody Allen, dans les années 1990-2000. (On l'a aussi vue dans L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet.)

   Autour d'eux gravitent de multiples personnages secondaires que les scénaristes ont pris soin de développer. Au commissariat, Emma côtoie deux adjoints, l'un d'origine indienne, l'autre de tendance redneck, un peu bourrin, mais fidèle à la patronne.

   Mais les principaux seconds rôles sont tenus par des Aborigènes, de la serveuse de bar à l'ancien condamné, en passant par un jeune sportif, des grands-mères et un chef de communauté ambitieux. Même si l'histoire est centrée sur l'enquête des deux policiers, les six épisodes permettent de découvrir plus en détail la personnalité des autres protagonistes.

   Les concernant, une conclusion s'impose : presque tout le monde ment, ce qui ne va pas faciliter la tâche des enquêteurs. L'intrigue est assez complexe, mêlant un ancien viol au trafic de drogue, à la gestion de l'eau et à la possession de la terre.

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   Le rythme est plutôt lent, mais cela cadre parfaitement avec cette ambiance de western de l'hémisphère Sud. La musique est chouette et l'image parfois magnifique, une excellente surprise pour une série télévisée, qui nous propose de superbes vues paysagères et d'audacieux plans aériens, de jour comme de nuit.

   C'est à voir absolument.

Mystery Road

   Cette mini-série australienne nous est proposée par Arte. Les trois premiers épisodes ont été diffusés jeudi 30 mai. Les trois derniers suivront jeudi 6 juin. L'intrigue met en scène un enquêteur aborigène, Jay Swan (Aaron Pedersen, formidable), envoyé de la ville dans l'outback du Nord pour y résoudre une affaire de meurtre. Ce personnage est déjà apparu dans deux longs-métrages, Goldstone et Mystery Road, à ma connaissance jamais sortis en France.

   Le premier épisode débute par de superbes plans d'un 4x4 abandonné en plein désert, moteur allumé. Bientôt, les phares s'éteignent et la nuit l'enveloppe. Il n'est découvert que plusieurs jours plus tard. Ses deux passagers (deux jeunes hommes, un Blanc et un Aborigène) ont disparu. On pense d'abord à un enlèvement, mais on redoute le pire.

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   Un duo d'enquêteurs se forme pour dénouer les fils de l'intrigue. A ma gauche se trouve Jay, le citadin aborigène, qui vient de démanteler un gang de motards. Il est du genre mutique et franc-tireur, un peu asocial sur les bords. Les Blancs se méfient de lui et les Aborigènes ont tendance à le voir comme un traître. Au cours des épisodes, on découvre que sa vie familiale est plutôt chaotique.

   A ma droite se trouve Emma James, cheffe du poste de police local, femme, blanche, issue d'une riche famille locale... et progressiste. Elle n'en est pas moins très attentive à faire respecter son autorité. Elle a appris à concilier respect de la loi et coutumes aborigènes. Elle est incarnée par Judy Davis, qui s'est illustrée notamment chez Woody Allen, dans les années 1990-2000. (On l'a aussi vue dans L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet.)

   Autour d'eux gravitent de multiples personnages secondaires que les scénaristes ont pris soin de développer. Au commissariat, Emma côtoie deux adjoints, l'un d'origine indienne, l'autre de tendance redneck, un peu bourrin, mais fidèle à la patronne.

   Mais les principaux seconds rôles sont tenus par des Aborigènes, de la serveuse de bar à l'ancien condamné, en passant par un jeune sportif, des grands-mères et un chef de communauté ambitieux. Même si l'histoire est centrée sur l'enquête des deux policiers, les six épisodes permettent de découvrir plus en détail la personnalité des autres protagonistes.

   Les concernant, une conclusion s'impose : presque tout le monde ment, ce qui ne va pas faciliter la tâche des enquêteurs. L'intrigue est assez complexe, mêlant un ancien viol au trafic de drogue, à la gestion de l'eau et à la possession de la terre.

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   Le rythme est plutôt lent, mais cela cadre parfaitement avec cette ambiance de western de l'hémisphère Sud. La musique est chouette et l'image parfois magnifique, une excellente surprise pour une série télévisée, qui nous propose de superbes vues paysagères et d'audacieux plans aériens, de jour comme de nuit.

   C'est à voir absolument.

jeudi, 30 mai 2019

Lourdes

   Ce documentaire est sorti le 8 mai dernier, de manière assez confidentielle, mais il poursuit sa route, un peu partout en France, à coups de séances spéciales organisées avec le concours d'associations catholiques. Comme en plus il est recommandé par les autorités du sanctuaire de Lourdes, on se doute bien que le ton est très éloigné de celui du Miraculé de Jean-Pierre Mocky.

   Dès le début, on sent que les auteurs n'ont pas voulu se contenter de réaliser un documentaire ordinaire. On nous propose une succession de plans de mains caressant la paroi rocheuse du sanctuaire. Ces mains sont aussi bien masculines que féminines, jeunes qu'âgées, blanches que colorées... C'est superbe. La suite fait preuve de moins d'audace, mais cela reste néanmoins très correctement filmé, avec, entre autres, de superbes plans aériens (diurnes comme nocturnes) de la foule de pèlerins.

   Le reste du film (l'essentiel, en fait) est consacré aux malades qui viennent à Lourdes, de la préparation du voyage à son accomplissement final, jusqu'à la veille du retour. C'est ainsi que l'écran se trouve occupé par des personnes qui n'ont pas souvent les honneurs du cinéma. Tel homme vient pour son fils, dont la croissance s'est interrompue. Tel autre, gravement handicapé depuis qu'il a été victime d'un accident de la route, est accompagné par sa mère. Tel autre, souffrant d'une maladie orpheline incurable, place ses derniers espoirs en la Vierge. Certains, handicapés, sont presque des habitués. Depuis des années, ils espèrent (ou on leur fait espérer) un miracle. On rencontre aussi d'autres types de visiteurs : une adolescente obèse, des "gens du voyage", des prostitué.e.s... et des militaires.

   Je rassure les incroyants de base. Si on laisse de côté une photographie floue, on ne voit aucun événement surnaturel dans ce documentaire, qui traite plutôt de la foi, de la souffrance et de l'espérance. C'est aussi un hommage aux accompagnants, discrets et dévoués, dont on nous suggère (plus qu'on nous montre) les difficultés de la tâche. C'est révélateur de la méthode des auteurs : ils ont de l'empathie pour ceux qu'ils filment, mais, de temps à autre, ils laissent passer quelques éléments qui montrent qu'ils sont capables de recul critique (même si cela reste limité). Il y a par exemple l'entretien avec le handicapé qui avoue que la foi ne l'aide pas vraiment dans sa situation, qui ne s'est pas améliorée malgré les pèlerinages. 

   Pourquoi revenir alors ? Il y a bien cette croyance irrationnelle (mais pas totalement injustifiée au vu de l'existence de guérisons inexpliquées) en un possible miracle. Il y a aussi plus prosaïquement le plaisir, quand on est sévèrement handicapé, d'effectuer un voyage bien encadré. Cela doit changer du quotidien. J'ai en mémoire ces plans de la foule agglutinée au moment d'une messe en plein air. Les croyants fervents prient, beaucoup d'autres assistent à la cérémonie de manière passive, peut-être seulement contents d'être là.

   Le film se révèle donc plus riche qu'il n'en a l'air. Il contient en outre de beaux moments de comédie, autour de situations de la vie quotidienne qui prennent un tour cocasse.

   P.S.

   Pour promouvoir le film, il est affirmé que c'est "le premier documentaire sur Lourdes au cinéma". Nombre d'Aveyronnais savent que c'est faux, puisqu'en 1955 est sorti Lourdes et ses miracles, de Georges Rouquier, auteur notamment de Farrebique et Biquefarre.

Lourdes

   Ce documentaire est sorti le 8 mai dernier, de manière assez confidentielle, mais il poursuit sa route, un peu partout en France, à coups de séances spéciales organisées avec le concours d'associations catholiques. Comme en plus il est recommandé par les autorités du sanctuaire de Lourdes, on se doute bien que le ton est très éloigné de celui du Miraculé de Jean-Pierre Mocky.

   Dès le début, on sent que les auteurs n'ont pas voulu se contenter de réaliser un documentaire ordinaire. On nous propose une succession de plans de mains caressant la paroi rocheuse du sanctuaire. Ces mains sont aussi bien masculines que féminines, jeunes qu'âgées, blanches que colorées... C'est superbe. La suite fait preuve de moins d'audace, mais cela reste néanmoins très correctement filmé, avec, entre autres, de superbes plans aériens (diurnes comme nocturnes) de la foule de pèlerins.

   Le reste du film (l'essentiel, en fait) est consacré aux malades qui viennent à Lourdes, de la préparation du voyage à son accomplissement final, jusqu'à la veille du retour. C'est ainsi que l'écran se trouve occupé par des personnes qui n'ont pas souvent les honneurs du cinéma. Tel homme vient pour son fils, dont la croissance s'est interrompue. Tel autre, gravement handicapé depuis qu'il a été victime d'un accident de la route, est accompagné par sa mère. Tel autre, souffrant d'une maladie orpheline incurable, place ses derniers espoirs en la Vierge. Certains, handicapés, sont presque des habitués. Depuis des années, ils espèrent (ou on leur fait espérer) un miracle. On rencontre aussi d'autres types de visiteurs : une adolescente obèse, des "gens du voyage", des prostitué.e.s... et des militaires.

   Je rassure les incroyants de base. Si on laisse de côté une photographie floue, on ne voit aucun événement surnaturel dans ce documentaire, qui traite plutôt de la foi, de la souffrance et de l'espérance. C'est aussi un hommage aux accompagnants, discrets et dévoués, dont on nous suggère (plus qu'on nous montre) les difficultés de la tâche. C'est révélateur de la méthode des auteurs : ils ont de l'empathie pour ceux qu'ils filment, mais, de temps à autre, ils laissent passer quelques éléments qui montrent qu'ils sont capables de recul critique (même si cela reste limité). Il y a par exemple l'entretien avec le handicapé qui avoue que la foi ne l'aide pas vraiment dans sa situation, qui ne s'est pas améliorée malgré les pèlerinages. 

   Pourquoi revenir alors ? Il y a bien cette croyance irrationnelle (mais pas totalement injustifiée au vu de l'existence de guérisons inexpliquées) en un possible miracle. Il y a aussi plus prosaïquement le plaisir, quand on est sévèrement handicapé, d'effectuer un voyage bien encadré. Cela doit changer du quotidien. J'ai en mémoire ces plans de la foule agglutinée au moment d'une messe en plein air. Les croyants fervents prient, beaucoup d'autres assistent à la cérémonie de manière passive, peut-être seulement contents d'être là.

   Le film se révèle donc plus riche qu'il n'en a l'air. Il contient en outre de beaux moments de comédie, autour de situations de la vie quotidienne qui prennent un tour cocasse.

   P.S.

   Pour promouvoir le film, il est affirmé que c'est "le premier documentaire sur Lourdes au cinéma". Nombre d'Aveyronnais savent que c'est faux, puisqu'en 1955 est sorti Lourdes et ses miracles, de Georges Rouquier, auteur notamment de Farrebique et Biquefarre.

samedi, 25 mai 2019

Sacré Quentin !

   Le 21 mai, Quentin Tarantino et l'équipe de tournage ont présenté Once upon a time... in Hollywood au Festival de Cannes. Cette présentation a fait l'objet d'un sujet diffusé dans l'émission "Quotidien", de Yann Barthes. Lors de la conférence de presse, le jeune reporter Azzeddine Ahmed-Chaouche a pu poser sa question à la brochette de vedettes réunies pour l'occasion :

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   Il leur a été demandé s'ils préféraient l'époque du film (1969) où l'actuelle. A tout seigneur tout honneur (sauf celui d'être placé au centre), c'est le producteur David Heyman qui a commencé à répondre (en anglais) à la question posée en français, Brad Pitt (dont les enfants parlent français) ayant eu la délicatesse de traduire pour ses camarades avant même qu'ils n'aient installé leur oreillette. (Ils croyaient sans doute qu'on leur poserait toutes les questions dans la langue de Donald Trump. Impérialisme culturel quand tu nous tiens...)

   C'est la réponse du réalisateur qui m'a marqué. Quand on lui demande à quelle époque il voudrait vivre, il déclare : "I prefer anytime before cellphones." (Je préfère n'importe quelle époque précédant celle des téléphones portables.) Quentin, je t'adore !

   Le plus piquant dans l'affaire est que la déclaration du réalisateur a été saluée par une ovation et des applaudissements. Mais regardez ce qu'on a pu voir juste après :

cinéma,cinema,film,films,société,actu,actualité,actualite,actualités,actualites,festival,cannes,festival de cannes

   Une partie des crétins présents dans l'assemblée n'a visiblement pas compris l'incohérence qu'il y avait à saluer l'homme qui dénonce le poids pris par les smartphones dans notre vie quotidienne et le fait de mitrailler l'équipe du film avec ce genre d'équipement...

   P.S.

   Je ne sais pas si l'oeuvre de Tarantino va être au palmarès. En tout cas, un membre de l'équipe a déjà été récompensé : la chienne Brandy, qui a reçu la Palme dog, succédant aux canidés de Dogman... ainsi (rappelez-vous) qu'à Uggy de The Artist.

Sacré Quentin !

   Le 21 mai, Quentin Tarantino et l'équipe de tournage ont présenté Once upon a time... in Hollywood au Festival de Cannes. Cette présentation a fait l'objet d'un sujet diffusé dans l'émission "Quotidien", de Yann Barthes. Lors de la conférence de presse, le jeune reporter Azzeddine Ahmed-Chaouche a pu poser sa question à la brochette de vedettes réunies pour l'occasion :

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   Il leur a été demandé s'ils préféraient l'époque du film (1969) où l'actuelle. A tout seigneur tout honneur (sauf celui d'être placé au centre), c'est le producteur David Heyman qui a commencé à répondre (en anglais) à la question posée en français, Brad Pitt (dont les enfants parlent français) ayant eu la délicatesse de traduire pour ses camarades avant même qu'ils n'aient installé leur oreillette. (Ils croyaient sans doute qu'on leur poserait toutes les questions dans la langue de Donald Trump. Impérialisme culturel quand tu nous tiens...)

   C'est la réponse du réalisateur qui m'a marqué. Quand on lui demande à quelle époque il voudrait vivre, il déclare : "I prefer anytime before cellphones." (Je préfère n'importe quelle époque précédant celle des téléphones portables.) Quentin, je t'adore !

   Le plus piquant dans l'affaire est que la déclaration du réalisateur a été saluée par une ovation et des applaudissements. Mais regardez ce qu'on a pu voir juste après :

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   Une partie des crétins présents dans l'assemblée n'a visiblement pas compris l'incohérence qu'il y avait à saluer l'homme qui dénonce le poids pris par les smartphones dans notre vie quotidienne et le fait de mitrailler l'équipe du film avec ce genre d'équipement...

   P.S.

   Je ne sais pas si l'oeuvre de Tarantino va être au palmarès. En tout cas, un membre de l'équipe a déjà été récompensé : la chienne Brandy, qui a reçu la Palme dog, succédant aux canidés de Dogman... ainsi (rappelez-vous) qu'à Uggy de The Artist.

jeudi, 23 mai 2019

John Wick Parabellum

   John Wick (Keanu Reeves, en forme olympique malgré ses 54 balais... enfoiré !) aspirait à une retraite paisible, baignant dans le souvenir de sa femme disparue. Le voilà embarqué dans une véritable guerre contre la Grande Table, la redoutable organisation criminelle qui l'a autrefois employé.

   Autant le dire tout de suite : si l'on ôte de ce film les scènes d'action (principalement des bagarres), il doit rester un gros quart d'heure sur les 2h10 survitaminées. Cela commence presque calmement, artisanalement, dans une immense bibliothèque. Opposé à un géant vicelard, le héros nous prouve que certains livres, en plus d'être assommants, peuvent se révéler mortels !

   Notre ami a à peine le temps de se faire recoudre qu'il doit affronter un redoutable gang chinois, dans un musée des armes. C'est à la fois spectaculaire... et tordant, l'humour venant souvent couronner les scènes sanguinolentes. Dans la foulée, John enchaîne dans une écurie puis, à cheval (Keanu très classe), contre des motards qui vont évidemment en prendre plein la figure.

   Vous avez compris : le scénario ne s'embarrasse pas de subtilités... et c'est très bien comme cela. Tout tourne autour du héros, les invités prestigieux (Anjelica Huston, Halle Berry, Laurence Fishburne, Lance Reddick et Ian McShane) n'étant là que pour jouer les faire-valoir... ce qu'ils font bien, du reste.

   Cerise sur le gâteau : c'est très correctement réalisé. Au bout du troisième film (le premier étant sorti en 2014), Chad Stahelski connaît son affaire. J'apprécie toujours autant les vues urbaines nocturnes. Dans cet épisode, je signale aussi deux séquences faisant intervenir des vitres plus ou moins apparentes, dans l'un des salons privés de l'hôtel Continental de New York. Le long affrontement dont il est le théâtre, à la fin, est chorégraphié avec un incontestable brio.

   Voilà. Cela ne va pas révolutionner le cinéma. C'est de surcroît parfois invraisemblable, mais c'est du bon spectacle, pour qui aime voir un héros quasi invulnérable dézinguer quantité de criminels. Dans une grande salle, on prend son pied.

22:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

John Wick Parabellum

   John Wick (Keanu Reeves, en forme olympique malgré ses 54 balais... enfoiré !) aspirait à une retraite paisible, baignant dans le souvenir de sa femme disparue. Le voilà embarqué dans une véritable guerre contre la Grande Table, la redoutable organisation criminelle qui l'a autrefois employé.

   Autant le dire tout de suite : si l'on ôte de ce film les scènes d'action (principalement des bagarres), il doit rester un gros quart d'heure sur les 2h10 survitaminées. Cela commence presque calmement, artisanalement, dans une immense bibliothèque. Opposé à un géant vicelard, le héros nous prouve que certains livres, en plus d'être assommants, peuvent se révéler mortels !

   Notre ami a à peine le temps de se faire recoudre qu'il doit affronter un redoutable gang chinois, dans un musée des armes. C'est à la fois spectaculaire... et tordant, l'humour venant souvent couronner les scènes sanguinolentes. Dans la foulée, John enchaîne dans une écurie puis, à cheval (Keanu très classe), contre des motards qui vont évidemment en prendre plein la figure.

   Vous avez compris : le scénario ne s'embarrasse pas de subtilités... et c'est très bien comme cela. Tout tourne autour du héros, les invités prestigieux (Anjelica Huston, Halle Berry, Laurence Fishburne, Lance Reddick et Ian McShane) n'étant là que pour jouer les faire-valoir... ce qu'ils font bien, du reste.

   Cerise sur le gâteau : c'est très correctement réalisé. Au bout du troisième film (le premier étant sorti en 2014), Chad Stahelski connaît son affaire. J'apprécie toujours autant les vues urbaines nocturnes. Dans cet épisode, je signale aussi deux séquences faisant intervenir des vitres plus ou moins apparentes, dans l'un des salons privés de l'hôtel Continental de New York. Le long affrontement dont il est le théâtre, à la fin, est chorégraphié avec un incontestable brio.

   Voilà. Cela ne va pas révolutionner le cinéma. C'est de surcroît parfois invraisemblable, mais c'est du bon spectacle, pour qui aime voir un héros quasi invulnérable dézinguer quantité de criminels. Dans une grande salle, on prend son pied.

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